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NUCLEAIRES DE BASE
J. Peulvé
1. DEFENSE EN PROFONDEUR
1.1 PRINCIPE
1.2 CONCEPTION DES INSTALLATIONS
1.3 MISE EN PLACE DE MOYENS DE PROTECTION
1.4 ETUDE DECHETS
1.5 ETUDES DE SITE
1.6 INTERVENTION EN CAS D'INCIDENT OU D'ACCIDENT
1.7 PLAN D'URGENCE INTERNE (PUI)
1.8 PLAN PARTICULIER D'INTERVENTION (PPI)
1.9 RAPPORT PROVISOIRE DE SURETE (RPS)
2. DEMANDE D'AUTORISATION DE CREATION
(DAC)
2.1 DEPOT DE LA DEMANDE AUPRES DE L'ADMINISTRATION
2.2 ENQUETE PUBLIQUE
2.3 DECRET D'AUTORISATION DE CREATION
3. REALISATION
3.1 CONSTRUCTION
3.2 REGLES GENERALES D'EXPLOITATION (RGE)
3.3 AUTORISATION DE MIS EN SERVICE
3.4 GROUPE PERMANENT
4. CONCLUSION
1.1 PRINCIPE
Il s'agit d’abord de s'assurer que la fonction envisagée pour l'activité concernée est bien
indispensable sur le plan scientifique, technique, industriel ou socio-économique et qu'elle
ne peut être assurée par des équipements préexistants.
Intervient alors le choix des procédés dont l'analyse, au-delà de l'efficacité, doit mettre en
évidence leur fiabilité, leur stabilité (pouvant imposer la réalisation de tests et essais
préalables ou de pilotes de démonstration), la maîtrise de leur exploitation (mise en service,
fonctionnement dégradé, arrêt d'urgence), la maîtrise des effluents liquides et gazeux ainsi
que des résidus de fabrication et des déchets. Toutes les hypothèses d'occurrence de
circonstances pouvant générer un quelconque risque sont identifiées et répertoriées pour être
reprises aux étapes suivantes de l'analyse de sûreté.
La prise en compte des normes, standards ou codes est rigoureuse. On peut notamment
citer : l'intégration industrielle et l'urbanisme, la sismicité, le génie civil, l'électricité,
l'incendie, etc.
Une attention toute particulière est apportée au choix des matériaux de construction et à leur
mode de mise en œuvre, notamment pour la réalisation des équipements de sécurité, de
mesure et pour les systèmes de contrôle/commande. Tous ces éléments sont soumis à des
Plans d'Assurance Qualité.
Les points pouvant générer un risque qui n'ont pu être éliminés à la conception font l'objet
d'études de la mise en œuvre de moyens de protection.
A titre d'exemple : les premiers d'entre eux pour un réacteur électronucléaire reposent sur la
redondance des barrières placées entre la matière nucléaire et l'environnement, pour en
assurer le confinement en toutes circonstances. Ces barrières sont :
• la gaine du combustible qui doit retenir les produits d'activation (actinides, plutonium, etc.
sous forme solide) et de fission (les iodes, le césium, etc. sous forme plus ou moins volatile
ou gazeuse),
• la cuve du réacteur, constituée d'une coque en acier de très haute résistance d'une dizaine
de centimètre d'épaisseur, résistante aux chocs thermiques et de pression.,Elle doit assurer le
confinement du cœur en cas de fusion des éléments combustibles, tout en assurant leur
refroidissement,
• l'enceinte réacteur constituée d'abord d'une coque en acier de plusieurs centimètres
d'épaisseur puis d'une coque en béton de haute qualité et fortement armé de plusieurs
dizaines de centimètres.
L'enceinte réacteur assure, en outre, des fonctions de base et une double protection :
• en fonction de base c'est une barrière au franchissement strictement contrôlé, une
protection biologique, une ventilation et un refroidissement des composants avec une
filtration de l’air à l’entrée des circuits de ventilation (et filtrations associées) assurant des
dépressions décroissantes dans les locaux en partant de l'extérieur->zone verte ->zone
orange ->zone rouge et une double filtration (piégeage des aérosols et de certains gaz sur un
lit de charbon actif) avant rejet à la cheminée, dont la hauteur assure une bonne dilution
dans l'atmosphère,
• une protection de l'intérieur vers l'environnement en cas de rupture de l'étanchéité de
certains composants (circuit de refroidissement ou même cuve du réacteur) pour assurer le
confinement des rejets et leur évacuation contrôlée,
• une protection de l'extérieur vers l'intérieur contre les agressions accidentelles (tornade,
chute d'aéronef) ou délibérées (manifestation antinucléaire, terrorisme, etc.).
Cette démarche, reproduite pour toutes les sources de risques identifiées lors de l'analyse de
sûreté, met en avant deux systèmes de protection :
• la protection intrinsèque (ou passive) gaine du combustible, cuve du réacteur, enceinte
étanche, etc.
• la protection active : la ventilation, la détection, etc.
Le retour d'expérience sur les incidents ou accidents antérieurs est mis à profit pour le
renforcement de l'analyse des moyens de protection à prendre en compte dès la conception
de l'installation. C'est ainsi que, suite à des événements survenus, les relations
homme/machine pour la conduite de l'installation ont été complètement réexaminées et les
équipements considérablement modernisés.
Le choix du site d'implantation des installations fait l'objet d'une procédure particulière
comportant notamment des études géologiques (définition des fondations en fonction du
risque sismique), d'impact industriel (route d'accès, ponts, lignes de haute tension),
socioéconomique (emploi, logement, transports en commun) et sur l'environnement. Sur la
base des autorisations de rejets atmosphériques ou liquides qui seront sollicitées, l'étude
vérifie que les règles d'exposition des populations seront respectées.
Suite à l'établissement d'un bilan du biotope environnant un programme de contrôle et de
surveillance est mis en place avec la définition des procédures de contrôle atmosphérique,
hydraulique et de la nappe phréatique, comportant des mesures en continu et des
prélèvements analysés en laboratoire. Tous les résultats sont publiés, transmis à
l'Administration et aux élus locaux via la Commission Locale d'Information (CLI).
Par principe des défaillances de conception et de protection sont admises. La sûreté repose
alors sur des moyens d'intervention immédiatement mobilisables, à tous les niveaux :
• la maîtrise de la conduite des installations permettant d'en réduire l'activité, jusqu'à l'arrêt
d'urgence,
A titre d'exemple : une ventilation comporte trois modules (comprenant chacun : gaine,
ventilateur, filtre, point de rejet à la cheminée) deux sont normalement en fonctionnement,
un en secours. Si un des modules en service est défaillant, les opérateurs basculent sur le
secours. Si un deuxième module venait à être défaillant alors que le précédent n'aurait pu,
déjà, être réparé les caractéristiques des modules sont telles qu'ils assurent la sûreté de
l'installation après réduction de puissance ou mise en sommeil partiel.
• la protection du personnel avec port d'équipements spéciaux (tenues étanches) ou même
évacuation des lieux de travail ;
• l'intervention des équipes de secours sur les installations (dépannage, incendie, inondation)
;
• l'évacuation du personnel exposé au risque (annonces et consignes, ouverture des issues de
secours, encadrement, etc.).
• déclenchement du plan d'urgence interne (PUI) puis du Plan Particulier d'Intervention
(PPI).
Cette étape d'ingéniérie se termine par la rédaction du Rapport Préliminaire de Sûreté qui
établit un résumé du résultat des études décrites ci-dessus, en trois chapitres :
- description des installations et de leur fonction,
- mode d'exploitation, moyens techniques et humains mis en œuvre, équipes de sécurité,
- analyse de sûreté : évaluation des risques, moyens de prévention et de protection, moyens
et procédures d'intervention.
La réalisation d'une Installation Nucléaire de Base (INB) est obligatoirement précédée par
un acte administratif fondamental : la Demande d'Autorisation de Création (DAC), déposée
par l'Exploitant Nucléaire auprès de l'Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN). Cette demande
est accompagnée d'une cinquantaine d'exemplaires des documents décrits ci-dessus :
Rapport Provisoire de Sûreté, Etude Déchets, Etudes de site, projets de PUI et PPI, etc.
L'ensemble de ces documents est transmis à chacun des services compétents d'une quinzaine
de ministères et à la préfecture concernée pour analyse et vérification de leur conformité
avec les réglementations nationales et internationales. Après satisfaction des demandes
d'explication, d'ajustement et de compléments éventuels la demande est reconnue
acceptable. La procédure se poursuit alors par l'Enquête publique.
La procédure se termine (au bout d'un an et demi à deux ans) par la publication au Journal
Officiel du décret d'Autorisation de Création.
3. REALISATION
3.1 CONSTRUCTION
Les travaux débutent par l'aménagement des accès routiers et se terminent au bout de quatre
à six ans par la mise en service provisoire pour une période de tests et d'essais de
fonctionnement. La phase de réalisation, sur le terrain ainsi que chez les fabricants des
composants, est soumise à l'application d'un Programme d'Assurance Qualité (PAQ)
couvrant toute la chaîne de production depuis la sélection et le contrôle des matières
premières jusqu'aux finitions et à la réception finale après montage et essais. Sévèrement
surveillée par l'Exploitant Nucléaire avec l'aide de l'ingénierie, la réalisation comporte de
nombreux points d'arrêts permettant de poursuivre son avancement par étapes, sur des bases
validées.
4. CONCLUSION
Nous avons tenté de décrire succinctement la démarche de sûreté appliquée pour la mise en
service d'une Installation Nucléaire de Base. Naturellement elle ne s'arrête pas là. Des
procédures, contrôles et inspections se poursuivent tout au long de la vie .de l’installation
D'autres interviennent pour la Cessation d'Exploitation, sa Mise à l'Arrêt Définitif et son
démantèlement, que vous pouvez découvrir dans les rubriques correspondantes.
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