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au fil des araignées 1

Dossier pédagogique
Présentation de l’exposition

Exposition co-produite par l’Espace des sciences de Rennes


et le Muséum National d’Histoire Naturelle.

Ne vous attendez pas à voir des bêtes poilues et effrayantes,


l’exposition aborde le sujet de manière insolite. Votre
parcours vous emmènera à la découverte de l’univers de cet
animal depuis les aspects surprenants de sa biologie,
jusqu’aux mythes qui lui sont liés.
Pour beaucoup les araignées sont noires, velues et
dangereuses. Derrière ces idées reçues se cache pourtant
un monde vaste et surprenant. Colorées et souvent
minuscules, mères attentives et ingénieurs hors pair, les
araignées ont bien plus à nous apprendre et à nous apporter
que nous l'imaginons.

UN MONDE SURPRENANT
Je vis dans votre jardin, je ne mesure guère plus d’un centimètre et je suis multicolore, qui
suis-je ? Eh oui, je suis bien une araignée même si je ne suis pas noire, velue et énorme
comme certaines de mes congénères. Le monde des araignées est bien plus vaste et
diversifié que celui des quelques espèces qui nous sont familières. Laissons-nous
surprendre par ce petit monde caché sous nos pieds.

Des milliers de petites bêtes peuplent chaque mètre carré de pelouse.


Penchons-nous un peu et soyons attentifs à ce qui se passe sous nos pieds : nous y
découvrons un monde luxuriant. En le regardant à travers une loupe, il se révèle
encore plus peuplé. Beaucoup des animaux qui nous entourent sont en effet de taille
microscopique. Tous participent néanmoins activement à l’équilibre du monde naturel.
Des milliers de bêtes peuplent chaque mètre carré de pelouse, parmi lesquelles
plusieurs centaines d’araignées ! Nous ne les remarquons généralement pas, car elles
dépassent rarement le centimètre, pattes comprises.

Des araignées partout même sous l’eau


Une araignée qui vit sous l’eau ! C’est une exception, car toutes les autres espèces
peuplent les milieux terrestres. Les zones équatoriales et tropicales sont celles qui
abritent la plus grande diversité. Certaines araignées vivent au sol, d’autres hantent
les hautes herbes pendant que quelques-unes occupent la cime des arbres. On les
trouve à toutes les altitudes, dans les montagnes comme dans l’atmosphère,
lorsqu’elles se laissent porter par les courants aériens, suspendues à un fil. Certaines
espèces très différentes des autres, parfois aveugles, vivent recluses dans les grottes
et le milieu souterrain.
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Une araignée, des araignées.
40 000 espèces connues dans le monde, 5700 en Europe et autour du bassin
méditerranéen ; la France à elle seule en regroupe 1 600 ! Leurs pattes peuvent être
longues et fines, comme chez le pholque, commun dans nos habitations, ou au
contraire courtes et trapues comme chez les araignées sauteuses. La forme du corps
varie aussi : rond, allongé, avec des épines ou encore en forme de feuille. Souvent de
couleurs sombres, afin de se fondre dans le paysage, plusieurs dizaines d’espèces
françaises arborent néanmoins des couleurs vives : jaune, vert ou rouge. Le bleu est
réservé à certaines espèces exotiques.

Les araignées ne sont pas des insectes.


Araignées et insectes sont souvent mis dans le même sac. Ils ont en commun un
squelette externe et des pattes articulées : ce sont des arthropodes. Mais à y regarder
de près, les différences sont nombreuses. Ils se distinguent par la forme du corps, le
nombre d’yeux, la présence ou non de crochets à venin et d’organes de production de
soie. L’indice le plus évident semble être le nombre de pattes : 6 pour les insectes, 8
pour les araignées ! Ces dernières ne sont pourtant pas les seules à posséder 8
pattes ; c’est une caractéristique commune à tous les arachnides, comme les
scorpions, les acariens, les opilions, et les araignées !

Les faux amis.


Le nom « araignée » est donné à tort et à travers à toutes sortes d’animaux, plus ou
moins proches des vraies araignées. Acariens, insectes, singes, crustacés, fleurs : on
croise des «araignées» dans toutes les familles, et même sur l’étal du boucher. Ces
erreurs de langage naissent généralement d’une association de forme. Tous se
composent en effet d’une masse centrale d’où partent des appendices longs et fins.
L’araignée ne se résume pourtant pas à cela !

Les premières araignées. La colonne des ancêtres.


Les arthropodes sont les premiers êtres vivants à coloniser la terre ferme, il y a plus
de 500 millions d’années. Les premiers fossiles connus d’araignées – au sens actuel
de la classification – ont 390 millions d’années. Ces animaux étaient de taille
comparable à celle des araignées actuelles. Quelques spécimens géants, comme la
Megarachne, n’étaient que de proches parents. Les araignées ont laissé peu de traces
dans la pierre, car leur corps n’est pas assez résistant. En revanche, un grand nombre
d’entre elles, emprisonnées dans l’ambre, sont parvenues jusqu’à nous. Nous savons
ainsi que la plupart des espèces vivant aujourd’hui étaient déjà présentes au temps
des dinosaures.

UN MONDE A EXPLORER
Beaucoup d’idées reçues et de légendes courent sur les araignées et leur mode de vie : on
parle de venin foudroyant, de comportement agressif ou de maris dévorés après la nuit de
noces. Derrière cette façade se cache pourtant un animal dont le portrait n’est pas si sombre.
Mère attentive ou ingénieur hors pair, l’araignée a développé des comportements et des
capacités à découvrir.
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Le poison des veuves

Les venins de la légende.


Les araignées, même les plus grosses, mordent très rarement l’homme. Quel intérêt
auraient-elles en effet à s’attaquer à d’aussi grandes proies ? Face à nous, la morsure
est une attitude de défense, utilisée en dernier recours. Le venin des araignées peut
être beaucoup plus toxique que celui des serpents : il doit foudroyer les insectes avant
qu’ils ne s’échappent ou ne blessent leur bourreau. Fort heureusement, les
composants de ce venin sont rarement actifs sur l’homme. Ainsi, sur 40 000 espèces
d’araignées répertoriées dans le monde, seulement une centaine peuvent provoquer
une réaction chez l’homme et moins d’une dizaine sont véritablement dangereuses.

Ça mord
Les araignées ne piquent pas, elles mordent. Elles n’ont en effet pas de dard, comme
les guêpes, mais des chélicères, sortes de tiges munies de crochets à venin qui
servent à immobiliser leurs proies. Ce sont des armes de prédateur très efficaces,
exceptionnellement utilisées pour se défendre. Une fois la proie paralysée par le
venin, l’araignée liquéfie ses tissus à l’aide de sucs salivaires. L’animal n’a ensuite
plus qu’à aspirer son déjeuner, en actionnant les parois de son estomac comme un
soufflet. Cette digestion externe, commune à toutes les araignées, est un phénomène
très rare dans le monde animal.

Pris dans la toile

Légendes urbaines.
Sans qu’on puisse réellement en expliquer la raison, l’araignée est, en Occident, un
animal redouté. Dès lors, elle est l’objet des légendes les plus tenaces, que les
journalistes se plaisent à colporter. Nos journaux relatent ainsi quelques brèves
surprenantes de trains évacués ou d’interventions courageuses des pompiers. Les
araignées surdimensionnées, les pontes d’œufs sous la peau ont ainsi régulièrement
les honneurs de l’actualité, avec un thème récurrent : l’origine serait attestée par ses
couleurs vives et la présence, dans un environnement proche, d’un bagage ou de
fruits tropicaux…

Tisser sa toile.
Toutes les araignées produisent de la soie, mais elles sont finalement peu
nombreuses à tisser la spirale géométrique à laquelle nous les associons. Beaucoup
d’araignées sont errantes : on les rencontre courant sur le sol, comme les araignées-
loups, ou à l’affût sur une fleur, comme les araignées-crabes. D’autres creusent des
terriers dans le sol grâce à un outil en forme de râteau situé sur leurs chélicères.
Quant aux toiles, leurs formes sont très variées : horizontales ou verticales, en nappe,
en réseau, en cloche ou en entonnoir.
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Une araignée au plafond
Les araignées errantes sont capables de se déplacer sur n’importe quel type de
surface grâce aux deux crochets et au coussinet de poils très courts situés à
l’extrémité de leurs pattes. Les araignées à toile n’ont pas de coussinet, mais
disposent d’un troisième crochet qui leur permet de marcher avec agilité sur leur toile,
sans jamais y rester collées. Elles sont en revanche bien maladroites sur une surface
lisse. Ce sont ces araignées, comme les tégénaires, que vous retrouvez régulièrement
au fond de votre baignoire : elles ne sortent pas des canalisations, elles sont tout
simplement tombées et incapables de ressortir.

Danse nuptiale, danse fatale

Une chasseuse sachant chasser.


Diurnes ou nocturnes, les araignées sont des chasseresses impitoyables et
ingénieuses. Elles comptent parmi les rares animaux à fabriquer des pièges pour
capturer leurs proies. Le plus connu est évidemment la toile : les insectes qui se font
prendre dans ses fils ont peu de chances de s’en sortir. Pourtant toutes les toiles ne
sont pas collantes. Les araignées sans toile ont développé bien d’autres techniques
de chasse : faire tournoyer une boule de glu au bout d’un fil pour attraper les papillons
au vol, lancer un filet sur les insectes de passage, cracher une substance gluante sur
sa victime pour la clouer au sol, s’approcher sans un bruit de sa proie pour lui sauter
dessus…

Une mission périlleuse


La reproduction est l’aboutissement de la vie de toute araignée, mais c’est aussi un
véritable parcours du combattant pour les mâles. Ils doivent tout d’abord trouver une
femelle de leur espèce en la repérant à l’odeur, puis parvenir à l’approcher sans se
faire dévorer. Souvent beaucoup plus petit que sa compagne, le mâle est en effet
facilement assimilé à une proie. Il doit donc user de prudence et de ruse. Offrir un
cadeau, faire un petit pas de danse ou encore emballer la belle d’un fil de soie, chacun
a sa technique de diversion. Après l’accouplement, très rapide, la femelle cherche à
se nourrir en prévision de sa maternité. Le mâle fait parfois les frais de cet appétit
subit.

La mygale et la fourmi

De nombreux ennemis
Prédatrice, l’araignée est aussi proie, à tous les stades de sa vie. Oiseaux, lézards ou
petits mammifères en font régulièrement leur repas, mais elle est également victime
de quelques animaux plus petits qui la parasitent. Les mygales servent ainsi de garde-
manger aux larves de la guêpe Pepsis qui parvient à les paralyser. Par ailleurs,
chaque araignée qui s’aventure sur le territoire d’une autre devient une proie. Les
mâles, plus chétifs, en font souvent les frais ! N’oublions pas l’un des plus grands
prédateurs des araignées : l’homme, qui les écrase volontairement ou par
inadvertance. Les araignées sont également victimes des insecticides pulvérisés en
masse sur les cultures.
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Pour vivre heureux vivons cachés
Les araignées ont développé deux stratégies de protection opposées : se camoufler
ou au contraire s’exhiber afin de passer pour un autre. Une couleur sombre permet
aux araignées de se fondre dans le milieu. Certaines arborent des couleurs vives pour
s’adapter à leur support habituel : vert dans les hautes herbes, jaune ou blanc sur les
fleurs. La forme du corps peut également se confondre avec une feuille, une branche
ou un bourgeon. La plupart du temps, ces stratégies de camouflage servent autant à
confondre les agresseurs qu’à tromper les proies. D’autres araignées préfèrent se
parer de couleurs vives, interprétées dans le monde animal comme toxique : rouge ou
jaune, associé au noir.

DES LIENS A TISSER


Le comportement prédateur de l’araignée ne joue pas en faveur de son image.
Pourtant il devrait : les outils dont elle est équipée pour capturer ses proies ont beaucoup à
nous apporter. Son fil de soie extrêmement solide, son venin aux propriétés thérapeutiques
et son appétit féroce pour quantité d’insectes nuisibles font d’elle une alliée précieuse pour le
genre humain.

Arachnologie
Les arachnophobes sont nombreux, les arachnologues plus rares. Pourtant, sans le
travail de ces scientifiques, toutes les capacités et les potentialités des araignées nous
auraient échappé. Nommer et classer ces animaux est la première étape
indispensable et de longue haleine. Les chercheurs estiment que des dizaines, voire
des centaines de milliers d’espèces restent encore à découvrir, notamment dans les
zones tropicales.

Les routes de la soie


Les propriétés de la soie d’araignée ne sont pas passées inaperçues. Dès l’Antiquité,
les Grecs s’en servaient comme pansement pour fermer les plaies. Diverses
méthodes ont été envisagées pour récolter ce précieux fil. D’importants élevages
d’araignées ont vu le jour, en particulier à Madagascar où les araignées, des néphiles,
peuvent produire jusqu’à 4 km de fil chacune !
Aujourd’hui encore, certains peuples récoltent et utilisent la soie d’araignée de
manière artisanale, comme en Nouvelle-Guinée où les toiles servent de filets de
pêche.

A la table des araignées


Vous l’avez compris, vous ne serez jamais au menu de l’araignée. En revanche, elle
pourrait bien être au vôtre ! Que ce soit pour leur goût, leur important apport de
protéines ou d’éventuelles propriétés médicinales, les araignées ont trouvé des
adeptes sur tous les continents : frites ou en brochettes en Asie, mangées en Sibérie
pour augmenter la fertilité des femmes, réduites en poudre comme aphrodisiaque au
Brésil ou en Australie... Il n’y a bien qu’en Occident que nous sommes encore
réticents à nous adonner aux joies de l’arachnophagie.
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Technologie de pointe
L’araignée est à la pointe de la technologie : l’armée s’y intéresse pour son fil, la
médecine pour son venin. L’élevage s’étant révélé impossible, c’est désormais grâce à
la recherche génétique que les industriels espèrent reproduire la soie d’araignée. Sa
forte résistance permettrait d’en faire des vêtements ou des parachutes légers. Le
milieu médical s’intéresse également beaucoup aux capacités de l’araignée. Utilisé
pour les sutures, son fil serait non toxique et plus fin que celui utilisé actuellement.
Quant à son venin, les études en cours laissent présager de nombreuses applications:
insuffisances cardiaques, tumeurs du cerveau, maladies neurologiques...

Un fil hors du commun


La soie est le grand atout des araignées. Personne ne peut rivaliser avec elles dans
ce domaine. Ce fil qui nous parait si fragile, tant il est fin, est en réalité un matériau
étonnant : résistant, léger et flexible, ses propriétés sont incomparables. Son secret : il
est composé de centaines, voire de milliers de fils encore plus fins, appelés fibrilles.
L’araignée les « tisse » entre eux afin d’obtenir une soie de nature différente pour
chaque usage : collante pour piéger ses proies, plus solide pour la retenir en cas de
chute, colorée pour camoufler son cocon dans le paysage…

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