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LE LIVRE BLANC

DE L'ASTROLOGIE

sous la direction de
Jacques Halbronn

Préfaces de Jean-Marc Lepers


et de Geoffrey Dean.

La Grande Conjonction
18 rue de la Providence, Paris
Avant propos à la mise en ligne du
Livre Blanc de l'Astrologie

J'ai décidé de diffuser un travail qui m'avait été


commandé par les éditions Axiome en 2005,
lesquelles avaient publié une partie de notre thèse
d'Etat, sous le titre "Prophétes et prophéties.
Décodages et influence", au moment du changement
de pape. Entre temps, cette maison d'édition a cessé
ses activités.....
Ce "Livre Blanc" date donc de 4 ans et est assez
largement dépassé tant en sa partie conceptuelle et
critique que dans sa partie informative et
documentaire, tout comme le sont, a fortiori, nos
publications papiers de 1981, 1984, 1994 ou 1997....
Ce qui est informatisé n'est pas, en effet, censé être
actualisé indéfiniment. On peut cloturer un travail
même s'il n'a pas été imprimé et encore moins publié
en librairie.
Il pourra d'ailleurs en être de même, un jour, de
téléprovidence.com, qui peut certes se prolonger aussi
indéfiniment mais qui est également susceptible d'être
"cloturé", à un certain moment, sans cesser, bien
entendu, d'être accessible, quitte à ce que sur de
nombreux sites astrologiques, des liens se fassent vers
teleprovidence ainsi que de nouveaux entretiens qui
paraitraient sur tel ou site et qui pourraient, cette fois,
être signalés et connectés par une instance centrale,
que nous avions intitulée par avance, Fédération
Internationale des Sites Astrologiques Francophones
(FISAF), qui prendrait le relais de teleprovidence..

Paris,
JHB
31.03.09

Une mise à jour des adresses à été néanmoins réalisée.


TABLE DES MATIÈRES

PREMIER VOLET

L'ASTROLOGIE REVISITEE

Première Partie – Du savoir au pouvoir astrologique


Chapitre I – La communication verticale
Chapitre II – La communication horizontale
Deuxième Partie – Une nouvelle Histoire de l'astrologie
Troisième Partie – Anthropologie des typologies astrologiques
Quatrième Partie – Visite des monuments de la
Cité (para)astrologique moderne
Cinquième Partie – Nouvelle anthropologie pour les astrologues

Annexe I:– Planches iconographiques.


SECOND VOLET

LE BOTTIN ASTROLOGIQUE

Première Partie La France astrologique


Chapitre 1 Les associations nationales
Chapitre 2 La vie astrologique francophone au niveau local
Chapitre 3 La place de la France dans le monde astrologique
I La période héroïque
II La situation actuelle
Chapitre 4 Les colloques astrologiques
Deuxième Partie Autoportraits et lettres ouvertes
Chapitre 5 Autoportraits d'astrologues
Chapitre 6 Autoportraits d'associations astrologiques
Chapitre 7 Codes de déontologie
Chapitre 8 Lettres ouvertes à quelques astrologues
de connaissance
Chapitre 9 Avertissement aux astro-sceptiques
Troisième Partie Les astrologues face au modèle uni-cyclique
Chapitre 10 Présentation du MUC.
Chapitre 11 MUC et vie quotidienne des astrologues
sous la Ve République
Annexe II : Index et coordonnées
1 Les personnes
2 Les structures et les périodiques
3 Les termes techniques
Préface de Jean-Marc Lepers
Département Hypermédias, Université Paris VIII.

Jacques Halbronn m'a demandé - à sa délicieuse manière fortement


impérative - de confectionner une préface à son travail. Ayant quelques
liens avec lui, au travers de l'ésotérisme et de l'anthropologie - et plus
précisément au travers d'une science très molle nommée “
ethnométhodologie ”, et un grand monsieur, Yves Lecerf, Requiescat In
Pace, universitaire, excellent ethnométhodologue et astrologue
convaincu, il m'était difficile de me défiler - quoique j'aie vainement
essayé.

C'est que je ne suis pas astrologue moi-même - quoique je sache


“monter ” un thème sans l'aide d'un ordinateur. Quand, stupéfait par les
concordances étranges et improbables que je trouve entre une femme et
moi, je compare nos thèmes astraux, j'utilise un logiciel, le meilleur du
moment, qui me confirme que nos thèmes sont quasiment décalqués
l'un de l'autre, à 30 ans de différence. Mais ma compétence astrologique
s'arrête au choix et à l'emploi d'un logiciel. Ca me suffit à valider
l'hypothèse qu'il y aurait effectivement des phénomènes dont
l'astrologie rend compte alors qu'aucune autre méthode, à ma
connaissance, ne peut le faire. Mais l'astrologie souffre à mon sens d'un
défaut majeur, c'est qu'elle est beaucoup trop compliquée pour moi. Je
parle du point de vue de la compréhension du système et de
l'interprétation. Je connais assez bien le Tarot - 22 cartes et c'est tout.
Pas un fouillis de planètes auxquelles on en rajoute tous les jours, de
maisons calculées selon 36 méthodes obscures, de “ degrés ” signifiants,
de planètes en dignité ou en exil, etc. Même si le Tarot est un système
ésotérique, on peut quand même espérer, à force de patience, d'essais,
de réarrangements, se faire une idée de la manière dont ce système est
ordonné. C'est que comme l'a bien souligné Robert Jaulin, dans ses
travaux sur le système géomantique, un système de divination est un “
système complet ” - c'est-à-dire que, par structure, aucun évènement
possible n'est censé échapper à sa description. Analyser un système
dans lequel le nombre d'objets est défini peut être complexe, mais pas
impossible ; analyser un système dans lequel chacun ajoute çà l'envi sa
planète ou son astéroïde fétiche ou son système de domification est
évidemment beaucoup plus hasardeux.

De ce point de vue, un système divinatoire comme le Yi King chinois


est une petite merveille d'organisation systémique ; non seulement le
sens de chaque signe et de chaque mutation est inchangé depuis
plusieurs milliers d'années, mais encore nous disposons pour chaque
signe de commentaires, qui ne divergent pas sur le sens, mais expliquent
pour chaque caractère comment, dans l'ordre du système, ce caractère
doit avoir ce sens. On est bien loin d'avoir un pareil outil en astrologie.
Le livre de Jacques Halbronn montre bien que les interprétations des
signes, planètes et autres peuvent varier presque à l'infini, en trouvant
des arguments dans une tradition ou une autre. De telles dérives sont
impossibles si on admet que le système astrologique, pour fonctionner
efficacement, c'est-à-dire pour fournir des interprétations, doit être un
système ordonné dans lequel le haut le bas, le soi et l'autre, le masculin
et le féminin, le père et la mère, le passé et l'avenir, etc. doivent être
clairement distingués et attribués. Il y a d'ailleurs dans le système des
douze signes du Zodiaque une organisation logique forte, avec 4
Eléments clairement différenciés dotés d'un des trois attributs (cardinal,
mutable ou fixe) ; on peut penser que cette volonté d'organisation
logique est à l'origine de notre calendrier de douze mois, alors même
que le calendrier naturel serait un calendrier de 13 mois lunaires,
largement adopté dans les populations qui ne pratiquent pas l'astrologie.
Mais en ce qui concerne les planètes, nous ne disposons pas d'un
schéma organisationnel bien établi, et d'autant moins si on en rajoute au
fur et à mesure des performances des télescopes ; même en ce qui
concerne les planètes fondamentales, on peut remarquer quelques
bizarreries, la plus évidente étant qu'il n'y a que deux planètes féminines
(Lune et Vénus) opposables aux deux principaux masculins (Soleil et
Mars), mais que Jupiter, Saturne, voire le petit Mercure, sont quand
même connotés plus du côté masculin que féminin, en admettant que
Neptune, Uranus et Pluton soient asexués. Pour la cohérence du
modèle il semblerait plus logique de n'utiliser que les quatre éléments
principaux (Soleil, Lune, Vénus, Mars) qui sont de plus des “ planètes ”
rapides (je sais que le soleil n'est pas une “ planète ”, mais faisons
comme si). En y ajoutant le petit Mercure, qui est le go-between, le
messager, et qui est parfois représenté comme Hermès hermaphrodite,
ne perturbant pas l'équilibre des sexes dans les puissances du thème.
Jacques Halbronn parle beaucoup du masculin et du féminin, c'est que
sans doute cela pose problème à l'intérieur du discours astrologique ; en
particulier toutes les planètes surajoutées aux cinq premières sont
masculines. C'est un cas unique dans l'histoire des systèmes divinatoires;
les Chinois basent leur Yi King sur le Yin et le Yang, répartis de
manière absolument égale ; la géomancie utilise également un système à
base de un (masculin) et de deux (féminin), et même dans le Tarot on
trouve 7 figures masculines, 7 féminines, et 8 mixtes (dont le Diable qui
a un pénis et des seins). Je ne suis en rien spécialiste de l'astrologie, mais
ne serait-il pas possible de faire des thèmes en utilisant uniquement les 5
premières planètes (peut-être, à la limite, en y ajoutant Jupiter, mais cet
ajout ne va-t-il pas déséquilibrer le thème, et finalement, au lieu de
l'enrichir, rendre son interprétation plus confuse ?) La clarté et la
précision d'un tirage de Yi King, entre autres, contrastent fortement
avec le degré de flou qu'on retrouve dans les interprétations
astrologiques. Est-ce que cette confusion ne serait pas réduite avec le
nombre des planètes ? L’astrologie chinoise, qui est une astrologie
respectée et très utilisée en Chine, est uniquement cyclique et n’utilise
aucune planète ; elle n’a quasiment pas varié depuis des milliers
d’années.

Connaissant assez bien le Tarot, je me suis bien sûr intéressé aux


correspondances entre celui-ci et l'astrologie. Il est vrai qu'ils ont des
symboles apparemment communs. Mais absolument rien ne prouve que
cette correspondance ne soit pas l'effet d'un relatif hasard : dans ce
qu'on peut appeler la bibliothèque générale des symboles, qui est un
ensemble relativement limité, il n'est pas très étonnant que certains aient
été employés aussi bien en astrologie que dans le Tarot. Quoique, ce ne
sont jamais exactement les mêmes. Est-ce, individuellement, le symbole
et ses déclinaisons qui compte, ou la place où il se situe dans une
structure ? Parce que les structures du Tarot et de l'astrologie sont
fortement différentes, et ne se superposent pas. L'astrologie fonctionne
sur une base douze, soit trois fois quatre éléments. Le Tarot sur une
base sept, trois fois sept cartes - plus une carte notée zéro dont il n'y a
aucun équivalent en astrologie, ni d'ailleurs dans aucun autre système
divinatoire à ma connaissance. Si c'est l'ensemble de la structure qui fait
sens, c’est à dire les positions relatives des divers éléments, les deux
systèmes n'ont quasiment rien de comparable, à part le fait que tous
deux emploient un système mathématico géométrique.
Historiquement, il semble bien que les systèmes divinatoires soient, au
départ, conçus comme des systèmes logiques et mathématiques, et pas
comme des systèmes symboliques. C’est très clair dans le cas du Yi
King, où les hexagrammes sont nommés, mais ne sont pas porteurs de
symboles ; les Chinois disent que le Yi-King “ prend la température du
monde ” : il est conçu non pas comme un symbole, mais comme un
instrument de mesure. Le Yi King parle à l’occasion de dieux, de
cérémonies, rituels, etc., mais ces dieux ne sont pas inclus dans son
système. Exceptionnellement on peut donner à un signe du Yi-King un
nom symbolique, comme “ Le Puits ”, parce que sa forme peut faire
penser à un puits ; mais cela procède plus d’un moyen
mnémotechnique que d’un sens, parce que le résultat divinatoire est
entièrement calculé, et tous les commentaires du Livre sont des
commentaires sur le mode de calcul, ou le rappel de situations
historiques identiques à celle que le signe décrit. De même pour la
géomancie. Il est donc assez probable que pour l’Astrologie également,
le symbolisme soit second, et non pas premier. Disserter longuement
sur la signification spécifique de tel ou tel symbole ou de telle ou telle
planète attachée à tel ou tel symbole peut alors apparaître comme un
exercice sans doute amusant, mais gratuit. Je suppose que, comme le Yi
King, comme l’astrologie chinoise, l’astrologie indienne - occidentale
est à l’origine conçue comme une machine à raisonner le monde. Son
usage systématique, en Chine, à l’occasion des mariages, et au centre de
la cérémonie, montre bien qu’il s’agit d’une machine à harmoniser le
monde. Si on oublie que les règles de l’harmonie sont essentielles, on en
arrive bien vite à une cacophonie, surtout si les participants inventent
chacun leurs instruments et leurs notes pour se singulariser d’avec leur
voisin. On en arrive à des situations ridicules comme celle de ce grand
couturier parisien qui se fondant sur un astéroïde ou une comète
quelconque avait prédit une catastrophe naturelle planétaire. Dans ce
cas, on peut vraiment regretter qu’il n’y ait, dans le monde astrologique
occidental, aucune vraie tradition, aucune autorité et aucune
Une certaine idée du progrès de l'astrologie

Le XXe siècle aura été pour l'astrologie marqué par un postulat, celui de
la nécessité d'ancrer celle-ci sur une astronomie en marche, elle n'en est pas encore
revenue. A un autre niveau, l'astrologie aura été tentée par les grands paris du
nazisme et du communisme, dont elle est revenue. L'alliance avec la psychanalyse
aura également été une tentation pour légitimer le thème natal.
Il nous semble qu'à plus d'un titre le XXIe siècle adoptera d'autres options
et c'est donc de l'avenir de l'astrologie qu'il sera aussi question dans ce Livre Blanc.
Cet avenir passe par un changement des représentations qui ont cours quant à la
formation du savoir astrologique.
Ce Livre Blanc a vocation à éviter au lecteur de s'égarer dans le dédale
de l'astrologie et de se perdre dans le maquis des activités et informations
astrologiques -et cela vaut aussi largement pour les publications - telles que proposées
par les uns et les autres et cela n'aura fait que s'aggraver avec Internet. Certes, les
gens ont-ils directement accès à une multiplicité de sources et peuvent donc conduire
par eux-mêmes toutes sortes de recherches mais il leur manque un cadre pour cela
susceptible de les orienter. en cette jungle. Et paradoxalement, ce cadre doit se situer
en amont d'Internet. Le présent LBA se différencie de nos précédents Guides du
fait précisément qu'il est plus une propédeutique à Internet qu'un ouvrage fermé sur
lui-même. Le lecteur de ce début de XXIe siècle a évolué, en l'espace d'une dizaine
d'années, il a d'autres habitudes, d'autres facilités. Il lui suffit parfois d'un sigle,
d'un nom propre- c'est la donnée la plus précieuse - pour qu'il puisse suivre une piste
sans se décourager face à une documentation dispersée en une infinité de sources que
l'on ne trouve que dans de rares bibliothèques. En quelques secondes, ce lecteur peut
compléter les éléments qui lui sont fournis. C'est dire que les moeurs ont changé: le
monde est devenu plus indiscret et l'on retrouve plus facilement la trace d'une
personne, ses coordonnées; l'on peut, par soi-même, se faire ainsi une idée assez
précise de ses activités; l'on pourra donc plus difficilement nous taxer de diffuser
certaines informations prétendument confidentielles dès lors qu'on les trouve sur le
web, c'est notamment le cas des adresses, des courriels. Il suffit souvent, à présent,
de connaître un nom pour savoir comment entrer en contact.
En 1190, il y a plus de 800 ans, le philosophe juif Moïse Maïmonide, né
à Cordoue en 1138, rédigea en arabe un Guide des Egarés, que l'on peut aussi
traduire par Guide des Perplexes. Ces égarés ce sont aussi les adorateurs du Veau
d'Or qui respectent une Loi qui n'est pas la bonne. C'est un peu dans cet esprit que
nous avons conçu notre ouvrage en tant que guide en ses multiples acceptions. Mais il
ne s'agit certainement pas d'un guide astrologique signe par signe.... Il ne s'agit plus
comme dans les précédentes éditions d'informer mais d'orienter et nous avons pensé
que l'on ne pouvait pas séparer le contenant du contenu. D'où un propos plus
critique et plus créatif mais aussi plus engagé et probablement plus responsable.
En fait, notre ambition serait de présenter une Bible astrologique
comportant à la fois une dimension historique, celle du peuple des astrologues et une
dimension juridique, des Tables de la Loi.
A un niveau plus modeste, nous dirons que le présent ouvrage se présente
comme une propédeutique, un passage obligé pour l'apprentissage et l'exercice de
l'astrologie. Il convient, en effet, que les étudiants en astrologie acquièrent des bases
solides en cyclologie et en anthropologie cosmique. A partir de ce qui est acquis en
amont, s'ils le jugent bon, ils pourront toujours pratiquer en recourant à ces schémas
généraux, quitte à introduire des données complémentaires de leur choix, plus en
aval.
Si nous pratiquons un audit de l'astrologie actuelle, il y aurait à signaler
deux manques : d'une part, une cosmologie confuse et foisonnante et d'autre part une
anthropologie sans colonne vertébrale. Entre ces deux carences et insuffisances, le
thème astral se trouve livré à lui-même, étant réduit à servir de support aux
demandes astrologiques individuelles.
A contrario, il nous semble indispensable de fournir aux astrologues des
bases qui leur font défaut, à savoir des structures épurées tant en ce qui concerne les
phases cycliques que les clivages sociaux qui leur correspondent.
Car, au lieu de cela, les astrologues se contentent de voir le monde avec les
yeux de leurs clients en se servant d'un langage qu'ils ajustent, vaille que vaille, sur
les représentations idéologiques en vigueur, souvent de gauche. Or, c'est plutôt à
droite que se situe le fondement théorique de l'astrologie et c'est là qu'il faut l'ancrer.
Par ailleurs, les astrologues manquent cruellement d'un modèle cosmique
cohérent - nom de code MUC pour modèle uni-cyclique - qui puisse s'articuler sur
des données anthropologiques se situant en profondeur. Ils sont donc par trop en
surface tant parce qu'ils ne savent pas trier entre les astres ceux qui font sens pour
l'Humanité et tant parce qu'ils ne perçoivent pas l'Humanité dans ce qu'elle a de
structurellement constant.
On verra, tout au long de ce guide, que par delà la question de l'existence
d'un rapport minimal entre hommes et astres, ce sont les revendications exorbitantes,
c'est le cas de le dire, qui plombent le dossier de l'astrologie. En d'autres termes, les
véritables revendications des astrologues ne sont pas celles que l'on croit, elles
dépassent de très loin ce qui est mis en avant généralement. Ce décalage tient en ce
que les astrologues se jugent en mesure de démontrer le plus mais pas le moins, c'est
à dire s'appuient sur leur consultation au cas par cas et non sur des statistiques ou
des approches catégorielles. Le consultant en astrologie veut porter tout le poids de
l'astrologie sur ses épaules et il n'hésite pas pour ce faire à complexifier les
fondements théoriques de l'astrologie.
Comme en ce qui concerne nos travaux sur le corpus nostradamique, nos
recherches à propos du corpus astrologique impliquent une déconstruction et une
reconsidération de la genèse et de la chronologie propres au dit corpus. Nous avons
donc été amenés à conclure que l'astrologie, en ce qu'elle implique de liens entre
hommes et astres à des fins psychosociologiques, est un phénomène relativement
récent qui apparaît dans un monde déjà très largement constitué et auquel il
n'emprunte que certaines données jugées utiles. Un tel jugement va à l'encontre d'une
tendance très répandue dans le milieu astrologique actuel à placer le phénomène
astrologique à une date très éloignée dans le temps. Débat que l'on peut résumer
par le questionnement suivant : l'ordre astrologique est-il matriciel ou bien est-il un
ordre à la fois arbitraire et relevant d'un acte d'arbitrage au sein d'un monde encore
imparfait? En d'autres termes, l'astrologie apporte-t-elle la paix dans un monde
marqué par la dualité et l'anarchie ou bien est-elle au commencement du monde et
donc responsable du désordre du monde? Il semblerait que les astrologues, dans leur
grande majorité, aient une vision que l'on pourrait qualifier de déiste de l'astrologie,
perçue comme une architecture originelle alors que, pour notre part, nous pensons que
l'astrologie est une entreprise tardive d'ordre juridique. Opposition entre le récit de la
Création (Beréshit) adamique voire préadamique et la présentation des Tables de
la Loi (Merkaba) à une date bien ultérieure, postadamique. Pour nous, l'astrologie
appartient à ce second cas de figure, ce qui rejoint la diachronie biblique. L'homo
astrologicus est le Fils et non le Père. L'astrologie devrait donc retrouver une
posture filiale, affirmant ainsi sa modernité, au lieu de se prétendre en position
matricielle et archaïque. Débat entre ceux qui pensent que le monde est préexistant
à l'astrologie et ceux qui affirment qu'il est préexistant en l'astrologie.

Ce Libre Blanc de l'Astrologie s'inscrit sans doute dans le sillage d'un ouvrage
de Patrice Guinard qui s'intitule Astrologie : le Manifeste.(site CURA.free.fr)
avec lequel il sera intéressant de le confronter.,
Nous ne prétendrons certainement pas avoir réalisé un Dictionnaire
astrologique comme Henri Gouchon (Dervy), Jean Louis Brau (Larousse), ou
Catherine Aubier (Solar) mais peut-être, plutôt, une sorte d'encyclopédie
astrologique que l'on peut aborder par différents bouts – encore que nous n'ayons pas
adopté de dispositif alphabétique si ce n'est pour l'index des noms propres et des
sigles, et qu'il ne faut pas nécessairement lire comme un roman d'une seule traite,
d'ailleurs, on y trouvera certaines répétitions. Contrairement aux éditions
précédentes, nous avons préféré situer les informations au sein d'études d'ensemble
plutôt que de nous plier à un compartimentage dont l'astrologie n'a que trop souffert,
d'où l'importance, cette fois, de l'index placé à la fin pour ceux qui voudraient
savoir ce que nous écrivons au sujet de telle personnalité physique ou morale et qui
peut être distillé à différents endroits de l'ouvrage.
L'astrologie correspond à une étape majeure pour l'évolution de l'
Humanité, c'est dire qu'elle ne se situe nullement au commencement du monde mais
bien plutôt au stade d'une révélation intérieure de ce qu'une alliance/ lien/symbiose
entre les hommes et les astres pourrait signifier; c'est ce qui a conduit à édifier une
nouvelle humanité qui est la nôtre sans que l'humanité antérieure ait pour autant
disparu et n'ait renoncé à imposer son mode d'existence. Il n'y a pas d'astrologie
sans une certaine philosophie du Temps et ceux qui pratiquent l'astrologie en servant
une autre philosophie, préastrologique, la dénaturent et la dévoient.
Cet ouvrage vise à servir de propédeutique à toute personne désireuse de
s'engager à un titre ou un autre dans le champ de l'astrologie ainsi qu'à toute
personne en position d'accueillir la dite personne. On voudrait que cet ouvrage servît
d'interface entre tous ceux qui sont amenés à graviter dans un tel espace. Peut-être
faut-il y voir un fil d'Ariane pour ne pas se perdre dans le labyrinthe de l'astrologie -
et ce faisant ne pas perdre de précieuses années à errer d'autant que les personnes
qui sont fascinées par l'astrologie du thème natal sont souvent isolées et manquent
de repères - à moins d'y voir carrément un antidote aux effets pervers d'une
astrologie dévoyée.
Notre but est de nous intéresser davantage à la formation qu'à la fortune
de l'astrologie et du milieu astrologique, c'est à dire de fournir des clefs pour
comprendre comment l'astrologie en est arrivée à avoir le visage qu'elle offre de nos
jours et comment le monde des astrologues est structuré de la façon qui est la sienne
actuellement. Autrement dit, nous essayons de compléter des données que l'on peut
trouver ailleurs. De la même façon, dans le monde de moteurs de recherche (google)
qui est le nôtre en ce début du XXIe siècle, la situation est radicalement différente
que celle qui présidait dans nos précédents guides. Il s'agit moins d'informer de
façon exhaustive que d'orienter, de fournir des bases, des dossiers, un panorama sans
concession et sans lacune grave, à partir desquelles notre lecteur pourra surfer sur le
net. En ce sens, le présent guide nous parait être la meilleure façon de se retrouver
dans la jungle du web (toile d'araignée) en précisant que certaines données du
précédent guide ne sont pas reprises. A une époque où nous sommes saturés
d'information, le principe d'exhaustivité laisse la place à un principe de sélectivité
étant entendu qu'au nom d'un tel principe, il ne s'agit en aucune façon de passer
sous silence une personnalité ou une structure ayant marqué durablement le milieu
astrologique français. Nous pensons bel et bien fournir à notre lecteur le bagage
nécessaire pour ne pas se perdre dans le dédale de l'astrologie et lui avoir dressé un
état des lieux qu'en dépit d'Internet il aurait eu bien du mal à réaliser sans
guide. Car sur le web, les informations ne sont pas classées chronologiquement et le
passé et le présent s'y télescopent fréquemment.

JH
PREMIER VOLET
L'ASTROLOGIE REVISITEE
PREMIERE PARTIE
Du savoir au pouvoir astrologique

Le milieu astrologique peut être appréhendé au regard du savoir,


ce qui correspond aux relations "verticales" quand il y a un d'un côté
celui qui sait et de l'autre celui qui ne sait pas et au regard du pouvoir
quand entre ceux qui sont censés savoir se constitue une hiérarchie, ce
qui correspond aux relations horizontales, entre pairs. A certains
moments, ces divisions s'estompent entre ceux qui savent et ceux qui
apprennent, entre ceux qui dirigent et ceux qui suivent, dialectique entre
ce que nous appelons les phases solaires, féminines, de décentrage et les
phases lunaires, masculines ou de recentrage. Les phases solaires sont
plus universalisantes, moins respectueuses des clivages culturels alors
que les phases lunaires sont plus sélectives, plus marquées par des
valeurs spécifiques à tel ou tel groupe.

Chapitre I La communication verticale

Ce qui nous semble caractériser une certaine image de


l'astrologie chez ceux qui disent y croire tient, selon nous, à l'attente
d'un langage qui parlerait de lui-même, comme si les hommes n'étaient
pas maîtres de leurs propos. L'astrologie serait un langage dont les
hommes seraient dépossédés. Prenons le cas du thème astral- on se
demande d’ailleurs pourquoi l’on utilise ce terme inconnu des anglo-
saxons et dont on ne se servait pas en France, au XVIIe siècle,
recourant au mot Figure - quel langage tient-il sur la personne qui
correspond au dit thème si ce n'est celui qui est dicté par la position des
astres à la naissance? Si l'on imagine que chaque planète, chaque signe
sont des mots, ces mots, dans la configuration qui est la leur, en bien ou
en mal notamment, ne sont pas choisis par les humains mais se
manifestent en quelque sorte de leur propre chef. En effet, à partir du
moment où un certain nombre de mots sont assignés à un certain
nombre d'astres, c'est le mouvement des astres qui les mettra ou non en
avant, qui fera le tri des mots qui conviennent et de ceux qui ne
conviennent pas. De même, dans tout type de tirage divinatoire, ce sont
les cartes qui auront été extraites du paquet, par tel ou tel procédé, qui
donneront, d'elles-mêmes, la réponse à la question posée. Dès lors que
l'on affecte à une série de mots une série de supports, qu'il s'agisse de
cartes ou de planètes, et que ces supports peuvent se combiner
diversement et constituer un nombre considérable de possibilités, c'est
tout un discours qui est rendu possible et qui n'appartient ni à
l'astrologue ni à son client mais qui émane de la dynamique
astrologique.
C'est ainsi que lorsque San Miguel de Pablos parle de la déesse
Cérès, il part du principe que c'est l'astre qui porte ce nom qui l'incarne
et que c'est la position de cet astre dans un thème donné qui permettra
de savoir ce que Cérès a à dire à propos de la personne concernée et de
déterminer de quelle façon elle le dira ( en signe, en maison, en aspect).
On a là un triptyque qui se décline ainsi : divinité mythologique ( ou
symbole zodiacal) - planète, astéroïde ( ou signe/ constellation) -
position natale.(ou tout autre thème, par exemple, horaire)

Les cours d'astrologie

Le cours d'astrologie s'apparente nettement à la réunion


d'astrologues, sauf qu'il s'agit d'un apprentissage à l'acquisition d'un
certain langage. Normalement, il devrait s'agir de toute autre chose et
d'une véritable préparation au métier d'astrologue mais cela dévie
souvent vers ce but, à savoir communiquer entre initiés, faire partie du
club. Et les astrologues ont moins besoin de clients épisodiques que
d'élèves consciencieux qui chercheront à les imiter.
Il y aurait donc deux débouchés pour les élèves en astrologie : la
pratique professionnelle qui exige de mettre beaucoup d'eau dans son
vin astrologique et où l'astrologie est pratiquée à dose homéopathique,
en recourant à une symbolique exotique, enrobant un discours truffé de
bon sens et de lieux communs, et la réunion astrologique pour ceux qui
ne veulent pas renoncer à leurs illusions et refusent un quelconque
sevrage.
Cet esprit des réunions astrologiques a d'ailleurs récemment
envahi le milieu astrologique au point que même les colloques sont un
prolongement, le plus souvent, des cours d'astrologie : il faudrait
d'ailleurs plutôt parler de cours magistraux. C'est le cas des congrès
organisés depuis 1990 par Yves Lenoble.
Il reste que pour nous l'enseignement astrologique souffre de
cette tare que de prétendre ou de laisser croire aux élèves que l'on
puisse passer insensiblement de l'apprentissage des techniques à leur
application à soi-même ou à autrui. Pour des personnes qui rêvent
d'une relation aseptisée où le moi de l'astrologue pas plus que le moi de
son client ne seront en présence directe, que l'astrologue parlera au nom
de la seule astrologie et que le client ne sera perçu qu'au travers de son
seul thème, il y a bien tromperie sur la marchandise. Certes,
reconnaissons qu'une telle attente relève du fantasme et que l'enseignant
tout en feignant de pouvoir exaucer celui-ci prépare l'élève à assumer
une relation directe à autrui et à mettre au bout du compte l'astrologie
entre parenthèses. Il y a bien là un problème de déontologie qui
exigerait, précisément, que l'astrologue s'engage, à terme, à ne pas
enfermer son élève dans ce carcan qu'est le thème natal. Cela ne
signifie d'ailleurs nullement que cet élève libéré de ses phobies par
rapport à autrui et à lui-même ne pourra être astrologue mais il sera
justement cet astrologue capable d'aider son prochain à vaincre les
problèmes que lui-même a résolus. Cela vaut aussi pour toute une
littérature didactique astrologique qui prétend enseigner une pratique
astrologique alors que plus l'enseignement se prolonge et plus l'élève
risque de devenir piètre astrologue, du fait qu'il va surinvestir son outil
et ne plus pouvoir prendre du recul par rapport à lui. Inversement, le
praticien satisfait de ses résultats tend à figer les techniques qui lui ont
permis une certaine réussite. Pour un théoricien, la pratique peut certes
être féconde quand elle ne correspond pas à la théorie mais fort nocive
quand elle semble en confirmer le bien-fondé car une théorie doit
progresser et ce pas uniquement du fait de la pratique mais du fait d'une
dynamique interne à la théorie, qui passe par une simplification toujours
croissante.
L'enseignement astrologique avant les années Soixante-dix
n'était pas associé, dans la communauté astrologique, à la perspective
d'un revenu significatif. La FLAP (Faculté Libre d'Astrologie de Paris) a
vécu une évolution à ce sujet. En 1975, les enseignants étaient
bénévoles, et Dorothée Callou, qui venait d'arrêter ses cours à Paris
VII, faisait alors exception qui demandait une certaine rétribution pour
l'enseignement qu'elle donnait à l'Eglise Américaine, où la FLAP donna
des cours en sa première année d'existence. Peu à peu, toutefois, aux
fins de valoriser le statut d'enseignant en astrologie, le pli fut pris
d'accorder une rémunération au prorata du nombre d'élèves inscrits, ce
qui put conduire certaines personnes à assurer un enseignement pour
des motifs purement pécuniaires.
Il convient de distinguer deux catégories d'élèves : ceux qui se
destinent au métier d'astrologue et ceux qui veulent approfondir leur
bagage astrologique ou si l'on préfère les professionnels et les amateurs.
Selon nous, le cursus ne devrait pas être le même et il convient de ne
pas mélanger dans une seule et même classe les uns et les autres. La
FLAP a évolué d'un créneau à l'autre: à ses débuts, Jacques Halbronn
n'y enseignait pas mais coordonnait l'équipe enseignante. Mais plus tard,
dans les années Quatre Vingt Dix, il avait mis sur pied une méthode qui
s'adressait exclusivement aux futurs pros. Il peut sembler paradoxal que
le président du MAU, qui n'a jamais donné de consultations, si ce n'est
à ses tout débuts, dans les années soixante, ait souhaité former des gens
qui voulaient vraiment s'investir dans la profession d'astrologue. En fait,
cela se comprend fort bien quand on pense qu'un bon professionnel ne
doit pas conserver une image fantasmatique et naïve de son activité. Le
côté démystificateur d'Halbronn convenait donc très bien pour préparer
des stagiaires en toute lucidité, sans leur faire perdre du temps à des
pratiques chères aux amateurs, surtout désireux de s'immerger dans un
bain de culture astrologique. C'est ainsi qu'en 1996-1997, Halbronn
assura un enseignement oral, avec Martine Garetier, dans le cadre de
l'INAD (Institut National des Arts Divinatoires) de Yosuf Sissaoui, rue
d'Alsace, pour lequel il écrivit de nombreux articles dans les publications
de cet organisme. il supervisa également en 1999-2000 les cours donnés
par Fouzy Hamici, un ancien enseignant de la FLAP, chez France
Voyance, lequel publiera, avec une préface de Jacques Halbronn
évoquant l'histoire de son école, un ouvrage de prévisions pour l'An
2000.. Halbronn avait une approche très directe de la question et en fait
considérait que le thème natal n'apportait aucune information valable
mais constituait un mode de transfert, il forma dans ce sens un Ioan
Azimel dans ce qu'il appelait la cosmothérapie . Il conseillait à ses
stagiaires de se contenter d'un bagage minimal en astrologie - assez pour
remplir les conditions initiales de l'entretien - et fournissait par ailleurs
des observations d'ordre général qui pouvaient suffire à engager le dit
entretien sans trop de risque. Il parlait alors de cosmothérapie. Il y a là une
approche déontologique de l'enseignement de l'astrologie qui implique
de ne pas laisser croire à l'élève que lorsqu'il aura appris à interpréter un
thème, il sera prêt à gérer l'entretien astrologique. Il conviendrait
d'apprendre à lire le thème plutôt qu'à le traduire, ce qui est une toute
autre affaire et qui recoupe le travail des services informatiques du type
Astroflash. Certes, le patient comprend rarement ce qui est dans son
thème mais il sait que c'est de lui qu'il est question et donc il peut
raisonnablement supposer que ce que dira l'astrologue s'appuie
directement sur l'enseignement du thème. Selon Halbronn, il suffit que
le client suppose que ce savoir existe et qu'il est en vigueur dans l'espace
du cabinet, qu'il visualise "son" thème, pour qu'il fasse effort pour
intégrer ce qui lui sera dit par l'astrologue et un tel effort suffit pour que
la consultation soit vécue comme un succès. En conséquence de quoi,
l'enseignement proposé par la FLAP, dans ses dernières années,
impliquait une formation limitée à un semestre, les élèves ne
s'imaginaient plus que leurs études allaient leur conférer on ne sait quel
savoir supérieur, au bout d'on ne sait combien d'années, dès lors qu'ils
parviendraient à le maîtriser. Halbronn publiera en 1995 une sorte de
testament pédagogique intitulé L'astrologue face à son client. Les ficelles du
métier (Ed. La Grande Conjonction) illustré de dessins humoristiques

L'enseignement par correspondance occupe une place


importante avec le développement des sites, d'où le nom d'une école
s'intitulant Univers-site. Signalons deux centres assez différents:; l' IAT
de Denis Labouré qui dispense ; à partir de Saint Etienne, une
astrologie traditionnelle - comme le nom de l'institut l'indique -
comportant une part de techniques prévisionnelles et l'IEA d'Alain de
Chivré, qui se situe davantage dans la perspective d'une
astropsychologie fournissant aux élèves des notions extra-astrologiques
utiles pour étayer une consultation. Cela convient pour les élèves ne
demeurant pas à proximité de Paris, en particulier qui reste le lieu de
formation sur place par excellence, d'où l'installation d'Univers Site à la
Librairie Astres..
Une autre association, située à Montpellier, dispense des cours par
correspondance, il s'agit de Jupitair de Patrick Giani.

Les espaces astrologico-ésotériques à Paris

Il n'y a pas de maison de l'astrologie stricto sensu mais certaines


librairies ésotériques ont théoriquement la responsabilité d'orienter la
demande de leurs visiteurs en ce qui concerne le milieu astrologique.
Elles le font avec plus ou moins de bonne grâce et/ou d'efficacité. Il est
bien rare, comme le faisait autrefois l'Espace Bleu, rue de Seine, que le
libraire ait constitué un classeur avec des informations. Le plus souvent,
il y a un coin prospectus où l'on trouve en vrac un peu de tout et de
n'importe quoi. Un petit bulletin payant, le Nouvel Age, dirigé par
Michel Bressaud, comportant des listes d'activités est distribué dans
certaines d'entre elles, Table d'Isis, Graal, Detrad, il aurait cessé de
paraître depuis peu. Mais les informations relatives aux activités
astrologiques sont surtout désormais à rechercher sur les sites..
Il y a d'ailleurs des librairies qui accueillent des cours et qui
logiquement en font la promotion comme la Librairie Les Cent Ciels, 12,
rue Jean Aicard et la Librairie Astres, 33 Boulevard Voltaire, animée par
Jean-Pierre Rebillard toutes deux sises dans le XIe arrondissement, et
qui organisent l'une et l'autre des journées astrologiques, la librairie
L'Univers d'Esther, 13, rue des Tournelles, dans le quatrième
arrondissement, près de la Bastille ou encore Milieu du Ciel de Nina Joffé
près du métro Convention. , 38 ,rue du général Beuret.. Signalons
également la Maison de la Radiesthésie, animée par l'astrologue Tristan
Lahary, 22, rue Godot de Mauroy, à la Madeleine. et la section
ésotérisme de la librairie Gibert, accés Quai Saint Michel, Ajoutons le
cas de la Librairie du Graal, 15, rue Jean-Jacques Rousseau, qui jouxte la
salle 'Psyché André Dumas' de l'USFIPES, à la même adresse, où se
donnent diverses conférences suivies d'expériences. On trouvera
évidemment une telle section plus ou moins fournie astrologiquement à
Virgin Megastore et à la FNAC..
Ces librairies sont parfois mobilisées lors des colloques
astrologiques, du Salon de l'Astrologue, comme la Table d'Isis animée
par Isabelle de Ribaucourt, 3 rue Fontaine, la librairie Bernard Van
Hooren, 3, rue Médicis. Toujours dans le sixième arrondissement,
signalons la Librairie de l'Inconnu, 84, rue du Cherche Midi. 75006 Paris..
Citons encore la Librairie du Graal, 15, rue Jean-Jacques Rousseau, près
du Palais Royal, animée par Jacques Bouvier qui sort périodiquement un
"Catalogue de livres anciens", -il y en a déjà eu plus de trente numéros -
excellent endroit pour enrichir sa bibliothèque avec des ouvrages
épuisés souvent depuis longtemps ; on ira également consulter, dans le
Quartier Latin, le rayon occasion de Gibert Esotérisme et de Leymarie,
rue Saint Jacques.
Quant aux éditeurs ésotériques, ceux qui tiennent boutique et
qui sont souvent présents dans des Salons avec espace conférence
(Parapsy, en février, pendant une dizaine de jours, Salon de l'Astrologue
fin mars, Marjolaine (Parc floral de Vincennes, en novembre), citons
encore les Editions Traditionnelles, rue des Fossés Saint Jacques et les
Editions Guy Trédaniel, 19, rue Saint Séverin, ainsi qu'Auréas, l'éditeur
de logiciels, 15, rue du Cardinal Lemoine, toutes trois dans le
cinquième arrondissement de Paris. Ajoutons les deux librairies-
éditions, en bas de la rue Saint Jacques, non loin du Boulevard Saint
Germain : Leymarie, au 42, et Bussière au 34. Pour la petite histoire,
signalons que la FLAP (Faculté Libre d'astrologie de Paris) avait loué un
local plus central que rue de la Providence, juste au-dessus, en 1980-81,
qui s'intitula Centre Albertus Magnus.. Ajoutons les Editions de la Grande
Conjonction qui accueillent la Bibliotheca Astrologica, dans la dite rue de la
Providence, dans le treizième arrondissement. Rappelons que deux
espaces importants ont quitté le quartier latin, les Editions
Traditionnelles (successeur de Chacornac) qui étaient sises Quai Saint
Michel et la librairie de la Table d'émeraude qui a fermé, rue de la
Huchette et dont le responsable est actuellement à la tête des Editions
Dervy, Bernard Renaud de la Faverie. Cette librairie dans les années
soixante-dix se déplaçait lors des colloques du MAU au FIAP.
Pour la province, il existe le réseau Aleph des librairies
ésotériques. Mais le problème de ces espaces, c'est qu’en règle générale,
ils ne sont pas exclusivement dédiés à l'astrologie, loin de là, d'où une
promiscuité certaine, y compris dans le cas de la librairie Astres qui
porte le nom d'une revue dont les publicités débordent très largement
du champ astrologiques. , revue d'ailleurs séparée désormais de la dite
librairie.
Enfin, signalons les librairies en ligne tel que dixdecoeur.com,
installé à Nantes.. Ci joint une liste que nous avons trouvé grâce au
chercheur lycos, sur le web.
France
Dans l'Est
Isid'aura
3 rue d' Illzach
68100 Mulhouse
Tel fax 03 89 43 23 12

SARL Librairie de la Cathédrale


Serge Amato
9, rue de douaumont,
57360 Amneville
Tel : 03 87 71 25 46 - Fax : 03 87 71 60 48
ldlc@i-spheres.com

Dans le Sud-ouest:
INDIGO(en stand by actuellement parait-il)
2 allée Abel Boyer
Colomiers, 31770
tel 05 61 30 32 31
Veronique.BOUGEAREL@wanadoo.fr

Librairie Centre du Verseau


19,rue Mailly
66000 Perpignan

Librairie La Licorne
8 RUE MALETACHE 31000 TOULOUSE
05 61 25 27 14

L'Incunable
16, rue de Nazareth. 31000 Toulouse

Absolu Plus Esotérisme


19 RUE DES TOURNEURS TOULOUSE
05 61 14 16 02

Dans l'Yonne...
L'or des étoiles
29 rue St Etienne 89450 VEZELAY
Tél: 0386333006 Fax: 0386333454
En Vendée:
ÂMES DE LUMIERE 27, rue de la Pajotière
85240 NIEUL / L'AUTIZE (FRANCE) Tél : 02 51 52 48 53

Bretagne
Les Chemins D'hermès
Petit Pont Gérouard
35120 Dol de Bretagne
Tel/fax : 02.99.48.25.73
< http://www.les-chemins-d-hermes.com>
http://www.les-chemins-d-hermes.com
email: information@les-chemins-d-hermes.com

Librairie de l'Irrationnel
7, Chaussée de la Madeleine. 44000 Nantes

"Dixdecoeur.com"
11, place du pilori, 44000 NANTES.
France (Loire-Atlantique)
Tél : 02 40 08 02 03
Fax : 02 40 89 13 99
<http://www.dixdecoeur.com>
pour tous renseignements : info@dixdecoeur.com

"AUX PORTES DU MYSTERE"


rue jules simon
35000 Rennes.

Astro-logic
librairie du boulevard Svob
Lorient

Région centre
Librairie la Clé du Triangle
52 rue du Port
63000 Clermont-Ferrand
tel.fax:04 73 90 97 29

Touraine
Librairie Ghimel
1, rue Marceau - 37000 TOURS
Tél. 02 47 64 73 45 Fax. 02 47 61 28 49

Sud-est:
"Librairie Holstein"
55 Rue des Fourbisseurs
84000Avignon
Tel. 04 90 86 16 67

3e Millénaire
LIBRAIRIE ESOTERIQUE / BOUTIQUE NEW-AGE
71, Rue de la Palud - 13006 Marseille
Tél.: (33) 0491550962 Fax: (33) 0491336685
Ouverture : Lundi : 14h - 19h et du Mardi au Samedi : 10h - 19h
Bruno DELEUZE email: 3e.millenaire@wanadoo.fr

L'étoile du Mage
10, rue de Cassis - 13008 Marseille
Téléphone : 04.91.25.66.38
Métro : Périer - Parking : Turcat-Méry
Ouvert du lundi au samedi de 09h30 à 19h00 sans interruption

"Les Chemins de Vie"


19 rue Puits du Denier - 13002 Marseille FRANCE
Tel. (33) 491 91 20 27 - Fax. (33) 491 33 53 69
e-mail : leschemins@libertysurf.fr

Les Sciences Parallèles


164 rue de Rome (Métro Castellane)
13006 Marseille
04 96 10 02 33

Région Rhône Alpes


L'Or du Temps
2, rue Alexandre Ier de Yougoslavie. 38000 Grenoble

Cadence
62, rue St Jean. 69005 Lyon

Paris
Editions Bussière
Editeur et libraire d'ésotérisme depuis 1927
34 rue St Jacques
75005 PARIS
M° Cluny Sorbonne
Tél.: 33 (1) 43 54 65 20 Fax: 33 (1) 40 51 06 53
Le site <http://www.editionsbussiere.com/>(Achats en ligne)

Gibert Jeune ésotérisme


23, Quai St Michel. 75005 Paris

Diffusion Rosicrucienne
199, rue St Martin. 75003 Paris

LA TABLE D'ISIS
3, rue Fontaine
75009 PARIS
M° Blanche ou St Georges
Email: isistab@aol.com

La Hache solaire
51, Bd des Batignolles
75008 Paris
Tel.01 42 94 94 52 Fax: 01 42 94 26 87
email:lhstrad@compuserve.com
lundi au samedi 10/19h

Librairie ASTRES
33 boulevard Voltaire
75 011 Paris
Tél : 01 48 05 00 05 Fax : 01 48 05 82 00

Librairie Cygne d'Etang


102 r Charonne
75011 Paris
Tél: 01 43 70 98 36 Fax: 01 43 70 11 01

Librairie de l'Epi
3 r Puteaux
75017 Paris
Tél: 01 44 90 91 31 Fax: 01 44 90 91 30

Librairie de l'inconnu
84, rue du Cherche-Midi
75006 Paris
01 42 22 02 16
Ouverture du lundi au samedi sans interruption de 10h à 19h.
Métro St Placide ou Rennes.
Catalogue gratuit.

Librairie Detrad
69, rue Lafayette
75009 Paris
01 42 80 32 82
47, rue de la Condamine. 75017 Paris
Objets et livres sur l'alchimie, l'astrologie, les Cathares, les Celtes,
Egypte, Kabbale etc...

Librairie du Graal
15 rue Jean Jacques Rousseau
75001 Paris
Tél: 01 42 36 07 60 Fax: 01 42 36 45 58

La librairie Occulte
76, rue Gay Lussac
75005 Paris
Tèl : 01 43 54 05 78

Chronique d'une école d'astrologie

Durant près de vingt ans, Jacques Halbronn a dirigé une école


d'astrologie, la FLAP, Faculté Libre d'Astrologie de Paris. On peut se
demander si la fondation du MAU, Mouvement Astrologique
Universitaire, n'était pas axée sur l'organisation de cours d'astrologie ou
si l'objet du MAU était de tenir des congrès d'astrologie. Il faudrait
examiner de très près les archives de l'association pour trancher sur ce
point ; toujours est-il que dès la rentrée 75, les deux objectifs - colloques
et école - étaient en vue et se concrétisèrent très vite l'un comme l'autre.
Dans les deux cas, il s'agissait de constituer des équipes, l'une
permanente assurant des cours hebdomadaires, l'autre ponctuelle
intervenant lors des colloques encore que dans le second cas, si
certaines personnalités se retrouvent d'un colloque à l'autre, un certain
roulement va de soi, selon les thèmes choisis pour chaque colloque. Il
reste que nous avons bien là une société structurée en deux étages et
correspondant à ce que nous appelons une phase lunaire, le passage
d'un étage à l'autre n'allant pas nécessairement de soi. Le conseil
d'administration du MAU était constitué des enseignants de la FLAP
car nombre des intervenants au colloque étaient en province voire à
l'étranger. On ne saurait donc dire que le MAU s'est divisé en deux mais
bien plutôt qu'il a fait cohabiter deux populations au sein d'une même
structure. Ce n'est probablement pas par hasard que l'élément féminin
ait été dominant dans la structure d'enseignement verticale, celle de
l'acquisition et de la transmission du savoir - non sans une certaine
routine - et l'élément masculin dominant dans la structure de colloque
horizontale, celle de la recherche d'un discours unitaire non point par
syncrétisme mais par décantation et élimination.
Comme pour les colloques, le danger tient au fait que les
interventions partent dans tous les sens sans qu'il y ait un moule
dominant. Il semble bien que la FLAP n'ait pas, à ses débuts, fait preuve
d'une rigueur et d'une cohérence particulières. En fait, les élèves
imposaient peu ou prou leurs desiderata à commencer par l'inévitable
apprentissage du montage du thème. Quand l'informatique résolut le
problème, la motivation des élèves baissa sensiblement. Très vite, le
modus vivandi consista à ce que chaque enseignant donne son cours, à
une certaine heure, quitte à ce que les élèves viennent s'ils le
souhaitaient à plusieurs cours se faisant suite dans la soirée, avec un tarif
dégressif ou un forfait.& Un programme de la FLAP était diffusé. Les
élèves qui s'astreignaient à suivre un maximum de cours faisaient
connaissance avec des astrologies assez différentes les unes des autres,
étant donné que le recrutement des enseignants impliquait qu'il n'y ait
pas trop de redondance entre les uns et les autres, du moins pour une
même année. Quelle était la part des différences délibérées liées à la
diversité des matières et celle qui était simplement fonction du profil
des enseignants ? Notons que le CEFA tel qu'il s'était constitué au sein
du CIA avait constitué un programme qu'il répartissait entre quatre
enseignants (Paul Colombet, Régine Ruet, Jacques Berthon et Jean-
Pierre Nicola), certes selon leurs compétences mais en respectant une
certaine division du travail. Mais l'ensemble était encore trop
hétérogène, ce qui conduisit Jean-Pierre Nicola à orienter le CEFA
autour de ses seuls travaux, évolution qui fut aussi celle de la FLAP qui
également finit par être centrée, dans ses dernières années, sur les
méthodes halbroniennes. Le fait est que l'existence d'une FLAP
enseignant une astrologie rejetée par le président du MAU ne faisait-il
pas problème : quelles consignes Halbronn édictait-il à ses enseignants ?
Il faudrait s'en enquérir auprès des enseignants de la FLAP mais il
semble bien que chacun en ait fait à sa tête même si Halbronn faisait
des inspections. De toute façon qui contesterait l'influence de
l'astrologie. sur ceux qui la pratiquent? D'ailleurs, les femmes ne
percevant pas de contradictions ou de redondances, tout discours ne
pouvait a priori qu'être compatible avec tout autre, tant qu'il ne se
présentait pas expressément et formellement comme opposé. L'homme
en revanche ne voit pas pourquoi il répéterait ce qui a déjà été dit par
ailleurs, il a un sens plus aigu de la complémentarité.
On peut penser que la dualité au sein des activités du MAU
permettait à chacune d'entre elles de se développer sans empiéter l'une
sur l'autre : un colloque est un colloque, un cours est un cours. Certains
tendent à l'oublier et transforment un colloque en un cours magistral
qui ne supporte pas d'interruptions ni d'interpellations ou bien saturent
leurs élèves avec des techniques qui leur serviront pas en pratique.
Comment trouvait-on des enseignants et des élèves ? La FLAP a
recruté des dizaines de professeurs au cours de ses vingt ans d'existence,
parfois il s'agissait d'anciens élèves de l'école comme Brigitte
Schonbuch ( qui deviendrait Chéret), Catherine Pilliot ou Marc
Guéville. La FLAP, à la différence des Journées Astrologiques, ne
déborda guère sur la province, si ce n'est à Metz avec les cours de
Jacqueline Bony-Belluc, à la Maison des Jeunes et de la Culture ou par
ses cours par correspondance assurés par Daniel Giraud, depuis ses
Pyrénées. Toutefois, des stages d'Eté de la FLAP eurent lieu en 1979 et
1980 en province, respectivement : à Lumbin, dans l'Isère, dans le cadre
des activités d'Alain Chevillat (Horus) et près de Tours. Quant à la FEA
de Denise Daprey, elle eut aussi son université d'Eté en 1985 à
Chaumont d'Eyzin Pinet, à nouveau dans l'Isère, toujours grâce à Alain
Chevillat. A propos de stage, signalons ceux qui se tiennent
traditionnellement dans la Drôme, à Dieulefit, dans le cadre de la SFA,
chez Colette Cholet.
A la rentrée 1978, la FLAP tint un colloque international dans
les locaux de la Nouvelle Acropole, à la Porte Maillot, consacré à
l'enseignement de l'astrologie, ouvert à tous les enseignants.
L'enseignement à la FLAP a longtemps été fort éclectique et il s'est
longtemps agi de correspondre à la demande des élèves qui
généralement savaient exactement ce qu'ils voulaient. Mais à partir des
années 1990, Jacques Halbronn commença à développer une pédagogie
qui lui était propre et qui considérait que les études devaient être brèves,
étalées sur un an maximum, si l'on ne voulait pas abuser les élèves.
Un moment important pour la FLAP et le MAU fut, en 1980 -
la sortie aura lieu l'année suivante - la commande par les éditions Solar
de neuf volumes sur le Zodiaque - la série sera reprise par France
Loisirs, en 1992 - les trois premiers ayant été réalisés par Ivan Othenin
Girard, proche de Ruperti;. Catherine Aubier et Brigitte Chéret, liées à
l'histoire du MAU, rédigèrent plusieurs volumes ainsi que Françoise
Colin- qui publierait, en 1984, chez Garencière (même groupe des
Presses de la Cité), Astrologie et graphologie. Traité de graphologie planétaire -
et Dorothée Koechlin de Bizemont, déjà cheville ouvrière de la
collection Tchou, qui se ferait connaître en 1989 par le premier ouvrage
français consacré à l'Astrologie karmique, chez Robert Laffont, Jacques
Halbronn y ajoutant quelques préfaces de son cru, Hector Leuck, qui
enseigna à la FLAP, aujourd'hui décédé, se chargeant du symbolisme
des degrés zodiacaux, faute de publier son Manuel des monomères avec leur
interprétation pour chaque degré du zodiaque, prévu chez Trédaniel.. Quelque
temps auparavant, en 1979, les Ed. Tchou avaient lancé la série des
Grands Livres du Zodiaque, dirigée par Joanne Esner, et c'était l'équipe
du COMAC, autour de Jean-Pierre Nicola, qui avait obtenu une partie
des collaborations. Jacques Halbronn ayant été chargé conjointement
avec Solange Dessagne du signe du Sagittaire, tout simplement parce
que c'était son signe solaire. et ce fut d'ailleurs le début de la carrière de
Catherine Aubier, en tant qu'auteur, qui travailla notamment pour les
éditions M & A, au cours des années 1980, ce qui donna une autre
collection, Zodiaque 2000 ainsi qu'une série sur les signes chinois en
petits volumes. Catherine Aubier, par la suite, publiera chez Solar divers
ouvrages dont un Dictionnaire pratique d'Astrologie.
Cet aspect pédagogique au sein du MAU explique probablement
la fondation en 1979 d'un Syndicat National de l'Enseignement
Astrologique (SNEA) dont Catherine Aubier fut une des responsables
puis le lancement, en 1985, de la Fédération de l'Enseignement
Astrologique ( FEA) autour de Denise Daprey.
Parmi les fort nombreux enseignants de la FLAP, qui se
succédèrent ou se côtoyèrent pendant une vingtaine d'années nous
signalerons, ceux qui se firent le relais de certaines personnalités qui
gravitaient autour du MAU, c'est ainsi que si une Claire Santagostini
trouva ainsi une disciple en Marielle Clavel (plus tard Garrel), qui la
suivra également dans la voie de la morphopsychologie du Dr Corman
un Jean Carteret marqua fortement un autre enseignant de la FLAP,
Olivier Peyrebrune, lequel publiera en 1977 les Valeurs de l'Astrologie qui
s'intéressent notamment à Proserpine et à Vulcain ainsi qu'aux
luminaires noirs.. En revanche, si de 1986 à 1991 deux élèves de l'astro-
psychanalyste Philippe Granger, Chantal Depoux et Christine Bignier
enseignèrent à la FLAP, elles avaient été formées par celui-ci en dehors
du MAU..

Quant aux élèves de la FLAP, on les trouvait grâce à des


affichettes que l'on collait avec du scotch sur les poteaux électriques. Au
début de la FLAP, - on était encore loin d'Internet - les gens faisaient
attention à l'affichage sauvage. Cette culture a largement disparu de nos
jours. On passait des journées à mettre des affiches dans tous les
arrondissements de Paris et après on attendait les appels qui ne
manquaient pas. Ensuite, il y eut le réflexe pages jaunes qui fut
également un bon vecteur de recrutement. Et puis la demande de cours
au milieu des années 1990 se tarit, peut-être du fait de la concurrence
d'AGAPE dont la présentation des activités faisait peut -être plus
professionnel. La FLAP profitait bien entendu, financièrement, de la
publication d'ouvrages techniques par les éditions de la Grande
Conjonction mais aussi du "troc" entre les dits ouvrages et les
éphémérides et tables de maisons vendus par les éditions dirigées par
Guy Dupuis.
A l'honneur de la FLAP d'avoir accueilli en son sein de vieux
routiers de l'astrologie comme Jean Carteret (pour une série de
conférences), Serge Hutin ou Jean Phaure ou, pour une autre
génération, un Dan Giraud (surtout par correspondance) un Arnold
Waldstein, un Olivier Clouzot, un Gérard Edde, à côté de personnages
de moindre calibre et souvent des femmes.
En 1996, les activités de la FLAP cessèrent et la salle de réunion
(appelée Centre Providence) fut louée pendant un an à la Nouvelle
Acropole qui était en période de transition, ayant quitté la rue
Daguerrre. Déjà en 1980, la Nouvelle Acropole avait utilisé des locaux
que la FLAP avait loué rue Saint Jacques, au-dessus de la librairie
Niclaus-Bussière. Nouvelle Acropole qui dans le passé avait accueilli
des activités de la FLAP en son centre de l'Avenue Malakoff puis rue
Largillière.
Dans bien des cas, les cours avaient lieu chez les enseignants
eux-mêmes, ce qui permettait de diversifier géographiquement les
points d'accueil dans Paris. En 1999, un hommage fut rendu à la FLAP
dans une préface que J. Halbronn rédigea au livre d'un ancien
enseignant de l'école, Fouzy Hamici lequel officiait désormais dans le
cadre de France Voyance, rue de la Chine, l'éditeur de l'ouvrage 2000, le
premier horoscope du troisième millénaire.
A partir de 1989 fut fondé le GAP, le Groupement des
Astrologues Professionnels ( plus tard AGAPE) qui tint des colloques.
Ce GAP ne fut pas étranger à la réussite des premiers colloques de
l'ARRC (Association pour la Recherche des Rythmes Cosmiques)
d'Yves Lenoble, qui laisserait la place par la suite à Sep Hermés.
Rappelons cependant qu'en 1978 - douze ans plus tôt- l'ARRC avait
organisé deux colloques avec le MAU.

Une plate-forme commune de l'enseignement astrologique

Si l'on organisait des rencontres entre enseignants en astrologie,


pourrait-on trouver un terrain d'entente ? Certains proposeront
évidemment de s'appuyer sur les données astronomiques mais nous
avons montré que le lien entre astronomie et astrologie n'était pas aussi
évident que d'aucuns veulent le faire accroire. D'où le Colloque MAU
'Quel Ciel pour l'astrologie ?" (mars 2005). Ce mariage entre ces deux
disciplines a montré ses limites et surtout débouché sur des excès,
notamment avec la prise en compte d'astéroïdes.
Quant à l'histoire de l'astrologie, nous avons également montré
qu'il pouvait exister plusieurs scénarios fortement distincts quant à
l'émergence de l'astrologie à commencer par la question chronologique :
le lien des hommes et des astres phénomène originel ou tardif dans
l'évolution de l'Humanité ? Une telle dualité se retrouve dans la Bible :
récit de la Création et, bien plus tard, au Sinaï, don de la Loi - dualité
bien mise en évidence dans la kabbale Maassé Beréshit et Maassé Merkaba
- certains considèrent, notamment parmi les astrologues, que ces deux
moments ne font qu'un. Selon nous, l'astrologie correspond à cette Loi
qui vient changer le rapport des hommes au monde lequel n'est plus
subi mais dominé, soumis aux besoins des hommes. Avec l'astrologie
moderne, ce sont les hommes qui doivent élargir leur champ de
conscience au regard d'un univers qui lui impose sa présence.
Un autre dénominateur commun que nous serions amenés à
rejeter concerne le thème natal, entité indispensable pour la très grande
majorité des astrologues mais à nos yeux extraordinaire fourre-tout
voire trou noir aspirant toute la structure de l'astrologie.
Mais alors que proposer ? La prévision nous semble être la base
la plus saine pour poser l'astrologie. Ce n'est que dans un second temps
que les techniques prévisionnelles ont été détournées et de dynamiques
sont devenus statiques. C'est ainsi que les maisons astrologiques sont,
selon nous, du moins quant à leur signification, à placer dans un cadre
cyclique et non dans le thème natal.
L'astrologie mondiale nous semble une excellente base mais
nous ne pensons que l'on doive s'encombrer des planètes
transsaturniennes (Uranus, Neptune, Pluton ). Revenons-en comme il a
été dit au Colloque "Astrologie. Conditions d'existence' d'octobre 2005
aux cycles des planètes lentes connues de l'Antiquité. Mais là encore,
nous demanderions de ne pas oublier les étoiles fixes, du moins les
principales comme l'axe Aldébaran-Antarés.
Quant au Zodiaque, il nous semble que sa présentation est le
plus souvent défectueuse et constitue un bien mauvais départ quand on
prétend prendre en compte son bestiaire. Mais en même temps, ce
bestiaire témoigne de l'origine du dit zodiaque en rapport avec les
activités saisonnières des sociétés agricoles - Sully disait que "labourage
et pâturage sont les deux mamelles de la France" - et n'est-ce pas
justement un leitmotiv chez les astrologues que de revendiquer un
fondement météorologique, une articulation autour des axes solsticiaux
et équinoxiaux, de la dialectique diurne/nocturne - comme chez Jean-
Pierre Nicola - pour le Zodiaque ? Il semble bien que nous soyons là
dans une impasse symbolique.
Il apparaît que l'enseignement astrologique préconisé
notamment par l'AGAPE fasse fausse route à plus d'un titre : on y
insistait plus sur l'interprétation que sur la consultation, plus sur la
psychologie moderne que sur l'anthropologie, plus sur la nouvelle
astronomie que sur l'astronomie ancienne, d'où une certaine perte de
temps dans l'acquisition de bagages parfois superflus aux dépens
d'autres négligés. On ne sera donc pas parvenu à former une nouvelle
génération d'astrologues mieux à même de tenir un discours plus
cohérent sur une discipline à la dérive et qui maîtrise mal ses
fondamentaux.
Dans ce Livre Blanc de l'Astrologie, nous sommes amenés à
proposer des solutions voire de nouvelles perspectives. Il nous apparaît
que le fait de vouloir enseigner l'astrologie comme un ensemble d'un
seul tenant est contraire aux intérêts de celle-ci et la pousse à la faute.
En effet, l'ensemble astrologique, quand on l'examine de près, se révèle
extrêmement composite alors que chacune de ses parties pourrait être
plus aisément valider en tant que telle. Un astrologue a souvent
l'occasion de se discréditer lorsqu'il extrapole à partir d'un fait plus ou
moins avéré aux fins d'en justifier d'autres, par exemple du fait que la
lune exerce certains effets au fait que Pluton, par exemple, pourrait agir
sur nous ou encore de telle statistique sur les rapports entre professions
et planètes en maisons pour conclure que cela confirme toute
l'Astrologie. Force est en effet de constater que les différentes
composantes de l'ensemble astrologique posent des problèmes distincts
et ne serait-il pas, par conséquent, préférable de les sérier ? Il est
également assez vain de voir des astrologues chercher à fonder
l'astrologie sur des bases totalement différentes parce qu'ils ce référent à
des facettes fort différentes les unes des autres.
Par conséquent, il nous semble de bonne pédagogie d'étudier
chaque secteur de l'astrologie comme jouissant d’une certaine
autonomie et d'en épuiser les applications possibles plutôt que de se
hasarder à combiner plusieurs techniques, plusieurs modèles, plusieurs
cycles, bref le grand jeu. Gauquelin a montré le chemin en s'attelant à
une question bien délimitée en la reliant à des données célestes
également bien isolées d'autres données. A contrario, certains statisticiens
comme Suzel Fuzeau-Braesch ou Hubert Brun prennent en compte un
ensemble hétéroclite et beaucoup trop complexe. De facteurs célestes
dont il faudrait préalablement prouver qu'ils relèvent d'un seul et même
fondement. Il n'en est pas de même des résultats obtenus par Didier
Castille et qui, aussi limités soient-ils, confèrent une certaine assise au
critère zodiacal lors de la naissance, sans que l'on puisse parler d'une
influence planétaire mais plutôt saisonnière, ayant montré que l'on se
marie plus souvent avec des personnes nées peu avant ou après notre
propre date de naissance (sans que l'on considère l'année). Autrement
dit, il existe une astrologie des maisons, une astrologie des signes, une
astrologie des cycles, une astrologie du moment de la naissance, une
astrologie axée sur les avancées les plus récentes de l'astronomie : autant
de spécialisations qui sont aussi diverses entre elles que la psychiatrie et
la radiologie, la cardiologie et la sexologie. La notion d'astrologue
généraliste qui est la plus répandue dans les formations à l'astrologie ne
nous semble guère à encourager. En tout état de cause, elle devrait être
envisagée en fin de formation quand chaque technique spécifique est
bien maîtrisée. La façon dont on initie actuellement à l'astrologie - on
pense ainsi à Yves Lenoble responsable de la première année à
l'AGAPE- est donc en débat et peut constituer un bien mauvais départ
surtout s'il y a un enseignant unique pour introduire l'ensemble. Bien
pis, l'apprentissage de l'interprétation du thème natal se veut d'entrée de
jeu synthétique, additionnant et combinant les critères les plus variés
que l'on additionne pour déterminer une "dominante ”. Le thème astral
est une sorte de trou noir, un creuset qui absorbe les parties les plus
discordantes entre elles de l'astrologie.
Il conviendrait de considérer l'astrologie comme un empire ayant fini
par agglomérer des facteurs disparates, un empire dont l'unité de façade
est un leurre.
Il nous semble donc que la déontologie de l'enseignement de
l'astrologie implique de ne pas professer des notions contradictoires et
incohérentes, de sérier les problèmes et de ne pas laisser entendre que
tout se tient alors que les diverses astrologies peuvent avoir des
fondements cognitifs extrêmement différents. Il nous semble nécessaire
de protéger les élèves contre des cours qui sont souvent une injure au
bon sens et qui ne peuvent donc qu'avoir un effet abrutissant. En fait,
les élèves sont convaincus que cet enseignement qui leur est proposé a
été validé par des instances supérieures comme c'est le cas en
pharmacie. Or, il n'en est rien, chaque enseignant se considérant libre
d'apprécier ce qu'il en est. Selon nous, les enseignants n'ont pas
nécessairement compétence pour en juger et ils doivent donc se plier à
des directives et les appliquer au mieux. Pour cela, une instance est
nécessaire, c'est la raison d'être du Conseil Supérieur de l'Astrologie en
France (CSAF). Des inspecteurs auront pour tâche de s'assurer que les
enseignants ne trahissent pas les mesures qui ont été prises.

La Bibliotheca Astrologica

Cette institution, qui appartient au Mouvement Astrologique


Unifié (MAU), tout comme les éditions de la Grande Conjonction, la
Faculté libre d'Astrologie de Paris, aura connu une histoire
mouvementée. Née avant le MAU, dès 1972, elle est au départ la
bibliothèque du CIA (Centre International d'Astrologie) mais constituée
en grande partie des ouvrages de Jacques Halbronn (cf le catalogue paru
dans la revue Trigone). Elle avait bénéficié d'autres fonds, outre quelques
ouvrages fournis par quelques membres du CIA, dont André Barbault
lui-même, comme celui de Jacques Moine du Cercle des amis de Dom
Néroman qui se réunissait rue des Quatre Vents, près de l'Odéon. Les
recherches d'Halbronn, qui paraîtraient en 1976, dans Clefs pour
l'Astrologie, faisaient déjà en 1971 l'objet d'un enseignement suivi par
d'autres néromaniens - qui semblaient trouver en Halbronn, lui-même
marqué par Jean Carteret, fréquenté au CIA, qui avait été proche du
Collège Astrologique de France de Dom Néroman, le continuateur de
leur maître à penser notamment en ce qui concernait la question des
domiciles et exaltations des planètes- comme Guy Mayeres et Max
Duval, lequel enseignement avait commencé en Israël, à Jérusalem, dès
1968 - le premier article de Halbronn y parut, en juin 1969, dans le
journal en langue française des étudiants de l'Université Hébraïque sous
le titre de "Portrait de l'Homo Astrologicus".
Lors de la séparation avec le CIA, la bibliothèque suivit le MAU
et le CIA demanda à récupérer "sa" bibliothèque. Mais entre temps,
certains responsables de la FLAP qui avaient la responsabilité de la dite
bibliothèque ne voulurent pas restituer celle-ci, ce qui donna lieu de la
part de J. Halbronn à une plainte. Lorsque, en 1978, le CIA, entre temps
devenu SFA, demanda au tribunal d'instance du XIIIe arrondissement la
restitution de la bibliothèque, J. Halbronn fit état des poursuites qu'il
menait alors pour obtenir la restitution de la dite bibliothèque. Le
tribunal en prit acte et l'affaire en resta là. Par la suite, Halbronn parvint
à reprendre le contrôle de la dite bibliothèque qui ne cessa de s'enrichir
des recherches menées par lui, en grande partie sous la forme de
reproductions et non pas d'originaux.. Peu d'astrologues la
fréquentèrent et parmi les utilisateurs fidèles signalons le cas de Patrice
Guinard et celui de Denis Labouré. Cette bibliothèque - la Bibliotheca
Astrologica - est d'une grande richesse, tant en ce qui concerne les livres
modernes que les documents anciens, tant pour ses archives associatives
que son fonds audiovisuel. La bibliothèque a été alimentée en particulier
par les recherches et les activités d'animation de son fondateur : au fond
initial de livres et de revues se sont ajoutés d'une part un important
ensemble de photos, de films documentaires muets, de documents
audio et audiovisuels et d'autre part de microformes et de photocopies
d'ouvrages anciens imprimés et manuscrits qui furent réunis pour divers
colloques scientifiques, et diplômes: DESS d'ethnométhodologie, à
Paris VIII sur le Milieu astrologique, ses structures et ses membres (1995) -
comme Hubert Brun (Incursion de l'ethnométhodologie dans le monde étrange
des astrologues, cf Cahiers du RAMS, 3, 1995 et sur le site du CURA.free.fr)
- thèse de troisiéme cycle ( EPHE Ve section, 1979), thèse d'Etat
(1999), mais aussi pour nombre de publications papier et internet,
notamment, à partir de 1999 pour le CURA de Patrice Guinard et
l'Encyclopaedia Hermetica et l'Espace Nostradamus de Robert Benazra et
pour les éditions Retz, sur Jean-Baptiste Morin et Abraham Ibn Ezra,
Trédaniel, sur Alan Leo, Nicolas Bourdin, Etteilla ainsi que la série "Vie
astrologique" (1992, 1995) et le Guide de la Vie Astrologique (1984),
Pardés, sur Claude Dariot, Olivier Laurens, pour le Guide Astrologique
(1997), Ramkat pour des travaux sur Nostradamus et sur les Protocoles des
Sages de Sion, Axiome, pour le présent Guide (2006) sans parler des
publications propres aux éditions de La Grande Conjonction comme
L'Astrologue face à son client. Les ficelles du métier, traduit en anglais en 2003
par Geoffrey Dean et mis en ligne sur un site hollandais. En 1991, la
Bibliotheca Astrologica organisa, en même temps qu'elle publiait son
catalogue réalisé par Antonia Leibovici, un colloque en Histoire de
l'astrologie, dans la crypte de l'Eglise Sainte Anne et dans les locaux de
la librairie Les Cent Ciels, alors sise rue François Miron, avec un certain
nombre d'universitaires, comme Pierre Brind'amour, René Alleau, Jean-
Patrice Boudet, Sylvie Bokdam, Amanda Phillimore, Yves Marquet un
peu à la façon du colloque Nostradamus de 1985, à Salon de Provence
où se côtoyèrent universitaires et spécialistes, comme Jean Céard, Jean
Dupébe, Michel Simonin, Daniel Ruzo, Michel Chomarat, Robert
Benazra, Robert Amadou, Catherine Pellegrini, Jacques Halbronn et des
astrologues liés à la FFA et à la SFA comme Yves Lenoble, Max Duval
et dont les actes sont partiellement parus sous le titre de L'astrologie de
Nostradamus, sous la direction de Robert Amadou (diffusion ARRC
1992). Mais il faut créditer la dire Bibliotheca d'avoir contribué à la
tenue en 1984 à Londres d'un Colloque du même type, au Warburg
Institute, animé par Patrick Curry, à l'occasion duquel colloque parut un
Répertoire des Historiens de l'astrologie réalisé par J. Halbronn .
Ajoutons que de 1976 à 1985, nous avions préparé, à Paris X; mais non
terminé une thèse d'Etat sur l'Astrologie, sous la direction de Jacques
Merleau-Ponty.(mort en 2002), professeur de philosophie et d'histoire
des sciences.
La Bibliotheca Astrologica, qui mériterait des locaux plus amples et
une meilleure gestion, n'en constitue pas moins un ensemble d'une très
grande richesse. Son fonds Nostradamus est probablement le plus
complet au niveau européen avec celui de la Bibliothèque Lyon La Part
Dieu, enrichie du fonds Chomarat (cf son catalogue sur Espace
Nostradamus). Une partie de son fonds iconographique a été mise en
ligne sur le site du CURA, notamment à la rubrique DIAP
(Documentation iconographique Astro-prophétique). Une bonne
formule pourrait être d'installer la BA au sein d'une structure plus vaste,
comme une médiathèque parisienne ou provinciale. mais ne va-t-on pas,
à court terme, vers la constitution de bibliothèques numérisées où la
question de l'espace n'a plus le même sens, où l'hébergement est virtuel
? C'est ainsi qu'en Angleterre, Mario Gregorio a crée la plus importante
collection nostradamique en ligne, laquelle comporte un grand nombre
de textes originaux, cela porte le nom français de Bibliothèque
Nostradamus. Nous pensons toutefois qu'à terme une telle entreprise
sera menée par les grandes bibliothèques, la BNF ayant déjà mis en
ligne (sur Gallica) des ouvrages numérisés relatifs à Nostradamus et pas
seulement de son propre fonds. Par ailleurs, la numérisation des
documents n'est vraiment intéressante que lorsque l'on peut rapprocher
les textes les uns des autres. Or les textes figurant dans les ouvrages
anciens ne sont pas reconnus par les scanners et ils sont donc saisis
comme des images, ce qui est assez limité.

L'astrologue en porte à faux avec l'astrologie

On dit que les cordonniers sont les plus mal chaussés, il se


trouve que les astrologues sont souvent mal placés pour parler de
l'astrologie ou si l'on préfère qu'ils en parlent en recourant à des grilles
bien éloignées de l'esprit de l'astrologie. En d'autres termes, l'astrologue
moderne serait schizophrène : il enseignerait les catégories planétaires
ou les typologies zodiacales mais quand on lui demande de parler de son
rapport à l'astrologie, il se veut aussi bien praticien que théoricien et il a
le plus grand mal à reconnaître ses limites soit en tant que praticien soit
en tant que théoricien, il se veut dans la totalité, animus et anima,
fromage et dessert. Tout se passe comme si l'astrologie n'avait pas
vocation à enseigner et à gérer la dualité. Quand le masque astrologique
tombe, on a affaire à quelqu'un qui a bien du mal à se situer dans le
monde et qui se veut et se considère comme un microcosme, c'est à dire
un petit monde à lui tout seul. Il nous semble que les astrologues
modernes sont existentiellement aussi étrangers à l'astrologie que leurs
clients. En fait, l'astrologue jette un regard non astrologique voire anti-
ou contre astrologique sur le milieu astrologique en ce qu'il ne se rend
pas compte que ses propos sont souvent en contradiction avec une
certaine philosophie astrologique qui suppose que tout se réduit au
binaire et que le binaire ne peut se réduire à l'un que dialectiquement,
c'est à dire par le biais d'une alternance. Il n'y a pas en effet d'altérité
sans alternance, c'est à dire sans laisser à l'autre la possibilité de dominer
quelque temps. Quand je veux être l'autre, cela signifie en fait que je ne
veux pas que l'autre puisse exister sans moi, différer radicalement de
moi, que je ne supporte pas un autre qui ne serait pas moi, qui
m'échapperait. Or, une telle attitude s'oppose à tout démarche
prévisionnelle puisque la prévision est fonction de l'alternance, ce qui
implique un lâcher prise périodique ; sans alternance politique, sociale, il
n'y a pas d'arbitrage chronologique et donc pas d'astrologie. Autrement
dit, un monde unidimensionnel serait un monde sans astrologie, sans
alternance ni alternative. Il n'y a pas non plus de prévention sans avoir
cerné une menace, un péril, cerner un clivage sous-jacent, latent, une
ligne de partage, ce qui implique une certaine forme de généralisation
voire d'abstraction qui ne sied guère aux femmes qui préfèrent voir
venir en pensant qu'il sera toujours bien assez tôt pour réagir. Kepler
conseillait, en 1601, à propos de telle conjonction Mars-Saturne du fait
qu"il y a un risque de discorde civile, qu'on ne laisse pas se tenir
d'assemblées en août et septembre, que celles-ci soient dispersées, en
supprimant par avance les causes de mécontentement' Ainsi,
l'astrologue peut-il intervenir pour éviter certains dérapages. S'il
considère, en revanche, que les dites perspectives sont incontournables
ou s'il craint que les événements ne viennent point confirmer ses
prévisions, il se trouve devant un dilemme. Voilà qui montre bien que
l'astrologue porte la responsabilité de ce qui surviendra ou non, selon
son aptitude à alerter les instances compétentes pour qu'elles prennent
les mesures nécessaires. Si sa conception du prévisionnel est par trop
rigide, il n'aura aucune marge de manœuvre. En ce sens, l'astrologue
devrait suivre l'exemple du prophète Jonas qui annonçait une
catastrophe dans l'espoir que la ville de Ninive y échapperait en
s'amendant. On notera qu'au XVIe siècle, en France -on pense à
Nostradamus et à ceux qui se situaient dans sa mouvance - la tendance
des astrologues était d'annoncer certains évènements comme certains et
l'on peut penser que cela a du nuire, à terme, à l'image de l'astrologie,
lesquels astrologues croyaient probablement bien faire en présentant
leur science comme rigoureuse au point de ne pas envisager plusieurs
options. La différence entre l'astrologue et le voyant, c'est justement que
l'astrologue est censé ignorer les effets exacts d'une configuration astrale
en se contentant de cerner un certain nombre de causes agissantes alors
que le voyant est supposé décrire les effets découlant de telle situation
avec une certaine précision sans définir clairement les causes des dits
effets.. L'astrologue ne saurait renoncer à son rôle de conseil en amont
et non en aval de l'événementiel sachant que la tendance lourde pourra
toujours être appréhendée et que l'on pourra toujours aller vérifier si
des mesures préventives ont été ou non prises. L'astrologie se doit donc
de se placer entre prévision et prévention, comme c'est notamment le
cas en astrologie médicale. Curieusement, on peut lire, parfois, dans tel
code de déontologie, que l'astrologue ne doit pas annoncer quelque
chose s'il n'en est pas certain, qu'il ne doit pas proposer des solutions
par rapport à un pronostic. Il est vrai que dans bien des cas, une telle
attitude peut justifier des abus du genre: Il va vous arriver cela, si vous
ne faites pas ce que je vous dis. Mais il ne faudrait pas que le
remède fût pire que le mal, l'astrologie doit pouvoir trouver un
équilibre, tant sur le plan scientifique qu'éthique, sans avoir à se
prononcer définitivement sur une question qui se pose.. En ce sens,
l'astrologue a le droit d'annoncer le pire tout en sachant qu'il n'est
absolument pas certain, non pas que ce pire soit inscrit dans les astres
mais du fait que les hommes étant ce qu'ils sont, la situation de passage
d'une phase à la suivante a de fortes chances d’être, ici ou là, mal géré ;
il peut rappeler, en effet ; ce qui s'est produit de grave dans le passé sous
les mêmes auspices, compte tenu de l'interférence de paramètres non
astrologiques forcément différents et notamment du fait que les acteurs
n'avaient pas été avertis en temps utile. ..
Pour prévoir, il faut savoir avant donc relier un individu à une
catégorie plus ou moins bien définie, on ne peut donc faire l'économie
d'opinions, de préjugés, même si l'on sait qu'il y a des exceptions - qui
confirment la règle.. On ne peut, a priori, prévoir concernant un individu
dont on ne sait rien parce que l'on ne l'a relié à rien. Ce n'est pas
l'individu isolé qui crée l'événement mais c'est le tropisme qui fait que
toute une population d'individus change d'attitude, de logique,
simultanément et spontanément, du moins sur un laps de temps de
plusieurs mois voire de plusieurs années(cf nos études sur le tropisme
sur le site Hommes-et-faits.com) : les évènements s'enchaînent donc
nécessairement les uns dans les autres, suscités par les effets persistants
d'une seule et même configuration astrale faisant signal. Nous sommes
donc ici aux antipodes des astrologues qui voudraient que les effets
d'une configuration exercent un impact sur une période de quelques
jours voire de quelques heures. Nous préférons l'esprit de géométrie à
l'esprit de finesse.
Dans la cité, on ne se promène pas avec la marque de son signe
zodiacal et de toute façon, l'astrologue tant en consultation qu'en cours
commence par dénigrer le critère mono- zodiacal, ce qui fait que l'on se
condamne à pratiquer une astrologie de l'après -coup, qui n'est
accessible qu'une fois le thème natal décrypté. Nous voulons renverser
la situation et demander à ce que l'astrologue ne se prive plus
d'informations générales avant d'explorer les solutions individuelles
suivies. Ne mettons pas la charrue devant les bœufs !
Les événements du dernier trimestre 2005, en France, qui ont eu
tant d'impact à l'étranger étaient prévisibles dès lors que l'on avait
conscience des problèmes intégration lesquels obéissent à une cyclicité
dont le repérage incombe à l'astrologie prévisionnelle. L'intégration est,
en effet, un des principaux enjeux de la prévision astrologique, qu'il
s'agisse de populations immigrées (banlieue maghrébine), (ex)
colonisées ou occupées (Palestine, Europe de l'Est à la fin des années
Quatre Vingt). L'intégration passe par une alternance de négation ou de
relativisation des différences et de reconnaissance, de creusement des
clivages et d'ailleurs, elle doit traverser ces deux stades d'ouverture et de
fermeture pour être viable. Le problème n'est pas l'alternance en soi
mais la conscience et la préparation à celle-ci.
Il nous apparaît comme aberrant d'appliquer les structures de
l'astrologie mondiale à l'individu ; or le thème natal n'est rien d'autre que
la représentation globale du ciel à la naissance pour toute l'Humanité, à
un moment donné. La gestion des tensions au sein d'une société n'est
pas du même ordre que celle des tensions au sein d'un individu. Or,
l'astrologie a compétence pour appréhender les premières, point les
secondes. Ce qu'une société peut réguler en se servant de la diversité de
ses composantes, c'est à dire de ses populations, par un processus
d'alternance ne saurait faire référence à l'échelle individuelle à moins
d'admettre que l'individu puisse se dédoubler sans tomber dans une
forme de schizophrénie. Selon nous, l'astrologie peut étudier les
relations de chaque individu avec le collectif mais non saisir le collectif
au cœur de l'individu, contrairement à ce qu'affirme André Barbault,
identifiant de fait astrologie mondiale et astro-psychanalyse.
Cela dit, l'astrologie ne saurait opposer individu et société : les
problèmes sociaux sont avant tout le résultat d'une accumulations
d'enjeux individuels. Si l'on prend le cas de l'exogamie ou de la
démographie, le refus exprimé par certaines sociétés se manifeste au
travers de milliers de refus individuels qui s'additionnent. La solution de
ces problèmes passe donc préventivement par la responsabilisation
individuelle -il faut payer de sa personne en acceptant l'accouchement,
en se mariant hors de sa tribu etc. - et non par des mesures globales,
lorsque l'on a atteint un certain seuil de visibilité qui correspond
souvent à une situation devenue irréversible. L'astrologue en reste
souvent à une vision déconnectée de l'individu, cela se voit à la façon
dont il va consciencieusement calculer le thème astral et y articuler des
prévisions individuelles, donc décalées par rapport à celles qu'il fournira
pour un autre client. Cet astrologue ne comprend pas que l'individu
n'est qu'un élément d'un ensemble plus vaste et donc d'un déterminisme
plus large qui ne fait sens et signe que parce que précisément il implique
une synchronie et une synergie entre une multitude de ressentis
personnels qui n'ont pas à être, quant à eux, modélisés par quelque
thème astral mais qui relèvent d'une marge de manœuvre que l'on peut
appeler libre-arbitre, si l'on entend par là que l'on a le choix d'aller avec
X plutôt qu'avec Y, d'agir au moment X plutôt qu'au moment Y
mais dans une fenêtre qui reste relativement étroite et qui correspond à
l'unité astrologique de temps ((UAT) tout comme on a le choix, au
restaurant ( chez Macdonald's par exemple) de prendre le plat X plutôt
que le plat Y, ou à la télé, l'émission X et non l'émission Y, ce qui
n'empêche pas qu'à telle heure, on ne sera pas le seul ou la seule à
réaliser telle action, sinon l’il n'y aurait pas d'horaires de TGV , pas de
supermarchés, pas de cinémas. Certaines personnes ont tellement
intériorisé ces contraintes qu'elles s'imaginent être des électrons libres,
qui n'ont de compte à rendre qu'au ciel, ce qui est une grave illusion
dont l'astrologue fait son beurre. On peut imaginer cet astrologue
disserter longuement sur le fait que chacun a son propre calendrier,
déterminé par son thème astral (directions (par exemple ACB), transits)
et qui regardant sa montre, tout d'un coup, s'excuse en disant " Désolé,
mais j'ai un train à prendre". Or, un train se remplit grâce à la rencontre
à la même heure de centaines d'individus qui ont chacun leur vie mais
qui ont des dénominateurs communs et ce sont ceux-ci que l'astrologie,
prioritairement, a pour tâche d'examiner et non pas les facteurs de
différenciation individuelle lesquels relèvent, davantage, du travail du
psychologue. A l'astrologue, les facteurs de différenciation sociale.
L'héritage astrologique

L'héritage est lié à la mort mais aussi à la naissance. En naissant,


chacun de nous hérite d'un prénom d'un patronyme, d'une mère, d'un
père, de grands-parents, de frères et sœurs déjà présent ou à venir, d'un
quartier, d'une religion, d'une race, d'un certain type physique, d'un sexe
mâle ou femelle. Situer l'astrologie dans le champ du natal, c'est en fait
tenter de la faire bénéficier de notre dispositions à l'égard d'un tel
package, assez éclectique. Si l'on a accepté un prénom, pourquoi
n'adopterait-on pas le signe que notre naissance nous désigne et plus
encore, carrément, le thème natal ? De là à s'analyser ou se faire analyser
à la lumière de ce prénom, de ce visage (physiognomonie,
morphopsychologie de Corman), de ces mains (chirologie,
chiromancie), il n'y a parfois qu'un pas Tout ce qui est lié à notre
naissance génère peu ou prou un certain type de résignation : l'on dit
volontiers que l'on ne choisit pas ses parents, la naissance appartiendrait
au domaine du non-choix et l'astrologie en se présentant comme natale
revendique un tel privilège, comme une sorte de valise diplomatique qui
n'aurait pas à être contrôlée.
Entendons par là qu'il ne faut pas s'attendre à un étalage de
beaucoup d'esprit critique par rapport à tout ce qui est lié à la naissance,
ventre mou de notre identité.

Le ventilage astrologique
Tout se passe comme si chaque individu ne pouvait disposer
que d'une parcelle d'humanité, n'étant même pas homme ou femme à
part entière mais un bout d'homme ou un bout de femme. Pour
l'astrologie, l'individu ne serait donc pas autonome puisqu'il n'aurait
qu'une facette de chaque planète et laisserait les autres facettes à autrui.
En réalité, la typologie astrologique se situe dans le temps et non dans
l'espace. Que l'on ne puisse pas être en même temps au four et au
moulin est une chose mais qu'il y ait ceux qui soient toujours au four ou
toujours au moulin en est une autre ?
En réalité, un tel résultat tient à une corruption de la pratique
astrologique qui a voulu transformer une cyclicité au regard de laquelle
nous traversons tous des états successifs en une typologie statique qui
voudrait que l'état de chaque astre, tel qu'il se présente au moment de
notre naissance, vaudrait pour toujours. Basculement anthropologique
évident et qui conduit à une toute autre idée de l'humain. Pourquoi ne
pas s'ancrer sur ce simple constat de notre ambiguïté par rapport au
Temps : tantôt, nostalgie de ce qui a eu lieu, tantôt attente de ce qui va
peut-être arriver ou revenir, balancement qui s'explique par la condition
cyclique de l'Humanité pour laquelle, en définitive, passé et futur se
distinguent bien malaisément.
Soulignons que le zodiaque n'a rien à voir avec le thème natal et
qu'il a vocation à baliser un cycle et non à déterminer le caractère de
l'individu.
L'Histoire de l'astrologie est marquée par la mise en place d'une
branche prenant ses distances par rapport à l'astronomie, pas totalement
certes, mais en tout cas au niveau d'un certain suivi. Avec la multiplicité
des cycles planétaires, le travail de l'astrologue était devenu assez lourd
et certains praticiens jugèrent bon d'élaborer des formules plus
commodes qui ne reposeraient que sur le moment de la naissance de
chacun.
Au départ, le thème natal servait à faire évoluer, à diriger les
planètes selon des progressions fictives du point de vue astronomique,
pratique qui s'est perpétuée jusqu'à nos jours notamment avec l'ACB de
Roger Héquet - grâce à l'aide de l'informatique qui facilitait désormais
considérablement la tâche - et qui fut défendue dans les années
Soixante par un Henri Gouchon. Mais Dane Rudhyar contribua
également, notamment par les traductions françaises qui furent faites de
ses ouvrages parus en anglais, à maintenir une certaine tradition
directionnelle. (1° pour 1 an)
Le principe de ces techniques qui permettent de ne pas recourir
aux transits ou aux révolutions solaires- même si d'aucuns n'hésitent pas
à tout combiner, syncrétisme oblige - consiste à faire bouger le thème
natal selon certaines correspondances de durée comme par exemple un
degré pour un an, un jour pour un an, ce qui signifie que pour connaître
le "ciel" dix ans après la naissance, on regarde où se trouvent les astres
dix jours après la naissance. Le passage d'un astre ainsi progressé dans
une nouvelle maison du thème déterminera un certain changement. Or,
le calcul des maisons relatif au mouvement diurne - les maisons
correspondant en quelque sorte à des tranches horaires - est lui aussi
marqué par plusieurs écoles si bien que le passage d'une maison à une
autre ne se produira pas au même moment selon le mode de
domification choisi. D'où un débat à ce sujet qui conduira le moine
italien Placidus de Titis à élaborer, dans son Primum Mobile, des
directions articulées sur un nouveau découpage des pointes ou cuspides
des maisons, ouvrage édité en français en 1998 par les soins de la
FDAF, malheureusement avec des maladresses dans la chronologie des
œuvres.
Mais par la suite, même les calculs à partir du thème parurent
fastidieux et l'on vit de plus en plus d'astrologues - et c'est de nos jours
la tendance fortement dominante- considérer les positions initiales
figurant dans le thème natal comme constituant le destin du né sans
même introduire de progressions à partir du radix qui n'aurait du n'être
que la racine, le point de départ. Le ciel sous lequel on naissait allait
ainsi suffire à l'astrologue qui ne s'évertuerait plus guère à le faire se
mouvoir artificiellement.
Et c'est ainsi que l'on se trouve actuellement, comme on l'a dit,
dans une situation où le thème fait du sur place. Si Mars est en maison
VI en gémeaux, à la naissance, cela va être désormais considéré comme
une information que le né devra traîner toute sa vie, comme une sorte
de carnet astrologique qu'il devra présenter à chaque entretien. D'où les
dérives psychologiques actuelles qui font d'une astrologie qui avait
vocation au cyclique et au collectif une science au service du statique et
de l'individuel.
On passait ainsi d'une psychologie périodique selon laquelle
selon les moments, l'on était dans telle ou telle position, en haut ou en
bas - pour prendre un cas de figure simple - à une psychologie arrêtée
où le né se trouverait une fois pour toutes en haut ou en bas. Etant
donné que nous passons tous par des hauts et des bas, il n'y a pas de
difficulté à nous convaincre d'être plutôt ceci ou plutôt cela puisque
nous sommes l'un et l'autre, il ne s'agissait plus que d'une question de
degré : un peu plus comme ceci, un peu moins comme cela, pourquoi
pas ? Les maisons astrologiques, à l'évidence, traitent des diverses
activités qui nous incombent et dont aucune ne saurait nous être
totalement étrangère. Si quelqu'un vient nous dire que telle activité
compte plus pour nous que telle autre, cela ne fait guère vraiment
problème. Il ne s'agirait donc pas d'une vraie typologie synchronique
fondée sur une division des tâches au sein de la société mais d'un
classement des activités de chacun au cours de sa vie, correspondant
d'ailleurs à ce que l'on appelle les âges de la vie, en ce qui concerne les
maisons : on ne se marie pas (maison VII) à n'importe quel âge, par
exemple. La vraie typologie, celle de la sexuation, étant ainsi recouverte
par une typologie factice puisque ne se situant pas sur le même plan :
dans un cas il s'agit d'une typologie exclusive : on est un homme ou on
est une femme alors que dans l'autre il s'agit d'une typologie successive :
on est au printemps, on est en été - chaque saison générant ses propres
activités- et ainsi de suite.
Le non dit de l'astrologie actuelle consisterait à déterminer pour
chaque personne les situations qu'elle préfère et nullement à fixer celles
qui lui seraient inconnues. L'on voit que l'enjeu n'est pas du même ordre
que celui de la sexuation. A vrai dire, l'enjeu de l'astrologie actuelle nous
semble assez dérisoire dans la mesure où il ne s'agit pour elle ni de fixer
durant quelle période la personne sera dans tel ou tel état - la prévision
d'événements ponctuels n'étant somme toute que d'un intérêt limité,
n'apportant pas de cadre pour développer une action - ni de préciser les
véritables limites liées à sa naissance, à savoir celles qui sont fonction de
la sexuation. Or, nous pensons que l'astrologie véritable ne peut exister
qu'en articulant la sexuation sur une cyclicité, la sexuation étant l'input et
le pronostic astrologique l'output.

L'entretien astrologique

La consultation astrologique est par excellence un genre bâtard,


comme d'ailleurs toute forme de consultation, de conseil. Les
conseilleurs ne sont pas les payeurs, dit-on. En principe, dans une
consultation, il y a celui qui sait ou du moins est supposé savoir (Lacan)
et celui qui ne sait pas ou est supposé ne pas savoir. Comment ces deux
personnages peuvent-ils se rencontrer, sur quelles bases, dans quelles
conditions ? En tout état de cause, celui qui conseille va devoir tirer
quelque conclusion sur un dossier qui lui est soumis, laquelle conclusion
sera peu ou prou à la portée de celui qui vient consulter et qui pourra se
réduire à "oui" ou "non", faites ou ne faites pas ! La montagne va
accoucher d'une souris puisque un savoir réputé sophistiqué va
déboucher sur un langage censé être accessible au premier venu. En
astrologie, les choses se déroulent un peu différemment et parfois à
fronts renversés comme si c'était l'astrologue qui demandait son avis au
client à propos du thème qui est les siens, après tout ; c'est l'astrologue
qui est amené à interroger son client, placé en position de sphinx : ai-je
raison - mieux encore l'Astrologie a-t-elle raison - de dire cela à votre
sujet ou non ? C'est le client qui a ; comme on dit, les réponses, est
arbitre. L'astrologie n'a pu se maintenir qu'à ce prix. En appliquant le
signifiant à un certain signifié, l'on confère au signifiant une unité qui ne
lui est pas donnée au départ. C'est ainsi que l'on en arrive à se satisfaire
d'un corpus fort peu consistant - comme c'est le cas, par exemple, de
nombreuses langues, en tête desquelles nous placerons l'anglais- dès lors
que l'on est conduit à unifier celui-ci de facto en le focalisant sur un seul
et même objet, sur une seule et même personne, à commencer par celui
qui y a recours. D'où l'importance extrême du client pour valoriser
l'astrologie aux yeux de l'astrologue lui-même. Divine surprise que de
pouvoir observer que ces notions ô combien éparses parviennent ainsi à
s'organiser, le problème étant cependant que cela se passe chaque fois
autrement et sans que l'astrologue puisse prévoir. comment son
discours sera reçu. Les faiseurs d'horoscopes - et c'était déjà le cas pour
les quatrains des almanachs de Nostradamus, au XVIe siècle - vivent ce
même genre d'expérience, chacun apportant, comme dans une auberge
espagnole, son petit signifié à un texte (signifiant) auquel chacun fait
dire ce qu'il veut ou plutôt qu'il s'applique à lui-même, tel qu'il se
connaît, I puisque c'est de cela qu'il est censé s'agir. Dans l'entretien
astrologique, le signifiant devient quasiment indifférent, ce qui explique
qu'il soit si mal traité par les astrologues qui traitent leur tradition avec
incurie et désinvolture, sachant que ce qui compte, c'est ce à quoi il est
supposé renvoyer et non ce qu'il signifie en soi. Nous qualifierons de
telles pratiques de para-astrologiques comme l'on parle de
parapsychologies ou de para-médecines.. Sans trop exagérer, nous
pensons que l’exercice consiste pour l’astrologue à lancer un mot ou
une date et à persuader son client que cela doit faire sens pour lui.
Quand le client est bien “ dressé ” à renvoyer la balle, à la façon de
quelque dauphin dans son bassin, la consultation se passe très bien. Que
certains veuillent vérifier leurs travaux dans de telles conditions laissent
pantois.
Comment se former à la consultation astrologique ? Il faut
certes acquérir un certain bagage en astrologie mais toute la question est
de savoir jusqu'à quel point. Comme l'écrit Dan Rudhyar, "n'importe
quel système, n'importe quelle approche de l'astrologie est susceptible
de satisfaire les besoins et de remplir une fonction valable pour
quelques humains au moins" (p. 22) Sans un bagage minimum, le
praticien n'est pas crédible et n'a pas le sentiment d'être en face d'un
astrologue, ce qui ne lui permet pas de vivre un transfert. Le thème
astral nous apparaît plus comme un support de communication que
d'information à moins qu'il ne s'agisse, dans certains cas, d'un support
de voyance. En revanche, la demande d'astrologie est riche, par elle-
même, d'enseignement sur le client/ patient et quelque part tous les
clients de l'astrologue se ressemblent.
On nous objectera qu'il y a là quelque subterfuge mais pas
forcément au point de vue thérapeutique, tant l'on sait qu'il convient
parfois de recourir à divers moyens pour contourner certaines défenses..
L'on sait très bien qu'en psychiatrie, l'on peut recourir à divers objets et
rituels facilitant la communication. Le thème astral peut être un de ces
objets et permettre d'élaborer un certain rituel. A condition de se situer
au second degré, c'est à dire de ne pas préjuger du signifié ou du moins
de ne pas le faire découler du signifiant. En ce sens, le thème astral
serait une auberge espagnole où l'on consommerait ce que l'on y
apporte.
On aura compris que pour mener à bien une telle pratique de
l'enseignement astrologique, il importe que le praticien ne soit pas
obnubilé par l'astrologie du thème natal, sinon il risque fort d'être
victime d'un contre-transfert. Le praticien, dans ce cas de figure, doit se
contenter d'être celui qui est en charge d'un supposé savoir, selon la
formule de Lacan. La plupart des astrologues refusent d'envisager la
nécessité d'une distanciation par rapport à l'astrologie en tant que savoir
stricto sensu. Ils auraient le sentiment de trahir. Et en même temps, ils
pratiquent la langue de bois et n'y croient souvent pas plus que cela, en
leur fors intérieur en quand ils ne sont pas en situation. Au fond,
l'astrologue, sorti de son cabinet, ressemble beaucoup, dans ses
comportements, à Monsieur Toulemonde. Bien des astrologues qui
prétendent avoir trouvé quelque méthode ont fini par renoncer à
l'utiliser pour eux-mêmes. Cela ne signifie nullement qu'il faille faire-part
d'entrée de jeu de ce recul à ses clients, bien au contraire. Celui qui
commencerait à distinguer entre ce qu'il accepte et ce qu'il n'accepte pas
ne ferait que confirmer le bien fondé de son savoir. En revanche,
accepter tout en bloc puis le rejeter également en bloc nous semble plus
acceptable car cela montre que l'on se situe dans le virtuel comme une
voie que l'on emprunte ou que l'on n'emprunte pas.
Moins il sera attaché à l'astrologie et mieux il sera en mesure de
gérer l'entretien astrologique. Il faut pour cela que l'astrologie ne soit
qu'un masque, un leurre, au sens d'un objet permettant une certaine
focalisation.
Or, les écoles d'astrologie ne préparent guère, on l'a dit, à une
telle gestion de l'entretien astrologique. Elles prétendent ventres des
techniques permettant de réussir à coup sûr une consultation si elles
sont bien maîtrisées alors que le plus souvent les dites techniques sont
plutôt un handicap pour le praticien, tant leur efficience est aléatoire
comparée au recours aux qualités humaines de l'astrologue et
notamment de l'homme astrologue doté généralement d'une faculté
d'anticipation plus performante que la femme astrologue, toutes
techniques astrologiques mises à part. En fait, la femme qui est dans le
refus de l'Homme acceptera l'homme astrologue parce que supposé
d'un doté de ce plus qu'est le savoir astrologique tout comme le prêtre
est une sorte de surhomme auquel la femme peut se confier., sans avoir
expressément à reconnaître son infériorité par rapport aux hommes. La
transcendance est un processus de négation de la suprématie masculine
tout comme la technologie est un processus qui nie la femme dans son
rôle de complément de l'homme, en ce que la machine est un féminin
qui échappe à la femme tout comme l'astrologie et plus généralement
Dieu, est un masculin qui échappe à l'homme et se substitue à lui.
L'astrologie actuelle est amorale, en ce qu'elle manque de repères
externes par rapport auxquels situer tel ou tel comportement individuel.
L'astrologue prétend parler de l'individu sans prendre la peine de définir
ce qu'est l'Humanité, ce qui le contraint à ne pas savoir ce qui ou n'est
pas normal. Le thème natal correspond à une horreur du vide, il est
plein dès l'origine et au cours de la vie il se videra progressivement de
tout ce qu'il contient et qui sera arrivé, accompli, si l'on se situe d'un
point de vue karmique, d'épreuves à passer. Dans une même logique, de
même que l'individu est déjà préfabriqué, préconstruit, l'astrologie en
tant qu'installation et symbiose le serait également, ce qui enlève à
l'individu comme à l'Humanité un quelconque rôle autostructurant.
Littéralement, l'histoire du monde serait déjà écrite - au sens du mektoub
de l'Islam - comme un rôle qu'une compagnie théâtrale ou un comédien
seul sur scène, pouvant jouer éventuellement plusieurs personnages,
n'aurait plus qu'à interpréter. Même les astrologues qui prétendent ne
pas prévoir affirment bel et bien que le thème est préconstitué, ce qui
revient bel et bien à déterminer à l'avance le profil de vie de chaque
individu tout en renonçant à fournir des dates, ce qui place une épée de
Damoclés encore plus angoissante sur sa tête.
L'astrologue n'échappe d'ailleurs pas, quelle que soit la posture
qu'il adopte, à un certain manichéisme, comme le montre son arsenal de
bons et de mauvais aspects, y compris entre deux personnes (synastrie)
ou entre le thème et une époque donnée, (transits), de bonnes et de
mauvaises planètes, de bonnes et de mauvaises maisons, alternance de
sucré et de poivré, qui donne goût et sens à son discours. L'astrologie
permettrait de déterminer les bons et les mauvais côtés d'une
personnalité. En réalité, cette terminologie vaut au niveau prévisionnel
et non au niveau de la structure de la personnalité. Ceux qui pensent
avoir fait avancer l'astrologie individuelle en lui faisant renoncer à se
projeter dans le temps l'ont en réalité dévoyée et ont abouti à ce l'on
reconvertisse des schémas cycliques en des structures psychiques
permanentes, de sorte que chacun se retrouve dans n'importe quel
portrait puisque nous passons tous par diverses phases .
L'astrologue doit-il se prendre au sérieux quand il laisse entendre
à son client que ce n'est pas le monde qui modèle son client mais le
cosmos et que ce faisant le monde ne peut rien contre lui, puisqu'il se
place sous la protection du cosmos, protection qui s'apparente parfois à
un jeu de dupes quand celui qui est censé protéger est aussi celui qui
menace. L'Institut National des Arts Divinatoires de Yossef Sissaoui
(INAD) a dénoncé de tels procédés qui consistent à prédire le mal pour
en proposer l'antidote sous forme de pratiques s'apparentant de près ou
de loin à une forme de désenvoutement ou d'exorcisme qui neutralisent
les forces négatives.
Nous ne pensons pas que l'astrologue pratiquant des
consultations individuelles ait à croire en l'astrologie et nous ne pensons
pas non plus que l'on puisse ne pas considérer que l'astrologie du thème
natal n'échappe pas à la croyance, faute de rester dans une logique de
transfert contre-transfert. Il en est évidemment tout autrement dans le
domaine de la recherche statistique et en astrologie mondiale, lequel
domaine ne relève pas, en revanche, de la croyance, c'est à dire de
quelque chose qui n'existe que tant qu'on le veut bien.
Nous dirons, enfin, que l'entretien astrologique nous fait penser
à une partie de ping pong, où l'astrologue doit inlassablement renvoyer
la balle, c'est à dire ne jamais perdre la face, reconnaître qu'il s'est
trompé, il lui faut avoir le dernier mot. Sorti de la consultation,
l'astrologue est marqué par une certaine déformation professionnelle et
est parfois tenté de jouer au même jeu avec des gens qui ne sont pas ses
clients. Or, si le transfert peut justifier de préserver une certaine
crédibilité, il n'en est pas de même à l'extérieur du cabinet de
l'astrologue lorsque les enjeux ont changé. Cette déformation consiste
notamment à parler de ce que l'on ne sait pas tout en feignant le
contraire, ce qui est exactement le cas de la consultation. Curieuse
situation, au demeurant, que celle qui consiste à présenter ce qui n'est
que supposition comme s'il s'agissait d'une observation. Car, si
interpréter les phases d'un cycle collectif implique nécessairement de
rester dans des généralités, en revanche, interpréter un thème astral
censé représenter un individu donné ne donne pas la même latitude
surtout quand on a le dit individu en face de soi. Il est conseillé
d'ailleurs à l'astrologue de faire passer un discours valant pour un
groupe pour un discours qui vaudrait pour le seul client, tant il est vrai
qu'à la base le dit client n'est pas unique en son genre. D'ailleurs quand
quelqu'un demande à un astrologue ce qu'il pense du signe des
Gémeaux ou de celui du Capricorne, n'exprime-t-il pas, ce faisant, un
désir de ne pas être un cas isolé ? La règle du jeu en astrologie n'est-elle
pas que chaque pièce du thème se retrouve ailleurs mais que c'est
l'assemblage spécifique des dites pièces qui fait la différence ?
Il nous semble que les astrologues ont dépensé au cours des
siècles des trésors ingéniosité aux fins de donner sens à des milliers de
thèmes astraux et infiniment moins de temps pour retrouver la
cohérence de la tradition astrologique. En fait, le tirage lui-même - et un
thème astral est un tirage effectué sur la bas du thème natal - devrait
correspondre à une réponse et non pas alambiquée et combinant toutes
sortes de facteurs tandis que la tradition astrologique pourrait, en
amont, faire l'objet d'une refonte en profondeur. On préfère
généralement ne pas trop toucher à la dite tradition et compenser par
une certaine virtuosité dans l'ajustement d'un thème complexe au client,
ne cherchant plus tant à répondre simplement à une question que l'on
aura recadrer anthropologiquement qu'à décrire le système propre au dit
client. La complexité anthropologique et phylogénétique est remplacée
par une complexité psychologique et ontogénétique. Par un
renversement, au lieu de décrire le monde et d'y inscrire l'individu, les
astrologues préfèrent décrire ce qu'ils appellent le microcosme, c'est à
dire l'individu et la façon dont le monde s'articule par rapport à celui-ci.
A l'exemple du I Ching, l'astrologie devrait ne fournir qu'un seul type de
réponse pour un moment donné Le Tarot donne le mauvais exemple
avec un tirage le plus souvent de plusieurs cartes alors qu'il pourrait une
fois son système "au repos" bien mis en place situer le client au sein
d'une sorte de topographie générale, dans le temps et dans l'espace
Déontologiquement, il ne faudrait quand même pas faire peser
sur le client trop de responsabilités. Que penser de ces astrologues-
chercheurs qui demandent à leur client de carrément décider - le pouce
levé ou tourné vers le bas- de la vérité de l'astrologie. Alors que le client
vient voir l'astrologue pour qu'il lui apporte quelque assurance, ne voilà-
t-il pas que c'est l'astrologue qui demande à son client non seulement
une contribution pécuniaire mais aussi un secours moral : est-ce que le
dit client va oser faire de la peine à cet astrologue qui attend de lui
simplement un peu de bonne volonté, un petit effort pour adhérer à
son propos ? Bien pis, en affirmant que l'astrologue s'est trompé, n'est-
ce pas toute l'astrologie qui se trouverait ainsi ébranlée par l'entêtement
du client à ne pas se retrouver dans ce qu'on dit de lui et de sa vie ! Et
puis, le client veut faire partie du "club Cosmos" : si la consultation ne
se passe pas bien, c'est lui, le client, qui peut être recalé, abandonné par
les astres qui ne veulent pas de lui parce qu'il s'est trop écarté de la voie
qui lui était tracée. Là encore, le client doit y réfléchir à deux fois avant
de contrarier et contredire l'astrologue et l'astrologie. Pour qui se prend-
il, lui petit grain de sable, pour se mettre en travers du chemin d'un
savoir millénaire ? Il conviendrait ainsi d'éviter une sorte de chantage
exercé plus ou moins consciemment par un astrologue trop imbu de sa
science surtout quand il prétend avoir apporté à la dite science la clef
qui lui manquait. Comment dans ces conditions pourrait-on recevoir le
témoignage d'une personne qui croit ou veut croire en l'astrologie et qui
cherchera du miracle astrologique dans chaque prévision réussie ? Il
suffit pour cela d'acquiescer pour le passé à ce que l'astrologue nous
annonce et d'accomplir, pour l'avenir, ce qu'il nous déclare, de façon à
pouvoir venir témoigner et transmettre la bonne nouvelle car il y a du
militantisme dans le rapport à l'astrologie, c'est à dire des enjeux qui
dépassent l'individu : en vérifiant l'astrologie sur lui, quitte à souffrir sur
le lit de Procuste, l'individu valide ainsi - excusez du peu - le regard de
l'astrologie sur le monde.
Ajoutons que ce client de l'astrologue n'est pas forcément
capable d'appréhender un dossier dans toute sa complexité. C'est
précisément parce qu'il n'en est pas capable qu'il lui arrive de ne pas
bien anticiper par rapport à ce qui pourrait lui arriver. Alors, est-il
vraiment en mesure, ce client qui est bien souvent une cliente de
maîtriser tous les paramètres qui sont en œuvre lors de l'entretien
astrologique, fait-il la part de ce qui revient à l'astrologie, à l'astrologue
et à lui-même, interprétant, sollicitant le discours de l'astrologue et donc
déterminant en dernière instance ce que l'astrologue est supposé avoir
dit, c'est à dire ce qui fait sens pour celui qui l'écoute ?
Nous voyons un parallèle à faire entre le syncrétisme du savoir
astrologique et singulièrement du zodiaque, ensemble des plus
hétéroclites, et le syncrétisme du thème natal, composé de facteurs
extraordinairement divers, ce qui laisse entendre que l'individu ne
s'explique que par une profusion de paramètres. A l'astrologue
d'affirmer une bien improbable unité tant de sa science que de son
client. Mais à quoi rime une telle volonté de faire d'un individu un
ensemble traversé par autant de forces que l'est le monde tout entier ;
or, le thème astral n'est-il pas constitué de la totalité du ciel natal ?
Quand Alain Nègre, affirme que "chaque planète d'un thème natal est
une partie de nous-mêmes qui cherche à s'exprimer pour son propre
compte, indépendamment des autres planètes", et qu'il conclue sur la
nécessité d'harmoniser une cacophonie inhérente à l'idée même de
thème, il fait songer à ces devins qui annoncent des catastrophes pour
pouvoir ensuite proposer un remède. De nos jours, nombre
d'astrologues, mieux formés aux méthodes et pas seulement au langage
de la psychologie, sont au fait des effets de la projection et du transfert.
Ils sont conscients de ce que le client n'entend et surtout ne retient que
ce qu'il veut bien et qu'il participe pleinement à l'élaboration du discours
de l'astrologue ; en dernière instance, c'est lui-même qui interprète son
thème. Cela est devenu encore plus patent avec l'astrologie par
ordinateur, où l'astrologue n'est présent qu'au travers de la rédaction du
programme. Suzel Fuzeau-Braesch déclare avoir été très impressionnée,
quand elle était encore profane, par ce qu'elle avait lu. Mais l'on
rappellera les expériences de Michel Gauquelin envoyant à toute une
liste de personnes ayant exprimé une demande de thème la même
description - qui plus est celle du criminel Petiot - donnée par
l'ordinateur (cf les réflexions de Daniel Verney sur cette expérience,
dans Fondements et Avenir de l'astrologie, pp. 253 et seq) et s'étant vu
féliciter pour la justesse du diagnostic. En fait, chacune de ses
personnes a certainement décrypté le même texte à sa manière, ce qui
en fait aboutit à ce que le dit texte s'est démultiplié, de par sa polysémie
; il n'y a pas de texte univoque quand on s'adresse à des inconnus qui ne
disposent du même bagage et qui ignorent comment le texte a été
élaboré et de quel ensemble de possibles il est issu. C'est ce qui
distingue la réception du thème par l'élève et par le client. Mais le
problème de l'élève se situe à un autre niveau, à savoir que l'enseignant
ne maîtrise et ne contrôle pas le plus souvent le savoir qu'il dispense,
qu'il est plus un récepteur qui se débrouille avec ce qu'on lui donne
qu'un émetteur responsable. En ce sens, le travail de Jean-Pierre Nicola
aura au moins conduit à former des astrologues plus en prise sur ce
qu'ils véhiculaient, en dehors de toute considération sur la réalité des
phénomènes dont ils traitent si on les compare à ces astrologues à
tiroirs qui ont un disque tout prêt pour chaque position de planète en
maison, signe, aspect mais qui ne se préoccupent pas de la cohérence
d'ensemble, et qui, finalement, se comportent comme des ordinateurs,
lesquels ordinateurs sont justement conçus par imitation de ce mode de
fonctionnement.

Les motivations de la clientèle astrologique

Les astrologues connaissent-ils le profil de ceux qui viennent les


consulter ? La réponse classique à cette question jugée parfois
impertinente est : on le voit bien dans le thème. Ce qui est une façon de
reconnaître, ingénument, que l'astrologue ne recourt, officiellement, à
aucune information extra-astrologique. En fait, nous pensons que si un
astrologue fait carrière, c'est qu'il a saisi certaines ficelles et
qu'empiriquement et éventuellement subconsciemment il sait ce qui
marche ou ne marche pas dans sa façon de s'adresser à ses clients.
Theodor Adorno, à l'issue d'une enquête menée dans les années
Cinquante quant au contenu de l'horoscope du journal Los Angeles Times
- rubrique rédigée par Caroll Righter a esquissé un tel profil du lecteur
de la dite rubrique (Atrology down to Earth), il a montré que l'astrologue
avait bien cerné son lectorat et notamment son caractère compulsif qui
conduit à avoir des attitudes que l'on ne s'explique pas et dont on
cherche la cause quelque part.(p. 67 de l'édition française). Adorno
ajoute que toutes ces particularités posées par le thème se plaquent sur
une normalité assez conformiste.
L'astrologue aurait pourtant un filet de protection s'il en savait
un peu plus sur ses clients non pas en particulier mais en général, il ne
dépendrait plus ainsi de la seule astrologie, même si son client se
l'imagine. Nous avons publié une brochure intitulée L'astrologue et son
client. Les ficelles du métier, traduite en anglais par Geoffrey Dean et
illustré avec un certain humour qui semble terriblement manquer aux
astrologues. Je ne connais en effet guère d'exemple d'autodérision dans
la littérature astrologique.
Le seul fait de venir voir un astrologue ou de s'intéresser à
l'astrologie fournit selon nous déjà en soi une information précieuse sur
le client. Nous pensons que cela trahit une faillite des repères,
classements et autres préjugés permettant de savoir où l'on met les
pieds, et ce faisant une perte de confiance en son propre jugement. Cela
explique pourquoi les amateurs d’astrologie sont souvent si sceptiques
par rapport à toute généralité, toute idée préconçue car cela ne leur a
pas trop bien réussi. Encore conviendrait-il de distinguer entre ceux qui
acceptent les repères zodiacaux et s'en servent au niveau relationnel et
ceux qui noient les dits repèrent au sein du fouillis inextricable du thème
astral, ce qui probablement ne fait que manifester une confusion
intérieure. En fait, au travers de cette inextricabilité qu'il inflige à son
propre thème, l'amateur d'astrologie exorcise son propre état mental.
En fait, le thème astral plutôt qu'un mandala se voudrait être un
labyrinthe. On n'a pas de honte à se perdre dans un labyrinthe puisqu'il
est conçu pour cela. Si le modèle de vie était trop simple, il n'y aurait
pas d'excuse pour échouer. L'astrologue est un pompier pyromane : il
crée le labyrinthe - non seulement le thème au repos mais le thème en
mouvement - par direction, transit etc - pour prétendre ensuite en sortir
son client. Tout le psychodrame de la consultation se jouerait dans ce
double temps de labyrinthisation et de délabyrinthisation...
L'astrologue doit en tout état de cause se méfier du contre-
transfert qui, au nom d'une honnêteté mal placée le conduirait à être à
la hauteur de la demande de son client. L'entretien implique une
négociation entre le réel et l'imaginaire et il n'est probablement pas
souhaitable de répondre à la lettre à la demande du client, que l'on en
soit ou non capable et par quelque moyen que cela soit. Alain Kieser (cf
son site hommes-et-faits.com), de par sa formation de thérapeute et sa
connaissance du chamanisme est de ceux qui ont le mieux replacé la
consultation astrologique dans sa dimension rituélique, c'est à dire
comme appartenant à certains processus obsessionnels qui viennent
parasiter la relation mais que l'on ne peut ignorer et qu'il importe au
contraire de savoir gérer.
Et comment s'est-on rendu compte que l'on percevait mal le
monde si ce n'est en raison de certains échecs, d'une mauvaise
appréhension des gens et des situations ? Nous dirons qu'il n'est pas si
simple de comprendre le monde dans lequel nous sommes et que
certaines personnes n'y parviennent pas ou du moins ne savent jamais
quand elles y parviennent, ce qui crée un sentiment d'incertitude et
d'insécurité, le lien social étant précarisé. Pour remédier à une telle
défiance envers les signes habituels, l'on est amené à s'adresser à
d'autres signes que l'on espère plus fiables, ce sont les signes de la
seconde chance, en quelque sorte : si les astres ne marchent pas, on ne
saura vraiment plus à quel saint se vouer.
Ces personnes ont besoin d'une astrologie spéciale qui n'est pas
l'astrologie normale. Cette astrologie spéciale est en quelque sorte pour
les mal voyants et c'est pourquoi ils vont voir des voyants, en entendant
le mot voyant au sens figuré comme lorsque l'on dit "je vois mal
comment telle chose pourrait se produire". On pourrait comparer
l'astrologie spéciale à des lunettes de vue alors que l'astrologie normale
comporterait des microscopes et des télescopes, en ce sens qu'elle
s'adresse à des personnes voyant correctement mais ne pouvant aller au-
delà d'un certain seuil sans aide. Mais ce seuil n'est pas du tout le même
dans les deux cas. Ne pas savoir ce qui se passera dans le monde dans
quatre ans ou sept ans, ce n'est pas la même chose que de ne pas
prévoir ce qui se passera pour nous ou nos proches au cours des mois à
venir... Manger est normal, la boulimie ne l'est pas. Or, certaines
personnes ont une boulimie de divination, elles ont besoin quasi
quotidiennement de demander ce qu'il va leur arriver, non pas au
monde mais à elles-mêmes en particulier. En fait, ce besoin d'astrologie
passe par des fluctuations dont l'astrologie elle-même peut rendre
compte : nous verrons que certaines populations ont plus besoin de
consulter à certains moments qu'à d'autres. En fait, il est fort possible
que sous la demande de consultation astrologique, il puisse y avoir
l'aveu d'un manque, et notamment de la part d'une femme sans homme
ou du moins sans un homme auquel elle puisse se fier. Nous dirons
qu'une femme qui va voir un astrologue ou une astrologue porteuse
d'un savoir masculin, ce qu'est selon nous l'astrologie au premier chef, et
pour cela particulièrement convoité par les femmes, est une femme qui
est ou en tout cas qui se sent psychologiquement sinon physiquement
seule et qui éprouve la sensation de perdre les pédales, c'est à dire de ne
plus savoir se diriger. On dira que les hommes sont jaloux de l'intérêt
que les femmes portent à l'astrologie au lieu de s'adresser directement à
eux...
Or, l'astrologue a souvent bien du mal - du fait de l'habitude
sinon d'une certaine routine - à trouver anormal que quelqu'un vienne
voir un astrologue pour mieux se connaître ; il a tendance à banaliser
une telle démarche, se privant ainsi de précieuses informations.
Pourtant, un cardiologue ne pense pas que tout le monde soit
cardiaque...
Les personnes en rupture avec leur milieu d'origine sont les
clients privilégiés de l'astrologie individuelle, cela vaut pour les étrangers
qui ont perdu certains repères et n'ont pas conscience que cela tient à
leur migration, mettant leur difficulté à anticiper sur le compte de
l'étrangeté du monde, en fait ils se mettent souvent en veilleuse ou se
résignent à ne comprendre que vaguement ce qui se dit, accrochant ici
et là quelque formule qui fait tilt.. Cet étranger, qui est l'archétype du
consommateur d'astrologie et d'autre forme de divinations, tend à se
focaliser sur un moi protubérant, plombé, chargé de son bagage
antérieur. Il attend en tout cas de l'astrologie et/ou de l'astrologue
qu'elle lui donne les clefs d'un monde - ou plutôt de ce monde nouveau
- qui lui échappe, et ce d'autant qu'il devient peu à peu également
étranger au monde dont il est issu. Si en effet, le monde est fonction des
astres, le fait de connaître les astres ne lui permettra-t-il pas, à cet
étranger, de s'y retrouver ?
Nous dirons que ce client a du mal avec son moi, qu'il entretient
avec son moi des relations compliquées. Cette étrange dualité entre le
client - et bien souvent il s'agit d'une cliente - et son moi, vient trouver
son illustration idéale dans le thème natal. L'astrologue reçoit donc deux
personnages : le client et son moi. Avec le thème astral, cela fait quatre
en comptant l'astrologue.
Pour Brigitte Maffray (Astrologie Holistique), l'on va vers
l'astrologie pour se connaître, mais qu'est-ce que cela signifie que de
penser que l'on ne se connaît pas? Il semble qu'une telle sensation soit
propre à des personnes particulièrement adaptables et influençables et
qui ont l'impression que cela ne leur réussit pas, qu'elles ne s'y
retrouvent pas. Une fois que l'on aurait appris à se connaître, l'on serait
alors en mesure d'aller vers autrui avec un moi bien en place. Mais peut-
être un tel désarroi est -il simplement du au fait que l'on ne sait pas bien
ce que signifie être né homme ou être né femme. Qu'est ce donc qui
conduit quelqu'un à croire que c'est l'approche astrologique qui va
pouvoir l'aider, quelle représentation se fait cette personne de
l'astrologie pour le penser comme si l'astrologie était la seule voie
concevable d'épanouissement personnel ? Il est vrai que se savoir
homme ou femme peut sembler insuffisant pour cerner quel est son
moi, tout comme se savoir français ou juif, puisque cela ne nous est pas
propre.
En fait, un tel désarroi face à un moi insaisissable et injoignable
nous semble typiquement féminin. La femme a un moi qui lui échappe
et c'est pour cela qu'elle ne parle que de lui, cherchant désespérément à
le capter, en donnant constamment des nouvelles : "il (mon moi) a
pensé ceci", "l'autre jour, il a encore fait cela", en parlant comme d'un
étranger dont on observerait les gestes sans en saisir les raisons.
L'homme est mieux enraciné dans son être, il a donc moins besoin
d'une telle boussole, en outre il se sent plus en phase avec le groupe et
donc est moins renvoyé à lui-même. Tout se passe comme si la femme
représentait cette instance du Moi qui nous semble plutôt correspondre
à un Surmoi ou bien à un ça - pour reprendre la terminologie
freudienne, les deux se recoupant en ce que l'un et l'autre ne laissent
guère de libre arbitre. Le Moi nous semble davantage correspondre au
psychisme masculin. Quand la femme parle de son Moi, c'est un moi
encombrant et implacable avec lequel il n'est pas question de discuter,
de négocier et auquel il faut obéir qu'il s'agisse de ses manifestations
pulsionnelles ou de ses interdits. Cela contribue à constituer chez la
femme une personnalité autoritaire et souvent ingérable y compris pour
elle-même.
Enfin, avec le thème natal, le moi se trouve capturé, contrôlé,
mis en équations et en tout cas identifié. Quoi qu'il arrive désormais, ce
moi là - imaginaire - sera un recours, un refuge, qui empêchera de
craindre de se perdre. Ce moi qui fait des siennes, qui a des réactions
étranges, le client vient justement pour en parler à quelqu'un qui est
supposé outillé pour, l'astrologue, équipé du thème astral du dit client
qui est la radioscopie de son moi.
En réalité, l'astrologue ne dispose, au mieux, que d'un certain
nombre de généralités qui ne lui permettent aucunement de faire le
portrait d'un individu spécifique mais qui ont leur valeur. Il est bon que
cet astrologue se donne les moyens de bien cadrer son sujet avant de
passer à un surcroît de précisions. Que l'astrologie individuelle soit
discutable est une chose mais qu'au moins elle s'appuie sur une
astrologie plus générale, ce qui devrait limiter les dégâts. Si l'astrologue a
déjà des choses à dire selon qu'il a affaire à un homme ou à un homme
est déjà un bon début et ce d'autant que souvent les gens se croient
seuls à être dans leur cas.
Un atout majeur dont dispose l'astrologue c'est le thème natal. Il
n'est même pas nécessaire de s 'essayer à l'interpréter, il suffit parfois de
le lire, c'est à dire de décrire les positions des astres dans le thème. Et
encore pourrait- on se contenter de disposer le thème natal en bonne
place, à proximité, et de s'y référer de temps à autre assez vaguement
dans la mesure où le thème est ce qui donne le droit à l'astrologue de
parler de son client et où l'astrologue est supposé en avoir pris
connaissance pour dire ce qu'il dit.
Sous le nom de cosmothérapie, nous avons développé la thèse
selon laquelle le contenu du thème natal n'était en soi d'aucune
importance, seul important sa présence formelle comme supposée
signifier le patient, au cours de l'entretien lequel devait viser à réintégrer
en quelque sorte le thème dans le patient, résorbant ainsi un état de
dualité entre le patient et son moi Dès lors, quid de l'enseignement
astrologique si l'on passe des années à apprendre un langage qui
pourrait s'acquérir en quelques semaines dès lors que l'on n'a pas la
hantise d'être ou non dans le "vrai" et que l'on sait, pour paraphraser un
dicton connu, que le plus beau des langages au monde "ne peut donner
que ce qu'il a" et que ce qu'il promet ou annonce n'engage - autre
dicton- "que celui qui l'écoute ? ”

Individualité et sexuation

L'astrologue sait-il même ce que signifie le fait que son client


soit un homme ou une femme ? Soit il jongle avec un symbolisme
jungien sur l'animus et l'anima, soit il reprend quelques lieux communs,
quelques poncifs, que tout le monde véhicule et qui font l'affaire. C'est
bien là que le bât blesse car ce bagage sur la sexuation nous semble
insuffisant. Un John Gray déclare que "les hommes viennent de Mars et
les femmes de Vénus", entendant par là qu'ils sont issus d'univers de
pensée différents. Or, les astrologues ne veulent assumer le masculin et
le féminin que dans le cadre du thème et non pas dans le cadre social.
Il convient de se replacer dans une approche anthropologique et
de prendre toute la mesure d'un très ancien clivage. Ce n'est que dans
un deuxième temps que l'on pourra accéder à l'individualité du sujet,
c'est à dire à la façon dont le dit sujet vit sa féminité ou sa masculinité,
ce qui correspond à son individuation sexuelle.
Mais pour un astrologue qui a du mal à conceptualiser, la
tentation est grande d'inverser la méthode et de partir de cet individu
qui est en face de lui en faisant abstraction de réflexions générales.
Toutefois, cela ne généra pas trop l'astrologue que de partir du signe
zodiacal qui est souvent ce que le client connaît de l'astrologie.
Il y a là un quiproquo : le client connaît au départ l'astrologie
comme un moyen de dépasser son moi, puisque il sait pertinemment
qu'il n'est pas seul à être lion ou capricorne. C'est même ce qui l'attire
vers l'astrologie. Et puis il découvre une autre astrologie, que l'on
pourrait qualifier de féminine, qui tient le discours exactement inverse
selon lequel l'astrologie nous parlerait de ce qui est unique dans notre
personnalité. Donc, le client passe d'une astrologie, à tonalité masculine,
qui cherche à l'intégrer dans le monde en l'aidant à percevoir ce qui est
commun avec d'autres hommes et femmes à une astrologie qui
considère chaque personne comme un être à part, sans recourir pour
autant aux méthodes de la psychologie.
La prévision astrologique
En quittant le registre des signes zodiacaux dont la
détermination est simple pour le thème astral, on change totalement de
plan. Ce passage d'une approche astrologique à l'autre symbolise pour
nous la dualité homme. femme.
Comment l'homme de la rue ne serait- pas déconcerté, lui qui
connaissait l'astrologie au prisme d'un système immuable à 12 secteurs
par un schéma astrologique infiniment plus complexe et en quelque
sorte, de par sa richesse même, imprévisible.
Tel est au demeurant le paradoxe de l'astrologie thémique - ou
thématologie - c'est à dire articulée sur la carte du ciel natal, que de
présenter un modèle à géométrie variable et qui serait plutôt un anti-
modèle, tant il est protéiforme.
Un modèle qui s'ajuste aisément après coup mais qui n'est guère
fiable à l'avance. Comment prévoir avec un modèle imprévisible qui
n'existe au vrai que par la grâce du praticien et par la bonne volonté du
patient ?
Force est de constater que de nos jours, l'astrologie n'offre au
public aucun modèle prévisionnel comme elle le fit entre le Xe siècle et
le XVIIe siècle avec les conjonctions Jupiter-Saturne lesquelles se
reformaient tous les 20 ans ? Même des non astrologues, comme le
juriste Jean Bodin, à la fin du XVIe siècle, connaissaient un tel modèle
et concevaient son importance pour la science historique, en ce que l'on
pourrait appeler une astro-histoire.
Ce modèle n'a plus cours ou si l'on préfère il n'est plus qu'un
parmi tant d'autres et le public ne s'y retrouve plus. En multipliant les
cycles , l'astrologie a détruit la cyclicité. La prévision supporte mal les
procédés alambiqués; elle a besoin pour faire sens aux yeux des
citoyens, d'une esthétique épurée.
L'astrologie mondiale a vocation à gérer les cycles planétaires et
à apporter à l'astrologie individuelle un cadre général, un arrière-plan.
Ce n'est pas le cas aujourd'hui où l'astrologue de cabinet ne juge pas
nécessaire de replacer son client dans un cadre social plus vaste,
considérant que le lien avec le cosmos suffit à sortir le dit client de son
isolement. Double verticalité de l'astrologue s'adressant à son client et le
renvoyant au Ciel : on l'impression d'être dans un couloir où les autres
hommes - relation horizontale - ne seraient que des ombres décalées et
déphasées.
L'existence d'un cycle reconnu par tous les astrologues, quelles
que soient leurs pratiques, fait douloureusement défaut car ces pratiques
ont vocation à préciser et non pas à structurer.
La question de la prévision a fait l'objet d'un débat dans le cadre
de la FDAF (Fédération des Astrologues de France) et de fait un certain
nombre d'astrologues, dont Patrice Guinard, l'animateur du CURA, ou
Alain Nègre, qui y voit une contamination de la pensée magique, ont
aussi exprimé leur scepticisme quand aux vertus prédictives de
l'astrologie, laissant entendre que ce n'était là qu'une dimension annexe.
Le Colloque MAU "Astrologie. conditions d'existence" s'est porté en
faux contre un tel positionnement de l'astrologie et de son image.
Certes, l'on peut soutenir que l'astrologie en s'essayant à prévoir risque
de se déconsidérer plus nettement qu'en s'exerçant, sans trop de risque,
au portrait psychologique voire à une forme de psychanalyse, plus ou
moins sauvage. Le rejet de la prévision par des responsables de la
communauté astrologique traduit un renoncement de la recherche
astrologique dans ce domaine que d'aucuns sont prêts à qualifier
d'impasse, un tel rejet a pour corollaire le surinvestissement du thème
natal, compagnon, vade-mecum de toute la vie de la personne. A l'opposé,
Jacques Halbronn est parti en guerre contre l'astrologie thémique (celle
du thème natal, le plus souvent complété ou non par les directions) - il
faudrait parler de thématologie et non d'astrologie - et plaide en faveur
de l'astrologie phasique (celle d'un cycle divisé en périodes, et ce sans
rattachement au thème natal), en demandant cependant de laisser de
côté un attirail prévisionnel pléthorique. Pour Halbronn, l'individu n'est
pas l'objet de l'astrologie mais seulement son support, c'est à dire que
c'est la somme des individus, emportés par une seule et même phase ;
qui change la face du monde. Mais faire de la prévision, sans prendre
conscience des enjeux du monde, c'est à dire de la lutte des classes
sociales, semble vain si l'on admet que l'astrologie a vocation à régir les
dialectiques qui traversent et transcendent les clivages nationaux,
religieux et autres, la principale matrice dialectique étant fonction de la
sexuation, dans une sorte de synthèse entre Marx et Freud.
Il est essentiel que l'astrologie puisse fournir un modèle
prévisionnel minimal et reconnu par tous tant au niveau de la formation
des élèves que de la consultation. En n'occupant pas ce créneau ou en le
laissant au choix de chaque praticien, l'astrologie se discrédite parce que
précisément l'on attend d'elle qu'elle fournisse des repères et des
consignes temporelles faciles à suivre. Un tel modèle se doit de dépasser
le cadre du thème individuel et avoir un fort caractère de généralité qui
le rende utilisable par le plus grand nombre. Tout se passe en fait
comme si l'astrologue se réservait la charge de la prévision - les
horoscopes de presse sont d'ailleurs sur le plan technique
singulièrement obscurs - ne fournissant au public que le cadre des 12
signes, sans en fournir en quelque sorte le mode d'emploi. Car à quoi
bon, astrologiquement, attribuer une catégorie à quelqu'un si ce n'est
pour pouvoir y articuler une certaine forme de cyclicité? De même
Gauquelin développe-t-il une typologie planétaire sans la relier à un
quelconque calendrier alors même qu'il ne cesse de mentionner des
exemples de cyclicités dans ses introductions et dans les préfaces qui
sont faites à ces livres. Autrement dit, l'astrologie se doit de fournir un
tel modèle quitte à priver le praticien de certains de ses privilèges. Car,
est-ce que le dit praticien ne complique pas les choses pour justifier que
l'on ait à passer par lui ? André Barbault a développé d'une part une
cyclicité mondiale de l'autre une certaine méthodologie de
l'interprétation du thème mais visiblement il n'a pas fait la jonction entre
ces deux plans ; en attribuant tel cycle à tel pays - comme Saturne-
Neptune à l'URSS - il s'est interdit peu ou prou de fournir un modèle
prévisionnel pour certains clivages sociaux qui dépassent les découpages
nationaux et surtout en multipliant les cycles, il n'a pas été e mesure de
fournir un cycle central dont les phases feraient se succéder des forces
opposées ou complémentaires. Rappelons que si l'on attribue à deux
cycles différents des forces différentes, ces cycles ne coïncideront
presque jamais entre eux et ne pourront en aucune façon se relayer,
puisque leur vitesse de révolution ne sera pas la même et qu'en outre les
aspects qui se formeront au sein de chaque cycle découperont des
phases qui ne se relaieront d'un cycle à l'autre que de façon aléatoire.
Les Anciens avaient compris qu'il valait mieux diviser un cycle en un
nombre significatif de phases, chacune associée à un symbole, à une
divinité plutôt que de multiplier les cycles de façon solaire. Précisons
que la constitution de phases au sein d'un cycle résulte d'un découpage
structurel, elle introduit le multiple dans l'indifférencié alors que la
multiplication des cycles conduit à un ensemble incohérent du fait que
ces cycles n'ont pas été prévus pour s'emboîter les uns dans les autres.
Dans un cas, il y a réussite, dans l'autre, échec, du point de vue de
l'épistémologie anthropologique. Or il est une astrologie articulée sur les
phases d'un seul et même cycle et une autre éparpillée entre un nombre
quasiment illimité de paramètres cycliques..
Ce seul exemple met en évidence à quel point l'astrologie est
entrée en décadence bien avant le Tétrabible de Ptolémée qui est déjà la
codification d'une tradition frelatée, notamment en raison d'une alliance
nocive avec l'astronomie. L'astrologie est bien mal entourée avec d'un
côté ceux qui ne jurent que par l'astronomie sans se rendre compte de
ce que les cycles tuent les cycles et qu'il n'y a pas de place pour plus d'un
cycle, quitte à multiplier les phases, comme l'atteste l'introduction du
zodiaque et des décans, et de l'autre ceux qui veulent l'enfermer dans
une sorte de psychanalyse du pauvre qui aurait trouvé quelque
raccourci, incapables de relier leur client au mouvement du monde.
Nous pensons qu'il y a un paradoxe en ce qui concerne ce qui
nous arrive. Plus l'événement est insignifiant, plus il est imprévisible et
plus des événements insignifiants extrêmement divers peuvent se
succéder. Inversement, plus l'événement est déterminant à l'échelle
d'une société et plus il est prévisible et plus il s'accompagne d'autres
événements allant dans le même sens. En effet, ce qui est - ou celui qui
est - de peu d'importance jouit d'une certaine liberté, il peut dire ou faire
une chose et son contraire sans que qui que ce soit s'en soucie vraiment.
C'est la sphère du privé: qu'importe que l'on prenne ou ne prenne pas
de vin au déjeuner tel ou tel jour, que l'on regarde tel ou tel programme
de télévision tel ou tel soir si ce n'est pour un nombre très limité de
personnes et parfois pour une seule et unique personne. Dans la sphère
du privé, les revirements rythment le quotidien et font qu'une journée
ne ressemble jamais tout à fait à une autre. En revanche, dans la sphère
publique, on ne peut se contenter de vivre à l'échelle d'une journée, il
faut que les jours se suivent et se ressemblent, qu'il y ait une continuité,
une progression régulière au moins pendant un certain temps. Des
changements d'orientation ne pourront intervenir que par intervalles
assez longs et ils ne sauraient être ponctuels, c'est à dire sans lendemain.
Où se situe la prévision astrologique face à ces deux sphères ? Il ne
s'agit certes pas de contester l'existence de la sphère privée mais
d'examiner de quelle façon la dite sphère relèverait de l'astrologie. Qui
ne comprend en tout cas que ce ne sont pas les mêmes outils qui
traitent du privé et du public et que les deux sphères n'obéissent pas à
une même logique, à un même modèle, à un même savoir ? A
l'évidence, certains astrologues, comme Roger Héquet, ont décidé
d'appliquer l'outil astrologique à la sphère privée et à son
événementialité spécifique. Héquet a pour excuses que certaines
techniques astrologiques semblent bien avoir été élaborées pour ce
faire. Donc, si ça existe, pourquoi ne pas y recourir ? C'est bien là tout
le problème à savoir que d'aucuns ne savent pas, n'ont pas appris à faire
le tri dans le maquis astrologique, repérer et évacuer les mauvaises
herbes. L'astrologue aurait le droit - sinon le devoir - de prévoir ce qui
compte au quotidien puisque c'est dans son cahier de charges et qu'on
lui en donne, de surcroît, les moyens. Mais toute la question est de
réviser le dit cahier !
Il nous semble que certaines illusions en astrologie tiennent à
une méconnaissance du psychisme féminin et à l'extraordinaire richesse
de la vie intérieure, du fait même qu'elle réagit à un très grand nombre
de stimuli extérieurs et non point tant du fait d'une dynamique interne
forcément plus centrée comme c'est le cas du psychisme masculin.
Quand des astrologues hommes parlent de précision - on pense au
vétéran Eric Weil, et pour la génération née dans les années cinquante à
Roger Héquet, Eric Cordier, Jacky Alaïz (Colloque MAU "Astrologie.
Conditions d'existence", octobre 2005) - ils ne prennent pas
nécessairement la mesure de la complexité du dit psychisme féminin.
Imaginons qu'en l'espace d'une heure, des impressions très différentes
puissent se succéder chez un être humain, il est clair que l'heure ne peut
pas convenir comme unité de temps puisque au cours de la dite heure,
de multiples événements psychiques peuvent se succéder comme par
exemple quelqu'un qui zapperait d'un programme à l'autre en ne restant
chaque fois que quelques minutes. Il n'est que de consulter l'agenda de
certaines personnes, heure par heure, voire, chez les médecins ou les
standardistes à une fréquence bien plus brève, pour constater la
diversité des activités et des contacts lors d'une seule et même journée.
Dès lors, si j'annonce tel événement comme devant se produire au
cours d'une heure, je ne risque guère de me tromper si pendant ce laps
de temps tout arrive et son contraire! Autrement dit, la notion de
précision est très relative et ce qui peut sembler un gain de précision
pour l'un reste une approximation grossière pour l'autre. Ce qui vient
encore compliquer les choses, c'est que les humains - et il s'agit ici
surtout des femmes - n'ont pas une mémoire de tous leurs états d'âme
permettant de toujours les situer strictement dans le temps si bien qu'ils
risquent fort d'être influençables et influencés par les suggestions de
l'astrologue en ce qui concerne le moment exact de telle sensation. Il
suffit que le client puise dans ses souvenirs ou dans son agenda pour
trouver quelque chose qui "colle", qui "marche" : si vous avez une
quincaillerie, ce qui compte pour le client - en l'occurrence l'astrologue -
c'est que vous ayez ce qu'il veut et non pas si vous avez d'autres outils
qui intéresseront d'autres clients. C'est ainsi qu'un client- quincaillier
pourra satisfaire successivement les demandes de plusieurs astrologues.
Ce renversement des rôles nous semble tout à fait heuristique : et si le
client, c'était l'astrologue et si face à l'astrologue, il y avait quelqu'un qui
cherchait à se vendre ? Le vrai client n'est pas toujours celui qui paie ou
l'échange ne se réduit pas à l'argent : c'est l'astrologue qui est payé mais
son client également est payé en une sorte de monnaie cosmique -
certains diraient en monnaie de singe - donnant droit à un passeport
astral - qui lui permet de circuler dans le monde. Le cabinet de
l'astrologue serait alors assimilable à un bureau de change où l'on
passerait d'une devise à une autre.
Il semble bien que certaines populations - et l'on pense
évidemment aux femmes mais aussi à tous ceux qui espèrent passer
entre les mailles du filet, obtenir un passe-droit- accordent une très
grande importance à la chance, aux opportunités, aux concours de
circonstance bien plus qu'elles ne se fient au cours normal des choses.
Quand une occasion - qui fait le larron - se présente, elles en profitent
sans trop de scrupules puisqu’elles n'ont rien fait pour obtenir tel
avantage, la tentation est trop grande pour renoncer à ce qui n'est pas
forcément dû mais qui se présente, est à la portée, du fait de quelque
malentendu ou d'un étonnant quiproquo dont on aurait bien tort, n'est-ce
pas, de ne pas profiter... L'astrologue est ainsi sollicité pour ce qui
concerne l'extraordinaire alors même que la vocation primordiale de
l'astrologie est de traiter du cours normal des choses, ce qui ne signifie
pas qu'il n'y ait pas des stades à franchir.. L'extraordinaire concerne
l'individu, tirant son épingle du jeu, alors que l'ordinaire concerne les
intérêts supérieurs du groupe. Tout le drame épistémologique de
l'Astrologie réside dans cette contradiction.
Les astrologues d'autrefois ne se fatiguaient guère cependant à
galvauder leur science à deviner ce qui allait survenir à leurs clients dans
leur quotidien ; ils procédaient à ce que l'on appelle des élections, c'est à
dire qu'ils choisissaient la bonne date pour leur client, par rapport à ses
préoccupations et à ses projets, ce qui permettait d'ailleurs de se passer
du thème natal, à des époques où la date de naissance n''était pas
toujours connue avec assez de précision, ce qui est aussi le cas pour le
thème horaire dressé pour le moment où la question se pose Cette
technique des élections nous semble tout à fait excellente dans le cadre
de la consultation individuelle en ce qu'elle permet à la personne de se
focaliser, d'avoir davantage confiance en son aptitude à réussir et
somme toute cela relève des prévisions qui s'autoréalisent. Dans ce cas,
il ne s'agit pas de l'influence des astres mais bien de celle de l'astrologue
et de la foi en l'astrologie.
Astrologie et événement

L'astrologie pour se crédibiliser et démontrer sa valeur, se doit,


entre autres, de montrer que des événements de type assez semblable
correspondent aux mêmes configurations. Sans une typologie
événementielle, une telle démonstration ne ferait guère sens. Mais
qu'appelle-t-on "événement"? Tout n'est-il pas à chaque instant
événementiel ? Il semble que dans le langage courant, événement
désigne une circonstance grave, lourde de conséquences ou
aboutissement de causes diverses, bref une sorte d'abcès de fixation
d'une réalité complexe, le sommet d'un iceberg. Mais pour celui qui n'a
pas un sens très développé de la causalité, la notion d'événement reste
aléatoire - problème de la poule et de l'œuf - et on peut lui affirmer,
sans qu'il puisse le contester sérieusement, qu'à telle ou telle date il y a
eu événement ; c'est égal et pourquoi pas ? Les philosophes grecs
parlaient d'accident pour désigner des incidents de parcours sans causalité
bien définie mais selon la grille utilisée, ce qui est accident pour l'un
peut apparaître comme tout à fait essentiel pour l'autre. Ajoutons qu'un
événement est plus à juger par ses causes que par ses effets car l'on sait
que petites causes grands effets. Si l'on peut corriger les causes, l'on a du
mal à réparer les effets dus à un état antérieur des dites causes.
Dialogue de sourds entre l'astrologue et son client : l'astrologue
étant sensible, de par sa formation, à la notion de cause et effet et son
client, surtout féminin, étant tout disposé à considérer comme
évènement ce qu'on voudra bien. Cela revient à parler de couleurs à un
non voyant qui répétera docilement que tel objet est rouge ou vert
puisqu'on le lui dit. En fait, le client vient voir l'astrologue pour y voir
clair dans la chaîne des causalités - et le karma est une affaire de
causalité - et non pour juger - ce dont il est bien incapable le plus
souvent- les affirmations de l'astrologue en la matière.
Il convient absolument de distinguer la consultation avec
l'homme et avec la femme ; celle-ci ne doit pas se gérer de la même
manière, en fait l'un et l'autre n'ont pas le même rapport au Temps. La
femme, de par son archaité, a besoin d'une certaine pression - le
couteau sous la gorge- d'une urgence qui se manifeste précisément par
un événement extérieur et par rapport auquel elle doit réagir, ne l'ayant
pas anticipé en temps utile, elle préfère - pour inverser l'adage, "guérir
que prévenir" car prévenir c'est trop flou, trop virtuel et ce qui est
virtuel n'existe pas vraiment pour elle. La femme réagit souvent quand il
est déjà trop tard et que le processus est déjà engagé depuis longtemps.
En fait, quand nous disons la femme, nous parlons de la femme
moderne, du moins celle qui se met en situation d'étrangère du fait
même qu'elle prétend s'intégrer dans le monde masculin. Tentant de
brouiller les pistes, elle refusera toute généralité ou généralisation,
voulant se démarquer ainsi de ses congénères mais en même temps,
s'inscrivant dans la société de consommation, elle participe bel et bien
d'une culture de masse.
En revanche, pour l'homme, l'événement déclenchant est
intérieur, c'est quelque chose qui se passe en lui, une sève qui monte ou
au contraire une baisse de son influx nerveux ou psychique. Le temps
masculin est plus lent que celui des femmes et Churchill affirmait que la
guerre ne se jouait pas sur une seule bataille. La femme ne voit pas le
temps passer quand "rien" ne se passe de remarquable, de saillant, elle
est au meilleur d'elle-même dans l'improvisation, quand elle n'a pas eu le
temps de se préparer, ce qui lui fournit une bonne excuse pour justifier
un travail médiocre mais rapide. L'homme sait, d'instinct, en revanche,
l'importance d'un effort quotidien, déployé sur le long terme et non au
coup par coup.
L'astrologie féminine - c'est à dire taillée pour les femmes - est
une astrologie très tardive qui prend le contre-pied des véritables enjeux
de l'astrologie et d'ailleurs au XVIIIe siècle, l'astrologie a trouvé un
moyen de survivre grâce à un public féminin qui veut savoir quand telle
ou telle chose se produira et non le temps qu'elle a devant elle. Il
importe que l'astrologie se remasculinise en offrant non pas des
prévisions à court terme ni à long terme mais à moyen terme. Pour un
auteur, la sortie d'un livre n'est que l'aboutissement d'un travail de plus
ou moins longue haleine et il peut être important qu'un homme sache
combien de temps lui est imparti, lui reste pour mener à bien son projet,
pour faire ses preuves - comme un homme politique doit savoir quelle
est la durée de son mandat.
L'astrologie a été instaurée en tant qu'institution - et non pas en
tant que savoir décryptant un code cosmique préétabli- pour passer de
l'ère des femmes à l'ère des hommes, elle est avant tout une conquête
du Temps, les hommes devenant désormais plus riches de leur Temps ;
on pourrait parler d'une capitalisation du Temps. L'astrologie féminine
est en fait une anti-astrologie, un cheval de Troie qui la menace de
l'intérieur.
La notion d'événement est plus facile à appréhender au niveau
historique, politique qu'au niveau personnel. ll importe que le public
puisse maîtriser les règles du jeu qui se joue : qu'il connaisse par avance
le profil de la courbe céleste et qu'il reconnaisse immédiatement la
situation ici bas qui correspond à la dite courbe. Le temps n'est plus à
une astrologie qu'il revient à l'astrologue d'activer et d'interpréter. Foin
d'une astrologie par trop hermétique dont l'astrologue serait à la fois
juge et partie pour en apprécier la valeur et qui ne "marcherait" que par
son bon vouloir et son savoir- faire !
Il importe que la notion de thème astral cesse d’être la panacée
de la pratique astrologique au profit de celle de configuration, tout comme
celle de date devrait être abandonnée en faveur de celle de série. Le
créneau privilégié de l’astrologie n’est pas le point -celui du moment de
naissance ou celui de tel événement donné – mais le segment de temps.
Mais tout cela ne fait sens que si l’on cesse de réfléchir au niveau d’un
individu isolé au profit d’un ensemble de personnes traversant
simultanément une même phase et se relayant dans une seule et même
direction et orientation. Il faut trouver la bonne perspective, le bon
angle de vue. L’homo astrologicus est un homo repetitivus, c’est à dire dont la
condition est de vivre la répétition : il n’est pas tout seul dans son
genre, sui generis, et les choses se répètent autour de lui pendant une
période qui a un début et qui a une fin qu’il revient à l’astrologie de
repérer mais que les hommes sont programmés de naissance à repérer,
en identifiant subconsciemment les configurations –signal.
Quand André Barbault annonce une crise grave pour l'URSS en
1989, à trente ans de distance, en la faisant correspondre au cycle
Saturne-Neptune, n'ouvre-t-il pas la voie à une autre image de
l'astrologie ? Certes, si ce n'est qu'il ne nous dit aucunement ce qui va se
passer alors si ce n'est que ce sera un moment "grave" pour la dite
URSS, si ce n'est que la série des répétitions est bien limitée puisqu’elle
ne se veut concerner qu'une certaine région du monde. Tout se passe
comme si l'on avait voulu remplacer les conflits sociaux et donc
internationaux - "Prolétaires de tous les pays unissez-vous", clamait
Marx - par des clivages géographiques ou géopolitiques refusant de
prendre en compte les lignes de force supranationales.

Le facteur Chance
Reconnaissons que la clientèle de l'astrologue et de l'astrologie
se divise en deux populations fort distinctes, l'une recherchant une
certaine conduite de vie non seulement individuelle mais collective et
l'autre voulant savoir ce qui lui arrivera individuellement, et en quelque
sorte exceptionnellement. Entendons par là que nous sommes en
présence d'une population qui relève davantage de la divination que de
l'astrologie et qui veut savoir s'il n'y aurait pas moyen ou risque que les
choses ne se passent pas comme elles auraient du normalement se
passer, c'est à dire autrement.
Le facteur chance ou malchance est ici en oeuvre. L'on va voir le
voyant - et éventuellement l'astrologue- pour savoir si ce qui devrait
bien se passer ne va pas mal se passer ou inversement si ce qui se
présente mal ne pourrait aboutir heureusement.
Ce qui intéresse beaucoup de monde, c'est quand il y a des
bonnes ou des mauvaises surprises et non si tout est déjà joué en termes
de probabilité. Or, l'astrologie, stricto sensu, n'a que faire de ces
exceptions qui confirment d'ailleurs la règle. Elle n'est pas là pour
annoncer l'anormal mais bien le normal à condition bien entendu
d'avoir défini sa propre normalité laquelle parfois pour quelqu'un de
non averti peut sembler extraordinaire.
.C'est dire que la frontière entre normalité et anormalité est
relative puisqu’elle est largement fonction de l'image que l'on s'en fait.
Si quelqu'un ignore l'existence de phases, il trouvera anormal que les
choses changent dans un sens ou dans un autre. Face à une population
qui ne sait pas prévoir, il ne peut y avoir que des surprises dans le
moyen terme..
Cela dit, dans le court terme, une personne placée dans une
certaine situation sera encline à se demander s'il n'y aura pas un grain de
sable ou au contraire un coup de pouce qui la fera échapper à ce qui
pouvait raisonnablement être attendu.
C'est en direction d'une telle clientèle que certaines techniques
astrologiques ont été développées qui relèvent de la divination et qui de
facto viennent compléter les prévisions plus générales. On peut parler en
la circonstance d'une micro-astrologie par opposition à une macro-
astrologie.
On en arrive à la dialectique chance/malchance ; par hasard, le
résultat espéré ou craint ne se produit pas, du fait d'interférences, de
coïncidences, de malentendus, de confusions qui peuvent conduire à un
renversement de situation.
La para-astrologie a vocation à saisir le facteur chance et pour
certaines personnes, la chance leur tient lieu de morale parce que la
chance, bonne ou mauvaise, est le fait des bonnes ou des mauvaises
fées. qui décident de ce qui revient à l'un ou l'autre, sans que les
hommes aient à y redire. D'où tout un champ sémantique : la chance
qui tourne - représentée au Tarot par la Roue de fortune, le hasard qui
fait bien les choses, "ce n'est pas mon jour (de chance)", ce n'est pas de
chance ou avec un peu de chance, qui sait ? ..... Dans cette optique, tout
est jeu et on est plus ou moins "bon" joueur et il est recommandé de
faire contre mauvaise fortune bon cœur. Et puis il y a les veinards, ceux
qui sont nés sous une bonne étoile ou sous une mauvaise (en yiddish les
schlimazel). Le Tarot s'apparente à une sorte de poker du destin. Un para-
astrologue aura certainement besoin d'une certaine chance pour
"tomber" juste assez souvent, en employant, sans trop savoir pourquoi,
en cours de consultation, une expression qui fera tilt. L'utilisation d'une
telle terminologie est significative d'une appartenance à tel ou tel groupe
social.

Être son propre astrologue

Les astrologues constituent de facto une caste de prêtres qui se


veulent les intercesseurs entre les hommes et les cieux. Le thème astral
est leur fonds de commerce tant en ce qui concerne les élèves que les
clients en consultation en ce que l'enseignant/praticien apparaît comme
un point de passage obligé. Il n'en reste pas moins que toute une série
de manuels sont parus, au cours du XXe siècle encourageant les gens à
devenir leur propre astrologue.
Avec l'essor de l'informatique, le calcul du thème d'une part, son
interprétation de l'autre, ont conduit à relativiser l'importance tant des
cours que des consultations ou des manuels. C'est en effet la difficulté
que beaucoup rencontraient à dresser un thème qui les conduisait à
fréquenter une structure astrologique adéquate. L'informatique libérait
l'amateur d'une telle obligation. En outre, l'informatique favorisait une
certaine pléthore, une boulimie de techniques et n'incitait guère à
l'élagage, mettant ainsi fin au réformisme des décennies précédentes.
Cela dit, l'on peut envisager une astrologie sans astrologue, c'est
à dire où le modèle cyclique serait à la portée de tout un chacun et
n'exigerait pas de savants calculs, modèle que l'on pourrait à loisir
s'appliquer à soi-même sans passer par un intermédiaire faisant
semblant de vous connaître intimement grâce au thème natal.

Modèle et transfert

Si l'on examine les conditions de la consultation astrologique et


du processus de transfert, on ne peut en aucune façon sous estimer le
rôle du modèle astrologique, tel que représenté et par le thème natal et
par la voûte céleste comme porteuse et garante, en quelque sorte, du dit
thème qui en serait l'émanation particulière à la personne considérée.
Le modèle sous jacent, que l'on peut taxer globalement
d'anthropologique ou de cosmo-anthropocosmologique dans le cas de
l'astrologie, conditionne nécessairement la pratique de l'entretien ou de
l'enseignement, quand celui-ci évolue vers une forme d'application du
modèle à soi-même.
Certes, ce modèle peut-il être considéré comme un support ou
un prétexte de l'entretien et devoir se dissoudre, en quelque sorte, au
cours de l'entretien. Or, la brièveté même de l'entretien astrologique dès
lors qu'il ne donne pas lieu à une suite de séances permet difficilement
une telle dissolution et ce d'autant plus que le praticien n'en a pas
nécessairement le projet, ce qui est le moins que l'on puisse dire.
Dans le cas d'une relation astrologue/client s'inscrivant dans un
cursus de formation, à caractère périodique et souvent hebdomadaire,
une telle gestion pourrait, a priori, être envisagée. Mais cela semblerait en
contradiction avec le projet affiché d'initier l'élève au modèle
astrologique et non pas de l'en émanciper. En cela, nous dirions plutôt
que le fait de suivre des cours correspondrait à une exposition lourde,
prolongée, hard, au modèle astrologique alors que l'entretien, par son
caractère ponctuel et non suivi, offrirait finalement une exposition
légère, soft, la dissolution du modèle s'opérant au fur et à mesure que
l'on s'éloigne du moment de la consultation.
Bien entendu, nous traitons ici des modalités d'application de
l'astrologie actuelle, qui ne sont pas celles que nous préconisons par
ailleurs car c'est du fait de la prégnance forte du modèle thémique
(propre au thème natal) qui semble être un préalable au transfert qu'il
importe que l'on envisage un certain détachement à terme. Face à un
modèle moins pesant, le transfert n'est pas le même, n'interpelle pas le
même public, et l'évolution à envisager non plus.
La lourdeur même du transfert astrothémique - ou mieux encore
thématologique - détermine un certain profil de clientèle qui n'est pas
sans évoquer un rapport de type sado-masochiste, le client se déclarant
disposé à accepter d'office, au nom de la toute puissance du thème
astral, sorte de masque (persona) qu'il va désormais devoir porter à
l'exclusion de tout autre image de soi, le portrait, la posture, le
comportement, les directives que l'astrologue - ou/et l'astrologie - lui
imposera. Une telle demande correspond évidemment chez le client/
patient - mais aussi chez le praticien - à un manque, à un sentiment
d'abandon, de négligence qui sera compensé par la pression
astrologique que l'on acceptera de subir ou de faire subir.
Que l'astrologie du XXe siècle ait pu survivre en exploitant
largement un tel créneau est une chose, qu'elle ait dorénavant à
s'investir dans un créneau plus proche de sa raison d'être première en
est une autre.

Les vrais enjeux de la consultation

Il nous apparaît que la consultation obéit à un rapport homme-


femme, l'astrologue étant l'homme et le client étant la femme. Ce n'est
d'ailleurs que dans ce cas de figure que la consultation fait vraiment
sens, ce qui n'empêche pas que ce point n'étant pas affiché nombreux
sont ceux qui se fourvoient mais un tel fourvoiement ne change rien à la
chose.
Selon nous, l'astrologue personnifie l'homme et le thème aurait
une valeur phallique en ce qu'il pénètre l'avenir et qu'il dévoile ou
déflore l'autre. Les facultés qu'on lui attribue sont celles qui
caractérisent l'homme mais que l'on tend à lui refuser car cela serait
reconnaître sa supériorité.
Ainsi, aller consulter l'astrologue permet d'accéder aux valeurs
masculines sans avoir à le concéder dans la mesure où l'astrologue n'est
supposé tenir ses pouvoirs masculins que de l'astrologie et non de son
essence masculine.
A contrario, la femme qui se positionne comme astrologue
revendique en réalité sa masculinité. C'est probablement la raison pour
laquelle tant de femme vont vers l'astrologie dans la mesure où
l'astrologie pourrait devenir leur part de masculinité.
Deux stratégies donc pour la femme : soit intégrer en soi le
masculin par le truchement de cette quintessence du masculin qu'est
l'astrologie, soit aller vers le masculin par le truchement de l'entretien
astrologique qui permet la rencontre avec l'homme supposé ne tirer sa
puissance que de l'astrologie mais qui en fait confère à l'astrologie sa
valeur en lui prêtant ses facultés.
L'astrologie est censée être un élément manquant du puzzle
anthropologique, quelque chose qui lui ferait défaut. Mais les
astrologues différent entre eux sur l'apport de l'astrologie à
l'anthropologie. Pour les uns, l'astrologie doit se trouver une micro
niche dans le domaine des représentations : Gilles Verrier, par exemple,
soutient que le thème natal nous dit quelles sont les grilles, les filtres de
lecture qui sont donnés par le dit thème, à savoir non pas tant ce qui est
mais ce qui est perçu, ce qui est attendu par la personne. Le thème nous
parlerait de notre subjectivité mais cette subjectivité serait donc
prédéterminée. Pour d’autres, comme Denis Labouré, l'astrologie a
vocation à nous dire ce qui va se passer, ce qui va nous arriver
objectivement. Ce faisant, un créneau où l'astrologie, selon nous, aurait
beaucoup mieux à faire est délaissé, à savoir celui non pas de
l'individuel qui est surinvesti par les psychologues et les voyants mais du
collectif dans sa dimension cyclique. Notre humanité est suréquipée
dans le domaine individuel et sous équipée dans le domaine des sciences
politiques, sociales, voire économiques. Même si une astrologie
individuelle pouvait avoir sa raison d'être, elle ne peut que souffrir,
comme d'autres disciplines placées, à tort ou à raison, sur ce
créneau/marché de l'individu, du manque de cadre socio-historique. Il
n'y a pas individuation sans appartenance préalable à un ensemble dont
on ne se démarque jamais que relativement, l'individuation étant avant
tout une valeur ajoutée à un bagage commun préexistant. Vouloir
appréhender une personne hors de son contexte socioculturel est un
exercice très périlleux car on aura le plus grand mal à la situer, ne
sachant pas d'où il vient, le travail qu'il a fait à partir de son point de
départ. C'est ainsi que l'on commet des erreurs de jugement et donc
d'anticipation. A moins que l'on considère que l'autre est une table rase
qui doit s'imprégner précisément d'un certain nombre de codes d'où un
rapport inégalitaire entre celui qui impose des règles propres à un
groupe donné et celui qui subit jusqu'à ce qu'il réussisse à s'individuer,
après avoir appris à maîtriser les dites règles.. Selon nous, l'individuation
est un phénomène masculin qui permet au membre d'un groupe de se
différencier subtilement alors même que de l'extérieur il est assimilé au
dit groupe. La femme, surtout quand elle se met en situation d'étrangère
ne saurait s'individuer puisqu'elle n'est plus située au sein de son groupe
d'origine et elle ne peut percevoir des nuances internes à un groupe
auquel elle n'appartient que marginalement. Dès lors, la femme percevra
les choses à sa manière et elle sera perçue comme individu et non
comme individuée.
L'attirance des femmes pour le thème astral, ce qui constitue
une véritable révélation qui peut changer leur vie, tient à leur condition
d'étrangère. Chacun sait que face à un groupe homogène, l'on a du mal
à différencier les individus alors même que les membres du dit groupe
se distinguent parfaitement entre eux. C'est là un des paradoxes auquel
tout étranger est confronté et la réciproque est vrai quand il y a nombre
d'étrangers appartenant à un même groupe, on les distingue mal entre
eux, ce qui nuit à une bonne communication. Un groupe hétérogène est
comparativement beaucoup plus rassurant car il permettra de multiplier
les paramètres. Le fait aussi de connaître l'origine et le passé de chacun
facilité également la différenciation mais c'est là un biais qui ne suffit
pas vraiment à résoudre le paradoxe évoqué plus haut car le groupe en
question ne se détermine pas sur ces paramètres réducteurs. Ce qui
importe au groupe homogène, c'est l'efficience de chacun de ses
membres et leur hiérarchisation toujours en jeu. Autrement dit, les
femmes mais aussi les étrangers vont s'attacher à des informations
marginales qui ne s'appliqueront qu'à des individualités mal assimilées,
en rupture de ban. La notion même de groupe homogène dans lequel
les membres ne semblent se distinguer en rien et où pourtant existent
des rapports de force fait peur à celui qui n'en fait pas partie, qui n'est
pas connaisseur. En demandant sa date de naissance à un membre du
dit groupe, l'on aura l'illusion de pouvoir mieux cerner le dit membre
alors que la seule solution, c'est d'intégrer le groupe en tant que groupe
et d'en saisir et d'en vivre les valeurs.

Le mauvais exemple du médecin

En quoi l'astrologue praticien se distingue-t-il du médecin ?


Point certes par la partie pratique se focalisant sur l'individu mais bien
plutôt par la carence théorique qui permet de déterminer la norme. Si je
connais bien mon quartier, je saurais très vite si tout y tourne rond ou
pas. En revanche, si je connais mal un quartier, serai-je jamais en
mesure de déterminer ce qui cloche, ce qui est spécifique à un instant
donné ?
L'astrologue agit comme si le travail théorique en amont avait
été accompli. Or, c'est un leurre. Et toute une production d'ouvrages
sont là pour donner le change. Au fond, l'astrologue praticien n'a plus
qu'à les placer dans sa bibliothèque pour légitimer sa propre démarche.
Il y a ainsi des livres que l'on achète mais que personne ne lit vraiment.
On pense au Traité d'Astrologie Rationnelle de Dom Néroman, véritable
pavé paru sous l'Occupation.
En tout état de cause, que vaudrait en effet un médecin qui ne
saurait pas à quoi ressemble un être humain, comment il est constitué et
qui ne connaîtrait l'humanité qu'au travers de clients, par définition,
souffrants ou malades ? Or, c'est bien ce qui se passe avec l'astrologue
qui n'apprend à traiter que des cas particuliers et qui ne dispose pas d'un
bagage anthropologique solide. Or, l'astrologie est d'abord la mise en
évidence d'un ordre cosmique et ce n'est que par rapport à cet ordre
cosmique que l'astrologue peut étudier les individus sans pour autant
que le dit ordre cosmique soit comptable des aberrations individuelles
voire en soit la cause. Certes, si une route comporte un passage
dangereux, cela risque d'occasionner des accidents mais elle n'a pas été
conçue pour envoyer les gens à la mort ou à l'hôpital, ce n'est pas sa
finalité. Chaque individu est comme un automobiliste qui circule sur la
même route que décrit selon nous une certaine astrologie mais il n'y a
pas autant de voies à emprunter que de voitures. C'est l'individu qui
confère à la route sa spécificité et non la spécificité de la route qui
constitue le dit individu. D'ailleurs, il n'y a individuation que par rapport
à un modèle commun dont chacun se distingue par quelque variante qui
risque fort d'échapper à celui qui n'est pas partie prenante du dit
modèle.
Le client de l'astrologue nous semble assez proche de celui de
l'avocat. Un avocat replacera le problème de son client dans un cadre
juridique, c'est à dire passera du particulier au général et il s'efforcera de
rétablir un certain ordre prévu et accepté des choses. Or, il semble bien
que l'astrologue actuel n'ait pas ou plus les moyens de définir la norme
sociale, son discours laisse entendre que le désordre du monde est le fait
des astres eux-mêmes puisque ceux -ci comportent, n'est-il pas vrai, de
mauvais aspects, des planètes difficiles. Et d'ailleurs, l'astrologie
moderne n'est point parvenue à évacuer un tel manichéisme lequel
convient si bien aux états d'âme de ses clients dont, quelque part, elle se
fait le reflet.
Tout se passe ainsi comme si l'astrologie avait fini par se
constituer à partir non pas à partir d'une ontologie sociale mais à partir
des problèmes existentiels des clients des astrologues.
Chapitre II La communication horizontale

Que se passe-t-il quand un astrologue ne transmet plus mais vit


l'astrologie et ne peut la vivre qu'avec ses pairs ? Il convient d'entrée de
jeu de ne pas présenter la communication horizontale comme idéale,
elle comporte, tout comme la communication verticale ses zones
d'ombre et ses ambiguïtés. C'est ainsi que les associations offrent des
postes de président, de vice-président, de secrétaire générale qui
peuvent flatter l'ego et donner l'impression d'une certaine progression
sociale. Autrement dit, le monde astrologique est en mesure d'assurer
une certaine promotion de ses élèves en les recrutant comme
enseignants ou comme animateurs, ce qui permet ainsi de passer de la
verticalité à l'horizontalité quand cela s'inscrit dans le cadre associatif et
non en tant qu'activité indépendante. Entrer dans le cadre associatif
propre à l'astrologie, c'est quelque part se retrouver dans des situations
de pouvoir qui ne sont nullement propres au milieu astrologique.
Paradoxalement, le fait de se retrouver entre astrologues, amateurs ou
chercheurs en astrologie tendrait à faire passer l'astrologie au second
plan par rapport aux enjeux organisationnels : élaborer des cycles de
conférences mensuelles, tenir des colloques, faire paraître des revues,
proposer des cours hebdomadaires, des séminaires, des stages d'Eté,
faire passer des diplômes, recruter des membres, renouveler les
dirigeants, diffuser des guides, sortir des livres, mettre en place des sites
etc.
Une personne étrangère au milieu astrologique mais friande
néanmoins d'astrologie se remarque par le fait qu'elle ne connaît pas les
sigles associatifs et que certains noms d'astrologues, peu médiatisés, lui
sont inconnus. A fortiori, la photo de tel astrologue ne lui dira rien, s'il
n'a pas fait de publicité, alors qu'il en sera tout autrement pour un
habitué des rencontres astrologiques.
La maîtrise d'un langage

A quoi sert-il d'apprendre la langue astrologique comme le


propose Yves Haumont? A participer à des réunions d'astrologues. Ce
genre de la réunion astrologique ne doit être confondu ni avec le
Colloque astrologique ni avec l'entretien astrologique. Car lors de
l'entretien astrologique, le client ne comprend pas une telle langue
même s'il est satisfait de l'entendre pratiquer par l'astrologue : que serait
un astrologue qui ne parle pas l'astrologique et n'est-ce pas d'ailleurs
ainsi que l'on pourra le reconnaître ? Quant au colloque astrologique,
digne de ce nom, il met ce langage astrologique entre parenthèses pour
aborder les fondements du savoir astrologique, plus en amont.
Donc, pour comprendre ce qu'est une réunion astrologique, il
faut imaginer une quinzaine de personnes réunies dans une salle et
discourant doctement sur une série de thèmes de naissance. Il y a divers
lieux à Paris et ailleurs qui se prêtent à un tel exercice, on allait dire à un
tel sport cérébral, on citera les réunions de Didier Geslain, de Robert
Morin, de l'AFA de Christian Fenninger, de la SFA de Colette Cholet.
Dans ces réunions, il faut faire preuve d'esprit d'observation :
noter dans quel signe se trouve telle planète, quels sont les aspects
qu'elle entretient avec les autres planètes, les "maîtrises" qui connectent
une maison astrologique avec une autre. Les règles sont bien connues et
tous les participants les pratiquent avec plus ou moins de virtuosité
pour démontrer que dans tel thème, on trouve telle tendance, ce qui est
particulièrement important quand il s'agit du thème d'un personnage
connu ou appartenant à un type connu : Napoléon, un assassin, un
chanteur etc. On imagine d'ailleurs ce qu'il peut y avoir de caricatural
dans de tels portraits. On est loin de la subtilité de la consultation
astrologique face au détenteur du thème et l'on conçoit que le premier
exercice prépare assez mal au second.

Les causes de stagnation de la pratique astrologique

Le principal écueil pour quelqu'un qui élabore un modèle, c'est


d'en trouver la vérification à trop bon compte car tout marche, mais
plus ou moins bien et cela dépend des exigences de ceux qui testent le
procédé en question. "Ca marche", cela peut vouloir aussi dire que le
client a "marché". Le plus souvent quand un astrologue parle d'un cas, il
ne propose pas une contre-expertise sur le même cas mais une
application à un autre cas. Il demande que l'on vérifie son système mais
pas son travail. Or, dans le monde scientifique, l'on doit pouvoir
reprendre la même recherche à nouveaux frais, quitte à obtenir des
informations nouvelles sur le dossier et non pas réceptionner un dossier
déjà constitué. Si un astrologue fait un travail sur la vie de Napoléon, un
autre peut faire de même. En revanche, s'il s'agit de la vie d'un
particulier, il faut impérativement qu'un nouveau chercheur ait accès à
cette personne et pas seulement à ce que son confrère veut bien lui
signaler et encore dans ce cas, ce particulier ne doit pas être le seul à
pouvoir fournir des données sur lui-même, il faudrait que cela puisse
être recoupé par une enquête auprès de son entourage ou par l'examen
de papiers et d'archives personnels. En pratique, les choses ne se
passent pas ainsi et le droit de regard sur le travail d'un autre astrologue
n'est guère pratiqué. Dans un colloque, de tels témoignages ne sont pas
recevables car personne n'est vraiment dupe et qu'il s'agit d'expériences
qui ne sont finalement pas communicables, qui relèvent du vécu intime
de l'astrologue.
D'ailleurs, tout chercheur qui se respecte ne fait-il pas lui-même
son autocritique en évacuant quand il le faut les prétendues vérifications
qui tendraient à l'enfermer dans son propre système ? . On dira que tout
chercheur doit conserver un doute suffisant pour pouvoir le cas échéant
changer sa grille tout comme un plombier doit prévoir une pièce mobile
dans son dispositif pour pouvoir effectuer certaines réparations, c'est ce
qu'on appelle dans le métier une trappe de visite.
En effet, dans un premier temps, le chercheur est tout heureux
de trouver quelque corrélation et il ne va immédiatement remettre en
question ce qui flatte son ego. Toutefois, au bout d'un certain temps, le
dit chercheur peut en arriver à se demander s'il n'a pas été victime soit
de coïncidences, soit, bien plus souvent, d'une formulation
insuffisamment précise et qui "marche" à tous les coups. C'est ainsi qu'il
lui arrive de s'apercevoir que ce qu'il associait à telle donnée se retrouve
en l'absence de la dite donnée. Autrement dit, en poursuivant sa
recherche, au lieu de consolider celle-ci, il risque fort de la fragiliser.
Pour notre part, ayant conduit depuis plus de trente ans des
recherches sur les cycles, nous avons été amenés, à plus d'une reprise, à
reconnaître que nous n'avions pas été assez exigeants ou mieux encore
que les résultats obtenus ne cadraient pas avec d'autres résultats. Le plus
souvent, en effet, c'est le discours qui est victime de ses propres
contradictions, ce qui relèverait d'un syncrétisme expérimental ou
clinique. Or, si l'on travaille en consultation, avec des cas de figure
toujours différents, un tel syncrétisme risque fort de ne pas être
conscient. Il n'en est pas ainsi en astrologie mondiale dès lors que l'on
évite les cloisonnements qui ne sont pas inhérents au modèle. Ce
syncrétisme est également flagrant quand des chercheurs différents
obtiennent des résultats avec des modèles différents et ce dans le même
domaine. De la même façon, l'on s'apercevra que telle personne est
marquée par des influences diverses et n'a pas de structure qui lui soit
propre lorsque ses propos successifs ne s'accordent pas entre eux.
Autrement dit, il ne faut jamais se satisfaire d'une donnée ponctuelle
mais il faut la confronter à une série de sondages.

Vers un Conseil Supérieur de l'Astrologie Francaise (CSAF)

Déjà au IIe siècle de notre ère, dans son prologue, Ptolémée


avait pris la peine de distinguer astrologie et astronomie.
"Syrus, il y a deux choses principales et grandes sur lesquelles sont
fondées les prédictions astronomiques (sic). L'une est la première en
ordre et en certitude par laquelle nous trouvons à chaque moment le
mouvement du Soleil, de la Lune et des autres astres et les regards
(aspects) qu'ils ont entre eux ou ceux qu'ils ont envers la terre. L'autre,
par laquelle, suivant les qualités naturelles de ces astres, nous
considérons les changements qu'ils produisent selon leur position dans
les corps. De ces doctrines, la première a son art qui lui est propre mais
la fin de la seconde partie qui vient après elle, n'arrive pas à cette
certitude (... ) Nous allons parler de la seconde partie qui n'est ni si
assurée, ni si parfaite etc"
Or, encore au Moyen Age, on désignera souvent par le même
mot -Astrologia voire Astronomia- ces deux domaines et il fallait alors un
adjectif (donc une addition) pour que l'on sache de quoi il s'agissait dans
tel et tel cas. Deux mille ans plus tard, il semble qu'une telle mise au
point s'avère à nouveau nécessaire au sein même de cet ensemble qui a
pour nom Astrologie et dont déjà l'Astronomie se sépara, en son temps,
sans pour autant qu'il n'y ait cohabitation. Ce n'est pas parce qu'un
Kepler fait de l'astrologie et de l'astronomie qu'il ne les distingue pas -
Kepler distinguait entre les prévisions "scientifiques" liées au cours des
planètes et à celles liées aux comètes qui auraient eu une source divine -
et ce n'est pas non plus parce que tel praticien associe astrologie et para-
astrologie qu'il ne les différencie pas quant à leur fondement.
Nous dirons que souvent le problème est mal posé : il ne s'agit
pas tant de savoir si l'astrologie marche mais à quoi elle est censée
servir, quelle est sa véritable finalité. Est-ce que l'usage qui est fait de
l'astrologie convient et quelle est l'instance qui peut en décider ? Cette
question des instances est un problème qui devrait être de plus en plus
important à gérer : par exemple, quelle est l'instance responsable des
intérêts de telle ou telle langue ? La France est-elle censée pouvoir
intervenir pour tout ce qui touche la langue française dans le monde ?
En ce qui concerne l'astrologie, nous pensons qu'il serait souhaitable de
créer une instance pouvant exercer un tel pouvoir, une sorte de Conseil
Supérieur de l'Astrologie (CSAF) dont, dans l'état actuel des choses, le
MAU est le maître d'œuvre..
Ce CSA aura pour mission de fixer et de contrôler les
orientations de la pratique astrologique. On ne peut en effet se
contenter de dire que telle activité est légitime tout simplement parce
que cela donne des résultats ou que cela rapporte. A ce moment là,
toutes les formes de prostitution seraient acceptables. La véritable
déontologie de l'astrologie ne se réduit pas à entériner une certaine
pratique comme l'on pourrait chercher à "humaniser" la prostitution, à
mieux l'encadrer à différents niveaux. Le CSAF - et le MAU organisera
en 2006 un colloque sur ce thème- s'efforcera, sur la base de données
tant historiques que philosophiques ou épistémologiques, de définir la
véritable vocation de l'astrologie. Le débat entre "ingénieurs" et
"techniciens" ne saurait en effet se limiter à des enjeux d'efficacité. Le
technicien est également tributaire d'une tutelle morale.
Lorsque au XVIe siècle, l'on prend des mesures en France,
notamment, contre les astrologues et notamment à propos des
almanachs, cela tient à une volonté de leur faire respecter certaines
normes sociales le débat ne se situant pas sur le seul terrain
"scientifique" ou pragmatique.
L'astrologie, selon nous, doit disposer d'une telle instance qui gère tout
ce qui se dit et se fait en son nom, et notamment dès lors qu'un aspect
lucratif en découle. Le 'ça marche" que l'on entend trop souvent est
fortement imprégné de cynisme. Le rôle des associations astrologiques
dignes de ce nom est de mettre fin à un tel laxisme et non de s'en faire
les complices. Le bon usage de l'astrologie n'est pas celui qui est en
vigueur actuellement.
La mission du CSAF est de veiller à la pertinence des différents
discours astrologiques, tant au niveau des systèmes qu'à celui des
définitions terminologiques. On parlera ici de validation de modules.
L'astrologie se trouve ainsi décortiquée en un certain nombre de
modules autonomes, ayant chacun leur propre économie et non
solidaires entre eux. Il s'agit de mettre avant tout un terme au
syncrétisme astrologique qui combine, au nom d'une solidarité mal
venue des techniques incompatibles entre elles mais éventuellement
viables séparément. Le CSAF se chargera donc à la fois d'examiner des
projets de modules tant sur le plan pratique (telle forme de cyclicité, tel
type de thème astral etc) que théorique (par exemple, mode de
définition d'un signe, d'une divinité, d'une planète etc). Cela devrait
permettre, avec le temps, aux modules les plus valables de l'emporter au
lieu de perpétuer indéfiniment, par le fait des combinaisons, le pire et le
meilleur. Le CSAF organisera des commissions, dans le prolongement
du Colloque MAU de novembre 2004 chargées de recenser et de
calibrer les modules, ce qui devrait avoir des incidences importantes sur
l'enseignement de l'astrologie : on n'apprendra plus l'astrologie en vrac
mais sous forme de modules censés fonctionner isolément.. Le CSAF
publiera un annuaire des modules validés lors des réunions de ses
commissions.. Cela dit, ceux qui ne veulent pas pratiquer une astrologie
modulaire pourront continuer à le faire mais sans utiliser le terme
Astrologie ou en tout cas sans le label CSAF qui fera référence.
Peut-on raisonnablement s'attendre à une modification des
mœurs professionnelles des astrologues et de leur clientèle ? Pourrait-on
parvenir à interdire certaines pratiques non pas en ce qu'elles sont
dommageables pour les clients mais qu'elles le sont pour l'Astrologie en
soi ? Le CSAF - dont la vocation est radicalement différente de celle de
la FDAF - doit veiller aux intérêts supérieurs de l'Astrologie et
commencer par questionner l'usage que certains font du mot Astrologie.
Si l'on ne peut empêcher en effet les gens de faire ce qu'ils veulent,
quand cela ne porte pas atteinte à l'ordre public, l'on doit en revanche
ne pas accepter que l'on qualifie d'astrologique ce qui ne l'est pas. Dans
le Prologue du Tétrabible, l'on peut lire (traduction de Nicolas Bourdin,
1640) : "Certains pour gagner de l'argent vendent d'autres prédictions
sous le nom et l'autorité de cet art et en font accroire au peuple,
prédisant beaucoup de choses qui ne sont point signifiées par les causes
naturelles" (Reed. Denoël, 1974, p. 20). Il ne s'agit pas ici d'épiloguer sur
le terme "causes naturelles" car il ne suffit pas de se référer à des
données astronomiques bien réelles pour que l'on puisse parler de
"causes naturelles", si la question de la causalité n'a pas été résolue.
L'astrologie devrait avant tout ne s'occuper que des "choses" nécessaires
et laisser de côté tout ce qui ne relève pas des lois que les sociétés
peuvent s'être donné à elles-mêmes. C'est ainsi que la mort ne fait pas -
du moins pas encore - partie des nécessités imposées par les sociétés
pas plus que la maladie ou le mal. Si je dors et que je souffre d'insomnie,
l'insomnie est certes la conséquence du fait qu'il est entendu que nous
avons à dormir à intervalles réguliers. Le fait que je vive mal ce moment
est mon affaire, pas celle du sommeil. L'on a ainsi tendance à confondre
l'existence du complexe d'Oedipe avec les difficultés que nous
rencontrons à vivre cette situation. L'astrologie peut, en effet, être
concernée par la façon dont nous vivons plus ou moins bien, en tant
qu'individus ou en tant que groupes, certaines situations à condition
qu'au départ ces situations s'inscrivent dans une nécessité
anthropologique, ce qui implique une périodicité une situation qui n'est
pas vouée à se répéter au cours de l'existence ne relève pas de
l'astrologie au sens où l'entend le CSAF. L'on aura compris que sans un
travail en amont de définition de ce qui constitue le champ de
l'astrologie, l'on continuera indéfiniment à tolérer toutes les pratiques
qui se disent astrologiques du seul fait qu'elles s'appuient sur un canon
astrologique extraordinairement hétéroclite et hétérogène. Nous dirons
donc qu'il ne suffit pas que telle technique ou pratique figure dans tel
traité ancien d'astrologie pour qu'elle soit acceptée et reconnue par le
CSAF. L'Histoire de l'astrologie ne saurait servir d'alibi comme c'est
trop souvent le cas..
Il y a un couple astrologie-thématologie dont il faut prendre
conscience pour ne pas confondre ces deux approches et les astrologues
qui ont un certain bagage divinatoire se font souvent une représentation
plus saine de la spécificité de l'astrologie. Autant l'astrologie traite--t-elle
de situations sur lesquelles elle n'a pas prise parce qu'elles se situent à
une échelle macrosociale considérable, autant la thématologie de par sa
dimension individuelle est -elle susceptible de générer une micro-
événementialité qui vient se greffer sur les infrastructures étudiées par
l'astrologie. C'est dire que ces deux champs relèvent de méthodologies
radicalement différentes et qu'épistémologiquement, il est vain de
vouloir intégrer ces deux champs au sein d'un même savoir, tant leur
mode de fonctionnement et de validation diffère ; Tel sera l'enjeu
principal des colloques astrologiques au cours des prochaines années.
Si la thématologie - que Claire Santagostini désigne sous le
terme d'horoscopie appartient à l'ensemble des arts divinatoires - dans
la catégorie des supports naturels au même titre que l'hématoscopie ou
la chirologie, par opposition à des supports fabriqués de toutes pièces
par l'Homme comme le Tarot, le Yi King, la géomancie et qui
impliquent un mode de tirage - l'astrologie, pour sa part, n'en saurait
faire partie, qu'en conséquence d'un certain amalgame. En ce sens, c'est
la thématologie et non l'astrologie qui relève, stricto sensu, des
compétences de l'INAD, Institut National des Arts Divinatoires. Mais
de même que la divination recourt nécessairement, en pratique, à des
données extérieures au champ divinatoire, on ne peut exclure qu'elle se
serve, et cela vaut tant pour la tarologie que pour la thématologie, de
l'astrologie au même titre que d'autres disciplines comme la psychologie,
la médecine, l'économie. Le Mouvement Astrologique Unifié (MAU) a
vocation, depuis une trentaine d'années, à faire cohabiter thématologues
et astrologues mais la vocation du Conseil Supérieur de l'Astrologie
Française (CSAF) n'en consiste pas moins à marquer strictement la
différence entre les uns et les autres notamment au regard des médias et
des diverses instances, ce qui, en tout état de cause, en période de
transition, implique un dialogue et une concertation entre divination et
astrologie. Historiquement, il nous apparaît que l'astrologie a, à un
certain stade de son développement, vécu en symbiose avec la
thématologie.. A la fin du XIXe siècle, le polytechnicien Paul Choisnard
(qui avait pris pour pseudonyme Paul Flambart) prônait une "astrologie
scientifique" en tentant de créer une frontière avec d'autres savoirs se
revendiquant également d'une certaine lecture du ciel.
Malheureusement, Choisnard - et Gauquelin suivra son exemple- n'en
considérait pas moins que cette astrologie scientifique devait s'ancrer sur
le thème natal, ce qui perpétuait une certaine ambiguïté. Ai demeurant,
l'astrologie se doit d'être avant tout prévisionnelle et capable de baliser
le temps en phases d'une certaine durée. Paradoxalement, en apparence,
la thématologie - et on ne sera pas surpris que la Fédération des
Astrologues Francophones ( FDAF) a pris du recul par rapport à
l'activité prévisionnelle, elle qui réunit essentiellement des
thématologues - est souvent en conflit avec ceux qui prétendent nous
dire où va le monde et fait des gorges chaudes quand un astrologue
tombe à côté de la plaque. Du point de la FDAF, aussi, une certaine
séparation semble souhaitable. La prévision divinatoire est, en effet,
bien distincte de la prévision cyclique, elle a une faculté d'agir sur le
cours des événements bien plus évidente du fait qu'elle s'attache à un
individu donné ou un noyau de quelques personnes et non à une
collectivité. En d'autres termes, la prévision individuelle serait
divinatoire tandis que la prévision collective et générale serait cyclique et
phasique et aurait à voir avec la statistique, les cas individuels ne faisant
sens pour elle que dans la mesure où ils s'inscrivent dans un devenir
synchronique et synergétique
Nous avons vu passer toutes sortes de projets fédérateurs, au
cours des 30 dernières années mais il nous semble que jusqu'à présent,
le problème était mal posé. L'on mettait l'accent sur les différences de
philosophies de l'astrologie en soulignant d'ailleurs tout ce qui les
rapprochait. Mais l'on ne remettait pas en question le fait que
l'astrologie était un ensemble rassemblant toute sortes de techniques, de
dispositifs. Or, c'est précisément sur ce point que le CSAF a vocation à
intervenir en calibrant les différentes formes d'astrologies - par delà le
débat sur ce qui est ou non astrologique - et en refusant avant tout les
mélanges. Par exemple, un astrologue qui se sert des domiciles ou des
éléments ne peut pas, en même temps, recourir à la symbolique
zodiacale si ce n'est évidemment pour situer un astre dans l'espace ou
encore un astrologue qui situe les planètes dans les maisons
astrologiques ne peut pas les placer simultanément dans le zodiaque si
ce n'est, encore une fois, que comme simple repère non porteur de
signification, ou encore les aspects planétaires appartiennent à
l'astrologie mondiale et à la cyclonal, ils n'ont pas vocation à figurer
dans un thème de naissance.. C'est le mélange des genres qui plombe
l'astrologie. Mais par ailleurs, toutes ces méthodes qui doivent préserver
leur spécificité n'ont pas les mêmes fondements et il est souhaitable,
selon le CSAF, que les astrologues se rassemblent autour d'une citadelle
particulièrement puissante que nous appellerons l'Astrologie et qui sera
complétée et prolongée par que nous appelons para-astrologie, ne
serait-ce que pour des raisons économiques parce que la dite para-
astrologie répond à certains besoins auxquels l'Astrologie n'a pas
mission de répondre. Mise en place à dimension, si l'on veut,
prophylactique permettant de maintenir en place un ensemble
considérable sans payer un prix exorbitant pour ce faire et qui passe par
une certaine structuration socioprofessionnelle à deux étages.
L'on sera probablement surpris d'apprendre que les astrologues
ne sont point parvenus, du moins en Occident, à vivre l'astrologie au
sein d'une communauté ou d'une secte. Ils nous feraient plutôt songer à
des entomologistes qui décriraient le monde des fourmis en lui restant
extérieur ou en intervenant de temps à autre. Il est peut-être temps que
le milieu astrologique commence à vivre l'astrologie et pas seulement de
l'astrologie. C'est également un des objectifs du CSAF d'y veiller. Que
l'on nous entende bien : il ne s'agit pas de milliers d'individus vivant
l'astrologie chacun dans leur coin mais bien d'une astrologie au modèle
bien défini et qui régirait le mode d'existence d'une population non pas
de façon subconsciente mais conscientisée. Cela signifie organiser la vie
astrologique selon des normes astrologiques, ce dont le milieu
astrologique est actuellement bien incapable, ce qui prouve qu'il ne
prend pas l'astrologie bien au sérieux. Il ne s'agit pas de se mettre
d'accord sur ceci ou cela mais d'appliquer ce qui fait consensus dans la
direction du monde astrologique et il ne suffit pas pour cela de se
contenter de se réunir aux équinoxes comme on le fait notamment à la
Librairie Astres, à Paris. Que les astrologues montrent donc l'exemple à
gérant astrologiquement les affaires qu'ils ont en commun, c'est cela
aussi l'enjeu de la sociabilité astrologique. Assez parlé ; il est temps
d'agir ne serait-ce qu'autour de quelques principes simples et non plus
cette fois pour enseigner aux profanes mais pour pratiquer entre pairs.
La crédibilité de l'astrologie est aussi à ce prix..

Défense et illustration d'un modèle astrologique simple

Paradoxalement, plus l'on généralise et plus, en fait, on laisse de


marge aux praticiens. En revanche, plus le modèle se veut spécifique à
des cas particuliers, moins le praticien est mis à contribution puisque
tout le travail est mâché.
Dans le cas de l'astrologie, faut-il voir dans le dispositif le plus
généralement accepté une invasion du champ du praticien par le
théoricien ou l'inverse ? Dans les deux cas, nous aurions affaire à un
refus de dualité, à l'affirmation d'un champ unique, l'astrologie
thémique - ou thématologie - étant une hyperthéorie aussi bien qu'une
hyperpratique.
Quand on propose, lors d'un colloque astrologique comme celui
que le MAU organisa en octobre 2005 à Paris, autour du thème
"Astrologie. Conditions d'existence", de s'en tenir à un modèle
extrêmement simple aux applications multiples, il y eut une levée de
boucliers.
C'est d'ailleurs l'idée de découpage en phases relativement
longues qui fait problème à certains. Pour la plupart des astrologues,
épousant ainsi le point de vue des astronomes, en effet, le découpage en
phases, comme dans le cas du zodiaque, est une simple commodité
pour localiser les astres et non pas l'indication d'une durée au cours de
laquelle une certaine tendance se développerait. En effet, le temps de
l'astrologue moderne est des plus hachés et ne supporte guère des
clivages de temps de plusieurs années ou simplement de quelques mois.
Cet astrologue en question nous déclare qu'un événement, cela un lieu
un jour donné. Or, même la mort est parfois lente. Un événement, cela
se prépare, cela a des causes. Est-ce que les astres sont seulement là
pour donner le coup de grâce, lancer le alea jacta est, déclencher
l'irrévocable, l'irréversible ou bien au contraire constituent-ils la toile de
fond sur laquelle la liberté de l'individu s'exercera, à l'heure qui sera la
sienne ?
N'est ce pas un signe d'irresponsabilité que de prétendre que les
astres ont eu le dernier mot et que l'on n'y peut rien ? Nous penserions
plutôt que les astres esquissent, ébauchent un tableau que nous
complétons à notre guise, de par notre liberté. Autant insistons-nous
sur le fait que l'astrologie correspond à un état tardif de l'évolution
sociobiologie humaine, autant il nous semble probable que l'astrologie
ne fait qu'ouvrir des portes, nous aide à franchir des seuils. L'image la
plus évidente est celle de l'enfant dont la naissance n'est que
l'aboutissement d'un long processus, d'où le danger qu'il y a à privilégier
le moment de la naissance, surtout si l'on laisse entendre que tout se
joue alors quand, en fait, presque tout est déjà engagé au bout de neuf
mois, comme le soutient justement Michel Gauquelin. L'événement,
c'est la cerise, délicieuse ou empoisonnée, sur le gâteau et parfois les
choses n'aboutissent pas.
Or, les femmes qui constituent une part considérable de la
clientèle de l'astrologue, tant en cabinet qu'en classe, ont souvent un
problème avec la fin des dites choses ; elles ne savent pas "comment
cela va se terminer", elle veulent donc connaître le mot de la fin et c'est
pourquoi elles souhaitent avoir l'avis de l'astrologue ou du voyant :
l'événement, c'est le bout du bout. Ainsi sauront-elles avant ce qu'elles
ne devraient apprendre qu'après, post eventum. Fanchon Pradalier
témoigne :: " Les assemblées des congrès ou des stages de formation à
l'astrologie sont en majorité féminines et non professionnelles. Les deux
critères seraient-ils liés ? Toujours est-il que, dans ce domaine, comme
dans ceux des disciplines dites parallèles (...) les femmes se pressent plus
volontiers que les hommes. Est-ce inné ou par acquis culturel ? On sait
qu'elles sont plus intéressées que leurs compagnons par les choses de
l'âme, les secrets de la vie intérieure, la religion et la vie des cycles en
particulier"

La toute-puissante Tradition astrologique

Il y a deux façons d'appréhender le corpus ou le canon


astrologico-mythologico-astronomico-symbolique, l'une que nous
qualifierons de masculine se veut critique, elle implique des
remaniements, des restructurations, c'est l'approche d'un Kepler, d'un
Dom Néroman , d'un Michel Gauquelin, d'un Jean-Pierre Nicola, d'un
Dorsan, d'un Labouré, d'un Guinard et l'autre que nous qualifierons de
féminine est avant tout apologétique dans le style "ne touche pas à mon
astrologie !" et dont les représentants sont légion et dont nous citerons
certains intervenants au Colloque MAU 'Astrologie. Conditions
d'existence" (octobre 2005) avec le trio Billon, Alaïz, Héquet.
Dans les années soixante, l'on pouvait penser que l'approche
masculine allait l'emporter mais quarante plus tard, on ne peut que faire
le constat d'une domination de l'approche féminine de la Tradition, c'est
à dire un savoir sur lequel les hommes n'auraient pas droit de regard et
qui se situerait dans une sorte de transcendance symbolisée par la
référence au cosmos et aux astronomes qui en seraient les lecteurs
privilégiés voire les oracles infaillibles.
Selon notre grille anthropologique, la consécration et
l'idéalisation de la Tradition astrologique aurait pour principal objet
d'empêcher les hommes de prendre le pouvoir et l'ascendant dans la
société astrologique qui serait comme une réserve, une enclave où se
serait réfugié un féminisme radical. Comme dans un harem, les hommes
qui seraient autorisés à y séjourner devraient être préalablement, tels des
eunuques, châtrés, éventuellement par une mère abusive, castratrice.
D'ailleurs, nous pensons que si l'on faisait une statistique auprès des
hommes acceptant l'astrologie, à commencer par les astrologues ; nous
verrions que la proportion d'hommes dominés par leur mère serait
forte, imposant sans discussion ses desiderata, aussi bizarres soient-ils.
Comme déclarait Christian Fenninger, le président de l'Association
Française d'Astropsychologie, on ne va pas réinventer la brouette,
l'astrologie étant, à ses yeux, un fait acquis sur lequel on n'a pas à
revenir.
En fait, la Tradition, dans le cas qui nous concerne, serait le
principe masculin auquel les femmes se soumettent plutôt que de se
plier à l'autorité des hommes d'ici bas. Ces femmes ne veulent pas ou
plus être à la merci des théories et des systèmes des uns et des autres car
cela les déstabilise. En revanche, les astronomes trouvent grâce auprès
de ces dames, eux, dont les mains innocentes tirent périodiquement du
chapeau mythologique le nom d'un nouveau dieu pour baptiser un
nouvel astre.
On tolère néanmoins, dans cet espace gyno-astrologique, des
réformateurs au petit pied qui ne touchent à rien d'essentiel - maisons,
domiciles, aspects, zodiaque tropique - mais qu'on laisse bricoler à loisir
sur des points jugés mineurs du moment qu'ils maintiennent en l'état un
certain corpus à peu près immuable, comme Roger Héquet. En fait, ce
qui doit échapper absolument à l'approche corrosive des hommes, c'est
le sacro-saint thème natal avec son mode d'emploi bien établi.
Autrement dit, ce que l'on appelle le milieu astrologique aurait
pour principal enjeu non pas l'astrologie en tant que tel mais
l'établissement d'une société féminine n'étant pas troublée par des
empêcheurs de tourner en rond. Qu'en plus, une telle société puisse
gagner quelque argent par le biais de cours et de consultations, c'est là la
cerise sur le gâteau et ce n'est pas si important que cela, l'important
étant la création d'un espace de parole inaccessible au pouvoir masculin,
fondé sur l'ingénierie des systèmes. On ne fait plus appel aux ingénieurs
qui font trop sentir aux femmes à quel point elles dépendent d'eux. On
reste entre techniciennes qui font marcher la machine avec les moyens
du bord et qui s'en trouvent fort bien ainsi, selon l'adage : les mauvais
ouvriers se plaignent de leurs mauvais outils..
Le thème astral nous apparaît dès lors comme une sorte de
tuteur, dans tous les sens du terme : c'est lui qui apporte à l'individu sa
colonne vertébrale et c'est lui qui autorise celui-ci à engager telle action,
à tenir tel propos. Un tuteur autrement plus contraignant, au
demeurant, que l'homme et qui apporte ainsi à la femme l'animus qu'elle
ne veut pas demander ouvertement à l'homme. On dira donc que le
thème astral est censé jouer le rôle de l'animus de la cliente. En toute
équité, il est probable que l'homme puisse aussi avoir développé un
anima de substitution, de synthèse qu'il faut chercher hors du champ
astrologique et que l'on trouve notamment dans l'univers de la machine,
à commencer par la voiture. L'homme dans sa voiture, la femme face à
son thème astral..... Mais la femme a déjà cette attitude par rapport au
langage qu'elle a tendance à figer, ce qui explique ce paradoxe consistant
à présenter souvent l'astrologie comme un langage comme si c'étaient
les astres qui nous parlaient et comme si chaque planète, chaque signe,
chaque aspect, chaque maison étaient autant de mots diversement
conjugués ou déclinés. Les femmes n'aiment pas que l'on joue avec les
mots, les mots cela se respecte, n'est-ce pas, et on n'emploie pas un mot
pour un autre. Les hommes se permettent plus de fantaisie avec le
langage tout simplement parce que ce sont eux qui le créent, qui en
déterminent mais qui peuvent aussi en faire évoluer le sens, et c'est cette
liberté trahissant une supériorité qui est insupportable aux femmes.
Comme dans ces romans ou ces films de science fiction - dans le
style Mad Max ou Matrix - qui imaginent ce qui se passe après quelque
cataclysme, face à ce monde quelque peu décadent et jaloux de
préserver un savoir qui ne saurait être un instrument de pouvoir pour
ceux qui prétendraient le réformer, persistent néanmoins certaines
tentatives de maintenir un îlot de pouvoir ingéniérique masculin et il est
amusant d'observer une dialectique entre le M de MAU (Mouvement
Astrologique Unifié) et le F de FDAF (Fédération des Astrologues
Francophones), ce qui renvoie subconsciemment au masculin et au
féminin, d'autant que mouvement est un mot masculin et fédération un
mot féminin.
Il s'agit là d'appliquer une méthodologie que nous avons déjà
mise en oeuvre pour d'autres milieux (cf notre article sur la
représentativité de la communauté juive, sur le site hommes-et-
faits.com). Cela consiste à déterminer les véritables raisons qui
président à l'existence d'un groupe par delà les objectifs affichés. Les
personnes non prévenues qui rejoignent tel groupe se fient aux dits
objectifs et se retrouvent fréquemment en porte à faux avec la véritable
ligne du groupe, d'où une certaine conflictualité entre deux populations
au sein du dit groupe et qui tient à un double langage. Autrement dit,
l'astrologie n'est plus aujourd'hui un enjeu en soi pour une grande partie
de ceux qui militent en sa faveur, elle est un prétexte pour entretenir
une contre-culture anti-masculine d'où la présence massive des femmes
au sein de ses structures. Celui qui n'a pas fréquenté des réunions
astrologiques ne sait pas ce qu'est un monde dont les hommes sont
absents. Les femmes, pour leur part, savent très bien qu'il s'agit là d'une
oasis féministe au milieu d'un monde masculin. Il ne semble pas que cet
aspect ait été souligné par ceux qui ont étudié ce terrain, on pense à
Hubert Brun (dont le DESS est sur le site du CURA depuis 1999), à
Yves Lenoble, à Elisabeth Teissier, dans sa thèse de doctorat de
sociologie, soutenue en 2001, Situation épistémologique de l'astrologie,
Université Paris V ou encore à l'équipe constituée, au début des années
Soixante-dix autour d'Edgar Morin laquelle publia un Retour des
Astrologues, dans le cadre des Cahiers du Nouvel Obs', ouvrage qui
reparaîtra, augmenté, en 1982, sous le titre de La croyance astrologique
moderne. Pour notre part, l'anti-astrologie développe une argumentation
d'essence masculine et c'est là un enjeu qui dépasse le cas de l'astrologie.
C'est pourquoi le débat autour de l'astrologie doit être pris très au
sérieux.

L'astrologie comme régime

Selon nous, l'astrologie historiquement est apparue comme un


moyen de résoudre les conflits et il conviendrait qu'elle n'oublie et ne
néglige pas une telle vocation. Elle a vocation à prédire au sens de dire
ce qui doit être et à pourvoir dès lors que l'on a établi un agenda (c'est à
dire en latin, ce qui est à faire) et qu'on s'y tient. C'est d'ailleurs
seulement ainsi qu'elle se fera respecter dès lors qu'elle aura redécouvert
les raisons mêmes de son émergence.
Si l'astrologue intervient, c'est donc pour gérer au mieux une
crise récurrente. L'astrologie ne serait donc pas un point de départ mais
bien une formule élaborée à un certain stade et qui relèverait au départ
d'un certain artifice.
Cet artifice consiste à choisir un repère extérieur aux fins
d'introduire une structure, un ordre, dans tous les sens du terme.
C'est ainsi que la femme n'instituera son rapport avec la Lune
que tardivement, ce n'est nullement la Lune qui s'est imposée à elle mais
la femme qui a instrumentalisé la Lune aux fins d'y trouver un équilibre,
de réguler un fonctionnement.
Que dire donc de ces astrologues qui veulent tout inverser,
laissant entendre que les astres ont conditionné le vivant dès son
origine. ? Certes, s'il s'agit de parler de ce qui est commun à nous et au
vivant, au niveau des atomes. Mais il est ici question d'une autre
dimension qui relève de l'emprunt et non d'une filiation directe. Le
vivant se sert de son environnement pour se structurer bien plus qu'il
n'est structuré d'office par son environnement car en tout état de cause
il y a mille façons pour un même phénomène d'agir sur nous et c'est
nous, en dernière instance, qui en fixons les modalités, à notre
convenance. Nombreux sont les astrologues qui inversent la situation et
veulent que tout ce qui est planète doit ipso facto exercer une influence
structurante sur l'humain, sous prétexte que les hommes ont accordé
quelque importance à certaine configuration. C'est comme si apprenant
que sa femme a acheté un vêtement dans un magasin, son mari décidait
de lui offrir tout le magasin sans imaginer que celle-ci ait pu avoir ses
préférences et procéder par élimination. Autrement dit, si l'homme a
accordé un rôle à Saturne, pourquoi pas aussi à Neptune mais là on
butte sur une impossibilité puisque Neptune était une planète inconnue
de l'antiquité puisque invisible. On renverse alors les données : ce n'est
pas l'homme qui a choisi Saturne mais Saturne qui a choisi l'homme et
donc pourquoi Neptune n'en aurait-il pas fait de même à l'insu même
de l'homme ? On ne saurait assez insister sur le fait que les relations
entre les hommes et les astres exigeaient une très grande simplicité et
visibilité aux antipodes d'une astrologie moderne saturant l'humanité
d'une profusion de prétendues influences, sans plus s'interroger sur la
façon dont les hommes pouvaient gérer une telle profusion et à quoi
cela aurait pu leur servir. Décidément, l'homme astrologique fait songer
à un pantin dont on tirerait les multiples ficelles.
Nous dirons que l'approche féminine tend à considérer
l'environnement comme une totalité qui s'impose aux hommes alors
que l'approche masculine soutient que cet environnement ne concerne
l'homme que dans la mesure où il le veut bien et dans les conditions
qu'il aura définies. Il y a là, pensons-nous, matière à une nouvelle
approche de l'évolution des humains qui se situe dans le registre
symbiotique -processus qui fait l'objet d'un choix du partenaire- et qui
ne tient ni à une mutation préalable ni à un conditionnement non
contrôlé.
Présentons, pour illustrer et préciser la notion d'influence, un
exemple pris à la linguistique: entre l'anglais et le français, il y a d'une
part des mots en commun du fait d'une même origine indo-européenne
et des mots en commun du fait du recours massif de l'anglais au lexique
français. Il ne faudrait pas prendre l'un pour l'autre. Ce n'est pas tant le
français qui a agi sur l'anglais que l'anglais qui s'est imprégné du français
parce qu'il pensait, à tort ou à raison, y trouver son compte sans
d'ailleurs se douter qu'un tel lien pourrait, au delà d'un certain temps,
devenir irréversible.
La question est précisément de savoir si l'on peut décortiquer
l'astrologie sans la tuer. Nous pensons que chaque pièce de l'ensemble
astrologique peut voler de ses propres ailes. Les empires sont faits pour
se démembrer tôt ou tard, l'astrologie est un vieil empire qui a besoin de
se désagréger pour trouver un nouveau souffle.
La littérature astrologique

Grâce à la recension que nous avons reprise sur le site


Astroguide de Christophe Bussien et que nous avons complétée par
d'autres sources, notamment en incluant le corpus nostradamique, nous
pouvons tirer un certain nombre de conclusions. Nous avons adopté,
comme Astroguide, un ordre partant de 2005 pour remonter vers 1997.
Les Editions du Rocher occupent une place assez considérable
dans cette production grâce à la collection dirigée par Fanchon
Pradalier Roy, initiée par Germaine Holley, dont elle était très proche
et dont elle a célébré le centenaire de la naissance en 2004 en sortant un
DVD A chacun son soleil. Rencontre avec Germaine Holley ( Film de Fanchon
Pradalier et Hubert Roy, Ed. Univers-site). Du fait de la vente des dites
éditions - qui seront désormais liées aux éditions Privat à Toulouse-, il
semble que le secteur ésotérique fasse désormais l'objet d'une structure
séparée portant le nom d'Editions Alphée.. . Si les éditions du CEDRA
ont ralenti leurs activités avec un seul ouvrage paru depuis 1995 -on
pourrait en dire autant pour les Editions Traditionnelles, qui n'ont fait,
pendant cette période fait paraître qu'un seul ouvrage d'astrologie, mais
qui ont continué à publier la revue trimestrielle L'Astrologue. Une telle
observation vaut aussi pour Dangles ou pour Pardés. En revanche
AUREAS s'est montré plus actif que par le passé sur ce créneau. Quant
à Sep Hermés, il continue à publier annuellement les actes de ses
colloques, de façon artisanale.
Parmi les évènements marquants en ce domaine, signalons la
soutenance de la thèse d'Elisabeth Teissier, la nouvelle version du Que
sais je sur l'astrologie alors que l'article de J. Halbronn, datant de 1994,
quant à lui, était repris tel quel par la nouvelle édition de l'Encyclopaedia
Universalis. Maigre consolation, probablement, pour un auteur qui de
1998 à 2004 n'a publié que dans des conditions assez marginales, il est
vrai que sa production sur Internet a été tout à fait considérable sur les
sites du CURA ( Cura.free.fr), d'Hommes-et-faits. com et Encyclopaedia
Hermetica (ramkat.free.fr), depuis 1999 mais il s'agit généralement de
textes assez courts. Par ailleurs, le nom de Halbronn ne figure pas une
seule fois, même à propos de Saturne, dans les Actes des colloques
organisés par Lenoble pour la période étudiée. Force est de constater
son absence aux éditions du Rocher, chez Trédaniel ou chez Dervy.
Une telle éclipse rend d'autant plus remarquable la mobilisation du
milieu astrologique qu'Halbronn réussit à accomplir pour le Colloque
MAU de novembre 2004 et l’intégration du MAU lors des Journées de
la librairie Astres, en mars 2005 aux côtés de trois autres groupements
majeurs. En effet, pour la réalisation du présent Bottin, nous avons
consulté un grand nombre de sites et pu observer une sorte de
conspiration du silence à l'endroit du MAU tant et si bien qu'un
observateur un peu néophyte du milieu astrologique qui se serait appuyé
sur les informations disponibles dans les années 2002-2003 n'aurait
certainement pas pu prévoir le phénomène qui marqua toute une partie
de l'année 2004, à moins d'avoir pris connaissance du Guide astrologique
paru en 1997, d'avoir été voir sur le site du CURA, les actes du colloque
de décembre 2000 ou de s'être procuré le DVD L’épopée du MAU.
(réalisation Daniel Kubezyk, Ed. La Grande Conjonction, 1996). Que
dire si ce n'est que le milieu astrologique est fortement compartimenté
et clivé tout comme d'ailleurs l'est l'astrologie généralement pratiquée de
nos jours. ?
Beaucoup moins de traductions que pour la période précédente,
ce qui trahit selon nous le refus de la part des éditeurs de prendre des
risques du fait d'un investissement assez lourd tant pour l'achat des
droits que du coût d'une traduction.
En 2000, Yves Lenoble aura eu la satisfaction de pouvoir collaborer à
l'édition du Tétrabible de Ptolémée, portant le titre étrange de Livre
unique de l'astrologie de Ptolémée, Nil éditions (R.Laffont). Que penser de la
réédition, presque inchangée ; plus de 40 ans après, du Traité Pratique
d'astrologie (1960) d'André Barbault ?
Certains auteurs ont eu la cote en publiant pour cette période
deux ouvrages chez des éditeurs ayant pignon sur rue et qui publient
plusieurs auteurs et non pas un seul : Roger Héquet, passant du Rocher
aux éditions Dervy, Danièle Jay (Dervy), Hervé Delboy, aux Editions
Traditionnelles et avec Suzel Fuzeau-Braesch chez Albin Michel, Denis
Labouré chez Trédaniel et au Chariot d'or, Kléa au Rocher, Roger-
Benoît Jourlin chez Dervy, Daniel Giraud chez Dervy et chez
Trajectoires, Daniel Kunth, aux PUF avec Philippe Zarka et aux
éditions du Pommier, avec Edouard Collot; André Barbault, aux Ed. du
rocher et au Seuil, Elisabeth Teissier chez R. Laffont et chez Plon, outre
ses prédictions annuelles sans parler de Fanchon Pradalier-Roy qui était
bien placée pour paraître aux Editions du Rocher..
La période que nous couvrons ici, qui va de 1997 à 2005, a été
marquée par des événements médiatiques assez forts, excusez du peu :
l'éclipse du soleil de 1999 associée à un quatrain des Centuries, où
s’illustra le couturier Paco Rabanne, l'An 2000 et l'Ere du Verseau, le
passage dans un nouveau siècle (janvier 2001) et un nouveau millénaire,
la destruction des Twin Towers de New York en 2001 avec ce qui en
découla sur le plan militaire, le quatrième centenaire de la naissance de
Nostradamus (2003) sans parler, en France, de la dissolution du
Parlement en 1997 ou de l'étonnant second tour de l'élection
présidentielle de 2002 avec le maintien de Jean-Marie Le Pen. C'est dire
que l'astrologie individuelle s'est trouvée quelque peu éclipsée par
l'astrologie mondiale et plus généralement par le prophétisme. Il eut
convenu d'intégrer également certaines publications d'ouvrages sur
Internet, nous ne l'avons fait que ponctuellement, ainsi pour les
rééditions réalisées par l'Arbre d'Or de Philippe Camby ou le Manifeste
de Patrice Guinard qui a fait couler beaucoup d'encre (sur son site
Cura.free.fr) ; le terme Manifeste intitulant l'ultime chapitre des
Fondements et avenir de l'astrologie de Daniel Verney, D'ailleurs, le titre de la
thèse de Guinard évoque également cet ouvrage : L'astrologie : fondements,
logique et perspectives (thèse de philosophie, Université Paris I, 1993), le
dernier mot étant synonyme d'avenir.

Ouvrages astrologiques parus en français - y compris les


thèses et les actes de colloque- à partir de 1997

Nous avons intégré dans notre recension


bibliographique non seulement la littérature astrologique stricto
sensu mais aussi celle qui est relative au Tarot et à
Nostradamus, ce qui constitue une sorte de triptyque . que l'on
pourrait désigner par le sigle ATN et qui nous semble
constituer une entité en soi au niveau universitaire. Le point
commun à ces trois corpus, c'est d'une part, la dimension
prospective, d'autre part la symbolique du calendrier (cf
Kalendrier des Berger(e)s) qui a donné naissance, par
dérivation, au zodiaque, aux arcanes et aux quatrains mais
aussi selon nous à la mythologie et bien entendu aux
dénominations astronomiques..
Année 2006
Alexandra Beaumont., 2006, l'année du chien. Horoscope chinois. Ed.
Quebecor
Béatrice et Michel Noure, série Les signes du zodiaque. Les prévisions pour
2006, Paris, Ed. Vecchi.
Chris Semet Influences astrales. Horoscope 2006. Paris. Ed. Médicis
Didier Colin, Horoscope 2006. Les 12 signes. Editions n °1
Elisabeth Teissier Votre horoscope 2006., TV Magazine
Ginette Blais Horoscope 2006 Ed de Mortagne, Québec
Isabelle Teissier du Cros. Horoscope 2006. Marabout
Jacques Halbronn, Aquarius ou la Nouvelle Ere du Verseau, collectif, Ed.
L'arbre d'or (internet: arbredor.com
Jacques Halbronn, Le Livre blanc de l'astrologie, Boulogne (92), Axiome
Jacqueline Aubry, Horoscope 20006, Ed. Quebecor
Louis Haley, Prévisions 2006, Ed. Quebecor
Nguyen Ngoc-Rao, Votre horoscope chinois 2006, Paris, Ed. du
Dauphin
Po Bit-Na Votre signe astrologique chinois 2006, Paris, Ed. du Vecchi
Vicki Levine, Astrologie chinoise 2006. L'année du cheval de feu, Ed.
Quebecor

Année 2005
Patty Greemall et Cat Javor, Série Zodiaque, trad. de l'anglais, Paris,
Albin Michel
Philippe de Bailleul, Jean-Yves Espié, Françoise Miquel, Un si long chemin
astrologique, astrologie, psychiâtrie. Le destin est-il écrit?, Paris, Dervy
Jean-Pierre Wenger, Biographie. François Brousse, l'enlumineur des mondes, St
Cloud, Danicel productions.
Pierre Lassalle coll. B. Maffray, Manuel pratique de l'astrologie holistique. Les
bases du théme astral. Ed. de mortagne,
Marc Leguyon, La Lune et votre bien être, Paris, Albin Michel, 2005
Alexander Ruperti, Les cycles du devenir, Paris, Alphée, 2005
Anna Carlstedt, La poésie oraculaire de Nostradamus. Langue, style et genre des
Centuries. Cahiers de la recherche 28. Thèse Département de français,
d'italien et de langues classiques, Université de Stockolm et Université
Paris IV (en ligne sur le site diva-portal. org)
Marc Angel, Mieux se connaître par l'astrologie, Paris, Editions Solar-
Femme Actuelle.
Didier Colin, Capricorne, dixième signe du zodiaque, 20 ou 21 décembre-19
ou 20 janvier : horoscope 2006 Editions 1:
Didier Colin, Bélier, premier signe du zodiaque, 20 ou 21 mars-20 ou 21 avril
: horoscope 2006, Editions 1
Didier Colin, Balance, septième signe du zodiaque, 22 ou 23 septembre-22 ou
23 octobre : horoscope 2006, Editions 1
Li-Chang, Zentaho, Se connaître par l'astrologie chinoise, Editions Bussière>
Zane B. Stein, Chiron : essence et interprétation . Editions Sum,
Judy Hall, La bible de l'astrologie : le guide complet du zodiaque, trad. Antonia
Leibovici, Paris, Editions G. Trédaniel,
Elizabeth Teissier, Votre horoscope 2006 : année de dérives et de découvertes;
Editions XO
Isabelle Teissier du Cros, Votre portrait astral. 12 images, 12 regards, 12 rôles
à jouer, Marabout;
Régine Saint-Arnauld, L'astrologie des paresseuses, Editions Marabout,
Christine Haas, Bélier 2006 : 20 mars-20 avril, Editions Hors collection,
L'astrologie et la créativité, collectif, Ed. Sep Hermés
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André Barbault et al. série Zodiaque, Paris, Seuil
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Editions du Rocher,
Roger-Benoît Jourlin, Déterminisme universel et liberté humaine. Les aspects
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Dervy
Manfred Dimde, Nostradamus. France 2006, Ed Le Bord de l'eau
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Suzel Fuzeau-Braesch, Astrologie et connaissance de soi, suivi de Vos caractères
et vos étapes de vie interprétées par vous-mêmes, Ed. Agamat (91)
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L'astrologie et la mutation intérieure, Ed. Sep Hermés
Martine Lacoste; Interprétez votre thème astral, Outremont (Québec)
Ed.Quebecor
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Maurice, Ed. St Augustin
L’épopée du MAU & la vie astrologique des années 1974-1994), DVD,
Réalisation Jacques Halbronn et Daniel Kubezyk, Paris, La Grande
Conjonction- Bibliotheca Astrologica..
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étoile - Paris : les Éd. de Janus,
A chacun son soleil, rencontre avec Germaine Holley, astrologue, DVD réalisé
par Fanchon Pradalier et Hubert Roy Ed. Univers Site..
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Andrée Destre Psychologie, astrologie et pratique d'après la philosophie du
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Michel Tabet, Le rêve éveillé astrologique Voyage dans les profondeurs de soi.
Voyage dans les profondeurs de soi, Paris; Edition : De Vecchi
Bernard Baudouin, Dictionnaire de l'astrologie, Paris, Ed. de Vecchi
Daniéle Jay, Ciels et destins - L'Astrologie des Directions primaires, Paris,
Editions Dervy,
Jacques Halbronn Problématiques d'automatisation et de cyclicité en astrologie.
Autour du statut épistémologique de l'astrologie, site hommes-et- faits.com
Alexandre Y. Haran, Le lys et le globe.Messianisme dynastique et rêve impérial
en France aux XVIe et XVIIe siècles, Seyssel (01), Ed. Champ Vallon
Philippe Dorbaire, Astrologie au quotidien. Paris, F. Lanore, F. Sorlot

Année 1999
Roger Prévost, Nostradamus, le mythe et la réalité, Un historien au temps des
astrologues, Paris, Ed. Robert Laffont
Robert Graffin. Les secrets de Salomon, p239, Meaux, 1998
Georges Osorio, L'astrologie face à la science moderne , Paris, R et C Bouchet
1999,
Bernard Chevignard, Présages de Nostradamus, Présages en vers 1555-1567;
Présages en prose 1550-1559, Paris, Seuil
Les aspects dans tous leurs états. Collectif. Ed. Sep Hermés
Pluton et son symbolisme, Ed. Sep Hermés
Jean Dupébe, Médecine, astrologie et religion à Paris. Antoine Mizauld (ca
1512 -1578), thèse d'Etat, Université Paris X
Paul Bernard-Decroze, Les blasons astrologiques, Paris, Ed. Du Rocher.
Françoise Champion et Martine Cohen, Sectes et démocratie, Le Seuil.
Patrice Guinard, Astrologie: Le Manifeste, site Cura.free.fr (à partir de la
thèse de 1993)
Claire Santagostini, Astrologie globale, Fondements et pratique, Paris, Ed.
Traditionnelles.
Jacques Halbronn, Le texte prophétique en France. Formation et fortune.
Thèse d'Etat. Université Paris X. (diffusion sur microfiches dans les
bibliothèques universitaires de France)
Catherine Aubier, Comment les séduire selon leurs signes zodiacaux, Paris,
Arthemuse
Jean-Pierre Nicola, Du logoscope au RET en questions, COMAC
Philippe Cornu, L'astrologie tibétaine, Paris, G. Trédaniel.
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autres, Paris, Albin Michel., :
La Science des cieux, sages, mages, astrologues, collectif, dir R. Gyselen,
Groupe pour l'étude de la civilisation du Moyen Orient, Res orientales XI,
Bures. Yvette
Pierre Lasalle, Astrologie et relations humaines ed de Mortagne, Québec
Marie, Marczak, Dialogue de planètes, Paris, Editions Auréas
Emmaniuel Le Bret, Uranus et l'éveil spirituel - Un éclair d'absolu dans notre
Espace de liberté; Paris, Dervy
Michel Aguilar, Fondements Spirituels de l'Europe ou Histoire de l'Evolution des
Conscience, Préface de Henri de Lassus, Castanet Tolosan (31), Editions
Michel d'Orion,
Denis Labouré, Astrologie hindoue, Paris, EditionsTrédaniel,
Marie Couturiau, Votre année 2000 signe par signe, Paris, Editions du
Rocher
Shanti Jeannot, Destin et Liberté (Saturne et l'Axe du Dragon), Paris, ,
Editions Présence,
Patrick Giani, Les trois dimensions de votre thème astra, Paris, Editions du
Rocher,
Ngoc-Rao Nguyen, Astrologie chinoise authentique, Paris, Editions du
Dauphin,
Eric Berrut, Les parents dans le thème astral de naissance, Paris, Editions R.
et C. Bouchet,
Elizabeth Teissier, Le passage de tous les dangers, Paris, Editions Robert
Laffont
Valétie d(Armandy, L'impact astral, Paris, Editions F. Lanore,
Richard Idemon, A travers le miroir, Paris, Editions du Rocher
Gabriéle Vanin, Les grands phénomènes célestes, Editions Gründ,
Milan Spurek, L'astrologie, Editions Gründ,
Iréne Andrieu, Lecture karmique du thème natal, Paris, Editions du Rocher,
Suzel Fuzeau-Braesch et Hervé Delboy , Comment démontrer l'astrologie,
Päris, Editions Albin Michel,
Liz Greene, Planètes extérieures et cycles collectifs, Paris, Editions du Rocher
Fouzy Hamici 2000 Le premier horoscope du troisiéme millénaire. Préface de
J. Halbronn, Paris, France V.
Jean-Patrice Boudet, Le recueil des plus célébres astrologues de Symon de
Pharés, Paris, H. Champion
Franz Cumont, L'Egypte des astrologues, Puiseaux, Ed Pardés.
Michael Delmar, Symboles de l'astrologie, Paris, Ed. Assouline
Jean Hièroz, L'astrologie selon Morin de Villefranche, Paris, Ed.
Traditionnelles
Laura Winckler, L'Ere du Verseau. Défis pour les temps à venir Les Editions
des 3 monts (89)

Année 1998

Marie Delclos, Le grand livre des pouvoirs de la Lune, Paris, Ed. Trajectoire
Georges Muchery, Magie astrale des parfums, Ed du Chariot (28)
Images et représentations. Actes du colloque d'avril 1998, COMAC
Sylvie Chermet-Carroy, L'astrologie médicale, Paris, Trédaniel
Andrée Destre et Dr Bernard Boufflers, Le profil astro-homéopathique.
Application bucco-dentaires, Préface Pr. R. Zissu. Embourg, Ed. M.
Pietteur, 1998

Les maisons. L'interprétation du thème sous l'angle des maisons astrologiques en


natal et en dynamique, collectif, Ed. Sep Hermés
Prophétes et prophéties au XVIe siècle. Intr. Robert Aulotte, Cahiers V-L.
Saulnier, Paris, Presses de l'Ecole Normale Supérieure,
Jean-Pierre Nicola et Joanne Esner, Le grand livre de l'astrologue, Paris,
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André Barbault, Prévisions astrologiques pour le nouveau millénaire, Dangles
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Robert Gouiran et Francine Mercier, L'astrologie des trajectoires de vie
Paris, Ed Du Rocher
Martine Barbault, Méthode d'interprétation en astrologie, Paris, Ed.
Bussière,
The Rosicrucian Ephemeris, Ed des Beaux Arts, Lodéve (34),
Version 2001-2060 et version 1921-2040
Didier Lustig, Répertoire des enseignants en astrologie 1998, édité par la
Fédération des Astrologues Francophones
Johanna Paungger et Thomas Poppe, Vivre en harmonie avec la Lune.
Santé et rythmes naturels. trad. de l'allemand, Paris, Trédaniel, 1998
Sylvie Hyvrier, Astro-économie, mod d'emploi. L'outil astrologique au service de
l'économie et de la finance, Paris, Trédaniel
Nocam, Nostradamus. Premier décodage daté.
Neptune et son symbolisme, collectif, Ed. Sep Hermés.
André et Anne Barbault, Astralités des femmes illustres, Paris, Editions du
Rocher,
Sophia Makariou, Intr. Exposition, L'apparence des dieux; Astrologie et
astronomie en terre d'Islam. Musée du Louvre, Paris
Raymond Mercier, Absolu et relativité en astrologie,
Marynie Rose, Les écrits prophétiques de Nostradamus, Lyon, L'Hermés
(tome II, 2000, tome III, 2002)
Laurence Fritsch-Griffon, L'invitation aux étoiles. Une dimension spirituelle
de l'astrologie, Paris, La Table ronde
Aimée André, Astrologie spirituelle. Ethique et pratique, Paris, Editions du
Rocher
Jean Dethier, Astrologie indienne, Editions Pardès (45), coll. "B.A.-B.A.",
Bill Tierney, Dynamique des aspects astrologiques, Paris, Editions du Rocher
François Guiraud, Les Révolutions solaires et lunaires, Paris, Editions du
Rocher
Pierre Delmas, Nouvelle approche des aspects astrologiques, Paris, Editions du
Rocher
Astrid Fallon, Cycles et calculs astrologiques, Paris, Editions du Rocher,
Denise Huat, ABC de l'astrologie indienne, Paris, Jacques Grancher
Philippe Granger, La Lune noire et les destins de Vénus, Astrologie
psychanalytique. Séminaires 2 et 3. Présentation Paul Houdaille, Paris, Ed.
du Rocher
Astrid Fallon, Ephémérides graphiques et prévisionnelles 1920-2040, Paris,
Ed. du Rocher
Astrid Fallon, Cycles et calculs astrologiques. Aide-mémoire pour l'étudiant et le
praticien de l'astrologie, Paris, Ed du Rocher
Patrick Jarnoüen de Villartay,Astrologie science du futur. Fin d'un monde et
psyché du futur, Agnières(80), JMC Editions
Placidus, Primum mobile, trad. de l'anglais par C. Besset- Lamoine,
Préface Giuseppe Bezza, Introduction Robert Amadou, Paris, Ed.
FDAF.
Année 1997
Astrologie, une science en marche; Colloque Paris juin 1997, Ed. COMAC
La Synastrie. Les comparaisons de thèmes en astrologie, Collectif, Ed Sep
Hermés
Firmicus Maternus, Mathesis, trad. du latin par ????, Paris, Belles
Lettres
Paule Ricart, Avignon joyau de l'ordre cosmique, Editions Nouvelles
d'Avignon
Sylvie Chermet-Carroy, L'astrographologie, Marabout
Michel Mirabail et Philippe Hugon, Toulouse zodiacale, Toulouse, Privat
Michel Chomarat, dir. Nostradamus et le discours transmis, Lyon, Chomarat
(Colloque "la transmission du savoir au XVIe siècle, Salon de Provence,
1994)
Collectif, Cahiers d'astrologie n°1, Paris, Ed. Du Rocher.
Daniéle Jacquart et Claude Thomasset; Lexique de la langue scientifique
(Astrologie, mathématiques, médecine), Paris, Klincksieck (collaboration de J.
P. Boudet, Th. Charmasson et al.)
Eric Arésu de Séui, La Planétique, une nouvelle psychologie, Paris, La Pensée
universelle
Uranus et son symbolisme, collectif, Ed . Sep Hermés
Michèle Raulin. L'heure du corps. Une astrologie de la santé. Paris, Editions
Dervy,
Jacques Pialoux, L'Ame du Dragon, Fondation Cornelius Celsus éditeur,
Florencce Mothe, Faites naître votre enfant sous une bonne étoile
J. C. Delafons et M. Gay, Au delà des limites: médecine et astrologie, Paris,
Dervy
Hadés, L'âge noir ou la fin des temps, Ed. Hadés.
Liz Greene et Howard Sasportas, Le développement de la personnalité,
Ed. du Rocher
Laetitia Defranoux, Rythmes de la Lune, Paris, Rocher
Catherine Aubier,Le livre de vos affinités astrales , Paris, Ed. Solar
Denis Labouré, L'astrologie traditionnelle, CIREM,
Shanti Jeannot, Pleins feux sur votre ascendant, Paris, GuyTrédaniel,
Vishwanath Shastri, Jyotish, l'astrologie de l'Inde, vol.3 (Dashas), Vol 4
(Yogas), Ed. Shastri
François Guiraud, Symbolisme et interprétation des Noeuds lunaires, Paris, Ed
du Rocher
Raphaël Ibanez, Cours d'interprétation, Paris, Ed. du Rocher,
Denis Labouré, Les Origines de l'astrologie, Paris, Ed. du Rocher,
Charles Caruanan, La Technique des maisons dérivées, Paris, Dervy,
Roger-Benoît Jourlin, Le Cercle astrologique, Paris, Dervy,
Iréne Andrieu, Techniques de base de l'astrologie, Paris, Ed. du Rocher,
Liz Greene & Howard Sasportas, Les Planètes intérieures, Paris, Ed. du
Rocher,
Michel Groleau, Les Maîtres des maisons astrologiques, Ed. du Roseau,
Didier Blau, La Lune, face cachée de votre personnalité, Ed. Anne Carrière,
Théo Montera, Le Traité pratique d'astrologie médicale, Paris, Ed. du
Rocher,
Michéle Raulin, L'heure du corps. Une astrologie de la santé, Paris, Dervy,
Nguyen Ngoc Rao Votre horoscope chinois 1998, Paris, Denoël,
Jacques Halbronn, Guide astrologique. Associations, astrologues, librairies,
conférences, Paris, Laurens.
Gilles Verneret, Les Degrés existentiels, Paris, Rocher
Catherine Aubier L'astrologie et la vie affective, Paris, Solar
Marielle et André Garel, Le Scorpion, dans tous ses états ou synchronicité et
astrologie autour de François Mitterrand, Paris, Ed. Traditionnelles.
Jean Richer, L'astrologie source d'inspiration de Hugo à Lorca, Paris, Trédaniel
J.P. Paquet, Le zodiaque et l'enfant, Paris, Ed. Sorlot-Lanore
Joëlle de Gravelaine, Dieux et héros du zodiaque. Quans la mythologie et
l'astrologie se rencontrent, Marabout
Et s'il n'y avait pas de guide MAU...

Imaginons le monde astrologique français sans les Guides MAU


qui sont parus depuis vingt-cinq ans et qui font du M de MAU l'initiale
de Mémoire. On peut aussi se demander où en serait le milieu
astrologique s'il n'y avait pas une centaine de colloques organisés au
cours de trente dernières années en pays francophone.
Le Guide comme le Colloque sont des espaces à partager, où il
faut cohabiter. On est là en pleine horizontalité en ce que l'astrologue
n'est pas tout seul face aux non astrologues comme dans la verticalité.
Dans le colloque, l'intervenant sait qu'il ne va pas répéter ce qu'a
dit l'intervenant qui l'a précédé, ce qui peut d'ailleurs l'encourager à faire
preuve d'originalité. En fait, dans le colloque, il est demandé de se situer
les uns par rapport aux autres. L'astrologue de colloque astrologique est
moins enclin au monologue, au cours magistral que l'enseignant en
astrologie qui part du principe que son auditoire en sait moins que lui.
Dans le guide, on doit accepter une certaine promiscuité, on ne
souhaite pas figurer avec des professionnels à la réputation douteuse.
Mais dans le Guide, on est un parmi d'autres, on n'incarne pas
l'astrologie à soi tout seul.
Mais le Guide est aussi une mémoire. Non seulement, on n'est
pas tout seul mais on n'est pas le premier à avoir fait quelque chose en
astrologie. Il y en a eu d'autres avant qui ont montré le chemin et dont
on a compris les leçons.
En fait, la plupart des guides astrologiques sont hypothéqués
soit par le critère de l'argent qui conditionne la présence d'Un Tel, soit
par le critère d'adhésion à une structure, soit par les sympathies ou
antipathies du responsable. Pour nous un guide ne doit pas dépendre de
l'accord des intéressés ni d'ailleurs accepter d'office toute candidature.
L'information du guide doit être recoupée et ne doit pas dépendre
exclusivement de ce qui arrange les uns ou les autres car la somme de
ces diverses déclarations donne rarement quelque chose de cohérent et
de complet. Il convient de signaler la parution depuis 1983, du Guide des
Voyants et des astrologues d'Agnés Mathon et Elisabeth Alexandre (Ed.
Philippe Lebaud) donc un an avant le Guide de la Vie Astrologique -
étrangement, ces deux ouvrages ont le même sigle GVA. Ce Guide
concerne les praticiens et fonctionne peu ou prou comme un Guide
Gault et Millau, à savoir que les auteurs ont testé les facultés et
performances divinatoires des astrologues et voyants, les notant au
moyen de diverses icônes. L'on est passé chez le même éditeur (Kiron-
Philippe Lebaud) au Guide des Voyants d'Anne Placier, avec en sous-titre
"Voyants, astrologues, tarologues, numérologues. Les bonnes et les
mauvaises adresses". ¨ Pour mémoire, on mentionnera le travail
d'Evelyne Faure, Guide de l'Espace Bleu 1988-1989 (-Ed. de l'Espace Bleu)
qui recense les projets d'activité dans le domaine du "développement
personnel et de l'éveil spirituel", ce qui fait quand même plus chic que
"voyants et astrologues", les astrologues se trouvant là en meilleure
compagnie, au regard de certains préjugés. Certains praticiens n'hésitent
pas à se référer à la notation ainsi obtenue dans leur publicité. A
contrario, le Guide de la Vie Astrologique cherche avant tout à noter le
dynamisme associatif et intellectuel des membres du "village"
astrologique et ne se prononce pas sur les qualités ayant trait à la
consultation.
Les publications périodiques

Il ne faudrait surtout pas croire que les livres parus épuisent la


matière astrologique. Cependant, certaines éditions associatives ont pu
publier des textes qui n'auraient pas été accepté par des éditeurs plus
importants et moins en phase avec un public spécialisé. Il faut
impérativement faire la part des articles parues dans des revues papier
ou web, ce qui est d'ailleurs parfois plus aisé. En effet, en passant par
Internet, l'on a non seulement l'information mais l'on peut aussi accéder
à ce qui est ainsi indiqué, sans avoir à trouver puis éventuellement à
acheter l'ouvrage recherché. Depuis la dernière édition du Guide
Astrologique, (1997), Internet a envahi la vie astrologique. Parmi les
principales revues trimestrielles papier actuellement sur le marché, et qui
font l'objet d'un dépôt légal, donc consultables à la Bibliothèque
Nationale de France (site Mitterrand), on signalera la revue du RA0,
Trois sept onze, à Lyon, la revue de la FDAF, à Nantes, La Lettre des
astrologues, la revue du CEDRA, Astralis, à Lyon, la revue des Editions
Traditionnelles, L'Astrologue, à Paris, la revue de Jupitair, Ganyméde, à
Montpellier, la revue du RAH, Idées et Semences, la revue du COMAC,
dans le Var, les Cahiers Conditionalistes, Trigone, la revue de la SFA, à Paris,
Urania, la revue d'Arielle Aumont, à Rennes, qui cherche un
continuateur, pour des raisons de santé.. Parmi les principales revues en
ligne, il y a la revue du CURA (cura.free.fr), à Toulouse, qu'il faut aller
consulter sur le site, la revue mensuelle du MAU, à Paris, La grande
conjonction (grande-conjonction.org), envoyée à tout le monde
gracieusement et consultable à partir de la maquette reçue par mail, les
Cahiers d'Univers Site ou mercuriels qui impliquent un abonnement.
Après un premier essai sous le titre Etoile & planète, sur le site
astrofred.com ; GC (Grande Conjonction) fut fondée en 2004 - avec l'appui
technique de Dan Danicel, le webmaster - mais reprend un titre que le
MAU utilisa pour sa revue dans les années 1977-1978 ; à terme, GC qui
envisage de comporter une partie audiovisuelle de plus en plus
marquante, possède déjà des galeries de photos ; elle est envoyée
d'office à un grand nombre de personnes mais on peut aussi la
consulter sur le site grande-conjonction.org. Christophe de Céne a lancé
un magazine astrologique en ligne : astrologue.org.
Notons que la plupart des revues ont numérisé les sommaires de
leurs numéros successifs et les ont mis en ligne, comme c'est le cas de la
Lettre des Astrologues, d'Urania Magazine (voir sur le site de la FDAF), de
Trois sept onze, d'Ayanamsa, des Cahiers du
RAMS<http://www.aureas.org/faes/francais/ramsfr.htm> , des
Cahiers Astrologiques (sur <http://www.astrofaes.net> etc. On trouve
certains de ces sommaires ou des liens vers ces revues sur
astroguide..net : Astralis, L'Astrologue, Astrologos, Astrospirale, La Recherche
astrologique, Trois sept onze, Urania Magazine, Surya
Voilà qui permet à un article d'être signalé à la connaissance d'un
chercheur, qui n'a en fait qu'à passer par google en mettant le nom d'un
auteur ou celui d'un sujet ou celui d'une revue. On n'a plus d'excuse de
nos jours d'être mal informé même s'il s'agit de publications peu
diffusées. En ce qui concerne les revues papier, elles sont censées faire
l'objet d'un dépôt légal à la BNF sinon l'on s'adresse à la revue en
question pour recevoir une photocopie de l'article repéré, et pour ce qui
est des publications en ligne, on se sert soi-même.
Il existe évidemment, par ailleurs, des revues commerciales
vendues en kiosque, dont une des plus proches des milieux
astrologiques est Astrologos, dirigée par Pascale Bergeron, à Villeurbanne,
qui vient d' annoncer sa suspension. Une mention particulière doit être
faite concernant les publications de l'Institut National des Arts
Divinatoires de Y. Sissaoui, Inad Consommateurs et Destins, apparences et
réalités, visant à assainir les milieu des voyants et des astrologues.
Les autres revues se caractérisent par une publicité assez
envahissante et qui curieusement n'est pas le fait d'astrologues mais de
toute une population de voyants et de marabouts. Si les articles sont
presque tous à caractère astrologique, on dirait qu'ils ne sont que le
prétexte à l'offre d'autres services que ceux qui font l'objet des dits
articles (Astres, Horoscope)

Forums et sites

Après l'ère de l'informatique qui donna les interprétations par


ordinateur et les logiciels de calcul de thèmes, on est passé à l'ère de la
communication électronique (Internet, e mail), d'où des sites et des
forums astrologiques, des revues en ligne. Le choc informatique a
modifié sensiblement le métier d'astrologue ainsi que la formation
d'astrologue qui s'articulait en grande partie sur l'acquisition des
techniques de dressage du thème. Le nombre des autodidactes en
astrologie a certainement augmenté, d'où une plus faible scolarisation et
socialisation des nouvelles recrues.
L'on peut dire qu'Internet favorise les activités underground et
quelque peu marginales. Lorsque l'on s'inscrit à un forum ou liste de
diffusion l'on reçoit d'office sur son mail quotidiennement des
quantités de message même s'ils ne nous sont pas directement adressés.
Il est conseillé d'avoir une adresse internet exclusivement consacrée à
cet exercice. Précisons que l'on ne peut intervenir sur de telles listes sans
inscription, soit gratuitement ( Espace de parole de la FDAF, Astro-
salon, astromedia.org/leforum/ ; ACB (astro-
chronobiologie@yahoogroupes.fr ) de Roger Héquet ; Astroariana,
Astro-salon, Nostradamus-Research-Group@yahoogroups.com, de
Peter Lemesurier (en anglais) ; http://astrologie-libre.org/ etc) soit
selon certaines modalités (CLE, Univers-site, BibliothequeNostradamus
@yahoogroups.com).
Les sites les plus intéressants sont ceux qui s'articulent sur une
publication périodique. On peut y contribuer par l'envoi d'articles alors
que sur les forums, les messages sont généralement plus brefs et plus
interactifs.
On surfera ainsi d'un site à un autre en se servant des "liens" où
il suffit d'appuyer pour zapper sur un autre site. Chaque site a ses astro-
sites amis, recommandés, ce qui constitue des réseaux. En fait, l'on peut
se demander si une telle activité sélective n'est pas un enjeu important
pour les responsables de sites lesquels procèdent ainsi à une sorte
d'élection des meilleurs sites. On n'imagine pas un tel procédé
concernant autre chose que ce qui est en ligne. En pratique se
constituent des espaces multisites qui évitent d'aller se perdre dans la
jungle du net. L'on se rend sur l'un de ces complexes - comme il en
existe de plus en plus pour le cinéma- et l'on peut ainsi accéder à un
bouquet de sites et y accéder par un simple clic. Se mettent ainsi en
place des circuits de distribution, comme pour les films. Il ne suffit pas
de créer un site, il faut qu'il soit signalisé par une centrale (par exemple
le "site de l'astrologie francophone", Astromedia.org), faute de quoi son
impact risque d'être bien faible et cela vaut bien évidemment en ce qui
concerne tout événement astrologique organisé, lequel devient un sous-
produit du site. Plus un site est lui-même porteur, carrefour de
différents sites, plus il a des chances d'être fréquenté et donc plus il
acquerra quelque influence en tant que lieu de passage. En outre, l'on
n'a pas à avoir l'accord d'un site pour informer de son existence ou
même pour diriger les gens vers lui, comme si l'on pouvait proposer un
bouquet de chaînes de télévision sans l'accord des dites chaînes.
Soulignons-le : ces sites ne se contentent pas d'informer, ils permettent
de se brancher immédiatement, au choix, sur chaque site choisi par
l'utilisateur qui n'a même pas à connaître précisément les coordonnées
du dit site, mais appuient sur un nom ou un logo ; autrement dit, pour
cet utilisateur, ces sites font partie de facto du site auquel il s'adresse.. Le
site disposant d'un moteur de recherche astrologique intégré est
assimilable à un poste de télévision où il suffit de presser sur une
touche.
.
On donnera ici quelques exemples de ces bouquets de sites
astrologiques :

Bouquet de la FDAF :
1 les sites AEDAC, AGAPE, COMAC, CURA, FAES,
RAMS,RAO, Sep Hermès, Univers Site et Astrological
Association of Great Britain.
2 Les forums : Ariana (Richard Pellard), Milieu du Ciel (Laurence
Larzul), Langage des astres (Josette Bétaillole), Ciel Intérieur (Laurence
Allaire), Univers site.(Fanchon Pradalier)
On note l'absence de certains forums comme La Cle du CEDRA, ou
ceux de Marie-Christine Sclifet et de Roger Héquet.

Bouquet du Ciel Intérieur :


FDAF, CEDRA, AGAPE, Jupitair, FAES, Planet-astro, Sep Hermés,
CEDRA, CRET, Astroguide

Bouquet d'Univers Site


sites d'André Barbault, Auréas, Astrid Fallon graphics, Astrologie
sensitive, CEDRA, CURA, FDAF, Grande conjonction, Khaldea,
Pronoia, Ramkat, Rams, RAO, RAH, Sep Hermés, Astro.com, "Savoir,
imaginer, croire" (Hervé Delboy), CEBESIA, CRET, librairie Astres
etc,

Dans Astroguide, Christophe Bussien propose de voter sur les


candidats suivants :
CEDRA, AEDAC, AGAPE, "Apprenez l'astrologie" ( Labouré),
Ariana, COMAC, FDAF, Jupitair, Echelle Humaine, Milieu du Ciel,
Maison 9, RAO, Sep Hermès, ULACB

Bouquet de Scarabelli.org
Cette sélection est plus motivée (cf sur le site) qu'une simple liste de
sites :
CEDRA (Cle), RAO, FDAF, CURA, Sep Hermés, Astrocours
(Labouré), Pleiade astrologique, Fallon Astro-graphics, Renaissance
Astrology, Astroguide (Bussien), Auréas Informatique, Asturgie (Marin
de Charette); Voie du milieu, Emmanuel le Bihan (courses).

A un niveau plus international et plus académique , nous


recommandons les "liens" du site du CURA.free.fr. de Patrice Guinard,
là encore, il n'y a plus qu'à cliquer..
Face à ces sites polyvalents qui font écran entre un créateur de
revues ou d'évènement, la seule parade, pour un nouveau site ou pour
un site mal référencé, est d'essayer de toucher directement les intéressés
potentiels au moyen de l'envoi de mails. Mais de plus en plus, les gens
ne lisent plus de tels messages et ne vont sur les sites que par le biais de
ces centrales qui leur assurent confort et sécurité face à une trop grande
profusion de sollicitations, on passe ainsi d'une extrême à l'autre. D'ores
et déjà, certains se servent du net comme d'un repoussoir. D'où l'intérêt
d'en revenir au support papier, plus en amont, en haut de gamme, dans
cette guerre de l'info qui d'ailleurs a commencé précisément par la
parution papier de certains guides comme ceux que nous avons mis en
circulation depuis les années Quatre Vingt.
Le même phénomène de concentration peut s'observer en ce
qui concerne les logiciels (comme Auréas) lesquels se doivent de tout
comporter : on y trouve bien entendu un calcul quasi instantané du
thème de naissance, avec prise en compte des problèmes horaires mais
aussi toute une banque de données (DN) intéressantes de personnages
connus, d'événement significatifs et là encore, le travail est mâché. Un
conférencier peut bâtir son exposé sur des cas qui lui sont fournis dans
son logiciel, ce qui lui évite de perdre du temps. On a tout compris.
C'est la méthode des grands magasins, on y "trouve tout" sur place
(comme à la Samaritaine).. Cela dit, comme nous l'a expliqué José
Gonzalez (Logistel), tout passera bientôt par internet en recourant au
téléchargement, éventuellement pour des durées limitées d'utilisation.
Plusieurs sites fournissent des dates de naissance de personnages
connus, comme astrotheme.fr qui en propose près de 30.000, classés
par domaine d'activité, ce qui peut nourrir diverses recherches
statistiques.
DEUXIEME PARTIE

Une nouvelle Histoire de l'astrologie


Il y a deux façons d'aborder l'Histoire et la genèse de l'astrologie
- mais cela vaut aussi pour l'histoire des langues et des textes - à savoir
considérer qu'il y a un fait initial qui se dévoile et se développe
progressivement ou bien qu'il s'agit de divers éléments qui sont
combinés ou se combinent pour former un système, dont la vocation
est justement de faire cohabiter et coexister des éléments épars. On en
arrive ainsi, entre les différentes écoles, à des datations extrêmement
différentes quant à l'émergence de l'astrologie, avec plusieurs millénaires
voire dizaines ou centaines de millénaires d'écart, selon que l'on veut
rechercher l'apparition d'un phénomène à l'origine ou à l'issue d'un
processus. On observe d'ailleurs, toutes proportions gardées, les mêmes
disparités à propos de la datation des Centuries de Nostradamus. La
question est de savoir si l'on a introduit de la diversité dans le modèle
ou si, au contraire, le modèle gère une diversité antérieure, question qui
fait sens également sur le plan anthropologique à propos de la
sexuation. Cette opposition est particulièrement manifeste dans les
discours de Patrice Guinard et de Jacques Halbronn, l'un préférant la
thèse d'une unicité matricielle et l'autre celle d'une unité à construire au
prix de choix aléatoires et/ou de synthèses artificielles.
Un tel débat tourne en fait autour de l'instrumentalisation dont il
convient de cerner la problématique : instrumentaliser, c'est calquer,
c'est donc dédoubler, au fond c'est conférer à l'objet une sorte
d'ubiquité, de double. C'est peut-être cet étrange dédoublement que
l'astronomie reproche à l'astrologie de lui avoir fait subir, en n'en
gardant qu'une enveloppe. L'astrologie serait un sosie bien dérangeant
avec lequel on risquerait de confondre l'astronomie, par une sorte
d'imposture. Au fond, l'astrologie pourrait être accusée de plagiat, de
piratage, cette atteinte apparemment indolore puisque l'objet ainsi capté
ne disparaît pas, à la différence d'un vol classique. ...
Quand on calque - et le terme vaut aussi en linguistique - il
s'agit de récupérer une certaine forme en faisant abstraction du fond ou
en supposant que par la forme on accède ipso facto au fond comme
lorsque l'on dit que si telle planète a des reflets rouges, c'est qu'elle doit
être la demeure du dieu de la guerre, Mars. Celui qui imite a besoin de
croire que son modèle ne bougera pas et l'instrumentalisation relève du
mimétisme, l'on veut s'approprier certaines vertus de l'objet imité, ce qui
est justement le cas de l'homo astrologiques quand il a voulu se conformer
au rythme du cosmos en choisissant pour cela un certain cycle parmi
tous les cycles possibles. Mais si l'astrologie a instrumentalisé
l'astronomie, en n'en gardant que ce qui lui convenait, l'astrologue,
quant à lui, n'instrumentalise-t-il pas l'astrologie en la figeant parce que
cela l'arrange qu'elle reste ce qu'elle est et de penser qu'elle a toujours
été et sera toujours ce qu'elle lui paraît être ? Autrement dit, il ne faut
pas que l'astrologie change puisqu’on la veut garder comme on l'a
connue et en quelque sorte aimée - si l'on admet que bien des
astrologues ont un rapport d'amour avec l'astrologie, ce qui expliquerait
certaines de leurs réactions quand celle-ci se voit menacée. Or quelle
pire menace que celle qui, animée d'une volonté de réforme- ce qui
implique de produire une nouvelle forme - aboutirait à quelque
chirurgie esthétique et viendrait ainsi la défigurer ? Il importe peu, au
demeurant, à celui qui instrumentalise l'astrologie de savoir ce qu'elle est
en elle-même, il veut la prendre telle qu'elle est et projeter sur elle ce qui
lui convient sans avoir à rencontrer de contradiction. Ce faisant, cette
école d'astrologie, actuellement dominante, ne cherche pas sérieusement
à réfléchir sur la formation de l'astrologie mais s'arrête à la seule
question de ses multiples manifestations mettant en évidence une
pérennité factice qui ne tient qu'à ce que l'on ne remonte pas assez haut,
refusant ainsi d'appréhender toute la période de gestation, en dialectique
avec la période de transmission. L'usage du singulier - l'Astrologie- ne
serait en fait nullement innocent, il trahit une volonté de rendre celle-ci
intemporelle, en suspens pour l'éternité. Certes, pour donner le change,
l'on flirtera avec l'astronomie la plus récente, mais un peu comme l'on
achète de nouveaux bijoux pour la femme aimée.
Il nous apparaît que l'Histoire de l'astrologie doit éviter de
tomber dans deux piéges: d'une part de considérer que l'astrologie
coïncide avec ce qui nous en est parvenu au travers des sommes qui ont
été produites depuis 2000 ans et de l'autre de supposer que l'astrologie
peut se ressourcer grâce aux données les plus récentes de la science, en
fonction d'un néo-paganisme. Dans le premier cas, l'on ne remonte pas
assez haut dans le temps et dans l'autre trop haut. Ce qui nous intéresse,
c'est ce qui s'est passé entre ces deux états, l'un post-astrologique, l'autre
pré-astrologique. Au fond, nous ne sommes pas loin, ce faisant, d'une
grille judaïque selon laquelle la Loi vient bien après la Création du
Monde mais aussi bien avant ce qui nous en est transmis par des
traditions tardives.
Nous esquisserons ici un nouveau modèle pour rendre compte
de l'Histoire de l'astrologie.
1 La naissance du rapport Hommes-astres

A un certain moment de l'Histoire de l'Humanité, le repère


cosmique a été mis en avant à des fins organisationnelles, structurelles,
régulatrices, harmonisatrices. Il s'agit là d'un stade relativement tardif
mais certainement décisif dans l'Histoire de l'Humanité. Il ne s'agit
nullement ici, comme dans la légende dorée de l'astrologie, d'imaginer,
du moins au départ, une Humanité décryptant les décrets des astres
mais d'une Humanité recherchant, en quelque sorte, une alliance avec
les astres, de façon à générer une synergie, une symbiose, une alliance
dans laquelle les astres, si l'on peut dire, apporteraient leur cyclicité et où
les hommes donneraient du sens. On est donc ici très loin de la thèse
selon laquelle les astres seraient en soi porteurs de sens. Par la suite,
évidemment, les hommes ayant perdu les données de la dite alliance, il
leur fallu retrouver celles-ci : passage du conscient au subconscient puis
à nouveau du subconscient au conscient, l'on pourrait parler d'un
processus semblable au passage de l'état de veille à celui de sommeil, où
l'humanité fonctionne en pilotage automatique (cf notre article
"L’astrologie comme hypno-savoir : en réponse aux travaux de Geoffrey
Dean", rubrique astrologica, Encyclopaedia Hermetica, site ramkat.free.fr)
L'on tend à confondre ces deux stades : celui où l'on dessine un croquis,
celui où on le déchire, celui où l'on restitue le puzzle. L'astrologie est
l'étude par l'homme d'un puzzle dont il est lui-même l'auteur mais dont il
aurait oublié le tracé.
Ce premier stade, selon nous, a comporté deux grands moments
: d'une part l'importance accordée au cycle lunaire, de l'autre au moment
de la naissance étant entendu que dans chaque cas il s'agit d'une
instrumentalisation. Le caractère progressif de cette instrumentalisation
montre déjà que le rapport aux astres ne s'impose pas aux hommes mais
se présente comme une solution intéressante qu'il faut situer dans le
champ d'un progrès technologique un peu à la façon des moulins à vent
ou à eau, lesquels recourent aux Quatre Eléments chers aux astrologues.
Ces Eléments, dont on sait qu'ils ont été intégrés au sein du corpus
astrologique, seraient ainsi à considérer comme des apports d'énergie à
l'activité des hommes, des "conquêtes" comme on dit du cheval que
c'est "la plus belle". Ce qui distingue les astres des éléments, c'est
qu'avec les astres, les hommes paient de leur personne, se transforment
en quelque sorte en machines, en moulins à lune, en quelque sorte, en
capteurs de signaux célestes. Il s'agit là de s'inscrire dans un certain
darwinisme impliquant que l'évolution des espèces n'est pas simplement
une adaptation à un environnement qui s'imposerait au vivant mais de la
faculté à utiliser l'environnement pour acquérir une supériorité par
rapport à ceux qui ne savent pas générer des symbioses et des synergies,
ce qui est probablement au cœur du génie humain.
Ce qui rend difficile la compréhension de ce premier stade tient
largement au fait que les hommes ne conçoivent plus guère le progrès
sous cette forme. Si cette voie avait continué à être explorer, qui
consiste à créer des synergies avec l'environnement physique, l'on ne
connaîtrait pas les difficultés que nos contemporains reconnaissent
pour comprendre la genèse de l'astrologie. Car avec ce branchement sur
la dynamique céleste, l'Humanité effectue un saut considérable par
rapport à d'autres animaux et selon nous ce n'est qu'alors que l'on peut
vraiment parler d'Humanité.
Notre époque est en effet marquée par le progrès
technologique, lequel n'implique pas de la part des hommes un
quelconque progrès des facultés mais aussi par un progrès
constitutionnel qui n'est pas sans rapport formel avec une astrologie
cyclique (cf infra), le nombre de pays qui acceptent la périodicisation de
leur vie politique tend à augmenter.
Selon nous, la voie de la mutation de l'Homme a été largement
délaissée au profit d'une évolution accélérée de ce qui l'entoure et
singulièrement du monde inférieur, celui des machines. Même les
astrologues n'acceptent pas, dans leur grande majorité, la thèse d'une
alliance, d'une instrumentalisation et veulent se convaincre qu'un tel lien
a toujours existé et par conséquent ne saurait constituer un progrès
pour l'Humanité laquelle n'aurait fait, tout au plus, que prendre
conscience d'une réalité existant de toute éternité. L'on peut imaginer
que des extra-terrestres aient pu évoluer autrement et auraient
sensiblement changé au fur et à mesure de leur Histoire au point que
leurs ancêtres soient méconnaissables. Ce n'est pas le cas de l'Humanité
qui reste la même alors que le monde des machines, quant à lui,
présente un aspect radicalement neuf et qui ne cesse de se
métamorphoser; qui plus est, le progrès technologique fait de nous
d'éternels étudiants qui doivent s'adapter à de nouveaux dispositifs. En
ce sens, l'humanité de base ne ferait qu'accompagner, suivre le progrès
technique généré par une caste de techno-prètres qui, sous couvert de
modernité, imposent des techno-modes à l'ensemble du monde. La
machine nous fait régresser intellectuellement quand nous menons des
recherches (par le biais d'un moteur de recherche ou simplement en se
servant de la fonction recherche pour circuler dans un texte, cf aussi le
système espion Echelon) ou opérons des classements par mot clef -
c'est à dire par signifiant - ce qui nous permet de gérer un corpus sans
nous poser la question du sens ; on parle d'hypertexte, de renvoi ; on
rapprochera des phrases qui comportent le même mot plutôt que le
même sens- ce qui serait tellement plus aléatoire et difficile à
démontrer, tant et si bien que même celui qui ne connaîtrait aucune
langue pourrait accomplir un tel travail de connexion, il y a bien là un
risque de nivellement par le bas de notre intellect qui donne l'illusion
d'un dépassement mimétique des différences au sein d'une humanité qui
reste pourtant fortement dualisée. L'usage de la machine, de
l'automobile à l'ordinateur, génère un comportement moyen, ce qui
facilite et encourage le mimétisme ; on notera qu'il existe deux formes
de mimétisme : soit l'on prétend que l'on est (comme) l'autre soit que
l'autre est (comme) soi. Cela rappelle cette anecdote de cet homme qui
en passant dans une rue observe un autre homme entre de chercher
quelque chose près d'un bec de gaz, il lui demande ce qui se passe et
l'autre lui répond qu'il a perdu sa montre tout en reconnaissant
finalement qu'il l'a perdu ailleurs mais qu'ailleurs ce n'est pas éclairé !
Ajoutons que la mort n’a pas le même sens si l'homme est lui-
même un instrument ou s'il se sert d'un instrument, sa valeur
intrinsèque étant plus élevée dans le premier cas. Dans l'absolu, celui
dont on nie la fonction ontologique est en sursis. Le fait que les
femmes, les enfants et les machines extérieures (celles de la révolution
industrielle) mais aussi intérieures ( celles que gèrent la médecine, la
psychanalyse à savoir notre corps, notre subconscient, notre mémoire
qui sont à notre service) fonctionnent mentalement de la même façon,
par signifiant et non par signifié, parvient à constituer une sorte de
nébuleuse de plus en plus envahissante. On notera d'ailleurs que les
relations au sein même de cette nébuleuse ne sont pas évidentes, les
enfants exigeant, de plus en plus tôt, une certaine égalité, ce qui fait des
femmes, dans leur rôle de mères, des apprentis sorciers, ayant ouvert la
boîte de Pandore du mimétisme.
Or il est clair que le signifiant est beaucoup plus accessible que
le signifié, que l'un est indiscutable - tel mot et pas tel autre - alors que
l'autre est indéfiniment sujet à débat - qu'est-ce qui est dit à travers ces
mots, ces signes ? Le signifiant ne renvoie stricto sensu qu'à lui-même
tandis que chaque signifié, c'est à dire le signifiant en quête de sens, se
réfère, virtuellement à la totalité du monde. En fait, les sociétés n'ont
qu'un besoin très limité du langage, ce sont les étrangers qui y ont
recours du fait qu'on ne comprend pas ce qu'ils veulent et qu'ils ne
comprennent ce que l'on veut ; Le langage serait une interface entre
deux sociétés plutôt que le fondement d'une société donnée et c'est
d'ailleurs pour cela que tant de mots sont communs d'une langue à
l'autre. L'étranger qui parle se trahit ainsi doublement, à la fois parce
qu'il parle et parce qu'il parle mal. Dans une société homogène et axée
sur des affaires communes à tous ses membres, quel besoin de parler?
En revanche, dans une société hétérogène, chaque membre est obligé
de se raconter parce qu'il parle d'un lieu différent.
Les langues sémitiques sont d'un certain enseignement sur ce
point : quand on lit une page en hébreu, par exemple, réduite
habituellement aux consonnes, nous avons affaire moins à des
signifiants bruts qu'à des signifiants en attente de signifié, à la différence
du français. En effet, chaque forme écrite doit alors être confrontée à la
totalité de notre mémoire pour être identifiée et encore peut-il se
trouver des lecteurs qui ne soient pas d’accord entre eux sur ce à quoi
renvoie la forme en question, dans le contexte concerné, lequel
demande précisément à être déterminé.
Cette première phase symbiotique telle que Gauquelin semble
l'avoir appréhendée - si tant est que ses résultats statistiques parviennent
à résister, ne serait-ce que partiellement - à la critique engagée à leur
propos- correspondrait, au vrai, plutôt à une proto-astrologie car elle
ne permet pas encore de découper le temps en périodes relativement
longues. Cette première phase utilise les astres à l'instar d'heures
planétaires, pour organiser la journée et notamment le cycle des
naissances, elle aurait donc une dimension de répartition dans le temps
de diverses activités biologiques et notamment des accouchements. Il
faudra attendre l'étape suivante pour que le temps s'expanse et que les
phases couvrent plusieurs années.
A une phase polyplanétaire, comme celle décrite par Gauquelin,
et qui se situe dans un socio-découpage spatial, fait suite une phase
monoplanétaire, qui correspond à l'articulation de phases autour d'un
cycle. On ne peut s'empêcher de songer à la dialectique entre
polythéisme et monothéisme, telle qu'elle est campée dans l'Ancien
Testament.
Il convient toutefois de préciser que le phénomène astrologique
décrit par Gauquelin peut être qualifié d'astrologie inférieure, il concerne la
naissance de l'enfant, les rapports de la mère à l'enfant, ce que nous
considérons comme une population subalterne. En revanche, nous
qualifierions d'astrologie supérieure, les cycles qui rythment la vie de la Cité
et déterminent des changements socio-politiques. Rappelons que
l'astrologie inférieure s'appuie sur des données astronomiques beaucoup
plus frustres : si une telle astrologie dépend ipso facto des cycles, elle reste
sur ce point tout à fait empirique : dépendre d'un phénomène
n'implique pas de le connaître. On peut être trempé par la pluie et ne
pas s'y connaître en météorologie. Ce dont l'astrologie inférieure a
besoin de connaître concerne uniquement le passage quotidien des
astres dans le ciel de naissance et non le fait que les astres suivent un
cycle universel qui ne dépend pas de tel ou tel lieu. De la même façon,
l'étude individuelle permise par cette astrologie inférieure ne permet
aucunement d'accéder à une appréhension globale de la société.

2 La théorie du législateur X

Pour nombre de penseurs contemporains de l'Astrologie, à la


différence de la Bible ou des Centuries, il ne saurait exister un Moïse ou
un Nostradamus de l'Astrologie. A la suite de Kepler, un Jean-Pierre
Nicola ou un Daniel Verney et ceux qui s'en inspirent, tout se passe
comme s'il suffisait de prendre connaissance de l'état actuel du ciel pour
accéder au "texte" astrologique originel.
En d'autres termes, la "critique" astrologique - comme l'on parle
de la critique biblique- se réduirait à se reporter à la source primordiale
que serait le cosmos. Une telle vision des choses nous semble, 400 après
les écrits képleriens, assez dépassée.
La tradition astrologique ne saurait en aucune façon, en effet,
être considérée comme n'étant qu'une lecture "objective" du Ciel que
l'on pourrait restituer en recherchant le message inhérent à la
disposition 'objective" des astres dans le système solaire. Pour Kepler, le
nom des signes ne correspondait plus qu'à des appellations sans
signification - comme le pensent d'ailleurs de nos jours les astronomes -
ce qui s'apparente à une instrumentalisation du zodiaque dont le
contenu est considéré comme indifférent. Une telle approche comme l'a
montré Gérard Simon (Kepler astronome, astrologue, op. cit.) refuse toute
instrumentalisation du ciel par l'Humanité, c'est à dire tout décalage
entre le ciel tel qu'il est en soi et tel que les astrologues le perçoivent ;
Kepler n'envisage donc aucunement que les hommes aient pu effectuer
un quelconque tri parmi tous les paramètres astronomiques possibles.
Pour l'école keplerienne de la seconde moitié du XXe siècle, l'astrologie
peut tout au plus proposer de conférer du sens aux astres mais
certainement pas d'en déterminer le nombre dont l'astrologie se sert.
Bien plus, elle assigne à l'astrologie la prise en compte d'astres inconnus
de l'Antiquité et en fait jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, ce qui contribue
à déconnecter totalement celle-ci de toute historicité.
Nous proposons, pour notre part, la théorie du législateur X. Il
s'agit d'appeler ainsi celui qui a légiféré sur l'usage à faire du Ciel. Il peut
bien entendu s'agir d'un collectif ayant oeuvré sur une période de temps
plus ou moins longue. Ce "législateur X" doit être considéré comme
tout auteur d'ouvrage au sens de l'histoire des textes. Il ne s'agit
évidemment pas de lui attribuer l'intégralité de la tradition astrologique
mais bien un modèle fondateur qui est celui qui aura été respecté et
adopté par une certaine société sur une certaine période de temps dans
la mesure où c'est cet acte juridico-politique qui aura institué dans notre
psychisme, dans nos facultés subconscientes, une sensibilité sélective
aux configurations astrales.
Pour reconstituer l'ouvrage du législateur X, il ne suffit point de
faire l'inventaire de tout ce que l'Humanité connaissait du ciel autrefois
et encore moins de nos jours, en ce début de XXIe siècle. Ce serait
comme, en l'absence de la Bible, d'attribuer à Moïse la langue hébraïque
ancienne ou moderne sans savoir quel discours il en tirerait. Les astres
sont en effet des mots que l'on peut combiner de mille manières
différentes.
Cette reconstitution de ce qui a été instauré par le législateur X
passe par un examen attentif de tout ce qui nous est parvenu et
conservé au sein de l'ensemble du corpus astrologique pris dans un sens
très large. , En séparant chaque élément spécifique l'un de l'autre, de
façon à se dégager de l'emprise syncrétique.
Parallèlement, en s'appuyant sur un modèle anthropologique -
ce que récusait complètement Kepler- s'interroger sur les motivations
qui entraînèrent l'Humanité à s'appuyer, si l'on peut dire, sur le
mouvement des astres, ce qui ne pouvait être que fonction des
perceptions et des besoins. Autrement dit, le travail de l'historien des
textes ne saurait se couper de celui de l'anthropologue.
3 La mancie astronomique

L'Histoire de l'Astrologie révèle une contamination due à ce que


nous appellerons une mancie astronomique. Nous qualifions de mancie
un procédé divinatoire consistant à observer le monde tel qu'il se
présente à un moment donné, celui où une question est posée par
exemple, et à en tirer ponctuellement un enseignement. Il y a des
mancies naturelles, de plein air, comme la thématologie qui se servent
de phénomènes se produisant indépendamment du consultant et de son
client et il y a des mancies artificielles, en chambre, qui fonctionnent à
partir d'une présélection de données entre lesquelles s'effectuera un
tirage (Yi King, Tarot, Géomancie etc). On dira que les unes sont plus à
pratiquées pendant la belle saison, les autres au coin du feu, sur une
table. L'observation des astres se fait a priori à l'extérieur et la gravure de
titre du Kalendrier des Bergers représente des bergers à la belle étoile. Il est
probable que la thématologie n'exigeait pas de table, le ciel servant en
quelque sorte de tableau noir. Ce n'est que par la suite que les
thématologues prirent l'habitude de faire des calculs sans avoir à
observer le Ciel directement, surtout, bien entendu, quand il fallait
dresser un thème natal rétrospectif. Mais la coutume voulait de regarder
le ciel au moment de la naissance, ce qui se passa encore quand le futur
Louis XIV naquit en 1638. Le plus souvent, quand on allait voir
l'astrologue, l'on dressait le thème du moment où la question était posée
et non le thème natal. (cf Claude Dariot. Introduction au jugement des astres,
Lyon, 1558, Reed. 1990), ce qu'on appelle assez peu correctement
astrologie horaire, celle -ci prenant en compte la planète de l'heure ; le
terme astrologie questionnaire ou des interrogations semblant plus
pertinent tout comme celui d'élection, pour choisir la meilleure date
pour agir sur un certain plan...
La thématologie actuelle inclue bien entendu les planètes au delà
de Saturne, invisibles à l'oeil nu - encore qu'Uranus soit repérable sans
lunette- et revendique la prise en compte de l'ensemble du ciel
disponible, à la différence de l'astrologie, telle que nous la concevons,
qui cherche avant tout à suivre un processus cyclique sur plusieurs
années et non de décrypter une carte du ciel.. On pourrait ainsi parler
d'un rapprochement entre thématologie et ce que nous appelons
astronomologie (cf infra)
4 La constitution de phases au sein d'un cycle unique

On passe d'une phase où le ciel est perçu comme une totalité -


ce qu'exprime par excellence le thème astral - à une phase sélective, qui
est véritablement constitutive d'une astrologie juridico-politique et non
plus d'une forme de présage et de message émanant du Ciel. En ce sens,
nous pensons que le thème astral est antérieur à l'astrologie cyclique et
que les deux approches fusionneront ultérieurement. Comment,
d'ailleurs, cela aurait-il pu être évité, à terme, en période de syncrétisme,
du fait de l'existence d'un même référentiel, abstraction fait de ses
différences de traitement ? Le problème n'est pas tant que certains
rapprochements se soient produit mais qu’ils aient perduré
indéfiniment.
Cette autre étape, fonction du progrès dans la connaissance du
système solaire, aura consisté à opter pour une cyclicité supérieure à
celle de l'année. Pour cela, l'on pouvait soit choisir un astre comme
mars-planéte dont le cycle était de 697 jours, soit moins de deux ans, ce
qui était peut-être un peu court, soit comme Jupiter -planète dont le
cycle est de 12 ans mais que l'on pouvait diviser en quatre phases de
trois ans ou enfin comme Saturne- planète dont le cycle est de 29 ans
environ, ce qui donne 4 phases de quatre ans, ce découpage en quatre
étant repris du cycle lunaire. Pour qualifier ces phases et les différencier,
il semble que l'on ait puisé dans le réservoir des dieux, ce qui revenait
par exemple à relier une phase à Vénus- déesse et l'autre à Mars dieu.
Quand nous parlons de Saturne, nous n'entendons pas ici, on
l'aura compris, de nous référer au dieu Saturne mais bien à la planète
désignée sous ce nom et sans que le nom de Saturne nous importe. Le
fait que nous nous référions à Saturne ne signifie pas non plus que nous
acceptions les autres planètes dans la foulée.

Il semble qu'à un certain stade de la doctrine astrologique, l'on


ait abandonné une présentation duelle, avec alternance de deux phases,
pour adopter une plus grande diversification des phases par annexion
des mois zodiacaux, eux-mêmes associés à des dieux (domiciles,
exaltations).
Autant si l'on en reste au stade cyclique, l'on peut se contenter
de recourir à une donnée astronomique objective, autant si l'on passe au
stade phasique, l'on bascule vers une astrologie dont on conçoit qu'elle
ne fait sens pour l'Homme que dans la mesure où il lui a assigné
quelque signification non pas ponctuelle mais dialectique. Donc aucune
planète n'agira de son propre chef dans la mesure où seul le découpage,
déterminé par les hommes, permet des changements, des revirements.
Le matériau astronomique brut a besoin d'être raffiné par le traitement
astrologique. Ainsi, parler d'une influence des astres sur les hommes en
dehors voire avant l'émergence de la conscience humaine, à leur insu,
nous semble irrecevable.
Cette phase, on aura compris, correspond à un état plus avancé
de connaissance du système solaire, ce qui ne signifie aucunement
qu'elle ait à prendre en compte la totalité du dit système : une seule
planète lui suffit qu'elle décompose, décline et démultiplie en phases, ce
qui n'est pas sans faire songer à la Trinité, au sein du christianisme : le
Père, le Fils et le Saint Esprit. Mais à cette phase monoplanétaire fera
suite une nouvelle phase polyplanétaire, qui multipliera les cycles, non
sans produire une belle anarchie au nouveau des paramètres
chronologiques.
Cette phase correspond à l'état le plus probant du phénomène
astrologique et c'est à ce stade qu'il conviendrait de revenir,
correspondant au concept d'une astrologie prévisible. Entendons par là que
les membres de cette société organisée sur une telle base cyclique sont
en mesure non seulement de prévoir la progression dans le ciel du cycle
considéré mais en outre d'en prévoir les effets et les enjeux dans les
grandes lignes pour telle ou telle population clairement identifiable, ce
qui s'oppose à une astrologie imprévisible, du fait que le nombre de
combinaisons astrales et le nombre des effets conduit à ce que les
membres de la dite société ne disposent pas de critères leur permettant
de prévoir et ce d'autant que la connaissance de la date de naissance
n'est pas accessible d'emblée, que chaque individu a une date qui lui est
propre et que pendant longtemps cette date était généralement
inconnue et/ou fort difficilement accessible. On en arrive à la
conclusion qu'une astrologie s'appuyant sur la date de naissance n'est
pas socialement viable et praticable. C'est ce qui nous amène à
considérer les résultats de Gauquelin comme concernant un
phénomène périphérique relevant de la vie privée puisqu’en pratique
l'information nécessaire pour accéder à la signature astrale n'était pas
disponible, sauf à supposer - ce qui n'est d'ailleurs pas exclus - que
chaque type planétaire s'habillât différemment, avec une couleur
spécifique. Mais en tout état de cause, l'information concernerait la
fonction et non les phases de vie de la personne, sauf à combiner
artificiellement des techniques incompatibles. Ajoutons que cette
fonction n'épuisait aucunement la complexité de la personnalité et que
la vocation du thème astral au sens gauquelinien du terme n'était
nullement de dépasser le stade de la fonction, de la vocation
socioprofessionnelle.
On ne saurait parler du passage d'une forme d'astrologie à une
autre mais de la coexistence de plusieurs discours sur les astres
aboutissant à un corpus syncrétique. Plus exactement, ne s'agirait-il pas
plutôt d'une astrolâtrie que d'une astrologie ? Cette astrolâtrie
polyplanétaire détermine pour chaque planète quelle divinité y
demeurera.
Par la suite, il semble qu'il y ait eu rapprochement entre cette
astrolâtrie polyplanétaire articulée autour d'une suite de cycles et une
astrologie en quelque sorte monoplanétaire divisée en phases.

5 Le biplanétarisme Jupiter-Saturne

Pour qu'il y ait cycle, il faut qu'il y ait un point de départ, c'est à
dire une conjonction entre deux facteurs. Si l'un des facteurs est une
planète, l'autre facteur peut fort bien être une étoile fixe, ce qui préserve
le temps de révolution de l'astre considéré. Le Zodiaque lui-même est
une succession de phases dont le point de départ serait une étoile et non
pas le point vernal comme on l'affirme généralement, pas plus que dans
un thème, l'ascendant ne saurait correspondre à l'horizon en tant que tel
mais à une étoile se levant au moment de la naissance.
Mais à partir du Xe siècle va progressivement, avec Albumasar
(Abou Mashar), s'imposer un biplanétarisme et notamment la
conjonction Jupiter-Saturne, les deux astres les plus lents du système
solaire tel que l'Antiquité et le Moyen Age le connaissait. Il y a une
déviance dans ce biplanétarisme qui renonce à l'étalon stellaire. Les
phases de ce cycle correspondent non pas tant aux signes zodiacaux
qu'aux quatre éléments auxquels sont associés les dits signes. Un angle
de 120° (trigone) sépare chaque conjonction, ce qui contribuera à faire
considérer cet angle comme bénéfique et ce aux dépends du carré de
90° alors que le carré est l'angle structurel par excellence - un équinoxe
est en carré avec le solstice qui le précède et celui qui le suit - et que le
cycle se divise en carrés et semi-carrés. Notre habitat n'est-il pas marqué
singulièrement par les angles droits, à commencer par les pièces dans
lesquelles nous vivons ou les meubles que nous y plaçons ? Le carré et
non le triangle... Quant au semi-carré (45°), il est à mi-chemin entre
deux carrés, ce qui n'est pas le cas du trigone (90° +30° = 120°). . Ne
dit-on pas contrecarrer pour indiquer que l'on ne laisse pas les choses se
dérouler comme prévu ? Et voilà que nos astrologues dénigrent le carré
et ne jurent que par le triangle, le "bon" aspect par excellence ! Cet angle
de 120° nous apparaît comme un apport syncrétique pour la théorie des
aspects initialement articulée sur le cycle lunaire et une base deux ou
quatre. Un tel découpage du ciel en triangles n'a plus rien de commun
avec le dit cycle. La fortune de cet aspect n'en est pas moins
remarquable : aspect particulièrement recherché par l'astrologue
amateur et dont on vient de noter qu'il sous-tendait la théorie des
grandes conjonctions. Bien plus, les quatre triangles -synonyme de
trigones- trois angles-, sens premier de l'aspect- du fait qu'ils sont liés
chacun à un Elément sont un vecteur fort de la psychologie
astrologique. Pourtant, nous avons bien là interférence avec une autre
astrologie qui n'a plus grand chose paradoxalement à voir avec le
quaternaire des saisons -on disait autrefois les Quatre Temps - en dépit
de la présence de quatre Eléments, puisque ces éléments se répartissent
entre trois saisons sur quatre, ce qui peut sembler assez bancal comme
dispositif. On ne voit d'ailleurs pas pourquoi l'on qualifierait
d'harmonique un aspect reliant deux planètes dont l'une est au début
d'une saison A et l'autre à la fin d'une saison B. Qu'ont-elles en
commun si ce n'est justement ce fameux triangle?.En fait, le trigone
(120°), le sextile (60°) et tout particulièrement le semi-sextile (30°) nous
semblent bien liés à la division du cercle en 12 alors que le carré (90°),
le semi-carré (45°) et le sesqui-carré (135°) correspondent à une division
du cercle en 8. Les deux systèmes auront fini par se combiner, encore
que Ptolémée ne dise mot des aspects de 45° ou de 135°, ce qui montre
qu'il privilégiait la division en 12 - d'où son dispositif ajustant le
septénaire sur le zodiaque - à la division en 8 pourtant beaucoup plus
simple à mettre en place, puisque fondée sur une succession de division
binaire: on passe du 1 au 2, du 2 au 4 et du 4 au 8, du 8 au 16, en
géomancie, pour arriver au 64 avec le I Ching ce qui exclue le 12 alors
que Ptolémée laisse entendre qu'il faut diviser d'abord en 2 puis en 6 ou
encore de 2 à nouveau en 2 puis en 3, le découpage binaire se trouvant
ainsi interrompu pour un découpage sénaire ou ternaire.(La seule
légitimité de la division en 12 est l'existence totalement aléatoire de 12
rencontres soli-lunaires mais cette division n'est pas techniquement
viable, la plus évidente étant de loin celle qui divise par moitié :
l'Homme tend à faire une pause à mi-parcours, à mi-chemin, à la mi-
temps. C'est là plus une donnée astronomique qu'anthropologique, plus
cérébrale que psychique et à notre avis elle n'a jamais été intégrée en
profondeur à la différence du 2, du 4 et du 8 qui se déploient par
dédoublements successifs. Ajoutons que si l'on divise d'abord en trois,
puis à nouveau en 3, on parvient à 9 mais non pas à 12. Aucun diviseur
ne donne le 12, - sauf le 12 lui-même - sauf à en changer en cours de
route. Certes, nous divisons nos montres en 12 et notre journée en 24
heures mais un tel découpage n’a selon nous rien d'évident. On notera
que la durée moyenne d'un film ou d’un match de foot ball est de 90
minutes, soit le seizième d'une journée. (durée de rotation de la Terre
sur elle-même).
En fait, les astrologues ne tiennent pas assez compte du
récepteur humain qu'ils tendent à surcharger de
responsabilités. Si d'un côté, ils tendent à lui refuser de
s'être autodéterminé par rapport aux astres et d'avoir
sélectionné les configurations célestes qui feraient sens
pour lui, de l'autre, ils supposent le dit récepteur d'être
capable d'enregistrer un nombre incessant et quasi-infini
d'informations d'origine céleste, notamment du fait de la
théorie des transits qui implique un flux permanent de
connexions entre les mouvements astraux et le thème natal,
tout au long de la vie.
Pour notre part, nous proposons de distinguer un subconscient
solaire très ancien, valable au niveau génétique et ne comportant qu'un
nombre très limité de catégories, telles que le masculin et le féminin, au
niveau de l’espace social, une alternance très fruste de phases, au niveau
du temps social, lequel subconscient est peu apte à se transformer et un
subconscient lunaire en constant renouvellement et différent d'un
milieu à l'autre, de par la langue, de par diverses pratiques sociales, ce
qui conduit notamment à distinguer le natif de souche de l'étranger,
naturalisé ou non. Souvent, l'on tend à confondre ces deux niveaux
d'automatismes, puisque c'est bien somme toute de cela qu'il s'agit. Le
fait de partager un même bagage solaire n'implique pas que l'on ait le
même bagage lunaire et vice versa.. Il serait bon que l’astrologie
introduisît les notions de solarité et de lunarité pour désigner et
distinguer l’inné et l’acquis. En fait, il vaudrait mieux parler d’un
premier déterminisme, solaire, et d’un second déterminisme, lunaire,
étant donné que ce qui est inné, instinctif,, est au départ aussi un acquis
mais beaucoup plus ancien, plus profond et par là plus universel .
L’astrologie serait une alternance entre ces deux déterminismes, l’un
renvoyant à des infrastructures basiques, supranationales, dont une
astrologie originelle fait partie tandis que l’autre est lié à des
superstructures culturelles, liées à l’éducation reçue dès l’enfance et
dont l’astrologie moderne est une manifestation.
En phase solaire, l’on relativisera, donc, l’importance du culturel par
rapport au naturel tandis qu’ en phase lunaire l’on considère que les
clivages sociaux sont indépassables, selon la formule du yin-yang. D’où
des périodes où certains problèmes semblent insolubles et où les
politiciens tendent à désespérer, ce qui peut les conduire à prendre des
mesures radicales, tantôt sur le plan sexo-racial (en phase solaire) ou sur
le plan socio-religieux (en phase lunaire), alternant racisme et
xénophobie. C’est dire que nos sociétés, du fait qu’elles vivent
alternativement sur deux registres sont en perpétuel mouvement, disons
qu’elles sont à géométrie variable, tantôt se situant sur le plan du primat
génétique, tantôt tentant de le dépasser en privilégiant le milieu. Il nous
semble donc que l’astrologie ait pour vocation principale de suivre un
tel ballet, qui ressemble quelque peu au jeu des chaises musicales,
diverses populations se retrouvant à tour de rôle sur la sellette, c’est dire
quelle pourrait être son utilité sociale. Il nous apparaît que si l’astrologie
s’est repliée sur le registre de la vie privée, c’est tout simplement parce
qu’elle n’avait plus guère l’oreille de la classe politique. Le XXIe siècle
devrait être celui de sa réhabilitation et lui permettre de retrouver la
place qui était la sienne au XVIe siècle et qu’elle a perdue quand le
pouvoir a cru pouvoir s’en émanciper et lui substituer d’autres
structures très proches en fait du projet astrologique initial, tel qu’il
s’était mis en place des millénaires plus tôt. Le problème que pose
l’astrologie est en fait celui-la : peut-on mettre en place un ordre
nouveau ou bien ne peut-on que conscientiser celui qui, de toute façon,
est subconsciemment, à l’œuvre, l’ humanité n’étant pas encore en
mesure de se déprogrammer ?
Or il nous semble essentiel de souligner à quel point notre
subconscient solaire n'accepte que des notions et des applications
simples à la différence de notre subconscient lunaire, lequel ne s'inscrit
pas dans une mémoire génétique car il a vocation à évoluer en
permanence et non pas à se figer. Le dilemme, pour les astrologues est
le suivant : soit affirmer une hérédité astrale génétique forcément
extrêmement rudimentaire, soit élaborer des modèles sophistiqués,
"matriciels", selon la formule de Patrice Guinard, dans son Manifeste (sur
le site CURA), et dans ce cas, l'astrologie n'est plus qu'un savoir en
mouvement nullement transmissible en dehors de cénacles fermés, sur
la base d'une culture livresque, le livre à notre connaissance n'étant pas
objet sur lequel le subconscient solaire peut se brancher dont nous
supposerons qu'il ne sait pas lire nos alphabets à moins que ceux-ci ne
s'articulent sur des objets matériels visibles de tous comme le sont
certains astres. En définitive, l'astrologie aurait surtout à nous dire
combien de temps nous est imparti pour agir dans tel registre et non quand
les choses vont nous arriver précisément. L'astrologie devrait parler de
risques, d'opportunités qui vont se présenter pour accomplir un certain
type d'action au cours d'une certaine plage de temps qui ne se comptera
ni en jours, ni en mois mais en années. Pour un individu isolé, il y a aura
des temps morts au cours de la période considérée mais au niveau
collectif, la période sera pleine de tout un ensemble de tentatives ou de
réalisations qui se chevaucheront et se succéderont. L'astrologie est un
habit trop grand pour être revêtu par une seule personne et il est
fâcheux que l'on cherche à ajuster cet habit au niveau de la dite
personne, ce qui revient à pousser celle-ci à la faute. De là à renoncer à
prévoir, certains comme P. Guinard ont franchi le pas. Or, le diagnostic
est le suivant, il concerne le mode d'emploi : l'astrologie ne fait pas dans
le sur mesure, c'est un transport en commun et non une voiture privée.
Un peu comme pour le ramadan, le neuvième mois du calendrier
lunaire musulman, le cycle des grandes conjonctions (Jupiter-Saturne) va
se promener tout autour du zodiaque en plus de huit siècles, tant et si
bien que les conjonctions ne se reproduiront pas indéfiniment dans le
même signe. Nous sommes là aux antipodes du système Etoile-planéte
permettant que les aspects aient toujours lieu au même endroit du ciel,
ce qui facilite singulièrement l'observation et le repérage.
Enfin, l'on dispose d'une astrologie qui ne se réfère pas au
thème natal et qui introduit une dimension collective, ce qui est la base
de l'astrologie mondiale. Par la suite, la technique des transits conduira à
relier, à faire le pont entre astrologie mondiale et astrologie individuelle
et donc thémique - que nous proposons désormais de qualifier
simplement de thématologie. . Mariage de la carpe et du lapin entre une
astrologie d'en haut et une astrologie d'en bas. A partir de ce cycle,
d'autres cycles se mettent en place notamment ceux qui combinent deux
planètes transsaturniennes tant et si bien que les cycles biplanétaires
vont se multiplier, chacun étant subdivisé en signes du zodiaque et
structuré par les aspects. L'inflation cyclique est déclenchée pour
longtemps.
Le problème, c'est que ce cycle conjonctionnel qui semble s'être
imposé à la conscience astrologique ; est un cadeau empoisonné de
l'astrologie arabo-musulmane, structure ignorée d'ailleurs dans
l'Antiquité et notamment absent du Tétrabible de Ptolémée, alors même
que l'on disposait des connaissances nécessaires pour le mettre en place,
tant astrologiquement ( les Quatre Eléments) qu'astronomiquement (les
révolutions planétaires). Ce cycle est soulignons-le parfaitement
étranger au symbolisme zodiacal auquel il substitue trois sous phases de
4 signes. La conjonction passe ainsi, inlassablement d'une sous-phase à
l'autre, tous les 20 ans. Mais paradoxalement, cela fait du trigone un
aspect critique. Il n'est que de lire la littérature du XVIe siècle sur les
changements de triangle, lesquels changements impliquent toujours un
trigone de 120° pour se rendre compte à quel la formation d'une
nouvelle conjonction au trigone de la précédente peut inquiéter les
esprits du point de vue de l'astrologie dite mondiale. Ainsi, ce trigone
jugé si favorablement en astrologie individuelle est annonciateur de
mutations profondes en astrologie collective..
Cette disposition triangulaire n'est aucunement en phase, au
demeurant, avec le cycle lunaire lequel fonctionne sur la base de carrés
puisque divisé en quartiers. Or, aucune conjonction entre deux planètes
ne restitue une telle articulation laquelle n'est possible que si l'on associe
une planète avec une étoile fixe vu que la planète la plus lente ne le sera
jamais assez et qu'au lieu de rester tranquillement à sa place elle aura
bougé ; c'est bien là la quadrature du cercle - dans tous les sens du
terme- de l'astrologie planétaire dès lors qu'elle abandonne le couple
étoile-planéte.
Le trigone est donc bien une donnée astronomique aléatoire due
au fait qu'entre deux conjonctions successives de Jupiter et de Saturne,
se produisant tous les 20 ans, il y a un écart d'environ 120° . Mais si l'on
considère d'autres conjonctions, on aura d'autres écarts. Prenons le cas
des conjonctions Saturne-Neptune, chères à André Barbault - mais
rappelons qu'on ignorait Neptune au Moyen Age - et qui se forment
tous les 36 ans, l'écart interconjonctionnel sera un carré, puisqu’en
1953, on était en balance et en 1989 en capricorne.
L'historien de l'astrologie doit essayer de comprendre comment
cet apport astronomique est venu perturber la tradition astrologique
avant de s'y intégrer. durablement. Tout comme le septénaire
(luminaires plus cinq planètes) s'est articulé sur les 12 signes - dans le
Tétrabible, faisant ainsi le lien entre astrologie et astronomie, de même,
grâce à Albumasar, l'astrologie mondiale allait pouvoir se doter d'une
mécanique articulant les données cycliques les plus objectives, à savoir
la périodicité des rencontres entre les planètes les plus lentes connues à
l'époque, sur la théorie des Quatre Eléments.
Il lui faudrait également réfléchir sur les raisons qui ont conduit
à la déchéance du modèle Jupiter Saturne auprès des historiens qui vont
renoncer, à partir du XVIIIe siècle, à fonder leur science sur les étoiles,
contrairement aux attentes d'un Jean Bodin. Selon nous, c'est le
développement du système parlementaire qui aura "tué" l'astrologie. ; à
partir du moment où les sociétés allaient progressivement se doter d'un
agenda politique, décrit par le menu dans une constitution - on pense à
l'exemple américain (1774) et à ses émules européennes - il n'était plus
nécessaire de regarder vers le ciel pour savoir quand mourrait le roi,
l'empereur, le pape, pour laisser la place à son successeur puisque le
changement se produisait au niveau du Premier ministre en Angleterre
ou du président du conseil en France, sous la IIIe République, ou du
Président aux Etats Unis. C'est pourquoi nous pensons qu'il faut
replacer l'histoire de l'astrologie dans le cadre d'une anthropologie du
Droit. : le mot même d'élection, notons-le, appartient au langage de
l'astrologie comme d'ailleurs celui de révolution.. Une nouvelle forme de
détermination du temps social se mettait en place.

6. L'intégration de nouvelles planètes, à partir du XIXe siècle.

Qu'est-ce qui caractérise l'astrologie contemporaine ? Nous


dirons un nouveau syncrétisme qui va agréger à la "tradition" la théorie
des ères précessionnelles chère aux historiens des religions de la fin du
XVIIIe siècle et à certains ésotéristes ne se disant point pour autant
astrologues et la série des planètes transsaturniennes initiée à la même
époque par l'astronomie du système solaire et commentée par des
astrologues d'un genre un peu nouveau. On parlera d'astronomologie, tant
le lien entre astrologie et astronomie prend des proportions
symbiotiques..
Or, de nos jours, ces deux ensembles sont généralement
considérés comme des parties intégrantes du savoir astrologique, la
question est de savoir quels effets leur intégration a eu sur l'état général
du dit savoir.
En ce qui concerne l'Ere du Verseau (cf infra), un Paul Le Cour
en 1937 quand il publie un ouvrage de ce nom, avec pour sous titre
"l'avènement de Ganymède", ne se revendique pas pour astrologue,
c'est à dire qu'il n'applique pas grosso modo les préceptes du Tetrabiblos. De
fait, l'entrée successive du point vernal (dans l'hémisphère nord) dans
une chaîne de constellations ne relève pas de l'astrologie traditionnelle,
essentiellement tropicaliste, d'autant que la critique de l'astrologie
souligne volontiers un tel glissement entre diverses représentations du
Zodiaque.
En ce qui concerne Uranus, planète découverte en 1781, elle
sera bientôt associée à la Révolution française mais, selon nous, selon
un type de raisonnement bien différent de celui de l'astrologie
traditionnelle. En effet, cette planète, dans les décennies qui suivront,
sera associée au climat révolutionnaire qui domine en France.
On peut se demander en effet si cette planète peut ainsi être
définie par un événement qui fait suite ponctuellement à la date de sa
découverte. Selon nous, un tel raisonnement appartient à une astrologie
d'un nouveau type qui ne tient pas compte de l'astrologie traditionnelle
à l'instar de ce qui se passa pour les ères. Tout se passe en effet comme
si le XIXe siècle réinventait, à sa manière, l'astrologie au point que les
astronomes, eux-mêmes se mirent de la partie en baptisant divers astres
de noms de divinités mythologiques. Encore une fois, ce n'est que dans
un deuxième temps qu'un rapprochement se fera entre une astrologie
post cométique qui associe la découverte de nouvelles planètes à de
nouvelles périodes de l'Humanité et une astrologie traditionnelle
s'articulant sur une cyclicité et non sur une émergence.
Le rôle de la communauté astronomique depuis la fin du XVIIIe
siècle quant à la constitution d'une nouvelle astrologie ne saurait être
sous estimé : il est dommage que les astrologues, en règle général,
n'aient pas eu voix au chapitre et en même temps en quoi ces nouveaux
astres les concernaient-ils alors même qu'ils avaient été absents de leur
littérature des siècles durant ? Toujours est-il que lorsqu'il se confirma
que les astronomes attribuaient/affublaient les planètes post
saturniennes de noms de dieux empruntés à la mythologie, les
astrologues auraient pu protester et en tout cas ne pas les suivre, faire
d'autres suggestions, des contre-propositions. Il n'en fut rien. Ce qui est
probable, c'est que le fait que ces noms de dieux étaient choisis hors des
cénacles astrologiques leur conférait comme une sorte de valeur
objective. Le fait est que les astrologues s'embarquèrent dans la galère
astronomique et se placèrent face à leur propre savoir dans un certain
rapport d'aliénation et par rapport à une tradition immémoriale et
envers une astronomie avançant à son propre rythme, composant ses
chansons à sa guise et dont l'astrologie devenait la groupie, reprenant
docilement le refrain "Oh toi Uranus, toi Neptune, toi Pluton comme je
vous aime, entre vous trois mon cœur balance !'
Or, force est de constater que ces diverses "astrologies" ne sont
guère compatibles et on le voit particulièrement avec le cas d'Uranus :
en effet, qui pourrait prétendre que l'astrologie du XVIe siècle ignorait
les problématiques du changement ? Signalons ainsi le traité de Claude
Duret, paru à la fin du XVIe siècle, à Lyon
1594 Discours de la vérité des causes et effets des décadences, mutations,
changemens, conversions et ruines des Monarchies, Empires, Royaumes et
Républiques selon l'opinion et doctrine des Anciens et Modernes. Au Tres
Chrestien,Très grand et très invincible Roy de France et de Navarre
Henri IIII de ce nom/A Moulins 1 Mai 1594, Lyon, Benoist Rigaud
1595 - Discours de la vérité des causes et effets des décadences, mutations,
changements, conversions et ruines des monarchies, empires, royaumes et républiques
selon l'opinion et doctrine des anciens et modernes mathématiciens, mages,
philosophes, historiens politiques & théologiens. astrologues. Epître au Roy, Ibid
Ch. V Scavoir si les sources et origines ensemble les décadences...
proviennent des horoscopes des villes premières et principalement
d'icelles
cH. VI Scavoir si les décadences, mutations... procèdent du cours et
mouvement de l'eccentricité du petit cercle
Ch. VII Scavoir si les sources et origines des monarchies ... procédant
de la radiation des constellations, de la dernière estoille, de la Queue de
la Grande Ourse du Pol arctrique ou septentrion
Ch. VIII Si les decadences, changemens, conversions et ruines des
monarchies proviennent et proc‚dent des horoscopes des monarchies,
empereurs, roys et chefs des republiques
Ch. IX Si les decadences, mutations, changemens, conversions et ruines
des monarchies ... dépendent des cours et mouvemens du huitieme ou
neuvieme ciel, c'est-à-dire de la huitieme ou neuvieme sphere celeste ...
Ch. X Scavoir si les religions, les sectes et les Loix ... proviennent et
procedent des cours et mouvemens des grands orbes celestes ou
revolutions du planete Saturne ou bien des conjonctions des planetes
hautes ou basses et interieures
Ch. XII Scavoir s'il n'y a eu et n'y aura jamais en ce monde que six
religions comme aucuns astrologues l'ont osé écrire et assurent en leurs
oeuvres
Ch. XIII Si les decadences, mutations, changemens, conversions &
ruine des monarchies , empires, royaumes et républiques proviennent
et procedent des Cométes etc ...

1598 - Discours de la vérité des causes et effets des décadences, mutations, etc,
Lyon, Héritiers Benoist Rigaud
Quant à la révolution française, elle avait été annoncée par
Pierre d'Ailly, en 1414, sans qu'il ait eu besoin de recourir à Uranus,
astre dont on ne soupçonnait pas alors l'existence. Tout au long du
XVIe siècle, des dates censées correspondre à des mutations majeures
furent avancées.
Par ailleurs, il ne nous semble pas que ce soit le rôle d'une
planète de marquer le changement mais bien celui d'une phase, chaque
passage d'une phase à l'autre pouvant générer quelque changement. De
même, l'aspect de carré ne saurait impliquer davantage de changement
qu'un autre, tout aspect étant voué à générer du changement puisque
déterminant une nouvelle phase.
Ce qui est étonnant concernant l'intégration des nouvelles
planètes tient au fait que chaque nouvel astre oblige les astrologues à
leur trouver de la place dans le clavier planétaire en laissant entendre
que cette place n'est pas redondante par rapport au dispositif antérieur.
Vient compliquer le problème le fait que ces nouvelles planètes sont
liées aux signes du zodiaque et donc ce faisant n'introduisent pas de
donnée nouvelle. Dire qu'Uranus est la planète du Verseau, c'est
affirmer que le verseau est porteur des valeurs uraniennes. C'était
d'ailleurs la position d'un Jean Carteret dans les années cinquante qui
pensait que les signes annonçaient les planètes comme dans un tableau
de Mendeleïev. D'où l'attente de 12 planètes pour correspondre aux 12
signes, ce qui faisait que l'on attendait à son époque deux
transplutoniennes. L'astrologie se trouvait ainsi en panne ne pouvant
recourir à la totalité de son clavier mythologico-symbolique tant que les
astronomes n'auraient découvert deux planètes au delà de Pluton, plus
éloignées, plus lentes et plus invisibles encore. Mais par la suite, la
question des nouvelles planètes a été détachée de l'étalon zodiacal, avec
notamment la prise en compte des premiers astéroïdes dont le premier
découvert en 1801, et qui avait été négligé par les astrologues pendant
un siècle et demi, Claire Santagostini ayant contribué dans les années
Soixante à la faire intégrer le thème . La planche à planètes a fonctionné
à plein temps avec son lot de divinités empruntées, depuis quelques
années, à toutes sortes de mythologies. Nous dirons que le processus
d'intégration, à tous les niveaux, exige un travail, du temps et que l'on se
fait de nos jours une idée toujours plus désinvolte et simpliste des
conditions de l'intégration, qu'il s'agisse d'un savoir ou d'une population
immigrée.
L'astrologie moderne, ce faisant, abandonnait la voie de
l'analogie qui permettait de raccrocher autour d'un même concept
diverses notions au profit de l'équation "un astre pour une notion", ce
qui revenait à interdire à l'astrologie d'enrichir, de son propre chef, les
définitions des astres déjà connus et d'attendre que de nouveaux astres
soient découverts par les astronomes pour augmenter le clavier des
significations. On pense à ces gens qui se croient obligés d'inventer ou
d'emprunter un mot nouveau chaque fois qu'un nouvel objet, un
nouveau sens sont constitués ou révélés, ce qui contribue à la pléthore
du lexique. Une telle démultiplication, témoigne de la crise de la
fonction analogique, un tel éparpillement, des concepts astrologiques de
base, est le fait de l'invasion du champ proprement astrologico-cyclique
par la symbolique zodiacale d'une part et par la symbolique
astronomico- mythologique de l'autre. Il faut comprendre qu'il ne s'agit
pas comme l'affirme un Patrice Guinard d'un ensemble d'un seul tenant
qui serait inévitablement porteur d' une logique interne sous jacente qui
resterait à découvrir mais bien d'une compilation de divers documents
que l'on a réunis, au sein d'un canon astrologique, et qui peuvent
parfaitement être en redondance les uns par rapport aux autres. Parmi
ces documents, il nous semble tout à fait légitime de séparer le bon
grain de l'ivraie et de dégager un noyau dur. Le zodiaque et ses douze
stations décrit ainsi un mode de vie saisonnier, un véritable art de vivre
de l'humanité mais il pourrait se réduire à quatre voire à deux moments,
le féminin et le masculin, le Yin et le Yang, la Lune et le Soleil.
Mais avant tout, l'astrologie moderne en arrivait à ne plus
trouver d'intérêt à la lecture de manuels anciens ignorant ces nouveaux
astres ainsi qu'à laisser entendre que l'astrologie antique manquait de
certains outils. Querelle des Anciens et des Modernes.
Cet afflux d'astres conduit les astrologues à une surenchère: si
on leur demande si tel événement s'explique par l'astrologie, la réponse
n'est pas oui ou non mais il s'agit simplement de déterminer quelle est la
configuration qui correspond. Au delà d'une certaine masse critique,
l'astrologie peut prétendre à une forme d'omniprésence.
L'économie astrologique aura ainsi subi au cours de son Histoire
une succession de "chocs" astronomiques - comme l'on parle de chocs
pétroliers - à savoir avec Ptolémée (IIe siècle de notre ère) la théorie des
doubles domiciles des planètes (exemple Mercure devenant maître des
Gémeaux et de la Vierge), avec Albumasar (Xe siècle), la théorie des
grandes conjonctions et du cycle de 960 ans réduit ensuite à 800 ans, se
subdivisant en sous-cycles de 240 ans (réduits à 200 ans). et enfin à la
fin du XVIIIe siècle, l'émergence des planètes transsaturniennes mais
aussi de la théorie des ères précessionnelles qui aboutira au mythe de
l'Ere du Verseau, dont Paul Lecour sera un des hérauts. Force est de
constater que l'astrologie n'aura pas manqué de médecins à son chevet,
sans oublier les purges et régimes préconisés par un Kepler au début du
XVIIe siècle. et qui auront surtout abouti, toujours au nom de
l'astronomie et de considérations numériques, à augmenter le nombre
des aspects au delà de ceux qui étaient multiples de 30°; et développé la
technique des transits planétaires . Chaque fois, reconnaissons-le, la
proposition est alléchante, chaque fois elle consiste à raccorder
astrologie et astronomie - et il convient de se méfier de ces astronomes-
astrologues qui veulent avant tout ne pas se sentir écartelés - au prix de
ce qu'il faut bien appeler d'ingénieux expédients.
La légende dorée de l'astrologie

Pour mettre mieux en perspective le schéma que nous venons


de développer, on examinera ce que disent les astrologues sur l'Histoire
de leur science, de son apparition, de son évolution. On rencontre
d'entrée de jeu un paradoxe: la littérature astrologique est relativement
récente - le Tetrabiblos n'a pas 2000 ans - mais l'origine de l'astrologie
remonterait à la nuit des temps. Nous pensons, à l'inverse, que le
Tetrabiblos correspond à un état tardif du savoir astrologique, déjà fort
corrompu mais que l'astrologie est un phénomène qui survient bien
après qu'une certaine humanité soit déjà apparue, non pas comme
élément fondateur mais plutôt comme structure régulatrice d'un certain
nombre de tensions entre des populations ayant entre elles des relations
conflictuelles. Il y a là un obstacle épistémologique qui consiste à
considérer que les traces les plus anciennes d'un savoir ou d'un récit ont
valeur originelle et constituent des données exhaustives. L'historien se
doit d'aller au delà de telles barrières; à partir d'un constat de
syncrétisme, il peut restituer une certaine diversité des sources et tenter
d'analyser comment certaines symbioses se sont mises en place. Dans le
cas de la genèse du zodiaque, nous avons ainsi montré que celui-ci
n'était pas un savoir à l'état premier et en quelque sorte universel mais
qu'il était issu de diverses sources arbitrairement traitées par les
hommes. Parler d'universel ou de matriciel à propos d'un document
revient à refuser à l'historien de faire son travail d'investigation.
Un autre point qu'il nous semble utile de souligner concerne
l'idée que les astrologues se font de l'origine non pas cette fois du
phénomène astrologique mais de la science qui en rend compte et qui
porte le nom d'astrologie. On notera à ce propos la confusion
sémantique qui vient du fait que sous un tel vocable on entend
indifféremment l'objet étudié, à savoir le phénomène du rapport des
hommes aux astres et l'étude de l'objet, c'est à dire le discours décrivant
celui-ci, comme c'est le cas pour le mot Psychologie.
Pour la plupart des astrologues, le stade de l'objet peut avoir été
considérablement antérieur au stade de l'étude et encore cette étude
n'est pas terminée puisque l'on découvre encore de nouveaux astres qui
sont supposés signifier quelque chose pour l'astrologie. Pour nous, au
contraire, le phénomène est le résultat d'un plan mis en place par les
hommes si bien que les deux stades ne feraient qu'un.
Quand on demande à des astrologues comment cette étude s'est
constituée, c'est à dire comment l'on est parvenu à déterminer la
signification propre à chaque facteur - chaque signe, aspect, planète,
maison etc - l'on entend répondre que les hommes sont parvenu
progressivement à débrouiller l'écheveau des multiples significations
entrelacées. En revanche, pour notre modèle, ils n'ont rien eu à
décrypter puisque ce sont les hommes qui ont fixé les règles du jeu, les
significations, la durée des phases.
Cela dit, quand bien même au départ, les hommes auraient
déterminé les significations et les conventions, un tel ensemble s'il ne
s'est pas perdu s'est peu à peu corrompu, mêlent à d'autres données
plus ou moins pertinentes tant et si bien que l'astrologie comme étude
décrivant un phénomène est bel et bien à restituer, à restaurer. Mais
épistémologiquement, une chose est d'avoir à reconstituer un savoir
perdu élaboré par les hommes, une autre de décrypter un phénomène
naturel.
Paradoxalement, ceux qui tiennent pour un phénomène que les
hommes seraient parvenu à analyser en chacune de ses composantes
sont les partisans d'une astrologie fort complexe et donc dont les
tenants et les aboutissants semblent à peu près impossibles à discerner
alors que pour nous qui promouvons un modèle d'une grande
simplicité, les chances de décryptage semblent nettement meilleures
alors même que nous n'évoquons pas un tel procédé originel.

Le thème astral par sa complexité même rend extrêmement


difficile d'envisager que l'on puisse y faire la part du rôle de chacun des
facteurs en présence et d'en établir avec précision les impacts respectifs.
Dans un fouillis aussi inextricable - on veut parler ici du thème natal -
qui peut prétendre sérieusement y voir clair si ce n'est celui que cela
arrange, pour quelque raison plus ou moins avouable ? En fait, quand
l'astrologue prétend maîtriser son travail et suivre à la trace chaque
élément de l'ensemble, il est aussi peu crédible qu'un marchand de fruits
et légumes mal voyant auquel on peut voler une banane ou un poireau
sans qu'il s'en rende compte et qui prétendrait néanmoins avoir l'oeil sur
toute sa marchandise. Or, le client de l'astrologue n'en est-il pas au
même point, lui à qui l'on demande ingénument s'il est comme ceci ou
comme cela et qui n'en sait ma foi rien. Alliance de l'aveugle et du
paralytique que celle du couple formé par l'astrologue et son client. Tout
flatteur vivant aux dépends de celui qui l'écoute, l'astrologue aura vite
fait de trouver chez son client une oreille complaisante et indulgente qui
n'en sera pas à un mensonge par omission près, pour la bonne cause, si
un petit coup de pouce peut rendre heureux le dit astrologue et si cela
peut sauver l'astrologie de méchantes attaques visant à la briser. On
peut ici parler de conspiration : si des milliers de gens maquillent un peu
la vérité qui n'est finalement que leur vérité, dont ils ont bien le droit de
disposer à leur guise - et dont ils peuvent, s'ils le veulent, faire le
sacrifice au prix d'un zeste de mauvaise foi - est-ce que cela n'en vaut
pas la peine ne serait-ce que pour humilier l'orgueil et le mépris
masculins ?
Là où le bât blesse dans ces vérifications dont se targuent
maints astrologues, ce n'est pas tant que ce qui est dit est faux mais que
c'est surtout incomplet. L'astrologue aura parlé d'un événement mais
pas d'un autre, d'un trait de caractère mais pas d'un autre. Or, tout
événement peut survenir à toute personne et tout comportement peut
concerner toute personne, un jour ou l'autre. C'est pourquoi rien n'est
vraiment étranger au client de l'astrologue lequel joue sur du velours. Ce
qui fait problème, ce n'est pas tel ou tel point mais ce qui caractérise
véritablement une personne, une vie. Or, l'astrologue se contentera de
ne rien dire de manifestement faux plutôt qu'il parviendra à cerner ce
qui est spécifique à la personne. Il va procéder par petites touches dont
aucune ne sera radicalement inconcevable pour son client mais est-ce
que cela constituera pour autant un portrait ressemblant ? Or, il suffirait
à l'astrologue de partir de cette simple donnée anthropologique sinon
astrologique stricto sensu, à savoir qu'il a devant lui un homme ou une
femme, pour toucher à la vérité profonde de son client, au lieu de
tourner autour du pot....Ce n'est que dans un deuxième temps qu'il
pourra affiner son trait et cerner le processus d'individuation propre à
chaque client. C'est dire que l'astrologue met la charrue avant-dernier les
bœufs.
Pour éviter tout malentendu, précisons que ce n'est pas parce
que nous reconstituons tel dispositif astrologique que nous considérons
qu'il est en quoi que ce soit pertinent au niveau d'une pratique
astrologique. Ce n'est pas non plus parce que nous considérons que tel
système est plus cohérent qu'un autre que nous le recommandons ipso
facto, hors du champ historique stricto sensu.. Certains pourront certes
s'amuser à se servir de certaines de nos reconstitutions en forme de
puzzle, notamment au niveau du rapport planétes-saisons. Il est vrai que,
tant qu'à faire, mieux vaut utiliser un savoir cohérent qu'un patchwork
indéfendable et il n'y a vraiment pas de raison que cela "marche" moins
bien.
Le canon astrologique a absorbé progressivement diverses
techniques qui, initialement, avaient vocation à fonctionner de façon
autonome et qui ont fini par y être intégrées. C'est une des missions de
l'historien de l'astrologie que de faire ressortir à quel point l'empire
astrologique a procédé par annexions successives. On aura d'ailleurs
remarqué que notre façon de parler de l'histoire de l'astrologie
s'apparente très nettement à notre approche de l'Histoire des empires
en général, qu'il s'agisse de territoires géographiques, linguistiques ou
scientifiques (au sens large du terme), ce qui signifie que l'Astrologie
passe alternativement par des phases d'élargissement et de
rétrécissement (en kabbale, Tsimtsoum), que l'on peut assimiler
respectivement à des phases solaire et lunaire. Une façon, au fond, de
désenclaver ce domaine.

L'écueil de la surcontextualisation

Dès lors que l'on s'efforce de remonter dans le passé, l'on risque
fort de poursuivre trop loin. L'étude des sources et des origines est
souvent paradoxalement bien réductrice. Imaginons que je m'inspire
d'un ouvrage pour rédiger tel chapitre. Quelqu'un reconnaît le dit
ouvrage et va se mettre à affirmer que tout ce qui se trouve dans le dit
ouvrage aidera à mieux comprendre ce que je fais, puisque... c'est une de
mes sources. Transposons cela à l'Histoire de l'astrologie. Etant donné
que l'astrologie fait appel à des données astronomiques, certains ont
décidé que l'astronomie était la "source" de l'astrologie. Donc pour
mieux connaître l'astrologie, il n'y aurait qu'à se reporter à l'astronomie
et tant qu'à faire pourquoi pas l'astronomie actuelle même si ce n'est pas
l'astronomie concernée. En effet, il n'est que de supposer que c'est
l'intention qui comptait. En fait, nous explique-t-on, les astrologues
d'antan voulaient se servir du système solaire et ils ont pris ce qu'ils en
connaissaient. Maintenant que l'on sait mieux, il nous faut aller jusqu'au
bout de leur projet et nous intéresser au système solaire tel que nous
pouvons le décrire de nos jours, avec nos instruments. Ne s'agit-il pas là
de surcontextualisation, la source venant carrément prendre possession
du projet qui l'a impliqué ? Et s'il y a plusieurs sources, le même
processus devrait donc être suivi chaque fois au nom d'une mise à jour.
Il faudrait ainsi réécrire tous les ouvrages, dans tous les domaines, en
rafraîchissant leurs sources voire réécrire l'Histoire. C'est ainsi que dans
le cas de Christophe Colomb, il importerait moins de savoir ce qu'il a
découvert que ce qu'il imaginait découvrir. C'est faire bien peu de cas de
l'Histoire : trop d'histoire tue l'Histoire. Il y a des non-historienss qui
sont plus historiens que les historiens et font dans la surenchère. Ah tu
veux chercher des sources et bien allons-y !
En revanche, au sein d'un corpus bien défini, il nous semble
tout à fait légitime de vouloir y mettre un peu d'ordre. Il ne s'agit plus là
des sources mais de déterminer ce que le savoir en question avait
élaboré et qui a pu être perturbé précisément par le retour aux sources.
On pense notamment à l'intrusion de l'astronomie dans le
développement de l'astrologie, à différents moments de son Histoire,
depuis la prise en compte de la précession des équinoxes et la mise en
place du système des domiciles tel qu'il figure chez l'astronome-
astrologue Claude Ptolémée en passant par la théorie des grandes
conjonctions d'Albumasar au Xe siècle de notre ère, par les
simplifications de l'astronome astrologue Johannes Kepler jusqu'à
l'intégration des planètes post-saturniennes, y compris les astéroïdes.
L'astronomie, au nom de son statut de source de l'astrologie, n'aura pas
cessé de perturber l'astrologie et elle continue à lui demander des
comptes comme l'atteste le dernier Que sais-je sur l'astrologie, rédigé
par des astronomes (2005)
Ainsi, l'on ne saurait nous accuser de surcontextualisation,
lorsque nous essayons de restituer les conditions qui furent celles de
l'astrologie, à un certain stade fondateur. Ce sont ceux qui veulent
"moderniser" l'astrologie qui sont, eux, victimes d'un tel travers puisque
leur argument est fondé sur l'idée de s'en tenir au seul projet et de le
reprendre à leur compte, sans s'occuper de ce que ce qui a été entrepris
entre temps et qui a laissé des marques indélébiles dans notre mémoire
subconsciente.. Et peu importe que les données utilisés par ceux qui ont
fondé l'astrologie antique aient été fausses ou incomplètes. L'on nous
objectera que l'on ne saurait dès lors négliger ce que les astrologues ont
fait de l'astrologie. On se heurte à ce moment là à un autre problème de
source: l'astrologue n'aurait-il pas son mot à dire sur ce qu'est et doit
être l'astrologie puisque c'est bien pour l'astrologue, n'est-il pas vrai, que
s'est constituée celle-ci ?
Nous nous portons en faux contre une telle affirmation:
:l'astrologie n'est pas faite pour les astrologues, elle est le fait de
l'Humanité. Les astrologues sont arrivés plus tard. Là encore plusieurs
histoires de l'astrologie se confrontent : l'une qui voudrait que les
astrologues aient cherché à décrypter le cosmos et en aient tiré des
enseignements toujours à actualiser puisqu’un tel décryptage ne cesse
de se poursuivre et l'autre, celle que nous préconisons, qui soutient que
certaines sociétés ont décidé de se référer à un certain ciel utile de façon
à mieux s'organiser et dans ce cas il importe peu que le ciel ainsi utilisé
ne soit pas le nec plus ultra du savoir astronomique. Quant aux
astrologues, ils sont arrivés, selon nous, après la bataille, quand le lien
entre les hommes et les astres était déjà en place et leur travail était
censé être de gérer un tel lien tel qu'il s'était établi, dans les faits, et non
pas tel qu'il aurait pu ou du s'instituer. Mais comme ces astrologues
étaient aussi peu ou prou des astronomes et cela restera vrai jusqu'au
XVIIe siècle inclus, ils furent tentés de mettre en place une synthèse
entre Astrologie et Astronomie. C'est contre cette synthèse toujours en
cours - les échanges entre astrologues et astronomes, sous les formes les
plus diverses, des astronomes vers les astrologues et/ou des astrologues
vers les astronomes, n'ayant au fond jamais cessé - que nous nous
dressons en demandant que tant les astronomes que les astrologues
laissent la place aux anthropologues car, pour reprendre la formule de
Kepler, entre ces deux corporations, il existe un Tertium Interveniens qui
est concerné par la dimension juridique, politique, sociale du
phénomène, ce sont les anthropologues.
.
.
TROISIEME PARTIE
ANTHROPOLOGIE DES TYPOLOGIES ASTROLOGIQUES

Le propre d'une typologie est de dépendre de la qualité de ses


définitions. Une médiocre typologie, peu pertinente, tendra à rechercher
des combinatoires qui permettront de corriger le tir. Imaginons le cas
d'une couleur de départ assez peu heureuse que l'on s'efforcerait de
corriger en rajoutant une couche d'une autre couleur puis encore une
autre parce que le mélange n'est pas encore trop convaincant et ainsi de
suite. Au bout du compte, l'on risque fort de parvenir à quelque chose
de ressemblant, mais à quel prix ? Inversement, une bonne typologie
n'exigera pas toutes ces gesticulations et n'exigera pas toutes sortes de
corrections. Les typologies zodiacales ou planétaires que véhiculent
l'astrologie sont bien peu satisfaisantes mais à force, le portrait final
peut être viable mais les dites typologies ne seront pas pour autant
améliorées car il reviendra à l'astrologue de les "sauver" au coup par
coup. Le client de l'astrologue risque de repartir avec une représentation
de lui-même qui sonne juste mais qui ne figure dans aucun manuel
d'astrologie et qui sera beaucoup moins personnelle qu'il ne l'imagine.
Ainsi, le dit client aura-t-il eu l'impression d'avoir effectué un travail
avec l'astrologue lequel, en réalité, ne fait que pallier les carences de son
matériel, un peu comme un cuisinier qui disposerait de viandes avariées
ou de second choix et qui ferait des miracles grâce à la sauce et à la
cuisson ou un client qui se ferait coiffer par une apprentie qui n'y
connaît rien et qui passerait une erreur à masquer ses erreurs et que l'on
féliciterait pour son labeur. Tant qu'à faire, autant commencer avec de la
bonne viande même si le cuisinier a moins de mérite à la rendre
agréable au palais. Le thème astral nous fait songer une sorte de potage
dans lequel on aurait mis tous les restes et que l'on aurait accommodé
ingénieusement. Faute d'être justes les typologies astrologiques
s'ajustent.
Il s'agit ici, soulignons-le, de reconstituer un système analogique
au repos dont le cycle saisonnier est le fondement, étant entendu que les
saisons sont inversées dans l'hémisphère sud, ce qui n'empêche pas les
astrologues du dit hémisphère de s'aligner sur les représentations de
l'hémisphère nord et étant entendu que les attributions par les
astronomes des dieux aux planètes laissent fort à désirer, et ce tant dans
l'Antiquité que de nos jours.. Une fois décrit le "système au repos" et
seulement alors, la question de sa mise en oeuvre sur le plan astro-
cyclique se posera ("système en activité"). Autrement dit, un système au
repos qui ne donne pas satisfaction structurellement ne saurait passer au
stade de l'application conjoncturelle. Il nous semble assez évident que le
système au repos représente une totalité (solaire) alors que le système en
activité représente uniquement un moment (lunaire) du système au
repos. En astrologie, il y a un déséquilibre entre ces deux systèmes, le
système au repos débordant largement sur le système en activité et en
fait l'on pourrait dire que les deux systèmes ne font plus qu’un, tant le
thème astral nous apparaît comme une demi-mesure, le système en
activité ne parvenant que péniblement à se sevrer, en quelque sorte, par
rapport au système au repos. D'ailleurs, dans l'iconographie astrologique
médiévale et de la Renaissance, nous trouvons des roues rassemblant,
en plusieurs cercles concentriques, tout le savoir astrologique, lesquelles
roues ne sont pas sans ressembler à un thème astral individuel.
Le Colloque des 7-9 octobre 2005 que nous avons organisé a
confirmé l'existence d'un très fort consensus entre astrologues autour
d'une doxa astrologique dominante.
C'est l'astrologie cyclique- au sens d'une astrologie poly
planétaire - qui emporte tous les suffrages avec d'une part l'importance
accordée au thème astral en général et au thème natal en particulier et
d'autre part l'intégration de nouvelles planètes au sein de tous les
dispositifs traditionnels.
Par ailleurs, on observe l'absence d'une perception dualiste de la
société, toute division se situant, pour cette astrologie en vigueur au
niveau individuel. Tout se passe donc comme si c'était l'individu qui
changeait mais pas le monde ou que le monde ne changeait que du fait
du changement individuel.
Or, si ces changements ne sont pas synchrones, si chaque
individu évolue à son propre rythme, comment la société serait-elle
animée par des cycles perceptibles puisqu’elle serait alors traversée par
des micro-changements propres aux individus partant dans tous les sens
?
En ce sens, la dualité qui ressort serait ici celle de l'individu par
rapport à la société, chaque entité correspondant à une astrologie
différente, l'une thémique, l'autre mondiale.
L'interaction se jouerait ainsi : l'astrologie du collectif
entraînerait les individus dans un seul et même mouvement en dépit des
spécificités propres à chacun et l'astrologie individuelle quand elle
concernerait des personnages remarquables - du type Napoléon ou
Hitler - pèserait sur le plan collectif.
On ajoutera que cette astrologie en vigueur tend à situer l'origine
des rapports Hommes-astres à l'aube de l'Humanité voire du vivant, en
fait, cette Humanité aurait toujours baigné dans une sorte de bain
cosmique et n'aurait eu - et ce serait là toute la portée de la constitution
du savoir astrologique- qu'à décrypter et à explorer, progressivement, au
fur et à mesure de son évolution, en quoi consistait précisément un tel
environnement, ce travail se poursuivant jusqu'à nos jours. D'où la
possibilité, chez certains chercheurs comme Suzel Fuzeau-Braesch, de
décrire cette influence astrale chez les animaux non humains lesquels,
eux aussi, auraient droit à des thèmes astraux.
On observera la présence constante d'un certain manichéisme
dont l'astrologie moderne ne semble pas pouvoir se passer faute de quoi
elle serait bien fade, ce qui fait que la dualité, bon gré mal gré, reste
toujours bien présente. En tout état de cause, on ne saurait contester
l'idée selon laquelle telle période serait plus favorable à tel groupe plutôt
qu'à tel autre, sinon à quoi bon faire de la prévision ; encore faut-il
déterminer quels sont les regroupements les plus pertinents concernés
par un certain processus d'alternance.
On présentera dans un premier temps une galerie des
principales catégories astrologiques dans leur présentation habituelle,
une sorte de Dictionnaire des idées reçues à la Flaubert et il nous est venu à
l'esprit de procéder de même en ce qui concerne l'astrologie, ce qui
permet de faire bonne figure dans une réunion astrologique. On a
parfois l'impression de jouer au rammy ou au poker : il faut trouver
dans la "main" du client une configuration, une carte seule étant sans
intérêt. Dans un deuxième temps, nous développerons une réflexion
critique à propos de ces catégories, un peu à la façon d'Abraham Ibn
Ezra exposant les règles de l'astrologie et les réexaminant dans un "livre
des raisons" à l'origine mémoire de maîtrise (Université Paris III) dirigé
par Georges Vajda qui en rédigera la préface..
Comment en est-on arrivé aux profils des signes zodiacaux ? Il
faut savoir que le portrait de chaque signe zodiacal est lui-même
composé de plusieurs paramètres qui sont au moins au nombre de six :
il y a le nom du signe, l'élément, la planète, la maison, la saison, le sexe.
Selon nous, il faut procéder par approximations successives, c'est à dire
partir du deux pour affiner progressivement en introduisant chaque fois
une dualité supplémentaire. On ne peut partir du douze comme on le
fait avec le zodiaque ni même d'un grand nombre de planètes mais bien
de couples, de dualités. Entendons par là que, contrairement à ce que
soutient un Patrice Guinard, notre intelligence fonctionne par
oppositions, par antagonismes : on fait ceci ou on ne le fait pas. On
choisit entre A et B. Puis l'on peut subdiviser au sein de A entre deux
options et ainsi de suite. Et l'on notera que ce faisant l'on ne parvient
jamais à douze car de 2 on passe à 4 et de 4 à 8 et de 8 à 16. Jean-Pierre
Nicola n'a pas su parer à un tel obstacle et présente bel et bien - et
Françoise Hardy à sa suite - un zodiaque à 12 entrées, ce qui a pour
avantage de ne pas le couper complètement de l'astrologie populaire.
Pour arriver à 12, il aurait fallu partir d'une structure ternaire. Or Nicola
part d'une structure binaire et quaternaire puis parvient on ne sait trop
comment à 12 signes et à 12 maisons, son but étant, il est vrai de fonder
l'astrologie existante sur des bases plus solides et non de lui conférer
une autre forme. C'est là précisément que l'on ne peut que constater
qu'il y a eu syncrétisme entre la pensée astrologique et le calendrier.
Nous pensons que l'astrologie n'est revenue que tardivement, lors d'une
phase de décadence, au 12 après avoir constitué un système binaire puis
quaternaire : plutôt qu'à partir du 12, l'astrologie se serait constituée à
partir des 4 saisons et des 4 phases de la Lune. Les 12 lunes ou
conjonctions soleil-lune structurant l'année étaient un fait bien connu et
certainement observé de très longue date encore que totalement fortuit
mais ce n'était pas encore de l'astrologie. A se vouloir "scientifiques",
certains font régresser l'astrologie à un stade préastrologique,
préinstrumental comme si l'on voulait réduire une statue au bloc de
marbre dont elle était issue, sans prendre en compte l'apport de l'artiste.
Si les sciences humaines sont dans l'arbitraire, les sciences dures font
souvent leur beurre de structures parfaitement fortuites et qui si elles
ont le mérite d'exister ne font pas pour autant sens, ainsi en est-il pour
les 12 mois de l'année dont le nombre ne renvoie à aucune loi
scientifique universelle. Si la nature peut ignorer l'apport créatif de
l'Homme, l'Homme n'ignore pas la Nature mais il n'est pas non plus
obligé de croire que tout ce qui est produit par la Nature fasse ipso facto
sens pour lui, l'Humanité se réserve un droit de veto, de tri (en anglais,
trial signifie jugement). Cela dit, il a du exister une forme d'astromancie
qui fonctionnait dans un registre divinatoire. En ce sens, nous
distinguerons une astrologie non divinatoire d'une astrologie divinatoire.
Pour l'astrologie divinatoire, il s'agit de donner sens aux moindres signes
qui se manifestent, donc pour l'astromancie, tout phénomène céleste est
porteur de présage, travail très méticuleux et permettant d'élaborer un
discours substantiel et copieux. Cette approche très fouillée et
minutieuse du support divinatoire, on la retrouve. chez Alexandro
Jodorowsky, dans son rapport au Tarot
Pour l'astrologie non divinatoire, en revanche, seuls certains
phénomènes célestes sont significatifs et encore le sont-ils que selon un
certain ordre fixé par l'Humanité et non en vue de savoir ce que les
astres, c'est à dire les dieux - divination est à rapprocher de divinité et
de l'acte de deviner- lui promettent ou lui réservent. Force est de
constater que l'astrologie moderne est devenue très fortement
divinatoire et d'ailleurs elle n'hésite pas à considérer la découverte de
chaque nouvelle planète comme annonciatrice de nouveaux
développements civilisationnels. Le mot même d'astrologie est souvent
interprété littéralement à savoir un discours sur le ciel tel qu'il se
présente, s'offre et s'impose à nous. L'astrologie n'est pas un
commentaire sur l'astronomie mais un usage bien circonscrit et codifié
de celle-ci... Le discours produit est sensiblement plus austère et
dépouillé, certainement moins pittoresque et haut en couleur que celui
de l'astromancie dont le propos se prête fort bien à l'astrologie par
ordinateur laquelle ne peut s'ajuster sur une quelconque connaissance
du client. S'il fallait comparer avec la condition des petits d'animaux à la
naissance : l'astromancie est déjà tout équipée dès qu'elle sort de la
bouche de l'astrologue alors que l'astrologie a besoin de s'imprégner de
l'environnement, du conditionnement post natal pour s'épanouir
pleinement. .
Nous ajouterons que selon nous il est quasiment impossible à
notre intelligence de fonctionner sur une base 3 et ses dérivés. C'est
ainsi que si je peux prévoir que l'échec de A conduira à la réussite de B,
que dire s'il y a trois candidats ? C'est d'ailleurs pour cela que la
constitution de la Ve République ne conserve que deux candidats au
second tour des élections présidentielles et pourquoi il n'y a que deux
grands partis aux Etats Unis, les Républicains et les Démocrates.
Le nom du signe est ce avec quoi le public est le plus familier
alors que du point de vue du savoir astrologique, cela a été longtemps
assez secondaire. L'on peut aborder le signe en tenant compte de son
nom ou en s'appuyant sur un réseau de corrélations venant converger
sur chaque signe de façon différente. C'est ainsi que la signification
accordée aux signes se structure à partir de coordonnées, chaque signe
étant membre d'une quadruplicité à savoir les 4 Eléments (feu, terre, air,
eau), d'une triplicité, qui correspond au découpage de chacune des 4
saisons en trois (signes cardinaux, fixes, mutables) mais aussi étant lié à
un découpage binaire : les signes impairs (1, 3, 5, 7, 9, 11) sont
masculins, les signes pairs (2, 4, 6, 8, 10, 12) féminins.
A cela vient s'ajouter la mise en relation de chaque signe avec
plusieurs planètes, au moins deux, par le dispositif dit des Dignités
planétaires lequel a son envers (Débilités planétaires) : au domicile
s'oppose l'exil, à l'exaltation, la chute si bien que pour chaque signe, il y
a des planètes qui lui conviennent et auxquelles il convient et d'autres
non. Tout cela va contribuer à modeler l'image que l'astrologue se fait
de tel ou tel signe. Mais l'on perçoit assez vite que les quadruplicités ont
bien du mal à correspondre avec les personnages zodiacaux : le verseau
est classé parmi les signes d'air alors que son nom même comporte le
mot eau, c'est le verseur d'eau, Aquarius. En fait, l'on observe une nette
hétérogénéité des différents facteurs associés à un même signe, d'où la
tendance à éliminer certains de ces facteurs pour préserver une
meilleure cohérence au sein de chaque unité zodiacale. Cette
hétérogénéité se retrouve évidemment au niveau du thème astral perçu
comme totalité pertinente, réunissant l'ensemble de ces unités activées
diversement selon le moment de la naissance.
Quant aux correspondances avec les dieux planétaires, on
rappellera que le signe des gémeaux est souvent représenté
iconographiquement par un couple et qu'à ce titre il semble mieux
devoir aller avec Vénus qu'avec Mercure et d'ailleurs l'imagerie
vénusienne fait apparaître un couple qui évoque irrésistiblement les
gémeaux/jumeaux. On pourrait de la même façon se demander si la
Vierge, dans sa représentation habituelle, n'est pas également plus
proche des valeurs vénusiennes que mercuriennes. On se demandera
pourquoi le signe a évolué d'un couple hétérosexuel vers un couple
homosexuel, est-ce du à l'attribution de Mercure, le messager des dieux,
à ce signe, personnage auquel on ne connaît pas de conjointe à la
différence des autres dieux. Le système des domiciles aggrave la
situation en plaçant non pas un mais deux signes sous sa domination :
les Gémeaux mais aussi la Vierge, soit des signes liés à des déesses alors
que Mercure est un dieu.
Enfin, chaque signe est associé à une maison ayant le même
numéro d'ordre : le premier signe, le bélier, étant à rapprocher de la
maison I, le deuxième signe, le taureau, étant à rapprocher de la maison
II et ainsi de suite. Un tel rapprochement signes/maisons est au cœur
de l'astrologie moderne en ce qu'il connecte la division du mouvement
diurne des astre, toutes vitesses confondues, avec la division du cycle
annuel en 12 mois, laquelle division sert également à baliser les
différents cycles planétaires, faisant ainsi double emploi avec le système
des aspects qui suffit largement pour ce faire. Le thème natal actuel
intégré ces deux niveaux relevant, selon nous, de deux astrologies bien
distinctes.
D'ailleurs, si la signification des signes est liée aux saisons,
bonnes comme mauvaises, celle des maisons s'articule autour de
l'horizon, lequel distingue le jour et la nuit. Pour nous les significations
des 12 maisons constituent un zodiaque astrologique symboliquement
plus authentique que le zodiaque des astronomes. Les attributions
afférentes aux 12 maisons ne correspondent en effet pas à la
progression du mouvement diurne mais bien celles des activités au
cours de l'année, ce qui est le propre de la symbolique zodiacale
d'origine. On notera qu'il existe bel et bien une iconographie des
maisons - que l'on pourrait appeler domologique - bien qu'elle ne figure
plus, sinon tout à fait exceptionnellement, dans les traités d'astrologie
moderne. On conçoit que la mort (maison VIII), par exemple, ne
s'inscrit pas dans une perspective quotidienne.
On a, en effet, parfois bien du mal à relier les signes du zodiaque
aux saisons. C'est ainsi que les gémeaux n'ont apparemment pas de
raison particulière de correspondre au printemps sauf à y voir un couple
de jeunes gens, à la saison des amours, comme on le voit dans le
manuscrit des Très Riches Heures du Duc de Berry. On ne comprend pas
davantage ce que vient faire le signe du verseau en hiver si l'on ne
replace pas la coupe ( la cup anglaise, une des quatre couleurs du tarot)
du verseau dans le cadre des banquets qui se tiennent alors mais on est
alors dans des nourritures bien terrestres fort éloignées de l'image
éthérée et aérienne que les astrologues veulent donner du signe. Ce ne
sont pas tant au demeurant des aliments "naturels" comme des fruits
que l'on cueille aux arbres en Eté mais bien des provisions faites de
salaisons, de confitures, de conserves qui sont stockées, engrangées,
cuites. C'est l'hiver que l'Humanité affirme le mieux sa supériorité sur le
règne animal. On ne s'étonnera donc pas de voir le verseau, signe
représenté par un homme, Ganymède, au coeur de cette saison et la
Vierge, donc la femme, correspondre à l'Eté, saison où elle ressent
moins sa dépendance envers l'Homme, où la nature est généreuse, où il
ne faut pas compter.. On a là le couple Pluton- Cérès. En ce qui
concerne les quatre "couleurs" du Tarot - constituant les arcanes
mineurs - à savoir coupe, épée, bâton et denier - en rapport,
respectivement, avec celles de nos jeux de carte ordinaires cœur, pique,
trèfle (en anglais, club, bâton), carreau (en anglais diamond), la coupe
semble bien liée à la table aquarienne hivernale sur laquelle elle repose,
le trèfle au paysage du printemps tel qu'il est représenté dans les Très
Riches Heures du Duc de Berry, avec ses prés fleuris. Le denier - pièce
circulaire - serait plutôt la roue comme on la trouve sur les scènes
champêtres et estivales (chariot, charrue) et enfin l'épée ou la pique
serait à rapprocher des scènes d'abattage du porc, à l'automne, au cours
desquelles le sang est versé..
Les deux dialectiques Mars-Vénus et Pluton-Proserpine, qui
sont les divinités qui font le plus sens pour la zodiacologie- dispositif
par la suite envahi par l'ensemble des planètes du système solaire - nous
semblent se manifester respectivement autour de la polarité du sang et
de celle de la lumière. Le sang pour Vénus et Mars, le sang du cycle de
la menstruation féminine, et le sang de la plaie ouverte, lors de la chasse,
par une arme masculine, soit l'épanchement naturel et celui qui est
provoqué : Printemps et Automne Le feu solaire, qui fait mûrir les
plantes et permet la cueillette, pour Proserpine et le feu de la forge
masculine, pour Pluton ; Eté et Hiver.. D'un côté, le sang et le feu
appartenant au cycle féminin, matriarcal de la vie et du ciel et de l'autre
le sang et le feu qui correspondent à nouvel âge masculin, patriarcal,
constituant un autre stade d'évolution du monde... Rappelons que
Vulcain, personnage qui nous semble proche de Pluton - lequel fut
l'époux de Proserpine- était promis à Vénus qui lui préféra Mars, l'autre
divinité masculine du quatuor.
Le Kalendrier des Bergers comporte une description des vices et des
vertus qui figure peu ou prou dans le Tarot, mais aussi dans le zodiaque
avec la Force (à rapprocher du latin Fortitudo, le courage,
traditionnellement représenté par un homme s'opposant à un Lion, qui
figure également dans le zodiaque), la Tempérance, la Justice (avec sa
balance, que l'on retrouve dans le zodiaque) mais on retrouve ces vertus
illustrées dans un ouvrage comme les Hieroglyphica d'Horus Apollo. Or,
la Force dans l'arcane XI du Tarot est représentée avec un lion ; elle
pourrait être à l'origine du signe du Lion. Le Zodiaque serait un
mélange d'images empruntées de façon assez aléatoire à une sorte
d'encyclopédie.
Ainsi, la description que l'astrologie donne de la typologie
zodiacale est-elle rien moins que fondée sur le seul nom du signe mais
est l'aboutissement d'un ensemble de facteurs, ce qui pourrait expliquer
les incohérences psychologiques de certains portraits, étant donné que
les divers critères ainsi combinés constituent un ensemble assez
disparate. Bien entendu, cette disparité n'est rien par rapport à celle du
thème natal pris dans son ensemble, le thème étant censé décrire une
personnalité. L'idée que l'astrologie se fait de notre humanité au travers
du thème natal complet (et non réduit au schéma des statistiques
Coquelin) est des plus baroques.
Un autre cas assez remarquable est celui de la typologie
planétaire moins accessible en ce qu'elle exige a priori de recourir à des
éphémérides et non à un simple almanach. Tout comme le signe peu ou
prou associé à un certain bestiaire sinon à une sorte de zoo, la planète
porte un nom qui parfois semble suffire à en cerner la signification. Ce
nom renvoie à la mythologie gréco-latine, considérée comme un
ensemble cohérent mais qui peut fort bien comporter une dimension
syncrétique, du fait de l'intégration de différents cultes au sein d'un seul
et même panthéon, dont le nom même signifie bien un rassemblement
de dieux. A partir du moment où les astronomes recourent à d'autres
mythologies pour désigner de nouveaux astres, il semblerait que les
astrologues puissent ne pas respecter ces appellations et en proposer
d'autres, qui leur sembleraient plus conformes mais tout se passe
comme si cela leur était impossible, au nom d'on ne sait quel contrat ou
arrangement passé avec les astronomes.
Selon nos recherches sur la genèse du zodiaque, quatre dieux
s'imposaient dans le cycle saisonnier : Vénus et Mars, Pluton et
Proserpine/Cérès - ce qui ne signifie pas que l'on sache exactement à
quels astres on les faisait correspondre ni que l'on tenait compte du
mouvement de ces astres pour en tirer quelque information que ce soit.
Mais si ces dieux devaient être associés pour quelque raison des astres, il
est évident que l'on ne pouvait choisir que des astres visibles et
repérables, ce qui n'est, à notre connaissance, le cas ni de l'astre
actuellement dénommé Cérès ni de celui dénommé Pluton alors que
cela convient pour Mars et Vénus. L'on peut d'ailleurs se demander si le
couple Pluton-Proserpine ne serait pas tout simplement à rapprocher de
Soleil-Lune, qui ne cessent de se rapprocher (nouvelle lune) et de se
séparer (pleine lune) Mais dans ce cas, Pluton correspondrait à la Lune,
à la nuit et à l'hiver et Proserpine au Soleil, au jour et à l'Eté, le soleil
revêtant une dimension féminine - d'ailleurs le signe de la Vierge, signe
estival, est pleinement féminin ; on sait que dans certaines traditions le
soleil est féminin en allemand, c'est die Sonne, die étant le marqueur du
féminin et la Lune, c'est der Mond, avec un marqueur masculin. On
n'oublie évidemment pas qu'il fait jour également l'hiver et nui
également l'Eté..... L'homme nous apparaît en effet comme lunaire, il
est Prométhée, celui qui vole le feu du soleil, la Lune ne tenant sa
lumière que du soleil. Mais le monde lunaire est un nouveau stade par
rapport au monde solaire, rien n'est plus facile à saisir que l'influence du
solaire, celle de la lune est déjà bien plus subtile..La lumière solaire ne
désigne pas de point particulier du ciel tant elle déborde l'aire solaire
proprement dite alors que la lumière lunaire focalise l'attention sur le
seul point du ciel où la Lune réside en un moment donné, tel un index.
D'où l'adage : regarder la Lune que le doigt désigne et non le doigt.
Le calendrier est avant tout lunaire - il l'est resté chez les
Musulmans- puisqu'il structure la course annuelle du soleil au regard de
sa rencontre avec l'astre des nuits lui imposant en quelque sorte une
nouvelle cyclicité. La notion même de mois, de signe est lunaire,
surimposant son cycle à celui du soleil qui lui est évidemment antérieur
comme l'est la lumière de l'astre des jours. En ce sens, la femme
correspond à un état plus primitif que l'homme, d'où son affinité avec la
nature à son zénith alors que l'homme correspond à la nature en son
nadir.
On nous objectera que les femmes sont marquées par la Lune
au niveau de leur cycle mais il s'agit là d'une autre grille qui n'a pas à
interférer ici et qui appartient à une ère beaucoup plus ancienne. On ne
répétera jamais assez, au cours du présent ouvrage, que toutes sortes de
rapports entre les hommes et les astres ont été établis au cours des
millénaires et qu'il importe de ne pas tout mélanger sous prétexte qu'il
est question d'un même référentiel. Il est moult façons d'assaisonner le
cosmos.
La tradition astrologique en adoptant la Lune pour le féminin et
le Soleil pour le masculin est dans l'erreur. De la même façon que le
domicile de la Lune ne saurait être le cancer signe d'Eté. D'ailleurs, le
fait même de placer soleil et lune côte à côte dans le zodiaque est une
aberration : quelle est cette dialectique soleil lune qui ne passe par une
inversion des valeurs alors que c'est bien le cas pour Mars et Vénus
dont les domiciles sont opposés ? Il semble que l'on ait mal saisi
l'application de la série : ce n'est pas Lune-Soleil-Mercure-Vénus-Mars-
Jupiter-Saturne puis, en remontant, Saturne-Jupiter-Mars et ainsi de
suite mais Soleil-Mercure-Vénus-Mars-Jupiter-Saturne-Lune. puis, en
remontant, Lune-Saturne-Jupiter etc. La lune a en effet sa place à
l'opposé du soleil et de son escorte (Mercure et Vénus) aux côtés de
Saturne, c'est à dire en Verseau, face au signe du Lion, qui est le
domicile du Soleil, le cancer étant un second domicile de ce dernier..
Il a fallu beaucoup d'ingéniosité à l'exégèse astrologique pour
masquer une telle incongruité que la non opposition soleil -lune au
niveau des Dignités planétaires. On notera la même bizarrerie avec
l'ordre des jours de la semaine avec la présente côté du soleil (dimanche)
et de la lune (lundi). Si l'on inverse le soleil et Saturne, dans cette série,
on a Saturne- Lune-Mars-Mercure-Jupiter-Vénus-Soleil. , soit un premier
groupe d'astres masculins et un second d'astres féminins, avec Mercure,
à l'articulation entre les deux et qui est réputé neutre. Notre samedi
devrait s'appeler jour du soleil (Sunday) et le dimanche, premier jour de
la semaine dans le calendrier hébraïque, jour de Saturne (Saturday)
La Lune en ne captant qu'une partie du rayonnement solaire
nous apparaît comme l'expression même du monothéisme, c'est à dire
d'une focalisation, d'une instrumentalisation d'une partie limitée de
l'objet de référence alors même que le Soleil a une dimension
universelle, totalisante. La Lune ne récupère qu'une toute petite partie
du rayonnement solaire, elle focalise, d'ailleurs le feu est un phénomène
fondamentalement lunaire, on capte la lumière du soleil avec une loupe.
La lune correspond à un maximum de concentration - ce qui donne le
feu nucléaire - alors que le soleil correspond à un maximum d'expansion
; Le monde solaire est généreux, tout y est donné alors que le monde
lunaire est besogneux, minutieux, et parcimonieux, ce qui correspond à
ce sablier, ce rationnement et le contrôle, la maîtrise du temps qui
caractérisent l'astrologie face à l'astronomie ouverte vers l'infini.. En ce
sens, selon la typologie astrologique, le soleil serait jupitérien et la lune.
saturnienne. Or, le b a ba de l'astrologie actuelle veut que la Lune soit
l'inverse de Saturne et soit assez proche de Jupiter. Or, la lune, l'astre
des nuits, témoigne de cette concentration lumineuse, ponctuelle et peu
rayonnante. En fait, cela tient au fait que la Lune ait été associée dans le
Tétrabible au cancer et Saturne au signe opposé du capricorne mais le
vice de ce dispositif est bien d'avoir placé les deux luminaires cote à
cote faisant face l'un et l'autre à Saturne (en capricorne et verseau). En
réalité, astronomiquement, la Lune n'est pas liée au soleil comme le sont
Mercure et Vénus, dont l'élongation maximale est respectivement de
28° et de 48°, lesquels astres constituent son "escorte". La Lune peut
parfaitement être, tout comme Saturne, diamétralement opposée au
soleil, à la différence de Vénus. D'un autre côté, les astrologues en
associant la Lune avec la maison IV (la maison), introduisent une
dimension de cloisonnement. Il apparaît donc que l'astro-psychologie
moderne tient un discours particulièrement confus sur la Lune, qui a au
moins l'avantage de convenir à tout le monde, puisque l'on y trouve tout
et son contraire. Or, il s’agit de restaurer une anthropologie cosmique
cohérente.
Sur un plan symbolique, l'homme serait donc, selon nous,
lunaire, c'est à dire en opposition avec les valeurs solaires. C'est lorsque
le soleil faiblit que la société a le plus besoin de s'organiser pour
survivre, c'est quand le temps est médiocre et que l'on est en périodes
de vaches maigres que l'Etat se renforce (cf le Songe de Pharaon) parce
qu'il a su se limiter et stocker en périodes de vaches grasses. Quelque
part, le Paradis Terrestre est solaire et quitter celui-ci c'est basculer vers
le monde lunaire - l'Enfer- passant du grand au petit luminaire. , de la
corne d'abondance à la sueur du travail. Quand tout va bien, qu'il n'y a
plus d'enjeu majeur, l'homme tombe sous le joug de la femme, d'où les
guerres, les conflits, qui lui permettent d'asseoir, à nouveau, son
autorité.
. Notons qu’en 1589 parurent à la suite des XXI Epîtres d'Ovide
une Imitation d'Homère &, ce d’Ovide, Les Amours de Mars & Venus & de
Pluton vers Proserpine, Paris, H. de Marnef, 1580. Le second couple n'a
pas été repris lors du baptême subséquent des planètes et ce n'est qu'à
partir du XIXe siècle que Cérès (1801) puis Pluton (1930) vont trouver
une place dans le ciel, place au vrai bien modeste et bien improbable en
raison de leur invisibilité. Pluton aux confins du système solaire aurait
ainsi bien du mal à incarner le feu ! Certes un Pluton aussi éloigné est-il
invisible mais c'est aussi le cas de la planète Neptune et en outre
comment pouvait-on attribuer une signification à un astre non repéré ?
On voit donc que même le passage vers le polyplanétarisme d'une
structure au départ phasique s'est fait dans de mauvaises conditions au
niveau de la cohérence symbolique. Il est vrai, toutefois, que le maintien
du zodiaque à côté du polyplanétarisme - cause d'un évident
syncrétisme - perpétuait le personnage de Cérès avec le signe de la
Vierge pour la période adéquate, tout comme celui de Vénus se
maintenait, non sans ambiguïté, avec le couple géminien. La présence
du dieu Mercure- Hermès a été une source de confusion, à commencer,
dans le Tétrabible, attribué à l'astronome Claude Ptolémée d'Alexandrie
(IIe siècle de notre ère) par sa domination sur les Gémeaux vénusiens et
la Vierge cérésienne. Contrairement à ce que pense Yves Lenoble, cette
oeuvre ptoléméenne ne saurait faire référence, elle correspond à la mise
en place d'un schéma purement astronomique avec le dispositif des
domiciles et l'évacuation de celui des exaltations qui en est absent et qui
n'avait pas de fondement astronomique mais déjà les exaltations étaient
l'expression d'un polyplanétarisme excluant Pluton et Cérès comme
régents de planètes. Or, qui n'était pas régent de planète allait ipso facto
ne pas pouvoir être régent de signe/constellation, on entrait dans un
cercle vicieux. Bien plus, le système des domiciles exclue par définition
la symbolique zodiacale au lieu, comme d'aucuns croient, de venir la
préciser. A partir du moment où l'on dispose deux séries planétaires
jumelles, cela signifie que l'on introduit une dualité là où il y avait unité,
substituant ainsi une logique à une autre. On se retrouve ainsi avec deux
Mercure, l'un lié au signe des Gémeaux et l'autre au signe de la Vierge,
ce qui contribue à brouiller l'image de Mercure si l'on cherche à tout
prix à la zodiacaliser. Idem pour Vénus qui régit à la fois le taureau et la
balance - dans l'attente, tout comme Mercure - d'une planète
transplutonienne qui la déchargera de ce double fardeau. Il est vrai
qu'avec des définitions aussi ondoyantes des planètes -dès lors que la
planète est autant défini par ses signes que le signe par ses planètes -
l'astrologue se préserve une certaine liberté d'interprétation .
Il en est de même pour les Quatre Eléments, organisés en
triplicités (triangles), qui sont en concurrence avec le Zodiaque et avec
les Saisons et non en complément. Chacun de ces dispositifs a son
intérêt à condition de ne pas tenter de les combiner en un seul et même
système. Exit donc le style Bélier, signe de feu, dominé par Mars et ainsi
de suite.
Il aura, donc, fallu atteindre le XIXe siècle pour que certains
noms de dieux (ré)apparussent dans le ciel, à l'initiative d'ailleurs non
pas des astrologues mais des astronomes. Mais même une fois ces
divinités réapparues dans le système solaire, il ne vint à l'idée d'aucun
astrologue, à notre connaissance, de les préférer à Mercure ou à Jupiter
dont la présence, selon nous, est probablement due à l'influence de
l'astronomie babylonienne, laquelle attachait beaucoup d'importance à
Mardouk dont l'équivalent était réputé être Zeus-Jupiter. On a là à
nouveau un exemple de syncrétisme, que l'on peut observer pour le
zodiaque avec l'interférence du tétramorphe avec la symbolique
saisonnière - dans la dénomination même des planètes : en revanche, le
couple Mars -Vénus put s'affirmer. Le fait que le couple se soit
transformé en jumeaux vient très certainement d'un rapprochement
avec les personnages de Castor et Pollux. On en arrive ainsi à une série
de signes qui ne correspondent à aucune cyclicité cohérente, en fait, la
symbolique zodiacale, tout en continuant à se référer au point vernal, ne
figure plus que par bribes et ne constitue plus un system chrono-
anthropologiquement pertinent et cohérent. Du moment que l'on avait,
au bout du compte, des dieux et des animaux, la jonction entre les deux
traditions pouvait néanmoins s'envisager. Ce n'est pourtant, faute de la
part des astrologues de ne pas s'être intéressés aux couples de planètes
ni à la mythologie. André Barbault, dans les années cinquante, publiera
aux éditions du CIA trois volumes : Soleil-Lune, Jupiter-Saturne et avec
Jean Carteret Analogies de la dialectique Uranus-Neptune- ouvrages réédités
aux Editions Traditionnelles - sans apparemment percevoir le manque
du couple Pluton-Proserpine alors même que Cérès était
traditionnellement associée à la Vierge. Ce couple incarnant par
excellence la dualité des bonnes et des mauvaises saisons ne figurera
donc pas dans l'arsenal de l'astrologie de la seconde moitié du XXe
siècle et cela parce que les astrologues ne se seraient pas permis de
rebaptiser certaines planètes alors même qu'eux seuls attachaient de
l'importance aux noms qui leur étaient assignés. On soulignera le fait
que l'argument de la précession des équinoxes est souvent mal compris
par les astrologues ; il s'agit là de montrer à quel point les astrologues
son tributaires d'appellations astronomiques plus ou moins fantaisistes
et décalées, qui plus est, par rapport à un prétendu substrat saisonnier.
Autrement dit, l'astrologie aurait peut-être été prise davantage au
sérieux si elle avait proposé un nouveau zodiaque, à sa façon, n'étant
pas soumis aux aléas d'une autre science qui n'avait cure de ses intérêts
et de ses enjeux.
C'est ainsi qu'André Barbault affirmait que Pluton était l'octave
supérieur de Mars comme Neptune de Vénus, sans trop se demander si
au couple Mars-Vénus correspondait un couple Pluton-Neptune alors
même qu'il souscrivait par ailleurs, dans un ouvrage avec Jean Carteret,
au couple Uranus-Neptune. En tout état de cause, placer Pluton en
domicile dans le Scorpion, domicile de Mars, comme l'ont fait les
astrologues d'après sa découverte en 1930 était une aberration car
Pluton et Mars ne correspondent pas à la même saison. Si l'on avait
baptisé la planète découverte par Le Verrier du nom de Pluton, on
l'aurait probablement placée en poissons , signe hivernal, tout comme
l'on aurait probablement appelée la planète découverte par Clyde
Tombaugh en 1930 du nom de Proserpine, la plaçant en face des
poissons en vierge, ce qui aurait évité aux astrologues de l'attendre
encore. Car placer Pluton comme maître d'un signe impliquait ipso facto
que l'on plaçât Proserpine dans le signe d'en face. Mais il ne vint à
l'esprit d'aucun astrologue de débaptiser telle planète - Jupiter par
exemple pour lui conférer le nom de Proserpine voire de Cérès
attribuée à un malheureux astéroïde. .On voit à quel point l'alliance de
l'astrologie avec l'astronomie moderne tournait au cauchemar,
l'astrologie, pieds et poings liés, s'étant déclarée engagée par les
avancées et les dénominations astronomiques.. On sait que les
promesses n'obligent que ceux qui les font.
En fait, il nous semble bien déceler une interférence
neptunienne dans le quartier des trois signes hivernaux : les poissons, le
verseau, donc celui qui verse de l'eau et jusqu'au capricorne représenté
dans le zodiaque de l'Inde par un crocodile et en Occident par une
chèvre à queue de sirène. Manilius, d'ailleurs, dans son Astronomicon,
attribue le signe des Poissons à nul autre dieu que Neptune tout comme
il attribue la Vierge à Cérès, Vénus au Taureau et Mars au Scorpion,
omettant Pluton dans la série des 12 dieux correspondant aux 12 signes.
Pour quelque raison, tout se passe comme si Neptune avait remplacé
Pluton, l'eau le feu, mais l'iconographie des mois a maintenu bel et bien
la dimension ignée de l'hiver, d'où un décrochage par rapport à la
symbolique zodiacale. Etrangement, lorsque l'on découvrit de nouvelles
planètes, la première planète au delà d'Uranus fut appelée Neptune
(1846) et la deuxième Pluton (1930), encore que ce nom de Pluton ait
désigné depuis des décennies la transneptunienne à découvrir.(cf le
Manuel d'astrologie sphérique et judiciaire de Fomalhaut, Paris, 1897). Bien
entendu, les astrologues anglais du XIXe siècle se hâtèrent d'attribuer la
nouvelle planète Neptune - ainsi désignée par les astronomes - au signe
des Poissons., solution que les astrologues français adoptèrent
subséquemment... (cf nos deux volumes de La Vie Astrologique, Paris, La
grande conjonction-Trédaniel, 1992 et 1995). Il conviendrait de
déneptuniser le zodiaque des mois d'hiver en leur restituant une
dimension plutonienne mais aussi en attribuant le nom de Pluton à la
Lune qui retrouve tous les mois le Soleil, lors de la nouvelle Lune alors
même que Cérès correspondrait au soleil, le nom de Cérès ayant été
attribué,- faute de mieux, pourrait-on dire- au premier astéroïde
découvert, le Ier janvier 1801, soit le premier jour du XIXe siècle, par
un astronome sicilien, Giuseppe Piazzi, Cérès étant la patronne de son
île, la ceinture d'astéroïdes se situant entre Mars et Jupiter et ayant sa
place prévue , dès 1772, dans la loi de Titius-Bode. Il est intéressant de
noter que les astronomes ont ainsi donné une leçon de symbolisme aux
astrologues en réintroduisant dans le ciel, certes à leur façon, les noms
de deux dieux majeurs que sont Pluton et Cérès et dont les astrologues
s'étaient passé depuis des millénaires.
Il nous semble heureux de rapprocher ce quatuor de dieux
(Mars, Vénus, Pluton, Proserpine) d'un autre quatuor bien connu dans
l'astrologie, à savoir celui qui oppose les deux astres bénéfiques aux
deux astres maléfiques, Vénus étant le petit bénéfique et Jupiter le
grand bénéfique, Mars le petit maléfique et Saturne le grand maléfique.
On voit que deux dieux sont communs à ces deux séries. Il nous semble
logique que les planètes "maléfiques" soient liées aux saisons difficiles,
l'automne et l'hiver et les bénéfiques aux saisons lumineuses, le
printemps et l'Eté. Or, dans le systémique tel que nous l'avons
reconstitué, Mars et Pluton correspondent aux "mauvaises" saisons
tandis que Vénus et Proserpine aux "belles" saisons. Dès lors, n'est-on
pas en droit de conclure que Saturne- souvent représenté par la faux de
la mort, a pris la place de Pluton et Jupiter, le maître de l'Olympe en
analogie avec le Soleil, l'astre le plus lumineux, celle de l'estivale
Proserpine/Cérès? Nous pensons plutôt que Pluton est à associer avec
la Lune et Cérès avec le Soleil, qui ne sont pas des planètes stricto sensu.
L'on peut certes associer Saturne avec la Lune, d'autant que leur vitesse
de révolution correspond aux mêmes chiffres : 28 jours/28 ans donc 7
jours/7 ans. De même, le soleil peut être associé à Jupiter-Zeus, maître
de l'Olympe, dont le cycle est déterminant en astrologie chinoise.
L’aspect numérique n’est pas indifférent et a pu jouer un rôle dans
certains choix subjectifs : même notre découpage de la journée en 24
heures n’est pas si éloigné du compte, d’où une sorte de triptyque : le
jour de 24h, le cycle de Saturne de 28 ans, le mois lunaire de 28 jours . Si
l’on divise par 4, on a des unités qui tournent entre 6 et 7 et qui nous
semblent les plus conformes au rythme de vie des hommes : 6 heures, 6
jours, 6 ans que l’on peut encore diviser en deux.
Le lien entre astres et saisons est essentiel et l'on voit à quel
point l'astrologie a dévié avec le dispositif figurant dans le Tétrabible qui
place Jupiter en sagittaire, signe d'automne alors que l'ancien dispositif
des exaltations, dont le Tétrabible ne dit mot, et qui est notamment
attesté chez Pline, place Jupiter au cancer, signe d'Eté et Saturne en
balance, signe d'automne. Mars est exalté en capricorne, signe d'hiver.
Une anomalie, Vénus exaltée en Poissons, signe d'hiver alors que cet
astre est en rapport avec les "belles " saisons: Il semble qu'il ait été
refoulé des signes printaniers qui jouxtent le signe des Poissons par un
autre dispositif qui s'est surimposé ou au contraire qui n'a pu être
évacué à savoir l'attribution des deux premiers signes de printemps
(bélier et taureau) aux luminaires . En effet, le fait d'associer les deux
luminaires dans deux signes conjoints a une autre signification qui n'est
pas liée aux saisons mais plus largement à une symbolique de réunion
des contraires... On observera que nous obtenons ainsi un lien entre
chacune des quatre planètes et le début d'une saison : Mars correspond
au solstice d'hiver Saturne à l'équinoxe d'automne, Jupiter au solstice
d'Eté et Vénus, donc, à l'équinoxe de printemps, en bélier (et non pas
en Poissons) Cette opposition Saturne-Jupiter a laissé des traces dans les
glyphes inversés de ces deux astres
ll ne s'agit pas ici de réinventer l'astrologie, comme le propose
un Jean-Pierre Nicola, mais de reconstituer une tradition qui vaut ce
qu'elle vaut mais qui a des chances d'être mieux enracinée dans
l'inconscient collectif que ses dérives et corruptions tardives, quels que
soient les efforts des exégètes à démontrer que le résultat actuel est tout
à fait satisfaisant. Peu importe qu'il le soit ou qu'il ne le soit pas, ce qui
nous importe, c'est qu'il est complètement décalé avec les anciennes
représentations et donc anachronique. Certes, l'on pourra nous signaler
qu'il y a danger, comme le fait remarquer Milo Baya à surcontextualiser le
savoir astrologique, en l'orientant vers une sorte d'involution, voire de
régression. Il vaudrait mieux parler de révolution ; c'est à dire de
ressourcement, ce qui n'a rien à voir avec la table rase de ceux qui
veulent fonder l'astrologie sur l'astronomie contemporaine et qui sont
bel et bien, eux, dans la surcontextualisation puisque cette astronomie
contemporaine nous ramène à un stade antérieur au regard de l'Homme
sur le monde et où la notion de visibilité ne faisait pas encore sens.
Les maisons astrologiques ne faisaient pas partie initialement du
thème natal sous la forme que nous leur connaissons. Dans le Tétrabible
l'on trouve d'autres appellations qui ne correspondent pas. à ce qui
figure dans les manuels d'astrologie moderne. Les maisons astrologiques
ont une vocation prédictive et cyclologique évidente et se divisent en
fait en deux groupes qui alternent : les maisons qui correspondent à la
vie quotidienne, à la famille, à la domesticité et que nous qualifierons
d'inférieures ou de féminines (maisons I à VI) et les maisons qui
impliquent des enjeux collectifs, avec un champ de conscience plus
large, et que nous qualifierons de supérieures ou de masculines.
(maisons VII à XII). Nous proposerons, à titre indicatif, la présentation
suivante, sur la base des critères avancés :
Groupe hivernal, impliquant une vie confinée, une famille dominée par
un seul maître, une seule loi, celle du pater familias, chaque cellule se
repliant sur elle-même, comme cette crèche de Noël, au début de l'hiver
(25 décembre) où l'on voit se côtoyant, dans une sorte d'étable, le
nouveau né, (l'enfant Jésus), le foyer, ses parents, les serviteurs, les
animaux domestiques (maisons I à VI mais qui en fait devraient être les
maisons VII à XII correspondant à l'automne et à l'hiver si on les met
en analogie avec les signes zodiacaux - du scorpion aux poissons). .
Groupe estival, impliquant un mouvement vers l'extérieur, un
déracinement, un départ, une transhumance, un mariage; maisons VII à
IX mais qui en fait devraient être les maisons I à VI correspondant au
printemps et à l'Eté - du bélier à la vierge). Ce sont des maisons
astrologiques pour lesquelles la Nature généreuse rassemble sous son
aile ce qui est dispersé et où chacun se comporte à sa guise, fait l'école
buissonnière, va dormir, comme les clochards, les SDF (sans domicile
fixe) sous les ponts, sans organisation autre que celle qui est liée aux
exigences les plus primaires, qui valent pour tous et apportent une
touche d'universalité où les cultures ne sont plus que des
épiphénomènes jugés parfois encombrants...
ll n'est pas acceptable que le numérotage des maisons
se fasse en sens inverse de l'analogie saisonnière: faut-il
rappeler que lorsque l'on passe de la maison III à la maison IV,
c'est comme si l'on passait de l'hiver à l'automne et que de la
maison VI à la maison VII, c'est comme si l'on passait de
l'automne à l'Eté!!! A partir de là comment serait-on surpris d'un
certain nombre d'inversion en ce qui concerne notamment les
valeurs soleil-lune? Certains soutiendront, pour esquiver le
problème, que la symbolique des maisons n'a rien à voir avec
celle du zodiaque ou des saisons ; encore faudrait-il bien
connaître l'articulation et l'organisation interne des dites séries
pour pouvoir l'affirmer, ce problème relevant de l'histoire du
symbolisme astrologique.. Qui ne voit, au contraire, à quel
point le monde des premières maisons correspond aux saisons
froides, où le milieu familial et domestique devient plus
prégnant du fait que l'on ne peut sortir de chez soi: c'est la
créche de Noël? Mais dans ce cas, l'on ne saurait mettre ces
maisons en rapport avec les signes correspondant aux saisons
chaudes, du bélier à la vierge. Il convient donc de numéroter
les maisons qui sont sous l'horizon de 7 à 12 et de débuter la
numérotation depuis l'ascendant vers le haut et non vers le
bas, en respectant ce faisant l'ordre de succession logique des
saisons. On aura donc compris que la symbolique des
maisons 1 à 6 doit être transférée aux maisons 7 à 12 et vice
versa.
Le fait que l'astrologie associe le cancer au féminin, du fait de
son lien avec la Lune, nous apparaît comme un grave contresens
anthropologique. D'une part, parce que durant l'Eté, les gens ne
s'enferment pas chez eux, ce qui fait que la maison est moins
importante - d'ailleurs encore de nos jours c'est le moment où l’on part
de chez soi pour aller habiter ailleurs - et d'autre part parce que le cadre
familial est pesant pour la femme, c'est là que le joug est le plus lourd,
qu'elle est la plus dominée et assimilée au monde domestique en
général. La Maison nous apparaît, bien au contraire, comme un symbole
masculin et non féminin. On parle d'ailleurs des maisons royales, des
maisons commerciales - expressions devenues quelque peu désuètes de
nos jours. La maison, c'est aussi le Temple, c'est l’œuvre du (franc)
maçon. Décidément, les livres d'astrologie véhiculent une certaine
quantité de contrevérités alors même qu'ils prétendent nous éclairer sur
l'ordre du monde. Mais ce sont peut-être ces déviances qui attirent
précisément un public féminin qui y trouve son compte. Pour la femme,
en réalité, la maison est bel et bien une prison. Et d'ailleurs, l'exogamie
est un droit, préservé dans les familles princières, qui lui est accordé de
pouvoir s'échapper, du moins changer de maison, de nom de famille,
voire de religion. Si elle est gardienne du foyer, c'est toujours un foyer
d'adoption, qui est le fruit d'un dépaysement, d'une acclimatation ; seule
la vieille fille ne bouge pas.. De nos jours, force est de constater que
croit toujours davantage le nombre de femmes qui affirment leur
allégeance à leur maison d'origine alors même qu'elles se prétendent
émancipées. C'est qu'en réalité, l'émancipation de la femme est
fortement matinée de mimétisme envers l'Homme. La femme ne veut
pas d'une telle liberté : tel est bel et bien son dilemme à savoir qu'elle ne
profite pas des droits inhérents à sa condition féminine mais qu'elle
convoite ceux qui ne lui sont pas accordés. Pendant la Première Guerre
Mondiale, les femmes ont été envoyées dans les usines alors que les
hommes étaient au front, elles y ont vu un gage de leur libération alors
même qu'elles étaient intégrées plus que jamais, à un niveau mineur, au
sein de la structure masculine. Il aurait probablement mieux valu qu'elles
contribuassent, en temps utile, au brassage des peuples - évitant ainsi la
guerre - en se mariant à l'étranger que de contribuer à l'effort de
guerre..... L'astrologie actuelle reflète-t-elle une telle déviance ou bien en
est-elle peu ou prou la cause en pervertissant son symbolisme?
Chez les femmes, en tout état de cause, existe un penchant très
fort pour la liberté et qui en fait des êtres non pas casaniers mais au
contraire aptes à se déplacer d'un endroit à un autre - ce qui correspond
à l'exogamie. D'ailleurs, il suffit d'observer le comportement de femmes
qui n'ont pas eu de père : on trouvera chez ces femmes un tempérament
rebelle, frondeur, insoumis, s'efforçant d'échapper à toute contrainte, à
tout engagement, qui n'en font qu'à leur tête et qu'il faut dompter
comme on le ferait d'un cheval sauvage Sous des apparences, un vernis
civilisés, la femme, mal sevrée par son père, reste un être épris de liberté
et notamment de liberté de parole comme l'a noté John Gray, dans son
best-seller Les femmes viennent de Vénus et les hommes de Mars. Etre
raisonnable leur pèse et lui coûte plus qu'aux hommes et c'est peut-être
cela qui est injuste que de leur demander de se comporter comme eux...
Signalons en passant à quel point l'astro-typologie traditionnelle
est en porte à faux avec de telles descriptions sans parler de l'astro-
psychologie fondée sur le thème astral et qui dresse des portraits
kaléidoscopiques. Quelque part, le thème astral contribue, en effet, à
brouiller le clivage Hommes-femmes et à voir du masculin chez la
femme et du féminin chez l'homme, selon une grille jungienne
(animus/anima) dont on peut se demander si elle ne serait pas influencée
par une certaine fréquentation de l'astrologie. Le débat sur la liberté de
la femme comporte quelque paradoxe : au nom de sa liberté, la femme
veut s'intégrer au monde des hommes or toute intégration implique une
certaine dose de renoncement à sa liberté, d'entrer dans un certain
système. Ce faisant, la part de liberté dans le monde n'est plus incarnée
que dans une sorte de mauvaise conscience, voire de mauvaise foi, par
un retour du refoulé : cette liberté ne disparaît pas chez la femme mais
elle se surimpose à ses comportements mimétiques. En ce qui nous
concerne, nous pensons que toute société doit se ménager une zone de
liberté et étonnamment l'esclave, l'étranger, la femme, l'enfant seraient
plus libres que le citoyen, dégagé de certains droits, il le serait aussi de
certains devoirs. C'est dire que le débat actuel sur l'intégration est mal
posé dès lors que l'on admet l'existence, que dis-je, la nécessité d'une
société duelle, à deux vitesses.
En ce qui concerne la correspondance signe/maison, il y a
plusieurs écoles : l'une qui pose comme une évidence la correspondance
entre ces deux séries, l'autre qui la rejette, comme Gilles Verrier. Il y a
aussi ceux qui considèrent qu'il faut numéroter les maisons, à la
Coquelin, dans l'ordre de marche des planètes et ceux qui acceptent une
numérotation qui va dans le sens inverse des aiguilles d'une montre si
l'on place l'ascendant à gauche. Nous avons longtemps pensé que les
deux séries ne correspondaient pas mais depuis le progrès de nos
recherches sur le zodiaque, nous avons changé d'avis en ce que la
correspondance entre maisons et mois de l'année nous semble assez
flagrante ; si bien que la présence de la symbolique actuelle des maisons
pour décrire le mouvement diurne nous semble déplacée, c'est le cas de
le dire..
. On voit mal comment la tradition astrologique telle qu'elle se
pratique et s'interprète actuellement - on pense par exemple à la
collection Zodiaque des éditions du Seuil, qui a près d'une cinquantaine
d'années d'existence - relie le signe du cancer au foyer et donc les gens
du cancer, ceux qui ont notamment le soleil ou/et la lune en cancer,
donc nés au début de l'Eté - le cancer commençant avec le jour le plus
long, celui du solstice- seraient casaniers, attachés à leur maison, à leur
cocon. Les lecteurs, élèves et clients de l'astrologie entendent un tel
discours sans sourciller, ce qui en dit long sur ce qu'ils disposés à
accepter émanant de l'astrologie tant sur le monde que sur eux -mêmes.
Qui ne voit qu'il s'agit là d'un total contresens et que tout ce qui a
rapport à la maison doit être associé à l'hiver, comme le montrent tous
les Livres d'Heures qui placent les scènes d'intérieur durant les mois les
plus froids. En Eté, au contraire, on sort dans la nature, on dort à la
belle étoile comme ces bergers qui sont représentés installés dans un
verger. Inversement, le sagittaire ne saurait être le signe des voyages,
comme cela est ressassé dans cette littérature zodiacale : est-ce que l'on
part en voyage en décembre, dans les derniers jours de l'automne, à
l'approche de l'hiver et ce même si la maison IX est celle des voyages et
que l'on veut la rapprocher du neuvième signe ? Dans l'iconographie
des Très Riches Heures du Duc de Berry, les personnages à cheval ne
figurent que durant les mois de printemps et d'Eté. Le sagittaire n'a
donc pas à être associé avec le cheval, c'est un archer, non un centaure -
en fait son image est étrangement syncrétique sous la forme d'un
centaure tirant à l'arc. Même de nos jours, les grands départs se font
l'Eté, à la belle saison. C'est alors que l'on peut se rencontrer d'un village
à l'autre après avoir été séparés par la neige par exemple ; on sort de sa
tanière, les gens se rencontrent, les couples se forment (rien à voir avec
l'homosexualité des Gémeaux !), en dehors de la famille (prohibition de
l'inceste), c'est le temps de l'exogamie, quand la fille quitte ses parents
pour partir plus ou moins loin.
C'est donc toute la psychologie zodiacale qui est à revoir quelles
que soient les prétendues vérifications que l'on nous opposerait et dont
on sait la valeur ! Il importe de placer les premières maisons (I à VI) au
dessus de l'horizon, en rapport avec les saisons où l'on va dans la nature
et les maisons VII-XII au dessous de l'horizon, parce que l'on se terre
chez soi. La maison IV ne saurait donc être celle de la maison, de la
famille et la maison IX celle des départs au loin.
On aura compris que si nous confirmons le lien
signes/maisons/mois, cela ne se conçoit dans le système en
mouvement, selon l'expression de Christian Gourdain, empruntée à
Robert Jaulin, que si l'on inverse la numérotation actuelle telle qu'elle se
pratique dans le thème natal. Ce qui signifie que celui qui a surtout des
planètes dans les maisons au dessus de l'horizon est celui qui sort de
chez lui, puisqu'il fait jour alors que celui qui a surtout des planètes sous
l'horizon tend à se cloîtrer dans sa demeure. Or, on ne voit pas
comment le sagittaire, signe de la fin de l'automne correspondrait à une
maison IX proche du Milieu du Ciel, c'est à dire de la mi-journée. Dès
lors si le né a des planètes en maison IX, il les a en fait en maison III,
dans un registre Gémeaux, si l'on considère la maison I comme
marquant le début du printemps ! On nous dira que la pratique vient
confirmer l'autre dispositif et l'on répondra que si la pratique peut faire
cela, paraphrasant Jean Rostand, à propos des statistiques en astrologie,
alors ne nous fions plus à une pratique si celle-ci n'est pas d'abord sous
tendue par une théorie cohérente. De même qu'il n'y a pas
d'individuation en dehors d'une appartenance sociale préalable, de
même il n'y a pas de pratique en dehors d'un contexte théorique
pertinent.
De nos jours, le thème astral est de plus en plus utilisé sous la
forme d'une astromancie rétrospective : au lieu de faire un tirage de
cartes pour le moment de la consultation, l'on dresse le thème de
naissance mais on traite celui-ci comme un tirage censé rendre compte
de ce que le né a vécu jusque là ; c'est dire que le même thème sera
interprété différemment si le né à quinze ans ou quarante ans. Cela
signifie que l'on part du principe que ce que le né est devenu au
moment où il consulte était préinscrit dans le thème. Inutile de dire qu'il
s'agit là d'une pratique qui n'est formalisée dans l'enseignement
astrologique mais qui s'observe bel et bien dans la plupart des réunions
astrologiques où l'on discute de thèmes de personnages connus comme
celles organisées par Didier Geslain ou à l'AFA (association française
d'astrologie) de Christian Fenninger.
Or, étant donné que le thème natal ne prend pas en compte le
mouvement des astres au cours de la vie de la personne, sauf à y greffer
des transits ou à extrapoler par des conventions de temps artificielles,
l'on est en droit de penser que ces deux ensembles correspondaient bel
et bien à une certaine philosophie binaire que nous retrouvons dans
l'astrologie telle que nous la présentons avec le cycle Saturne-Aldébaran.
Ajoutons que nombreuses sont les mancies, outre l'astrologie thémique,
à avoir adopté les maisons cycliques à commencer par la géomancie et
le tarot. Ajoutons que les travaux statistiques de Gauquelin ne viennent
aucunement valider ces maisons astrologiques du moins quant à la
signification qui leur est assignée.

Une typologie inconsistante

Non seulement, le thème natal nous apparaît-il comme une


sorte de recueil des notions astrologiques les plus diverses bien plus que
comme un outil opérationnel mais les typologies astrologiques sont
dans leur présentation actuelle bien peu crédibles. Si l'on examine un
traité d'astrologie comme celui d'André Barbault, l'on nous explique que
Jupiter est expansif, qui aime les voyages, et que ses domiciles sont en
sagittaire et en poissons, respectivement signes d'automne et d'hiver
mais cela n'empêche pas Jupiter et le soleil, astre de l'Eté, de s'entendre
à merveille en conjonction. A contrario, Mercure est un astre intellectuel,
qui décortique et l'on s'attendrait à ce qu'il corresponde aux saisons où
la nature se retire. Pas du tout, ses domiciles sont en gémeaux, signe de
printemps et en vierge, signe d'Eté ! Tout se passe comme si Mercure et
Jupiter avaient permuté leurs domiciles. L'on pourrait ainsi s'interroger
sur le domicile de Mars en bélier, au début du printemps ou sur celui de
Vénus en balance au début de l'automne mais au moins ils ont un autre
domicile plus conforme à leur nature avec respectivement le scorpion et
le taureau. En fait, le dispositif proposé par le Tétrabible ne vaut que si
l'on fait totalement abstraction du référentiel saisonnier sinon comment
pourrait-il se faire que l'on ait en automne successivement la balance
signe de Vénus et le scorpion signe de Mars ?
Ne parlons pas de la Lune associée au cancer, signe d'Eté, alors
que c'est un astre qui éclaire singulièrement les nuits d'hiver et qui n'a
rien de féminin, la femme étant un être solaire. La Lune est en fait
saturnienne, elle favorise la miniaturisation, la réduction, elle correspond
au feu, qui est tout l'inverse du soleil ; l'homme, à partir d'une minuscule
étincelle parvient à se chauffer, passant du cru solaire au cuit lunaire
alors que parfois la montagne solaire accouche d'une souris. .. Il est vrai
que le Tétrabible place les domiciles des deux luminaires côte à côte en
Eté Mais c'est le nom même des astres du système solaire qui fait
problème. A proximité du soleil, il faudrait ne mettre que des dieux en
rapport avec les valeurs du printemps et de l'Eté, et donc Vénus mais
point Mercure. Et à partir de la Lune, sorte de Soleil en mineur, nous
devrions avoir des valeurs d'automne et d'hiver et donc Mars et Saturne
mais pas Jupiter. Là encore, il conviendrait de permuter Mercure et
Jupiter. Même pour les anciennes planètes, on n'est pas obligé de suivre
docilement la tradition astronomique.

Vers une nouvelle histoire du symbolisme astrologique

L'iconographie astrologique comporte quatre volets : les signes,


les planétes, les maisons astrologiques. et les mois de l'année (cf la
collection en ligne rassemblée par la belge Marie-Christine Sclifet). Seul
le premier volet est bien connu du public alors que les trois autres ne
sont souvent même pas connus des étudiants en astrologie ni même des
astrologues.
L'on trouve une grande part de ce symbolisme au sein d'un
ouvrage paru à la fin du XVe siècle sous le nom de Compost et Kalendrier
des Bergères, qu'il ne faut pas confondre, en dépit d'évidentes
ressemblances, avec le Kalendrier et Compost des Bergiers. L'on observera
ainsi que même la littérature des calendriers respecte la sexuation.
Dans le Kalendrier des Bergères (1499), figurent douze scènes
correspondant aux douze mois de l'année, on les appelle généralement
des travaux, ce qui montre bien qu'il ne s'agit pas d'une simple
description du cycle saisonnier mais bien des activités humaines telle
qu'elles se succèdent. On notera que l'on parle aussi des 12 travaux
d'Hercule.. L'on s'aperçoit d'emblée à quel point le monde y est perçu
par rapport aux hommes au point que l'année ne saurait se décrire
comme une simple réalité météorologique extérieure à l'insensibilisation
qu'en font les hommes.
C'est ainsi que le mois de janvier tel qu'il apparaît dans le dit
Kalendrier comporte un feu de cheminée, à l'arrière plan qui tranche avec
le froid du dehors. Le personnage central n'est pas sans évoquer le
bateleur, c'est à dire la première arcane majeur du Tarot. Notons que
l'iconographie des mois présente parfois le personnage sous la forme
d'un Janus, à deux visages, ce dieu ayant donné son nom au mois de
janvier. Premier mois, première arcane. Mais l'on peut aussi rapprocher
le bateleur de l'imagerie des enfants de Mercure tout comme les
Amoureux correspondent sans difficulté à celle des enfants de Vénus et
dans ce cas le Tarot serait plus à rapprocher de la symbolique des dieux-
planétes que de celle des signes-mois. Mais ne se pourrait-il que les
dieux soient à l'origine des allégories des mois de l'année? Dans ce cas,
les dieux constitueraient une cyclicité. Toute la mythologie s'originerait
dans la succession des activités socio-météorologiques : Vénus et le
temps des épousailles et Mars et l'abattage du porc. Car si l'homme doit
parfois tuer des animaux, verser leur sang, pour se nourrir, il n'est pas
nécessaire de prévoir qu'il puisse s'en prendre à son prochain au cours
d'une année normalement constituée. Bien évidemment, le nombre de
dieux est supérieur à celui de planètes connues de l'Antiquité, ce qui
montre bien qu'il ne s'agit pas ici, au départ, de planètes. On notera
cependant qu'une astuce exposée dans le Tétrabible et largement
répandue dans l'iconographie consiste à attribuer à chaque planète deux
signes, à l'exception du soleil et de la lune qui n'ont qu'un signe chacun,
sauf à les considérer comme une seule et même entité. Mais tel
n'est pas le cas des exaltations lesquelles laissent des signes sans planète
et dont on peut penser qu'initialement elles se référaient à 12 dieux et
non pas à des planètes et s'articulaient sur un seul et unique cycle.
Manillons, un siècle avant Ptolémée, proposait comme
dominateurs des signes zodiacaux nombre de divinités qui ne
correspondaient à aucune planète mais qui pouvaient être associés à des
étoiles, lesquelles en revanche ne manquaient pas. Comment ne pas voir
notamment que la déesse Cérés-Démeter est liée aux moissons et
qu'elle ne figure pas comme astre (astéroïde entre Mars et Jupiter) avant
le début du XIXe siècle et que Vesta, est liée au feu, au foyer, si présent
dans les images des mois d'hiver et devra également attendre cette
même époque pour briller au ciel ? Mais face à Cérés-Proserpine, n'est-
ce pas plutôt Pluton qui correspond aux mois d'hiver et au feu des
Enfers ? On connaît le récit mythologique selon lequel Proserpine-
Perséphone sera contrainte six mois par an de demeurer auprès de son
époux Pluton-Hadés au Tartare.
Le livre de l'Apocalypse chapitre 20 versets 10 à 15 explique : “ Et le
diable […] fut jeté dans l’étang de feu et de soufre, où sont et la bête et
le faux prophète ; et ils seront tourmentés, jour et nuit, aux siècles des
siècles. Et je vis un grand trône blanc […]. Et je vis les morts, les grands
et les petits, se tenant devant le trône ; et des livres furent ouverts ; et un
autre livre fut ouvert qui est celui de la vie. Et les morts furent jugés
d’après les choses qui étaient écrites dans les livres, selon leurs œuvres.
Et la mer rendit les morts qui étaient en elle ; et la mort et le hadès
rendirent les morts qui étaient en eux, et ils furent jugés chacun selon
leurs œuvres. Et la mort et le hadès furent jetés dans l’étang de feu :
c’est ici la seconde mort, l’étang de feu. Et si quelqu’un n’était pas
trouvé écrit dans le livre de vie, il était jeté dans l’étang de feu. ”. On
notera cependant que Pluton et le Feu correspondent à l'Hiver alors que
c'est Mars qui correspond à l'Automne. Pluton n'a donc pas à être
associé avec le signe du scorpion. En revanche, il convient fort bien à la
maison de la mort qui devrait normalement être associée avec la mort
de la nature, c'est à dire l'Hiver. Si l'on considère, avec Patrice Guinard,
que la maison VIII de la mort était la dernière, la fin des choses et des
temps, le Jugement Dernier, dans un système à 8 maisons (octotopos de
Manilius), elle correspondrait en effet avec l'Hiver, incluant les 2
dernières maisons.
Or, ni Cérès, ni Pluton n'ont donné leur noms à des planètes
dans l'Antiquité et il semble donc bien injuste que le dieu Pluton ait été
attribué à un astre aussi lointain que celui qui fut découvert en 1930.
Pendant une longue période, en gros à partir du Tétrabible (IIe siècle de
notre ère) l'astrologie a fonctionné sans Cérès ni Pluton - alors que
Manillons, un siècle plus tôt - donne la liste suivante Pallas, Vénus,
Apollon, Mercure, Jupiter, Cérès, Vulcain, Mars, Diane, Vesta, Junon et
Neptune, signalant notamment le couple Jupiter-Junon en signes
opposés Lion et Verseau. Le seul cas où Manilius accorde - et encore
indirectement - une divinité à une saison concerne Cérès : "la vierge,
avec son épi appartient de droit à Cérés .

Pluton et le solstice d'hiver ( iconographie du mois de février)


Vénus et l'équinoxe de printemps (iconographie du mois de mai)
Cérès et le solstice d'Eté (iconographie du mois d'août)
Mars et l'équinoxe d'automne. (iconographie du mois d'octobre)
Au passage, on signalera que nous avons là un axe taureau-
scorpion, qui est celui, du point de vue des constellations, où se situe
Aldébaran et Antarés. En effet, la déesse Vénus -on ne parle pas ici
nécessairement de planètes - est domiciliée en taureau et le dieu Mars en
scorpion, couple que l'on retrouve chez Manillons : "La déesse de
Cythère (protége) le taureau ( ; ..) le scorpion belliqueux s'attache à
Mars" . Le dédoublement des dieux tel qu'il apparaît dans le Tétrabible
de façon à ce que tous les signes du zodiaque corresponde non pas à un
dieu mais à une planète, et qui a été adopté par les astrologues,
conjointement à un autre dispositif, celui des exaltations lequel ne
comporte pas un tel dédoublement - dispositif absent du Tétrabible au
demeurant - nous semble la marque d'une volonté de renforcer les liens
entre astronomie et astrologie ; n'oublions pas que Claude Ptolémée
était avant tout astronome et que son système n'a été détrôné qu'à la
Renaissance, avec Copernic. En cela, il n'est pas étonnant que les
astrologues modernes - c'est notamment le cas d'Yves Lenoble-
accordent une telle importance au Tétrabible, lequel préfigure le
syncrétisme astrologico-astronomique actuel. C''est ainsi qu'hormis les
luminaires, les planètes Mercure, Vénus, Mars, Jupiter et Saturne
régissent deux signes et ne sont donc plus, ipso facto, associées à une
saison particulière !
On notera que les dieux masculins correspondent aux mauvaises
saisons (automne-hiver) et les dieux féminins aux bonnes (printemps,
Eté). Les Gémeaux - il s'agit d'un couple - sont donc bel et bien ici un
signe vénusien et non mercurien -contrairement à ce qu'affirme le
Tétrabible-, le Sagittaire- il s'agit d'un archer- est un signe martien et non
jupitérien, la Vierge est un signe cérésien (cérés est à rapprocher de
céréale) et non mercurien comme dans le Tétrabible et pour l'hiver, les
poissons sont un signe plutonien et non jupitérien comme dans le
même Tétrabible. D'ailleurs, dans les Très Riches Heures du Duc de Berry, le
porc est remplacé par le sanglier et c'est à une scène de chasse à courre
que l'on assiste pour le mois de décembre, l'animal étant tué par un
épieu ou une épée et non pas un arc. Les signes du scorpion et du
sagittaire représentent avant tout le chasseur. Volguine, dans le
Symbolisme de l'Aigle, a montré que le scorpion était un "homme
scorpion", c'est à dire un archer, ce qui confère aux deux signes
consécutifs une seule et même signification. Le décrochage planétes-
saisons est désormais total : Mars étant ainsi associé à un signe
d'automne, le scorpion mais aussi à un signe de printemps, le bélier et
idem pour Vénus, qui se trouve représentée dans ces deux saisons
opposées, en taureau et en balance. Le procédé est d'autant plus
choquant qu'il existe face au domicile l'exil et qu'ainsi Mars est "en
trône" en scorpion mais exilé en balance, puisqu’en trône en bélier, tout
comme il est exilé en taureau. Mars est donc d'un signe à l'autre, au sein
de la même saison, débilité ou dignifié, le signe l'emportant donc sur la
saison qui est la grande perdante de l'opération puisque même les
Quatre Eléments ne sont pas reliés aux saisons, du fait de leur
appartenance à un triangle, ce qui fait que les trois signes correspondant
à un même élément au lieu de constituer une seule et même saison se
retrouvent comme déportés à 120° l'un de l'autre.
Un tel réaménagement aurait du conduire à l'abandon de toute
référence de l'astrologie aux saisons voire à la mythologie - celle-ci étant
réduite à la portion congrue- or l'astrologie moderne, notamment telle
qu'elle est représentée dans l'œuvre d'André Barbault - et
singulièrement dans la série qu'il a dirigée sur le Zodiaque- associe, sans
état d'âme, astrologie, astronomie et mythologie mais aussi cycle
saisonnier, domiciliation (trônes) des planètes dans les signes,
exaltations, nouvelles planètes, ce qui constitue grosso modo le corpus
appelé Tradition astrologique, présenté comme un ensemble
indissociable et d'un seul tenant - et qui, de surcroît "marche"', en tout
cas fait l'affaire au niveau de la consultation - donc dont il est
inconcevable d'évacuer quoi que ce soit, ce qu'a tenté un Jean-Pierre
Nicola, dans les années Soixante, en renonçant aux Dignités (doubles
domiciles (signes régis par deux planètes ou planètes régissant deux
signes), exaltations) mais nullement aux douze signes et adoptant les
assignations astronomiques modernes aux planètes. transsaturniennes,
et ce sans plus associer signes zodiacaux et planètes, ce qu'a cherché à
faire un Patrice Guinard, un de ses disciples. .
Ces quatre signes forment un carré ; si l'on se situe par rapport
aux constellations, on a un décalage d'un signe, le signe des gémeaux
correspondant alors à la constellation du taureau et ainsi de suite. Le cas
du signe des Poissons est le plus problématique car il est le seul des
quatre à ne pas être en accord avec l'iconographie de la saison. On lui
préférera celui du verseau puisque sur les images de janvier et de février,
on trouve un récipient sur la table. Curieusement, l'eau qui s'écoule des
jarres portées par le verseau ressemble étrangement aux flammes. Il
semble qu'il y ait eu corruption du symbolisme igné qui aurait conduit à
sa transformation en un symbolisme aqueux, d'où les poissons. Mais
dans l'Apocalypse (XX, 14), il est écrit que “ La mort et l’hadès furent
jetés dans le lac ou l'étang de feu. ”. , on retrouve un lien entre le feu et
le liquide à propos précisément des Enfers.
On notera qu'à la fin du XIXe siècle, quand on crut avoir
découvert un astre intra-mercurien (d'abord désigné comme objet
Lescarbault) encore plus proche du soleil - et dont on trouve la trace
dans les commentaires astrologiques encore à la fin des années Trente,
dans les Cahiers Astrologiques de Volguine- on dénomma ce corps céleste
Vulcain, dieu de la forge. Par la suite, dans les années cinquante,
l'astrologue Jean Carteret - ce qui conduisait à un décrochage manifeste
entre mythologie et astronomie - nomma les deux transplutoniennes,
appelées par Léon Lasson X et Y, dont il espérait la prochaine
découverte, Proserpine et Vulcain, ces noms figurèrent dans le Traité
d'astrologie pratique d'André Barbault (1961). Proserpine se trouvait donc
entourée de Pluton et de Vulcain, deux divinités associées au Feu mais
cette fois à l'autre extrémité du système solaire, ce qui est une aberration
sur le plan symbolique, puisque ces astres se situent dans la région la
plus éloignée qui soit du soleil. Quant à leur "conjonction" avec le
soleil, elle est purement virtuelle et visuelle tant ces astres sont éloignés
les uns des autres. La Lune, somme toute, nous semble convenir
comme demeure de ce Pluton qui croise sa Proserpine- soleil,
périodiquement. De nos jours, Vulcain -Hephaistos ne s'est pas vu
attribuer, dans le système solaire, une planète significative comme les
autres dieux, c'est dire que l'on ne saurait suivre aveuglément les
assignations mythologiques que l'astronomie moderne a fixées,
notamment en ce qui concerne Pluton qui devrait désigner un astre
proche du soleil, à savoir la planète Mercure, encore que le dieu
Mercure-Hermés soit une divinité proche des Enfers, dans la
mythologie égyptienne, sous le nom de psychopompe, il avait pour "
mission d'assister à la dernière heure des moribonds, de leur fermer les
yeux, de conduire les âmes aux Enfers, de les ramener au jour quand
elles ont terminé la période d'expiration". Ajoutons qu'un astre proche
du soleil est souvent invisible, ce qui expliquerait pourquoi les
statistiques de Gauquelin n'ont rien trouvé pour Mercure. Pluton, astre
de l'hiver manifeste l'invisibilité du soleil de minuit, du nadir alors que
Proserpine serait le zénith, symbolisant la culmination solaire, tout
comme la conjonction de la Lune avec le soleil donne une lune invisible,
la "nouvelle lune" tandis que l'opposition entre les deux luminaires
produit la pleine lune, lorsque la nuit est la moins noire.. On notera que
la coutume de brûler, d'incinérer, les cadavres est attestée dans de
nombreuses cultures, plutôt que de les enterrer, c'est à dire de les mettre
sous terre.
On n'aurait en fait au départ que quatre dieux correspondant
aux quatre saisons puis l'on serait passé à une démultiplication du
nombre de dieux pour arriver à douze en raison des douze lunes.
L'astronomie, par la force des choses, n'a pu emprunter ce schéma à 12
facteurs que partiellement, du moins jusqu'à ce que de nouveaux astres,
bien plus tard, entrent dans son champ de vision. L'on comprend mieux
dès lors pourquoi l'astrologie moderne a suivi l'astronomie dans ce
recyclage des dieux. Entre temps, pendant des siècles, l'astrologie, étant
passé au polyplanétarisme, s'échina à répartir les activités humaines
entre les sept astres supposés tourner autour de la Terre, tout en
conservant les 12 signes...
L'on soulignera le fait que les saisons où la nature est la plus accueillante
seraient féminines tandis que les saisons les plus difficiles seraient
masculines ("Quand la brise fut venue... "). Elles exigent de recourir à la
chasse, de tuer en tout cas -et non plus de tondre - des animaux- ainsi
que de maîtriser le feu et toute l'industrie qui en découle, depuis la
charcuterie jusqu'à la forge. On est donc très loin de l'idée selon laquelle
l'Eté serait le Feu. Si le soleil est bien le feu par excellence, le feu ne fait
sens qu'en son absence, comme un relais. Il y aurait ainsi une dialectique
soleil/ feu plus intéressante sur le plan symbolique que celle, plus
classique soleil-lune. L'autre dialectique opposerait le vent à l'air, c'est en
Eté, quand le temps est sec que l'air est le bienvenu et que l'on ne
souhaite pas rester enfermé chez soi. Opposition nature-culture : le feu
culturel se situe à l'opposé du règne naturel du soleil, donc en hiver -
c'est alors que l'on fait marcher les fours et les cheminées - et l'air
culturel se situe à l'opposé du règne naturel du vent, donc en été, c'est
alors que l'on recourt au ventilateur et au parasol.

Le Kalendrier des Bergères

Sur la table du mois de janvier, figure un récipient


vraisemblablement en étain qui contient quelque boisson, ce qui fait
immédiatement songer au signe du verseau qui est d'ailleurs présent en
écusson, en dessous du signe du capricorne, ce sont là en effet les deux
signes de janvier d'autant qu'avant la réforme grégorienne du calendrier
(1582), le passage d'un signe à l'autre s'opérait au milieu du mois. On
notera à l'arrière plan le profil d'un château ce qui monte que cette série
de vignettes est inspirée des Très Riches Heures du Duc de Berry, qui
appartient au début du XVe siècle.
Citons en partie le poème qui se place sous la vignette : "Beau
feu devant moy je demande/ Sus table pain, vin & viande". L'eau serait
donc plutôt du vain et d'ailleurs Ganyméde, l'échanson des dieux, devait
servir de l'ambroisie et non de l'eau. On retrouve ce personnage dans les
arcanes du Tarot, la Tempérance et l'Etoile. Dans les Très Riches Heure,
la scène est celle d'un banquet avec de nombreux convives.
La vignette de février n'est guère différente. Le feu est plus que
jamais présent et l'on voit un homme couper du bois et un autre porter
un fagot dans la maison. La table est toujours mise avec ses ustensiles.
La vignette relative au mois de mars place un château à l'arrière-
plan, indiquant un certain clivage social. Des paysans travaillent aux
champs, un homme est entré dans un ruisseau ou un étang. La division
en deux de la page vient peut-être de ce que ce mois ci est le théâtre à la
fois de la fin de l'année et du début d'une nouvelle année, d'où le
poisson d'avril et le jour bissextile s'intercalant entre février et mars. Le
mois d'avril (en anglais april) signifie l'ouverture.
La vignette d'avril met en scène des personnages de la classe
supérieure, au vu de leur habillement. Un homme compte fleurette à
une jeune fille. Cela n'est pas bien loin de l'arcane VI du Tarot,
L'Amoureux.
La vignette de mai est la continuation de celle d'avril : les deux
protagonistes se retrouvent sur la même monture. La vignette des
gémeaux met en scène, adéquatement, un couple et certainement pas
des jumeaux. Notons que cette même vignette se retrouve presque à
l'identique - "le (sic) planète Venus " - pour illustrer les "enfants" de
Vénus, expression par laquelle on désignait autrefois les vénusiens.
Le poème du mois parle d'une "belle damoiselle".
La vignette de juin est celle de la tonte des moutons et l'on
remarquera que le signe du bélier ne correspond pas avec un mois où le
mouton est au cœur de l'activité paysanne. Au loin, à nouveau, un
château. C'est cette vignette qui est reprise sur la page de titre de
nombre d'éditions du Kalendrier et Compost des Bergers. Le poème du mois
dit : " Je suis le moys de iuing nommé qui fais tondre la chose est telle
brebis moutons etc". Un autre poème rustique s'exprime ainsi : " Une
fois l'an fait bon ses brebis tondre", le mouton, c'est avant tout la laine
qui permet de se vêtir, il ne tire pas la charrue comme le boeuf et ne
participe donc qu'accessoirement à la production alimentaire.
Etrangement, sur un autre document du XVe siècle la tonte des
moutons est déplacée à l'automne, juste avant la glandée des porcs, ce
qui montre que la transmission de ces documents est sujette à des aléas
et finit par ne plus correspondre, dans certains cas, aux réalités sur le
terrain. Il est logique de tondre les moutons quand il fait chaud, donc en
été et non pas au début du printemps, au sortir de l'hiver, pour que les
bêtes ne prennent pas froid en étant ainsi dénudées. En fait, l'astrologie
a adopté une série incohérente mais qui suffit aux astronomes qui n'ont
cure de l'adéquation entre signes et société. Le zodiaque des astrologues
n'a pas nécessairement à être identique à celui des astrologues.
La vignette de juillet est celle de la moisson - messidor dans le
calendrier révolutionnaire à partir de 1792 - et de la faux qui en est
l'instrument. Cette faux souvent associée à Saturne ( cf l'image de "Le
planète Saturne" dans le kalendrier) voire à la mort dans l'arcane XIII du
Tarot. De même, la charrue ne se retrouve-t-elle pas dans l'arcane VII,
le Chariot, ne serait-ce que dans la similitude des mots ? On pourrait
aussi rapprocher la roue de fortune du Tarot de la roue du moulin à eau.
La vignette d'août prolonge celle de juillet, l'on y noue des
gerbes ; le signe de la vierge tenant un épi de blé convient fort bien à la
scène dominée au loin par un château. L'arcane XXI du Tarot, Le
Monde, représente une femme entourée d'une couronne d'épis.
La vignette de septembre est celle des vendanges (vendémiaire
dans le calendrier révolutionnaire), des hottes et du pressoir et la
balance nous fait penser aux charges que les hommes portent. En bas,
un homme verse du jus de raisin d'un tonneau dans un broc.
La vignette d'octobre est celle des labourages et des semences.
La charrue est tirée par des bœufs mais on est bien loin du signe du
taureau qui correspond au printemps dans le zodiaque qui nous est
familier.
La vignette de novembre est le temps des porcs à la glandée
promis à l'abattage. Le signe du sagittaire, l'archer, pourrait en effet
évoquer les projectiles que les paysans lancent dans le feuillage des
chênes pour faire tomber les glands. Le porc est au centre de cette
vignette tout comme le mouton l'était pour juin. Et pourtant, il n'y a pas
de signe du cochon, sinon dans le zodiaque chinois. Le poème du mois
parle du porc et du gland. Cette absence du porc dans le zodiaque alors
que l'animal - base de l'alimentation carnée du paysan - est présent dans
l'iconographie des mois montre bien que le dit zodiaque comporte des
sources fragmentaires, tant par l'absence de certains motifs que par le
fait que certaines scènes s'y réduisent à certain détail plus ou moins
pertinent. On notera que dans le jeu d'échecs, la tour ne fait qu'évoquer
l'éléphant car l'éléphant de combat était surmonté d'une tour fortifiée.
Dans certaines langues, la tour des échecs porte d'ailleurs le nom
d'éléphant. Curieusement, la pièce qui porte le nom de fou/fol se
rapproche phoniquement du nom de l'éléphant dans les langues
sémitiques (fil) alors qu'en anglais le fou porte le nom de bishop, l'évêque,
déformation du grec episcopos...
Le document ci- contre comporte les deux séries dont on
observe qu'elles ne se superposent à peu près qu'à trois moments : le
signe des gémeaux et le mois d'avril, le signe de la vierge et le mois de
juillet, le signe du verseau et le mois de janvier. Quant au tarot, il
emprunte davantage à la série des mois, outre l'Amoureux, le Bateleur,
le Monde (pour la Vierge), on trouve, le mois de mai dont la charrue
donne le chariot, suivi du mois de juin, dont la faux devient celle de la
mort. Ajoutons que certains travaux peuvent être décalés selon que l'on
va vers le nord ou vers le sud et il serait intéressant de savoir à quelle
latitude correspond l'attribution à certains mois de telle activité de façon
à situer le lieu d'origine d'un tel dispositif.
La vignette de décembre nous fait assister à la préparation du
pain. Au centre, un four à pain et donc le feu comme pour les deux
vignettes suivantes de janvier et de février. Il semble donc que le feu
occupe trois signes successifs et que la répartition triangulaire (à 120° de
distance l'un de l'autre) des éléments soit contestable. En face, pour les
mois estivaux, l'on trouve des vignettes marquées par le travail en plein
air, ce qui nous renvoie à l'élément air. Lors d’un anniversaire, il y a le
rituel consistant pour l’impétrant à souffler des bougies. Or, l'astrologie
tend à placer l'air ( signe fixe du verseau) en hiver et le feu en Eté (signe
fixe du lion). Il est vrai que l'on trouve aussi dans ce qu'on appelle
l'Homme Zodiaque, une étrange correspondance entre les premiers
signes et la tête et les derniers signes et les membres inférieurs alors que
la partie la plus évoluée de l'homme se situe dans sa tête et que le
zodiaque est censé suivre une certaine progression psychique. N'est-il
pas également surprenant que le signe du capricorne soit mis en relation
avec la dixième maison et avec le Milieu du Ciel alors qu'il correspond
au solstice d'hiver, le quatrième signe du zodiaque, le cancer, signe du
solstice d'Eté convient mieux.
Le poème évoque Noël et la naissance de Jésus issu de la
Vierge.
Quelles réflexions nous inspirent ces vignettes au niveau du
Zodiaque ? S'il existe certains recoupements, force est de constater bien
des décalages. Mais les recoupements sont suffisamment nombreux
pour que les rapprochements fassent sens et ne soient pas le fait du
hasard, d'autant que le lien entre le Zodiaque et les saisons est bien
connu.
Un des cas les plus troublants concerne le mouton dont la
présence en début d'année ne s'impose nullement. On peut aussi
s'étonner de l'absence du porc dans l'imagerie zodiacale actuelle. En
revanche, on voit mal ce que le lion vient faire dans le zodiaque car il n'a
guère sa place dans les travaux et les jours. On a vu que cela pourrit être
une allégorie de l'une des vertus, la Force, que l'on retrouve dans le
Tarot. Quant au feu, contrairement à ce qu'affirme l'astrologie, c'est un
élément de l'Hiver et non de l'Eté.
Le cas du signe des Gémeaux est emblématique. Il s'agit bel et
bien au départ d'un couple, le printemps est la saison des amours et des
épousailles. En refusant de restituer le couple dans le zodiaque, l'on
déconnecte l'astrologie du cycle socio-saisonnier. C'est ainsi que Solange
de Mailly Nesle dans le volet consacré au Zodiaque de son Astrologie, ne
relève aucune des contradictions, comme si le Zodiaque n'avait rien à
voir avec les scènes de chaque mois, étant donné qu'elle reproduit par
ailleurs des éléments des deux séries.
Au départ, le zodiaque devait clairement dériver d'une telle
iconographie des lunaisons, puisque à l'origine, le mois débutait avec la
nouvelle lune. Le verseau devait représenter le début de l'année, au
solstice d'hiver, d'où - on l' a dit - la carte du Bateleur pour commencer
la série des 22 arcanes du Tarot. On pourrait parler d'une carte apéritive,
dans tous les sens du terme. D'ailleurs, le Kalendrier des Bergères reprend la
vignette de janvier pour indiquer le solstice d'hiver tout comme il
reprend la vignette de septembre pour l'équinoxe d'automne, ou la
vignette d'août pour le solstice d'Eté, la vignette du mois d'avril pour
l'équinoxe de printemps.
Il ne faudrait pas s'en prendre qu'aux seuls astrologues pour
dénoncer une certaine incurie car ceux-ci dépendent des travaux des
historiens. Récemment est paru un assez luxueux ouvrage, traduit de
l'italien, Astrologie, alchimie et magie, de Matilde Battistini. de même que la
réédition du Signe zodiacal du Scorpion de Luigi Aurigemma . Ces auteurs
font cohabiter allégrement signes zodiacaux et images des Livres
d'Heures et du Kalendrier des Bergères, lequel ouvrage, syncrétique à
souhait, réunit d'ailleurs les deux séries pour chaque mois. A aucun
moment, on ne nous signale certains décalages entre les dites séries, se
contentant parfois de relever ce qu'il en est dans un cas et/ou dans
l'autre. Pas question de montrer le rapport symbolique entre un signe et
une scène, dès lors que cela ne correspond pas à la tradition telle qu'elle
nous est parvenue. Donc aucun rapport entre le signe du bélier et la
tonte des moutons, aucune réflexion sur la présence du lion ou du
scorpion dans le contexte champêtre des mois pas plus que sur
l'absence du porc dans le zodiaque occidental. Aurigemma aurait pu,
ainsi, rapprocher le dard du scorpion de la scène où l'on tue le cochon.
Notons que l'on pendait le porc à une sorte de potence pour recueillir
son sang et que cela a pu donner l'arcane du Pendu mais ce Pendu
figure également dans l'imagerie des enfants de Saturne. La scène de
crucifixion de Jésus nous semble appartenir à ce type de tableau
automnal - début de l'année juive- plus qu'au solstice d'hiver qui voit la
vie sociale se réfugier dans les intérieurs, à moins d'envisager un bûcher.
Aurigemma ne s'explique pas sur la place incongrue du
scorpion en tant qu'animal dans un tel environnement campagnard, se
contentant de faire un inventaire alors que c'est la seule scène où il y a
du sang qui coule, même si la faux et la serpe sont intervenues dans
d'autres scènes mais ne s'en prenant qu'aux végétaux. On ne nous
épargne évidemment pas les banalités d'usage sur la symbolique animale
- ce qui permet de relier allégoriquement bélier et printemps, lion et été
- tout en se permettant de ne pas rechercher des correspondances
littérales et moins alambiquées.
Pour penser l'Histoire du Zodiaque, il ne suffit ni de nous
raconter combien le zodiaque a marqué des cultures - ce qui correspond
à sa fortune, à sa diffusion- ni d'aller étudier les sources de chaque signe
zodiacal pris séparément. Car même les interpolations et les
interférences peuvent avoir une histoire intéressante. Qu'est ce donc
que d'écrire sur le signe du Scorpion isolément de l'ensemble zodiacal ?
Soit l'on admet d'entrée de jeu que chaque signe zodiacal a sa propre
histoire soit l'on reconnaît que l'on a affaire à un seul et même ensemble
et l'on se réserve la possibilité de conclure qu'un tel ensemble ait pu se
corrompre, être victime de suppressions ou d'additions. Mieux encore,
ne conviendrait-il pas de réfléchir sur la facette du symbole scorpion qui
fait sens au sein du zodiaque ou bien doit-on considérer que tout ce qui
a rapport avec le scorpion fait ipso facto sens pour le zodiaque ? C'est une
approche répandue - et nous-mêmes nous l'avons pratiquée dans Le
Grand Livre du Sagittaire - que de partir du principe qu'absolument tout
ce qui est relatif, de près ou de loin, avec l'objet étudié, la moindre de
ses facettes, fasse sens pour l'astrologie.
Qu'est ce finalement que le zodiaque ? Pour nous, l'astrologie
n'en a nullement besoin, elle peut se contenter de quelques étoiles fixes
dont elle fait ses repères. L'astrologie - on ne le dira jamais assez - n'a
pas à utiliser intégralement tel ou tel ensemble ou série astronomique,
cosmographique, hémérologique. Elle n'a besoin que d'une partie du
tout et on finit par lui imposer le tout, quitte à lui faire attraper une
indigestion en la gavant de la sorte d'une mixture, en l'occurrence assez
frelatée et faisandée. Mais respectons le zodiaque tel qu'il est et pour ce
qu'il est devenu dans sa dimension culturelle en étant conscient de ses
incohérences structurelles et surtout ne nous appuyons pas sur une
autorité bien douteuse pour valider l'astrologie !
Quant à l'iconographie des maisons astrologiques, elle est
encore moins connue - tant des historiens que des astrologues -
puisqu’elle ne figure même pas dans le Kalendrier des Bergères et qu'elle a
peu près totalement disparu de la littérature astrologique et n'est guère
attestée que dans les manuscrits. Or, la Roue de fortune présente dans
le Tarot correspond à la vignette de la maison XI. On n'a pas de peine à
retrouver dans cette série l'image de la maison VII qui a inspiré l'Arcane
de l'Amoureux. La maison des enfants se retrouve dans l'arcane du
soleil avec ses deux jouvenceaux. La maison II est fort proche du
Bateleur et la maison III comporte des personnages habillés comme
l'Hermite. La maison X fait irrésistiblement penser à l'arcane de
l'Empereur et la maison IX à celle du Pape, pour ne pas parler de la
maison VIII pour l'arcane de la Mort.
L'on notera que nous avons bien affaire ici à deux iconographies
bien distinctes, l'une en rapport avec les mois, celle du zodiaque, l'autre
axée non pas sur ce qui se passe socialement au cours de l'année mais ce
qui attend la personne tout au long de sa vie, celle des maisons, qui a été
conservée en partie dans le Tarot, ce qui expliquerait pourquoi tant
d'astrologues utilisent le Tarot, y retrouvant une iconographie perdue.
A la lumière de ces observations, l'on ne pourra que souligner la
médiocrité des publications relatives aux signes zodiacaux, ouvrages qui
sont l'occasion de recourir au corpus iconographique de l'astrologie.
Certes, le Zodiaque est-il attesté depuis avant l'ère chrétienne sous la
forme que nous lui connaissons. C'est dire que certains décalages ne
datent pas d'hier. De là à vouloir justifier que le bélier soit le premier
signe du zodiaque par le seul fait que c'est un animal impulsif, qui veut
se trouver à la tête du troupeau... Au vrai, au départ il s'agit moins d'un
bélier que d'un mouton voire d'un agneau (comme dans l'Evangile), ce
qui montre que la symbolique animale autorise certaines libertés. A
force de vouloir tout interpréter au niveau allégorique, les liens entre le
zodiaque et les saisons risque de devenir de plus en plus abstrait. Alors
que le zodiaque est une production tardive par rapport à la symbolique
des mois, nombre d'astrologues sont tentés d'en faire une matrice dont
tout découlerait. On a déjà dénoncé cette tendance chronique à vouloir
tout antidater, à commencer par l'émergence du phénomène
astrologique, ce qui permet de priver l'humanité de toute emprise sur le
dit phénomène tant dans sa constitution que dans sa transmission. Tout
est là depuis l'origine des temps et le savoir concerné nous aurait été
livré intact. Sous cet angle, ce n'est pas le Zodiaque qui serait corrompu
mais le Kalendrier des Bergers qui aurait déformé le Zodiaque.
La médiocrité et la pusillanimité des historiens du champ
astrologique et prophétique - nostradamisme inclus - s'explique certes
par le fait que leur objet d'études fait problème et qu'ils ne sont pas
censés le prendre trop au sérieux, d'où une distanciation qui frise parfois
la démission, au point - on l'a vu - de ne même pas oser proposer tel
rapprochement obvie mais il est vrai gênant pour la cohérence du
système concerné. Or, l'existence de cette cohérence, très relative,
semblant être une condition minimale de la légitimité de leur travail, il
convient donc d'en préserver la façade..

L'astrologie et les avatars de l'hors contexte

Le problème du savoir astrologique, c'est d'avoir été profané.


Entendons par là mis dans les mains de personnes qui n'avaient accès à
celui-ci que de l'extérieur, c'est à dire hors contexte. Le terme contexte,
en tant que tel, peut prêter à confusion. Tantôt, il signifie observer ce
qui est autour, tantôt ce qui est derrière, le background, l'arrière-plan. Or,
le background n'est pas immédiatement donné à l'observateur, il exige des
recherches en amont, d'aller se renseigner ailleurs. L'autre idée du
contexte est plus paresseuse puisque l'on se contente- selon une
approche que l'on pourrait qualifier de structuraliste - d'observer les
rapports de l'objet considéré avec ceux qui l'environnent.
Celui par exemple qui ne connaît l'astrologie que par les signes
du zodiaque et qui ne connaît le zodiaque que par les dessins des signes
risque fort de s'inventer une astrologie quelque peu surréaliste, à la
façon d'un poème de Jacques Prévert et qui fait songer à ce que l'on
appelle un cadavre exquis. Est-ce que, en effet, le verseau se définit par
rapport au taureau ou aux poissons ou bien doit-il être resitué dans le
cadre de l'iconographie du calendrier ? La culture de certaines personnes
se résume à faire avec ce qu'elles ont sous la main. Pour elles, le
contexte de chaque signe, c'est l'ensemble des signes. Elles ne vont pas
et ne se donnent pas les moyens de voir plus loin.
Pour le chercheur plus sérieux, il importe de se demander ce qui
a amené à produire une telle série dans un tel ordre et à quoi renvoient
ces signes, ce qu'ils désignent. Or, avant de désigner les natifs d'un signe-
autre information aisément accessible - les signes se référent à un
système symbolique plus large lequel malheureusement n'est pas à
portée de main de celui qui a une approche par trop compartimenté du
savoir et qui n'est pas doté d’une culture générale très développée. C'est
comme un touriste chinois qui ne peut être compris que resitué dans
son pays et non dans un hôtel international où se côtoient les gens les
plus divers, lesquels réagissent avant tout par rapport à leur lieu
commun de rencontre, ce qui leur confère des similitudes bien
superficielles. De même les animaux enfermés dans un zoo - même
racine que zodiaque - constituent-ils, sous prétexte qu'ils partagent un
seul et même espace, une série pertinente sinon justement au niveau du
dit zoo ?
Autrement dit, il y a des conceptions du contexte qui conduisent
inévitablement au contresens et pour faire un mot valise au contretexte.
L'astrologie est un merveilleux exemple de contretextualité. Les élèves
en astrologie, c'est à dire ceux qui découvrent l'astrologie et qui sont
supposés en recevoir un certain nombre de clefs se satisfont trop
souvent de commentaires, d'interprétations, surajoutés visant à donner
sens à un contexte réduit à une peau de chagrin. Comme dans un tour
de prestidigitation, l'enseignant en astrologie, détournant l'attention,
montre ce qu'il veut bien pour que son public n'aille pas regarder là où il
ne faut pas. Et les élèves sont satisfaits du moment qu'on leur fournit
un semblant d'explication pour unifier le champ hétéroclite que
constitue le thème natal. En fait, ils prennent garde à ce qui marche et
négligent ce qui ne marche pas en le passant au poste des profits et
pertes. Le cas de la chaîne à six facteurs - signes-maisons-mois- dieux,
planétes-éléments- est édifiant : nous avons là, de toute évidence un
ensemble d'un seul tenant, chaque série se référant à l'autre de par son
symbolisme. Or, la tradition astrologique - devenue incapable de
restaurer les authentiques connexions entre ces différentes
manifestations d'un même phénomène d'instrumentalisation du cycle
saisonnier au bénéfice des travaux et des taches à accomplir au cours de
l'année, selon un certain agenda - va établir d'autres connexions
contrefaites, de substitution qui feront illusion. Le cas le plus patent est
probablement la répartition triangulaire des Quatre Eléments entre les
douze signes. Au lieu de se demander si tel signe est bien de feu, l'on se
contentera de faire ressortir un facteur feu du signe et ainsi de suite.
Autrement dit, le signe qui déjà n'est que signe de quelque chose dont il
n'est qu'un extrait va lui-même générer un extrait de ce qu'il représente
au premier degré. Etant donné que chaque Elément concerne trois
signes, l'on pourra aussi rechercher, dans un mouvement inverse, le
dénominateur commun entre ces trois signes pour déterminer ce qu'est
le dit Elément. Mais en quel honneur tel élément est attribué à telle
triplicité et non à telle autre ? N'est-il pas assez évident que les
Eléments ont une dimension climatique, pastorale et qu'ils ne sauraient
se répartir entre trois saisons ? Encore faut-il comprendre, en prenant
connaissance de l'iconographie des mois que le feu correspond non pas
aux grandes chaleurs estivales mais au grand froid hivernal. Non pas que
cela ne fasse pas sens de relier le feu à l'Eté, mais ce n'est pas là le bon
sens car ce n'est pas le bon contexte.
Un autre exemple est celui des Dignités planétaires tel qu'exposé
dans le Tétrabible : le lien planéte-signe est avant tout perçu comme une
sorte de symbiose entre deux ensembles. Pour prendre une formule
utilisée par Denis Labouré il y aurait des locataires et des propriétaires.
Les planètes passeraient successivement dans des signes leur étant plus
ou moins favorables mais sans que le critère avancé soit saisonnier ;
chez Ptolémée, il est d'abord astronomique, à savoir l'ordre des vitesses
depuis la Lune jusqu'à Saturne, le soleil n'étant d'ailleurs pas à sa place
entre Vénus et Mars. Dans un tel dispositif, le rapport entre le dieu, le
signe et le mois n'est plus posé et d'ailleurs comment le serait-il dès lors
que l'on ne compte parmi les planètes ptoléméennes ni Cérès, ni
Pluton, divinités au coeur même du phénomène saisonnier ? .

Valeur des Dignités planétaires


Une des pierres de touche de l'interprétation du thème est en
effet constituée par ce que l'on appelle les domiciles des planètes,
introduisant une correspondance entre planètes et signes tout comme
l'on a coutume de poser une correspondance entre maisons et signes (cf
A. Bouche Leclercq, Astrologie grecque, Paris, E. Leroux, 1899).
S'il faut rappeler que la fonction des domiciles n'est pas tant, du
moins à l'origine, de relier planètes et signes mais dieux et signes, force
est de constater que, dans le Tetrabiblos qui expose le système des
domiciles - mais non celui des exaltations - un principe astronomique
semble bien à l'oeuvre, les domiciles des dieux étant répartis selon les
vitesses de révolution : Mercure, Vénus, Mars, Jupiter et Saturne, d'où
nous conclurons qu'un tel dispositif est bien tardif en comparaison de
celui des exaltations qui ne comporte pas une telle conformité avec la
réalité astronomique. D'ailleurs, les jours de la semaine qui comportent
un rapport avec les planètes -lundi pour la lune, mardi pour Mars et
ainsi de suite pour successivement Mercure, Jupiter, Venus, Saturne et le
Soleil - ne fournissent pas une série pertinente sur le plan astronomique.
Les domiciles nous apparaissent plus comme une refonte des
exaltations que comme un dispositif complémentaire, d'où précisément
l'absence observée des exaltations dans la somme de Ptolémée. Bien
entendu, les astrologues combinent, comme à l'accoutumée, allégrement
les deux dispositifs, l'ancien et le nouveau. De nos jours, ces dispositifs
continuent plus que jamais à jouer un rôle central dans l'interprétation
et notamment, sous le nom de maîtrises, quant à l'articulation des
maisons astrologiques les unes par rapport aux autres tout comme les
aspects relient entre elles les planètes.
La cohabitation des deux dispositifs comporte d'ailleurs bien
des bizarreries qui ne gênent pas plus que cela les astrologues, dès lors
que l'on relie les signes aux Quatre Eléments. C'est ainsi que la Lune est
domiciliée dans un signe d'eau, le cancer mais débilitée dans un autre
signe d'eau, le scorpion, signe opposé au taureau où la Lune a son
exaltation -une planète est faible dans le signe opposé à sa position en
dignité. Cependant, il est fort probable que cette incohérence soit due à
la permutation des exaltations du soleil et de la Lune, du fait de la prise
en compte de la précession des équinoxes, faisant passer le point vernal
de la constellation du Taureau à celle du Bélier. Dès lors, le soleil
domicilié en lion se trouvait au trigone de son exaltation en bélier, soit
deux signes du même Elément, le Feu alors que dans tous les autres cas
exaltation et domicile ne sont jamais en trigone mais en carré (90°),
semi- sextile (30°) et quinconce (150°). Le fait que l'astrologie ait abouti
à considérer le trigone comme un "bon" aspect et le carré comme un
"mauvais" aspect, ce qui est le b a- ba de tout astrologue initié est assez
révélateur : on préfère ainsi relier entre eux deux planètes placés dans
des signes de même Elément et donc de même genre, masculin ou
féminin, ce qui implique donc, a contrario, que deux planètes placées
dans des signes d'éléments et de genre différents serait en dissonance. il
y a là un refus significatif de dualité que l'on retrouve dans l'abandon
des configurations associant une planète à une étoile fixe, préférant
combiner deux planètes..
Une des raisons qui nous ont conduit, très tôt, dès la fin des
années Soixante, à prendre nos distances par rapport à la pratique
astrologique, c'est que celle-ci validait des dispositifs que nous jugions
incohérents. Nous expliquions ce paradoxe par le fouillis du théme natal
qui ne permettait aucunement d'appréhender la valeur spécifique d'un
facteur parmi d'autres sans parler de la complexité de ce qui se joue
dans l'entretien astrologique. Nos recherches actuelles qui sont
l'aboutissement de près de quarante années de méditation sur les
rapports planétes-signes nous conduisent à conseiller aux astrologues
qui veulent maintenir ce lien entre planètes et signes à respecter une
certaine cohérence : considérer que Vénus est maîtresse du signe des
Gémeaux, par exemple et Mars maître du Sagittaire, ce qui signifie que
le Sagittaire est mauvais pour Vénus et les Gémeaux pour Mars, pour
des raisons symboliques et psychologiques évidentes au lieu de
continuer à associer Mars à ce maleureux mouton si inoffensif que La
Fontaine en a traité dans sa fable Le loup et l'agneau. Pour ce qui est du
second couple, à savoir Pluton-Cérés, nous pensons que Mercure doit
être rebaptisé Pluton et être le maître des Poissons - le glyphe de
Mercure devenant ipso facto celui de Pluton - lequel se doit
d'abandonner son exil au-delà de Neptune pour se placer à proximité
du feu solaire et Jupiter doit désormais s'appeler Cérès et comporter le
glyphe de Mercure inversé, n'en déplaise à Eric Déstère qui a développé
toute une réflexion autour des glyphes planétaires. L'astrologie n'a
aucunement à subir le diktat d'une astronomie pour laquelle le nom
d’astres ne relève d'aucune systématique symbolique. Il est temps que
les astrologues mettent un peu d'ordre dans le champ symbolique du
cosmos. On ne peut plus dire Mercure ou Neptune sans préciser la
planète appelée Mercure ou Neptune par les astronomes mais que les
astrologues peuvent appeler autrement, tout comme les signes
zodiacaux n'ont pas à porter les mêmes noms chez les astronomes et
chez les astrologues, ni correspondre aux mêmes régions du ciel,
puisque le zodiaque peut avoir différents points de départ. Il n'est donc
pas acceptable que l'on définisse d'office le zodiaque ou les planètes à la
mode astronomique en laissant entendre qu'une telle approche est la
seule légitime. Croire que l'astrologie serait moins bien considérée si
elles se démarquaient de l'astronomie au niveau terminologique est
contestable ; les astrologues ont le droit d'avoir leur propre terminologie
tant qu'ils ne créent pas un ciel fictif et ils ont le droit de ne conserver
que certaines données tant que les données conservées correspondent à
une certaine réalité objective, la démarche scientifique n'ayant jamais
consisté à tout accepter en vrac mais à structurer, agencer, hiérarchiser,
classer, ce qui a ainsi conduit les astronomes d'antan à distinguer
planètes et étoiles puis à refuser, avec Copernic, que le soleil tournait
autour de la Terre. Bien au contraire, un des conflits entre astronomes
et astrologues tient précisément au fait qu'ils prennent pour argent
comptant tout ce que les astronomes ont inscrit au ciel, tant hier
qu'aujourd'hui. S'il s'avérait que l'astrologie était en mesure de repenser
le zodiaque, de par un travail ayant valeur socio-historique, elle serait
moins la risée qu'en suivant docilement des instructions dont elle ne
comprend plus le sens et qui n'ont pour mérite que d'être conformes à
la pratique d'une astronomie qui n'a que faire des enjeux de l'astrologie.
Le cas des Poissons, signe de la fin de l'hiver, est certes un peu
surprenant encore que Germaine Holley place Pluton dans ce signe et
de toute évidence c'est le nom même du signe zodiacal qui fait cette fois
problème, on pourrait appeler ce signe le charbonnier, ce qui
permettrait de lui attribuer la couleur noire. On notera qu'à Noël, l'on
consomme des bûches au repas. Le bois - que nous associerons au feu
qui s'en nourrit - nous semble marquer la saison de l'hiver tout comme
l'air est l'élément de l'Eté, l'on va, au moment de la canicule, se réfugier
dans les hauteurs pour respirer un peu d'air, l'on tond les moutons pour
qu'ils étouffent pas sous leur lainage. Avant que le bois ne brûle et se
consume en viciant d'ailleurs l'air, comme le fait le tabac, il sert à faire
les flèches de l'archer - ne dit-on pas "faire flèche de tout bois’, outre le
fait que la chasse à coure se déroule en pleine forêt. La croix de la
crucifixion est également de bois. Quant au labourage d'automne, il
s'effectuait avec une araire et son soc tranchant. Or il nous semble que
la terre est la matrice de tout le règne végétal dont les arbres sont une
des manifestations les plus fortes. Quant à l'eau, elle incombe au
printemps et aux amoureux : ne dit-on pas vivre d'amour et d'eau
fraîche ? Ajoutons que pour la religion juive, le rapport sexuel ne se
conçoit pas sans bain (miqvé) purificateur pour la femme.
Si Pluton est un charbonnier, Mars est un boucher ou un
charcutier, pour rester dans le cadre des métiers du village. Mais l'on sait
qu'une guerre peut être qualifiée de boucherie. Signalons aussi la
dimension martienne des sacrifices (hécatombe) animaux (taureau,
notamment) ou humains qui a une valeur institutionnelle à la différence
des guerres. Si le dieu Pluton est noir comme ce qui est brûlé, ce qui se
consume et d'ailleurs, de par sa proximité en tant que correspondant à
la planète Mercure, avec le soleil, souvent invisible, la déesse Cérès -
dont la demeure est la planète appelée Jupiter - est dorée comme les
épis - la déesse Vénus, l'étoile du berger, sera verte comme ce pré
(prairial du calendrier révolutionnaire) qui accueille les amoureux et le
dieu Mars rouge, comme le sang des bêtes qui sont abattues - couleur
qui apparaît dans les manuscrits médiévaux mais non dans les imprimés
plus tardifs de la fin du XVe siècle comme dans le Kalendrier des Bergers -
étrange régression chromatique liée aux débuts de l'imprimerie - ce qui
correspond à la couleur de son éclat si l'on considère la planète qui
porte ce même nom - les Egyptiens parlaient de l'Horus rouge..
Dialectique Mars -Vénus. que l'on retrouve dans les feux de
signalisation, avec le rouge pour l'arrêt, la fin de quelque chose et le vert
pour le passage, le début d'un nouveau cycle, l'orange, intermédiaire -
comme l'est l'Eté entre printemps et automne- pouvant être rapproché
de l'or (en hébreu, l'orange est désigné comme pomme d'or et d'ailleurs
orange ne commence-t-il pas par or ?
Rappelons qu'autrefois dans Paris la vente du charbon se faisait
dans des cafés- où donc l'on buvait et fumait (on parle d'un bar-tabac) -
souvent tenus par des auvergnats, on les appellera des bougnats
(abréviation de charbougnats). L'image du mineur, tout noir, avec son
casque équipé d'une lampe nous semble à merveille incarner l'Hiver,
monde souterrain s'il en est, les hommes se réfugiant dans des cavernes
et veillant sur leur feu Sur les scènes du Kalendrier des Bergères, au mois de
février, l'on voit un homme portant une charge de bois sur les épaules
et un autre coupant du bois dans la cour. Le commerce du charbon était
d'ailleurs lié à celui de l'eau : en Eté, quand on n'avait pas besoin de
charbon, les charbonniers se faisaient porteurs d'eau. Le monde
masculin est plutôt celui de l'automne et de l'hiver, c'est alors que la
technologie fait la différence. Pour les mois d'automne, on nous montre
un four qui pourrait aussi bien être une forge. Au printemps, l'on peut
se mouvoir, aller voir ailleurs, rencontrer la bien aimée hors de chez soi.
Il semble que le sagittaire et le scorpion, on l'a vu, si l'on suit
Volguine, correspondent à une seule et même symbolique, celle de
l'archer, autrement appelé homme-scorpion. Il est possible que ce
dédoublement soit du à la prise en compte à un certain moment de la
précession des équinoxes. Mais dans ce cas, si le scorpion est un signe
martien comme le sagittaire, on doit trouver en face des signes
vénusiens, le taureau et les gémeaux. L'axe Aldébaran-Antarés
correspondrait alors à une dialectique Vénus-Mars. La dimension
vénusienne d'Aldébaran nous semble confirmer par le fait que la notion
même de conjonction, de cycle est vénusienne dans la mesure où elle
implique selon notre théorie, l'union de deux astres, Saturne et
Aldébaran.
En ce qui concerne, en revanche, le tétramorphe, avec ses
quatre personnages, le taureau, le lion, l'aigle et l'homme - que l'on
trouve notamment dans le Livre d'Ezéchiel et qui sont associés aux
quatre évangélistes tout comme ils sont présents sur l'arcane du Tarot,
Le Monde - le lien avec le Zodiaque saisonnier est fort improbable ; Il
semble qu'à un certain moment un tel dispositif ait interféré avec le
zodiaque issu du calendrier, ce qui pourrait expliquer la présence du lion
mais aussi du bœuf/taureau.. Quant à l'aigle qui ne figure pas dans le
zodiaque, il témoigne du caractère un peu hybride d'une telle
combinatoire entre deux systèmes. Il s'agit selon nous avec le
tétramorphe d'une autre inspiration : il y a eu syncrétisme entre deux
séries quaternaires qui ne relèvent pas de la même logique. On pourrait
éventuellement parler de deux zodiaques qui se sont croisés, on a
d'ailleurs la trace d'une telle dualité avec le zodiaque sidéral (stellaire) et
le zodiaque tropical (saisonnier) qui devaient initialement comporter des
contenus différents et ont fini par adopter la même terminologie..
Même le lien entre l'Homme (Adam) du tétramorphe et le Verseau n'est
guère concluant. Quant au quaternaire des Quatre Eléments, il n'est
plus lié avec les saisons dès lors qu'il se manifeste sous une forme
triangulaire, chaque saison ayant 3 des 4 éléments.
Dans l'ensemble, il nous apparaît que les astrologues ont
dépensé des tonnes de commentaires pour tenter de sauver une certaine
façade de l'astrologie plutôt que de se décider à revoir sa tradition. Des
trésors d'ingéniosité auront été dépensés pour expliquer pourquoi tel
signe est de tel élément, pourquoi telle planète est domiciliée en tel
signe, ce que nous qualifierons de travail en aval et non en amont,
comme si la tradition en question ne pouvait et n'avait point à être
restaurée. En fait, ceux qui préférant ne pas procéder à une révision
générale, ce sont ceux qui ne veulent pas reconnaître qu'il faille faire
appel - dans tous les sens du terme - à une autre population - et de
reconnaître son existence - apte à intervenir pour mener à bien une
remise en état. Se débrouiller (système D), c'est une façon de nier une
quelconque dépendance par rapport à autrui, défendant implicitement
une conception moniste - et non-dualiste - de la société..
L'astrologie nous fait de plus en plus souvent pensé aux Ecuries
d'Augias, un des travaux d'Hercule qui dut les nettoyer mais aussi elle
évoque cette Hydre de Lerne aux multiples têtes que le même Hercule
eut à affronter en tranchant celles-ci une à une.
La littérature zodiacale

Le Zodiaque est le maillon faible du savoir astrologique et c'est à


propos du zodiaque que l'on prend le mieux conscience du manque de
rigueur et de méthode de la part de ceux qui prétendent présenter
l'astrologie au monde.
Les deux écueils de l'astrologie face au zodiaque sont, selon
nous, les suivants : d'une part faut-il accepter le zodiaque par le seul fait
que le Ciel des astronomes le comporte et d'autre part, faut-il accorder
quelque importance au symbolisme zodiacal alors que l'astrologie
disposerait d'un mode de quadrillage des 12 signes - notamment par les
domiciles des planètes- dieux - susceptible de se passer du dit
symbolisme dont le rapport avec les saisons est le plus souvent fort peu
évident ? Et quid du rattachement des 12 signes aux 12 maisons
astrologiques et aux Quatre Eléments, sur la base de triplicités ?
Dès le commencement du zodiaque, il y a problème, on l'a vu
avec le signe du bélier qui n'est aucunement associé, en tant qu'animal
domestique, au début du printemps. Ne vouloir parler du
bélier/mouton que sur un mode figuré nous parait de mauvais aloi. En
revanche, le mouton pourrait correspondre sans difficulté au solstice
d'Eté. C'est en effet au mois de juin que le Kalendrier des Bergères place la
tonte des moutons. D'ailleurs, cette tonte n'est-elle pas porteuse d'une
valeur solsticiale avec cette laine qui après avoir poussé est enlevée, ce
qui correspond à une nouvelle naissance, à un nouveau cycle ? Si le
bélier est le premier signe, il l'est avec un zodiaque commençant au
solstice d'Eté, et doit prendre la place du cancer, qui est aussi porteur de
l'idée d'une marche arrière puisque c'est ainsi que se meut le crabe. Le
signe qui ouvre le printemps serait plutôt celui des amoureux qui
s'embrassent sur l'herbe verte et font des projets ensemble. Mais
l'astrologie moderne ne veut plus voir dans le signe des Gémeaux qu'elle
place trop tard en juin l'image du couple, se privant, ce faisant, d'une
thématique anthropologique majeure. Si le Zodiaque est un ensemble
assez peu cohérent, ce n'est pas la peine d'en rajouter en évacuant
l'hétérosexualité des Gémeaux. Tout sonne faux, reconnaissons-le, dans
le zodiaque dès lors que l'on veut ancrer son symbolisme sur le rythme
des saisons et de la vie sociale qui l'accompagne. Que l'on ne vienne pas
nous dire que l'Eté est marqué par l'Elément Feu alors que
l'iconographie de la vie champêtre nous place le Feu en Hiver ! Force
est de constater l'ignorance des astrologues en matière de symbolisme
saisonnier ! D'ailleurs, la plupart des manuels d'astrologie sont
singulièrement pauvres sur le plan iconographique Mais même la
fameuse collection des 12 volumes parus au Seuil dans les années
Cinquante, tout en étant copieusement illustrée, ne tente même pas de
relier les 12 Signes avec les scènes traditionnelles des 12 mois de l'année
alors même que l'on affirme que le Zodiaque est l'expression par
excellence du cycle saisonnier. Il est vrai que la Nature des astrologues
semble ici tout à fait déconnectée par rapport à la Nature telle
qu'instrumentalisée par les hommes, ce qu'en dit long sur la qualité
anthropologique de nos exégètes experts en zodiacologie.
Le Zodiaque saisonnier - tel que nous venons de le décrire - et
les planètes se rejoignent en matière d'instrumentalisation, constituant
de fait un diptyque du plus haut intérêt anthropologique : dans les deux
cas, il y a en oeuvre une forme de domestication de l'environnement,
voire de conquête, d'annexion et donc d'empire.
Expliquons-nous : le porc n'a pas vocation à servir de nourriture
à l'homme, ce qui ne l'empêche de figurer dans le cycle annuel des
activités humaines et s'il ne remplissait pas une telle fonction, on n'en
ferait pas l'élevage, on ne lui donnerait point de glands. De la même
façon, les astres n'ont pas été crées pour servir de repères temporels aux
hommes mais si on ne leur avait pas attribué une telle mission
s'intéresserait-on autant à eux ? Peu probable ! Dans les deux cas, donc
instrumentalisation permettant et conditionnant une intégration au sein
de la société humaine.
On aura compris ce qu'il y a de délirant à nier que l'homme
puisse interférer avec son environnement au point de lui conférer des
significations et des utilisations nouvelles. Que l'on élève des moutons
ou que l'on élève le regard vers le ciel, nous ne voyons pas de
différence. Et d'ailleurs, la légende dorée de l'astrologie veut que
l'astrologie ait été inventée par les bergers chaldéens, d'où d'ailleurs le
Kalendrier et Compost des Bergers (et celui des Bergères)
Cela dit, il existe plusieurs formes d'instrumentalisation qui
peuvent avoir cohabité puisque l'instrumentalisation n'est pas limitée
aux dispositions intrinsèques de l'objet qui en fait les frais. Un animal
peut aussi servir pour les sacrifices, ses entrailles peuvent être examinées
par des devins (hématoscopie) tout comme le ciel peut être appréhendé,
non point comme marqueur du temps de la Cité (astrologie) mais
comme présage répondant à un questionnement du moment pour un
particulier (astromancie). Or, au nom d'un certain syncrétisme, l'on a
tendance à réunir au sein d'un même corpus toutes les
instrumentalisations s'articulant autour d'un même objet. C'est ainsi que
l'on tend à qualifier d'astrologique tout ce qui a rapport avec les astres,
d'une façon ou d'une autre alors même que nous savons que la nature
proprement dite d'un objet se situe au delà de telle ou telle
instrumentalisation qui en est faite ou proposée. On ne saurait, à
l'évidence, constituer une science de l'objet en question en additionnant
toutes les instrumentalisations qui se sont greffé sur lui au cours des
âges. Or, c'est là une tendance fréquente de la part des historiens à
vouloir regrouper les dites instrumentalisations d'un objet donné au sein
d'un même corpus et en tout cas d'un même ouvrage. Il y a là un écueil
épistémologique pour la démarche historique. Certes, il peut être
intéressant de collationner les diverses instrumentalisations subies,
supportées par un tel objet mais à condition, cependant, de ne pas en
tirer de conclusion quant à la cohérence de l'ensemble ainsi constitué ni
quant à ce que cela nous enseigne à son propos, tant
l'instrumentalisation peut ignorer ce qui constitue l'essence de ce qui est
ainsi instrumentalisé et qui relève peu ou prou d'un processus de
projection..

Le glissement du mythologique vers l'astronomique

L'on sait que le nom des planètes est aussi celui de dieux et
déesses des panthéons mythologiques. Le christianisme a accepté
l'astrologie et son cortège de divinités planétaires sous réserve que
lorsque l'on parlait de Vénus ou de Jupiter on désignât non pas des
dieux mais des planètes.
Or, une telle évolution qui conduisit à attribuer aux divinités des
astres nous apparaît, en tant qu'historien de l'astrologie, comme une
déviance manifeste, même si elle est déjà attestée dans le Tetrabiblos et
plusieurs siècles avant l'ère chrétienne.
En effet, la littérature astrologique témoigne de ce que des
attributions mythologiques ont été effectuées par rapport au zodiaque
et qui ne correspondaient aucunement à des planètes, puisque ne
portant pas le nom de planètes, c'est notamment le cas chez Manilius
(Ier siècle de notre ère) dont le dispositif des domiciles comporte des
dieux non situés sur le plan planétaire, du moins de son temps. Il
semble donc que les deux approches aient cohabité et que c'est celle de
Ptolémée qui l'aurait finalement emporté.
Selon nous, ce sont les phases d'un certain cycle planétaire qui
ont été associées aux divinités, ce qui est confirmé par le fait que tel
secteur est placé sous l'influence de telle divinité. Quand on dit que les
Gémeaux sont dominés par Mercure, il ne s'agit pas, contrairement à ce
que croient les astrologues depuis 2000 ans, de la planète mais bien du
dieu. En se référant au dieu, l'on veut ainsi indiquer la tonalité
spécifique de la phase assignée au dit dieu. Initialement, les planètes ne
portaient pas de noms de dieux mais leurs phases étaient associées à des
dieux. D'ailleurs, certains signes zodiacaux pourraient trouver leur
origine en tant qu'allégorie de quelque divinité.
La méthode des maîtrises comme moyen privilégié encore
aujourd'hui d'interpréter un thème se distingue de celle des domiciles du
fait précisément que les domiciles concernent des dieux alors que les
maîtrises s'articulent sur la présence des planètes dans le thème, mais en
faisant usage du dispositif des domiciles.
Bien évidemment, c'est du fait de cette assimilation des dieux
aux planètes que l'on assiste de nos jours à l'intégration de nouvelles
planètes, inconnues de l'Antiquité, dans le clavier astrologique en
accordant au nom accordé aux dites planètes par les astronomes la plus
grande importance, on pense notamment, depuis 1977, à Chiron, astre
circulant entre Saturne et Uranus mais aussi à Pluton, à Neptune, à
Uranus, à Cérès, à Junon, à Vesta et à d'autres encore découverts
depuis quelques années et recourant à d'autres mythologies, hindoue,
amérindienne ou inuite...
L'on posera la question suivante : quels sont les besoins de
l'Humanité - du moins de celle qui était concernée il y a quelques
millénaires, en matière de planètes et d'archétypes dès lors qu'il s'agissait
d'établir une cyclicité sociale ? Prenons un exemple simple, l'installation
de feux de signalisation, ce qui n'est pas selon nous sans rapport avec la
dite cyclicité puisqu'il s'agit non pas seulement que les voitures avancent
ou s'arrêtent mais en ce que les dits feux permettent une alternance,
notamment lors d'un croisement de voies mais aussi entre
automobilistes et piétons. Ce n'est pas parce que l'on dispose de plus de
deux couleurs dans le spectre chromatique que l'on devra envisager
autant de couleurs pour la signalisation qu'il existe de couleurs
disponibles.. L'on ne va pas inventer des cas de figure supplémentaires
dans le cadre de la signalisation du trafic uniquement parce que cela est
virtuellement possible. L'instrumentalisation est fonction des
connaissances mais aussi des besoins et si les connaissances génèrent
des besoins inutiles, cela fait problème. C'est le cas au demeurant avec
tous ces astres qui sont mis en circulation inlassablement par
l'astronomie moderne et que des astrologues comme Jean Billon se
croient obligés de prendre en compte.
De même ce n'est pas parce que j'emprunte quelques mots à une
langue que je suis intéressé par tous les mots de cette langue à moins de
croire que cette langue n'existe que pour l'affaire qui m'intéresse. Ainsi,
n'est-ce pas parce que l'astrologie a recouru à quelques éléments d'un
ensemble qu'elle est preneuse de tout l'ensemble en question. Certains
soutiendront que si et comme on dit qui vole un œuf vole un bœuf.
Il importe de comprendre que l'astrologie apparaît dans un
monde qui ne l'a pas attendue pour exister, qu'il s'agisse des archétypes
ou des planètes et pas forcément les uns liés aux autres. Ouvrier de la
onzième heure, l'astrologie se sert de ce qui existe mais uniquement
dans la mesure de ses besoins et de ses moyens d'intégration et de
traitement d'une certaine quantité d'information.

Le cycle Etoile & planète (E & P)

Aujourd'hui, quand l'on parle de cycle ou d'intercycle,


l'astrologue songe automatiquement à une configuration entre deux
planètes. Au Moyen Age, le cycle Jupiter-Saturne fut ainsi très prisé,
sous le titre de Grande Conjonction - petite et grande aiguille sur une
horloge. Mais à l'origine, le couple céleste permettant de constituer un
cycle devait être composé de la rencontre et de la séparation entre une
planète et une étoile- c'est la formule E & P - sur le modèle du cycle
soleil-lune, qui servit de modèle.
Le rejet des étoiles fixes par l'astrologie moderne - et
notamment en cyclologie mondiale - s'explique généralement par le fait
que les dites étoiles ne font pas partie du système solaire, qu'elles sont
bien plus éloignées de nous que ne le sont les planètes. Or, selon nous,
ce qui comptait se situait sur le plan visuel, sans que l'on ait à considérer
les distances réelles, qui étaient d'ailleurs fort mal appréciées dans
l'Antiquité.
Du point de vue anthropologique, ce qui importe, ce n'est pas
tant la réalité astronomique en soi, objective, telle que nous la
découvrons aujourd'hui, mais le rapport que les hommes ont établi avec
les astres qu'ils connaissaient et dans la mesure de leurs besoins
organisationnels. Si donc nos aïeux trouvèrent commode de conférer
quelque importance au cycle Saturne-Aldébaran, et si les hommes se
sont conformé, consciemment puis de plus en plus subconsciemment
au fil du temps, cela seul compte et il importe peu que Saturne ait telle
ou telle vertu en soi, il s'agit seulement d'un marqueur de temps qui va
scander, rythmer notre Histoire sociale.
Le cycle planète étoile est conçu à l'image d'une grande horloge
avec sa petite aiguille, beaucoup plus lente, que la grande, ce qui
correspond au rapport étoile- planète. Le passage à une cyclicité
articulée sur deux planètes est une déviance qui conduit d'ailleurs à un
cycle intermédiaire, si bien qu'aucun intercycle saturnien ne respecte la
durée de 30 ans du cycle saturnien. D'ailleurs, le rapport étoile-planéte
est proche de la présence de la planète dans un zodiaque stellaire mais
au lieu d'étudier les aspects formés entre une planète et une étoile et qui
ne dépendent pas de la précession des équinoxes, l'on a regroupé les
étoiles en constellations, ce qui est un référentiel beaucoup plus vague,
ne permettant pas une datation précise sur la base des aspects.

La genèse du Zodiaque.

Quelle est donc l'origine des 12 images zodiacales ? Il ne suffit


pas de retrouver des zodiaques en différents lieux et en différentes
époques, cela relève de la fortune du Zodiaque, de sa diffusion et non
de sa formation. Les historiens sont beaucoup moins diserts quand il
s'agit de déterminer les sources du zodiaque et l'on pourrait faire les
mêmes observations à propos du Tarot. Cette question en entraîne
d'ailleurs une autre : quelle est la raison de l'ordre des signes du
zodiaque ? En fait, il s'agit de déterminer d'où "sort" le zodiaque, d'où il
est issu et ce point (aveugle) n'est certes pas indifférent pour l'Histoire
de l'Astrologie.
C'est du côté de l'iconographie des mois de l'année qu'il faut,
selon nous, aller rechercher la structure dont dépend la série zodiacale.
Bien des astrologues ignorent cette iconographie- même au sein
d'ouvrages consacrés au Zodiaque - tout comme ils ignorent celle des
maisons astrologiques qui n'est pas sans rapport, quant à elle, avec la
genèse du Tarot, lequel jeu dépend aussi des représentations des vertus, telles
qu'on les trouve notamment dans les Hieroglyphica d'Horus Apollo, ouvrage qui
fut largement diffusé au XVIe siècle et bien connu de Nostradamus.
Cette iconographie prézodiacale figure notamment dans un
célèbre manuscrit, celui des Très Riches Heures du Duc de Berry, dû aux
frères de Limbourg ( début XVe siècle, Musée Condé, Chantilly).
Chaque mois y correspond à une scène. Mais bien d'autres manuscrits
proposent, avec des variantes plus ou moins significatives, la même
série de 12 saynètes. On signalera notamment la série de douze tableaux
figurant dans le Kalendrier des Bergères (fin XVe siècle) Contrairement à ce
que l'on pourrait croire, cette iconographie du calendrier ne se réduit
pas à une simple représentation du cycle saisonnier un peu à la façon du
calendrier révolutionnaire, comme on l'affirme en général. On y trouve
également des moments de la vie sociale, comme dans le cas des
amours, des fiançailles qui ont lieu au printemps mais aussi en hiver les
soirées au coin du feu. Alors que les 12 Travaux d'Hercule pourraient -
si la thèse de Charles-François Dupuis, dans l'Origine de tous les Cultes (fin
XVIIIe siècle) est juste - avoir été composés en s'inspirant du zodiaque
astronomique des constellations donc d'un ensemble extrêmement
synthétique (, en revanche, les Livres d'Heures, selon nous, quand bien
n'en aurait-on la trace précisément, dans l'Antiquité, qu'au travers du
Zodiaque, lui seraient largement antérieurs.
Prenons le cas du signe du verseau qui correspond à l'entrée du
soleil dans ce signe, dans le courant du mois de janvier. On peut certes,
comme c'est la coutume, discourir sur le symbole du verseur d'eau,
notamment chez ceux qui s'intéressent à l'Ere du Verseau. Mais l'on
peut aussi noter que sur la table où l'on se réunit, bien au chaud, on
trouve de la vaisselle tant pour manger que pour boire. Et le signe du
verseau serait un élément de cette vaisselle. D'ailleurs Ganyméde,
l'échanson des dieux, qui incarne, pour un Paul Le Cour, ce signe, ne
sert-il pas quelque délicieux breuvage à la table des dieux ? Mais dans ce
cas, ce qui compte, n'est-ce pas cette table plus encore que ce que l'on y
a mis. La scène de banquet aurait aussi bien pu être résumée par autre
chose que par une cruche ? On est bel et bien là dans les nourritures
terrestres - on penserait au taureau - et point tant dans ces nourritures
célestes, spirituelles qui sont volontiers affectées au verseau, dont on
nous dit que c'est un signe d'air. Quant au Bateleur, la première arcane
majeure, tout comme janvier, le mois de Janus, est le premier mois, ne
représente-t-il pas, lui aussi, une table sur laquelle divers objets sont
posés ? Mais il est vrai que ceux qui ont écrit sur le Bateleur, pas plus
que ceux qui ont écrit sur le Verseau, n'ont songé à une scène de
ripailles, ce qui en dit long sur la corruption du signifiant mais aussi du
signifié de certaines séries symboliques. Un tarologue comme
Alessandro Jodorowsky n'a pas effectué un tel rapprochement entre le
bateleur et les scènes d'hiver autour d'un foyer, autrement dit ses
méthodes d'investigation ne lui ont pas permis de rétablir le feu dans la
scène dont le bateleur est issu tout comme les spécialistes du verseau,
signe en vogue, ère du verseau oblige, ne signalent pas cet arrière plan
igné de ce signe auquel le dit signe renvoie puisqu'il est issu d'une scène
qui le comporte.
Si l'on admet que le zodiaque est l'expression, au départ, du
cycle des activités d'une société rurale et non pas seulement de la
Nature saisonnière, stricto sensu - c'est bien une nature habitée par les
hommes - l'on comprend mieux pourquoi les cycles planétaires ont pu,
à un certain stade, se subdiviser en 12 secteurs distincts. Cela tiendrait à
un syncrétisme entre le cycle zodiacal et le cycle planétaire.
Dés lors, le découpage du cycle planétaire qui au départ n'a rien
à voir avec le zodiaque mais qui, comme on l'a dit plus haut, est
structuré par la succession des nouvelles lunes, va se trouver envahi par
le Zodiaque non pas seulement en tant que structure de temps mais
comme balisant les significations mêmes du cycle. En fait, le Zodiaque
n'a nullement vocation à préciser la signification d'une phase si ce n'est
qu'il peut servir à fixer un certain découpage, tous les trois signes, on
pense notamment au signe de la balance, le septième, à 180° du bélier,
et qui symbolise la moitié du cycle saisonnier, l'équinoxe d'automne.
Encore faudrait-il pour cela que le Zodiaque commençât au début du
cycle saturnien, c'est à dire à la conjonction Saturne-Aldébaran et non
point au point vernal.
On notera à quel point le symbolisme zodiacal est mal servi par
les Quatre Eléments. Le scorpion est un signe d'eau mais pas le verseau.
A la place du scorpion, nous mettrions d'ailleurs volontiers la grenouille,
animal aquatique, faisant ainsi face au bœuf comme dans la fable. On
voit mal pourquoi les gémeaux seraient un signe attribué à Mercure
alors que leur iconographie représente des amoureux, ce qui correspond
aux "enfants de Vénus", comme on peut le voir dans le Kalendrier des
BergersLa Vierge, autre signe mercurien, nous semble également plutôt
vénusienne....Tout se passe comme si à un certain stade, on avait
interverti Mercure et Vénus, croyant bien faire de façon à respecter
l'ordre des vitesses des planètes sans songer à intervertir également les
signes zodiacaux correspondants.
Les trois écueils de la recherche astrologique

Pour celui qui s'est mis en tête de cerner ce qu'est l'astrologie, il


convient de le mettre en garde contre trois piéges qui ne concernent
d'ailleurs pas uniquement, loin de là, la seule astrologie.
Le premier piége consiste à remonter trop haut dans le temps et
de vouloir réduire l'astrologie à un état que nous qualifierons de pré-
astrologique. De nos jours, la tendance au pré-astrologisme est très
répandue puisqu'elle consiste en particulier à vouloir fonder l'astrologie
sur le seul socle astronomique, englobant des planètes qui ne
dépendaient pas encore du regard des hommes, d'où l'intérêt accordé
aux transsaturniennes. Car s'il n'y a pas encore d'humains scrutant le ciel
la frontière entre planètes jusqu'à Saturne et au delà de Saturne ne fait
pas sens puisqu'elle est liée à la visibilité des astres du point de vue des
hommes. La preuve en est que lorsque les hommes ont amélioré leur
vue, le système solaire leur est apparu autrement. On trouverait un
risque du même ordre à propos de la sexuation si on la réduisait à des
données génétiques primaires (X, Y) et bien antérieures à l'apparition
des civilisations humaines.
Le deuxième piége, a contrario, consiste à ne pas remonter assez
haut, c'est à dire à prendre pour argent comptant l'astrologie fossilisée
telle qu'elle est devenue depuis un certain nombre de siècles ; c'est le
stade que nous qualifierons de post-astrologique. Si dans le premier cas,
l'on sous estimait la possibilité que d'autres étapes soient intervenues
entre temps, dans le second cas, l'on sous estime l'éventualité de stades
correspondant à une dégradation de la transmission. L'astrologie serait
alors forcément ce que l'on en connaît. L'on passe ainsi d'une extrême à
l'autre : d'un côté un état extrêmement ancien et de l'autre un état
relativement récent et entre les deux, rien d'essentiel ne se serait joué.
De la même façon, en ce qui concerne la sexuation, on navigue entre
d'une part des données biologiques brutes et de l'autre un certain
nombre de lieux communs qui circulent depuis quelque temps.
Le troisième piége que nous appellerons réflexe - et l'on pourra
parler de réflexo-astrologie - consiste à laisser parler le savoir dès lors qu'il
est porté par des êtres en chair et en os. Vous voulez savoir ce qu'est un
natif du sagittaire eh bien interrogez le pour qu'il vous dise ce qu'il en
est. Il doit bien savoir ce que c'est puisqu'il en est un. De même, vous
voulez savoir ce qu'est une femme, interrogez des femmes, elles sont les
mieux placées pour vous éclairer sur la question. Selon une telle logique,
il faudrait interroger les roses pour savoir ce que c'est que d'être une
rose et ainsi de suite ou un bébé ou un juif pour savoir ce que c'est que
d'en être un. Ou bien suffit-il d'interroger un astrologue pour savoir ce
qu'est l'astrologie, un Français pour savoir ce qu'est la France ou la
langue française ? C'est oublier qu'un individu ne se réduit pas à une
seule identité et qu'il a souvent bien du mal à distinguer ce qui relève de
chacune de ses appartenances ou pseudo-appartenances, lesquelles sont
d'ailleurs parfois contradictoires. En fait, il convient de distinguer ce que
les gens font et ce qu'ils disent qu'ils font, les deux plans pouvant être
sensiblement en décalage. Il convient notamment du fait de
l'instrumentalisation distinguer l'intérêt pour le signe et la signification
accordée au signe : c'est ainsi qu'en ce qui concerne la sexuation, le
tropisme qui rapprochera un homme et une femme ne se réduira pas,
quant à sa raison d'être, à une finalité sexuelle sous prétexte que le
repérage est fonction de données anatomiques.
Ce troisième type de dérive épistémologique est assez courant
en dépit de sa naïveté. Il suffit donc de nommer un objet pour que cet
objet nous dise ce que signifie le nom qu'il porte. Il suffit de nommer tel
astre Jupiter pour que ipso facto l'on sache où l'on en est avec la valeur
Jupiter. Il s'agit là en fait d'un processus d'instrumentalisation, c'est à
dire que l'on attribue arbitrairement un nom à tel astre et un autre nom
à tel autre astre en supposant que le dit astre ne sera plus désormais
marqué que par ce nom, qu'il ne sera plus rien d'autre que cela. Une fois
que j'aurai nommé tel objet A, tout ce que j'observerai à propos de cet
objet me renseignera sur A.
Nous considérons ces trois approches comme pouvant égarer
ceux qui s'intéressent à l'Astrologie comme à tout domaine appartenant
peu ou prou au champ anthropologique. Or, la plupart des astrologues
procèdent ainsi : ils s'appuient inconsidérément sur une astronomie
dont le lien avec l'astrologie reste à préciser, comme le note Michel
Cazenave. Ils supposent un peu vite que l'astrologie n'a pas pu faire
fausse route, ce qui est plus ou moins le propos de Patrice Guinard et
surtout, au travers du thème natal, ils croient au langage des astres et par
un système de tirage - le thème natal est un mode de tirage parmi
d'autres, s'articulant sur un moment particulier qui fait référence - ce
sont les astres eux-mêmes dûment baptisés qui font ou non acte de
présence au moment de la naissance.
Les aléas de l'ubiquiste

Nous résumerons par un mot un peu barbare notre diagnostic


quant à ce dont souffre la tradition astrologique depuis fort longtemps,
à savoir l'ubiquiste, concept que nous avons développé dans nos
recherches linguistiques (à paraître, Livre Blanc sur le Français)
Quand par exemple, le nom d'un dieu est utilisé pour désigner
un astre, il y a ubiquation. Prenons le cas de Neptune, planète
récemment découverte et baptisée (1846). Le dieu Neptune est, par voie
de conséquence, condamné à l'ubiquité puisqu'il est à la fois dieu dans
l'Olympe et planète dans le Ciel. Il s'est en quelque sorte dédoublé mais
il faudrait plutôt dire qu'on l'a dédoublé. L'ubiquation consiste à
multiplier un concept, un mot et plus largement un objet. C'est un vol à
l'envers : l'objet "ubiqué" ne disparaît pas, son propriétaire en dispose
toujours mais il n'en a plus l'exclusivité et à la limite il se trouve
substitué, remplacé par la copie, sort qui n'est pas nécessairement
plaisant en toute circonstance. En tout état de cause, les astrologues ont
d'un côté le dieu, de l'autre la planète et tendent à assimiler l'un à l'autre.
Le thème astral est un lieu très fortement marqué par
l'ubiquation, du fait d'une incompréhension de la part des astrologues
des dispositifs dont ils se servent : le dispositif des domiciles, tel
qu'exposé dans le Tétrabible, prévoit que chacune des cinq planètes
(soleil et lune donc exceptés qui ne sont pas des planètes stricto sensu
même si l'astrologie les qualifie ainsi) domine deux signes. Mercure sera
donc domicilié en Gémeaux et en Vierge, deux signes, soit dit en
passant, en aspect de carré l'un avec l'autre - ce qui est un peu paradoxal
quand on sait que le carré est perçu comme un aspect dissonant. On
pourra donc parler de l'ubiquation de Mercure dans la mesure où si les
deux signes sont occupés par un facteur activant, l'on aura donc
Mercure simultanément mobilisé en deux secteurs zodiacaux. En réalité,
le dispositif ayant initialement vocation cyclique et censé servir pour un
seul astre, cela ne devrait pas se passer ainsi, le dit astre ne pouvant au
même moment être en deux points différents de son cycle. Il y a donc
ubiquation, c'est à dire en fait une spatialisation du temps. Il y a
ubiquation lorsque deux stades se télescopent : par exemple, si l'on
établit une échelle chronologique à quatre temps, que l'on désigne sous
le nom de Feu, Terre, Air, Eau, ce n'est pas pour que, au même
moment, deux ou plus de ces temps soient activés du fait du
polyplanétarisme. Quand bien même d'ailleurs, comme Gauquelin,
s'intéresserait-on à plusieurs planètes, il convient d'admettre que pour
une personne donnée, une seule planète est active et donc qu'il n'y aura
pas de mobilisation d'énergie simultanément en deux endroits du cycle.
L'astrologie a longtemps rencontré des difficultés pour
connaître le mouvement réel des astres, à l'avance, d'abord en raison
des carences de l'astronomie puis des difficultés de calcul avant de
disposer d’outils adéquats et commodes. Il lui a donc fallu, tant que
faire se pouvait, trouver une parade en axant tout sur le thème dressé au
moment de la consultation donné puis - ce qui était plus délicat - au
moment de la naissance, ce qui impliquait des calculs pour retrouver la
position des astres, des années auparavant. Comme il lui fallait, tout de
même, réaliser des prévisions, l'astrologie développa des techniques
analogiques permettant de faire avancer le thème selon une micro-
chronologie (un degré = un an par exemple).
Curieusement, après la démocratisation des outils de travail,
certains comportement se sont perpétué et l'on continue à se servir de
ces techniques de substitution ou plus fréquemment à relier les astres de
telle année avec le thème natal (transits) tant et si bien que l'approche
purement cyclique fondée sur le mouvement réel des astres, n'est
pratiquée que rarement ou en complément alors qu'elle devrait être
centrale. Or, à partir du moment où l'on ne pouvait suivre un astre tout
au long de sa course, l'on prit l'habitude d'étudier les relations des astres
entre eux, la technique des aspects ne servant plus à baliser la course
d'un astre, au sein d'un binôme de deux astres, mais à appréhender les
relations de tous les astres entre eux, au sein du thème. Bien pis,
l'informatisation au lieu de conduire l'astrologie à évacuer des pratiques
désormais obsolètes les a maintenues grâce à l'élaboration de logiciels
permettant de multiplier les combinatoires, on pense notamment aux
produits Auréas, dont le directeur est Francis Santoni, très à l'écoute des
besoins et des innovations des astrologues ou encore à ceux de
Christophe de Céne, de Bernard Villemin, de José Gonzalez ou de Jean-
François Faccin sans oublier les recherches du regretté Robert Renout,
décédé en 2003.. Le Salon de l'Astrologue - fait significatif - fut mis sur
pied par un collectif de marchands de logiciels d'astrologie.
L'informatique astrologique a, dans l'ensemble, selon nous, eu des effets
négatifs sur l'astrologie en permettant à des formes douteuses de se
perpétuer, et en ne faisant pas jouer naturellement un certain travail de
décantation provoqué notamment par le caractère fastidieux des calculs
et des tracés. il est vrai qu'un marché juteux s'ouvrait au service de
l'astrologue : vente d'éphémérides, de tables de maisons, de régimes
horaires dans le monde, d'abord sur papier puis sur d'autres supports,
sans parler de l'organisation des cours pour former à leur utilisation.
Reconnaissons d'ailleurs que le MAU, par ses branches formation
(FLAP) et publication (La Grande Conjonction) a exploité, un certain
temps, un tel marché dont la locomotive était le sacro-saint thème natal.
et ses avatars. Mais par la suite, seuls les vendeurs de logiciels ont pu
profiter du filon, avec le développement des PC et la Grande
Conjonction a ainsi cédé ses droits sur l'ouvrage de Françoise Schneider
Gauquelin, Problèmes de l'Heure résolus en astrologie, à Auréas en 1997 ; dix
ans après sa première parution.
La vocation de l'astrologie, pour reprendre notre terminologie,
n'est pas d'être solaire mais lunaire, n'est pas de tout expliquer en se
servant de tout ce qui existe mais de déterminer un créneau étroit qui
serait propre à la seule Humanité, qui serait de son invention.
L'astrologie, c'est l'étude du dit créneau ainsi constitué. Ni plus ni
moins. Les astrologues "solaires", à la sensibilité féminine, n'aboutissent
qu'à noyer cette astrologie lunaire au sein d'une globalité qui fait
régresser l'Humanité à un stade préastrologique.. Au nom de
l'universalité, ils en arrivent à trahir la cause de l'Humanité en
retournant contre elle, en pervertissant ce qu'avait au contraire de
complètement spécifique le projet astrologique. Paradoxalement, la
cyclicité astrologique prévoit cette alternance de phases lunaires et
solaires - selon la dialectique Pluton-Proserpine qui n'est que celle de
l'Hiver et de l'Eté, la phase solaire étant celle des vacances (c'est à dire
du vide), comme nous la célébrons en ralentissant le rythme du travail
en juillet-août. Encore ne faudrait-il pas oublier que l'Humanité en ce
qu'elle a de plus original et originel n'est pas proserpinienne mais
plutonienne. Or Pluton, le dieu des Enfers, n'est-il pas peu ou prou
assimilé au Diable ? Ce qui expliquerait qu'il y ait diabolisation de
l'astrologie. La science moderne, éminemment solaire, en quête de
comprendre le monde tel qu'il est et non tel que l'Humanité a voulu
qu'il soit, ne pouvait que rejeter une démarche lunaire tant et si bien que
l'astrologie en est arrivée à vouloir se solariser, perdant ainsi son âme.
Mais à partir de la Seconde Guerre Mondiale, d'Auschwitz et
d'Hiroshima en passant par la création de l'Etat d'Israël, l'Humanité
s'est à nouveau lunarisée, échappant, même si c'est sur un registre
infernal, au monde solaire. Le mot clef est alors devenu celui de
concentration : camp de concentration, concentration nucléaire, fin de la
dispersion juive.
QUATRIÈME PARTIE
VISITE DES MONUMENTS DE LA CITE
(PARA) ASTROLOGIQUE MODERNE

Nous ferons le point sur les principaux monuments de


l'astrologie - notion par ailleurs éminemment syncrétique mais vécue
comme un langage d'un seul tenant - c'est à dire sur son fonds de
commerce, les données qui sont récurrentes quand elle fait son bilan. A
côté de nouveaux édifices, se dressent des demeures certes
relativement plus anciennes mais dont le syncrétisme de la construction
souligne qu'elles sont le résultat de développements architecturaux bien
antérieurs. En fait, dans la plupart des cas, il conviendra de parler de
para-astrologie, à commencer par le thème astral.

La symbolique soli-lunaire

Les astrologues hésitent entre interdisciplinarité et recours à un


certain corpus traditionnel. Il y a ceux qui préfèrent appuyer l'astrologie
sur les données les plus récentes de la Science, en ses diverses facettes;
et d'autres qui considèrent qu'il importe d'exploiter un certain héritage
symbolique. Nous pensons que ces deux voies font problème l'une et
l'autre: la première parce qu'elle écartèle l'astrologie entre les sciences
les plus dures (astronomie) et les plus molles (sociologie), la seconde
parce qu'elle recourt à un ensemble qu'il convient de ne recevoir que
sous bénéfice d'inventaire, tant il a été malmené au cours des âges.
Le cas de la signification des luminaires est certainement
emblématique d'une astrologie pervertie et égarée: on se trouve là à
l'interface entre astrologie et astronomie, entre ce que le ciel propose et
ce que l'homme dispose. C'est ainsi que la division en 12 secteurs, du
fait des rencontres mensuelles de la Lune avec le Soleil est-elle
pertinente pour l'astrologie? Nous ne le pensons pas. Il s'agit certes
d'une structure en quelque sorte objective, "donnée" à voir,
spectaculaire, la formation dans le ciel d'une telle configuration
(pleine lune, nouvelle lune) semble devoir être aisément enregistrable
par les niveaux de conscience les plus frustes.
En comparaison, toute autre configuration semble abstraite, telle
conjonction entre une planète et une étoile par exemple sur un
firmament plus en retrait alors que tant de configurations se forment en
permanence. Mais précisément, face à l'évidence soli-lunaire, dont le
moindre défaut n'est pas d'impliquer une périodicité fort brève, de mois
en mois et même annuelle, l'humanité, nous apparaît-il, a cherché un
paramètre temporel offrant des plages plus amples, de plusieurs années,
ce qui exigeait donc d'aller creuser le ciel un peu plus en profondeur..
Mais ce couple soleil-lune n'en aura pas moins marqué
fortement la pensée astrologique au point que même un Jean-Pierre
Nicola en sera resté à une division en 12 du Zodiaque, quand bien
même celle-ci d'ailleurs ne correspondrait plus aux dites rencontres des
luminaires, comme si la division en trois d'une saison ou d'une période
de la journée (les 12 maisons astrologiques ) allait de soi; Il convient de
souligner que sur un plan cyclique une division en 12 ne donnera pas les
mêmes échéances qu'une division en 8 ou en tout autre nombre. C'est
ce qu'avait compris Placidus, au XVIIe siècle, quand il proposait de
modifier le calcul des maisons pour obtenir d'autres dates au niveau
prévisionnel La division en 12 constellations est, quant à elle, une
abstraction dès lors qu'elle ne s'ajuste pas sur les syzygies soleil lune
mais elle témoigne de cette emprise du 12 sur l'ensemble de notre
appréhension du ciel. Rappelons que les rencontres Soleil-Lune font
également apparaître une autre division en 4 semaines et cette fois il
n'est plus question du 12 mais à la rigueur du 8, du 16 etc.. C'est dire
que le référentiel soleil-lune n'est pas univoque, on peut aussi le lire,
d'ailleurs, comme induisant une division du ciel en 28 secteurs du fait
que les rencontres soleil-lune se produisent grosso modo tous les 28 jours.
Or, toute la prévision astrologique est fonction des subdivisions
proposées, la question étant quelle est le "bon" découpage, ce qui
revient un peu à la quête de la pierre philosophale en alchimie : quel est
le bon diviseur et quel cycle est à diviser? Deux questions auxquelles
vient s'en ajouter une troisième: pour prévoir quoi? On peut en effet
imaginer que les deux premiers points aient été correctement cernés
mais pas le troisième: l'on annoncerait les bonnes échéances mais pas
les bon événements.....
On en revient à nouveau à la dialectique soleil-lune non plus sur
le plan numérique mais sur le plan, cette fois, symbolique, à savoir
l'existence de phases de type solaire et d'autres de type lunaire, à
condition évidemment de s'entendre sur ce que cela pourrait signifier. Si
l'on se trompe sur le sens à accorder à ces valeurs, c'est à nouveau le
discours astro-prévisionnel qui s'en trouvera affecté plus ou moins
gravement. Or, nous pensons que si mise en place d'un schéma
prospectif il y eut, il y a de fortes chances qu'il ait cherché à transposer
le modèle soli-lunaire sur le plan des significations.
Or quelles sont les significations que l'astrologie accorde aux
luminaires, quelles analogies a-t-elle développé à partir d'une telle
matrice? D'emblée, on nous y explique que le soleil est un principe
masculin et la lune un principe féminin, mais qu'est-ce que le masculin
et qu'est-ce que le féminin? Deux questions donc : les luminaires
correspondent-il vraiment respectivement au masculin et au féminin et
qu'est ce que cela signifie? Si l'on se fait une fausse idée du masculin et
du féminin, l'on risque bel et bien d'errer une fois de plus dans les
prévisions qui se formuleraient autour d'une telle dialectique.
La lecture du ciel, on l'a dit, n'est pas dépourvue d'ambiguïtés et
les lectures, contradictoires, abondent: comment savoir quelle est la
bonne, c'est à dire celle qui a été enregistrée, en temps voulu, en quelque
sorte officiellement, auprès des instances compétentes, par nos
lointains aïeux? Deux approches s'opposent chez les astrologues, celle
qui privilégie le ciel et celle qui part de l'Homme, soit deux points de
vue bien différents. Les cosmo-astrologues appréhendent les Quatre
Eléments au regard de la Nature - le feu, c'est le feu du soleil par
exemple- et pour eux, le ciel c'est le ciel tel qu'il est et non tel que nous
le voyons; Les anthropo-astrologues, en revanche, interprètent les
Eléments pour ce qu'ils représentent au rythme des saisons - le feu,
c'est ce qui nous réchauffe et nous éclaire quand nous avons froid,
quand la nuit est tombée, quand nous voulons consommer quelque
chose de chaud; quant aux astres, ils sont là pour nous servir et il ne
s'agit pas de se laisser envahir par eux. Dans le rapport soleil-lune, Dieu
est le soleil, l'Homme est la lune, notre monde étant appelé sublunaire.
Les saisons impriment en l'Humanité une dualité qui réapparaît même
lorsque l'on se branche sur des cycles sensiblement plus longs que
l'année. Dualité Eté-Hiver, Jour-Nuit, Soleil-Lune qui est aussi celle qui
nous amène à rentrer chez nous le soir et en ressortir le matin, ou à
nous cloîtrer quand la tempête fait rage et à sortir quand le temps est
clément. Le soleil, somme toute, est plus généreux que la Lune. Au
fond, si la Lune disparaissait, cela ne serait peut-être pas si
catastrophique que cela mais l'on ne pourrait en dire autant du soleil. La
Lune se situe sur un autre plan, plus subtil, plus secret, que le soleil. La
femme nous semble bien plus proche d'un climat solaire que d'un climat
lunaire. Et puis, nous l'avons dit, Pluton est un dieu hivernal et
Proserpine, une déesse estivale, à l'instar de Cérès et du signe de la
Vierge. Pour éviter de buter constamment en français sur le fait que le
soleil est un mot masculin et la lune un mot féminin, proposons de
désigner la Lune par Pluton et le Soleil par Proserpine ou Cérès.
D'ailleurs, parmi les astres dont se sert l'astrologie traditionnelle, ce
sont les deux seuls astres qui n'ont pas reçu de noms de dieux et que
l'on désigne simplement par soleil et lune. Il existe certes en mythologie
Apollon, dieu du soleil et Diane-Artémise, déesse de la Lune, mais ces
appellations n'ont pas été retenues alors même que celles de Pluton et
de Proserpine ont disparu du ciel jusqu'au XIX e siècle, avec Cérés et
jusqu'ai X siècle, pour ce qui est de Pluton. Pourtant,; la légende
concernant l'union de Proserpine et Pluton nous semble au cœur de la
symbolique saisonnière: rappelons que Perséphone, fille de Déméter, a
fini par sceller son destin d'épouse légitime de Hadès en : goûtant de la
grenade alors qu'elle demeurait dans le royaume de Pluton. S'il y a une
dialectique entre deux divinités, c’est bien celle là tout comme le duo
cosmique le plus spectaculaire est bien celui du soleil et de la lune. En
revanche, nous trouvons les tentatives de former des couples - exercice
cher à André Barbault dans les années Cinquante - comme assez
étonnantes surtout quand on les situe au regard du dispositif des
Dignités et Débilités planétaires (domiciles, exaltations, chutes, exils).
Comment peut-on ainsi opposer Jupiter et Saturne alors que leurs
domiciles se jouxtent, ce qui fait que les mêmes saisons conviennent à
l'un et à l'autre. Idem pour Soleil et Lune, conjoints tant en domicile
qu'en exaltation? Le seul couple satisfaisant, de ce point de vue, est celui
de Mars et de Vénus aux domiciles opposés dans le dispositif du
Tétrabible. En revanche, Barbault ne s'est guère intéressé au couple
Mercure-Jupiter, aux domiciles également opposés. D'ailleurs, c'est
l'occasion de reconnaître que les domiciles des planètes n'ont pas
vocation à établir des polarités entre elles mais doivent être avant tout
considérés que comme un découpage du zodiaque en deux séries de six
secteurs. Quant au dispositif des exaltations, il n'a nulle vocation à se
combiner avec celui des domiciles: c'est l'un ou l'autre mais pas les deux
à la fois. De telles distributions ne manquent pas, c'est ainsi que le
système des termes découpe chaque signe en cinq parties, couvrant
quelques degrés, chacune étant associée à l'une des cinq planètes hors
luminaires.
Pour saisir les enjeux de l'alternance des phases solaire et lunaire,
il faut, comme dirait Monsieur de la Palice, savoir ce que celles-ci
signifient, ce qui implique une clarification de notre regard tant sur le
monde que sur nous-même. C'est ainsi que le féminin se manifeste sur
deux registres : en phase solaire, il se situe sur le plan le plus primaire,
celui de la sexualité et de la procréation, du sang, de la filiation, tandis
qu'en phase lunaire, l'on passe du sexe au genre (le gender des anglo-
saxons), ce qui est fonction du statut de la femme dans une société
donnée et donc peut varier d'une culture à l'autre. L'on peut appliquer
une telle grille à la question juive: en phase lunaire, être juif (cf nos
textes sur le site CERIJ.org, et ramkat.free.fr) passe d'abord par une
certaine appartenance religieuse, par le statut variable des juifs au sein
d'un ensemble donné alors qu'en phase solaire, le phénoméne juif est
appréhendé au niveau mondial, en relativisant les situations
particulières. Les tentatives d'extermination (Shoah) des juifs sont
marquées par la solarité, c'est à dire qu'elle fait abstraction de la
diversité qui régne chez tous ceux qui sont d'origine juive. En phase
solaire, on est engagé dans un processus involutif, régressif, on
remonte à l'origine des choses alors qu'en phase lunaire, l'on prend en
compte tout le tissu civilisationnel dans toute sa diversité, dépassant
ainsi les clivages d'origine. Ces enjeux, si notre grille est valable, doivent
se manifester dans l'alternance des deux types de phase, à condition,
qu'il convient de chercher à appréhender sans immédiatement prendre
en compte les configurations astrales de la même façon qu'un enfant
apprend à saisir le monde avant de savoir parler ou apprend à parler
avant de savoir écrire.

Le cycle de la lunaison

Ceux qui connaissent l’œuvre de Dane Rudhyar, né Daniel


Chenevière en France en mars 1895, mort en 1985 aux Etats Unis et
que nous n'avons jamais rencontré - savent que cet astrologue et
compositeur avait déjà mis en avant les périodes de 3 ans 1/2 mais il
avait procédé autrement. Notons en passant que Rudhyar fut aussi
compositeur, ce qui est également le cas de Jacques Halbronn, Daniel
Cobbi, Didier Lustig, Jean-François Berry, dans le milieu astrologique
français.
Il ne se fondait pas sur le cycle de Saturne mais sur celui de la
Lune, en posant la progression d'1 jour pour 1 an.
Rudhyar avait donc eu l'idée de découper le cycle soli-lunaire en
8 phases. Evidemment, son découpage ne coïncidait aucunement avec
le nôtre, en dépit de la même durée assignée à chacune des 8 phases.
Or, ce n'est pas parce qu'il est pertinent de diviser un cycle en
huit qu'il faut pour autant envisager huit phases différentes! Il y a là
chez Rudhyar une approche encore trop rigide par rapport à
l'astronomie.
Nos lointains aïeux étaient en quête d'une unité de mesure du
temps qui leur convienne. Celle-ci n'existait pas nécessairement à l'état
brut. On pouvait très bien adopter un certain cycle et le moduler selon
les besoins de façon binaire avec une succession d'alternances au cours
du même cycle.
Avec Rudhyar, l'astrologie dispose d'une unité de temps
raisonnable de 3 ans 1/2 qui nous semble tout à fait acceptable, qui
permet de se retourner, de vivre une nouvelle expérience, à chaque
phase alors que chez de nombreux astrologues actuels il n'y a pas ou
plus d'unité de temps centrale mais autant de temps que de cycles
planétaires et la combinaison de ces cycles ne permettant pas de
constituer une unité de temps dominante basique, régulière et
récurrente. Précisons que cette durée, dans notre subconscient, peut se
formuler en terme de nombres de nouvelles lunes - c'est à dire de mini-
éclipses - et donc de signes parcourus par le cycle soleil-lune. ..
On pourrait appeler cette unité astrologique de temps (UAT)
de 3 ans 1/2 le rudhyar (en abrégé rd), en dépit de nos réserves sur le
fait que pour nous le rudhyar (rd)serait une unité de temps collective et
non individuelle, vécue synchroniquement et simultanément et non pas
déterminée à partir du moment de chaque naissance. Or, il nous
semble que cette durée de 3 ans 1/2 convient mieux au rythme
masculin qu'au rythme féminin qui est plus court d'où l'attirance de la
clientèle féminine pour une astrologie à échéances plus rapprochées,
comme celle proposée par Roger Héquet, l'habit étant un peu trop
large, il faut le raccourcir. Il importe de comprendre que l'astrologie a
vocation à montrer que nos actes et ce qui nous arrive obéit à une seule
et même logique, du moins durant une période assez longue. La
personne a besoin d'observer l'harmonie du monde et certaines
astrologies lui offrent, au contraire, l'image d'un monde chaotique où
les astres se déchirent l'humanité en la tirant, l'écartelant dans tous les
sens, chaque planète étant comme une sorte de démon voulant imposer
ne serait-ce que pour quelques heures sa loi.
L'astrologie est partagée entre deux écoles:
-celle qui s'attache aux points et celle qui s'attache à ce qui se passe entre
ces points. Au nom de la précision, une tendance a privilégié les points
- par exemple le moment où un aspect exact se forme, ce qui permet
d'annoncer une année, voire un mois, une semaine, un jour, une heure,
une minute! Mais en même temps, l'astrologue va, dans le thème natal,
situer une planète en maison et en signe, voire en aspect avec une
marge bien plus grande, quand on sait que certains astres restent de
nombreuses années dans un même signe et qu'un aspect approximatif
peut également resté formé très longtemps. .
- celle qui considère l'espace entre les points - point vernal, pointes de
maisons- alors que le passage sur tel ou tel point n'est que le
franchissement d'une frontière : on arrive pas à Paris au moment où
l'on entre dans Strasbourg. L'astrologue a alors vocation à fixer des
limites mais il ne peut aller plus loin, à l'instar d'un passeur qui aide ses
clients à franchir la ligne de démarcation et puis s'en retourne. Bien
entendu, le passeur malhonnête est celui qui ne cessera d'inventer de
nouvelles échéances, de nouvelles barrières pour que l'on ne puisse pas
se passer de lui..
Selon nous, l'astrologie n'a pas vocation à désigner des dates
mais des durées: il ne s'agit donc pas de savoir quand cela aura lieu mais
combien de temps cela durera. Nous dirons que la fixation d'une date
de changement de phase relève de la méta-astrologie, puisqu'il faut bien
indiquer un début et une fin de phase, ce qui implique d'ailleurs le début
de la phase suivante. De là à affirmer que les événements ont lieu lors
des changements de phase nous semble abusif . Dans les années 1550-
1560 quand dans un almanach ou une pronostication, Nostradamus
dresse un thème, il le dresse certes avec précision mais c'est le thème de
la semaine ou du trimestre. Le thème est donc érigé à une date précise
mais son interprétation couvre une période plus ou moins longue au
cours de laquelle ce qui est annoncé dans le thème s'accomplira. De
même, le passage du soleil dans un certain signe comporte en effet un
début et un commencement mais c'est l'entre-deux qui importe au
niveau de ce qui est annoncé. Que l'on ne confonde donc pas le
processus de signalisation et ses effets à plus ou moins long terme. Or,
de nos jours, l'on tend à confondre les deux opérations et vouloir que la
date d'échéance du pronostic soit aussi précise que sa date de calcul.
Il convient également de se méfier du métalangage. Ce n'est pas
parce que l'on a eu à se servir des 12 divisions zodiacales pour situer le
cours d'un astre dans le ciel qu'il faut automatiquement diviser le
parcours de cet astre en 12 phases différentes, chacune ayant sa
spécificité. Selon nous, le zodiaque est , outre un moyen parmi d'autres
- c'est aussi le rôle des aspects - de situer un astre dans l'espace, avant
tout une unité de mesure du temps. Quand nous fixons une échéance à
18 mois, le mois n'a pas de valeur qualitative mais bien quantitative. Peu
m'importe que tel mois, tel signe, telle constellation, porte tel ou tel
nom - il le faut bien - et que le mois de départ ou d'arrivée soit tel ou
tel, ce qui compte c'est ce que ce faisant on sera parvenu à une certaine
durée. Ce rôle ancillaire du zodiaque comparé à celui des dieux et des
planètes a été remis en question, au cours de l'Histoire de l'astrologie au
point de conférer, sur le plan symbolique, une importance égale entre
zodiaque et planètes. Tout se passe comme si, dans le domaine du
savoir comme dans celui des sociétés, il y ait des Nuits du 4 Août. On
retrouve, d'ailleurs, toutes proportions gardées, le même phénoménal
dans l'Histoire des langues, avec la formation de l'anglais moderne,
amalgame de saxon et de français.- il faudrait parler d'un franco-saxon.
Le zodiaque doit être remis à sa place et il importe de mettre fin à ce
syncrétisme zodiaco-planétaire en ne considérant le zodiaque que
comme un cadre temporel, dont il est possible, au demeurant, que nous
l'ayons si fortement intégré qu'il n'est pas question de le remplacer par
d'autres modes de mesure puisque l'on se trouve dans le champ de
mesures subconscientes. Ajoutons cependant que se pose un problème
d'ajustement entre la mesure mensuelle articulée sur le cycle soleil-lune
et les configurations sidérales entre Saturne et Aldébaran, ce qui
expliquerait le débat autour des différents types de calendrier et
notamment entre calendrier hébraïque et calendrier arabe.
De même, ce n'est pas même parce que le cycle lunaire
comporte quatre phases bien distinctes, visuellement, qu'il importe de
concevoir astrologiquement quatre étapes différentes. Il importe de
décrocher l'astrologie de l'étalon astronomique. D'ailleurs, le cycle
lunaire en question qui a certainement servi de matrice analogique, chez
nos ancêtres; au cycle Saturne-Aldébaran, comporte une symétrie,
puisque la demi-lune montante et la demi-lune descendante expriment
une répétition, une redondance. Par matrice analogique, nous
entendons que le cycle lunaire a servi de référence pour l'élaboration du
cycle Saturne-Aldébaran et non un quelconque ordre cosmique
échappant à l'initiative des hommes. A ce propos, nous trouvons
quelque peu abusif que l'on désigne l'astrologie de Rudhyar sous le nom
d'astrologie humaniste, tant elle minimise le rôle des humains dans la
mise en place de la dite astrologie. On se trouve ainsi bel et bien dans
un système paternaliste où tout est peut-être fait pour l'Humanité,
carrément mise sous tutelle, mais sur lequel elle n'a pas prise, ce qui ne
nous semble pas vraiment correspondre à l'esprit de l'humanisme.
L'astrologie doit effectuer sa propre révolution copernicienne et faire
de l'Homme celui qui structure le monde à sa guise et non pas qui serait
simplement à l'image du monde comme si ce monde était porteur d'un
message univoque, comme semble le laisser entendre un Jean-Pierre
Nicola lequel prétend lire le système solaire comme un livre ouvert ne
permettant qu'une seule lecture. Or, la seule lecture légitime est celle
que les Hommes ont choisi d'opérer il y a des millénaires et qui, en soi,
est totalement arbitraire mais n'en est pas moins parfaitement prégnante
du fait de l'habitus, pour reprendre une expression de Pierre Bourdieu ou
de l'expérience. Les humains se sont conformés à un certain modèle
qui leur paraissait viable et qu'ils ont établi en se servant du matériau
astronomique - en s'autorisant de le sculpter à leur façon et de ce fait ce
modèle fait loi, selon ce que l'on pourrait appeler un contrat social, pour
reprendre cette fois une formule chère à Jean-Jacques Rousseau.
Nos ancêtres doivent se retourner dans leur tombe en
constatant à quel point l'astrologie a tourné en astrolâtrie et à quel
point elle est submergée et envahie par ce matériau cosmique, sans
avoir le moindre projet organisationnel au niveau de la Cité. Une
astrologie, il est vrai, marginalisée et qui est devenue la chose des classes
inférieures qui n'ont aucune voix au chapitre sur la gouvernance du
monde. Ce que nous appelons le monde de l'aval par opposition ou en
complémentarité avec le monde de l'amont. Tout se passe comme si les
gens en aval faisaient alliance; par le fait religieux auquel ici s'apparente
l'astrologie, par dessus la tête des gens en amont avec une instance
suprême divine, astrale, toute puissante, une sorte de deus ex machina.
En ce sens, l'on comprend à quel point le religieux est une menace pour
le pouvoir politique. L'astrologie, c'est l'humanité se rendant à Canossa
pour reconnaître au pouvoir spirituel, pontifical l'hégémonie par
rapport au pouvoir temporel, impérial.

L'axe du Dragon

L'astrologie moderne accorde une grande importance aux


nœuds lunaires souvent désignés comme l'axe du Dragon. C'est un
apport de l'astrologie karmique et certains considèrent que cet axe est
bien celui du thème lui-même.
Un tel axe correspond aux points de rencontres entre l'orbite
lunaire et l'écliptique; c'est sur cet axe que se forment les éclipses. Le
plus souvent, aucune planète ne se trouve sur les nœuds lunaires sans
que cela empêche de leur accorder de l'importance, notamment au
regard de l'axe zodiacal qui est ainsi déterminé puisque ces nœuds se
situent nécessairement dans des signes zodiacaux opposés.
Le nœud descendant - sud- serait celui de nos acquis des vies
antérieures tandis que le nœud ascendant - nord - serait celui de ce qui
nous est dévolu au cours de la présente incarnation. Si l'on a le premier
nœud en gémeaux, le second sera en sagittaire et inversement.
Avec la focalisation sur cet axe (cf Marguerite de Surany, Votre
destinée et les nœuds lunaires,, Paris, Trédaniel; 1990), l'on en arrive à
simplifier sensiblement la lecture du théme astral en reliant l'individu à
deux signes opposés entre lesquels sa destinée s'inscrit.
On parle à ce propos d'astronomie fictive, dans la mesure où s'il
s'agit - comme pour la Lune Noire, second foyer de l'orbite de la Lune
autour de la Terre- d'un point qui peut être calculé avec une certaine
précision, il ne s'agit pas d'un élément visible, ce qui d'ailleurs avec
l'intégration de planétes invisibles, au delà de Saturne, ne fait guère
problème, en soi, pour l'astrologie moderne. On pourrait en fait parler
de l'utilisation par l'astrologie du métalangage de l'astronomie, au même
titre que le zodiaque tropique ou que le signe ascendant dans le thème
natal, comme l'a rappelé Bernard Blanchet au colloque MAU
"L'Astrologie et le monde", de novembre 2004. Pour l'astrologue, tout
ce qui a une origine astronomique est or.
Cela dit, même les aspects entre planètes pourraient être
assimilés à une astronomie fictive si ce n'est qu'ils ne sont considérés
que lorsque des planètes se trouvent séparées d'un certain nombre de
degrés, jugé significatif. Quand on dit que Saturne est en carré avec
Aldébaran, l'on voit bel et bien, dans le ciel, ces deux astres séparés par
90° d'arc
Il n'en est pas ainsi du point vernal qui est le point de départ du
zodiaque tropique et qui est également un point fictif en ce sens qu'il est
pris en compte en dehors de toute présence planétaire ou stellaire à cet
endroit de même que l'ascendant qui sert, quant à lui, de base pour les
maisons astrologiques du thème natal. En ce sens, les cycles planétaires
dont le point de départ est la conjonction entre deux astres offre une
réalité astronomique plus concrète et plus visible dans le cas où les deux
astres concernés sont soit des étoiles fixes, soit des planètes jusqu'à
Saturne. On notera que le nombre d'étoiles fixes est bien plus
important que celui des planètes du système solaire et que l'abandon des
dites étoiles par l'astrologie moderne est certainement une des causes de
cette invasion de facteurs fictifs qui ne sont plus sous-tendus par la
présence d'une de ces étoiles. C'est tout particulièrement le cas de
l'ascendant qui devait correspondre initialement au lever de la première
étoile fixe. De même la notion de domicile planétaire ou de décan
relève dans le cadre de l'astrologie moderne d'une astronomie fictive
puisqu'il est question de la présence de telle planète à tel endroit du
zodiaque quand cette planète en réalité ne s'y trouve pas, sauf exception
- on dit alors que la planète est dans "son" signe. En réalité, comme il a
notamment été rappelé au Colloque de Malaga, en 2001 les dieux furent
associés aux étoiles et pas seulement aux planètes et ces étoiles avaient
l'avantage de se trouver toujours au même endroit et donc leur position
était facilement repérable et calculable, avant même que l'on puisse
déterminer avec précision le cycle d'une planète.
Un tel phénomène tient également à l'invasion du champ
proprement astrologique par le référentiel saisonnier lequel s'appuyait
sur des données climatiques assez concrètes et liées à un cycle bien
précis d'activités socioéconomiques. On veut ici parler du zodiaque des
signes qui a donné naissance au zodiaque des constellations par
projection dans le ciel avec les problèmes de précession des équinoxes -
les équinoxes étant une donnée saisonnière en l'occurrence le point
vernal, qui marque le début du printemps dans l'hémisphère nord) qui
n'ont pas manqué de se produire à terme.
Il est remarquable que l'astrologie ait maintenu conjointement et
indifféremment ce qui est visible et ce qui ne l'est pas et en particulier
qu'elle n'ait pas préféré un zodiaque s'articulant sur la rencontre entre
deux astres visibles à une zodiaque s'ancrant sur des données purement
mathématiques, puisque l'on peut appeler zodiaque tout découpage
d'une structure cyclique : zodiaque des aspects, zodiaque des signes,
zodiaque des constellations, zodiaque des maisons, zodiaque des
nœuds.....
L'axe des nœuds lunaires appartient à ce que l'on peut appeler
l'astronomie fictive, tout comme le point vernal et l'ascendant ou encore
la Lune noire. Ce sont des points que l'on peut certes calculer avec
précision mais qui sont invisibles. Ce qui fait problème, c'est que ce
sont des repères invisibles à partir desquels on constitue soit les
maisons, soit les signes. Il faut en effet distinguer le cas des
constructions établies à partir de tels points immatériels et les
subdivisions qui elles peuvent être invisibles mais sont conçues à partir
de repères visibles. Par exemple, si je décide qu'il existe un mi-point
entre deux astres, on est dans l'invisible mais relié à du visible. Il semble
que l'on ait dévié de ce dernier cas de figure vers l'autre. Or, pour une
anthropologie cosmique, les repères essentiels doivent être visibles de
façon à pouvoir être intégrés progressivement par les instances
inférieures de notre psychisme. Le tort de l'astrologie moderne, c'est
précisément d'attribuer à notre subconscient une sophistication assez
surréaliste, à base d'une astronomie largement virtuelle et donc non
enregistrable par notre organisme à moins évidemment de supposer que
l'humanité soit dominée par un système solaire qui agirait à son insu -
c'est à dire sans qu'il y ait perception de signes/signaux et réaction à
ceux-ci. Pour nous, si les choses se passent à notre insu, c'est au niveau
conscient mais certainement pas au niveau subconscient. Là encore, il
convient de bien saisir la dualité interne à la structure de l'être humain,
qui est à l'image d'ailleurs de la dualité sociale, entre les chefs (le mot
signifie tête) et les serviteurs, assignés à des tâches subalternes et
relativement simples, n'exigeant que des interrelations limitées entre
chaque acteur...
En fait, nous distinguerons un subconscient solaire et un
subconscient lunaire. Le premier est celui qui est partagé par toute
l'Humanité, il est phylogénétique. Tout être humain a un potentiel
basique transmis génétiquement et donc individuellement, qui lui
permet d'accomplir des tâches simples au sein de n'importe quelle
société et qui le rend interchangeable, toutes ethnies étant confondues.
Le second est spécifique à une société donnée, il s'acquiert par
l'éducation et n'est transmissible que par elle, il fait obstacle,
périodiquement, au processus d'intégration se déroulant sur un mode
solaire. Dans les deux cas, il s'agit d'automatismes, mais dans le premier
ce sont des acquis ancestraux et l'astrologie, sous sa forme la plus
épurée, en relève alors que dans le second cas, ce sont des acquis
générationnels qui se situent plus sur un plan plus cérébral que
psychogénétique et on y rattachera une astrologie contemporaine avec
ses gadgets les plus récents qui ne font sens que pour un groupe
d'initiés voire pour une sorte de secte dotée d'un jargon qui lui est
propre;. Innéité et initiation étant deux tendances opposées.. Le nœud
ascendant (ou tête du dragon) correspondrait à l’inné solaire, soit la
lumière émise et le descendant (ou queue du dragon) à l’acquis lunaire,
la lumière reçue.
Le thème astral et l'ascendant

Tout comme dans chaque village de France, il y a une église, la


cité astrologique, depuis plus de 2000 ans dispose du thème astral dont
on dira qu'il est un monument parfaitement baroque, dans le plus beau
style rococo, sans oublier les trompe l’œil.
Tout converge vers ce monument et on y trouve tout : les
maisons astrologiques, les signes zodiacaux, les planètes des plus rapides
aux plus lentes et toutes les techniques y trouvent leur application, des
aspects aux domiciles planétaires, sans oublier divers modes
prévisionnels comme les directions, les transits et même les cycles.
Par ailleurs, le thème astral vaut aussi bien pour le moment de la
naissance d'une personne physique que morale - l'on dresse volontiers la
carte du ciel d'un Etat, d'une entreprise, d'un événement passé ou à
venir..
Le thème astral - que l'on appelle aussi horoscope (à ne pas
confondre avec les horoscopes des journaux, emploi abusif du mot)
c'est la clef, le passe-partout, qui ouvre toutes les porte et qui permet à
l'astrologue d’œuvrer, c'est le passeport vers le pays de la vérité
cosmique.
Fer de lance du thème astral, l'Ascendant ou horoscope -notion
à laquelle le grand public se familiarisa dans les années cinquante, grâce
à la collection Zodiaque, au Seuil, dirigée par François Régis Bastide et
dont le maître d’œuvre fut André Barbault, entouré de l'équipe du
Centre International d'Astrologie (CIA) qui expliquait comment le
calculer à partir de l'heure et du lieu de naissance. Dix ans plus tard, ce
sera une nouvelle avancée avec le thème sur ordinateur, toujours grâce à
André Barbault (avec Ordinastral/Astroflash), rejoint, dans cette
aventure, par Jean-Pierre Nicola.
L'Ascendant, qu'est-ce que c'est? C'est le point de départ de la
mise en place des 12 maisons astrologiques - la pointe ou cuspide de la
maison mais c'est aussi un signe zodiacal. On dira de quelqu'un qu'il est
(soleil) Gémeaux -Ascendant capricorne, ce qui permet, du fait d'une
telle combinaison d'avoir 144 possibilités au lieu de 12. Or, cette
personne qui aura son ascendant dans le signe du capricorne pourra fort
bien n'y avoir aucune planète. Initialement, cependant, l'ascendant
devait être déterminé par l'astre qui se levait - du moins en apparence -
au moment de la naissance, à savoir une planète mais le plus souvent
une étoile fixe, d'où le terme horoscope qui implique l'observation
visuelle (scope)
Les travaux de Michel Gauquelin (cf infra) ont montré que l'on
pouvait tout à fait se passer de l'Ascendant en astrologie et que ce point
- cet angle - ne faisait sens que s'il valorisait une planète se trouvant à
sa proximité.
Et de fait, le problème du thème astral, c'est bien le mélange
entre signes et maisons. Nul ne contestera que les maisons sont
l'occupant le plus légitime du thème astral ou plus spécifiquement natal.
En effet, au cours d'un cycle journalier, chaque astre se déplace - se
lève, culmine, se couche, peut ainsi occuper, traverser, l'une des douze
maisons. En revanche, sa position dans le zodiaque sera, sauf dans le
cas de la Lune qui traverse chaque signe en environ 2 jours et demi, à
peu près inchangée en 24 heures. Et l'Ascendant, lui aussi, va passer
d'un signe à l'autre mais cette fois en y restant 2 heures en
moyenne.(24/12). Tout se passe comme si suivant l'exemple de
l'Ascendant, certains astrologues zélés avaient décidé de positionner
également les planètes, et ce en dépit de la lenteur relative de leur
déplacement. En 1902, Henri Selva résumait la pensée de Morin de
Villefranche, mort en 1656, qui semble toujours régir la procédure
astrologique actuelle :
"On doit examiner avec le plus grand soin si les planétes qui occupent
une maison ou qui en sont maîtresses sont en configuration favorable
ou défavorable avec la planéte dont la signification par analogie est la
même que celle de cette maison puis quel est l'état céleste de cette
dernière planète et sa détermination particulière dans la figure, voilà le
secret de certaines prédictions parfois étonnantes mais confirmées ”

En tout état de cause, aussi bien les maisons que les signes
comportent une dimension cyclique avérée, au niveau des significations
qui leur sont assignées. Ce sont, selon nous, d'abord et avant tout des
outils prévisionnels qui n'ont aucunement vocation à se figer au sein du
thème natal. Que l'on puisse dresser un thème pour décider d'une date
au sein d'une structure cyclique se conçoit - tout comme le médecin qui
choisissait le moment où la Lune serait ou ne serait pas dans tel signe
pour opérer tel ou tel organe, sur la base d'un système de
correspondances appelé Homme Zodiaque, bien connu en
iconographie. Que l'on fixe l'accouchement à telle heure pour que les
astres soient bien placés, à la rigueur mais justement la position des
astres dans le zodiaque ne permet guère de liberté de manœuvre à la
différence de leur position en maisons. Au niveau de l'interprétation du
thème natal, on en arrive à une absurdité: ce qui caractérise un cycle,
c'est qu'il s'impose à nous, tôt ou tard, en chacune de ses phases,
autrement dit nous ne pouvons que nous reconnaître tout au long du
cycle. Quant aux aspects ils ont également une dimension
essentiellement cyclique puisque tout cycle implique d'examiner les
écarts donc les aspects entre deux points célestes. Vouloir les placer
dans le thème natal conduit à accorder des orbes - d'où une certaine
tolérance dans l'approximation - tant il est rare que l'aspect soit exact
le moment venu. Tout se passe comme si une astrologie dynamique -
cyclique avait laissé la place, durant une longue période, à une
astrologie statique et qu'en dépit d'un meilleur accès aux données
astronomiques, les astrologues aient conservé cette ancienne recette de
préparation des ingrédients célestes, sous la forme d'un potage ou
d'une potée où tout viendrait se mélanger. L'astrologue ne risque donc
guère de faire chou blanc quand il nous propose de nous identifier
plutôt à telle maison ou à tel signe puisque nous les avons tous en
nous, en quelque sorte.

Les statistiques Gauquelin et les maisons

On poursuivra notre visite par la grande somme statistique


édifiée par Michel Gauquelin, à partir des années Cinquante du XXe
siècle Selon ces résultats, les clivages professionnels correspondraient
à un certain nombre de planètes ( Lune, Mars, Jupiter, Saturne et
Vénus) se levant ou culminant au moment précis de la naissance. En
cela, Gauquelin semble justifier le principe du thème natal même s'il en
propose une forme épurée. Son travail ne confirme pas en revanche la
validité de la division en 12 signes ni le recours aux planètes au delà de
Saturne. Ce sont les maisons astrologiques qui sont confortées par les
statistiques Gauquelin ainsi que les planètes connues de toute antiquité.
Cinquante après la publication de son premier livre, Les Hommes
et les Astres, le bilan est quelque peu contesté. L'australien Geoffrey
Dean a mis en avant le fait que les parents, informés par les almanachs
des heures des mouvements planétaires, avaient pu souhaiter voir naître
leurs enfants sous certaines configurations, interférence qui aurait suffi à
faire basculer, statistiquement, les résultats du probable - et donc non
significatif - vers l'improbable.
Il semble que Gauquelin ait trouvé quelque chose qui n'offre
qu'un intérêt limité pour le praticien mais qui montre que les hommes
sont capables de se connecter avec le ciel, dès lors que des pratiques
sociales perdurent et se répandent largement. Ce chercheur n'a d'ailleurs
pas sérieusement essayé de situer anthropologique ment ses résultats.
Or, il importe d'essayer de reconstituer la genèse d'un tel phénomène et
d'en situer la portée.
Au départ, nous semble t il une coutume voulant que les
femmes accouchent sous une certaine planète correspondant à la
profession affectée à l'enfant, dès sa naissance : s'il était destiné à être
guerrier, on le ferait naître sous la planète appelée Mars et ainsi de suite.
Et cet enfant né sous Mars serait élevé pour devenir guerrier. Si l'on
admet qu'une telle profession était héréditaire, l'on peut concevoir que
l'on fera naître tous les enfants mâles d'une famille sous Mars. On est
donc dans le cadre d'une prédiction qui se réalise par elle-même, self-
fufilling prophecy. Avec le temps, des automatismes ont pu se mettre en
place qui conduisaient certains enfants martiens à naître sous Mars,
même au sein d'une société qui n'en avait plus cure. Nous penchons
plus pour une compétence de la mère porteuse, interface entre la
"signature" de l'enfant dans son ventre et celle de la planète dans le ciel
local, c'est à dire capable de distinguer entre plusieurs bagages
génétiques et plusieurs astres en vue de former des couples pertinents
enfant/planète. Une telle aptitude semble avoir décliné avec les
naissances provoquées.
La seule prévision que l'on puisse faire dans ce cas, c'est qu'un
enfant martien aura une certaine probabilité de naître avec un Mars
angulaire, c'est à dire à l'horizon ou sur le méridien puisqu'il s'agit là des
repères cosmographiques les plus commodes. Mais comme on ne sait
pas, pour l'instant déterminer à l'avance si l'enfant sera martien ou
saturnien, on ne peut donc faire de prévision à ce sujet qui se situe dans
le champ prénatal. Ici, toutes les planètes sont à égalité, il n'en est pas
de plus rapides ou de plus lentes, tout se jouant au cours d'une journée.
Il était donc relativement facile d'attendre un des quatre moments de la
journée où la planète adéquate était correctement disposée. En
revanche, le thème astral qui prend en compte la position des planètes
dans le zodiaque ne fait pas sens dans une telle logique puisque, à part
la Lune, les planètes bougent très peu sinon pas du tout au cours d'une
journée.
C'est l'occasion de souligner l'importance de la naissance pour le
statut social des femmes. Nous pensons que tout le processus de la
procréation, de la conception à l'accouchement était un théâtre
expérimental : choix du partenaire de la femme, soit entre populations
diverses - ce qu'impliquait l'exogamie - choix du moment de la naissance
selon certains critères socioprofessionnels.
Cela dit, nous avons ici affaire à une forme d'astrologie
spécifique et qui n'a pas grand chose à voir avec la cyclicité telle qu'elle
se déroule après la naissance et qui elle participe directement à la vie des
sociétés . Bien sûr, la naissance également relève de la cyclicité
planétaire mais il s'agit d'une astronomie extrêmement sommaire dont
dépend le phénomène découvert par Gauquelin. En revanche,
l'astrologie Saturne-Aldébaran est liée à l'écliptique et ne se réfère pas à
la position des astres par rapport à tel ou tel lieu terrestre particulier. Or,
le thème natal combine maisons astrologiques liées à la rotation
terrestre et divisions des cycles planétaires par aspect et par référence à
un point gamma, ce qui se place à une toute autre échelle. On pourrait
toutefois dire que les travaux de Gauquelin correspondent à un état
premier de l'astrologie généthliaque, natale tandis que nos travaux
constituent le point de départ de l'astrologie mondiale. A partir de ces
deux noyaux, tels les foyers d'une ellipse, se sera édifiée l'astrologie telle
que nous la connaissons présentement.
Il convient, en tout cas, de se défier d'un syncrétisme
astrologique qui conduirait à regrouper au sein d'un seul et même
corpus tout ce qui touche, de près ou de loin, au rapport entre les
hommes et les astres. Certes, une histoire de ces différentes
manifestations n'est pas inintéressante mais elle ne saurait constituer
pour autant un savoir cohérent. Ce qui nous conduit à nous méfier de
l'apport des historiens de la littérature astrologique - dont nous sommes
par ailleurs - à la mise en oeuvre d'une astrologie réellement
opérationnelle. Bien au contraire, ces historiens risquent fort de se
complaire dans un tel syncrétisme et en affirmer l'unicité profonde et
comme préétablie.
Les statistiques sont absolument essentielles à la mise en
évidence du fait astrologique Ce n'est pas tel ou tel cas, aussi
remarquable soit-il, qui prouve quoi que ce soit. A ce propos, la récolte
de données de naissance ne débouche pas nécessairement sur un travail
statistique et peut tout à fait se réduire à monter des thèmes de
célébrités aussi diverses que variées.
Par delà la valeur, parfois contestée, des résultats Gauquelin,
nous sommes en présence depuis la fin du XIXe siècle d'un courant de
recherche statistique en astrologie qui tend à montrer, notamment,
qu'un individu appartient à un déterminisme collectif par delà la
spécificité de son thème natal : n'oublions pas en effet que les travaux
Gauquelin ne correspondent que de très loin qu dit thème natal.
Si les travaux de Gauquelin ont leur intérêt, ils n'en ont pas
moins conforté en pratique pendant un demi-siècle le courant
polyplanétariste, puisqu'ils mettaient en évidence le fait que l'Humanité
était sensible à plusieurs planètes. Or, une telle information, si elle n'est
pas fausse en soi, concerne un aspect assez secondaire du champ
astrologique et notamment pour la partie cyclique laquelle, selon nous,
passe par le monoplanétarisme et une division duelle de la société.
Il convient de dire un mot des statistiques post-gauqueliniennes
- celui-ci étant mort brusquement en 1991 - et notamment des travaux
de Suzel Fuzeau-Braesch et de l'un de ses disciples, Hubert Brun qui
exposa ses recherches à notre colloque "Astrologie. Conditions
d'existence " d'octobre 2005, lesquelles concernaient la clientèle de
quelques orthophonistes celle-ci étant au demeurant assez diversifiée. Il
s'agit bien entendu d'une collection de dates de naissance et une fois un
certain nombre de positions planétaires considérées comme récurrentes,
de les interpréter au regard de la tradition astrologique sous la forme
qu'elle a prise présentement. C'est ainsi que les significations des
maisons astrologiques serviront à "expliquer" de tels résultats. Or, si
l'on peut à la rigueur comprendre de quelle façon un enfant naîtrait au
moment où tel astre passerait en tel lieu de son ciel de naissance, cela se
conçoit mal en ce qui concerne deux astres ou plus étant donné que
l'écart entre ces deux astres n'est pas fonction de ce qui se passe dans le
ciel au quotidien car si les astres peuvent traverser les douze maisons en
un temps relativement rapide, leurs relations entre eux sont quasiment
immuables au cours d'une journée. Autrement dit, l'enfant ou sa mère
auraient du attendre des mois voire des années pour que
l'accouchement ait lieu, avant que telle configuration n'ait lieu! C'est dire
que la statistique natale ne peut s'articuler qu'autour d'un seul facteur
sauf à affirmer, évidemment, que la position des astres à la naissance
conditionne l'enfant qui se voit ainsi marqué par elle. Or, tant l'idée
d'hérédité des positions planétaires que celle des accouchements
provoqués qui cesseraient de produire des thèmes valables - deux points
mis en avant par Michel Gauquelin - milite contre une telle position.
Bien évidemment, si la statistique se porte sur des positions planétaires
dans le zodiaque à la naissance, on s'éloigne encore plus de la
vraisemblance tant le passage pour un astre d'un signe à un autre peut
exiger de jours (pour la Lune), de mois (pour le soleil, Mercure ou
Vénus) ou d'années (pour les autres planétes). C'est d'ailleurs l'occasion
de signaler que la coexistence dans le théme natal de positions
planétaires en maisons et en signes nous parait incongrue, étant donné
que dans le cas des positions en maisons il s'agit d'une astronomie de
position, ne tenant aucun compte, on l'a dit, des différences de
révolution entre les astres alors que dans l'autre, ces différences
cycliques sont essentielles et déterminent leur ordre dans le système
solaire: deux astrologies au demeurant qui ne sont pas nées en même
temps, et qui n'exigent pas les mêmes connaissances scientifiques. Pour
l'astrologie conditionaliste de J. P. Nicola, un tel dispositif cyclique
"conditionnerait" directement la signification des astres mais avec des
effets qui seraient sensiblement contrebalancés par d'autres paramètres :
l'astrologie conditionnaliste lâcherait ainsi du lest quant à l'intensité des
effets liés aux astres mais non quant à leur réalité, accouchement
provoqué ou non, astres connus de l'Antiquité ou pas. Mais
curieusement dans l'exemple donné par Nicola dans son Pour une
astrologie moderne, l'on voit surtout l'astrologue dresser non seulement le
thème de l'enfant mais celui de la mère, du mari, du frère de l'enfant,
soit en tout quatre cartes du ciel et l'auteur de conclure : "l'astrologue
disposant désormais des angles de vue astrologiques de la mère, du
père, de l'aimé, il lui fut facile de décrire les problèmes de l'enfant....".
No comment!
Il convient de préciser qu'une recherche statistique saine doit
s'appuyer sur un modèle simple et non pas arachnéen : entendons par là
qu'un modèle qui, du fait de sa complexité, aurait toujours quelque
chose à offrir, en toute circonstance, serait suspect. En statistique, il faut
pouvoir répondre par oui ou par non: dans quel pourcentage de cas une
certaine configuration bien délimitée correspond-elle à une certaine
situation?
L'on peut regretter que les travaux de Gauquelin n'aient pas
débouché sur une anthropologie : comment l'humanité a-t-elle intégré
ces éléments cosmographiques? il ne s'agit point là d'une donnée
originelle mais bien de ce que l'on pourrait qualifier du passage d'une
anthropologie non cosmique à une anthropologie cosmique, c'est à dire
encore une fois à quel point l'astrologie, en tant que mise en place d'un
lien quelconque entre le cours d'un astre et une périodicité, est une
conquête tardive dans l'évolution du vivant. Certes, la Lune agit-elle sur
les marées sans que la mer ait "décidé" de recourir à ses services mais il
n'en est pas de même d'autres de ses modes d'influence qui
correspondraient plutôt à une sorte de branchement, de câblage. On est
là dans un processus biotechnologique avec lequel notre civilisation a
rompu. Avec l'astrologie, l'homme paie de sa personne, se transforme.
Plus tard, l'humanité préfèrera que le progrès ne passe plus par elle mais
par son environnement technique, elle ne voudra plus être sujette à des
expériences. C'est peut-être, d'ailleurs, parce que l'astrologie témoigne
d'une voie de progrès qui a été abandonnée et qui implique une forme
de mutation, féminine, qu'elle fait problème dans un monde si
fortement marqué par une autre voie, masculine, marginalisant la
fonction utérine, et n'exigeant plus de mutation de l'être humain, ainsi
sacralisé et n'ayant plus à se soumettre aux expériences, véritable tabou.
Pour Rudhyar, notamment, l'astrologie renforce, secoure
l'individu face à la pression sociale qui veut le mouler et le déformer. (cf
le Réseau d'astrologie Humaniste ( RAH ) et le CRET de Samuel Djian-
Gutenberg en ce qui concerne son enseignement) Grâce au thème
astral, l'individu peut retrouver ses marques. Contre sens radical qui
place l'individu en opposition avec les enjeux de société alors qu'il en est
pleinement partie prenante et que sa spécificité ne fait sens que dès lors
qu'elle rejoint et retrouve, selon une harmonie préétablie, l'ordre et le
rythme du monde. C'est au contraire la vocation de l'astrologie de
libérer l'individu de son moi en lui montrant une structure qui le
prolonge et le dépasse et non pas de lui proposer une représentation
factice d'un moi qui se situe précisément non pas au sein du champ
astrologique mais en dehors de celui-ci.
En réalité, il nous faut constater qu'outre une astrologie cyclique
et une astrologie phasique, il existe une troisiéme astrologie, de nos
jours largement dominante, que nous appelons thémique - ou mieux
encore thématologie - et qui ne saurait se réduire à l'une des deux
autres. Cette thématologie qui peut trouver sa justification scientifique
dans les résultats Gauquelin correspond en réalité à un état très primitif
dans l'histoire de l'astrologie puisque n'ayant pas à tenir compte de la
vitesse des astres ni de leur éloignement par rapport à la Terre, ce qui lui
permettait de prendre en compte tant les étoiles fixes que les planètes,
sans tenir compte du facteur différenciateur des distances, une
astrologie fondée sur une astronomie très frustre quant à ses capacités
de calcul des orbites tant et si bien que même la découverte de
nouvelles planètes ou astéroïdes, de nos jours, quand bien même
auraient-ils une révolution de 10.000 ans ne fait pas problème puisque
dans le thème tous les facteurs se retrouvent sur un seul et même pied.
Ce qui intéresse la thématologie, c'est de pouvoir placer chaque astre
dans la carte du ciel natale. Même les prévisions, comme l'a encore
récemment montré Roger Héquet qui en est l'avocat le plus décidé, ne
sauraient s'embarrasser de la connaissance des mouvements vrais des
astres, les progressions permettant de faire avancer ceux-ci d'un même
pas, dès lors que l'on ne tient pas compte des transits. Héquet a ainsi le
mérite de faire ressortir une thématologie là où d'autres astrologues
combinent celle-ci avec des éléments cycliques et, en un sens, il a raison
de refuser une astrologie syncrétique comme celle qui en fait est la plus
répandue.
Trois astrologies sont donc en présence et qui ne sauraient être
confondues ni mélangées comme on le fait trop souvent en présentant
toutes ces strates, ces couches, comme constituant une astrologie d'un
seul tenant comme on le ferait pour une ville.
Il y a une histoire de la thématologie qui conduit la carte du ciel
à s'enrichir de nouvelles planètes - il faudrait parler de points
planétaires- dont on sait pertinemment qu'ils se déplacent mais dont on
saisit empiriquement le déplacement sans avoir à le formaliser
spécialement. En ouvrant des éphémérides, on dispose ainsi
immédiatement d'un cliché de la situation pour un jour donné : il n'en
faut guère plus. On pourrait d'ailleurs parler d'une astrologie
horoscopique puisque le terme désignait initialement le point ascendant
du thème - un point que l'on voyait (scope) - c'est à dire une certaine
étoile fixe et non pas un signe ou une constellation, notions sans intérêt
pour l'astrologie thémique originelle. C'est l'occasion de rappeler que les
étoiles fixes se combinent sans mal avec les planètes dès lors que l'on se
contente de les situer en aspect par rapport aux dites planètes, en
dehors de toute construction constellationnelle, laquelle appartient à
l'astrologie phasique. De nos jours, l'ascendant est un point calculé sur
une base phasique, lié à un découpage cyclique, et non sur une base
stellaire. Il faudrait donc pour bien faire que Roger Héquet avec son
ACB (astrologie chrono-biologique) s'il veut restituer l'astrologie
thémique dans sa pureté, s'appuie sur une étoile ascendante, faute de
quoi il ne pourra dresser correctement les maisons astrologiques qui en
dépendent. Cette étoile ascendante ne correspondait pas forcément à
l'instant exact de la naissance, à une époque où la précision du temps
était toute relative, mais à la première étoile venue, c'est à dire se levant.
C'est dire qu'il est bien difficile de retrouver les conditions premières
d'un système.
Une telle astrologie, reconnaissons-le, n'a aucune vocation à
prévoir, dès lors que l'on admet que ce qui fonde la prétention de
l'astrologie à prévoir tient à la connaissance des cycles planétaires et au
découpage d'au moins un de ces cycles en un certain nombre de phases.
Or, l'ACB de Roger Héquet se donne pour vocation première .... la
prévision. Autrement dit, Héquet se sert de la partie la plus discutable
de la thématologie, celle qui semble s'être développée par imitation de
l'astrologie cyclique mais sans récupérer l'information fournie par celle-
ci et qui était probablement trop sophistiquée. Héquet n'en rejette pas
moins les transits adoptés par la plupart des astrologues thémiques ou
thématologues. Mais, au vrai, est-ce que cet appoint transitaire confère à
la thématologie plus d'aptitude à prévoir? La combinaison d'une
astrologie cyclique s'articulant sur une thématologie nous semble assez
boiteuse en ce qu'elle suppose que le thème reste le point d'impact des
cycles tout au long de la vie du né. Cette astrologie cyclico-thémique
apparaît comme le compromis le plus prisé par l'astrologie moderne.
En fait, l'astrologie thémique n'a pas vocation à faire des prévisions
datées et l'astrologie cyclique pas plus que la phasique n'ont vocation à
décrire des comportements psychosociologiques de base et notamment
dans le champ professionnel. Le dispositif prédictif de l'ACB de
Héquet appartient également à une forme d'astrologie cyclico-thémique,
la progression des astres du thème étant en fait une forme dérivée,
calquée, de l'astrologie cyclique. C'est dire que les techniques
prévisionnelles actuelles sont le résultat de compromis : qu'il s'agisse du
transit qui associe le thème natal aux cycles en cours ou de la
progression (directions primaires, secondaires, symboliques) qui fait
avancer les points du thème, d'un même pas, sans tenir compte de la
réalité astronomique en mouvement. Un Dane Rudhyar, quant à lui,
appartiendrait à une variante qui combinerait astrologie thématologie et
astrologie phasique, puisqu'il découpe le cycle de la lunaison en huit
secteurs et fait progresser les astres, sur la base d'un degré pour un an
dans le thème.
On nous objectera peut-être que ceux qui pratiquent ce mélange
des genres, ne s'en intéressent pas moins à l'astrologie mondiale, la seule
qui soit à peu près épargnée par l'astrologie thémique. Mais même dans
ce domaine, le fait de dresser les thèmes de personnages importants
voire de fondations d'Etats pour faire des prévisions politiques conduit
à introduire, en astrologie mondiale, un tel panachage.
Scientifiquement, nous ne pensons pas que la thématologie
puisse aller au delà des résultats Gauquelin lesquels ne justifient
aucunement les significations propres aux 12 maisons qui n'ont
d'ailleurs rien à voir avec le mouvement diurne et sont en analogie avec
le zodiaque saisonnier, donc annuel. Or, ce qui se passe en 24 heures
est d'un autre ordre que ce qui se déroule au cours de 12 mois..
Si dans la foulée des travaux du chercheur français, l'on a voulu
montrer que d'autres apports de l'astrologie thémique étaient également
susceptibles de vérification statistique - on pense notamment aux
travaux de Suzel Fuzeau-Braesch - nous pensons que l'on est passé en
fait d'une astrologie du collectif à une astrologie de l'individuel. Autant,
en effet, la simplicité du modèle gauquelinien pouvait s'être ancré sur
des comportements au départ conscients et adoptés à très large échelle,
autant , la pratique de la thématologie sous sa forme divinatoire - avec
chaque maison porteuse de significations propres - implique un tout
autre modèle de mise en place excluant une phase consciente. Autant,
l'on peut admettre qu'il ait pu exister des modalités pour réguler les
naissances en rapport avec des exigences de répartition
socioprofessionnelles, autant, il nous semble inconcevable que l'on soit
passé à un niveau de précision plus grand et touchant non plus à des
grands axes professionnels mais à des pathologies comme dans le cas
des clients des orthophonistes. En quoi, en effet, cela présente un
intérêt pour la Cité de programmer les gens à avoir des problèmes?
Non pas que l'astrologue ne puisse s'intéresser aux pathologies mais pas
l'astrologie : entendons par là que l'astrologue, ayant connaissance des
normes, peut détecter d'autant plus vite, par opposition et par
comparaison, l'existence de pathologies mais qu'il n'aille pas chercher
dans le thème les dites pathologies.
Les thématologues répondront que leur façon de faire
"marche" mais il est nécessaire de mettre des garde-fous et de limiter
plus strictement le champ de l'astrologie en le distinguant de celui, plus
vaste, de l'astrologue praticien, lequel dispose d'un grand nombre
d'informations extra-astrologiques complémentaires, outre le fait que
l'astrologue peut agir plus facilement sur la vie d'une personne que d'une
société toute entière et qu'il est guidé par son intuition dans le choix des
facteurs du thème à privilégier : pour ceux qui acceptent le spiritisme,
on pourrait comparer le thème à une sorte de oui-da, à une sorte
d'alphabet sémantique auquel recourt un médium et l'aide à élaborer
son message. Enfin, plus simplement, l'astrologue conseille son client
en s'appuyant sur ses propres aptitudes à anticiper, lesquelles aptitudes
il met au service de son client et qui n'ont généralement pas besoin de
l'astrologie pour exister ou se développer et qui sont assez largement
répandues, surtout dans la population masculine.
Reste que les travaux de Gauquelin nous interpellent en ce qu'ils
semblent valider une certaine typologie planétaire, à l'instar de la théorie
des Ages de Nicola. Entendons par là que les métiers associés à chaque
planète gauquelinienne (Saturne, Jupiter, Mars, Lune, Vénus)
correspondraient grosso modo à ce qu'en dit la Tradition astrologique. Or,
il est apparu que les noms actuellement assignés aux dites planètes ne
correspondent pas nécessairement à ceux qu'elles auraient reçu
astrologiquement, au départ. Saturne/Kronos serait en fait
Pluton/Hadés, Jupiter/ Zeus étant Cérès/Déméter ou sa fille
Proserpine/Perséphone. Encore faudrait-il savoir quelle est la part du
nom d'une planète dans l'idée que se fait l'astrologue de son influence.
Il reste que Michel Gauquelin n'a pas exploré la question des
prévisions en astrologie et notamment sur le plan collectif; Comme
l'écrivait Claire Santagostini, "les prévisions ont plus de sûreté
lorsqu'elles s'adressent à un groupe dont le destin est lié à celui du
mouvement de l' histoire (astrologie mondiale) car alors on sort de
l'individualité, toujours difficile à connaître." . Au fond, pour résumer
d'une formule; il conviendrait de relier les travaux de Gauquelin avec
ceux d'André Barbault., c'est à dire introduire de la statistique dans la
prévision collective, ce qui implique un fort coefficient de répétition qui
n'est concevable que si l'on recourt à un modèle cosmique aussi
récurrent que possible. Les astronomes font remarquer que les astres
ne se retrouvent jamais dans la même position mais le propre de
l'astrologie, selon nous, est d'avoir isolé certaines configurations et non
pas de prendre en compte l'ensemble du cosmos et alors il devient
possible de parler d'unités astrologiques de temps bien étalonnées et se
reproduisant sur des millénaires.

Aspects et transits

Un des maux qui minent plus que tout autre la pratique


astrologique a pour nom "aspects". Grâce aux aspects, l'on peut tout
combiner et notamment des planètes entre elles, ce qui est le cas des
cycles mais aussi des configurations au sein du thème natal. On peut
même concevoir des aspects entre les thèmes de deux personnes
(synastrie) ou entre un thème d'une date x et celui d'une date y (transits).
Or, la vocation première d'un aspect est de structurer un cycle
en un certain nombre de phases et non pas de relier une valeur à une
autre valeur. Quand deux astres sont en carré (intervalle de 90°), cela
signifie que l'on change de phase et non qu'il y a un conflit entre ces
deux astres qui ne sont ici que des marqueurs de temps.
Encore doit-on se demander si l'on peut relier deux facteurs
appartenant à un même ensemble comme c'est le cas de deux planètes.
Selon nous, les seuls aspects légitimes associent une planète et un
facteur non planétaire (étoile, point vernal). C'est pourquoi nous
rejetons aussi bien le cycle Jupiter-Saturne, qui eut son heure de gloire
au Moyen Age et à la Renaissance que le cycle Saturne-Neptune qui a
été salué dans les années Quatre Vingt Dix, à la suite du
démembrement du bloc communiste dont on lui a attribué la cause.
Nous pensons qu'initialement, un cycle s'articulait sur le rapport
planéte-étoile, et notamment Saturne-Aldébaran.
De même, nous ne pensons pas que structurellement, l'on puisse
associer deux planètes à un même signe alors qu'on peut lui attribuer
divers paramètres. En d'autres termes, nous considérons qu'une
combinatoire n'est pas endogamique mais exogamique, qu'elle doit
concerner des éléments appartenant à des plans différents et non deux
éléments relevant d'un seul et même plan, comme c'est le cas pour deux
planètes. Relier deux facteurs d'une même série, donc deux états d'un
même cycle, c'est ipso facto provoquer un court-circuit diachronique,
déclencher un télescopage. Ainsi, dans le dispositif Gauquelin, les
planètes ne se combinent pas entre elles mais sont mises en rapport
avec l'horizon et le méridien.
Parmi les effets pervers consistant à combiner deux éléments
d'un même ensemble, nous signalerons la typologie zodiacale articulée
sur les maisons qui, selon nous, constituent une seule et même série. Le
syncrétisme génère de telles situations du fait qu'il crée des doubles
emplois, comme dans le cas des domiciles et des exaltations des
planètes qui constituent deux systèmes parallèles qu'il ne convient pas
de combiner mais entre lesquels il faut choisir. Toutes ces
combinatoires brouillent les définitions en ce qu'elles ne respectent plus
une seule et même cohérence. Dire ainsi que le signe du cancer, signe
d'été, est aussi celui de la vie au foyer est une aberration logique qui a
l'avantage de permettre à chacun de s'identifier peu ou prou avec ce
signe.
Les planètes post saturniennes.

Les astrologues modernes sont dans l'ensemble très fiers d'avoir


intégré au sein de la tradition astrologique de nouvelles planètes; ils y
voient volontiers la preuve que l'astrologie n'est pas si sclérosée que
cela. Ils y gagnent sur deux tableaux: scientifique et symbolique, puisque
le nom conféré à ces planètes transsaturniennes ne peut qu'exciter
l'imaginaire astrologique: Uranus, Neptune, Pluton pour ne pas parler
des divers astéroïdes également dotés de désignations mythologiques.
Nous préférerons la notion de planète postsaturnienne qui indique des
planètes découvertes après celle de Saturne, même lorsque il s'agit,
comme pour Cérès, découverte en 1801, d'un astre plus proche de la
Terre que Saturne.
Certains vont même jusqu'à remarquer que ces planètes
devaient être connues bien avant la date de leur découverte: est-ce que
Nostradamus, par exemple, signalent-ils, ne fait pas figurer Neptune aux
côtés d'autres planètes)?
"Jupiter joinct plus Venus qu'à la Lune
Apparoissant de plenitude blanche
Venus cachee souz la blancheur Neptune
De Mars frappée par la gravée branche"
(IV, 33)
L’idée que le nom du dieu ne renvoie pas forcément au nom de
l’astre du même nom est devenue très difficile à accepter pour la pensée
astrologique moderne. En réalité, l'apparition de Neptune dans ce
quatrain est, selon nous, une interpolation. La matière première des
quatrains a été en effet retravaillée et celui qui a opéré ce travail, voyant
un ensemble de dieux ne s'est pas soucié qu'il pouvait s'agir plutôt de
planètes et, pour faire la rime avec Lune, il aura jugé bon de remplacer
tel mot par Neptune. Il s'agit probablement d'un équivalent d'onde, de
vague. Le second Vénus, dans le même quatrain et pour le même vers -
ce qui est rare - pourrait également être le fait d'une transposition.
Mais une telle proposition n'en trahit pas moins un malaise:
l'astrologue moderne avec ses nouvelles planètes désavoue ipso facto ses
prédécesseurs qui les ignoraient, rend obsolète la littérature
astrologique antérieure au XIXe siècle. Bien plus, cet astrologue se
déconnecte d'une genèse anthropologique de l'astrologie puisque
l'humanité aurait ainsi été marquée à son insu par des astres invisibles.
Le scénario selon lequel les hommes auraient instrumentalisé certains
astres par rapport à leurs besoins et leurs connaissances vole en éclat.
Les astres, désormais, selon une telle optique, préexistent quant à leurs
effets aux sociétés humaines; dès lors, toutes les découvertes
astronomiques sont vécues comme des révélations qui viennent chaque
fois colmater l'ignorance humaine des astres qui la modèlent le monde
et dont le sens est chaque fois fourni par la main innocente des
astronomes, les nouveaux oracles. Certains n'hésitent pas à déclarer que
la date de découverte de ces astres aura correspondu à une phase
particulière de notre modernité, réduisant par là ces nouvelles planètes
à des sortes de comètes dont le passage est suivi d'un certain type
d'événements. Il est vrai que Herschel lorsqu'il découvrit la planète qui
prendrait ultérieurement le nom d'Uranus l'avait prise pour une comète.
Quelle place ces nouvelles planètes occupent-elle dans l'arsenal
astrologique? Le cas d'Uranus est particulièrement remarquable. Dans
la plupart des traités d'astrologie, l'on nous affirme qu'Uranus est la
planète du changement quand celle-ci touche un point sensible du
thème. Comme si le changement n'était pas du au passage d'une phase
à une autre au sein d'un cycle et non pas à l'intervention d'un astre
spécifique. Les astrologues d'antan, privés d'Uranus, n'auraient donc pu
annoncer les mutations. Or, cela ne correspond aucunement à ce qui
ressort des discours sur l'astrologie tels qu'ils paraissent à la
Renaissance. En fait, ce qui a contribué à assigner le changement à
Uranus, c'est tout simplement le fait que cette planète fut découverte en
1781 et mise en relation avec les événements politiques de l'époque et
singulièrement avec la Révolution Française.
On se demandera ce que les astrologues auraient fait des
nouvelles planètes s'ils les avaient connues plus tôt. Le Zodiaque
témoigne du fait qu'un seul cycle était déjà porteur d'une somme
importante d'informations. Nous pensons que la sagesse des pères
fondateurs de l'astrologie aura été de limiter le recours aux astres à
leurs besoins et que leurs limitations n'étaient pas nécessairement celles
de leur ignorance mais bien de l'usage, somme toute limitée, qu'ils
comptaient faire des astres. Les clivages auxquels se confronte le sujet
déterminent ainsi l'instrumentalisation qu'il se fait de l'objet.

On reproduit ici un article (de septembre 2005) d'un anti-


astrologue Christian Nistchelm qui nous montre à quel point les
astrologues modernes se sont mis dans une drôle de galère, prêtant le
flanc à la critique et affaiblissant ce faisant la cause de l'astrologie: "Un
objet trans-neptunien de diamètre supérieur à celui de Pluton : Une
nouvelle raison, s'il en fallait encore, de rejeter l'astrologie"

"Un nouveau trans-neptunien, appelé provisoirement 2003UB313, a été


récemment découvert par une équipe de recherche américaine. Il a été
rapidement établi que le diamètre de cet objet lointain était de l'ordre de
2900 km, soit nettement plus grand que celui de Pluton (2280 km).
Parallèlement, cinq autres trans-neptuniens un peu plus petits, mais de
taille comparable à celle de Pluton, ont également été récemment
découverts par plusieurs équipes de recherche. Certains ont d'ores et
déjà reçu des noms définitifs (Quaoar, Sedna), alors que d'autres
conservent jusqu'à ce jour leur appellation provisoire (2003 EL61, 2004
FW, 2005 FY9).
Tous ces objets sont situés au-delà de Neptune (d’où leur nom de
trans-neptuniens), au sein de la Ceinture de Kuiper. Ils sont tous, Pluton
inclus, nettement plus petits que notre Lune (diamètre 3476 km), mais
bien plus volumineux que les astéroïdes les plus imposants de la Grande
Ceinture (le plus gros d’entre eux, Cérès a un diamètre de " seulement "
1000 km !).
Ces découvertes récentes laissent par ailleurs penser qu'il sera peut-être
possible de découvrir dans un futur proche d'autres objets trans-
neptuniens de grande taille, peut-être supérieur à celle de la Lune, voire
comparable à celle de la Terre.
En conséquence, le statut de Pluton est de nouveau remis en question.
En effet, soit Pluton garderait son statut de planète et, dans ce cas, il
faudrait clairement et rapidement inclure la flopée des gros objets trans-
neptuniens découverts récemment dans la liste des planètes majeures
(au minimum 2003UB313 !), soit il faudrait déclasser Pluton et la mettre
au rang de gros astéroïde, de même que ces six autres objets célestes.
Ainsi, soit on se retrouverait avec uniquement huit planètes majeures
(Mercure, Vénus, la Terre, Mars, Jupiter, Saturne, Uranus et Neptune),
ce qui serait l'option la plus logique, soit avec dix (les mêmes, plus
Pluton et 2003UB313), voire nettement plus, au moins quinze (les
mêmes, plus les cinq trans-neptuniens dont la taille oscille entre 1250 et
2000 km de diamètre).
De plus, fin septembre 2005, le premier satellite naturel de l'objet trans-
neptunien 2003UB313 a été découvert. Ceci veut dire qu'il va bientôt
être possible de connaître approximativement la masse de ce corps
céleste par simple utilisation de la troisième loi de Kepler, masse qui
devrait être plus élevée que celle de Pluton, selon toutes probabilités.
Il est donc bien clair que notre vision du Système Solaire est en plein
bouleversement et que nous devons maintenant revoir la définition du
critère de séparation entre planète majeure et astéroïde...
Mais apparaît immédiatement une conclusion très réjouissante, en
l'occurrence celle de la fausseté des affirmations à caractère astrologique
et des élucubrations des astrologues, s'il avait encore été nécessaire de le
prouver.
En effet, dans le cas où Pluton serait considéré comme une planète
majeure, il deviendrait clair que les soi-disant calculs astrologiques pour
l'établissement du thème astral, et donc leurs interprétations (les
horoscopes), ne pourraient qu'être parfaitement faux jusqu'à ce jour, car
ne prenant pas en compte la très importante Xème planète
(2003UB313), voire l’ensemble des trans-neptuniens et des planètes
lointaines encore inconnues dans notre Système Solaire.
Dans le cas le plus logique où l'on ne considérerait que, seulement, les
huit planètes majeures comme astrologiquement "actives" (mais alors,
pourquoi seulement ces huit planètes là ?), ces élucubrations auraient
été quelque part plus réalistes (mais toujours aussi erronées, de part
l'absence même de fondement de l'astrologie !) entre 1846 (année de la
découverte de Neptune) et 1930 (année de la découverte de Pluton),
alors qu'elles auraient été parfaitement fausses avant 1846 (Neptune
était encore inconnu) et après 1930 (Pluton ayant été inclus dans leurs
théories fumeuses).
Comment ces gens (les astrologues) qui prétendent depuis toujours
connaître le futur ou, au pire, de pouvoir déterminer sans ambiguïté le
caractère de tout un chacun par le mouvement de certains astres très
particuliers, les planètes majeures, la Lune et le Soleil, n'auraient-ils pas
été capables de résoudre ce problème et de savoir, bien avant les
astronomes et depuis les temps les plus anciens, le nombre exact de
planètes, essentiel pour eux dans l’élaboration de l’horoscope ?
S'il fallait le prouver encore, voici donc une nouvelle fois l'astrologie
rejetée du champ des sciences, et ce, à l'aide d'un objet lointain et
obscur appelé provisoirement 2003UB313, encore inconnu il y a peu...
Aux astrologues, maintenant, d'essayer de nous prouver le contraire...
...ou d’inclure cette nouvelle " planète " au nom si poétique,
2003UB313, et nous dire quelle serait l'influence " astrale " de cet objet
céleste (une influence purement mathématique ?) !
Mais alors, pour des gens soi-disant supposés connaître le futur de par
leur " art ", comment se fait-il que ce trans-neptunien si important pour
l'élaboration de l'horoscope n'ait pas été identifié par eux il y a déjà bien
longtemps ?
Bref, voici encore une nouvelle raison de rejeter les inepties
astrologiques, qu'elles soient " naturelles ", " hermétiques " ou plus
simplement à but très lucratif et mercantile..."

Le cycle Saturne-Neptune et l'indice cyclique de Barbault

La chute de l'empire communiste à l'est de l'Europe, à la fin des


années Quatre-vingt du siècle dernier, aura-t-elle été l'occasion d'un
certain triomphe de l'astrologie mondiale en général et d'André Barbault
en particulier? Mais l'astrologie que l'on appelle mondiale (de l'anglais
mundane astrology) dispose-t-elle d'une théorie cohérente de la notion de
crise ou d'événement? Sans cela, comment peut-elle être en mesure de
déterminer les causes de ce qui se passe, si ce n'est en regardant dans le
ciel? Or, l'astrologie mondiale doit être également en mesure d'analyser
les conditions sociales dont la crise ou l'événement sont fonction. Et
selon nous, dans tous les cas de figure, ce qui concerne la dite astrologie
est à chercher au niveau des clivages qui parcourent une société lesquels
clivages passent par des phases. Savoir ce qui peut se passer dans une
structure quelle qu'elle soit implique de diagnostiquer ses lignes de
fracture derrière une façade unitaire conférant à la dite structure son
identité spécifique, sa visibilité. Il convient donc d'articuler la causalité
astrale sur la causalité sociale et de ne pas associer l'astrologie aux effets
qui, eux, sont peu ou prou aléatoires, c'est à dire qui ne sont prévisibles
que statistiquement tant divers autres paramètres sont susceptibles
d'interférer. En d'autres termes, aucun événement ne saurait s'expliquer
du seul fait d'une causalité astrale, l'astrologie mondiale, qui est
probablement la partie la plus proche épistémologiquement de la raison
d'être première de l'astrologie, doit s'intéresser aux conditions
événementielles, génératrices de crises au niveau des ajustements entre
populations cohabitant au sein d'une structure donnée, plus qu'aux
événements à proprement parler. Qu'il s'agisse d'une crise sociale ou
d'un mouvement indépendantiste, le problème est fondamentalement le
même, à savoir une question de statut : c'est vrai pour l'immigré, le
colonisé, l'exploité, l'oppressé, que ce soit du fait d'une occupation
étrangère ou d'une caste religieuse ou ethnique. L'astrologie mondiale a
à voir avant tout avec l'ordre social et est concernée par les enjeux
organisationnels.
Pour André Barbault, la cause d'un tel événement tiendrait au
cycle Saturne-Neptune, dont les conjonctions se produisent tous les 36
ans. En 1953, Staline meurt sous une telle conjonction. En 1989, la
destruction du Mur de Berlin est celle du Rideau de Fer et préfigure le
démembrement de l'URSS de 1991. Mais est-ce que cela ne relève pas
au moins autant de l'histoire de l'Europe Centrale?
Selon Barbault, le dit cycle serait réservé à l'Union Soviétique et
à l'idéologie qu'elle a adoptée et véhiculée. Or, il nous semble très
hasardeux de vouloir ajuster les configurations astrales sur nos
découpages géopolitiques comme on le faisait autrefois en associant tel
signe zodiacal à tel pays ou à telle ville.
Il nous semble au contraire que ce qui s'est passé en Europe de
l'est, c'est à dire un fléchissement de la puissance impériale a pu se
passer ailleurs et se reproduira dans le futur sous d'autres latitudes, pour
ne pas dire sous d'autres cieux.
Un cycle est censé intégrer deux principes opposés donc deux
puissances et non pas une seule puisque tout cycle doit gérer une
alternance. Autrement dit, le cycle Saturne Neptune doit concerner
deux parties en concurrence et qui vont tour à tour dominer. Parler d'un
cycle qui ne vaudrait que pour l'URSS ne fait pas sens, il manque l'autre.
Il est nécessaire de bien définir l'épistémologie de la cyclicité : il
est nécessaire que soient impliquées deux forces antagonistes. Dès lors
que l'on parle de crise, il faut entendre qu'une force plie devant l'autre, le
malheur des uns faisant le bonheur des autres. Peut-on sérieusement
appliquer un tel concept de crise cyclique à un individu en supposant
qu'il s'agit d'un conflit intérieur? C'est au demeurant ce qu'expose le
même André Barbault dans De la psychanalyse à l'astrologie. Le fait
d'appliquer une telle théorie des aspects à la psyché individuelle nous
semble une application très risquée du modèle de l'astrologie mondiale
à l'astrologie individuelle.
On notera une certaine similitude entre le cycle Saturne-
Neptune et Saturne-Aldébaran, Neptune jouant ici le rôle d'une étoile
fixe, de par sa lenteur relative, avec ses 165 ans pour faire le tour du
Zodiaque . Mais alors qu'une étoile fixe respecte le temps de révolution
de Saturne et que les divers aspects ont toujours lieu dans la même
région du ciel, il n'en est rien avec le cycle Saturne-Neptune, dont le
point de départ varie et qui à l'instar du ramadan, neuvième mois de
l'année islamique, circule à travers tout le zodiaque avec une durée qui
n'est ni celle de Saturne ni celle de Neptune alors que le cycle Saturne-
Aldébaran respecte la symétrie numérique avec le cycle Soleil-Lune.
Rappelons cependant que Neptune était hors de portée de la
vue des Anciens et qu'à ce titre nous ne pensons pas - en accord avec
Denis Labouré - qu'il puisse être retenu au sein d'une anthropologie
cosmique.
Parfois un résultat prévisionnel heureux est plus nocif qu'un
échec. A un moment donné, plusieurs paramètres peuvent être à
l'oeuvre et en astrologie moderne, ce ne sont pas les facteurs qui
manquent. Inversement, l'analyste ne prend pas nécessairement en
compte tous les paramètres soit parce qu'il en a exclus certains, soit
parce qu'ils en ignorent l'existence. C'est le cas des étoiles fixes qui ont
été refoulées du corpus astrologique au profit notamment des planètes
lentes, récemment découvertes.(cf infra). Soulignons le fait que dans le
thème natal, du moins au niveau des maisons, la vitesse des astres n'est
pas prise en compte: la lune progressant aussi vite que Pluton et
franchissant les 12 maisons astrologiques en 24 heures. Cela explique
pourquoi par le biais du thème natal et donc de l'astrologie individuelle,
l'intégration de nouveaux astres, aussi éloignés soient-ils, ne fait pas
problème alors que cela fait bel et bien problème quand il s'agit de
cyclologie planétaire, quand les vitesses réelles sont respectées.
Il ne suffit donc pas qu'il se soit produit une conjonction
Saturne-Neptune en 1989 pour que celle-ci soit la cause des
événements en question; comment, d'ailleurs, ne serait-ce pas le cas si
l'on croit en l'influence, sous une forme ou sous une autre, des astres?.
Il importe déjà de se demander si les dits événements relèvent de
l'astrologie, ce qui semble en effet être le cas vu le caractère de
mouvement collectif qui a marqué cette période. En revanche, la mort
de Staline, dans son lit, en tant que telle, ne relève pas d'une
quelconque cyclologie. Elle ne ferait sens que si elle s'inscrivait dans le
cadre d'une épidémie, d'un massacre voire, à la rigueur, s'il s'agissait
d'un suicide ou d'un assassinat. Il est quand même étrange de mettre
sur le même plan le décès de Staline avec les événements de la fin des
années 1980, même si le dit décès a pu avoir des conséquences d'ordre
politique, mais c'est là une autre histoire, inversée, celle où des
événements extra-astrologiques peuvent interférer plus ou moins
lourdement. En tout état de cause, si l'événement est un symptôme de
quelque cause, il convient de développer une méthodologie pour
débrouiller l'écheveau des diverses causes possibles. Il nous semble
assez téméraire, dès lors, de se projeter trop loin dans l'avenir, tant le
nombre de paramètres que nous ignorons vont se combiner pour
produire tel effet, sauf pour annoncer une série importante de situations
- ce qui intègre tel ou tel contre-temps ou exception qui confirment la
règle - allant dans le même sens et ce en différents milieux, sous
diverses latitudes. Profitons-en pour indiquer que ni la précession des
équinoxes, ni la question des hémisphères nord et sud, ni la question
des naissances au delà des cercles arctique et antarctique ne sauraient
affecter notre approche de l'astrologie dans la mesure où; selon nous,
l'humanité est programmée, génétiquement, pour décoder certaines
configurations constituées de deux signaux célestes - une planète et une
étoile- sans rapport avec le point vernal ni avec les saisons et encore
moins avec la position d'un astre lors de la venue au monde.
L'ennui, lorsque l'on associe un cycle avec une région précise,
c'est que l'on s'interdit ipso facto d'aller voir si d'autres régions n'ont pas
été également touchées par le dit cycle. Il conviendrait également de
vérifier si des événements comparables correspondent toujours au
même cycle. Mais évidemment, l'astrologue qui a "réussi" un pronostic
frappant aura bien du mal à s'en distancer et il fera tout au contraire
pour l'étayer et le légitimer.
A propos d'André Barbault, il n'est peut-être pas inutile de
rappeler que dans les années cinquante-soixante, celui-ci avait trouvé
bon de parier sur la montée en puissance du communisme soviétique. Il
n'était certes pas le seul dans ce cas : c'était l'époque du spoutnik ( à
partir de 1957) qui montrait que l'URSS avait pris une certaine avance
technologique, puis du premier vol habité avec Iouri Gagarine sur le
Vostok 1 (1961). Ironie du sort pour un astrologue qui avait échoué
dans ses attentes par trop optimistes quant à la possibilité pour l'URSS
de rejoindre les Etats Unis et qui se glorifiera vingt- cinq ans plus tard
d'avoir annoncé son démembrement.
On retiendra que l'astrologie a besoin de répétitions. Si l'on
commence à dire qu'il n'y a jamais de vraie cyclicité parce que
l'ensemble des astres n'est jamais deux fois disposé tout à fait à
l'identique, encore faudrait-il prouver qu'il y a interaction entre les
différents cycles, que toutes les planètes agissent. Nous pensons, au
contraire, qu'un seul cycle planétaire, en dehors des luminaires, est
opérationnel, celui de Saturne avec Aldébaran. André Barbault, en
attribuant tel cycle à telle zone géopolitique, pallie cet inconvénient.
Tout fonder sur le découpage entre blocs nationaux nous
semble assez peu pertinent sur le plan anthropologique. Marx nous a
appris que les conflits sociaux n'avaient pas de frontières, tout comme
d'ailleurs, l'étude des langues nous enseigne que les mots circulent d'une
langue à l'autre. Les Etats nations sont des ensembles fort hétérogènes
si on les considère comme des entités globales. A certains moment,
certes, il peut y avoir tentative pour abolir les barrières sociales - genre
Nuit du 4 août - mais cela génère beaucoup de promiscuité, de
confusion au nom d'une appartenance nationale. C'est ce que nous
appelons la phase solaire. A d'autres moments, en revanche, - phase
lunaire - chaque Etat est en butte avec des tensions internes liées à son
caractère peu ou prou composite (disparités sociales, culturelles,
religieuses). Par conséquent, étudier le devenir d'un Etat implique de
préciser non pas si l'on va vers un événement "grave" mais quel sera le
profil dominant de telle période. En l'occurrence, Barbault n'a jamais
précisé si l'échéance de 1989 concernera des tensions internes ou
externes, ce qui multipliait par deux les chances de réalisation de son
pronostic: le bloc communiste se disloque, bingo! Les armées du bloc
soviétique envahissent l'Europe, encore bingo!
André Barbault a également élaboré un modèle assez
impressionnant consistant à étudier la répartition des planètes en deux
principaux cas de figure: forte concentration ou au contraire dispersion
aux quatre coins du zodiaque. Pour cela, Barbault, suivant en cela
l'exemple d'un Henri Gouchon, prend en compte les planètes à partir
de Jupiter inclus, soit Saturne, Uranus, Neptune et Pluton. Il soutient ,
dans les années soixante graphique à l'appui, que l'on s'achemine vers
une troisième guerre mondiale, à venir pour les années Quatre Vingt,
que la concentration des divers cycles planétaires lents en un espace
célestes étroit, menace la paix du monde alors que leur dispersion
induit une certaine détente. Approche qui ne tient plus compte de la
spécificité de telle ou telle planète mais de leur répartition à un moment
donné, ce qui est censé être signifiant, tous pays confondus. Il y a dans
un tel modèle quelque chose d'assez révolutionnaire par rapport à la
tradition astrologique, lequel. modèle qui semblait rendre compte des
deux guerres mondiales, lesquelles correspondent à une forte
concentration des planètes dites lentes et le plus souvent à la découverte
relativement récente, fut-il pris en défaut, au cours de la décennie
Quatre Vingt? Il semble que l'on ait un peu trop crié au loup et que rien
d'équivalent, en dépit de la nouvelle dépression de l'indice, n'y soit
survenu. Cela dit, il est probable qu'il y ait alternance de tensions et de
détente, d'accélération et de relâchement, au niveau de la vie des
sociétés, l'astrologue peut déceler une cyclicité intéressante sur le plan
social sans être en mesure de la connecter avec la "bonne" cyclicité
astrale et par conséquent son extrapolation pour le futur ne
fonctionnera pas. En tout état de cause, le cycle astral que propose
André Barbault échappe totalement à la sub-conscience humaine
puisque les astres pris en compte sont invisibles à l’œil nu, c'est à dire
qu'ils n'ont pu passer préalablement par une phase de conscience, c'est
à dire de connaissance.
Heureusement, comme on l'a vu, on a eu droit in extremis au
chamboulement qui se déclencha dans les "pays de l'Est', ce qui sauva
peut-être la mise. Mais que peut signifier une telle dialectique de guerre
et de paix, de tension et de détente qui n'obéit même pas à une cyclicité
régulière, du moins sur une période de quelques siècles, puisqu'elle est
la résultante de cycles de durées diverses? Il n'y a pas de phases plus
critiques que d'autres car le malheur des uns fait le bonheur des autres :
les tensions et les crises sont toujours là mais sous des formes
différentes. Là où le bât blesse, c'est quant à la pauvreté dialectique :
est-ce que l'alternance guerre/paix est pertinente ou encore grave/ pas
grave. Il est vrai que le public raisonne volontiers de la sorte mais
revient-il à l'astrologue d'épouser un langage aussi frustre? D'un point
de vue anthropologique, il y a des phases, il y a des stades, il y a le
passage d'un état à un autre qui peut générer des problèmes qui seront
résolus diversement, de façon plus ou moins dramatique. Si l'on rentre
dans une logique programmatique, on conçoit mal une société qui
déciderait sur le papier qu'il y aura des périodes de guerre ou des
périodes où rien de spécial n'est envisagé. On est plutôt dans une
astrologie de type cométologique que planétaire: la comète qui présage
d'événements terribles pour les princes, le "glaive mortel" dont parle
Nostradamus dans sa Préface à César. D'ailleurs, Barbault n'a-t-il pas
lancé l'idée que la découverte de certaines planètes, depuis la fin du
XVIIIe siècle, serait le signe annonciateur de nouveaux
développements? On est là face à une astrologie sauvage qui n'a pas
grand chose à voir avec une astrologie cyclique et il est dommage que
cette dernière emprunte un certain langage à la première, même si
depuis Halley - d'où la comète du même nom désignant une comète
correctement annoncée, sur la base de ses calculs, au milieu du XVIIIe
siècle- l'on peut prévoir la course de ces astres chevelus (sens du mot
comète, en grec)
Un tel indice s'il était viable contribuerait à légitimer le recours,
au delà de Saturne, à des planètes inconnues des anciens. Il implique un
ciel agissant sur l'Homme en toute invisibilité, ce qui est contraire à tout
rapprochement entre astrologie et science sociales. Il faut en effet
distinguer la prétention de l'astrologie à expliquer nos sociétés et la
difficulté qu'elle a à démontrer qu'elle émane bien de celles-ci
Pourquoi une telle contradiction de la part des astrologues
contemporains dont les positions feraient de l'astrologie un savoir
littéralement surhumain comme clef de notre Humanité alors que
l'astrologie pourrait tout à fait à l'échelle humaine en refusant de
prendre en compte ce qui dépasse sensoriellement la dite Humanité?. Et
ne voilà-t-il pas cet indice cyclique ne s'informant plus du moindre
clivage, de la moindre alternance. Etrange appellation que ce nom
d'indice cyclique alors même que l'on construit un supercycle qui
anéantit les cycles spécifiques et qui, surtout, affirme qu'il y aurait du
cyclique dans le mélange des cycles. Du coup, l'observation de tel ou tel
cycle visible ne sert plus à rien puisque c'est la synthèse abstraite de
tous les cycles d'astres au delà de Mars qui importe.
Il conviendrait de ne pas confondre cycles et phases. La longue
durée, chère à la Nouvelle Histoire, ne signifie pas qu'il n'y ait pas des
flux et des reflux au sein même d'un processus s'étendant sur plusieurs
siècles. Pour nous, il conviendrait de parler d'un supercycle Saturne-
Aldébaran, qui comporterait un très grand nombre de conjonctions
entre ces deux astres, dans la mesure où les effets des dites conjonctions
restent foncièrement les mêmes, obéissent à la même logique, à la
même dialectique.
Dès lors, il n'y a pas de rupture, pas de changement de cycle, du
fait d'une conjonction. La conjonction ne clôture nullement le cycle, elle
n'en est jamais qu'une étape tout comme l'opposition d'ailleurs. Si l'on
considérer le cycle lunaire, l'on peut dire qu'il se perpétue indéfiniment;
il ne saurait se réduire à un seul tour de manége d'un mois! Ce cycle
aussi bref soit-il, en chacune de ses unités cycliques, peut marquer le
vivant pendant des millénaires.
Point n'est donc besoin, pour l'astrologie, de s'intéresser à des
planètes "lentes", atteignant ou dépassant le siècle, ou à des "ères
précessionnelles" de plus de 2000 ans. Le cycle Saturne-Aldébaran suffit
à la tâche et tant son découpage interne en phases que le passage d'une
conjonction à l'autre ne sont que des points de passage. A ce propos, on
comprend mal pourquoi André Barbault et d'autres comme Yves
Lenoble, considèrent l'aspect de carré se produisant quand les deux
astres formant l'intercycle sont à 90° l'un de l'autre comme critique. Est-
ce que le passage du carré à la conjonction ou à l'opposition ne l'est pas
tout autant? Profitons-en pour mettre en doute l'existence d'autres
aspects comme le sextile (60°) ou le trigone (120°) qui sont des divisions
en six et en trois du cercle. De telles subdivisions ne sauraient coexister
avec la division en quatre (90°) et en huit (45°) Quand on divise un
gâteau en quatre, on ne peut plus ensuite le diviser en six ou en trois et
quand on le divise en huit parts égales, on ne peut plus le diviser ensuite
en douze parts égales. Patrice Guinard a montré toute l'importance de
la division en huit dans le découpage des maisons (autour de la notion
de dominion). Il y a là deux écoles qui s'excluent mutuellement mais que
l'astrologie traditionnelle considère comme un seul et même corps de
doctrine. En fait, le problème de beaucoup d'élèves en astrologie, c'est
qu'un semblant d'unité leur suffit alors que l'arbre cache la forêt.
En fait, la vraie question semble revenir à l'Unité Astrologique
de Temps. Peut-on envisager des phases de plus de quelques années? A
la fin du XVIe siècle, Jean Bodin écrivait et cela ne concernait pas
spécialement l'astrologie : " J'ay aperceu par la cognoissance des
histoires tant sacrées que prophanes que les grands & notables
changemens des Empires, Royaumes & Monarchies se font en cinq ou
six ans" . Quand l'astrologue s'essaie à prévoir au delà d'une telle
période, est-ce que cela fait vraiment sens? Que vaut dès lors un
pronostic 36 ans à l'avance comme celui que réalisa André Barbault en
1953? On a là un exemple d'une astrologie déconnectée de tous les
autres paramètres. C'est bien l'intégration de planètes lentes d'une part
et des ères précessionnelles, de l'autre, qui a modifié radicalement les
données chronologiques. On nous parlera de "longue durée" mais
qu'est-ce à dire? L'astrologie est certes dans la récurrence mais celle-ci
est faite de phases brèves, tout comme la procréation est une constante
de l'espèce humaine, ce qui ne l'empêche pas de ne durer, chaque fois,
pour chaque femme, que neuf mois.
Jean Bodin (1530-1596), un des grands esprits français de la fin
du XVIe siècle à s'être intéressés à la réforme de l'astrologie, avait
défini (Six Livres de la République, Paris, 1576) des critères tout à fait
pertinents en matière d'astrologie cyclique: "Ces grands changemens se
voyent plus évidents apres la conjonction des trois hautes planettes, aux
signes du Soleil (lion) ou de Mars (bélier-scorpion), comme il advint l'an
MDLXIIII que les hautes planettes se trouverent coniointes au Lyon,
avec le Soleil & Mercure: aussi on a veu depuis les mouvements
estranges en toute l'Europe : on a veu en mesme temps, en mesme
année, en mesme mois, en mesme iour le XXVII. Septembre
MDLXVII. Le Roy de France environné des Suisses, assailli & en
danger d'estre pris par ses subiects & le Roy Henry de Suéde despouillé
de son estat & constitué prisonnier par les siens & quasi au mesme
temps, la Roine d'Escosse prisonnière de ses subiects & par eux
condamnée à mort & le Roy de Thunis chassé par le Roy d'Alger (...) La
mesme conjonction des trois hautes planettes estoit bien advenüe cent
ans auparavant, à scavoir l'an MCCCCLXIIII mais elle n'estoit pas si
précise ny au signe du Lyon ains seulement au signe des Poissons &
néantmoins, on apperceut tantost apres tous les peuples en armes, non
seulement les Princes entr'eux ains aussi des subiects contre les Princes
comme j'ay dit cy dessus" " (Livre IV, chapitre 2). Ce qui semblait
important à ce juriste, c'était le fait que des événements non reliés entre
eux en ce qu'ils se produisaient en des lieux bien distincts pouvaient
relever d'une même cause astrologique; il s'opposait à ce que l'on puisse
localiser les effets des configurations astrales.
L'astrologie mondiale est probablement la partie la plus solide de
l'ensemble astrologique mais bien entendu au cours des siècles divers
systèmes se sont succédé, dont on soulignera le décalage parfois
frappant avec l'astrologie individuelle : c'est ainsi que pendant plus de
500 ans, on attendit la formation de certains trigones avec frayeur alors
même que le trigone est considéré comme harmonieux dans le thème..
André Barbault, quant à lui, n'a pas hésité, concernant son indice
cyclique censé rendre compte des principales conflagrations du XXe
siècle, à présenter l'aspect d'opposition - voire de carré dès lors que les
astres se retrouvent répartis aux quatre coins du ciel - comme un facteur
de détente, à l'encontre de la conjonction, facteur de tension, or tant le
carré que l'opposition sont considérés dans le thème comme
dissonants.....
Il conviendrait de cesser d'associer un événement avec une
configuration astrale. Notre psychisme subconscient n'est pas
constamment en train de scruter le ciel, les signaux importants ne
surviennent qu'à intervalles réguliers mais distants de quelques années.
Cela ne signifie évidemment pas qu'au moment où une nouvelle phase
s'ouvre, il ne se passera rien mais cela ne sera jamais que le début d'une
assez longue série. Mais les événements qui se présenteront par la suite
n'en seront pas moins déterminés par la même configuration qui aura
déterminé le premier événement de la série. Ne pas comprendre cela ne
peut que conduire à sous exploiter les configurations importantes et à se
mettre en quête d'autres configurations, ce qui génère des besoins
inflationnistes.

Le cycle des empires

En 1976 - mais le travail avait déjà été présenté durant l'Eté


1975, à Aalen, en Allemagne, au congrès de la Kosmobiologische
Gesellschaft- Jacques Halbronn publie dans Clefs pour l'Astrologie (un
chapitre intitulé " Astrologie et Chronologie" (pp. 141-169) On peut y
lire (pp; 158 -159) que la courbe de "Saturne paraît concerner les
changements territoriaux (apparition ou disparition d'Etats,
changements de frontières). Au départ, la courbe était structurée par
le passage de Saturne sur les axes équinoxiaux (O° bélier ou balance) et
solsticiaux (O° cancer ou capricorne) mais par la suite, l'auteur
abandonna ce référentiel invisible, donc devant faire l'objet de calculs et
de repérages assez savants, pour un référentiel visible, à savoir certaines
étoiles fixes avec lesquelles Saturne entre périodiquement en
configuration (conjonction, opposition, quadrature). Dès Clefs pour
l'Astrologie, le carré est saisi comme le seul aspect viable, étant à mi
chemin entre conjonction et opposition. Plus tard encore, la division du
cycle passera de quatre à huit, d'où l'importance accordée aux
intervalles de 45° (ou semi-carré) et à son multiple (135°, 3 x 45)., ce
qui donne des phases de 3 ans 1/2 et non plus de sept ans.
Mais il faut également aborder le type d'événement que le cycle
de Saturne selon Halbronn était censé déterminer, à savoir les
"changements" de territoires, de frontières. De tels mouvements
affectent nécessairement les populations occupées, libérées du joug de
l'envahisseur ou au contraire en situation de colonisateur. Ces
mouvements génèrent inévitablement une société à deux vitesses,
puisque comportant une population occupante et une population
occupée, l'une et l'autre pouvant être amenée à partir, à se replier, à
faire sécession.
Un tel modèle ne recourt qu'à une seule planète passant
toujours sur les mêmes points du ciel, à intervalles réguliers, et il ne
concerne qu'un phénoménal social bien précis qui n'est pas formulé en
termes de guerre ou de paix, de crise ou de non crise mais selon un
processus périodique obéissant à une nécessité sociale. Halbronn
concerne que le cycle se réduit à deux phases différentes, ce qui le rend
extrêmement économique, tout comme le cycle oppose deux catégories
de populations, les dominants et les dominés. Il emploie la notion
d'unicité pour désigner le processus impérial et de multiplicité pour
indiquer sa dissolution en un nombre important d'entités.
Vingt ans plus tard, en 1994-1995, Halbronn préférera
s'intéresser, sur la base du même cycle saturnien au fait qu'à certains
moments les clivages internes aux sociétés sont remis en question, ce
qui, finalement, correspond également à un problème de frontière à
l’intérieur des sociétés, au sein même d'une culture, d'une nation. Le
refus des clivages conduit à l'Empire qui est aussi dépassement des
frontières. Tout comme le fait de mettre en avant ces clivages contribue
à la multiplication des barrières de toutes sortes.
Alors qu'en 1976, le cycle saturnien était, pour Halbronn, un
cycle parmi d'autres, en 1993, dans la réédition des Clefs, ce cycle est le
seul cycle considéré, c'est à dire que selon Halbronn aucun autre cycle
n'est pertinent et que tous les phénoménal socio-politiques s'y
inscrivent.(pp. 130 -138)
.On aura observé comment le modéle aura évolué sur une
période de près de trente ans mais aussi en quoi certaines positions
initiales se sont maintenues ou renforcées.
Ce qui est intéressant à relever, c'est que le travail en question
n'a été repris par aucun auteur, ni qu'Halbronn ne fut invité à le
présenter à aucun colloque en dehors de ceux qu'il organisait, ni au
Colloque "Saturne" de SEP Hermés ni aux Colloques ou dans les
Cahiers du RAMS (Groupe de recherche en astrologie par des
méthodes scientifiques) dont la vocation est de mettre en avant les
recherches les plus remarquables..
Nous voudrions insister sur la nécessité de s'assurer que l'on ne
suit pas une fausse piste ou en tout cas d'affiner la recherche. Il est
possible que plusieurs facteurs puissent expliquer un seul et même
événement tout simplement parce qu'il y a du jeu, que les phases ont
une certaine durée. On peut, par exemple opposer deux événements et
chercher à voir quel est le paramètre qui joue dans cette inversion mais
il peut s'avérer que ce ne sont pas les événements qu'il faut opposer
mais les phases dont relèvent ces événements, ce qui signifie non pas
des durées très courtes mais des périodes qui peuvent couvrir plusieurs
années. La méthodologie pour travailler sur les cycles n'est pas la même
que celle qui concerne les prévisions individuelles, tout simplement
parce que ce n'est pas de la même astrologie qu'il s'agit.
Il nous apparaît qu'avant tout travail se situant au niveau des
configurations célestes, il importe de faire déjà apparaître une cyclicité
sur le terrain. L'astrologie devant s'intéresser à des phénoménal
répétitifs sur une période de temps assez brève et pas seulement à
intervalles éloignés, les dits phénoménal doivent offrir une certaine
visibilité pour les contemporains. Ensuite, seulement, l'on essaiera de
montrer quelle est la configuration céleste récurrence qui pourrait
rendre compte de telles séries d'événements et non pas d'un événement
unique, n'en déplaise à ceux qui voudraient, au nom d'une quête de
précision, que chaque événement correspondît à une configuration
distincte.
Ajoutons que la notion d'empire ne saurait être prise au seul
niveau formel, à savoir les entités qui se désignent comme empires. Il
faut entendre ici le rassemblement d'éléments assez hétérogènes sous
une même bannière. C'est ainsi que la formation du royaume de France
sera considérée comme étant de type impérial à une époque où seul
l'empereur du Saint Empire Romain Germanique pouvait se dire
empereur. La France médiévale était bel et bien un empire de facto tout
comme l'Espagne, avec ses "colonies" ne portait pas le nom d'Empire.
On pourra donc dire que l'Union Européenne obéit à un modèle
impérial, empire n'étant nullement synonyme de guerre ou de conquête
militaire, même si cela se produit fréquemment. En tout cas,
astrologiquement parlant, la guerre n'est pas un concept pertinent : une
guerre peut correspondre aux cas de figure les plus divers, de la guerre
d'expansion à la guerre de sécession, qui correspondent en effet à un
flux et à un reflux. Il est des époques où les barrières entre entités
s'abaissent et cela ne se fait pas nécessairement sous la pression
militaire. Il n'est qu'à songer aux accords de Munich.(1938) qui donnent
les Sudètes tchécoslovaques à l'Allemagne. Il est des empires qui se
défont sans qu'il y ait eu guerre, comme pour l'URSS en 1991. Il en est
qui changent radicalement de régime comme la Russie en 1917 voire
l'Allemagne, tout en se maintenant peu ou prou territorialement, alors
que d'autres se défont comme l'empire ottoman ou l'empire austro-
hongrois. L'Empire correspond à une phase de confusion sinon de
fusion, de dépassement, tant physique que psychologique, des
frontières, c'est un principe solaire. La remise en question de l'Empire
correspond à une radicalisation que nous qualifierons de lunaire, à un
recentrage des entités qui le constituent comme on a pu le voir avec lé
récent échec du referendum sur la constitution européenne en 2005.. La
phase impériale est nécessaire au bon fonctionnement d'une civilisation
ou d'un savoir mais elle doit laisser tôt ou tard la place à un mouvement
en sens inverse, qui permet à ses différentes composantes de retrouver
une certaine autonomie et faculté de fonctionnement pour pouvoir
ensuite, à nouveau, envisager un rapprochement sous la forme
ancienne ou bien sceller de nouvelles alliances, chaque entité a
vocation à participer au cours de son Histoire à une succession de
projets impériaux, impliquant donc une coordination entre plusieurs
entités sur une base égalitaire ou non.
On aura donc compris que c'est par l'observation des
changements périodiques non pas de la carte du ciel mais de la carte
politique (atlas) que Jacques Halbronn aura élaboré sa pensée cyclique
et aura cherché à la caler sur des signaux astronomiques visibles et
accessibles aux hommes de l'Antiquité, utilisant dès 1976 la dualité
Unicité/ Multiplicité, les phases d'unité favorisant les unifications dont
un des exemples les plus frappants cinquante ans avant la chute du Mur
de Berlin fut l'Anschluss entre l'Allemagne et l'Autriche, avec une
position de Saturne en début de bélier équivalente à la position en
début de capricorne. C'est dire qu'il serait bien abusif d'inscrire la chute
du Mur comme un événement majeur de l'histoire de la Russie et du
monde slave alors qu'elle est avant tout marquante pour celle du monde
germanique. Quant à affirmer que la dislocation de l'URSS serait la
conséquence inévitable des événements d'Europe de l'Est, cela nous
semble bien un jugement bien hâtif. D'un point de vue astrologico-
cyclique, en tout cas, il s'agit là de tendances opposées: d'un côté la
remise en question de la logique des blocs laquelle d'ailleurs conduira à
la volonté de la part de tous ces pays de rejoindre l'Union Européenne,
de l'autre l'ébranlement d'un ensemble bien antérieur à la seconde
guerre mondiale, à savoir 1922. Une politique de l'URSS plus
intelligente à l'égard de ses satellites d'ouverture vers l'Europe de
l'Ouest aurait sans doute d'ailleurs pu éviter de tels soubresauts qui
n'avaient donc rien d' absolument fatal et cela vaut aussi pour ce qui se
produisit en 1991. .

Les correspondances autour du Zodiaque

On peut dire que l'astrologie telle qu'elle se manifeste depuis


plus de 2000 ans dans la littérature qui nous est parvenue s'articule
autour du 12. Ptolémée, dans son Tétrabible (IIe siècle) s'échine à faire
correspondre sept astres avec 12 signes, quitte à attribuer aux planètes
non luminaires, deux "domiciles";- notons la similitude avec le terme
"maison", ce qui laisse entendre que ce que l'on appelle les maisons en
astrologie impliquait des correspondances avec des planètes, dispositif
(des "joies") aujourd'hui absent des traités astrologiques alors même que
le mot "maison" est maintenu.
Au fond, la démarche préconisée ou suivie par l'astronome-
astrologue d'Alexandrie consiste à couper le cycle zodiacal en deux tout
comme le dispositif des Eléments aboutit à la division du zodiaque en
trois segments égaux.
Domiciles
série A : luminaire (soleil) -Mercure-Vénus-Mars-Jupiter-Saturne
série B (inversée): Saturne-Jupiter-Mars-Vénus- Mercure -luminaire
(Lune)

Eléments:
série : Feu-terre-air-eau, trois fois répétée dans le même ordre

Un tel procédé rejette de facto le cycle saisonnier puisqu'il implique une


double ou une triple cyclicité au sein du dit cycle. Pour notre part, avec
le cycle Saturne-Aldébaran, il s'agit d'une quadruple cyclicité à l'instar de
la combinatoire soleil-lune (nouvelle lune- premier quartier-pleine lune-
dernier quartier).

Une des anomalies les plus choquantes du dispositif des


"maîtrises" - pour employer un terme général - est la pratique des
doubles ou triples maîtrises. C'est ainsi que le scorpion est à la fois régi
par Mars et par Pluton mais que les Poissons le sont par trois planètes:
Jupiter, Neptune et Vénus (en exaltation). L'introduction des nouvelles
planètes dans le dispositif traditionnel des maîtrises aura produit une
situation bien confuse: certains signes ayant bénéficié de l'attribution
d'une nouvelle planète-(verseau pour Uranus,,poissons pour Neptune,
scorpion pour Pluton) et d'autres étant en stand by. En effet, les
nouvelles planètes sont censées remplacer les anciennes de façon à
mettre fin au système des doubles domiciles cher au Tétrabible. Sans le
recours à deux planètes supplémentaires le dispositif paraît bien bancal
- André Barbault reconnaît attendre une transplutonienne après avoir
dans des éditions précédentes de son Traité d'Astrologie pratique (1960)
fait place à Proserpine et à Vulcain, à l'invitation de Jean Carteret. En
réalité, nous ne pensons pas qu'il faille briser la symétrie entre les deux
hémicycles constitués par les séries luminaire-Mercure-Vénus-Mars-
Jupiter-Saturne. Il s'agit là en effet de deux séries qui se suivent et qui
correspondent à des phases identiques, l'une évolutive, l'autre
involutive, en analogie avec la dialectique nouvelle lune-pleine lune. Ces
doubles domiciles, par ailleurs, trahissent l'inexistence d'une théorie
générale des planètes, comme s'est efforcé de la constituer Jean-Pierre
Nicola (RET), ce qui rend bien aléatoire de vouloir mettre ensemble,
conjointement, deux planètes pour un même signe puisque chaque
planète est censée correspondre à un état, à un stade différent sur le
plan cyclique. Il y a là un exemple de syncrétisme comme à chaque
fois qu'il est question de combiner plusieurs paramètres. Ajoutons que
nous avons deux anomalies: d'une part les planètes domiciliées dans
deux signes et les signes domiciliant plus d'une planète. Le premier cas
peut faire sens si l'on admet que l’on a voulu qualifier deux séries
jumelles, se partageant le zodiaque. Le second cas, en revanche, n'est
pas acceptable car un signe correspondant à deux planètes serait comme
une saison marquée par des forces contraires.
En pratique, en effet, les anciennes attributions n'ont pas
disparu et l'on continue à attribuer Mars au scorpion en sus de Pluton.
Bien plus, on ne se prive pas de recourir à une autre distribution,
délaissée dans le Tétrabible, et d'ailleurs attestée plus anciennement, dite
des exaltations. Ce qui fait que pour certains signes, on a trois couches:
les exaltations, les domiciles du septénaire traditionnel et les nouvelles
planètes. Mais peut-on pour autant définir, comme on l' a vu, le signe
des poissons comme étant déterminé par trois planètes, Vénus, Jupiter
et Neptune quand on passe à la description du dit signe ou bien s'agit-il
de dispositifs entre lesquels il importe de choisir?
La pratique des doubles voire des triples maîtrises pose
problème en dehors de toute considération quant à son efficace. Si l'on
dit que Mars est le maître du signe du scorpion, comment à ce même
stade cyclicitaire - Pluton pourrait avoir le même statut? Si en effet,
deux planètes qui correspondent aussi à deux dieux sont distinctes,
comment pourraient-ils s'inscrire sur un seul et même plan? Si, comme
nous l'avons montré, Mars est un dieu de l'automne et Pluton un dieu
de l'hiver - de la vie souterraine, de l'hibernation - comment pourraient-
ils l'un et l'autre être associés dans le scorpion, signe automnal? Nous
avons là, en fait, un quatrième niveau de maîtrise, le plus ancien,
accordant à quatre dieux, Mars, Vénus, Proserpine/Cérés et Pluton une
affinité respectivement avec l'un des quatre saisons.
L'on peut palper ici à quel point sévit le syncrétisme
astrologique et comment il plombe une psychologie zodiacale qui serait
tributaire de tous les paramètres qui viennent s'articuler sur le
Zodiaque. C'est un peu comme si l'on définissait une ville par toutes les
voies qui la traversent et qui ne se soucient guère d'elle.

L'Ere du Verseau

Un autre monument imposant de l'astrologie est celui de la


théorie des ères précessionnelles qui aura connu comme couronnement
l'attente de l'ère du Verseau. Nous avons publié en 1979 un collectif
sous le nom d'Aquarius ou la Nouvelle Ere du Verseau, qui a fait date.
Depuis les études aquariennes ont fait des avancées considérables
Une fois de plus, nous ne sommes pas stricto sensu dans le champ
de l'Astrologie. Le fait que durant telle période, certains cultes aient été
en phase avec la constellation vernale, celle où le soleil se trouvait à
l'équinoxe de printemps, dans l'hémisphère nord, ne témoigne pas
d'une quelconque influence astrale mais simplement d'une volonté de la
part des hommes d'ajuster leurs cultes sur le symbole de la dite
constellation vernale.
Or, parler de l'attente d'une nouvelle ère du Verseau ne fait pas
sens : rien n'empêche les humains de se conformer délibérément à une
symbolique verseau dans leur pratique religieuse.
En revanche, on n'est nullement obligé de croire que cette mise
en conformité peut s'effectuer inconsciemment et qu'elle annonce non
pas simplement le choix totémique d'un signifiant mais bien un
changement complet de civilisation et l'avènement d'Aquarius, ou de
Ganyméde selon la formule de Paul Le Cour, venant mettre fin au
monde des Poissons, ayant duré plus de 2000 ans, lequel est associé à
l'Eglise Chrétienne.
Il y a là une présentation un peu forcée que l'on retrouve plus
généralement dans certains exposés concernant la genèse de l'astrologie.
Citons le cas du québécois André Comiré: "Dans la préhistoire, les
hommes dits primitifs basaient leur existence sur des phénoménal
célestes. La course annuelle du soleil, surtout, rythmait les activités
comme en témoignent les alignements de Carnac, ou les mégalithes de
Stonehenge, orientés en fonction des solstices" Fort bien ! Et puis sans
transition, on nous parle d'astrologues faisant des prédictions dont on
nous avertit d'ailleurs que "dans la plus grande partie de l'Antiquité
(elles) étaient réservées aux souverains de sorte que n'existait au départ
qu'une astrologie mondiale". Or on ne vas pas faire des prévisions par
rapport à ce qui est délibérément programmé - c'est Rabelais qui
ironisait, vers 1530, sur des prédictions évidentes comme de s'attendre à
du froid l'hiver. Tout se passe donc comme si l'on passait d'un stade
durant lequel les hommes se référent au ciel pour s'organiser, en toute
connaissance de cause, à un autre stade où d'autres hommes seraient
en train de se demander ce qui va leur arriver comme s'ils avaient perdu
le programme préétabli. Ajoutons que plusieurs formes d'astrologie ont
pu cohabiter: d'une part une astrologie en quelque sorte liée à la Loi, à
la Constitution et de l'autre une astrologie de présages, liée au passage
de telle comète, à la formation de telle éclipse. Il ne faudrait pas faire
l'amalgame entre ces diverses pratiques même si c'est bien ce qui se
passera ultérieurement. D'ailleurs, l'on retrouve peu ou prou un tel
clivage dans la distinction que font les astrologues eux-mêmes entre
prévision et prédiction à cela près que l'idée d'une astrologie émanant
de l'imaginaire humain et qualifiant les astres à sa guise soit assez peu
appréciée par un milieu qui - et cela nous semble très féminin - accorde
plus d'importance à ce qui imprégner le psyché humaine qu'à ce qui est
imprégné par elle.
Cela dit, cette théorie des ères témoigne de l'importance
accordée à la précession des équinoxes au point que le dispositif des
exaltations où le soleil serait passé du taureau - association que l'on
retrouve dans le culte de Mithra, du sol invictus - de l'aurochs - au bélier
aurait évolué du fait précisément du passage du point vernal de la
première à la seconde constellation, le terme "précession" signifiant
progression à contre courant du zodiaque, le taureau précédant alors le
bélier au lieu de l'inverse. Mais il aurait fallu alors continuer à décaler
l'exaltation du soleil vers les poissons puis vers le verseau, ce à quoi les
astrologues modernes se sont refusé ou n'ont tout simplement pas
songé. Les astrologues sont restés au milieu du gué comme pour les
domiciles des nouvelles planètes.
Bien entendu, certains astrologues en concluent à l'excellence et
à l'immanence du symbolisme zodiacal. Or, nous avons vu que ce
symbolisme n'a pas de réalité en soi mais ne fait que renvoyer à une
iconographie singulièrement plus ample comme c'est justement le cas
pour le Verseau.
On aura compris que l'astrologie actuelle, en annexant cette
théorie élaborée par des historiens des religions, au cours du XVIIIe
siècle, et qui a d'abord existé en dehors de son champ, s'est entiché
d'une cyclicité dans la très longue durée, puisque chaque ère est censée
durer plus de 20 siècles. Il s'agit là d'une anthropologie cosmique d'un
autre type que celle que nous mettons en avant ici. Si tant est qu'une
telle pratique religieuse ait réellement existé, elle ne pouvait avoir d'effet
à l'échelle de la vie de la Cité, en tout cas pas au niveau cyclique,. Il s'agit
bien plutôt d'un événement ponctuel qui aura conduit certains
mouvements religieux à tenir compte du passage du point vernal de la
constellation du Taureau à celle du Bélier et qui en tirèrent des
conséquences en choisissant un autre emblème pour marquer le
changement. Exemple d'Intrusion assez fâcheuse de l'astronomie dans
le champ de l'astrologie comme il y en aura tant d'autres tant il y a 2000
ans que de nos jours. Intrusion, il faut l'avouer qui est souvent le fait des
astrologues empruntant massivement à un savoir qui les fascine de par
le progrès (ses découvertes) et le mouvement ( sa cinétique) qu'il
incarne..
Pour notre part, nous pensons que l'astrologie fonctionne sur
des phases brèves qui correspondent peu ou prou avec celles prévues
par nos constitutions modernes autour de 4 ans. Il serait bon que dans
l'avenir le droit constitutionnel se référât au cycle Saturne-Aldébaran
plutôt que de fixer des échéances dans l'abstrait et le plus souvent
décalées d'un pays à l'autre. En ce sens, le droit constitutionnel a
vocation à être international.
Il importe de réviser notre approche de l’origine d’un certain
nombre de systèmes existant au sein des savoirs astrologique,
divinatoire, prophétique. De nos jours, on a encore trop souvent
tendance à rechercher, comme le fait un Dupuis, dans l’Origine de tous les
Cultes (fin XVIIIe siècle) l’influence du zodiaque sur différents
documents, comme les Travaux d’Hercule, alors que la démarche
inverse est probablement plus légitime, à savoir étudier de quels
ensembles sont issus les signes du Zodiaque, mais cela vaut aussi pour
les planètes, les quatrains centuriques ou les arcanes du Tarot, pour
rester dans le champ ésotériqueLa thèse selon laquelle ces différents
systèmes auraient d’entrée de jeu existé est de plus en plus difficile à
soutenir ; il semble bien au contraire que cette systématisation soit
tardive et vise à unifier un champ quelque peu hétérogène, en raison de
sa décontextualisation, le passage du signifié au signifiant brouillant les
pistes. En effet, si d’un ensemble relativement cohérent comme celui
des mois de l’année et des activités qu’ils accueillent, on n’emprunte
que quelques éléments, est-ce que ceux-ci vont à la tour constituer un
continuum évident ? Il va y avoir, ipso facto, perte, déperdition de
cohérence qu’il va falloir compenser par une relecture des dits
éléments, générant ainsi un nouvel ensemble, composite.. On en arrive
ainsi à une désacralisation, à une désanctuarisation des dits système. Un
Dupuis prenait un malin plaisir à rassembler des preuves de l'antiquité
de l'Humanité et le Zodiaque (on pense à ses thèses autour du
Zodiaque de Dendérah, conservé au Musée du Louvre).aura servi dans
ce sens à remettre en cause la chronologie biblique. En fait, le zodiaque
est une construction tardive empruntée à diverses sources et non une
matrice préexistante.
La thèse selon laquelle le symbolisme astrologique et
singulièrement zodiacal serait apparu tel que nous le connaissons est
devenue, en effet, fort improbable. Une tradition ne peut pas se
maintenir intacte dans l'ignorance de ses sources, tôt ou tard génératrice
de contresens, de déviances. La théorie des ères précessionnels tend à
sanctuariser le symbolisme zodiacal en faisant du Zodiaque une matrice
universelle, ce qui n'est aucunement validé par les travaux consacrés à la
genèse et non pas seulement à la transmission du zodiaque.
Ceux qui croient sauver l'astrologie en la présentant comme un
langage, à la façon du regretté Yves Haumont, semblent ignorer qu'un
langage peut subir les pires outrages - on le voit notamment avec
l'anglais, langue hybride par excellence - sans cesser de pouvoir servir.
Il y a deux types de savoirs, il y a les savoirs qui ne trouvent un
semblant de cohérence que par le truchement, l'aveuglement et/ou la
complaisance de leurs utilisateurs et il y a ceux qui possèdent une
cohérence incontestable- ce qui implique de la simplicité et de la fluidité
- et qui imposent celle-ci aux dits utilisateurs, sans que ceux-ci n'aient à
leur sauver la mise avec plus ou moins d'ingéniosité exégétique. Le
langage fait partie du premier groupe et l'astrologie actuelle également et
c'est pourquoi elle se reconnaît en tant que langage. En tout cas,
présenter le Zodiaque comme ayant valeur universelle, c'est bel et bien
bafouer l'univers. Le Zodiaque tel que nous le connaissons est sorti de
son contexte, les signes qui le constituent renvoient en fait à des scènes
de la vie quotidienne se succédant tout au long de l'année et ce sont ces
scènes qui font sens et non les fragments plus ou moins pertinents qui
ne sauraient exister par eux-mêmes. Le Zodiaque témoigne, au
demeurant, qu'il ne se réduit nullement à quelque processus climatique
brut mais qu'il est l'expression d'une instrumentalisation de la nature par
les sociétés humaines: le verseau fait sens, en vérité, non pas en tant
que signe hivernal, symbolisant le froid, mais au contraire comme une
réaction au froid, quand les hommes se réunissent autour d'une
cheminée : c'est en hiver que les hommes ont besoin de chaleur, pas en
Eté où ils apprécient, comme le montrent les Très Riches Heures du Duc
de Berry, la baignade. Or, étrangement, sur les trois signes d'hiver, aucun
n'est classé comme un signe de feu! Le pire, c'est que chacun de nous,
de par son expérience de la vie, sait pertinemment que les saisons
fonctionnent de façon paradoxale, qu'avant la récolte, il faut semer,
donc anticiper, que toute saison exige son antidote pour que les
hommes ne soient pas écrasés par la nature. Ce n'est d'ailleurs
nullement par hasard que le signe du verseau est classé comme
"humain" tout comme les gémeaux, ce qui souligne la dimension
anthropocentrique du zodiaque. Et ce n'est pas parce que le zodiaque a
intégré par la suite des données étrangères au principe que nous avons
décrit que cela change quoi que ce soit. C'est ainsi que le Lion ne nous
apparaît aucunement comme appartenant à la vie quotidienne des
hommes. Il s'agit là bien plutôt d'une autre dispositif ayant interféré
avec le Zodiaque. D'ailleurs, pourquoi ne pas tenter de reconstituer un
"vrai" zodiaque en rétablissant le lien entre chaque signe et les activités
sociales liées à chaque mois, quitte à remplacer certains signes par
d'autres motifs? En tout état de cause, un tel zodiaque réformé et
rétabli retrouverait une certaine qualité anthropologique.

Les Centuries de Nostradamus

On ne saurait oublier parmi les acquis de l'astrologie le cas


Nostradamus, astrologue de la Renaissance dont l’œuvre s'est perpétuée
jusqu'à nos jours. Le problème, c'est que les Centuries qui lui sont
attribuées - sous la forme du moins qui en a été transmise - ne sont pas
de lui.
Les astrologues modernes sont généralement assez mal à l'aise
avec le phénoménal Nostradamus et les spécialistes des Centuries ne
s'intéressent pas nécessairement de très près à l'astrologie.
Paradoxalement, Michel de Nostredame, le plus célébrer
astrologue de tous les temps a longtemps été jugé indésirable par les
astrologues : était-ce parce qu'il appartenait à une époque où l'on
ignorait les planètes transsaturniennes?.Etait-ce parce que ses quatrains
n'offraient généralement pas grand chose de proprement astrologique?
Et il est vrai qu'une prévision dépourvue non seulement de référentiel
astronomique aussi succinct soit-il mais encore de toute indication
précise de date ne peut satisfaire un esprit astrologique.
Sous le nom de l'astrophile Nostradamus ont été publiés des
quatrains qui ne sont pas de lui tout comme sous le label astrologique,
on a placé tout ce qui touchait aux astres..
Certains chercheurs ont mis en évidence le fait que nombre de
quatrains avaient valeur historique et correspondaient à une période
antérieure au temps de Nostradamus. Quel intérêt aurait-on eu à
annoncer ce qui était déjà révolu? En fait, le problème ne se pose pas
vraiment ainsi: d'abord parce que les quatrains sont si abscons que les
lecteurs moyens seraient bien en peine de retrouver des références à
telle ou telle source. Il semble en fait que l'on ait voulu produire du
quatrain à la chaîne et que pour ce faire il était quand même plus aisé de
mettre en vers des récits que de s'échiner à imaginer le futur. Il
faudrait éviter, en outre, de supposer que ceux qui ont voulu faire du
Nostradamus en compilant quelques chroniques avaient pleinement
conscience de leur contenu. Il nous apparaît que dans les almanachs de
Nostradamus, nous avons, du moins pour certains, deux volets, l'un
constitué d'un calendrier, l'autre de prédictions mensuelles articulées
autour des aspects hebdomadaires lune-soleil. Or, les quatrains se
trouvent au sein du calendrier comme une sorte d'horoscope mensuel,
sans apparat astrologique jugé trop lourd. Si l'on oppose le contenu
non explicite des quatrains annuels - à distinguer de ceux des Centuries
- avec celui nettement plus technique du second volet, ne serions-nous
pas en présence d'une stratification socioculturelle assez emblématique?
Dans le premier volet, un ensemble assez incohérent mais dont le
lecteur, dont les facultés d'écoute sont réduites et saturent vite, tire ce
que bon lui semble, préférant deviner que se renseigner, et dans le
second des développements savants et s"articulant sur une doctrine
astrologique tout à fait orthodoxe mais qu'il faut faire effort pour
assimiler.
Mais ce qui intéresse le plus l'astrologue à propos des Centuries,
c'est le fait que l'on puisse relier un quatrain au contenu assez mal défini
avec un événement. Si l'on rapproche le discours de l'astrologue de
celui d'une suite de quatrains, définis comme une série de mots, l'on
peut se demander s'il n'y a pas une forte probabilité pour que la dite
série de mots ne vienne recouper peu ou prou la série de mots utilisés
par le client pour se décrire, pour décrire autrui ou pour décrire un
événement, une circonstance, étant entendu que ce sont les mots qui
vont compter davantage que les phrases. L'idéal est d'arriver à un
rapprochement mot pour mot. Quand Suzel Fuzeau- Braesch compare
ce que dit l'astrologue d'une personne et ce que ses proches en disent,
ce qui va compter, en pratique, c'est bien l'emploi d'un certain nombre
de mots communs aux deux listes. Plus les listes sont longues et plus
l'éventualité d'une telle rencontre sera forte. Or, le thème astral est
porteur d'une quantité assez considérable de données traduisibles en
une certaine quantité de mots et, comme dans le cas des travaux
d'Hubert Brun sur la clientèle des orthophonistes, il s'agit de voir si ces
mots recoupent le profil de la dite clientèle. Ce que l'on oublie, c'est
que la traduction en langage commun des facteurs du thème conduit à
modifier sensiblement les probabilités calculées au niveau des
configurations astrales.
Bien entendu, le chercheur qui travaille après coup ne retiendra
dans sa liste que les positions astrales générant des mots communs aux
deux listes alors que l'astrologue qui travaille en aveugle devra agir en
sorte que son client ne retienne que les mots qui lui parlent - c'est à dire
qui trouvent un écho en lui ou en tout cas produisent des associations
de mots signifiantes - et néglige les autres comme étant neutres.
L'interprète des Centuries ne procède pas autrement : il est un peu dans
la position du client de l'astrologue, face à un discours qui est constitué
par des quatrains d'une part et face à une certaine réalité événementielle
de l'autre également formulable en mots. Il lui faut ajuster l'un par
rapport à l'autre ces deux corpus recourant à un même langage et
déterminer à quel endroit se manifeste une convergence entre ceux-ci.
A ce propos, et on l'a vu pour certains travaux relatifs à la Bible,
l'informatique facilite de tels recoupements entre deux corpus, le
problème étant de déterminer quelle est la probabilité de ceux-ci. C'est
ainsi qu'à propos d'Antoine Crespin, se situant dans la mouvance
nostradamique, nous avons pu montrer que certains de ses textes se
retrouvaient dans les Centuries, sous une forme éclatée.
Même les quatrains des almanachs de Nostradamus ne sont pas
forcément de lui. Ces quatrains servent plus à résumer un texte en prose
qu'ils ne font eux-mêmes l'objet d'un commentaire comme d'aucuns
pourraient le croire Ils pourraient n'être en fait que la reprise mise en
rimes de formules lapidaires sans que Michel de Nostredame y soit pour
quelque chose, on pourrait parler d'un sous-produit nostradamique. En
revanche, les quatrains centuriques s'inspirent de chroniques réelles et
ne constituent pas une série de cadavres exquis comme les quatrains -
présages des almanachs mais ce faisant ces quatrains centuriques n'ont
rien d'astrologique alors que les "présages", comme on les appelle)
peuvent s'inscrire dans une forme de cyclicité perpétuelle dans le genre
des Prophéties de Moult (1740). - mais on peut s'y exprimer en français -
le Nostradamus Research GroupnostradamusRG@yahoogroups.com
On veut faire de Michel de Nostredame un poète (cf la thèse d'Anna
Carlstedt, La poésie oraculaire de Nostradamus, Université de Stockholm
2005) mais il semble bien que cet aspect était tout à fait secondaire pour
cet astrophile, il n'a pris de l'importance que chez ses imitateurs.
D'ailleurs, le statut de la versification était à l'époque encore très
largement auxiliaire sinon ancillaire. On voudrait que Nostradamus ait
prophétisé en vers alors qu'en réalité, selon nous, on aura mis en vers,
après coup, les prédictions et présages de ses almanachs, en en retenant
quelques formules, travail qui était facilité par le fait que le prétendu
auteur des Centuries recourait lui-même dans sa prose à de telles
formules que l'on retrouve dans le vocabulaire d'une certaine littérature
astrologique. L'on retrouve là une fois de plus le clivage masculin-
féminin: les femmes ont besoin d'un point de départ bien défini: un
homme, Nostradamus, des textes concis, les quatrains alors que les
hommes, c'est à dire ceux qui n'ont pas été psychiquement féminisés -
ne voient dans ces quatrains qu'un aboutissement, que le sommet de
l'iceberg, constitué de multiples sources que l'on ne peut d'ailleurs jamais
affirmer qu'on les ait toutes identifiées. Les femmes ont, de façon innée,
tendance à réduire le nombre de données au minimum car elles
raisonnent comme des serviteurs qui ont besoin d'ordres clairs,
permettant une exécution immédiate. Elles sont instinctivement
attirées par ce qui a un certain relief, une certaine visibilité et un
quatrain cela s'appréhende en tant qu'objet mieux qu'un texte en prose
beaucoup plus ample. C'est d'ailleurs toute la raison d'être du quatrain
d'almanach que de résumer le présage, sans toutes les fioritures
techniques du présage prosaïque. Il semble qu'à la Renaissance, l'on ait
eu une conscience plus claire de la dialectique prose-vers. D'ailleurs, les
enfants n'ont-ils pas droit à toutes sortes de contines ou de
chansonnettes, dûment versifiées, ponctuées par des refrains répétitifs
et que l'on apprend par cœur sans trop de peine, grâce justement aux
pieds et aux rimes qui balisent et soutiennent le texte? Avant de
déclarer, avec Anna Carlstedt et bien d'autres avant elle qu'elle cite, que
Nostradamus est avant tout un poète, il serait bon de comprendre que
ce travail de mise en vers n'est probablement même pas de lui et qu'il
relève plus d'une besogne - comme cet exercice de résumé que l'on
trouve dans certains concours - que d'une quelconque inspiration. C'est
dire que l'historien ne peut faire l'économie de la prise en compte des
clivages sociaux d'une époque et de la dualité qui y est instaurée: le
quatrain nostradamique est un résumé qui a fait oublier d'où il était issu
à tel point que certains chercheurs n'ont même pas pris la peine de
comparer les vers nostradamiques à la prose qui les sous-tend et ne
voient dans la dite prose qu'un commentaire des dits vers. Le monde à
l'envers. Cela ressort du fait que dans le canon nostradamique, l'on
désigne, à partir du XVIIe siècle, les quatrains des almanachs sous le
nom de présages alors que ce terme concernait initialement les
développements en prose proposés pour chaque mois dans le volet
consacré aux Prédictions, faisant pendant au calendrier, lequel disposait
des quatrains. Celui qui ne savait pas lire ou péniblement, seulement à
petite dose, se contentait du calendrier et des quelques bribes extraites
du second volet qu'il déchiffrait comme il pouvait, ce dernier étant
réservé à un lectorat plus averti et qui voulait comprendre le pourquoi
du comment. On voit donc que même l'almanach comportait deux
niveaux de lecture à l'adresse de deux catégories de lecteurs, ce que nos
historiens des textes actuels ignorent allégrement.. D'ailleurs, l'épître en
prose à tel ou tel personnage plus ou moins important se situait en tête
du second volet. Il est remarquable qu'Anna Carlstedt traite les éléments
en prose de paratexte, le texte principal étant le quatrain....Certes, dès
lors que l'on consacre un travail à l'élément "poétique", il va de soi que
le corpus est constitué des quatrains, mais ce n'est nullement une raison
pour en faire le centre de l'activité littéraire nostradamienne.
Le milieu astrologique français s'est longtemps désintéressé de
Nostradamus, ce qui était paradoxal vu qu'il s'agissait d'un des
astrologues les plus célèbres au monde. Son nom sert rarement de
caution dans les apologies de l'astrologie. Nous avons favorisé un
rapprochement entre astrologie et prophétisme depuis une vingtaine
d'années et Nostradamus s'est trouvé à l'interface entre ces deux
domaines, ce qui explique la place assez considérable que depuis 2002,
le Centre Universitaire de Recherche Astrologique (CURA) accorde aux
études nostradamiques. Il est néanmoins assez étonnant que certaines
questions relatives à l’œuvre de Michel de Nostredame, dont on a fêté
le cinquième centenaire de la naissance, en 2003, restent encore en
suspens, en dépit de leur proximité dans le temps comparée aux
origines de l'astrologie.
Il nous faut souligner le fait que certaines tentatives de
clarification se heurtent à des résistances liées à un attachement à une
certaine filiation; c'est ainsi que celui-ci ne supportera pas que l'on
remette en question la paternité de Nostradamus sur les Centuries,
comme si cela enlevait au texte toute valeur. De même, l'on peut
supposer que ceux qui pratiquent des formes de para-astrologie
continueront à revendiquer le titre d'astrologue, comme si cela remettait
en question la valeur de leur pratique. Voilà qui montre bien la part de
l'imaginaire dans ce domaine. C'est parce que c'est Nostradamus que
l'on s"intéresse aux Centuries -il faudrait parler de paranostradamisme -
c'est parce que cela s'appelle de l'astrologie que l'on accordera de
l'importance au thème natal. On est donc loin de l'argument selon
lequel l'important est que "ça marche" car cela ne marche en fait que
parce que la source est jugée prestigieuse et que l'on est alors prêt à
faire effort de décodage/encodage.
Avec Nostradamus, la question des fausses éditions est
incontournable et une vraie édition n'est souvent qu'un faux en sursis.
Tout comme on a rassemblé tout ce qui ressemblait à du Nostradamus
en un seul et même canon, de même on a rassemblé tout ce qui
touchait à un rapport entre les hommes et les astres en un seul canon.(
pour une présentation bibliographique et des sites,
En 1999, Nostradamus fit couler pas mal d’encre avec le
quatrain de l’éclipse, d’où une émission à Bouillon de Culture de
Bernard Pivot, le vendredi 21 mai 1999 avec Bernard Chevignard, Jean-
Charles de Fontbrune, Roger Prévost, Pierre Roudi et : Michel
Chomarat. En 2003, nouvelle occasion de se réunir autour de
Nostradamus, avec le 500 e anniversaire de sa naissance, tant à la BNF
qu’à Salon de Provence ou à Saint Rémy. Mais c’est encore sur
Internet que le débat est intéressant. Et il faut bien le dire plus
passionnant et passionné que dans le domaine astrologique où on a
parfois l’impression qu’il n’y a pas d’enjeu.

La théorie des Ages

Ce "monument" est l'oeuvre, sous sa forme la plus achevée, de


Jean-Pierre Nicola. Il s'agit de ranger les planètes selon leur vitesse
décroissante de révolution et de les faire correspondre à des âges
croissants.
Selon Nicola, la symbolique planétaire serait en rapport avec le
psychisme propre à l'âge humain. En bas âge, nous serions liés à des
planètes rapides alors que la maturité serait marquée par des planètes de
plus en plus lentes.
Il n'est certes pas impossible que l'on ait nommé les planètes en
accord avec une telle progression des âges et que les dieux aient
correspondu à celle-ci.
Mais là encore, comme pour Gauquelin, nous ne sommes pas
véritablement dans le champ de l'astrologie mais dans une sorte de
chrono-mythologie.
Nous voudrions souligner le fait que l'astrologie n'est pas
directement concernée par le problème de l'âge. Certes, un enfant de
quelques années ne peut avoir le comportement d'un adulte et il y a
probablement un seuil à passer, au sortir de l'enfance, lors du passage
pour le garçon dans la communauté des hommes, autour de 13 ans, par
exemple.
A partir d'un certain seuil, dans l'adolescence, l'homme est
périodiquement entraîné dans des phases qui ne l'impliquent pas
seulement individuellement mais collectivement car il n'y a pas de cycle
strictement individuel comme certains astrologues le prétendent. A tout
âge, un homme peut connaître des hauts et des bas et même très âgé, il
peut rebondir; en ce sens, il n'y a pas de troisième âge pour l'astrologie
telle que nous la pensons. Il n'y a pas de ménopause en terme de cycle
masculin saturnien. En ce qui concerne les femmes, en revanche, leur
cyclicité de type lunaire semble davantage buter sur une tranche d'âge.
C'est donc une erreur d'aligner la question de l'âge pour les hommes sur
celle des femmes, notamment en ce qui concerne la retraite, qui
correspond à une certaine mise à l'écart du monde actif.
L'inconvénient de cette théorie des âges tient surtout à une
certaine compartimentation alors que - au sortir du premier âge - nous
sommes, tous âges confondus, engagés simultanément dans un seul et
même élan. Autant la sexuation nous semble un élément
anthropologique incontournable, autant nous pensons que l'astrologie
dépasse les clivages d'âges. Ajoutons que paradoxalement, cette théorie
des âges, ne prévoit aucunement que nous passions d'un stade à un
autre du fait d'un quelconque repérage astral qui serait identifiée ou
agissante au cours de la vie mais d'une sorte d'horloge interne qui ne
tiendrait pas compte du cosmos environnant, laquelle horloge
correspondrait aux diverses vitesses de révolution des astres du système
solaire considéré comme un tout indissociable. Au fond, cette théorie
des Ages conférerait à l'Homme la charge de la preuve de l'unité du dit
système.
En pratique, une certaine forme de prévision assez prisée
actuellement (cf supra) consiste tout bonnement à associer des âges de
la vie à des cycles ou à des demi-cycles de telle ou telle planète, ce qui
fournit à l'astrologue, à bon compte, des repères tout au long de
l'existence de son client. En effet, l'astrologue dira que telle planète
repasse sur sa position natale ou à l'opposé de sa position natale, d'où
l'importance, par exemple, accordée au demi-cycle d'Uranus à 42 ans, le
cycle complet étant de 84 ans et ainsi de suite.
Cette astrologie là est fonction de l'âge de la personne et ne
permet pas une étude globale de la société, elle dissocie le temps de
l'individu de celui de son environnement social.
Bien des astrologues sont tentés de prendre en compte l'âge de
leurs clients et ce faisant on pourrait dire qu'ils trichent puisqu'ils
profitent ainsi d'une information extra-astrologique pour cadrer leur
propos dans le cadre de la consultation. Ils ont beau dire que les âges
peuvent être reliés aux planètes, on a bien là une utilisation commode
de donnés anthropologiques. En tout état de cause, ces critères d'âge et
de sexe vont peser sur le déroulement de la consultation et l'astrologue,
en pratique, ne se prive pas de les prendre en compte, pas toujours
d'ailleurs à bon escient : en effet, il y a dans la cyclicité un processus qui
transcende la question de l'âge et qui explique pourquoi, tous âges
confondus, les hommes restent en phase car animés et habités
simultanément par les mêmes modulations.
Les travaux sur la théorie des Ages sont un peu comme ceux
concernant l'Ere du Verseau, ils visent à légitimer voire à sanctuariser le
symbolisme astrologique en montrant que celui-ci s'ancre dans la nature.
S'il faut ainsi en croire cette théorie, les différentes valeurs planétaires
seraient confirmées par l'évolution psychologique, tout au long de son
existence, de tout être humain normalement constitué. Or, nous avons
montré que les noms des planètes avaient pu changer et que par
conséquent les significations attribuées à telle planète peuvent ne plus
correspondre, la planète Saturne serait la demeure de Pluton, la planète
Jupiter serait celle de Cérés/Proserpine. Tout dépend à quel moment la
programmation a eu lieu. Nul doute que l'on puisse, en cherchant bien,
trouver un moyen de remplacer tel dieu par tel autre en
instrumentalisant autrement les travaux consacrés aux divers âges de la
vie.

Le Tarot

Est-ce que le tarot reléve de l’astrologie ? Ce qui est sûr , c’est


que le tarot lui a emprunté considérablement et que, ce faisant, cette
série d’arcanes véhicule bel et bien des notions astrologiques, sans pour
autant s’appuyer sur des données astronomiques. Mais l’astrologie ne
fait-elle pas, parfois, de même, en plaçant des planétes là où elles ne
sont pas comme dans le dispositif des domiciles des planétes ?
En 1993, nous avons publié des “ Recherches sur l’histoire de
l’astrologie et du Tarot ” (postface à l’Astrologie du Livre de Toth
d’Etteilla, Paris, La Grande Conjonction-Trédaniel) où nous
rapprochions l’iconographie des maisons astrologiques de certaines
arcanes majeures. Nous fûmes le premier, apparemment, à l’avoir
remarqué. Par la suite, Paul Huson en a fait l’axe de son livre sur le sujet
sans même signaler notre apport. Il a même choisi pour la couverture
de son livre le document du début du XVIe siècle que nous avions
analysé. Le bagage iconographique de l’étudiant en astrologie
comporte en effet deux lacunes : il ignore le plus souvent les
représentations des 12 mois de tout comme il n’a généralement pas
connaissance de la représentation des 12 maisons astrologiques. En
revanche, il connaît assez bien le Tarot, le Zodiaque.. Il lui manque
donc la moitié de la documentation nécessaire pour effectuer les
connexions nécessaires. Cela conduit à des débats assez vains sur le
rapport entre astrologie et Tarot. Rien ne vaut une démonstration
iconographique car les similitudes entre motifs sont plus frappantes
qu’entre mots. La maison VIII est ainsi représentée par un dessin que
l’on retrouve à l’identique dans le Tarot et l’on retrouve aussi la
représentation de la maison VII dans la carte de l’Amoureux. Par
ailleurs, le Bateleur, quant à lui, nous semble devoir être rapproché de
l’iconographie du mois de janvier telle qu’on la trouve dans le Kalendrier
et Compost des Bergers. (fin Xve siècle) et l’on peut aussi se demander si
l’iconographie des maisons n’est pas elle-même dérivée de cette même
iconographie des mois de l’année, l’image de la maison VII pouvant
avoir emprunté au mois de mai, le mois des amoureux, dont le caractère
vénusien est par ailleurs assez évident, sans oublier le signe des
Gémeaux, qui est marqué par l’idée de couple. Il y a donc là un
continuum symbolique entre mois de l’année, maisons astrologiques,
signes du zodiaque et arcanes supérieures. Le tout est de trouver la
version iconographique la plus proche ; c’est ainsi qu’il existe une
version simplifiée des “ travaux ” mensuels de l’année qui s’ajuste
mieux que les tableaux du Kalendrier des Bergers . C’est ainsi que la
maison IV est représentée par une charrue, laquelle figure dans
certaines roues alors qu’elle n’est qu’un élément du paysage, en
l’occurrence le mois d’octobre dans le Kalendrier des Bergères. Le mois de
janvier dans notre roue est plus proche du Bateleur que ne l’est la scéne
correspondante du Kalendrier. On renvoie le lecteur à deux
illustrations du XVIe siècle, placées ci-après : l’une représente le cercle
des maisons numérotées de 1 à 12 puis le cercle zodiacal, puis, les dieux
planétaires tandis que l’autre comporte un cercle extérieur avec les
signes zodiacaux et un cercle intérieur comportant les douze activités
saisonnières.
En tout état de cause, le tarologue qui se sert du cadre des 12
maisons astrologiques pour disposer son jeu ne fait là que reconnaître
sa dette envers l’astrologie et notamment ses 12 maisons auxquelles le
tarot emprunte si fortement, y compris en ce qui concerne la Roue de
Fortune ou l’Empereur. Ajoutons un autre référentiel plus ample, celui
du Kalendrier des Bergers et celui, plus complet, des Bergères, et dans
lequel l’on trouve également la série des enfants des planétes – du
temps de Nostradamus, on appelait “ jovialistes ” les personnes
marquées par Jupiter et ainsi de suite plutôt que de les désigner par leur
signe, ce qui constitue encore une importante série souvent mal connue
des astrologues ainsi qu’une iconographie des vices et des vertus que
l’on retrouve dans certaines lames du Tarot. En conclusion, le Tarot
aurait pioché dans une sorte d’encyclopédie astrologique – il en est qui
consistent en une série de roues concentriques et qui peuvent se
présenter comme un poster. Cela dit, cela ne signifie pas, pour autant,
qu’il n’y ait une pensée tarologique propre mais celle-ci aura recouru
pour s’illustrer à la riche iconographie astronomico-astrologique.
Que pense un Alexandro Jodorowsky de telles remarques sur le
Tarot ? En tout état de cause, depuis des générations, il y a des
exégétes du Tarot qui s’efforcent de faire ressortir une cohérence
globale. Nous mêmes dans Les Mathématiques Divinatoires ( Paris, La
Grande Conjonction- Trédaniel, 1983), nous avions cherché à
comprendre comment les cartes avaient été agencées les unes par
rapport aux autres , formant ainsi 11 couples totalisant 22 points .

Vers une astrologie des modules

Pour conclure cette visite, essayons d’imaginer ce que


sera l’astrologie du XXIe siècle. Ce sera une astrologie de
modules à l’opposé du modèle préconisé par Jean-Baptiste
Morin il y a 350 ans.
Il importe, avant toute chose, de comprendre que la
phase est une interface incontournable entre le cycle et le
terrain social que l'astrologie a vocation à étudier dans ses
mutations successives et récurrentes. C'est cette notion de
phase qui a mal été appréhendé depuis fort longtemps par la
cité astrologique.
Un cycle sans phase n'est évidemment pas signifiant
puisqu'il ne permet aucune alternance, aucune variation si ce
n'est lors de son retour mais dans ce cas, un cycle serait en
dialectique avec le précédent, ce qui serait paradoxal puisque
cela impliquerait une dialectique entre deux cycles
astronomiquement identiques. C'est pourtant une telle formule
conjonctionnelle qui semble s'être imposée. C'est ainsi que les
astrologues s'intéressent au retour d'un astre sur la position
natale. La révolution solaire, quant à elle, dresse le thème du
retour du soleil à la position natale en privilégiant les facteurs
externes qui permettent de distinguer le début d'un cycle du
début d'un autre cycle antérieur ou postérieur. En se servant
des dits facteurs externes, l'on dépasse le cadre du module
étudié et l'on bascule dans un syncrétisme englobant la totalité
des configurations et des cycles possibles, autrement dit on
noie ainsi le module que l'on est censé observer, ce que l'on
pourrait qualifier d'incurie.
Par ailleurs; pour appréhender un terrain donné, il n'est
nullement nécessaire de dresser le thème concerné, selon tel
ou tel critère de datation, le thème étant lui-même une entité
fortement syncrétique. Il est essentiel de pouvoir En observant
le monde, l'astrologue doit être capable de le catégoriser, et ce
non pas en dressant quelque thème, mais en connectant tel
phénomène ici bas à telle phase du module cyclique mis en
avant. Il lui faut pour cela définir à quoi correspondent les
phases du dit module cyclique mis en avant, chaque phase
donnant la primauté à tel phénomène plutôt qu'à tel autre et la
phase suivant produisant des effets - qui deviennent à leur tour
des causes- symétriquement inverses. Imaginons que tel
chercheur prétende avoir trouvé grâce à un certain module
cyclique les lois qui permettent de déterminer si telle phase est
favorable à la gauche et telle autre à la droite, il ne sera pas
nécessaire de dresser le "thème" de la gauche ou de la droite
dès lors que l'on aura défini sociologiquement et politiquement
ce que l'on entendait par là. Il revient en fait aux sociologues
et aux politologues ainsi qu'aux historiens de fournir à
l'astrologues des outils d'analyse pertinents tant et si bien que
l'astrologue dépendra de ces corporations comme il dépend
des données astronomiques. Autrement dit, le travail de
l'astrologue s'opère sous réserve de la fiabilité des données qui
lui sont fournies à partir de ces deux sources majeures
d'information.
Assimiler astrologiquement causes et effets, comme le
voulait Morin de Villefranche, lequel pensait qu'à force de
précision et de recoupement des divers paramètres offerts par
la tradition astrologique, l'astrologue serait en mesure de faire
parvenir le discours astrologique du plan des causes à celui
des effets. Nous avons donc en présence deux stratégies de
l'interprétation en astrologie, l'une qui détermine le temps des
causes qui est le même pour tous mais qui laisse ouvert celui
des effets au niveau de la diversité des acteurs concernés et
de la durée des phases enclenchées et l'autre qui considère
que chaque individu dispose d'une temporalité qui lui est
propre mais que les mêmes causes produisent les mêmes
effets dans un bref laps de temps.
Dans les deux cas, la visibilité est une condition
incontournable: il faut que l'on puisse observer le ciel et le
découper aisément selon les phases du module cyclique
étudié et il faut que les entités sociales en présence soient
identifiables de façon aussi nette que possible. Ainsi, si un
chercheur en astrologie propose un module cyclique, ce qui
est, selon nous, la finalité de toute élaboration astrologique, il
importe qu'il précise et le mode de découpage du module
cyclique proposé et notamment les écarts angulaires entre les
deux termes du cycle, à savoir le terme rapide et le terme lent
ou préférentiellement le terme relativement mobile et le terme
relativement fixe et les catégories socioprofessionnelles et
autres dont il entend prévoir l'évolution des rapports de force.
Par exemple, dialectique entre populations étrangères et
immigrées et populations locales, natives ou encore dialectique
entre classe dominante et classe en état d'asservissement,
l'important est qu'il s'intéresse à un enjeu social suffisamment
bien défini et repérable.
Une fois ces conditions réunies, la validation du module
cyclique présenté par les uns ou les autres, passera par la
mise en évidence d'une correspondance entre une phase
donnée du cycle astronomique et la durée d'une phase du
cycle social étudié étant entendu que l'observation doit pouvoir
se répéter sur une succession de phases du cycle
astronomique et de phases du cycle social que l'on aura
déterminés.

Sous le terme de MUC, l'on regroupera toutes les


tentatives de création de modules s'articulant sur une double
cyclicité, astronomique et sociale , le cycle astronomique
impliquant un découpage en un certain nombre de phases
selon certains critères d'angularité (écart entre les deux
éléments du cycle: planète/planète, planète/étoile, planète/point
vernal etc) alors que le cycle social étant marqué par un
revirement statistique, donc quantitativement cernable, d'un
certain nombre de faits sociaux.
Nous avons les traces de tentatives de constituer des
MUCs. Encore faut-il savoir les repérer : c'est ainsi que la
division du zodiaque en triplicités ne s'explique-t-elle selon
nous, que par une volonté de découper un cycle planétaire,
calculé à partir d'un certain point fixe en trois fois quatre signes.
Nous avons en effet trois fois la série feu-terre-air-eau,
couvrant 120° chaque fois. C'est donc l'aspect de trigone qui
marque le passage d'une série à la suivante. Autant dire qu'un
tel dispositif n'a plus rien à voir avec la division en quatre
s'articulant sur les quatre saisons, divisées en trois signes,(
cardinaux, fixes, mutables) et donc division quant à elle
ponctuée par un aspect de quadrature (90°). Nous avons
aussi la division ptoléméenne en deux demi-cycles de 180°,
comportant chacun six signes affectés à une série de six astres
croissante, de Mercure à Saturne puis une seconde série
décroissante, de Saturne à Mercure, les luminaires constituant
l'axe du dispositif, étant placés en rapport avec les deux signes
faisant suite au solstice d'Eté. Cette fois, c'est l'opposition de la
planète à son point de départ qui annonce le passage d'une
série à la suivante..
La division du zodiaque en quatre signes au lieu de trois
décroche par rapport aux axes équinoxiaux et solsticiaux. Elle
remplace les signes par les Eléments et chaque fois que le
même élément revient, la situation est censée être récurrente.
Cette disposition connaîtra son heure de gloire avec les
grandes conjonctions Jupiter-Saturne qui relient entre eux les
signes associés à un seul et même élément. Il conviendrait
également de supposer l'existence d'une division du zodiaque
en six fois deux signes, sur la base du sextile (60°) et qui
comporterait six séries de signes impair-pair, masculin-féminin.
Chaque aspect serait ainsi structurant d'un découpage du
zodiaque en deux, trois, quatre ou six séries.:
- trigone (120°) série des quatre Eléments.
- sextile (60°) série de deux signes M F
- carré (90°) série de trois signes cardinaux-fixes-mutables
-opposition (180°) série de six signes associés à six "planètes"
Selon nous, le MUC matriciel n'était pas subdivisé en
unités de 30° (semi-sextile) comme c'est le cas de tous les
exemples ci-dessus mais en unités de 45° (semi-carré), ce qui
correspond à une divisons en 8 et non en 12. Si l'année est
ponctuée par une douzaine de rencontre soleil-lune, en
revanche, le cycle lunaire mensuel -nouvelle lune, pleine lune,
quartiers) n'est pas nécessairement divisé en 12.
Instinctivement, nous savons diviser par deux et non pas par
trois, nous passons successivement du 2 au 4, du 4 au 8, du 8
au 16; en restant dans les nombres pairs. Une saison n'a pas
d'office à être divisée en trois, c'est là une tradition due au
syncrétisme des 12 lunaisons. (cf "la division octuple" in A.
Volguine, L'ésotérisme de l'astrologie, Site CURA.) D'ailleurs,
dans la vie courante, nous n'avons pas spontanément
l'habitude de distinguer trois stades pour chaque saison. Il en
est de même pour la division en 24 heures de la journée.
Nous ne pensons pas que ces différents découpages
soient compatibles entre eux et que l'on puisse s'en servir pour
mieux, soi disant, cerner chaque signe, faisant ainsi, de façon
syncrétique, des Gémeaux un signe masculin, d'air, mutable et
régi par Mercure. En fait, ces diverses divisions ne se référent
aux signes du zodiaque qu'en tant que secteurs spatio-
temporels et non comme entités signifiantes en soi. Chacun de
ces système est selon nous exclusifs des autres: la double
série planétaire du Tétrabible implique une symétrie, il n'est
donc pas question que l'on y ajoute des astres
supplémentaires. Ce dispositif sinon crée du moins cautionné
par Ptolémée n'a que faire du cycle saisonnier, rejette le
rapport Vénus- Gémeaux puisque Vénus a le tort d'avoir une
élongation supérieure (48°) à celle de Mercure (28°) par
rapport au soleil; c'est une autre logique. C'est alors que Vénus
a perdu son fief des Gémeaux et que Mercure s'est vu attribuer
non seulement les Gémeaux mais aussi la Vierge. On notera
que le Tétrabible parle des signes de tel ou tel élément mais ne
signale pas un découpage, pourtant évident, du zodiaque- non
pas symbolique mais en tant que ceinture à l'intérieur de
laquelle circulent les planètes - en trois, ce qui nous semble
prouver que nous avons là une tradition dont les fondements
sont alors déjà mal connus.. Cette tradition a été occultée par le
fait que l'on n'a plus perçu les aspects et les divisions
zodiacales sous l'angle de la cyclicité mais essentiellement au
sein du thème astral : c'est ainsi que l'on dira que dans tel
thème, il y a une dominante Feu ou une dominante Air selon le
nombre de planètes se plaçant dans des signes de feu ou dans
des signes d'air..
Nous voudrions insister sur le point suivant : ces
différentes structurations au sein d'un cycle planétaire nous
semblent montrer que l'on s'orientait alors bel et bien vers une
astrologie organisée autour d'un seul cycle, la diversité étant
elle assurée non pas par les aspects entre planètes mais par le
découpage du dit cycle en phases. Le cas du Tétrabible est
hautement significatif : le fait même qu'il comporte un dispositif
distribuant les signes entre deux séries identiques de planètes
(le cas des luminaires étant particulier), montre bien qu'au
départ, il s'agit de faire profiter un cycle donné des valeurs
planétaires, par le truchement des attributions en domiciles. De
la même façon que les planètes sont appelées les demeures
des dieux, les signe sont dès lors considérées comme les
domiciles, les maisons des planètes. On nous objectera que
dans le Tétrabible, l'on trouve des chapitres qui vont dans un
autre sens mais il ne faudrait pas croire - ce que n'a pas
compris Yves Lenoble - qu'il s'agisse là d'un ouvrage
homogène; il faudrait plutôt parler d'un recueil de textes
touchant tous à l'astrologie, sous différents angles. Problème
méthodologique : un texte ne doit pas être uniquement situé
dans le contexte dans lequel on le rencontre mais dans son
contexte d'origine à restituer. Cela vaut d'ailleurs pour le
Zodiaque; ensemble fortement hétéroclite qu'il est assez vain
de vouloir chercher à unifier au prix d'acrobaties exégétiques...
Ce qui caractérise le MUC, c'est à la fois le
monoplanétarisme, la volonté de ne pas se satisfaire du cycle
planétaire entier mais de le découper en un certain nombre de
phases et de sous-phases, ce qui autorise ainsi une unité
astrologique de temps plus brève et donc mieux utilisable. On
a là deux approches radicalement opposées du traitement de la
matière cosmique, l'une cyclique qui combine les cycles (cf
indice cyclique de Barbault), l'autre phasique qui non
seulement ne se sert que d'un cycle, mais en outre avec une
seule planète, l'autre facteur n'étant pas une planète mais une
étoile fixe (par la suite le point vernal sans lien stellaire).et de
surcroît subdivise le dit cycle unique en sous cycles et
phases.
Il convient de distinguer les MUCS qui s'articulent sur la
division zodiacale comme ceux que l'on vient de décrire et le
MUC que nous préconisons et qui se relie à Aldébaran et se
structure à partir des aspects que Saturne développe avec
cette étoile fixe et non plus d'après le passage de Saturne dans
tel ou tel signe.
Le propre de notre module uni-cyclique (MUC) est de
comporter au moins deux phases aux caractéristiques bien
marquées et distinctes et d'offrir des tendances fortes dans un
sens ou dans un autre, selon les phases. Il importe pour cela
que le module soit de la formulation la plus simple possible en
ce qui concerne les configurations célestes étudiées et rende
compte de situations comparables tout au long de l'Histoire de
l'Humanité et ce en toute région du monde, sans distinction.
Cela ne signifie pas pour autant qu'une phase ne favorise pas
un groupe par rapport à un autre, étant donné que s'il y a des
phases, c'est bien pour ménager une alternance. C'est donc ici
à des sondages que nous allons procéder, dans les directions
et dans les contextes les plus variés, ce qui permettra au
lecteur de bien saisir en quoi consiste cette nouvelle astrologie
qui est en fait la restauration d'un système très ancien.
Le changement de phase est assez spectaculaire en ce
qu'il correspond alternativement à un envol et à une chute.
Pour pouvoir s'envoler, il faut être descendu bien bas et pour
descendre, il faut être monté assez haut. L'astrologie, en cela,
étudierait des contrastes. Il ne s'agit là ni d'une approche
événementielle, ponctuelle, ni de longues périodes mais d'une
alternance constamment réitérée de phases de 3 ans 1/2. Une
astrologie donc à échelle humaine, ni écrasée par des durées
excessives, ni se réduisant à une succession de journées
constituant autant d'entités. L'astrologie correspond à un temps
intermédiaire, ni trop long, ni trop bref.
Le propre du MUC est d'obtenir des unités
astrologiques de temps plus brèves. Il faut pour cela découper
le cercle en un certain nombre de phases et de sous-phases.
Faute de quoi, chaque phase serait trop longue ou bien - piége
dans lequel est tombé Rudhyar- l'on multiplie le nombre de
phases spécifiques. En divisant, en revanche, le cercle en
phases de durée limitée (1/2, 1/3 1/4, 1/6 de cercle, autant de
multiples de 12), l'on gagne à la fois sur la brièveté des phases
et sur le caractère restreint des cas de figures. Au lieu, par
exemple, d'avoir à imaginer douze possibilités correspondant
aux 12 signes, l'on décide que l'on n'aura plus que 2, 3 ou 4
"signes" et qu'après l'on ne fera que recommencer 2, 3, 4 ou
6 fois, selon les mêmes critères.
Le terme MUC renvoie à toute grille à cycle unique, c'est
à dire prétendant que l'astrologie n'a besoin pour remplir son
contrat que d'un seul cycle. Le Cycle Jupiter-Saturne de par
sa position dominante au Moyen Age et à la Renaissance
s'inscrit dans cette quête du MUC qui correspond en quelque
sorte à celle de la pierre philosophale en alchimie. Ici nous
exposerons surtout le MUC de type E & P, c'est à dire
combinant une étoile fixe et une planète, le soleil, ici, n'étant
pas considéré comme une étoile du fait de son mouvement
annuel apparent, l'étoile fixe n'ayant qu'un mouvement diurne
apparent.
Il convient de s'intéresser à la démarche de Kepler si
friand des aspects qui étaient pour lui la seule partie solide de
l'Astrologie et qui pensait qu'elle pouvait s'en contenter. Le
problème de Kepler est d'avoir multiplié les aspects peut-être
pour compenser les facteurs qu'il avait par ailleurs réduits à la
portion congrue.(signes, maisons, domiciles). Kepler introduisit
des aspects qui n'étaient ni des multiples de 30 ni de 45
comme le quintile de 72° soit 360/5. Il est remarquable que
Kepler n'ait pas compris que le zodiaque et les maisons
servaient avant tout à baliser la progression des astres dans le
ciel et que dès lors cela relevait des aspects. Qu'est-ce que le
signe du cancer sinon le moment où un astre est à 90° du point
vernal? Qu'est ce que la maison V si ce n'est le moment où un
astre parvient à 120° au delà du point horizon (ascendant), du
moins dans une domification égale?. On notera, à ce propos,
que les domifications aboutissant à des maisons inégales
(Campanus, Regiomontanus, Placidus etc ) n'accordent plus
d'importance aux aspects comme marqueurs des pointes de
maisons.
A l'instar du cycle de la lunaison de Rydhyar, le cycle
présenté par Jacques Halbronn se divise en huit phases de 3
ans 1/2 environ. Lors de la conjonction, du carré et de
l'opposition, concernant le cycle saturne-Aldébaran, nous
sommes dans une phase dite solaire. Et 45° plus tard, nous
passons dans une phase dite lunaire. La phase de 45° est en
analogie avec le processus solsticial mais elle ne lui
correspond pas pour des raisons qui sont dues à la volonté de
maintenir de phases relativement brèves. C'est ainsi que
chaque ensemble de 90° comporte un point équinoxial et un
point solsticial, quand bien même le point équinoxial d'une
phase coïnciderait-il avec un angle de 90°. Il faut
probablement aller chercher chez l'astrologue allemand
Reinhold Ebertin que J. Halbronn rencontra à Aalen en 1971,
une telle façon de procéder, où l'astrologie s'inspire de
l'astronomie mais l'instrumentalise à sa guise. Un facteur non
négligeable en astrologie uni-cyclique est celui dit de la
rétrogradation. C'est ainsi que Saturne, à certains moments,
pendant quelques mois, du point de vue du moins de
l'observateur terrestre, fait machine arrière, ce qui peut le
conduire à de fausses sorties, un aspect peut se former puis se
défaire puis se reformer. Mais le seul fait qu'une planète recule
ou se remette à progresser peut avoir quelque effet, provoquer
retard ou ralentissement, d'autant qu'à la veille de rétrograder
une planète réduit son pas quotidien : cela peut donc donner
un répit, un sursis/. Notons que ni le soleil ni la lune ne
rétrogradent, ce qui les distingue précisément des planètes
stricto sensu.
Il est probable que Rudhyar ait eu à observer
l'existence de phases de cette durée et les ait expliquées au
moyen du cycle de la lunaison, faute de mieux. De la même
façon, Jacques Halbronn est parti d'un certain nombre
d'observations sur le terrain et n'a formalisé un tel ensemble
que par étapes, avant de prendre conscience de l'existence
d'Aldébaran, étoile qui ne figurait pas dans le bagage de
l'astrologie mondiale de la seconde moitié du XXe siècle. En
effet, le moment où s'effectuait le changement ne
correspondait à aucun autre critère. A plus d'un titre, le fait de
recourir à Saturne plutôt qu'à la Lune semblera plus satisfaisant
dès lors que Rudhyar est contraint de poser une
correspondance un jour pour un an qui ne correspond à aucun
phénomène astronomique observable. Une telle
correspondance 1 jour pour 1 an relève d'une astrologie lunaire
ne recourant pas aux planètes lentes.
Le cycle Saturne-Aldébaran (S. A.) met l'accent sur un
cycle souvent observé empiriquement qui couvre 7 années. En
effet, souvent des événements comparables tant sur le plan
individuel que collectif se produisent à 7 ans d'écart. Mais pour
qu'un tel retour ait lieu, il faut bien que dans l'intervalle, il y ait
eu un contre-temps, d'où le changement de phase au bout de
3 ans 1/2, à mi-parcours.
Le cycle Saturne-Aldébaran s'inscrit dans une
épistémologie du cycle planétaire unique et d'un simple
alternance entre deux phases distinctes, ce qui implique
également l'existence d'une division duelle des sociétés
humaines.
Ce cycle unique peut prendre le relais de celui qui
domina la pensée astrologique pendant plusieurs siècles et qui
était axé sur les relations Jupiter-Saturne. Rien n'empêchait
pourtant l'astrologie médiévale de prendre en compte le cycle
Saturne-Aldébaran, ces deux astres étant connus depuis
l'Antiquité. L'attrait des "grandes conjonctions" Jupiter- Saturne
tenait alors au fait qu'elles se reproduisaient à 120° (soit un
aspect de trigone) environ d'écart d'une fois sur l'autre, à
savoir tous les 20 ans, ce qui avait pour effet que des
conjonctions successives se retrouvaient, pendant une longue
période de temps, d'environ 200 ans, dans des signes de
même triplicité, chaque triplicité correspondant à un des quatre
Eléments (Feu, terre, air, eau). Dès lors, le changement de
triplicité qui, à la longue, finissait par se produire, du fait d'un
décalage progressif, était considéré comme marquant pour
l'Histoire des Etats. Une telle astrologie, certes marquée par un
cycle unique, ne comportait donc aucune fixité céleste puisque
les conjonctions passaient d'un angle à l'autre du ciel, puisque
les deux astres concernés étaient tout deux mobiles. Sur le
plan anthropologique, cette mobilité des repères nous semble
rédhibitoire: les hommes n'ont pas pu s'habituer à un
processus aussi mouvant. En revanche, le cycle Saturne-
Aldébaran, comporte des repères fixes, Aldébaran ne
bougeant pas, les points où Saturne entre en aspect, à huit
reprises, restent toujours les mêmes de la même façon que
dans le système Gauquelin, l'horizon et le méridien propres à
un lieu donné constituent également des repères aisément
perceptibles pour situer la course quotidienne d'un astre.
L'astrologie moderne, depuis le XIXe siècle a renoncé à
la doctrine du cycle unique, notamment du fait de la découverte
successive de planètes de plus en plus lentes (Uranus,
Neptune, Pluton). Le cycle Saturne-Neptune (cf supra) n'est
que l'un de ces cycles ou intercycles. Malgré la lenteur de
Neptune, la conjonction ne se reproduit pas d'une fois sur
l'autre au même endroit du ciel. On peut dire que ces nouvelles
planètes ont quelque part contribué à l'abandon des étoiles
fixes en astrologie mondiale. Signalons cependant que
pendant la première moitié du XXe siècle, nombreux étaient
encore les astrologues à placer des étoiles fixes dans le thème
natal, et à s'intéresser notamment aux conjonctions des dites
étoiles avec des planètes du dit thème (radix), lesquelles
conjonctions étaient souvent considérées comme
annonciatrices de changements brusques de situation dans la
destinée du né. On privilégiait les étoiles royales, à savoir
Aldébaran, Regulus, Antarés et Fomalhaut, placées aux quatre
coins du ciel, et formant une sorte de quadrilatère, chaque
étoile étant séparée de la précédente d'environ 90°, Aldébaran
étant située dans la constellation du Taureau, Régulus dans
celle du Lion, Antarés dans celle du Scorpion et Fomalhaut
dans celle du Poisson austral, à proximité de la constellation du
Verseau.
Le cycle unique a vocation à constituer un repère
commun entre tous les praticiens de l'astrologie tout comme
une certaine anthropologie. C'est ce cycle et cette
anthropologie spécifique qui en est le corollaire - articulés sur
une dualité des phases et des populations - qui doivent
devenir la vitrine de l'astrologie du XXIe siècle. Le monde
astrologique actuel ne peut plus continuer à vivre sur des
modules obsolètes tant sur le plan cosmique
qu'anthropologique. Mais bien évidemment, une telle doctrine
est l'expression d'un déterminisme fort anciennement établi et
ne saurait être présenté comme une nouveauté sinon au niveau
de la conscience et de la représentation, collectives.
Ce cycle unique correspond, toutes proportions gardées,
au modèle marxiste tandis que les applications individuelles
relèverait de quelque existentialisme : débat qui a marqué la
seconde moitie du XXe siècle, en France et dans lequel
l'astrologie aurait pu s'inscrire si elle avait été plus en prise sur
les dynamiques du monde au lieu de se complaire dans une
phénoménologie s'intéressant à la surface des choses.

L'alternance des phases solaire et lunaire


Si la phase solaire n'implique aucune interface, il n'en
est pas de même de la phase lunaire qui se situe en fait non
pas à deux mais à trois niveaux, étant donnée l'existence d'un
échelon intermédiaire.
En effet, lorsque en phase lunaire se sont mis en place
deux niveaux bien séparés et qui refusent de communiquer
entre eux du fait de la conscience d'un certain décalage, ne va-
t-il pas falloir constituer une passerelle ou en tout cas une
courroie de transmission entre ces deux niveaux faute de quoi
ceux -ci risquent de fonctionner en parallèle.
En politique, il y a le poste de Premier Ministre sous la
Ve République qui est censé jouer ce rôle de fusible. Mais cela
vaut aussi, peu ou prou, sous une monarchie parlementaire, où
le Premier Ministre, comme en Angleterre, représente le parti
dominant mais est confirmé par le souverain.
La phase lunaire, rappelons-le, se met en place lorsque
le décalage entre ceux qui étaient censés être égaux devient
par trop patent, et que les uns sont écrasés par les autres. Il
est alors temps d'envisager une sorte d'apartheid, comme
dans une classe où l'on mettrait à part les surdoués ou la
remise en cause de la mixité scolaire. On pense aux
personnages trop brillants, trop éclatants et dont la présence
immédiate serait par trop éprouvante, d'où la nécessité
d'intermédiaires. La notion d'intermédiaire est l'expression la
plus flagrante de la fin de la phase solaire de même que la
disparition du dit intermédiaire correspond à la fin de la phase
lunaire.

Quelques applications du MUC à l'Histoire


Nous vous invitons à une randonnée historique assez
libre, esquisse d'un travail plus systématique à venir, on ne
reviendra évidemment pas sur la Ve République dont il vient
d'être traité.
Prenons 1789, année de la Révolution Française.
Saturne est à 353° sur l'écliptique, ce qui correspond à la fin du
signe de poissons, c'est à dire en phase solaire, il y est en fait
entré début 1788. La convocation des Etats Généraux est donc
comprise dans cette période. Temps de promiscuité s'il en est,
où les trois Etats vont cohabiter et se rencontrer. au début de
1789. La nuit du 4 août 1789 voit l'abolition des privilèges et
s'exprimer de façon outrancière une exigence d'égalité dans la
Carmagnole :
"Il faut raccourcir les géants
Rendre les petits plus grands
Tous à la même hauteur
Voilà le vrai bonheur!"
De façon intéressante et toutes proportions gardées,
Alfred Grosser (La France semblable et différente, Paris,
Alvik, 2005, p. 176) rappelle qu'"une sorte de révolution
intellectuelle eut lieu en 1975. Un gouvernement et une
majorité de droite décidèrent (de constituer) le collège unique.
La loi Haby institua la même scolarité pour tous de la sixième à
la troisième (...) De surcroît l'égalité devait être assurée ou
protégée par la "carte scolaire" qui devait faire obligation aux
parents d'envoyer leurs enfants dans les établissements les
plus proches de leur domicile", ce qui correspond à la fin d'une
phase solaire, égalitaire.
Il est étonnant pour l'historien de l'astrologie de devoir
constater qu'en cette période révolutionnaire qui vient quelque
part remarquablement illustrer et incarner l'existence d'une
cyclicité, déjà exprimée par le mot même de révolution, l'on
s'accorde à considérer la fin du xVIIIe siècle comme une
époque où l'astrologie serait au plus bas. Le problème, c'est
que le flambeau de l'anthropologie cosmique est alors aux
mains de non astrologues, qu'il s'agisse de ceux qui, pour des
raisons liées à leur rejet du christianisme, élaborent la théorie
des ères précessionnelles qui conduira à une attente de
l'Aquarius Age ou qu'il s'agisse des astronomes découvrant
dans le système solaire de nouveaux astres, perçu comme les
annonciateurs de temps nouveaux, tandis que la tradition
astrologique est plus que jamais fossilisée.

Autre grand moment populaire : le Front Populaire de


1936, alors que Saturne est également en Poissons, à vrai dire
au même point qu'en 1789, à près d'un siècle et demi de
distance, soit cinq révolutions de Saturne.
Il faut situer les bombes américaines sur Hiroshima et
Nagasaki dans le cadre du début de phase lunaire, de par la
disproportion des forces que cela démontre, ce qui conduit très
vite à la capitulation du Japon. Certes, Saturne ne parvient à
24° du cancer qu'au mois d'octobre mais déjà au mois d'août,
lorsque le coup de grâce est donné, Saturne passait à 20° du
cancer. L'ennemi japonais n'est plus de taille alors qu'il avait
tenu tête en phase solaire. Finita la commedia! Là encore, la
surprise de Pearl Harbour, en 1941, préfigure une phase
solaire, Saturne arrivant à la fin du signe du taureau, en vue
d'Aldébaran. En 2001, soixante ans après, à nouveau en phase
solaire, la destruction du World Trade Center en plein centre
de New York illustre à nouveau la possibilité pour le plus faible
d'atteindre le plus fort. Au même moment, au Proche Orient, la
seconde Intifada met en présence des forces a priori sans
rapport. En 2003, dans la même phase, l'Irak se voit attribuer
une puissance de nuisance dont elle n'est pas dotée et qui va
justifier une nouvelle intervention américaine avec des moyens
disproportionnés.
En 1938, c'est Munich. On est en phase solaire, (cf plus
haut le Front Populaire de 1936 ), les grandes puissances
coloniales que sont la France et l'Angleterre y perdront de leur
prestige en ne résistant pas aux demandes d'Adolf Hitler,
chancelier d'une Allemagne vaincue par les Alliés et écrasée
par le Traité de Versailles. Mais Hitler a tort de croire que cette
attitude ne changera pas en 1939, au moment où l'Allemagne
envahit la Pologne, France et Angleterre lui déclarent la
guerre. Entre temps, Saturne est arrivé à 24° bélier, en phase
lunaire, d'où un ressaisissement courageux mais Hitler aussi
est porté par cette même configuration et l'Allemagne démontre
son écrasante supériorité. Les illusions se brisent. Pétain,
héros de la Grande Guerre, fait "don de sa personne" à la
France. De Gaulle, également, est porté par cette phase
lunaire qui met en avant un certain nombre de personnages
d'exception qui retrouvent un second souffle tel Winston
Churchill.
Il convient de souligner le fait que tel projet engagé
durant une phase peut ne se réaliser qu'au cours de la phase
suivante et de ce fait être en décalage avec la nouvelle phase.
Ajoutons que l'astrologie n'est concernée au premier chef que
par un certain type de situations qui relèvent de l'évolution
sociale et qui ne sont pas forcément celles qui s'enseignent
dans les livres d'Histoire. L'astrologie, en s'embourbant dans
un événementiel aisément datable du genre Marignan 1515 fait
fausse route à l'instar de la science historique, avant
l'avènement de la Nouvelle Histoire. La notion de phase
convient beaucoup mieux à l'astrologie, elle implique non pas
des événements isolés dans un pays donné mais une série
d'événements du même ordre sur une durée de plusieurs
années et en des lieux différents. Ce n'est pas que l'événement
ponctuel n'a pas son intérêt mais il ne relève pas de la
démarche astrologique tout comme ce n'est pas contester
l'existence des individus que de dire que cela ne concerne pas
directement l'astrologie. L'astrologie n'a pas à rendre compte
de tout ce qui arrive, survient dans le monde. Les conflits
sociaux, les problèmes d'intégration, le renforcement ou
l'affaiblissement des tensions et des clivages sont au cœur de
ce qui devrait occuper prioritairement une astrologie qui a
vocation à réguler les conflictualités. Les astrologues oublient
trop souvent que si l'astrologie existe, ce n'est pas pour
produire des conflits mais pour les résoudre, ce n'est pas elle
qui génère de la dualité mais c'est à elle qu'il revient de rendre
celle-ci vivable.
Si l'on revient sur les événements des années 1989-
1991 en Europe Orientale qui sont censés être "couverts",
selon André Barbault, par la conjonction Saturne-Neptune,
nous remarquerons qu'entre la démolition du Mur de Berlin le 9
novembre 1989 et la décomposition de l'URSS en décembre
1991, Saturne est passé de 10° du signe du capricorne à 2-3°
du signe du verseau. Or, selon notre système, un changement
de phase a lieu autour de 24° du capricorne, soit le passage
d'une phase solaire à une phase lunaire. La réunification de
l'Allemagne qui fut la cause et la conséquence de l a "chute" du
dit mur, correspond bien à la levée des barrières, ce qui est
emblématiquement symbolisé par un mur. A contrario, la
construction de ce Mur dit de la Honte, achevée le 13 août
1961 a eu lieu à 24° du capricorne, c'est à dire en coïncidence
parfaite avec le passage en phase lunaire.
En apparence, chute du mur de Berlin et
démembrement de l'URSS pourraient relever d'un même
processus. Or, il n'en est rien. La disparition de ce mur est le
refus d'une frontière coupant la nation allemande en deux.
alors que la fin de l'URSS correspond à une volonté des
différentes républiques d'affirmer leur indépendance avec un
repli de la Russie sur elle-même.
En matière de conflits sociaux, il est clair que les graves
incidents qui se propagèrent dans les banlieues, au dernier
trimestre 2005, interpellent au premier chef l'astrologie du
moins telle que nous la concevons. S'il y a bien une chose que
celle-ci a vocation à annoncer voire à gérer, c'est bien
l'évolution des rapports sociaux lorsque les comportements
individuels convergent en un mouvement d'ensemble, ce qui
implique bel et bien que nous vivons les cyclicités de concert et
non en fonction de notre thème natal. La phase solaire peut
susciter des grèves générales comme à la fin de 1995 voire
mai 68 ou en 1936, ce qui implique une certaine solidarité au
delà de clivages étroits. . La phase lunaire actuelle dans
laquelle se produisent les incendies des banlieues est d'un
autre ordre et devrait conduire à la renforcement de la
conscience des clivages et de l'existence d'une société à deux
vitesses, ce qui ne signifie pas que l'on aille pour autant à tout
coup vers une guerre civile mais vers une division du travail.
qui sera d'autant moins bien vécue que la phase solaire
pouvait entretenir certaines illusions égalitaristes. Les
Américains ironisent sur la faillite du modèle français 'Liberté,
égalité, fraternité", eux qui n'ont jamais envisagé de créer une
société parfaitement homogène, ce qui évite bien des
désillusions mais qui acceptent les exceptions individuelles. Il
est normal que cette crise du modèle égalitaire survienne en
phase lunaire et disons qu'elle était tout à fait prévisible pour
cette période. Force est de constater la perpétuation des
différences sociales qui n'aura pas été compensée par une
bien faible exogamie. Une autre grille de lecture, cependant,
nous parait pouvoir s'appliquer, proposée par Pascale
Jamoulle. (La construction de l'identité masculine en milieux
précaires, Paris, La Découverte, 2005): à savoir l'existence de
tensions entre les mères et leurs fils, dans une société où les
pères sont très souvent absents et démissionnaires. "Une mère
omniprésente avec rien d'autre que ses enfants dans sa vie,
c'est étouffant. D'où chez certains garçons la violence, la fuite
dans la rue, l'affirmation d'une masculinité sans nuances et les
conduites à risques" ("La virilité comme exutoire", interview in
Télérama, n° 2914, 19-25 novembre 2005, (pp. 24-26).
Autrement dit, de tels comportements s'adresseraient
prioritairement aux femmes, aux mères et viseraient à affirmer
une différence, voire une supériorité, en créant des situations
qui les dépassent. Rappelons que le rapport de la fille à la
mère est complexe: la mère est logiquement l'étrangère que l'on
a intégrée dans la famille alors que la fille est celle qui doit
partir, selon la logique exogamique. Autrement dit, la mère et
la fille obéissent à des parcours inversés et symétriques.
La société française depuis un an donne des signes
d'irresponsabilité; cela fut la victoire du non au référendum sur
l'Europe, ce qui correspond à une forme d'incivisme dès lors
que le gouvernement n'était pas obligé d'en passer par là et à
présent l'on a l'impression d'une population qu'il faut placer
sous tutelle et dont l'intégration a été bâclée parce que ceux qui
avaient à s'intégrer n'ont pas voulu en payer le prix en termes
de brassage social, notamment de par leur refus de
l'exogamie. qui génère la ghettoïsation de toute une population
s'enfermant dans des pratiques linguistiques qui impliquent
que l'on reste entre soi. Or, qui ne voit qu'une telle population
ne pourra s'intégrer que dès lors qu'elle sera en mesure de
lâcher du lest en accueillant en son sein des éléments
étrangers en échange de départs féminins en proportion..

MUC et vie politique sous la Ve République

Cette étude appliquée à la petite histoire du milieu


astrologique vaut évidemment pour d'autres histoires se
déroulant dans la même synchronie.
L'on peut s'exercer à proposer certains recoupements
avec l'histoire du monde, ce qui permet de désenclaver ce qui
se passe dans tel ou tel microcosme. D'ailleurs, l'astrologie
mondiale réagissant à ce qui se passe en politique, l'on conçoit
qu'il y ait même de temps à autre interaction.
Mai 68 a lieu trop tard, cela correspond à la fin d'une
phase solaire : Saturne est au milieu du signe du Bélier.
L'entrée de Saturne en phase lunaire peu après, à 45°
d'Aldébaran, met fin au processus. De Gaulle gagne les
élections législatives après dissolution de l'Assemblée
Nationale.
En 1974, à la mort de Georges Pompidou, élu en phase
lunaire en 1969, lors du départ du général, Valéry Giscard
d'Estaing est élu président de la République en phase solaire,
Saturne étant à la fin des Gémeaux. Jacques Chirac devient
Premier Ministre, c'est lui qui a apporté à Giscard les voix
gaullistes nécessaires. Cela dit la victoire est très juste et
Mitterrand aurait pu gagner. Rappelons qu'en 1965, en phase
solaire, Mitterrand avait mis De Gaulle en ballottage, ce qui
avait exigé un second tout. Quand Saturne passe en phase
lunaire, Chirac doit laisser la place à Raymond Barre.
En 1981, François Mitterrand arrive au pouvoir, en
battant Giscard, grâce à Chirac qui se présente contre lui,
Saturne étant au début de la balance, en phase solaire, en
compagnie des communistes.
En 1986, la nouvelle phase solaire est favorable à
Jacques Chirac qui devient le Premier Ministre de la première
cohabitation, ce qui correspond bel et bien à une phase de
confusion des clivages politiques. Mais Mitterrand est
également à son aise dans cette phase et obtient un nouveau
mandat présidentiel, en fin de la même phase, en 1988.
L'expérience d'une femme Premier Ministre, Edith Cresson, en
phase lunaire n'a pas été politiquement très concluante.
1995, autre phase solaire, sera également favorable à
Chirac, prétendant s'attaquer à la fracture sociale, qui est élu,
contre Lionel Jospin, Président de la République comme il le
sera, sous les mêmes auspices, en 2002, avec une sorte de
cohabitation dans les urnes, pour faire échec à la montée du
Front National de Jean-Marie Le Pen.
1997: phase lunaire, Chirac perd les élections anticipées
et c'est l'arrivée de Lionel Jospin, premier secrétaire du PS et
personnage faisant preuve d'une certaine rigueur.
2002 phase solaire qui place Jospin en troisième
position à l'élection présidentielle. Chirac choisit comme
Premier Ministre Jean-Pierre Raffarin, qui se réfère à la "France
d'en bas".
L'on note donc que certains hommes politiques sont
favorisés par la phase solaire et d'autres par la phase lunaire. Il
importe donc que les partis se donnent des leaders en phase
avec la période cyclique en cours. En 2002, Jospin n'était
certainement pas le meilleur candidat pour le PS. Mitterrand
aurait probablement gagné dés lors que la phase
correspondait à celle de 1981.
Aussi bien Jacques Chirac que François Mitterrand, les
deux derniers présidents de la République, sont favorisés par la
phase solaire, ils ont tous deux vécu des cohabitations. Même
De Gaulle, en 1958 est devenu Président du Conseil de la IVe
République puis Président de la République en phase solaire.
Septennat oblige, la même configuration le fera réélire en 1965.
Trois présidents de phase solaire, c'est à dire élus au suffrage
universel et satisfaisant donc, peu ou prou, un électorat tant
d'hommes que de femmes.
En ce qui concerne l'élection présidentielle de 2007, en
France - puisque désormais on a quitté le septennat pour le
quinquennat - on sera encore pendant toute l'année en phase
lunaire tout en frisant le passage en phase solaire, avec
Saturne atteignant 8° 34' du signe de la Vierge en novembre et
décembre, à moins d'un demi degré de l'aspect. Il faudra en
fait attendre juillet 2008 pour que Saturne passe définitivement
le cap du carré avec Aldébaran qui est à 9° des Gémeaux. Cela
tient aux rétrogradations de la planète durant cette période. En
avril 2002, Saturne avait nettement atteint la conjonction avec
Aldébaran mais depuis peu mais il avait déjà pénétré en phase
solaire en juillet 2001 et n'avait rétrogradé dans la phase
précédente que durant le premier trimestre 2002. Ajoutons
qu'il faudrait préciser à la minute d'arc près où se trouve cette
étoile fixe. Mais faut-il compter sur une telle précision? L'on
peut tout aussi bien supposer que le processus solaire sera
déjà amorcé à l'approche de la formation du carré. On voit donc
que la prévision concernant cette élection s'avère assez
délicate et cela tient justement au changement de la durée du
mandat présidentiel. Le passage au quinquennat risque
d'entraîner certains effets pervers et d'empêcher l'alternance,
en décalant le calendrier des élections par rapport à celui des
phases célestes. Si jamais l'élection de 2007 se fait au profit
d'un homme favorisé par la phase lunaire, les années qui
suivront seront marqués par des mouvements sociaux de
grande ampleur, pouvant conduire à une crise de régime, voire
à une VIe République. En effet, l'élu de phase lunaire aura du
mal à gérer une situation où l'on ne supporte plus la fracture
sociale. Mais la Ve République permet au président de choisir à
sa guise son Premier Ministre et il conviendra en 2008 d'opter
pour quelqu'un de neuf et de jeune, sans grande expérience
politique avec lequel la France d'en bas pourra s'identifier. 27
ans plus tôt, Mitterrand avait constitué son premier
gouvernement, dirigé par Pierre Mauroy, avec les
communistes.
La notion d'élection est une notion très importante, selon
nous, au niveau anthropologique: élire, il ne faudrait pas
l'oublier, c'est se dessaisir d'un certain pouvoir, les députés
constituant, par exemple, ce que l'on appelle la Représentation
Nationale. L'élection serait donc un passage de relais et il nous
semble que le meilleur moment pour tenir des élections serait
tous les sept ans - le septennat nous semble préférable au
quinquennat - en début de phase lunaire, quand les femmes
sont aimantées vers les hommes les plus brillants.- on notera
que cet adjectif fait penser au cosmos et d'ailleurs l'on emploie
le mot star, étoile, pour désigner les personnages les plus en
vue.
Petite mise en boîte de l'astrologie

Pour clôturer notre visite de la cité astrologique, nous


rappellerons que l'astrologie est une réservoir de dialogues
humoristiques qui pourrait faire l'objet d'une bande dessinée
quotidienne comme on en trouve de nos jours et qui font le tour du
monde.
Pour accompagner nos dialogues satiriques, déjà parus dans
L'astrologue face à son client que nous reproduisons tels quels, nous avons
pensé y ajouter quelques nouvelles idées de dialogue. Mieux vaut en rire
qu'en pleurer.
Bonne nouvelle! Comme le thème astral a intégré plusieurs
techniques prévisionnelles en en supprimant le cadre chronologique,
cela facilite bien les choses. Si je dis "vous allez connaître une crise dans
six mois" mais si je me contente de dire "il y aura des crises dans votre
vie", c'est beaucoup moins risqué. Il suffit de ne pas préciser
inutilement. C'est comme avec les Centuries de Nostradamus, comme
les quatrains ne sont pas datés, chacun les utilise comme il veut et
quand il veut, de préférence après coup. Revenons sur ce discours
prévisionnel "déchronologisé" si je dis "vous aimez voyager", il y a de
fortes chances que cela se confirme, du moment qu'on ne précise pas la
date des voyages annoncés. Or, la tendance est forte actuellement à
définir le signe en connexion avec la maison correspondante: le
Sagittaire, neuvième signe, correspondrait ainsi a la maison IX.
Normalement, quand une certaine planète passe en maison IX, cela
indique la date du voyage mais on peut tout a fait se contenter sur le fait
que l'on voyagera un jour ou l'autre, cela ne mange pas de pain. On
proposera un dialogue dans la veine des précédents Un astrologue en
train de rédiger un texte: "Vous allez rencontrer quelqu'un au mois de
juin de l'année prochaine". Puis il barre le texte et le remplace par:
"Vous aimez rencontrer des gens'. C'est bien suffisant, se dit-il. Il vaut
mieux, quand même, éviter la typologie planétaire, chère à Gauquelin,
car elle est la seule qui ne soit pas cyclique : tout le monde n'est pas
martien, tout le monde n'est pas saturnien alors que tout le monde a du
bélier ou de la vierge puisque le zodiaque est cyclique donc concerne la
vie de toute personne. Donc notre conseil, pour décrire quelqu'un
utilisez les signes et les maisons mais sans les dates qui devraient aller
avec et évitez de décrire quelqu'un par une dominante planétaire, car
c'est trop précis, trop limité: à quoi bon prendre des risques inutiles?
Faites donc de l'astrologie prévisionnelle mais sans donner de cadre
chronologique, ce qui permet d'avoir les avantages de pronostics passe-
partout sans les inconvénients de dates qui pourraient ne pas vraiment
convenir! Evitez d'annoncer de toute façon des dates trop précises:
expliquez à votre client que l'astrologie fonctionne par phases d'une
certaine durée, par exemple de trois en trois ans, ce qui vous laisse une
certaine marge d'approximation. Du moment que l'événement annoncé
se produit au cours de la période en question, le pronostic peut être jugé
satisfaisant. L'inconvénient, c'est que si l'on fait un pronostic à contre-
courant de la phase, on risque de ne pas trouver de si tôt une
échappatoire puisqu'il n'y a pas de changement de tendance.. Mais,
remarquez, on peut aussi procéder exactement à l'inverse avec des
prévisions hyper-précises car plus une prévision est précise, plus il suffit
de changer de très peu les données de base pour tomber sur un
pronostic en sens inverse. Si la date ne va pas, dites qu'il faut corriger
l'heure de naissance de quelques minutes. Ajustez le thème sur les
événements et non pas l'inverse . cela fait très sérieux de corriger l'heure
de naissance. Mais évidemment, au début cela passe mais une fois la
correction effectuée, il vaut mieux ne pas trop s'aventurer à continuer a
fournir des dates parce que la on travaille sans filet, on ne peut plus se
rattraper! Dialogue: L'astrologue au téléphone: "oui, chère Madame, je
pense qu'il faut décaler l'heure de 17 minutes et alors mon pronostic
devient tout a fait exact!" Et la cliente qui se dit "Chic, je vais enfin
savoir, grâce
à l'astrologie, à quelle heure je suis vraiment née et que l'on m'avait
cachée!" Avouons qu'il se passe tout de
même des choses inouïes au moment de la naissance. On peut imaginer
l'astrologue affirmant a son client que "l'enfant a choisi le moment de sa
naissance, a la minute près pour correspondre à la configuration
adéquate" et le client se disant a lui-même "qu'est ce que je pouvais être
précis quand je suis venu au monde! Moi qui ai toujours été nul en
mathématiques!" La tendance actuelle est à la digression: apprenez à
parler de médecine au lieu d'astrologie, de psychologie au lieu
d'astrologie, de karma au lieu d'astrologie, de politique au lieu
d'astrologie. Cela meuble! Le comble, c'est quand à l'issue d'une
conférence, l'on interroge le conférencier sur les parties non
astrologiques de son propos. L'on pourrait ainsi imaginer une scène où
dans la salle quelqu'un demande à l'astrologue "pouvez-vous revenir,
docteur, pardon monsieur l'astrologue, sur ce que vous avez dit sur les
excès de cholestérol ?" De plus en plus, les écoles d'astrologie
fournissent a leurs élèves des connaissances extra-astrologiques qui
viennent compenser les manques du savoir astrologique. L'idéal, c'est
d'intéresser le client a ces développements extra-astrologiques et qu'il
pose des questions dans ce domaine et le moins possible sur l'astrologie.
Faites lui comprendre que ce serait de mauvais goût que de ne focaliser
que sur l'astrologie, que l'astrologue a besoin de temps en temps de faire
autre chose, est-ce si difficile a comprendre?. C'est autant de temps de
gagné sur la durée de la consultation. Mais attention, il y a des
astrologues qui exagèrent et qui évitent désormais soigneusement de
faire de l'astrologie - sinon en passant très vite- ce qui correspond
d'ailleurs souvent a une vocation avortée, tant il est vrai que l'astrologie
est souvent un second choix- un second choice - pour l'astrologue. Ce sont
des astrologues à plusieurs casquettes et on ne sait jamais quand ils se
mettront a jouer au médecin ou à l'analyste politique ou au critique
littéraire en se servant du prétexte astrologique pour fantasmer sur une
carrière qu'ils n'ont pas suivie.. Ces astrologues la ne sont pas très bien
dans leur peau, apparemment! Tout se passe en fait comme si l'on
voulait marier l'astrologie, femme un peu folle, avec un monsieur bien
sous tous rapports, c'est une autre façon pour l'astrologie d'accéder à
l'honorabilité que pratique notamment l'Association Française
d'Astropsychologie (AFA). C'est un peu comme appliquer un emplâtre
sur une jambe de bois. C'est ainsi qu'André Batbault a lancé la recette en
mariant astrologie et psychanalyse, astrologie et histoire ou que Jean-
Pierre Nicola a voulu unir astrologie et astronomie, astrologie et
réflexologie mais sans que cela donne des enfants puisque cela ne
conduisit pas à une réforme structurelle véritable mais à un simple
maquillage à quelque lifting ou ravalement de façade et il en est de
même pour astrologie et médecine, astrologie et karma et tout à
l'avenant.. Beaucoup de filles à marier, vraiment, dans la famille
Astrologie!
Il y a des populations particulièrement perméables aux charmes
de la consultation astrologique, il s'agit des personnes qui ont des
revendications sociales fortes, qui refusent toute limitation de leurs
possibilités et de leurs perspectives. D'abord, l'astrologue leur explique
qu'elles ne sont pas, contrairement a un premier niveau d'astrologie
"populaires", "Bélier" ou "Verseau" mais un être beaucoup plus
complexe, bien difficile a cerner. Ce faisant, l'astrologue déconstruit
l'astrologie et libère ainsi son client d'un déterminisme par trop rigide.
En fait, l'astrologue se sert de l'astrologie.....contre l'astrologie, d'une
astrologie contre une autre. Si l'astrologue n'a plus vocation a définir et
a délimiter mais au contraire a ouvrir, a faire éclater les carcans, il ne
risque guère de se tromper! Plus ce qu'il dira sera éloigné de l'idée
habituelle que l'on se fait de son client et que son client se fait de lui-
même, mieux ce sera! En effet, le client percevra tout décalage entre ce
qu'il pensait être et ce qu'on lui dit qu'il est comme une marge
supplémentaire de progression et cela ne se refuse pas, plus cela
légitimera toute ambition a sortir de sa condition professionnelle,
familiale, culturelle. Dans ce cas, le client ne veut pas voir que plus le
portrait que l'astrologue donne de lui est "riche", contrasté voire
paradoxal et plus il peut correspondre, par là même, à n'importe qui! Ce
client la aura tendance a confondre le réel et le virtuel, ce qu'il est et ce
qu'il voudrait être, c'est a dire ce qu'il n'est pas.... Il y a des signes dans
lesquels tout le monde se reconnaît; c'est le cas du signe du Sagittaire. Il
semble bien qu'en tout homme, et plus encore peut-être toute femme, il
y ait une envie périodique de bouger, de partir, de rencontrer l'étranger,
soit en s'exilant soit en fréquentant des immigrés....Si l'astrologue
connaissait un peu mieux la nature humaine, il rougirait d'affirmer a
quelqu'un comme étant une spécificité que son client sera amené à faire
des voyages comme si cela était propre a un caractère particulier. Les
millions de touristes qui viennent chaque année à Paris ont-ils tous des
tendances Sagittaire/maison IX? On peut imaginer l'astrologue
écoutant son client lui dire: "Vous savez, en tant que Sagittaire, je suis
très attiré par l'étranger" Et l'astrologue de se dire a lui-même: "C'est
curieux, moi aussi et pourtant je ne suis pas né sous ce signe!" En fait, il
y a bel et bien deux stratégies opposées dans le discours de l'astrologue
soit il tentera de relier son client a un type bien précis de personne,
existant à des millions d'exemplaires, ce qui lui permettra d'éviter la
dispersion, de le recentrer, soit, au contraire, il s'efforcera de relativiser
tous les cadres et lui transmettra un certain sentiment de liberté voire
d'illimité et finalement d'individualité, par delà les clivages de sexe, de
race, de religion. Il semblerait que les hommes consomment davantage
une astrologie typologique qui les relie a la société, a une synchronie
avec leurs contemporains et les femmes une astrologie individuelle tant
sur le plan psychologique qu'événementiel, qui les relie directement au
cosmos.. C'est dire que l'astrologie, sous sa forme actuelle, prône des
philosophies bien différentes de la vie, selon qu'elle communique par la
Presse et les médias, support collectif ou par la consultation en cabinet,
impliquant plus d'intimité et de particularisme. Il importe en tout cas
que l'astrologue ne mette pas l'accent sur sa liberté d'interprétation de la
carte du ciel car cela risquerait fort de briser le charme. La consultation
doit se dérouler comme si le ciel s'exprimait de façon univoque, sans la
moindre ambiguïté. On est loin du relativisme des quanta qui insiste sur
la spécificité et la subjectivité de l'observateur. Il n'est pas non plus
conseillé de dire au client que l'astrologue opère un tri parmi les
facteurs du thème qu'il développe tout comme le client opère un tri
dans ce que l'astrologue lui dit. Là encore, l'astrologie qui est
l'expression d'une liberté de l'Homme face au monde devra se présenter
comme le contraire de ce qu'elle est, à savoir la garantie d'une structure
préétablie non seulement au niveau collectif mais au niveau individuel.
La personne qui se pense simplement Sagittaire ou Taureau peut
toujours, en effet, se dire qu'elle a toute latitude pour l'être à sa manière
mais celle qui se situe par rapport à son thème astral a déjà son
processus de différentiation, d'individuation, tout tracé et de fait bien
des gens ne veulent pas assumer leurs choix et préfèrent que ces choix
aient été prédéterminés au moins dans les grandes lignes si ce n'est dans
les moindres détails, notamment chez ceux qui se servent des astéroïdes
plus c'est petit et plus cela touche aux petites choses, donc plus c'est
précis, nous dit-on. Dialogue: L'astrologue montrant du doigt un
horoscope dans un journal "il faut que je vous dise que l'astrologie ce
n'est pas si simple" et la cliente "je comprends, il faut se méfier des
étiquettes, cela fait tant de mal". De toute façon, la consultation
astrologique est toujours "en aveugle", l'astrologue ne connaissant
directement son terrain que par le biais de son client, de ce que le dit
client veut bien reconnaître, admettre, accepter, imaginer alors que
l'astrologie aurait plutôt vocation à s'intéresser à la chose publique, ce
qui se fait au vu de tous. Autrement dit, l'astrologie est quelque peu
écartelée entre ses diverses vocations qui peuvent parfois la placer en
porte a faux par rapport a ses capacités. Tout comme le client est tenté
par un dépassement de ce qu'il est vraiment, l'astrologue est également
tenté d'aller au delà des limites de l'astrologie! C'est dire que la
consultation a quelque chose de doublement pervers des deux cotés de
la barrière. . On peut imaginer un de nos dialogues autour d'une double
surprise, où le client se dit "Je ne m'imaginais même pas que je pouvais
être cela" et où l'astrologue se dit "Qui eut cru que l'on pouvait trouver
cela par l'astrologie?" Cela nous semble correspondre en fait a une
double déconstruction, a un vertige réciproque l'astrologue ne sachant
plus dès lors les limites de l'astrologie ni le client ce qu'il est et ce qu'il
n'est pas. Perte des repères! Nos astrologues modernes sont a l'affût de
la moindre découverte astronomique, du baptême du plus petit
astéroïde. On peut imaginer une scène, où l'astrologue - Jean Billon
correspondrait tout à fait au profil - ouvre son courrier et dise "Pas de
nouvel astéroïde, ce matin! Heureusement car je suis vraiment débordé!.
Ces astronomes, ils sont terribles, ils n'arrêteront donc jamais!" Et sur sa
table, on voit des papiers avec les noms des dernières découvertes. On
pourrait aussi imaginer une scène dans un restaurant où la carte
comporterait une quantité de plats astronomiques et l'astrologue un peu
obèse déclarerait au garçon, désignant le menu : "apportez moi tout
ce que vous avez, j'ai une de ces faims".
Autre idée de scène amusante: dans un cabinet ressemblant
quelque peu à un commissariat de police, on voit un astrologue, avec
sur sa table toutes sortes de calculs, demander à son client : "que faisiez-
vous dans la nuit du 7 avril 1986 à 3 heures 42 du matin?"
Encore une idée: je vous présente le robot astrologue, il
répondra à toutes vos questions. A l'intérieur du robot, on voit
quelqu'un de caché devant une sorte de micro.
Cela fait penser à cet automate joueur d'échecs qui fut présenté à la
Cour, au XVIIIe siècle et qui était en fait actionné par un vrai joueur
caché dans les mécanismes.
Et puis, l'on pourrait aussi présenter une voiture avec des motifs
astrologiques dont il manque une roue et quelques autres pièces et
dont le vendeur face à la mine sceptique de son client lui déclare "mais
si, ça marche!"
Ou encore, on pourrait imaginer une sorte de bureau de change
astrologique: le client arriverait avec son argent et l'astrologue lui
remettrait un passeport ou des billets pour Jupiter avec séjour à l'hôtel
du Capricorne, sans oublier de la monnaie cosmique pour argent de
poche.

L'astrologie ou le zéro erreur

Pour terminer ce premier volet, nous exposerons une thèse qui


nous semble assez bien éclairer ce qui se passe dans le champ
astrologique. Bien entendu, c'est la réaction de certains astrologues à
nos observations qui nous aura mis sur la voie. Nous renvoyons à
quelques échantillons de réactions dans la revue en ligne Grande-
conjonction.org dont nous extrayons la quintessence.
En fait, l'erreur n'existe pas: l'astrologie ne peut pas se tromper,
un événement ne survient pas par erreur, on ne peut pas avoir mal
compris, déformé un propos, et l'on ne saurait imaginer qu'il puisse y
avoir des contrefaçons, des imitations, des confusions. Bref, l'on peut
se demander si l'on ne vient pas à l'astrologie parce que c'est un
domaine, croit-on, où la faute n'existe pas ou si l'on préfère où elle est
indémontrable, c'est ce que l'on appelle l'infalsifiabilité ( Karl Popper). et
qui confine à l'irresponsabilité. Il est donc de très mauvais goût, dans le
milieu astrologique, d'évoquer la possibilité d'une erreur de
transmission. L'astrologie n'est pas seule à occuper ce créneau du zéro
erreur. Est-ce que, par exemple, l'on pourrait dire qu'une langue
commet des erreurs, qu'elle a mal emprunté tel mot à telle autre langue?
Allons donc! Vous voyez bien que les gens se comprennent à merveille,
ce ne serait pas le cas si des erreurs s'étaient glissé.... Or, il est probable
que dans la vie "réelle", c'est à dire dès que l'astrologie, objet chéri, n'est
plus en jeu, l'astrologue sait fort bien que l'on peut se tromper, que l'on
peut prendre une chose pour une autre et il n'a qu'à lire des romans
policiers pour savoir que l'on peut suivre une fausse piste. Mais,
justement, avec l'astrologie, c'est différent, c'est comme dans un rêve,
tout doit faire sens. Décidément, la pratique de l'astrologie serait
pathogène en ce qu'elle génère, à l'instar d'une drogue, deux états
psychiques qui alternent. Tout se passe comme si l'astrologie était le
verbe et pour une femme, le verbe est une force qui s'impose à nous,
que nous portons en nous, qu'il faut laisser s'écouler.
Quand il y a décalage d'un document à un autre, c'est voulu,
c'est fait exprès, c'est prévu pour. Cela ne peut venir d'une erreur de
déchiffrage, qui oserait parler de contre-sens? On est dans le domaine
de l'infaillibilité posée comme postulat, comme credo. C'est la pèche
miraculeuse, il n'y a pas de perdant. ou plutôt c'est qui perd gagne.
Chaque propos, aussi étrange soit-il, doit être interprété comme faisant
profondément sens, pour constituer un enseignement à méditer, un
signe à décrypter. Sinon, l'on est taxé d'anti-astrologie car le véritable
enjeu est bien là : échapper à la censure, être hors de portée des
critiques. Un monde irénique où ce que chacun dit est forcément dans
le vrai, par définition et où rien n'est incompatible, ne fait double
emploi, où chaque chose est inévitablement à sa place. Tout se
recoupe: on prend cinq méthodes différentes et quand plusieurs
paramètres se croisent, on a la réponse. Plus on accumulera de
paramètres, plus l'on se donnera des chances d'être dans le mille. N'y
aurait-il pas là quelque odeur de secte dans un tel dressage de cerveau?
En fait, l'on se demande si tout cela n'est pas lié à un sentiment trop
lourd de culpabilité qui rend insupportable tout possibilité de jugement,
toute présentation de preuve, tant on rêve d'un monde d'impunité, d'où
la faute serait impensable..
Deux représentations du monde s'opposent en réalité : l'une qui
est moniste et qui ne perçoit dans les différences et les avatars que la
manifestation et la révélation d"une unité, d'une source primordiales et
l'autre, dualiste, qui considère que toute unité est de façade. Dans le
premier cas, il importe de montrer que la diversité n'est qu'une
apparence, que tout se tient, et dans l'autre que c'est la cohérence,
l'harmonie universelle qui sont artefact, truquage, maquillage..
Opposition entrer approches critique et apologétique, la première
impliquant une remise en question radicale de l'édifice astrologique
tandis que la seconde cherche simplement à colmater les fissures les
plus criardes.. I
Pour notre part nous avons pu remarquer que chaque fois que
l'on retrouve la clef d'un dispositif, il était bien rare que l'on ne fasse
pas apparaître quelque changement intervenu depuis sa mise en place;
cela permet de resserrer les boulons et de recentrer, pour le moins, des
interprétations qui n'étaient plus correctement encadrées, tant la réalité
est polysémique et se prête à toutes sortes d'instrumentalisations parfois
contradictoires (cf Gérard Pommier, Qu'est-ce que le "réel"?. Essai
psychanalytique, Ramonville (31), Ed. Erés, 2004), . Un même objet
peut être "lu" des façons les plus diverses, parfois contradictoires, et ce
qui compte, c'est la lecture qui a dominé lorsque la structure d'ensemble
a été mise en place.
CINQUIÈME PARTIE

NOUVELLE ANTHROPOLOGIE
POUR LES ASTROLOGUES

Lorsque l’on examine les travaux qui paraissent actuellement


consacrés à l’Histoire de l’ Humanité, force est de constater que la
relation que les hommes ont pu établir avec le cosmos apparaît
commme une question bien secondaire. Or, la façon dont les hommes
ont appris à se servir des astres aura certainement été tout à fait
déterminante pour la formation de la présente Humanité. Il ne s ‘agit
pas ici, empressons-nous de le souligner, de la découverte d’un
quelconque lien entre les hommes et les astres, comme on peut le lire
dans la plupart des ouvrages que les astrologues consacrent à l’origine
de leur science, et qui est une étape bien plus tardive, mais de la mise en
place délibérée, de l’invention d ‘un code temporel auquel telle société se
conformera et qui lui servira de Loi. Tant que les astrologues n’auront
pas accepté ce modèle, leur communication avec l’anthropologie ne
sera pas possible.
Or, à quelle discipline l'astrologie peut-elle d'un être de l'apport
le plus précieux? On connaît les dialogues de Solange de Mailly Nesle
(L'Etre Cosmique) ou d'Elizabeth Teissier ( Etoiles et Molécules) mais ceux-
ci n'impliquent pas d'anthropologues mais des astrophysiciens, des
médecins, des psychologues. Quant aux ethnologues ou aux
sociologues, ils s'intéressent plus au statut de l'astrologie dans telle ou
telle société qu'au fait que les sociétés aient eu besoin à un certain
moment de leur développement de se servir du référentiel cosmique
pour se structurer. Au fond, la question est la suivante: à quel signifié
renvoie le signifiant astrologique? Mais encore faudrait-il savoir ce qu'est
le dit signifiant..... Double questionnement à propos d'une double
interface entre le monde d'en haut et le monde d'en bas, pour
paraphraser la Table d'Emeraude. Nous avons déjà quelque peu précisé
en quoi consistait le signifiant astrologique, à savoir un certain schéma
cosmique dessiné entre mille possibles. Quant au signifié, nous pensons
qu'il concerne au premier chef l'anthropologie. Entendons par là que
l'astrologie nous parlerait de ce monde tel que l'homme l'a structuré, de
la dimension structurelle du monde.
En tant qu'organisateur de colloques - environ 55 à ce jour -
sans parler de ceux auxquels nous avons assisté et où nous sommes
intervenus ponctuellement - une des questions qui ont le plus provoqué
de perplexité chez les astrologues concerne le champ imparti à
l'astrologie. Passons sur les réponses du type: l'astrologie étudie ce qui
dépend des astres, ce qui ne nous avance pas beaucoup car qu'est-ce qui
précisément en dépend? Le problème, c'est qu'apparemment le véritable
champ d'étude de l'astrologie - le singulier indiquant le phénomène par
delà ses divers avatars - n'est à chercher ni dans la tradition astrologique
telle qu'elle nous est délivrée, ni dans une anthropologie à la mode telle
qu'elle nous est imposée par les médias et qui se veut intellectuellement
correcte.
En réalité, l'astrologie est bel et bien porteuse d'une
anthropologie mais à condition de la décanter comme nous l'avons fait
dans les précédents développements. Mais l'on aura pu constater à quel
point l'anthropologie inhérente au discours astrologique traditionnel tel
qu'il ressort de la littérature que l'on trouve sur le marché est
inconsistant - c'est notamment le cas de tout ce qui concerne la Lune -
ce qui explique que tant d'astrologues ont cru bon de prendre leurs
distances par rapport à celui-ci, tombant ainsi de Charybde en Scylla,
pensant pouvoir constituer une nouvelle anthropologie à partir des
données de l'astronomie la plus contemporaine, faisant totalement
abstraction du facteur Temps, condition indispensable à tout
enracinement biologique, et se situant dès lors sur un plan très
superficiel, celui des mentalités et des représentations conscientes, plan
plus propre à la sociologie et qui ne saurait suffire à fonder une
astrologie au niveau du subconscient, instrumentée par des
automatismes organiques et sensoriels, innés à la naissance.. Ces
astrologues modernes (de Nicola à Verney) nous paraissent vouloir
reconstruire l'astrologie comme des enfants une maison en mettant une
pierre sur l'autre sans savoir qu'il faut du ciment. Ils n'ont pas non plus
compris que l'astrologie est lunaire et non pas solaire, qu'elle implique
des choix et que ce qui compte ce sont les choix aussi arbitraires soient-
ils qu'ont fait nos ancêtres et non nos élucubrations autour d'objets
télescopiques. L'astrologie est dans le registre lunaire qui implique une
thermodynamique adéquate aux besoins et aux savoirs d'une société
donnée et non dans la démesure solaire qui ne connaît pas ses limites.
Alors que la Lune n'agit sur nous que parce que nous le voulons, parce
que nous lui accordons quelque importance, le Soleil lui nous impose sa
puissance d'office. Jean-Pierre Nicola n'est-il pas l'auteur (1965) de La
Condition solaire?..Or, initialement, le zodiaque était déterminé non par
les saisons mais par les rencontres mensuelles de la Lune avec le Soleil.
Par la suite, l'on a voulu que ce soit le soleil qui détermine le début de
chaque mois zodiacal, parfaitement décalé par rapport au mois lunaire,
c'est la lune qui découpe la course du soleil à sa façon. La solution
adoptée par les Juifs semble la meilleure: leurs mois commencent à la
nouvelle Lune et ils ajoutent périodiquement un treizième mois, ce qui
donne une année "enceinte", pour résorber le décalage. En fait, c'est la
lune qui vient visiter le soleil tout comme Saturne, facteur donc
masculin, dans son rapport avec Aldébaran, facteur féminin. Il importe
peu ici que le soleil soit objectivement ceci ou cela, ce qui compte, c'est
comment il était perçu à une certaine époque qui a laissé une trace
indélébile sur le psychisme humain Pour nos ancêtres, les figures
tracées par le ballet de la Lune autour du soleil étaient bien plus
parlantes que le jour de tel équinoxe ou de tel solstice qui ne
correspondait à aucune configuration céleste visible, à moins que le
soleil ne se situe par rapport à une étoile mais comme cette étoile
changeait avec la précession des équinoxes, ce ne pouvait être qu'une
solution bancale. En fait, au niveau visuel, le soleil se lève et se couche,
chaque jour et la lune retrouve le même visage chaque mois. On a donc
un rapport d'un jour pour un an que l'on retrouve dans le temps
biblique.
Si l'on se reporte notamment à notre étude du Zodiaque et de sa
genèse, l'on aura compris qu'en dehors de toute considération quant à
l'influence des astres, le cycle saisonnier est porteur d'une véritable
anthropologie en ce qu'il fixe un ordre du monde, un certain
agencement sociétal voire légal lié au calendrier. Nous pensons que l'on
peut élaborer une zodiacologie scientifique qui remplacerait la
zodiacologie actuelle et dont le but ne saurait être d'étudier la spécificité
individuelle mais sa place dans le monde en tant qu'homme ou femme.
Il ne s'agit pas de dire que tel homme est "féminin" ou telle femme
"masculine" sous prétexte que son "thème' natal comporterait tel ou tel
facteur en tel secteur, avec tel aspect, pas question de tricher!.
Tout se passe comme si la dialectique cycle-zodiaque qui
marque la tradition astrologique si l'on considérer le thème natal comme
un zodiaque où se placent les différents astres réagissant à l'évolution
des astres "dans le ciel", était une déviance par rapport à un tel modèle.
Entendons par là que le Zodiaque devrait normalement représenter un
modus vivandi social, avec ses clivages structurels lequel système
racine(radix) passe par des phases déterminées par certaines
configurations astrales que l'on pourrait identifier à des transits. Le
Zodiaque au lieu d'être appréhendé comme un sujet collectif en serait
arrivé à incarner, en se démultipliant par la prise en compte des
positions planétaires natales, une quantité infinie d'individus
spécifiques..
Nous dirons que le Zodiaque tel que nous l'avons restitué, avec
ses dieux allégoriques que sont Mars, Vénus, Pluton et Proserpine,
constitue un stade pré-astrologique, un plan par rapport auquel s'articule
la cyclicité astrale. C'est d'ailleurs du fait même de cette articulation que
certaines confusions ont eu lieu et notamment la planétarisation des
dieux alors même que la cyclicité astrale initialement était concernée par
les astres et non par les dieux. Quand, pour notre part, nous parlons du
cycle de Saturne, nous n'entendons nullement nous référer au dieu de ce
nom mais simplement désigner un corps céleste, sans lien avec quelque
panthéon.
Il existerait donc une anthropologie hémérologique - c'est à dire
liée aux jours du calendrier - qui viendrait admirablement étayer la
cyclicité astrale au delà de la dialectique Soleil Lune constitutive du dit
calendrier. La dite anthropologie accorde notamment toute son
importance à la polarité masculin-féminin. Et les analyses qui vont
suivre s'ajuste sans grand effort sur le message des Livres d'Heures.
Comment, au demeurant, l'astrologie pourrait-elle espérer
trouver sa place si elle ne sait pas quel est son champ d'étude, si elle
ignore quels sont les savoirs qui jouxtent le sien et lui sont
complémentaires? Psychanalyse? Sociologie? Histoire? Anthropologie?
De nos jours, la tendance à l'interdisciplinarité prend des proportions
considérables dans le discours des astrologues, lesquels souvent infligent
à leurs lecteurs ou à leur auditoire de longues digressions sans rapport
avec l'astrologie et qui semblent viser avant tout à montrer qu'ils ne
s'enferment pas dans l'astrologie. On pourrait imaginer quelqu'un
entrant dans une réunion astrologique et se demandant s'il ne s'est pas
trompé de salle.... Nombre des récents colloques de Sep Hermès ou du
RAO correspondent à un tel profil. Mais un tel procédé, s'il trahit un
certain malaise identitaire, relève plus de la juxtaposition des
connaissances que d'une véritable synergie et l'astrologie en sort plus
décentrée que recentrée. En effet, la sociabilité quand elle est matinée
de mimétisme a des effets pervers. Qu'il manque à l'astrologie quelques
données pour pouvoir fonctionner est une chose - et notamment que
ces données ne soient pas tant astronomiques qu'anthropologiques -
mais autre chose que de plaquer sur l'astrologie des informations qui la
noient au lieu de lui permettre de mieux se situer. L'astrologie a une
politique d'alliance à mener mais elle ne doit pas se tromper d'allié, de
partenaire. L'astrologie nous fait penser à une belle princesse qui
attendrait son prince charmant et qui rejetterait tous les prétendants qui
se présentent.
En attendant, faute de mieux, on en reste au statu quo., c'est à
dire à un modus operandi qui se serait imposé en une forme de routine. En
fait, tout se passe comme si le seul "savoir" qui compte pour
l'astrologue est celui que véhicule le public de l'astrologie. Le client a
toujours raison; autrement dit, l'astrologue parle le langage de Monsieur
Toulemonde et quand il s'exprime, il entend que cela fasse
immédiatement sens pour son interlocuteur, sans qu'il soit besoin d'un
quelconque briefing.
Et c'est bien là que le bât blesse, à savoir cette absence d'une
anthropologie en adéquation avec l'astrologie et qui ne coïncide pas
nécessairement avec les quelques clichés en circulation.
Il ne s'agit pas pour autant de compiler les savoirs et les langages
actuels pour y mettre l'astrologie en conformité mais bel et bien de se
demander quelle anthropologie convient à l'astrologie, ce qui implique,
à terme, d'exposer la dite anthropologie en tant qu'interface entre
l'astrologie stricto sensu et l'expérience existentielle des sociétés et des
individus telle qu'elle se manifeste hic et nunc.
Cette exigence d'ajustement anthropologique est volontiers
masquée par l'attrait exercé par l'astronomie et qui conduit les
astrologues à ne rien ignorer des plus récentes avancées dans la
connaissance du système solaire et notamment du nom des astres
nouvellement découverts. L'astrologie cherche avant tout sa modernité
dans le recours aux noms accordés par les astronomes aux nouveaux
astres. Bref, l'astrologie est à la pointe des toutes dernières appellations
concernant le système auquel notre Terre appartient alors qu'elle se veut
en phase, sur le plan de la perception de nos existences, avec le tout
venant.
Un tel débat sur ce que pourrait être un apport de l'astrologie à
la psychologie a été ouvert notamment par l'américain Steven Arroyo
lequel considére que l'astrologie n'a pas à chercher à intégrer des
données psychologiques qui lui sont extérieures et qu'elle doit trouver
en elle-même son propre contenu psychosociologique. Les chercheurs
français, de Nicola à Halbronn en passant par Gauquelin, sont plus
audacieux puisqu'il n'hésitent pas à proposer d'articuler sur l'astrologie
leur propre recherche dans le domaine des sciences humaines et de la
philosophie (système RET en astrologie conditionaliste, typologie
professionnelle chez Gauquelin, dualité des strates sociales chez
Halbronn) ce qui implique de leur par une certaine interdisciplinarité qui
ne les enferme pas dans le champ astrologique stricto sensu. Mais il nous
semble que tout travail anthropologique se trouve compromis - en
accord en cela avec Denis Labouré, par la prise en compte d'astres
inconnus dans l'Antiquité ce qui fait basculer l'astrologie de
l'anthropologie à la cosmologie. Jean Pierre Nicola n'a pas accepté de
s'arrêter à Saturne car il considérer que les astres émettent des signaux
qui agissent directement sur le psychisme humain, à son insu, ce qui est
particulièrement le cas, on en conviendra, pour les planètes invisibles à
l’œil nu mais il refuse les étoiles parce qu'il pense, ayant en tête la
précession des équinoxes, que cela fut une erreur de l'astrologie de se
relier à celles-ci. En réalité, le couple étoile-planéte est tout à fait
commode vu de notre Terre et il importe peu que les deux corps
célestes appartiennent à des ensembles radicalement différents, si l'on
admet que ce sont les hommes qui décident ce qu'ils veulent conserver
du cosmos et ce qu'ils veulent en évacuer. Nicola oppose signal et
symbole préférant le premier au second. Or, nous pensons que
l'astrologie relève davantage du symbole - lequel met fin à la polysémie
du signal - en ce qu'elle confère un sens spécifique à certains objets
célestes et aux diverses configurations qu'elle détermine dans le ciel et
que ce sens ne lui est pas imposé par une quelconque structure
cosmique préexistante mais bien par une certaine structure
anthropologique qui trouve son expression dans le ciel et non point sa
raison d'être. La notion d'aspect en particulier a valeur structurante et
importe pour nous davantage que le nombre objectif - mais en
progression constante - de planètes du système solaire. Nicola semble
vouloir nous persuader de l'univocité intrinsèque du signal alors que
précisément il fait effort, de par les grilles qu'il utilise pour imposer sa
propre lecture, qui n'est qu'une parmi d'autres. Pour Nicola, l'astrologie
n'est crédible que si elle ne fonctionne pas par le jeu de conventions
alors précisément que, d'un point de vue anthropologique, c'est parce
que les humains ont instrumentalisé leur environnement - passant du
signal au signe - que celle ci fait sens pour l'Humanité.
Certes, nous avons ironisé sur tous ces mariages qui ont uni
l'astrologie avec les domaines les plus divers. C'est que ces mariages
étaient des mariages blancs et que l'astrologie voulait rester vierge, c'est
à dire rester comme elle était. Le '"mariage" que nous proposons ici doit
être consommé et l'astrologie se débloquer, sortir des jupes de sa mère,
cette tradition qui l'étouffe et dont elle ne parvient pas à se détacher, à
s'émanciper. Jusqu'à présent, on ne lui a connu que des prétendants lui
offrant de beaux bijoux, de beaux atours - comme Jean-Pierre Nicola,
mais qui ne surent pas lui faire un enfant.
Nous proposons de conclure une alliance entre une "mauvaise"
astronomie et une "mauvaise" anthropologie, de réunir les potentialités
de deux savoirs mal aimés et qui en plus ne s'apprécient guère entre eux,
du fait de certains préjugés dont ils n'ont pas su se défaire: lors du
colloque MAU "Astrologie. Conditions d'existence", on a pu observer
que les astrologues n'appréciaient guère une anthropologie de droite et
tenaient plutôt un discours de gauche, contradiction que nous avons
relevée et qui est particulièrement flagrante quand on sait à quel point
l'astrologie est marquée par des typologies de toutes sortes. (signes,
planètes etc). Inversement, il est peu probable que les milieux
idéologiquement de droite souhaitent s'encombrer d'une "pseudo-
science" qui risquerait de déconsidérer leur doctrine. L'alliance des deux
domaines semble évoquer celle de l'aveugle et du paralytique. Nous
proposons la (re) constitution d'un axe astronomie B-anthropologie B.
Cette anthropologie est notamment stigmatisé actuellement sous le
vocable de "Néo-réacs"
Christian Singer, quant à lui, propose une autre anthropologie pour
l'astrologie et dont les fondements sont aux antipodes de
l'anthropologie que nous présentons. Selon Singer, l'astrologie aurait
vocation à dépasser toute dualité masculin-féminin et nous pensons en
effet que cette négation de la sexuation qui attire nombre d'amateurs
d'astrologie en raison de ces clivages qui, pour paraphraser Pétain,
"nous ont fait tant de mal".. Or nier ce qui fait signe et qui ne ferait pas
sens, n'est-ce pas remettre en question à terme ce signe qui nous
interpelle, qui nous dérange, alors qu'il n'a rien à nous dire? Nier le sens
de ce qui fait signe, parce que perçu par notre sensorialité comme
différent, c'est risquer de signer son arrêt de mort en tant que facteur
caduc, la mort étant par excellence ce qui ressemble à la vie tout en
n'étant plus la vie, une présence absente et qu'il faut donc enterrer,
recouvrir..
Qu'il y ait le choix pour l'astrologie entre plusieurs
anthropologies nous parait essentiel à conscientiser. En revanche, il
nous semble que la tendance consistant à vouloir trouver en l'astrologie
sa propre anthropologie est une impasse du fait que l'anthropologie
qu'elle véhicule est depuis longtemps brouillée. Au lieu de suivre les
sociétés humaines en train de s'organiser par rapport à un certain
découpage cyclique, l'on en est arrivé, chez nombre d'astrologues
traditionalistes comme Labouré, à examiner (par le fait des domiciles,
des maîtrises, des décans) comment Jupiter est reçu par Mercure quand
il traverse son territoire ou la lune par Mars au sein du thème natal
pluriplanétaire et de ce qui en dériveOr, si planètes et signes relèvent
d'une seule et même symbolique reflétant les modes de vie saisonniers
des humains, il apparaît qu' une dialectique entre ces deux ensembles ne
fera guère sens, on dira qu'il s'agit là d'une dualité factice. Or, il est bien
évident que le but de l'astrologie n'est pas de gérer les relations entre les
astres mais de se servir des astres pour gérer les relations entre les
humains. Pour ressourcer l'astrologie, il importe de trouver un point
d'appui en dehors de ce que l'astrologie est devenue, il faut, comme
l'avait compris Michel Gauquelin, partir de données aussi simples que
possible comme le découpage professionnel, ce qui relève bel et bien
d'une anthropologie. Ce qui fait défaut, a contrario, à Suzel Fuzeau-
Braesch, c'est justement ce point d'appui, faisant de la tradition
astrologique l' objet et l'outil même de sa recherche. Non pas que nous
approuvions nécessairement l'anthropologie gauquelinienne mais elle a
montré la voie vers un renouveau de l'astrologie.
Pour notre part, nous pensons que l'astrologie fait doublement
fausse route : elle devrait être moins intéressée par les plus récentes
initiatives de la communauté astronomique et plus en quête d'une
certaine sophistication dans le domaine des sciences sociales, en se
situant un peu au delà du bagage de sa clientèle. On pourrait poser
brutalement la question: l'astrologie est-elle plutôt de gauche ou de
droite? Question susceptible de plonger plus d'un astrologue dans un
abîme de perplexité! A moins qu’il n'existe une astrologie de gauche et
une de droite. Il nous semble important que l'astrologie choisisse son
camp si elle veut avoir des alliés, même si l'astrologie est censée se
placer au dessus de la mêlée. Le camp privilégié de l'astrologie est celui
d'une certaine élite qui se soucie des périodes qui lui sont favorables,
durant lesquelles son pouvoir s'affermira et de celles où elle doit
consentir à quelque promiscuité. C'est un peu l'histoire des sept vaches
grasses suivies, dans le songe de Pharaon, par sept vaches maigres.
Le socle sur lequel l'astrologie s'appuie doit être élargi non pas
en direction d'une nouvelle astronomie mais bien d'une nouvelle
anthropologie. Le problème, c'est que l'apprentissage de nouvelles
données astronomiques est bien plus simple à suivre que celui d'une
reconsidération de notre regard sur le monde. Pour le public actuel de
l'astrologie, apprendre un nouveau mot, lui attribuer telle ou telle
signification relève d'un comportement propre à l'enfance tandis que la
faculté de repenser les structures de la société se heurte à une certaine
idéologie ambiante pesant lourdement sur l'identité des personnes et
leurs représentations. On connaît l'anecdote de cet homme qui cherche
sa montre là où c'est éclairé pour ne pas avoir à le faire là où l'on voit
mal.
Encore que l'on puisse trouver des astrologues qui répondront
que l'astrologie étudie chaque individu dans sa globalité en se servant de
l'ensemble des astres du système solaire tel qu'il parvient peu à peu à
notre conscience grâce, justement, aux découvertes de l'astronomie.
Il importe que l'astrologie traite des problèmes sociaux les plus
brûlants, ceux de l'alternance politique, de la lutte des classes et des
sexes, de l'immigration et non des questions individuelles sinon
lorsqu'elles sont liées à des enjeux collectifs. L'homme est un animal
politique (zoon politicon) disait Aristote, c'est à dire un citoyen, un être
éminemment impliqué socialement. On parlera d'une astrologie
citoyenne. L'astrologie a à gérer une certaine diabolisation du monde
dont on trouve l'écho dans l'Apocalypse quand il y est question de
périodes où Satan est désenchaîné puis d'autres où il est à nouveau mis
hors d'état d'agir.
Les deux principaux obstacles épistémologiques que rencontre
l'anthropologie en ce début de XXIe siècle et qui sont un legs du siècle
dernier sont l'astrologie et le féminisme. Tant que l'anthropologie ne
considérera pas l'établissement d'un lien entre les hommes et les astres
comme un moment capital pour l'histoire de l'humanité - on ne parle
pas ici de la mise en place plus tardive d'un savoir rendant compte de ce
lien, ce qui fait de l'astrologie une anthropologie - et tant qu'elle
n'acceptera pas de reconnaître que le clivage hommes -femmes relève
également d'un lien constitué entre deux populations et non d'un clivage
réalisé au sein d'une seule et même population, tant que ces conditions,
donc, ne seront pas remplies, l'anthropologie ne parviendra pas à
maturité.
Il ne semble pas qu'Elizabeth Teissier ait abordé la question des
relations entre les femmes et l'astrologie dans sa thèse de sociologie
(2001). Il y a là un point aveugle qui, en vérité, concerne également ceux
qui ont cherché à montrer que l'astrologie était une pseudo-science et
qui semblent avoir butté sur un tabou. Refuser de penser la dialectique
du masculin et du féminin, non pas seulement sur le plan symbolique
mais par rapport à des populations en chair et en os, c'est à la fois
rendre assez inopérante toute forme d'anti-astrologie qui ne peut
aborder apparemment la question que de façon biaisée en s'en prenant
notamment à certaines femmes astrologues et à la fois condamner
l'astrologie à une activité prévisionnelle sans acteurs prédéterminés ainsi
qu'à se maintenir, en dépit de ses tares, uniquement par des expédients
féminins. Ce n'est selon nous qu'en replaçant le thème natal dans le
monde du féminin que l'on peut comprendre à la fois comment celui
fonctionne et à la fois pourquoi il est rejeté par le monde du masculin,
ce qui vient confirmer une différence radicale dans le mode de
raisonnement et d'appréciation du réel. Il revient à l'astrologie, si elle
souhaite se désenclaver qu'elle se démarque du boulet de l'astrologie
féminine, c'est à dire du thème astral, dont nous avons dit plus haut
qu'il constituait une provocation permanente et délibérée face à
l'emprise du masculin, exprimant ainsi la nostalgie d'un monde où les
hommes n'avaient pas encore pris le pouvoir: un monde, ironie de
l'histoire, soulignons-le, préastrologique. Car le paradoxe tient au fait
que les femmes retournent contre les hommes l'arme de leur
domination en la pervertissant, en la dénaturant au point que ceux-ci,
dépossédés, la désavouent en bloc. Rares parmi les hommes sont ceux
qui refusent d'abandonner aux femmes cette astrologie dont la plupart
renient et dénient, bien à tort, les services, ne sachant pas séparer le bon
grain de l'ivraie alors même qu'il est urgent de la réhabiliter, dans un
XXIe siècle où l'homme, s'il n'est pas au mieux de sa forme et de ses
moyens, risque de disparaître face à la complexification des enjeux,
impliquant une faculté d'anticipation à long terme de plus en plus fiable
et non une simple projection sur le futur, négligeant le mouvement, la
cinétique du Temps.

Une anthropologie du cosmos


Nous pensons que l'anthropologie doit occuper une place
centrale dans la formation des astrologues et qu'il faut, en début
d'initiation, commencer par resituer celle-ci dans sa genèse et dans ses
enjeux dans une perspective anthropologique plus encore qu'historique
ou psychologique.. L'Histoire de l'astrologie ne permet qu'une médiocre
introduction à l'astrologie d'une part parce qu'elle ne remonte pas assez
haut et d'autre part, parce qu'elle comporte une pente cumulative et
syncrétique. Quant au plan psychologique, il convient de le resituer,
d'abord, au niveau des représentations masculine et féminine du moi et
du monde. En outre, c'est ce bagage anthropologique qui permettra à
l'astrologie de bien cadrer les appartenances identitaires de ses clients et
de réaliser des prévisions en conséquence.
L'anthropologie qui convient à l'astrologie-précisons-le - ne
coïncide pas avec celle qui est en vigueur présentement et qui, au
demeurant, n'accorde pas à l'astrologie une place significative mais bien
l'anthropologie dont est issue l'astrologie ou en laquelle l'astrologie
s'intrique. Sans une anthropologie adéquate, l'astrologie serait en
quelque sorte inutilisable, inapplicable. Il ne saurait notamment y avoir
de prévision viable si l'on ne sait pas quels sont les clivages sociaux qui
sont à l’œuvre dans la mesure même où toute prévision est censée traité
de phases en alternance. Au cœur de cette anthropologie en phase avec
l'astrologie, il y a la dialectique des hommes et des femmes qu'il importe
de dégager et de privilégier, la vocation de l'astrologie étant de relier les
signes d'en haut (dans le ciel) et les signes d'en bas (sur terre). Or, si
l'astrologie est prolixe en ce qui concerne les premiers, qu'a-t-elle à nous
dire aujourd'hui à propos de ceux d'en bas?.
Si les hommes se sont intéressé aux astres pour les associer à
leur mode d'existence, c'est bien entendu par rapport à leur
connaissance du ciel et par rapport à leurs besoins organisationnels.. Il
semble que les astrologues n'aient cure de ces deux impératifs, d'où leur
utilisation d'un nombre toujours plus grand de planètes parfaitement
inconnues de l'Antiquité, de nos lointains aïeux, jonglant avec Pluton et
Chiron et multipliant a l'envi le nombre d'intercycles.
Un autre paramètre traité également avec une certaine
désinvolture est la façon dont les astrologues conçoivent que les
hommes perçoivent le temps cosmique. L'on voudrait nous faire
accepter que l'Humanité enregistre inlassablement une suite fort
complexe de configurations astrales, à commencer par la carte du ciel de
naissance, laquelle serait en permanence agitée par ce que l'on appelle
des transits, c'est à dire des passages d'astres "sur" le thème natal, tout
au long de la vie de chaque individu. Roger Héquet est un de ceux qui
rejettent le plus vigoureusement la technique des transits, laquelle se
présente pourtant comme une passerelle entre astrologie mondiale et
astrologie individuelle, il leur préfère - dans son ACB (Astro-
chronobiologie) - au mouvement spécifique de chaque cycle, la
progression égale des astres dans les 12 maisons astrologiques, sur la
base d'une correspondance entre minutes d'arc d'une part et mois et
années de l'autre.
Deux thèses s'opposent : l'une, la plus couramment admise,
selon laquelle les astres agiraient sur les hommes à leur insu, c'est à dire
selon des normes que les hommes n'auraient pas fixées mais qu'ils
seraient parvenu peu à peu à expliciter; l'autre que nous préférons qui
veut que si les astres agissent sur nous de telle ou telle façon, c'est
l'Humanité qui en a déterminé toutes les modalités, à savoir les
configurations astrales signifiantes et ce qu'elles sont censées annoncer
et fixer. L'astrologie pour nous serait la manifestation institutionnalisée
d'un mimétisme de certaines sociétés à l'égard du cosmos avec tout ce
qu'un tel processus peut avoir de simplificateur dans la mesure où le
mimétisme va de pair avec un désir d'intégration.
Il ne faut probablement pas supposer des savoirs hautement
sophistiqués dès lors que l'on admet la seconde thèse. Il ne peut s'agir
que d'un nombre très limité de facteurs célestes, relativement faciles à
suivre dans leur évolution. La Lune a certainement servi de référence,
étant donné sa cyclicité frappante. Les hommes, depuis la nuit des
temps, ont accordé de l'importance au début de chaque cycle soli-
lunaire, correspondant au mois du calendrier lunaire, à la lunaison.
L'attention des hommes de l'Antiquité a certainement été
focalisée sur la succession de ces nouvelles lunes, de ces "éclipses" de
lune. Il est probable, selon nous, que les hommes aient appris - de façon
progressivement subconsciente - à comptabiliser le nombre de
nouvelles lunes, correspondant au nombre de degrés parcourus par la
planète Saturne, l'astre le plus éloigné et le plus lent, à l'aune du savoir
antique. C'est ainsi que le cycle de Saturne correspond grosso modo à 360
mois lunaires, puisque la révolution de Saturne est de presque 30 années
(30 x 12=360). Il nous semble probable que le cycle des planètes et le
découpage qui s' y applique ait pu se calculer en nombre de nouvelles
lunes et ce d'autant que le mois est mieux perceptible, comiquement,
que l'année.
Selon nous, un système anthropologique doit être simple et
accessible au plus grand nombre pour qu'il ait quelque chance de se
répandre, de se diffuser largement. C'est la grande erreur de l'astrologie
moderne que d'avoir oublié cette vérité, ce qui a conduit à une
extraordinaire inflation de facteurs et de combinaisons célestes à
considérer. D'où un divorce évident entre astrologie et sciences sociales,
dommageable, d'ailleurs, tant à l'une qu'aux autres.
Cette exigence de simplicité se situe à deux niveaux: celui des
signaux célestes que chaque citoyen doit pouvoir repérer et identifier et
celui du clivage social en vigueur qu'il convient de gérer au moyen des
dits signaux..
On soulignera le fait que les repères liés au ciel sont a priori plus
fiables que ceux auxquels nous pouvons recourir sur terre, en ce que
nous ne pouvons pas les modifier, les contrefaire. Cependant, la lecture
des signes célestes peut faire l'objet d'une grande variété
d'interprétations si l'on ne s'en tient pas à des configurations bien
délimitées et en nombre restreint. Or, tel est bien le problème et ce n'est
probablement pas sans avoir eu d'effet sur l'image de l'astrologie, à
savoir que l'astrologie moderne a renoncé à un schéma simple comme
celui des conjonctions Jupiter- Saturne pour un ensemble beaucoup plus
touffu.

Astrologie et anthropologie du Droit

Si alliance il doit exister entre astrologie et anthropologie, il nous


apparaît que cela concerne plus spécifiquement l'anthropologie du Droit
et donc la philosophie du Droit. Il semble que la formule actuellement
en vigueur soit celle d'anthropologie juridique A la limite, le fait que
l'astrologie soit d'une part liée au Ciel et d'autre part qu'elle se situe à un
niveau subconscient ne saurait faire obstacle à un tel rapprochement.
En effet, l'on ne saurait contester que le facteur Temps puisse
être un élément déterminant pour la démarche juridique et notamment
au niveau du Droit constitutionnel mais aussi du droit religieux articulé
sur le calendrier ( Ramadan par exemple, interdictions liées à certains
jours comme le Shabbat). Or; à partir du moment où l'on se réfère au
calendrier, cela a à voir très souvent avec les luminaires (soleil, lune).
Appréhender l'astrologie non comme prévisionnelle mais comme
programmatrice et l'astrologue comme celui qui dit ce qui doit être - si
on l'écoute - et non ce qui va être permettrait d'avancer.
La science juridique gagnerait à mieux intégrer les paramètres de
temps. Elle tend de nos jours à se présenter comme étant marqué sur
l'irréversibilité. En fait, le légiste est sous pression, on lui impose toutes
sortes de contraintes: ce qu'il a accordé à l'un, il doit nécessairement
l'accorder à l'autre. S'il a donné le doigt, il lui faut donner le bras. Tout
se passe comme si le Droit allait universaliser le monde et mettre fin,
abolir, tous les clivages liés au Temps et à l'Espace. Il importe, selon
nous, de ne pas laisser le Droit être victime d'un tel chantage qui le
placera toujours plus en décalage avec les réalités sur le terrain, avec les
phénomènes de société. Selon nous, le Droit doit être pensé de façon
duelle et non pas unidimensionnelle et le droit constitutionnel nous
semble devoir faire référence, en ce qu'il programme le changement,
l'alternance. En fait que l'on considère l'astrologue comme la
manifestation du plan divin ou celle d'une invention par l'Homme d'un
futur, il est hors de question que le mal en fasse partie, d'ailleurs le
malheur des uns fait le bonheur des autres. Cependant, le fait de prévoir
une société à deux vitesses est parfaitement compatible avec la
philosophie du Droit, le modèle en étant l'enfance, et plus généralement
celui qui advient au monde ou à un nouveau monde, comme c'est le cas
de l'étranger; il importe d'éviter un syncrétisme juridique qui refuserait
de reconnaître les diverses composantes d'une société. Il importera
donc que le Droit soit mieux à même de gérer les questions liées à
l'immigration, appréhende mieux la situation des étrangers en leur
conférant un statut qui tienne compte de la spécificité de leur condition;
l'on pourrait penser à un droit international qui s'appliquerait à tous
ceux, quel que soit le pays, qui se trouvent déplacés, occupés. La
question des flux de populations doit concerner davantage la pensée
juridique mais cela vaut aussi pour toutes sortes de mouvements qui
relativisent et rendent plus poreuses les prétendues entités que sont les
territoires, les langues, les économies. Droit du sol et droit du sang
doivent pouvoir , en accordant des statuts distincts, cohabiter au sein
d'un même Etat ayant à gérer des populations offrant des profils très
divers, les unes offrant une homogénéité, les autres une hétérogénéité;.
entendons par là que, selon nous, certains ensembles se caractérisent
par leur relative uniformité alors que d'autres se caractérisent par
l'extrême diversité de leurs composantes, ce qui donne deux modes de
sociabilité bien différents et qu'il ne faut pas chercher à résorber et
encore moins à nier. Il y a là un paradoxe: c'est pour éviter la diversité
des statuts que l'on va chercher à tout unifier et ce faisant, l'on va
aboutir à rassembler des populations extrêmement différentes, ce qui
nous conduit re que le refus du syncrétisme juridique débouche sur le
syncrétisme social.
Quant à la question du subconscient, la sociologie du Droit ne
saurait contester que bien de nos comportements sont dictés par
l'environnement social sous une forme qui est loin d'être toujours
explicite et explicitée - c'est le non dit, l'allant de soi, ce qui rend
d'autant plus difficile l'intégration d'étrangers qui n'apprennent que
l'interdit. Cela dit, il n'est pas évident de faire accepter par des juristes
que certaines lois ont finalement pu s'ancrer en nous, en un inconscient
collectif, en un instinct juridique qui nous pousse, sans avoir été
autrement formés et conditionnés par notre éducation, à rechercher des
repères, des signes pour nous diriger, ce qui ferait de nous un zoon
politico - un animal politique -, un homo juridicus, un citoyen génétique..
On touche là à l'épistémologie du Droit, c'est à dire aux fondements
anthropologiques de la Loi, à son support. En fait, il faut en revenir au
grand juriste Jean Bodin (1530-1596) qui considérait, que l'astrologie des
grandes conjonctions avait son mot à dire dans l'étude des changements
de républiques..

Astrologie et mouvements de population

S'il fallait définir par une brève formule la fonction première du


modèle astrologique central, dépouillé de ses satellites divinatoires qui
sont d'abord une divination à partir de la position des astres, passant par
une succession de clichés, de "messages", nous dirions que l'Astrologie
ou l'anthropo-astrologie a vocation à étudier les mouvements de
population. Et quand on a dit cela, on a tout dit. Car un tel mouvement
se situe nécessairement dans l'espace et dans le temps puisqu'il implique
un déplacement et donc un moment qui sera celui du dit déplacement.
Nos sociétés actuelles semblent mal maîtriser une telle
dynamique ou du moins ne pas en savoir gérer et prévoir les
conséquences et le traitement, comme on l'a vu encore récemment avec
la crise des banlieues en novembre 2005. L'on risque ainsi d'aboutir à un
monde figé où les populations ne pourront plus se mouvoir en dehors
de limites très strictes, où toute mixité fera problème. Insistons sur le
fait que ces manifestations, comme cela a été montré par les
Renseignements Généraux, peuvent être considérées comme
spontanées. C'est justement le propre d'un phénomène astro-cyclique
que cette synchronie comportementale, non concertée consciemment
mais certainement subconsciemment, qui conduit individuellement des
personnes à) adopter un comportement similaire, à un moment donné.
Il y a là un paradoxe, à savoir que ce qui est de l'ordre du bagage
génétique ou du collectif subconscient se manifeste par le canal
individuel. C'et ainsi chaque femme - ou plus largement chaque femelle
- prise individuellement, qui assure la continuité de l'espèce.
Inversement, au niveau de la transmission culturelle, c'est la société,
l'éducation, le milieu, qui sont le vecteur principal. Il y a là deux
mouvements en sens inverse et complémentaires qui pourraient se
résumer dans l'opposition inné/acquis tout en sachant que ce que l'on
appelle inné est au départ, au niveau phylogénétique, un acquis; on dira,
pour paraphraser un slogan publicitaire, que l'inné est un acquis qui a
réussi. Ajoutons que l'inné continue à se développer après la naissance,
ce qui soulage d'autant la mère d'avoir à porter l'enfant plus longtemps.
Tout le débat est de déterminer ce qui relève de l'un et de l'autre,
notamment au niveau de la sexuation : opposition entre sexe et
genre.(d'abord connu en "anglais" sous la forme gender) et l'astrologie, du
moins en certaines de ses formes, est au cœur d'une telle controverse.
A entendre certains, la circulation des personnes d'un ensemble
vers un autre devrait idéalement impliquer une absorption immédiate
par le nouvel ensemble et de reprocher aux divers ensembles de ne pas
être suffisamment attractifs et puissants pour ne pas permettre une telle
assimilation dans les plus brefs délais.
En réalité, de tels mouvements sont réversibles et cette idée de
melting pot doit rester assez superficielle. Il existe bel et bien des
situations temporaires, des personnes qui sont en transit (pas dans le
sens astrologique du mot!) et si c'est le cas, les sociétés doivent leur
organiser un statut particulier.
Quels sont ces mouvements de population et à quoi sont-ils
dus? Ils peuvent être le fait d'une conquête, un pays en envahissant un
autre, complètement ou partiellement, y établissant des têtes de pont, y
développant des colonies et ayant donc affaire à une population locale,
indigène. On débouche nécessairement sur une dualité sociale et sur
une certaine hiérarchisation. Parfois, en se retirant, la puissance
impériale, coloniale, emmène avec elle une partie de la population
locale, ce qui donne une forme d'immigration qui va perpétuer les
structures en question, même si l'on pourrait être tenté de parler d'un
renversement de situation et qualifier d'invasion ou de conquête toute
présence étrangère.
Mieux une société aura appris à gérer une telle cohabitation,
moins elle sera secouée par certains tropismes liés à une certaine
cyclicité socio-cosmique. Il y a des périodes au cours desquelles le
passage d'un groupe à l'autre est facilité, c'est un peu comme le Nil qui
inondant ses rives y dépose un limon. Mais le Nil finit bien par se
retirer, selon un processus de flux et de reflux, assez semblable à celui
élaboré par les hommes au niveau des signaux célestes mis en place.
Cette phase de reflux exige que les deux entités en présence se
replient chacune de leur côté et ne prétendent pas ne faire qu'une même
si des éléments communs ont pu s'instaurer sur le plan juridique
notamment. Une fois de plus, l'on touche à la philosophie du Droit
avec le tabou de la dualité des statuts.
Pour l'astrologue observant le monde, il doit être possible de
prévoir les phases qui faciliteront les transitions, les passages mais aussi
celles qui en limiteront les effets et mettront en évidence le maintien de
différences à certains niveaux. Il s'agit d'ailleurs, ce faisant, de montrer
que l'on ne peut ignorer le travail du temps et de l'espace sur les
structures mentales et que l'on ne règle pas des problèmes en quelques
années, surtout si la politique suivie par les uns et par les autres varie.
Il faut bien comprendre que si les mouvements de populations
n'étaient pas réversibles, ils seraient considérablement freinés ou bien
cela pourrait encourager carrément l'élimination de certaines d'entre
elles jugées inassimilables. .En revanche, si une société a su se doter
d'un appareil juridique adéquat, elle pourra supporter ces mouvements
périodiques, dans un sens comme dans l'autre, sans trop de drame, ce
qui implique de ne pas proférer des promesses qui ne seront pas tenues.
Sans faire de mauvais jeu de mots, nous dirons que les transferts
de population sont dus à une relation de transfert, au sens
psychanalytique du terme, par rapport à la population d'accueil - le mot
étant pris ici dans un sens très large. Il ne faudrait donc pas, pour filer la
formule, tomber dans le contre-transfert en s'efforçant désespérément
de correspondre littéralement à une telle attente.
A partir d'un tel modèle, l'astrologue pourra se pencher sur les
diverses situations dues à la cohabitation, que ce soit du fait de
l'annexion d'un territoire ou de l'immigration/ émigration qui peut en
être, d'une façon ou d'une autre, la conséquence et ainsi déterminer les
régions du monde - parfois en des lieux très éloignés les uns des autres -
qui seront, le moment venu, les plus vulnérables. Et ce sans avoir à
regarder dans le ciel, recourant à quelque astrocartographie (cf les
études de la belge Astrid Fallon) ou à une typologie géopolitique des
cycles (chez André Barbault) où se produira l'impact de telle
configuration.

Astrologie et symbiose

Il y a un mot clef pour situer l'astrologie, c'est celui de symbiose


et l'astrologie selon nous relève du champ épistémologique de la
symbiologie, tant sur le plan des phénomènes que sur celui des textes. Il y
a symbiose lorsque deux plans fort différents s'allient, se connectent,
soit de concert, soit unilatéralement. Il peut s'agir de deux peuples qui
cohabitent au sein d'un même Etat, de deux espèces qui ont lié leur
modus vivandi, et bien sûr de la relation hommes-astres. Le mot symbiose
appelle celui de lien, de religion (du latin religare, relier), d'alliance, que
l'on retrouve aussi dans obligation. Un astre qui se satellise par rapport à
un autre constitue une symbiose tout autant que lorsqu'une langue se
met à la traîne d'une autre comme dans le cas de l'anglais par rapport au
français, depuis le XIe siècle.
Une des fonctions de la démarche scientifique est de maintenir
une certaine conscience de l'état de symbiose, c'est à dire d'en faire le
relevé le plus systématiques, tous domaines confondus. On pourrait
parler de tabous opposés et complémentaires: tabou quant à l'oubli de
la symbiose et donc de la différence mais aussi tabou de rappeler qu'il y
a eu symbiose
Dès lors qu'il y a symbiose, il y a des échanges d'énergie ou
d'information entre les deux plans et dans bien des cas la conscience de
ces échanges fait place, avec le temps, à des automatismes
subconscients.
Celui qui est doué pour la recherche scientifique doit être doté
d'un flair pour repérer les symbioses, c'est à dire pour détecter sous le
vernis post symbiotique les traces de ce qui s'est réellement passé et ce
d'autant que l'état symbiotique n'est jamais définitivement forclos. D'où
une conflictualité chronique entre ceux qui affirment qu'il y a symbiose
et ceux qui nient qu'il y a symbiose. Mais dans ce second groupe, encore
faut-il distinguer entre ceux qui nient l'existence d'un lien entre tel et tel
plan et ceux qui nient que les deux plans en question aient jamais été
séparés avant d'être, à un certain moment, connectés. Entre ceux qui
parlent de symbiose zéro et ceux qui parlent d'une unité originelle, il y a
place pour une troisième voie, celle de l'émergence historique d'un état
symbiotique.
Il y a avec l'instrumentalisation et la symbiose deux obstacles
épistémologiques. Tout comme l'instrumentalisation joue sur la
présence de l'absence, selon une formule chère au poète astrologue Jean
Carteret, c'est à dire sur le fait que l'objet utilisé est à la fois présent
dans son apparence et absent dans son essence, la symbiose est une
présence qui n'exclue pas une absence, une alliance qui n'abolit pas la
différence. C'est la difficulté à assimiler ces deux problématiques qui
rend compte d'un certain nombre de malentendus tels que l'anti-
astrologie et l'antisémitisme. Dans le cas de l'anti-astrologie, il y a un
refus d'accepter qu'un lien puisse exister sans que celui-ci implique un
émetteur et un récepteur, que le récepteur puisse avoir conditionné et
délimité son rapport à l'émetteur qu'il s'est choisi. D'ailleurs, beaucoup
d'astrologues refusent ces notions d'instrumentalisation et de symbiose
qui leur paraissent trop volontaristes et donc qui ne sauraient générer
que des états précaires alors même qu'ils veulent bâtir l'astrologie dans
du roc. Dans le cas de l'antisémitisme, il est souvent reproché aux Juifs
de revendiquer leur différence tout en se prétendant parfaitement partie
prenante des cultures et des sociétés où ils demeurent. Sans la grille
symbiotique, la question juive est difficile à cerner car c'est par cette
grille que l'on comprend qu'il puisse exister un va et vient de la
conscience, à savoir un passage de l'état originel séparé à l'état
symbiotique forcément plus tardif et qui constitue une strate nouvelle
mais qui n'évacue pas totalement la strate précédente. Bien plus, il ne
serait pas sain, épistémologiquement, que l'on oubliât que la symbiose
est le fait d'une décision et qu'elle ne peut être parfaite dans la mesure
même où elle n'est pas une simple subdivision d'un état antérieur
unique. Entendons par là que ce serait faire injure à notre intelligence
que de nier ce qu'il y a délicat dans les processus d'instrumentalisation et
de symbiose. Il y a là comme un hiatus, une solution de continuité que
nous devons assumer mais qui implique périodiquement un
basculement dans l'un ou l'autre sens. Il semble, au demeurant, que les
Juifs ont peut être conservé/préservé une faculté de différenciation plus
aiguë que d'autres populations, ce qui leur permet de repérer et de
respecter les lignes de clivage au sein des ensembles en apparence les
plus compacts, ce qui implique une déconstruction (Derrida), un
décorticage qu'ils n'appliquent pas seulement à leur mode d'existence
mais qui marque aussi leur mode de pensée, tout en étant capables de se
fondre au sein des sociétés les plus diverses, du fait précisément qu'ils
ne craignent pas de s'y perdre. Le rôle du politique est de générer des
symbioses, ce qui peut passer par la conquête, la colonisation tandis que
le rôle du scientifique est de repérer et de signaler ces symbioses et l'on
pourrait dire de les psychanalyser. Dans le cas de l'astrologie, nous
avons un étrange mélange d'un savoir qui prétend désymbiotiser le
monde et en fait le désenchanter - en affirmant avoir pu isoler les
différents paramètres planétaires et zodiacaux les uns des autres pour
ensuite les recombiner - alors qu'il est lui-même fortement symbiotique,
syncrétique.
Pour qu'il y ait symbiose réussie, il importe que chaque
partenaire échange avec l'autre sa dimension féminine par un processus
exogamique. Réussir une symbiose exige donc de distinguer au sein d'un
groupe le masculin et le féminin, le féminin étant la partie amovible.
C'est ainsi que dans le domaine de la consommation, les brassages sont
chose commune: on se met à manger les plats d'une autre culture, c'est
ainsi que la cuisine des pays musulmans a envahi la France, du couscous
au falafel, en dépit des tensions qui existent par ailleurs. Où passe la
frontière au sein d'une culture entre ce qui est exportable ou importable
et ce qui ne l'est pas? Nous dirons qu'il faudrait distinguer ce qui exige
une longue initiation et ce qui peut être apprécié immédiatement, sans
préparation particulière et qui a vocation à la supranationalité. Le mot
culture a deux sens: un sens féminin quand il s'agit d'un certain bagage
de connaissances - on parle d'une culture générale - et un sens masculin
quand il s'agit d'un mode de penser, une certaine façon de s'exprimer -
on parle ainsi de la culture française. La symbiose, en définitive, si elle
fait moins problème dans le registre féminin ne prend vraiment son
sens que dans le registre masculin, puisque la symbiose est la
reconnaissance de la différence irréductible de l'autre, d'où la nécessité
de s'en faire un allié. Quand l'autre est imitable, il n'y pas de besoin de
symbiose puisque je peux me passer de sa présence, me contentant de
récupérer ce qui se situe dans son registre féminin. L'exogamie n'est pas
la symbiose, l'une est de l'ordre du féminin, l'autre de l'ordre du
masculin.
Pour qu"un milieu ne se referme pas sur lui--même, il faut qu'il
se dualise et détermine ainsi ce qu'il peut donner et recevoir d'un autre
milieu. La partie féminine, c'est en fait celle qui est interchangeable. Il
convient donc de revenir à l'idée que toute famille doit doublement
s'ouvrir vers l'autre, par l'échange réciproque des femmes. A contrario,
une conception trop figée de la famille, qui ne laisse pas les filles plus
libres de leurs mouvements que leurs frères peut avoir des effets
pernicieux notamment quand il y a des enjeux d'intégration. La notion
de virginité signifie pour nous qu'une fille doit rester vierge, c'est à dire
qu'elle ne doit pas être par trop imprégnée (ce qui est à rapprocher de
pregnant, enceinte, en anglais) de quelque culture que ce soit, de façon à
pouvoir intégrer sans peine le milieu de l'homme qui lui sera destiné.

Astrologie et sciences sociales

Il y a ceux qui veulent que l'astrologie ait à voir avec


l'astronomie et avec la biologie et qui pensent qu'il faut aligner la dite
astrologie sur les avancées de ces deux disciplines. Pour notre part, nous
considérons que l'astrologie est une instrumentalisation du ciel comme
du vivant, c'est à dire qu'elle s'en sert selon ses besoins à un certain
stade de structuration de la société et selon son savoir, tel qu'il existe à
un certain de développement scientifique de l'humanité. Aller au delà,
c'est basculer dans l'anachronisme, maladie la plus fréquente de tout
modernisme appliqué à l'humain.
Nous ne suivrons donc pas un Roger Héquet quand il relie le
thème natal avec l'ADN. L'apparition de l'astrologie est bien postérieure
tant aux phénoménal astronomiques que biologiques, et c'est justement
pour cela que nous parlons d'instrumentalisation de ce qui est déjà là
puisque toute instrumentalisation est une relecture du monde, se situe
dans une approche non pas surnaturelle mais post-naturelle,
métaphysique, au sens de ce qui se place après la physique.
Paradoxalement, cette modernité astronomico-biologique, qui
n'est d'ailleurs pas sans quelque fondement, nous ramène à un état pré-
astrologique. C'est le destin de la science de nous faire régresser
mentalement alors même qu'elle nous dévoile des réalités cachées. Cela
nous fait penser à quelqu'un qui aurait inventer une machine à remonter
dans le temps mais qui ne pourrait pas couvrir les 500 dernières années
et accéderait en revanche au temps de César.
Certes, Uranus n'a pas attendu le XVIIIe siècle pour exister mais
Uranus appartient à un univers préhumain, qui n'est pas à la taille de
l'homme puisque l'on imagine mal les hommes d'il y a quelques
millénaires se fatiguer à repérer de temps à autre cet astres qui n'est pas
tout à fait invisible à l’œil nu, à la différence de Neptune. En d'autres
termes, la découverte d'Uranus en 1781 n'est d'aucune utilité pour
l'astrologie tout comme le scénario du big bang. Il faut que la machine à
remonter le temps s'arrête au bon endroit, ni trop tôt ni trop tard et
parfois l'hypermoderne peut rejoindre l'hyperancien. Selon certaines
études génétiques, notre cerveau se rapprocheraient de celui d'êtres
beaucoup plus primaires, comme les mouches. L'astrologie relève d'une
valeur ajoutée - tout comme l'humanité - et rien ne serait pire que de
vouloir aligner nos conceptions sociales sur les résultats de ces sciences
qui remontent bien en amont de ce qui constitue la dite Humanité.
La modernité peut bel et bien nous ramener à un stade présocial
quand on observe l'isolement moral dans lequel vivent de plus en plus
de gens, du fait même du progrès de la communication virtuelle. Face à
notre moi, le monde alentour risque de nous apparaître comme
supplétif. Certes, la biologie met-elle l'accent sur la spécificité de chaque
individu mais nous pensons que l'astrologie, tout au contraire, accentue
ce qui relie l'individu au collectif par le fait même d'une référence
cosmique commune. Autrement dit, le dépassement de l'individu serait
le fait même de l'astrologie et il est donc paradoxal que l'astrologie soit
considérée comme justifiant ce qui est d'ordre individuel alors qu'elle
vise à conférer un champ de conscience commun à tous les membres
d'une société qui a fini par le biais de l'exogamie à se diffuser à l'échelle
de la planète. C'est une autre loi du talion :non plus oeil pour oeil mais
fille pour fille : tu me prends ma fille, je te prends la tienne.
Les principaux acquis de nos sociétés échappent pour l'heure
totalement aux sciences dures voire aux sciences du vivant et parfois au
nom de ces sciences, l'on en arrive à nier la pertinence de certains
clivages majeurs mais apparus postérieurement aux phénoménal étudiés
par les dites sciences. L'astrologie, elle-même, est d'ailleurs victime de
tels préjugés qui veulent réduire le monde à ce que l'on en comprend
présentement.
Certains astrologues s'imaginent pouvoir faire l'impasse sur
l'anthropologie et prendre langue directement avec l'astronomie et/ou la
biologie modernes. Or, l'anthropologie est bien mieux en mesure
d'expliciter l'émergence d'un certain fait astrologique. Sous prétexte que
l'astrologie est liée, quelque part, avec l'astronomie, cela n'est nullement
une raison pour qu'elle y cherche son fondement épistémologique alors
qu'elle n'y trouve en fait qu'un support cyclique réduit, selon nous, à
une seule planète du système solaire en aspect avec des étoiles fixes. La
profusion des corps célestes qui circulent dans le système solaire et le
constituent devrait laisser l'astrologie parfaitement indifférente.
Un autre risque de contresens est à signaler dès lors que l'on
observe la femme et le phénomène de la procréation. S'il est vrai que
l'homme initie le processus en pénétrant la femme, nous n'en pensons
pas moins que la femme se trouve au commencement des choses,
l'homme intervenant à un stade plus tardif. Le sperme de l'Homme est
reçu par le corps de la femme. Au vrai, l'homme correspond à un stade
plus avancé parce que plus tardif et donc retrouver le stade le plus
ancien n'est pas ipso facto restituer ce qui est certes ancien pour nous
aujourd'hui mais qui était fort nouveau en son temps. Si l'on part non
pas du moment de la procréation - moment mal connu pendant des
millénaires- mais de celui de la naissance, c'est bien sa mère que l'enfant
connaît en premier, dans son ventre puis dans ses premières années,
lors de son apprentissage minimal de la société. Une femme par trop
familiarisée avec le monde dans lequel entre l'enfant risque de le saturer
alors que si c'est une étrangère, elle sera plus à son niveau. L'enfant, en
outre, parviendra mieux à différencier ses deux parents.
Une autre voie empruntée par les astrologues dits spiritualistes
consiste à faire du thème astral la carte d'identité de l'âme qui se
réincarne; cela vaut aussi pour l'astrologie karmique d'une Dorothée
Koechlin de Bizemont ou d'une Irène Andrieu. Il ne s'agit pas ici de
discuter de la validité de la réincarnation mais de s'interroger sur son
rapport avec l'astrologie. Une fois de plus, une philosophie
hyperindividualiste tente d'instrumentaliser l'astrologie en lui faisant
faire un virage à 180°, dans la mesure où l'astrologie aurait au contraire
vocation à dépasser les clivages individuels au profit d'une appartenance
à une même cyclicité vécue synchroniquement. Même le champ
prévisionnel en est arrivé à faire dévier cette cyclicité en tant que vécu
collectif vers une cyclicité individuelle axée sur les transits ou les retours
périodiques des planètes sur leur position natale. Il est certes louable de
la part d'un Christian Urvoi de vouloir fonder l'astrologie sur les
expériences de l'après mort, l'astrologie étant bel et bien en quête
d'alliances mais pas n'importe lesquelles. L'astrologie karmique d'Iréne
Andrieu ou l'astrologie holistique de Pierre Lasalle, comme l'astro-
psychanlyse d'André Barbault, ou les recherches d'un Alain Couvrat sur
la PNL, cherchent ainsi à donner ses lettres de noblesse au thème astral,
s'efforçant, en tout cas, d'intéresser à l'astrologie les milieux marqués
par les différents courants psychologiques ou/et spiritualistes qui ont
tous en commun de se focaliser sur les arcanes du moi.
Il est temps que les astrologues trouvent leur voie au lieu de
vivre aux crochets de telle ou telle science qui n'en a cure. Ce ne sont
pas les planètes du système solaire qui ont permis au vivant d'exister
mais bien le vivant qui, à un certain stade de son essor a su se servir des
astres, ce qui a donné l'Humanité. On dira que l'astrologie se situe déjà
dans un temps où le monde n'est plus structuré mais structurant. Les
astrologues qui soutiennent que le cosmos structure le monde font
fausse route, c'est le monde qui structure le cosmos, un cosmos dont en
effet il est issu. Pour faire image, il y a un temps passif qui est celui qui
va analogiquement de la nouvelle lune à la pleine lune et qui est celui du
monde en train d'être structuré et un temps actif qui va de la pleine lune
à la nouvelle lune qui est celui d'un monde qui se structure en conférant
aux objets qui le composent un nouveau sens, selon une logique binaire:
à savoir qu'il est des objets qui comptent ou d'autres qui sont laissés
pour compte. Il appartient aux sciences de l'Homme d'examiner
comment un tel tri s'est opéré entre ce qui est retenu et ce qui ne l'est
pas. Nous dirons que ces sciences ont pour objet de comprendre
comment l'Humanité a décidé de s'inscrire dans le monde. Les sciences
dures - et nous y incluons aussi bien l'astronomie que la biologie -
étudient le temps passif et les sciences de l'Homme - et nous y incluons
l'anthropologie, l'astrologie, le Droit, l'Histoire - le temps actif. Si
l'astrologie a pu devenir une réalité, c'est parce que des sociétés entières
se sont donné le mot et que certaines habitudes ont forgé en l'Homme
une seconde nature, ce qu'a bien montré Pierre Bourdieu avec le
concept d'habitus. Or, c'est bien ce qu'est l'astrologie, non pas une
"première" mais bien une "seconde" nature et tel est le vrai débat qui
désormais divise le milieu astrologique et bon plus comme dans les
années soixante l'opposition entre influence physique selon Jean-Pierre
Nicola et synchronicité selon André Barbault. Depuis les années Quatre
Vingt, un nouveau modèle a pris une certaine importance que Suzel
Fuzeau-Braesch décrit sous le nom de Mueller-Halbronn, du nom des
deux chercheurs qui séparément ont voulu placer les conditions
d'émergence de l'astrologie dans le champ des sciences sociales, ce qui
confère à l'Humanité la responsabilité de sa connexion avec certaines
configurations astrales. C'est grâce à l'émergence d'une telle symbiose
que l'Humanité a pris définitivement l'avantage sur d'autres formes de
vie animale, non pas en subissant son environnement mais à
l'investissant. Les espèces dominantes sont celles qui ont su exploiter à
leur profit, grâce à leur sens de l'observation, certaines particularités de
la nature: certains courants maritimes, certains vents, certains astres, ce
qui leur a conféré une surpuissance, apprenant ainsi à mieux se
déplacer, se mouvoir dans l'Espace comme dans le Temps, par rapport
à d'autres espèces qui n'ont pas su s'y prendre. Encore ne faudrait-il pas
exagérer une telle aptitude à observer : certains astrologues ne se privent
pas d'affirmer que les hommes ont su décrypter les significations
astrales. Or, une telle hypothèse, "haute", n'est nullement indispensable
car l'on peut tout à fait se satisfaire de l'hypothèse "basse" consistant à
une projection des catégories sociopolitiques sur le ciel, lequel ciel étant
découpé selon les moyens du bord.
Certes, si l'on s'intéresse à un objet en le considérant comme un
signal de ce que le groupe a à faire ou à ne pas faire, à un moment
donné, les diverses émissions émanant de cet objet finiront bien par
être perçues de façon préférentielle par notre organisme mais cela ne
signifie aucunement que tous les objets qui nous environnent, sous
prétexte qu'ils sont également émetteurs, soient susceptibles d'exercer,
eux aussi, quelque effet et qui plus est un effet différent - comme le
prétendent bien des astrologues de nos jours qui s'épuisent à trouver de
nouveaux besoins sémantiques pour ne pas laisser au chômage les
nouveaux astres découverts. C'est négliger, ce faisant, la dimension
sélective et constitutive de l'environnement - lequel ne s'autoqualifie pas
mais est qualifié par l'Humanité qui ce faisant passe par une mutation -
au cœur même de la démarche astrologique.
Affirmer qu'il existe un lien entre Tradition et Modernité,
tradition et Science nous semble assez aléatoire si par là l'on devait
entendre que notre modernité présente coïncide nécessairement avec la
Tradition. Nous pensons tout au contraire que cette modernité ne nous
permet pas encore d'appréhender celle-ci mais est décalée par rapport à
elle. En revanche, il est fort possible que si l'on admet que telle tradition
correspond à un certain état de la Science à venir, que la dite tradition
puisse nous aider à accéder plus rapidement à l'état en question dont
elle est le reflet en creux, sinon l'expression directe.
C'est l'histoire de l'outil dont on ignore le mode d'emploi voire l'emploi
tout court. Prenons l'exemple d'un presse-citron dont on ignorerait qu'il
a besoin de citrons pour fonctionner. L'astrologie fait penser à ce
presse-citron sans citron; à partir du presse-citron peut-on déduire à
quoi ressemble un citron?Imaginons que l'on veuille se servir du presse-
citron pour manger de la soupe et que de ce fait, on déclare que le
presse-citron n'est pas complet, qu'il lui manque quelque accessoire.
Est-ce donc l'accessoire qui manque ou bien l'objet auquel on veut
appliquer l'outil qui n'est pas le bon? Ajoutons qu'une musique peut être
jouée par un instrument pour lequel elle n'a pas été conçue; cela
n'empêchera pas que l'on pourra jouer quand même cette musique.
Plutôt que de dire que "cela marche", il faudrait plutôt dire que cela
marche quand même. La vérité n'est souvent que statistique et souffre des
exceptions qui n'en sont souvent qu'en apparence et temporairement et
il peut être tentant de vouloir conférer une signification exorbitante à ce
qui semble ne pas confirmer la règle. Certaines personnes s'imaginent
que le monde est fait de serrures que l'on ouvre ou que l'on n'ouvre pas
selon que l'on a ou que l'on n'a pas la bonne clef. Mais dans bien des
cas, la mauvaise clef parvient à ouvrir une serrure qui n'est pas la bonne.
Nous dirons qu'au début, l'on ne distingue pas immédiatement si
quelque chose convient ou ne convient pas, fait ou non l'affaire - il faut
souvent du temps pour prendre conscience de son erreur - ce qui ouvre
la voie au mimétisme, au faux semblant. Imaginons un imposteur qui
entrerait dans une salle de classe et qui prétendrait être le nouveau
professeur d'histoire. C'est la confusion entre l'émetteur et le récepteur,
le récepteur se prenant pour le récepteur en ce qu'il répète et utilise ce
qui a été produit. Tant qu'il n'a pas ouvert la bouche, on peut le croire et
même il peut encore faire illusion un certain temps au point que s'il
trouvait un prétexte pour s'arrêter avant d'être allé trop loin et être
démasqué, il pourrait éventuellement bénéficier d'un préjugé
favorable... Or, la consultation astrologique se déroule souvent dans un
temps bref et sur une seule fois, ce qui ne donne pas le temps au temps
de s'apercevoir de certaines carences ou impropriétés. Molière nous a
donné le Médecin malgré lui. mais d'autres ont campé l'Astrologue feint. Si
un faux astrologue peut donner satisfaction, cela montre bien que
même si un vrai astrologue est apprécié, cela ne prouve pas grand
chose. On connaît le cas d'astrologues donnant satisfaction à leur client
avec un thème dont ils s'aperçoivent par la suite qu'il était faux.
A partir de l'astrologie ne serait-il pas, demandera-t-on,
envisageable de favoriser un certain progrès des sciences sociales si l'on
admet que chaque science est liée à un certain stade de développement
de l'Univers? Tout comme l'astronomie moderne nous met en phase
avec l'origine du dit Univers l'astrologie nous connecterait avec un stade
beaucoup plus tardif, celui d'une Humanité réfléchissant cet univers
non sans le déformer, le diffracter à sa guise, induisant ainsi comme une
seconde Création du monde, beaucoup plus récente, dont le Livre de la
Genèse nous restituerait, peu ou prou, le récit. On conçoit qu'un tel
rapprochement entre Astrologie et Religion Scripturaire ne pourrait que
renforcer les positions de l'Astrologie tout comme d'ailleurs celles de la
dite Religion. C'est dire que l'astrologie se tromperait d'alliance en
continuant de tenter de trouver son fondement dans la science de la
première et non de la seconde Création. Certes, plus l'on remonte dans
le temps, plus l'on peut espérer trouver une origine commune à tout ce
qui gravite dans l'univers mais comme avec une machine à remonter le
temps (H. G. Wells), l'on risque de se reporter trop loin en arrière, à un
stade où l'humain tel que nous le connaissons n'a pas encore émergé et
un tel globalisme nous apparaît comme singulièrement nivelant et
manquer sa cible.. On aurait d'une part une astrologie née avec le
monde et polyplanétaire et de l'autre une astrologie élaborée par
l'Homme et monoplanétaire. En n'adoptant qu'un seul paramètre à
savoir une seule planète- comme nous pensons que ce fut le cas avant
que ces deux astrologies ne fusionnent- ce qui correspond au
monothéisme - c'est à dire en opérant un choix, l'Homme impose, dicte
sa Loi au cosmos puisqu'il restructure à sa manière.

Pour une astro-anthropologie

Notre idée de l'astrologie vise à déterminer un champ


spécifique pour lequel elle serait incontournable, ce qui ne saurait être le
cas de ce qui est de l'ordre de l'individuel ou de l'événementiel. Nous
serions sensiblement plus proches des perspectives de la Nouvelle
Histoire d'un Marc Bloch, fondateur des Annales d'Histoire économique et
sociale, en 1929. Il ne s'agit pas simplement de prendre en compte la
"longue durée" mais bien d'appréhender des mouvements socio-
politiques très profonds et très anciens, à savoir les enjeux les plus
fondamentaux de nos sociétés : sexuation, immigration, mécanisation,
éducation.
Si chaque individu est marqué par une hérédité collective, il n'en
reste pas moins que le phénomène déterminant est celui du grand
nombre. L'étude des cas individuels ne saurait être qu'une application de
lois générales et les astrologues procèdent comme si ce stade préalable
était résolu, passant ainsi prématurément à l'approche individuelle ou
événementielle - tel individu, tel événement bien précis.
Le jour où les sciences sociales reconnaîtront l'apport de
l'astrologie à la compréhension des phénomènes sociaux les plus
fondamentaux, l'astrologie aura retrouvé sa place. C'est dire que l'astro-
psychologie ne saurait être qu'un prolongement de l'astro-anthropologie
mais qu'en aucun cas l'astro-anthropologie ne saurait s'appuyer sur les
résultats d'une astro-psychologie s'articulant, de quelque manière que ce
soit, sur le thème astral.
L'astrologie cesserait alors d'être un phénomène de société pour
être l'étude des phénomènes sociaux. Cela peut certes passer par la
statistique puisqu'il s'agit de décrire les tropismes de millions de
personnes au cours de la même période de temps ou/et au cours de
périodes du même ordre.
Si l'astrologie veut s'intégrer pleinement dans le champ des
sciences sociales, il convient qu'elle adopte une théorie prévisionnelle
adéquate, ce qui implique pour elle de renoncer à l'idée d'une Humanité
soumise à des forces extérieures et non programmées par les besoins
sociétaux. Si l'humanité s'est connectée à un certain ciel - et non au ciel
tout entier connu et à connaître! - c'est pour progresser, pour améliorer
ses performances. Si elle a accordé quelque pouvoir à des astres lents
comme Jupiter ou Saturne, c'est pour ne pas dépendre uniquement d'un
cycle annuel qui est celui de toute la Création. Ce qui signifie que l'on
veut dépasser un mode de vie à trop court terme, échapper à une vie au
jour le jour avec ce que cela a de précaire. L'astrologie aurait ainsi
permis une expansion du temps social et par là même de l'espace social
dès lors que ce temps social s'impose à tous, tous clivages confondus et
dépassés. Non pas certes que l'ancienne (micro)évenementialité ait
disparu mais elle doit désormais, sous le régner de l'astrologie, se
soumettre à des périodicités plus structurées, se déployant sur plusieurs
années et ce n'est donc pas le rôle de l'astrologie que d'avoir à rendre
compte de cette évenementialité primitive puisque elle a été conçue
pour en relativiser la prégnance.
Ceux parmi les astrologues, comme aujourd'hui un Roger
Héquet, qui revendiquent pour tâche assignée à l'astrologie de vaticiner
sur une succession par trop rapide de situations et de circonstances
dévoient l'esprit de l'astrologie et peu nous importe, au demeurant,
qu'ils puissent arguer de résultats quelconques lesquels ne
correspondent à aucune tendance lourde de l'existence. L'astrologue,
ainsi, au lieu de fournir à nos sociétés un plan clair et s'étendant sur une
certaine durée, intervient au coup par coup, voulant ainsi réduire nos
existences à du cabotage sans grande envergure et en fait à un simple
mode de survie. Pour cette astrologie prédictive, les événements se
suivent et ne se ressemblent pas, d'où son exigence de précision qui
trahit l'inconsistance du projet en ce qu'il est incapable de faire ressortir
des périodes au cours desquelles un même type d'événement serait
récurrent, et ce d'autant que chaque individu serait marqué par une
temporalité différente, décalée par rapport à celle du voisin, sans
qu'aucune dialectique sociale ne soit mise en avant, impliquant quelque
relais, quelque roulement. L'on se rapproche assez gravement d'une
forme d'autisme, marqué par une difficulté à ajuster vie intérieure et vie
extérieure, le moi et autrui.
L'on comprend pourquoi un certain discours astrologique ne
peut que générer de l'anti-astrologie. Ce n'est pas l'astrologie qui est
visée et condamnée mais bien les valeurs au service desquelles elle se
prostitue. Le problème, c'est que ses adversaires jettent le bébé avec
l'eau du bain et ne savent pas séparer une "bonne" et une "mauvaise"
astrologie, ignorant que la bonne est le meilleur antidote contre la
mauvaise.
L'approche anthropologique est un garde-fou tout comme l'est
une certaine exigence de cohérence du clavier utilisé. D'une part, en
effet, on n'envoie pas une fusée qui n'est pas en état de voler et on ne
peut multiplier indéfiniment les expériences sans un minimum de
garanties au départ - ce serait ruineux et le budget serait très vite épuisé
- sauf si évidemment on n'y connaît rien en aéronautique. Un vol se
prépare sur le papier, sur la table de l'ingénieur. Encore faut-il qu'il y ait
des ingénieurs en astrologie...... D'autre part, il faut tenir compte des
motivations qui ont conduit les sociétés à se brancher sur le ciel. La
chose la plus évidente, c'est qu'elles n'ont pas programmé des morts,
des catastrophes, des famines, des guerres, des pestes selon le discours
nostradamique; ce serait du masochisme. A moins évidement de faire
des astres un monde totalement étranger aux intérêts humains et donc
de les traiter en repoussoir comme c'est le cas dans le Talmud ce qui
permet de mettre en valeur des antidotes comme certaines pratiques
religieuses. A contrario, si l'astrologie n'est pas concernée par le "mal",
surtout en ce qu'il offre d'aléatoire, elle peut ainsi élaguer, décanter son
propre corpus de ce qui ne lui revient pas, de ce qui ne correspond pas
à une fonctionnalité sociale évidente. Là encore, d'entrée de jeu, ce n'est
même pas la peine d'essayer de lire dans le thème natal ce qui n'est que
virtuel. Si telle situation a mal tourné, ce n'est pas dans le thème, c'est
une possibilité parmi d'autres tant les paramètres non astrologiques sont
multiples et peuvent interférer. Prenons l'exemple du passage de l'état
de veille au sommeil, il est possible que ce passage se fasse mal, que telle
personne ait du mal à s'endormir ou qu'elle fasse des cauchemars ou
encore qu'elle ait du mal à se lever mais ces difficultés ne sont pas
inscrites dans l'alternance veille/sommeil/veille tout comme le fait de
manger n'implique pas que l'on ait une indigestion même si l'indigestion
tient au fait de manger. Les déviances par rapport à un fonctionnement
normal ne sont pas dues au rapport des hommes aux astres mais
l'astrologue peut, quant à lui, confronter ses clients à une norme et
envisager certaines difficultés éventuelles liés au passage d'une phase à
une autre tout comme le psychanalyste sait par avance que certains
stades (puberté) ou certaines situations (l'Oedipe) peuvent avoir des
effets pathogènes. L'astrologie traite bel et bien, selon nous, des modes
de passage qu'il s'agisse du passage d'un stade à un autre ou du passage
d'une population vers une autre. Il y a là des ratés possibles mais le
programme astrologique ne peut les annoncer comme tels mais
seulement mettre en garde contre certains risques. En revanche, quand
il ne s'agit pas d'une problématique de passage, l'astrologie doit se
considérer comme incompétente et même si l'on admet que la mort soit
un passage d'un monde dans l'autre, nous ne pensons pas qu'elle fasse
partie du champ de l'astrologie sauf si elle est précisément le résultat
individuel ou collectif d'une crise de passage. La mort de Staline par
exemple, en 1953, à laquelle André Barbault attache tant d'importance,
dans la présentation du cycle Saturne-Neptune ne nous parait pas être
signifiante au regard de l'astrologie et certainement pas, qui plus est, de
l'astrologie cyclique qui est avant tout concernée par les récurrences
fonctionnelles. Ce qui compte, ce n'est pas de mourir mais de donner la
mort. Dans le cycle des mois, la mort est donnée aux animaux d'élevage
non pas aux hommes et cette mort est nécessaire pour l'alimentation
hivernale, les hommes ayant su très tôt sécher et saler les viandes.
Autrement dit, l'astrologie pourrait mieux annoncer un holocauste
qu'une mort par maladie ou accident; la mort astrologique est liée aux
exigences de la survie. En ce sens, les statistiques de mort engagées par
un Roger Héquet ne nous semblent pas entrer dans le champ de la
recherche astrologique et si elles donnent des résultats, c'est
certainement du fait des failles de la méthodologie statistique. Si les
astrologues reprochent à la science de ne pas savoir expliquer
l'astrologie, l'astrologie parfois profite, sans scrupule, des lacunes
actuelles de la science pour valider les parties les plus douteuses de son
corpus. Le rapport Astrologie- science est à double tranchant.
Les mauvais choix de l'astrologie moderne

Les astrologues sont surcultivés en matière d'astronomie et sous


cultivés en matière d'anthropologie. Cette surculture astronomique est
particulièrement frappante chez un Jean Billon et on a encore pu le
constater dans l'atelier qu'il a donné lors du colloque MAU "Astrologie.
Conditions d'existence". Billon suit au jour le jour le fil des découvertes
astronomiques, à la façon d'un feuilleton et se passionne bien entendu
pour les trouvailles des astronomes, parfois conseillés par quelques
astrologues. C'est le cas de la série des Centaures qui servir à nommer
plusieurs astéroïdes. Bien entendu, ce chercheur s'empresse
d'interpréter ce que chaque astéroïde va pouvoir signifier dans le thème.
Le discours astrologique ne se réduit pas à un système binaire mais
comporte une infinité de signifiants qu'il faut apprendre à coordonner
et qui a depuis longtemps dépassé le stade de 12, comme c'était le cas
pour le Zodiaque.
En revanche, la culture anthropologique des astrologues se
réduit à quelques poncifs qui n'ont guère évolué depuis des décennies.
D'où un certain hiatus entre le propos astronomique pointu et le propos
anthropologique tout venant. L'idée selon laquelle le monde des
hommes pourrait être structurée comme celui des astres débouche sur
une astrologie individuelle, psychologique mais non sur une
anthropologie de pointe. Or, si l'on veut asseoir le phénomène
astrologique sur des bases solides, ce n'est pas tant à l'astronomie que
l'on devra faire appel mais bien à une anthropologie capable d'expliquer
comment et pourquoi le rapport astres-hommes s'est constitué en tant
que Loi avant de se perpétuer par une transmission subconsciente. Il ne
s'agit plus de déterminer si les astres ont vocation à agir sur nous ou à
être en phase avec nous mais si nos ancêtres ont crée des liens entre
eux-mêmes et les astres et si et comment un tel attachement ou
rattachement nous a été transmis.
En abandonnant l'astronomie à son sort pour se recentrer sur
l'anthropologie, la pensée astrologique échappe au tout astronomique et
s'ouvre enfin au monde des hommes. Il importe à cette pensée de
trouver en bas, dans l'anthropologie, ce qui correspond à ce qui se situe
en haut, sur le plan céleste. Il ne s'agit pas d'affirmer pour autant que ce
qui est en bas est structuré par ce qui est en haut; c'est tout le contraire,
le haut a été appréhendé à partir du bas ou si l'on préfère un
écosystème s'est mis en place qui ne retient du monde d'en bas et du
monde d'en haut que quelques paramètres et c'est la recherche
astrologique de les identifier comme l'on chercherait une aiguille dans
une meule de foin. Pour cela, il importe d'évacuer le bruit provoqué par
des éléments astronomiques en surnombre tout comme il est des entités
terrestres également en surnombre. La tentation est grande, chez un
grand nombre d'astrologues, de vouloir rendre compte du surnombre
d'en bas par le surnombre d'en haut, ce qui conduit irrésistiblement à
vouloir s'intéresser à la myriade d'egos individuels, boite à Pandore qu'a
ouverte un André Barbault, dans son De la psychanalyse à l'astrologie
Ce non choix des astres à utiliser et qui fait que l'on achète toute
la boutique, c'est aussi le non choix des astrologues face à la profusion
des dispositifs et des techniques astrologiques : on n'arrive pas à jeter,
tout peut servir. Que penser ainsi de cette affirmation sous la plume
d'Elizabeth Teissier dans sa thèse de doctorat de 2001 :
"Pour accumuler les certitudes concernant le pronostic d'un événement
important (promotion, mariage, expatriation, maladie, naissance d'un
enfant, maladie, voire mort....), l'astrologue combinera ces différentes
méthodes prévisionnelles pour en chercher les points de concordance" .
Un tel conseil nous semble justifier la dimension syncrétique de
l'astrologie, d'un éclectisme de la pensée, au lieu de faire le tri entre
toutes les techniques, on les garde toutes, on les "combine" les unes aux
autres. Rien qu'en lisant une telle déclaration, l'on comprend pourquoi
et de quoi l'astrologie est malade et le mot "accumuler" est ici tout à fait
significatif, on pourrait parler d'un syndrome de thésaurisation..

Pour une anthropologie du visible

Si l'astrologie a pu exister dans des sociétés fort anciennes, c'est


d'abord parque ses codes étaient simples, compréhensibles par tous. Si
l'astrologie a pu se perpétuer par la voie génétique en tant que
phénomène se perpétuant à travers les siècles et les civilisations jusqu'à
nos jours et ne pas exister uniquement pour quelques initiés à ce savoir,
c'est parce qu'elle était à la portée de tous, compréhensible par tous ou
en tout cas par un grand nombre de citoyens qui n'étaient pas, stricto
sensu, des astrologues.
Le ciel qui convient à l'astrologie se doit donc d'être un ciel
visible, exigeant un repérage aisé, commode, ce qui n'a rien à voir avec
les élucubrations astrologiques actuelles exigeant des ordinateurs et
fonctionnant à la minute d'arc près, n'hésitant pas à intégrer une grande
quantité de données non visibles, qu'il s'agisse de la planète baptisée
Neptune ou du point vernal, de l'ascendant ou des nœuds de la Lune.
L'astrologue au départ est celui qui légifère quant aux configurations
auxquelles les sociétés devront se conformer, tout comme celui qui
présida à l'élaboration d' une constitution comme celle de la Ve
République Française, en 1958. Une fois le travail fait, l'astrologue est
relayé par d'autres corporations sauf si on lui demande d'amender son
travail tout comme l'on peut réviser une constitution. Bien entendu, il
n'est pas question qu'il faille en permanence passer par l'astrologue.
Tout comme une constitution, la loi astrologique doit être
compréhensible et applicable par tous. On a vu d'ailleurs récemment
lors du référendum sur la constitution européenne (2005) qu'un
document par trop complexe pouvait avoir des effets démobilisant. En
comparaison, la constitution de la Ve République est à la portée du plus
grand nombre qui en comprend les règles du jeu en dehors de
l'intervention de spécialistes, chacun pouvant se les approprier.
La visibilité nous semble un principe incontournable: d'une part,
il faut que les configurations concernées par la Loi astrologique soient
aussi peu nombreuses que possible car plus cela devient compliqué et
plus le public perd pied et il faut donc repasser par des spécialistes et
d'autre part, il importe que ces configurations soient aisément
identifiables dans le ciel par un oeil humain normalement équipé, ne
nécessitant aucun appareillage technique externe, du genre lunette,
télescope, ordinateur. L'homo astrologicus n'a pas besoin d'autre outil que
lui-même et plutôt que de perfectionner une technologie externe il a
réussi à se perfectionner lui-même, c'est à dire à développer de
nouvelles facultés, comme celle justement consistant à prendre exemple
sur la dynamique céleste mais uniquement dans la mesure de ses besoins
structurels et de ses facultés de perception. C 'est précisément par
rapport à cette biotechnologie dont relève, selon nous, l'astrologie, que
la communication avec notre monde actuel marqué par la révolution
industrielle est difficile. L'on peut d'ailleurs se demander si l'astrologie
ne pose pas avant tout un problème de philosophie technologique et si
son déclin n'a pas correspondu moins à un développement de la
Science moderne que du fait de la dite révolution industrielle laquelle
permettait à l'humanité de progresser dans son rapport au monde par le
biais des machines et non plus par celui d'une amélioration de l'espèce :
on a fabriqué des avions mais l'homme n'a pas appris à voler en faisant
évoluer son corps et le rendant plus performant. Or, l'astrologie, selon
nous, appartient à une filière depuis longtemps abandonnée par l'espèce
humaine - ce qui explique l'incompréhension qu'elle subit y compris de
la part des astrologues qui, généralement, en parlent mal - qui passait
par un accroissement des facultés et par la transmission des facultés
d'une génération à l'autre au prix d'un eugénisme s'articulant sur la
polygamie au profit des individus les plus performants, c'est à dire les
plus "en vue", les plus recherchés, ceux qui se repèrent dans la foule,
qui sortent du rang, dotés d'un certain charisme qui se mesure à l'impact
de leurs initiatives et de leurs propos, tout comme l'humanité s'est
autoprogrammée pour repérer dans le ciel les configurations
significatives. Quelque part, les femmes sont aimantées - le français
facilite le rapprochement avec l'amour - mon aimant/mon amant - vers
certains hommes remarquables et ce sont elles qui, par leur nombre, les
désignent, étant entendu qu'elles ne font ici sens que par leur nombre.
L'expression La Voix de son maître (His master's voice) nous semble assez
bien convenir si on la détournait de son sens premier, où l'on voit un
chien entendre la voix humaine sur un vieil électrophone car pour nous,
cet électrophone c'est la femme. Le talent des femmes c'est justement
de bien savoir choisir leur maître et ce n'est pas une mince affaire : dis
moi quel est ton maître et je te dirai qui tu es, c'est à dire non seulement
ce que tu vas dire mais, femme, ce que tu vaux de par ton choix même.
Il faut avoir l’œil. Mais c'est justement du fait d'une certaine distance
des femmes par rapport à un milieu qui leur est étranger - ce qui n'est
pas le cas avec l'endogamie- qu'elles percevront certaines lignes de force.
En revanche, si elles restent dans leur milieu d'origine ou dans un milieu
qui leur est devenu très familier, elles ne parviendront pas aussi bien à
procéder à une telle perception globale et en quelque sorte objective,
avec ce que cela peut avoir par ailleurs de schématique. Or, il est parfois
bon de simplifier et donc de permettre à un regard extérieur de saisir
certaines configurations sociales basiques tout comme quelque chose en
nous d'assez primaire parvient à localiser certaines configurations
célestes signifiantes au milieu de la foule stellaire...
Par visibilité, nous entendons également ce qui passe
littéralement par l’œil, c'est à dire non pas par l'intellect mais par un
organe du corps. C'est cet oeil qui en réalité nous relie au cosmos, à un
cosmos domestique, apprivoisé et non pas au cosmos sauvage de
l'astrologie actuelle, tout comme les hommes ont su s'attacher certains
animaux et en ont laissé d'autres à l'état sauvage. De même existerait-il
un ciel sauvage celui des astronomes et un ciel domestique, celui des
astrologues et il ne suffit pas qu'un astre ait reçu un nom relevant de
quelque mythologie pour qu'il puisse ipso facto s'intégrer dans le cosmos
utile.
Cet oeil, selon nous, est programmé pour capter certaines
informations célestes même à notre insu et de les transmettre au
cerveau qui est conditionné à réagir aux dites informations. Ce qui
explique qu'il n'est nullement besoin de regarder délibérément le ciel
pour être influencé par lui; la visibilité du ciel concerne une partie de
nous-même qui est automatisée, qui est déterminée à réagir d'une
certaine manière à certains signaux par rapport auxquels notre
organisme a été préparé à réagir, comme sous hypnose. Il ne s'agit donc
nullement de signaux, comme le propose Jean-Pierre Nicola, qui nous
imposeraient leur propre message et leur propre signification sans qu'il y
ait eu filtrage préalable. Autrement dit, l'homo astrologicus disposerait d'un
oeil dont les perceptions le détermineraient dans ses comportements -
dans le cadre d'une forme d'inconscient collectif. Et cet oeil n'est pas
uniquement sensible, on s'en doute, au cosmos mais aussi au paysage
social dans lequel nous vivons, à commencer par la sexuation, qui est
également un phénoménal singulièrement visible, l'homme et la femme
se distinguant suffisamment. Notre cerveau ferait la synthèse entre
perception des corps célestes et perception des corps humains et c'est
cette synthèse qui détermineraient notre comportement social, à la fois
individuel et collectif.
Encore ne faut-il pas demander à notre oeil de scruter la totalité
du ciel comme ce serait le cas avec la plupart des systèmes cycliques qui
font déplacer les configurations tout au long du zodiaque, même pour
un seul cycle pour ne pas parler de la prise en compte d'une multiplicité
des cycles comme cela se pratique de nos jours toujours plus. Nous
pensons bien plus probable que les configurations se produisaient
toujours au même endroit et que l’œil humain doit être marqué - cela
resterait à vérifier - par un tropisme en direction de quatre points
cardinaux. On pourrait même soutenir que la division de l'espace en
quatre directions (nord, sud, est, ouest) pourrait s'originer dans un tel
impératif. Dès lors que l’œil fixe Aldébaran, il peut repérer les autres
points significatifs - ils sont huit, selon nous mais rappelons
qu'Aldébaran est une étoile fixe et que comme son nom l'indique, elle
ne bouge que très très lentement et certainement pas à l'échelle d'une
vie humaine. De même que nous observons instinctivement, chaque
jour, les moments où le soleil se lève, culmine, se couche- quand bien
même serait-ce quelque apparence des choses - ce qui rythme notre vie :
on sort quand il fait jour, on rentre quand il fait nuit- de même, à un
autre niveau de sophistication, les astres nous ont appris parce que nous
avons bien voulu nous mettre à leur école, à programmer notre temps
et à dépasser l'échelle trop étriquée du quotidien, du mensuel voire de
l'annuel. Et ce n'est certainement pas, comme le veulent certains
astrologues actuels, pour user de l'astrologie à la dite échelle. En nous
référant au ciel, nous parvenons à nous rapprocher les uns des autres,
ce ciel étant une expérience commune qui nous permet de dépasser une
dimension trop individuelle. Et là encore, comment se fait-il donc que
ce soient des astrologues qui se présentent comme les gardiens de notre
moi.? N'y a-t-il pas là la clef d'une certaine mauvaise conscience
rongeant les astrologues, du fait d'un certain sentiment de trahison, de
culpabilité, de non respect de leur cahier de charges? Ainsi, pour se
nourrir, les astrologues n'en seraient-ils pas arrivés à vendre leur âme en
prenant le parti de leurs adversaires, de ceux contre lesquels ils sont
justement censés protéger l'Humanité? Mais quid de ces anti-
astrologues qui instrumentalisent l'astrologie actuelle pour nier l'idée
même de rapport entre les hommes et les astres et donc, en définitive,
interdire toute possibilité de conduire une politique cohérente pour le
monde de demain? Or, si les hommes ne retrouvent pas la clef du
programme qu'ils se sont donné il y a bien des millénaires, ils devront
tôt ou tard se plier aux impératifs de la Science et de la Technique et il
n'est pas certain qu'ils y gagneraient au change: une science qui se situe
en deçà de l'ère astrologique et une technique au delà. Entre ces deux
instances, l'astrologie est encerclée, elle qui correspond à un moment
oublié et nié de l'Histoire du monde qui est celui où les hommes surent
se servir de celui-ci et se transmuter.
Si l'on se place au niveau linguistique, la raison pour laquelle le
plagiat est condamnable, c'est qu'il est à la fois repérable et qu'il génère
du doute car même lorsque la similitude est perçue l'on ne sait pas
nécessairement distinguer l'original de la copie.. L'existence de sosies a
alimenté de nombreux suspenses en littérature, comment savoir qui est
qui. Si je maquille un cheval, en changeant sa couleur, j'introduis du
signifiant, c'est à dire que je triche avec le visible. Or, si les repères sont
faussés ou troublés, c'est tout l'ordre social qui s'en trouve menacé. Si je
ne peux plus me fier à ce que je vois et dois dépendre de ce que l'on me
dit qui est, je ne suis plus un citoyen à part entière, je suis sous la coupe
d'une autorité, je suis aliéné. Or, il s'agit là de l'aliénation de notre
subconscient et de son aliénation par le conscient. Dans la relation entre
ces deux niveaux de conscience, il importe que le subconscient dispose
de signaux simples, donc visuellement univoques et immédiatement, à
tout instant, perceptibles. Si je complique trop les choses, mon
subconscient ne peut plus jouer son rôle, il est dépassé. C'est comme
demander à un enfant une certaine tâche, si cette tâche est simple, il
l'accomplira et saura ce qu'il fait, si elle est fonction de trop de
paramètres, il se découragera et renoncera après être passé par une
phase pénible d'hésitation et de doute; On peut maltraiter son
subconscient par un double bind en lui demandant de faire quelque chose
et en même temps en rendant la tâche par trop ardue à mener à bien.
Eh bien, quand l'astrologue nous parle de planètes invisibles à l’œil nu,
il se moque du subconscient, il veut que le conscient ait tout le pouvoir
parce que le subconscient ne peut plus suivre. Cet astrologue peut certes
être de bonne foi en nous parlant de l'influence de Pluton, mais ce
faisant qu'il ne nous parle pas de subconscient parce que le subconscient
ne se sert pas de télescopes ni d'éphémérides, il voit ou il ne voit pas en
se servant de notre appareil sensoriel. Affirmer que Pluton fait partie de
notre environnement - mais cela vaut aussi pour toutes les techniques
alambiquées de l'astrologie qui ne correspondent à aucun mouvement
réel des astres ou qui supposent que notre psychisme dispose d'une
mémoire prodigieuse des positions astrales à la naissance - et qu'il agit
sur nous qu'on le voie ou qu'on ne le voie pas n'a rien à voir avec le
subconscient sauf à jouer sur les mots, le subconscient étant ce qui est
conscient à un niveau inférieur, c'est à dire primaire; de la conscience,
ce n'est pas ce que mon organisme ne perçoit pas mais ce que mon
conscient ne perçoit plus. Ce qui confére aux travaux de Gauquelin un
gage de véracité, c'est l'exclusion des planètes invisibles, ce qui lui évite
de dire que la naissance prend en compte des astres que nous ne
percevons pas avec nos organes sensoriels. Malheureusement, cinquante
ans après, un tel message ne semble aucunement avoir été entendu. Si
Gauquelin avait réalisé ses travaux au début du siècle, ou si Paul
Choisnard le polytechnicien pionnier de l'astrologie statistique avait pu
parvenir aux mêmes conclusions, alors même que l'astrologie française
des années 1880 était restée longtemps récalcitrante par rapport aux
nouvelles planètes (cf La Vie astrologique, il y a cent ans, Paris, La Grande
Conjonction-Trédanie, 1992), l'on aurait peut-être pu éviter à la France
astrologique un siècle d'errance transsaturnienne, dont le coup de grâce
fut en 1930 la découverte d'une planète au delà de Neptune qui prendra
le nom de Pluton..Il est vrai que Michel Gauquelin, pour ne pas parler
de son épouse Françoise Schneider- Gauquelin, psychologue de
formation, n'avait guère cherché à situer sa "néo-astrologie" dans la
perspective d' une anthropologie du visible tant et si bien que les tenants
des planètes invisibles pouvaient se permettre de revendiquer, sans état
d'âme, ses travaux, que l'on songe à André Barbault. Cela dit,
reconnaissons qu'il n'est nullement question ici de prétendre élaborer un
modèle unique pour l'ensemble des branches de l'astrologie et que ce
qui vaut pour l'une de ces branches ne vaut pas nécessairement pour
une autre et vice versa.

Astrologie et épistémologie des sciences sociales

Nous voudrions, à ce stade, présenter brièvement une synthèse


de nos propositions anthropologiques, quitte à reprendre certains
éléments déjà exposés. Les axes principaux de notre modèle sont les
suivants:
-il existe une première essentialité qui est concernée par ce que sont les
objets en soi.
- il existe une deuxième essentialité rassemblant l'ensemble des objets
perceptibles. Cette perceptibilité est scientifiquement plus ou moins
signifiante; dans bien des cas, les signes ainsi détectables relèvent
d'apparences.
- sur cette deuxième essentialité se constitue une troisième essentialité
consistant à trier parmi les objets perceptibles ceux que l'on souhaite
instrumentaliser, c'est à dire auxquels on est dans l'intention d'assigner
un sens qui n'est qu'accessoirement fonction de ce que sont les objets
en soi et qui se situe au delà de ce qui en est perçu. Si les objets
n'offrent pas un minimum de différences formelles, du moins au départ,
ils ne peuvent être instrumentalisés et affectés de significations
spécifiques. Entendons par là que le troisième essentialité s'appuie sur
des différences existantes mais non signifiantes en soi.- Ainsi la nouvelle
lune est-elle à distinguer de la pleine lune en tant qu'objet distinct même
si l'on sait qu'il s'agit de facettes d'un seul et même phénoménal et le fait
que cette nouvelle lune puisse enclencher un processus social, du fait
qu'elle détermine un nouveau mois, dans les cultures marquées par le
calendrier lunaire, relève d'une essentialité sociale.
- il existe une quatrième essentialité qui correspond à un passage au
niveau du subconscient de toute la programmation engrammée, ce qui
signifie que notre repérage, c'est à dire notre sensibilisation à un certain
nombre de signes perceptibles échappe à notre conscience, et que nous
réagissons consciemment qu'après que les effets du dit repérage aient
commencé à se manifester en nous et sans en connaître nécessairement
les causes. Dans ce cas, il est possible que la perceptibilité initiale
consciente des objets ait laissé la place à une perceptibilité inconsciente
s'attachant à des caractéristiques propres aux dits objets relevant de la
première essentialité. Imaginons que tel groupe ait développé un
tropisme par rapport à la mer, il est possible que la perceptibilité de la
mer ait pu évoluer, passant, par exemple, d'un niveau visuel à un niveau
olfactif ou respiratoire. Le fait que les signaux initiaux émis par les
objets en question aient pu disparaître ou s'estomper ne remet pas en
question l'écosystème dès lors que les objets concernés sont
perceptibles et donc repérables autrement. Ajoutons que le fait que
seule une partie du groupe concerné puisse se repérer est susceptible,
s'il y a brassage et communication, de suffire à ce que l'ensemble du
groupe soit déterminé par les dits signaux.

Astrologie et science politique

On connaît l'adage "diviser pour régner", il convient fort bien à


la gouvernance astrologique. S'il n'y a pas de clivage et donc de tension
sociale, point n'est besoin d'un arbitre qui répartira, comme dans un
divorce, la garde des enfants, pas d'arrangement entre Proserpine et
Pluton pour déterminer le temps pendant lequel Proserpine/
Perséphone devra vivre auprès de Pluton/ Hadès - ce qui correspond
aux "mauvaises" saisons (Automne et Hiver) et celui durant lequel elle
remontera en surface - ce qui correspond aux "bonnes saisons"
(Printemps, Eté). Pluton est le dieu des Enfers, littéralement du monde
infernal/ inférieur, des bas-fonds.
Selon nous, l'astrologie et donc l'astrologue seraient des juges
confrontés à des protagonistes dont les intérêts s'opposent. Sans
conflictualité, il n'y aurait pas à instaurer une justice. D'ailleurs, ne
désigna-t -on pas jusqu'au début du XXe siècle l'astrologie comme étant
judiciaire, ne parlait-on pas du jugement des astres? Dès lors, tout cycle a
à gérer non pas une histoire mais deux histoires. On ne peut envisager,
notamment, de parler du cycle de l'URSS que face à un adversaire,
comme par exemple les Etats Unis ou en tout cas dans le cadre d'un
rapport de forces entre clans, entre castes, au sein de la société
soviétique. En attribuant des cycles différents à des groupes différents,
on tue paradoxalement la notion de cycle dans la mesure où un cycle
doit intégrer en son sein des dualités de par les phases qui le découpent.
Autrement dit, si l'astrologie est avant tout cyclicité et si toute
cyclicité implique une alternance de phases, il importe qu'une telle
alternance, comme en politique, permette à différents groupes,
programmes, d'alterner. A contrario, si la société est d'un seul tenant, à
quoi bon mettre en place un processus cyclique?
Là encore, si l'on recherche une organisation aussi économique
que possible, il importe que l'appartenance à tel ou tel ensemble se
fonde sur des critères faciles à appréhender. Quels sont les clivages les
plus aisés à cerner au sein d'une société? Nous dirons que l'un des plus
obvies est celui qui distingue dès la naissance hommes et femmes, ce qui
expliquerait pourquoi l'astrologie attache tant d'importance à ce
moment de vérité - à une époque où l'on ignorait l'échographie - par
delà l'usage spécifique et contestable qu'elle en fait autour du thème
natal, tant et si bien que lorsque l'on parle d'astrologie, l'on pense
aussitôt au temps de la de naissance (heure, jour, mois, année, selon les
cas).
Ainsi, sans conflictualité, il ne saurait, selon nous, y avoir de
cyclicité étant donné que la fonction cyclique trouve sa raison d'être
dans les nécessités de séparations et de retrouvailles, permettant
successivement différenciation des tâches et brassage. Les saturnales,
célébrées au solstice d'hiver ce qui correspond aux fêtes de Noël -
consistaient à renverser les rôles sociaux, occasion de nombreuses
réjouissances populaires. Les films réalisés à partir du roman de Pierre
Boulle La Planète des singes, mettent en images un tel renversement entre
le haut et le bas de l'échelle sociale. La semaine n'est-elle pas également
ainsi divisée entre jours ouvrables (où l'on oeuvre) et fin de semaine
(week-end)? Le Shabbat chez les Juifs fait apparaître une telle division,
laquelle est reprises, avec d'autres modalités, tant chez les Chrétiens que
chez les Musulmans...Or Shabbat est à rapprocher de Saturne : il
s'appelle Saturday en anglais - en espagnol le samedi se dit sabbado - et au
Moyen Age, la planète Saturne portait le nom de Shabtaï dans les traités
d'astrologie et d'astronomie rédigés en hébreu. Le récit de la Création,
dans la Genèse, comporte ce même schéma. Cette division de l'année et
de la semaine, les diverses fêtes chômées, permettent de modifier les
priorités et donc conditionnent une certaine alternance des personnels
compétents, étant entendu que sans une telle alternance des activités,
régnerait soit la plus grande confusion, l'anarchie soit la domination
permanente d'une caste sur une autre.
Nous avons gardé un tel principe de renouvellement des équipes
au pouvoir dans nos constitutions depuis 1774 et la constitution
américaine. On y détermine la durée des mandats électoraux tant de
l'exécutif que du législatif, ce qui permet une alternance des forces en
présence. Non point que ces constitutions se fussent en quoi que ce soit
basées sur des critères astrologiques mais elles font pour le moins écho
à un certain besoin organisationnel dans le registre du Temps. Là
encore, le divorce entre astrologie et sciences sociales nous apparaît
comme dommageable pour les deux protagonistes, notamment parce
que la fixation d'échéances politiques ne s'appuie sur aucun repère
anthropologique pertinent. Au demeurant, la découpage du champ
politique entre deux grands partis est généré par le principe même
d'élections périodiques, proposant ainsi une alternative, qui est une des
clefs de l'altérité.

Astrologie et clivages

De même que l'astrologie traite de cycles, elle ne peut pas ne pas


traiter de clivages, les deux concepts étant, en quelque sorte, le corollaire
de l'autre. Les seuls clivages qu'il nous semble que l'astrologie moderne
veuille bien traiter sont ceux qui concerne les Etats. Ce qu'on appelle
l'astrologie mondiale s'évertue à relier tel cycle avec tel pays, telle région
du globe, c'est ce qu'on appelait autrefois la chorographie, ce qui signifie
description de l'espace par opposition à chronographie, qui est
description du temps.
Deux écoles donc, encore une fois : l'une sociale, qui privilégie
les conflits internes et l'autre, historique, qui met en avant la question
des frontières telles qu'elles sont dessinées, tracées sur un atlas. D'un
point de vue anthropologique, c'est la première école qui nous semble la
plus adéquate. Car si les clivages sociaux sont inhérents à tout ordre de
la Cité, en revanche, les divisions nationales relèvent d'un plan plus
aléatoire, n'obéissant pas à une fonctionnalité bien claire, ce qui
explique que les dites divisions soient sujettes à tant de modifications et
de fluctuations qui n'ont pas la même signification, la même portée, que
les clivages sociaux propres à toute société.

Le choix des repères célestes


Parler de l'Astrologie, avec un grand A, peut prêter à confusion.
Cela donne l'impression que ce domaine est figé. L'attitude des
astrologues sur ce point est ambiguë: ils veulent, semble-t-il, à la fois
donner l'impression que l'astrologie est un savoir parvenu à sa
perfection et à son unicité et à la fois ils savent pertinemment qu'il n'en
est pas ainsi parmi les chercheurs. On voit là apparaître un clivage
socioculturel ou socioprofessionnel au sein même du milieu
astrologique : entre l'idée d'un modèle qui serait ce qu'il est mais que le
praticien peut accommoder et une position qui exige une réforme, une
refonte du dit modèle, ce qui peut conduire à une minimisation du rôle
du praticien. On voit là les enjeux d'une lutte des classes qui n'est pas
sans correspondre à un clivage (des genres) masculin/féminin.
Il y a ceux qui affirment que l'astrologie est devenue ce qu'elle
devait devenir, que les nouvelles planètes se révèlent progressivement à
la conscience humaine, bref, pour paraphraser le Candide de Voltaire,
que tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes astrologiques
possible.
Et puis il y a ceux, comme Kepler et d'autres, qui pensent que
l'astrologie a fort bien pu se dévoyer, s'égarer et qu'il convient de
procéder sous bénéfice d'inventaire.
L'approche réformiste de l'astrologue astronome protestant
Johannes Kepler, autour de 1600, n'a pas la qualité en matière
d'astrologie qu'elle offre en matière astronomique. Kepler n'a pas su
remettre en question le rapport astrologie-astronomie au niveau
planétaro-stellaire.
D'une part, Kepler adopte l'ensemble des planètes connues de
son temps et qui correspondait encore à celui dont traite un Claude
Ptolémée dans son Tetrabiblos (IIe siècle de notre ère) et d'autre part, il
ne s'intéresse guère aux étoiles fixes, lesquelles sont extérieures à notre
système solaire et qui, comme leur nom l'indique, sont fixes, du moins
les unes par rapport aux autres.
Le tort de Kepler est de ne pas avoir pensé l'astrologie au regard
d'une anthropologie, c'est à dire de ne pas avoir réfléchi sur les
conditions et les modalités de la mise en place d'un lien entre les
hommes et les astres. Il a pris le problème à l'envers, suivi en cela par
des générations d'astrologues jusqu'à nos jours, quatre cents ans plus
tard, à savoir qu'il est parti des astres pour se demander non pas si mais
comment ceux-ci agissaient sur l'Humanité, ce qui peut au vrai sembler
s'inscrire dans une logique copernicienne, faisant dépendre la Terre du
Ciel et non pas l'inverse.
Une approche plus humaniste aurait conduit à se demander ce
qui a pu intéresser l'Humanité dans l'acte de se relier au cosmos. Le
postulat selon lequel toutes les planètes du système solaire concernent
l'Humanité est des plus discutables et aboutit à ne pas vouloir ou
pouvoir saisir ce qui a été ainsi mis en rapport tant du côté des hommes
que des astres.
Pour notre part, nous pensons que les sociétés qui ont les
premières adopté une telle démarche se sont contenté d'un seul et
unique cycle céleste et donc d'un seul et unique cycle social. Et selon
toute probabilité, la planète dont ils se sont servi fut Saturne, la planète
la plus lente connue jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, quand Uranus fut
découvert par William Herschel en 1781, à partir d'un observatoire de
fortune anglais, situé à Bath.
Cette planète dont la durée de révolution est légèrement
inférieure à 30 ans avait quelques raisons de séduire les législateurs d'il y
a quelques milliers d'années et notamment certaines analogies
numériques avec la Lune, dont le cycle est, quant à lui, légèrement
inférieur à 30 jours, ce qui correspond à un mois ou à un signe zodiacal
de 30°. Le cycle saturnien couvre 360 mois ou lunes environ. La Lune
quant à elle boucle son cycle de 360° au travers du zodiaque en un mois,
d'une nouvelle lune à l'autre.
Mais un cycle doit avoir un point de départ. Pour la Lune, c'est
assez clair, il s'agit de la nouvelle lune, qui correspond à un vide
ponctuel de lumière, à une sorte d'éclipse mensuelle. Pour Saturne,
aucun phénoménal du même ordre, aussi spectaculaire. Nous pensons
que c'est la conjonction de Saturne avec l'étoile fixe de première
grandeur de la constellation du Taureau, Aldébaran qui aura été choisie.
Tous les 30 ans, Saturne passait sur Aldébaran et c'est l'éclipse de cette
étoile qui induisait un nouveau cycle.

Cycle et phase

Il importe de distinguer entre cycle et phase: on fort bien ne pas


découper un cycle en phases, dans la mesure où chaque fois qu'un cycle
s'achève, le cycle suivant peut apparaître comme une nouvelle phase.
Parler de phase, c'est en fait vouloir subdiviser un cycle, ne pas
se satisfaire de la durée qu'offre le dit cycle, c'est en fait constituer des
sous-cycles.
Si par exemple, je dispose d'un cycle naturel de 30 ans et que je
ne suis pas preneur de découper le temps en périodes de 30 ans, il me
faudra diviser le dit cycle en un certain nombre de phases, ce qui me
permettra tout de même d'utiliser le dit cycle de 30 ans.
La phase, selon une telle présentation, serait l'apport
astrologique au cycle qui, lui, serait d'ordre astronomique; la phase serait
l'instrumentalisation du cycle, dans la mesure même où l'astrologie est
une instrumentalisation de l'astronomie et qu'elle n'a nullement à se
soumettre au formalisme inhérent à la dite astronomie, ni en nombre de
cycles - un cycle par planète - ni quant à la durée des phases structurant
les dits cycles.
On parlera d'une astrologie phasique par opposition à une
astrologie cyclique. L'astrologie phasique est en mesure d'intégrer les
symboliques au sein d'un seul et unique cycle divisé en un certain
nombre de phases alors que l'astrologie cyclique distribue les
symboliques entre les divers astres connus ou à connaître. Alors qu'en
astrologie phasique, les symboliques s'emboîtent naturellement les unes
dans les autres, chaque phase d'un cycle ayant la même durée, en
revanche dans l'astrologie cyclique, nous avons droit à un grand nombre
de cycles qui ne s'enchaînent pas l'un dans l'autre et à une profusion de
structures temporelles juxtaposées et non consécutives.
En outre, l'astrologie cyclique est bien moins astrologique que
l'astrologie phasique, la notion de phase étant arbitraire à la différence
de celle de cycle. Le cycle est une donnée objective, la phase est une
donnée subjective.
Pour étudier l'impact d'une planète, il importe de l'étudier
séparément sur une base cyclique mais on ne peut le faire qu'en
choisissant un point d'ancrage ainsi qu'un mode de découpage en
phases, soit un certain type d'aspect.. André Barbault écrit à propos de
Pluton : "La conjonction Soleil -Pluton est observable chaque année. La
rencontre du soleil avec une planète est un temps fort de la
manifestation tendancielle de cette planète/ Et bien j'ai tout simplement
observé ce qui se passait dans le monde au cours des journées
environnant chaque rencontre soli-plutonienne" (p. 37).
Il y aurait beaucoup à dire sur une telle méthode de travail.
Outre le fait que Pluton est une planète invisible et par rapport à
laquelle les hommes de l'antiquité auraient eu bien du mal à se
programmer, il nous semble nettement préférable de découper un cycle
en plusieurs phases que de s'en tenir au seul moment annuel de la
rencontre annuelle de la planète considérée avec le soleil, un peu sur le
modèle Soleil-lune. L'unité astrologique de temps ne saurait être l'année,
en tout état de cause. Il revient à l'astrologue de déterminer sur la base
de ses observations si telle série de phénomènes se succédant au cours
d'une période donnée puis changeant de nature au cours de la période
suivante, correspond à un positionnement d'une certaine planète par
rapport à un certain point de repère, la conjonction n'étant qu'un parmi
bien d'autres des aspects à prendre en ligne de compte. Le point de
repère en question doit être plus lent que la planète ainsi testée et non
pas plus rapide comme c'est le cas pour le soleil par rapport à Pluton.
Le cas le plus commode est évidemment l'étoile fixe qui sera
nécessairement plus lente que tout astre du système solaire.
. Quant à décider comme on se le demande dans le dit ouvrage si
Pluton est "bon" ou "mauvais", cela nous semble être une
problématique assez fruste. La question est de savoir pour quelle
population socioculturelle elle est favorable et avec quel aspect? Enfin, il
conviendrait de se demander jusqu'à quel point le nom de Pluton
n'influence pas le jugement de l'astrologue. Il serait préférable que
l'astrologue décidât quel nom conférer à tel ou tel astre - à moins que ce
nom ne soit pas chargé d'une signification particulière mais ce serait
ouvrir un nouveau champ de recherche et les astrologues préfèrent
qu'au moins sur ce point cela soit tranché par la main innocente des
astronomes. Enfin, il conviendrait de réfléchir sur la véritable
signification de Pluton dans son rapport au cycle des activités zodiacalo-
saisonnières, de préciser avec quelle planète Pluton est en dialectique,
tout comme d'ailleurs il conviendrait de préciser plus généralement le
rapport des luminaires par rapport au masculin et au féminin, en ne
s'appuyant pas seulement sur le fait que la Lune est domiciliée dans un
signe dit féminin (cancer) et le Soleil dans un signe dit masculin (lion)..

L'ordre des symboliques planétaires

A partir du moment où l'on attribue des divinités aux astres, le


nom attribué aux astres déterminera, ipso facto, un certain ordre des
symboliques correspondantes.
En outre, l'émergence de ces symboliques sera comprise comme
étant peu ou prou fonction du moment où tel astre a été baptisé et
donc découvert.
Nous pensons que les dieux ne sont aucunement liés aux cycles
planétaires et qu'ils n'ont de présence à avoir en astrologie qu'en étant
intégrés par le biais des phases. Il y a là mise en place d'une pseudo-
historicité des divinités qui serait édictée par l'histoire de l'astronomie.
Le dieu Neptune n'a pas à être considéré comme n'émergeant qu'avec la
découverte de la planète qui en portera le nom. En réalité, il est le frère
de Jupiter et n'a pas à être placé sur un autre plan chronologique que
celui-ci, sous prétexte qu'il aurait été "découvert" dans un deuxième
temps. Il nous apparaît que si les astrologues de l'Antiquité avaient
souhaité recourir à certaines divinités non planétaires, ils n'auraient sans
doute pas attendu que l'on découvrît de nouveaux astres pour ce faire.

L'éclipse comme fondement des clivages de temps et d'espace

Nous employons le terme éclipse dans un sens large de manque,


de vide, d'absence. Nous pensons que les hommes sont
particulièrement sensibles à cette dialectique de la présence et de
l'absence. C'est un peu comme lorsque l'on passe d'un chapitre au
suivant et que l'on intercale une feuille vierge.
Or, les clivages les plus significatifs qu'il s'agisse du niveau
cyclique ou du niveau cyclique sont marqués par une telle béance :
béance de la nouvelle lune qui vient marquer le passage d'un mois au
suivant - le mois commençant avec le tout premier filet de lune et
béance chez la femme du fait de l'absence de phallus, ce qui permet dès
la naissance de la distinguer de l'homme. Un tel marqueur sexuel a été
largement traité par la psychanalyse.
Selon nous, notre humanité serait dressée à réagir à ces divers
types d'éclipses, à les prendre en compte et à les comptabiliser.
C'est ainsi que tous les 45 mois environ (soit 3 ans 1/2) , l'on
passerait à un changement de phase étant entendu que c'est, comme on
l'a dit, la conjonction Saturne-Aldébaran qui ferait référence et qui
déclencherait un nouveau grand cycle de 30 ans environ.
On pourrait parler d'un système de balancier : alternativement,
l'on aurait ainsi une phase à tonalité féminine et une phase à tonalité
masculine, c'est à dire plutôt favorable aux femmes ou plutôt favorable
aux hommes. Ni plus ni moins.
Peut-on réduire toute la problématique de l'alternance sociale à
la question des dominantes masculine et féminine? Alberto Eiguer écrit
: "Atteindre la conscience féminine, cela signifie pour l'essentiel
éradiquer la fatalité du masochisme. Disons-le déjà, le masochisme n'est
pas inhérent à la féminité (...) Il fait des ravages chez tous les humiliés et
offensés de la terre, dont la femme fait partie".
Nous pensons en effet qu'il importe d'élargir l'idée de féminisme
à tout un ensemble de phénoménal qui s'y apparentent peu ou prou.
Mais, en tout état de cause, nous avons affaire à une dialectique du haut
et du bas - comme l'affirme la Table d'Emeraude - du supérieur et de
l'inférieur. On sait qu'en Grèce, la démocratie athénienne ne s'appliquait
aucunement aux esclaves qui constituaient une part importante de la
population de la Cité. Longtemps, jusque dans les années 1940, les
femmes n'avaient pas, en France, le droit de vote. L'on se souvient de la
formule de J. P. Raffarin, en 2002 concernant "la France d'en bas" par
opposition à une certaine élite. L'arrivée de Mitterrand au printemps
1981 a correspondu à une montée en puissance des "petites gens"
Ces "petites gens" constituent un vaste ensemble englobant
diverses populations : cela va des femmes aux enfants - ces "petites
personnes" par opposition aux "grandes personnes" - des étrangers aux
gens de maison, aux subordonnés, des animaux domestiques aux
machines. En termes nietzschéens, on aurait là une dialectique du
maître et de l'esclave. On notera que si l'enfant mâle est conduit à
changer de statut et voué à passer du stade inférieur au stade supérieur,
notamment à la suite d'un rite de passage, qui en fait un membre qui se
doit désormais de respecter la loi et non plus être tributaire de ses
envies, en revanche, celui qui est mis ou se met en situation d'étranger
passe ainsi du stade supérieur au stade inférieur.
Au demeurant, nous avons ici affaire à un langage simplifié,
réduit à l'apprentissage de mots bien définis et non interchangeables, et
qui donne une image plus rassurante du monde auquel certaines
populations en processus mimétique veulent avoir accès. Celui qui est
en position inférieure n'est pas censé donner "son" avis mais signaler,
transmettre, ce qu'il sait de façon factuelle et qui ne dépend pas de son
bon vouloir, ni plus ni moins. On pourra dire qu'on est malade parce
que l'on ne décide pas a priori de l'être, que l'on n'a pas faim, parce que
cela ne dépend pas vraiment de soi et par dérivation que l'on n'a pas
envie, par extension de la formule : "je n'ai pas envie de faire pipi". Il y
ainsi des façons enfantines sinon infantiles de s'exprimer qui toutes
impliquent que l'on n'y peut rien, que ça est ainsi; dans tous les cas de
figure, l'individu ne s'exprime pas en tant que sujet mais en tant qu'objet
reflétant un certain nombre de faits, c'est la personne-miroir de ce qui se
passe sous son nez ou dans sa tête, pas en son nom mais au nom de ce
qu'il perçoit à l'extérieur et à l'intérieur de lui-même, ce qui est le
contraire de la démarche philosophique, qui tend à dépasser ce stade
primaire de la conscience.
Ce qui est un aboutissement pour l'homme, c'est à dire quelque
chose qui est en progrès, une conclusion toujours temporaire est un
point de départ pour la femme. Ce qui fait que la femme se nourrit de
ces aboutissements provisoires qu'elle tend à figer parce qu'elle a besoin
qu'il en soit ainsi. On pourrait représenter cette dialectique sous la
forme de deux triangles inversés, le triangle d'en haut est masculin et
repose sur une pointe tandis que le triangle du bas est en quelque sorte
suspendu par sa pointe. Ces deux pointes sont l'interface entre l'homme
et la femme que l'on retrouve au niveau sexuel, ce que l'homme
transmet à la femme, tant par le sperme que par l'intellect - va vivre en
elle, va l'occuper, la mettant en état de prégnance, voire de possession -
au sens où l'on dit que quelqu'un est possédé (selon le nom français que
Camus a donné à un roman de Dostoïevski qu'il a adapté pour le
théâtre).. Autrement dit, la pensée de l'homme ne fait que déboucher
sur des formulations schématiques à valeur mnémotechnique alors que
celle de la femme s'abreuve à une telle source au point d'ailleurs de ne
pas se soucier de son origine souterraine - dialectique Proserpine-
Pluton. ¨Pour la femme, le monde est source, ordre -dans tous les sens
du terme - parce qu'elle ne sait pas remonter le cours des choses alors
que pour l'homme, ce qui compte, c'est ce qui prépare à une telle
émergence, en amont.. Cela explique que la femme est un mystère à
elle-même dans la mesure même où ce qui se présente à sa conscience
est perçu comme un point de départ et non comme une synthèse en
devenir. Le thème de naissance est l'expression fantasmatique d'un
point de départ déjà tout casqué, ce qui recoupe la naissance de telle
divinité,. L'homme est dans la genèse, la formation du monde, la femme
se contente de se situer au niveau de la fortune, du déjà là au monde;
Elle correspond dans le récit de la Création au moment où Dieu décide
de se reposer -temps de vacance - après avoir oeuvré pendant six jours,
ce qui se retrouve dans le découpage de la semaine en deux temps de
durée d'ailleurs inégale.
Face au discours égalitariste qui est dans la négation des
différences propres à certaines populations, la meilleure parade consiste
à demander à celui qui tient un tel discours de penser la différence. Par
exemple, on lui demandera d'expliquer ce qui distingue le
comportement de l'enfant de celui de l'adulte, le fonctionnement de la
machine de celui des humains, l'attitude de l'étranger de celle de
l'autochtone. Ce faisant, on améne la personne en question à
reconnaître l'existence de dualités en dehors de toute considération sur
le masculin et le féminin. A l'issue d'un tel travail, si tant est qu'il puisse
être entrepris par l'intéressé (e), il sera évidemment demandé si de telles
dualités ne recouvrent pas, peu ou prou, le clivage de la sexuation. On
peut aussi modifier l'inconnue et demander à un étranger comment il
distingue l'homme de la femme puis de lui demander si cela recoupe le
clivage entre étrangers et non étrangers, en rappelant que pour nous le
fait d'être étranger se situe sur une période de quelques générations et
qu'il n'est pas question de remonter au Déluge pour décréter qu' Un Tel
est ou non étranger, cela étant dit pour ceux qui voudraient que nous
soyons tous des étrangers, ce qui correspond à un type de sophisme à la
ficelle un peu grosse. On nous dira que l'on s'éloigne ici de l'astrologie.
Nous ne le pensons pas car l'astrologie a pour principale vocation de
gérer de tels clivages et de telles tensions outre le fait que cela donne des
informations fort utiles pour situer les profils des personnes auxquelles
l'astrologue est amené à s'occuper, informations qui sont à préciser par
l'analyse du thème mais auquel le thème ne saurait en aucune façon se
substituer. L'astrologue doté d'un bon bagage anthropologique pourra
ainsi effectuer un certain travail avec son client quand bien même le
thème astral ne serait pas dépositaire d'une information utile et est avant
tout un support de transfert. L'astrologue fait penser à un sculpteur qui
tiendrait un ciseau mais qui n'aurait pas de matériau auquel l'appliquer.
Plus l'on descend l'échelle sociale et plus les activités sont
accessibles à de nouveaux venus, non spécialisés. Il y a des tâches qui
n'exigent qu'une connaissance des plus sommaires du fonctionnement
du groupe et cela vaut aussi pour les machines. Il s'agit souvent de
réagir à des ordres simples ou d'appliquer des consignes sur tel et tel
point bien limité. Rien à voir entre le consensus et la consigne: l'un est le
résultat d'un travail complexe, l'autre est une donnée immédiate et
interchangeable, c'est littéralement l'interdit, c'est à dire ce qui est dit au
sein du groupe, où il n'y a rien à comprendre et que l'on peut
abandonner du jour au lendemain, une sorte de reprogrammation. Il en
est de même de l'idée de possession: l'homme ne devrait dire 'mon" que
pour quelque chose qu'il a transformé, aménagé comme son jardin qu'il
cultive, alors que la femme, elle, se contente de s'approprier l'objet pour
le déclarer sien : mon journal, ma voiture alors que c'est le même
journal et la même voiture que pour des milliers voire des millions
d'autres personnes. C'est cette facilité d'acquisition qui sous-tend le
processus même de l'exogamie en ce qu'elle n'a pas besoin de temps
pour s'identifier à un objet nouveau qui lui est pourtant étranger.
Rappelons que dans le Livre de la Genèse, Abraham demande à son
serviteur Eliezer d'aller chercher femme pour son fils Isaac, au loin. On
ne retient souvent que le fait que Rébecca est issue de la famille
d'Abraham mais le point important, en réalité, est cette quête de la
femme lointaine de préférence à un mariage avec les femmes du coin,
au pays de Canaan. A la génération suivante, le scénario - même s'il le
faut le considérer plus comme un paradigme que comme un fait
historique - est le même, sauf que cette fois c'est Jacob (qui deviendra
Israël), le fils d'Isaac qui part lui-même chercher femme au Nord, il
reviendra, polygame, uni à Léa et à sa sœur cadette Rachel, les mères
des tribus d'Israël. .
Souvent d'ailleurs, le mode d'expression de ces populations est
très frustre et se réduit à répéter, à rapporter ce qui a été dit ou vu, avec
une certaine indifférence et d'ailleurs sans nécessairement comprendre
réellement ce qui est ainsi retransmis; il vaudrait mieux dire admettre
voire se soumettre à ce qui est transmis..
Ce qui explique que les travaux de bas de gamme soient souvent
réservés aux étrangers. Il fut un temps où les enfants étaient employés
dans les usines. Il y a une sorte de cloison de verre entre deux niveaux :
certains s'imaginent que l'on passe insensiblement de l'un à l'autre et le
mimétisme, souvent couplé avec quelque ingratitude, encourage,
entretient et nourrit de telles illusions. Mais faire comme l'autre, le
singer, n'est pas devenir l'autre car on ne fait que croire que l'on
reproduit le comportement de l'autre mais sans en assumer toutes les
implications et les conséquences. Les personnes marquées par
l'immigration ont une sorte de tabou de la différence: il ne faut jamais
avouer qu'on est différent, ne jamais accepter un statut différent. Ce qui
est fâcheux, c'est quand une telle attitude - que l'on peut qualifier de
complexe d'égalité - contamine les relations homme-femme et l'on ne
s'étonnera pas que le refus de l'exogamie, sous toutes ses formes - tel le
maintien du nom de jeune fille - impliquant un quelconque décalage de
religion, d'âge, de milieu, caractérise les femmes appartenant à des
minorités immigrées. Une femme qui vient directement de l'étranger
sera plus apte à aller vers l'autre perçu et assumé dans sa différence que
la femme marquée par les valeurs de l'immigration au sein de sa famille
et qui s'en tiendra à un formalisme identitaire impliquant une absolue
symétrie. Il est probable que ce sont les femmes de deuxième ou de
troisième génération d'immigration qui militent le plus en faveur de la
parité homme-femme. L'immigration individuelle et non pas collective
laissera moins de stigmates chez la femme, cela tient au fait que la
stratégie masculine - et donc paternelle - de l'immigration est mal
inspirée car les hommes ne sont pas faits pour quitter leur pays et le
vivent mal et que cette stratégie ne vaut pas pour les femmes qui ont
d'autres cordes à leur arc. Il est piquant d'entendre des femmes se
plaindre d'un manque d'égalité sociale et en même temps refuser
l'exogamie qui permet un brassage social. A refuser l'exogamie, on en
arrive ainsi à proposer des solutions remettant en question l'intégrité
des diverses cultures. Précisons que ce sont, en dernière instance, plus
les hommes immigrés qui font problème que les femmes immigrées car
les hommes n'étant pas douées pour l'exogamie et ayant plus à perdre
en se plaçant en situation d'étranger, peuvent être tentés par le
communautarisme - c'est à dire être à l'étranger tout en restant chez soi
comme ces villes qui seraient tellement mieux à la campagne - qui met
ainsi, peu ou prou, fin à leur situation d'étranger qui quelque part leur
est insupportable. Dès lors, ils peuvent préférer avoir une femme de
leur propre milieu d'origine qu'une femme et donc une belle-famille,
appartenant à la société dominante. Il est donc à craindre que ce soient
les hommes étrangers qui jouent sur la corde égalitaire pour entraver
l'exogamie parmi les femmes de leur famille. C'est un cercle vicieux qui
vient du fait que l'on veut avoir le beurre et l'argent du beurre. (cf nos
textes "Psychanalyse de l'étranger", sur le site hommes-et-faits.com). Le
processus d'intégration n'est d'ailleurs nullement linéaire: on peut
s'intégrer et puis revenir en arrière sous la pression de nouvelles vagues
migratoires susceptibles de modifier certains rapports de force. Nous
avons notamment étudié la situation de l'immigration russe en Israël en
montrant - ce qui s'est confirmé pat la suite - que les nouveaux
arrivants, du fait de la transformation de l'URSS, ne chercheraient qu'à
s'intégrer superficiellement et contamineraient ceux qui s'étaient déjà
engagé dans un processus d'intégration, tant la frustration est grande de
devoir vivre à l'étranger, en situation de seconde zone, donc avec un
statut féminisant - pour la population masculine. alors que la femme,
avec ce même statut, y trouve un alibi à sa façon d'être.
Le prix à payer est un retour du refoulé : chassez le naturel, il
revient au galop. Le risque, c'est la caricature: quand une femme imite
les hommes, elle parle de ses positions intellectuelles de la même façon
que de ses goûts vestimentaires, elle se situe en pratique dans le registre
des préjugés et des idées fixes plus que de principes et de théories qui
sont toujours perfectibles. La femme n'en sera pas moins tentée de
présenter les idées qu'elle expose comme un constat alors qu'il ne s'agit
que d'une grille de lecture, le seul vrai constat étant en fait que c'est ce
qu'elle dit. Le problème de la femme, c'est que l'autre n'est perçu qu'au
travers d'un signe et non pas dans sa globalité : l'autre, c'est celui qui a
parlé trop fort, qui vous a bousculé, qui fume mais cet autre là est bien
anonyme tant il est réduit à un geste, à un mot perçu par le moi du
sujet. Pour la femme, le thème natal est le moyen qui lui reste pour
espérer accéder à l'autre autrement que par tel ou tel détail finalement
assez insignifiant. Mais par le moyen du thème, l'on passe d'une extrême
à l'autre, c'est à dire d'un autre évanescent à un autre lesté de son
thème.
On notera qu'en deux siècles, les machines ont
considérablement progressé : est-ce à dire que nous pensons qu'elles
peuvent remplacer les hommes dans les tâches les plus nobles? Les
femmes, elles aussi, ont progressé quant aux taches qu'elles peuvent
accomplir : est-ce à dire qu'elles arriveront un jour au niveau des
hommes? Plus les machines et les femmes progressent et plus certaines
taches leur sont dévolues. Cela permet mieux aux hommes de cerner
leur véritable génie. Mais cela permet aussi d'observer que les activités
des femmes peuvent être accomplies par des machines, ce qui limite la
motivation à faire progresser les femmes, les unes étant en concurrence
avec les autres, si ce n'est dans ce qui concerne le processus de
procréation, par rapport auquel, étonnamment, les femmes ont pris
quelque distance. Les femmes croient-elles qu'en minimisant l'acte de
procréation et d'éducation des jeunes enfants, elles deviendront les
égales des hommes? Tout se passe comme si les femmes diabolisaient la
procréation comme source de tous leurs maux et de l'infériorité dans
laquelle on les a tenues. Pourquoi ne pas comprendre que la dualité est
une nécessité et que les avantages des deux sexes sont, à y regarder de
près, tout à fait équitables. On a l'impression que les femmes se
moquent parfaitement de savoir si le monde a besoin de cette dualité,
comme si cela n'était pas ou plus leur affaire. Après moi le Déluge. Elles
rendent leur tablier. Mais ne comprennent-elles pas qu'elles tombent
ainsi de Charybde en Scylla? Elles quittent ainsi la proie pour l'ombre. Il
est vrai que le refus de l'exogamie enlève à la procréation sa fonction
sociale metissante et que l'on ne dit guère comme d'un cerveau, qu'une
femme est dotée d'un utérus particulièrement créatif.
Les femmes n'ont pas seulement à craindre la concurrence des
machines. Elles sont également confrontées aux étrangers, aux
immigrés qui s'apparentent à une certaine forme d'androgynie. Ces
immigrés pallient l'absence d'exogamie mais ainsi occupent la place
laissée vacante par les femmes. En se refusant en situation d'étrangères,
en ne voulant plus aller voir ailleurs, les femmes épousent les préjugés
des sociétés dans lesquelles elles naissent et abandonnent donc aux
étrangers et aux machines les tâches ingrates au risque de perdre à ce
jeu des chaises musicales. La femme pourrait bien être la grande
perdante et ce d'autant qu'elle snobe quelque peu jusqu'à la procréation,
se glorifiant de pouvoir prendre la pilule. La femme devient ainsi un être
"libre", débarrassée qu'elle se veut peu ou prou de toutes les corvées
ancestrales mais un être qui se risque fort à terme d'apparaître comme
"vide" de dons, renonçant à l'inné pour un acquis qui se fait attendre.

Il faut distinguer deux modes d'intégration pour celui qui


appartient à la classe inférieure à commencer par les femmes : celui qui
permet à un individu d'occuper une place relativement modeste et celui
qui le conduit à s'identifier aux membres de la classe supérieure.
L'expression "société à deux vitesses " doit être prise à la lettre car en
effet le rythme de l'échange n'est pas le même. Le bicamérisme
constitutionnel reflète l'existence d'une dualité : double collège,
élections décalées du Sénat - dont seuls les responsables de collectivités
locales (à commencer par les maires des communes) sont électeurs - et
de l'Assemblée Nationale, voire la situation qui présida en Algérie et qui
conférait des droits électoraux différents selon les populations (statut de
l'indigénat).
L'étranger a rarement pris la bonne cadence et cela freine la
communication telle qu'elle est de rigueur au niveau supérieur, d'où la
tendance à s'adresser en pratique à des personnes en situation
d'apprentissage, donc d'infériorité. Le paradoxe, c'est que l'intégration
exige l'existence de plusieurs niveaux et que c'est leur inexistence qui
finalement freine le processus d'intégration en mettant la barre trop
haut. Si la société française était sociopolitiquement structurée à
plusieurs niveaux, les étrangers ne se sentiraient pas frustrés en
s'assimilant à l'un de ces niveaux et en tout cas ne pourraient pas parler
de xénophobie ou de racisme. Rappelons que le suffrage universel stricto
sensu n'existe en France que depuis la fin de la Seconde Guerre
Mondiale, quand le vote fut accordé aux femmes et qu'au XIXe siècle,
jusqu'en 1848, le vote était censitaire, réservé aux plus riches..
Il est vrai que nos sociétés ont considérablement perdu en
lisibilité : le cas le plus flagrant est en effet celui des étrangers et
singulièrement des immigrés. Autrefois, du fait de l'exogamie, l'étranger,
c'était d'abord la femme, qui venait d'ailleurs. Femme et immigré étaient
des termes synonymes et les hommes, a priori, étaient des natifs dont le
sort n'exigeait pas qu'ils s'éloignent de leur tribu, qui n'étaient pas, selon
la formule de Claude Lévi Strauss, une monnaie d'échange. Cette
exogamie, ce changement de milieu, contraignait les femmes à être des
étrangères et à en porter les stigmates de l'étrangeté, de l'excentricité, du
profane (et donc de la profanation), le profane étant celui qui reste
devant le temple (fanum, en latin), donc au dehors. Par l'exogamie, la
femme dépasse les clivages, les barrières socioculturelles mais
précisément du fait même qu'elle est marquée par un clivage plus
profond et incontournable, celui de la sexuation. Mais reconnaissons
que l'humanité est marquée par une telle problématique du
dépassement, qu'il soit mimétique chez la femme ou philosophique chez
l'homme. Mais ce sont là deux processus sensiblement différents : l'un
est de l'ordre du changement d'habit, de coutume, l'autre implique de
nouvelles grilles de lecture.
Par ailleurs, les femmes étaient chargées de l'éducation des
enfants en bas âge. Or, ces enfants n'ont accès qu'à une représentation
simplifiée du monde tout comme les étrangers à une langue
commencent par balbutier quelques mots sans être bien sûr de
comprendre ce qui leur est dit ou ce qu'ils entendent. Les esclaves et les
domestiques ont à l'évidence un statut inférieur et n'ont pas voix au
chapitre. Quant aux animaux domestiques et aux machines, mais aussi à
ceux qui les accompagnent, il s'agit là d'une population vouée à la
servitude et cela vaut pour l'informatique de nos jours. Les saturnales
permettaient de combler le fossé, dès lors que la société se contraignait
à fonctionner au ralenti, s'imposait des restrictions. C'est ainsi que les
règles du Shabbat, interdisant diverses activité ont vocation à créer un
certain état d'égalité en opposition avec ce qui existe le reste du temps.
Les gens d'en bas, même quand ils prétendent ne plus porter les
stigmates de leur longue servitude se trahissent souvent par une
difficulté d'accéder aux lieux de pouvoir dont ils ont une représentation
souvent assez fantasmatique : lieux inaccessibles, selon eux, où le sort
du monde se décide et sur lequel on n'aurait pas prise, instance qui nous
dépasse et qui trancherait sans appel. Ce n'est en effet qu'alors que
l'esprit de l'esclave trouve la sérénité quand il ne reste plus qu'à
appliquer et à exécuter. Il vit mal tout retard qui l'empêcherait de passer
à l'acte. Le maître, en revanche, prend son temps, voire répugne à
transmettre en aval des éléments qui ne lui semblent pas encore prêts et
dont il sait que l'esclave, d'une façon ou d'une autre, risque de
dénaturer.
On observera que les trois signes de feu décrivent assez bien ce
que nous appelons une problématique féminine : le bélier parce qu'il
correspond à ce qui est nouveau, au commencement des choses, le lion
par son ego solaire, le sagittaire, par sa propension aux voyages. La
femme se retrouve dans une dynamique bélier de compulsivité, dans un
certain narcissisme et surtout dans ce qui relève de l'exogamie et qui fait
que la femme se met plus en valeur en changeant de lieu, ce qui lui
permet de mettre en valeur sa propension à informer, à transmettre
mais aussi à simuler en se faisant passer pour ce qu'elle n'est pas, en
dissimulant ses origines. Tout apprentissage d'une nouvelle langue
implique une dimension de recommencement voire de régression qui
évoque le bélier, signe des origines. En fait, quand la femme parle de se
connaître, elle veut en réalité dire voir ce dont elle est capable, elle a
besoin de se lancer des défis et c'est pourquoi elle est spectateur voire
juge d'elle-même en situation. Cela explique pourquoi pour la femme,
cela ne veut rien dire de se dire femme en ce qu'elle est une sorte de
caméléon ou de caméscope. Le problème de la femme ne tient pas à la
quantité d'activités qu'elle peut accomplir mais à la qualité de ce qu'elle
accomplit. La femme peut éblouir dans le court terme, dans les
commencements, mais elle s'essouffle très vite si elle reste au même
endroit car elle ne sait pas approfondir. Elle a donc tout intérêt à être
dans la nouveauté et en présence de la nouveauté, à commencer par
l'enfant qui naît, l'étranger qui débarque, le logiciel qui vient de sortir.
Nous dirons que le pire ennemi de la femme c'est elle-même et
ce sont les autres femmes car les femmes se neutralisent les unes et les
autres et chaque instant de la vie d'une femme risque fort de neutraliser
un autre instant de cette même vie. Quand une femme décrit le monde,
il est évident qu'elle ne fait que le décrire à sa façon et une autre femme
le décrira autrement mais chacune en ne s'attachant qu'à sa propre
vision. Une femme seule, en revanche, est en paix car elle n'a pas de
témoin de ses limites passées, présentes et futures. Les femmes savent
fort bien que les hommes ont une aptitude qu'elles n'ont pas à se mettre
d'accord entre eux, pas forcément tous entre eux mais par clan, par
parti, par école, parfois elles font semblant de penser la même chose
mais ce n'est qu'une façade, le jeu consiste ainsi à approuver d'office ce
que l'une dira. On passe ainsi du chaos d'une myriade de points de vue
et d'expériences à la dictature d'un seul, pour donner change. Mais cet
accord ne s'obtient pas à la suite d'un long débat mais immédiatement
une fois que la consigne est donnée, alors toutes se mettront à répéter
littéralement ce que le chef a dit qu'il fallait dire. Etrange situation qui
voit ainsi la femme, sans transition et alternativement, basculer d'un
égotisme singulier à un discours uniformisant, qui fait penser à un
disque. La femme vit avant tout intellectuellement dans le présent. Elle
dissimule ses incohérences par des propos factuels qui mettent les
différences non pas sur son compte mais sur celui des autres. Ce n'est
pas elle, à l'entendre, qui change, ce sont les autres. C'est dire que la
femme a un gros problème avec l'altérité, avec sa propre altérité comme
avec l'altérité des autres égos, et cela la conduit à être étrangère à elle-
même comme au monde et à n'exister vraiment que dans l'instant
présent même quand en cet instant qui passe elle parle du passé et du
futur. Cela expliquerait pourquoi le thème natal est spontanément
interprété dans le présent, même s'il est vieux de plusieurs décennies.
Que dit l'astrologie des femmes? Prenons le cas des signes de
feu, tous trois classés comme masculins parce qu'impairs (1, 5, 9)
Rappelons que dans le zodiaque, les signes impairs sont masculins et les
signes pairs féminins. Il serait temps, en effet, de supprimer le rapport
entre signes de feu et valeurs masculines car il s'agit là d'un contre-sens
majeur qui fera dire à une femme ayant la Lune en bélier qu'elle est
assez masculine, ce qui est faux. Par delà une telle affirmation discutable
selon laquelle la Lune en bélier à la naissance soit significatif, le seul fait
de proférer, dans la littérature astrologique, une telle affirmation fait
problème pour une anthropologie du masculin et du féminin. Ainsi,
selon nous, la femme correspond fort bien à ce que l'astrologie exprime
à propos de la triplicité de feu au point que l'on peut se demander si l'on
ne dispose pas d'une typologie qui aurait été par la suite mise en
correspondance avec l'Elément Feu mais qui ne découlerait pas pour
autant d'une symbolique ignée. Ne dit-on pas d'ailleurs que le foyer est
une valeur féminine - rappelons le cas des vestales, gardiennes du feu et
l'expression "femme au foyer", un foyer désignant une habitation - on
parle du foyer d'une cheminée? Les mois du feu sont tributaires du
travail accompli à l'extérieur, "en plein air" pendant les mois précédents:
pour chauffer et cuire, encore faut-il avoir du bois et de la nourriture
accumulée. L'hiver se situerait donc en aval par rapport à l'Eté : c'est la
fable de la cigale et de la fourmi : "la cigale ayant chanté tout l'été, se
trouva fort dépourvue quand l'hiver fut venu" (La Fontaine).
L'astrologie, comme en bien des occasions, aurait récupéré
certaines typologies mais les aurait articulées de façon erronée
notamment du fait de l'attribution tardive au signe du bélier du dieu
Mars. En réalité, c'est la lune qui était exaltée en bélier et non le soleil
qui initialement était mis en rapport avec le taureau, la constellation qui
comporte l'étoile fixe Aldébaran et qui est considérée comme le
commencement du zodiaque et il se produisit une permutation du fait
de la prise en compte de la précession des équinoxes, ce qui inverse les
signes pairs et impairs .
La symbolique des signes est fortement marquée par les
significations des maisons, ce qui génère un certain syncrétisme. Les
maisons placées sous l'horizon sont celles de l'hiver, du foyer, lieu
confiné, et celles placées sur l'horizon sont celles de l'Eté, du travail à
l'extérieur, en plein air, aux champs dans les sociétés agricoles. Le fait de
commencer l'année en janvier n'est d'ailleurs pas satisfaisant car les six
premiers mois se répartissent entre bonne et mauvaise saison, le début
de l'année à l'équinoxe ne comporte pas un tel inconvénient.
On a déjà dit qu'il y avait eu inversion et que l'astrologie plaçait
désormais, à tort, les maisons de l'hiver au dessus de l'horizon et celles
de l'Eté au dessous! Les valeurs des maisons placées au dessus de
l'horizon - si l'on rétablit le dispositif correct- correspondent à une vie
sociale dépassant le cadre familial et sont masculines, on pense
notamment à la maison XI, celle des amis, des clubs, des partis. Or, si le
verseau, en plein milieu de l'hiver, est un signe de feu, au vu de
l'imagerie des mois, le lion devra être un signe d'air, en plein milieu de
l'Eté. Ce que l'on attribue au verseau doit en fait être attribué au lion et
vice versa. Vient ajouter à la confusion le fait que la numérotation des
signes ne correspond plus à celle des mois depuis que l'on a déplacé le
changement d'année de l'équinoxe de printemps au solstice d'hiver.
D'ailleurs, notre mois de septembre, neuvième mois, ne porte-t-il pas,
par son nom, le nombre 7 comme le mois d'octobre le nombre 8 et
ainsi de suite jusqu'à décembre, pour le nombre 10. Le douzième mois
est celui de février, d'où le jour bissextile qui se place, tous les quatre
ans, à la fin de ce mois. Donc le verseau est le onzième signe et
correspond au deuxième mois.....
Ce que l'on dit en astrologie des signes d'air - par delà les signes
qui sont censés correspondre à cette triplicité - nous semble assez bien
décrire le psychisme masculin. Les valeurs "verseau" supposent un
dépassement du moi et la possibilité de parvenir à un consensus par la
discussion, les facultés d'abstraction permettent de dépasser
l'anecdotique et le cas particulier et la recherche d'une cohérence, d'une
harmonie conduit à éviter les particularismes. En réalité, les valeurs Air
seraient selon nous martiennes car l'on ne parvient pas à l'unité sans
combat, sans confrontation alors que les valeurs Feu seraient
vénusiennes car le prix à payer pour ne pas pénétrer dans le territoire de
l'autre c'est le désordre, c'est la multiplication d'entités juxtaposées ne
communiquant et ne s'ajustant pas vraiment entre elles. Bien entendu,
nous nous référons au symbolisme affecté à ces signes et non aux
personnes nées sous ces signes, ne croyant aucunement à la validité des
critères d'attribution des dits signes.
Il conviendrait donc que les astrologues situassent le thème
astral par rapport à des données anthropologiques: un homme marqué
par le feu serait donc féminisé alors qu'une femme marquée par le feu
serait "normale" et vice versa pour les signes d'air. On pourrait
éventuellement associer le masculin à l'eau et à l'air de par le poids du
collectif et le féminin à la terre, de par la lourdeur, la pesanteur, de ses
marques. Force est de reconnaître que la sacro-sainte tradition
astrologique véhicule des représentations fausses par rapport à une
anthropologie de la sexuation, puisque le feu - ou du moins ce qui est
dit à son propos - y est réputé masculin et que l'on considère volontiers
une femme ayant une dominante feu comme masculine.

L'astrologie comme vecteur de progrès

Pour nous, l'astrologie n'est nullement à l'origine du monde, elle


en est en quelque sorte un aménagement tardif visant à remédier à
certains obstacles au progrès. Parler de l'archaïté de l'astrologie n'est
donc guère heureux. Sans le rapport hommes-astres tel qu'établi par un
certain ordre juridico-cosmique, l'Humanité n'en serait pas à où elle en
est et l'on peut dire que notre civilisation est fondée sur un tel ordre mis
en place par les hommes et non inhérent à la Nature encore que devenu
une seconde nature et qu'il nous faut aujourd'hui décrypter comme s'il
relevait de la Nature. L'Humanité est devenue étrangère - au niveau
conscient mais certainement au niveau subconscient - à ses propres
institutions.
En quoi l'astrologie a-t-elle permis à l' Humanité de progresser?
L'astrologie évoque pour nous une balance - c'est au demeurant le nom
d'un des signes zodiacaux - avec ses deux plateaux, tantôt celui de
gauche l'emporte avec sa marchandise plus lourde que les poids, tantôt
celui de droite avec ses poids plus lourds que la marchandise. Il y a là
alternance entre deux entités.
Le mythe de Sisyphe - nom repris par Albert Camus pour un de
ses livres - nous semble bien caractériser la condition féminine à moins
que ce ne soit le tonneau des Danaïdes. Si l'on admet qu'il existe deux
phases dans la cyclicité astrologique, l'une qui favorise la montée des
femmes et l'autre qui programme leur "chute" - autre titre de Camus -
l'on comprend mieux une certaine souffrance féminine. Au moment où
elle croit être arrivée, là voilà qui rechute, venant s'écraser au sol tel
Icare. Qui n'a constaté les baisses de régime des femmes à certains
moments, les fautes grossières d'appréciation et d'anticipation - souvent
punies durement voire violemment par les hommes - qu'il leur arrive de
commettre et qui les replace ipso facto sous la tutelle des hommes? A un
certain moment, les femmes ne sont plus "à la hauteur", déçoivent ceux
qui leur ont fait confiance et leur ont laissé une chance, voire leur ont
délégué des responsabilités. Et c'est alors que les hommes, plus inspirés,
reprennent les choses en main, c'est à dire reprennent les femmes sous
leur coupe, voire sous leur tutelle, la hiérarchie se reconstitue, se
relégitime, notamment en ce que les hommes montrent que ce sont eux
qui fixent les règles du jeu et qu'ils peuvent en changer le cas échéant,
laissant ainsi les femmes déconcertées, surclassées - ce qui parfois
donne lieu à un véritable jeu de massacre- porteuses d'une pratique
devenue obsolète, face à des problèmes qu'elles n'ont pas appris à gérer,
à des questions qui n'étaient pas au programme. L'illusion égalitaire vole
en éclat et se met en place une forme d'apartheid. Le fossé se creuse
entre les différentes catégories socioprofessionnelles, qui ne sont plus
sur la même longueur d'onde, n'ont pas les mêmes valeurs, repères et
enjeux ce qui se fait au prix de mises à l'écart, d'exclusions. parfois
mutuelles. En effet, si l'ascension des femmes était si irrésistible que
cela, s'il n'y avait d'inévitables ratées et de remises des compteurs à zéro,
on n'en serait pas aux revendications actuelles. La condition féminine
obéit au rythme du yo-yo d'où les contradictions inhérentes au
mouvement féministe, revendiquant tantôt la pleine égalité et parité
tantôt affirmant radicalement sa différence (Antoinette Fouque, MLF).
Seule une approche cyclique peut rendre compte d'une telle dualité car
les phases étant relativement brèves, elles tendent à cohabiter peu ou
prou, ce qui vient compliquer la mise en évidence d'une certaine
alternance.
En résumé, nous dirons que les phases solaires sont marquées
par l'hétérogénéité, l'excentricité, l'étrangeté tandis que les phases
lunaires le sont par une quête d'homogénéité au sein de chaque camp en
présence, par une plus nette conscience de classe et par le renforcement
d'un communautarisme qui peut également concerner certaines élites.
Phase d'élagage où l'on remet en question les charges mais aussi la
dépendance que l'on avait acceptées et qui pèsent désormais comme un
boulet dont il faut se débarrasser au plus vite. Cela dit, l'adage " L'union
fait la force" peut être compris comme signifiant l'union au sein d'un
groupe homogène et qui peut s'être réparti entre plusieurs ensembles ou
bien au contraire comme signifiant la nécessité de dépasser les tensions
au sein d'un groupe hétérogène. En effet, si le communautarisme
génère une hétérogénéité au niveau du fonctionnement d'une société,
en revanche, il permet de constituer des entités homogènes en son sein.
Inversement, en phase d'hétérogénéité, l'on cherchera à unifier la
société, comme sous la Révolution, en mettant à bas les diverse
cloisonnements et barrières qui la parcourent mais cela conduira ipso
facto à une promiscuité entre des populations extrêmement diverses et
censées pourtant ne constituer qu'un seul et même ensemble.. Prenons
le cas des cheveux: s'ils sont longs, chaque cheveu est distinct et a son
propre parcours, s'ils sont courts, c'est l'ensemble des cheveux qui fait
sens et qui ne va que dans un seul sens : il y a d'ailleurs là une cyclicité -
souvent mensuelle - puisque l'on coupe ses cheveux (phase lunaire) et
qu'on les laisse repousser (phase solaire) jusqu'à un certain point, puis
on les recoupe et ainsi de suite.
En phase lunaire, on est dans le recentrage: chacun se replie sur
son périmètre naturel (ville, lieu de travail, famille, milieu socioculturel),
le temps n'est plus aux métissages, le sentiment de l'étrangeté de l'autre,
de son inassimilabilité - assimilation est souvent synonyme de
simulation- s'accentue, s'exacerbe, l'on perçoit plus ce qui distingue que
ce qui rapproche.. On préfère être en terrain de connaissance plutôt que
de s'engager dans des aventures lointaines, exotiques, où l'on ne perçoit
plus les choses que dans le flou, sans pouvoir bien contrôler la situation.
Chacun, ce faisant, se renforce dans son ou ses créneaux, devient donc
plus exigeant au niveau de la compréhension, de l'efficacité. En phase
solaire, a contrario, l'on est tenté d'aller voir ailleurs - on est en période de
décentrage - c'est un temps propice et programmé comme tel pour
favoriser l'exogamie et tout le brassage, les échanges qu'un tel processus
génère non sans risquer de se dévier de sa route. Les rencontres font
d'autant plus sens qu'elles ont été précédées d'une phase de séparation,
c'est à dire que chacun a compris qu'il n'était pas l'autre et que l'autre
n'était pas à chercher en soi, par identification mimétique, mais hors de
soi.. On pourrait situer la phase lunaire en analogie avec l'Hiver, quand
chacun reste calfeutré chez soi et l'anarchie avec l'Eté, quand on sort de
son gîte. En cette phase hivernale, les femmes subissent plus fortement
la domination masculine. alors qu'en phase estivale, elles s'en
émancipent du fait que l'on n'est plus dans un contexte de pénurie, que
l'on retourne à la nature. En phase lunaire, chacun s'enferme dans sa
sphère ou ne fréquente que les membres de celle-ci par souci d'efficacité
et de rapidité. Des idiosyncrasies propres à chaque sphère tendent à se
constituer et chacune devient de plus en plus reconnaissable, du fait que
les éléments allogènes en sont partis. On n'est plus dans une moyenne
grisâtre typique de la phase solaire mais dans un monde fortement
contrasté.. En phase solaire, les sphères s'ouvrent les unes aux autres
permettant une certaine fécondation, dans tous les sens du terme, grâce
notamment à des intermédiaires, des traducteurs, des conseillers qui
serviront d'interface plus ou moins pertinents..
Nous dirons que selon une telle grille, les sociétés passent par
des phases hyperselectives en développant des activités aussi complexes
que possible, dont la principale utilité est de constituer des noyaux très
soudés, avec une intercompréhension au quart de tour, un risque
d'erreur zéro- du fait d'une correction immédiate, d'une anticipation
éliminant toute ambiguïté, une captation maximale et sans faille, sans
pause, des informations. A ce régime là, l'on arrive à détecter les intrus,
les simulateurs qui finissent par s'épuiser et déclarer forfait parce qu'
insuffisamment aidés, soutenus, sous-tendus, par leurs automatismes et
donc dépensant une énergie qui finit tôt ou tard par s'épuiser. Plus le jeu
devient complexe et plus il permet de s'assurer que seuls les meilleurs
pourront surnager. C'est l'intégration par le haut, l'exigence d'excellence,
l'on place au centre, pour qu'ils rayonnent, ceux qui sont porteurs de la
dynamique la plus puissante..
Inversement, à d'autres moments, les sociétés baissent
considérablement la barre et les acteurs deviennent peu ou prou
interchangeables, tant chaque activité est rendue accessible. On pourrait
parler alors de phases d'intégration par le bas, par le plus petit commun
dénominateur...C'est le temps de la discrimination positive et non plus
négative. Les sociétés deviennent moins hermétiques, se démocratisent,
les savoirs sont mâchés, vulgarisés, nivelés. L'on se méfie des
personnages trop doués, il faut rentrer dans le rang. MAis le prix à
payer, c'est une efficacité médiocre, un certain provincialisme en
comparaison de la suractivité des métropoles. On ne vit pas au même
rythme. Apparemment, certaines sociétés sont plus marquées par une
phase que par l'autre, c'est à dire que telle phase est la référence et
l'autre l'exception. Les sociétés dites occidentales dépendent de leurs
performances au plus haut niveau alors que les sociétés dites orientales
cherchent avant tout à éviter le stress et à relativiser les enjeux.

La question du repérage

Qu'on le veuille ou non, une société ne peut fonctionner qu'avec


des codes relativement simples. Il y a là un paradoxe en ce que ceux qui
sont trop dans la familiarité avec leur environnement n'en perçoivent
plus les grands axes, lesquels sont mieux appréhendés par un regard
extérieur. Vieux débat sur objectivité et subjectivité. En ce sens, le
regard étranger peut se révéler éclairant à un certain stade.
Les femmes ont un sens inné de la sociologie - une sociologie
parfois un peu primaire et sauvage, il est vrai - c'est à dire qu'elles
raisonnent selon des critères très généraux et ce qui les attire vers
l'astrologie, c'est justement l'éclairage individuel que celle-ci est censée
apporter de par le recours au thème natal. Elles ont tendance, en effet, a
priori, à situer les personnes selon un certain nombre de paramètres que
l'on croisera, cela se voit notamment dans leurs choix, leur cotation, au
niveau des petites annonces (âge, race, lieu d'habitation, profession,
religion etc.). Cette approche reste somme toute assez superficielle alors
que les hommes ont au contraire tendance à privilégier le rapport
personnel à telle ou telle personne qu'ils rencontrent - attitude moins
virtuelle. L'on voit à quel point d'ailleurs le thème astral correspond
admirablement à un tel paramétrage féminin, de par justement la
diversité des facteurs qui s'y trouvent et dont on aura à faire la synthèse,
la seule différence étant que ces facteurs ne sont pas les mêmes et n'ont
pas la même pertinence mais dans les deux cas, l'on aboutit à un portrait
virtuel qui se surimposera au contact réel.. En d'autres termes, la
psychologie et la sociologie révéleraient et correspondraient au clivage
hommes -femmes, l'homme s'intéressant à la sociologie, plus déductive,
renforçant son anima et la femme s'intéressant à la psychologie, plus
inductive, son animus, pour parler comme Jung. On comprend mieux à
la lumière de ce qui vient d'être dit, que les femmes tendent à vouloir
corriger tel ou tel comportement chez un homme, étant donné qu'elles
perçoivent celui-ci selon un faisceau de facettes chacune nettement
identifiées, étiquetées et jaugées..
En fait, les femmes ont un talent particulier pour le repérage,
c'est à dire pour ne percevoir le monde qu'au travers de certains signes
en faisant abstraction du reste. Même une femme étrangère à un milieu
donné est en mesure de capter d'instinct certaines dynamiques. On
opposera la démarche déductive de la femme à la démarche inductive
de l'homme. La première part de signes simples, qui sont donnés, pour
appréhender une réalité de plus en plus complexe, la seconde part d'une
réalité complexe pour parvenir à quelques idées force, à un modèle.
L'on note qu'il n'y a pas de déduction sans un travail en amont
d'élaboration de signes. On peut y voir si l'on veut la dualité cerveau
droit- cerveau gauche, qui correspondrait à deux fonctions
complémentaires, l'une acceptant le produit fini, le fait accompli -
comportement du consommateur - et l'autre cherchant à faire oeuvre
originale en retravaillant la matière première. Mais dans la vie
quotidienne, nous avons aussi perdu le sens des choses qui se font et se
défont. Par exemple, le concept même de chambre à coucher a des
effets négatifs : pour les Japonais, l'on prépare la chambre qui dans la
journée peut avoir eu une toute autre affectation. Comme dit le
proverbe, à prendre à la lettre : comme on fait son lit, on se couche,
c'est à dire que le lit est chaque jour à remettre en place avec ses
différentes composantes qu'il faudra à chaque fois recombiner. A
contrario, la chambre à coucher avec le lit présent en permanence
dispense de suivre une telle dialectique du cérémonial du lever et du
coucher exigeant de ranger dans quelque placard puis de déranger la
literie pour constituer le lit sur le sol..
On peut à l'inverse concevoir qu'en début de phase solaire, ce
seraient les hommes qui iraient vers les femmes : c'est le repos du
guerrier, chaque homme abandonnant son pouvoir entre les mains de
l'une d'entre elles, tel Samson révélant à Dalila les secrets de sa force
que sont ses cheveux.. La femme nous apparaît comme un être
prométhéen qui cherche à s'emparer du feu des hommes-dieux pour
prendre leur place mais chaque fois ce feu finit par s'éteindre et il faut à
nouveau aller vers les hommes pour le rallumer, ce qui correspondrait
au mythe de Proserpine-Koré obligée, à la mauvaise saison, de
redescendre en enfer, lieu souterrain, caverne, grotte, où le feu
plutonien est conservé. C'est aussi Vénus mariée à Vulcain, le dieu
forgeron dans sa caverne et orfèvre, ciselant de merveilleux objets. Les
Livres d'Heures témoignent de la dualité de la vie sociale: la vie à la
belle étoile, en plein air, où l'on peut se baigner d'un côté et la vie au
sein d'habitations qu'il faut éclairer, chauffer alors que l'eau, l'hiver venu,
s'est transformée en glace, ce qui ne lui permet plus d'éteindre le feu. La
nature - la femme - s'est fanée comme les roses, pour paraphraser
Ronsard. C'est déjà le cas de la division de chaque journée, la nuit
ramène la femme auprès de l'homme, la loi lui interdisant de découcher
; on dit que l'homme "couche" avec une femme et le lieu par excellence
où l'amour se fait est la chambre à coucher, c'est là que la femme se
donne, s'abandonne à l'homme, dont le corps est souvent plus chaud
que le sien.
On est avec la phase lunaire à l'opposé de l'esprit des saturnales,
moment de remise en question de toute hiérarchie correspondant au
début de la phase solaire et l'on pourrait parler d'anti-saturnales. Le
songe de Pharaon, dans la Genèse avec ses sept vaches grasses suivies
de sept vaches maigres semble aller dans ce sens. La phase lunaire est
celle des vaches maigres pour les femmes, c'est alors qu'elles aliènent
leur liberté, comme l'avait annoncé Joseph au profit de Pharaon.
Inversement, pour les femmes, les années de vaches grasses
correspondraient à la phase solaire assez euphorique, c'est alors que les
femmes ayant puisé chez les hommes tout ce qu'ils avaient à leur offrir
n'ont plus besoin d'eux, ne serait-ce que pour mener à bien
l'enfantement, s'imaginent qu'elles n'ont plus rien à en apprendre voire à
en attendre, ayant bien pressé le citron. A contrario, la phase lunaire serait
en effet celle où la femme, allant à Canossa, vient, faisant amende
honorable, au prix de quelque humiliation, chercher auprès de l'homme
sa semence, tant physique qu'intellectuelle, un présent vivant et toujours
renouvelé dont on ne peut s'approprier que la trace et l'ombre, ce qui
nous renvoie au mythe de la caverne de Platon.
On aura compris qu'il n'est nullement question pour nous de
cantonner l'astrologie à des enjeux politiques, historiques. La question
des rapports homme-femmes nous semble au centre de la compétence
astrologique. Non point, comme le propose Catherine Aubier, au regard
d'une synastrie, c'est à dire d'une comparaison des thèmes des deux
partenaires, examinant les bons et mauvais aspects entre les astres
appartenant à chaque thème. Mais en tenant compte tout bêtement de
la sexuation des clients ou des lecteurs, sans qu'il soit besoin pour autant
de consulter les thèmes respectifs.

Un enjeu majeur pour le XXIe siècle

Nous ne croyons pas à l'Ere du Verseau et nous ne pensons pas


que l'astrologie ait à voir avec des période de cette dimension, soit plus
de 2000 ans. Néanmoins, nous pensons que le fait de changer de
millénaire peut, pour le moins, être une incitation au renouvellement de
notre civilisation. L'astrologie a une chance d'occuper une place centrale
dans le monde de demain à condition qu'elle détermine quel est son
"vrai" créneau et donc son "vrai" discours. Les guerres ne sont jamais
qu'un cas particulier de phénomènes sociaux pouvant se manifester
sous diverses formes. La France moderne est née d'une révolution, celle
de 1789, non pas d'une guerre, même pas d'une guerre d'indépendance
même si la guerre a pu être un effet de la dite révolution. Quand les
astrologues modernes attribuent à la découverte d'Uranus (1781) la
responsabilité de changements majeurs de la fin du XVIIIe siècle, ils
projettent en réalité sur ce nouvel astre une problématique propre à
toute l'astrologie. Oui, l'astrologie traite des changements plus que des
événements. Et l'on peut aussi voir aussi dans la découverte de Neptune
en 1846 le point d'émergence du communisme (le Manifeste du parti
communiste de Marx et Engels date de 1848) mais là encore ne faut-il pas
conserver surtout l'idée que l'astrologie est attendue dans le domaine de
la lutte des classes? Bien entendu, il ne s'agit nullement de tenter de
justifier une quelconque pertinence quant à l'usage de ces deux
transsaturniennes mais de relever ce à quoi elles sont associées
sociologiquement.
Il est grand temps, en tout cas, que nos sociétés apprennent à
réguler voire à programmer les conflits sociaux en recourant à une grille
cyclique. C'est bel et bien à la science politique qu'il revient de
s'intéresser à une astrologie régénérée et la France pourrait
certainement redorer quelque peu son blason scientifique en s'ouvrant
de façon exemplaire à un tel axe de recherche. Il semble qu'après un
siècle de sciences de l'Homme, l'on soit toujours aussi démuni face à
l'avenir parce qu'au lieu de s'efforcer de saisir les lois que l'humanité
s'est assignée subconsciemment, l'on croit pouvoir décréter ce qui sera,
des années à l'avance. Il est grand temps de se mettre à concilier
calendrier politique et calendrier astro-cyclique.
L'on nous parle d'intégration sans savoir comment les sociétés
gèrent les inévitables dualités qui sont les leurs, sans préciser qu'il y a
deux niveaux d'intégration et qu'il est plus aisé d'accéder à l'un, le
masculin, qu'à l'autre, le féminin. Il suffit qu'il y ait une pause dans la
dialectique sociale pour que d'aucuns crient victoire et croient que l'on a
dépassé les clivages. Quand comprendra-t-on que ces pauses ne sont
jamais que des pauses, des entr'actes et que la "vraie" réalité sera
toujours dans le registre de la dualité.? Certains croient que c'est à
l'entracte que l'on est dans ce qu'il y a de plus achevé, cet entr'acte où il
n'y a même plus de barrière entre les artistes et les spectateurs, plus de
différence entre la scène et la salle où, en fait, il n'y a que de tout petits
enjeux, où l'on parle de ce que l'on a ressenti pendant le premier acte,
où il n'est nullement demandé aux gens d'accomplir aucun travail
collectif un tant soit peu sophistiqué, pointu. C'est ainsi que la chasse,
réservée aux mâles, par exemple, comporte une dimension sociale
déterminante par delà son utilité vitale, elle exige une entente
particulière entre les participants qui ne souffre pas d'approximation en
raison du danger encouru. C'est comme si l'on remplaçait tout d'un
coup une vaisselle en plastique (phase solaire) par une vaisselle en
porcelaine (phase lunaire), la concentration, l'attention demandées ne
sont plus du même ordre, il importe alors que chacun reste en deçà de
son seuil d'incompétence (principe de Peter) et notamment fonctionne
dans un environnement avec lequel il fasse corps, avec lequel il ne soit
pas, même un tant soit peu, en décalage..
La phase solaire, est celle où il y a beaucoup d'appelés sans que
l'on veuille songer qu'il y aura; au final, peu d'élus. Et puis la sonnerie se
fait entendre et l'on sait que c'est la fin de la récréation, que chacun va
devoir reprendre sa place, ceux qui sont surtout spectateurs et ceux qui
sont d'abord des acteurs. Phase lunaire où l'on exige de l'efficacité, de la
promptitude, une certaine perfection, du sens commun, ce qui implique
une faculté de corriger les erreurs de transmission au lieu de s'enferrer
dedans, qui ne vient que par un travail de longue haleine, où l'on ne
peut plus faire semblant de comprendre, où l'à peu près, l'à moitié, la
distraction condamnent aux seconds rôles, à des postes subalternes à
faibles responsabilités, où les erreurs commises sont de moindre
conséquence en phase solaire. . Et c'est alors que toute hétérogénéité
devient une tare pour le groupe : même les étrangers ont intérêt à se
rassembler - ce qui se ressemble s'assemble - selon leurs origines pour
parvenir à une certaine efficience. Jusqu'au prochain entr'acte. C'est cela
la comédie humaine!
Plus une société fonctionne au ralenti et plus elle peut se
permettre un certain taux d'hétérogénéité. Plus les actions engagées
sont graves et plus ce taux doit baisser et devenir quasiment nul, comme
à l'armée. Mais paradoxalement, plus une société est désorganisée,
moins elle aura conscience de l'existence de plusieurs strates en son sein,
ce qui aboutit à un cercle vicieux. En d'autres termes, ceux qui ont des
problèmes d'intégration ont intérêt à ce que l'activité se ralentisse au
point qu'ils puissent intervenir sans trop de problèmes. Inversement,
ceux qui sont parfaitement en phase avec un certain milieu ont intérêt à
ce que la barre soit mise au plus haut. La qualité principale pour un
membre d'un groupe, c'est de tout comprendre, capter et de savoir à la
perfection se faire entendre. Moins c'est le cas, et plus la performance
collective et non seulement de tel membre décline car il y a interactivité
et interdépendance. L'hétérogénéité tend à gripper les mécanismes de
communication lorsque la plus grande précision est due.
Nous dirons que l'astrologue doit faire une estimation du profil
de son client, en le situant selon un faisceau d' appartenances, ce qui
correspond, si l'on veut, à une sorte de "carte" ou de "thème"
sociologique et non pas astronomique. L'on pourrait bien entendu
fournir une batterie de tests à cet effet. Ce n'est qu'une fois une telle
opération effectuée qu'il sera possible à l'astrologue d'envisager une
chronologisation tant pour le passé que pour l'avenir, en se fondant sur
une cyclicité céleste adéquate. (INCA). Encore convient-il d'ajouter que
le passage en phase lunaire révèle souvent de fausses appartenances, l'on
croyait être accepté par un groupe et ce n'était le cas que
temporairement, le temps d'une pause.
Les vecteurs du masculin et du féminin

Dire qu'il y a du masculin chez les femmes et du féminin chez


les hommes n'est pas faux si l'on prend la peine de préciser ce que l'on
entend par là, à savoir que les femmes féminisent le monde et les
hommes le masculinisent, autrement dit c'est par les femmes que
certaines situations féminines se mettent en place et vice versa pour les
hommes qui sont responsables de la part masculine de l'Humanité.
Mais force est de constater que ce qui est masculin est plus
solide, plus durable, d'un intérêt plus général que ce qui est féminin, que
le féminin n'est souvent, côté qualité, que du masculin au rabais, de toc,
comme la lumière de la lune qui ne fait que refléter celle du soleil.
En phase lunaire ce qui est féminin en l'homme - entendons par
là non pas que l'homme est porteur ontologiquement de féminin mais
qu'il peut s'être féminisé peu ou prou conjoncturellement - sera mis à
l'épreuve; le féminin devient alors son talon d'Achille, sa faille. La phase
lunaire contribue donc à évacuer le féminin qui a pu imprégner les
hommes, à le laver de son féminin et donc ne lui permet plus de se
reconnaître dans les femmes. Cette part du féminin chez les hommes,
c'est tout ce qui est de l'ordre du bluff, de la tricherie, du risque mal
calculé, de l'entreprise mal préparée, de l’œuvre mal étayée, de sa part
enfantine et naïve qui croit encore au Père Noël, et l'enfance est bien un
moment où nous traversons, à divers titre, le féminin, de par notre mère
et aussi de par le mimétisme qui marque inévitablement un tel âge, fait
de continues, de récitations inlassablement ressassées, dont on ne
saurait dissimuler les automatismes propres à une sous-humanité qui est
aussi celle de notre monde subconscient, celui de nos habitudes liées à
un certain dressage.. Le réveil est parfois brutal qui force les hommes à
mûrir.
Or, chez la femme, sa part masculine est également ce qui l'a
fourvoyée, qui l'a conduite au delà de ses limites. Non point, cette fois,
parce que le masculin serait trompeur mais parce que c'est cette quête
du masculin de la part de la femme qui a été pour elle tentation. La
phase lunaire conduit ainsi les femmes au repli, à se retirer du champ du
masculin qu'elles croyaient avoir peu ou prou investi.
Phase lunaire qui rétablit un certain ordre du monde, chacun
étant à sa juste place. En effet, quand l'homme tombe dans une certaine
facilité, il n'est plus fiable et quand la femme prétend, par quelque
expédient, faire oeuvre d'homme, cela prête à confusion.
La phase solaire, nous l'avons dit, est précisément un temps
programmé de confusion, une sorte de crépuscule, un monde de limbes,
où l'on ne distingue plus très bien qui est qui, où tout le monde semble
logé à la même enseigne, l'enfant comme le vieillard, l'homme comme la
femme comme dans ces repas de famille où chacun a droit à sa part du
gâteau, temps du partage qui estompe et esquive les inégalités d'âge et
de sexe. C'est alors que les hommes se mettent à l'écoute des femmes et
se lancent parfois, tel le Macbeth de Shakespeare, dans des entreprises
douteuses mais ô combien tentantes. Et puis, c'est en phase lunaire que
viendra l'heure de vérité, que, tôt ou tard, les masques tomberont, les
faux semblants dénoncés.
La phase solaire confond émetteur et récepteur, dans la mesure
où le récepteur a reçu de l'émetteur en phase lunaire une formation qui
va lui donner le sentiment que l'élève égale le maître puisqu'il lui a
transmis tout ce qu'il savait et l'a modelé à sa guise, tel Pygmalion. La
sortie de phase lunaire prépare ainsi le climat quelque peu illusoire de
politique d'autruche, de la phase solaire à savoir la résorption passagère
du fossé entre émetteur et récepteur. De même la sortie de phase solaire
est-elle celle de certaines désillusions et humiliations en ce que le dit
fossé se creuse à nouveau et rétablit nettement le distinguo entre
émetteur et récepteur, ce qui va demander de la part du récepteur une
certaine humilité face à l'émetteur. L'on a dit que les populations les
plus touchées par cette prise et crise de conscience de la différence
entre émetteur et récepteur, sont celles qui sont le plus marquées par le
mimétisme: femmes, immigrés, enfants, machines. En effet, l'émetteur
aura entre temps pris ses distances par rapport au modèle ainsi mimétisé
et ainsi rendu largement obsolètes et caducs les efforts d'assimilation et
d'intégration des dites populations, prises en flagrant délit de s'être
contenté d'avoir contrefait superficiellement l'original en s'appropriant
non pas la fonction productrice mais uniquement certaines fleurs
vouées, à terme, à se faner quand elles sont coupées.
On l'aura compris, seule l'astrologie, une certaine astrologie, est
en mesure de nous expliciter cette dialectique du masculin et du
féminin, non point parce qu'elle est la cause d'une telle symbiose mais
parce qu'elle a été mise en place pour gérer, optimaliser celle-ci. Et c'est
parce que cette gestion est plus performante que l'Humanité domine
notre monde terrestre. Le jour où cela ne serait plus le cas, où masculin
et féminin se mélangeraient sans plus pouvoir se démarquer l'un de
l'autre, ce qui conduirait notamment à des entreprises de moins en
moins bien préparées donc à une multiplication des échecs, cette
domination serait en péril.
L'échec est en effet le lot du féminin. Quand cet échec se situe
dans une sphère mineure, cela n'est que de peu de conséquence, comme
un enfant qui casserait son jouet. Quand il s'agit de faire dans le
provisoire, dans ce qui n'a pas à durer, dans ce qui ne se conserve pas
ou qui n'a qu'un temps, le féminin peut faire l'affaire, sans trop de dégât.
Même dans les actes les plus simples, les femmes restent à la surface des
choses mais c'est alors sans importance. Le problème, c'est que ce qui
parait simple ne l'est pas forcément, ce serait trop facile; c'est
précisément au nom d'une pseudo-évidence que les ennuis
commencent.
En fait, la phase lunaire rétablit comme son nom l'indique un
système social duel, où les femmes sont soumises aux hommes et se
mettent à leur service et sous leur tutelle tandis que la phase solaire -
que l'on pourrait qualifier de nostalgique - suspend cet état de choses -
c'est bien l'esprit des saturnales - et fait régresser l'humanité vers un
stade d'où le principe masculin serait absent, où l'individuel
l'emporterait sur le collectif, où le rythme lunaire prévaudrait sur celui
de Saturne, 360 fois plus lent. Un peu comme si en Angleterre, l'on
consacrait quelques jours par an à pratiquer un anglais dont les mots
français seraient absents, en hommage à la situation existant avant la
conquête normande..
Paradoxalement, l'on circule plus vite avec le TGV saturnien qu'avec
l'omnibus lunaire qui s'arrête à toutes les gares, chaque station
correspondant à une nouvelle phase. L'espace saturnien est plus vaste,
débarrassé de toutes les barrières de l'Ancien Régime qui ralentissaient
le mouvement. La mécanique saturnienne quand elle est lancée parvient
à une belle vitesse de croisière parce qu'elle a le temps pour elle alors
que la mécanique lunaire a le souffle plus court et ne peut progresser
que par petits sauts.
On rejoint ici, avouons-le, certaines mises en garde véhiculées
par les religions qui se rapportent à la Bible. L'Evangile nous invite à
séparer, le moment venu, le bon grain de l'ivraie et ce moment là est lié
à la phase lunaire, lorsque Saturne a passé le cap des 45° d'arc - le
huitième de cercle, le semi-carré - dévolus à la phase solaire, laquelle
n'est pas sans évoquer la Tour de Babel. Rappelons que ces 45°
correspondent à 3 ans et demi et que l'on retrouve cette unité de mesure
dans le Livre de Daniel et dans l'Apocalypse quand on rend cette durée
en jours, durée qui n'est pas non plus très éloignée de ce nombre 40 si
important dans la Bible (40 jours, 40 ans)
Astrologie et paix sociale

Si l'humanité n'était pas clivée, il n'y aurait point de place pour


l'astrologie. L'astrologie a en effet vocation à nous éclairer sur
l'évolution sociale dont les astres sont les moteurs et les garants.
Entendons-nous bien: l'astrologie a vocation à gérer une réalité qui n'est
pas en soi astrologique mais qui le devient, peu ou prou, de par son
intervention.
C'est parce que la société est constituée de deux populations qui
se complètent et s'opposent tout à la fois, que l'astrologie joue un rôle
pour l'Humanité. Encore faut-il comprendre que le mot Astrologie, tout
comme le mot Psychologie, désigne à la fois un phénomène et sa
description. L'Astrologie serait d'une part l'instauration par l'Homme et
pour l'Homme d'un lien avec certains astres et d'autre part, une fois ce
lien devenu subconscient sa redécouverte, assez laborieuse non plus
cette fois comme création de l'Homme mais comme loi subie et
respectée par l'Homme.
L'astrologie serait donc essentiellement prévisionnelle mais elle
ne peut exister qu'à condition que l'on ait préalablement bien défini les
réalités humaines qui dépendent d'elles, quand bien même celles-ci
seraient recouvertes et plus ou moins voilées. Cela revient à se
demander à quelle profondeur il faut creuser pour atteindre le plan
adéquat. Pour cela, l'astrologie doit s'émanciper des représentations du
moment qui sont celles que reflètent et projettent ses clients.
Il n'y a au vrai que deux phases dont il s'agit de bien comprendre
les significations respectives, l'une qui correspond à une société en
gestation, encore assez informe et l'autre à une société plus structurée,
plus stratifiée. Nous sommes dans un système binaire à base 42-45 -
une sorte de morse que l'on retrouve dans le I Ching avec les
hexagrammes : c'est à dire que chaque fois qu'une quarantaine de
nouvelles lunes, chaque phase étant séparée par un "blanc" - ce qui
correspond en gros à 3 ans 1/2 - les 1260 jours de l'Apocalypse - ont
été enregistrées par notre psychisme, il y a changement de phase et
donc alternance.
On pourrait parler de phase "équinoxiale" pour désigner la
phase solaire et de phase "solsticiale" pour la phase lunaire.
La phase solaire pourrait être qualifiée de solaire. Le soleil brille
pour tout le monde et il éclaire tout. . On a une vision unitaire, égalitaire
de la société. Euphorie d'une certaine abondance, d'un gros gâteau à
répartir entre tous. Retour à un état originel symbolisé par la plage où
chacun se retrouve à égalité, dépouillé de ses ornements sociaux et où la
mer généreuse est accessible à tout un chacun, que l'on vienne des
quartiers résidentiels de Rio de Janeiro, ou des favelas.. Temps de la fête,
du carnaval, des saturnales.. Panem et circenses. Nostalgie d'une unité
primordiale à rechercher dans la nuit des temps.. On ne supporte plus la
perpétuation d'un découpage social à deux niveaux. . Phase néanmoins
de juxtaposition des individualités et non pas de fusion.
La phase lunaire sera qualifiée de lunaire, l'éclairage se réduit, la
nature se retire, hiberne, l'homme prenant le relais pour créer un autre
monde parallèle, ayant ses propres règles qui est en fait celui de
l'astrologie, des sciences de l'Homme, des techniques alors que la
Science dure, elle - à commencer par l'astronomie évidemment - est
solaire. Aux yeux de cette Science, l'Homme et ses constructions sont
dérisoires. Importance accordée à la Lune, simple satellite de la Terre,
ne faisant sens que pour l'Homme, face au soleil, étoile, centre de tout
un système. Les choses prennent plus de valeur du fait de leur rareté, il
faut faire plus attention, avoir et gérer des provisions, car une erreur
peut avoir de graves conséquences si l'on quitte l'aire éclairée, si l'on
dévie, si l'on gaspille. On ne jette pas des perles aux pourceaux.. Esprit
de famille, de tribu, de chapelle, de clocher, de club fermé. (le club étant
le bâton (cf le tarot) autour duquel on se rallie). Une structure duelle se
dessine, une hiérarchie s'impose qui n'est plus discutée, ce qui implique
qu'il ne doit plus y avoir d'interférence entre le haut et le bas, chacun
restant à sa place. Le temps de la promiscuité est révolu. Les clivages
sociaux se creusent mais selon un certain consensus. On attend que
ceux d'en haut tirent ceux d'en bas. Phase fusionnelle non pas pour
signifier que nous sommes tous égaux mais que nous ne faisons sens
qu'au sein d'un seul et même ensemble, à condition toutefois que
chacun reste à sa place..
La phase solaire passe par un formalisme, un paraître, qui ne
s'interroge pas sur le fond des choses, ce qui conduit à ne pas percevoir
de différences, comme si l'on ne voyait le monde qu'en deux
dimensions. La phase lunaire, au contraire, est à trois voire à quatre
dimensions et fait passer le fond avant la forme, ce qui conduit à
distinguer entre des individus ayant le même profil extérieur, à
s'intéresser à la qualité de ce qui se dit et se fait chez tel et tel, ce qui
débouche sur une hiérarchie et une reconnaissance de la supériorité des
uns par rapport aux autres. On passe ainsi d'une communication où ce
qui importe c'est d'atteindre un seuil minimum, une maîtrise minimale
du langage, de convoyer un message minimal - ce qui inclue l'étranger,
la machine, l'enfant, la femme - à une communication optimale qui
s'attache à la qualité du message et de l'échange, ce qui conduit à une
division sociale entre ceux qui ne font qu'informer et décrire ce qu'ils
ont sous le nez et en mémoire et ceux qui sont en mesure de mener ou
de participer à une réflexion en commun et qui sont aptes à reconnaître
l'excellence et la pertinence de l'autre en la matière. D'un côté, dès lors,
ceux qui ne représentent qu'eux-mêmes et qui sont dans la sphère du
privé, du private, c'est à dire de l'inaccessible et de l'autre ceux qui se
placent d'emblée dans la sphère publique et ambitionnent de tenir des
propos qui méritent débat parce qu'ils ne font pas sens seulement pour
celui qui les formule, s'exposant dès lors à ce que l'autre les discute. Qui
ne voit que le monde scientifique, politique, religieux ne saurait exister
sur la base du premier niveau qui se réduit à un service minimum, un
peu comme une revue militaire où l'on se contente de vérifier chaque
bouton de guêtre et où l'on ne se préoccuperait pas encore de la valeur
des soldats au combat. Le temps des débuts, du court terme, de
l'esquisse, de l'ébauche, de l'acquisition du bagage initial, est bien celui
des illusions, ce n'est pas encore celui de l'heure de vérité et de la
sélection des meilleurs. Aucune société, à la longue, ne peut se
permettre d'en rester au premier stade, elle doit tôt ou tard passer au
second, qui implique de pénétrer dans l'aréne et de se confronter à
l'autre pour l'emporter ou reconnaître loyalement sa défaite et pas
seulement pour être accepté et toléré pour faire un peu de figuration ou
réciter une leçon convenue, apprise et énoncée plus ou moins
machinalement à la demande. Et concernant ces deux niveaux, force est
de constater que la probabilité est forte que les femmes soient dans leur
très grande majorité cantonnées au premier et que les hommes soient
largement admis au second tout en ayant pu fonctionner au premier -
qui peut le plus peut le moins. Parmi les oiseaux, il y a ceux qui volent et
ceux qui ne volent pas: tant que tout le monde reste au sol, on ne s'en
rend pas compte. On dira évidemment que tout cela relève de la force
du préjugé : comment une société pourrait-elle fonctionner sans la prise
en compte statistique de certains déterminismes, faudrait-il donc qu'elle
fût toujours dans l'improvisation? Même si chaque individu doit faire
ses preuves, il est parfaitement légitime et nécessaire de respecter
certaines lois, certains principes, dictés par le temps et par l'Histoire et
qui font que globalement certaines catégories sont plus ou moins
performantes. Paradoxalement, quand le disciple ne comprend pas ce
qui le sépare du maître, cela montre qu'il est bien à sa place et plus il le
comprend, plus il est en passe de devenir le maître. La grande question
est la suivante: est-ce que ceux qui sont limités sont capables de le
reconnaître ou est-ce que leur limite ne tient pas justement à une telle
incapacité à accepter spontanément et non pas par la contrainte la
supériorité de l'autre, ce qui les empêche ipso facto de participer au
processus de sélection et d'élection? Dès lors, la supériorité de l'autre
apparaîtrait comme inexplicable, injustifiée tout simplement parce que
l'on n'en a pas compris la raison, que l'on n'en a pas ressenti l'évidence
en soi-même, que l'on n'a pas compris qu'il était meilleur que soi et
pouvait donc mieux veiller à l'intérêt général. Est-ce qu'un sourd
comprend pourquoi tel pianiste a gagné un concours?
On conçoit qu'un tel agencement constitue un compromis entre
une population limitée où dans ses potentialités et une population ayant
des aptitudes supérieures. En phase solaire, les pouvoirs de la
population dominante sont amoindris, déclinent - ceux qui ont le plus
grand potentiel ne savent plus le faire valoir - alors qu'en phase lunaire,
ils se rétablissent, se redressent, toujours pour un temps correspondant
à un quarantaine de lunes. Dans la Bible, le nombre 40 apparaît : 40
jours, 40 ans mais pas 40 mois, à notre connaissance. On notera que
l'année juive commence tantôt au printemps (Pessah), tantôt à
l'automne (Yom Kippour), soit à six mois d'intervalle. On pourrait
parler de sept demi-années pour désigner la durée d'une phase. On
rappellera la similitude entre la durée de l'année (de annus : anneau) et la
division du cercle en 360°.

Mimétisme, cyclicité, instrumentalisation.

Selon nous, cet équilibre social est toujours en vigueur, il peut


être observé en dépit d'un certain nombre d'interférences dont les
principales seraient le mimétisme, la cyclicité et l'instrumentalisation et
qui viennent sensiblement perturber la lisibilité du monde.
En effet, rappelons la fable de Jean de La Fontaine quant à la
grenouille qui veut se faire aussi grosse que le bœuf. Les phénomènes
de mimétisme sont légion: l'on tend à imiter les façons de la classe
supérieure, c'est ainsi que les Saxons ont emprunté à l'aristocratie
normande des milliers de mots français. A l'inverse, de nos jours, les
Français recourent à quelques mots anglais alors qu'ils sont incapables
de parler cette langue. L'on connaît le rayonnement de la Cour. Tout
cela conduit à brouiller les pistes. Certes, en grattant, le vernis tombe.
Les femmes imitent volontiers les comportements masculins... Ajoutons
qu'il n'y a pas de mimétisme sans une part de dissimulation dès lors que
l'on sera amené à refouler ce qui pourrait compromettre l'assimilation.
A cela viennent s'ajouter les effets de la cyclicité et notamment
de la phase solaire qui produit un mimétisme à l'envers, à savoir une
certaine promiscuité, les Grands s'encanaillent, adoptent certains traits
du peuple.
Tout cela tend à dissimuler le maintien du cycle en question et
peut conduire à sa négation, même chez les astrologues qui ne jurent
plus que par l'individualisme, incarné par le thème natal et qui se veut
un dépassement des clivages spatio-temporels d'ordre social.
Il convient de ne pas confondre les comportements liés à un
mimétisme et qui tendent à brouiller les clivages: si un nombre
grandissant de femmes adoptent des comportements masculins, on
finira par dire que le fait d'être homme ou femme est devenu sans
importance. Mais à un certain stade, l'on s'aperçoit qu'il s'agit d'un leurre
et que la similitude de comportement masque mal le maintien de
différences fondamentales quant aux véritables potentialités. La phase
lunaire met fin à de tels faux semblants et peu à peu le critère objectif
d'ordre anatomique évacue le critère identitaire lequel comporte une
dimension fantasmatique. Cette phase est fort éprouvante pour les
femmes, devenues de plus en plus sûres d'elles, parvenues, dans une
période assimilable à des saturnales, à gagner la confiance des hommes
quant à leur aptitude à participer au plus haut niveau à la gestion de la
Cité voire à obtenir que les hommes se déchargent de certaines
responsabilités sur elles. Au cours de la phase lunaire, on assiste à une
baisse assez brutale de la cote des femmes du fait de la mise en évidence
de leurs limites réelles aggravée par leur tendance marquée à atteindre
leur seuil d'incompétence, selon le principe de Peter. Mais cela vaut
également pour les étrangers lesquels, lorsque la situation exige un
certain sens commun, une connaissance du signifié et pas seulement du
signifiant, lorsqu'il faut être en phase avec un consensus dominant,
risquent fort de se placer en porte à faux. Est étranger, plus
généralement, celui qui est en décalage et qui ne dispose pas des bons
repères pour anticiper, qui peut réciter un discours appris, faisant ainsi
illusion, mais ne comprend que très partiellement et de façon aléatoire
ce qui se dit et fait autour de lui, bref qui psychosociologiquement n'est
pas membre à part entière du groupe. En fait, la phase solaire produit
du faux, dans tous les sens du terme, et la phase lunaire dénonce les
apparences, les contrefaçons, arrache les masques : c'est l'heure de
vérité.
Les comportements des membres de la classe inférieure se
caractérisent par le fait que l'on privilégie les mots par rapport à la
langue, ce qui correspond à différents niveaux de langage: d'un côté le
avoir dit, de l'autre le vouloir dire. Dans le niveau du dire, l'important c'est
d'avoir employé tel mot et de retrouver le même mot chez l'autre ou de
le prendre à l'autre. On sait que certains programmes permettent de
sélectionner tous les messages comportant tel mot. Un ordinateur peut
vous indiquer combien de fois un mot apparaît et à quelle page. Certes,
le fait que le mot ait été utilisé est indiscutable : "vous avez dit ceci ou
cela". Mais ce faisant, on exclue des équivalents tant en tant que mots
qu'en tant que formules plus complexes impliquant une combinaison de
mots, ce qui correspond au stade du "vouloir dire" : "est-ce que vous
voulez dire que....?", ce qui au demeurant ne correspond jamais à une
certitude totale à la différence du constat que tel mot a bien été utilisé.
On dira que le contenant importe plus que le contenu pour le "avoir
dit" et que l'on ne s'intéresse qu'à l'étiquette, sans tenir compte du
contexte. De même, celui qui fonctionne dans le registre du "avoir dit"
tend à exécuter docilement ce qu'on lui demande: donnez-moi ou
trouvez-moi un objet intitulé x ou signalez moi un objet intitulé x, on
est là dans une sorte de symétrie entre le mot cherché et le mot trouvé.
On ne peut guère parler ici de signifié mais de chaîne de signifiants, le
signifié n'étant identifié que s'il est marqué du signifiant : "c'est marqué
sur la boîte" ou, dans un zoo, sur la cage. D'où la formule enfantine:
"comment cela (il) s'appelle?".
Il suffirait donc d'emprunter des mots pour acquérir, à loisir,
une nouvelle identité dont on changerait comme on change de chemise;
une telle attitude se retrouvera chez ceux qui précisément nieront
l'importance du clan et revendiqueront la priorité de l'individu par
rapport au collectif, on passe aisément de l'étranger à l'étrange, à
l'inclassable. Or, en phase lunaire, il faut impérativement choisir son
camp et être dans son camp comme un poisson dans l'eau, ce qui n'est
pas le cas du visiteur occasionnel, du touriste. Or, nous pensons que la
femme a une mentalité de touriste- ce qui est le corollaire de l'exogamie
- et que ses facultés de reproduction, qui ne se réduisent nullement à la
procréation, font merveille quand il s'agit d'informer des étrangers ou
d'acquérir les rudiments d'un nouveau savoir. La femme est dans la
nouveauté mais non pas en tant qu'acteur mais en tant que spectateur
du monde et d'elle-même.
C'est parce qu'il y a mimétisme que l'on met sur le même plan la
femme et le féminin, l'homme et le masculin or le féminin n'est que
l'aspect mimétique de celui qui s'identifie à la femme et idem pour le
masculin en ce qui concerne l'homme. L'animus, c'est la dimension
mimétique de l'homme face à la femme et idem pour l'anima. Le
mimétisme se situe dans l'ordre du comportement, c'est à dire d'une
forme de conformité : on se porte comme. La phase lunaire a pour objet
de détecter de telles contrefaçons ou capillarités qui viennent du vivre
ensemble, d'un rapprochement formel, entre populations par ailleurs
fort différentes.
Mais il faut aussi faire la part de l'instrumentalisation : un même
objet peut faire l'objet d'instrumentalisations différentes et il ne faudrait
pas croire d'office que l'essence de cet objet serait la somme des dites
instrumentalisations. C'est ainsi que le regard de l'astronome sur le ciel
n'est pas celui de l'astrologue, que l'usage que l'astronome fait de la
mythologie n'est pas celui de l'astrologue; dès lors le passage tant
affirmé de nos jours, notamment par un Jean Billon, quant à la
pertinence pour l'astrologie des appellations astronomique des
nouveaux astres nous semble bien discutable et ce n'est certainement
pas un tel passage qui rapprochera sur le fond l'astrologie de
l'astronomie : n'est-on pas là d'ailleurs dans un processus mimétique car
si la mythologie n'appartient pas à l'astronomie, l'usage qu'en font les
astronomes leur est propre et c'est bien ce même usage qui est repris
par les astrologues. De la même façon, l'anglais ne saurait affirmer avoir
emprunté directement des mots latins quand il s'agit de mots repris du
français et de la façon spécifique dont le français a géré son rapport au
latin.
Soulignons à quel point l'objet ainsi instrumentalisé est
appréhendé pour des aspects souvent superficiels et aléatoires qui ne
définissent que très imparfaitement ce qu'il est. L'astre n'a que faire des
noms qu'on lui attribue ou des fonctions auxquelles on le destine, ce qui
n'empêche pas que de telles attributions peuvent peser sur l'objet
considéré, on pense notamment aux Juifs dont le sort peut tout à fait
dépendre de ce que l'on projette sur eux. On aura donc compris en quoi
l'instrumentalisation peut modifier singulièrement l'état antérieur des
choses. La tentation, chez les astrologues, est de vouloir "rationaliser"
ces phénomènes de mimétisme et d'instrumentalisation en n'admettant
pas qu'ils puissent être tardifs. Or, nier ces phénomènes, c'est ipso facto
s'interdire de comprendre le monde que l'on prétend étudier et vouloir
ajuster le monde réel avec le monde fantasmatique dans lequel nous
vivons dès lors que nous ne sommes pas capable de les distinguer.
Une fois le système des deux étages rétabli - et cela vaut aussi
pour les enfants, les étrangers et les machines qui se trouvent
marginalisés et considérés comme une population - fortement
mimétique - de second rang - que l'Humanité peut atteindre son
maximum d'efficience et de diligence. Par machine, nous entendons non
pas seulement l'outillage technologique mais les comportements
routiniers, répétitifs chez les êtres humains : par exemple, quelqu'un qui
lit un texte ou qui répète pour la énième fois le même discours sans
tenir compte de ses interlocuteurs, sans se situer par rapport à eux, est
assimilable à une machine tout comme celui ou celle qui rapporte ou
reproduit ce qu'il a vu ou entendu ou fait, dans le passé ou qui ne fait
que réagir à un mot sans tenir compte du contexte. Dans une guerre
avec des extra-terrestres, ceux-ci auraient intérêt à attaquer la Terre en
phase solaire, qui est une phase de pilotage automatique, de roue libre,
laquelle lui fait perdre probablement plus de 50% de ses moyens au
niveau organisationnel.

Le monde d'en haut et le monde d'en bas

Cette distinction traditionnelle entre ce qui est en haut et ce qui


est en bas a souvent été mal comprise: il faut chercher son expression
au sein même de toute société et pas seulement ni surtout entre les
hommes et les astres. Vivre au prisme des cycles c'est peu à peu prendre
conscience que nous sommes dans un monde duel, mais qui comporte
des flux et des reflux. Cela signifie que périodiquement cette dualité
s'estompe et périodiquement elle se creuse.
Celui qui appartient au monde d'en bas est donc amené à
certains moments de sa vie à prendre la mesure de ce qui le différencie
d'une partie du monde. Ce qui lui semblait proche tend à s'éloigner tout
comme à d'autres moments, ce qui semblait lointaine se rapproche. Le
monde est en constant balancement et l'astrologie est la science d'un tel
balancement.
Il y a ceux qui ne veulent retenir que ce qui rapproche, cela les
rassure. Comme des gens qui ne s'intéresseraient à leur prochain que
lorsqu'il dort ou lorsqu'il est dans l'enfance ou souffrant de quelque
handicap physique ou social, comme pour l'immigré.
Il est vrai que pendant quelque temps, les problèmes peuvent se
résoudre à la base par des ajustements, des expédients, exigeant de la
débrouillardise, de la bonne volonté et pas mal de pragmatisme. Mais
peu à peu, l'on s'aperçoit que c'est tout le système qu'il faut réviser, ce
qui n'est pas à la portée de tout le monde. L'astrologie vue par les
femmes est d'ailleurs perçue comme un savoir fragile qui n'existe que
parce qu'on le veut bien et tant qu'on le veut bien. La croyance ne
s'applique qu'à ce qui est douteux. Les hommes tendent instinctivement
à s'assurer que le système est solide avant de le mettre en pratique étant
donné que même un système bancal peut faire illusion quelque temps.
Les gens d'en bas manquent de hauteur, ils n'accèdent pas à une
représentation globale mais vivent en aval à un niveau où la lecture du
monde est quasiment impossible, tant les paramètres interférent. Ce qui
explique que rares sont ceux qui sont aptes à raisonner sur des
principes, sur des lois générales car leur perception d'eux-mêmes est
déjà brouillée par la diversité du réel. Ce n'est parce que telle personne
est une femme qu'elle saura ipso facto dégager ce qui fait sa féminité des
autres facteurs qui entrent en jeu dans sa personnalité et dans son
discours. Ce n'est pas parce qu'Un Tel est juif qu'il saura forcément ce
que c'est que l'être juif alors qu'il est aussi membre d'autres catégories
socioprofessionnelles, socioculturelles et autres.
Dans toute société les individus sont surdéterminés par les
catégories auxquelles ils appartiennent objectivement sinon
subjectivement : race, religion, sexe, habitat. Les femmes sont mieux
placées pour faire échapper leur progéniture à ces signes extérieurs en
intégrant des milieux différents de ceux d'origine, générant ainsi un
certain métissage. qui fait que les signes s'estompent et nos réactions
pavloviennes sont troublées dans leurs perceptions. Le devoir de la
femme est d'assumer sa liberté de façon à permettre un certain
décloisonnement. Ne jouons pas sur les mots :la libération de la femme
(MLF) ne consiste pas à nier ce qu'elle est mais à assumer sa différence .
Paradoxalement, cette liberté peut consister à vouloir appartenir au
monde des hommes, la femme ayant un côté caméléon. ce qui est
déconcertant tant pour autrui que pour elle-même. Cette liberté permet
au groupe de s'ouvrir au monde et ce n'est qu'à ce titre qu'elle fait sens
et est tolérée et. tolérable.
Facteurs astro- déterminés et astro-déterminants

Il nous semble épistémologiquement indispensable de distinguer


entre ce que l'astrologie détermine et ce qui la détermine. Par facteur
astro-déterminé, nous entendrons des événements astrologiquement
déterminés ou déterminables, ce qui revient à se demander quel est le
champ de l'astrologie et ce qui ne l'est pas. Mais immédiatement, une
autre question se pose qui est celle des facteurs astro-déterminants, c'est
dire les informations à réunir impérativement pour que l'astrologie
puisse être mise en oeuvre; ce qui nous renvoie encore au champ de
l'astrologie mais cette fois en amont..
En règle générale, les astrologues auraient tendance à considérer
comme astro-déteminants la connaissance de la date de naissance, ce
qui comporte l'heure et le lieu de naissance et le recours aux
éphémérides par la prise en compte des régimes horaires qui obéissent à
des variations complexes, d'un pays à l'autre, d'une époque à une autre,
liées à des décisions administratives qui n'ont, elles, rien de cosmique.
Or, il existe, outre les informations d'ordre astronomique qu'il
convient évidemment de circonscrite et de trier, d'autres facteurs astro-
déterminants qui sont de l'ordre de l'anthropologique et sans lesquels
l'astrologue, selon nous, ne peut pas oeuvrer. Il ne s'agit pas de se
contenter de vagues considérations sur le conditionnement de l'individu
dont il faudrait quelque part à un moment ou à un autre, tenir compte, à
la façon de l'astrologie conditionaliste de Jean-Pierre Nicola. mais bien
de pointer les facteurs décisifs et préalables sans lesquels le travail
astrologique ne peut s'enclencher. . Il faudrait donc parler des interfaces,
les médiations nécessaires à la corrélation astrologique (INCA), à savoir
les "bonnes", c'est à dire les vraies configurations astrales, celles qui ont
été mises en place - et les "bonnes" données anthropologiques, celle qui
font sens, écho, pour l'astrologie. .
Nous avons dénoncé la trop grande importance
quantitative accordée par l'astrologie moderne au système solaire dans
tout ce que l'on connaissait de nos jours d'invisible, parce que trop petit
ou trop éloigné; il faut en effet bien plus rigoureusement centrer ce qui
dans le ciel détermine l'astrologie tout comme il faut le faire en ce qui
concerne les données humaines, à savoir la sexuation, mais aussi le
statut socioculturel de la personne (âge, immigration, appartenance au
prolétariat) lequel déterminera l'impact des phases sur le groupe
d'appartenance de chaque individu. A contrario, l'érection du thème astral
ne nous semble constituer en INCA que sur un plan symbolique, c'est à
dire, en consultation, au niveau du transfert. (cosmothérapie). Dis moi
qui tu es et je te dirai ce que le ciel a à te dire. Le "connais-toi toi-
même", formule socratique, nous semble devoir être compris dans le
sens de savoir quelle est notre place dans le monde , "qui" nous sommes
au sens de la question "qui êtes-vous" "vous êtes qui?"- "vous vous
prenez pour qui?"- et non qu'êtes-vous? Ce qui est une invitation à
savoir où nous nous plaçons dans l'échelle sociale. Sache qui tu es et
non pas ce que tu es, toi spécialement, de façon unique. Connais -toi
c'est aussi reconnais qui tu es, ne nie pas ce déterminisme qui pèse sur
toi car en le niant, tu ne sauras pas ce que le destin te réserve, par delà
les accidents et les hasards de l'existence qui relèvent de la mancie. Or,
force est de constater que le XXe siècle aura été marqué par cette
négation de ce qui, notamment par les femmes rejetant leur qui social,
leur qui fonctionnel. Et paradoxalement, l'astrologie moderne a
justement été instrumentalisée pour nier ce "qui" en lui substituant
l'horoscope, sous ses diverses formes (de la presse à la carte du ciel)
supposé nous dire qui nous sommes vraiment. Ce faisant, l'on privait
l'astrologie d'une information déterminante, au point d'aller chercher
dans le thème ce que l'on aurait du savoir préalablement.
Le langage est trompeur, ô combien, et le problème de
beaucoup d'astrologues est d'en surestimer la précision. Nous avons
pourtant tous parfois ressenti cette crainte de ne pas avoir été bien
compris face à certaines personnes manquant d'une certaine
intelligence. Avec ces personnes là, le moindre flottement sémantique
peut entraîner des contresens et d'ailleurs l'existence même de ce terme
- contresens- montre bien en quoi une communication est fragile dès
lors que notre interlocuteur ne fait pas preuve de bon sens, de sens
commun, pour recadrer éventuellement ce qu'il entend ou croit
entendre, dans tous les sens du terme. L'astrologue ne prend, au vrai,
guère le temps de s'assurer qu'il a été bien entendu. Il ne suffit pas
d'enregistrer une consultation pour que tout soit clair.

Genèse du clivage Masculin-féminin


Il y a tout un débat autour de l'origine du clivage et de ses
implications sociales et ce débat recoupe épistémologiquement celui qui
touche aux fondements de l'astrologie.
Une grille que l'on pourrait qualifier d'humaniste semble s'être
imposée largement qui consiste à dire que les choses ne sont ainsi que
parce qu'on en est convenu et qu'elles peuvent changer si l'on en décide
autrement, ce qui implique une certaine réversibilité de ce qui touche à
l'humain. Les révolutions se sont faites sur un tel postulat. On conçoit
que sous cet angle les sciences de l'Homme se réduiraient à constater les
effets et la durée de telles conventions....
Pour les astrologues, une telle position est-elle viable? La plupart
refusent que l'astrologie soit née d'un certain consensus social, adopté à
une certaine époque mais ils sont le plus souvent d'accord entre eux
pour accepter que l'astrologie puisse intégrer de nouvelles planètes
inconnues de l'Antiquité, ce qui se comprend dès lors que l'on suppose
que les dites planètes n'en agissaient pas moins, toutes inconnues
qu'elles aient pu être. L'on voit donc à quel point, une telle façon de
voir revient à refuser que nos structures sociales et cosmique ne soient
que le résultat d'un arbitrage.
Pourtant, ces mêmes astrologues n'en adopteront pas moins un
tout autre discours au sujet du clivage masculin/féminin, et ce tout
simplement parce que ces astrologues sont aussi, dans bien des cas, des
femmes et qu'en tant que femmes, le sens de ce qui est contradictoire et
incompatible est assez faible quant aux idées alors qu'il est souvent très
aiguisé quant aux personnes. C'est cette tendance à refuser de
reconnaître les contradictions qui conduit les femmes, tout en étant peu
ou prou conscientes de leurs habitudes spécifiques, de revendiquer, par
dessus le marché, les mêmes positions que les hommes dont elles
reconnaissent pourtant, par ailleurs, qu'ils sont différents dans leur
comportement. Cette impuissance à saisir l'odd man out - ce qu'il
conviendrait de vérifier par des tests - la trahit - pour détecter les robots
androïdes devenus si parfaits - fait souvent que l'on parle de la mauvaise
foi des femmes mais peut-on parler de mauvaise foi chez quelqu'un qui
ne se rend pas compte de ce qui ne va pas ensemble. C'est ainsi que le
fait de changer telle représentation en amont ou d'apporter tel élément
nouveau n'est pas censé modifié ce qui est acquis par ailleurs et que l'on
continue comme si de rien n'était. Cela ressort notamment dans un
colloque d'astrologie comme celui d'octobre 2005 "Astrologie.
Conditions d'existence" où certaines remises en question n'ont
aucunement changé telle ou telle présentation des choses à un autre
niveau comme si cela n'était pas lié. Dans d'autres milieux scientifiques -
le terme étant ici pris dans un sens large- toute nouvelle information ne
vient pas seulement s'ajouter mais est susceptible de remettre en
question l'ensemble du savoir.
Il est vrai qu'un tel comportement, fonctionnant par tiroirs
étanches, peut s'expliquer par la fonction utérine qui s'apparente à un
athanor dans lequel on brasse et on croise les éléments les plus
disparates; la femme n'est pas dans le rejet ne serait-ce qu'en raison des
neuf mois qu'elle consacre à porter chaque enfant, ce qui l'améne à
supporter un corps étranger en elle. Au stade de l'individu, il semble
bien que le monde trouve son unité de par l'unité de l'observateur, c'est
l'individu qui unifie ipso facto son champ de vision et de perception
comme sur une photo ou un film où il n'y aurait pas de relief. Notre
civilisation nous place constamment dans de telles situations,
notamment à la télévision, où ceux qui ne voient pas le relief - ce qui est
une carence optique connue - ne sont pas handicapés par rapport à ceux
qui le perçoivent, du fait de l'absence de profondeur, l’œil s'habituant à
passer du relief au non relief, selon qu'il est ou non face à un écran ou à
une image ou qu'il est devant un paysage réel.
En ce qui concerne l'émergence du clivage social hommes/
femmes, la thèse la plus souvent entendue consiste à déclarer que ce
que les hommes ont fait, ils peuvent tout aussi bien le défaire. Donc, à
une certaine époque on a cantonné les femmes dans telle activité, à une
autre époque, on peut en décider autrement.
Le problème, avec cette thèse car il serait téméraire de parler ici
de "constat", c'est que l'on admet, ce faisant, que les hommes et les
femmes étaient déjà différenciés, ce qui ne fait que repousser le
problème plus en amont, à savoir le pourquoi de la différenciation. On
nous répondra probablement que celle-ci se cantonnait à la procréation,
ce qui est assez typique de l'idée que l'on se fait aujourd'hui de celle-ci,
une activité en plus mais qui ne préjugerait en aucune façon des autres
facultés de la femme.
Ce qui est sous-jacent à une telle thèse, c'est qu'à l'origine, il y
avait unité et que par conséquent rien n'empêche de viser à retrouver
celle-ci. La dualité serait ainsi un épiphénomène passager... Le monde
serait d'un seul tenant. Il existe cependant une autre approche selon
laquelle les sociétés seraient le résultat d'une cohabitation entre des
entités très différentes et qui se seraient unies et dans ce cas, c'est cette
unité qui serait toujours remise en question. L'astrologie, en gérant la
dualité, ne serait-elle pas justement l'instrument d'un compromis, d'une
coexistence voire d'une symbiose entre des populations sensiblement
différentes? Selon notre anthropologie, la dualité est l'établissement de
liens entre deux mondes différents. Il n'y a pas de raison qu'un monde
se divise en deux s'il n'est pas déjà double. Affirmer par exemple que la
sexuation est le résultat d'une division arbitraire de l'Humanité ne nous
semble plus acceptable; c'est au contraire pour bâtir cette humanité que
l'on a cherché à réguler la cohabitation entre des entités différentes.
Mais cette cohabitation a ses limites, d'où la nécessité de distribuer, au
moyen d'une cyclicité céleste, le pouvoir alternativement à l'une ou à
l'autre des populations en présence. Sans une nouvelle anthropologie -
mais il faut entendre ici le retour à une conscience perdue des grands
équilibres de l'Humanité - il ne saurait y avoir un discours acceptable sur
l'astrologie : en cas de symbiose, il importe de dégager trois facteurs: les
deux champs en présence et le système qui régit leur coexistence. Pour
l'humanité, ces deux champs sont l'ensemble des hommes et celui des
femmes plus la dimension du temps lui-même structuré de façon duelle,
par la binarisation d'un cycle..
Rappelons ce passage placé au début de l'Ancien Testament:
"Or quand les hommes avaient commencé à se multiplier sur la terre et
que les filles leur naquirent, les fils de la race divine trouvèrent que les
filles des hommes étaient belles et ils choisirent pour femmes toutes
celles qui leur convinrent (...) les hommes de Dieu se mêlaient aux filles
de l'homme et leur donnaient des enfants" (Genèse, VI, 1-5)
On songe aux albums de BD d'Enki Bilal - et au film qui en a
été tiré - qui reprennent le thème des dieux faisant des enfants aux
femmes des hommes. Jean Sendy a publié en 1968 La lune clef de la Bible.
Il voyait dans la Lune un astre tout à fait à part - la demeure des dieux
venus d'un autre monde - et de fait il ne s'agit ni d'une étoile, ni d'une
planète mais du satellite de la Terre. Nous avons dit plus haut que la
Lune était un astre masculin, hivernal, nocturne et nullement féminin et
estival et.... diurne - on s'en douterait. .
Il ne faudrait pas en effet, oublier que l'humanité se distingue
quelque peu des animaux et s'il en est ainsi, cela pourrait tenir à un plus.
L'astrologie en soulignant le lien entre les hommes et les astres, lien
autrement plus sophistiqué que celui qui peut concerner les autres
"animaux", ne fait d'ailleurs que creuser le fossé qui nous distingue des
bêtes.
Selon nous, l'astrologie serait le résultat d'un pacte entre deux
populations contraintes de cohabiter, l'une primitive, individualiste,
taillée pour la survie dans les conditions extrêmes et l'autre, déjà
nettement plus sophistiquée, au fonctionnement plus collectif, plus
collégial ce qui fait que sur le plan individuel cette seconde population
est moins bien armée. Nous avons là les femmes et les hommes, qui ne
seraient pas issus d'une seule et même matrice, ce qui serait une
spécificité de notre Humanité dont on pourrait dire qu'elle est
syncrétique et comme tout syncrétisme, il est tentant d'en nier
périodiquement l'existence dont précisément traite l'astrologie en
aménageant un modus vivandi entre les deux populations à l'image de la
langue anglaise qui combine la langue des autochtones saxons et les
mots des envahisseurs normands, comme le rappelle Walter Scott, dans
Ivanhoé. Rappelons aussi les thèses de l'historien Augustin Thierry
(1795-1856) selon lequel la division sociale de la France serait due à la
symbiose entre plusieurs peuples, les uns conquérants, les autres
colonisés. Il conviendrait d'ailleurs de prendre en compte le fait juif au
sein d'une telle anthropologie dualiste qui ne réduit pas l'humanité à la
sexuation animale. L'exogamie- dont le film King Kong , en ses versions
successives, donne une certaine représentation montrant une femme
capable de se lier à un être radicalement différent de son groupe
d'appartenance, témoignerait d'ailleurs de cette étrangeté radicale entre
hommes et femmes.
Le décalage entre hommes et femmes est nettement plus
important que celui qui existe entre mâle et femelle d'une autre
"espèce", en ce que ces sociétés ne sont pas secouées par des phases
d'accélération; la stagnation relative de la plupart des espèces non
humaines tient à la carence d'un élément mâle aussi actif que pour notre
Humanité, d'où des sociétés que l'on pourrait qualifier,
comparativement, de féminines en ce qu'elles ne se sont pas dotées d'un
système à deux vitesses, ce qui nous améne à conclure que les astres
sont, plus que le cheval, la plus belle conquête de l'Homme et il ne s'agit
pas là, on l'aura compris, de la conquête spatiale actuelle.
. Selon nous, les enfants mâles perpétuent la population mâle et
les enfants femelle la population femelle; il ne s'agit pas d'un truisme car
il faut entendre par là que la femme ne participe à l'équation génétique
de l'homme en ce qu'il a de spécifiquement homme et vice versa, étant
entendu que s'est constituée avec le temps une base génétique
commune mais qui n'épuise nullement les différences. On comprend
mieux ainsi pourquoi les femmes s'intéressent spécialement à une vision
individualiste de l'astrologie en phase avec leur nature profonde dont il
est patent qu'elle reste fondamentalement inchangée. Il est clair en tout
cas que si populations masculine et féminine ont des origines
différentes, l'idée d'une simple convention sociologique n'est plus
recevable, la convention ayant visé à intégrer et à réguler ces différences
et non à les constituer. L'Humanité aurait en fait depuis longtemps
cherché à rapprocher ces deux populations. Une des hypothèses qui
pourrait être formulée est la suivante: l'humanité actuelle serait le
résultat d'une relation exogamique entre les femmes d'une population
androïde inférieure et les hommes issus d'une population nettement
plus évoluée. Si les hommes sont plus forts que les femmes
physiquement - cela n'est que relatif car ils ne l'étaient probablement pas
par rapport aux mâles de la dite population androïde. Dans le cas de
King Kong, le schéma est inversé, il représente la femelle de la population
supérieure avec le mâle de la population inférieure.
On confond parfois celui qui énonce des différences pour les
dépasser et celui qui les énonce pour les mettre en place. On retrouve
constamment un tel débat sur la structure qui ordonne a priori et a
posteriori, dans un cas la structure est responsable de la différence, dans
l'autre, la structure tend à la reconnaître pour la dépasser. C'est toute la
raison d'être de l'alternance des phases telle que l'astrologie en est non
pas l'observatrice mais la scénariste.
Une telle anthropologie risque-t-elle d'isoler encore plus
l'astrologie? Il est urgent de comprendre que l'avenir de l'astrologie se
situe bien plus au niveau des sciences de l'Homme que de l'astronomie
ou de l'astrophysique. La parution, en 2005, de la nouvelle édition du
Que Sais-je sur L'astrologie, commandée à deux astronomes dont
Philippe Zarka, ne fait qu'entériner une fausse voie empruntée par les
astrologues eux-mêmes.
La science du XXIe siècle sera probablement plus consciente
des phénomènes de dualité qui remettent en question l'idée d'entités
isolées les unes des autres car si un ensemble comporte tel sous-
ensemble, ce même sous ensemble peut fort bien se retrouver au sein
d'un autre ensemble. C'est notamment le cas en linguistique: telle langue
peut comprendre des mots qui appartiennent aussi à une autre langue.
Ne pas comprendre qu'abondent les ensembles de toutes sortes qui sont
constitués d'éléments radicalement différents -traditions- langues -
sociétés - c'est ne pas vouloir prendre la mesure des véritables enjeux
historiques. L'astrologie, précisément, ne fait sens, que parce qu'elle est
une solution cyclique pour gérer une humanité hétérogène.
Dans un monde qui nie les différences, l'astrologie n'a plus sa
place. L'historien de l'astrologie qui réfléchit sur le déclin de l'astrologie
à l'époque moderne devrait donc se demander si le dit déclin ne serait
pas dû à la perte de conscience de la dualité du monde : non seulement
celle qui concerne le rapport entre les hommes et les astres mais aussi et
d'abord celle qui touche aux structures sociales, à la remise en question
des clivages de toutes sortes dont l'astrologie pourrait apparaître comme
les légitimant. Le retour à la prise de conscience de certaines divisions
devrait dès lors revaloriser la fonction astrologique. Par ailleurs, la mise
en place des constitutions, à partir de la fin du XVIIIe siècle en
Amérique et en France, aura pu également se présenter comme un
substitut à l'astrologie. L'idée de nation, elle-même, est foncièrement
unitariste et tend à rendre l'astrologie obsolète. Inversement, la remise
en question des frontières au sein de structures supranationales, la
diversité des habitants sis sur un même territoire, rendent d'autant plus
nécessaire le recours à des processus susceptibles d'organiser et de
désigner, dans le temps et dans l'espace, la coexistence de populations
distinctes.
Il n'est donc pas souhaitable que l'astrologie cherche à se
conformer à un consensus mou selon lequel toutes les différences
seraient arbitraires et provisoires. Certes, l'astrologie est-elle bien placée
pour savoir quelle est la place de la cyclicité mais il s'agit là d'une
affirmation de la récurrence des situations et nullement de leur
dépassement, selon quelque perspective eschatologique et téléologique.
Le modèle jungien de l'animus et de l'anima - débouchant sur une
sorte d'androgynat - ou du moins l'usage qui en est fait - nous semblent
somme toute assez malheureux. La philosophie dualiste implique en
réalité que chaque élément maintient sa spécificité et que toute unité ne
saurait être que de façade. Il y a thèse et antithèse, il y a dualité et
éclipse de dualité et ainsi de suite. L'éclipse du soleil n'empêche pas le
soleil de réapparaître un peu plus tard et chaque nouvelle lune n'est-elle
pas comme une éclipse de lune? Le fait de s'unir à l'autre ne signifie pas
que nous devenions l'autre mais que nous tentons de construire quelque
chose avec lui.
L'astrologue ne saurait se contenter de se servir des termes bien
éculés de masculin et de féminin sans les étayer sur une anthropologie
digne de ce nom au lieu de se contenter de véhiculer des clichés censés
être compris de tout le monde sans plus d'explication. Le langage de
l'astrologue se doit de gagner en précision conceptuelle et pas seulement
en précision chronologique. Annoncer, comme l'a fait André Barbault,
un événement "important", "grave", en 1989 pour l'URSS sans plus de
détail, sans recourir à une typologie événementielle qui se respecte,
nous semble bien désinvolte.
En jouant la carte anthropologique, l'astrologie se trouvera des
alliés tant dans le champ scientifique que politique. C'est d'ailleurs à
partir du moment où l'astrologie n'a plus su entretenir des relations
viables avec l'une ou l'autre des forces sociopolitiques en présence
qu'elle s'est retrouvée marginalisée et laissée pour compte. Or, l'alliance
de l'astrologie avec la nouvelle astronomie, celle-ci lui fournissant
complaisamment - et non sans quelque ambiguïté - quelques jouets
mythologiques, a fait long feu. Il est temps que l'astrologie retrouve ses
marques au sein des débats de société.

Les femmes en milieu astrologique

Les astrologues sont schizophrénies comme d'ailleurs beaucoup


de ceux et de celles qui ont été élevés dans les religions dites du Livre
lesquelles nous enseignent que les femmes sont différentes des hommes
et qu'il faut, dans la sphère publique sinon dans la sphère privée, les
séparer. L'astrologie, également, selon nous, a vocation à gérer une telle
dualité et force est de constater que les astrologues semblent davantage
marqués par la modernité ambiante que par le respect d'un tel clivage.
Autrement dit, les astrologues trahissent leur propre message, mais déjà
le thème natal n'était-il pas une façon de tenter de dépasser un tel
clivage en privilégiant l'individualisation sur l'existence de grands
ensembles que l'astrologie, dans son cahier de charges, mission de
réguler? Ce qui attire les femmes vers l'astrologie tiendrait en réalité à ce
que l'astrologie thémique est décalée par rapport à la sexuation, certains
allant jusqu'à dire que si le sexe n'est pas visible dans le thème, c'est que
la sexuation n'est pas importante pour l'astrologie. C'est l'occasion de
rappeler que l'astrologie se doit de s'appuyer sur une anthropologie et
que celle-ci ne figure pas dans le thème mais doit se combiner avec lui.
Nous pensons que le milieu astrologique doit montrer l'exemple
et respecter nettement la division hommes-femmes. Les Colloques
astrologiques notamment doivent respecter une certaine répartition des
rôles : les débats doivent être réservés à la communauté des hommes.
C'est ainsi que le colloque "Astrologie. Conditions d'existence" organisé
les 7-9 octobre 2005 par le MAU fut une réunion entre hommes, les
femmes étant en situation de spectatrices. Lorsqu'elles intervenaient
ponctuellement leur contribution ne contribuait guère à la dynamique
du débat en cours et pourrait être considérée comme fonctionnant sur
un mode de résistance, de rappel de données passées et dépassées, ne
serait-ce qu'en renvoyant chaque prise de parole à un avis personnel, ce
qui casse les perspectives d'un travail collectif. Pour les femmes,
d'ailleurs, un colloque est l'occasion pour chaque intervenant de dire ce
qu'il sait et non pas de s'engager dans un débat d'idées, avec plus ou
moins de bonheur.

La femme et l'étranger

Les astrologues ont l'habitude de raisonner par analogie mais


curieusement ils ne semblent pas avoir signalé le lien existant entre
féminité et étranger.
On soulignera le fait que les femmes ont souvent été amenées,
du fait de l'exogamie, à quitter leur milieu d'origine.
Le fait que les femmes soient porteuses des enfants n'y change
rien, contrairement à ce qu'affirme certains ouvrages comme celui de
Jeanne-Elisabeth, Harmoniser les sexes et harmoniser les générations, Paris, R.
& C. Bouchet, 1999. On peut certes construire tout un raisonnement à
partir de la femme enceinte et qui serait donc moins mobile que
l'homme.
Or, la femme a d'abord vocation à gérer le brassage des peuples,
des générations du fait d'une part de ses déplacements et de l'autre de la
procréation qui réalise des combinaisons inédites. La femme est ainsi
foncièrement marquée par l'étranger, par le mouvement dans l'espace
social. Dans les familles princières d'Europe, l'on savait qu'une fille ne
resterait pas dans sa société de naissance, ce qui explique que tant de
rois de France aient épousé des étrangères.
Lorsque l'on traverse une phase féminine (équinoxiale, solaire
par le bas), cela implique toujours une forme de recommencement et la
nouveauté fait de nous un étranger. On n'est pas étranger par définition
à ce qui nous est familier. Un homme, en phase féminine, sera
irrésistiblement amené à se confronter à de nouveaux horizons qui s'ils
l'enrichissent quelque part l'appauvriront par ailleurs, du fait de la
rupture plus ou moins nette avec le passé, ne serait-ce que du fait
d'avoir à apprendre une nouvelle langue, à assimiler de nouvelles
données que d'autres possèdent. Rien à voir ici avec un pionnier qui
s'aventure sur une terre inexplorée car personne n'est là pour lui faire la
leçon. Cette étrangeté là, quant à elle, est au contraire très masculine.
En tout état de cause, toute personne qui limite, en sortant de son
groupe d'origine, ses apports subconscients se fragile et se précarise, du
fait qu'elle en viendra, pour éviter une trop grande dépense nerveuse, à
s'économiser, donc à diminuer ses performances en terme de
communication.

Cyclicité et vie de couple

Il ne faudrait pas croire que le fait de travailler sur de grands


ensembles empêche l'astrologue de s'intéresser au couple, dans la
mesure même où le couple est la quintessence de la dualité qui traverse
le monde. N'oublions pas d'ailleurs que notre rapport aux astres est
héréditaire et donc se transmet au niveau individuel et non par on ne
sait quel déterminisme qui viendrait directement des astres sans passer
par le ressenti personnel. C'est précisément la somme, la résultante des
expériences individuelles qui fait événement.
Quand un couple se constitue, deux cas de figure se présentent
: soit la rencontre a lieu en phase nivelante ou elle a lieu en phase
lunaire. Dans un cas comme dans l'autre, l'on s'expose à des surprises
dès lors que l'on passe à la phase suivante.
Nous dirons que le couple en phase solaire est vécu sur un plan
assez fruste, instinctif, accordant une importance centrale au sexe et à
une attirance viscérale alors que le couple en phase lunaire a d’autres
exigences, plus intellectuelles, plus sophistiquées. En phase solaire, une
relation entre un homme et une femme d’horizons radicalement
différents – c’est le cas des situations exogamiques - sera plus viable
qu’en phase lunaire, qui implique un plus lourd effort d’intégration..
Si le couple s'est formé en phase solaire puis passe en phase
lunaire, l'homme va peu à peu prendre un certain ascendant sur sa
compagne, ce qu'elle pourra vivre comme une forme de mépris, un
sentiment de supériorité mais en même temps, cette différence qui
s'affirmera revêtira peu à peu un certain caractère d'évidence qui
permettra une vraie complémentarité et répartition des taches.
En revanche, si le couple s'est formé en phase lunaire puis
passe, par la suite, en phase solaire, la relation évoluera tout autrement :
au départ, chaque partenaire avait un statut et une position bien
distinctes et l'homme parvenait à affirmer et à légitimer ses droits à un
certain ascendant moral, intellectuel. Mais, à partir d'un certain moment,
la femme n'est plus d'accord à ce sujet, elle ne reconnaît plus à son
compagnon une quelconque prééminence, elle se veut désormais vivre
sur un pied d'égalité.
A quoi ce changement d'attitude tient-il? Au fait qu'en phase
solaire l'homme n'est plus que l'ombre de lui-même, qu'il n'a plus le
charisme dont il jouissait : son étoile a pâli, sa cote baissé. Inversement,
lorsque advient une nouvelle phase lunaire, l'homme remonte dans
l'estime de ses proches, il fait preuve de qualités qui imposent son
autorité, il est l'homme de la situation quand les solutions proposées ont
fait long feu, ne tiennent pas la route. C'est le come back, c'est le voisin
qui devient Superman et qui prend son envol, laissant les autres scotchés
au sol, c'est la fable d'Andersen sur le vilain petit canard qui finit par se
métamorphoser en cygne. L'homme est l'être des transformations
spectaculaires alors que la femme est l'être des changements identitaires.
Il ne faudrait pas confondre ces deux processus : dans un cas, l'homme
obéit à une programmation comme le passage de l'état de sommeil à
celui de veille tandis que dans l'autre cas, il s'agit d'un mouvement plus
superficiel et qui concerne des structures peu ou prou aléatoires. Dans
un cas, le changement s'opère dans un temps cyclique, historique et
dans l'autre dans un déplacement d'ordre spatial, géographique. De
même, les clivages sociaux, sous-tendus peu ou prou par la sexuation -
sont plus fonctionnels que les frontières nationales. On conviendra que
l'astrologie est concernée au premier chef par les distinctions
structurelles et programmées plutôt que contingentes et accidentelles. Il
est vrai que l'on risque parfois de prendre les unes pour les autres et le
rôle de l'astrologie est justement de faire le tri.
La phase lunaire d'ailleurs peut créer une sévère distorsion dans
le couple avec d'un côté l'homme qui professionnellement monte et qui
montre ce qu'il sait faire au plus haut niveau et de l'autre, la femme qui
risque fort de se voir remonter à sa place et qui révèle ses limites et son
incapacité à voir plus loin que le bout de son nez au risque de
provoquer des catastrophes par manque d'anticipation et perception
trop étroite et trop personnelle de la situation.
Inversement, la phase de basses eaux conduit à déclarer que 'le
roi est nu", comme dans le conte d'Andersen, ce qui tend à combler le
fossé entre le monde d'en haut et le monde d'en bas, non point tant
parce que ceux d'en bas acquièrent de nouvelles aptitudes mais parce
que ceux d'en haut descendent de leur piédestal, ce qui, conduit, faute
de mieux, à recourir, un temps, à des méthodes artisanales, au coup par
coup, un peu comme un bateau qui coule et où l'on colmate comme on
peut, avec les moyens du bord.
Il ne faut donc pas s'étonner qu'en phase solaire, on parle de la
fracture sociale à résorber, comme en 1995, lors de l'élection
présidentielle remportée par Jacques Chirac et qu'à d'autres moments,
en phase lunaire, les immigrés soient sur la sellette et que leur
intégration soit remise en cause.. Rappelons cependant le
comportement de Jacques Delors alors que Saturne est passé en
Poissons : Alfred Grosser écrit à son propos : " Jacques Delors, le
président le plus efficace et le plus respecté que la Commission
(européenne) ait connu (...) aurait sans doute été élu président de la
République (en 1995) s'il n'avait, pour des raisons peu évidentes,
renoncé au dernier moment à sa candidature". Il faut voir dans ce retrait
une baisse de régime caractéristique des effets de la phase solaire sur des
personnages de cette envergure mais cela tient aussi au fait que durant
cette phase, il y a une certaine confusion des valeurs qui peut donner
l'impression à un Delors qu'il ne sera pas entendu. C'est d'ailleurs ce qui
était arrivé en 1988 pour Michel Rocard quand il fut choisi comme
Premier Ministre au début du second septennat de Mitterrand. Mais si
Delors avait connu les phases en question, il aurait su que la tendance se
serait inversée au bout de 3 ans, lors de l'arrivée de Saturne à la fin du
bélier. Par une sorte de fatalité, toutes les élections présidentielles
françaises ont eu lieu en phase solaire depuis la mort de Pompidou au
cours de son mandat en 1974: 1981, 1988, 1995, 2002. C'est au niveau
des premiers ministres que la phase lunaire peut jouer, eux qui ne sont
pas élus au suffrage universel. Le système français permet de changer de
premier ministre sans changer de majorité et sans procéder à des
élections comme lorsque Mitterrand prit Laurent Fabius en 1984 - ce
qui correspondit au départ des ministres communistes - en début de
phase lunaire, lequel prenait ainsi la place de Pierre Mauroy, marqué par
la phase solaire de 1981..
En phase lunaire, les enjeux s'élèvent et donc toute faute peut
avoir des conséquences désastreuses, qui ne se rattrapent pas. En
d'autres temps, en phase solaire, les enjeux sont plus limités, plus
médiocres et donc une erreur est de moindre importance car on n'a pas
grand chose à perdre.
En se mettant en situation d'étrangère, la femme assume
pleinement sa condition. Elle évite un mimétisme trompeur qui serait le
fait d'une longue fréquentation du milieu dans lequel elle se trouve. En
changeant de repère, elle met en évidence ses facultés d'adaptation et
relativise par là même ses limites comme cela serait le cas si elle restait
sur place. La femme jouit ainsi d'une enviable liberté de mouvement.
Or, à partir du moment où elle n'use pas de ce droit, elle se trouvera
pénalisée du fait qu'elle n' a pas adopté une attitude en phase avec sa
structure mentale.
La femme est imprévisible en ce que ses propos et ses actes ne
respectent pas un quelconque besoin d'unité. Son esprit vogue "comme
la plume au vent" (Rigoletto de Verdi). Elle est en phase avec ce qui se
passe en elle et en face d'elle mais ce qui se passe change, elle est très
réactive. L'homme, lui, surprend surtout par ses baisses et ses hausses
de régime. Comme celles-ci sont vécues simultanément par la gent
masculine en son entier, un homme n'est jamais déphasé par rapport
aux rythmes du monde, à l'instar d'un bateau qui glisse sur les flots. La
devise de la ville de Paris est éloquente: fluctuat nec mergitur. La femme,
quant à elle, a bien du mal à sentir le vent tourner car l'évolution n'est
pas intérieure mais extérieure.
La femme, disions-nous, n'obéit pas à un impératif d'unité, au
sens kantien du terme, de centralité. ou plutôt elle a naturellement un
sentiment d'unité, d'où l'usage du singulier comme à propos de
l'Astrologie, dont elle pose l'unicité comme d'une évidence. La loi
qu'elle se donne ne vaut que pour elle. Cette absence de sentiment
unitaire aboutit sur le plan artistique à de l'éclectisme, ce qui empêche la
femme de produire une oeuvre forte qui transcende la diversité des
choses. Entendons par là que l'oeuvre masculine, tant sur le plan
artistique que littéraire ou philosophique est reconnaissable en ce que
chacune de ses parties est marquée par une force centripète tandis que
la femme serait plutôt décentrée, excentrée, marginalisée, centrifuge, à
la façon de ces instruments et de ces machines qui sont indifférents à ce
qu'ils jouent ou enregistrent. Comparons un interprète et un
compositeur: l'un va passer d'un auteur à un autre alors que l'autre
imposera un seul et même style. L'homme porte en lui comme une sorte
de creuset, de melting pot, qui conduit à une décantation rapide des
éléments qu'il perçoit. La femme n'est pas ainsi équipée, d'où une
production souvent mal dégrossie, faiblement retravaillée, brute sinon
frustre, ce qui ressort davantage dans des oeuvres d'envergure et est
moins flagrant dans l'instant pour des petites choses ponctuelles.

Les femmes et l'astrologie

La sexuation est un paramètre absolument crucial pour


l'astrologie et pour l'anthropologie sur laquelle elle s'articule. L'astrologie
aurait en fait, à la base vocation, à gérer les relations entre le monde
féminin et le monde masculin.
En fait, l'astrologie s'est considérablement féminisée au cours de
son évolution, ce qui en fausse singulièrement les perspectives. Le
thème astral est l'expression d'une astrologie d'en bas alors que
l'astrologie mondiale correspond à une astrologie d'en haut. Un tel
clivage doctrinal peut être observé dans la littérature astrologique. On
notera en outre que le public des cours d'astrologie individuelle est très
majoritairement féminin.(cf étude d’Anne Rose, sur le site hommes-et-
faits.com)
Cette féminisation de l'astrologie, au niveau de ses enjeux,
dénature-t-elle, dévoie-t-elle celle-ci?
On signalera, d'abord, que vouloir utiliser l'astrologie pour
cerner ce qui fait la spécificité d'une personne est en contradiction avec
la vocation première de l'astrologie. Certes, l'on peut voir dans un tel
projet un prolongement du champ de l'astrologie, tout comme le
vendeur de télévision ne sait pas à quel endroit chacun de client placera
son poste dans sa maison. Si le client veut un conseil sur ce point, il ira
voir un décorateur d'intérieur.
Pour passer du général au particulier, l'interface est le praticien
qui va sur le terrain. Or, peut-on considérer le thème astral comme une
telle interface? En d'autres termes, est-ce que le thème astral peut tenir
la place du praticien? On nous répondra évidemment qu'il faut les deux.
Selon nous, le praticien pourrait fort bien accomplir son travail
sans thème astral en se servant uniquement de la structure cyclique qui
lui est fournie, un peu à la façon dont un psychanalyste applique à
l'échelle individuelle des principes très généraux notamment en ce qui
concerne précisément la sexuation.
En fait, le thème natal se voudrait être un modèle individuel, ce
qui est une aberration, une utopie, une monstruosité sur le plan
scientifique, épistémologique. Le thème astral a de quoi fasciner les
femmes de par son caractère hétérogène - combinaison de plusieurs
signes, mélange de plusieurs planètes - ce qui vient conférer à
l'hétérogénéité féminine ses lettres de noblesse. L'homme ne se
reconnaît pas dans un pareil habit d'Arlequin, dans un tel patchwork.
Mais mettons-nous à la place d'un enfant, dans sa famille, qui apprend à
reconnaître tous ses membres, aussi différents soient-ils, à commencer
évidemment par son père et sa mère. L'expérience familiale ne prépare-
t-elle pas à accepter toutes sortes de généalogies baroques, ne constitue-
t-elle pas une grille de lecture du monde où il faut plus apprendre que
comprendre et où l'on s'habitue à des cohabitations improbables
comme c'est le cas dans les réunions de famille et plus encore lors de
mariages réunissant une population souvent très hétéroclite.
Contrairement à ce que l'on pourrait croire, le thème astral va à
l'encontre du praticien, il prétend le remplacer, puisqu'il se propose de
déterminer à sa place comment les astres agiront sur un individu en
particulier, tant au niveau du thème natal stricto sensu que des transits qui
se forment au cours de la vie et qui s'y référent.
Dans les années Soixante- soixante-dix, un consensus était en
train de se former, autour des travaux de Jean-Pierre Nicola et de
Michel Gauquelin - tous deux nés en 1929 - qui faisait la part belle aux
praticiens en mettant l'accent notamment sur les conditionnements
extra-astrologiques et sur le fait qu'une même profession pouvait être
vécue de diverses manières. Le clivage entre théoriciens, statisticiens
d'une part et praticiens de l'autre était net.
Mais face à ce courant, certains comme André Barbault,
prétendirent que le thème natal correspondait à la structure psychique
de l'individu concerné, ce qui était visiblement empiéter sur le territoire
du praticien et mener, irrésistiblement, le modèle astrologique vers son
seuil d'incompétence.
Cette tendance est renforcée chez ceux qui ne considèrent pas la
prévision comme le champ privilégié de l'astrologie, ce qui les conduit à
surinvestir le thème natal dès lors que l'astrologie ne serait pas en
mesure de faire apparaître des variations au cours de l'existence, ces
variations étant en effet à la base des prévisions.
De nos jours, s'il y a une astrologie "humaniste" qui met l'accent
sur le cycle de la lunaison et qui ne prétend pas à une hyperprécision
dans la prévision, on trouve aussi des astrologies qui se veulent
totalisantes et capables de cerner au plus près ce qui arrivera à un
individu en particulier. On pense notamment aux travaux de Roger
Héquet où l'on passe d'une extrême à l'autre : d'un côté une école qui
considère que les tendances natales se déploieront d'une façon ou d'une
autre tout au long de la vie, selon la formule "Le caractère, c'est la
destinée' et qui éventuellement découpe la vie en phases de quelques
années, dont chacune constitue une épreuve spécifique, on pourrait
presque dire que chaque phase serait une vie en soi axée sur une
certaine problématique à assumer et de l'autre côté, une école qui voit la
vie comme entraînée dans une succession incessante d'événements
suscités par les diverses planètes, ce qui ne correspond pas à une
philosophie de la vie très sophistiquée puisque l'événement prime sur la
phase au point que la notion de phase d'une certaine durée et d'une
certaine homogénéité thématique transcendant la notion d'événement
tend alors à disparaître au profit d'une priorité donnée à la gestion des
événements qui se présentent à nous. Dans un cas, c'est une astrologie
des questions qui interpellent la personne, dans l'autre, c'est une
tentative pour connaître par avance les réponses que la personne
donnera car un événement est le fruit d'une réponse, d'une décision.
Dans un cas, nous aurions affaire à une astrologie en amont, à la source,
qui rend l'individu responsable de la façon dont il relève les défis
existentiels qui s'offrent à lui et de l'autre, à une astrologie plus en aval,
à propos de laquelle il vaudrait mieux parler de défis événementiels. Au
niveau de la sexualité, nous oserions une comparaison un peu osée en
opposant l'acte sexuel qui se prolonge dans la longue durée et qui peut
ne pas déboucher sur l'éjaculation que serait l'événement ayant lieu à un
moment bien précis à l'acte bref qui "ne dure qu'un instant" comme le
"plaisir d'amour" de la chanson.
Certes, un individu peut trouver trop vagues des recherches qui
visent des centaines de millions de personne - ce qui est pourtant le cas
de l'appartenance à tel ou tel signe zodiacal - mais de là à demander au
modèle de se complexifier au point de ne valoir que pour lui, il y a là un
certain excès de narcissisme.
Il est vrai que certains clients se méfient tellement de leur
prochain qu'ils préfèrent que le rôle du praticien soit réduit à la portion
congrue, à savoir lire docilement un document fourni par l'ordinateur.
C'est d'ailleurs toute la différence entre le profil de celui qui va chez le
psychanalyste et de celui qui va chez l'astrologue tel qu'il est
généralement défini.
La présence massive de femmes, dans les réunions astrologiques
tranche avec la rareté de la présence masculine : quand on interroge à ce
propos, il est répondu que les femmes sont plus intuitives, plus proches
de ces questions, ce qui tendrait à montrer que l'astrologie, du moins
sous la forme qu'elle prend actuellement, serait un révélateur de la
sexuation. Pour notre part, le rejet par la gent masculine de l'astrologie,
même exprimé par la simple absence, tient au fait que les hommes sont
confusément gênés par l'incohérence théorique qui leur semble un
préalable à toute pratique. En revanche, les femmes tendraient à
accepter la théorie telle qu'elle se présente, avec une certaine
indifférence, comme si cette question ne les concernait pas et se
persuadent que l'important est ce qu'elles en tireront sur le terrain. En
fait l'astrologie actuelle, telle qu'elle s'offre au public des clients et des
élèves, nous apparaît, préfigure ce que serait un monde sans hommes,
laissé à la seule responsabilité des femmes.
Pendant un certain temps, le monde continuerait à profiter d'un
ordre établi par les hommes mais peu à peu tout finirait par se déliter un
peu comme ces villes coloniales cédées aux indigènes et tombant peu à
peu dans un état de délabrement. Les femmes ne s'y trompent pas qui
accourent massivement vers l'astrologie comme vers un savoir paria,
diminué et qui pourra se maintenir et survivre par leur ingéniosité et
leur savoir faire. L'astrologie, une science féminisée, une sous-culture,
une contre-culture.

Saturne et les femmes

Les femmes, jusqu'à leur ménopause ( littéralement arrêt de la


menstruation) dépendent du cycle lunaire, lequel est fort rapide. Les
hommes sont reliés à Saturne dont le cycle est considérablement plus
long sur la base d'un jour pour un an, soit 360 fois plus lent.
Cette différence de vitesse de cyclicité est certainement une clef
de la différence de psychisme entre hommes et femmes. Elles ont du
mal à voir à long terme et quand elles s'y essaient, à la façon des
hommes, c'est souvent assez hasardeux. C'est d'ailleurs cette difficulté
d'anticipation qui conduit les femmes chez l'astrologue alors que les
hommes, mieux lotis, n'en éprouvent pas aussi souvent le besoin. En ce
sens, un astrologue homme sera mieux à même de conseiller une
femme qu'une astrologue femme.
Le psychisme de la femme est donc fonction de la lune et l'on
dit de quelqu'un qu'il est lunatique pour dire qu'il manifeste, dixit le
Larousse 2006 une "humeur changeante et imprévisible". On peut
comprendre que les femmes soient plus dans le quotidien car le temps
pour elles passe moins vite, est moins écrasé par un cycle long. La vie
de la femme se divise ainsi en un bien plus grand nombre de phases,
sensiblement plus brèves, que celle de l'homme.
L'on conçoit assez bien que ces deux cycles correspondent à une
société à deux vitesses, en quelque sorte à la grande et à la petite
aiguille.

Un savoir à appliquer

Mais toutes ces tentatives d'expanser le modèle astrologique à


l'échelle de chaque individu ne sont pas parvenues à évacuer le praticien
et ce, pour une excellente raison, à savoir l'inefficiente des
hypermodéles ainsi élaborés. Autrement dit, l'on a cru bon de
complexifier le modèle et cela en vain, ce qui conduit tout simplement à
alourdir le cursus de formation des astrologues, au grand profit des
enseignants.
Ceux-ci n'hésitent évidemment pas à laisser entendre à leurs
élèves que l'apprentissage des techniques du thème natal leur permettra
de cerner au plus près chaque individualité et ils se gardent bien de
souligner qu'au bout du compte, le praticien sera seul en mesure
d'ajuster l'astrologie au client et qu'il pourrait tout aussi bien y parvenir
avec un arsenal beaucoup plus limité et donc exigeant un apprentissage
plus rapide.
Au demeurant, le savoir astrologique pléthorique qui est censé
être transmis aux élèves en astrologie comporte-t-il bien des
incohérences, à toutes sortes de niveaux mais cela ne préoccupe pas
plus que cela un public à forte dominante féminine. Ce public, en effet,
instinctivement, sait très bien que les modèles valent ce qu'ils valent et
ne leur attache qu'une importance relative alors que les hommes qui
sont entrés "en astrologie" tendent à surinvestir le modèle astrologique
en le voulant ou en le croyant si parfaits que les praticiens de base n'ont
plus grand chose à faire. Le thème natal nous apparaît donc moins
comme d'essence féminine que masculine, il s'agit là d'un impérialisme
masculin qui ne connaît pas ses limites. Les femmes, pour leur part, n'en
demandent pas tant et elles ne croient pas vraiment aux grandes
théories, sauf quand elles jouent à se faire passer pour des hommes, en
recourant à une langue de bois.
Cependant, le thème natal ne laisse de séduire la gent féminine
en ce qu'il symbolise le moi, ce moi, cet ego, qui pèse si lourdement dans
la conscience des femmes et qui reste une instance qui leur échappe
largement, ce que la psychanalyse ne semble pas avoir souligné. Ce
thème devient une sorte de miroir dans lequel la femme se projette.
Bien pis, l'astrologue actuel propose un temps sur mesure et qui n'est
pas le temps du prochain. Selon lui, et notamment par la technique des
transits, mais cela vaut aussi pour la plupart des techniques de
progression, notre calendrier événementiel serait individuel tant et si
bien que nous ne serions pas sur la même longueur d'onde, même au
sein d'un petit groupe, ce qui vient encourager le penchant de certaines
à l'idiosyncrasie, à l'exceptionnalité, au cas particulier. Les femmes ont
tendance à mieux se souvenir de ce qui les affecte que de ce qui en elles
affecte autrui et en ce sens on dira que leur moi social - le "nous" - est
faible du fait même du poids du moi personnel dont l'astrologie actuelle
ne fait que renforcer et exacerber les contours au lieu de les atténuer.
En fait, l'astrologie chassée du champ public parce qu'elle n'était pas
parvenue à trouver un accord avec la caste au pouvoir est devenu un art
de salon, un discours privé et elle s'en est fait une raison, c'est ce qu'on
appelle les délices de Capoue..
Le thème natal nous apparaît comme une déviance flagrante
par rapport au message premier de l'astrologie qui est celui de
l'organisation de la société. L'astrologie ne se situe nullement du côté de
la sphère privée mais elle est au contraire le moteur de la sphère
publique; elle n'est pas là pour enfermer les gens dans leur petit moi
mais au contraire pour les en libérer. On voit donc qu'au cœur de
l'astrologie se joue une certaine lutte des classes et que depuis déjà des
siècles, l'astrologie a été appropriée, depuis le XVIIIe siècle, par le
monde féminin et plus généralement par une population
intellectuellement marginale qui pèse de plus en plus lourd
numériquement -ce qui n'est pas sans générer des contradictions - tout
comme la vie politique des deux derniers siècles aura été marquée par le
suffrage universel et le vote des femmes.
Les hommes, qui n'ont pas à souffrir du boulet d'un tel ego,
sont plus libres. Ils ont un sens plus inné du collectif et pressentent
mieux son évolution. Selon nous, la femme parle de ce qui se pense en
elle en tant que sujet alors que l'homme parle de l'objet qui se présente au
groupe. Si la femme est centrée sur elle-même, l'homme, quant à lui,
veut être au centre du monde. La femme n'est pour autant ni dans le
champ scientifique, en dépit de son côté factuel prononcé, ni dans le
champ artistique en dépit du caractère très partiel, fragmentaire, de sa
perception. Car tant le savant que le créateur artistique -on ne parle pas
ici de l'interprète - sont mus par une exigence de cohérence interne que
la femme n'éprouve pas viscéralement et qui confère à tout ce qu'ils
disent et font une certaine unité et comme on dit : les grands esprits se
rencontrent. Plus l'on est en quête d'unité, plus l'on se met en situation
de rejoindre autrui dans ses réflexions. Plus j'essaie d'unifier le champ de
mes perceptions en ne retenant que ce qui converge et plus, par cet
effort, je me rapproche de ceux qui procèdent de même. Et c'est
probablement, ce déficit d'unification, d'aptitude à produire une oeuvre
et non point un ouvrage, de la part de la perception féminine du
monde, ce qui conduit à une médiocre synergie des activités, qui
condamne la femme à des productions de second ordre au regard de la
postérité et on ne sait quelle conspiration misogyne à laquelle elle est
généralement toute prête à croire.
La femme, elle, "constate" mais que constate-t-elle si ce n'est ce
qu'elle ressent, ce qu'elle sait, ce qu'elle "pense" - dans le sens de "à quoi
pensez-vous" et non de "que pensez-vous?" et elle s'imagine que tout le
monde procède comme elle. En tant que sujet, tout ce qui fait partie de
son monde acquiert ipso facto une certaine unité dont elle est le commun
dénominateur. C'est cet ensemble baroque, en vrac, qui ne passe pas
chez l'homme digne de ce nom. En cela, la notion d'incompatibilité se
situe chez la femme, au niveau des personnes - on dira que deux
personnes ne s'entendent pas - et non des savoirs et des discours. C'est
cette disparité, cette dissonance - qu'elle ne maîtrise pas et dont elle n'a
pas pleinement conscience - de ses propos qui trahit la femme, dès lors
qu'on ne se contente pas de la saisir dans l'immédiateté. C'est cette unité
de fait qui suffit à la femme, unité dont le centre est elle-même, qui la
disqualifie pour de grandes entreprises et qui condamne le plus souvent
tout travail de longue haleine qu'elle engagerait aux oubliettes, aussi
précaire qu' un château de cartes. La femme ne fournit pas assez
d'effort pour défendre son point de vue ni pour cerner la faille chez
autrui, deux impératifs pour exister socialement. Trop souvent, le débat
entre femmes se situe au niveau des intentions plus que des réalisations.
Il y a ceux qui sont bien disposés et ceux qui sont mal disposés et non
pas ceux qui ont raison et ceux qui ont tort. Pour une femme, avoir tort
ne signifie rien puisque elle ne parle que de ce qu'elle sait et de ce qu'elle
est seule à savoir. Le seul grief est alors celui de mentir. Or, pour un
homme, le fait de mentir importe peu puisque ce qui compte, c'est la
valeur intrinsèque et universelle de ce qui est dit et fait. C'est pourquoi
les femmes sont à l'aise au commencement des choses, phase solaire, au
stade de la première impulsion, lorsque tout est encore en puissance, en
promesse alors que les hommes dominent en phase de différenciation
quand il est question de résistance, de durée, comme dans une course
où au début tout le monde suit mais où plus le temps passe, plus le
peloton s'étire.
Comme l'écrit fort lucidement Jeanne-Elisabeth : Les femmes
"se reconnaissent des personnalités différentes et souhaitent que cela ne
soit pas nié surtout par les hommes (...) Les hommes acceptent
beaucoup mieux de se faire pions, numérotés sous des uniformes
semblables lorsqu'ils se constituent en groupes et se donnent des chefs
(..) C'est là leur communisme et leur rêve d'égalité qui ne convient
nullement aux êtres féminins "
On peut d'ailleurs se demander ce que les femmes entendent par
"égalité' dans leurs revendications si elles sont si incapables d'en
assumer les conséquences. Il s'agit bien là d'un discours masculin mal
digéré et mal assumé par les femmes et d'un double langage, où l'on
n'en pense pas moins et où l'on veut le beurre et l'argent du beurre.
S'il est vrai que les hommes prétendent parler au nom du groupe
et non pas en leur nom propre, ce faisant, ils s'exposent sciemment à la
critique et au déni de la part d'autres membres du groupe. De même, en
astrologie, il y a ceux, en astrologie du thème natal, qui parlent
d'individus que seuls les proches connaissent et ceux qui traitent
d'événements dont chacun a le loisir de prendre connaissance, comme
en astrologie mondiale. En revanche, celui qui parle en son propre nom
ne risque rien puisque cela ne concerne que lui mais alors il n'y a pas
débat puisque les autres ne sont pas invités à discuter de ce qui n'est pas
censé les concerner. Le problème, c'est que l'affirmation de ce moi,
aussi limitée soit-elle, peut tout à fait avoir des implications sur autrui et
on entre alors dans un cercle vicieux où ce moi qui ne se veut que moi
ne l'est pas vraiment tout en prétendant l'être. Jeanne-Elisabeth fournit
donc une bonne analyse du psychisme féminin mais elle n'en tire pas
toutes les conséquences en se contentant de dire qu'il n'y a qu'à accepter
les femmes comme elles sont, ne voyant pas qu'un tel comportement de
la part des femmes est ingérable dès lors que l'on est vraiment dans une
structure collective et non au niveau de taches strictement individuelles
ou n'impliquant pas un quelconque échange intellectuel au sein du
groupe, comme c'est le cas dans les activités d'en bas. Il y a là une sorte
de paradoxe: en affirmant ne parler qu'en son seul nom, la femme
exprime certes des prétentions modestes mais une telle conduite ne
convient pas dans une assemblée se réunissant dans l'intérêt de tous, la
res publica (république), la chose publique. Opposition entre sphère
publique et sphère privée, entre le collectif et le particulier, entre le
visible par tous et le visible, le connaissable du seul entourage.
Antinomie entre celui qui parle au nom de tous et qui doit accéder à
une certaine synthèse qui transcende les différences et celui qui parle en
son nom propre et ne se soucie guère de parvenir à une quelconque
unité, qui attend en fait, subconsciemment, des autres qu'il fasse ce
travail de décantation et de tri, déballant en vrac ce qu'il a en mémoire
en une sorte de coupé-collé et laissant à d'autres le soin de faire le
ménage. Cette opposition se résorbe et se résout périodiquement quand
la société se fragmente en micro-unités, par temps de pénurie,
d'anarchie où il n'est plus temps de penser l'avenir mais il faut
simplement survivre comme on peut. La femme devient alors mais alors
seulement un acteur à part entière. Faut-il vraiment souhaiter en arriver
là? C'est le plan B.
Un des défauts les plus évidents des femmes est la difficulté
non pas à anticiper mais à bien anticiper. Quand on anticipe mal, il se
produit des choses que l'on n'avait pas prévues. Or, mal anticiper c'est
mal connaître et reconnaître le terrain. Et quand on ne sait pas quelles
seront les conséquences de nos actes, l'on est tenté d'aller consulter un
voyant, un tarologue ou un astrologue. Ce n'est pas en effet que les
femmes n'anticipent pas, elles le font par imitation des hommes mais
elles ne sont guère douées pour ce faire. Souvent, elles sont obnubilées
par un problème et axent tout sur cette perspective à atteindre ou à
éviter à tout prix en négligeant d'autres paramètres. C'est
paradoxalement quand on cherche à anticiper que l'on montre à quel
point on n'est pas fait pour cela.
Les femmes, au travers même de leurs revendications, semblent
d'ailleurs ne pas établir de lien de cause à effet entre le comportement et
la réussite sociale comme si celle-ci obéissait à des critères extérieures
qui ne dépendent pas de nous et de ce que nous sommes. Un peu
comme un enfant qui veut sa part de gâteau. Les femmes veulent
partager le gâteau avec les hommes comme si ce gâteau venait d'on ne
sait où et comme s'il n'était pas fonction de notre contribution à la
bonne marche de la société. C'est la théorie de l'Etat Providence
appliquée non plus à la redistribution des biens mais à l'attribution des
emplois. Or, l'astrologie actuelle en mettant l'accent sur une dimension
purement individuelle minimise le poids des clivages sociaux et
notamment celui de la sexuation et c'est précisément cela qui attire
certains en ce que cela semble permettre d'échapper à un déterminisme
collectif : au moment de la naissance qui est celui où le sexe se révèle -
du moins en a-t-il longtemps été ainsi - vient se substituer le thème
natal où l'individualité s'inscrit. On voit le tour de passe passe.
L'astrologie au masculin

Selon nous, l'astrologie - la vraie - nous parle beaucoup plus des


hommes que des femmes. Si les femmes sont intriguées par les
méandres de leur moi, les hommes s'inquiètent des sinuosités de leurs
potentialités, de leur destinée, ce qui entraîne inexorablement vers
l'étude des cycles. C'est dire que les femmes se situent plus dans la
spatialité et les hommes dans la temporalité.
Ce qui est bon pour les femmes ne l'est pas forcément pour les
hommes et vice versa. L'astrologue doit donc être à la pointe de
l'anthropologie du couple.
Un changement d'activité n'a pas le même sens pour un homme
et pour une femme. Pour la femme, il peut être une source de
renouvellement alors que pour la femme, cela peut correspondre à une
régression. Cela tient au fait que l'homme a vocation à approfondir
inlassablement son créneau tandis que la femme a une plus grande
liberté de mouvement du fait que la société exige et attend moins d'elle.
Nous avons dit que les sociétés étaient divisées en deux niveaux,
l'un le masculin, plus fusionnel, plus dans la communion, l'autre, le
féminin, aux moyens plus limités, à la communication plus frustre. On
comprendra donc que l'accès au niveau le plus bas est plus aisé quelle
que soit la société concernée.
Un homme qui émigre, cela n'a pas le même sens qu'une femme
qui émigre. L'émigration au féminin est facilitée mais elle ne concerne
qu'une intégration au niveau féminin, qui est inférieur. L'émigration au
masculin est bien plus pénible à moins que l'émigré se contente de vivre
au niveau féminin car l'accès au monde masculin est réservé aux natifs,
tant l'appartenance à ce monde est exigeante et ne se réduit pas à
l'acquisition de quelques rudiments, à une vision ponctuelle des choses
et des mots.
A la Renaissance, la littérature astrologique populaire distinguait
les hommes et les femmes pour chaque signe.
L'OPA des psychologues sur l'astrologie

L'astrologie actuelle penche beaucoup plus vers la psychologie et


la psychanalyse que vers les sciences sociales.
Par le truchement ou le prétexte de l'astrologie, c'est en fait la
lutte entre ces deux grandes voies des sciences de l'Homme qui se
manifeste.
Car qu'on le veuille ou non, l'astrologue praticien, aussi dénigré
soit-il par la caste des psychologues n'en apparaît -il pas moins comme
de la même famille, comme une sorte de parent pauvre, pratiquant un
savoir de bas étage. Epistémologiquement, il n'en reste pas moins que
l'insistance à traiter de l'individu rapproche astrologie et psychologie.
C'est donc plutôt avec les sciences sociales que l'astrologie est en
délicatesse alors même qu'elle pourrait y trouver sa place si elle ne
cherchait pas à légitimer le thème natal et laissait le champ individuel
hors de son territoire, comme un épiphénomène qu'elle peut sous
traiter.
Pour les sciences sociales, l'apparition d'une anthropologie
cosmique ne fait pas problème qui n'est qu'une branche que l'on
pourrait qualifier de technologique - on pourrait parler de techno-
anthropologie - de l'anthropologie générale, à condition de bien situer
l'émergence d'une telle cosmo-anthropologie à un stade tardif et
certainement pas à un stade précoce.
Le sujet de l'astrologie n'est pas l'individu mais bien le zoon
politicon, l'animal politique qui veut mettre en place un système de
signaux susceptible de sous-tendre un certain ordre social. Un tel
système exige une visibilité aisée à la fois quant à l'émetteur et quant au
récepteur puisque les émetteurs annoncent un changement périodique
dans le statut des récepteurs.
D'une part, donc, des signaux cosmiques simples, univoques,
accessibles à tous les membres de la communauté et de l'autre des
entités terrestres simples, faciles à identifier et à repérer, les deux plans
étant corrélés.
L'erreur qui a été commise par la plupart des astrologues a tenu
au fait que les clivages terrestres sont remplacés par le métalangage
astrologique. Au lieu de dire que les femmes sont marquées par
certaines configurations célestes, la tendance est de dire que les gens qui
ont tel thème natal ou qui sont nés à tel moment réagiront d'une
certaine façon aux dites configurations célestes, ce qui fait qu'on ne sort
pas de l'astrologie....Au lieu de s'appuyer sur des populations que l'on
peut distinguer a priori sans recourir à un quelconque repérage
astronomico-astrologique et qui sont identifiables dès la naissance,
notamment de par la sexuation, l'astrologue propose une identification
au cas par cas, a posteriori, qui exige de connaître le thème de la personne
ou du moins son signe.
Approche, on l'a dit d'obédience psychologique et qui exige une
certaine secondarité, un temps d'attente pour savoir à qui l'on a affaire
face à une approche d'obédience sociologique, marquée par une plus
grande primarité et qui exige une perception immédiate de l'autre non
pas certes dans sa singularité mais dans son appartenance à une certaine
population dont il partage a priori le sort.
D'un côté une astrologie qui cultive la complexité tant des
indicateurs cosmiques que des indicateurs terrestres et de l'autre une
astrologie qui recherche la plus grande simplicité tant de la part des
émetteurs que des récepteurs, les uns étant en phase avec les autres.
Cette lutte interne au sein du milieu astrologique et qui ressort
tout particulièrement à l'occasion des colloques astrologiques organisés
par le MAU, est celle des gens de l'amont avec ceux de l'aval, de ceux
qui pensent que l'aval n'est que le prolongement aléatoire de l'avant face
à ceux qui pensent que l'amont ne se perçoit que dans le miroir de l'aval
et que qui connaît l'aval connaît ipso facto l'amont. Chaque camp cherche
à réduire l'autre à la portion congrue.
PLACER L'ICONOGRAPHIE A LA CHARNIERE DES DEUX
VOLETS.

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