Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Document téléchargé depuis www.cairn.info - University of Birmingham - - 147.188.25.164 - 27/08/2019 15:48 - © Association Multitudes
2006/3 no 26 | pages 95 à 107
ISSN 0292-0107
Article disponible en ligne à l'adresse :
--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
https://www.cairn.inforevue-multitudes-2006-3-page-95.htm
--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
espace
Bhabha
17:11
Homi
2/12/06
n_26_wrk_11.qxd
Document téléchargé depuis www.cairn.info - University of Birmingham - - 147.188.25.164 - 27/08/2019 15:48 - © Association Multitudes
n_26_wrk_11.qxd 2/12/06 17:11 Page 96
Document téléchargé depuis www.cairn.info - University of Birmingham - - 147.188.25.164 - 27/08/2019 15:48 - © Association Multitudes
bridité. Pourriez-vous nous en dire un peu plus sur l’usage que vous
faites de ces termes ?
Document téléchargé depuis www.cairn.info - University of Birmingham - - 147.188.25.164 - 27/08/2019 15:48 - © Association Multitudes
la politique, fondée sur des identités hétéroclites, inégales, multiples et
potentiellement antagonistes, ce qui est très différent d’un pluralisme
fondé sur l’autonomie et l’individualisme (et la conception de la diversité
culturelle qui va de pair). Nous avons affaire non à une floraison de ta-
lents et de capacités individuels, mais à un moment historique où, de
fait, ces identités multiples s’articulent de manière problématique, que
ce soit d’une façon positive ou négative, bénéfique ou régressive, sou-
vent de manière conflictuelle, parfois même de manière incommensu-
rable. Le multiculturalisme a constitué une tentative visant simultané-
ment à répondre au processus dynamique d’articulation de la différence
culturelle et à contrôler ce processus, par l’administration d’un consen-
sus fondé sur une norme qui dissémine la différence culturelle.
Lorsque je parle de différence culturelle plutôt que de diversité cul-
turelle, je cherche à montrer en quoi cette perspective liberal est en soi
insatisfaisante, notamment dans la mesure où elle ignore en général le
point de vue universaliste et normatif particulier à partir duquel elle
émet ses jugements culturels et politiques. À l’aide du concept de dif-
férence, dont l’histoire théorique renvoie à la pensée post-structuraliste,
à la psychanalyse (où la différence a d’importantes résonances), au
marxisme post-althussérien et aux travaux exemplaires de Fanon, je me
suis efforcé de repérer le bord tranchant, la limite que contient aussi la
notion d’Occident, de culture occidentale, avec son liberalism et son re-
lativisme — ces mythologies très efficaces du « progrès ». En m’appuyant
sur le concept de différence culturelle, j’essaie d’occuper cette position
liminale, cet espace productif où la culture est produite comme diffé-
rence, dans un esprit de différence [otherness] ou d’altérité [alterity].
Les différences culturelles ne peuvent pas être intégrées à un cadre
universaliste. Des cultures différentes, la différence des pratiques cul-
turelles, la différence des processus de construction des cultures au sein
de différents groupes instituent en elles et entre elles une incommensu-
rabilité. Aussi rationnel et même aussi « rationaliste » (car le rationalisme
est une idéologie, et non seulement affaire de bon sens) que l’on soit,
il est difficile, et même impossible et contre-productif, de chercher à
faire tenir ensemble différentes formes de culture et de prétendre que
leur coexistence est chose facile. La thèse qui affirme que toutes les
formes culturelles peuvent être comprises à partir d’un concept uni-
n_26_wrk_11.qxd 2/12/06 17:11 Page 98
Document téléchargé depuis www.cairn.info - University of Birmingham - - 147.188.25.164 - 27/08/2019 15:48 - © Association Multitudes
variantes radicales qui, pour paraître séduisantes, relèvent d’une même
logique. C’est ici que peut intervenir, je crois, la notion de « traduction
culturelle » (j’emploie ce terme dans le sillage des réflexions originales
de Walter Benjamin sur la tâche de la traduction et la tâche du tra-
ducteur ), qui permet de concevoir en quoi chaque forme de culture
est liée à toutes les autres, parce que la culture est une activité symbo-
lique ou signifiante. Cette articulation des cultures est possible, non pas
à cause d’une familiarité ou d’une similitude de contenu, mais parce
que toutes les cultures sont des pratiques d’interpellation productrices
de symboles et constitutives de sujets.
Nous avons beaucoup de mal à concevoir que l’acte de signifier, l’acte
de produire les icônes, symboles, mythes et métaphores à l’aide des-
quels nous vivons la culture, contient nécessairement en soi une limite
qui lui échappe — et cela parce qu’il s’agit de formes de représenta-
tion. Le sens se construit à travers la barre qui marque la différence et
la séparation du signifiant et du signifié. Il s’ensuit qu’aucune culture
ne se suffit à elle-même, qu’aucune culture n’accède à la plénitude, non
seulement parce que d’autres cultures contredisent son autorité, mais
aussi parce que sa propre activité symbolique, sa propre interpellation
dans le processus de représentation, de langage, de signification et de
production de sens, met toujours en évidence la revendication d’une
identité originaire, holiste, organique. Par traduction, je désigne avant
tout un processus qui implique toujours, pour que le sens culturel soit
objectivé, un processus d’aliénation et de secondarité par rapport à lui-
même. En ce sens, les cultures ne connaissent ni « en soi » ni « pour soi »,
parce qu’elles sont toujours et intrinsèquement sujettes à des formes
de traduction. Cette théorie de la culture est assez proche d’une théo-
rie du langage, en tant qu’élément d’un processus de traduction — j’uti-
lise ce mot, comme je l’ai fait précédemment, non au sens linguistique
strict qui est le sien dans une expression comme « livre traduit en fran-
çais depuis l’anglais », mais comme motif ou trope, comme Benjamin
suggère de le faire à propos de l’activité de déplacement à l’intérieur
du signe linguistique.
La traduction est aussi une imitation, mais en un sens ironique [mi-
schievous], source de perturbation : c’est une façon d’imiter un original
qui ne renforce pas la préséance de celui-ci, sinon dans la mesure où
n_26_wrk_11.qxd 2/12/06 17:11 Page 99
Document téléchargé depuis www.cairn.info - University of Birmingham - - 147.188.25.164 - 27/08/2019 15:48 - © Association Multitudes
les cultures ne se constituent que dans cette altérité interne à leur
propre activité de production de symboles, qui en fait des structures
décentrées — et c’est à travers ce déplacement, cette liminalité, que
s’ouvre la possibilité d’articuler des pratiques et des priorités culturelles
différentes et même incommensurables.
La notion d’hybridité découle de ces descriptions de la généalogie
de la différence et de l’idée de traduction, parce que si l’on considère,
comme je le disais, que l’acte de traduction culturelle (à la fois comme
représentation et comme reproduction) contredit l’essentialisme d’une
culture originale ou originaire donnée et antécédente, il devient clair
que toutes les formes de culture sont prises dans un processus inces-
sant d’hybridation. Mais, selon moi, si l’hybridité est importante, ce
n’est pas qu’elle permettrait de retrouver deux moments originels à par-
tir desquels un troisième moment émergerait ; l’hybridité est plutôt
pour moi le « tiers-espace » qui rend possible l’émergence d’autres po-
sitions. Ce tiers-espace vient perturber les histoires qui le constituent
et établit de nouvelles structures d’autorité, de nouvelles initiatives
politiques, qui échappent au sens commun.
Document téléchargé depuis www.cairn.info - University of Birmingham - - 147.188.25.164 - 27/08/2019 15:48 - © Association Multitudes
l’origine, à l’auteurité [authorship] et bien sûr à l’autorité même du Coran.
LesVersets sataniques de Rushdie n’avancent rien qui n’ait été énoncé
et débattu de longue date (à propos des interpolations que contient le
Coran et de leur statut, à propos des « versets sataniques » comme in-
terventions illicites, etc.) dans le cadre des discours qui relèvent de la
dispute théologique. Ce qu’il y a là d’intéressant, c’est la façon dont,
en ayant recours à un autre type de langage, de représentation, —
qu’on peut appeler « métaphore de la migration », roman postmoderne
ou comme on voudra — et en leur donnant pour contexte d’autres
formes d’allégorisation — le caractère métropolitain de la ville moderne,
les formes contemporaines de sexualité, etc. —, les savoirs et les que-
relles qui entourent le Coran se trouvent transformés dans les Versets
sataniques. À travers cette transformation, cette forme de traduction cul-
turelle, les valeurs et les effets (politiques, sociaux, culturels) de ces sa-
voirs deviennent tout à fait incommensurables avec les traditions d’in-
terprétation théologiques ou historiques qui constituaient la culture
d’interprétation et d’écriture coranique établie.
Penser la migration en termes de métaphore suggère que c’est le
langage même du roman, sa forme et sa rhétorique, qui est ouvert à
des sens qui sont ambivalents, qui se dédoublent et se dissimulent.
La métaphore produit des réalités hybrides en liant des traditions de
pensée que tout oppose a priori. LesVersets sataniques sont, en ce sens,
structurés autour de la métaphore de la migration. L’intérêt qu’il y a à
penser la migration comme métaphore littéraire nous reconduit au
grand scandale social provoqué par ce roman (la manière dont il a été
lu et interprété, littéralement, comme défi satanique à l’autorité de
l’Islam), mais il nous permet aussi de saisir que c’est la forme du ro-
man qui a donné lieu à une telle incompréhension et qui s’est révélée
politiquement explosive — précisément parce que le roman porte sur
la métaphore.
a base d’une conception du moi qui n’en fasse pas un sujet souverain.
Selon moi, la façon dont la gauche traite de ce problème revient sim-
plement à remplacer l’essentialisme du moi, l’identité autonome, par
une identité culturelle et politique qui n’est guère moins essentialiste
— la « classe », le plus souvent —, en sorte que la subjectivité « indivi-
Document téléchargé depuis www.cairn.info - University of Birmingham - - 147.188.25.164 - 27/08/2019 15:48 - © Association Multitudes
Document téléchargé depuis www.cairn.info - University of Birmingham - - 147.188.25.164 - 27/08/2019 15:48 - © Association Multitudes
dualiste » se trouve certes décentrée, mais par la substitution d’une autre
catégorie fondationnelle, la classe. À travers la matrice de la classe,
d’autres formes de différence culturelle ont été normalisées et homo-
généisées. La politique de classe britannique a beau avoir ses lettres de
noblesse socialistes et marxistes, elle a largement discrédité jusqu’ici
les questions de race et de genre. La fragmentation de l’identité est sou-
vent célébrée en tant que pur volontarisme ou liberalism anarchique,
mais je préfère y voir la reconnaissance de l’importance de l’aliénation
du moi pour la construction de formes de solidarité.
Ce n’est qu’en abandonnant la souveraineté du moi que l’on gagne
la liberté d’une politique ouverte aux revendications non assimilation-
nistes de la différence culturelle. La caractéristique essentielle de cette
nouvelle conscience est qu’elle ne pose pas la nécessité d’une totalisa-
tion pour venir fonder la légitimité de l’action politique ou de la pra-
tique culturelle. C’est là tout l’enjeu.
Cela ne veut pas dire, bien sûr, que l’autre mode ait disparu. Il se
produit toujours aussi des moments où une totalisation devient la ba-
se d’une politique légitime ou de la conscience sociale, mais on perd
alors ce monde d’articulation essentiel (j’utilise ce terme à dessein) de
la différence.
Document téléchargé depuis www.cairn.info - University of Birmingham - - 147.188.25.164 - 27/08/2019 15:48 - © Association Multitudes
n’appartiennent pas à un autre monde social et culturel, à une autre
société — ils habitent Bradford. En les rejetant dans un passé reculé,
en faisant résonner leurs voix comme s’il s’agissait d’un cri meurtrier,
totalement intempestif et despotique, je crois que nous nous aveuglons
volontairement.
Document téléchargé depuis www.cairn.info - University of Birmingham - - 147.188.25.164 - 27/08/2019 15:48 - © Association Multitudes
siste, implique reformulations et réformations. Avec un certain recul
historique, il est possible d’appeler « révolutions » ces moments critiques
qui, si on les observe au ralenti, se présentent en fait comme une suc-
cession rapide de reformulations et de réformes. Il me semble donc que
la négociation politique est déterminante, et c’est ce dont il est préci-
sément question avec le concept d’hybridité : quand une nouvelle si-
tuation, une nouvelle alliance s’articule, elle exige souvent de vous que
vous traduisiez vos principes, que vous les repensiez, que vous les éten-
diez. Enferrée dans un traditionalisme timoré, la gauche interprète
toute situation nouvelle selon les termes d’un modèle ou d’un para-
digme préexistant. Elle a ainsi des réflexes réactionnaires, un « état
d’esprit » conservateur.
Document téléchargé depuis www.cairn.info - University of Birmingham - - 147.188.25.164 - 27/08/2019 15:48 - © Association Multitudes
culturelles et ses traditions intellectuelles, dans la mesure où — ayant
fait à leurs dépens l’expérience de la colonisation —, ils bousculent cer-
tains des grands récits métropolitains sur le progrès et l’ordre public,
et mettent en question l’autorité et l’authenticité de ces récits. Par
ailleurs, ce que je cherche à montrer, ce n’est pas seulement que l’his-
toire de la colonisation est l’histoire de l’Occident, mais aussi que l’his-
toire de la colonisation est une contre-histoire par rapport à l’histoire
traditionnelle et normative de l’Occident.
La métaphore de la migration que j’évoquais tout à l’heure laisse à
penser, par analogie, que les histoires métropolitaines, occidentales, de
progrès et de civitas ne sauraient se concevoir sans que soient évoqués
les antécédents coloniaux sauvages des idéaux de la civilité et de la my-
thologie de la « civilisation ». En conséquence de quoi, nous pouvons
penser aussi que le langage des droits et devoirs, qui occupe la place
que l’on sait dans le discours moderne de la citoyenneté, doit être mis
en question en raison du statut légal et culturel discriminatoire et d’ex-
ception assigné aux migrants et aux étrangers qui, nécessairement, se
trouvent de l’autre côté de la loi.
Pour le dire autrement, la perspective postcoloniale nous oblige à re-
penser les limites d’une conception liberal de la communauté qui re-
pose sur le consensus et la collusion. Cette perspective insiste — à tra-
vers la métaphore du migrant — sur le fait que l’identité culturelle et
politique est construite dans un processus de production de la diffé-
rence [a process of othering]. Le temps de l’« assimilation » à des valeurs
culturelles organiques et holistes est révolu : le langage même de la com-
munauté culturelle doit être repensé dans une perspective postcoloniale.
Nous pourrions comparer la tâche qui nous incombe, pour utiliser des
exemples qui nous seront plus parlants, à la transformation en pro-
fondeur du langage du rapport à soi et de la sexualité opérée par le fé-
minisme dans les années et par la communauté gay dans les an-
nées .
La « civilité » occidentale prétend, en adoptant un point de vue qui
prétend être celui de l’histoire du monde, avoir dépassé tout cela et af-
firme que les valeurs culturelles supposées du « fondamentalisme » ap-
partiennent à une histoire révolue, qui est comprise, connue et resituée
à travers l’égide et le cadre du rationalisme et de l’historicisme occi-
n_26_wrk_11.qxd 2/12/06 17:11 Page 105
Document téléchargé depuis www.cairn.info - University of Birmingham - - 147.188.25.164 - 27/08/2019 15:48 - © Association Multitudes
d’assumer précisément ce genre d’incommensurabilité et d’antagonis-
me culturels dont ma conception de la différence culturelle cherche à
rendre compte.
Document téléchargé depuis www.cairn.info - University of Birmingham - - 147.188.25.164 - 27/08/2019 15:48 - © Association Multitudes
ments de collectivités gigantesques et indifférenciées telles que la classe,
la race, le genre ou la nation. Le concept de « peuple » [the concept of a
people] n’est pas donné d’emblée comme une composante de la société
qui serait homogène, essentielle, unitaire, déterminée par des positions
de classe, antérieure à la politique. « Le peuple » est là en tant que pro-
cessus d’articulation et de négociation politiques qui traverse toute
une série de situations sociales contradictoires. Le « peuple » existe
toujours en tant que forme multiple d’identification, attendant d’être
créé et construit.
Ce type de politique, qui articule des forces minoritaires situées en
des lieux sociaux différents et disjoints ne produit pas le genre de pos-
ture avant-gardiste qui prétend assurer une direction « à partir de la ligne
de front ». Si l’on accepte la conception selon laquelle le « peuple » est
une construction (à travers la différence culturelle et l’hybridité, pour
rester dans la perspective que j’ai adoptée jusqu’ici), on évite la pola-
rité simpliste entre gouvernant et gouverné : toute description mono-
lithique d’un pouvoir autoritaire (comme le « thatchérisme »), reposant
sur une opposition binaire de ce type, ne peut nullement constituer une
représentation précise de ce qui se passe vraiment. Si, au lieu de cela,
l’on dispose d’un modèle qui souligne la nature ambivalente de cette
relation, qui voit la subjectivité politique comme une forme d’identifi-
cation multidimensionnelle, conflictuelle, alors le thatchérisme est le
nom d’une multitude de groupes articulés les uns aux autres, qui va
des formations ouvrières et petites-bourgeoises au sommet de la hié-
rarchie du parti conservateur et du monde industriel et commercial.
On perçoit aussi alors que cette « volonté générale », ce bloc consen-
suel, peut être désarticulé. Ce qui se donne à voir n’est pas seulement
la rationalité politique à l’œuvre, mais l’« inconscient politique », la re-
présentation symbolique d’une Grande-Bretagne qui pourrait bien,
après une décennie de gouvernement conservateur, n’être qu’un petit
pays, une plutôt petite entreprise en prise à de grosses difficultés.
—
Traduit de l’anglais par Christophe Degoutin et Jérôme Vidal
—
() Ce texte a paru in Rutherford, Jonathan (ed.), Identity : Community, Culture, Difference,
Londres, Lawrence and Wishart, , p. -.
n_26_wrk_11.qxd 2/12/06 17:11 Page 107
Document téléchargé depuis www.cairn.info - University of Birmingham - - 147.188.25.164 - 27/08/2019 15:48 - © Association Multitudes
() Walter Benjamin, « La Tâche du traducteur », trad. de l’allemand par Maurice de
Gandillac, revue par Rainer Rochlitz, in Œuvres. T., Paris, Gallimard, coll. Folio essais, p.
-.
() Salman Rushdie, Les Versets sataniques, trad. de l’anglais par A. Nasier, Paris, Christian
Bourgois, .
() Entretien avec Bhikhu Parekh, in Marxism Today, Londres, juin .
() In New Formations, op. cit.