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VERDUN, D’HIER A AUJOURD’HUI

LA RECOMPOSITION DE L’EUROPE DANS L’IMMEDIAT APRES-GUERRE

Verdun et les Verdunois dans l’immédiat après-guerre - Partie 1/2


par Franck Meyer
Enseignant d’Histoire-Géographie
Membre du comité scientifique de l'EPCC Mémorial de Verdun - Champ de bataille

De 1916 à 1918, la population civile de Verdun a été totalement évacuée. La ville est aux
mains de l’armée française qui y a fait cantonner des troupes. A la fin de la guerre, comment
la vie reprend-elle avec le retour des premiers civils ? Comment ces gens vont-ils faire
indemniser leurs maisons détruites ou dégradées ? Vers quelle activité économique cette
population va-t-elle se tourner ? Voilà un ensemble de questions qui nous montre que les
Verdunois sont à un tournant crucial de leur histoire à la fin de la Première Guerre mondiale.

Les premiers retours

Posons-nous la question de savoir comment ont lieu ces premiers retours ? Les conditions
de vie sont extrêmement dégradées. Ceci effraie énormément certains civils qui reviennent
et qui, devant cette dégradation considérable, vont décider de repartir. On sait aussi que la
municipalité verdunoise est réfugiée à Paris mais qu’elle est en relation avec le service des
travaux de première urgence du ministère des Régions libérées, lequel service est déjà
implanté à Verdun. Or, on s’aperçoit tout de suite que les services de l’Etat sont
extrêmement insuffisants.

En mars 1919, a lieu le retour du conseil municipal qui quitte Paris et revient à Verdun
dans un dénuement absolument total. Il faut d’abord se préoccuper de reloger à peu près
dignement une partie de ces Verdunois de retour. On va trouver des centres de relogement
provisoires avec quelques grands bâtiments du centre-ville qui ne sont pas trop atteints par
les bombardements (par exemple, la caserne Jeanne d’Arc et le collègue Buvignier). Certains
de ces Verdunois trouveront à se reloger dans des maisons peu dégradées du quartier Saint-
Sauveur et du quartier Saint-Victor qui ont été moins bombardés que les autres. En
revanche, très peu de baraquements de relogement sont fournis par les services des travaux
de première urgence du ministère des régions libérées. L’Etat n’arrive pas à faire face.

Le problème du ravitaillement

La question du ravitaillement est également extrêmement difficile. Il est entre les mains
d’un comité d’assistance de l’arrondissement sous l’autorité du sous-préfet. La fourniture de
la viande et du pain sont encore entre les mains de l’intendance militaire.
Il faut ajouter que les œuvres américaines agissent à Verdun, par exemple la Croix-Rouge,
sous la direction de Miss Sibley ; la Vassar Relief Unit sous l’autorité de Margaret Lambie qui
va ouvrir une cantine à la gare et un dispensaire où œuvrent trois médecins Verdunois. Elle
va aussi créer une œuvre d’assistance appelée « La Goutte de lait » qui reste dans la
mémoire des vieux Verdunois. Celle-ci consiste à distribuer du lait aux nourrissons, aux
malades et aux vieillards… Et ce lait est gratuit.

Un fort mécontentement dans les régions dévastées

Dans l’ensemble des régions dévastées du Nord, du Nord-Est, et de l’Est de la France, au


fur et à mesure que le temps passe, les populations et les élus vont laisser éclater leur colère
devant la faiblesse de l’Etat, devant les incapacités du ministère des Régions libérées à aider
suffisamment les populations. Les gens considèrent qu’ils sont plongés dans une vie indigne
depuis trop longtemps. L’Etat fait trop peu. Cette colère éclate réellement à l’été 1919
contre l’administration des Régions libérées. Ces régions dévastées vont tenir à Paris des
Etats généraux fin août et début septembre 1919. Ces Etats généraux vont exprimer les
rancœurs qui montent de la population, les rancœurs des élus. Mais il faut bien également
prendre en compte que le ministère des Régions libérées va conserver son impopularité et
va conserver ses faiblesses. Il aura toujours énormément de mal à répondre aux besoins des
populations civiles.

L’indemnisation des dommages de guerre

Comment les Verdunois vont-ils obtenir l’indemnisation de leurs biens perdus, dégradés,
détruits ? C’est la loi du 17 avril 1919 sur les dommages de guerre qui va s’occuper de cette
question. Cette loi dit très clairement que l’Etat assurera le remboursement des biens. Avant
de parler de remboursement, il faut évidemment évaluer ces biens. C’est le ministère des
Régions libérées qui va s’en occuper, organisé en commissions (une commission par canton).
On les appellera « Commissions cantonales ». La ville de Verdun aura sa propre commission
cantonale qui va travailler jusque début 1924. Cette commission va recueillir les dossiers de
demandes d’indemnisations de la population civile. Ces commissions cantonales seront très
impopulaires, tout simplement parce qu’elles n’indemnisent que la moitié de ce qui est
déclaré. Deux chiffres très simples le démontrent : les Verdunois vont déclarer 418 000 000
francs de biens détruits. La commission cantonale de Verdun indemnisera 208 000 000 de
francs, seulement la moitié. Autre grief contre ces commissions cantonales : elles sont très
lentes à verser les indemnisations.

Même si ces questions sont très difficiles, les Verdunois, ne sont pas au bout de leurs
peines. Ils vont avoir également à régler d’autres difficultés, d’autres conflits, pendant cette
période qui suit la Première Guerre mondiale : la période de la reconstruction.

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