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Modélisationdestransferts

thermiques lorsdusoudageàl’arc
submergédes grostubes soudés
J.C. Coiffier, J. Claeys, F. Roger
(Sollac Dunkerque),
J.R Jansen (Europipe France)

■ INTRODUCTION
Le soudage des gros tubes s’effectue par un
Historiquedudéveloppement
procédé multifils à l’arc sous flux solide avec despremiersmodèlesanalytiques
un premier fil alimenté en courant continu suivi detransfertsthermiques.
de plusieurs fils alimentés en courant alternatif
(3 ou 4). L’étude des phénomènes thermiques associés au soudage
est une préoccupation de longue date. Cette recherche a
Nous avons défini l’architecture d’un modèle de débuté en 1923 par Roberts (1), mais nous retiendrons sur­
transferts thermiques correspondant au soudage tout le nom de D. Rosenthal (2) (3), qui fut le premier à
des gros tubes. La source de chaleur qui proposer une solution analytique. Son approche fut la réso­
symbolise l’action thermique des fils électrodes lution de l'équation de la chaleur moyennant les hypothèses
est une source en double ellipsoïde. Les para­ simplificatrices suivantes :
mètres de cette source ont été reliés aux - le régime thermique est quasi stationnaire (la tempéra­
conditions de soudage dans le cas du soudage ture ne varie pas en fonction du temps) ;
avec le premier fil. L’extension au soudage - les coefficients physiques du matériau sont constants
multifils est esquissée. (indépendants de la température) ;
Nous posséderons avec le modèle complet un outil - la source de chaleur est considérée comme ponctuelle ;
permettant d’étudier l’influence des paramètres - la transmission de chaleur du joint soudé vers l’extérieur
opératoires et géométriques sur la morphologie est négligée en comparaison avec le flux de chaleur
du cordon et d’optimiser les cycles thermiques s’écoulant dans la pièce.
dans les soudures des gros tubes.
Rosenthal considère donc uniquement l’énergie développée
par l’arc qui est transmise par conduction par un point
source mobile à la surface de tôle soudée. Sa solution (pré­
vision de la répartition thermique) est mise en défaut
lorsque l’on s’approche de la source de chaleur où la tem­
pérature prédite devient infinie.
Les travaux de Rosenthal se sont poursuivis avec Rykalyne
en 1961 (4) et 1974 (5). Rykalyne, en considérant une
source gaussienne surfacique de révolution, s’approche de
la réalité physique.
Il introduit également un facteur de rendement qui tient
compte des pertes inhérentes au procédé de soudage.
Bien que les modèles analytiques soient obtenus après de
nombreuses hypothèses, les solutions restent suffisamment
précises dans de nombreux cas pour fournir au moins une
description qualitative de l'évolution thermique lors du
soudage.
Au cours des vingt dernières années, les progrès réalisés
dans le domaine du calcul numérique informatique avec
l’apparition de logiciels appelés code de calculs permettent

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Modellingof the heat transfer
duringthe submergedarcwelding
of largewelded pipes
J.C. Coiffier, J. Claeys, F. Roger
(Sollac Dunkerque),
J.R Jansen (Europipe France)

The objective of this project is to model the thermal This study has been carried out on an experimental
distribution during the welding of large pipes in view of submerged arc welding test bench and with the aid of a
predicting the morphology of the weld bead as well as design of experiment. Eight operational welding para­
the thermal cycles at all points of the weld. We model the meters were studied. The other parameters were main­
thermal distribution with the calculation code Sysweld, tained constant. The trial chart consisted of 32 trials.
which utilizes finite elements.
We have established a prediction modelfor the penetra­
Input data tion of the weld joint. An equation relating the weld
penetration to the different welding parameters has been
The procedure consists first in defining the input para­ developed. The comparison between the prediction
meters of the model and more particularly those of the model and the measured values has shown only small
equivalent thermal source(s) of the industrial multiwire discrepancies.
welding of large pipes.
General model
We have chosen as heat source the double ellipsoid
source developed by J. Goldak. This double ellipsoid This global model is a tool which allows to study the
source with the general form of the fusion bath is the influence of operational and geometric parameters on
most realistic sourcefor the juxtaposition of the three or the morphology of the bead and to optimise the thermal
four electrode wires usedfor the welding of large pipes. cycles in the welds of large pipes.
We have defined a methodfor the parametric study of the This heat distribution model may be extended later with
heat source equivalent to 3 or 4 electrode wires using the prediction of the microstructure of heat affected
experiment planningfor a set of welding trials. We have zones and the stresses and deformations of the large
been able to predict the weld penetration for the first welded pipes.
wire fed with direct current. The parametric study
consists in defining an equation linking the parameters The study of the thermal cycles of submerged arc wel­
L (width) and P (penetration) of the double ellipsoid to ding reveals difficulties from the point of view of model­
the welding parameters. ling andfrom the analytic point of view. The welding of
large weldedpipes is rendered even more complex due to
Experimental weldingprogramme the existence of several electrodes.
In order to determine the parameters P and L, we have The mastery of the process requires accumulated expe­
carried out trials involving the variation of the welding rience on the influence of each operational parameter
operational parameters and then we analysed the shape and a knowledge of the metallurgy of welding with a
of the resultant bead. As a first step, this procedure has solid flux, but above all a fundamental physical know­
been applied to the double ellipsoid corresponding to ledge of the power behaviour of an arc in a solid flux
the first wirefed with direct current. and the dynamics of the fusion bath.

de modéliser les transferts thermiques en régime transitoire


non linéaire (la température varie en fonction du temps
Objectifset démarcheadoptée.
et les propriétés thermiques varient en fonction de la tem­
pérature). L’objectif de cette étude est de modéliser les transferts
thermiques lors de la fabrication par soudage des gros
À l’aide de ces codes de calcul qui utilisent les éléments tubes, ce qui permettra de prévoir la morphologie du
finis, on crée un modèle virtuel de visualisation d’un champ cordon de soudure, ainsi que les cycles thermiques en tout
physique de température découlant de la résolution en tout point de la soudure. Nous avons utilisé pour cela le code
point d’équations issues de la physique. de calcul Sysweld, spécialement adapté au soudage.

Ces équations qui ne possèdent pas a priori de solution La démarche consiste dans un premier temps à définir les
analytique exacte vont être résolues de façon approchée à paramètres d’entrée du modèle et tout particulièrement la
partir du modèle physique général et de conditions particu­ ou les source(s) thermique(s) équivalente(s) au soudage
lières. multifils des gros tubes soudés.

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UTILISATION DE L’ACIER

Il est nécessaire ensuite de paramétrer la source de chaleur où q(0) est la valeur maximale de la densité de puissance au
retenue en fonction des paramètres opératoires de soudage. centre de l’ellipsoïde.
Des mesures de cycles thermiques réalisées lors du soudage
industriel de gros tubes procurent des données indispen­ Dans le cadre du soudage multifils des gros tubes soudés,
sables pour caler le modèle de transferts thermiques ainsi une source de chaleur de type double ellipsoïde se
réalisé. rapproche plus encore de la réalité. En effet, la juxtaposi­
tion des trois ou quatre fils électrodes induit un échange
thermique sur une zone beaucoup plus longue que large,
■ DÉFINITIONDESDONNÉES comme en témoigne la forme générale du bain de fusion.
D’ENTRÉEDUMODÈLE La source en double ellipsoïde développée par J. Goldak
et al. (6) est constituée de deux demi-ellipsoïdes, comme le
Introduction. schématise lafigure 1.
La moitié avant de la source est le quart d’une source ellip­
Il est nécessaire de définir dans un premier temps les pro­ soïde et la moitié arrière est le quart d’une autre source
priétés du matériau (la conductivité thermique f, la chaleur ellipsoïde. Cette source est positionnée à l’intérieur de la
spécifique Cp et la masse volumique p), la géométrie du pièce. La répartition d’énergie à l’intérieur de ce double
cordon qui sera modélisée (le maillage), ainsi que les ellipsoïde décroît de façon exponentielle jusqu’à son enve­
conditions aux limites et conditions initiales (flux imposé, loppe géométrique.
barrière adiabatique, température aux nœuds).
La distribution de puissance q le long de l’axe \ est mon­
Le paramètre d’entrée le plus important à définir dans le trée sur la figure 1. Dans ce modèle, les fractions ff (front)
cas du soudage multifils réalisé en tuberie est la source de et fr (rear) de l’énergie déposée dans les quarts d’ellipsoïde
chaleur correspondant à l’action des différents fils élec­ avant et arrière sont telles que ff + fr = 2.
trodes.
La conservation de l’énergie requiert que :
Définitiondelasourcedechaleur
associéeaumodèle.
La source de chaleur doit être équivalente aux actions ther­
miques de l’ensemble des fils lors du soudage des gros où :
tubes. Cette source de chaleur, appliquée au maillage préa­
lablement défini, permettra de simuler le soudage multifils r) rendement de la source,
en tuberie. La bibliographie propose deux formulations de U tension de soudage (V),
la répartition d’énergie.
I courant de soudage (A),
• La première solution est un volume gaussien de révolu­ avec
tion qui impose un flux thermique de surface. L’utilisation
d’une source surfacique ne permet cependant pas de tenir
compte des effets de creusement de la matière et d’agitation
dans le bain de fusion causés par l’arc et qui provoquent
une diffusion rapide de la chaleur.
Pour évaluer les constantes A, B, C, les demi-axes de l’el­
• La seconde solution est basée sur la considération d’une lipsoïde a, b, c dans les directions x, y, £, sont définis tels
distribution volumique de la chaleur dans le joint soudé. que la densité de puissance chute à 0,05 q(0) à la surface de
Cette source volumique en mouvement dans le joint soudé l’ellipsoïde. Ainsi, nous obtenons dans la direction x :
s’apparente à la forme du bain de fusion qui se déplace sous
l’électrode et nous considérons qu’il s’agit d'une forme q(a,0,0) = q(0)e-Aa2 =0,05q(0) [4]
ellipsoïdale.
et donc
La distribution gaussienne de la densité de puissance volu­
mique dans un ellipsoïde de centre (0, 0, 0) et de demi-axes
a, b, c parallèles aux axes de coordonnées x, y, £ peut
s’écrire :

q(x,y,z) = q(0)e_Ax2 e-By2 e-c^2 [1] En substituant les valeurs de A, B et C ainsi que l’expres­
sion de q(0) dans l’équation [1], nous obtenons :

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La largeur (a) et la pénétration (b) (repérées sur lafigure 1)
peuvent être estimées à partir d'une coupe macrographique
du joint soudé qui met en évidence la largeur du cordon
(2a) et la pénétration (b).
Quant aux paramètres de longueur C1et C2, ils peuvent être
ajustés par des mesures de cycles thermiques faites lors de
l’opération de soudage.

Résultat demodélisationobtenuàl’aide
d’unesourceendoubleellipsoïde.
Un calcul a été réalisé avec la source en double ellipsoïde
définie précédemment pour un soudage monofil en courant
continu. Le paramétrage du double ellipsoïde a été réalisé à
partir d’une macrographie d’un cordon de soudure déposé
sur une plaque avec un fil alimenté en courant continu
(paramètres équivalant au premier fil utilisé en tuberie). Les
Fig. 1- Modèle de lasource de chaleur en double ellipsoïde. paramètres de soudage font l’objet du tableau I.
Fig. 1- Model of the double ellipsoid heat source.
La figure 2 présente la forme du cordon (macrographie)
avec en vis-à-vis la schématisation des limites de la zone
fondue et de la zone affectée thermiquement.
Les dimensions du cordon transversal d’après la macrogra­
phie nous procurent les valeurs de a et b : a = 7,9 mm et
b = 11,8 mm.
Il est intéressant d’introduire un système de coordonnées
(x, y, z) fixes sur la pièce. De plus, un facteur x est utile Nous avons choisi pour les paramètres Cj, C2, ff et fr, les
pour définir la position de la source au temps t = 0 s. Nous valeurs données par J. Goldak et al. (6) qui appliquent
nous arrangeons pour qu’à l’instant t = 0 s, le front de l’exemple du double ellipsoïde au soudage sous flux :
l’ellipsoïde attaque le plan de visualisation.
ff = 0,6 et fr = 1,4
La transformation relative au passage du repère lié à la (en fait fr se déduit de ff par la relation ff + fr = 2)
source mobile à un repère fixe lié à la pièce est :
C1= 1,5 et C2 = 3
Ç= z + v(x-t) [7] À partir de la vitesse de l’électrode de soudage (V =
180 cm/min), nous en déduisons le paramètre x (qui est égal
où v est la vitesse de soudage en m/s. à 0,2352 s, et qui correspond au temps mis pour parcourir
Cj à la vitesse V). En d’autres termes, après 0,2352 s, nous
L’expression [6] dans le repère fixe devient alors, en tenant sommes au centre de l’ellipsoïde (maximum d’énergie).
compte du facteur x :
À partir de la formulation générale des deux demi-ellip­
soïdes, nous en déduisons les formulations définitives ci-
dessous :

La distribution de l’énergie s’écrit dans le quart avant :

Tableau I : Paramètres opératoires du soudage


avec un fil alimenté en courant continu
Table I : Operational parameters for welding
with a wire fed with direct current
De la même façon, dans le quart arrière, nous obtenons :
Intensité Tensionde Vitessede Énergie
ducourant soudage soudage linéaire
(A) (V) (cm/min) (kJ/cm)
1250 33 180 13,75

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UTILISATION DE L’ACIER

Fig. 2- Macrographie du cordon de


soudure monofil et demi-vue schématique
(dimensions en mm).
Fig. 2- Macrograph of a monowire weld
bead and its half section representation
(dimensions in mm).

• Pour t < 0,2352 s, la source thermique est paramétrée Définitiondelasourcedechaleur


par : associéeausoudagemultifils.
q(x,y,z,t)
= 8 0636· 1010e-48683x2e_21582y2e_86769[z+0’025(0'2352_t)] La source en double ellipsoïde est la source de chaleur la
plus réaliste pour modéliser les transferts thermiques lors
du soudage des gros tubes. Cette source ne permet cepen­
• Pour t > 0,2352 s : dant pas d’isoler les effets thermiques individuels de
chaque électrode et ne permet donc pas de différencier les
q(x,y,z,t) effets du fil alimenté en courant continu et des fils ali­
= 9 3555. 1010e_48683x2e_21582>'2e_21637[z+0’025(t_0’2352h mentés en courant alternatif.

La programmation de cette source thermique sous Sysweld Le courant continu impose un flux thermique unidirection­
a conduit à des résultats satisfaisants puisque les tempéra­ nel, alors que le courant alternatif induit un échange élec­
tures sont cohérentes (de 1 500 à 2 500 °C dans le bain de tronique réciproque électrode/pièce.
fusion). Lafigure 3 illustre le résultat obtenu. Une solution pour établir un modèle pré­
dictif directement utilisable est d’asso­
cier une source ellipsoïdale pour le fil
alimenté en courant continu et une
source pour les fils alimentés en courant
alternatif. De cette façon, nous jugeons
les effets thermiques des différents fils et
nous en déduisons une source globale
équivalente.
Pour le soudage à l’arc multifils (sou­
dage à 4 ou 5 fils), nous savons que la
totalité de la pénétration est obtenue par
les trois premiers fils électrodes. Les
autres électrodes participent à la largeur
du cordon (7). Ces données, en complé­
mentarité avec les sources équivalentes
du premier fil électrode et du premier et
du second fil électrode, nous permettront
de paramétrer la source globale équiva­
lente (fig. 4).
De plus, il sera également nécessaire de
Fig. 3- Résultats de modélisation avec fil alimenté en courant continu. connaître les proportions d’énergies ff et
fr dans chacun des demi-ellipsoïdes de la
Fig. 3- Results of the modelling of the welding with asingle DCwire.

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■ PARAMÉTRAGEDELASOURCE
ÉQUIVALENTEAUFILALIMENTÉ
ENCOURANTCONTINU
Introduction.
L’objectif est d’établir une équation liant les para­
mètres L (largeur) et P (pénétration) du double ellip­
soïde aux paramètres de soudage du premier fil ali­
menté en courant continu. Le paramétrage de la largeur
et de la profondeur de l’ellipsoïde est obtenu à partir
des mêmes dimensions de la zone fondue sur les
macrographies du joint soudé.

Fig. 4- Profil de lasource de chaleur en double ellipsoïde Lafigure 5 illustre les paramètres définissant la source
pour lesoudage monofil (contour en pointillés) et multifils. de chaleur.
Fig. 4- Profile of the double ellipsoid heat source Pour déterminer les paramètres P et L, nous avons
for single wire (dotted lines) and multiwire welding.
effectué des essais en faisant varier les paramètres opé­
ratoires de soudage et puis nous avons analysé la forme
source globale équivalente. Les proportions d’énergies ff et du cordon résultante. Le paramétrage des longueurs C, et
fr, dans le demi-ellipsoïde avant et arrière sont fonctions C2 sera effectué sur la source équivalente globale à l’aide
des puissances délivrées par les fils électrodes. de mesures de cycles thermiques sur des tubes industriels.
Ainsi, nous considérons que le premier demi-ellipsoïde Cette étude a été réalisée sur un banc d’essais de soudage à
global contient la puissance du premier et second fil et la l’arc sous flux expérimental et à l’aide d’un plan d’expé­
moitié de la puissance du troisième fil. L’ellipsoïde arrière riences.
global contient donc la moitié de la puissance du troisième
fil et la puissance du dernier fil (ou des 4e et 5e fils pour le
soudage à 5 fils). Définitiondesessaisexpérimentaux.
Nous calculons donc la puissance totale (Pt = £U-I) que
nous répartissons en proportion dans chaque double ellip­ Nous avons relevé 17 paramètres opératoires agissant sur la
soïde. Nous obtenons ainsi la condition ff + fr = 2 qui morphologie d’une soudure longitudinale de gros tubes.
implique : Huit d’entre eux ont été étudiés ; il s’agit de :
- l’intensité de soudage : Is,
ff = 2 ·(Pflll + Pfil2 +0,5 Pfll3) / Pt
fr = 2 · (0,5 Pfli3+ Pfll4) / P, - la tension de soudage : Us,
- la vitesse de soudage : Vs,
Tous les paramètres du double ellipsoïde équivalent sont - le diamètre du fil électrode : D,
ainsi déterminés.
- l’angle d’inclinaison du fil électrode : 0,

Fig. 5- Paramètres définissant ledouble ellipsoïde.


Fig. 5- Parameters defining the double ellipsoid.

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UTILISATION DE L’ACIER

Tableau II : Plan d’expérience utilisé pour l’étude de la source de chaleur équivalente


au fil alimenté en courant continu
Table II : Experiment planningfor thestudy of the equivalent heat sourceof the DCweldwire
Nom Unités Nombrede Niveau1 Niveau2 Niveau3 Niveau4
niveaux
•s1 A 4 550 700 850 1000
Usi V 2 32 34 - -
Vs cm/min 4 130 150 170 190
Di mm 2 3,2 4 - -
01 O 4 5 10 15 20
So mm 4 15 20 25 30
A O 4 0 45 70 90
F 4 MP122N BF6,5 CY20E CY542

Tableau III : Composition chimique en 10-3 % (Ceqen %)


Table III : Chemical composition in 10-3%(Cpnin%)
C Mn P S Si Al Ni Cr Cu Mo Sn Nb V Ti B Ca n2 o2 Ceq
64 1632 11 0,9 308 32 18 19 9 2 4 36 67 11 <0,3 2 4,3 0,9 0,35

- la distance entre l’extrémité du fil et le tube de contact cordons de soudure, ainsi que les principaux effets enre­
(Stick Out) : S0, gistrés.
- la forme du chanfrein définie par l’angle d’ouverture du Les résultats ont mis en évidence que :
chanfrein : A,
- la composition chimique du flux (type de flux) : F. • La tension de soudage est un agent prépondérant de la
largeur du cordon de soudure puisque son effet est impor­
Les autres paramètres ont été maintenus constants. Nous tant pour une faible plage de variation (32-34 V).
avons étudié également l’interaction entre le diamètre de
l’électrode D et le courant de soudage Is. • Nous retiendrons les effets notables de l’angle d’ouver­
ture du chanfrein, du diamètre du fil électrode, du stick out,
Les domaines de variation des paramètres étudiés sont de l’inclinaison du fil électrode et de la vitesse de soudage.
regroupés dans le tableau II. • L’effet du courant est important sur la largeur du cordon
de soudure, mais cet effet doit être relativisé compte tenu de
La matrice d’essai comportait 32 essais. la plage de variation du courant qui est importante (550 à
1 000 A).
Les essais ont été réalisés sur des tôles planes d’acier X65
et d’épaisseur 25 mm. La composition chimique de l’acier • Les flux BF6,5 et MP122N ont une influence sur la
étudié fait l’objet du tableau III. largeur du cordon de soudure contrairement aux flux CY20
et CY542.
Résultatsdesessaisexpérimentaux. • La pénétration du cordon de soudure est largement fonc­
tion de l’angle d’ouverture du chanfrein et de l’intensité.
À partir des différents joints soudés obtenus, nous avons • Nous retiendrons également les rôles notables de la
mesuré les profondeurs de pénétration et les largeurs des vitesse de soudage, de l’angle d’inclinaison du fil et du type
cordons. Le dépouillement du plan d’expérience a permis de flux. En effet, le flux BF6,5 favorise la pénétration alors
ensuite d’analyser et de comparer les effets de chaque que le flux MP122N la diminue.
niveau des paramètres étudiés sur la largeur et la pénétra­
tion du cordon de soudure. Les graphes des figures 6 et 7 • L’interaction I-D a, quant à elle, peu d’effet sur la largeur
illustrent respectivement les macrographies de quelques et la pénétration du cordon.

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Fig. 6- Dimensions du cordon de soudure relevées sur certaines macrographies.
Fig. 6 - Bead dimensions measured on certain macrographs.

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UTILISATION DE L’ACIER

Effect of the welding voltage Effect of the opening angle of the chamfer
of the width of the bead on the width of the bead

Effect of the opening angle of the Effect of the welding current


chamfer on the penetration on the penetration

Fig. 7- Principaux résultats du plan d’expérience.


Fig. 7- Main results of the experimental plan.

À l’aide de tests statistiques, nous avons déterminé la signi­ Une comparaison entre le modèle de prévision et les
ficativité des effets des différents paramètres sur la pénétra­ valeurs réellement mesurées lors des essais fait l’objet de la
tion du cordon de soudure. figure 8. Nous pouvons noter la très faible erreur de prévi­
sion du modèle obtenu.
Nous avons établi un modèle de prévision de la pénétration
du cordon de soudure. L’équation matricielle liant la péné­ Nous constatons que le modèle de prévision pour le pre­
tration aux valeurs discrètes des différents paramètres de mier fil alimenté en courant continu est très satisfaisant
soudage est la suivante : dans la mesure où l’erreur de prévision enregistrée est très
Pénétration (P) = 7,77 + [0,16 -0,16] D
faible.
+ [-0,47 0 0,38 0,35] 0 + [0,43 0 0 -0,32] F
+ [-2,13 -1 0,98 2,15] A
+ [0,95 0,32 -0,52 -0,75] V s ■ CONCLUSION- PERSPECTIVES
+ [-1,70 -0,78 0,48 2] I s
L’étude des cycles thermiques du soudage à l’arc sous flux
se révèle difficile du point de vue de la modélisation et du

La Revue de Métallurgie-CIT Janvier 1998 83


■ BIBLIOGRAPHIE
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Soudage et Techniques connexes, vol. 15, n° 1/2 (janvier-
février 1961).
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affecting weld bead shape when using multiple submerged
arc welding systems. Pipeline technology, volume 1.
point de vue analytique. Lorsqu’il s’agit du soudage longi­
tudinal utilisé lors de la fabrication des gros tubes soudés, la
modélisation est rendue encore plus complexe du fait de l’exis­
tence de plusieurs fils électrodes.
La maîtrise du procédé passe en effet par l’expérience
cumulée de l’influence de chaque paramètre opératoire, la
connaissance de la métallurgie du soudage associée avec un
flux solide, mais surtout une connaissance physique fonda­ Jean-Christophe COIFFIER, 30 ans, ingénieur CNAM
mentale du comportement énergétique d'un arc dans un (1994). De 1990 à 1994, technicien d’études en métallurgie
flux solide et de la dynamique du bain de fusion. du laminage. Depuis janvier 1995, ingénieur d’études au
CRDM à Sollac Dunkerque, responsable de la cellule
Cette première étape d’étude s’achève avec les résultats Métallurgie du soudage à l'arc
suivants :
Joël CLAEYS, 49 ans, ingénieur ENIM et ESSA. Quinze
• L’architecture d’un modèle de transferts thermiques pour années comme ingénieur soudeur dans le domaine des
la modélisation du soudage à l’arc sous flux des gros tubes appareils à pression de l’offshore et de l’hydraulique et de
soudés a été définie. La source de chaleur qui convient le l’industrie chimique pour diverses entreprises européennes.
mieux pour ce type de soudage et qui symbolise l’action En charge du service soudage à l'arc du CRDM à Sollac
thermique des fils électrodes est une source en double ellip­ Dunkerque depuis 1989.
soïde. Frédéric ROGER. 24 ans, ingénieur École des Mines de
Douai (1996) option mécanique. Depuis septembre 1997,
• Nous avons défini une méthode de paramétrage de cette ingénieur Cifre au CRDM à Sollac Dunkerque. Thèse en
source de chaleur équivalente aux 3 ou 4 fils électrodes à collaboration avec le laboratoire de Mécanique des Solides
partir d’études expérimentales par plan d’expérience. Le de l’École Polytechnique.
paramétrage de la source équivalente au premier fil alimenté
en courant continu a été réalisé. Jean-Pierre JANSEN, 49 ans, ingénieur licencié ès
Sciences USTL. Douze années à Usinor au centre de sou­
• Nous posséderons avec ce modèle un outil nous permet­ dage du service métallurgique de Dunkerque, puis au
tant d’étudier l’influence des paramètres opératoires et CRDM. Deux années, responsable « produits offshore » à
géométriques sur la morphologie du cordon et d’optimiser TFK. À partir de mi-1986, prise en charge au niveau
les cycles thermiques dans les soudures des gros tubes. central de l’assurance qualité et des consultations des tubes
pour le compte de GTS Industries. Depuis 1991, respon­
• Ce modèle de transferts de chaleur pourra être complété sable à Europipe GmbH en tant que coordinateur de la
ensuite par une prévision de la microstructure des zones Recherche et Développement, de l’assistance clientèle pour
affectées thermiquement et des contraintes et déformations le compte d’Europipe France SA.
dans les gros tubes soudés.

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