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LE SYMBOLISME D'ODILON REDON : UNE PORTE

VERS LA PSYCHE HUMAINE

Maya BAYOGLU

JUIN 2019

Directrice de Mémoire : Mylène DUC

Université Paul-Valéry Montpellier 3, UFR1, Master 1 Mention Philosophie, Psychanalyse,


Spécialité « Études psychanalytiques et esthétiques »
Parcours « Esthétiques
SOMMAIRE

1. Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .4

Partie I
2. La singularité de Redon dans son époque . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
3. Les origines, une retro-diction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
4. Ses œuvres : Les noirs, les couleurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
5. Analyse de « La naissance de Venus ». . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15

Partie II
6. Le symbolisme Redonnien . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .20
7. Les symboles récurrents, parallèle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
avec les archétypes mythologiques de C.G.Jung
8. La relation art-psychanalyse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30

9. Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .34
10. Annexe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36
11. Bibliographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40

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INTRODUCTION

À quoi tend l'art ? Quelle est son but, ou son origine ? Ces questions sont souvent posées par les
philosophes et leur réponses varient d'un artiste à l'autre. Ici j'ai essayé d'expliquer avec précision la
réponse qui fut révélateur pour moi en regardant les œuvres d'Odilon Redon . Il ne fut pas connu
comme les autres, certes, mais je persiste à croire que la réponse qu'il m'a inspiré fut le bon pour
moi. Il y a une partie en chaque personne qui est hanté par les questions et les concepts qui
dépassent l'homme. Je vais, au cours de ce mémoire, essayer d'analyser comment le peintre
structure et finalise ces questions et concepts commun à tous dans ses œuvres. Car l'acte artistique
est un périple intérieur qui conduit l'artiste de sa singularité la plus profonde à l’évidence d'une
appréhension commune du monde. Et cela résulte dans une sensation de familiarité chez le
spectateur. Une relation esthétique qu'on ne peut clairement nommer. En quoi consiste ce périple,
cette relation, et comment explique-t-on cette familiarité inscrite dans les œuvres d'Odilon Redon ?

Hommage à goya, Odilon Redon

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LA SINGULARITE DE REDON DANS SON EPOQUE

Odilon Redon croyait profondément dans le pouvoir de l'artiste au sein d'une société, c’étaient pour
lui les artistes qui assurait une vision changeante et dynamique, et un œil toujours inventif sur le
monde. Il avait une vision pas comme les autres, dans un Europe où la réalisme régnait, il était un
jeune peintre qui s'opposait à la peinture académique. Ses dessins étaient « enfantins » et un peu
trop «fantasmagoriques » pour être considérés comme des œuvres digne des salons. Contemporain à
des nombreuses artistes impressionnistes comme Degas, Monet ou Cézanne, il ne trouva pas ce qu'il
cherchait dans leur mouvement. Ce qu'il cherchait ? C’était autre chose qu’une nouvelle approche à
la vision. « Un peu bas de plafond » commente-t-il en parlant de l'impressionnisme. La question :
« Comment je peins ce que je vois ? » ne le passionnait pas, ne suscitait pas en lui le désir ardent de
peindre.Car si le monde lisait Zola, et jouissait des tableaux de Manet, Redon était du coté de Poe,
de Goya, de l'invisible avec toutes ses terreurs et ses extases. Pour lui la vraie question était :
« Comment je peins ce que je ne peux voir, mais cependant ce que je sens vivre, avec toute mon
être, en moi ?»

Il s'est servi du visible pour en nourrir ses rêves, pour en nourrir sa vision, guidé par son intuition. Il
a fait de l'art, toute sa vie ; une pratique ontologique. Alors que ses contemporains en restaient sur
le visible et sur son meilleur représentation possible, Redon nageait dans les eaux fécondes de son
être intime. Il a acquis sa véritable place dans l'histoire, car il n'a adhéré à aucune école, il nageait
contre le courant. Gustave Moreau (la génération d'avant) était son idole, de lui Redon a rencontré
avec le monde mythologique, en regardant ses tableaux exposées dans les musées. Puvis de
Chavannes s'inscrivait lui aussi dans la lignée de peintres qui travaillaient in vivo. Redon adorait De
Vinci, et Il n'aimait pas David. Car d’être peintre symboliste, ne nécessite pas de peindre des
symboles en le sens qu'on entend, mais c'est quand il s'agit de dévoiler la Nature a travers des
arrangements nécessaires sur la toile qui donnerait lieu à une communication entre le monde des
vivants et le monde des vérités. En cela Da Vinci maîtrisait le royaume des symboles. Il est parti des
rêves et en a fait des réalités. Nous fermons ici le petit parenthèse. Quant à ces messieurs qui sont
Puvis de Chavannes et Gustave Moreau, qui sont considérés, avec Redon à leur coté « le trio
symbolistes » de l'époque ; ont été tous populaires pour leur thèmes peu communs. Mais Redon
était le moins connu de tous dans sa jeunesse, il créait, patiemment, dans son atelier et ne s'expose
pas beaucoup (ni ses œuvres). Il dessine en encre et en fusain jusqu'à ses quarante ans, avant de
prendre les pastels. Néanmoins le mouvement régnant restait sur les modalités de représentation du
réel, et les œuvres de Redon allaient être redécouvertes et reconnus en leur juste valeur que vers la
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fin de sa vie, au début de XX eme siècle. Toutefois nous ne pouvons pas lui chercher une postérité
dans l'histoire, il ne pouvait être défini sous un thème bien spécifique. Il existe pourtant une groupe
de jeunes peintres, les nabis (Paul Sérusier , Pierre Bonnard ,Paul-Elie Ranson ,Maurice Denis ,
Édouard Vuillard ,Henri-Gabriel Ibels , Jan Verkade , Mogens Ballin).

Ils se sont regroupés autour de peintre Paul Sérusier, en 1888, et cet un groupe artistique polyvalent
qui proposait une vision d'une peinture plus symbolique, moins froid, avec les tons de japonisme, et
une rang des couleurs variées sur la toile qui sort du réalisme. On classifie ce mouvement de « post-
impressionniste » mais il est plutôt le juste milieu entre le réalisme impressionniste et symbolisme
d'Odilon Redon. Car les nabis se sont inspirés par les œuvres d'Odilon Redon, qu'ils voyaient
comme leur maître, leur grand. Le terme nabi, en arabe, ou nebiim, en hébreu, veut dire
« orateur » ou « annonciateur », ou, dans un sens passif, « celui qui est ravi dans une
extase »ou « appelé par l'esprit ». En Occident, nabi a été traduit par « prophète », « illuminé ».

Le peintre puisait sans savoir les thèmes qui allait définir le XX eme siècle. La vision intérieure, le
subconscient et le rêve, allaient devenir les piliers de cette nouvelle science qui se nommera la
psychanalyse quelques années plus tard. Mais pas que, aussi l'orientalisme et le spiritualisme fort
présent dans les œuvres du peintre allait être repris par les américains et les européens durant la
guerre de Vietnam sous le nom de New-Age. Gustave Moreau et lui, sans savoir le grand intérêt
qu'aller susciter leur thèmes dans les siècles à venir, illustraient les divinités indiennes bien des
années auparavant. Toutefois Redon se différenciait des autres symbolistes notamment de Moreau,
par son arrière plan non académique et intuitif. Le peintre bordelais ne s'est jamais qualifié comme
un peintre symboliste (assez ironiquement) ; pourtant il avait ajouté à la symbolisme son vrai
valeur, et une double signification en non seulement séparant le sens et l’apparence d'une chose en
se servant du symbolisme, mais aussi en créant des formes inexistants de son imagination qui lui
permettait de jouer sur un terrain intime avec la symbolique. Avant Matisse, il a employé les
couleurs primaires, avec une telle balance subtile que ça ne dérangeait pas l’œil de spectateur. (Un
tel balance existait chez Matisse également) La brutalité de ses choix des couleurs éventuellement
repris par les nabis l'ont différencié autant que ses choix des formes et des représentations. Dans son
époque artistiquement et philosophiquement « iconoclaste », il n'a parlé qu'en symbole, qu'en
couleurs, qu'en icône. Ses œuvres transmettait en sa langue une message propre. Il fallait revenir
aux sources,et on peut voir cette volonté de accéder à « l’expérience primitive» comme dirait
Merleau-Ponty, dans l'air étrangement paléolithique de ses œuvres. Finalement, il y a le même
sentiment d'unité et d'appartenance (qui est un sentiment archaïque en soi), devant les murailles de
grotte de Lascaux que devant un Redon. 7
Comment revient-on à la source, et qu-est-ce que cette « source » au juste ? Nous avons une
relation avec le monde. C'est l'information la plus ancienne qu'on peut admettre même. La question
fondamentale et la quête des artistes serait-il de savoir en quoi consiste-t-il cette relation ? Ceci dit,
nous présupposons que cette relation de l'homme au monde varie selon les individus. Donc, rendant
la question plus personnelle, elle la laisse sans réponse fiable, ainsi donnant naissance à l'art. Sans
pourtant prétendre à donner une réponse exacte et vrai, nous citons l'artiste qui s'explique par ses
propres mots : «Une pensée, ça ne peut pas devenir œuvre d'art, sauf en littérature. L'art
n'emprunte rien a la philosophie, non plus.»* Si l'on présuppose que l'art permet à accéder à cette
source , alors sans réflexions, sans pensées rationnels, ni méthodologiques ; mais pulsionnel,
instinctive, sensible sont les voies pour cela. La peinture réfléchit les sens, car il cherche ce que les
sens ne peut donner, toute en passant par les sens. Elle réfléchit également le monde, à travers ce
dernier. Mais je pense que cette réflexion là est différent d'une réflexion philosophique ou
méthodologique. Car tandis que cette dernière est une réflexion active et consciente, la première est
une réflexion issu de l'inconscient, ou du monde des intuitions. Et en cela elle est plus spontanée et
primordiale. Nous fermons la petite parenthèse pour dire que si l'art était du coté des sens et non
des pensées, Redon a prêté l'oreille à une mélodie qui lui venait de son intérieur, et il l'a initié à la
génération des peintres qui sont venues après lui.

L'art... est essentiellement subjectif. L'aspect des choses n'est qu'un symbole que l'artiste a la
mission d’interpréter. Elles ont de vérité qu'en lui, elles n'ont qu'une vérité interne. Charles Morice
D’après cette citation de Charles Morice ; diplomate français de dix-huitième siècle, il surgit une
autre question que Redon propose sous forme de ses peintures au spectateur : Doit-on rester au
visible, ou faut-il l'ignorer pour accéder à la vision ? De ce point de vue, il peut être vue comme
une artiste et comme une mystique. Ces deux personnages, de toute façon, sont après la même
chose, sur le même chemin de l’être ils rampent. Ils peuvent même être aperçus en tant que la
continuité de l'un et l'autre , différentes seulement par degré, selon Salah Stétié, auteur de La Parole
et la Preuve: « Les mystiques, allant vers l'ontologie, c'est à dire, vers leur intégration à la totalité
spirituelle, à la totalité de l’Être, rencontrent en chemin la formulation esthétique. ».** Tout cela
est ouvert a discussion, et de toute façon nous n'avons pas l'intention de faire ici une argumentation
sur la définition d'une mystique, ni d'un artiste. Qu'il soit mystique ou artiste, nous allons interroger
le lien entre les œuvres d'Odilon Redon et le psyché humain, car le symbolisme ouvert et libre du
peintre nous prédispose à des tels recherches en vastes domaines depuis longtemps.

*Odilon Redon, A soi-meme,, Librairie Jose Corti, 1961, p. 93


**Salah Stétié, La Parole et la Preuve, M.E.E.T, 1996 8
LES ORIGINES : UNE RETRODICTION

Pour faire une rétrospective, nous pouvons parler de la génération de l'artiste qui a témoigné à la
publication de Charles Darwin qui se nommait « l'Origine des espèces » sorti en 1859. Redon a dix-
huit ans. La théorie de l'évolution s'introduit à l’Europe. Une toute nouvelle idée s'installe, et
renforce la rupture avec le Dieu et la Création(cette rupture a été semé des le XVIII eme siècle par
les philosophes des Lumières). Le monde se regardait désormais à travers une géante loupe qu'est
la science, à travers des ossements étranges et des fossiles. Si la science était capable de donner la
réponse aux origines de l'homme, il était capable de répondre aux autres questions. La curiosité était
semé dans l'esprit de jeune Odilon Redon comme chez ses contemporains. Cette question de
l'origine a fermenté le jeune artiste, qui jouissait de la biologie et de la naturalisme toute autant qu'il
s'intéressait à l'art dans son époque. Si nous découvrons, s'est sûrement demandé Redon ; tout juste
maintenant que nous descendons des autres animaux, combien d'autres transformations de l’espèce
pareil existerait-il ? Et quant à l'araignée, quant au crocodile ? Combien de métamorphoses et des
croisement des créatures ont du vivre et périr pour que nous arrivâmes ici aujourd’hui? Et
finalement, peut-on attribuer une spiritualité à tous cela, en existe-t-il?...Tous ces questions ont crée
l'obsession avec les origines chez le jeune artiste, et a largement contribué à son épanouissement
créative. Idéaliste comme il est, ces nouveaux connaissances que la science matérialiste a acquis
dans plusieurs domaines empiriques (ex. découverte des plusieurs nouveaux éléments chimiques,
découverte de l’électricité) ne l'a pas éloigné de sa vision, mais paradoxalement, elle l'a rapproché à
ses principes. Toujours, avec l’être au centre, et en harmonie avec le monde plein de mystères, ainsi
l'imagination de Redon s'est mis a se tisser. Il a entrouvert une porte : vers l'obscure et mystérieuse
passé de notre monde. Spirituel et romantique de nature , Redon a choisi de simplement suggérer les
possibilités fantasmagoriques qui s'ajouterait à la réalité communément admise, pour laisser un peu
de l'ombre sur certaines sujets. Le réel et l'irréel devait jouait à leur tour. Une valeur sure à coté
d'un rêve.
Ainsi ajouta-t-il un brouillard d’indéterminé qui dominerait ses œuvres pour toute sa vie. Il
dotait ses œuvres des fleurs de toute couleurs, et des cranes volantes. Toute devait être organique,
vivant. Le peintre avait à l’égard de la vie une approche assez onirique et intime- loin des confins
froides du matérialisme. Ainsi sont nées ses œuvres les plus connus comme « Hommage a Goya- II.
La Fleur du marécage, une tête humaine et triste » (au page 3), « Les Origines-IV. La sirène sortit
des flots, vêtue de dards », ou encore « Les Origines-I. Quand s’éveillait la vie au fond de la
matière ».
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Ce qui est remarquable chez le peintre, c'est qu'il traite ses sujets avec un coté spirituel, divin, tout
en s'amusant avec le large spectre de la science moderne. Les deux visions opposés du monde
chevauchent et font lieu à peut-être ce qu'on pourra appeler plus tard des œuvres de « science-
fiction ». C'est grâce à son ami Armand Clavaud ; un botaniste à Bordeaux, que Redon a pu
approfondir sa vision, en passant à une échelle toute petite de la vie organique, sous le microscope.
Ainsi la révélation fut soudaine et naturelle chez l'artiste bordelais. L'invisible est devenue visible,
ou plutôt le réel a changé d’échelle. Nous ne pouvons pas assez souligner l'importance de cette
rencontre pour la vie et pour les œuvres du peintre à venir. Toute la mystère, tout l'irrationnel
qu'inspirait le monde micro-cosmique à l’époque, se développait en une mystère de plus en plus
large pour Redon. Nous pouvons dire que la botanique et la question des origines posait par Darwin
étaient un clef, désormais il fallait ouvrir la porte. De voir que l'homme vit dans son échelle de
réalité, et qu'il ne peut percevoir à l’œil nu ceux des autres êtres renforça ses idées sur l'harmonie et
la grandeur de la nature. Son art et sa caractère au jeune artiste sont devenus d'avantage plus
humbles. Devant la mystère et la pluralité du monde, qu'est-ce que l'homme aurait pu bien faire,
sinon de contempler sa beauté, ou de l'honorer ? Ou bien Il fallait couronner le réel avec le don de
l'homme ; qu'est l'imagination, le langage. Inventer, supposer, suggérer. Revenir sur des mythes.
S'en inspirer. Redon n'avait pas l'intention de jouer le Dieu, il était un homme croyant. Il pensait
plutôt rendre le plus bel hommage à la vie, sous les yeux du ciel et du divin. Jamais la beauté n'est
absent dans ses œuvres, même dans ceux le plus terrifiant et funambulesque. Car c'est d'une beauté
étrange, la vie sur terre et ses intrigues. Il y avait là , toute une monde caché, parmi les micro-
organismes, êtres unicellulaires, et tout ça juste devant nous, parmi nous. Quoi d'autre pouvait se
cacher ? Et si le monde visible à l’œil humain n’était qu'une parcelle du reste? Redon s'est mis au
travail.
Une rétro-diction hors du commun, un expérience joyeuse a occupé la vie artistique du
peintre. Maintenant, avec les portes ouverts vers l'inconnu, il pouvait aller plus loin encore.

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SES OEUVRES

« Toute mon originalité consiste donc à faire vivre humainement des êtres invraisemblables selon
les lois du vraisemblable, en mettant, autant que possible, la logique du visible au service de
l'invisible. » * Odilon Redon

Nous appelons les artistes symbolistes « les peintres de l'imaginaire ». Mais est-ce que cela
est vrai ? L'image-ination. Création des images. Et si tous ce qu'on croyait inventer existait déjà, au
vaste profondeur de notre être, ou dans les au delà de notre conscience ? Des fleurs à la tête
humain, des êtres chimériques, des œils géants flottant dans le ciel... Dans les « Noirs » de Redon –
Ensemble de ses dessins,lithographies et fusains- nous trouvons tout sauf une scène anodin,
normale. Il y a une volonté à chercher le début de quelque chose. L'Arkhé du monde, la source.
Mais cette recherche est forcement en parallèle avec l'autre, qui est la recherche de l'origine de
l’Être, l'Arkhé de l'homme. Symbole de l’œil récure, faisant allusion à une vision intérieure, en
partie de la recherche des origines. Dans ses plusieurs apparitions, cet œil est représente regarder
vers le haut, au ciel. Cela signifie une ambition à la connaissance divin, une connaissance qu'on ne
peut avoir, la sagesse ultime dans les cieux. Cet idée est présente chez plusieurs cultures et surtout
dans les religions brahmaniques et primitives. Toutefois nous nous abstiendrons de faire une analyse
des symboles avancée des œuvres de Redon pour nous concentrer sur l'effet de ses œuvres sur
l'observateur car c'est l'artiste lui même qui a dit les mots suivants : « Toute les erreurs de critique
commises a mon égard, a mes débuts, furent qu'elle ne vit pas qu'il ne fallait rien définir, rien
comprendre, rien limiter, rien préciser, parce que tout ce qui est sincèrement et docilement
nouveau- comme le beau d'ailleurs- porte sa signification en soi-même. » .**
Si l’accès a ses œuvres ne passent point par la définition ni la compréhension, ils passent
certainement par la sensation. D'ailleurs, l’accès à tout connaissance, pour le mystique, passe par ce
dernier. Si au premier regard les êtres cauchemardeuses dans les dessins de Redon dérangent, ou
procurent une certaine malaise mêlé à la curiosité, ceci n'est pas par hasard. Ses scènes
mythologiques, ses créatures monstrueuses, ses illustrations littéraires à Odilon Redon ont une
dimension plus large que leur « significations » apparentes. Réunis avec l’œil interrogatoire et
vierge du spectateur ; ils se transforment en un miroir ouvert. Un miroir, car ses images sont un
puits pour l'inconscient , « le monde ambigu de l’indéterminé » avec les propre mots de l'artiste.

*Odilon Redon, A soi-meme,, Librairie Jose Corti, 1961, p. 28


** Ibid, p. 26 11
Un miroir ouvert, car ils indiquent le passage pour aller au delà du visible, au delà du logique pour
se trouver à un état méditatif et contemplatif avec une vision renouvelée. Plus que dans aucun des
œuvres de ses contemporains, il y a une interrogation, voir une communication entre le sentant et le
senti, ce qui voit et ce qui est vu. Cette intimité se révèle lors du moment esthétique. Les têtes
elliptiques nous fixent droits dans les yeux, ainsi que des hommes araignées. L'effet est
paradoxalement mélancolique, il y a presque une compréhension réciproque, une apprivoisement
mystique. Nous nous permettons à comparer cette sensation à celui que nous éprouvons lors d'un
rêve. Un état totale de soumission à l'inconscient. La temporalité est inexistante, mais il y a une
vérité qui est atemporelle en soi, auquel nous avons désormais l’accès.
Passant par le senti, Redon nous place sur cette «nappe de sens brut dont l'activisme ne veut
rien savoir »*. Vivantes, palpitantes, organiques ; les figures noires fantastiques de l'Artiste sont
toutes aussi vivantes que le spectateur, et ont existé, eux aussi. L'instant où nous les avons
« touchés » avec nos yeux, elles existent. Mais c'est surtout l’atmosphère brumeuse et sombre qui
prédomine ses Noirs qui nous transporte dans une espace sans-temps, lénifiante et onirique. La
couleur noire est très importante pour l'Artiste. Il l'utilise d'avantage et n'a pas peur de surcharger ou
d'assombrir ses œuvres, Il en utilise abondamment, comme une ode à la silence, à l'Hypnos, au
monde souterrain de l'indéfini. Le fusain embrouille bien les lignes et les limites des contours de
ses figures, ses bêtes imaginaires et mythologiques, correspondent à leurs idées. Poilus, épineux,
gros ou petits, les bestiaires de Redon, avec toute leur finesse et grossièreté, avec leur beauté et leur
horreur incarnent le scission de son être, de l’Être. Ont-ils besoin de couleur ? Tout est déjà là ,
posé délicatement sur le papier. Le noir agit comme couleur, mais aussi comme une profondeur. Les
monstrueuses créatures hybrides ne sont pas dessinés en noir et blanc ; nous avons plutôt
l'impression que c'est leur véritable modalité d’être. Que le noir remplie largement assez leur traits
caractéristiques à chacun sans leur donner un air morose. Les formes polyvalentes et la génie de
composition du peintre ne laisse pas le place à l'intrusion du jaune, du bleu, du rouge... Le noir ;
souverain, symbole de la mort, de la nuit, de mystère, place le spectateur devant une véritable danse
macabre. « Le noir est la couleur essentielle » réclamait le peintre. Il est plus vrai qu'autre chose,
loin des glorieux spectres des couleurs ; il est simple, brut, direct, unique. Ainsi Il préférerait le noir
même après son passage aux couleurs. Ses lithographies à aspect étrange, « s'adressent à des esprits
de silence »**, des corps sentants. Ils sont pour les mélancoliques, ceux qui se sont éperdument
restés dans ce curieux état qui réunisse la tristesse et la poésie.

*Citation de Peul Klee paru dans :M.Merleau-Ponty- L’œil et L'Esprit, folio essais , Paris, 1964, p.13
** Paroles du peintre paru dans ses notes, Odilon Redon, A soi-meme,, Librairie Jose Corti, 1961 12
L'origine, l'Arkhé, le début -la naissance ou peut être la fin-la mort, la curiosité du peintre par
rapport à l'évolution du monde et des hommes se manifestent dans beaucoup de ses dessins noirs.
Mais il faut néanmoins ajouter avec persistance qu'il s'agit d'abord des travaux vers la
compréhension et l'aboutissement de soi, un voyage intérieure, et qu'ils enferment en eux toute la
mystère et les états d’âme- bon comme mauvaise- de son créateur. Les Noires de Redon vu
d'ensemble, peuvent-ils être comparés à la boite de Pandore ? Peut-être. Ils étaient « ses ombres »
en ses propres termes. Nous assistons à travers l'art tourné à l’intérieur du peintre, un spectre de son
être. «Le peintre qui a trouvé sa technique ne m’intéresse pas...Je lui soupçonne un certain ennui
propre a l'ouvrier vertueux qui continue sa tache, sans l’éclair imprévu de la minute heureuse. Il
n'a pas le tourment sacré dont la source est l'inconscient et l'inconnu; il n'attend rien de ce qui
sera. J'aime ce qui ne fut jamais.»* Si les « Noirs » d'Odilon Redon ont une profondeur particulière,
nous pouvons y ajouter une dimension de plus avec l'intrusion des couleurs sur ses tableaux, au
deuxième moitié de sa vie. Alors tout change. L'Effet change, technique change. Nous ne regardons
plus un Redon, mais un complémentaire de ce dernier. Merleau-Ponty disait que « la

vision du peintre est une vision continuée. » et Odilon Redon est d'accord, il n’hésite pas à voyager
sans cesse dans les couloirs de son esprit pour courir après cet « éclair imprévu de la minute
heureuse »**. Couleur. Pulsion. Éclosion. Printemps. Apparition. Rouge. Brûlant. Certains thèmes
comme l’œil et le Rêve persistent, mais nous sommes face à un détournement total du vision du

*Odilon Redon, A soi-meme,, Librairie Jose Corti, 1961, p.110


** Ibid. 13
peintre. Les formes humaines (et encore humanoïdes) prennent la place des gnomes et des
araignées. Les femmes, des belles femmes, nues, qui sont à la fois Ophélie, les druides, Venus, et
Jeanne d'Arc apparaissent. Elles ont le même visage, perdu dans les couleurs qui les entoure.
Effacés, à l’arrière plan, mais toujours élégantes. La technique change. De gravure et fusain, il passe
aux pastels, à l'huile. Plus malléables, moins définis. Redon nous fait rentrer dans une caverne des
rêves, de naivité, nativité. Le lien entre la vision et le mouvement, et présent avec toute sa nudité.
Les couleurs se chevauchent, ils se dissocient de l'un et l'autre, partent dans les autres sens. La voile
violette de la femme se rejette de la fond jaune, en lui donnant un mouvement propre, elle s’éloigne,
toujours, mais avec un ralenti harmonique, une instabilité céleste.

Bien avant l’épopée de l'art moderne, Redon savait qu'il était possible de représenter la
profondeur à partir de la couleur, il était admiratif de la claire-obscur de Da Vinci et de l'effet de
lumière sur les objets dans le monde. Chose indiscutable, le langage d'Odilon Redon est celui de la
prisme de lumière. La lumière, ( à la fois source éclairant, à la fois composant de toutes les
couleurs) est sa dialectique de l'irréel. l'Hypnos, le silence engourdissant régnait dans ses noirs, en
forçant l’œil du spectateur à parler le silence se transformait , couleur par couleur en une symphonie
qui s'impose sur la toile ; Cette fois-ci, c'est au spectateurs de l'observer, de l’écouter à leur tour. Car
oui, les œuvres de Redon n'ont pas la moindre passivité malgré leur aspect douce et contemplative.
Elles ne veulent rien dire, selon le peintre, mais cela est partiellement vrai ; elles ne veulent rien dire
en soi peut-être, mais elles existent à travers tout ce qu'elles pourraient dire. donc ouvrent l’œil
regardant aux spéculations selon leurs intérieures. Leurs dedans. Ce sont des œuvres en puissance
pour le regard du spectateur. Il est au premier coup un enfant qui n'y comprend pas grande chose, ou
comme un rêveur- mi consciente mi-lénifié devant l'irrésolu. Et ainsi devrait-il rester :

« Quel bon public qui n'aurait jamais rien vu ! Le dilettante, quand il est sans amour, entretient en
lui une tare néfaste: le besoin d'analyse, et l'accumulation dans sa mémoire de tout ce qu'il a vu.
Cet embarras mental détourne de la fraîche et fertile naïveté;sa sensibilité n'est plus libre... »
Odilon Redon, parlant de l'art.

Nous assistons alors à un carrefour où chevauchent les deux visions; vision du peintre et vision de
l'observateur. Ce carrefour est celui de l’expérience originelle rendu visible par Odilon Redon en
toute sa transparence. Cette genèse , est présente dans le métamorphose continuelle des thèmes
étudiés par le peintre. Mais ce dernier garde néanmoins « un peu d'ombre et de mystère ».Ainsi
confronté à une kaléidoscope intérieure, l'observateur est mis en danger, et c'est justement ou réside
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le coté perturbateur de ces formes imprécises, simplement suggérées. Loin des compositions
surchargés des leçons morales ou des histoires épiques, elles triomphent du coté de suspension. Car
une tache qui apparaît de nulle part sur un tableau est plus critique, plus thanatique que une scène de
guerre. La tension est là , dans le muet, dans le non-dit. La vie et la mort(Le sommeil et l’état de
rêve avec toute sa nudité et ses questions y sont également présents : Est-ce que je suis morte ? Est-
ce que je rêve ?)- entre les deux.

ANALYSE DE LA NAISSANCE DE VENUS

Une femme nue, face à l’œil du spectateur. Son visage est timidement caché. C'est Redon qui l'aide
à se cacher d'avantage en dissimulant ses traits fébriles et flous. Venus ne nous regarde pas.
D'ailleurs elle n'a même pas d'yeux bien définis. Le non-regard compte plus que le regard dans ce
tableau. La pudeur du jeune fille est omniprésente avec son geste corporel qui est statues-que et
hésitante. Cette hésitation, sous forme des traits chevauchants et partiellement absents montrent
également hésitation de l'Artiste. Une double hésitation qui laisse deviner. Redon lui même disait :
« Mes peintures ne sont pas auto-défintifs ; ils inspirent. Ils ne déterminent rien. Comme la
musique, ils nous mettent dans le monde ambigu de l'indeterminé. » La Venus est presque là , mais
elle s’échappe. Comme une rêve, une idéale ; si floue et transparente qu'elle demeure inaccessible,
inatteignable. Alors que la Naissance de Venus de Boticelli (dans l'annexe) raconte tout une autre
histoire ; celle d’une Venus tangible, soigneusement définie, et impériale dans sa beauté. Mais c'est
une beauté humaine, plus précisément, celle de Simonetta Vespucci*, une femme de la noblesse
florentine. Tandis que Redon a gardé sa Vénus générique ; avec une beauté celeste, ainsi il la rends
divine, Boticelli l’a ornementé des traits très spécifiques, il la rends humaine. Les démarches des
deux peintres qui ont choisi le même thème sont différentes, Redon cherchait la déesse, ou la figure
de la déesse à l’intérieur de lui-même. Sa démarche à lui se rapproche plus au démarche de Rodin
avec ses aquarelles nus érotiques . La femme y est dénudé de toute superflu. Les femmes, faut-il
dire plutôt, car une seule image réuni mille femmes à travers l’histoire et les mythes diverses autour
de la femme. Il s’agit de peindre « la femme » et non « une femme ». Aussi on peut parler de
l’image de la femme primordiale, originelle.

*Boticelli peindra Simonetta en plusieurs reprises, certains sources disent que elle est l’inspiration derrière son venus,
mais il est certain qu’elle a été également peint en tant qu’une des trois grâces de « printemps » 1478 du maître, en tant
15
qu’Athéna dans son « Pallas et le centaure » 1482. Elle a modelé pour d’autres peintres et a été considéré la plus belle
femme de florence.

Idée de féminin qui remonte bien plus loin en arrière, une femme archaïque, tellement
ancienne qu’elle est devenue un symbole, a perdu sa réalité, rendue intangible. Nous pouvons même
s'aventurer autour du coté psychanalytique du tableau : voyant en lui une force psychique,
manifestation d'une archétype (l'Anima en occurrence s’agit l'archétype jungienne correspondante).
En sachant l’intérêt de Redon aux origines et aux mythes, on peut se poser la question suivante :
S'agit-il sur la toile d'un événement qui dépasserait une simple représentation de la déesse
mythologique de l'amour ? Si oui, quel est cet événement ? Nous nous permettons d’ouvrir une
porte vers une multitudes des symboles et interprétations lors de cette analyse qui nous aiderait a
éclaircir un petit peu l’énigme captivant de cette œuvre. Toutefois nous allons analyser et méditer
chaque grande élément du tableau avec soin et prendre en considération leur emplacement
stratégiques ainsi que leur rapport aux uns et aux autres.
Premièrement, Le tableau est d'un verticalité hors commun (il mesure de 143.2 x 62.5cm ) .
Ce qui est interrogeant. Il s'agit d'une cadrage très serrée qui est parallèle à la verticalité du
coquillage, et la longue silhouette de la déesse suit cette règle. On voie des lignes verticaux qui
s’élèvent tout droit parallèlement aux uns et aux autres, croisant le tableaux sans coupures
horizontaux pour équilibrer la composition. Cette déséquilibre du cadrage serré ajoute une tension
dans l’œuvre, un élément de Kairos, la profondeur dans l’instant. Debout et dynamique, la venus
assure sa position au centre du tableau, entre la mer et le ciel. Elle est d’une façon une transition de
ces deux éléments. D’un coté, à ses pieds, la mer et de l’autre coté, au dessus de sa tête le ciel orné
des nuages douces et multicolores (royaume du divin, de l’abstrait, l’inconscient et de l’irrationnel .
Elle articule deux mondes. Partant de ce point de vue, elle peut incarner tout idée correspondant à
cette tache ; parmi lesquels sont le symbole( il relie l’un a multiple, ce qui est individuel à
l’universel) , le rêve (le rêve relie le conscient et l’inconscient ainsi que le désir et son origine),
l’amour ( il relie les deux amants , mais aussi le royaume du ciel et de la terre dans le contexte
religieux, par exemple l’amour de dieu, chez les soufis permet aux hommes de communiquer et
accéder au dieu Allah), le langage (articulant et articulé à la fois, il relie l’homme à l’homme,
l’homme à lui-même, et permet l’échange de l’homme avec le monde).
Parmi les exemples donnés des symboliques de Venus de Redon, le langage est le plus
curieux, et vaut la peine d’un détour. L’homme et en relation avec tous les événements autour de lui,
qui crée sa vision du monde petit à petit. Il articule son relation à travers le langage, ainsi on peut
dire qu’il existe dès qu’il parle. Le langage donne un indice à la genèse de l’homme en tant
16
que l’homme, car il passe strictement dans le présent. Sa force est dans l’Être qui se transcende avec
lui. la parole, le logos, est la condition de l'homme, le testament de l’homme. dans la Grèce
présocratique, on employait souvent les mots logos et phusis ensemble. Parler, et être, sont en
chiasme ; c’est parce qu’on parle qu’on est, et c’est parce qu’on est qu’on parle. « C'est donc parce
qu'il parle que le sujet s'engage dans la quête et l'amour de l’être… L’Être est un effet de langue. »
a dit Jacques Lacan, en commentant sur son néologisme « parletre » .* Pour le psychanalyste
français, le langage tenait une place primordiale dans la vie car il ouvrait une voie à l'ombre de
l’homme. Donc le langage est au sein des grandes questions ontologiques, et c’est pour cela que
nous nous permettons à faire cette parallèle avec la figure de venus en supposant que le peintre s’est
peut-être posé cette question , consciemment ou pas, car la peinture n’est qu’à moitié conscient, il
porte toujours une part d’irrésolu, de l’élément non calculable dans sa genèse. Comme la langage
émerge de l’être la déesse submergerait du coquillage. Comme si elle était Redon même, qui
manifestait le désir de parler, d’être, de « parletre » ?

Secondairement, la déesse est issue d'une ouverture.Une coquille de très grande taille
enveloppe la déesse. Différemment de Venus de Boticelli, celle-ci est représenté en train de sortir,
s'extirper de son coquillage. Par ailleurs le forme de coquillage lui aussi, est différente, plus grande
que dans la représentation du coquillage de vénus par le peintre florentin, celui-ci enveloppe vénus
toute entière, de ses pieds a sa tête, formant une véritable matrice pour elle. Étant inspiré d'une
coquillage apporté par sa femme créole des îles , Redon l'a utilisé pour ses divers versions de la
Naissance de Venus. Pas besoin de tourner autour, ni le sur-analyser ; Le façon dont le coquillage
est positionné renvoie a un sexe féminin d'une façon flagrante. C'est en cela que le tableau se diffère
des autres versions de la Naissance de Venus dans l'histoire. Au premier regard, sa pose ni sa figure
a venus de Redon ne provoque le désir autant que le pouvoir sexuel attaché à elle par les peuples
antiques. Or une fois mieux observé, nous constatons l’audacité du tableau ; mais elle n’est pas
limitée à la coquillage matricielle ; une autre rupture avec le venus traditionnel se voie dans le pose
révélatrice de la déesse malgré elle. Il ne s’agit pas d’une effort pudique pour cacher son sexe, et en
cela elle est une venus païenne. Païenne en sa nudité qui paraît si naturelle et juste ! Les figures
féminins de l’époque préhistorique et des divinités païens de fertilité dans la période antique avaient
une chose de similaire avec l’approche de Redon. On voit ces figures avec leur parties sexuelles
exagérément mis en avance (fesses, poitrine, sexe) pour ainsi dire associer une idée a une autre. La
symbolique de la femme se crée des lors, c'est la propagation, fertilité, seins, fesses, elles se
réduisent à leur source, à leur totems. Parmi ces nombreuses déités ou représentations, nous

*Larousse Thématique, Dictionnaire de la Psychanalyse, rubrique « Parletre » 17


pouvons citer majoritairement le Cybèle chez les phrygiens, Freyja dans la mythologie nordique,
Isis à la poitrine nue chez les égyptiennes, Gaïa, la mère de tous les dieux dans la mythologie
grecque. Ces figures féminines sont vus comme la modèle de la femme éternelle, simplifié pour
devenir une icône universelle. Le fait qu'elles soient unes et multiples, et présentes identiquement
au fond, mais sous des formes différentes chez des civilisations du monde entier, témoigne une
certaine vérité, une idée qui s'accrochent à elles. Ainsi, elles ne sont pas Isis, Diane, ou Cybèle ;
elles sont la représentation d'une idée commun. Une symbolique. Une icône aussi ancien que le
monde. De même façon, Redon crée cette symbolisme a travers l'association déesse-coquillage.
Alors que la déesse de beauté chez Boticelli occupe la plus grande importance dans son version de
naissance de venus ; le protagoniste de cette peinture est le coquillage.Luisante et d'un teint rose
pale, cet objet fait appel aux origines de l'homme : la vulve. On peut s’arrêter là et se questionner
sur le fait que cet animale de la mer soit métamorphosé en une vulve, et si cet acte était volontaire
ou pas ? La forme de son lieu de naissance * , son lieu d’émergence a Venus , ressemble a son fruit
qui donne la vie d'une manière frappante. Venus, serait alors, a partir de cette chiasme, une symbole
vivante toute seule. Lieu ou se mêle le signifiant et le signifié. A partir de là, on aperçoit une autre
coté du tableau qui se révèle comme une message, ou comme une indice que la coquillage
matricielle et la déesse seraient le même être. L' un avec l'autre, se constituant. Par conséquent, dans
une forme cyclique, la naissance de la déesse, donc la seule possibilité de son existence, passe par
ce à quoi elle fait allusion, sa finalité même.

* La mer , ou bien l'eau est, selon mythologue Karoly Kérényi , le lieu de naissance de plusieurs héros de mythologie
comme Apollon / Dionysos, il est un élément originelle qui donne la vie originelle, donc il est souvent associé dans les

légendes folkloriques a la naissance 18


La Naissance de Vénus, Odilon Redon, 1912

19
LE SYMBOLISME REDONNIEN

Odilon Redon n'est pas un peintre symboliste à juste terme. Son rapport à des symboles transcende
le simple représentation picturale, son intimité ressort et sa technique est à l'ombre de sa vision
d'avantage que -disons par exemple- Gustave Moreau, -à mon avis- un peintre symboliste en
occurrence(selon ce qu'on entend communément par « une peintre symboliste ») ,il s'était mis à la
tache de la juste représentation des mythes et des élément symboliques pour en faire un art. Car
lorsque Moreau peignait les symboles , Redon, quant à lui, peignait en symboles. Là il y a une
différence fondamentale qui lui sépare des autres artistes symbolistes de son temps, et qui le
rapproche de plus belle a des surréalistes , des expressionnistes et des Nabis à venir. Nous pouvons
dire grosso modo qu'il y a une sensation de simultanéité dans les œuvres de Redon qui n'est pas basé
sur le temps, mais qui est basé sur le senti.

Les symboles, ajoutent une verticalité, un profondeur non seulement à l'art, mais aussi à la vie. Ce
dernier se manifeste partout, et étant des signifiés signifiant plusieurs éléments à la fois, accumulent
une énergie qui donne à la vie humaine son dynamisme, son élan perpétuel. Mais une bonne partie
de cette vérité , se canalise dans le parti inconscient de l'homme, selon le psychiatre C.G. Jung.
Redon, explore et éclaircit avec une intuition impressionnante les diverses symboles, en se livrant
lui-même à son inconscient. C'est pour l'artiste, les sens, avant tout, qui joue les rôles primordiales
dans la vie d'une artiste. Et ces sens se voient dans ses traits chevauchants et dans ses choix des
couleurs. Il ne fait pas d'associations à travers son art, ni y place des signes qui renverraient à une
autre chose : Il insère des symboles qui lui sont communiqués par lui-même sur ses œuvres, et ça,
peut être ou pas intentionnellement. Car, comme dans le poème de Baudelaire (voir annexe) Les
Correspondances, c'est la vastité de ses sens et son intuition qui le guide le peintre. Ce qui crée le
dynamisme de ses œuvres, c'est la poursuite obsessionnel et sans cesse de sa part à faire de ses
œuvres une symbole entière. Un symbole en entièr, qui définirait l’insaisissable, l'indéfinissable.
Bien sur il échoue, car une telle chose n'est jamais possible à cent pour cent, et ça, heureusement !
De cette façon il continue sa création, toujours en attente de l'éclair, de l'événement que l'art lui
propose. C'est précisément sur ce point de représentation pulsionnel qui le force à continuer sa
recherche infini, d'une sorte, et qui lui fait persévérer sa création artistique car quand l'artiste met
son être sur la table-ou en occurrence, sur la toile(!)- son travail n'est jamais achevé complètement.
Si une telle chose était possible, la recherche artistique aurait été achevé, et la création cesserait.

20
LES SYMBOLES RECURANTS, PARALLELE AVEC LES ARCHETYPES DE
C.G.JUNG

Hommage a Gaugin, Odilon Redon

L'année de mort d'Odilon Redon, 1916, fut aussi l'année de première publication de « Psychologie
de l'inconscient » écrit par Carl Gustav Jung*. Dedans, le fameux psychiatre expose les fondements
de sa conception sur l'inconscient et le traitement des maladies névrotiques. Ce jeune docteur se
différencie des autres penseurs , notamment Freud, père du mouvement de psychanalyse naissant,
en ce qu'il nie la sexualité comme un point centrale de développement des névroses et le libido. Il
est aussi connu pour avoir révolutionné l'idée de l'inconscient. Autrefois l'inconscient était admis
communément comme le coté chaotique, sombre, malsain de l'homme, source obscure de maladies
mentaux , pour ainsi dire comme un « ombre » de l'individu. Jung a une approche moins réductrice
et moins négatif que ses contemporains sur ce qui se passe dans le monde des rêves et des
cauchemars. Il y voit une vraie source d’énergie et des possibilités qui dépassent l’échelle de
l'homme. S'opposant vigoureusement à la matérialisme froide de l'école freudienne, Il défend l'idée
que l’Âme humaine est une ensemble de très grande complexité, avec sa part de mystère, et que de
soigner les malades avec des conceptions strictement réductrices et analogues à l'un et l'autre est
une faute commise par l'école Freudienne. Il donne le mérite a Freud pour ses travaux pratiques
mais propose d'aller plus loin que l'Eros, plus profond dans le psyché humaine encore.

*C.G.JUNG -Psychologie de l'Inconscient, 1916 21


C'est premièrement dans son livre « Psychologie de l'inconscient » qu'il parle des « images
originelles ». Les images partagés par tout les individus a travers tous les époques , qui
appartiennent à une partie de l'inconscient dite « collectif », ou « supra-individuel » à coté de
l'inconscient individuel déjà présent. En ses termes, « (...)Ils (les images originelles) sont qualifiés
comme l'ensemble des possibilités de la représentation humaine ,transmises héréditairement »*
Passant par le senti, l’être serait capable d'entendre l’écho des formes représentatifs archaïques, en
formant une structure à travers le temps, en se cristallisant en symboles variants. Ces motifs se
répètent, presque identiquement, ils racontent -en désert africain tout comme dans les tribus
barbares nordiques-, les mêmes histoires et les légendes grâce à ces images qui habitent les tréfonds
de l'inconscient, et qui se nomment « les archétypes ». Ils sont vides de base, mais comme des
moules il forment les expériences humaines et déterminent leur schémas de pensée et de
représentation. Ces archétypes, à travers la symbolique, relie le singulier a l'universel, et vice versa.
Il s'agit des expériences non-vécu par l'individu, mais qui englobent les vécus de tous, qui se
caractérise, se catégorise selon les cultures, sur des expériences aussi vielle que l'homme.
L'inconscient se divise en ces deux parties selon Jung ; L'inconscient individuel et l'inconscient
collectif; ce dernier est au fond de psyché humaine, dans les niveaux où dorment les images
originelles alors que l'inconscient personnel contient le vécu du sujet. « Les images originelles
constituent les formes représentatives les plus générales et les plus reculées dont dispose
l’humanité. Elles sont tout autant sentiment que du pensée. »** écrit Jung. Ces archétypes sont
infléchis -déguisés en symboles- dans les religions et dans les courants de pensée qui voit la source
de toute connaissance au sein de l’accès à l'inconscient. Les archétypes apparaissent dans
les mythes, mais aussi dans les rêves On peut, par exemple, trouver dans la mythologie gréco-latin,
les idées dominantes(i .e. Ils ont gagné leur place par leur répétition et par leur ancienneté dans le
voûte des archétypes) et devenus cultes qui se manifeste jusqu'à aujourd’hui, citons en particulier le
mythe de l'enfant divin, la jeune fille divine-Kore***, mythe de l'ombre, de bête , de l'héro etc.
Aussi le notion de Dieu et le Diable, le Bien et Le mal existe dans l'esprit de l'homme depuis les
temps immémoriaux, et c'est donc nous qui donnons naissance à des tels symboles, ils sont puisés à
partir de cette source qui est celui des archétypes, accomplissant l'homme dans sa condition. Sous
formes d'idées, des inspirations, ils se manifestent de temps en temps, mais rarement l’homme en
est au courant. Car son conscient est loin d'apercevoir ce genre de choses.

*C.G.JUNG -Psychologie de l'Inconscient, 1916


** Ibid.
*** C.G.JUNG, KAROLY KERENYI- Introduction a l'Essence de la Mythologie, 1949 22
Comme un écho venant du passé, du présent et du futur, les archétypes sont des empreintes de
l'humanité, mais aussi des centres énergétiques, qui , à force d’êtres répétés , force les sujets à
renouveler leurs expériences encore et encore, dans un mouvement cyclique, un éternel retour. Pour
Freud cette idée est trop distancée des principes de psychanalyse, Il réfute l'approche
fantasmagorique de Jung sur la psyché humaine et trouve ses idées absurdes.
Si les deux docteurs se sont séparés d'idée sur beaucoup de choses en ce qui concerne la
psychanalyse et l'inconscient, ils sont tout de même d'accord sur l'importance des rêves dans leur
traitement. l'analyse des rêves dénude pleinement les désirs les plus profonds, les sentiments
refoulés et les mémoires oubliés chez le sujet de traitement. Jung mentionne dans son livre que
l’intérêt porté aux rêves par les civilisations du passé était considérablement supérieur à l’intérêt
porté aux rêves aujourd’hui, car autrefois, le rêve tenait une place prépondérante dans la vie des
individus, on le tenait annonciateur, prophétique, consolateur, un message divine. Les symboles
étaient vénérés, et craints. Aujourd’hui leur place n'est plus dans les rues, dans le quotidien ; dans
notre monde moderne le rêve est dans le domaine de médécine. Le rêve est la « via regia », la voie
royale vers l'inconscient, comme dit Freud. Comme mentionné plus haut, les archétypes font leur
apparitions chez les individus(et non seulement maladives, mais chez les personnes sains aussi) lors
d'un rêve, pour compenser l'attitude consciente unilatérale selon Jung. Nous pensons que c’est en ce
la que réside l'intrigue d'Odilon Redon. Aussi une ironie de sort du peintre, non-compris à son
époque, qui n'a pas pu voir ses idées qu'il défendait si passionnellement se concrétiser sous forme
d'un concept par Jung, à l'année de son décès. Redon pensait- bien avant la popularisation de
psychanalyse et analyse des rêves- en effet que dans le rêve il y avait des données qui dépassait
l'homme simple, mais que l'homme prédisposait en lui, ou ses questions fondamentales y trouvait
leur réponse( « D’où venons nous?- Ou irons nous ? » ainsi est intitulé un lithographie d'Odilon
Redon) . Si il avait survécu aux travaux puisés de Jung sur l'inconscient collective, nous pensons
qu'il aurait été d'or et déjà d'accord avec le psychiatre autrichienne. Nous le savons, car il l'a dit, que
le peintre préférait laisser aller son imagination, plutôt que de représenter une symbole ou idée en
particulier(sinon s'inspirer légèrement, comme point de départ). Cet acte volontaire de peindre, à
mon avis, est une prise de décision consciente de part du peintre qui voulait accéder à ces images
originelles(sans savoir le terme exacte à l'époque), ou les extraire de son âme, pour mieux les
apercevoir. Il faut dire qu'un tel initiative -faire de l'art une sorte de spiritualisme- n'est pas pris au
hasard, et que l'artiste a du être un de ses êtres prédisposés, ouvert à des tels données plus
facilement que les autres. Si on y pense, toute la vie de Redon témoigne son introversion, depuis
son enfance mélancolique et solitaire, passant par sa rupture avec l'art académique purement basé
sur le visible, jusqu'à sa mort. Nous pensons que l'artiste savait- sans s'en apercevoir- ,
23
inconsciemment, que certaines structures majeures sous des formes diverses et sous des symboles
multiples existait en nous, ainsi donnant un sens, creusant un chemin pour notre esprit chaotique,
s'assurait de la liaison entre l'une et le multiple.

« (parlant de l’équilibre suprême) … Dans l'univers aussi, je le contemple ; le grand Être si sur,
présent et mystérieux, dont les secrets m'affligent. Je le vois dans la nature entière, par ce jour si
plein, si pur, le premier du Printemps. Vers lui mon cœur s’élève ; et plus haut, et plus loin, au fond
du firmament, mes yeux se perdent, ils s'y fixent. » *

La bonne chose est qu'il ne s y perda pas complètement , mais juste assez dans le monde des rêves
et de l'invisible. Redon a couru à l'aide du visible et de l'invisible réciproquement pour achever ses
œuvres. Toujours son cœur jouait l'axe directrice, ses mains pourtant restaient fidèle à sa tête et à sa
faculté de voir. Car voir, que ce soit au sens premier ou deuxième(physique ou métaphysique) , est
impérative à l'art, et à l'art de vivre. «...L’œil (aussi) est indispensable a l'absorption des éléments
qui nourrissent notre âme, et quiconque n'a point développé en une certaine mesure la faculté de
voir, de voir juste, de voir vrai, n'aura qu'une intelligence incomplète : voir, c'est saisir
spontanément les rapports des choses. » **

C'est en cela que Redon trace une point de rupture avec l'histoire, toute en lui restant fidèle
plus que les peintres de son temps*(les impressionnistes,les réalistes). C'est que d'une part, il se sert
de son imagination et de ses sens pour construire son œuvre, entièrement dirigé par sa subjectivité,
donc quittant toute repère temporaire ou contextuelle. De l'autre part, il finit avec des thèmes et des
symboles qui récure sous d'autre cultures, ses thématiques sont involontairement d'une extrême
similitude avec les plus anciens motifs de représentations humaines ! Prenant comme l'exemple le
symbole du cercle, qui est le deuxième symbole fondamental *** présent dans plusieurs œuvres en
fusain de l'artiste. (ex. « Fleur étrange » -1880, « La chute de Icare » , ou encore « L’œil(vision) »
-1881 a mettre dans l'annexe) Le cercle est le signe de l'absolu, en ayant ni commencement ni fin, il
est rassemblé sur lui même. Il est accompli et parfait comme forme, indivise. C'est tout d'abord un
point étendu, uniforme. L'absence de commencement et du fin renvoie au notion du temps ; que ce
soit sous forme de Kronos ou Kairos , à une succession/enchevêtrement continue d'instants tous
identiques les uns aux autres.

*Odilon Redon, A soi-meme,, Librairie Jose Corti, 1961, p. 58


**Ibid, p. 61-62
*** selon G.DE CHAMPEAUX, (Introduction au mondes des symboles, paris, 1966) - avec le centre, la croix et le
carré 24
La voûte céleste, ou le ciel aussi est parmi les signifiés du cercle ; au mouvement circulaire,
invariable. Ce symbole renvoie donc -l'un parmi d'autres- au notion du ciel, de cosmos, le
générateur de son mouvement circulaire à partir de son point central. « Tous les points de
circonférence se retrouvant au centre du cercle, qui est leur principe et leur fin » dit Proclus. Le
cercle et son centre peut être comparée à dieu et à sa création. Cette dernière se justifie si on tient en
compte le contexte religieux des œuvres de l'Artiste qui contiennent en eux des formes cycliques et
sphériques.

On retrouve assez souvent chez Redon les quatre éléments fondamentaux terrestre ; sous
forme des formes pour certaines, mais en symboliques de couleur pour d'autres... (ex. « Ophelia »-
1900, « La naissance de vénus » c.1912 (version en pastel, dans l'annexe), La femme en rouge »-
1895, « Œdipe et le sphinx »-1895) Les quatre éléments sont les composants de base de la vie sur
terre, d’où leur signification symboliques sont nombreux et racinés, sans pour autant très variés de
fond. L'eau, est symbole de la vie, de naissance, et de purification. La vie organique est issu de
l'eau, et les peuples du monde entier en a fait un symbole sacré pour cette raison. C'est la matière
première, La Prakrita chez les Hindous. Selon eux, à l'origine du monde, la surface était couvert des
océans. Dans la genèse, chez les chrétiens, l'eau a la même place et l'importance ; il symbolise
l'origine de la création. Le baptême est effectué avec ce même élément. Homogène, unificateur, il
purifie et unifie l'homme. Il a aussi une nuance et valeur féminine, maternelle, compte tenu de la
mythe de naissance de la déesse Aphrodite, qui née a partir de la semence de Zeus mêlée a la mer.
Les figures féminins de Redon sont entourées d'une substance ressemblante à l'eau, vague et fluide,
comme si le peintre cherchait à accentuer le féminin sacré, en plaçant à ses ses cotés sa symbole
primordial. La terre , d'un autre coté, de même largement présent dans les pastels du peintre, est
doté d'un qualité concret, il symbolise la vie tout comme la mort. Il est séparé des eaux dans les
religions abrahamiques. Lorsque les deux matières premières - materia prima - signifient
l'abondance et substance de la vie ; la terre ( et tout ce qui est issu de la terre) est la substance de
l'homme aussi. L'homme est crée, selon la Christianisme, par Dieu avec la terre, mais aussi dans la
mythologie grecque il y a des versions où l'homme est crée par le titan Prométhée à partir de l'eau
et de l'argile, ainsi une version où c'est la déesse de la terre Gaïa qui donne naissance à la race des
hommes... La terre est abondante, protectrice, humble(le mot humilité viens de humus en latin, qui
signifie la terre). Les hommes y enterrent leur morts, il joue comme matrice pour les divers
éléments de la vie. Il est également le symbole de fécondité et de vie. Il ne faut pas s’étonner à voir
cet élément enveloppant si liée à l'homme, trouver sa place dans les peintures de Redon. Quant au
feu, il représente les concepts plus dynamiques que les autres éléments. Il peut être attribué à la
25
souffle de vie, à la sagesse divine , ou à la destruction selon les cultures. Son interprétation est peut
être la plus variante, mais on peut dire que cet un élément de passion, qui peut , à travers son
fonction de symbole, englober et réunir sous le même icône amour et la haine, la mort et la
renaissance. Le peintre habille ses druides et ses autres figures divins et mystiques de couleur de
cette élément, comme on peut le voir dans son œuvre intitulé « femme voilée », c.1895, ainsi que
dans « Oannes(le christ et le serpent) », 1907. Dernièrement, l'air, est un élément considéré comme
masculin et dynamique, comme le feu que nous avons mentionné plus haut. L'Air est un symbole de
spiritualisation. En étant invisible, il représente tout ce qui existe mais qu'on ne peut voir, et prend
un forme sacré. Il est aussi extension, grâce a sa légèreté et son abondance. Bien évidemment,
puisqu'il permet a l'homme de vivre, et de respirer, il est symboliquement associé au souffle. Vayu,
l'incarne dans la mythologie hindou sous forme d'un déité, il est le seigneur des vents, le souffle
vital, il est aussi connu sous les noms de : Anil (l'Air, le Vent), Vyān (l'Air), et Prāṇa (la souffle).
Outre ses particularités cités, l'Air complémente la vide entre la terre et le ciel, tout choses terrestres
déroule en lui, il allège, purifie. L’Être qui peut voler est libre comme l'air, on dit, l'air symbolise la
liberté, dynamisme, clarté et vibrance. Comme dans les peintures de William Turner, Odilon Redon
fait sentir la présence de cet élément sans pouvoir le représenter directement a cause de l'état gazeux
et invisible de l'élément.
Ensuite, nous étudierons dans la peinture de Redon la présence des symboles des figures
plus tangibles. Prenant par exemple, l'obsession du peintre avec les têtes, détachés de leur corps. On
en voit notamment dans ses peintures intitulées « Ballon-mangolfiere »-1878, « Le prisonnier »-
c.1870, et encore « Orphée »- c.1903. Nous pouvons parler de l'enfance de l'artiste passé loin de ses
parents pour justifier son choix peu commun de représenter des têtes décapités, ou un éloignement
psychologique de son milieu académique, mais tout cela seront en vain car Redon n'explique pas
quelque chose a travers ses œuvres, il suggère. Ses suggestions ne lui apparaissent que de son
intérieur, là où il n'y a pas une relation vis-a-vis avec les phénomènes extérieurs, mais une monde en
soi, infiltré, une monde d'intuitions. Cette monde souterrain avec ses cavernes encore inexplorées
monte en surface à travers les symboles universelles. C'est pour cette raison que nous allons
aborder le symbole de Tête d'une manière objective et globale tout d'abord. La tête est caractérisé
par ce qu'il contient ; le cerveau, donc penser, rêver, réflexions... Il symbolise l'esprit incarné, tandis
que le corps incarne la matière, la chair. Platon compare la tête humaine au cosmos, ou à une monde
en soi, par leur forme similaire, la tête symboliserait l'univers. Une totalité, donc, une entité repli en
lui même, un micro-cosmos. Des têtes qui volent librement chez Redon sont des guides, rempli de
savoir, des sur-organismes, une symbole de supra-conscience tandis que les têtes qui sont reposés
sur une surface -aussi peint par le peintre- ont une rôle plus sombre, terrestre, fataliste. La tête, lieu
26
de raison, de conscience, principale partie du corps qu sépare l'homme de l'animal. Une volonté du
peintre, peut -etre, de se détacher du terrestre pour accéder au céleste.
La femme vient le prochain, hanter les toiles de Redon avec leur mystères taquinantes. Elles
sont Diane, puis une Sibylle, ou bien une druide païenne, des fois juste de profil mais souvent
luisant au milieu de ses tableaux comme des gemmes. Elles sont tous l'incarnation du femina.
Combien des peintres depuis des temps immémoriaux n'ont cessés de mouler l'anima en eux,
inlassablement et d'un façon pulsionnel ? Car c'est comme Marguerite de Goethe et Béatrice de
Dante, le féminin joue en partie le rôle de guide, de savante, de protectrice et la muse des peintres
masculins (quant aux artistes féminins il s'agit de l'animus , une aspect de leur inconscient qui serait
masculin, figure en chair des tendances psychologiques masculines de la psyché de la femme selon
C.G.Jung) L'idée d’Éternel Féminin comme l'attrait guidant le désir de l'homme vers une
transcendance. Les femmes, un concept éternel crée par les poètes...

« Les femmes sont sur la terre


Pour tout idéaliser ;
L’univers est un mystère
Que commente leur baiser...»
Victor Hugo, extrait de Les femmes sont sur la terre...

On peut assister à une multitude des types féminins présentes dans les tableaux du peintre tel que la
mère(« Hommage a Leonardo Da Vinci » c. 1914) ; la femme primitive, -tel que Vénus, Eve...(« la
naissance de vénus »c.1912, « nu a l’écharpe bleu ») la femme sage, ou la sibylle (« Les yeux
clos », 1890, « la druidesse », 1893) ainsi que la femme sauvage,la guerrière(« Jeanne d'Arc »,
c.1900). La femme (objectiviste et idéalisée) serait le symbole une aspiration eperdurant vers le
beau, vers le naturel, vers la transcendance. La source d'un potentiel affectif, mais aussi semblable
et associée à La Lune, avec sa face cachée. Eve et La Vierge Marie en sont une bonne incarnation.
C'est le symbole de « la face attractive et unitive des êtres ».* Sa forme archétypique se manifeste
en Anima chez l'individu masculin comme une attitude compensatrice qui habite son inconscient.
De la vient le culte de féminin sacré, d’éternel féminin, de la mère originelle, etc... En Grèce
ancienne Les Sibylles étaient des prophètes femmes, et aujourd’hui sur des diverses formes nous
continuons a attribuer au féminin un sens inné, sacré de l’irrationnel.

*Henri de Lubac, Eternel Feminin, Paris, Aubier, 1968 27


Dernièrement, nous allons mentionner les bêtes imaginaires et/ou mythologiques du peintre et en
quoi ils sont les témoins de sa vision intérieure. Peint en noir, ceux sont créatures mixtes,
multiforme, inexistants. Ils n'existent nul part dans le réel, ils sont le contenu de l'artiste. Ils sont,
maintes fois, cette langage pure que l'on ne peut communiquer avec des mots. Ses chimères
revisités sont surréels mais assez paradoxalement ils sont l'image du réel intangible, ils incarnent le
réel philosophique. Comme dit le philosophe Bernard Salignon « Aucun espoir d'atteindre le réel
par la représentation, car le réel n'est pas le monde. » *

Parmi eux, il y a le Cyclone ; être qui n'à qu'un œil sur son visage, et Redon agrandit cet œil
exagérément, comme dans les dessins des enfants. Les enfants peignent des figures et des maisons
en les réduisant à ce qui prédomine à l’œil, de cette façon, entre une message volontaire et un
penchant enfantin et involontaire pour l'essentiel, Redon dépeint le regard divin, céleste, mais la
créature monstrueux et tout aussi surréel que ce qu'il symbolise, hélas... Peut-être de la vient cette
volonté inépuisable de l'artiste à attribuer la faculté de voir, ou d'écouter, de rire à des êtres
chimériques et inexistants ? Il sera bien trop facile pour nous de dire que Redon -à travers son art-
cherche à donner un leçon ; car l'Art n'a pas une fonction didactique. Toutefois nous pouvons y voir
un volonté, un pressenti, une mélancolie profonde qui habite l'artiste qui viennt de
l’incompréhension des êtres humains. Si on regarde à « l'araignée souriante », nous voyons un
homme plus que une araignée. Nous voyons l'homme imprégné de lui même. Nous voyons Redon,
aussi noir et bizarre que son araignée. Son âme (son psyché, si on suit la langage analytique) est
manifeste, mais aussi se manifeste. Cette langage est pourtant rempli des signes qui ont comme le
seul objectif d’être senti, et accueilli par le spectateur. Le trait commun est l'esprit, les munitions
sont des mots inarticulés, des symboles... Finalement, pourquoi a-t-on un tel besoin des mythes et
des légendes si ce n'est pour communiquer et répéter notre être encore et encore ?Y-a-t-il une
meilleure allégorie de la vie, ou une réponse à la vie qu'une mythe ? Comment ils fonctionnent en
cela différemment de l'art ?

*Bernard Salignon, Les déclinaisons du réel, La voix, L'Art, L’éternel retour, Éditions Cerf, 2006, p.13 28
Redon a peint sans cesse de son imagination, car il savait la mine d'or qui habitait son esprit, tout
comme Jung savait tous les trésors qui habitait dans l'inconscient.« ...Lorsque l'esprit entreprend
l'exploration d'un symbole, il est amené a des idées qui se situent au-delà de ce que notre raison
peut saisir. L'image de la roue peut, par exemple, nous suggérer le concept d'un soleil divin, mais a
ce point notre raison est obligée de se déclarer incompétente, car l'homme est incapable définir un
être divin... C'est parce que d'innombrables choses se situent au-delà des limites de l'entendement
humain que nous utilisons consciemment des termes symboliques pour représenter des concepts que
nous ne pouvons ni définir, ni comprendre pleinement... Mais cet usage conscient que nous faisons
des symboles n'est qu'un aspect d'un fait psychologique de grande importance:car l'homme crée
aussi des symboles de façon inconsciente et spontanée. » C.G.Jung *

Gnome, Odilon Redon, 1879

* C.G.Jung,L'homme et ses symboles, paris, 1964, p.20-21 29


RELATION ENTRE L'ART ET LA PSYCHANALYSE

« L’art, est à l’image de la création. C’est un symbole, tout comme le monde terrestre est un
symbole du cosmos. » Paul Klee

La vérité ne réside pas dans une œuvre d'art, elle réside dans sa création. Car c'est dans cette
genèse que sont révélés les secrets de l’âme humaine. Je pense que le rêve et la création artistique
(l'art, la poésie) sont également prédisposés à faire ressurgir des vérités venant de l'inconscient.
Comme un lapsus, les arrières pensées se manifeste partiellement à travers les traits du pinceau, ou
bien dans les choix des mots. Les deux (l'art et la psychanalyse) touchent au corps et à sa puissance.
Profondeur de la physiologie. Ce qui est fondamentale en homme, voir ; son identité. Mais il reste à
savoir, si on peut faire une analyse psychique de l'art, ou encore mieux, si l'art même est cette
analyse. Pour approfondir ces questions, Il faut clarifier des le début le parti pris de l'auteur du
mémoire, qui est moi, sur l'art et la question du langage. Je crois intuitivement que l'art s'agit d'une
ensemble des symboles conscients et inconscients proposés par l'artiste au monde. Donc pour moi
toute artiste fait du symbolique. Les symboles existent au plan du sujet, mais leur base est au plan
de l'objet. L'art et la psychanalyse se rejoignent le moment où les symboles surgissent. Car
contrairement à ce qu'on entends par le terme, le symbole n'est pas un valeur invariable, universelle
mais il est personnel, et en ce sens il relève de l'interprétation et celle-ci d'une certaine
prédisposition de l'individu. Il est une relation, un rapport constant des choses. Là où le signifiant et
le signifié se rejoignent, pour ne faire qu'un, le symbole est présent.

« Ce dynamisme organisateur...facteur d'homogénéité dans la représentation. Bien loin d’être


faculté de former des images, l'imagination est puissance dynamique qui déforme les copies
pragmatiques fournies par la perception et ce dynamisme réformateur des sensations devient le
fondement de la vie psychique tout entière. On peut dire que le symbole...possédé plus qu'un sens
artificiellement donné, mais détient un essentiel et spontané pouvoir de retentissement. » G.
Durand, Les Structures Anthropologiques de l'imaginaire, p 21-22 , Paris , 1963

30
L'art, et l'imagination symbolique est une roue de la vie psychique de l'individu. L'art, tout
particulièrement nourrit cette construction. C'est la raison même de l’intérêt de la psychanalyse à ce
dernier. La psychanalyse prend comme objet d'étude le rêve qui se donne qu'en symboles : Il est
archaïque, son langage n'est pas directe, il ne s’agit pas des métaphores directes ni des simples
associations. Il s'agit de l’être à son plus profond degré. Les rêves sont le lieu ou le monde extérieur
et le monde intérieur chevauchent. Lors de cette chevauchement, certain « déformations » ont lieu,
c'est nécessaire. Ces déformations déterminent , et caractérisent les structures mentaux du sujet. Ce
que j'entends par « déformation » est dans la lignée de pensée de Merleau-Ponty : « l’œil est ce qui
a été ému par un certain impact du monde et le restitue au visible par les traces de la main. »* Une
tel restitution, ou déformation (car les deux se rejoignent en un sens) du visible et vécu se montrent
dans le plan du rêve et dans la peinture. Car il s'agit d'un carrefour entre l'homme et le monde,
l'homme des qu'il naît subit le monde, et la réaction de l'individu à cet événement se manifeste
forcement. Une réaction déchirante, ou bien reliant selon les cas. « Comment le peintre ou le poète
diraient-ils autre chose que leur rencontre avec le monde ? De quoi l'art abstrait lui-même parle-t-
il, sinon d'une négation ou d'un refus du monde ? ».**

Considérant cela, les symboles deviennent intimes et même primordiales dans la vie de
l'homme car ils sont les axes de notre appréhension du monde commune. Il y a aussi, en lui, une
part d'universelle. Mais comment une notion peut être universelle et individuelle en même temps ?
Car le symbole part de l'objet, pour aller vers le sujet : par exemple, le langage archaïque du rêve
manifeste les désirs inoffensifs et légers sous formes des images assez communs et directes, des fois
sexuelles ou violentes, mais surtout dénudées de leur complexités du quotidien pour prendre une
forme plus générale et primitive. (un desir de s'eloigner de quelqu'un peut se manifester dans le reve
autrement:, par example, le faire mourir.) Le désir , et les pulsions vitales se montrent sous des traits
communs, par des actes/organisations archaïques, qu'on retrouve assez souvent dans les mythes.
(C'est ce coté du rêve impersonnel qui intéressait surtout le psychiatre C.G.Jung.) « Le mythe
apparaîtra comme une théâtre symbolique des luttes intérieurs et extérieurs que livre l'homme sur
la voie de son évolution, à la conquête de sa personnalité. » ***. L'homme ici peut être vu comme
l'Homme , l’espèce humaine toute entière, car « il (le mythe) condense en une seule histoire une
multitude de situations analogues ; au delà de ses images mouvementées et colorées, comme des
dessins animés, il permet de découvrir des types de relations constants, c'est a dire des structures. »
****
*Maurice Merleau-Ponty, L’œil et L'Esprit, Folio, 1964 p.26
**Maurice Merleau-Ponty, Signes, p.91, Éditions Gallimard, 1960.
*** Larousse Thématique, Dictionnaire de symboles, L'introduction
**** Ibid. 31
En faite, l'art et la psychanalyse essaient de trouver, de déterminer l'Invariable, le X de l'existence.
La pratique de psychanalyse se voue à déterminer en un premier plan les prédispositions du malade
à sa maladie névrotique, qui eux se forment à partir des interprétations des événement de leur vie,
donc les prédispositions à ces interprétations sont également tenues en compte. L'art rejoint la
psychanalyse sur le terrain de symbolique, qui cristallise chez l'individu tous ces prédispositions et
interprétations dont on vient de parler sous formes des modèles, des thématiques. Ces deux
disciplines se servent surtout du symbole comme médiane pour accéder au tréfonds du psyché
humaine. Seulement, lors de la création esthétique cela se fait naturellement, presque d'un façon
automatique. Donc ça revient à dire que toute forme d'art communique un message, -qu'il soit
volontaire ou pas-, une pensée, un but, une bouteille à la mer des idées qui aurait un sens propre, qui
serait prophétique et archaïque. L'art serait, finalement, une « retro-diction ». Parce-que c'est le
fondement de ma pensée, que je me suis mis à la tache de ce mémoire qui propose une autre lecture
de la peinture d'Odilon Redon, ainsi qu'une réévaluation de la relation esthétique chez l'artiste et le
spectateur. Cependant j'étais guidée seulement par mes intuitions, en faisant l'association entre le
peintre et le monde de l'inconscient, et je n'aurais pas pu faire des tels associations si je n'étais pas
prédisposée à croire que l'art parlait forcement, de quelque chose. Je comprends que cela ne soit pas
le parti pris de tout le monde, nous qui vivons dans les temps de ars gratia artis... Pourtant cette
association s'est fait en moi d'une façon naturelle, sensible. Toutefois, je crois dans le coté
hasardeuse et directe de la peinture, nullement je le nie ; cela n’empêche pas pour moi au hasard de
tenir en lui un message, voir une prophétie.

« Les images originelles constituent les formes représentative les plus générales et les plus reculées
dont dispose l'humanité. Elles sont tout autant sentiment que du pensée. Ces images sous formes
des symboles se trouvent prédisposés dans les religions ou tous système philosophiques ou
gnostiques qui voit le perception d’inconscient comme la source de connaissance. » A écrit Carl
Gustav Jung dans son livre, le psychologie de l'inconscient. Et quant à le rôle de l'art ? Pourquoi j'ai
associé à une artiste en particulier cette place révélateur des images originelles dont parle Jung ?

L'art est le lieu où l'inconscient, ou la sur-conscience prends le devant, et le peintre en


sachant cela se donne librement à ses gestes, dans un état de demi-conscience, il tient l'équilibre
entre ses idées et ses techniques lucides avec un appel profond et prophétique venant de lui, on peut
dire que c'estson langage. Il est comme un somnambule dans son tiraillement. Le mieux il gère cette
équilibre (car la peinture bien réalisée sans une âme est tout aussi dommage que l'inverse) le mieux
il peint. Les images originelles sont les symboles que Jung a conceptualisé, et il s'en est servi pour
32
traiter les maladies de psychose. Mais en dehors de ça, Il a vivement cru qu'ils ajoutaient à la
mystère du monde qui tourne, qu'ils devaient être découverts, déterré par le plus du monde, avec un
certain précaution. Ce qui fut étonnant de ma part,- le travail surtout amusant - , était de redécouvrir,
comme un archéologue, un nombre intéressante de ces symboles et mythes récurrents chez Redon,
qui, en étant né et en ayant vécu que dans sa région du sud de la France , et en n'ayant jamais quitté
la France, n'avait pas les possibilités d'entendre ou de voir certains de ces mythes ni des thèmes qu'il
reprenait. C’était bien avant la publication de Jung, et Redon avait senti ce que détient cet essentiel
et spontané pouvoir de retentissement..*

« L’auteur doit céder la parole à son œuvre. » Friedrich Nietzsche

* G. Durand, Les Structures Anthropologiques de l'imaginaire, p 21-22 , Paris , 1963


33
L’œil- montgolfière , Odilon Redon

CONCLUSION

En choisissant de parler d'Odilon Redon, j'ai pris un risque. Un risque d’être mal compris, et un
risque de me perdre dans mon sujet. Car Il m'était tout aussi dur qu'il m'était passionnant d'essayer
de parler de cet artiste qui n'avait pas envie de parler. Il a pourtant senti, avec un élan naturelle, les
forces qui dominent la vie, qui dominent en lui. Il observait beaucoup, peut-être est-ce pour cela
qu'il a autant fuit le visuel dans sa peinture ? Les pensées de C.G.Jung ont d'une sorte déterré une
partie de la vie , et simultanément une partie de ses œuvres, ou une partie non-négligeable de ses
œuvres à l'artiste. Car ces deux hommes croyait intuitivement en une relation entre l'une et le
multiple, le singulier et l'universel. Redon est comme un enfant qui esquisserait la vie, d'une vision
pure et originelle, amusante et sombre. La fonction et le sens de l'art se manifeste chez l'artiste
bordelais dans sa forme la plus pure. C'est précisément pour cela que Redon fut un grand peintre.

34
35
ANNEXE

CORRESPONDANCES

La Nature est un temple où de vivants piliers


Laissent parfois sortir de confuses paroles ;
L’homme y passe à travers des forêts de symboles
Qui l’observent avec des regards familiers.

Comme de longs échos qui de loin se confondent


Dans une ténébreuse et profonde unité,
Vaste comme la nuit et comme la clarté,
Les parfums, les couleurs et les sons se répondent.

Il est des parfums frais comme des chairs d’enfants,


Doux comme les hautbois, verts comme les prairies,
— Et d’autres, corrompus, riches et triomphants,

Ayant l’expansion des choses infinies,


Comme l’ambre, le musc, le benjoin et l’encens,
Qui chantent les transports de l’esprit et des sens.

BAUDELAIRE, Les Fleurs du Mal, IV.

36
La Naissance de Vénus II, Odilon Redon

37
La Naissance de Vénus, Sandro Boticelli,

38
Origines : Le sirène sortit des flots vetues des dards , Odilon Redon

39
BIBLIOGRAPHIE

• C.G.JUNG -Psychologie de l'Inconscient, 1916


• JEAN CHEVALIER, ALAIN GHEERBRANT- Dictionnaire des Symboles, Robert Laffont
S.A. Et éditions Jupiter, Paris , 1969
• C.G.JUNG, KAROLY KERENYI- Introduction a l'Essence de la Mythologie, 1949
• ODILON REDON- A soi-même, publiée après la mort d'artiste par son fils, Librairie Jose
Corti, 1961
• M.MERLEAU-PONTY- L’œil et L'Esprit, folio essais , Paris, 1964
• M.MERLEAU-PONTY , Signes, p.91, Éditions Gallimard, 1960.
• BEAUX-ARTS MAGAZINE, Numero spécial Odilon Redon Prince des Rêves, 2011
• TASCHEN- Odilon Redon
• C.G.JUNG- L'homme et ses symboles, Paris, 1964
• SALAH STEITE, La Parole et la Preuve, M.E.E.T, 1996
• BERNARD SALIGNON, Les déclinaisons du réel, La voix, L'Art, L’éternel retour, Éditions
Cerf, 2006
• LAROUSSE THEMATIQUE, Dictionnaire de la Psychanalyse, Éditions Larousse

40

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