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Christine Bonardi
érès | Connexions
2003/2 - no80
pages 43 à 57
ISSN 0337-3126
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CONNEXIONS 80/2003-2
44 auteur
George, 1990, p. 4). Elle fonctionne (voir par exemple Tulving, 1972) à
partir d’un registre « transitoire » et d’un registre, supposé permanent
(mémoire à long terme) – organisant et régulant des représentations
mentales – lequel constitue une « mémoire sémantique » à utilité sociale
forte et « personnalisation » faible. La mémoire individuelle produit
donc de façon permanente « des schémas hiérarchisés et emboîtés qui
façonnent nos anticipations et sont porteurs de surprise potentielle. Sa
fonction n’est pas seulement de réactiver le passé, elle est aussi de
détecter la nouveauté et de permettre l’apprentissage » (id., 1990, p. 4).
On peut alors considérer le souvenir individuel comme la
création/recréation d’un passé – par exemple par le moyen des commu-
nications – pour les besoins du présent et l’anticipation du futur. La
mémoire individuelle n’en est pas moins aussi dépendante de para-
mètres externes ou sociétaux (Edwards et Middleton, 1986) par
exemple, parce que le social et le temporel pèsent sur les opérations de
stockage des informations (voir par exemple les « souvenirs flashes » ;
Brown et Kulik, 1977), et parce que mémoriser certains fonctionne-
ments et attentes liés à des situations sociales (Schank et Abelson, 1977)
s’apparente à une mise en mémoire de contextes et de fonctionnements
collectifs plus ou moins normés.
Par ailleurs, l’absence d’une distinction générale entre registres
mémoriels collectif et social (Askévis-Leherpeux, 1997 ; Jaisson, 1999 ;
Wintrebert, 2000) permet encore de poser (cf. Halbwachs (1950/1997)
que la mémoire est sociale à plus d’un titre : celui des souvenirs com-
muns que l’on évoque ensemble ; celui d’une référence à des événe-
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1. La notion de mémoire collective n’explique pas pour autant « de quelle façon les mémoires
individuelles, qui sont les seules attestées biologiquement (seuls les individus mémorisent effec-
tivement, jamais une société), peuvent s’agréger pour constituer une mémoire collective, de
quelle façon cette mémoire collective peut se conserver, se transmettre, se modifier » (Candau,
1996, p. 68).
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2. C’est-à-dire « des notions plus ou moins logiques et logiquement enchaînées » ; des « repré-
sentations imagées et concrètes d’événements ou de personnages localisés dans le temps et l’es-
pace » ; une « chaîne d’idées et de jugements » (Halbwachs, 1994, p. 281-282).
3. Voir également Muxel (2002).
46 auteur
mations nouvelles aux catégories familières parce que ces dernières for-
Enfin, la mémoire d’un groupe social peut être dirigée vers les
significations et trouver sa finalité dans l’action puisque l’historicité du
rapport à l’objet transparaît dans l’intrication des pratiques et des repré-
sentations. Lorsque Jodelet (1989) étudie la maladie mentale, elle pointe
dans les représentations des « éléments de croyance à caractère
magique » (p. 306) – par exemple, la nature contagieuse de la folie –
manifestement très anciens car correspondant à des théorisations
sociales rendues obsolètes par les progrès de la science. De même, son
travail sur l’évolution de la représentation du corps (mené entre 1960 et
1975) montre la persistance d’éléments appartenant à un lointain passé
(notamment la dualité corps/esprit). Ces éléments anciens et objective-
ment dépassés participent pourtant d’une certaine logique qui anime les
discours et les pratiques ; ils révèlent la participation de la mémoire d’un
groupe social dans la formation et le maintien des représentations
sociales : un sens est créé puis affecté à l’objet et enfin transmis d’une
génération à une autre. Historicité, durée, capital transgénérationnel
constituent les éléments les plus manifestes car, dans l’évolution comme
dans la transmission d’une représentation, le lien entre dimension indi-
viduelle et dimension socio-culturelle paraît indissoluble du fait de la
transmission de valeurs, anciennes mais toujours efficaces.
Par ailleurs, puisque les représentations sociales, en tant que sys-
tèmes d’interprétation du monde, jouent le triple rôle « d’éclairage (don-
ner sens aux réalités), d’intégration (incorporer les notions ou les faits
nouveaux aux cadres familiers) et de partage (assurer les sens communs
en lesquels se reconnaîtra une collectivité donnée) » (Moscovici et
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Les thêmata
4. Une primitive est une « donnée de nature en amont de laquelle on ne peut aller parce qu’il n’y
a rien » (Rouquette, 1997, p. 149).
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Conclusion
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