Vous êtes sur la page 1sur 14

Teresa Cabré

2 La terminologie
Abstract : La terminologie a connu un développement systématique au cours des
   

dernières décennies menant une réflexion profonde sur ses principes, ses fondements
et ses méthodes et, par-dessus tout, obtenant la reconnaissance sociale et politique
tant sur le plan national qu’international. La terminologie comme discipline dont
l’objet est l’étude et la compilation des termes spécialisés est passée très récemment
d’un stade amateur à un stade scientifique.

Keywords : texte spécialisé, unité terminologique, discours de spécialité, Théorie


   

Communicative de la Terminologie, travail terminologique

1 Introduction
La communication spécialisée thématiquement diffère de la communication générale,
ou de la communication spécialisée pour d’autres causes, pour ses conditions énon-
ciatives. Ces conditions affectent le discours et les textes tant en ce qui concerne la
forme que le contenu.
La connaissance spécialisée, diverse par sa thématique et par son adaptation
aux caractéristiques énonciatives, possède une série de spécificités qui la rendent
unique. L’une des caractéristiques les plus importantes est sa précision. Le contenu
que transmettent les textes spécialisés est précis dans la mesure où il répond à des
schémas établis et reconnus par un groupe d’experts. Néanmoins, ce fait ne déter-

mine pas que le contenu sera uniforme et homogène. Un objet de savoir peut être
perçu selon diverses positions et donner lieu à des explications complémentaires. Il
peut même être soumis à des conceptualisations distinctes et produire des schémas
de connaissance différents. Il peut également se transmettre à différents niveaux de
complexité selon ses destinataires.

2 La terminologie dans le discours de spécialité


Les caractéristiques énonciatives du discours spécialisé ont été profusément
décrites. Dans les trois phases du parcours communicatif (production, trans-
mission et réception), on trouve des points pertinents qui concernent la terminolo-
gie.
Quant à la production, le discours spécialisé ne peut être produit que si l’on
possède une connaissance suffisante de la matière de spécialité. Cette compétence
thématique, qui comprend aussi la connaissance des termes adéquats, ne s’acquiert
que dans un contexte d’apprentissage, que ce soit un contexte explicite, volontaire

Werner Forner and Britta Thörle - 9783110313505


Downloaded from De Gruyter Online at 09/23/2016 07:53:28PM
via Cambridge University Library
La terminologie 69

et conscient, ou plutôt implicite. Dans tous les cas, il faut bien connaître la théma-
tique pour informer sur son contenu.
Il est évident que les personnes qui se sont formées en tant que spécialistes dans
un contexte académique ou professionnel acquièrent une qualité d’experts ; mais, il  

existe aussi des groupes qui, pour leur part, ont intériorisé la structure de la matière et
peuvent, grâce à des connaissances basiques, exposer leurs idées sur ce sujet ou
encore traduire, avec un minimum de sécurité, des textes d’une autre langue. Ces
groupes sont considérés comme semi-experts, ayant un grade inférieur à celui d’un
étudiant de spécialité qui aspire à devenir un spécialiste. Cependant, quel que soit le
niveau de formation, la production d’un texte spécialisé (à un niveau élevé et moyen)
exige un degré de compétence inéluctable du sujet et des termes spécifiques au
domaine pour s’assurer que la structure conceptuelle de ce domaine n’est pas trans-
gressée.
En ce qui concerne la réception, on peut dire qu’il est certain que n’importe qui
peut être le récepteur (et non le destinataire) d’un discours spécialisé. Toutefois, ce
type de discours est habituellement destiné (d’où le fait que nous parlions de destina-
taires et non de récepteurs) à un public qui peut discuter du thème parce que son
niveau de compétence est égal à celui de l’émetteur (communication d’expert à
expert), ou qui cherche à acquérir des connaissances et des savoirs spécialisés pour se
convertir en spécialiste, cas dans lequel la communication s’établit entre un expert et
un apprenant ou un profane ou quasi-profane à travers un discours de sensibilisation
dans lequel seule la partie la plus basique de la connaissance est transmise.
Le système de transmission de savoir spécialisé ne présente, en règle générale,
aucune particularité en ce qui concerne le canal de transmission. Il existe en tant que
discours oral et écrit dans toutes ses modalités et l’information peut être transférée
numériquement, indirectement ou directement. De toute manière, les moyens
concrets dont nous nous servons pour transmettre la connaissance générale ou
spécialisée diffèrent entre eux, de sorte qu’ils génèrent des expectatives selon les
genres discursifs écrits ou oraux auxquels ils appartiennent. On peut attendre d’une
conférence académique qu’elle traite de thèmes spécialisés. On peut également atten-
dre ceci d’une discussion relâchée au bistrot, mais l’on ne peut espérer que le contenu
passe par un contrôle de précision conceptuelle.
La communication spécialisée se produit donc dans le contexte d’une matrice
d’éléments qui, d’un côté, lui confèrent un caractère spécialisé, et, de l’autre, nuan-
cent l’information conformément aux circonstances communicatives. Le discours qui
est produit dans ces circonstances se matérialise à son tour dans des textes considérés
comme spécialisés.
Les textes spécialisés, conformément à ce qui a été dit jusqu’à présent, sont donc
caractérisés par des conditions de type énonciatif, mais également cognitif : la théma-

tique dont ils traitent et la manière avec laquelle celle-ci est traitée. Le contenu d’un
texte spécialisé, comme nous l’avons avancé, répond à un schéma conceptuel établi
qui, selon que le sujet est plus ou moins stabilisé, peut être plus ou moins uniforme

Werner Forner and Britta Thörle - 9783110313505


Downloaded from De Gruyter Online at 09/23/2016 07:53:28PM
via Cambridge University Library
70 Teresa Cabré

selon le degré de consensus que la question a acquis et peut toujours être abordé
selon différentes perspectives.
Au-delà de ces conditions, les textes spécialisés se caractérisent aussi par des
particularités de type linguistique. C’est à travers l’analyse du texte que nous serons à
même de détecter ces caractéristiques, attenantes à deux aspects : à la sélection de

ressources grammaticales et à l’agencement formel et grammatical de l’information,


et, dans certains cas, à l’apparition de signes non-linguistiques ayant un caractère
symbolique ou iconique.
La sélection de ressources grammaticales utilisées dans les textes de spécialité
n’est pas tout à fait idiosyncratique. Les spécialités s’expriment par le langage et
utilisent, par conséquent, la grammaire de la langue dans laquelle elles sont expri-
mées. Nous parlons de langues de spécialité pour nous référer à l’ensemble virtuel de
ressources que les orateurs utilisent pour construire un texte de spécialité. La sélec-
tion de l’une ou l’autre des possibilités du système grammatical affecte principale-
ment le lexique, mais aussi, dans une moindre mesure, la morphologie et la syntaxe
de la phrase et du texte, et, dans une bien moindre mesure, la phonétique (pas la
phonologie) et la graphie (pas l’orthographe).
La caractéristique du discours spécialisé qui se détache de ce que l’on trouve dans
les manuels de discours est le lexique propre de la spécialité : la terminologie. Chaque

matière de spécialité utilise des termes spécifiques qui peuvent être partagés avec
d’autres spécialités ainsi qu’avec la langue générale pour représenter linguistique-
ment les concepts propres à la spécialité. On peut dire que plus une matière est
structurée et stabilisée, plus sa terminologie est uniforme et précise.
La terminologie contribue à la précision du discours, car chaque terme se réfère
précisément à un concept bien délimité et différencié de ceux de la même spécialité,
avec lesquels il entretient divers types de relations. Cet ensemble de concepts relatifs
constitue ce qui a été nommé structure conceptuelle d’un domaine du savoir. En fait,
la structure conceptuelle est le reflet de la façon dont les connaissances sont organi-
sées dans une matière, et, c’est pourquoi, il est dit que c’est essentiellement son
épistémologie. La raison de cette mise au point réside dans la nécessité de transférer
des connaissances spécialisées sans ambiguïté, ce qui n’est pas toujours le cas.
La terminologie contribue à la systématicité du discours spécialisé parce qu’elle
est (ou tente d’être) uniforme et réduit la variation à la faveur d’une meilleure sécurité
communicative.
La variation lexicale (matérialisée dans la synonymie lexicale et dans d’autres
types de variantes morphologiques ou syntaxiques) introduit toujours de nouvelles
nuances puisque les unités du lexique, en plus d’avoir un contenu révélateur, sont
connotées et, enfin, comme l’a montré la linguistique cognitive, « portent une signifi-

cation » en elles-mêmes, dans le sens que la forme peut, dans de nombreux cas,

véhiculer un point de vue concret sur le même concept.


En plus de leur précision et de leur tendance à favoriser la systématicité, les textes
spécialisés montrent aussi une plus grande tendance à la concision en comparaison

Werner Forner and Britta Thörle - 9783110313505


Downloaded from De Gruyter Online at 09/23/2016 07:53:28PM
via Cambridge University Library
La terminologie 71

avec les textes non spécialisés. Les termes contribuent à cette caractéristique du fait
qu’ils sont les unités qui expriment une plus grande densité cognitive par rapport à
leur longueur. Une simple comparaison entre un terme et sa paraphrase peut illustrer
cette caractéristique.
Pour finir, on a souvent dit que les textes spécialisés, en plus d’être précis,
tendent à être concis et systématiques et montrent d’autres caractéristiques comme
l’impersonnalité et l’objectivité.

3 La conception de la terminologie : des signes  

semi-artificiels aux éléments lexicaux


La terminologie naît comme discipline structurée dans les années trente du XXe siècle.
À la base de cette discipline, on peut mentionner E. Wüster, le nom le plus représenta-

tif, quoique non le seul, dans le contexte européen. Wüster (1979), ingénieur et
entrepreneur, préoccupé par la nécessité de garantir l’efficacité et la communication
univoque dans les communications internationales en lien avec la technique, était
averti que l’écueil fondamental, pour obtenir ladite univocité, résidait dans les
termes, puisqu’une tendance à la diversification dénominative se produisait naturel-
lement dans toutes les langues. Pour Wüster la normalisation pouvait être une
solution à cette dispersion et, convaincu de cette idée, il répandit la nécessité de
convenir volontairement des standards dénominatifs, c’est-à-dire un seul terme par
concept technique dans chaque langue. La normalisation terminologique continue,
encore aujourd’hui, à être utile et nécessaire à la communication interlinguistique,
essentiellement dans les domaines qui requièrent une grande précision.
Dans ce contexte, les termes ont été conçus comme des désignations directes des
concepts qu’ils représentaient, déjà au travers de leur forme linguistique ou des
formes d’autres systèmes d’expression non-linguistique. En conséquence, et étant
donné leur caractère désignatif, ils équivalaient à des noms propres, exempts de sens.
Leur caractère d’éléments normalisés leur a été donné par des experts, et ils pouvaient
être considérés comme semi-artificiels puisqu’ils étaient le fruit de décisions volontai-
res. En plus de leur caractère désignatif, les termes établissaient selon Wüster une
relation directe avec le concept qu’ils représentaient même s’ils n’avaient pas de sens
en eux-mêmes.
De fait, ils étaient de simples étiquettes qui désignaient des concepts de spécia-
lités à l’intérieur d’un schéma structuré de concepts de chaque champ thématique ou
d’activité.
Il est évident qu’une conception de ce type éloignait les termes de leur condition
de signes linguistiques et de la terminologie des sciences du langage (en revanche pas
des sciences de la communication). La terminologie s’éloignait de la lexicologie,
parce que ces deux matières traitaient d’objets distincts. La lexicologie traitait des

Werner Forner and Britta Thörle - 9783110313505


Downloaded from De Gruyter Online at 09/23/2016 07:53:28PM
via Cambridge University Library
72 Teresa Cabré

unités de lexique (que, pour l’instant, nous nommerons « mots » afin de simplifier)
   

qui étaient des signes linguistiques composés d’un signifiant et d’un signifié qui
comportaient une part des langues naturelles et possédaient des valeurs pragmati-
ques associées. Il s’agissait donc d’unités en même temps dénominatives et conno-
tées. Les termes, en revanche, étaient des unités purement formelles de fonction
désignative, dépourvues de valeurs connotées associées à l’usage. Les contextes dans
lesquels s’utilisaient les termes étaient clairement distincts selon Wüster.
Pour mettre encore plus en évidence ces différences, Wüster a, en outre, affirmé
que la terminologie et la linguistique étaient clairement séparées tant par leur concep-
tion des langues, que par leur vision de la manière dont ces langues évoluaient. Pour
Wüster les langues étaient historiques, culturelles et sociales, alors que les langues de
spécialité, dont la terminologie faisait partie, se tenaient en marge des circonstances
historiques, sociales et culturelles, ou, du moins, ne considéraient pas ces aspects
comme pertinents.
Pour Wüster les deux matières étaient clairement distinctes du fait que la linguis-
tique concevait le signifié comme inséparable du signifiant, tandis que les termes
étaient de pures unités formelles. Pour finir, Wüster considérait que le concept que
représentaient les termes était universel et indépendant des langues dans lesquelles il
était projeté.
En ce qui concerne l’évolution des langues, Wüster a fait valoir que les langues
naturelles évoluaient spontanément, tandis que les langues spécialisées le faisaient
par intervention puisque leur fonction était prescriptive. Il est évident que cet aspect
était crucial dans la séparation de ces deux disciplines. Rien n’est plus éloigné des
objectifs de la linguistique que la prescription. L’analyse linguistique se doit d’être
descriptive et doit donner raison à l’usage réel de la langue et non aux usages décidés
après intervention. Avec cet argumentaire, la linguistique n’a, pendant de nombreu-
ses années, rien voulu savoir sur la terminologie et cette dernière s’est concentrée par
dessus tout sur sa légitimation en tant que matière clairement différente, pour sa part,
de la linguistique.
L’éclosion d’un nouveau programme en terminologie, fruit de certaines nécessités
spécifiques, fut le début d’un changement, imperceptible au départ ou tout du moins
non théorisé comme tel. C’est avec l’approbation au Québec de la Charte de la langue
française que s’est ouvert un nouveau panorama de travail terminologique : la termi-

nologie au service de la promotion d’une langue, la langue française, comme langue


propre et officielle d’une région dans le contexte d’un État, le Canada, constitution-
nellement bilingue. La terminologie était la composante nécessaire à l’extension de
l’usage du français comme langue de travail dans toutes les entreprises et organismes
du Québec. De nombreux services linguistiques ont ainsi été créés dans les grandes
entreprises afin de pouvoir mettre en place des activités de production terminologique
avec pour finalité de mettre à disposition des citoyens la terminologie nécessaire et
adéquate en français, et, ainsi, permettre d’étendre l’usage du français dans tous les
domaines de la communication.

Werner Forner and Britta Thörle - 9783110313505


Downloaded from De Gruyter Online at 09/23/2016 07:53:28PM
via Cambridge University Library
La terminologie 73

Il semble évident que ce nouveau concept, si éloigné de la scène dans laquelle


Wüster conçut la terminologie, ne pouvait pas avoir les mêmes bases que la termino-
logie au service de la standardisation internationale. L’activité terminologique québé-
coise trouvait ses fondements dans la sociolinguistique puisque les objectifs qu’elle
poursuivait étaient sociaux, et, qu’en conséquence, le schéma normalisateur n’était
pas adéquat. La prise en considération des bases culturelles et des conditions sociales
du français au Québec ont renouvelé le panorama de la pensée et de l’élaboration
terminologiques. Ainsi naquit une nouvelle scène pour le travail terminologique : la  

terminologie au service de la promotion de langues en situation de minorisation ou de


minorité. Cette activité a également permis de mettre en question la validité univer-
selle de la plupart des principes sur lesquels Wüster s’était basé : la description des

usages spécialisés a pu mettre en relief la variation et l’intérêt pour la communication


spécialisée, au-delà du simple étiquetage, en ouvrant la terminologie à la grammaire
et à la pragmatique, et, dans le même temps, comme en témoignent les années
quatre-vingt-dix, à la cognition conçue sur des bases culturelles.
L’approche sociolinguistique à la terminologie a connu un grand succès au-
jourd’hui, car l’usage officiel des langues dans leur territoire, mais aussi dans des
organismes officiels, est une épreuve de la visibilité des pays dans le monde. Pour
aboutir à un usage généralisé, il faut que chaque langue ait des ressources terminolo-
giques disponibles pour rendre possible la communication dans toutes les situations
communicatives et pour tous les domaines. Le travail terminologique est donc un
facteur clé pour assurer la disponibilité linguistique.
À côté de l’expérience terminologique du Québec, d’autres pays ont développé
des infrastructures terminologiques à caractère institutionnel dans le contexte de
leurs plans d’aménagement linguistique. La Catalogne en Espagne est un des pays où
la terminologie est fortement structurée et gérée depuis un Centre officiel responsable
de coordonner toute la production de glossaires.
Une troisième scène a contribué à l’ouverture de l’activité terminologique au
service de nécessités spécifiques. La prolifération d’organisations internationales à
caractère économique, culturel ou coopératif a ouvert la porte à une activité énorme
en termes de traduction et d’interprétation. Les professionnels de ces organismes
avaient besoin d’une terminologie plurilingue pour répondre à leur activité de ma-
nière adéquate et fiable. Ce nouveau contexte a fait surgir une approche à cheval sur
les deux précédentes : des termes précis étaient nécessaires pour la traduction d’une

langue à l’autre, mais également appropriés aux situations distinctes de communica-


tion. La pragmatique entre ainsi en jeu dans cette nouvelle scène et, avec elle, le
respect pour la variation dénominative (et non purement désignative), toujours sous
un certain contrôle qui garantissait l’efficacité communicative dans les sujets de
spécialité.
D’autres scènes devraient encore apparaître dans le processus de reconnaissance
de la terminologie comme pièce nécessaire et incontournable de la communication et
de l’expression spécialisées.

Werner Forner and Britta Thörle - 9783110313505


Downloaded from De Gruyter Online at 09/23/2016 07:53:28PM
via Cambridge University Library
74 Teresa Cabré

En premier lieu, en remontant à l’une des origines les plus claires de la terminolo-
gie, il faut tenir compte des termes au service de la représentation du savoir et de sa
transmission par des collectifs d’experts dans chaque domaine. Pour eux, les termes
sont la représentation des concepts de leur discipline, au-delà de leur complexité.
Leur désir est celui d’une relation de termes univoques et spécifiques, mais la
nécessité de transmettre leur savoir à différents collectifs ayant des niveaux distincts
de compétence fait qu’ils produisent un discours plus varié que celui dans lequel ils
se reconnaissent. Il est question, dans le fond, de tendre à rendre la terminologie
univoque, mais en acceptant que, dans sa transmission, elle perde cette univocité à la
faveur de l’intelligibilité avec laquelle augmente la variabilité. En plus de cela, le
degré de fréquence de la métaphore comme processus de création de termes nou-
veaux montre la relation intime qui existe entre la cognition située contextuellement
et culturellement et le langage spécialisé. À l’intérieur de cette hésitation entre bi-
univocité et variation se meuvent également les documentalistes pour qui les outils
documentaires doivent reprendre les usages que les experts font dans leur discours,
mais, dans le même temps, les unifier, ou les faire entrer en relation, favorisant ainsi
un accès à l’information approprié et efficient.
La terminologie au service de la divulgation de la science, de la technique et des
activités spécialisées en général ferme cette exposition de scènes communicatives
dans lesquelles la terminologie joue un rôle indispensable. C’est dans ce contexte que
se meuvent les journalistes spécialisés pour qui la variation n’est pas uniquement
dénominative, mais fondamentalement expressive au-delà du lexique, et se manifeste
au plus haut niveau. Il faut offrir au grand public un discours spécialisé intelligible et,
pour ce faire, user d’un langage facile et direct sans transgresser la canonicité du
savoir spécialisé. Ceci est le discours qui, dans notre conception, constitue à propre-
ment parler la divulgation scientificotechnique.

4 Les termes, les unités communicatives, cognitives


et linguistiques
Depuis les années quatre-vingt-dix, le nombre d’études descriptives sur le discours de
spécialité et celles plus spécifiquement centrées sur la terminologie n’a cessé d’aug-
menter, et ce, jusqu’à aujourd’hui.
La possibilité d’analyser les termes dans leur contexte discursif réel, en utilisant,
pour ce faire, des corpus textuels informatisés, a ouvert la porte à de nouvelles visions
de leurs caractéristiques, fonctionnalités et usages réels. Le développement parallèle
des sciences cognitives et leur projection dans le langage ont encore ajouté une plus
grande richesse aux études terminologiques.
Ce changement qualitatif dans l’analyse des termes a été rendu possible par le
changement de perspective à travers lequel ont été observés les termes comme objets

Werner Forner and Britta Thörle - 9783110313505


Downloaded from De Gruyter Online at 09/23/2016 07:53:28PM
via Cambridge University Library
La terminologie 75

d’étude. Selon mon opinion, l’un des points les plus révélateurs de ce changement a
été l’apparition de la légitimité des différents points de vue à partir desquels on peut
aborder l’analyse des unités terminologiques. La considération dans le même temps
des termes comme unités communicatives, cognitives et linguistiques (ou pour certai-
nes sémiotiques) a permis de formuler un principe, le Principe de polyédricité, selon
lequel tout objet de connaissance est par nature polyédrique, et, de ce fait, composé
d’éléments, de fondements et de facettes variés.
Cette polyédricité est à la base de quatre autres principes : le Principe de multi-

abordage, le Principe de la description située, le Principe de cohérence et le Principe de


focalisation sur l’objet.
Le Principe de multi-abordage, qui a été représenté graphiquement dans le modèle
des portes (Cabré 2000), offre la possibilité d’aborder la description d’un objet scienti-
fique à partir de différents points de vue ; dans le cas de la terminologie, du point de

vue linguistique, du point de vue cognitif et du point de vue de la communication. Ce


principe de multi-abordage repose sur un autre principe général qui s’applique à tous
les objets scientifiques dont les termes ne sont pas des exceptions : le principe de
polyédricité selon lequel un objet d’analyse est un ensemble de facettes interconnec-
tées et articulées entre elles.
Voyons un exemple : bitcoin est un terme nouveau qui donne nom à la monnaie

virtuelle pour des échanges de type économique à travers l’Internet. Du point de vue
cognitif, ce terme correspond à un concept qui fait partie d’un ensemble de types de
monnaies dans le domaine de l’économie et, du point de vue social, il renvoie à une
unité nouvelle utilisée par des individus concernés par les technologies et le monde
virtuel.
Tout en respectant la polyédricité inhérente aux termes, mais devant l’impossibi-
lité d’en rendre compte de manière globale et simultanée, intervient un autre principe,
celui de la description située selon lequel toute analyse s’effectue depuis un point
d’observation déterminé. Revenant à l’exemple précédent du terme bitcoin : situer la

description signifie préciser si l’analyste aborde l’étude de cette unité en tant qu’unité
linguistique, c’est-à-dire comme une unité lexicale formée par composition de bit +
coin avec un sens déterminé, ou bien si elle ou il se situe sur le plan conceptuel et
analyse « bitcoin » comme étant un concept faisant partie d’une structure qui re-
   

groupe divers types de monnaie.


Chaque analyse située suit ses propres théories et modèles, mais, entre ces
théories et modèles et ceux qui en découlent, on doit respecter le Principe de non-
contradiction, ou Principe de cohérence, selon lequel les modèles utilisés par la
description doivent être articulés dans l’ensemble des perspectives. Par exemple, un
modèle linguistique purement formel ne pourrait rendre compte de la description de
bitcoin, car la relation entre terme et concept s’articule non à travers la forme
linguistique, mais plutôt à travers le sens.
Pour finir, le Principe de focalisation sur l’objet requiert de l’analyste qu’il spécifie,
à l’intérieur de la perspective de l’analyse choisie (Principe de description située), quel

Werner Forner and Britta Thörle - 9783110313505


Downloaded from De Gruyter Online at 09/23/2016 07:53:28PM
via Cambridge University Library
76 Teresa Cabré

est le point précis ou l’étape d’activité de l’objet analysé, sur le ou laquelle est mis
l’accent de l’analyse. Le terme bitcoin peut être envisagé ou bien comme une monnaie
faisant partie des échanges économiques ou bien comme un objet technologique
propre à l’univers virtuel. La diversité de dénominations d’un même concept peut
montrer explicitement le point focalisé : si on parle de monnaie virtuelle, la dénomina-

tion souligne le fait qu’il ne s’agit pas d’une monnaie réelle ; par contre, l’usage de

monnaie digitale met l’accent sur le numérique.


Pour tout dire, il semble facile jusqu’ici de justifier la conception de la terminolo-
gie, en tant que champ de connaissance, comme une inter-discipline. Ou mieux, un
champ de connaissance interdisciplinaire auquel participent les sciences du langage,
les sciences cognitives et les sciences de la communication.
Cette vision polyédrique, ainsi que la conception également polyédrique de son
objet (les termes ou les unités terminologiques), a conduit à la formulation de
propositions qui se complètent les unes les autres par leur situation différente, et à
une théorie qui essaye de donner les principes basiques de cet objet dans sa globalité.
Une des premières réactions à l’universalité et à l’exhaustivité supposée de la théorie
de Wüster (Théorie générale de terminologie) est venue du groupe de sociolinguis-
tique de l’Université de Rouen. L. Guespin, sociolinguiste associé à Marcellesi et

Gardin, chercheur en discours politique (Guespin/Gardin/Marcellesi 1976), fut l’initia-


teur de la contestation à l’absence de facteurs sociaux dans la conception de la
terminologie. La proposition de Rouen, appelée « socio-terminologie », a été dévelop-
   

pée par F. Gaudin (1993) et fait valoir que les termes, en tant qu’unités en fonctionne-

ment dans le réel et parts des langues naturelles, sont nécessairement sociales
puisqu’elles s’emploient dans des groupes sociaux et circulent dans une société. En
tant qu’unités de langues, elles sont également des projections des conditions socio-
linguistiques desdites langues.
Sur les bases de la proposition de Rouen, signalant des simplifications et des
absences dans l’étude de la terminologie jusqu’à présent, se situe la proposition de
R. Temmerman (2000), focalisée sur la construction et l’analyse des concepts spécia-

lisés. Cette proposition, dénommée « socio-terminologie cognitive », affirme que le


   

processus de construction des concepts spécialisés n’est pas uniforme et ne se produit


pas en marge des conditions réelles des langues, et, de ce fait, que la catégorisation
conceptuelle est conséquence de ces dites conditions, qui, à leur tour, ne sont pas
statiques dans l’espace et dans le temps, mais évoluent et changent.
Plus récemment, la tentative cherchant à expliquer comment est organisée
l’information spécialisée dans l’esprit a donné lieu à la proposition de P. Faber et  

de son équipe (Faber 2012) présentant la terminologie basée sur des frames dévelop-
pés sur les fondements de la théorie lexicale de L. Martín Mingorance (1998) et du

projet de représentation de connaissance de Fillmore (2003) (cf. aussi FrameNet


2000–2012).
La Théorie Communicative de la Terminologie (TCT), développée par T. Cabré  

(1992 ; 1999 ; 2003) et les membres de l’équipe IULATERM de l’Institut de Linguistique


   

Werner Forner and Britta Thörle - 9783110313505


Downloaded from De Gruyter Online at 09/23/2016 07:53:28PM
via Cambridge University Library
La terminologie 77

Appliquée de l’Université Pompeu Fabra de Barcelone (Lorente 1994 ; Estopà 1999 ;


   

Freixa 2002 ; Solé 2002 ; Tebé 2005 ; Adelstein 2007 ; Suárez 2004 ; Kuguel 2010 ;
           

Giraldo 2008 ; Quiroz 2008 ; Joan 2008 ; Seghezzi 2011 ; Kostina 2010 ; Nazar 2010
         

etc.), part du modèle des portes et se situe dans la porte du langage, par le fait qu’elle
centre son objet d’analyse sur les unités terminologiques conçues comme les unités
linguistiques qui font partie du lexique des langues naturelles. Comme nous l’expli-
querons ultérieurement, ces unités activent un sens spécialisé dans un contexte
pragmatique de caractéristiques déterminées.
Les termes, vus depuis la porte du langage, sont des unités du lexique des
langues parce qu’ils partagent formellement des caractéristiques identiques et fonc-
tionnent, en général, dans le discours de la même manière que les unités lexicales que
nous ne considérons pas comme des termes. Leur phonologie, leur morphologie et
leurs possibilités syntaxiques sont identiques. Cependant, comme nous l’avons vu
aussi dans le contraste entre les textes généraux et spécialisés, des tendances graphi-
ques, morphologiques et structurelles spécifiques peuvent être observées dans la
thématique de différents domaines. Ainsi, par exemple, dans le domaine de la
terminologie médicale pouvons-nous observer une systématique manifeste dans la
construction d’unités de formes gréco-latines qui, de plus, se répètent dans les termes
de la même catégorie ou sous-catégorie linguistique. Autre exemple : du point de vue

graphique, nous observons, dans les termes de la biochimie, des unités hybrides
composées d’unités linguistiques et d’éléments symboliques empruntés à d’autres
langues.
À présent, si les termes et les unités du lexique qui ne se considèrent pas comme
telles ne présentaient pas de différences, la terminologie n’aurait aucune raison de
constituer un champ spécifique de connaissance puisque son objet serait déjà parfai-
tement décrit comme objet de l’autre matière. La question-clé à laquelle nous devons
répondre est de savoir si ces unités, que nous considérons dans des circonstances
terminologiques déterminées, détiennent des caractéristiques qui les particularisent,
et de savoir dans quel cas se produit cette spécificité, quelles conséquences elles ont
dans le discours et comment s’expliquent leur genèse et leur fonctionnement depuis
l’appréhension de l’objet de la réalité et sa conceptualisation jusqu’à sa production,
sa transmission et la réception du discours.
Le processus de production des termes est un trajet dans lequel des opérations ou
activités distinctes se succèdent : en premier lieu, à partir de l’observation des objets

de la réalité et sur la base d’une sélection de caractéristiques pertinentes sur des


objets distincts, nous convertissons cette virtualité en une catégorie conceptuelle qui
peut être décrite comme un ensemble de caractéristiques associées à un échantillon
de référence. Cette catégorie est mémorisée dans l’esprit en intégrant un réseau de
connaissances tissé de concepts reliés entre eux par divers critères. Dans la communi-
cation, celui qui produit un discours spécialisé sélectionne une partie de cette
connaissance et la projette dans des signes dotés de forme et de contenu. Ces signes,
qui correspondent à ce que nous nommons unités terminologiques, peuvent être

Werner Forner and Britta Thörle - 9783110313505


Downloaded from De Gruyter Online at 09/23/2016 07:53:28PM
via Cambridge University Library
78 Teresa Cabré

décrits par leur forme (la dénomination) et par leur contenu (le sens), et sont, dans le
même temps, des unités qui nomment et signifient, comme le montrent clairement les
unités syntagmatiques (le terme lave-vaisselle correspond à un objet usuel qui sert à
laver la vaisselle).
Le contenu d’une unité terminologique ne sature pas complètement l’étendue de
renseignements du concept, c’est-à-dire ne correspond pas à la totalité des caractéris-
tiques d’un concept, mais seulement à une sélection d’informations appropriée à
chaque acte communicatif. C’est pourquoi nous nous référons au contenu d’un terme
dans le discours comme étant son sens.
La clé pour expliquer cette sélection de contenu en chaque occasion réside dans
les conditions pragmatiques qui dominent la production du discours en particulier,
tant en ce qui concerne le domaine thématique dans lequel l’émetteur se situe, que
dans la perspective qu’il choisit pour mettre au point la connaissance. C’est pour cela
que nous disons que c’est le contexte pragmatique qui est la clé qui active la valeur
spécialisée de chaque unité terminologique dans un usage donné. Le sens spécialisé
de chaque terme dans le fonctionnement discursif constitue une valeur associée aux
unités lexicales. Cette valeur spécifique, actualisée dans un sens spécifique, n’est
inhérente à aucune unité en soi si ce n’est qu’elle est conditionnée par l’usage. Il s’agit
donc d’une valeur virtuelle qui peut se matérialiser ou pas dans chacune des unités
lexicales d’une langue. Les processus de terminologisation (usage spécialisé d’une
unité qui, jusqu’à présent, avait été utilisée sans valeur spécialisée) et de déterminolo-
gisation (une unité qui avait été utilisée avec une valeur spécialisée et se met à être
employée également sans cette valeur) peuvent s’expliquer aisément par cette capa-
cité du lexique à associer une valeur spécialisée selon les circonstances communicati-
ves.
En plus de partir de la conception de l’unité terminologique que nous venons de
décrire, la Théorie Communicative de la Terminologie repose sur une série de princi-
pes parmi lesquels nous désirons en isoler deux : la nécessité d’observer les termes

dans un discours réel et représentatif de sa variation communicative et l’acceptation


de la variation dénominative et sémantique comme un fait naturel inhérent au
langage et à la communication.

5 Le travail terminologique : méthodologie et  

technologies
Jusqu’ici, la terminologie a été présentée comme un champ de connaissances, mais,
pour compléter sa description, l’activité pratique de la terminologie est un versant
essentiel. Il n’est pas insignifiant de noter le fait que la pratique était antécédente à la
théorisation, et que l’activité terminologique (terminographie) est née parce que des
nécessités sociales qui la requièrent préexistaient et existent.

Werner Forner and Britta Thörle - 9783110313505


Downloaded from De Gruyter Online at 09/23/2016 07:53:28PM
via Cambridge University Library
La terminologie 79

L’activité pratique la plus importante et la plus nécessaire de la terminologie est


la compilation des termes dans différents domaines de spécialité, et les ressources les
plus fréquentes que la terminologie produit sont des glossaires, du vocabulaire et des
banques de données.
Sans conteste, l’élaboration de dictionnaires spécialisés requiert, de la part de
celui qui les réalise, une formation méthodologique solide. Et ce, pour diverses
raisons :

En premier lieu, parce qu’elle part de certains principes qu’il faut respecter, parmi
lesquels, à titre d’exemple, nous allons en citer sept :

– La source naturelle des termes est le discours d’expert, et non les dictionnaires.
– Le travail terminologique ne peut se confondre avec le travail de traduction. Les
termes ne se traduisent pas, mais se recompilent à partir du discours d’expert.
– Le travail terminologique ne coïncide pas avec le travail néologique, en ce qu’il
consiste à créer, à importer ou à former de nouvelles unités, sans que cela
suppose que la voie du néologisme (et, à l’intérieur de cette voie, l’emprunt à
d’autres langues) soit un recours pour remplir un vide dénominatif dans une
langue.
– Dans la pratique d’élaboration d’un glossaire, la description est indispensable,
même si ce travail devient, comme produit fini, une ressource prescriptive.
– Les termes d’un domaine de spécialité doivent respecter au maximum la systéma-
ticité de ce champ en relation avec la langue dont ils sont issus.
– Toute unité terminologique est une unité de forme et de contenu qui s’emploie
dans un discours de spécialité.
– Les termes ont toujours une source et celle-ci doit être consignée dans la note
correspondante.

En second lieu, l’élaboration de la terminologie en forme de glossaire requiert trois


compétences : au sujet du thème de spécialité, au sujet des langues de travail et au sujet

de la méthodologie à suivre. Sans ces trois compétences, réunies en un seul profession-


nel ou distribuées au sein d’une équipe, le travail ne peut se dérouler avec une garantie
de qualité. D’autres compétences en termes de documentation et d’informatique peu-
vent venir compléter les trois compétences antérieures qui sont les basiques.
En troisième lieu, le processus de travail terminologique doit suivre une série de
phases consécutives qui vont de l’acquisition de documentation, de l’élaboration de
la structure conceptuelle, de la création d’un corpus et de la conception d’une base de
données avec une sélection adéquate des données qui doivent figurer dans chaque
registre, à la correction et à l’édition, et, dans des cas spécifiques, jusqu’à la normali-
sation du vocabulaire.
La première étape de ce processus est la définition du type de dictionnaire à
élaborer tant en ce qui concerne son découpage thématique qu’en ce qui concerne les
langues qui doivent en faire partie et le choix des informations (sélection et représen-
tation) considérées comme adéquates par les destinataires en admettant qu’ils exis-

Werner Forner and Britta Thörle - 9783110313505


Downloaded from De Gruyter Online at 09/23/2016 07:53:28PM
via Cambridge University Library
80 Teresa Cabré

tent. Beaucoup de ces actions peuvent être réalisées à travers l’usage de la technolo-
gie appropriée.
En définitive, les conditions que le travail terminologique élaboré doit réunir
répondent à deux principes clés : le Principe de qualité et le Principe d’adéquation. On

ne peut atteindre la qualité que si une bonne documentation est utilisée et si elle suit
la méthodologie décrite. Un travail ne sera adéquat que s’il répond réellement aux
nécessités des destinataires pour lesquels il a été conçu et pour lesquels a été créé le
corpus approprié, en une sélection pertinente des termes et des catégories de données
qui doivent illustrer et représenter ces données de façon à permettre à ses destinatai-
res une utilisation agréable et efficace.

6 Bibliographie
Adelstein, Andreína (2007), Unidad léxica y significado especializado : modelo de representación a

partir del nombre relacional madre, Barcelona, Institut Universitari de Lingüística Aplicada,
Universitat Pompeu Fabra.
Cabré, M. Teresa (1992), La terminologia. La teoria, els mètodes, les aplicacions, Barcelona, Empúries.

Cabré, M. Teresa (1999), La terminología. Representación y comunicación. Una teoría de base comuni-

cativa y otros artículos, Barcelona, Institut Universitari de Lingüística Aplicada, Universitat


Pompeu Fabra.
Cabré, M. Teresa (2000), Terminologie et linguistique : la théorie des portes, Terminologies nouvelles.
   

Terminologie et diversité culturelle 21, 10–15.


Cabré, M. Teresa (2003), Theories of terminology. Their description, prescription and explanation,

Terminology 9:2, 163–200.


Cabré, M. Teresa, et al. (2010), Comparación de algunas características lingüísticas del discurso
   

especializado frente al discurso general : el caso del discurso económico, in : Rosario Caballero/
   

M. Jesús Pinar (edd.), Modos y formas de la comunicación humana : Ways and Modes of Human
   

Communication, Cuenca, Ediciones de la Universidad de Castilla-La Mancha, 453–460.


Estopà, Rosa (1999), Extracció de Terminologia : elements per a la construcció d’un SEACUSE (Sistema

d’Extracció Automàtica de Candidats a Unitats de Significació Especialitzada), Barcelona, Institut


Universitari de Lingüística Aplicada, Universitat Pompeu Fabra.
Faber, Pamela (ed.) (2012), A Cognitive Linguistics View of Terminology and Specialized Language,
Berlin/Boston, De Gruyter.
Fillmore, Charles J. (2003), Form and meaning in language, Stanford, Center for the Study of Language
and Information.
FrameNet Project [en ligne], Berkeley (California), International Computer Science Institute,
2000–2012, https://framenet.icsi.berkeley.edu/fndrupal/ (20.12.2013).
Freixa, Judit (2002), La variació terminológica. Anàlisi de la variació denominativa en textos de diferent
grau d’especialització de l’àrea de medi ambient, Barcelona, Departament de Filologia Catalana,
Universitat de Barcelona.
Gaudin, François (1993), Pour une socioterminologie. Des problèmes pratiques aux pratiques institu-
tionnelles, Rouen, Publications de l’Université de Rouen.
Giraldo, John Jairo (2008), Análisis y descripción de las siglas en el discurso especializado de genoma
humano y medio ambiente, Barcelona, Institut Universitari de Lingüística Aplicada, Universitat
Pompeu Fabra.

Werner Forner and Britta Thörle - 9783110313505


Downloaded from De Gruyter Online at 09/23/2016 07:53:28PM
via Cambridge University Library
La terminologie 81

Guespin, Louis/Gardin, Bernard/Marcellesi, Jean-Baptiste (edd.) (1976), Typologie du discours poli-


tique, Paris, Didier.
Joan, Anna (2008), Sintaxi i semàntica verbals en el discurs d’especialitat : elements per a l’activació

del valor terminològic, Barcelona, Institut Universitari de Lingüística Aplicada, Universitat Pom-
peu Fabra.
Kostina, Irina (2010), Variación conceptual de los términos en el discurso especializado, Barcelona,
Institut Universitari de Lingüística Aplicada, Universitat Pompeu Fabra.
Kuguel, Inés (2010), La semántica del léxico especializado : los términos en textos de ecología,

Barcelona, Institut Universitari de Lingüística Aplicada, Universitat Pompeu Fabra.


Lorente, Mercè (1994), Aspectes de lexicografia : representació i interpretació gramaticals, Barcelona,

Departament de Filologia Catalana, Universitat de Barcelona.


Martín Mingorance, Leocadio (1998), El modelo lexemático-funcional : el legado lingüístico de Leoca-

dio Martín Mingorance, Granada, Universidad de Granada.


Nazar, Rogelio (2010), A Quantitative Approach to Concept Analysis, Barcelona, Institut Universitari de
Lingüística Aplicada, Universitat Pompeu Fabra.
Quiroz, Gabriel (2008), Los sintagmas nominales extensos especializados en inglés y en español :  

descripción y clasificación en un corpus de genoma, Barcelona, Institut Universitari de Lingüísti-


ca Aplicada, Universitat Pompeu Fabra.
Seghezzi, Natalia (2011), Variación terminológica y canal de comunicación. Estudio contrastivo de
textos especializados escritos y orales sobre lingüística, Barcelona, Institut Universitari de
Lingüística Aplicada, Universitat Pompeu Fabra.
Solé, Elisabet (2002), Els noms col·lectius catalans : descripció i reconeixement, Barcelona, Institut

Universitari de Lingüística Aplicada, Universitat Pompeu Fabra.


Suárez, Mercedes (2004), Análisis contrastivo de la variación denominativa en textos especializados :  

del texto original al texto meta, Barcelona, Institut Universitari de Lingüística Aplicada, Universi-
tat Pompeu Fabra.
Tebé, Carles (2005), La representació conceptual en terminologia : l’atribució temàtica en els bancs de

dades terminològiques, Barcelona, Institut Universitari de Lingüística Aplicada, Universitat


Pompeu Fabra.
Temmerman, Rita (2000), Towards New Ways of Terminological Description. The Sociocognitive
Approach, Amsterdam/Philadelphia, Benjamins.
Wüster, Eugen (1979), Einführung in die allgemeine Terminologielehre und terminologische Lexiko-
graphie, Wien, Springer.

Werner Forner and Britta Thörle - 9783110313505


Downloaded from De Gruyter Online at 09/23/2016 07:53:28PM
via Cambridge University Library

Vous aimerez peut-être aussi