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2 La terminologie
Abstract : La terminologie a connu un développement systématique au cours des
dernières décennies menant une réflexion profonde sur ses principes, ses fondements
et ses méthodes et, par-dessus tout, obtenant la reconnaissance sociale et politique
tant sur le plan national qu’international. La terminologie comme discipline dont
l’objet est l’étude et la compilation des termes spécialisés est passée très récemment
d’un stade amateur à un stade scientifique.
1 Introduction
La communication spécialisée thématiquement diffère de la communication générale,
ou de la communication spécialisée pour d’autres causes, pour ses conditions énon-
ciatives. Ces conditions affectent le discours et les textes tant en ce qui concerne la
forme que le contenu.
La connaissance spécialisée, diverse par sa thématique et par son adaptation
aux caractéristiques énonciatives, possède une série de spécificités qui la rendent
unique. L’une des caractéristiques les plus importantes est sa précision. Le contenu
que transmettent les textes spécialisés est précis dans la mesure où il répond à des
schémas établis et reconnus par un groupe d’experts. Néanmoins, ce fait ne déter-
mine pas que le contenu sera uniforme et homogène. Un objet de savoir peut être
perçu selon diverses positions et donner lieu à des explications complémentaires. Il
peut même être soumis à des conceptualisations distinctes et produire des schémas
de connaissance différents. Il peut également se transmettre à différents niveaux de
complexité selon ses destinataires.
et conscient, ou plutôt implicite. Dans tous les cas, il faut bien connaître la théma-
tique pour informer sur son contenu.
Il est évident que les personnes qui se sont formées en tant que spécialistes dans
un contexte académique ou professionnel acquièrent une qualité d’experts ; mais, il
existe aussi des groupes qui, pour leur part, ont intériorisé la structure de la matière et
peuvent, grâce à des connaissances basiques, exposer leurs idées sur ce sujet ou
encore traduire, avec un minimum de sécurité, des textes d’une autre langue. Ces
groupes sont considérés comme semi-experts, ayant un grade inférieur à celui d’un
étudiant de spécialité qui aspire à devenir un spécialiste. Cependant, quel que soit le
niveau de formation, la production d’un texte spécialisé (à un niveau élevé et moyen)
exige un degré de compétence inéluctable du sujet et des termes spécifiques au
domaine pour s’assurer que la structure conceptuelle de ce domaine n’est pas trans-
gressée.
En ce qui concerne la réception, on peut dire qu’il est certain que n’importe qui
peut être le récepteur (et non le destinataire) d’un discours spécialisé. Toutefois, ce
type de discours est habituellement destiné (d’où le fait que nous parlions de destina-
taires et non de récepteurs) à un public qui peut discuter du thème parce que son
niveau de compétence est égal à celui de l’émetteur (communication d’expert à
expert), ou qui cherche à acquérir des connaissances et des savoirs spécialisés pour se
convertir en spécialiste, cas dans lequel la communication s’établit entre un expert et
un apprenant ou un profane ou quasi-profane à travers un discours de sensibilisation
dans lequel seule la partie la plus basique de la connaissance est transmise.
Le système de transmission de savoir spécialisé ne présente, en règle générale,
aucune particularité en ce qui concerne le canal de transmission. Il existe en tant que
discours oral et écrit dans toutes ses modalités et l’information peut être transférée
numériquement, indirectement ou directement. De toute manière, les moyens
concrets dont nous nous servons pour transmettre la connaissance générale ou
spécialisée diffèrent entre eux, de sorte qu’ils génèrent des expectatives selon les
genres discursifs écrits ou oraux auxquels ils appartiennent. On peut attendre d’une
conférence académique qu’elle traite de thèmes spécialisés. On peut également atten-
dre ceci d’une discussion relâchée au bistrot, mais l’on ne peut espérer que le contenu
passe par un contrôle de précision conceptuelle.
La communication spécialisée se produit donc dans le contexte d’une matrice
d’éléments qui, d’un côté, lui confèrent un caractère spécialisé, et, de l’autre, nuan-
cent l’information conformément aux circonstances communicatives. Le discours qui
est produit dans ces circonstances se matérialise à son tour dans des textes considérés
comme spécialisés.
Les textes spécialisés, conformément à ce qui a été dit jusqu’à présent, sont donc
caractérisés par des conditions de type énonciatif, mais également cognitif : la théma-
tique dont ils traitent et la manière avec laquelle celle-ci est traitée. Le contenu d’un
texte spécialisé, comme nous l’avons avancé, répond à un schéma conceptuel établi
qui, selon que le sujet est plus ou moins stabilisé, peut être plus ou moins uniforme
selon le degré de consensus que la question a acquis et peut toujours être abordé
selon différentes perspectives.
Au-delà de ces conditions, les textes spécialisés se caractérisent aussi par des
particularités de type linguistique. C’est à travers l’analyse du texte que nous serons à
même de détecter ces caractéristiques, attenantes à deux aspects : à la sélection de
matière de spécialité utilise des termes spécifiques qui peuvent être partagés avec
d’autres spécialités ainsi qu’avec la langue générale pour représenter linguistique-
ment les concepts propres à la spécialité. On peut dire que plus une matière est
structurée et stabilisée, plus sa terminologie est uniforme et précise.
La terminologie contribue à la précision du discours, car chaque terme se réfère
précisément à un concept bien délimité et différencié de ceux de la même spécialité,
avec lesquels il entretient divers types de relations. Cet ensemble de concepts relatifs
constitue ce qui a été nommé structure conceptuelle d’un domaine du savoir. En fait,
la structure conceptuelle est le reflet de la façon dont les connaissances sont organi-
sées dans une matière, et, c’est pourquoi, il est dit que c’est essentiellement son
épistémologie. La raison de cette mise au point réside dans la nécessité de transférer
des connaissances spécialisées sans ambiguïté, ce qui n’est pas toujours le cas.
La terminologie contribue à la systématicité du discours spécialisé parce qu’elle
est (ou tente d’être) uniforme et réduit la variation à la faveur d’une meilleure sécurité
communicative.
La variation lexicale (matérialisée dans la synonymie lexicale et dans d’autres
types de variantes morphologiques ou syntaxiques) introduit toujours de nouvelles
nuances puisque les unités du lexique, en plus d’avoir un contenu révélateur, sont
connotées et, enfin, comme l’a montré la linguistique cognitive, « portent une signifi-
cation » en elles-mêmes, dans le sens que la forme peut, dans de nombreux cas,
avec les textes non spécialisés. Les termes contribuent à cette caractéristique du fait
qu’ils sont les unités qui expriment une plus grande densité cognitive par rapport à
leur longueur. Une simple comparaison entre un terme et sa paraphrase peut illustrer
cette caractéristique.
Pour finir, on a souvent dit que les textes spécialisés, en plus d’être précis,
tendent à être concis et systématiques et montrent d’autres caractéristiques comme
l’impersonnalité et l’objectivité.
tif, quoique non le seul, dans le contexte européen. Wüster (1979), ingénieur et
entrepreneur, préoccupé par la nécessité de garantir l’efficacité et la communication
univoque dans les communications internationales en lien avec la technique, était
averti que l’écueil fondamental, pour obtenir ladite univocité, résidait dans les
termes, puisqu’une tendance à la diversification dénominative se produisait naturel-
lement dans toutes les langues. Pour Wüster la normalisation pouvait être une
solution à cette dispersion et, convaincu de cette idée, il répandit la nécessité de
convenir volontairement des standards dénominatifs, c’est-à-dire un seul terme par
concept technique dans chaque langue. La normalisation terminologique continue,
encore aujourd’hui, à être utile et nécessaire à la communication interlinguistique,
essentiellement dans les domaines qui requièrent une grande précision.
Dans ce contexte, les termes ont été conçus comme des désignations directes des
concepts qu’ils représentaient, déjà au travers de leur forme linguistique ou des
formes d’autres systèmes d’expression non-linguistique. En conséquence, et étant
donné leur caractère désignatif, ils équivalaient à des noms propres, exempts de sens.
Leur caractère d’éléments normalisés leur a été donné par des experts, et ils pouvaient
être considérés comme semi-artificiels puisqu’ils étaient le fruit de décisions volontai-
res. En plus de leur caractère désignatif, les termes établissaient selon Wüster une
relation directe avec le concept qu’ils représentaient même s’ils n’avaient pas de sens
en eux-mêmes.
De fait, ils étaient de simples étiquettes qui désignaient des concepts de spécia-
lités à l’intérieur d’un schéma structuré de concepts de chaque champ thématique ou
d’activité.
Il est évident qu’une conception de ce type éloignait les termes de leur condition
de signes linguistiques et de la terminologie des sciences du langage (en revanche pas
des sciences de la communication). La terminologie s’éloignait de la lexicologie,
parce que ces deux matières traitaient d’objets distincts. La lexicologie traitait des
unités de lexique (que, pour l’instant, nous nommerons « mots » afin de simplifier)
qui étaient des signes linguistiques composés d’un signifiant et d’un signifié qui
comportaient une part des langues naturelles et possédaient des valeurs pragmati-
ques associées. Il s’agissait donc d’unités en même temps dénominatives et conno-
tées. Les termes, en revanche, étaient des unités purement formelles de fonction
désignative, dépourvues de valeurs connotées associées à l’usage. Les contextes dans
lesquels s’utilisaient les termes étaient clairement distincts selon Wüster.
Pour mettre encore plus en évidence ces différences, Wüster a, en outre, affirmé
que la terminologie et la linguistique étaient clairement séparées tant par leur concep-
tion des langues, que par leur vision de la manière dont ces langues évoluaient. Pour
Wüster les langues étaient historiques, culturelles et sociales, alors que les langues de
spécialité, dont la terminologie faisait partie, se tenaient en marge des circonstances
historiques, sociales et culturelles, ou, du moins, ne considéraient pas ces aspects
comme pertinents.
Pour Wüster les deux matières étaient clairement distinctes du fait que la linguis-
tique concevait le signifié comme inséparable du signifiant, tandis que les termes
étaient de pures unités formelles. Pour finir, Wüster considérait que le concept que
représentaient les termes était universel et indépendant des langues dans lesquelles il
était projeté.
En ce qui concerne l’évolution des langues, Wüster a fait valoir que les langues
naturelles évoluaient spontanément, tandis que les langues spécialisées le faisaient
par intervention puisque leur fonction était prescriptive. Il est évident que cet aspect
était crucial dans la séparation de ces deux disciplines. Rien n’est plus éloigné des
objectifs de la linguistique que la prescription. L’analyse linguistique se doit d’être
descriptive et doit donner raison à l’usage réel de la langue et non aux usages décidés
après intervention. Avec cet argumentaire, la linguistique n’a, pendant de nombreu-
ses années, rien voulu savoir sur la terminologie et cette dernière s’est concentrée par
dessus tout sur sa légitimation en tant que matière clairement différente, pour sa part,
de la linguistique.
L’éclosion d’un nouveau programme en terminologie, fruit de certaines nécessités
spécifiques, fut le début d’un changement, imperceptible au départ ou tout du moins
non théorisé comme tel. C’est avec l’approbation au Québec de la Charte de la langue
française que s’est ouvert un nouveau panorama de travail terminologique : la termi-
En premier lieu, en remontant à l’une des origines les plus claires de la terminolo-
gie, il faut tenir compte des termes au service de la représentation du savoir et de sa
transmission par des collectifs d’experts dans chaque domaine. Pour eux, les termes
sont la représentation des concepts de leur discipline, au-delà de leur complexité.
Leur désir est celui d’une relation de termes univoques et spécifiques, mais la
nécessité de transmettre leur savoir à différents collectifs ayant des niveaux distincts
de compétence fait qu’ils produisent un discours plus varié que celui dans lequel ils
se reconnaissent. Il est question, dans le fond, de tendre à rendre la terminologie
univoque, mais en acceptant que, dans sa transmission, elle perde cette univocité à la
faveur de l’intelligibilité avec laquelle augmente la variabilité. En plus de cela, le
degré de fréquence de la métaphore comme processus de création de termes nou-
veaux montre la relation intime qui existe entre la cognition située contextuellement
et culturellement et le langage spécialisé. À l’intérieur de cette hésitation entre bi-
univocité et variation se meuvent également les documentalistes pour qui les outils
documentaires doivent reprendre les usages que les experts font dans leur discours,
mais, dans le même temps, les unifier, ou les faire entrer en relation, favorisant ainsi
un accès à l’information approprié et efficient.
La terminologie au service de la divulgation de la science, de la technique et des
activités spécialisées en général ferme cette exposition de scènes communicatives
dans lesquelles la terminologie joue un rôle indispensable. C’est dans ce contexte que
se meuvent les journalistes spécialisés pour qui la variation n’est pas uniquement
dénominative, mais fondamentalement expressive au-delà du lexique, et se manifeste
au plus haut niveau. Il faut offrir au grand public un discours spécialisé intelligible et,
pour ce faire, user d’un langage facile et direct sans transgresser la canonicité du
savoir spécialisé. Ceci est le discours qui, dans notre conception, constitue à propre-
ment parler la divulgation scientificotechnique.
d’étude. Selon mon opinion, l’un des points les plus révélateurs de ce changement a
été l’apparition de la légitimité des différents points de vue à partir desquels on peut
aborder l’analyse des unités terminologiques. La considération dans le même temps
des termes comme unités communicatives, cognitives et linguistiques (ou pour certai-
nes sémiotiques) a permis de formuler un principe, le Principe de polyédricité, selon
lequel tout objet de connaissance est par nature polyédrique, et, de ce fait, composé
d’éléments, de fondements et de facettes variés.
Cette polyédricité est à la base de quatre autres principes : le Principe de multi-
virtuelle pour des échanges de type économique à travers l’Internet. Du point de vue
cognitif, ce terme correspond à un concept qui fait partie d’un ensemble de types de
monnaies dans le domaine de l’économie et, du point de vue social, il renvoie à une
unité nouvelle utilisée par des individus concernés par les technologies et le monde
virtuel.
Tout en respectant la polyédricité inhérente aux termes, mais devant l’impossibi-
lité d’en rendre compte de manière globale et simultanée, intervient un autre principe,
celui de la description située selon lequel toute analyse s’effectue depuis un point
d’observation déterminé. Revenant à l’exemple précédent du terme bitcoin : situer la
description signifie préciser si l’analyste aborde l’étude de cette unité en tant qu’unité
linguistique, c’est-à-dire comme une unité lexicale formée par composition de bit +
coin avec un sens déterminé, ou bien si elle ou il se situe sur le plan conceptuel et
analyse « bitcoin » comme étant un concept faisant partie d’une structure qui re-
est le point précis ou l’étape d’activité de l’objet analysé, sur le ou laquelle est mis
l’accent de l’analyse. Le terme bitcoin peut être envisagé ou bien comme une monnaie
faisant partie des échanges économiques ou bien comme un objet technologique
propre à l’univers virtuel. La diversité de dénominations d’un même concept peut
montrer explicitement le point focalisé : si on parle de monnaie virtuelle, la dénomina-
tion souligne le fait qu’il ne s’agit pas d’une monnaie réelle ; par contre, l’usage de
pée par F. Gaudin (1993) et fait valoir que les termes, en tant qu’unités en fonctionne-
ment dans le réel et parts des langues naturelles, sont nécessairement sociales
puisqu’elles s’emploient dans des groupes sociaux et circulent dans une société. En
tant qu’unités de langues, elles sont également des projections des conditions socio-
linguistiques desdites langues.
Sur les bases de la proposition de Rouen, signalant des simplifications et des
absences dans l’étude de la terminologie jusqu’à présent, se situe la proposition de
R. Temmerman (2000), focalisée sur la construction et l’analyse des concepts spécia-
de son équipe (Faber 2012) présentant la terminologie basée sur des frames dévelop-
pés sur les fondements de la théorie lexicale de L. Martín Mingorance (1998) et du
Freixa 2002 ; Solé 2002 ; Tebé 2005 ; Adelstein 2007 ; Suárez 2004 ; Kuguel 2010 ;
Giraldo 2008 ; Quiroz 2008 ; Joan 2008 ; Seghezzi 2011 ; Kostina 2010 ; Nazar 2010
etc.), part du modèle des portes et se situe dans la porte du langage, par le fait qu’elle
centre son objet d’analyse sur les unités terminologiques conçues comme les unités
linguistiques qui font partie du lexique des langues naturelles. Comme nous l’expli-
querons ultérieurement, ces unités activent un sens spécialisé dans un contexte
pragmatique de caractéristiques déterminées.
Les termes, vus depuis la porte du langage, sont des unités du lexique des
langues parce qu’ils partagent formellement des caractéristiques identiques et fonc-
tionnent, en général, dans le discours de la même manière que les unités lexicales que
nous ne considérons pas comme des termes. Leur phonologie, leur morphologie et
leurs possibilités syntaxiques sont identiques. Cependant, comme nous l’avons vu
aussi dans le contraste entre les textes généraux et spécialisés, des tendances graphi-
ques, morphologiques et structurelles spécifiques peuvent être observées dans la
thématique de différents domaines. Ainsi, par exemple, dans le domaine de la
terminologie médicale pouvons-nous observer une systématique manifeste dans la
construction d’unités de formes gréco-latines qui, de plus, se répètent dans les termes
de la même catégorie ou sous-catégorie linguistique. Autre exemple : du point de vue
graphique, nous observons, dans les termes de la biochimie, des unités hybrides
composées d’unités linguistiques et d’éléments symboliques empruntés à d’autres
langues.
À présent, si les termes et les unités du lexique qui ne se considèrent pas comme
telles ne présentaient pas de différences, la terminologie n’aurait aucune raison de
constituer un champ spécifique de connaissance puisque son objet serait déjà parfai-
tement décrit comme objet de l’autre matière. La question-clé à laquelle nous devons
répondre est de savoir si ces unités, que nous considérons dans des circonstances
terminologiques déterminées, détiennent des caractéristiques qui les particularisent,
et de savoir dans quel cas se produit cette spécificité, quelles conséquences elles ont
dans le discours et comment s’expliquent leur genèse et leur fonctionnement depuis
l’appréhension de l’objet de la réalité et sa conceptualisation jusqu’à sa production,
sa transmission et la réception du discours.
Le processus de production des termes est un trajet dans lequel des opérations ou
activités distinctes se succèdent : en premier lieu, à partir de l’observation des objets
décrits par leur forme (la dénomination) et par leur contenu (le sens), et sont, dans le
même temps, des unités qui nomment et signifient, comme le montrent clairement les
unités syntagmatiques (le terme lave-vaisselle correspond à un objet usuel qui sert à
laver la vaisselle).
Le contenu d’une unité terminologique ne sature pas complètement l’étendue de
renseignements du concept, c’est-à-dire ne correspond pas à la totalité des caractéris-
tiques d’un concept, mais seulement à une sélection d’informations appropriée à
chaque acte communicatif. C’est pourquoi nous nous référons au contenu d’un terme
dans le discours comme étant son sens.
La clé pour expliquer cette sélection de contenu en chaque occasion réside dans
les conditions pragmatiques qui dominent la production du discours en particulier,
tant en ce qui concerne le domaine thématique dans lequel l’émetteur se situe, que
dans la perspective qu’il choisit pour mettre au point la connaissance. C’est pour cela
que nous disons que c’est le contexte pragmatique qui est la clé qui active la valeur
spécialisée de chaque unité terminologique dans un usage donné. Le sens spécialisé
de chaque terme dans le fonctionnement discursif constitue une valeur associée aux
unités lexicales. Cette valeur spécifique, actualisée dans un sens spécifique, n’est
inhérente à aucune unité en soi si ce n’est qu’elle est conditionnée par l’usage. Il s’agit
donc d’une valeur virtuelle qui peut se matérialiser ou pas dans chacune des unités
lexicales d’une langue. Les processus de terminologisation (usage spécialisé d’une
unité qui, jusqu’à présent, avait été utilisée sans valeur spécialisée) et de déterminolo-
gisation (une unité qui avait été utilisée avec une valeur spécialisée et se met à être
employée également sans cette valeur) peuvent s’expliquer aisément par cette capa-
cité du lexique à associer une valeur spécialisée selon les circonstances communicati-
ves.
En plus de partir de la conception de l’unité terminologique que nous venons de
décrire, la Théorie Communicative de la Terminologie repose sur une série de princi-
pes parmi lesquels nous désirons en isoler deux : la nécessité d’observer les termes
technologies
Jusqu’ici, la terminologie a été présentée comme un champ de connaissances, mais,
pour compléter sa description, l’activité pratique de la terminologie est un versant
essentiel. Il n’est pas insignifiant de noter le fait que la pratique était antécédente à la
théorisation, et que l’activité terminologique (terminographie) est née parce que des
nécessités sociales qui la requièrent préexistaient et existent.
En premier lieu, parce qu’elle part de certains principes qu’il faut respecter, parmi
lesquels, à titre d’exemple, nous allons en citer sept :
– La source naturelle des termes est le discours d’expert, et non les dictionnaires.
– Le travail terminologique ne peut se confondre avec le travail de traduction. Les
termes ne se traduisent pas, mais se recompilent à partir du discours d’expert.
– Le travail terminologique ne coïncide pas avec le travail néologique, en ce qu’il
consiste à créer, à importer ou à former de nouvelles unités, sans que cela
suppose que la voie du néologisme (et, à l’intérieur de cette voie, l’emprunt à
d’autres langues) soit un recours pour remplir un vide dénominatif dans une
langue.
– Dans la pratique d’élaboration d’un glossaire, la description est indispensable,
même si ce travail devient, comme produit fini, une ressource prescriptive.
– Les termes d’un domaine de spécialité doivent respecter au maximum la systéma-
ticité de ce champ en relation avec la langue dont ils sont issus.
– Toute unité terminologique est une unité de forme et de contenu qui s’emploie
dans un discours de spécialité.
– Les termes ont toujours une source et celle-ci doit être consignée dans la note
correspondante.
tent. Beaucoup de ces actions peuvent être réalisées à travers l’usage de la technolo-
gie appropriée.
En définitive, les conditions que le travail terminologique élaboré doit réunir
répondent à deux principes clés : le Principe de qualité et le Principe d’adéquation. On
ne peut atteindre la qualité que si une bonne documentation est utilisée et si elle suit
la méthodologie décrite. Un travail ne sera adéquat que s’il répond réellement aux
nécessités des destinataires pour lesquels il a été conçu et pour lesquels a été créé le
corpus approprié, en une sélection pertinente des termes et des catégories de données
qui doivent illustrer et représenter ces données de façon à permettre à ses destinatai-
res une utilisation agréable et efficace.
6 Bibliographie
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