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Instituto Superior del Profesorado

“Dr. Joaquín V. González”


Departamento de Francés

Grammaire textuelle

Les différents niveaux de


production de sens d'un énoncé
Travail Final

Professeur : Sebastián Cabrera

Étudiante (libre) : Iara Chiquis

DNI : 35961871

Février 2023
Dans le cadre du cours "Grammaire textuelle", dans ce travail nous analysons
les différents niveaux de production de sens d'un énoncé. Tout d’abord, en suivant
les idées de Charolles (1980), nous résumons les trois approches principales des
analyses linguistiques : le niveau d'analyse pragmatique, sémantique et syntaxique.
Puis, nous reviendrons sur les conclusions de Charolles (1980) par rapport à
l'interrelation de ces niveaux. Finalement, nous présenterons d’autres approches : le
niveau thématique selon Combettes (1983), le niveau d'analyse énonciatif et le
niveau argumentatif selon Ducrot (1984).

1. Le niveau d’analyse pragmatique

Un énoncé est lié aux contraintes conversationnelles et situationnelles. Ainsi,


pour analyser cet aspect, Charolles (1980) donne l’exemple d’une phrase très simple
(« Le chat est sur le paillasson ») et il s’interroge sur les règles pragmatiques ou
conversationnelles qui doivent être respectées pour que la survenance de cette
assertion soit appropriée.
Il affirme qu’un énoncé est pertinent lorsqu’il se rapporte à un état de choses
ou au sujet d’une conversation. Par conséquent, une même assertion peut être
pertinente dans un contexte, mais pas dans d’autres. Ainsi, une assertion doit être
justifiée en tant qu'acte d’énonciation (dans le sens où elle répond à une question ou
elle fournit une information) et par rapport à son contenu (son sujet doit être lié à ce
dont on parle ou à ce qui est demandé).
Il est également nécessaire que les désignations définies qui sont utilisées
dans un énoncé renvoient à une situation connue et partagée par les participants de
l’acte de communication.
Ces règles, qui déterminent et définissent ce que l'auteur appelle une sorte de
« bon usage de la communication », donnent la priorité à l'adéquation situationnelle
des énoncés plutôt qu’à l’adéquation empirique des contenus transmis. Ce pour cela
que la phrase citée comme exemple par Charolles est pertinente dans une
conférence sur le langage même si son contenu ne fait pas référence à une réalité
physique.

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2. Le niveau d’analyse sémantique

Cette perspective analyse le sens des mots et des phrases par eux-mêmes,
c’est-à- dire, sans tenir compte de la situation de communication et du contexte de
leur utilisation. Donc, ce qui est analysé, c’est le sens constant et conceptuellement
descriptible de ces mots ou phrases à partir duquel on établit des règles de bonne
formation sémantique.
Pour expliquer cette approche, Charolles reprend la phrase « le chat est sur
le paillasson ». On comprend cette phrase parce qu’elle active en nous un schéma
de représentation, ce qui la rend intelligible. Par contre, une phrase comme « le chat
résume le paillasson » nous semble inintelligible, car elle n’active pas en nous un
schéma de représentation.
Ce pour cela que Charolles parle de l’existence d’un « ordre de sens », qui
détermine l’acceptabilité d’une représentation du monde et qui est fondé non pas sur
l’observation des choses réelles mais sur la représentation de ce qu’il est possible
ou impossible de dire à leur sujet :

C'est ordre est fondé sur la représentation que l'on a de ce qu'il est
possible de dire des choses du monde étant donné le sens des mots et de
leur combinaison et étant donné ce que nous croyons qu'il y a et qu'il
advient dans l'univers des objets, des faits et des pensées (Charolles, 1980
: 51).

Ainsi, ce qui est possible ou impossible d’être communément représenté dans


une culture donnée est inscrit dans la langue sous forme de prescriptions formatives,
liées à une série de caractéristiques de chaque unité combinatoire de la phrase
(c’est-à-dire, de chaque mot) qui fonctionnent comme des contraintes. Par exemple,
l’expression déjà citée « le chat résume le paillasson » n’est pas acceptable car le
verbe « résumer » indique une action effectuée par un agent humain sur un objet de
nature verbale.
Cependant, Charolles signale que, compte tenu de l’arbitraire du signe
linguistique, ces contraintes sont finalement démotivées, car elles ne sont pas
vraiment justifiables par des impossibilités représentatives.

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3. Le niveau d’analyse syntaxique

Il existe un ordre de composition plus profond que l’ordre sémantique, lié à


une combinatoire abstraite et formelle qui, en principe, est indépendante du plan
sémantique.
Pour illustrer cela, Charolles revient sur les exemples déjà cités et indique
que l’expression « le est chat le sur paillasson » est inadmissible mais non par les
mêmes raisons que l’expression « le chat résume le paillasson », car dans cette
dernière phrase nous pouvons appréhender une idée, bien que sa signification nous
paraisse inadmissible, mais dans le premier cas, une telle appréhension n’est pas
possible.
En effet, dans chaque langue, il existe des lois de composition de phrases,
des mécanismes qui régulent les combinaisons possibles d’un mot selon qu’il
appartient à l’une ou l’autre catégorie syntaxique. Pour les analyser, on établit des
catégories grammaticales, sur lesquelles des règles de formation et de
transformation sont effectuées. C’est-à-dire que les grammairiens de cette
perspective postulent qu’il existe une norme syntaxique constante et homogène
reconnue par tous les usagers de la langue.

Charolles souligne que, récemment, il est reconnu que pour le langage, il est
impossible de différencier clairement la sémantique de la syntaxe, puisque la
sémantique pénètre la syntaxe et, inversement, il n’y a pas de sémantique sans
syntaxe. Charolles souligne par exemple le cas de Chomsky qui, ayant voulu
construire une syntaxe pure dans son premier livre, Structures syntaxiques, publié
en 1957, a dû rapidement introduire quelques traits sémantiques pour tenir compte
de certaines restrictions de sélection. Il souligne également le cas d’autres linguistes
américains qui ont proposé des visions sémantiques-générativistes, comme Lakoff.
En ce qui concerne le rôle de la pragmatique, Charolles souligne qu’en
France, la prédominance des théories générativistes-chomskiennes, qui laissent en
quelque sorte le contexte de côté, a produit que les questions pragmatiques
n’étaient pas tellement prises en compte, mais que récemment elles ont commencé
à être davantage considérées. Les travaux dans ce domaine cherchent à montrer
comment les normes syntaxiques dépendent souvent des questions

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sociolinguistiques, par exemple, du contexte socioculturel de l’énonciateur ou des
représentations sociales.

4. Le niveau d’analyse thématique

Selon Combettes, la phrase n’est pas seulement une structure syntaxique :


elle participe à la progression d’un texte, car elle répartit des informations connues et
des nouvelles informations, en appuyant les deuxièmes sur les premières. Une fois
qu’une information nouvelle est présentée, elle devient connue et peut servir comme
point d’appui d’une autre information nouvelle.
On peut donc distinguer dans une phrase deux parties : le thème (l'élément
connu dont on parle) et le rhème (la nouvelle information).
Ce niveau d’analyse considère aussi la progression thématique, c’est-à-dire,
l'étude du passage entre les différents thèmes d’un texte. Combettes distingue trois
types de progression:
● La progression à thème linéaire : Le rhème d’une phrase est issu du
thème de la phrase suivante. Par exemple : « La pratique des échecs
nécessite une formation. Cette formation doit être à la fois physique et
psychologique. »
● La progression à thème constant : Elle conserve le même point dans
toutes les phrases d’un passage. Ce type de progression est fréquent
dans les textes narratifs. Par exemple : « La petite fille alla jusqu’au
château. Elle était très heureuse. ».
● La progression à thèmes dérivés : Les thèmes sont dérivés d’un
hyperthème qui peut se trouver au début du passage. Ce type de
progression peut se trouver dans les descriptions. Par exemple : « La
petite fille me regarda. Ses yeux brillaient. Ses petites mains tenaient
le panier ».
Dans un texte, il est fréquent la combinaison des trois types de progression
thématique.

5. Le niveau d’analyse énonciatif

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Cette perspective, selon elle est définie par Ducrot dans son Dictionnaire des
Sciences du Langage, analyse les productions linguistiques comme un acte
d'énonciation produit par un énonciateur particulier, dans des circonstances
spatiales et temporelles précises et avec un destinataire concret.
Cette approche cherche à relever les traces linguistiques du processus de
l'énonciation présentes dans l’énoncé. Par exemple, par quels moyens le locuteur
inscrit sa présence à l’intérieur de son discours : l’utilisation de pronoms personnels,
possessifs, modalisateurs, etc., ou les références au contexte spécifique de
l'énonciation (les déictiques). Par exemple dans la phrase « Je ne peut pas aller au
cinéma aujourd’hui. C’est dommage ! », on trouve le pronom personnel qui fait
référence à l’énonciateur, le déictique qui signale le moment d’énonciation et un
modalisateur.

6. Le niveau d’analyse argumentatif

Ce niveau d'analyse du langage a été proposé par Ducrot, qui postule que
nos mots ne servent pas à représenter la réalité ou à informer, mais à argumenter.
Dans cette perspective, parler ne consiste pas à décrire ou à informer sur un état du
monde mais plutôt à orienter le discours dans une certaine direction. Cette
orientation est donnée par l'introduction de certains éléments dans l'énoncé, appelés
"opérateurs argumentatifs". Ainsi, des mots comme "un peu" ou "ne...que" sont des
opérateurs argumentatifs puisque, combinés à un énoncé, ils modifient son intention
argumentative. Par exemple, la phrase “cela coûte 15 euros” peut véhiculer l’idée
d’un article cher ou bon marché, pendant que la phrase “cela ne coûte que 15 euros”
seulement véhicule l’idée d’un article bon marché.
Plus tard, cette théorie a également inclus le concept de topoi. Ces topoi sont
des principes généraux, communs, présentés comme acceptés par la communauté.
Selon Charaudeau et Maingueneau, ce concept peut être comparé au stéréotype.

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7. Bibliographie

CHARAUDEAU, P. (2012) « Les fondements d’une grammaire du sens. Retour à mes


premières amours », Hommage à Mats Forsgren- Livres, articles, publications.
http://www.patrick-charaudeau.com/IMG/pdf/Grammaire_Mats_Fondement_GSE_.pdf

CHARAUDEAU, P. et MAINGUENEAU, D. (2005) Diccionario de análisis del discurso.


Buenos Aires: Amorrortu.

CHAROLLES, M. (1980) « L’Ordre de la Signification », en Pratiques, Colloque de Cerisy,


pp 49-64. En ligne : https://www.persee.fr/doc/prati_0338-2389_1980_hos_1_1_1147.

COMBETTES, B. (1983) Pour une grammaire textuelle : la progression thématique,


Bruxelles-Paris, De Boeck-Duculot, pp 12-18.

DUCROT, O., (1984) : « Fondements de la théorie de l’énonciation », en Topiques No5,


Alliance Française de Buenos Aires ; pp 90-98.

DUCROT, O. et TODOROV, T. (2003) Diccionario enciclopédico de las ciencias del


lenguaje.Buenos Aires: Siglo XXI.

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