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Compte rendu

Préliminaires méthodologiques
1- Les grammaires génératives considérées comme des théories de la
compétence linguistique :
Cette étude concerne le composant syntaxique d’une grammaire générative,
autrement dit les règles caractérisant les séquences bien formées d’unités
syntaxiques minimales appelées « formants ». Dans ce premier chapitre, Chomski
passe brièvement en revue certaines de ses hypothèses de travail fondamentales en
se contentant juste de les résumer avec clarté.
Le premier objet est le « locuteur-auditeur idéal » qui doit appartenir à une
communauté linguistique homogène, et connaître sa langue sans toutefois être
affecté au moment de sa performance effective par aucune condition
grammaticalement non pertinente.
Ensuite, chomski établi une distinction fondamentale entre la compétence et
la performance. Il définit la première comme étant la connaissance que le locuteur-
auditeur a de sa langue, alors que la performance est l’emploi effectif de la langue
dans des situations concrètes. L’une ne peut refléter directement l’autre que par
l’idéalisation opérée chez le locuteur-auditeur, chose qui n’est évidemment pas
possible du moment qu’il s’avère difficile de déterminer, à partir des données de la
performance, le système sous-jacent de règles qui a été maitrisé par le locuteur-
auditeur et qu’il met en usage dans sa performance effective. Ceci rend la théorie
linguistique mentaliste.
La grammaire d’une langue n’est autre qu’une description de la compétence
intrinsèque du locuteur-auditeur idéal. Et si cette grammaire fournit une analyse
explicite de l’activité de cet auditeur, nous pouvons l’appeler grammaire générative.
En effet, pour Chomski, une grammaire adéquate doit être capable de décrire
chaque élément, d’un ensemble infini de phrases, d’une manière structurale
indiquant comment cette phrase est comprise par le locuteur-auditeur idéal,
contrairement à la linguistique descriptive et aux grammaires traditionnelles qui
sont défectueuses ; elles manquent à formuler bien des régularités fondamentales
de la langue dont elles s’occupent. Cela est surtout clair au niveau de la syntaxe où
aucune grammaire ne parvient à formuler des règles génératives de quelque
extension.
Il conviendrait alors d’étudier les limitations de ces deux grammaires qui
quoiqu’elles contiennent des listes complètes d’exceptions et d’irrégularités, elles
ne fournissent que des exemples et des allusions lorsqu’il s’agit de processus
syntaxiques réguliers et productifs. En effet, la théorie linguistique traditionnelle
avait compris que la grammaire d’une langue particulière qui n’étudie que ces
exceptions et régularités, doit être complétée par une grammaire universelle qui
rende compte de l’aspect créateur de l’acte linguistique, et formule des régularités
universelles omises par la grammaire elle-même, chose qui est rejetée par la
linguistique moderne qui la considère comme un fourvoiement.
En outre, les grammaires traditionnelles adoptent cette idée suite à une
croyance très répandue en un « ordre naturel des pensées » qui serait reflété par
l’ordre des mots, et soutiennent alors que les règles de formation des phrases
n’appartiennent pas à la grammaire mais à un autre domaine consacré à l’étude de
l’« ordre des pensées », dans la mesure où l’ordre des mots serait déterminé par des
facteurs indépendants du langage. Il y’aurait alors des raisons fondées en principe
d’exclure de la grammaire une formulation explicite des processus syntaxiques ; une
conception naïve qui se maintient toujours à l’époque moderne (Saussure, Ryle).
Chomski revient après pour lever toute confusion qui persiste encore sur son
thème principal « la grammaire générative ». Il affirme qu’il entend par celle-ci tout
« système de règle qui assigne une description structurale à des phrases, d’une façon
explicite et bien définie ». En effet, tout sujet parlant une langue a maitrisé et
intériorisé une grammaire générative où se formule sa connaissance de cette
langue, sans qu’il soit conscient des règles de la grammaire, ou qu’il puisse en
devenir conscient ; la grammaire générative traitera de processus mentaux
dépassant largement le niveau de la conscience actuelle ou même potentielle. Il ne
s’agit pas d’un modèle du locuteur ou de l’auditeur, et n’engage ni le caractère ni le
fonctionnement d’un modèle perceptuel ou d’un modèle de la production de parole,
mais elle tente de caractériser la connaissance de la langue qui fournit sa base à la
mise en acte effective du langage par le locuteur-auditeur.
2- Vers une théorie de la performance
Avant d’éclaircir la distinction entre compétence et performance, Chomski
définit d’abord le terme « acceptable », qui désigne « les énoncés qui sont
parfaitement naturels, immédiatement compréhensibles sans analyse écrite, et ne
sont d’aucune façon bizarres ou exotiques ». Il ajoute que l’acceptabilité est une
question de degré, variant suivant diverses dimensions. Ainsi la phrase (1) est plus
acceptable, dans le sens visé, que (2) car (1) a plus de chances d’être produite, est
plus aisément comprises, moins maladroite et a un certain sens plus naturel.
(1) Quite a few of the students who you meet who come from New
York are friends of mine. (Un bon nombre des étudiants que vous
avez rencontrés qui viennent de New York, sont de mes amis)
(2) The man who the boy who the students recognized pointed out is a
friend of mine. (L’homme que le garçon que les étudiants ont
reconnu a désigné, est de mes amis)
Toutefois, la notion d’« acceptable » ne doit pas être confondue avec celle de
« grammatical ». L’acceptabilité est un concept appartenant à l’étude de la
performance, alors que la grammaticalité appartient à l’étude de la compétence.
Ainsi, la phrase (2) est au degré inférieur de l’échelle d’acceptabilité, mais au degré
supérieur de l’échelle de grammaticalité, au sens technique de ce mot. C’est-à-dire
que les règles génératives de la langue lui assignent une interprétation exactement
comme elles le font pour la phrase (1) un peu plus acceptable. De même que
l’acceptabilité, la grammaticalité est sans aucun doute une question de degré, mais
les deux échelles ne coïncident pas. La grammaticalité est seulement l’un des
nombreux facteurs qui, par leur interaction, déterminent l’acceptabilité.
De manière correspondante, bien que l’on puisse proposer divers tests
opératoires d’acceptabilité, il est peu vraisemblable qu’un critère opératoire
nécessaire et suffisant puisse être inventé pour la notion de grammaticalité. En
effet, si les phrases grammaticales inacceptables ne peuvent être employées, c’est
bien souvent pour des raisons qui relèvent non de la grammaticalité, mais plutôt de
limitations mémorielles, de facteurs intentionnels, stylistiques ou d’autres.
Ainsi, il va falloir, pour étudier la performance, commencer par un examen de
l’acceptabilité des structures formelles les plus simples dans des phrases
grammaticales. Chomski voit que la propriété la plus évidente des énoncés est leur
division parenthétique en constituants de types divers (structure en arbre), et en
distingue parmi d’autres celles auxquelles il donne par convention les noms
techniques suivants :
 Constructions emboîtées : le syntagme A tombe entièrement à
l’intérieur du syntagme B avec deux éléments non-nuls l’un à sa gauche
et l’autre à sa droite.
 Constructions auto-enchâssées :
 Constructions à branchements multiples :
 Constructions à branchement gauche :
 Constructions à branchement droite :

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