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REPUPLIQUE ALGERIENNE DEMOCRATIQUE ET POPULAIRE

MINISTERE DE L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE


UNIVERSITE KASDI MERBAH OUARGLA
FACULTE DES LETTRES ET DES LANGUES
DEPARTEMENT DES LETTRES ET DE LANGUE FRANÇAISE

Domaine : Lettres et langues étrangères


Filière : Lettres et langue française
Option : Analyse du discours et interdisciplinarité
Thèse de doctorat 3e cycle LMD

Etude comparative
L’état de la recherche en analyse du discours dans les écrits
universitaires
Le cas des doctorats portant sur l’analyse du discours

Doctorat préparé par : Sous la direction Du Professeur


Samia BERBRA Rachid RAÏSSI

Soutenue publiquement le 11/02/2019 devant le jury suivant :

M. Salah KHENNOUR Professeur U. Kasdi Merbah Ouargla Président


Mme Fatima GOUAL MCA. U. Kasdi Merbah Ouargla Examinateur
Melle Zineb OULED ALI MCA. U. Kasdi Merbah Ouargla Examinateur
Mme Samia DERAMCHI MCA. U. Kasdi Merbah Ouargla Examinateur
M. Rachid RAISSI Professeur U. Kasdi Merbah Ouargla Rapporteur

2018-2019
Etude comparative
L’état de la recherche en analyse du discours dans les écrits
universitaires
Le cas des doctorats portant sur l’analyse du discours
Dédicace

A mes enfants, Maria, Zaïd et Youcef


A mon mari,
Surtout à mes chers parents.
Remerciements
Les années passées à achever ce travail de thèse étaient pour moi un véritable défi.
Elles sont le témoin de mon endurance, des recommencements, de chute et de rechute,
de désespoir mais également d’enrichissements intellectuels et de découverte du monde
de l’Autre et surtout de moi-même. Cette thèse n’aurait pas été accomplie sans
l’apport indiscutable de certaines personnes en qui j’ai confiance et auxquelles je
cherchais constamment à répondre à leurs attentes.
Avant toute personne, je remercie le bon Dieu, tout puissant, de m’avoir donnée la
force pour tenir à fin mon travail de thèse.
Mes remerciements s’adressent chaleureusement au Professeur Rachid RAISSI, mon
directeur de thèse qui était mon idole depuis mon entrée à l’université Kasdi Merbah
jusqu’à nos jours. C’est grâce à lui que j’ai réellement appris à lire et à écrire la
langue française. Tout au long de ce voyage, il a su me montrer la manière de
pénétrer le monde de la recherche scientifique. Il n’a jamais cessé de me pousser et de
m’encourager à m’améliorer et à faire entendre ma voix aux autres à travers ce
travail.
Je remercie vivement le Docteur Samia Deramchi qui avait toujours confiance en moi
et en mes capacités.
Mes remerciements les plus vifs et sincères vont également à des personnes qui font
partie de ma vie et sans lesquelles, je n’aurais jamais pu trouver l’essor : mon mari,
mon compagnon durant ce voyage et ma première ressource de courage ; ma mère, que
ses prières me protègent ; à mon père, dont les lectures étaient plus qu’enrichissantes ;
et enfin à mes frères et à ma belle famille dont les encouragements étaient une source
d’espoir intarissable.
Je ne pourrais pas oublier non plus les personnes de l’ombre. Dieu seulement sait
qu’elles sont nombreuses et que je ne peux les citer toutes. Ma gratitude s’exprime à
ces personnes-là qui ont contribué de près ou de loin à l’aboutissement de cette
humble recherche.
MERCI à tous, MERCI pour tout
INTRODUCTION GENERALE
INTRODUCTION GENERALE 8

1. Choix du sujet :
Dans cette recherche intitulée Etude comparative, l’état de la recherche en analyse du
discours dans les écrits universitaires. Le cas des doctorats portant sur l’analyse du discours, nous
allons prendre l’initiative de porter un intérêt particulier à la situation actuelle de la
recherche scientifique et universitaire relative à une discipline, l’analyse du discours,
que nous considérons comme nouvelle et que nous voudrions faire connaître plus
amplement à travers des travaux scientifiques concrets. Cette discipline a vu le jour
dans les années soixante et depuis, elle ne s’est pas constituée en discipline autonome
et continue à se chercher en côtoyant les autres disciplines pour se faire une place sur
la scène de la recherche scientifique.

Plusieurs domaines s’intéressent tour à tour à cette nouvelle tendance dont la


linguistique, la psychologie, la sociologie et autres disciplines qui ont fini par l’adopter
comme étant une méthode pouvant bouleverser la recherche sur l’échelle empirique.
Cependant, les littéraires ont mis du temps à reconnaître l’analyse du discours comme
étant une discipline autonome. En conséquence, la rencontre entre ces deux
disciplines a tardé, influant véritablement sur le progrès au niveau de la recherche
universitaire. Si ce constat a été fait en France et dans les pays anglo-saxons, nous
pouvons hypothétiquement situer les recherches au Maghreb dans la phase
exploratoire, voire préparatoire car nos recherches sont loin d’atteindre le niveau des
autres recherches.

Notre recherche s’attache donc à l’analyse des thèses de doctorat qui ont opté pour
l’analyse du discours comme méthode d’application à laquelle nous nous intéresserons
plus particulièrement et à celles inscrites en littérature et ce, dans le but de
circonscrire l’état de la recherche en analyse du discours dans l’écrit universitaire dans
nos universités afin de procéder à une comparaison avec les universités internationales.
Mais en attendant, nous nous devons de justifier ce choix.
INTRODUCTION GENERALE 9

D’abord, nous avons été motivée par des raisons objectives qui peuvent donner lieu à
un vrai travail de thèse ; un travail qui se caractériserait d’abord par sa scientificité. La
raison extrême qui a présidé à notre choix, c’est notre désir et notre curiosité en tant
que chercheur de connaitre et de faire connaître l’état de la recherche en analyse du
discours spécialement dans les écrits universitaires au niveau des universités aussi bien
nationales qu’internationales. Les résultats auxquels nous pouvons aboutir peuvent,
nous le souhaitons, faire changer la recherche universitaire dans le domaine de la
littérature et celui de l’analyse du discours. Cela pourrai éventuellement faire
progresser le niveau de la recherche nationale. Il faut avouer que c’est la seule raison
objective et la plus importante.

Nous voudrions, ensuite, entamer une recherche comparative afin d’étancher notre
soif du progrès de la recherche dans les universités mondiales. Certes, une motivation
de nature humaine mais qui peut se révéler comme un véritable défi dans l’esprit du
chercheur. Nous voudrions changer le regard de l’Autre par rapport à nos recherches.
Cet Autre avec son œil généralement disqualifiant déprécie non seulement notre
niveau intellectuel et influe sur notre état d’âme. Nous voudrions revivifier la
recherche par l’évidence que la recherche universitaire ne réside nullement dans
l’imitation des recherches de l’Autre qui ne s’est pas contenté de coloniser nos
territoires à une époque déterminée mais qui s’est emparé également de nos esprits.
Nous sommes consciente que cette humble recherche ne peut aucunement changer cet
état du jour au lendemain, mais nous considérons cette tentative comme un point de
départ, un appel à l’éveil pour que notre âme demeure en quiètude, un souhait
profond de désenclavement de l’enfermement de la recherche et de l’apprentissage,
d’une manière générale.
INTRODUCTION GENERALE 10

2. Problématique :
En réalité, notre problématique tourne autour du processus de la confection des thèses
de Doctorat en relation avec la méthode choisie qui est celle de l’analyse du discours.

D’abord, une idée à creuser, celle de l’inscription de l’analyse du discours dans les
sciences du langage alors que la sociologie, l’ethnologie, l’anthropologie, la
psychologie, la théorie littéraire, etc., la nourrissent de leur chair et lui donnent vie.

Nous avons constaté également que l’analyse du discours ainsi que son objet d’étude
sont hétérogènes et instables. Puisque les recherches sur la notion du discours sont le
lieu par excellence où coexistent de nombreuses approches. L’analyse du discours
s’avère donc être l’endroit de rencontre et d’échange entre les diverses disciplines.
Non seulement parce qu’elle a pour objet le discours, mais aussi parce que toute
production (verbale ou non) est considérée comme discours, que celui-ci soit produit
par un linguiste, un sociologue, un littéraire ou autre.

Ceci dit, chaque année, des étudiants en Magister, en Master ou en Doctorat


soutiennent leurs mémoires ou leurs thèses empruntant des méthodes diversifiées.
Ceux qui sont inscrits en analyse du discours sont peu nombreux et la qualité de leurs
travaux de recherche reste indéterminée. Personne ne peut savoir, en fait s’il s’agit
d’un vrai travail de recherche qui s’inscrit réellement en analyse du discours ou pas, si
ce travail est scientifique ou si c’est un travail repris et bâclé à la manière de beaucoup
de thèses que nous retrouvons malheureusement dans nos bibliothèques. Au départ,
nous voulions travailler sur un corpus composé de thèses de doctorat dont l’option est
l’analyse du discours et comme celle-ci est relativement récente, les travaux en analyse
du discours sont rares plus particulièrement en Algérie. Raison pour laquelle, nous
avons jugé utile de nous pencher sur les thèses inscrites en littérature et dont la
INTRODUCTION GENERALE 11

méthodologie est celle de l’analyse du discours. Pour ce faire, il faut donc aller à la
partie réservée à la méthode pour voir la méthodologie choisie et l’approche
préconisée afin de faire le tri. Si nous avons décidé de choisir des thèses en littérature,
c’est parce que cette dernière a récemment introduit l’analyse du discours comme
étant l’une des ses méthodologies de recherche et la rencontre entre ces deux
disciplines est toujours au centre des réflexions des chercheurs de chaque spécialité.

Notre travail de recherche consiste donc à mettre l’accent sur l’état de l’avancement
des recherches en analyse du discours au niveau des universités aussi bien nationales
qu’internationales. Ainsi, notre étude tente de répondre à deux questionnements
majeurs :

- Quel est l’état de la recherche en analyse du discours dans les écrits


universitaires et plus précisément, dans les thèses de doctorat portant sur l’analyse du
discours ?
- Quelle est la situation de la recherche dans nos universités par rapport aux
universités internationales, à savoir l’université française et canadienne ?

3. Corpus d’étude :
Notre choix du corpus d’étude s’est porté sur les thèses de doctorat appartenant à
différentes universités nationales et internationales pour de nombreuses raisons. Or, ce
qui explique la diversité des pays est le fait que notre travail de thèse est basé sur une
comparaison entre des thèses algériennes, françaises et canadiennes et ce, afin d’établir
les points de ressemblance et de divergence. Si notre choix s’est porté sur les thèses de
doctorat plutôt que sur un autre écrit universitaire, c’est parce que nous considérons
les doctorants comme des spécialistes et leurs travaux peuvent révéler un véritable
enjeu méthodologique dont l’étude sort de la simple application des travaux existants
INTRODUCTION GENERALE 12

pour embrasser de nouvelles méthodes d’analyse en partant d’un esprit purement


critique.

De plus, notre sujet de recherche, qui est « Etude comparative. L’état de la recherche en
analyse du discours dans les écrits universitaires. Le cas des doctorats portant sur l’analyse du
discours », exige que les thèses choisies doivent porter seulement sur l’analyse du
discours.

Un autre critère, qui a présidé à notre choix de corpus, est celui de l’actualité c’est-à-
dire que nous avons essayé de collecter les thèses les plus récentes et les plus
disponibles. Nous sommes parfois tombée sur des thèses soutenues en 2014 ou encore
en 2015 mais c’étaient des thèses inaccessibles sur le web. C’est pourquoi nous avions
pris celles que nous avions à portée de mains.

Pour ce qui est du choix des thèses algériennes, nous avons privilégié les thèses issues
de l’école doctorale algéro-française (EDAF) pour aucune autre raison que celle de
l’absence d’un site national de signalement des thèses fiable et actuel. Même s’il en a
un1, il faut encore du temps et du travail pour que ce site devienne une référence digne
de crédibilité. Contrairement aux thèses de l’EDAF qui sont toutes signalées sur le site
de Langue Française et celui des Expressions Francophones (LaFEF)2. En effet, nous
n’avions aucun obstacle au cours du processus de sélection. Nous avons choisi les
intitulés suivants :

 « Pour une approche sémiotique subjectale du sujet d'énonciation dans l'œuvre de Assia
Djebar : être(s) en devenir »
 « La discontinuité énonciative dans l’œuvre de Med Dib- Corpus d’appuie : Le métier à
tisser et L’infante maure

1
Permettez nous de vous renvoyer au site officiel du Portail National de Signalement des Thèses
algériennes :
URL : https://www.pnst.cerist.dz/ ,[en ligne], consulté le 15/05/2015 et le 29/01/2018.
2
Le site de Langue Française et celui des Expressions francophones, [en ligne], URL :
http://lafef.net/bd/edaf.php, consulté le 30/01/2018.
INTRODUCTION GENERALE 13

 « Le discours sur l’Espace et le Temps dans l’œuvre de Malika MOKEDDEM. »

 « Sémiotique de la conscience dans le Nouveau Roman : Michel Butor, Nathalie


Sarraute, Alain Robe-Grillet. »

En ce qui concerne le choix des thèses françaises, nous nous sommes confiée au site
internet de signalement des thèses françaises3, qui est actualisé constamment et qui
offre la possibilité du téléchargement direct des thèses demandées. De ce fait, nous
avons choisi les thèses suivantes :

 « Dialogisme et lecture.Polyphonie et sens dans le discours romanesque »

 « Espace et Poésie chez Baudelaire : Typographie, Thématique Et Énonciation »

 « Le théâtre de Sarraute : polyphonie et énonciation »

 « Énonciation et transtextualité Dans le roman africain francophone de La migritude »

Quant aux thèses canadiennes, nous nous sommes référée au site officiel du portail des
thèses canadiennes4 offrant à son tour le téléchargement des thèses depuis des
décennies jusqu’à nos jours. Nous avons choisi les thèses suivantes:

 « L'énonciation De L'exil Et De La Mémoire Dans Le Roman Féminin Francophone:Anne


Hébert, Aminata Sow Fall, Marguerite Duras »

 « Quand l’autre Prend La Parole. La Représentation De Trois Formes d’altérité Dans Le


Roman Contemporain.

3
Le site des thèses françaises, [En ligne], consulté le 30/01/2018, URL : http://www.theses.fr/
4
Le site officiel du portail des thèses canadiennes, [En ligne], consulté le 30/01/2018, URL :
https://www.bac-lac.gc.ca/fra/services/theses/Pages/theses-canada.aspx
INTRODUCTION GENERALE 14

 « « NOUS AVONS VOULU PARLER DE NOUS » : Le discours éditorial des féministes


québécoises (1972-1987) dans Québécoises deboutte !, Les têtes de pioche et La Vie en rose »

 « Les traducteurs dans les collections littéraires en France (1821-1852) : Identités réelles
et discursives »

Nous devons justifier ce choix des thèses. Nous commencerons par les raisons
subjectives. Ce qui nous a poussé en matière de recherche à choisir telle ou telle thèse,
c’est ce désir de vouloir satisfaire notre curiosité. Cet instinct humain qui nous
encourage à vérifier et à questionner l’état de nos recherches afin de pouvoir améliorer
la qualité de nos études. Tout cela et aussi pour mieux représenter nos universités face
aux universités mondiales qui excellent en recherche scientifique grâce au degré de
progression de leurs travaux de recherche.

En plus des raisons subjectives, il existe d’autres critères du choix qui se caractérisent
par une certaine objectivité. En confrontant les thèses de nos universités avec des
thèses appartenant à des universités universelles, nous pensons dégager les points forts
qui font d’une recherche quelconque une recherche qui répond aux attentes des
lecteurs et celles des besoins cognitifs afin d’être à la hauteur de ces universités
réputées au niveau mondial.

De plus, nous voudrions inciter, par le biais de cette recherche, les chercheurs à se
pencher sur des recherches en littérature sous l’angle de l’analyse du discours ; une
méthode qui s’avère être à la croisée des disciplines. En adoptant une des méthodes
d’analyse du discours, le chercheur doit passer par une diversité de disciplines afin
d’atteindre son objectif. A cet effet, il peut y avoir un enrichissement des savoirs, des
connaissances et des compétences d’analyse chez le chercheur. Tout cela peut
contribuer à la progression des recherches scientifiques. Il faut signaler également que
nous désirerons, à travers cette humble recherche, pousser nos futurs étudiants à
INTRODUCTION GENERALE 15

découvrir de nouvelles approches des différentes thèses de notre corpus et ainsi,


s’éloigner un petit peu des méthodes que nous considérons comme classiques, et qui
sont fortement épuisées par les recherches universitaires.

4. Méthodologie
Afin de réaliser notre travail de thèse, nous aurons besoin de recourir à une approche
très simple qui est celle de l’analyse qui se fonde sur la présentation et la description
et, ensuite, nous aurons à établir la comparaison des résultats afin de saisir l’état de la
recherche en analyse du discours dans les thèses de doctorat. Ces différentes méthodes
donnent la liberté au texte de nous orienter vers ses propres pistes de lecture afin de
mieux tirer les conclusions les plus pertinentes. Cette liberté peut ouvrir les voies à
d’autres méthodes qui pourront par la suite s’y impliquer dans l’étude globale du
corpus.

Pour ce qui est de la démarche analytique, nous soulignons qu’elle :

« (…) suit l’effort de définition et de délimitation corrects des


concepts, [et] consiste, (…) à décomposer, démembrer, à détacher
et à séparer les éléments du sujet, à décomposer un texte, une
œuvre en ses différentes composantes constitutives afin de saisir les
rapports qui lient pour avoir une compréhension globale de
l’ensemble. »5

Ceci dit et dans un premier temps, nous aurons besoin de faire un constat sur ce qui se
fait actuellement dans les diverses universités concernant la recherche en analyse du
discours afin de présenter une synthèse des travaux réalisés dans le domaine en
question. Pour ce faire, nous nous appuierons sur des grilles statistiques portant sur

5
N’da (Pierre), Initiations aux méthodes de recherche, aux méthodes critiques d’analyse des textes, et aux
méthodes de rédaction, éd. Connaissances et Savoirs, Saint-Denis, 2016, p 28.
INTRODUCTION GENERALE 16

une méthode quantitative, celle du dénombrement, de la classification comme le


soutient très justement la citation qui suit :

« le dénombrement, la classification, le comptage, la


quantification, le calcul. Elle vise à recueillir des données réelle,
objectivement mesurables, en se fondant sur des observations
quantifiées, des données chiffrées, des analyses et exploitations
statistiques des phénomènes, des conduites, des faits sociaux
qu’elle cherche à expliquer, à décrire, à prédire. »6

Et puisque notre travail consiste, en second lieu, à établir une confrontation des
différentes thèses de doctorat appartenant à des universités distinctes, nous allons
opter pour une méthode comparative qui se veut une « démarche cognitive par laquelle on
s'efforce à comprendre un phénomène par la confrontation des situations différentes »7. Cette
méthode peut nous servir également à saisir la valeur du texte étudié, et dans notre
cas, la thèse en question.

5. Plan rédigé :
Notre travail de recherche s’articule autour de deux grands chapitres que nous
présenterons dans les lignes qui suivent.

Dans le premier chapitre, que nous intitulerons : « l’état de la recherche en analyse du


discours », nous nous appuierons sur trois points fondamentaux. Le premier
point intitulé: « Autour de la notion du discours », aura pour objectif, d’une part, de
délimiter les différentes acceptions de la notion discours car c’est une notion qui serait
devenue pour certains linguistes un concept au sens propre du terme. Et d’autre part,
de présenter la situation de l’analyse du discours en Europe en nous focalisant sur les

6
Ibid., p 18.
7
Reuchlin (Maurice), Les méthodes en psychologie, P.U.F, Paris, 1973, p 25.
INTRODUCTION GENERALE 17

trois tendances majeures, à savoir, la tendance française, la tendance anglo-saxonne et


la tendance allemande. Le deuxième point : « L’analyse du discours : une pluralité de
définitions », cernera le parcours de la reconstitution de l’analyse du discours comme
une discipline autonome. Comme il est problématique de retracer l’histoire de cette
discipline en l’absence d’un fondateur bien précis, il nous serait plus convenable de
revisiter les constats des théoriciens les plus expérimentés et les plus connus dans le
domaine. Le troisième point : « La recherche en analyse du discours : perspectives
internationales », portera, quant à lui, sur la présentation de l’essentiel de ce qui s’est
fait sur l’analyse du discours en illustrant notre travail par des exemples d’ouvrages et
d’articles avant de nous intéresser au contexte universitaire. En effet, notre bilan de
recherche s’effectuera sur la France, l’Angleterre, les Etats-Unis, le Canada ainsi que
sur les pays du Maghreb.

Le deuxième chapitre, intitulé : « Etude comparative des thèses portant sur l’analyse du
discours », se propose comme une partie à la fois analytique et comparative de notre
corpus. Nous y analyserons voire comparerons les titres, les introductions et les
conclusions des thèses de doctorat, objets de notre étude. En effet, celle-ci portant sur
douze thèses ayant comme méthode de recherche l’analyse du discours et s’inscrivant
en littérature. Ce chapitre se compose à son tour de trois axes essentiels. Le premier
axe : « Eléments méthodologiques sur l’intitulé d’une thèse de doctorat », enveloppera les
différents constituants d’un titre de doctorat afin d’arriver à une reformulation d’un
intitulé de qualité. Le deuxième axe se penchera sur l’analyse des intitulés de thèses-
corpus en vérifiant les éléments présents dans chaque titre et leur apport à la mise en
valeur du contenu de la thèse en question. Cet axe se clôturera par la construction
d’une comparaison entre les différents intitulés. Le troisième axe portera sur l’ « Etude
comparative des approches et des méthodes ». Après avoir délimité l’importance de la
méthodologie dans une thèse de doctorat et les différentes approches en analyse du
discours, notre intérêt s’orientera plus certainement vers l’analyse profonde et la
comparaison des méthodes employées dans chaque thèse-corpus.
CHAPITRE I

L’état de la recherche en analyse du discours


CHAPITRE I :
19
L’état de la recherche en analyse du discours

Dans cette présente recherche, intitulée Etude comparative, l’état de la recherche en analyse
du discours dans les écrits universitaires. Le cas des doctorats portant sur l’analyse du discours, il
nous semble impératif de commencer par un préalable de rigueur mettant le point sur
l’analyse du discours, en tant que discipline et en tant qu’approche méthodologique
afin de saisir son ou ses objets d’étude et son ou ses champs d’investigation.

Dans ce préalable, nous comptons établir de manière concise et précise un constat sur
l’état actuel de la recherche en analyse du discours au niveau aussi bien national
qu’international. En effet, il serait indispensable de préciser ici quelques fondements
théoriques. Pour ce faire, nous prévoyons de revenir sur la notion de discours afin de
prendre en charge les différentes définitions.

Nous donnerons, par la suite, un aperçu historique sur la discipline de l’analyse du


discours tout en interrogeant différents théoriciens intéressés par cette discipline qu’ils
considèrent comme une nouvelle discipline par rapport à l’analyse des textes.

Et pour mieux assoir cette recherche, nous nous devons de donner un aperçu des plus
exhaustifs de l’état de la recherche en analyse du discours, et ce, par rapport aux
thèses de Doctorat rédigées en langue française et réalisées en Europe, aux Etats Unis,
au Maghreb.
CHAPITRE I :
20
L’état de la recherche en analyse du discours

I.1. Autour de la notion de discours


La notion de discours doit être définie et revisitée car c’est une notion qui serait
devenue pour certains linguistes un concept au sens propre du terme puisque comme
le souligne très justement Mariana Tutescu, dans son article intitulé
« l’argumentation » extrait de Introduction à l'étude du discours :

« Le discours est le concept clé de la linguistique discursive et


textuelle, dernière-née des sciences du langage. Ce concept
entraîne une perspective interdisciplinaire des faits de langue, où
logique, sociologie, psychologie, philosophie du langage, théorie
de la communication se rejoignent pour se compléter
réciproquement. »8

Dans ces propos, Mariana Tutescu explique que le discours est d’abord un concept et
qui s’est assigné une place de taille dans différentes disciplines qui se croisent
logiquement afin de donner sens au discours en question. Ces disciplines qui ont en
commun la langue et les faits de langue prennent en compte ce concept afin d’élargir
son champ d’investigation et pour donner plus de vigueur à une notion qui, pauvre au
départ et qui par l’approche de ces disciplines, se fortifie et se donne ainsi comme
concept à part entière. Le concept de discours est devenu donc « un concept clé »
concept incontournable dans la recherche relative à la conversation et aux échanges
langagiers.

Mais avant de nous aventurer dans cet univers nébuleux et avant de mettre en lumière
la notion de discours, nous optons pour une définition des plus simples, celle du
dictionnaire le Petit Larousse illustré qui renvoie le terme du discours à tout « propos que
l’on tient en conversation. (…) Morceau oratoire propre à persuade »r9

8
Tutescu (Mariana), « L'Argumentation, Introduction à l'étude du discours », [en ligne],
http://ebooks.unibuc.ro/lls/MarianaTutescu-Argumentation/10.htm, consulté le 14/01/2017
9
Larousse (Claude), Petit Larousse illustré, Librairie Larousse, Paris, 1979.
CHAPITRE I :
21
L’état de la recherche en analyse du discours

Cette définition prescrit que le premier sens du terme discours est celui que l’on peut
attribuer à la parole, c’est-à-dire un sens relatif à la production de l’échange. Si, à un
moment donné, nous avons considéré à la suite des structuralistes que le discours est le
synonyme de parole c’est parce que nombreux sont les théoriciens qui l’ont affirmé.
Parmi ceux-là, nous citons Urdiales Milán qui affirme très justement que : « Pendant
très longtemps le discours fut synonyme de parole et celle-ci fut écartée des descriptions
scientifiques »10. Cette affirmation nous renvoie au tout début des études linguistiques à
savoir, le Cours de linguistique générale11 de Ferdinand de Saussure.

Dans cet ouvrage et plus précisément au quatrième chapitre, l’accent est mis sur la
linguistique de la langue et la linguistique de la parole où Ferdinand de Saussure sépare
les deux notions, à savoir la langue et la parole, deux termes intimement liés malgré
toutes les divergences. Chacune de ces deux notions ne pourrait subsister sans l’apport
de l’autre dans la mesure où, pour Ferdinand de Saussure : « la langue est nécessaire pour
que la parole soit intelligible et produise tous ses effets ; celle-ci est nécessaire pour que la langue
s’établisse »12

De plus, Charles Bally qui s’est longtemps interrogé sur le devenir de la linguistique
oriente sa recherche vers la linguistique saussurienne et met l’accent sur la dichotomie
fondamentale opposant la langue à la parole dans la mesure où la première s’inscrit
dans une perspective sociale tandis que la seconde est propre à l’individu13. Il est à
noter également qu’une autre opposition s’impose, celle de la société/individu.

Même si Ferdinand de Saussure a tenté une explication en relation avec l’étude de la


parole, nous explique Charles Bally, il ne franchira nullement les limites des deux
10
Urdiales (Milán), VERSUS, Universidadde Oviedo, servicio de publicaciones 2002, p.45 [En ligne],
https://books.google.dz/books?id=I4DEiiKs2kcC&pg=PA45&dq=discours+synonyme+de+parole&hl=fr&sa=X
&ved=0ahUKEwjhleHE3OHRAhUGvhQKHf_4ABQQ6wEIKTAA#v=onepage&q=discours%20synonyme%20de%
20parole&f=false, consulté le 27/01/2017.
11
Bally (Charles), Séchehaye (Albert), Riedlinger (Albert), Ferdinand de Saussure, Cours de linguistique
générale, 1985, Editions Payot et Rivages, Paris, [en ligne], http://centenaire-
linguistique.org/uploads/medias/downloads/le-cours.pdf, consulté le 27/01/2017.
12
Ibid., p. 37.
13
Ibid.
CHAPITRE I :
22
L’état de la recherche en analyse du discours

domaines, à savoir la linguistique de la langue et la linguistique de la parole, parce qu’il


s’est intéressé, en fait à la constitution d’une linguistique dont l’objet est la langue14.

Ainsi, nous confirmons, à la suite de Georges-Elia Sarfati15 que la notion du discours


n’a pas été mentionnée dans Le cours. Néanmoins, si une linguistique de la langue a vu
le jour, la parole devrait se distinguer pour se constituer comme domaine
formellement et fondamentalement distinct de celui de la langue.

En effet, dans le Traité de stylistique française16, l’un des disciples de Ferdinand de


Saussure, Charles Bally vise à la revendication d’une linguistique de la parole. A cet
effet, il ouvre son ouvrage par une critique assez acerbe en relation avec l’étude du
langage soulignant à ce propos qu’on ne devrait pas tenir compte des rapports qui
peuvent exister entre la parole et la pensée. Tout en justifiant sa prise de position en
soulignant que :

« Le langage est un système de symboles d’expression. Il exprime


le contenu de notre pensée, à savoir nos idées et nos sentiments :
les éléments intellectuels et les éléments affectifs étant presque
toujours unis à doses variables dans la formation de la pensée, la
même composition se reproduit dans l’expression. »17

En se basant sur la conception saussurienne, le linguiste suisse, Charles Bally, ouvre


des perspectives nouvelles afin d’éclairer les recherches postérieures sur la relation que
peut entretenir le sujet parlant avec son discours et le rôle colossal du contexte dans la
détermination du sens.

14
Ferdinand de Saussure, cours de linguistique générale, op. cit., p 39.
15
Sarfati (Georges-Elia) a déjà constaté ceci dans son ouvrage dont nous citons les propos suivant : « Au
regard de ces orientations fondatrices, le concept de discours fait figure de troisième terme absent, de tiers
exclu », Sarfati (Georges-Elia), Eléments d’analyse du discours, NATHAN/VUEF, Paris, 2001, p 9.
16
Bally (Charles) Traité de stylistique française, C. Winter et C. Klincksieck, Paris et Heidelberg. 1934
17
Traité de stylistique française, op. cit. , p. 01.
CHAPITRE I :
23
L’état de la recherche en analyse du discours

Nous remarquerons ici l’apparition d’un nouvel élément servant à la compréhension


du texte de l’énoncé qui est le contexte ce que certains autres appelleront les
conditions de production.

Et c’est parce que la langue ne suffisait plus à appréhender le texte que certains
théoriciens ont eu recours à la compréhension des circonstances entourant la
production du texte en question. Mais Jusque-là, le terme du discours n’a pas été
évoqué.

S’il a été mentionné nommément dans un ouvrage de Gustave Guillaume18 dont la


théorie de la psychomécanique du langage a été présentée, ce n’était, en fait qu’au
profit de la réinterprétation de la dichotomie saussurienne, langue/parole. En effet, la
théorie de Guillaume Gustave s’intéresse aux :

« mécanismes fondamentaux de la pensée commune qui


interviennent dans la genèse de la langue, conçue comme le
système des représentations à partir desquelles il est possible, par
la médiation de signes appropriés, de produire des actes de
langage et d’émettre des discours (purement mentaux ou réalisés
physiquement par l’expression orale ou écrite) »19

Cette citation, qui est en fait celle de Gérard Moignet, reprenant les propos de
Gustave Guillaume nous permet de souligner la relation que peut entretenir la langue
avec le discours. Gérard Moignet confirme que la langue est incorporée dans la pensée
qui est une activité strictement psychique. Ce n’est que par le biais des actes du
langage et des discours –bien qu’ils soient oraux ou écrits- que cette langue se
concrétise et prend forme. Certes, cette situation, nous semble-t-il, provoque des
échos aux rapports présents entre la langue et la parole, mais l’auteur essaie, en

18
Nous trouverons les origines de cette théorie dans : Guillaume (Gustave), Le problème de l’article et sa
solution dans la langue française, A.G. Nizet, Paris, 1919 (réédition 1975).
19
Moignet (Gérard), « Guillaume Gustave - (1883-1960) », in Encyclopædia Universalis, [en ligne], consulté
le 12 octobre 2016, URL : http://www.universalis.fr/encyclopedie/gustave-guillaume/
CHAPITRE I :
24
L’état de la recherche en analyse du discours

introduisant de nouveau concepts et de nouvelles perspectives, de réinterpréter la


célèbre convenance théorique de l’opposition saussurienne.

Ceci dit, il convient de noter qu’il est difficile d’exposer l’histoire de l’analyse du
discours depuis ses débuts jusqu’à nos jours parce qu’il n’y a pas un seul théoricien à
qui l’on arroge le privilège du titre de fondateur. Cependant, Georges-Elia Sarfati
explique dans son ouvrage20 que ce sont les formalistes russes qui ont pris l’initiative
de développer les structures narratives de la littérature orale et même écrite. Selon
21
lui, l’ouvrage intitulé La morphologie du conte russe Vladimir Propp s’intéresse avant
tout à l’analyse du discours puisque le théoricien travaille sur des textes qui sont de
« vastes ensembles discursifs »22. Sans avoir l’intention de le faire, ce formaliste russe fait
naître une discipline qui changera tout un domaine en intervenant dans leurs méthodes
d’analyse. C’est la première fois qu’un théoricien relie le texte à la notion du discours.
Car, dès les débuts de la linguistique, le texte est considéré comme « des unités
linguistiques inférieures ou égales à la phrase »23. C’est pour cette raison que l’ouvrage de
Vladimir Propp est considéré comme étant le début de la naissance de l’analyse du
discours.

Devant cette situation, de nouveaux théoriciens apparaissent, simultanément en


France et en Russie, traitant la question de la linguistique. En France, Emile
Benveniste brille en publiant le premier volume de son ouvrage Problèmes de linguistique
générale24. A travers cet intitulé, il communique à ses lecteurs la présence d’un
dépassement du Cours de Ferdinand de Saussure. S’il s’agit de « problèmes », il
s’agira, à notre avis, d’un changement et en quelque sorte d’une résolution. En effet,
Emile Benveniste réoriente les limites de la linguistique saussurienne vers des pensées
fondamentales sur le sujet de la subjectivité dans le langage. Ses recherches sur

20
Eléments d’analyse du discours, op.cit., p10.
21
Propp (Vladimir), La morphologie du conte, Seuil, Paris, 1970.
22
Eléments d’analyse du discours, op.cit., p10.
23
Ibid.
24
Benveniste (Emile), Problèmes de linguistique générale, Gallimard, Paris, 1966.
CHAPITRE I :
25
L’état de la recherche en analyse du discours

l’énonciation et la sémiologie de la langue sont considérées comme une tentative pour


se distancer de l’opposition saussurienne entre une instance collective (la langue) et
une instance individuelle (la parole). Par ailleurs, en Russie, Roman Jakobson donne
vie à la linguistique en se concentrant sur la formalisation de la communication. A la
suite des recherches de Karl Bühler, le théoricien développe la théorie des fonctions du
langage ; théorie basée sur une schématisation du rapport émetteur /récepteur. Et
chacune d’elle prend en charge un élément du schéma de communication, à savoir : la
fonction expressive centrée sur l’émetteur, la fonction conative centrée sur le
récepteur, la fonction phatique centrée sur le canal de transmission, la fonction
métalinguistique centrée sur le code, la fonction poétique centrée sur le message lui-
même et enfin la fonction référentielle centrée sur le contexte25.

C’est grâce à ces deux chercheurs que la linguistique structurale adaptera un autre
thème, celui de l’interlocution.

Nous déduisons que si nous nous permettons de considérer la parole et le discours en


tant que synonymes, cela signifie que cet usage des concepts est le résultat d’un emploi
incontrôlé des termes et à l’ignorance du sujet parlant car il est difficile de circonscrire
les limites de la notion du discours. En effet, nous remarquons que Georges-Elia
Sarfati montre, dans son ouvrage supra cité, que dans l’esprit du CLG26, tout comme
dans les recherches qui sont venues après le cours de Saussure, la démarcation entre le
fonctionnement collectif du langage (qui est bien le système de la langue) et
l’expérience individuelle (la parole), refuse de prime abord toute ressemblance entre
la parole et le discours. Evidemment, comme nous allons l’effleurer plus bas, la notion
de discours demeure une notion instable sans être limitée dans le sens restreint de la
parole, définit minimalement comme étant un acte individuel.

25
Jakobson (Roman), Essais de linguistique générale : Les fonctions du langage, Minuit, Paris, 1963.
26
C’est l’abréviation que l’on attribue à l’ouvrage de Ferdinand de Saussure supra-cité, Cours de
Linguistique Générale.
CHAPITRE I :
26
L’état de la recherche en analyse du discours

I.1.1. La situation de l’analyse du discours en Europe :


Afin de clarifier la situation opaque de l'analyse du discours en Europe, nous nous
basons sur la conception de Johannes Angermüller27 fondée sur le fait de distinguer
trois tendances majeures relevant des traditions de pensées anciennes, à savoir la
tendance française, anglo-saxonne et allemande. Elles servent de fonds théoriques pour
les quelques réseaux de chercheurs, appelés « clusters », dominant les recherches sur
le discours en Europe depuis les années 1970, entre autres, l'école française, l'analyse
du discours critique, la théorie du discours poststructuraliste, l'analyse du discours
interprétative.

De plus, nous signalons que les recherches qui portent sur l’analyse du discours
connaissent un développement considérable dans le monde entier ; en revanche,
l’école française d’analyse du discours souffre à maintenir son identité depuis les
années quatre-vingts. C’est-à-dire que l’analyse du discours de tradition française
éprouve des obstacles pour être une discipline autonome auprès de plusieurs d’autres.

a. La tendance française

La tendance « française », est héritière à la fois du formalisme saussurien, de la critique


psychanalytique du sujet parlant et d’une analyse marxiste de l'idéologie. Pour
Johannes Angermüller, c'est la représentation d'une description sévère et exhaustive
de la vie des signes au sein d'une société qui caractérise l'analyse du discours à la
française.

Ce courant privilégie l'écrit et les grands ensembles de textes. Il s'agit de découvrir des
règles de construction subordonnées et d’obtenir des modèles analytiques.

Vers la fin des années soixante-dix, un changement radical a lieu en France avec
l’invasion du structuralisme et le tournant pragmatique. Depuis, ce n'est plus la

27
Angermüller (Johannes), « L’analyse du discours en Europe», in Analyse du discours et sciences humaines
et sociales, coll. « Les chemins du discours », Ophrys, Paris, 2007, pp 9-23.
CHAPITRE I :
27
L’état de la recherche en analyse du discours

dichotomie saussurienne de langue et parole, mais la problématique de l’énonciation.


En effet, c’est le moment où les règles qui font que les actes de langage deviennent des
faits du discours prennent position au centre des réflexions.

En raison de son histoire et de ces principaux référents intellectuels que sont Louis
Althusser, Michel Foucault et Michel Pêcheux, ce courant d’analyse du discours,
comme le souligne Dominique Maingueneau28, a longtemps mis le point sur le
traitement des textes écrits, surtout politiques, souvent institués et inscrits dans un
interdiscours limité. À cet égard, Dominique Maingueneau précise la genèse de
l’analyse du discours en soulignant que :

« La conjoncture intellectuelle dont surgit l’AD, c’est le courant


structuraliste des années 60. Autour du structuralisme s’est nouée toute une
réflexion sur "l’écriture" qui associait linguistique, psychanalyse
lacanienne et marxisme althussérien. L’AD, s’est développée dans un
milieu de chercheurs (historiens, linguistes, et dans une moindre mesure
psychologues et sociologues) pris dans cette triple mouvance et pour lesquels la
pensée de Louis Althusser a joué un rôle déterminant. »29

b. La tendance anglo-saxonne

Comme le confirme Johannes Angermüller30, la notion « anglo-saxonne » est


fortement influencée par le pragmatisme américain et par la philosophie analytique
anglaise, notamment la théorie des actes du langage d’Austin. Contrairement aux
approches énonciatives françaises, Stephen C. Levinson confirme dans son ouvrage

28
Maingueneau (Dominique), L’analyse du discours : Introduction aux lectures de l’archive, Hachette, Paris,
1991.
29
Maingueneau (Dominique), « Analyse du discours et archive », in Semen, N°8, 1993, [En ligne], consulté
le 15 avril 2017, URL : http://semen.revues.org/4069
30
« L’analyse du discours en Europe», op.cit., pp 9-23.
CHAPITRE I :
28
L’état de la recherche en analyse du discours

Pragmatics31 que le discours renvoie au niveau de l'agir langagier dans une situation de
communication donnée.

Les analystes des conversations et les ethno méthodologues sont différents les uns des
autres. Chaque groupe d’analystes a un objectif et une visée différente de l’autre
groupe. Les premiers décrivent la façon dont les membres arrivent à un cadre partagé
de la situation dont l'interaction discursive qui change d’un partenaire à un autre.
Quant aux ethno méthodologues, ils révèlent le savoir implicite présidant aux
interactions quotidiennes. Les deux types de chercheurs ont effectivement contribué à
l'évolution de la pragmatique linguistique.

Selon Barney Glaser et Anselme Strauss32, la tendance anglo-saxonne est caractérisée


essentiellement par un net ancrage dans le matériau empirique. De ce fait, elle a
dévoilé de nombreuses études appliquées relatives aux problèmes de communication
figurant dans des situations institutionnelles distinctes, telles que la vie professionnelle,
hôpitaux, prisons, etc.

c. La tendance allemande

En Allemagne, l’intérêt s’est porté sur une théorie du discours plus que sur une
méthode. Ainsi, Johannes Angermüller33 se demande si la théorie de « l'agir
communicationnel »34 de Jürgen Habermas35, influencée par la tendance anglo-saxonne,
s’intéresse à un modèle des conditions pour la critique de l'autorité et de l'inégalité.

31
C. Levinson (Stephen), Pragmatics, Cambridge University Press, Cambridge, 1983.
32
G. Glaser (Barney), Strauss (Anselme), La découverte de la théorie ancrée. Stratégies pour la recherche
qualitative, coll. « Individu et Société», Armand Colin, Paris. 2010.
33
Johannes Angermüller est actuellement professeur du discours au Centre de Linguistique appliquée de
l’université Warwick au Royaume-Uni. Les travaux s’inscrivent aux différents points de rencontre de la
sociologie de la linguistique et de l’analyse du discours.
34
Habermas (Jürgen), Théorie de l’agir communicationnel Tome I : Rationalité de l’agir et rationalisation de
la société. Tome II : Critique de la raison fonctionnaliste, Fayard, Paris, 1987.
35
L’allemand Jürgen Habermas est un théoricien en sciences sociales et en philosophie. Il est considéré
comme l’un des représentants les plus importants de la deuxième génération de l’Ecole de Francfort.
CHAPITRE I :
29
L’état de la recherche en analyse du discours

Suivant Jürgen Habermas et l’Ecole de Francfort dont il appartient, lorsqu’une


personne communique, elle ne peut pas mettre à l’égard certaines règles du discours,
telle que l'égalité du partenaire discursif et la « critiquabilité » de chaque
argumentation. D’après lui, ces règles sont situées sur un accord entre les partenaires
qui servent de mesure commune pour la critique des arguments mis en avant dans le
discours. Il s’agit ici en fait le principe de la théorie de l’agir communicationnel de
Jürgen Habermas. A cet égard, nous notons que :

« La Théorie de l’agir communicationnel vise à refonder la rationalité éthique


et politique, dont la faillite se traduit par une crise de la publicité, des
structures normatives et de la légitimité. Ce programme demeure
problématique, vingt ans après son lancement, au vu des formes concrètes de
communication qui se sont épanouies dans les années 1980 et 1990 avec la
diffusion des nouvelles technologies. »36

Dès lors, de nombreuses tentatives sont avancées pour mettre la morale discursive
habermassienne en action dans la recherche sociale habituelle. Nous citerons l’exemple
des discours politiques qui ont été analysés, en sciences sociales, en vue des exigences
démocratiques des sociétés modernes.

Ceci dit, Les représentants de la tendance allemande entendent par « discours » le sens
(Sinn), le savoir ou les interprétations (Deutungen) qui associent l'unité à un ordre
social et culturel. Selon Johannes Angermüller, tout en ayant une visée descriptive du
monde empirique, l'approche compréhensive suit celle de Jürgen Habermas sur le fait
que c'est le discours qui lie les protagonistes, appelés partenaires discursifs, dans un

36
Encyclopeadia Universalis, Théorie de l'agir communicationnel de Jürgen Habermas: Les Fiches de lecture
d'Universalis, 10 novembre 2015, [en ligne], consulté le 15 avril 2017, URL :
https://books.google.dz/books?id=gYJMBgAAQBAJ&pg=PP13&dq=habermas+1981+l%27agir+communicati
onnel&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwiGhsmM7vDTAhVDmBoKHQ4YAkkQ6AEIITAA#v=onepage&q=habermas%
201981%20l'agir%20communicationnel&f=false
CHAPITRE I :
30
L’état de la recherche en analyse du discours

seul champ culturel et interprétatif qui est celui du « monde vécu »37 ou bien celui du «
sens social partagé »38. Cependant, d’après Johannes Angermüller39, l'analyse du
discours a plus de mal à se constituer comme champ d'investigation en Allemagne que
dans d'autres pays, notamment en France.

Enfin, nous dirons que ces courants cités ci-dessus, confirment bine la diversité des
notions de discours les plus diversifiées et les plus contradictoires qui existent
aujourd'hui en Europe.

Ceci dit, Johannes Angermüller affirme que depuis les années soixante-dix, « la
conjoncture de l'analyse du discours en Europe […] a souvent été soutenue par quelques réseaux
ou « clusters » qui rassemblent des chercheurs autour d'une orientation théorique particulière. »40

Aujourd'hui, nous jugeons que ces « clusters » sont considérés comme des points
cruciaux où de nombreuses traditions se rencontrent afin de réinscrire le problème de
l'activité langagière dans son contexte.

Parmi ces « clusters, nous mentionnons les plus majeurs, tels que l’école française de
l’analyse du discours, La théorie du discours poststructuraliste, l’analyse du discours
critique « critical discourse analysis » et l’analyse du discours sociologique
« wissenssoziologische Diskurs analyse ».

37
« L’analyse du discours en Europe», Op.cit., pp 9-23.
38
Ibid.
39
Angermüller (Johannes), « SozialwissenschaftlicheDiskursanalyse in Deutschland:
zwischenRekonstruktionundDekonstruktion », in Die diskursive Konstruktionvon Wirklichkeit, Konstanz,
UVK, 2005, pp 23-48.
40
« L’analyse du discours en Europe», op.cit., pp 9-23.
CHAPITRE I :
31
L’état de la recherche en analyse du discours

I.2. L’analyse du discours : une pluralité de définitions


Comme nous l’avons signalé précédemment, il est problématique de retracer l’histoire
de l’analyse du discours parce qu’elle n’a pas de fondateur bien précis. Cela nous met
dans d’incapacité de cerner une définition bien précise car nous pourrons tomber dans
des généralités, chose qui pourrait nuire à la crédibilité de notre recherche. De ce fait,
il serait plus convenable, voire même, inévitable de revisiter les constats des
théoriciens les plus expérimentés et les plus connus dans le domaine.

Tout au long de notre recherche, nous nous sommes référés au dictionnaire spécialisé,
bien sûr, lors de la rencontre de problèmes terminologiques dans la mesure où il
s’avère être la première source d’information ou d’explication.

A titre d’exemple, nous citerons le dictionnaire d’analyse du discours de Dominique


Maingueneau et de Patrick Charaudeau41pour définir la notion d’analyse du discours
qui est présentée comme étant une :

« Discipline relativement récente (…), [elle] se voit attribuer les définitions


les plus variées : très larges, quand on la considère comme un équivalent
d’«étude du discours », ou restrictive quand, distinguant diverses disciplines
qui prennent le discours pour objet, on réserve cette étiquette à l’une
d’elles. »42

Dudit extrait, nous relevons deux aspects définitoires de l’analyse du discours. Des
définitions larges ou, à notre sens, générales quand elles sont assimilées à l’étude du
discours. Cela s’explique du fait que s’il s’agit d’une analyse, nous comprenons du
premier coup qu’il est question d’une étude au sens le plus large du terme. Or, cette
généralité peut être rétrécie si on l’attribue à une particularité d’une étude du discours
ou à une seule discipline mettant le discours au centre de ses réflexions.

41
Charaudeau (Patrick), Maingueneau (Dominique), DICTIONNAIRE d’analyse du discours, Seuil, Paris. 2002
42
Ibid., p 41.
CHAPITRE I :
32
L’état de la recherche en analyse du discours

Le problème diachronique de l’analyse du discours relève de sa genèse même parce


qu’elle est le résultat à la fois de la collaboration de courants récents et de la
renaissance de pratiques d’études de textes très anciennes (rhétoriques, philologiques
ou herméneutiques.)43. Cela n’empêche nullement de tenter de cerner son histoire
tout au long des diverses périodes connues avant son intégration parmi les disciplines
les plus classiques, telles que la littérature, la linguistique, la philosophie, etc.

Ceci dit, en 1952, Zellig Harris, linguiste américain, publia l’article intitulé Discourse
analysis44. Si nous nous forçons de fixer la date et le lieu de naissance de l’analyse du
discours, cet article sera la référence par excellence parce qu’il représente une
tentative originale et résolue, si nous nous permettons de le dire, de l’émergence de
cette discipline comme domaine autonome et à part entière. Cependant, cet acte de
naissance ne peut/pourra se limiter dans cet article. L’analyse du discours est le fruit
de tout un long parcours inter-disciplinaire.

Le linguiste distributionnaliste Zellig Harris confirme dans son article que l’analyse du
discours peut être envisagée à partir de deux types de problèmes : le premier étant de
poursuivre la linguistique descriptive au-delà des limites d’une seule phrase et le
second s’articule autour de la corrélation entre la culture et la langue45.

Malgré la distinction qui existe entre ces deux problèmes, ces derniers se révèlent être
rigoureusement liés.

Si pour Zellig Harris, la méthode de l’analyse du discours concerne « l’extension des


procédures distributionnelles à des unités transphrastiques »46. Il est fort évident que cette
définition est loin de celle dont on use aujourd’hui. Sa démarche semble être très
distante des problématiques actuelles. Il faudrait donc attendre le milieu des années

43
Ibid.
44
Harris (Zellig), « Discourse analysis », in Langage, vol.28, n°1, pp 1-30, 1952.
45
Ibid., p 01.
46
Dictionnaire d’analyse du discours, Op.cit., p 41.
CHAPITRE I :
33
L’état de la recherche en analyse du discours

soixante pour voir apparaître des courants qui bouleverseront l’actuel champ de
l’analyse du discours.

En réalité, ces problématiques qui contribuent au développement du champ de


l’analyse du discours sont apparues, principalement aux Etats-Unis, en France et en
Angleterre, au courant des années soixante. Mais, la constitution d’un espace de
recherche véritablement mondial ne s’est avérée qu’à partir des années quatre-vingt.

Parmi les théories qui ont élaboré la discipline de l’analyse du discours, nous citerons,
à titre d’exemple, l’ethnographie de la communication de Dell Hymes et John
Gumperz, ainsi que l’analyse conversationnelle d’Harold Garfinkel.

Au commencement, la théorie de Dell Hymes traitait de l’interaction linguistique au


sein des pratiques sociales. C’est ce qui lui permettait de se placer à la croisée de la
linguistique et de la sociologie. L’étude de l’ethnographie de la communication
exigeait la découverte des activités langagières dans les situations sociales du sujet
parlant47. Théoriquement parlant, il s’agissait de « découvrir le rôle du langage dans tel ou
tel groupe de sujets parlants et de dresser peu à peu un tableau comparatif des pratiques de
communication dans divers milieux socio-culturels »48

Au sujet de cette théorie, nous ne pouvons aucunement mentionner Dell Hymes sans
devoir évoquer John Gumperz, son co-fondateur. Celui-ci considérait l’emploi du
langage, la signification et la structure comme des entités intimement liées par le biais
de la société et la culture. Il étudiait la façon par laquelle le maniement des structures
linguistiques par les différents groupes sociaux interagissant est réalisé.

Nous avons remarqué un apport non négligeable de cette théorie à l’épanouissement


de l’analyse du discours, mais néanmoins, il régnait un long silence à propos de cette

47
Lindenfeld (Jacqueline), « L'ethnographie de la communication a-t-elle un sens pour les linguistes », In:
Langage et société, n°5, pp. 45-52, Septembre 1978, [en ligne], consulté le 15/10/2016, URL :
http://www.persee.fr/doc/lsoc_0181-4095_1978_num_5_1_1080
48
Ibid.
CHAPITRE I :
34
L’état de la recherche en analyse du discours

dernière dans la majorité des ouvrages théoriques qui n’ont pas manqué de mentionner
Zellig Hariss, Emile Benveniste ou encore Roman Jakobson.

Par ailleurs, l’analyse conversationnelle a vu le jour dans les cours initiés par Harvey
Sacks49de 1965 à 1972. Cependant, la théorie que nous envisageons dans les lignes qui
suivent est d’inspiration ethnométhodologiste.

Cette perspective de recherche vaut sa naissance à Harold Garfinkel. Elle a pour objet
l’étude du discours émis suite à l’interaction de plusieurs participants ou, plus
précisément, sujets parlants. Pour Harold Garfinkel, l’analyse conversationnelle
s’intéresse essentiellement au fait « d’étudier l’interaction en tant que processus complexe de
coordination des actions et en tant qu’accomplissement pratique »50

Jusqu’ici, l’analyse du discours s’est développée de manière surprenante dans les


études américaines. En revanche, suite à un article paru en 1969 intitulé « L’analyse
automatique du discours »51 de Michel Pêcheux, est apparue ce qu’on appelle l’école
française de l’analyse du discours. Ce courant, généré sous la grande motivation du
philosophe marxiste Louis Althusser et de Michel Pêcheux, tente d’envisager la notion
du discours dans un cadre politique qui concerne principalement l’idéologie et, ainsi,
la lecture idéologique du discours. Il s’agit, en réalité, d’une tentative de la fusion de la
théorie marxiste de l’idéologie, la psychanalyse et la linguistique afin d’approcher le
discours.

De plus, il semble indispensable à notre recherche de céder une place à des


contributions venant d’autres domaines, telles que les réflexions de Michel Foucault,

49
Sacks (Harvey), le fondateur de l’analyse de la conversation est né en 1935 et décédé dans un accident de
voiture à l’âge de 40 ans en 1975. Ces travaux ont eu une immense influence sur la linguistique, l’analyse du
discours et aussi la psychologie discursive.
50
De Fornel (Michel) et Léon (Jacqueline), « L’analyse de conversation, de l’ethnométhodologie à la
linguistique interactionnelle, In : Histoire Epistémologie Langage, Tome 22, Fascicule 1, pp. 131-155, 2000,
[en ligne], consulté le 15/10/2016, URL : http://www.persee.fr/doc/hel_0750-8069_2000_num_22_1_2770
51
Pêcheux (Michel), « L’analyse automatique du discours », Dunod, Paris, 1969. (Informatiquement
opérationnel à partir de 1971)
CHAPITRE I :
35
L’état de la recherche en analyse du discours

qui diverge l’histoire des idées vers l’étude des dispositifs énonciatifs, ou celles de
Mikhaïl Bakhtine qui met le point sur les différents genres de discours et la dimension
dialogique de l’activité discursive.

Ceci dit, nous avons pu remarquer que tous ces différents courants et réflexions ont
contribué, de façon ou d’une autre, à l’élaboration de l’actuel champ de l’analyse du
discours. Nous ne pouvons ni exclure, ni accorder le rôle fondateur à un seul
théoricien. Chacun a sa part dans la création et l’innovation de cette discipline qui se
représente grâce à tous ceux-ci, comme un domaine autonome. Pourtant, cette
autonomie n’en est pas une à cause de l’interdisciplinarité52, un caractère désignatif,
voire fondamental de l’analyse du discours.

Après ce rapide parcours historique relatif à la discipline, nous avons pu apercevoir que
quand les chercheurs, ou n’importe qu’elle personne que ce soit, nous-même ou
quelqu’un d’autre, utilisent l’expression « analyse du discours », ils ne prêtent pas
beaucoup d’attention au terme « analyse », mais ce qui les intéresse c’est plutôt le
terme de discours. De ce fait, le mot « analyse » est automatiquement attaché à celui
d’ « étude » et considéré comme son synonyme. Nous jugeons donc propice de poser
des questionnements au niveau de l’appellation même de « analyse du discours ».

Peu de chercheurs ont remis en cause cette problématique. Le professeur Barbara


Johnstone, par exemple, a pris l’initiative en s’interrogeant : « Why “discourseanalysis”
ratherthan “discourseology” on the analogy of “phonology”, “discourseography”, on the analogyof
“ethnography” […]? »53

L’auteur se demande pourquoi tout le monde s’est mis d’accord sur l’expression
«analyse du discours » et non pas « discourologie» sur l’analogie de « phonologie », ni
« discourographie » sur l’analogie de « ethnographie ».

52
Nous reviendrons sur cette notion plus tard.
53
Johnstone (Barbara), Discourse analysis, wiley-Blackwell, USA, 2008, p 4.
CHAPITRE I :
36
L’état de la recherche en analyse du discours

Une telle question nous paraît très conforme et qui suscite des réflexions
approfondies. Depuis l’émergence de la discipline de l’analyse du discours, on a pris
l’appellation de cette approche pour acquis et personne n’a osé se demander pourquoi
privilège-t-on une telle expression ? La réponse donnée par Barbara Johnstone insiste
sur le fait que cette discipline se concentre typiquement sur les processus analytiques
de manière relativement explicite. Selon elle, ce qui différencie l’analyse du discours
des autres disciplines réside dans le fait qu’elle ne s’intéresse aucunement aux
questions que pose l’analyste du discours, mais elle tient compte de la façon dont il
essaie d’y répondre. Cela se fait par l’examen des aspects des structures et fonctions
du langage en action. Or la théoricienne ne se limite pas seulement à cela, mais elle
attribue au mot « analyse » des définitions les plus larges :

« One way of analysing something is by looking at it in a variety


of ways. An analysis in this sense might involve systematically
asking a number of questions, systematically taking several
theoretical perspectives, or systematically performing a variety of
tests. Such an analysis could include a breaking-down into parts.
It could also include a breaking-down into functions […], or
according to participants […], or settings […], or processes »54

Ce passage explique que l’action de l’analyse implique d’apercevoir l’objet d’étude de


plusieurs manières. Cela veut dire qu’une analyse dans ce sens peut systématiquement
poser de nombreuses questions, avoir plusieurs perspectives théoriques, ou performer
quelques tests. De plus, une telle analyse peut inclure une désagrégation en plusieurs
parties. Elle peut également inclure une décomposition en fonctions, en paramètres,
en processus ou encore selon les participants. Autrement-dit, dans un processus
d’analyse, l’analyste est amené à décortiquer son objet d’étude en éléments
constitutifs.

54
Discourse analysis, op.cit., p 4-5.
CHAPITRE I :
37
L’état de la recherche en analyse du discours

De tout ce qui précède, nous déduirons que les définitions données par Barbara
Johnstone au terme d’« analyse » renvoient, comme le confirme Dominique
Maingueneau55, aux vertus de n’importe quelle démarche appartenant aux sciences
humaines et sociales. Selon Dominique Maingueneau, ces définitions sont loin de la
problématique de Zellig Harris ou de Michel Pêcheux. Ces derniers insistent sur le fait
que le terme d’« analyse » est lié à une perspective structuraliste tout en visant le
domaine d’analyse du discours, nous soulignons que les deux théoriciens entendent par
« perspective structuraliste » le retour aux relations et lieux sociaux dans lesquels le
discours est produit.

Dans ce même contexte, Dominique Maingueneau mentionne la problématique de la


dénomination de l’analyse du discours dans son article intitulé « Analyse du discours et
archive »56. Ainsi, il avance des arguments sur les raisons pour lesquelles le terme
« analyse » est le plus approprié et sert le mieux le fonctionnement de la discipline.
C’est ce qui lui fait dire qu’ :

« En fait, cette "analyse" mérite bien son nom. D’abord parce que
l’"analyse" de Harris, fondée sur le test de commutation, s’inscrit
dans le cadre structuraliste d’une décomposition du discours, mais
aussi parce que dans ce contexte épistémologique l’AD s’affirme
comme une analyse (= une psychanalyse) appliquée aux
textes. »57

A la lumière de ces propos, nous décelons les deux principales raisons de la convention
et la faisabilité de l’expression « analyse du discours ». En fait, il s’agit, en premier
lieu, de la contextualisation de ce nouveau champ du discours dans le cadre

55
Maingueneau (Dominique), « Que cherchent les analystes du discours ? », in Argumentation et Analyse du
Discours, 9 | 2012, [En ligne], mis en ligne le 26 septembre 2012, Consulté le 15/04/2014. URL
http://aad.revues.org/1354 .
56
Maingueneau (Dominique), « Analyse du discours et archive », in Semen, 1993, [En ligne], mis en ligne le
12 juin 2007, consulté le 21 octobre 2016, URL : http://semen.revues.org/4069
57
Ibid.
CHAPITRE I :
38
L’état de la recherche en analyse du discours

structuraliste visant à décomposer le terme même de discours. Remarquons que la


décomposition est la principale fonction de l’analyse d’un fait ou autre chose. S’il est
question de décomposer le discours en ses éléments constitutifs, son analyse
s’imposerait d’elle-même comme approche d’étude. En second lieu, le terme
d’"analyse" est adéquat parce que le fonctionnement de l’AD repose principalement
sur l’analyse dont l’appellation indique son fonctionnement. Dominique Maingueneau
confirme que cette analyse du discours se veut comme une psychanalyse du texte.

En raison de ces conditions, l’analyse du discours est considérée comme un carrefour


d’approches très diverses, telles que l’analyse de la conversation, l’ethnographie de la
communication, la sociolinguistique interactionnelle de John Joseph Gumperz, etc.
D’ailleurs, nous pouvons dire que plusieurs disciplines et approches (la littérature, la
linguistique, l’énonciation, etc.) s’intéressent tour à tour à ce champ de recherche
dont les échanges peuvent lui apporter sa reconnaissance et son développement.

Nous avons pu apercevoir que les recherches sur le discours profitent de leur
singularité qui les inscrit dans le cadre des sciences du langage, tout en se manifestant
en tant que lieu de croisée pour l’ensemble des sciences humaines et sociales. En effet,
nous sommes capables d’avancer des recherches sur le discours aussi bien en partant de
la linguistique qu’en partant de la sociologie, l’ethnologie, l’anthropologie, la
psychologie, la théorie littéraire et autres.

Cependant, nous avons remarqué qu’une grande partie de chercheurs considère


l’analyse du discours comme l’étude de la conversation, surtout dans les pays anglo-
saxons. Ces derniers voient dans le discours une activité interactionnelle. Sur ce, ces
chercheurs identifient l’analyse du discours et l’analyse de la conversation. Mais,
Stephen C. Levinson oppose les deux courants. Il y consacre tout un chapitre pour
expliquer cette opposition.
CHAPITRE I :
39
L’état de la recherche en analyse du discours

En effet, le premier courant est fondé sur une analyse linguistique hiérarchique des
textes conversationnels, tandis que le deuxième est dans la mouvance de
l’ethnométhodologie. A cet égard, Stephen C. Levinson annonce les propos suivants
selon lesquels : « conversation analysis, as employed in a branch of ethnomethodology »58
C’est-à-dire que l’analyse conversationnelle, peut être employée dans la direction de
l’ethnométhodologie. Dans ce cas, comme l’admet Charles Barry, le discours est
considéré comme une négociation permettant d’appréhender son fonctionnement et sa
structure.

D’autres chercheurs, à l’instar de Michael Halliday, considèrent l’analyse du discours


comme un point de vue spécifique sur le discours. Dans les travaux inspirés du
linguiste anglais Michael Holliday, le but primordial de l’analyste du discours est
comme l’avoue David Nunan, « both to show and to interpret the relationship between these
regularities and the meanings and purposes expressed through discourse. »59

À la lumière de ce qui précède, nous pouvons dire que cette citation indique le but de
l’analyse du discours qui est à la fois de montrer et d’interpréter la relation entre ces
régularités (du langage) et les significations et les finalités exprimées par le discours.

Pourtant, pour y voir une discipline, nous admettons que ce n’est point obligatoire de
se concentrer sur les finalités. Pour Dominique Maingueneau, l’analyse du discours n’a
pour objet : «(…) ni l’organisation textuelle considérée en elle-même, ni la situation de
communication, mais l’intrication d’un mode d’énonciation et d’un lieu social déterminés. »60.

Pour ce qui est de l’organisation textuelle et la situation de communication qui


s’associent, il faut penser au dispositif d’énonciation qui les lie. De même, l’analyse du
discours est l’analyse de l’articulation du texte et du lieu social dans lequel le discours
est produit.

58
Pragmatics, op.cit., p 46.
59
Nunan (David), Introducing discourse analysis, Penguin English, London, 1993, p 7.
60
Maingueneau (Dominique), « Présentation », in Langages, n° 117, 1995, pp 5-12.
CHAPITRE I :
40
L’état de la recherche en analyse du discours

De plus, nous insistons sur le fait que l’analyse du discours a affaire à tout genre de
discours et sera, par la suite, le chemin de la croisée de plusieurs disciplines. Elle peut
donc s’intéresser aux mêmes corpus que la sociolinguistique, la psychologie, etc. mais
tout en partant d’un point de vue différent sur le discours, c’est-à-dire que les
différents apports intégrés seront orientés vers une recherche dont le but se distingue
d’une discipline à une autre.

Ceci dit, il nous semble que les recherches en littérature francophone tentent d’établir
une distinction entre « analyse du discours » et « analyse de discours ». Dans son
Linguistique textuelle : des genres de discours aux textes61, Jean-Michel Adam distingue entre
analyse de/du discours et analyse des discours. Pour lui, l’une est globale tandis que
l’autre est plutôt plus spécifique. L’analyse du discours est une théorie générale de la
discursivité. Quant à l’analyse des discours, au pluriel, concerne la diversité des
pratiques discursives humaines.

Certains chercheurs ne voient dans l’analyse du discours qu’un lieu de transition, un


intrus, voire même un champ parasitaire des différentes sciences prétendant être de
véritables disciplines, telles que la linguistique, la psychologie, la sociologie,etc.
D’autres, sous l’ombre de l’école française, la considèrent comme une sorte d’espace
critique, de champ de problématisation et d’expérimentation où les difficultés que
rencontrent les disciplines constituées peuvent se formuler. Dans ce cas, son statut
sera presque identique à celui de la philosophie. Dans tous les cas, il s’agit d’une
discipline proprement dite que d’un champ d’interrogation. Une discipline qui s’est
constituée dans un cadre qui lui est propre et autonome et dont l’existence constitue
un phénomène qui n’est pas anodin.

Parmi de nombreuses sciences, l’analyse du discours est la première et seule discipline


qui fait venir la totalité des énoncés d’une société, avec la multiplicité de leurs genres,

61
Adam (Jean Michel), Linguistique textuelle : des genres de discours aux textes, Nathan, Paris, 1999.
CHAPITRE I :
41
L’état de la recherche en analyse du discours

à devenir un objet d’étude. C’est ce qui fait dire à Michel Foucault aux débuts de la
discipline que :

« Ce dont il s’agit ici, ce n’est pas de neutraliser le discours, d’en


faire le signe d’autre chose et d’en traverser l’épaisseur pour
rejoindre ce qui demeure silencieusement en deçà de lui, c’est au
contraire de le maintenir dans sa consistance, de le faire surgir
dans la complexité qui lui est propre »62

A la lumière de cette citation, nous pouvons en déduire la grande importance qu’a


donnée Michel Foucault à la notion du discours. Le discours s’impose ouvertement
malgré son caractère complexe.

Dans une large mesure, comme le soulignent Jacques Moeschler et Anne Reboul dans
Pragmatique du discours63, le problème que recherche l’analyse du discours est celui de
l’interprétation des discours. Etant donné que celui-ci est considéré en tant que suite
non arbitraire de phrases, l’analyse du discours cherche la manière avec laquelle elle lui
attribue des significations adaptées.

Avec Patrick Charaudeau, Dominique Maingueneau trace les frontières de l’analyse du


discours dans leur dictionnaire64. D’après Dominique Maingueneau, cette nouvelle
approche est caractérisée par cinq éléments.

D’abord et contrairement à l’analyse conversationnelle, l’intérêt de l’analyse du


discours est centré sur des corpus fortement contraints, représentant un intérêt
historique. Ensuite, il faut tenir compte du souci de ne pas s’intéresser seulement à la
fonction discursive des unités, mais à leurs propriétés en tant qu’unités de la langue.
De plus leurs rapports doivent être privilégiés tout en tenant compte des théories de

62
Foucault (Michel), L’archéologie du savoir, Gallimard, Paris, 1969, p65.
63
Reboul (Anne) et Moeschler (Jacques), Pragmatique du discours. De l’interprétation de l’énoncé à
l’interprétation du discours, Armand Colin, Paris, 1998, p 12.
64
Dictionnaire d’analyse du discours, op.cit. , p 202.
CHAPITRE I :
42
L’état de la recherche en analyse du discours

l’énonciation. Tenir aussi compte de la supériorité donnée à l’interdiscours. Et enfin


s’intéresser aux modes d’inscription du sujet dans son discours.

D’après ce que nous avons constaté, les tendances françaises sont orientées vers la
construction de recherches antérieures. Elles reforment un type d’analyse du discours
valable pour tous. Dogan Günay,par exemple, considère les cinq étapes mentionnées
plus haut en tant que véritables aspects de l’analyse du discours. Aujourd’hui, les
différentes écoles et tendances n’importent plus, mais ce qui comptec’ estplutôt
l’analyse du discours organisée et développée par tous les chercheurs.

En réalité, l’analyse du discours rencontre plusieurs difficultés. Son problème majeur


est de circonscrire son objet d’étude. Dominique Maingueneau65 a mis l’accent sur
cette question et, selon lui, les problèmes que rencontre cette discipline dans la
délimitation du son champ de la recherche viennent d’une confusion entre l’analyse du
discours et les diverses disciplines du discours, telles que les théories de
l’argumentation, l’analyse de la conversation, l’analyse du discours, les théories de la
communication, la sociolinguistique, l’ethnolinguistique, etc. chacune de ces
précédentes disciplines étudie le discours par rapport à son propre point de vue.

En dépit de toutes ces difficultés, l’analyse du discours a toujours un but à atteindre,


celui de constituer son unité. Cependant, nous pensons que l’ensemble de ces
labyrinthes n’empêchent pas que cette discipline soit possible en tant que technique
permettant de questionner le faire au-delà du dire.

De nos jours, nous pouvons accepter que l’analyse du discours ne soit pas une
discipline homogène. Parler des tendances françaises est devenu une chose

65
Maingueneau (Dominique), Aborder la linguistique, Seuil, Paris, 1996, p 8.
CHAPITRE I :
43
L’état de la recherche en analyse du discours

inconséquente aux yeux des chercheurs, mais ce qui est important est de parler d’une
mosaïque66 dans ce domaine.

Après avoir confirmé le mérite de l’emploi du terme d’analyse et la différenciation


entre "analyse du discours" et "analyse de discours", notre attention sera orientée vers
la notion du discours.

I.2.1. La notion du discours : une problématique


terminologique
L’ensemble des définitions que peut fixer le discours exprime vivement et
explicitement la polysémie comme caractéristique primordiale. Le discours, sous ses
diverses formes linguistiques aussi bien qu’extralinguistiques, se met en primauté et au
centre des recherches et des débats qui peuvent parfois s’affirmer comme un lieu de
conflit. En raison de sa grande extension, le terme de discours est souvent l’objet
d’étude par excellence de plusieurs recherches dans les disciplines les plus distinctes, à
savoir la rhétorique, la linguistique, la sociologie, la littérature, la philosophie et
d’autres domaines que le contexte ne nous permet de les signaler tous.

Tout dépend du chercheur de telle ou telle discipline, la notion du discours est


effectivement appréhendée à leur guise pourvu que son acception ne puisse être
circonscrite que dans le contexte de production.

Nous tenterons dans les pages qui suivent de mettre en lumière les différentes
acceptions de la notion du discours dans le cadre linguistique et même en dehors de
celle-ci. Cela se fait par le respect de l’ordre chronologique.

66
Nous avons employé le terme mosaïque parce qu’il est le plus approprié pour caractériser l’état de
l’analyse du discours.
CHAPITRE I :
44
L’état de la recherche en analyse du discours

Ainsi, nous remarquerons que la notion de discours est ancrée dans une série
d’oppositions classiques. Nous citons, en premier lieu, l’opposition discours/phrase.
Dans cette opposition, le discours est considéré comme : « une unité linguistique
constituée d’une succession de phrases »67. C’est dans cette conception que Zellig Harris
parle d’analyse du discours tandis que certains d’autres la nomme grammaire de
discours. Cependant, Dominique Maingueneau préfère parler aujourd’hui de
linguistique textuelle. C’est également sur la même interprétation de « discours »
introduite par Zellig Harris qu’insistent certains chercheurs actuels. Ces derniers
s’intéressent à la manière dont un énoncé se donne sens tout dépend des énoncés
précédents et suivants.

En second lieu, nous mettons le point sur une autre opposition, celle du discours et de
la langue. Ferdinand de Saussure définit la langue comme un système de signes68. Nous
déduisons donc que cette définition prend le sens inverse de celui du discours.
L’opposition langue/discours s’apparente de l’opposition saussurienne langue/parole.
Or, comme le signale Dominique Maingueneau dans son dictionnaire avec Patrick
Charaudeau, le discours peut être orienté vers deux types de dimensions : une
dimension sociale et une autre plutôt mentale.

Alan Henderson Gardiner adopte la première dimension. Pour lui, le discours est
« l’utilisation, entre les hommes, de signes sonores articulés, pour communiquer leurs désirs et
leurs opinions sur les choses »69 Il semblerait que la définition donnée par Alan Henderson
associe le terme de discours à celui de la parole. Avec une telle définition, la notion de
discours serait un synonyme légitime de la parole.

Pourtant, Gustave Guillaume opte pour la seconde dimension. Selon lui, dans le
discours, le physique, qu’est la parole, est omniprésent. C’est au niveau du discours

67
Dictionnaire d’analyse du discours, op.cit., p 185.
68
Voir le CLG cité plus haut.
69
Gardiner (Alan Henderson), Langage et actes de langage. Aux sources de la pragmatique, Presses
Universitaires de Lille, France, 1989, p 24.
CHAPITRE I :
45
L’état de la recherche en analyse du discours

que la parole prend corps, cela veut dire, à notre sens, que la parole se réalise par le
biais du discours. De ce fait, la vision de Gustave Guillaume nous parait défendre le
fait que les deux termes, à savoir le discours de la parole, sont différents l’un de
l’autre.

Devant cet état de fait, nous jugeons que le discours est la combinaison à la fois de la
dimension sociale et de la dimension mentale. Nous ne pouvons en aucun cas les
dissocier car la deuxième dimension, qui est mentale, est le résultat de la première,
qui est plutôt sociale : les deux fonctionnent en parallèle et serviront la même cause, le
discours.

Quand nous communiquons avec les autres en utilisant de signes sonores afin de leur
montrer nos sentiments et désirs, nous produisons systématiquement nos propres
paroles. De ce fait, ces dernières se réalisent et se matérialisent dans nos discours
émis.

Etant donné que la langue soit envisagée comme un système partagé par les membres
d’une communauté linguistique, elle s’oppose au discours, qui est considéré comme
un usage limité de ce système. Il peut s’agir, comme le souligne le dictionnaire
d’analyse du discours cité plus haut, d’un positionnement ambigu, d’un type de
discours, des productions verbales particulières d’une catégorie de locuteurs ou d’une
fonction du langage.

En troisième lieu, nous évoquons l’opposition entre discours et texte. Nous avons pu
distinguer que le discours n’est pas le texte parce que l’analyse du discours sépare le
discours, qui est : « l’objet de connaissance de la discipline »70, du texte, qui est considéré
en tant que « son objet empirique »71. Toutefois, si nous rajoutons les conditions de
production à celui-ci, nous pouvons, l’envisager comme un discours.

70
Eléments d’analyse du discours, op.cit., p13.
71
Ibid.
CHAPITRE I :
46
L’état de la recherche en analyse du discours

Pourtant, il faut accorder une place à des définitions plus restrictives du texte afin de
l’assimiler au terme de discours.

Denis Slakta envisage le texte comme une « séquence bien formée de phrases liées qui
progressent vers une fin »72Si nous fixons le discours comme étant une unité
transphrastique, c’est-à-dire dépassant la phrase, l’acception de Denis Slakta semble
tisser des liens de complémentarité entre le texte et la notion du discours, une relation
opposée, certes, mais complémentaire.

En dernier lieu, il ne nous reste qu’à mentionner la dernière opposition qui se réalise
entre discours et énoncé. Cette opposition a convenu, en France, d’apporter un point
de vue spécifique à l’analyse du discours. Selon Dominique Maingueneau, la distinction
entre discours et énoncé permet d’opposer deux modes d’appréhension des unités
transphrastiques : unité linguistique (énoncé), et marque d’un acte de communication
contextuellement déterminé (discours).

Au sujet de la distinction entre texte, énoncé et discours, Louis Guespin explique dans
son article intitulé « Problématique des travaux sur le discours »73, qu’« un regard jeté
sur un texte de point de vue de sa structuration « en langue » en fait un énoncé ; une étude
linguistique des conditions de production de ce texte en fait un discours. »74

A la lumière de cette citation, nous constatons que lorsque le texte est perçu du point
de vue de sa structuration, il est appelé énoncé. Or, au cas où ce même texte est
associé à ses conditions de production, il devient un discours.

Malgré le fait que le discours s’inscrive dans un contexte d’opposition, parfois de


contradiction, entre les concepts fondamentaux de la linguistique, tels que la phrase, le

72
Slakta (Denis), « Grammaire de texte : synonymie et paraphrase » in Aspects de l’ambigüité et de la
paraphrase dans les langues naturelles, Fuchs (Catherine) et Bès (Garbriel G), Peter Lang, Berne, 1985, pp
123-140.
73 e
Guespin (Louis), « Problématique des travaux sur le discours politique », in Langages, 6 année, n°23,
1971, pp 3-24.
74
Ibid.
CHAPITRE I :
47
L’état de la recherche en analyse du discours

texte et l’énoncé, il ne peut s’en dissocier complètement. Ce sont ces oppositions qui
lui rendent sa véritable identité, ambigüe et complexe qu’elle soit.

Ceci dit, à l’égard de son acception habituelle, il nous semble qu’il n’existe pas une
notion plus polyvalente dans le champ linguistique que celle du discours. Nous avons
pu apercevoir qu’en dépit de ses fonctions variées, le terme du discours a des
délimitations bien floues. D’après Georges-Elia Sarfati, la notion de discours peut
regrouper jusqu’à sept acceptions. Cette variété de définitions s’explique du fait que le
terme du discours change tout dépend de son utilisation ou du domaine dont lequel il
est appréhendé.

Le discours désigne le langage mis en action, c’est-à-dire qu’il est l’actualisation de la


langue chaque fois que quelqu’un parle. C’est l’acception qu’Emile Benveniste avance
au terme de discours75. Cette définition d’Emile Benveniste ressemble à peu près à
celle de Jean-Michel Adam:

« (…), un discours est un énoncé caractérisable certes par des


propriétés textuelles mais surtout comme un acte de discours
accompli dans une situation (participants, institutions, lieu,
temps) »76

La ressemblance entre la définition d’Emile Benveniste et celle de Jean-Michel Adam


nous paraît très claire. Nous avons remarqué que lorsque Jean-Michel Adam parle
d’un acte de discours défini dans une situation (participants, lieu, temps) il fait
involontairement allusion à la situation d’énonciation d’Emile Benveniste se résumant
en le « ici-moi-maintenant ».

75
Benveniste (Emile), « L'appareil formel de l'énonciation », in Langages, 5e année, n°17, 1970, pp. 12-18.
76
Adam (Jean-Michel), Eléments de linguistique textuelle : théorie et pratique de l’analyse textuelle,
Mardaga, Luxemburg, 1990, p 23.
CHAPITRE I :
48
L’état de la recherche en analyse du discours

Quant à la grammaire textuelle, elle considère le discours comme une entité ayant des
dimensions qui dépassent la phrase, il s’articule donc autour des règles d’enchainement
des suites de phrases.

Dans son article intitulé « Les bases théoriques en analyse du discours »77, Alpha Ousmane
Barry déclare que le discours semble étendre la grammaire du texte vers une
dimension au-delà de la phrase, une dimension dite transphrastique. C’est pour cette
raison que le terme du discours renvoie à d’autres notions telles que « la cohérence
discursive »78et « la cohérence textuelle »79. D’après lui, tout en étudiant les cohérences
des énoncés, la grammaire de texte a pour objet le discours vu comme une unité
universelle.

Revenons à l’acception d’Emile Benveniste qui entend par discours, toute instance
d’énonciation (le « moi-ici-maintenant » du sujet parlant). Pour ce théoricien, le
discours est considéré comme un énoncé ayant une dimension interactive80. Ainsi, une
opposition entre le discours et le récit prendra place dans l’enchaînement de son
raisonnement. Dans le cas du récit, « tout se passe comme si aucun sujet ne parlait »81, et
les évènements apparaissent comme s’ils se racontaient d’eux-mêmes, contrairement
au discours qui nécessite une situation d’énonciation supposant un locuteur s’adressant
à son interlocuteur.

Ce fait semble être très évident parce qu’au moment où le discours n’est pas saisi dans
sa situation d’énonciation, son sens peut être remis en question ou, dans les pires cas,
il sera affermi. Nous pouvons confirmer donc que le discours est incompréhensible,
voire indéfinissable sans l’associer à son contexte.

77
Alpha (Ousmane), « Les bases théoriques en analyse du discours », [En ligne], consulté le
28/02/2014, http://www.infoamerica.org/teoria_articulos/discurso01.pdf
78
Ibid.
79
Ibid.
80
Problèmes de linguistique générale I, op.cit.
81
Eléments d’analyse du discours, op.cit., p14.
CHAPITRE I :
49
L’état de la recherche en analyse du discours

De ce fait, l’apparition de la linguistique énonciative, la manière d’approcher le


discours a changé. Avec la prise en compte des conditions de production (les
extralinguistiques), le discours est conçu comme toute réalisation (verbale ou non)
d’énoncés suivis de leurs situations de production et d’interprétation.

Par ailleurs, pour Louis Guespin82:

« L’énoncé, c'est la suite des phrases émises entre deux blancs


sémantiques, deux arrêts de la communication; le discours, c'est
l'énoncé considéré du point de vue du mécanisme discursif qui le
conditionne. »83

Selon l’auteur, le discours s’oppose à l’énoncé. De même, la notion du discours


indique un ensemble d’énoncés de dimension transitoire issus d’une situation sociale
ou idéologique. Le professeur entend par énoncé de dimension transitoire, des
énoncés de nature variable. Ceci dit, pour mieux clarifier la situation sociale ou
idéologique dans lesquelles le discours est produit, nous citons l’exemple de
l’allocution d’une personnalité politique ou syndicale.

D’autre part, pour Dominique Maingueneau, le discours est tout un système de


contraintes menant vers la production d’un nombre infini d’énoncés à partir d’un
certain positionnement social ou idéologique. Nous avons pu saisir qu’entre
l’acception de Louis Guespin et celle de Dominique Maingueneau, il existe un lien en
commun. Les deux insistent sur le fait que le discours renferme un ensemble
d’énoncés articulés dans une situation sociale ou idéologique. Autrement dit, cette
situation vient de prime abord dans toute production verbale ou écrite dans la
détermination du sens.

82
Professeur de linguistique à l’université de Rouen.
83
Guespin (Louis), « Problématique des travaux sur le discours politique », in Langages, Vol.6, N°23, 1971,
pp. 3-24.
CHAPITRE I :
50
L’état de la recherche en analyse du discours

De plus, d’après Dominique Maingueneau, le discours réunit au minimum de


textualité et de contextualité, mais il est inévitablement associé à quelques idées de
base : son pouvoir fondateur et sa nature, le rôle crucial des genres de discours, la
suprématie de l’interdiscours, etc.84.

En effet, Dominique Maingueneau explique d’avantage dans son ouvrage publié sous
le titre de « Discours et analyse du discours : introduction »85, que la notion de discours est
accompagnée avec tout cet ensemble d’idées obligatoires et nécessaires à sa
conception. Parmi ces dernières, nous mentionnons que le discours est une
organisation qui dépasse les limites de la simple phrase. Si nous prenons compte de ses
propos sans prendre en considération les différentes dimensions qu’ils présentent, il
nous sera convenu de déduire que toute suite de mots dépassant la phrase est envisagée
comme un discours. Or, le théoricien explique cette confusion en insistant sur le fait
que « supérieure à la phrase » ne veut pas dire l’existence de l’enchaînement de deux
ou plusieurs phrases mais la présence « des structures d’un autre ordre que celles de la
phrase »86. Pour renforcer cette idée, nous nous attardons sur l’exemple de la
phrase « défense de fumer ». Bien que cette interdiction n’est constituée que d’une
seule phrase, elle est considérée comme discours parce qu’elle représente une unité
complète. Le dépassement de la phrase ne se réduit nullement à un ordre syntaxique,
il s’agit également d’un acte pragmatique.

L’exemple supra cité nous sera d’une grande utilité dans la vocation du deuxième
point qui touche au discours comme étant une forme d’action. Quand un passager
conçoit le message « défense de fumer », il s’abstiendra d’allumer sa cigarette. Cette
simple phrase a pu agir sur le comportement de celui-ci.

84
Maingueneau (Dominique), « l’analyse de discours et ses frontières », in Marges Linguistiques, n°9, mai
2005, pp.64-75.
85
Maingueneau (Dominique), Discours et analyse du discours : introduction, Armand Collin, Paris, 2014.
86
Ibid., p 19.
CHAPITRE I :
51
L’état de la recherche en analyse du discours

En effet, lorsque la phrase unique réagit sur autrui et crée un changement dans les faits
et, ainsi, un déclenchement d’une action, elle enlève son habillement pour se déguiser
en tant que discours.

La théorie des actes du langage de John Langshaw Austin montre bien que toute
énonciation forme un acte (interroger, affirmer, promettre, etc.) afin de modifier
une situation. Ce faisant, ces actes s’incorporent dans les genres de discours.

La troisième idée sur laquelle s’appuie Dominique Maingueneau insiste sur le fait que
tout discours est une interaction. Cette interactivité est faite entre deux ou plusieurs
partenaires dont sa manifestation est bien l’échange oral, la conversation.

Ces propos signifient que le terme de discours est limité dans la conversation dont les
protagonistes sont présents et interagissent. Or, il convient de préciser que
l’interactivité peut être établie entre un locuteur (un animateur de radio, par exemple)
s’adressant à ses auditeurs, même si ceux-ci sont virtuels. De ce fait, l’échange oral,
explicite ou implicite, suppose évidemment la présence d’une autre instance
énonciative à laquelle se destine le locuteur. Ainsi, le terme « destinataire » n’est point
satisfaisant car il est fort possible que ce destinataire soit présent ou passif. Donc, il est
préférable de parler d’ « interactants », de « co-locuteurs » ou de « co-
énonciateurs ».

La quatrième idée a toujours été apprêtée à la notion du discours qui est la


contextualité. Le terme de discours est contextualisé. D’ailleurs, nous ne pouvons
parler de discours sans son contexte. Sans ce dernier, le discours n’aura pas de sens, ou
que celui-là sera difficile à circonscrire.

Une autre idée considère que le discours doit obéir à un certain nombre de lois. Etant
le résultat d’un comportement social, le discours est impérativement régi par des
CHAPITRE I :
52
L’état de la recherche en analyse du discours

règles et lois87 sociales afin de garantir sa réception et son intégration dans la


communauté visée. Ainsi, toute énonciation doit se justifier et proclame ses raisons
d’être telle qu’elle se présente afin de soutenir la dérivation des significations.

La dernière idée que nous considérons la plus importante est celle qui confirme la prise
en charge du discours par un sujet parlant, un locuteur. D’ailleurs, sans la présence de
celui-ci, le discours n’aurait pas pu voir le jour. Il doit y avoir une personne de laquelle
nous rapportons les propos émis. C’est ce qui fait dire à Dominique Maingueneau que
: « Le discours n’est discours que s’il est rapporté à un sujet, un JE »88

En somme, nous admettons une dernière conception fondée sur le fait que le terme de
discours renvoie à tout système non verbal. Selon Emile Benveniste89, le discours ne
se limite pas au verbal, mais également aux signifiances qui se détachent du verbal
(espaces, gestualité, couleurs, sonorités, pratiques diverses). Autrement dit, tout signe
verbal ou non transmet un message, est considéré comme un discours.

Malgré toutes ces ambivalences à l’intérieur du discours, nous considérons que tous les
auteurs et chercheurs acceptent le fait que le discours signifie tout type de production
orale ou écrite établi par un locuteur, comparable, tantôt à la phrase tantôt supérieure
à celle-ci pourvu qu’il soit accompagné avec son contexte. Il s’agit ici de la même idée
développée par Michel Arrivé qui définit le discours comme :

‹‹ (…) une extension de la linguistique, ou comme symptôme


d'une difficulté interne de la linguistique (particulièrement dans

87
Ces lois ont été résumées dans le dictionnaire d’analyse du discours de Dominique Maingueneau et
Partrick Charaudeau et que nous mentionnons comme suit : loi d’exhaustivité, loi d’informativité, loi
d’économie, loi de litote, loi d’intérêt et la loi d’enchainement.
88
Discours et analyse du discours : introduction, op.cit., p 21.
89
Benveniste (Emile), Problèmes de linguistique générale II, Collection Tell, Gallimard, Paris, 1974, p 45.
CHAPITRE I :
53
L’état de la recherche en analyse du discours

le domaine du sens), rendant nécessaire le recours à d'autres


disciplines››.90

Tout ce qui a précédé nous a amené de prendre conscience de la réalité selon laquelle
la notion de discours est complexe. Elle dépasse les limites linguistiques. Elle est
même considérée en tant qu’un problème à l’intérieur de ce domaine. Devant cette
situation problématique, les linguistes sont obligés de sortir de leur champ d’étude
pour faire appel à d’autres disciplines afin de donner une signification plus ou moins
satisfaisante au discours en question. C’est ce qui nous emmène à une autre dimension
à l’intérieur de la discipline de l’analyse du discours, l’interdisciplinarité.

En effet, nous pouvons prétendre que l’analyse du discours, telle qu’elle est conçue
actuellement, est le résultat des entreprises des années soixante.

D’une part, nous trouvons la linguistique textuelle, l’ethnographie de la


communication, la pragmatique, etc. et d’autre part il y a l’école française d’analyse
du discours. Ces disciplines citées ci-dessus ont apporté beaucoup de changements à
l’analyse du discours d’aujourd’hui. Pour montrer l’hétérogénéité de la nouvelle
discipline, ou plutôt l’évolution de l’analyse du discours, nous pouvons désigner les
deux livres publiés par Dominique Maingueneau, considérés comme incontournables :
L’énonciation en linguistique française91, et Analyser les textes de communication92.

Cela dit, nous avons constaté que l’analyse du discours ainsi que son objet d’étude sont
hétérogènes et instables. Puisque les recherches sur la notion du discours sont le lieu
par excellence où coexistent de nombreuses approches. L’analyse du discours s’avère
être l’endroit de rencontre et d’échange entre les diverses disciplines. Non seulement
parce qu’elle a pour objet le discours, mais aussi parce que toute production (verbale

90
Arrivé (Michel), Gadet (Françoise) et Galmiche (Michel), La Grammaire d’aujourd’hui, Guide alphabétique
de linguistique française, Flammarion, Paris, 1986, p 233.
91
Maingueneau (Dominique) L’énonciation en linguistique française, Hachette, Paris, 1994.
92
Maingueneau (Dominique), Analyser les textes de communication, coll. Lettres sup, Dunod, Paris, 1998.
CHAPITRE I :
54
L’état de la recherche en analyse du discours

ou non) est considérée comme un discours, que celui-ci soit produit par un linguiste,
un sociologue, un littéraire ou autre.

Ainsi, nous mentionnerons que les études portant sur le discours sont considérées
comme un champ de recherche où de nombreuses contradictions coexistent et ce,
entre la multiplicité de ses courants et les approches venant d’autres disciplines ainsi
que la croissance des échanges entre eux. De même, la volonté de cerner son espace
spécifique et son autonomie et celle de s’incorporer dans les sciences humaines et
sociales. Mais ce champ, aussi instable et hétérogène de son identité, constitue un
stade de réflexion nouveau dont le langage, la subjectivité, la société, le sens et autres,
sont à la primauté des recherches.

I.3. La recherche en analyse du discours : perspective


internationale
Dès sa naissance, l’analyse du discours, est au noyau des réflexions d’un bon nombre
de chercheurs. Plusieurs penseurs venant de différents pays contribuent à la rénovation
et à l’élargissement de ce nouveau champ d’investigation. A cet effet, il nous paraît
adéquat de mettre le point sur le comment et le pourquoi de l’apport de chaque pays
dans la reconstitution de cette discipline ainsi qu’à l’état de la recherche.

Ainsi, nous présenterons dans ce qui suit l’essentiel de ce qui s’est fait sur l’analyse du
discours en illustrant notre travail par des exemples d’ouvrages et d’articles avant de
nous intéresser au contexte universitaire. En effet, notre bilan de recherche
s’effectuera sur la France, l’Angleterre, les Etats Unis, le Canada ainsi que les pays du
Maghreb.
CHAPITRE I :
55
L’état de la recherche en analyse du discours

I.3.1. Les ouvrages et thèses de doctorat en analyse du discours


en France
Notre synthèse de document effectuée dans la première partie de ce chapitre93 a révélé
l’apport indiscutable des nations européennes dans la reconstitution du champ de
l’analyse du discours. Raison pour laquelle, nous n’avons pas eu d’obstacles dans la
mise au point sur l’état de la recherche en analyse du discours au niveau de la
métropole.

Nous présenterons ce qui suit le fruit de notre enquête sur les ouvrages, articles,
revues ainsi que sur les universités françaises. Il faut dire aussi que les listes que nous
exposeront tout au long de ce travail ne sont point exhaustives et ne pourront en
aucun cas l’être parce que nous ne pouvons nullement tout citer dans cette recherche
mais ceci ne nous empêche pas de mentionner en bibliographie d’autres recherches
effectuées dans ce domaine.

En France, de nombreux ouvrages traitent de la problématique de l’analyse du


discours. Nous mentionnerons, ici, les plus célèbres et les plus utilisés dans la
recherche actuelle.

Nous citerons d’abord le Dictionnaire d’analyse du discours94 de Dominique Maingueneau


et Patrick Charaudeau qui se propose comme étant le premier dans son genre à réunir
toutes les notions spécifiques et les approches d’analyse propre à l’analyse du discours.

Le second ouvrage qui nous parait intéressant c’est celui intitulé L’analyse du discours :
histoires et pratiques95, il s’agit d’un ouvrage de Francine Mazière qui met l’accent,
quant à lui, sur l’histoire de l’analyse du discours ainsi que sur ses différentes pratiques
de 1966 à nos jours.

93
Voir la page 25.
94
Dictionnaire d’analyse du discours, op.cit.
95
Mazière (Francine), L’analyse du discours : Histoire et pratiques, coll. « Que sais-je ? », PUF, Paris, 2010.
CHAPITRE I :
56
L’état de la recherche en analyse du discours

L’ouvrage Discours et archives : expérimentations en analyse du discours96 de Jacques


Guilhaumou, Denise Maldidier et Régine Robin rend compte de la place de Denise
Maldidier dans ce champ de l’analyse du discours et met en lumière les différentes
collaborations qu’elle avait entretenues pendant une quinzaine d’années avec des
historiens et des linguistes. En second plan nous découvrons L'analyse du discours:
introduction aux lectures de l'archive97 de Dominique Maingueneau, ce dernier :

«(…)se propose d'offrir une nouvelle synthèse de l'état actuel de


cette discipline, présentée de manière accessible et dans la diversité
de ses approches : des travaux sur le vocabulaire aux problèmes de
cohésion, en passant par des réflexions d'ordre énonciatif ou
pragmatique »98

Texte et discours: catégories pour l'analyse99 de Jean-Michel Adam, Jean Blaise Grize,
Magid Ali Bouacha est un ouvrage qui se présente comme un recueil de travaux suite à
des actes de colloque sur les « Catégories descriptives pour le texte »100; Introduction à
l'analyse du discours en sciences sociales101de Julien Greimas ; Analyse du discours et sciences
humaines et sociales102 de Simone Bonnafous et Malika Temmar porte au discours
littéraire un intérêt certain de la part de Dominique Maingueneau.

Ces dernières décennies, les chercheurs français ont tendance à mettre en lumière
l’analyse du discours littéraire comme le reconnaît Dominique Maingueneau. Depuis

96
Guilhaumou (Jacques), Maldidier (Denise) et Robin (Régine), Discours et archives : expérimentations en
analyse du discours, Mardaga, Liège, 1994.
97
Maingueneau (Dominique), L'analyse du discours: introduction aux lectures de l'archive, Hachette, Paris,
1991.
98
Dominique Maingueneau, L'analyse du discours: introduction aux lectures de l'archive, [En ligne], consulté
le 12/01/2017, URL :
https://books.google.dz/books/about/L_analyse_du_discours.html?id=1KOiQgAACAAJ&redir_esc=y
99
Adam (Jean-Michel), Grize (Jean Blaise), Bouacha (Magid Ali), Texte et discours: catégories pour l'analyse,
Editions Universitaires de Dijon, Dijon, 2004.
100
En juin 2002, le Centre Gaston Bachelard a organisé un colloque abordant le sujet des catégories
descriptives pour le texte, à l’université de Bourgogne.
101
Greimas (Algirad Julien), Introduction à l'analyse du discours en sciences sociales, Hachette, Paris, 1979.
102
Bonnafous (Simone) et Temmar (Malika), Analyse du discours et sciences humaines et sociales, coll. « Les
chemins du discours », Ophrys, Paris, 2007.
CHAPITRE I :
57
L’état de la recherche en analyse du discours

les années soixante-dix, le développement d’une« analyse du discours littéraire »


recouvre des difficultés épistémologiques et institutionnelles pour les chercheurs des
deux disciplines, à savoir la littérature et l’analyse du discours. Depuis cette période,
l’analyse du discours s’est habituée à ne traiter que des textes abandonnés par les
facultés de lettres. Mais, à savoir que le discours est vu comme : « toute énonciation
socialement circonscrite peut a priori être abordée à travers le même réseau de concepts »103, nous
jugeons le fait qu’à l’intérieur de l’analyse du discours émerge une branche consacrée
particulièrement au discours littéraire et qui donne plus de consistance à un principe
fondateur de l’analyse du discours.

L’enjeu des relations entre analyse du discours et littérature se forme avec une
intensité singulière dès lors que la plupart des spécialistes de littérature considèrent le
recours à des méthodes et problématiques d’analyse du discours dans leur domaine
comme tout à la fois illégitime et inefficient. Mais, depuis quelques temps, cette
situation a beaucoup changé avec l’apparition d’ouvrages théoriques traitant de la
notion du discours littéraire. En ajoutant des ouvrages cités plus haut, nous citons
L’analyse du discours dans les études littéraire104 de Dominique Maingueneau et Ruth
Amossy, Le discours littéraire. Paratopie et scène d’énonciation105 de Dominique
Maingueneau, Au-delà des œuvres : les voies de l’analyse du discours littéraire106 de
Dominique Maingueneau avec la collaboration de Inger Ostenstad.

L’ouvrage de Dominique Maingueneau et Ruth Amossy est un ensemble d’actes de


colloque de Cerisy-la-Salle. Il présente une synthèse des courants de l’analyse du
discours qui s’intègrent progressivement aussi bien dans la recherche que dans
l’enseignement. Ainsi, les différentes études rassemblées traitent des questions de la
103
Maingueneau (Dominique), « Analyse du discours et littérature : problèmes épistémologiques et
institutionnels », Argumentation et Analyse du Discours, 1 | 2008, [En ligne], mis en ligne le 01 octobre
2008, Consulté le 15/08/2014. URL : http://aad.revues.org/351 .
104
Amossy (Ruth) et Maingueneau (Dominique), L’analyse du discours dans les études littéraires, Presses
Universitaires du Mirail, Toulouse, 2004.
105
Maingueneau (Dominique), Le discours littéraire. Paratopie et scène d’énonciation, Colin, Paris, 2004.
106
Maingueneau (Dominique) et Østenstad (Inger), Au-delà des œuvres : les voies de l’analyse du discours
littéraire, L’Harmattan, Paris, 2010.
CHAPITRE I :
58
L’état de la recherche en analyse du discours

relation entre le discours et la société afin d’aborder la scène d’énonciation et


l’hétérogénéité discursive.

Ces études ont été effectuées sur une diversité importante de textes littéraires de tout
genre : conte, épistolaire, théâtre, etc., et les textes littéraires dans les manuels
scolaires.

Dans la préface de l’ouvrage universitaire107 de Dominique Maingueneau et d’Inger


Ostenstad, les auteurs démontrent la participation de leur livre dans un domaine un
peu plus familier par les spécialistes de la littérature en s’inscrivant dans une méthode
de l’analyse du discours littéraire. Ainsi, ils confirment que ce courant n’a émergé qu’à
partir des années quatre-vingt-dix mais ne s’est constitué officiellement qu’à la suite du
colloque de Cerisy.

Si ce courant de pensée avait du mal à se reconstituer, le blâme pèse aussi bien sur
l’analyse du discours que sur la littérature. La première discipline conteste encore
pour revendiquer son autonomie tandis que la deuxième est caractérisée plutôt de
Belles-Lettres et n’ose inclure des démarches qui nuiront à son charme mystérieux.

Cependant, un groupe d’universitaires littéraires norvégiens ont trouvé dans l’analyse


du discours littéraire leur essor pour traiter des objets étrangers aux approches
traditionnelles. Le livre, intitulé Au-delà des œuvres : les voies de l’analyse du discours
littéraire108, présente quelques exposés qui ont été faits dans le cadre de la coopération
franco-norvégienne qui s’est tenue en novembre 2007 à la Maison des Sciences de
l’Homme109. L’ouvrage en question met en lumière des concepts clés de ce courant
d’étude et présente des analyses d’un corpus varié :

107
Maingueneau (Dominique) et Østenstad (Inger) classifient leur livre de collaboration sous le type des
ouvrages destinés aux universitaires.
108
Au-delà des œuvres : les voies de l’analyse du discours littéraire, op.cit.
109
Ibid.
CHAPITRE I :
59
L’état de la recherche en analyse du discours

« Cet ouvrage regroupe à parts égales des travaux d’universitaires


francophones et d’universitaires norvégiens. Les trois premiers
chapitres ont une visée nettement épistémologique, ils s’efforcent
de situer les concepts majeurs de l’analyse du discours. Les cinq
suivants abordent des corpus diversifiés. »110

Il nous est indispensable de citer la revue Langages dirigée par Jean Dubois et Jean
Sumpf qui a marqué à travers le numéro 13 intitulé « L’analyse du discours », les
débuts de cette discipline en France tout comme l’apparition simultanée de l’ouvrage
intitulé Analyse automatique du discours111 de Michel Pêcheux. Suite à ce numéro, on a
vu naître toute une série de numéros dans le cadre des études en analyse du discours,
tels que, le numéro 23 « Le discours politique »112, le numéro 37 « Analyse du
discours, langue et idéologies »113, le numéro 41 « typologie du discours politique »114,
etc.115

Revenons au discours littéraire qui est fort étudié par Dominique Maingueneau. Les
chercheurs français ont tendance ces dernières décennies à mettre en avant l’analyse du
discours littéraire. Comme le reconnaît Maingueneau, depuis les années soixante-dix,
le développement d’une« analyse du discours littéraire » recouvre des difficultés
épistémologiques et institutionnelles pour les chercheurs des deux disciplines, à savoir
la littérature et l’analyse du discours. Puisque, dès les années soixante, l’analyse du
discours s’est habituée à ne traiter que des textes abandonnés par les facultés de
lettres.

110
Ibid., la quatrième page de couverture.
111
Analyse automatique du discours, op.cit.
112
Guespin (Louis), Marcellesi (Jean Baptiste), Maldidier (Denis), Slakta (Denis), « Le discours politique », in
Langages, n°23, Paris.
113
Fuchs (Catherine) et Pêcheux (Michel), « Analyse du discours, langue et idéologies », in Langages, n° 37.
114
Guespin (Louis), « Typologie du discours politique », in Langages, n° 41.
115
Nous citerons dans la bibliographie l’ensemble des numéros qui ont contribué à la revendication de
l’analyse du discours.
CHAPITRE I :
60
L’état de la recherche en analyse du discours

Cependant, le discours est vu comme : « toute énonciation socialement circonscrite peut a


priori être abordée à travers le même réseau de concepts »116, nous jugeons le fait qu’à
l’intérieur de l’analyse du discours émerge une branche consacrée particulièrement au
discours littéraire donne davantage de consistance à un principe fondateur de l’analyse
du discours.

L’enjeu des relations entre analyse de discours et littérature se forme avec une
intensité singulière dès lors certains spécialistes de littérature considèrent le recours à
des méthodes et problématiques d’analyse du discours dans leur domaine comme tout
à la fois illégitime. Mais, depuis quelques temps, cette situation a beaucoup changé
avec l’apparition d’ouvrages théoriques traitant de la notion du discours littéraire. En
plus des ouvrages cités plus haut, nous signalerons L’analyse du discours dans les études
littéraire117 de Dominique Maingueneau et Ruth Amossy, Le discours littéraire. Paratopie et
scène d’énonciation118 de Dominique Maingueneau.

Les ouvrages et les articles cités plus haut ne sont nullement une liste exhaustive ni
restrictive des recherches en analyse du discours entamées en France. Puisque on ne
peut pas reconnaître un seul fondateur à l’analyse du discours ni juger le mérite de tel
ou tel travail de recherche rendu à un seul pays ou limité à une zone géographique
bien déterminée. Toutes les contributions se valent et se complètent

Prenons l’exemple de l’école française de l’analyse du discours qui pourrait ne pas se


constituer comme tel que l’on voit aujourd’hui sans l’apport du marxisme ou du
freudisme.

Ceci dit, dans le but de vérifier si le discours littéraire est aussi étudié dans les thèses
de doctorat que dans les ouvrages spécialisés, nous avons effectué une recherche

116
« Analyse du discours et littérature : problèmes épistémologiques et institutionnels », op.cit.
117
L’analyse du discours dans les études littéraires, op.cit.
118
Maingueneau (Dominique), Le discours littéraire. Paratopie et scène d’énonciation, Colin, Paris, 2004.
CHAPITRE I :
61
L’état de la recherche en analyse du discours

statistique sur le site internet des thèses françaises, thèses.fr119 qui nous a permis la
découverte de 435 thèses en sciences du langage et en littérature française depuis 2010
jusqu’à 2015. Ainsi, notre étude nous a conduits à la réalisation du tableau et des
courbes statistiques ci-dessous120.

Année de soutenance Sciences du Littérature


langage française

Spécialité

2010 44 10

2011 82 09

2012 62 13

2013 63 05

2014 68 07

2015 58 14

Tableau 1: le nombre des thèses de doctorat dans les deux spécialités

119
Le site des thèses françaises, [En ligne], consulté le 15/03/2017, URL http://www.theses.fr/
120
Par faute du grand nombre des thèses retrouvées, nous ne pouvons pas citer leurs intitulés. Raison pour
laquelle nous citons le lien permettant l’exploration de la totalité des thèses : [en ligne], consulté le
15/03/2017, URL :
http://www.theses.fr/?q=discours&fq=dateSoutenance:[2010-01-01T23:59:59Z%2BTO%2B2015-12-
31T23:59:59Z]&checkedfacets=discipline=Sciences%20du%20langage;discipline=Litt%C3%A9rature%20fran
%C3%A7aise;&start=0&status=status:soutenue&access=&prevision=&filtrepersonne=&zone1=titreRAs&val
1=&op1=AND&zone2=auteurs&val2=&op2=AND&zone3=etabSoutenances&val3=&op3=AND&zone4=dateS
outenance&val4a=&val4b=&type=
CHAPITRE I :
62
L’état de la recherche en analyse du discours

90

80

70

60

50
Sciences du langage

40 Littérature française

30

20

10

0
2010 2011 2012 2013

Figure 1: l'avancement de la recherche en AD dans les doctorats en France dans les deux spécialités

 Lecture et interprétation des données :

Les données collectées et présentées dans le tableau et les courbes statistiques ci-dessus
démontrent la situation de la recherche en analyse du discours dans les thèses de
doctorat en France. Nous remarquons la présence d’un décalage considérable entre le
nombre de thèses inscrites en sciences du langage et celui des thèses en littérature
française. Ainsi, la recherche en analyse du discours s’avance de plus en plus dans les
études linguistiques que dans les études littéraires. Elle est toujours en voie de
CHAPITRE I :
63
L’état de la recherche en analyse du discours

progression, contrairement à la littérature dont les chercheurs s’intéressent moins à


l’analyse du discours afin de l’adopter comme méthode de recherche.

En résumé, nous pouvons déclarer que ces statistiques illustrent la faiblesse de la


recherche en analyse du discours littéraire dans les thèses de doctorats en France.

I.3.2. Les ouvrages et thèses de doctorat en analyse du discours


en Angleterre
Les universités étrangères s’attachent à ce que leurs recherches obtiennent des
résultats de qualité définies en termes d’écrits universitaires. Selon ces mêmes
universités, la recherche avance en exerçant des comparaisons internationales quant
aux résultats et ne laissent passer aucune tentative de fraude ou de répétition.

Nous citons l’exemple des universités britanniques. Ces dernières années, le monde
universitaire britannique s’est distingué des autres universités par une forte exigence
de qualité pour se confronter à la compétitivité nationale et internationale. Cette
exigence, comme la révèle Marie-Agnès Détourbe121, a certainement participé à
l’apparition ainsi qu’à l’institutionnalisation et la perpétuation, voire même
l’immortalisation, de cette triple culture de l’évaluation, des classements et des
chiffres. L’intention et les préoccupations de tout instant de ces universités est de se
positionner comme les meilleures au niveau mondial et attirer le plus d’étudiants
étrangers possibles.

Cela se voit clairement dans les travaux de recherche des doctorants. En recherchant
les thèses publiées en ligne en analyse du discours de la bibliothèque britannique, nous
avons remarqué qu’il existait plus de deux milles cinquante-sept thèses. Comme
l’analyse du discours interfère dans presque toutes les disciplines, nous avons pu

121
Détourbe (Marie-Agnès), « Discours sur la qualité et qualité du discours des universités britanniques du
Russel Group », in Acteurs et contextes des discours universitaires Tome II, L’Harmattan, Paris, 2009, p 171.
CHAPITRE I :
64
L’état de la recherche en analyse du discours

détecter des thèses étudiant tout genre de discours : le discours littéraire, le discours
journalistique, le discours juridique, le discours médical et autres.

Jusqu’à une époque récente, le discours et l’analyse du discours étaient limités dans le
cadre des sciences du langage parce que l’analyse du discours s’intéressait aux
phénomènes langagiers et mettait à l’écart la littérature. C’est pour cette raison que
nous trouvons rarement des thèses ou des mémoires ou même des articles traitant de
la notion du discours littéraire.

Néanmoins, en poursuivant notre recherche sur les thèses publiées dans la bibliothèque
britannique, des indications pour des travaux de recherche en analyse du discours
littéraire sont présentées. Cela montre clairement le développement que connaisse
l’Angleterre en la matière d’analyse du discours.

La majorité des ouvrages sont écrits en anglais, tels que Discourse and literature122 de
Teun A. Van Dijk et Critical discourse analysis123du même auteur, Discourse analysis of
biblical literature : what it is and what it offers124 de Walter R.Bodine, etc.

I.3.3. Les ouvrages et les thèses de doctorat en analyse du


discours aux Etats Unis
Poursuivre sa recherche aux Etats-Unis est une occasion unique dont rêvent tous les
jeunes chercheurs de toutes les nationalités. Non seulement ils pourront bénéficier des
enrichissements intellectuels auprès des meilleures universités du monde qui se
représentent comme un véritable tremplin pour bâtir sa carrière de chercheur
professionnel sur l’échelle internationale, mais ils pourront également obtenir une

122
Van Dijk (Teun Adraniaus), Discourse and Literature, Critical theory v.3, John Benjamins B.V,
Amesterdam, 1985.
123
Van Dijk (Teun Adraniaus), «Critical discourse analysis», in Handbook of discourse analysis, Blackwell,
Oxford, 2001, pp 352-371.
124
Ray Bodine (Walter), Discourse analysis of biblical literature: what it is and what it offers, Scholars Pr,
Cambridge, 1995.
CHAPITRE I :
65
L’état de la recherche en analyse du discours

renommée certaine. De plus, les universités américaines offrent aux chercheurs


soucieux de véritables centres de recherche qui mettent à leur disposition des
dispositifs adaptés aux exigences fonctionnelles des nouvelles technologies.

Aux Etats-Unis, la dénomination officielle de l’ « analyse du discours » n’aurait pas vu


le jour sans l’apparition de l’article du linguiste américain Zellig Harris. Même si son
article présente des fondements méthodologiques très différents de ceux que
représente l’analyse du discours d’aujourd’hui, il demeure/demeurera un point de
départ sur lequel les théoriciens débouchaient des affirmations, des contradictions et
même des conflits sur les idées présentées dans l’article. Néanmoins, il convient
d’affirmer l’apport indiscutable des penseurs américains dans le changement ainsi que
dans l’épanouissement de la discipline. En effet, le défi que soulèvent leurs
problématiques-qui sont toujours en voie de renouvèlement prouve d’une ouverture
d’esprit impressionnante, un esprit critique très éveillé. Dans ce contexte, nous
mentionnons quelques ouvrages théoriques de l’analyse du discours édités aux Etats-
Unis, à titre d’exemple : Rhetoric in Detail: Discourse Analyses of Rhetorical Talk and Text
125
de Christopher Eisenhart et Barbara Johnstone, The Handbook of Discourse Analysis,
Volume 1126 de Deborah Tannen,Heidi E. Hamilton et Deborah Schiffrin, Conversation
analysis and discourse analysis127 de Robin Wooffitt, etc.

125
Eisenhart (Christopher) et Johnstone (Barbara), Rhetoric in Detail: Discourse Analyses of Rhetorical Talk
and Text, John Benjamins B.V, 2008.
126
Tannen (Deborah), E. Hamilton (Heidi) et Schiffrin (Deborah), The Handbook of Discourse Analysis,
Volume 1, WILEY Blackwell, USA, 2015.
127
Wooffitt (Robin), Conversation analysis and discourse analysis, SAGE Publications, Californie, 2005.
CHAPITRE I :
66
L’état de la recherche en analyse du discours

I.3.4. Les ouvrages et les thèses de doctorats en analyse du


discours au Canada :
Dans l’intention de faire le point sur la recherche en analyse du discours au Canada,
nous recourons aux recherches en analyse du discours social du « Cercle de Bakhtine »
de Montréal dirigé par Régine Robin, Antonio Gomez-Moriana et Marc Angenot128. Il
s’agit des lectures approfondies et des recherches sur les écrits du Cercle bakhtinien
composé respectivement de Mikhaïl Bakhtine, Medvedev, Volochinov. Leurs travaux
s’articulent essentiellement autour de la sociocritique qui a émergé vers les années
soixante-dix et qui est considéré comme :

«(…) un néologisme pour définir une méthode d’analyse qui


permet l’étude des textes culturels dans une optique sociale et
idéologique centrée sur la production et la productivité du
discours »129

En 1973, Régine Robin publiait un ouvrage menant une problématique nouvelle dans
un champ d’investigation très actuel, intitulé Histoire et linguistique130. Dans cet
ouvrage, elle élabore des réflexions épistémologiques tout en tenant compte du
marxisme et de l’archéologie du savoir de Michel Foucault. L’auteur, qui est l’une des
pionnières de l’école française d’analyse du discours, a contribué à l’innovation d’une
autre approche de la littérature en adoptant un point de vue différent, celui de
l’analyse sociologique de la littérature avec la collaboration de Marc Angenot. Ainsi,
nous soulignons l’apport considérable de celui-ci dans la promotion et la valorisation
de la recherche en analyse du discours social au Canada. En effet, suite à la parution de
l’ouvrage de Régine Robin, Histoire et linguistique131, Marc Angenot a publié un essai

128
En 1990, ce trio de chercheurs ont fondé à Montréal le Centre interuniversitaire d’analyse du discours et
de la sociocritique des textes, désormais (CIADEST).
129
Malcuzynscki (M.-Pierette), Entre-dialogues avec Bakhtin : ou, sociocritique de la (dé)raison
polyphonique, Rodopi B.V, Amsterdam, 1992, p 13.
130
Robin (Régine), Histoire et linguistique, Colin, Paris, 1973.
131
Ibid.
CHAPITRE I :
67
L’état de la recherche en analyse du discours

sur cet œuvre, intitulé « Régine Robin à ses débuts, ou : l’invention de l’analyse du
discours »132, où il a fait paraître le parcours et la carrière de l’historienne dès la
soutenance de sa thèse à Dijon en 1969 jusqu’à sa collaboration à la création de
l’ouvrage collectif avec Denise Maldidier et Jacques Guillaumou, Discours et archive133en
1994. Lui qui est plutôt littéraire, s’aventure dans une tendance nouvelle et étrangère
où tout le monde pense et fait des recherches.

Cet essai lui l’a emmené progressivement et intuitivement à l’invention de la théorie


de la critique du discours social qui :

« allait appréhender et analyser en totalité la représentation


discursive du monde telle qu'elle s'exprime dans un état de société,
production qui présuppose le système complet des « intérêts » dont
une société est chargée. Il s'agissait pour moi de construire une
problématique et une batterie de concepts susceptibles de rendre
raison de cette totalité de ce qui s'écrit, s'imprime et se diffuse à
un moment donné dans la société. Je cherchais à considérer dans
sa totalité l’immense rumeur de ce qui se dit et s'écrit en
embrassant tous les secteurs, toutes les disciplines, tous les «
champs » discursifs. Je voulais donner une consistance théorique à
un objet intuitif, la « culture » d'une époque, le Zeitgeist, l'esprit
du temps dans sa singularité »134

Les universités canadiennes accordent une place primordiale à la discipline d’analyse


du discours. Cela se concrétise au niveau des catalogues des bibliothèques mis en ligne.

132
Angenot (Marc), « Régine Robin à ses débuts, ou : L’invention de l’analyse du discours », in Caroline Désy
et al. (sous. dir.), Une Œuvre indisciplinaire : Mémoire, texte et identité chez Régine Robin, Presses de
l’Université Laval, Québec, 2007, pp 13-22.
133
Robin (Régine), Maldidier (Denise), Guillaumou (Jacques), Discours et archive, Mardaga, Paris, 1994.
134
Angenot (Marc), «1889 : pourquoi et comment j'ai écrit ce livre – et quelques autres», in Médias 19,
1889. Un état du discours social, Publications, 2013, [En ligne], consulté le 19 décembre 2016 à 10 :30, URL :
http://www.medias19.org/index.php?id=13856 . Voir également son site officiel disponible sur le lien :
http://marcangenot.com/?page_id=44
CHAPITRE I :
68
L’état de la recherche en analyse du discours

En effet, les sujets sur cette discipline occupent le premier rang de par le grand
nombre d’ouvrages que l’on procure.

En vue d’illustrer cette situation, nous citons, à titre d’exemple, l’Université Laval au
Québec qui fournit aux étudiants environ 1760 entre ouvrages théoriques et actes de
colloque aussi bien en français qu’en anglais et ce, dans le cadre de l’analyse du
discours. Parmi ces ouvrages, nous signalons, à titre de mention, L’argumentation dans
le discours : discours politique, littérature d’idées, fiction135 de Ruth Amossy, Les genres du
discours136 de Tzvetan Todorov, Discours et analyse du discours : introduction137 de
Dominique Maingueneau, Interdisciplinarité et transdisciplinarité en analyse du discours :
complexité des textes, intertextualité et transtextualité138 de Frédéric Darbellay, Le discours
rapporté dans tous ses états : actes du colloque international, Bruxelles, 8-11 novembre, 2011139,
etc.

Ainsi, les étudiants n’auront aucune difficulté à se documenter lors de la réalisation des
travaux de recherche que ce soit en Master ou en Doctorat. Il s’agit d’un gain au
niveau du temps et de l’argent qui leur permet d’avancer dans la recherche qui se sera
sûrement de bonne qualité. Afin de faciliter la tâche pour l’étudiant-chercheur et à
l’enseignant-chercheur, ce catalogue met à la disposition plusieurs regroupements
d’ouvrages portant essentiellement sur un genre de discours spécifique comme par
exemple le discours narratif, le discours littéraire, le discours argumentatif, etc. De ce
fait, le chercheur bénéficie toujours de l’économie temporelle à propos de la
recherche documentaire qui pourrait par défaut d’organisation, empêcher
l’avancement des études.

135
Amossy (Ruth), L’argumentation dans le discours : discours politique, littérature d’idées, fiction, 2000,
136
Todorov (Tzvetan), Les genres du discours, Seuil, Paris, 1978.
137
Maingueneau (Dominique), Op.Cit.
138
Darbellay (Frédéric), Interdisciplinarité et transdisciplinarité en analyse du discours : complexité des
textes, intertextualité et transtextualité, Slatkine, Genève, 2005.
139
Lopez Munoz (Juan Manuel), Marnette (Sophie), Rosier (Laurence), Le discours rapporté dans tous ses
états : actes du colloque international, Bruxelles, 8-11 novembre, 2011.
CHAPITRE I :
69
L’état de la recherche en analyse du discours

L’université Laval s’est octroyée une place parmi les six plus grandes universités
canadiennes de par la recherche et de par l’innovation et la création :

« Cette performance témoigne non seulement de la grande


expertise des membres de notre communauté, mais aussi du
profond engagement envers la mission et les valeurs universitaires
qui nous animent collectivement. Parmi ces valeurs, celles de
l'éthique et de l'intégrité sont au cœur d'une conduite responsable
en matière de recherche et de création. »140

Ces propos éveillent l’éthique chez les jeunes chercheurs pour veiller à ne pas
s’infecter de la corruption intellectuelle ou de la banalité des recherches entamées.

Cette recherche nous a permis de découvrir un nombre important de revues


professionnelles portant sur la linguistique, de manière générale, et sur l’analyse du
discours en particulier dont la plus célèbre et la plus visitée est la Revue Canadienne de
Linguistique141 (RCL) appartenant à l’université de Toronto. Cette revue publie des
articles sur l’originalité et l’actualité en langue française et en langue anglaise, traitant
des sujets les plus intéressants dans le domaine de la linguistique.

D’importants articles s’intéressent à la question du discours et de son champ de


recherche, nous signalons à titre d’exemple « Le discours mixte arabe français : emprunts ou
alternances de langue ? »142,

Ceci dit, nous avons entamé une recherche sur le site des thèses de doctorat
canadiennes143 afin d’évaluer le nombre des travaux sur l’analyse du discours. Les

140
Le site de l’université Laval, [En ligne], consulté le 4/12/2016 à 15.45, URL : https://www2.ulaval.ca/la-
recherche.html
141
la revue canadienne de linguistique, [En ligne], consulté le 4/12/2016, URL :
https://www.cambridge.org/core/journals/canadian-journal-of-linguistics-revue-canadienne-de-linguistique
142
Nait Mbarek (Mohamed), Sankoff (David), « Le discours mixte arabe français : emprunts ou alternances
de langue ? », in RCL, Vol.33, fascicule 2, UTP Journals, Juin 1988.
143
Le site des thèses de doctorat canadiennes, [En ligne], consulté le 15/04/2017, URL :
http://amicus.collectionscanada.gc.ca/s4-
CHAPITRE I :
70
L’état de la recherche en analyse du discours

résultats auxquels nous avons aboutis montrent que, depuis 2010 jusqu’à l’an 2015,
118 thèses de doctorat ont été soutenues auprès des universités canadiennes. Le
tableau et les courbes que nous présenterons ci-après révèlent le nombre de thèses
soutenues dans chaque spécialité, à savoir la littérature et la linguistique, par rapport à
une date de la période entre 2010 et 2015.

Année de dépôt

Littérature La linguistique

Spécialité

2010 07 10

2011 07 17

2012 11 14

2013 09 10

2014 09 17

2015 02 05

Tableau 2: le nombre de thèses dans chaque discipline au Canada

bin/Main/RouteRqst?btn=Previous&l=1&v=1&lvl=2&coll=18&r=1&i=&t=&rsn=S_WWWciaZCUUYF&rp=2&s
pi=DD&rp=2&dt=+MC+|discours|+ET+MC+|litt%E9rature|+OU+MC+|linguistique|+ET+LNM+fre
CHAPITRE I :
71
L’état de la recherche en analyse du discours

L'évolution de la recherche en AD au Canada


18

16

14

12

10

0
2010 2011 2012 2013 2014 2015

La littérature La linguistique

Figure 2: l'évolution de la recherche en AD dans les thèses de doctorat au Canada

 Lecture et interprétation des données

A la lumière du tableau et des courbes statistiques, nous pouvons apercevoir que la


recherche en analyse du discours dans les thèses de doctorat au Canada est plus avancée
en termes de travaux inscrits en linguistique qu’en littérature. De plus, nous
remarquons que le nombre de thèses portant sur l’analyse du discours est plus ou
moins stable dans la période entre 2010 et 2014. Or, en 2015, une chute libre du
nombre de travaux signalés a été détectée.
CHAPITRE I :
72
L’état de la recherche en analyse du discours

I.3.5. Les ouvrages et les thèses de doctorat en analyse du


discours au Maghreb
I.3.5.1. En Algérie :
Pour ce qui est de la recherche en analyse du discours dans les écrits universitaires et,
notamment, dans les thèses de doctorat, nous avons établi notre recherche sur le
Portail National de Signalement des Thèses (PNST). Or, nous avons découvert un
degrés moindre de réputation comme son nom l’indique, en raison de son manque de
la quasi-totalité des thèses de doctorat soutenues en Algérie, ce qui nous a poussé de
surfer hasardement à travers des sites des universités algériennes. A cet effet, nous
avons consulté les catalogues mis en ligne de chaque université algérienne qui, hélas,
ne mettent pas à jour le site afin de citer les thèses soutenues très récemment. Pour ces
raisons, nous avons jugé plus convenable de nous limiter aux thèses soutenues dans le
cadre de l’école doctorale Algéro-française de français (EDAF) disponibles sur le site
officiel de la coopération Algéro-française LaFEF144. Celui-ci est annuellement mis à
jour, ce qui nous donne l’opportunité de sélectionner les thèses de doctorat
récemment soutenues dans le cadre de cette école. En effet, nous avons découvert la
présence de soixante-dix thèses en analyse du discours dans les deux spécialités, à
savoir la littérature et science du langage, depuis 2005 jusqu’à 2015. Le tableau que
nous présenterons ci-après illustre les intitulés des thèses soutenues dans chaque
spécialité par rapport à une année universitaire bien précise.

144
« Créé par convention passée le 4 décembre 2011 entre le Ministère algérien de l’Enseignement
Supérieur et de la Recherche et l’Ambassade de France en Algérie, il prend la suite du programme
intergouvernemental FSP « École doctorale algéro-française de Français (EDAF) », qui a développé, de 2004
à 2011, une importante coopération bilatérale de formation diplômante (magistère et doctorat) pour
l’encadrement universitaire algérien. », [en ligne], consulté le 07/03/2017, URL : http://lafef.net/
CHAPITRE I :
73
L’état de la recherche en analyse du discours

Intitulé de la thèse Filière Date de


soutenance

1. Les procédés de désacralisation et de démythification dans la Littérature 2005


réécriture d’un texte sacré. Cas de Joseph et ses frères : la
réécriture du récit de Joseph par Thomas Mann

2. Le texte littéraire algérien décentré et ses discours Littérature 2005

3. L‘énonciation dans le texte discursif et l'ouverture du sens. Littérature 2005


Pratique textuelle de l'œuvre romanesque de Mohamed Dib

4. Mise en discours d'une différenciation sexuelle et construction Sciences 2008


romanesque d'une identité féminine dans un corpus de textes du du langage
XVIIIème siècle

5. l’œuvre romanesque de Mohammed Dib à la croisée des cultures : littérature 2008


de la source à la mer. Approche sémiotique.

6. Manifestations polyphoniques dans la lecture / écriture de littérature 2008


l’Histoire dans trois romans Djebar : L’Amour, la fantasia –
Loin de Médine – Femme sans sépulture

7. Stratégies énonciatives ou les lieux intimes de l’écriture littérature 2008


sensorielle : Nathalie Sarraute et Assia Djebar
CHAPITRE I :
74
L’état de la recherche en analyse du discours

8. L’alternance codique arabe dialectal/français dans des Sciences 2009


conversations bilingues de locuteurs algériens immigrés/non- du langage
immigrés

9. De l'interdiscours à l'écriture hybride dans l'oeuvre de Tahar Sciences 2009


Djaout. Discours Littéraire et discours journalistique du langage

10. Les pratiques linguistiques et alternance codique (français- Sciences 2009


arabe dialectal-chaoui) dans le discours des locuteurs de chaoui : du langage
Représentations spatiales et communication urbaine.

11. La problématique identitaire à travers la littérature Littérature 2009


d'expression française (Afrique noire, Antilles/Caraïbes,Liban-
Maghreb). De la période coloniale à l'heure et à l'aune de la
mondialisation. Quelle(s) identité(s) pour quelle mondialisation?
Vers un nous

12. Métissage et narrativité dans trois fictions francophones : Littérature 2009


L’Enfant de sable de Tahar Ben Jelloun, Solibo Magnifique de
Patrick Chamoiseau et Le Diable en personne de Robert Lalonde

13. Dynamique interactionnelle et potentiel acquisitionnel des Littérature 2009


activités communicatives orales de la classe de français langue
étrangère. Analyse comparative de deux types d’activités avec des
apprenants algériens
CHAPITRE I :
75
L’état de la recherche en analyse du discours

14. Analyse sémio-narrative de productions discursives féminines Littérature 2009


targui

15. Poétique et politique dans l'œuvre de Yasmina Khadra Littérature 2009

16. Figures et formes de la folie dans la littérature algérienne : Littérature 2009


La Disparition de la langue française d’Assia Djebar, N’zid de
Malika Mokaddem, À quoi rêvent les loups de Yasmina Khadra,
L’Escargot entêté de Rachid Boudjedra

17. Les stratégies discursives dans le discours politique algérien. Sciences 2010
Typologie textométrique de textes en langue française. du langage
Application aux discours de Bouteflika

18. Emprunt et créativité langagière : le cas du français dans la Sciences 2010


chanson algérienne (raï et rap) du langage

19. Pour une poétique de la relation père/fille Littérature 2010

20. Place et fonction du référent oral : d’une écriture à une Littérature 2010
autre, d’un texte à un autre. Cas d’étude : Mouloud Feraoun,
Ali Boumahdi et Rabah Belamri

21. Regards croisés sur le concept de noblesse à travers des textes Littérature 2010
judéo-chrétiens occidentaux et des textes orientaux musulmans

22. La représentation de l’Algérien à travers une étude Littérature 2010


CHAPITRE I :
76
L’état de la recherche en analyse du discours

diachronique. Histoire d’une stéréotypie.

23. Les dispositifs de fiction exprimant le corps chez Assia Littérature 2010
Djebar dans trois œuvres choisies : Les Enfants du Nouveau
monde, Ombre sultane, La Femme sans sépulture

24. Poétique du discours littéraire dans ses différents états Littérature 2010
artistiques : rapport écriture / peinture dans Une année dans le
Sahel d'E. Fromentin et Femmes d'Alger dans leur appartement
d'A. Djebar

25. Ecritures et représentations du Moi en situation Littérature 2010


d’interculturalité

26. Pratiques d'écritures de femmes algériennes des années 90 Littérature 2010


cas de Malika Mokeddem

27. Discours de l'Algérien sur lui-même : rôle et place des Sciences 2011
langues d'Algérie dans la “constitution” d'une image identitaire du langage
algérienne

28. Le parler des jeunes Tizi-ouzéens en milieu urbain. Vers une Sciences 2011
koinéisation sociolinguistique de la ville de Tizi-Ouzou du langage

29. Les stratégies argumentatives dans la presse écrite algérienne Sciences 2011
du langage
CHAPITRE I :
77
L’état de la recherche en analyse du discours

30. Etude des procédés énonciatifs et argumentatifs, à travers Sciences 2011


une analyse discursive des chroniques « Raina Raikoum » du du langage
Quotidien d'Oran

31. Créativité linguistique et alternances codique dans Sciences 2011


Djurdjurassique Bled de Fellag du langage

32. Représentations, stéréotypie et reconfiguration identitaire Sciences 2011


après une situation de crise. Analyse de la mise en scène du langage
journalistique de deux quotidiens : El Watan / Le Monde

33. Les stratégies argumentatives du discours publicitaire (étude Sciences 2011


de cas) du langage

34. Aspects des contacts des langues en contexte publicitaire Sciences 2011
algérien : analyse et enquête sociolinguistique du langage

35. Le changement lexico-sémantique dans le discours de Sciences 2011


l’économie en Algérie à travers l’émission radiophonique Le du langage
Rendez-vous de l’économie et le Quotidien El Watan

36. Représentations du personnage terroriste dans le roman Littérature 2011


algérien des années 90 : entre réalisme et étrangeté

37. Les nouvelles dramaturgies noires africaines francophones : Littérature 2011


évolutions, ruptures et mutations
CHAPITRE I :
78
L’état de la recherche en analyse du discours

38. Pour une approche sémiotique subjectale du sujet Littérature 2011


d'énonciation dans l'œuvre de Assia Djebar : être(s) en devenir

39. Poétique de la violence dans le roman algérien Littérature 2011


contemporain : Yasmina Khadra, Boualem, Sansal, Malika
Mokaddem et Rachid Boudjedra

40. De la pratique intertextuelle à l'écriture autofictionnelle Littérature 2011


dans les romans d'Assia Djebar et de Rachid Boudjedra

41. Ecriture de l'éclatement et/ou éclatement de l'écriture du Littérature 2011


texte de Malika Mokkedem

42. Étude des structures sémiotiques dans les romans Les Littérature 2011
Agneaux du Seigneur, À quoi rêvent les loups et L'Attentat de
Yasmina Khadra

43. Les graffitis de la ville d'Alger : entre langues, signes et Sciences 2012
discours du langage

44. Stratégies d'apprentissage / enseignement de la Sciences 2012


prononciation : quel(s) choix didactique(s) pour le français en du langage
contexte algérien ? (Le cas des étudiants du département de
Français à l'université d'Oran)

45. Approches sociolinguistiques des répertoires verbaux des Sciences 2012


jeunes algériens : pratiques et représentations du langage
CHAPITRE I :
79
L’état de la recherche en analyse du discours

46. Les représentations sociales de la langue et leur effet sur Sciences 2012
l’apprentissage du FLE (Cas des étudiants de première année de du langage
l'université de Batna)

47. Une mise à l'epreuve de l'intégration dans quelques romans Sciences 2012
dits » BEURS » Analyse socio-discursive de trois romans de la du langage
deuxième génération de l’immigration en France des années
2000

48. Mythes et mythologie à travers la littérature maghrébine. Littérature 2012


Exemples de trois romans : La Nuit sacrée de Tahar Bendjelloun,
Habel de Mohamed Dib et Poussières d’or d’Ibrahim Al Coni

49. La poétique du morcellement dans l’œuvre de Nina Littérature 2012


Bouraoui

50. La discontinuité énonciative dans l'œuvre de Mohammed Littérature 2012


Dib

51. Pouvoir de l’image et signifiance du texte en FLE : vers une Littérature 2012
analyse sémiotique des manuels scolaires du secondaire

52. Fonctions et représentations des langues auprès des étudiants Sciences 2013
de français en graduation du langage

53. Représentations sociolinguistiques en contexte plurilingue : Sciences 2013


la catégorisation des jeunes beurs par de jeunes Algériens ? du langage
CHAPITRE I :
80
L’état de la recherche en analyse du discours

54. Urbanité, spatialité et pratiques langagières dans un Sciences 2013


quartier d’Alger dit » populaire » : » Belcourt / Belouizdad / du langage
El-Hamma »

55. Étude du profil communicatif d'un certain type de déficients Sciences 2013
intellectuels : enfants trisomiques du langage

56. Littérature et mémoire collective : le cas de Driss Chraïbi et Littérature 2013


Fatéma Bakhaï

57. Dupin de Poe, Lecoq de Gaboriau et Holmes de Doyle : trois Littérature 2013
héros-détectives examinés sous la loupe comparatiste

58. Formes d'expression et sa mise en texte littéraire du rite dans Littérature 2013
le roman maghrébin. Le cas de : Le Démantèlement de Rachid
Boudjedra, L’Enfant de Sable de Tahar Ben Jelloun, Phantasia
de Abdel Wahab Meddeb

59. Mouloud Feraoun diariste : analyse du Journal 1955-1962 Littérature 2013

60. Analyse des interactions en FLE chez les P.E.M. stagiaires Sciences 2014
en fin de cycle : l’appréhension de la communication du langage

61. Langues et mise en mots de l’identité spatio-linguistique : Sciences 2014


cas de la Casbah d’Alger du langage

62. Langues, discours institutionnels et pratiques langagières Sciences 2014


CHAPITRE I :
81
L’état de la recherche en analyse du discours

des jeunes au Maghreb : les cas de L'Algérie et du Maroc. Étude du langage


de sociolinguistique

63. La place du français dans le discours épilinguistique de Sciences 2014


lycéens tizi-ouzouèens : approche praxématique du langage

64. Les stratégies argumentatives dans les discours du président Sciences 2014
ABDELAZIZ BOUTEFLIKA Étude de la désignation du langage

65. Malika Mokeddem : corps-signe(s) et écriture Littérature 2015

66. Le malentendu interculturel dans les différents dispositifs de Littérature 2015


discussion en ligne : communication synchrone & communication
asynchrone

67. Sémiotique de la conscience dans le nouveau roman. Michel Littérature 2015


Butor, Nathalie Sarraute, Alain Robbe-Grillet

68. Mobilités migratoires France/Algérie et contacts Sciences 2015


linguistiques : Une approche sociolinguistique du langage

69. Typographie et langage dans l’écriture de Mohamed DIB Sciences 2015


du langage

70. Les nouvelles formes de communication écrite (NFCE) en Sciences 2015


Algérie. Analyse sémiologique du langage

Tableau 3: panorama des thèses EDAF portant sur l'AD soutenues en Algérie
CHAPITRE I :
82
L’état de la recherche en analyse du discours

Afin de mieux présenter la situation de la recherche en analyse du discours dans les


doctorats EDAF, nous réaliseront le tableau synthétique et les courbes suivants :

Année de soutenance

Littérature Science du
langage
Spécialité

2005 3 /

2006 / /

2007 / /

2008 3 1

2009 6 3

2010 8 2

2011 7 9

2012 4 5

2013 4 4

2014 / 5
CHAPITRE I :
83
L’état de la recherche en analyse du discours

2015 3 3

Tableau 4: le nombre des thèses EDAF en AD en Algérie

nombre de thèses en analyse du discours


10

0
2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015

littérature science du langage

Figure 3: l'avancement de la recherche en AD dans les doctorats EDAF en Algérie


CHAPITRE I :
84
L’état de la recherche en analyse du discours

 Lecture des données collectées :

Le tableau et les courbes ci-dessus représentent le nombre de thèses EDAF en analyse


du discours soutenues dans chaque spécialité de 2005 à 2015. Il semble que les travaux
de doctorat en analyse du discours sont plus réalisés dans les études littéraires qu’en
science du langage. Malgré le fait que les chiffres sont proches (38/32), la différence
marquée par les six thèses nécessite d’être mise en exergue et par voie de
conséquence, elle doit être prise en considération.

Avant d’entamer cette recherche, nous avons tiré profit des idées reçues qui insistent
sur le fait que l’analyse du discours est plus relatée dans les études linguistes qu’en
littérature. Or, ces données contredisent ces préjugés et confirment que l’analyse du
discours peut être fortement abordée dans toutes les sciences humaines et sociales.

I.3.5.2. En Tunisie :
Le laboratoire de recherche en Langues, Discours et Cultures (LDC) de l’Institut
Supérieur des Sciences Humaines de Jendouba (ISSHJ), mène des recherches, entre
autres, en analyse du discours en étudiant tout genre de discours, à savoir le discours
littéraire, le discours médiatique, le discours journalistique, le discours politique, etc.

Ce laboratoire est sous la direction du professeur Jacqueline Bacha et contribue


considérablement à l’avancement des recherches en analyse du discours en organisant
de nombreux colloques sur le sujet et en faisant participer ses membres à des congrès
aussi bien nationaux qu’internationaux. Il faut également signaler l’unité de recherche
en analyse du discours sous la direction de Hamadi Samoud et le laboratoire de la
Grammaire du Discours et Théorique Pragmatique sous la direction de Moncef
Achour de l’Université de Manouba. Ces deux équipes de recherche privilégient
CHAPITRE I :
85
L’état de la recherche en analyse du discours

l’étude des discours en tant que priorité, tenant compte des évènements socio-
politiques du pays considéré.

Au sujet de la recherche en analyse du discours dans les écrits universitaires en Tunisie,


nous avons tenté de chercher dans le site theses.rnu.tn145 qui se propose comme un
portail national du signalement des thèses tunisiennes. Cependant, notre recherche a
été un échec avéré du fait que celui-ci n’englobe que les thèses en cours de
préparation. Malgré la présence d’une rubrique spécifique pour les thèses soutenues,
néanmoins celle-ci est demeurée toujours en construction. Raison pour laquelle, nous
nous sommes confiés au moteur de recherche Google scolaire afin de voir l’état
d’avancement des recherches en analyse du discours en Tunisie. A cet effet, nous
avons découvert que le site des thèses françaises inclut les thèses de doctorat
tunisiennes soutenues dans le cadre de l’école doctorale tuniso-française. En effet,
nous avons pu découvrir la présence de soixante-treize thèses portant sur l’analyse du
discours des deux spécialités, à savoir la littérature et science du langage.

Nous avons résumé ci-après les données collectées dans le tableau et les courbes:

145
Le site des thèses tunisiennes, [En ligne], consulté le 13 février 2017, URL : theses.rnu.tn
CHAPITRE I :
86
L’état de la recherche en analyse du discours

Spécialité

Littérature Science du
langage
Année de soutenance

2005 / 1

2006 / 1

2007 / /

2008 / 1

2009 4 2

2010 4 1

2011 1 8

2012 1 9

2013 1 5

2014 1 10

2015 8 9

Tableau 5: le nombre de thèses en AD en Tunisie


CHAPITRE I :
87
L’état de la recherche en analyse du discours

l'analyse du discours en Tunisie


12

10

0
2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015

littérature science du langage

Figure 4: l'avancement de la recherche en AD dans les doctorats en Tunisie

 Lecture des données collectées :

A la lumière des statistiques sus-citées, nous remarquons que les doctorats portant sur
l’analyse du discours sont plus avancés en science du langage qu’en littérature. Pendant
la période entre 2005 et 2008, aucune thèse de doctorat lettres en analyse du discours
n’a été signalée tandis qu’en science du langage, nous remarquons la soutenance d’une
seule thèse chaque année de cette même période. Nous avons pris connaissance
CHAPITRE I :
88
L’état de la recherche en analyse du discours

également que la recherche en analyse du discours en Tunisie est d’ordre général en


progression par rapport au nombre croissant des thèses soutenues dans ce cadre. En
effet, depuis 2010 les recherches en analyse du discours avancent de plus en plus par
rapport aux années antérieures.

I.3.5.3. Au Maroc :
A l’instar de l’Algérie et la Tunisie, la recherche en analyse du discours au Maroc se
caractérise par une faiblesse considérable en termes d’ouvrages et se bat encore pour
sortir des champs d’application qui ne servent qu’à aplatir la science et masquer
l’innovation des jeunes chercheurs. Cependant, il ne faut pas nier les contributions
d’un certain nombre de professeurs. A cet égard, nous citons l’exemple du professeur
El Mostafa Chadli qui, en soutenant sa thèse de 3ème cycle en 1980, a ouvert les voies
aux prochains chercheurs de s’aventurer dans un champ relativement récent, l’analyse
du discours. Dans le cadre de son travail de doctorat intitulé, « Isotopies narratives ;
isotopies axio-idéologiques : Etude sémiotique d'un corpus de contes merveilleux marocains »146,
le professeur El Mostafa Chadli a procédé par :

« Enquête, collecte de contes merveilleux, constitution du corpus


de travail, transcription phonétique, traduction en français et
établissement de correspondances narratives, en termes de motifs et
de parcours héroïques, constituent les principales étapes de cette
recherche précédant l'analyse, d'inspiration structurale et le
traitement discursif qui l'a suivie. L'analyse formelle s'est
préoccupée de la dimension spatiale du récit, de l'interaction des
acteurs du conte et de la dimension sémantique, avant d'ouvrir le

146
Chadli (El Mostafa), Isotopies narratives ; isotopies axio-idéologiques : Etude sémiotique d'un corpus de
ème
contes merveilleux marocains, thèse 3 cycle, sous la direction de Lacoste-Dujardin (Camille), EHESS,
Paris, 1980.
CHAPITRE I :
89
L’état de la recherche en analyse du discours

champ sur l'imaginaire et sur les modes de sa perception à


l'intérieur du conte merveilleux »147

En 1995, ce même professeur a publié au niveau de l’Université Mohammed V, un


essai sur la sémiotique, intitulé Sémiotique : vers une nouvelle sémantique du texte :
problématique, enjeux et perspectives théoriques148. Cet essai revendique fortement sa place
parmi ses semblables dans le rang des références les plus renommées aussi bien au
niveau local (le Maroc) qu’ailleurs (l’Europe et l’Occident) dans le domaine de la
sémiotique, en particulier, et de l’analyse du discours en général.

De plus, nous citerons également la contribution de Saïd Bennis de l’Université


Mohammed V Rabat, qui a opté pour l’analyse du discours comme outil
méthodologique afin d’analyser les situations sociales et la diversité culturelle au
Maroc. Parmi ces nombreuses publications en français et même en d’autres langues, à
savoir l’anglais et l’arabe, nous citons les articles intitulés « Discours islamiste,
pluralité linguistique et diversité culturelle au Maroc »149, « Dynamique épilinguistique
au Maroc. Le cas des discours des Chleuhs »150, etc. Son parcours dans le domaine
d’analyse du discours a vu l’aube dès l’obtention de son doctorat d’Etat, intitulé
Contact de langues et de populations au Maroc : entre idéal linguistique et idéal identitaire. Cas

147
Chadli (El Mostafa), Isotopies narratives ; isotopies axio-idéologiques : Etude sémiotique d'un corpus de
ème
contes merveilleux marocains, thèse 3 cycle, sous la direction de Lacoste-Dujardin (Camille), EHESS,
Paris, 1980, [En ligne], consulté le 13 février 2017, URL :
http://www.limag.refer.org/new/index.php?inc=dspliv&liv=00006514
148
Chadli (El Mostafa), Sémiotique : vers une nouvelle sémantique du texte : problématique, enjeux et
perspectives théoriques, Faculté des Lettres et des Sciences Humaines, Rabat, 1995.
149 Bennis (Saïd), « Discours islamiste et paradigme de la pluralité linguistique et de la diversité

culturelle au Maroc », dans Les Islamistes au défi du pouvoir. Discours, représentation et médiatisation,
El Mostapha Chadli, 2016, pp. 171-181, [en ligne], consulté le 18 février 2017, URL :
http://www.academia.edu/29394083/Discours_islamiste_pluralit%C3%A9_linguistique_et_diversit%
C3%A9_culturelle_au_Maroc
150 Bennis (Saïd), « Dynamique épilinguistique au Maroc », in Cahiers d’études africaines, pp. 163-

164, 2001, [En ligne], mis en ligne le 21 novembre 2013, consulté le 18 février 2017, URL :
http://etudesafricaines.revues.org/113
CHAPITRE I :
90
L’état de la recherche en analyse du discours

de la plaine du Tadla151, dont l’objectif de sa thèse est intervenu afin de remédier et de


vérifier la situation du contact des langues avec les populations au Maroc.

Dans le but de prendre connaissance de la situation actuelle de la recherche en analyse


du discours dans les universités marocaines, nous avons eu recourt au site de
signalement des thèses marocaines, dénommé Otrohati152. Bien que ce catalogue ne
soit pas annuellement mis à jour et ne représente guère toutes les thèses en
préparation ou même celles soutenues, il n’en demeure pas moins que nous pouvons
user de ses ressources.

Les statistiques auxquelles nous sommes parvenus, sont présentées dans le tableau et
les courbes ci-après :

151 Bennis (Saïd), Contact de langues et de populations au Maroc: entre idéal linguistique et idéal
identitaire. Cas de la plaine du Tadla, Doctorat d’Etat, sous la direction du professeur Boukous
(Ahmed), Université Mohammed V- Agdal, Faculté des Lettres et des Sciences Humaines, Rabat, 2006.
152Le site des thèses marocaines, [En ligne], consulté le 20 février 2017, URL : http://otrohati.imist.ma/
CHAPITRE I :
91
L’état de la recherche en analyse du discours

Intitulé de la thèse Option Date de


dépôt

Analyse sémio-linguistique du discours soufi


Sciences du 2010
langage,
sciences de
discours

Approche sémiologique du discours publicitaire: cas


du secteur touristique au Maroc Littérature 2011

L'Oralité à travers le discours romanesque d'Amadou


Hampâté Bâ, Attitude sociale ou pratique littéraire Littérature 2012

L'Oralité à travers le discours romanesque d'Amadou


Hampâté Bâ, Attitude sociale ou pratique littéraire Littérature 2012

La photolittérature-Territoires du visible et du lisible,


le discours de l'image Littérature 2012

« SOI » ET L' « AUTRE » A TRAVERS LES


DISCOURS DES MANUELS SCOLAIRES EN Littérature 2013
USAGE AU MAROC ENTRE 1930 ET 1990
LE TEXTE LITTERAIRE AU LYCEE MAROCAIN :
DISCOURS, PERSPECTIVES ET PRATIQUES DE Littérature 2013
CLASSE
Légendes et récits de saints dans la région de Bzou
Sciences du 2013
langage,
sciences de
discours

L'Ironie dans le discours politique des médias


Sciences du 2013
langage,
sciences de
CHAPITRE I :
92
L’état de la recherche en analyse du discours

discours

Insécurité linguistique et identité culturelle chez les


étudiants: Cas de l'enseignement supérieur public et Sciences du 2013
privé de Casablanca langage,
sciences de
discours

L’argumentation dans la discours politique


marocain :cas du discours du gouvernement de Littérature 2013
Mr.Abdelilah BENKIRANE et de l’opposition
Le discours politique féminin
Littérature 2013

L'analyse du Discours Féministe au Maroc


Littérature 2013

L'analyse du discours de l'exrtrême gauche française


Littérature 2013

L'argumentation dans les discours politiques. Etude du


cas du terrorisme Littérature 2013

Le discours touristique sur la destination Maroc entre


réel et imaginaire Littérature 2013

L’énonciation dans le discours populiste au Maroc


Littérature 2013

Le discours électoral de Benkirane: Les législatives de


2011 au Maroc Sciences du 2013
langage

Les fluctuations du discours politique portant sur la


femme à travers les médias audiovisuels marocains de Science du 2014
1980 à 2012. langage
CHAPITRE I :
93
L’état de la recherche en analyse du discours

La communication Sociale et Persuasive pour les


résorption des quartiers Clandestins: Cas de l'Agencee Science du 2014
pour l'Aménagent de la Vallée du Bouregreg langage,
sciences de
discours

Les stratégies communicationnelles dans le discours


médiatique télévisé. Le cas de la chaine qatarie Al Littérature, 2014
Jazeera communication

Vers une approche pragmatique et cognitive de


l'analyse du discours publicitaire Littérature 2014

Histoire de la critique d'Art au Maroc: l'évolution du


discours critique sur la peinture marocaine (des années Langue, 2014
60 à 2010) Littérature

Genre,imaginaire social et mouvement féministe au


Maroc le discours féministe au carrefour de multiples Littérature, 2014
idéologies communication

Aspects de l'ironie dans le discours politique marocain


Littérature, 2014
communication

Procedés du texte politique de près la critique et la


rhétotique arabe Texte et 2015
discours

La phrase complexe en amazighe


Sciences du 2015
langage,
sciences du
discours
CHAPITRE I :
94
L’état de la recherche en analyse du discours

La pensée politique de abdellah laroui analyse sémio-


linguistique des écrits politique de l'auteur Sciences du 2015
langage,
sciences du
discours

La communication publique et sociale ou sein des


services publics cas de l'hopital ibn sina de rabat Sciences du 2015
langage,
sciences du
discours

Analyse du discours religieux au Maroc le discours de


Abdessalam Yassine comme exemple Littérature 2015

aspects phonologique du parler d'ait sgougou (le cas de


l'assimilation et de le dissimilation) dans le cadre de la Sciences du 2015
théorie de l'optimalité langage,
sciences du
discours

Enjeux politiques et rhétoriques dans les discours de


Robes Pierre et de Vergniaud Littérature 2015

Tableau 6: panorama des intitulés des doctorats en AD au Maroc


CHAPITRE I :
95
L’état de la recherche en analyse du discours

Année de dépôt

Littérature Sciences du
langage
Spécialité

2010 / 1

2011 / 1

2012 1 1

2013 5 8

2014 2 4

2015 / 9

Tableau 7: le nombre de thèses en AD dans chaque discipline au Maroc


CHAPITRE I :
96
L’état de la recherche en analyse du discours

L'avancement de la recherche en AD dans les


doctorats au Maroc
10

0
2010 2011 2012 2013 2014 2015

Littérature sciences du langage

Figure 5: l'avancement de la recherche en AD dans les doctorats au Maroc

 Lecture et interprétation des données collectées :

A la lumière du tableau et des courbes statistiques ci-dessus, nous remarquons que la


recherche en analyse du discours est plus avancée dans le cadre des sciences du langage
que dans celui de la littérature.

Aucune thèse n’a été signalée en littérature qu’à partir de l’année 2012, tandis qu’en
sciences du langage, nous repérons la présence d’une seule thèse dans chaque année de
la période entre 2010 à 2012. En 2013, la recherche aussi bien en littérature qu’en
CHAPITRE I :
97
L’état de la recherche en analyse du discours

sciences du langage a bien avancé en termes quantitatifs de thèses signalées en analyse


du discours. Les courbes réalisées démontrent que la recherche universitaire en analyse
du discours est en voie de progression dans le domaine des sciences du langage mieux
qu’en littérature qui se caractérise par une déficience considérable au sujet de la
productivité scientifique.
CHAPITRE II

Étude comparative des thèses portant sur


l’analyse du discours
CHAPITRE II
99
Etude comparative des thèses portant sur l’analyse du discours

Le présent chapitre se veut une partie à la fois analytique et comparative de notre


corpus. Nous y analyserons voire comparerons les titres, les introductions et les
conclusions de thèses de doctorat objets de notre étude.

En vue d’une étude comparative, notre étude porte sur douze thèses ayant comme
méthode de recherche l’analyse du discours et s’inscrivant majoritairement en
littérature comme spécialité. Le tableau ci-dessous présentera les intitulés des thèses
accompagnées de leurs dates de soutenance ainsi que de leurs établissements
d’appartenance.

Titre de la thèse Date de Université Pays


soutenance d’appartenance

1 Pour une approche sémiotique 2010 Université Hadj Algérie


subjectale du sujet d'énonciation Lekhdar-Batna
dans l'œuvre de Assia Djebar : être(s)
Thèses algériennes

en devenir153

2 La discontinuité énonciative dans 2012 Université Algérie


l’œuvre de Med Dib d’Oran 1 Ahmed
Ben Bella
Corpus d’appui : Le métier à tisser et
l’infante maure154

153
Betouche (Aini), Pour une approche sémiotique subjectale du sujet d’énonciation dans l’œuvre de Assia
Djebar : être(s) en devenir, thèse de doctorat EDAF, soutenue en 2010, Université Hadj Lekhdar-Batna,
Algérie. [en ligne], URL :: http://theses.univ-
batna.dz/index.php?option=com_docman&task=cat_view&gid=742&Itemid=2
154
Berbaoui (Nacer), La discontinuité énonciative dans l’œuvre de Med Dib. Corpus d’appui : Le métier à
tisser et L’infante maure, thèse de doctorat EDAF, soutenue en 2012, Université d’Oran 1 Ahmed Ben Bella,
Algérie, [en ligne], URL : http://theses.univ-oran1.dz/document/42201235t.pdf
CHAPITRE II
100
Etude comparative des thèses portant sur l’analyse du discours

3 Le discours sur l’Espace et le Temps 2013 Université Algérie


dans l’œuvre de Malika d’Oran 1 Ahmed
MOKEDDEM155 Ben Bella

4 Sémiotique de la conscience dans le 2015 Université Algérie


Nouveau Roman. Michel Butor, Mouloud
Nathalie Sarraute, Alain Robe- MAMMERI de
Grillet156 Tizi-Ouzou

5 Dialogisme et lecture. 2011 Université de France


Reims
Polyphonie et sens dans le discours
Thèses françaises

Champagne-
romanesque157
Ardenne

6 Espace et Poésie chez Baudelaire 2011 Université France


Sorbonne
Typographie, Thématique Et
Nouvelle - Paris
Énonciation158

155
Belkheir-Ghariri (Khaldia), Le discours sur l’Espace et le Temps dans l’œuvre de Malika MOKEDDEM, thèse
de doctorat EDAF, soutenue en 2013, Université d’Oran 1 Ahmed Ben Bella, Algérie, [en ligne], URL :
http://theses.univ-oran1.dz/document/42201343t.pdf
156
Meksem (Malika), Sémiotique de la conscience dans le Nouveau Roman. Michel Butor, Nathalie Sarraute,
Alain Robbe-Grillet, thèse de doctorat EDAF, soutenue en 2015, Université Mouloud MAMMERI de Tizi-
Ouzou, Algérie, [en ligne], URL : http://www.ummto.dz/IMG/pdf/MEKSEM_Malika.pdf
157
Moisuc (Ilie), Dialogisme et lecture. Polyphonie et sens dans le discours romanesque, thèse de doctorat,
soutenue en 2011, Université de Reims Champagne-Ardenne, France, [en ligne], URL :
http://www.theses.fr/2011REIML016
158
Hirota (Daichi), Espace et Poésie chez Baudelaire. Typographie, Thématique et Enonciation, thèse de
doctorat, soutenue en 2011, Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3, France, [en ligne], URL ::
http://www.theses.fr/2011PA030108
CHAPITRE II
101
Etude comparative des thèses portant sur l’analyse du discours

7 Le théâtre de Sarraute : polyphonie 2014 Université de France


et énonciation159 Bourgogne

8 Énonciation et transtextualité 2015 Université Nice France


Sophia Antipolis
Dans le roman africain francophone
de La migritude160

9 L'énonciation De L'exil Et De La 2009 Université de Canada


Mémoire Dans Le Roman Féminin Toronto
Thèses canadiennes

Francophone: Anne Hébert, Aminata


Sow Fall, Marguerite Duras161

1 Quand l’autre Prend La Parole. La 2009 Université Laval Canada


0 Représentation De Trois Formes
d’altérité Dans Le Roman

159
Zaarour (Suzanne), Le théâtre de Sarraute : Polyphonie et énonciation, thèse de doctorat, soutenue en
2014, Université de Bourgogne, France, [en ligne], URL : http://www.theses.fr/2014DIJOL032
160160
Liambou (Ghislain Nikaise), Enonciation et transtextualité dans le roman africain francophone de la
migritude, thèse de doctorat, soutenue en 2015, Université Nice Sophia Antipolis, France, [en ligne], URL :
http://www.theses.fr/2015NICE2011
161161
Diouf (Mbaye), l’Enonciation de l’exil et de la Mémoire dans le roman féminin francophone : Anne
Hébert, Aminata Sow Fall, Margueritte Dura, thèse de doctorat Ph.D, soutenue en 2009, Université Laval,
Canada, [en ligne], URL : www.theses.ulaval.ca/2009/26250/26250.pdf
CHAPITRE II
102
Etude comparative des thèses portant sur l’analyse du discours

Contemporain162

1 « Nous avons voulu parler de nous » 2013 Université Laval Canada


1 Le discours éditorial des féministes
québécoises (1972-1987) dans
Québécoises deboutte !, Les têtes de
pioche et La Vie en rose163

1 Les traducteurs dans les collections 2013 Université Canada


2 littéraires en France (1821-1852) : d’Ottawa
Identités réelles et discursives164
Tableau 8: représentation des intitulés de thèses-corpus

 Présentation du tableau

La première thèse algérienne, contenue dans le tableau est intitulée « Pour une approche
sémiotique subjectale du sujet d'énonciation dans l'œuvre de Assia Djebar : être(s) en devenir »,
étudie les œuvres d’une romancière algérienne très étudiée dont la réflexion est
centrée autour du sujet énonciatif romanesque. Elle vise une redécouverte et une
relecture du texte djebarien en révélant dès son titre les préoccupations majeures de
l’étude et la méthode adoptée qui semble embrasser le champ d’analyse u discours et
qui est la sémiotique subjectale.

162
Cabri (Julie), Quand l’autre prend la parole. La représentation de trois formes d’altérité dans le roman
contemporain, thèse de doctorat Ph.D, soutenue en 2009, Université de Toronto, Canada, [en ligne], URL :
https://tspace.library.utoronto.ca/handle/1807/32003
163
Bergeron (Marie-Andrée), « Nous avons voulu parler de nous » Le discours éditorial des féministes
québécoises (1972-1987) dans Québécoises deboutte !, Les têtes de pioche et La Vie en rose, thèse de
doctorat Ph.D, soutenue en 2013, Université de Laval, Canada, [en ligne], URL :
www.theses.ulaval.ca/2013/29982/29982.pdf
164
Hiba Ghadie (Hiba Alah), Les traducteurs dans les collections littéraires en France (1821-1852) : identités
réelles et discursives, thèse de doctorat, soutenue en 2013, Université d’Ottawa, Canada, [en ligne], URL :
https://www.ruor.uottawa.ca/bitstream/10393/30225/1/Ghadie_Heba_2013_these.pdf
CHAPITRE II
103
Etude comparative des thèses portant sur l’analyse du discours

La deuxième thèse intitulée : « La discontinuité énonciative dans l’œuvre de Med Dib. Corpus
d’appui : Le métier à tisser et l’infante maure », explore l’interruption d’énonciation dans
l’œuvre de Mohammed Dib en mettant en exergue les œuvres de l’auteur. Elle
démasque une certaine discontinuité sur l’échelle énonciative. L’introduction du
terme « énonciative » dans le titre signale au lecteur l’adoption d’une des méthodes
d’analyse du discours.

La troisième thèse, « Le discours sur l’Espace et le Temps dans l’œuvre de Malika


MOKEDDEM. », s’intéresse aux procédés d’écriture chez Malika Mokeddem dans trois
de ses romans, à savoir, Les Hommes qui marchent 165, Le Siècle des Sauterelles 166 et
L’interdite 167 afin de savoir s’il existe un effet de répétition, de fidélité ou d’écartement
par rapport à son projet littéraire qui insiste sur le fait d’inscrire les fictions aussi bien
dans l’espace que dans le temps.

La quatrième thèse : « Sémiotique de la conscience dans le Nouveau Roman : Michel Butor,


Nathalie Sarraute, Alain Robe-Grillet. », porte sur l’étude de la conscience des
personnages dans quelques romans appartenant à différents écrivains reconnus dans le
courant du Nouveau Roman. Cette recherche adopte une étude sémiotique étant l’une
des méthodes principales d’analyse du discours et à laquelle on fait souvent appel dans
le cadre des recherches littéraires.

La deuxième série dans notre corpus contient des thèses françaises dont la
première : « Dialogisme et lecture.Polyphonie et sens dans le discours romanesque », met en
valeur (dialogisme/polyphonie) ; deux approches d’analyse du discours intimement
liées mais présentant quelques nuances168.

Quant à la deuxième thèse de cette série, «Espace et Poésie chez Baudelaire : Typographie,
Thématique Et Énonciation », elle porte sur le mécanisme et la valeur de l’espace
165
Mokeddem (Malika), Les Hommes qui marchent, Ramsey, Paris, 1990.
166
Mokeddem (Malika), Le Siècle des Sauterelles, Ramsey, Paris, 1992.
167
Mokeddem (Malika), L’interdite, Grasset et Fasquelle, Paris, 1993.
168
Nous expliquerons ces approches en détail dans la deuxième partie de ce chapitre.
CHAPITRE II
104
Etude comparative des thèses portant sur l’analyse du discours

poétique dans les écrits de Baudelaire. Ainsi, ce travail s’articule autour de la


typographie du discours poétique, de sa thématique afin d’arriver à son énonciation.
Ces composants de la poésie baudelairienne (à savoir, la typographie, la thématique et
l’énonciation), présentent une certaine homologie au niveau discursif.

Pour ce qui est de la troisième thèse française, « Le théâtre de Sarraute : polyphonie et


énonciation », elle s’intéresse à l’énonciation qui s’impose souvent dans une étude
portant sur l’analyse du discours. L’étude s’ouvre sur le déchiffrement des instances
énonciatives au sein des œuvres fortement polyphoniques dans le sens où les
différentes répliques de personnages s’y enchevêtrent.

La dernière thèse française composant notre corpus : « Énonciation et transtextualité


Dans le roman africain francophone de La migritude », étudie la notion de la migritude dans
l’œuvre africaine d’expression française selon la perspective énonciative et
trantextuelle.

Quant à la troisième série de notre corpus, elle contient quatre thèses canadiennes
dont la première : « L'énonciation De L'exil Et De La Mémoire Dans Le Roman Féminin
Francophone:Anne Hébert, Aminata Sow Fall, Marguerite Duras », explore ’écriture
romanesque francophone dans différentes œuvres féministes qui se distinguent par
leurs styles, leurs parcours et leurs cultures. Leurs auteures partagent quelques aspects
en commun (la langue d’écriture, la souffrance du colonialisme français, etc). Cette
recherche démontre la présence d’un discours de l’exil et instaure des discours
dominants que la Mémoire collective ne peut s’en passer et les garde comme étant
l’Histoire du peuple pour les générations à venir. Elle repose sur l’énonciation
renvoyant le lecteur aux théories des discours.

La deuxième thèse canadienne, « Quand l’autre Prend La Parole. La Représentation De Trois


Formes d’altérité Dans Le Roman Contemporain. », étudie a notion d’altérité en appelant à
ses différentes formes et enjeux selon la vision de l’Autre. Son titre n’explicite pas
CHAPITRE II
105
Etude comparative des thèses portant sur l’analyse du discours

l’approche suivie mais la proposition « Quand l’Autre prend la parole » évoque une étude
discursive du parlé de l’Autre.

La troisième thèse titre : « NOUS AVONS VOULU PARLER DE NOUS » : Le discours


éditorial des féministes québécoises (1972-1987) dans Québécoises deboutte !, Les têtes de pioche
et La Vie en rose », explore le discours éditorial féministe dans trois revues célèbres du
courant québécois dans le but de marquer les différentes stratégies des féministes. Par
le processus de la prise de parole, chaque revue utilise une rhétorique qui lui est
spécifique afin de communiquer son idéologie, son appartenance et son
positionnement par rapport au champ féministe.

Quant à la dernière thèse dans cette série : « Les traducteurs dans les collections littéraires
en France (1821-1852) : Identités réelles et discursives », elle se focalise sur le phénomène
des collections de traductions en France au XIXe siècle afin de découvrir les identités
réelles et discursives des traducteurs. Ce travail consiste à voir jusqu’à quel point les
identités réelles des traducteurs reflètent leurs identités discursives et de voir de quelle
façon ces signataires se présentent au lectorat.

II.1. Éléments méthodologiques sur l’intitulé d’une thèse


de doctorat
Souvent, le titre d’une recherche scientifique ne dépasse pas trois lignes et ne se
termine pas par un point. Il est également censé être problématique et renferme les
éléments essentiels à la rédaction de la thèse, à savoir le thème, la méthode ou la
théorie adoptée et le corpus d’étude. Ces éléments peuvent ajuster l’angle de vision
des lecteurs et permettent de juger de la qualité voire du degré de scientificité du
travail de la recherche en question. À ce sujet, Pierre Mongeau souligne que :

« (…) le titre d’un mémoire n’a pas à être ennuyeux, long et


fastidieux. Il peut même être intéressant, amusant et stimulant.
CHAPITRE II
106
Etude comparative des thèses portant sur l’analyse du discours

Toutefois, il ne doit non plus être ésotérique ou loufoque. Il doit


renseigner et intéresser la lectrice ou le lecteur potentiel. À sa
lecture, la personne doit minimalement pouvoir reconnaître la
thématique traitée ou le problème abordé. Cela de manière
suffisamment précise pour déterminer si votre travail peut
l’intéresser. Le titre peut aussi évoquer les principaux résultats et
indiquer l’angle d’approche utilisé. Techniquement, un titre
compte habituellement moins de 200 caractères. »169

À la lumière de cette citation, il est à noter que la formulation du titre d’un travail de
recherche scientifique n’est pas assez rigoureuse ou exclusive, c’est-à-dire que, si
l’intitulé de la thèse en question manque d’un élément parmi ceux mentionnés supra,
il ne sera pas exclu ou rejeté mais il pourrait rencontrer des remarques de la part des
examinateurs dans un comité scientifique assez exigeant.

Il est à préciser que le titre ou l’intitulé de la thèse doit, minimalement, mettre en


évidence le thème abordé ou le problème traité. D’autres constituants peuvent
facultativement s’y ajouter, comme à titre d’exemple, l’évocation des principaux
résultats et l’indication de la méthode utilisée dans le traitement des données
collectées.

Nul ne peut nier le rôle du titre dans une thèse dans la mesure où il sert à attirer
l’attention du lecteur et l’inciter à lire le contenu du travail en question. Il tient à
donner un « avant-garde » du contenu du texte avec lequel il tisse des liens de
complémentarité et de continuité tout en étant impérativement précis, concis et clair.
C’est pourquoi, il est indispensable au chercheur de bien examiner la formulation de
l’intitulé de sa thèse pour qu’il ait

169
Mongeau (Pierre), Réaliser son mémoire ou sa thèse, Presse Universitaire du Québec, Québec, 2008, p
125.
CHAPITRE II
107
Etude comparative des thèses portant sur l’analyse du discours

« (…) les éléments essentiels de la recherche à savoir, le choix du


sujet, la problématique, le choix du corpus, la méthode et le plan
éventuellement. Il faut signaler encore une fois que tous ces
éléments constitutifs du titre de la recherche doivent être exposés et
explicités dans l’introduction générale de la recherche même, c’est-
à-dire de [la thèse] »170

En surfant sur le net pour collecter la documentation nécessaire pour ce chapitre, nous
étions stupéfaits du nombre d’ouvrages sur la rédaction scientifique. Cependant, en les
consultant, nous avons remarqué qu’ils négligeaient le titre, leur attention est
beaucoup plus orientée vers les différentes étapes de la réalisation d’une thèse ou
encore les éléments constitutifs d’un travail de fin d’études.

II.1.1. Les principaux constituants d’un titre d’une thèse de


doctorat
II.1.1.1. Le sujet de recherche ou le thème
Le choix du sujet est une étape importante pour le chercheur qui veille à respecter
certains facteurs afin que le comité scientifique soit satisfait et par voie de
conséquence, adhère à son choix. Certes, choisir un sujet qui le passionne peut
sembler adéquat et épanouissant mais ce qui lui plait peut être jugé ordinaire aux yeux
des autres. C’est pourquoi, il est impératif de penser, non seulement à l’intérêt
personnel, mais aussi au respect du degré important de scientificité car « (…) une

170 ème
Deramchi-Raissi (Samia), polycopié de français : construction de projet 2 année Master, [en ligne],
consulté le 04/03/2017, URL : http://www.inlibroveritas.net/oeuvres/33936/polycopie-de-francais-
construction-de-projet-2eme-annee-master#pf12
CHAPITRE II
108
Etude comparative des thèses portant sur l’analyse du discours

recherche part toujours de ce « quelque chose » qui s’est imposé à [lui], à [sa] vue ou à [sa]
raison et qui [le] tient. »171

Avant de choisir n’importe quel sujet de recherche, le doctorant doit se rassurer que sa
thématique de recherche tient un apport par rapport au champ scientifique dans lequel
s’inscrit sa thèse. Si non, il risque le dénouement de son travail et, dans les pires des
scénarios, le refus d’inscription en doctorat proposé.

Nombreux sont ceux qui sombrent dans la confusion entre les deux notions, à savoir le
thème et le sujet de recherche au point où ils utilisent l’un pour désigner l’autre et
vice-versa. C’est pourquoi, il est utile de savoir que le thème est

« (…) un domaine général d’exploration scientifique, dans lequel


on tire un sujet d’étude précis dont on cherche à découvrir et
développer certains aspects. (…) [Il] sert à définir le domaine
global de la recherche. Ainsi, pour rédiger [une thèse], l’étudiant
doit pouvoir formuler le sujet d’étude à partir d’un thème général
de recherche. »172

C’est donc à partir du thème que l’on peut formuler un sujet de recherche pertinent,
cohérent par rapport au domaine d’étude, spécifique et orienté. Le sujet à choisir
désigne

« (…) la question ou le problème idéel tiré d’un thème de


recherche, et sur quoi s’applique et s’oriente la réflexion dans un
travail scientifique. En d’autres termes, c’est ce qui constitue le

171
Lavarde (Anne-Marie), Guide méthodologique de la recherche en psychologie, De Boeck, Bruxelles, 2008,
p 48.
172
Koulakoumouna (Etienne), Réussir la rédaction et la soutenance d’un mémoire de recherche : guide
pratique, L’Harmattan, Paris, 2005, p 12.
CHAPITRE II
109
Etude comparative des thèses portant sur l’analyse du discours

contenu de l’étude présentée selon un grand degré de précision et


sur lequel s’effectue la recherche sans confusion. »173

II.1.1.2. Le corpus d’étude


Choisir un corpus d’étude est une étape cruciale et déterminante dans la recherche
scientifique. Quel que soit le domaine envisagé, il est question d’une matière concrète
; un corpus qui s’avère indispensable à la recherche pour que les résultats ne soient pas
incertains ou remis en question. Grâce au corpus, le chercheur pourra choisir son
thème de recherche car « (…) en analyse du discours comme dans d’autres sciences sociales,
c’est souvent le corpus qui, en fait, définit l’objet de recherche qui ne lui préexiste pas. Ou plutôt,
c’est le point de vue qui construit un corpus, qui n’est pas un ensemble prêt à être enregistré. »174

De ce qui précède, nous remarquons la présence de deux perspectives qui nous


semblent différentes ou, plutôt, contradictoires. La première idée exalte l’importance
du corpus dans la détermination du sujet de recherche dans la mesure où le corpus
circonscrit l’objet et la problématique de recherche. Cependant, la deuxième idée
privilégie la conception fondée sur le fait d’aller des exigences de la recherche pour
construire son corpus via lequel les hypothèses de travail seront vérifiées. Dans le cas
du manque du corpus, le chercheur est censé trier un ensemble de données lui
permettant l’examen de ses esquisses de travail, chose qui peut s’avérer, en
dépendance des capacités individuelles très énigmatiques.

En effet, la majorité des chercheurs tombent dans le piège de sélection d’un sujet
d’une éventuelle étude avant même d’envisager préalablement la collecte des données
incontournables à la recherche en question. De ce fait, ils se confrontent à des
problèmes liés à l’absence du corpus d’étude ou à son incompatibilité avec le sujet
choisi.

173
Ibid., p 13.
174
Dictionnaire d’analyse du discours, Op.Cit., p 149.
CHAPITRE II
110
Etude comparative des thèses portant sur l’analyse du discours

La phase de la constitution du corpus serait difficile chez certains chercheurs selon leur
domaine de spécialité, raison pour laquelle on trouve une diversité de données
(visuelles, sonores, audiovisuelles, etc.). Une fois la collecte du corpus clôturée, la
recherche se chemine avec une fluidité impressionnante.

II.1.1.3. La méthode de recherche


La détermination des méthodes et des approches dans un écrit universitaire constitue
un point crucial dans la réalisation ainsi que l’aboutissement de l’étude. Le choix de la
méthode doit respecter le domaine ou la discipline où la recherche est envisagée ainsi
que son application sur le corpus choisi. Vu son importance primordiale, la méthode
de recherche doit figurer dans l’intitulé de la thèse afin de guider le lecteur.

II.1.1.4. Le plan
Afin de mener une recherche à terme, le chercheur doit veiller à ce qu’il structure son
travail selon un plan qui répond principalement aux exigences méthodologiques de la
recherche en question. Figuré dans la table des matières ou sous forme rédigée dans
l’introduction, le plan de la thèse enchaine des idées cohérentes correspondant à la
problématique de recherche et à l’intitulé de la thèse.

Bref, l’intitulé de la thèse doit faire écho avec son plan et la relation entre ses deux
éléments va dans les deux sens, c’est-à-dire l’un renvoie à l’autre.
CHAPITRE II
111
Etude comparative des thèses portant sur l’analyse du discours

II.2. Analyse des intitulés de thèses-corpus

 Pour une approche sémiotique subjectale du sujet d’énonciation dans l’œuvre d’Assia Djebar :
Être(s) en devenir

Ce titre présente tout d’abord l’approche sémiotique subjectale appliquée sur le


corpus d’étude. Ensuite, apparaît le sujet de recherche focalisé sur l’étude du sujet
prenant en charge l’énonciation dans l’œuvre d’Assia Djebar. Il s’agit d’une multitude
de sujets qu’elle y met sur scène. L’expression « Être (s) en devenir » émet des
interprétations qui diffèrent d’un lecteur à un autre. La consonne mise entre
parenthèses désigne le pluriel et élimine toute confusion. Les êtres renvoient, ici à des
personnages ; à des instances énonciatives qui désirent se transformer et devenir
autres. Cependant, l’intention derrière l’inscription de ce syntagme nominal dans le
titre reste indéterminée. Comme nous avons précisé plus haut, le titre d’une thèse de
doctorat doit nécessairement refléter et faire éco du contenu de celle-ci. Nous
vérifierons cela dans les lignes suivantes.

La thèse portant ce titre contient deux grandes parties dont chacune comporte deux
chapitres. La première partie «Les instances sujets entre (h) histoire (s) et témoignage (s) »,
est consacrée à l’étude de l’instance énonçante sujet. C’est la partie où on démontre
que cette instance se conjugue avec différentes identités dont chacune se manifeste par
rapport au changement des modalités. Cette relation est réciproque du fait que « ces
dernières [les identités] seront fonction de l’enchainement des modalités et qu’ [on verra] que le
changement de la position des modalités définit plusieurs types d’identités. »175 Il s’agit de
l’analyse du fonctionnement du vouloir chez les différents sujets afin de rendre compte
de son rôle dans le cheminement du récit. Il est question également du changement du
statut des sujets à des non-sujets selon plusieurs paramètres aussi bien intérieurs
qu’extérieurs. Il est à signalé que

175
Pour une approche sémiotique subjectale du sujet d’énonciation dans l’œuvre d’Assia Djebar : Être(s) en
devenir, Op.Cit., p 23.
CHAPITRE II
112
Etude comparative des thèses portant sur l’analyse du discours

« cette partie [est] consacrée à des sujets particuliers : des


témoins de programmes de mort qu’ils jugent. Dans l’acte même
de juger, la perception et le champ positionnel des sujets
interviennent pour décider de la fiabilité ou de la non-fiabilité
de leurs jugements. Ce qui fait d’eux des sujets dignes de
confiance ou non. Plus encore : il [est] question de l’art de
produire des témoins. »176

Ce passage présente un autre aspect de l’étude menée dans la première partie qui fait
un constat sur les différents sujets au moment où ils participent à la définition de la
qualité de leurs jugements en prenant position par rapport à leurs arbitrages des
évènements, ce qui crée « l’art de produire des témoins »177

Quant à sa deuxième partie intitulée « L’univers passionnel des sujets », elle laisse lire
que les sujets énonçants mettent en jeux des émotions lors de leurs prises de position,
ce qui a comme résultat le changement de leurs statuts. Pour ce faire, son premier
chapitre traite de la question des effets passionnels dans la mesure où ces

« Effets affectifs s’obtiennent à la suite de la réunion d’au moins


deux modalités. La modulation des modalités, qui définit l’identité
actantielle, produit aussi des effets affectifs. En fin de compte, lors
de notre analyse pour les différents aspects de l'identité actantielle
causés par la combinaison modale, nous rencontrerons en même
temps des effets affectifs produits par la réunion des modalités.
C'est pourquoi nous voyons des passions dans la transformation
actantielle. »178

176
Ibid.
177
Pour une approche sémiotique subjectale du sujet d’énonciation dans l’œuvre d’Assia Djebar : Être(s) en
devenir, Op.Cit., p 23.
178
Ibid., p 24.
CHAPITRE II
113
Etude comparative des thèses portant sur l’analyse du discours

Cet extrait fait apparaître l’application de la sémiotique subjectale sur le corpus via
l’utilisation des concepts propres à cette approche, tels que la modulation, les
modalités, les effets affectifs, des passions, l’identité actantielle.

Alors que le deuxième chapitre étudie la passion chez le sujet prenant en charge
l’autobiographie. Ce qui se lit dans les propos suivants:

« Nous verrons que ce sujet passe par des phases pour atteindre
l’amour en tant que passion et objet de valeur auquel il veut se
conjoindre. Par ailleurs, nous verrons que cette passion en tant
qu’objet n’est pas vraiment atteinte par cette instance à la fin de
la troisième phase durant laquelle elle sera sujet zéro ou plus
exactement forme‐sujet avec la fonction principale de simuler la
conjonction. La passion en question sera donc vouée à la mort. »179

Cet extrait confirme la quête de l’objet de valeur par l’instance sujet mais cette quête
n’aboutit qu’à la troisième phase où l’instance devient un sujet zéro dont l’amour
épouse la mort.

De cela, nous confirmons que le titre de cette thèse est étroitement lié aux différentes
parties de l’étude. L’auteure de la thèse a su structurer son travail de façon à ce qu’elle
approche son corpus par rapport à la sémiotique subjectale. Les quelques citations que
nous avons citées supra sont en rapport avec l’approche appliquée. Ainsi, l’utilisation
du syntagme nominal « Être (s) en devenir » devient plus explicite du fait que notre
première lecture correspond à ce que nous avons trouvé dans le plan du travail : il
s’agit de sujets qui changent de statuts par rapport aux différents évènements narratifs.

179
Ibid.
CHAPITRE II
114
Etude comparative des thèses portant sur l’analyse du discours

 La discontinuité énonciative dans l’œuvre de Med Dib- Corpus d’appuie : Le métier à tisser et
L’infante maure

Nous remarquons que ce titre est formulé de manière à ce qu’il fasse apparaître deux
parties, à savoir : « La discontinuité énonciative dans l’œuvre de Med Dib » et « Corpus
d’appuie : Le métier à tisser et L’infante maure ». La première partie désigne bel et bien le
sujet de recherche qui porte sur l’étude de la discontinuité de plusieurs aspects dans
l’écriture dibienne. Le premier mot qui attire l’attention du lecteur de cet intitulé est
celui de la discontinuité étant l’un des thèmes les plus intéressants dans l’étude des
œuvres romanesques. Bien que peu de recherches universitaires s’y aventurent, il
demeure un aspect particulièrement rebattu dans plusieurs ouvrages théoriques des
théoriciens les plus frappants dans le cadre littéraire. De son étymologie, qui se veut
« un manque de continuité »180, nous déduisons le mécanisme de son étude. En effet, il
s’agit de percevoir comment la continuité sur différents plans a été interrompue.
Même si le concept « discontinuité » est simple d’apparence, sa réception est plus
compliquée. Il touche une surface plus large et plus vaste dans le champ littéraire. Tel
l’illustrent les propos ci-après,

« La discontinuité est ainsi liée à la dispersion du matériau verbal


sur la page, devenant, selon le mot de Mallarmé, « partition »,
supposant plusieurs lectures possibles. (…) La discontinuité
typographiques de textes (…) participe ainsi à cette tentative de
ne plus fonder la création et la lecture sur la simple linéarité. (…)
À l’aune de l’histoire littéraire, la discontinuité, en tant que
différence, entre les choix esthétiques, met paradoxalement en
valeur la réitération de la même interrogation fondamentale. »181

180
[Dictionnaire en ligne], consulté le 01/10/2017, URL :
http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/discontinuit%C3%A9/25840
181
Chol (Isabelle), Poétiques de la discontinuité : de 1870 à nos jours, Presses universitaires Blaise Pascal,
Clermont-Ferrand, France, 2004, pp. 11-12.
CHAPITRE II
115
Etude comparative des thèses portant sur l’analyse du discours

De ces divers passages, nous retenons que la discontinuité invite le lecteur à recevoir
différemment l’œuvre. La linéarité, l’éclatement et la déconstruction y créent une
discontinuité dans toutes les structures.

Lorsque le titre contient « la discontinuité énonciative », cela indique qu’elle est


conçue par rapport à l’axe d’énonciation où plusieurs paramètres sont mis en cause.
Dans ce contexte, étudier la discontinuité énonciative de l’écriture dibienne constitue
le sujet de la thèse de doctorat. Comme nous le percevons dans la citation qui suit:

« Nous passons de la lisibilité à la déconstruction du texte. Ces


techniques de la déconstruction se déploient beaucoup plus dans
son écriture dite surréaliste, période à laquelle appartient
L’infante maure.

Dans Le métier à tisser, le récit se déroule dans la linéarité et la


transparence des indices de déconstruction apparaissent, par
exemple, au niveau des personnages, des lieux et du discours. »182

Cet extrait de l’introduction de la thèse étudiée annonce le processus de l’étude de la


discontinuité dans les deux romans-corpus tout en prenant en considération les
mécanismes de la perception. Cette discontinuité, telle qu’elle est définit dans le
passage, dans le texte, de la lisibilité à la déconstruction, de la linéarité au surgissement
des marques de la déconstruction (spatiale, temporelle, thématique ou autre).

Dans la thèse en question, la première partie s’intitule « la discontinuité : propriété


fondamentale de l’écriture dibienne dans Le métier à tisser et L’infante maure » où
l’étude, en trois chapitres, s’intéresse, tour à tour, à la présentation du corpus, à la
détection de la discontinuité discursive et à l’analyse des statuts de personnages dans
les deux romans.

182
La discontinuité énonciative dans l’œuvre de Med Dib. Corpus d’appuie : Le métier à tisser et L’infante
maure, Op.cit., p 22.
CHAPITRE II
116
Etude comparative des thèses portant sur l’analyse du discours

Quant à la deuxième partie, elle concerne « la discontinuité spatiale » en étudiant, au


fil des trois chapitres, les différents aspects touchant l’espace dont l’analyse porte sur
celui de l’identité, celui de l’altérité, la représentation de la femme et le dualisme des
espaces183.

La troisième partie, quant à lui, s’intéresse à l’étude de la discontinuité thématique


dans les deux récits en abordant les titres et l’histoire. À cet égard, l’analyse
s’accomplit en deux temps :

« D’une part, une approche thématique pour cerner les sujets et


les thèmes traités dans les corpus. D’autre part, une approche
esthétique pour démontrer comment le choix des thèmes et des
sujets s’est renouvelé dans la récurrence tout en engageant la
production des textes vers de nouvelles perspectives. »184

Nous remarquons, dès la première partie de ladite thèse, que son titre correspond à
celui de la thèse. D’ailleurs, il s’agit d’une réécriture de l’intitulé de la thèse « La
discontinuité énonciative dans l’œuvre de Med Dib. Corpus d’appuie : Le métier à tisser et
L’infante maure » à « la discontinuité : propriété fondamentale de l’écriture dibienne dans Le
métier à tisser et L’infante maure ». Ce qui révèle un écho existant entre l’intitulé de la
thèse et son contenu ; élément qui donne lieu à une « bonne » réception. Il est à
remarquer également que la « discontinuité » est récurrente dans toutes les parties du
travail afin qu’elle soit étudiée dans tous ses aspects.

183
La discontinuité énonciative dans l’œuvre de Med Dib. Corpus d’appuie : Le métier à tisser et L’infante
maure, Op.cit, p.25.
184
Ibid.
CHAPITRE II
117
Etude comparative des thèses portant sur l’analyse du discours

 Le discours sur l’Espace et le Temps dans l’œuvre de Malika MOKEDDEM.

Le premier concept à mettre en valeur dans ce titre est « discours ». Il s’agit d’un
discours sur l’espace et le temps. Ce titre semble ambigu pour le lecteur non averti qui
aura du mal à déterminer celui qui énonce ce discours : s’il s’agit du discours de la
romancière dans ses différentes œuvres ? Ou si le travail en question est considéré
comme un discours sur les deux thèmes présents dans le corpus d’étude, à savoir
l’espace et le temps.

Par ailleurs, l’objectif de la thèse ayant ce titre est d’identifier le style de l’écrivaine et
d’interroger ses procédés d’écriture dans les romans choisis: « Les Hommes qui
marchent »185, « Le Siècle des Sauterelles »186 et « L’interdite »187. La recherche vise à savoir
s’il y a un effet de répétition, de fidélité ou bien un écartement ou plutôt une
séparation de l’écriture par rapport à son projet littéraire insistant sur l’inscription des
fictions aussi bien dans l’espace que dans le temps. À cet effet, la thèse confirme que la
romancière tient un discours ambigu sur l’espace et le temps.

Sachant que tout écrivain s’inspire de son vécu pour créer la fiction, ladite thèse se
propose pour savoir si en cas d’un changement du contexte historique, l’écriture de
l’espace et du temps changera également. Pour ce faire, elle met l’accent sur les points
de convergence et de divergence dans les textes composant le corpus en vue de
comprendre le projet d’écriture spatiotemporelle chez la romancière.

Afin de mener à bien l’étude, plusieurs approches et théories sont utilisés la thèse en
question avec la dominance de l’approche comparatiste.

Dans sa première partie, l’étude se focalise sur la quête identitaire du personnage


principal féminin. Ce qui met en lumière son parcours narratif à l’aide du schéma

185
Mokeddem (Malika), Les Hommes qui marchent, op.cit.
186
Mokeddem (Malika), Le Siècle des Sauterelles, op.cit.
187
Mokeddem (Malika), L’interdite, Op.Cit.
CHAPITRE II
118
Etude comparative des thèses portant sur l’analyse du discours

actantiel de Julien Greimas. Le premier chapitre de cette partie présente des repères
identitaires et leur relation avec l’espace et le temps dans l’ensemble des œuvres
étudiées.

Sa deuxième partie porte sur l’écriture dans l’exil et ses tâches à accomplir. Pour ce
qui est de la troisième partie, il s’agit d’un éclatement de toutes les structures, c’est-à-
dire l’éclatement du personnage principal sous plusieurs aspects.

Même si la notion de l’espace et celle du temps ne sont pas repérables dans les grands
titres des parties de ladite thèse, nous les détectons dans les sous-titres de différents
chapitres sans oublier que l’intitulé semble ambigu et représente à peine son contenu.
C’est pourquoi, le lecteur sera appelé à faire appel à l’introduction en vue de mieux
comprendre sur quoi elle porte: « l’hypothèse que nous soutenons, serait de démontrer que la
romancière porterait un discours ambivalent sur l’espace et le temps»188.

 Sémiotique de la conscience dans le Nouveau Roman : Michel Butor, Nathalie Sarraute, Alain
Robe-Grillet.

Ce titre de thèse se compose de deux parties dont la première comprend le thème de


recherche et la deuxième annonce les écrivains dont les œuvres sont mises en exergue.
Il s’agit d’un thème de recherche et non pas un sujet de recherche parce qu’il semble
général. En effet, l’expression « Sémiotique de la conscience dans le Nouveau Roman » est
constituée de deux syntagmes nominaux dont le premier détermine l’approche
adoptée et le deuxième comprend le genre littéraire auquel appartiennent les œuvres
étudiées. Certes, cette première partie circonscrit le thème envisagé, mais quand on
mentionne les auteurs étudiés, il sera plus limité et définit mieux le thème recherche.

Le concept « conscience » dans ce titre ne devrait pas passer inaperçu. Il est


fondamentalement spécifique au « flux de la conscience » selon les termes de Paul

188
Le discours sur l’Espace et le Temps dans l’œuvre de Malika MOKEDDEM, Op.Cit., p 04.
CHAPITRE II
119
Etude comparative des thèses portant sur l’analyse du discours

Ricoeur pour qui, la conscience est « subjective, changeante mais continue, traitant d’objets
indépendants d’elle et présentant une certaine sélectivité. Elle est la base de l’expérience humaine
et se situe au cœur de la plupart de nos activités»189. Les romans appartenant à ce courant se
distinguent par «la diversité des niveaux de conscience, le grouillement des désirs et des craintes,
des perceptions et des affects »190. Tous ces états d’esprit peuvent être considérés comme
des motifs conduisant le personnage à prendre certaine position vis-à-vis de la situation
ou à en avoir des jugements.

Dans cette thèse, il s’agit de « décrire comment se construisent les réflexions, les
représentations, les perceptions et les sentiments des sujets, de saisir leurs évolutions et les
significations qui en découlent, notamment du point de vue de l’esthétique romanesque»191.

Dans le but d’y arriver, elle s’étale sur cinq parties dont la première tente de saisir la
définition de la conscience entre la phénoménologie et la sémiotique. Les trois parties
suivantes étudient la conscience des sujets selon différentes organisations (figurative,
narrative, cognitive, esthétique). La deuxième partie a pour objet « Énonciation et
organisation figuratives de la conscience des sujets ». Elle analyse les réalisations discursives
afin de montrer les traits sémantiques illustrant l’ambigüité de la conscience des sujets
traités. La troisième partie s’intitule « Organisation narrative et cognitive de la
conscience des sujets ». Elle s’intéresse à dégager « les liens étroits entre les dimensions
narrative et cognitive et, par delà la figurativité et l’énonciation, ce qui détermine les
modulations dynamiques des contenus de la conscience des sujets»192. Quant à la quatrième
partie, elle analyse l’état d’âme des sujets via leurs traits passionnels (amour, pitié,
jalousie, etc) alors que la cinquième partie complète puis clôture l’étude en
confrontant les résultats obtenus.

189
Wagener (Bastien), Développement et transmission de la métacognition, thèse de doctorat, sous la
direction de Fromage (Benoit), MSH de l’université d’Angers, 2014, p 57.
190
Bertrand (Denis), Précis de sémiotique littéraire, Nathan HER, Paris, 2000, p 168.
191
Sémiotique de la conscience dans le Nouveau Roman. Michel Butor, Nathalie Sarraute, Alain Robe-Grillet,
Op.Cit., p 06.
192
Ibid., p.09.
CHAPITRE II
120
Etude comparative des thèses portant sur l’analyse du discours

Il est à signaler que les titres desdites parties contiennent « la conscience des sujets » ; le
concept clé étudié dans l’ensemble des romans-corpus et qui est également explicite
dans l’intitulé de la thèse en question. Ce qui indique qu’il correspond au contenu de
la thèse.

 Dialogisme et lecture.Polyphonie et sens dans le discours romanesque

Il s’agit du titre de la première thèse française dans notre corpus. Il se compose de


deux parties dont la première annonce, de façon générale, le contenu de la thèse en
question. Ce n’est qu’une lecture du texte à la lumière du dialogisme bakhtinien. La
deuxième partie semble faire écho de la première dans la mesure où l’on peut
considérer la polyphonie et le dialogisme comme étant synonymes et « sens » comme
équivalent de « lecture » parce que toute lecture implique des significations. De plus,
il annonce juste le discours romanesque étudié à la manière de formulation d’un titre
de colloque quelconque. Ce qui ouvre au lecteur des horizons de plusieurs lectures
possibles.

Ladite thèse française étudie les concepts « dialogisme » et « lecture » dans le discours
littéraire, notamment dans le texte de Madame Bovary de Gustave Flaubert et d’autres
textes classiques utilisés comme appui pour voir comment s’y manifestent le
dialogisme et la lecture.

Les trois grandes parties de ladite thèse se répartissent ainsi : « Le concept de dialogisme
chez Mikhaïl Bakhtine »193, « Littérature et communicativité »194 et « Dialogisme et
lecture »195. Tous ces titres correspondent étroitement à son intitulé. Néanmoins, en
lisant ses différents sous-titres, le corpus ou les indices qui y renvoient est absent. Il
faut lire toute la thèse pour en saisir les enjeux. Juste un passage dans l’introduction y
fait allusion : « Pour rendre notre vision plus claire, mais aussi, dans une plus grande mesure,

193
Dialogisme et lecture. Polyphonie et sens dans le discours romanesque, Op.Cit., p 25
194
Ibid., p.119.
195
Ibid., p.159.
CHAPITRE II
121
Etude comparative des thèses portant sur l’analyse du discours

pour illustrer les multiples ouvertures analytiques de la problématique abordée par notre thèse,
nous offrirons un exemple en partant d’un fragment du roman Madame Bovary»196.

Toutes ces considérations rendent l’intitulé de la thèse en question ambigu, ce qui


oriente le lecteur vers d’autres perspectives.

 Espace et Poésie chez Baudelaire : Typographie, Thématique Et Énonciation

Le titre de cette deuxième thèse française se compose de deux parties dont la première
annonce le sujet de recherche et la deuxième renvoie aux orientations du travail. On
vise à y étudier la notion de l’espace dans la poésie baudelairienne en se penchant sur
les aspects : typographique, thématique et énonciatif.

Pour ce faire, la thèse s’étale sur trois grandes parties dont la première intitulée
« L’espace textuel de la poésie de Baudelaire » étudie la typographie dans la poésie et les
problèmes liés à la spatialité poétique chez Baudelaire.

La deuxième partie, de ladite thèse, s’intitule « La thématique du cadre dans l’espace


représentatif ». Elle s’intéresse à l’esthétique du thème de « l’infini dans le fini » conçu
dans l’espace représenté. La troisième partie se penche sur l’instance du discours
poétique selon la perspective énonciative.

 Le théâtre de Sarraute : polyphonie et énonciation

L’intitulé de la troisième thèse française se compose de deux syntagmes nominaux. Le


premier détermine le corpus tandis que le deuxième identifie les deux approches
appliquées sur le corpus d’étude. Il s’agit d’une étude du dédoublement et de la
multiplicité de l’énonciation des pièces théâtrales de Sarraute. Même si le titre est
court, il fournit les informations essentielles sur le contenu de la thèse.

196
Espace et Poésie chez Baudelaire. Typographie, Thématique Et Énonciation, Op.Cit., p 17.
CHAPITRE II
122
Etude comparative des thèses portant sur l’analyse du discours

Cette dernière contient trois parties réparties ainsi : « Dédoublement latent des types
énonciatifs dans les répliques », « De la polyphonie: de l’infiniment petit » et « "Voix" et plans
locutoires multiples ». Selon l’auteure de cette thèse, ces parties traitent isolement les
répliques des personnages dans les pièces sarrautiennes. Il s’agit, dans la première
partie, de

« la coexistence de deux plans énonciatifs majeurs au sein des


répliques des personnages, malgré l’apparence homogénéisante de
leur discours, à savoir un plan qui est ancré dans la situation
d’énonciation et un autre qui en est coupé. (…) Quant à la
deuxième partie, elle porte sur la polyphonie dans ses deux
formes. D’un côté, nous nous pencherons sur les pratiques
dialogiques diverses dans notre corpus (…) Dans la troisième
partie, le travail consistera en l’identification de « voix » autres
auxquelles l’emprunt donne naissance à un ou plusieurs autre(s)
plan(s) locutoire(s). »197

Ce qui est remarquable, c’est que chacune des parties précitées renvoie principalement
à l’intitulé de la thèse qui devient de plus en plus pertinent, concis et précis au fil de la
lecture de la thèse.

 Énonciation et transtextualité Dans le roman africain francophone de La migritude

Le titre de la quatrième thèse française dans notre corpus annonce les deux approches
de la recherche et le corpus étant un roman africain d’expression française pour
travailler sur le thème de la migritude. Ce dernier est né de la jonction de deux
concepts : « l’immigration » et « la négritude » pour signifier l’immigration des
africains dans les pays européens, notamment la France.

197
Le théâtre de Sarraute : polyphonie et énonciation, Op.Cit., pp. 17-1
CHAPITRE II
123
Etude comparative des thèses portant sur l’analyse du discours

Dans ladite thèse, le corpus d’étude est étudié selon les générations d’écriture du
roman africain d’expression française dont la première période concerne les années
trente marquées par plusieurs œuvres sur le thème de l’immigration tout en se
limitant à quelques romans frappants : Mirages de Paris198 d’Ousmane Socé, Le Docker
noir199 de Sembène Ousmane, Un Nègre à Paris200 de Bernard Dadié, Chemin d’Europe201
de Ferdinand Oyono, Kocoumbo, l’étudiant noir202 d’Aké Loba, L’Aventure ambiguë203 de
Cheikh Hamidou Kane et Dramouss204 de Camara Laye. Chacune de ces œuvres raconte
le voyage d’un Africain en France en adoptant une énonciation particulière. Dans ce
sens, les trois premiers romans racontent l’histoire et le séjour d’un personnage
africain en France pour s’aventurier dans un monde qui lui est étranger tandis que le
reste des romans dessine le récit autour d’un personnage étudiant en quête
d’apprentissage en France.

Quant à la deuxième période, elle se distingue par un changement radical dans les
écritures romanesques en adoptant le thème de la migritude. Le chercheur choisit des
œuvres plus récentes qui tracent l’émergence de la scène de voyage d’un Africain en
France dans le discours littéraire de l’Afrique, soit disant, francophone, à savoir, entre
autres, L’Impasse205 et Agonies206de Daniel Biyaoula, Bleu- Blanc-Rouge207 et Verre cassé208
d’Alain Mabanckou, Le Ventre de l’Atlantique209 et Ketala210 de Fatou Diome, Assèze
l’Africaine211 ainsi que Les Honneurs perdus212 de Calixthe Beyala.

198
Soce (Ousmane), Mirages de Paris, N.E.L, 1937
199
Ousmane (Sembène), Le Docker noir, Présence africaine, Paris, 1956.
200
Dadié (Bernard), Un Nègre à Paris, Présence africaine, Paris, 1959.
201
Oyono (Ferdinand), Chemin d’Europe, Julliard, Paris, 1960.
202
Loba (Aké), Kocoumbo, l’étudiant noir, Flammarion, Paris, 1960.
203
Kane (Cheikh Hamidou), L’Aventure ambiguë, Julliard, Paris, 1961.
204
Laye (Camara), Dramouss, Plon, Paris, 1966.
205
Biyaoula (Daniel), L’Impasse, Présence Africaine, Paris, 1996.
206
Biyaoula (Daniel), Agonies, Présence Africaine, Paris, 1998.
207
Mabanckou (Alain), Bleu-Blanc-Rouge, Présence Africaine, Paris, 1998.
208
Mabanckou (Alain), Verre Cassé, Le Seuil, Paris, 2005.
209
Diome (Fatou), Le Ventre de l’Atlantique, Anne Carrière, Paris, 2003.
210
Diome (Fatou), Kétala, Flammarion, Paris, 2006.
211
Beyala (Calixthe), Assèze l’Africaine, Albin Michel, Paris, 1994.
CHAPITRE II
124
Etude comparative des thèses portant sur l’analyse du discours

Ladite thèse se compose de trois chapitres dont le premier intitulé « Littérature africaine
et littérature de l’immigration africaine : une problématique de discours littéraire » analyse le
processus de la mise en place d’une littérature africaine de voyage contemporaine et
l’émergence d’un discours critique sur le roman africain abordant le thème de
l’immigration. Ce qui prouve que

« cette littérature pionnière a contribué à articuler le discours


littéraire africain sur les discours constituants majeurs de cette
époque, qu’il s’agisse du discours littéraire bienveillant ou
réducteur véhiculé par le roman colonial français ou encore des
discours scientifiques, philosophiques et religieux sur l’être du
Noir en contexte colonial. »213

Dans le deuxième chapitre intitulé « La nouvelle diaspora et le thème de l’immigration dans


le roman africain francophone : réécrire l’Afrique sur les rîves de la Seine », il est question
d’une analyse approfondie des catégories textuelles distinguant les écritures de la
nouvelle génération des celles de la première génération.

Le dernier chapitre intitulé « Migritude ou retour du colonial ? » concerne l’étude


comparative des contextes d’énonciation dans lesquels se créent des œuvres d’une
période à une autre tout en mettant au centre des réflexions le concept de la
migritude.

Nous déduisons que l’intitulé de la thèse en question correspond à son contenu. Il est à
signaler que vu le nombre élevé des textes étudiés, il est impossible de tout
mentionner dans le titre ; raison pour laquelle nous trouvons que le choix de ne pas les
inclure dans le corps du titre semble adéquat.

212
Beyala (Calixthe), Les Honneurs perdus, Albin Michel, Paris, 1996.
213
Enonciation et transtextualité dans le roman africain francophone de la migritude, Op.Cit., p 36.
CHAPITRE II
125
Etude comparative des thèses portant sur l’analyse du discours

 L'énonciation De L'exil Et De La Mémoire Dans Le Roman Féminin Francophone:Anne Hébert,


Aminata Sow Fall, Marguerite Duras

Le titre de la première thèse canadienne composant notre corpus met en valeur le sujet
de recherche, l’approche adoptée, le courant auquel appartient le corpus d’étude et les
trois auteurs phares du courant étudié.

Ladite thèse s’articule autour de « L’exil » et de « la mémoire » étant deux notions


caractéristiques de l’écriture postcoloniale. Par volonté ou par contrainte, l’exil
correspond à l’état d’être déraciné de ses origines, de sa culture et de sa religion. État
d’être qui a fait couler l’encre de plusieurs écrivains dessinant sous leurs plumes la
souffrance et la déchirure psychique d’un exilé n’ayant que sa mémoire pour penser à
ses racines. Tel l’explicite l’auteur de la thèse en question :

« L'exil et la mémoire sont deux concepts, deux topoï moteurs de


l'épistémologie sociale et historique qui offrent aussi à l'analyse
littéraire deux axes majeurs de l'interprétation du sens et de la
communication romanesques. Ils permettent, dans le monde
imaginé du roman, de confronter l'histoire réelle et les sens
communs à une historicité, des acteurs et un langage fictifs. »214

Elle étudie le discours féministe dans des écrits littéraires publiés aux années soixante-
dix où le féminisme s’est marqué par l’écriture de l’exil et certains évènements
sociaux de la mémoire collective.

Dans sa première partie intitulée « Trajectoire sociale des auteures », elle s’attache à
l’étude du parcours des écrivaines mentionnées dans le titre afin de voir leur début
d’entrée en littérature et ce qui leur distingue par rapport à leurs semblables. La
deuxième partie ayant pour objet « Figurations de l’exil intérieur » analyse profondément
214
L'énonciation De L'exil Et De La Mémoire Dans Le Roman Féminin Francophone: Anne Hébert, Aminata
Sow Fall, Marguerite Duras, Op.Cit. p 13.
CHAPITRE II
126
Etude comparative des thèses portant sur l’analyse du discours

leurs productions littéraires en extériorisant leur manière d’aborder l’exil intérieur.


Dans la troisième partie intitulée « Mémoire et discours social », il s’agit de l’extraction
des figures du discours social dans les romans sélectionnés et sa relation avec la
mémoire.

Nous remarquons que le l’intitulé de la thèse précitée correspond à son contenu.


Chaque titre des trois parties est lié à un élément de l’intitulé.

 Quand l’autre Prend La Parole. La Représentation De Trois Formes d’altérité Dans Le Roman
Contemporain.

Le titre de la deuxième thèse canadienne se compose de deux parties séparées par un


point. La première comprend une expression servant à introduire le sujet de
recherche. La deuxième partie contient le sujet de recherche proprement-dit.

« Quand l’Autre prend la parole » est une expression donnant l’impression qu’il s’agit de
l’étude du discours de l’Autre dans ses différents traits distinctifs. L’étranger, la folie
et la misère sont les trois formes d’altérité qui sont étudiés selon la perspective de
l’Autre dans le roman contemporain à l’instar de La dot de Sara215 et Un aller simple216
pour parler de l’étranger; Moha le fou Moha le sage217 et La chaise au fond de l’œil218 pour
parler de la folie; L’exil aux portes du paradis219 et Conte d’asphalte220pour parler de la
pauvreté.

215
Agnant (Marie-Célie), La dot de Sara, Remue-ménage, Montréal, 1995.
216
Van Cauwelaert (Didier), Un aller simple, Paris, Éditions Albin Michel, 1994
217
Ben Jelloun (Tahar), Moha le fou, Moha le sage, Éditions du Seuil, Paris, 1978.
218
Aude, La chaise au fond de l’oeil, XYZ éditeur, Montréal, [1979] 1997.
219
Dahan (Andrée), L’exil aux portes du paradis, Éditions Québec/Amérique, Montréal, 1993.
220
Calife (Anne), Conte d’asphalte, Paris, Albin Michel, 2007.
CHAPITRE II
127
Etude comparative des thèses portant sur l’analyse du discours

C’est pourquoi la recherche en question vise à « cerner la représentation textuelle de ces


trois formes d’altérité ainsi que leur rôle et leur signification quand la diégèse adopte la
perspective d’un personnage qui exprime sa dissemblance et son aliénation potentielle.»221

Dans le but d’atteindre cet objectif, la thèse s’étale sur trois parties dont chacune se
contente de l’étude d’une forme d’altérité. La première partie intitulée « L’altérité et
l’étranger », étudie les facteurs indispensables à la présence d’une altérité de l’étranger
et les différentes conditions conduisant à sa perception. La deuxième partie porte sur
l’altérité de la folie où l’étude vise à voir « comment la distinction entre la démence et la
bonne santé mentale se crée et se confirme. Autrement dit, (…) comment un personnage Autre
peut se définir lui-même en tant que fou»222. Quand à la troisième partie, elle analyse
l’altérité de la pauvreté et ses différents aspects.

Il est à noter que l’intitulé de la thèse a un rapport étroit avec son contenu. Même si
on y remarque la non inclusion de six titres de romans composant le corpus, cela n’y
nuit pas.

 « NOUS AVONS VOULU PARLER DE NOUS » : Le discours éditorial des féministes québécoises
(1972-1987) dans Québécoises deboutte !, Les têtes de pioche et La Vie en rose

Le titre de cette troisième thèse canadienne se constitue de trois parties dont la


première transcrite en majuscule introduit le sujet de recherche. Cette phrase
subjective signale la présence d’un discours portant sur l’identité de l’énonciateur lui-
même et faisant allusion à l’approche suivie dans la réalisation du travail. La deuxième
partie annonce le sujet de recherche ; l’étude du discours féministe dans des revues
littéraires québécoises créées entre 1972 et 1987. La troisième partie détermine le
corpus (les trois revues étudiées).

221
Quand l’autre Prend La Parole. La Représentation De Trois Formes d’altérité Dans Le Roman
Contemporain., Op.Cit., p 05.
222
Ibid., p.08.
CHAPITRE II
128
Etude comparative des thèses portant sur l’analyse du discours

L’objectif de ladite thèse est de « retracer le parcours discursif des féministes à partir de la
création de Québécoises deboutte! Jusqu’à la disparition de La Vie en rose afin de comprendre la
façon dont se construit un discours qui chemine à travers un lieu littéraire transformable.»223

Pour mener à bien la recherche, l’étude est réalisée suivant l’ordre chronologique de
l’apparition des revues choisies et chacun de ses chapitres est consacré à l’analyse d’une
revue parmi les trois. Tel l’illustre l’extrait ci-dessous.

« La structure de la thèse, si elle est traditionnelle, présente


l’avantage de faire s’imposer la progression du discours féministe à
travers le temps. C’est précisément pour cette raison que la
démonstration est menée en ordre chronologique. Les trois
chapitres de la thèse sont donc consacrés spécifiquement à l’analyse
de Québécoises deboutte!, de Têtes de pioche puis de La Vie en
rose. »224

Nous remarquons que l’intitulé de la thèse reflète de façon précise son contenu. Clair,
précis et englobant, sont ses caractéristiques principales.

Le douzième et dernier intitulé est le suivant :

 Les traducteurs dans les collections littéraires en France (1821-1852) : Identités réelles et
discursives

Le titre de la dernière thèse composant notre corpus se compose de deux parties


séparées par les deux points. La première partie détermine le corpus étant les écrits
des traducteurs dans les collections de traductions littéraires publiées en France dans la
première moitié du XIXe siècle. La deuxième partie énonce le sujet de recherche ou
plutôt les notions étudiées dans le corpus choisi. L’objectif de cette thèse est de « faire
223
« NOUS AVONS VOULU PARLER DE NOUS » Le discours éditorial des féministes québécoises (1972-1987)
dans Québécoises deboutte !, Les têtes de pioche et La Vie en rose, Op.Cit., p 07.
224
Ibid., p.34.
CHAPITRE II
129
Etude comparative des thèses portant sur l’analyse du discours

le jour sur l’identité réelle et discursive des traducteurs collaborateurs aux entreprises littéraires
collectives les plus prestigieuses publiées en France au cours de la première moitié du XIXe
siècle.»225

Ladite thèse contient quatre grands chapitres dont le premier intitulé « Questions de
méthode » justifie le choix des collections de traductions étudiées, présente la méthode
adoptée pour la recherche des traducteurs et explique l’intérêt de travailler sur les
discours des préfaces.

Le deuxième chapitre intitulé « La traduction des Anciens à l’époque romantique » présente


une vue d’ensemble des traductions françaises du grec au latin afin de « montrer
pourquoi et comment on traduit les Anciens à l’époque, ceci en partant des discours des
traducteurs.»226

Le troisième chapitre dont le titre est « La traduction des modernes à l’époque romantique »
se propose comme une étude en parallèle avec le deuxième chapitre. Il s’agit de la
même entreprise d’étude et de la même démarche suivie, seulement l’application
porte sur les collections de traductions modernes.

Le quatrième chapitre intitulé « Qui traduit ? » porte sur l’exposition des résultats de
l’enquête entamée sur les traducteurs en montrant « en détail les démarches de cette
recherche, ses limites ainsi que les résultats quantitatifs. Après avoir énoncé les figures de
traducteurs, nous terminons par une ébauche d’un dictionnaire de ceux qui ont fait partie de cette
enquête.»227

En comparant l’intitulé de la thèse avec ceux de ses chapitres, nous remarquons qu’ils
reproduisent une homogénéité. Mais, l’intitulé de la thèse manque quelque précision
sur la présence d’une étude relative à deux ères ; l’une est ancienne, l’autre est plutôt

225
Les traducteurs dans les collections littéraires en France (1821-1852) : Identités réelles et discursives,
Op.Cit., p 07.
226
Ibid., p.18.
227
Ibid.
CHAPITRE II
130
Etude comparative des thèses portant sur l’analyse du discours

moderne. D’une manière générale, cette formulation du titre est recevable et le


contenu de la thèse en question pourrait être saisi de la première vue.

II.2.3. Comparaisons des intitulés :

Nous sommes amenés dans cette section à comparer les résultats auxquels nous avons
abouti après l’analyse des intitulés de thèses de doctorat-corpus. Cette comparaison se
focalisera sur les éléments constitutifs de leurs titres pour recenser les constituants les
plus privilégiés dans leur construction.

Pour ce faire, nous proposerons ci-après le diagramme synthétique indiquant les


éléments mentionnés dans les titres de thèses étudiées.
CHAPITRE II
131
Etude comparative des thèses portant sur l’analyse du discours

Titre du graphique
le plan la méthode suivie le corpus d'étude le sujet de recherche

2
Thèses canadiennes
1

4
Thèses françaises
0

3
Thèses algériennes
1

Figure 6: la présence des éléments dans les titres des thèses-corpus


CHAPITRE II
132
Etude comparative des thèses portant sur l’analyse du discours

 Interprétation des résultats :

Le sujet de recherche est présent dans tous les titres de thèses-corpus ; élément sans
lequel il n’y aura plus de travail à réaliser.

Le corpus d’étude est un élément qui sert à la validation de ce sujet de recherche.


Malgré son importance, nous avons remarqué qu’il n’était pas explicite dans tous les
titres étudiés. En effet, dans les intitulés de thèses algériennes, un titre seulement a
mentionné littéralement les œuvres sur lesquelles porte l’étude « La discontinuité
énonciative dans l’œuvre de Med Dib. Corpus d’appui : Le métier à tisser et l’infante maure »,
les trois autres titres se sont contentés de citer les auteurs dont les romans composent
le corpus d’étude.

En ce qui concerne les titres de thèses françaises, aucun d’eux n’a cité les œuvres
étudiées. Juste deux titres français ont mentionné aussi bien le genre que l’auteur du
corpus : « Espace et Poésie chez Baudelaire. Typographie, Thématique Et Énonciation », « Le
théâtre de Sarraute : polyphonie et énonciation », les deux autres titres ont seulement
mentionné le genre littéraire auquel appartiennent les œuvres analysées : « Dialogisme
et lecture. Polyphonie et sens dans le discours romanesque », « Énonciation et transtextualité
Dans le roman africain francophone de La migritude ». Ce silence sur les romans étudiés est
dû à leur nombre qui rend leur implication dans l’intitulé impossible.

Quant aux titres de thèses canadiennes, un seul qui a cité : « «NOUS AVONS VOULU
PARLER DE NOUS » Le discours éditorial des féministes québécoises (1972-1987) dans
Québécoises deboutte !, Les têtes de pioche et La Vie en rose ». Un autre titre a mentionné les
auteures de corpus : « L'énonciation De L'exil Et De La Mémoire Dans Le Roman Féminin
Francophone: Anne Hébert, Aminata Sow Fall, Marguerite Duras ». Le troisième titre a cité
le genre auquel appartient l’écriture romanesque : « Quand l’autre Prend La Parole. La
Représentation De Trois Formes d’altérité Dans Le Roman Contemporain ». Quant au dernier
titre, il fait allusion au corpus d’étude en mentionnant la période à laquelle
CHAPITRE II
133
Etude comparative des thèses portant sur l’analyse du discours

appartiennent les textes choisis : « Les traducteurs dans les collections littéraires en France
(1821-1852) : Identités réelles et discursives ».

À propos de la méthode de recherche, trois titres de thèses algériennes l’ont


identifiée :

 « Pour une approche sémiotique subjectale du sujet d'énonciation dans l'œuvre de Assia Djebar :
être(s) en devenir»

 « La discontinuité énonciative dans l’œuvre de Med Dib. Corpus d’appui : Le métier à tisser et
l’infante maure»

 « Sémiotique de la conscience dans le Nouveau Roman. Michel Butor, Nathalie Sarraute, Alain
Robe-Grillet»

Dans les thèses françaises, la méthode de recherche est citée dans l’ensemble des
intitulés. Cela veut dire que les chercheurs français prêtent une grande attention à ce
que les intitulés de leurs thèses indiquent l’approche adoptée.

Quant aux titres des thèses canadiennes, un seulement qui annonce l’approche suivie :
« L'énonciation De L'exil Et De La Mémoire Dans Le Roman Féminin Francophone: Anne Hébert,
Aminata Sow Fall, Marguerite Duras », les trois autres ne mentionnent pas précisément
l’approche appliquée :

 « «NOUS AVONS VOULU PARLER DE NOUS » Le discours éditorial des féministes québécoises
(1972-1987) dans Québécoises deboutte !, Les têtes de pioche et La Vie en rose »

 « Quand l’autre Prend La Parole. La Représentation De Trois Formes d’altérité Dans Le Roman
Contemporain »

 « Les traducteurs dans les collections littéraires en France (1821-1852) : Identités réelles et
discursives »
CHAPITRE II
134
Etude comparative des thèses portant sur l’analyse du discours

Pour ce qui est de l’évocation du plan dans les titres choisis, trois titres de thèses
algériennes, deux titres de thèses françaises et trois titres de thèses canadiennes
annoncent les différentes parties de la thèse en question.

II.3. Étude comparative des approches et des méthodes


II.3.1. Éléments théoriques
II.3.1.1. L’importance de la méthodologie dans une
thèse
Dans un écrit universitaire, les approches et les méthodes constituent un point
déterminant dans l’état d’avancement de la recherche. Une fois fixée, la méthodologie
de recherche orientera l’étude vers les objectifs à atteindre. C’est à partir de ces
approches et méthodes que le chercheur assurera l’aboutissement aux résultats
scientifiques et valables ; raison pour laquelle, il devrait être armé d’un certain
réservoir méthodologique lui permettant de penser à la faisabilité et la pertinence de
son choix pour

« mener à bien le processus de recherche [qui] n’est pas une tâche


facile. Étant donné la diversité importante des méthodes, et la
complexité croissante des sujets de recherche, le choix d’une méthode
appropriée demande une réflexion sur une démarche de choix de la
méthode. Une démarche doit prendre en compte les différents
facteurs qui influencent ce choix. »228

228
Ben Aissa (Hazem), « Quelle méthodologie de recherche appropriée, pour une construction de la
e
recherche en gestion ? », in X Conférence de l’Association Internationale de Management Stratégique,
Faculté des sciences de l’administration (fsa), Québec, 13-14-15 juin 2001, PDF, [en ligne], consulté le
24/05/2017, URL : http://www.strategie-aims.com/events/conferences/13-xeme-conference-de-l-
aims/communications/2442-quelle-methodologie-de-recherche-appropriee-pour-une-construction-de-la-
recherche-en-gestion/download
CHAPITRE II
135
Etude comparative des thèses portant sur l’analyse du discours

Le choix de la méthode ou de l’approche constitue un point primordial qui détermine


la réussite ou l’échec du travail à réaliser. C’est pourquoi, il est appelé à patienter en
consacrant assez de temps à ce choix. En effet, c’est le corpus d’étude qui exige l’appui
sur telle ou telle méthode ; on ne peut nullement appliquer par force une approche sur
l’objet de recherche. À cet égard, Mohammed Yacine Meskine affirme que

« le choix de la méthodologie dépend le plus souvent de l’objectif


qu’on s’est fixé au départ. Parfois, plusieurs méthodologies
s’offrent [au chercheur], mais dans le cas d’une discipline récente,
il n’existe pas d’assises théoriques solides. On se voit donc dans
l’obligation de partir de l’objet d’étude (corpus, travail de terrain,
expérimentation, etc.), et on contribuera à l’élaboration d’une
théorie. »229

Cet extrait appuie notre réflexion et affirme que le chercheur doit commencer par
l’observation de son objet de recherche afin d’en sortir avec une théorie lui permettant
l’aboutissement de sa thèse ou de son mémoire de fin d’études.

Il arrive que la recherche exige différentes techniques et méthodes que le chercheur


doit savoir manipuler à bon escient, comme le confirme Ambroise Zagre:

« Il n’y a pas de méthode et de technique idéales en soi ;


l’étudiant doit naviguer entre les méthodes et les techniques
différentes et choisir celles qui sont les plus adaptées à sa
situation de recherche. Pour choisir les méthodes et les techniques
les plus appropriées, l’étudiant doit connaître "la puissance
informationnelle" de chaque méthode et technique, c’est-à-dire
ce qu’elles lui apportent, les limites de ces méthodes et

229
Meskine (Mohammed Yacine), Préparer un mémoire de fin d’études : conseils pratiques de méthodologie
et techniques rédactionnelles, Connaissances et Savoirs, France, 2016, p.20.
CHAPITRE II
136
Etude comparative des thèses portant sur l’analyse du discours

techniques, les conditions de leur mise en œuvre (compétences,


matériaux et exigence pour le traitement). »230

II.3.1.2. Les différentes approches en analyse du discours231

Même si elle constitue un champ récent, l’analyse du discours recouvre un nombre


important de méthodes et d’approches. Cette diversité d’approches et de méthode
n’est pas étonnante tant que la notion du discours recouvre une pluralité de
définitions.

Pour des raisons scientifiques et méthodologiques, il nous est impossible d’aborder


toutes les approches en analyse du discours. C’est pourquoi, nous nous contenterons
d’en exposer les principales qui pourront nous servir d’appoints dans la réalisation de
cette section.

Dans son article intitulé « Les bases théoriques en analyse du discours »232, Alpha
Ousmane Barry compte jusqu’à huit approches dont quelques unes sous-entendent
d’autres démarches. Nous tenterons de les présenter brièvement dans les lignes
suivantes.

Premièrement, il y a l’approche énonciative qui constitue l’une des premières


approches de l’analyse du discours. Son principe repose sur la mise en relation du
discours avec ses conditions de production (linguistiques/extralinguistiques) afin de
comprendre le fonctionnement de la langue envisagée. Le théoricien Emile Benveniste
est considéré comme étant le pionnier de la théorie de l’énonciation la définissant en
tant que « mise en fonctionnement de la langue par un acte individuel d’utilisation »233.

230
Zagare (Ambroise), Méthodologie de la recherche en sciences sociales, L’Harmattan, Paris, 2013, p.8.
231
Nous nous baserons dans la réalisation de cette partie sur l’article d’Alpha Ousmane Barry intitulé « Les
bases théoriques en analyse du discours », Op.Cit., pp.1-35.
232
Ibid.
233
Benveniste (Emile), « L’appareil formel de l’énonciation », in Langages, Vol.5, N° 17, 1970, pp.12-18, [en
ligne], consulté le 05/06/2017, URL : http://www.persee.fr/doc/lgge_0458-726x_1970_num_5_17_2572
CHAPITRE II
137
Etude comparative des thèses portant sur l’analyse du discours

L’application de cette approche sur un texte se marque par l’utilisation de quelques


signes appelés par Emile Benveniste « des embrayeurs » parmi lesquels il

« distingue d’abord : les pronoms personnels (de première et


deuxième personne) ; les formes de la deixis (celles qui servent à
montrer quelqu’un ou quelque chose) ; les adverbes de temps à
valeur relative (« aujourd’hui » par opposition au quantième). Ces
trois éléments, réunis comme le « je-ici-maintenant », n’ont pas
seulement un pouvoir de désignation : ils participent à la
constitution du locuteur comme tel. »234

Il s’agit des marques qui dévoilent le locuteur et sa présence ainsi que sa prise en
charge du discours énoncé, autrement dit, sa subjectivité.

Deuxièmement, nous citons l’approche communicationnelle à propos de laquelle


Alpha Ousmane Barry avance:

« Tout discours a des propriétés textuelles puisqu'il s'accomplit


dans certaines conditions de communication. On s'aperçoit alors
que tout discours dépend de circonstances de communication
particulières et que chacune de ces circonstances est le produit
d'un certain nombre de composantes qu'il faut inventorier. Dès
lors, il est possible d'établir une relation étroite entre ces
composantes et les caractéristiques des discours qui en
dépendent. »235

234
Encyclopaedia Universalis, Problèmes de linguistique générale II d’Emile Benveniste : Les Fiches de lecture,
France, 2016, [en ligne], consulté le 05/06/2017, URL :
https://books.google.dz/books?id=qXdMBgAAQBAJ&pg=PP5&dq=emile+benveniste+%C3%A9nonciation&h
l=fr&sa=X&ved=0ahUKEwiyjuPUtsHUAhWC0RoKHVExBOMQ6AEILzAD#v=onepage&q=emile%20benveniste
%20%C3%A9nonciation&f=false
235
« Les bases théoriques en analyse du discours », Op.Cit, pp.1-35.
CHAPITRE II
138
Etude comparative des thèses portant sur l’analyse du discours

Ce qui met en valeur la relation qu’entretient le discours avec les différentes


composantes dans une situation de communication.

À l’intérieur de cette théorie, se trouvent deux démarches linguistiques qui serviront


d’outils dans l’analyse du discours en question, à savoir le schéma de communication
selon Jakobson et la compétence communicative chez Hymes.

Quant à Roman Jakobson, il propose un schéma représentant les protagonistes dans


une communication avec les différents échanges qui peuvent naître entre eux. Son
schéma contient six composantes : le destinateur, le destinataire, le message transmis,
le canal de transmission, le code et le contexte. Chacun de ces éléments assume une
fonction bien particulière appelée « une fonction du langage » : la fonction expressive
du destinateur, la fonction conative sur le destinataire, la fonction poétique du
message, la fonction phatique du canal, la fonction métalinguistique du code et la
fonction référentielle du contexte.

Concernant la théorie de la compétence communicative de Dell Hymes, elle est


inspirée des travaux de Chomsky236. Cette théorie a vu le jour pour combler des
lacunes et des problèmes dans celle de Chomsky en indiquant

« la capacité d’un locuteur de produire et d’interpréter des énoncés


de la façon appropriée, d’adapter son discours à la situation de
communication en prenant en compte des facteurs externes qui le
conditionnent : le cadre spatiotemporel, l’identité des participants,
leur relation et leurs rôles, les actes qu’ils accomplissent, leur
adéquation aux normes sociales, etc. »237

236
Chomsky a développé une théorie de « compétence/performance » qu’on lui reproche son générativisme
et on l’a considérée comme une théorie restrictive.
237
Lainy (Rochambeau) (sous.dir), Troubles du langage, langue d'enseignement et rendement scolaire : Essai
de diagnostic du système éducatif haïtien, coll. Enfance éducation et société, L’Harmattan, Paris, pp.25-26.
CHAPITRE II
139
Etude comparative des thèses portant sur l’analyse du discours

Ce qui confirme que la compréhension voire l’interprétation d’un discours dépendent


d’un certain nombre d’éléments en dehors du procès de communication mais qui
assurent sa réception.

La troisième approche à présenter est celle née aux Etats-Unis en se basant sur les
mécanismes de la sociolinguistique qui ouvre les voies à la recherche de différentes
problématiques que l’on pose à propos de l’usage langagier dans un groupe social. Ce
qui crée une approche à part entière s’intéressant aux différentes conversations d’où
elle tire son nom : l’approche conversationnelle dont l’apparition vaut à « la convergence
de trois grands courants de recherche : l'interactionnisme symbolique, l'ethnographie de la
communication et l'ethnométhodologie. »238

Pour ne pas être redondants ni même pas aplatir notre texte avec des notions que nous
avons déjà mentionnées239 et qui sont déjà disponibles dans plusieurs ouvrages
d’introduction à l’analyse du discours, nous nous contentons de faire un rappel
d’autres approches sans nous approfondir sur les bases théoriques de chacune d’entre
elles. À cet égard, il faut souligner le dialogisme et la polyphonie de Bakhtine ;
l’approche sociolinguistique comprenant la sociolinguistique interactionnelle de
GUMPERZ, l’approche variationniste de LABOV et les rituels sociaux de
BOURDIEU ; l’école française d’analyse du discours, l’approche pragmatique et
l’approche sémiotique.

238
« Les bases théoriques en analyse du discours », op.cit, pp.1-35.
239
Voir chapitre I.
CHAPITRE II
140
Etude comparative des thèses portant sur l’analyse du discours

II.3.2. Analyse et comparaison des méthodes utilisées


En vue de connaître puis comparer les méthodes suivies dans les thèses-corpus, nous
élaborons le tableau ci-après :

Tires de thèses Méthodes

1 Pour une approche sémiotique subjectale du La sémiotique subjectale


sujet d'énonciation dans l'œuvre de Assia
Djebar : Etre(s) en devenir

2 La discontinuité énonciative dans l’œuvre Les procédés narratologiques


de Med Dib
L’énonciation
Corpus d’appui : Le métier à tisser et
L’infante maure

3 Le discours sur l’Espace et le Temps dans La narratologie de Greimas


l’œuvre de Malika MOKEDDEM.
Les théories d’Edouard
Glissant et celles d’Amine
Thèses algériennes

Maalouf

4 Sémiotique de la conscience dans le La sémiotique de la conscience


Nouveau Roman. Michel Butor, Nathalie
Sarraute, Alain Robe-Grillet.

5 Dialogisme et lecture. Le dialogisme


françaises

Polyphonie et sens dans le discours


Thèses

romanesque
CHAPITRE II
141
Etude comparative des thèses portant sur l’analyse du discours

6 Espace et Poésie chez Baudelaire La thématique

Typographie, Thématique Et Énonciation L’approche typographique

L’énonciation

7 Le théâtre de Sarraute : polyphonie et L’énonciation


énonciation

8 Énonciation et transtextualité L’énonciation

Dans le roman africain francophone de La transtextualité

La migritude

9 L'énonciation De L'exil Et De La Mémoire L’énonciation

Dans Le Roman Féminin Francophone:

Anne Hébert, Aminata Sow Fall,


Marguerite Duras

10 Quand l’Autre prend la parole. La Le schéma de la grammaire


représentation de trois formes d’altérité segmentaire de Baumann et
Thèses canadiennes

dans le roman contemporain Gingrich

11 « NOUS AVONS VOULU PARLER DE La théorie des champs de


NOUS » Pierre Bourdieu

Le discours éditorial des féministes La théorie du discours social de


CHAPITRE II
142
Etude comparative des thèses portant sur l’analyse du discours

québécoises (1972-1987) Marc Angenot

dans Québécoises deboutte !, Les têtes de L’analyse du discours selon


pioche et La Vie en rose Ruth Amossy

La nouvelle rhétorique selon


Chaïm Perelman et Lucie
Olbrechts-Tyteca

12 Les traducteurs dans les collections L’analyse des discours


littéraires en France (1821-1852) : préfaciels
Identités réelles et discursives
Tableau 9: les méthodes suivies dans les thèses-corpus

 Commentaire du tableau :

Au sujet de l’approche dite « sémiotique subjectale » constituant la méthode adoptée


dans la deuxième thèse algérienne, il est à noter que son sujet prend en charge le
discours. Cette approche vaut sa création aux travaux de Jean-Claude Coquet.
S’opposant à la sémiotique objectale, la théorie de la sémiotique subjectale « s’est
attachée à mettre l’accent, dans la ligne de Benveniste, sur l’acte d’appropriation que représente
l’énonciation, un acte où le sujet joue réellement son identité et s’affirme comme présence à
l’intérieur même de son discours»240.

D’après les propos de Jacques Fontanille, le principe de cette théorie est de relier le
sujet parlant à son discours en dévoilant sa véritable identité par des indices qui lui
appartiennent. Dans sa démarche, Jean-Claude Coquet développe une conception

240
Fontanille (Jacques), Modes du sensible et syntaxe figurative, coll. « Nouveaux actes sémiotiques »,
Presses Universitaires de Limoges (PULIM), Limoges-France, p.89.
CHAPITRE II
143
Etude comparative des thèses portant sur l’analyse du discours

fondée sur « des instances énonciatives ». Selon lui, la typologie actantielle s’organise
selon trois niveaux : le sujet, le quasi-sujet et le non-sujet dans la mesure où

« [l]’instance sujet est un actant doté de la modalité du pouvoir


et du savoir qui agit consciemment, l’instance non-sujet est un
actant dénué de la capacité de juger qui agit inconsciemment et
l’instance quasi-sujet marquant le passage de l’inconscience à la
conscience indique un actant qui agit inconsciemment, mais qui
reprend tout de suite conscience [sic] de ses gestes »241

Dans l’introduction de la thèse où cette approche est adoptée, le chercheur exprime


clairement sa méthode en écrivant « nous nous attacherons aux statuts du sujet et à ses
passions d’un point de vue sémiotique subjectale »242. De plus, il est constamment signalé
que même si l’approche énonciative est à l’origine de l’étude, c’est bien la théorie de
sémiotique subjectale qui orientera le processus de réflexion de tout le travail. En
effet, en parcourant cette introduction, nous sommes tombés sur des passages où le
mécanisme de l’approche et son application sur le corpus sont explicites, via les
concepts qui s’y rattachent, ainsi : « En effet, dans Le Blanc de L’Algérie, Oran, Langue
morte, La disparition de la langue française, différentes instances passant du statut de sujet à
celui de non-sujet sont mises en scène »243. Dans ce passage, le chercheur affirme la
présence des actants dont l’état se transforme de celui d’un sujet244 à celui du non-
sujet. Cela prouve que les protagonistes peuvent changer de statuts par rapport au
déroulement du récit afin d’accomplir des tâches bien précises et tracées par l’écrivain.

241
Zahi (Jamel), La sémiotique subjectale de J.CL. COQUET, [En ligne], consulté le 15/06/2017, URL :
https://prezi.com/yltxzgzbz8fn/la-semiotique-subjectale-de-jclcoquet/
242
« Pour une approche sémiotique subjectale du sujet d'énonciation dans l'œuvre de Assia Djebar : Etre(s)
en devenir», Op.Cit. , p 09.
243
Ibid., p.12.
244
Nous avons déjà défini les différents concepts de la théorie de la sémiotique subjectale. Voir pages 21-22
de ce chapitre.
CHAPITRE II
144
Etude comparative des thèses portant sur l’analyse du discours

Par ailleurs, la notion d’instances, relative à ladite théorie, est mentionnée de plus en
plus dans les pages consacrées à la méthodologie de recherche. Dans son étude, le
chercheur désigne les divers actants de son corpus en les caractérisant d’instances
énonciatives dont chacune porte une valeur précise servant à l’achèvement du récit.

« L’instance d’origine projette des sujets témoins dignes de


confiance notamment des enfants jugeant les actes de mort. (…)
Mais, il est d’autres raisons qui font la prédominance de la mort :
celle-ci frappe l’instance d’origine dans sa passion amoureuse.
(…) En effet, l’amour, objet de valeur auquel veut se conjoindre
l’instance d’origine, est freiné par des convenances sociales, par
l’image du père. »245

Les énoncés présentés ci-dessus démontrent que le chercheur ne parle plus en termes
d’écrivain ou de personnages, mais en employant les termes spécifiques à son
approche, il adopte la notion d’instance d’origine (la romancière) et les sujets (les
personnages).

De plus, le chercheur emploie l’expression « instance narratrice » indiquant que


l’instance d’origine s’est interférée dans le récit afin d’accomplir la fonction de
narration. Comme il confirme dans une note de bas de page que sa préoccupation
porte sur l’instance narratrice, non pour dévoiler son identité, mais dans le but de
prouver que cette instance est « purement linguistique envisageable sémiotiquement»246.

245
« Pour une approche sémiotique subjectale du sujet d'énonciation dans l'œuvre de Assia Djebar : Etre(s)
en devenir», Op.Cit., p.12.
246
Ibid.
CHAPITRE II
145
Etude comparative des thèses portant sur l’analyse du discours

Dans la deuxième thèse algérienne intitulé : « La discontinuité énonciative dans l’œuvre de


Med Dib. Corpus d’appui : Le métier à tisser et L’infante maure »247, nous remarquons que la
recherche se fonde sur deux approches : la narratologie et l’énonciation.

« Dans L’infante maure et Le métier à tisser, nous tentons de passer de la lisibilité relative à la
déconstruction et illisibilité des formes d’un corpus à l’autre »248 est l’objectif de cette thèse
qui considère les œuvres étudiées comme deux textes pouvant contribuer à la création
d’une œuvre littéraire vue comme « un nouveau « vouloir dire » »249. Le chercheur y joue
avec les concepts du dit et du non dit dans : « Une œuvre révèle une expression sur différents
visages, un déjà dit qui ne serait pas simplement une phrase prononcée, un texte déjà écrit, mais à
vrai dire, un non dit. Il est une voix aussi silencieuse qu’un souffle : un demi silence »250. Cet
extrait met en évidence la présence de l’intertextualité dans toute œuvre dans la
mesure où elle présente « un déjà dit » qui se révèle comme un autre discours dans une
autre situation ; « un texte déjà écrit » ouvrant les voies à la production d’un discours
non dit, un discours que le « déjà dit » n’a pas vraiment énoncé .

L’auteur de ladite thèse explique que dans la trilogie nordique, l’accent est mis sur le
personnage principal Omar présent dans les trois romans (La Grande maison, L’incendie,
Le métier à tisser). Le fil de continuité discursive est considérablement remarquable dans
la mesure où l’on témoigne à la succession et à l’achèvement des évènements d’une
œuvre à une autre. Or, le quatrième roman, L’infante maure, met en valeur le parcours
de « Lyyli Belle, personnage énigmatique et attachant, déjà présent dans Les Neiges de marbre,
est une petite sans âge née d’un père maghrébin et d’une mère européenne. »251

Dans la même perspective, le chercheur trouve convenable de

247
La discontinuité énonciative dans l’œuvre de Med Dib. Corpus d’appui : Le métier à tisser et L’infante
maure, Op.cit.
248
Ibid., p.22.
249
Ibid.
250
Ibid.
251
Ibid., p.23.
CHAPITRE II
146
Etude comparative des thèses portant sur l’analyse du discours

« se demander comment la discontinuité est envisagée dans les


deux romans, plus particulièrement, au niveau du discours, de la
narration et au niveau thématique ? Quels sont les espaces
textuels appartenant aux formes de la déconstruction ? Comment
s’organisent-elles dans les deux romans ? Et quelles ruptures
pouvons-nous dégager ? »252

Dans le but de répondre à ces question, il répartit son travail d’étude en trois parties
dont la première est consacrée à « [présenter le] corpus, analyser les personnages, définir et
déchiffrer la discontinuité et ses aspects dans les deux textes choisis »253. Pour ce faire, il
s’attache à la structure du récit en se servant du schéma de Greimas. Quant à la
deuxième partie intitulée « La discontinuité spatiale », elle met le point sur la
manifestation de la discontinuité sur l’axe de l’espace du récit. Il s’appuie également
sur l’approche thématique afin de dégager le thème de l’espace dans les deux écrits
romanesques. La troisième partie se veut une analyse de la discontinuité thématique
sur laquelle le chercheur s’intéresse aux niveaux des titres et de l’histoire. Pour que
cette dernière partie soit achevée, le chercheur trouve utile d’organiser son étude en
suivant deux orientations et deux approches : thématique et esthétique. L’extrait ci-
dessous l’illustre davantage.

« D’une part, une approche thématique pour cerner les sujets et les
thèmes traités dans les corpus. D’autre part, une approche
esthétique pour démontrer comment le choix des thèmes et des
sujets s’est renouvelés dans la récurrence tout en engageant la
production des textes vers de nouvelles perspectives. »254

252
Ibid.
253
Ibid.
254
Ibid., p.25.
CHAPITRE II
147
Etude comparative des thèses portant sur l’analyse du discours

Dans la troisième thèse algérienne intitulée « Discours sur l’espace et le temps dans l’œuvre
de Malika Mokeddam. »255, le chercheur consacre quatre pages de son introduction à la
présentation de son plan de travail où il mentionne les théories adoptées pour chacune
des trois parties de sa thèse. En effet, dans la première partie portant sur « La quête
identitaire », il est question « du parcours narratif du personnage principal »256 selon le
programme narratif de Julien Greimas qui aide à mieux comprendre les personnages et
les fonctions qu’ils accomplissent. Plusieurs concepts sont évoqués dans ce schéma
actanciel (le sujet, l’actant, l’adjuvant, etc) et que Myriam Tsimbidy explique dans cet
extrait :

« Le schéma actantiel (…) synthétise l’ensemble des forces en


présence dans une histoire en catégorisant le rôle et la fonction de
chacun des actants. Ce terme désigne les personnages mais aussi des
objets, des lieux voire des éléments plus abstraits comme les
sentiments. (…) le héros désire un objet, est aidé par certains
(adjuvants) inversement d’autres (les opposants) tentent d’entraver
sa quête. Celle-ci est guidée ou déclenchée par un destinateur ou
un destinataire. »257

Il est à rajouter que le terme d’actant n’est pas seulement réservé aux personnages
mais il peut désigner un objet ou un lieu à condition qu’ils remplissent une certaine
fonction. Une forêt, par exemple, peut se présenter en tant qu’adversaire d’un héros
qui serait retrouvé privé de poursuivre sa quête, l’empêchant de suivre son objet à
travers son obscurité et ses arbres.

Bien que le chercheur emploie dans son introduction l’expression « le parcours


narratif » pour désigner « le programme narratif » comme illustré dans : « Dans la 1ère

255
Discours sur l’espace et le temps dans l’œuvre de Malika Mokeddam, Op.cit.
256
Ibid., p.06.
257
Tsimbidy (Myriam), Enseigner la littérature de jeunesse, Presses Universitaires du Mirail, Toulouse, 2008,
p.222.
CHAPITRE II
148
Etude comparative des thèses portant sur l’analyse du discours

partie intitulée : « la quête identitaire, » nous suivrons le parcours narratif du personnage


principal (cette fois, le personnage féminin). (…) Ce programme narratif de l’héroïne, selon la
terminologie de Greimas5 »258, il est indispensable de préciser que les études portant sur
la narrativité distinguent les trois notions isolément dans la mesure où

« le programme narratif est un syntagme élémentaire de la syntaxe


narrative, constitué par un énoncé de faire régissant un énoncé
d’état. Les parcours narratifs sont, eux aussi employés par le
schéma narratif. Celui-ci, avec ses phases de manipulation, de
compétence, de performance et de sanction, est considéré comme un
modèle de référence. »259

Le chercheur arrive à finaliser la première partie de sa thèse en précisant s’il existe


une similitude ou une différenciation entre les différents personnages du récit étudié
ainsi que les finalités espérées derrière cette mise en œuvre.

Pour ce qui est de la deuxième partie, il la consacre « aux différentes missions de l’écriture
dans l’exil »260 dans laquelle il a recours aux théories d’Edouard Glissant et celles
d’Amin Maalouf pour voir «quelle position la romancière fera-t-elle adopter à ses personnages
pour leur éviter l’écartèlement permanent entre ces deux situations et, par conséquent, leur
permettre un épanouissement complet? »261. Ces deux penseurs et romanciers ont une
même vision à propos de la notion de l’identité. La conception maaloufienne considère
les identités en tant que « réalités d’ordre discursif, construites historiquement et donc
susceptibles d’être déconstruites notamment par les écrivains.»262

258
Discours sur l’espace et le temps dans l’œuvre de Malika Mokeddam, Op.cit., p.06.
259
Atzenhoffer (Régine), Écrire l’amour kitsch. Approches narratologiques de l’œuvre romanesque de
Hedwing Courths- Mahler (1867-1950), coll. « CONTACTS », Peter Lang, Berne, 2005, p.398.
260
Discours sur l’espace et le temps dans l’œuvre de Malika Mokeddam, Op.cit., p.07.
261
Ibid., p.08.
262
Hocine (Abdelhamid), « Poétique de relation : Amin Maalouf et Edouard Glissant », In Synergie Algérie,
n°19, 2013, pp.25-43.
CHAPITRE II
149
Etude comparative des thèses portant sur l’analyse du discours

Les deux écrivains montrent comment la création d’une identité imaginaire peut
devenir un instrument de domination et de légitimation du colonialisme. Quand un
écrivain s’engage dans l’écriture, il contribue, de manière implicite ou explicite, à la
construction de son identité ou au combat de son identification. C’est ce que dit
Abdelhamid Hocine : « Écrire un roman, c’est bien sûr raconter une histoire, mais c’est
surtout, pour l’écrivain, participer au combat de la reconnaissance.»263

Or, cette identité ne s’incarne nullement sans qu’il y ait un autre que l’on peut se
comparer avec. Autrement dit, cet « autre » est le billet qui donne au « je » la faculté
de parcourir le chemin de sa reconnaissance et son identification. Il est également à
rajouter que Autrui est considéré comme un miroir et, donc, des liens de complexité
et de complémentarité se tissent entre les deux entités : le Moi et l’Autre.

Dans la troisième partie intitulée « Éclatement de toutes les structures », le chercheur


explique sa thèse vise à démonter l’éclatement interne et externe du personnage
étudié. Cet éclatement et déstabilisation du personnage féminin va conduire à une
« destruction des structures narratives : une écriture singulière, fragmentée, imprégnée par un
malaise, soumise à une sensibilité de la romancière, en tant que femme et en tant qu’être
humain.»264

Quant à la quatrième thèse algérienne, nous y retenons dès son titre, « Sémiotique de la
conscience dans le Nouveau Roman. Michel Butor, Nathalie Sarraute, Alain Robbe-Grillet »265,
l’approche adoptée : la sémiotique de la conscience.

Depuis un certain temps, la sémiotique commence à se détacher de son mécanisme


empirique où l’on aperçoit les systèmes symboliques comme étant « des systèmes clos et

263
Ibid.
264
Discours sur l’espace et le temps dans l’œuvre de Malika Mokeddam, Op.Cit., p.09.
265
Sémiotique de la conscience dans le Nouveau Roman. Michel Butor, Nathalie Sarraute, Alain Robbe-
Grillet, Op.Cit.
CHAPITRE II
150
Etude comparative des thèses portant sur l’analyse du discours

autonomes, n’obéissant qu’à leurs lois propres et leur nécessité interne »266. En effet, les
sémioticiens ont pris conscience de la réalité que « les structures sémio-discursives ne sont
pas des entités formelles indépendantes du fonctionnement de l’esprit humain et qu’il faut pour les
comprendre les rapporter ultimement aux ‘‘facultés de l’âme’’, (…) aux différents ’’modules de
notre activité mentale »267. Ainsi, la signification de l’énoncé ne se limite plus dans les
unités formelles de la langue, mais également dans la manifestation de la conscience du
sujet parlant qui se traduit par ses sentiments, ses passions, son identification, etc.
Depuis, la notion de la conscience s’est imprégnée dans le champ sémiotique en lui
offrant la faculté de mieux circonscrire les évènements discursifs. C’est comme le
confirme Pierre Ouellet dans son article d’où nous tirons l’extrait ci-après :

« Les processus de signification ont bien sûr à voir ave les


contraintes formelles des langues naturelles et les normes régissant
les pratiques discursives-linguistiques et sémiologues l’ont
largement démontré-, mais ils s’appuient d’abord sur le
fonctionnement de la conscience des sujets qui y participent, non
seulement par leur faculté de parler, qui est l’un seulement des
modules de notre esprit, mais par leur mémoire, leur imagination,
leur pouvoir inférentiel, leur intentionnalité et, plus
fondamentalement encore, leur perception, leur mode de présence
corporelle au monde, leur sensori-motricité. »268

Dans l’introduction de sa thèse, le chercheur juge utile de définir la conscience tout en


signalant que c’est un concept difficile à circonscrire. Pour lui,

« toute conscience est d’abord conscience de soi-même. C’est aussi


une activité perceptive et cognitive permettant à l’individu de se

266
Ouellet (Pierre), « La sémiotique cognitive. Les sciences de l’esprit entre la nature et la culture », in
Sémiotiques, n°6-7, décembre 1994, pp. 137-159.
267
Ibid.
268
Ibid.
CHAPITRE II
151
Etude comparative des thèses portant sur l’analyse du discours

connaître au centre du monde, et de porter également un regard


sur la relation entre soi et les autres, car ce n’est pas seulement
dans la solitude que l’on prend conscience de soi. »269

Autrement dit, la conscience du sujet commence de prime abord par son identification
et sa différenciation par rapport au monde extérieur. C’est par son distinction d’autrui
qu’il construise son identité propre à lui.

Après avoir défini la conscience, il se lance dans l’explication du processus de son


travail ainsi :

« L’idée fondamentale de ce travail est qu’il est possible de rendre


compte, en empruntant des concepts à la sémiotique de l’action, de
la cognition et des passions de l’articulation particulières des
contenus de la conscience des personnages, en l’occurrence leurs
réflexions, leurs sentiments, leurs perceptions, leurs points de vue
ainsi que leurs modulations. »270

Dans ce passage, le chercheur déclare littéralement qu’il emprunte des notions à la


sémiotique afin d’atteindre son objectif. En effet, nous avons retenu un passage suivant
ces propos où il emploie ces notions dans la description des personnages :

« Les sujets, dans notre corpus, n’existent que comme support de


leurs consciences. Ils se constituent par leurs discours, par leurs
choix sémantiques, par leurs relations avec les objets qu’ils visent,
avec les autres acteurs qui les entourent, mais également par les
transformations qui les affectent, appelant une syntaxe. »271

269
Sémiotique de la conscience dans le Nouveau Roman. Michel Butor, Nathalie Sarraute, Alain Robbe-
Grillet, op.cit., p.05.
270
Ibid., p.07.
271
Ibid.
CHAPITRE II
152
Etude comparative des thèses portant sur l’analyse du discours

Il s’agit également de voir, dans le corpus, comment la conscience présente un


éclatement à l’intérieur du genre romanesque dont le processus crée « une poétique de
la conscience»272.

Après avoir mis en lumière les méthodes suivies dans chacune des thèses algériennes, il
est temps d’examiner les méthodes adoptées dans le deuxième volet de notre corpus
qui comprend des thèses françaises.

Le dialogisme colorie la première thèse française intitulée « Dialogisme et lecture.


Polyphonie et sens dans le discours romanesque». Sachant que les communications
interhumaines se caractérisent par des incompréhensions et compréhension, c’est-à-
dire « malentendu/désaccord et compréhension/accord. »273 , le chercheur y énonce sa
problématique sous forme d’une question principale : « Quelle est, de la perspective de ce
jeu entre incompréhension et compréhension, la situation d’une approche théorique du rapport
entre dialogisme et lecture, dans le contexte de l’articulation polyphonique du sens dans le
discours romanesque ? »274

Afin d’y répondre, il met en relief le concept du « malentendu » pour élaborer une
vision sur le dialogisme275 et la lecture en présentant tour à tour les concepts
« dialogisme » et « lecture » en vue de rendre lisible l’approche dialogique de la
lecture. À propos du dialogisme, il écrit :

« (...), concept aussi complexe qu’ambigu, grâce aux/à cause des


multiples aspects qu’il est censé décrire (de la communication et
la compréhension, jusqu’à la littérature, l’idéologie et la
culture). Tenant compte de cette pluralité de sens, qui tire sa
racine de la réflexion bakhtinienne, le concept de dialogisme

272
Ibid., p.08.
273
Dialogisme et lecture. Polyphonie et sens dans le discours romanesque, Op.Cit., p.14.
274
Ibid.
275
Terme approprié à Mikhaïl Bakhtine
CHAPITRE II
153
Etude comparative des thèses portant sur l’analyse du discours

impose une double articulation analytique : premièrement, la


délimitation et la description des diverses formes de dialogisme
(constitutif, réactif, thématique, idéologique etc.), et
deuxièmement, la délimitation des traits sémantiques et
fonctionnels communs à toutes ces formes et la construction d’un
concept-synthèse, qui saisisse la spécificité du dialogisme. »276

L’ambiguïté dudit concept réside dans le fait qu’il est censé décrire plusieurs aspects,
tels que la communication humaine et sa réception, l’idéologie, la littérature, la
culture, etc. Il exige une conjonction de deux visions analytiques dont la première
concerne la délimitation et la description de ses différentes formes tandis que la
deuxième s’intéresse à la délimitation du sens et de la fonction de ces formes.

Sous la plume de l’auteur de la thèse concernée, le dialogisme désigne

« une série de relations de communication de nature


interactive. (…) La relation représente le cadre fonctionnel
élémentaire (…) la communication représente la cadre fonctionnel
orienté de manière téléologique (…) et l’interaction représente la
modalité de réalisation»277

Quant au concept de la lecture, constituant le noyau de la deuxième partie de la thèse,


il est défini comme une

« activité de réception/exécution d’un texte écrit. Les


trois éléments que nous avons introduits dans la définition de la
lecture représentent notre intention de surprendre la spécificité
communicative de la lecture par rapport aux autres formes de

276
Dialogisme et lecture. Polyphonie et sens dans le discours romanesque, Op.Cit., p.16.
277
Ibid., p.17
CHAPITRE II
154
Etude comparative des thèses portant sur l’analyse du discours

communication, à partir desquelles elle est habituellement


définie. »278

Cette activité qui impose la conjonction entre la réception et l’exécution est relative à
la définition de la lecture au sens de John Longshaw Austin considérant la lecture
comme une « performance en anglais » que les théoriciens la traduisent comme étant
une « exécution en français»279. En outre, l’auteur de la thèse prend en considération
tous ces paramètres afin de saisir le sens de lecture qui se propose comme un acte
performatif mettant en relation l’actualisation de l’écrit avec l’oral280 en rejoignant la
conception de la pragmatique de John Austin.

Dans le but de rapprocher le mécanisme de son approche d’étude qui semble ambigü,
le chercheur anticipe un résultat de son analyse et l’inclut dans son introduction. En
effet, l’application de la méthode est faite sur un extrait de Madame Bovary de Gustave
Flaubert281 afin de répondre à la question suivante : « Dans quel sens peut-on faire valoir la
dialogisme à partir de ce fragment ? »282

Il s’agit en fait de concevoir le dialogisme dans le dialogue entre Emma et Léon, son
amant, et l’entendre dans un contexte communicatif. Ainsi, l’analyse du dialogisme se
fait en deux temps. Dans un premier temps,

« le dialogisme est lié à la coordonnée socio-interactive de la


langue. De la perspective bakhtinienne, l’étude de la langue
signifie, d’abord, se préoccuper des formes réelles d’actualisation
de la langue; parmi ces formes, le dialogue représente la forme
naturelle fondamentale de manifestation de la langue sur le plan

278
Ibid.
279
Nous rejoignons la conception du traducteur Trezise (Thomas) et sa traduction de « Allégories de la
lecture ». Le langage figuré chez Rousseau, Nietzsche, Rilke et Proust de Man (Paul), éd. Galilée, Paris, 1989.
280
Dialogisme et lecture. Polyphonie et sens dans le discours romanesque, Op.cit., p.17.
281 e
Flaubert (Gustave), Madame Bovary, 3 partie, chapitre V, Gallimard, Paris, 1980.
282
Dialogisme et lecture. Polyphonie et sens dans le discours romanesque, Op.cit., p.18.
CHAPITRE II
155
Etude comparative des thèses portant sur l’analyse du discours

de la parole. Le dialogisme signifie, dans ce cas, l’interaction


communicative mise en contexte ; un locuteur s’adresse à un
interlocuteur, celui-ci lui répond et l’unité communicative
essentielle est l’échange de répliques. »283

Dans ce cas, le contexte de la réalité où se trouvent les personnages est très important,
du fait que les répliques de deux personnages créent une communication sur soi où
Emma rêve d’une réalité potentielle. Ce genre de dialogisme est nommé par l’auteur
de cette thèse « dialogisme réactif »284 parce que Emma réagit au discours de Léon de
façon à ce qu’elle imagine, en temps réel, une autre vie auprès de son amant.

Dans un second temps, le dialogisme signifie « dépendance structurelle et fonctionnelle du


discours élaboré par rapport aux discours antérieurs ou ultérieurs de l’interlocuteur ou d’un autre
indéfini. Les affirmations d’Emma et les réponses de Léon illustrent la manière dans laquelle le
discours de tout locuteur se modèle en fonction des paroles étrangères.»285

En agissant à son affirmation sur le sujet du mariage de Léon prononcé


antérieurement, Emma énonce une assertion « Ah ! Tu me quitteras, toi !... tu te
marieras !... tu seras comme les autres»286. Cette réaction de l’improviste est une sorte de
stratégie séduisante en vue d’avertir son amant de la possibilité de devenir ce « comme
les autres » en affirmant par la suite qu’ils sont « infâmes » pour l’inciter à ne pas la
quitter. De ce fait, Emma participe à l’élaboration des répliques de Léon qui change
d’attitude envers sa maîtresse et prononce des discours différents de ce qu’il avait
l’intention de dire. Ce type de dialogisme est dit « dialogisme constitutif »287, c’est-à-dire
la participation du locuteur à la constitution du discours de son interlocuteur.

283
Ibid.
284
Ibid.
285
Ibid., p.19.
286
Flaubert (Gustave), Op.Cit.
287
Dialogisme et lecture. Polyphonie et sens dans le discours romanesque, Op.Cit., p.19.
CHAPITRE II
156
Etude comparative des thèses portant sur l’analyse du discours

En outre, l’auteur de cette thèse ajoute un autre type de dialogisme ; celui dit narratif.
C’est celui qui décrit la réaction et l’interaction du discours de l’instance narrative et
les discours voire les consciences des personnages288. Ce qui crée, selon le chercheur,
un dialogisme communicatif à l’intérieur du fait littéraire n’étant que le texte conçu
comme un

« objet culturel produit par un écrivain, offert à un public, situé


donc dans un certain contexte socioculturel. De la perspective de ce
dialogisme culturel et esthétique, on pourrait parler de la
manière dont l’écriture du roman reflète un certain canon
esthétique, comment se situe le roman Madame Bovary par rapport
aux autres romans du même type (thématique ou forme, ou à des
romans desquels il s’éloigne plus ou moins polémiquement,
etc. »289

Cet extrait montre que lorsqu’on relie le dialogisme aux aspects socioculturels et
esthétiques du texte, il devient un dialogisme littéraire. L’actualisation de ce texte se
fait via l’acte de lecture qui « établit un premier type de relations dialogiques avec l’horizon
culturel où elle se déroule (dialogisme contextuel), horizon qui oriente, par les types/genres
de lecture qu’il met à la disposition du lecteur, le contact de celui-ci avec le texte.»290

Donc la relation du texte avec son lecteur se veut un dialogisme contextuel dans la
mesure où le background du lecteur (son arrière-plan socioculturel) joue un grand rôle
dans l’élaboration du sens du texte.

Il est à noter que puisque la personnalité et les aspects socioculturels du lecteur


changent, sa lecture du texte changera elle aussi. Tel l’illustre l’extrait suivant :

288
Ibid.
289
Ibid., p.20.
290
Ibid., p.21.
CHAPITRE II
157
Etude comparative des thèses portant sur l’analyse du discours

« Un lecteur qui a intériorisé, au cours de son évolution


intellectuelle un mode de lecture « allégorique » (…), il cherchera
dans le roman Madame Bovary le message indirect
suggéré/transmis par l’Auteur par l’intermédiaire du texte.
(…) un lecteur qui a intériorisé un type de lecture référentielle
participative se laissera absorber par le texte, souffrira à côté des
personnage[sic], partagera les attentes et les désillusions d’Emma,
etc., alors qu’un lecteur formé à l’école formaliste structuraliste
sera prêt à chercher et à trouver dans le texte des procédés, des
mécanismes, des motivations, des stratégies, des codes, des
techniques narratives etc. »291

À travers les connaissances préalablement acquises sur l’auteur, le lecteur construit un


auteur sur la base des informations et des fondements idéologiques qu’offre le texte.
Ce type d’interaction est appelé « dialogisme intersubjectif »292.

La dernière interaction, que le lecteur peut avoir avec le texte, est celle qui s’attache à
l’altérité du texte. Il s’agit donc d’un dialogisme textuel dans lequel on peut distinguer
deux types de déclinaisons : l’une conçoit le texte comme un objet culturel, l’autre
déchiffre les signes graphiques afin de rendre le texte plus sémantique. Dans le cas de
ces deux horizons de lecture, le lecteur est censé se référer au dialogisme contextuel et
au dialogisme intersubjectif.

De tout ce qui précède, nous remarquons que l’auteur de ladite thèse tente de cerner
le concept du dialogisme qui semble très complexe et qui s’appréhende par rapport à
différents niveaux : communicatif, littéraire et lectoral.

291
Ibid., pp.21-22.
292
Ibid.
CHAPITRE II
158
Etude comparative des thèses portant sur l’analyse du discours

Dans lignes qui suivent, nous présenterons les principales approches adoptées dans la
deuxième thèse française intitulée « Espace et Poésie chez Baudelaire : typographie,
thématique et énonciation».

L’introduction de cette thèse commence par deux questions préliminaires : « Que


signifie l’espace pour Baudelaire ? Et qu’est-ce que la poésie pour lui ? »293. Bien que la
réponse à cette question ne soit pas définitive, elle peut déclencher de véritables
réflexions. En effet, la réponse se trouve dans une lettre envoyée par le poète à
Armand Fraisse où il « indique au poète cadet l’importance d’un encadrement étroit pour que
l’on puisse ressentir, dans la contemplation du ciel ou du paysage, la sensation profonde de
l’infini»294. Du fait, la notion du cadre semble d’une grande importance afin de sentir,
en profondeur, l’infini. Nous remarquons également la présence de trois notions
fondamentales dans la poésie baudelairienne, qui entrent dans une relation de
complémentarité et de dépendance, à savoir l’infini, le fini et la profondeur. Cette
relation se résume dans les propos suivants: « l’infini n’est si profond que pour être cerné
par la clôture du fini. Autrement dit, la profondeur, à ses yeux [Baudelaire], résulte d’une
combinaison dialectique entre l’infini et le fini »295. C’est pourquoi, l’auteur de la thèse
insiste sur la notion du cadre, dans la poésie de Charles Baudelaire, sans quoi
l’imagination du poète, et de l’être humain en général, tombe dans un monde
chaotique. Par conséquent, l’imagination entre en jeu avec le cadre et les trois autres
notions que nous avons déjà citées dans la mesure où « le cadre joue un rôle dans son
opération en permettant à l’imagination de capter pour la dompter la profondeur de l’infini »296.
En effet, l’objectif de la thèse concernée est de saisir, dans l’espace poétique
baudelairien, les différents mécanismes du cadre avec « les profondeurs insondables de
l’imagination.»297

293
Espace et Poésie chez Baudelaire : typographie, thématique et énonciation, Op.cit., p.09.
294
Ibid.
295
Ibid.
296
Ibid., p.11.
297
Ibid.
CHAPITRE II
159
Etude comparative des thèses portant sur l’analyse du discours

L’auteur de la thèse signale qu’en vue d’étudier la spatialité littéraire, il est


indispensable de s’appuyer sur la conception de Gérard Genette exprimée dans son
ouvrage Figures II298 où il consacre une section intitulée « Littérature et l’espace »299
distinguant quatre types de spatialité en littérature. En effet, la thèse prend en
considération deux dimensions de l’espace dont l’une est représentée tandis que
l’autre est représentative. Elles s’accordent principalement, par ordre, au signifié et au
signifiant, autrement dit, à l’abstrait et au concret.

L’étude procède dans les trois parties de cette thèse de la façon suivante :

« Les premiers chapitres de notre étude étudieront, parmi ces deux


espaces, celui plus concret, l’espace textuel et typographique. C’est
la donnée en fait fondamentale de l’ouvrage littéraire, sans
laquelle, la représentation même du paysage évoquant la sensation
de l’infini est impossible. Puis, dans la deuxième partie, nous
observerons l’autre spatialité qui consiste dans la représentation
des objets dans les poèmes. Enfin, la troisième partie ajoutera à ces
deux dimensions de l’espace celle qui concerne « l’instance de
discours », celle que Benveniste a traitée dans sa réflexion
linguistique sur les pronoms »300

Dans la troisième thèse française, les approches suivies sont la polyphonie et


l’énonciation. La problématique autour de laquelle s’articule ce travail de recherche
est énoncée, plus tard dans l’introduction : « Comment l’énonciation se fait-elle double ou
multiple dans notre corpus et comment influence-t-elle les relations entre l’auteur et les
récepteurs extratextuels ? »301

298
Genette (Gérard), Figures II, coll. « Tel Quel », Seuil, Paris, 1969.
299
Genette (Gérard), « La littérature et l’espace », in Figures II, réédité dans coll. « Points », Seuil, Paris,
1979, pp.43-48.
300
Espace et Poésie chez Baudelaire : typographie, thématique et énonciation, Op.cit., p.14.
301
Le théâtre de Sarraute : polyphonie et énonciation, Op.cit., p.17.
CHAPITRE II
160
Etude comparative des thèses portant sur l’analyse du discours

En analysant un corpus composé de huit pièces théâtrales de Sarraute, l’auteur de la


thèse emploie les fondements théoriques de l’énonciation d’Emile Benveniste302 et de
la polyphonie. L’étude s’y concentre sur le déchiffrage des sous-entendus définis en
tant que

« contenus implicites, mais contrairement aux présupposés, ils ne


sont pas directement ancrés dans les énoncés qu’ils véhiculent. Par
conséquent, ils sont tributaires de la situation d’énonciation et
sont décodés grâce à la compétence rhétorico-pragmatique du
récepteur, c’est-à-dire de sa connaissance des règles de bonne
conduite dans un discours. »303

En effet, le décodage des sous-entendus se fait par l’acquisition des compétences


rhétorico-pragmatiques chez le destinataire.

Il est à préciser que l’auteur de la thèse s’intéresse au macro-acte étant « l’activité que
fait l’auteur et qui est reçue par les lecteurs/ auditeurs/ spectateurs qui se constituent comme
destinataires des pièces qui nous importera, ainsi que la réception des œuvres par ces derniers.»304

La dernière approche, adoptée dans l’analyse des textes choisis, est la polyphonie.
Celle-ci indique la présence et la combinaison de plusieurs voix en une seule. La thèse
concernée vise à détecter ces différentes voix et leur contribution à la création des
répliques de personnages.

Les méthodes adoptées dans la quatrième thèse française intitulée « Énonciation et


transtextualité dans le roman africain francophone de la migritude »305

302
La théorie de l’énonciation d’Emile Benveniste a été pas mal de fois expliquée dans cette partie. Nous
jugeons utile de ne pas redire ce que nous avons déjà présenté.
303
Le théâtre de Sarraute : polyphonie et énonciation, Op.cit., p.14.
304
Ibid.
305
Enonciation et transtextualité dans le roman africain francophone de la migritude, Op.Cit., p. ???
CHAPITRE II
161
Etude comparative des thèses portant sur l’analyse du discours

Le chercheur commence son introduction par un aperçu sur l’émergence de la


littérature africaine de voyage en insistant sur les caractéristiques du discours littéraire
africain. De même, il y réserve aussi une partie intitulée « La question de
l’énonciation »306 pour faire comprendre aux lecteurs que sa démarche s’inscrit dans « la
perspective de l’énonciation littéraire»307 qui suit les orientations initiées dans l’ouvrage
L’analyse du discours dans les études littéraires308 :

Il convient de préciser que le discours littéraire

« apparaît lui aussi comme une institution, avec ses rituels


énonciatifs dont les genres sont la manifestation la plus évidente.
C’est à l’intérieur de cette institution que la communication
littéraire s’établit de manière appropriée. (…) On ne saurait
réduire la fiction littéraire à une attitude du locuteur à l’égard de
sa propre énonciation, puisqu’une des singularités du discours
littéraire est précisément de rendre problématique la notion même
d’énonciateur, de dissocier l’individu qui écrit des figures de
l’auteur que permet de diffuser l’institution littéraire. »309

Cet extrait met en lumière l’inscription du texte littéraire dans une perspective
discursive dont l’énonciation littéraire est toujours problématique et constamment
associée à ce genre de discours.

De plus, le chercheur explique dans son introduction que sa méthodologique repose,


outre l’ouvrage précité310, sur l’article de Dominique Maingueneau avec la

306
Ibid., pp.26-30.
307
« Enonciation et transtextualité dans le roman africain francophone de la migritude », Op.Cit., p.27.
308
L’Analyse du discours dans les études littéraires, Op.Cit.
309
Maingueneau (Dominique), Pragmatique pour le discours littéraire, Nathan, Paris, 2001, pp.19-24.
310
L’Analyse du discours dans les études littéraires, Op. Cit.
CHAPITRE II
162
Etude comparative des thèses portant sur l’analyse du discours

collaboration de Frédéric Cossutta, intitulé « L’analyse des discours constituants »311.


Le concept du discours constituant suppose une certaine supériorité d’un type de
discours sur un autre dont l’autorité revient à ce type et à son domaine d’adhésion.
Ces discours occupent la fonction de fondateur que Dominique Maingueneau explique
ainsi : « La prétention attachée au statut de discours constituants, c’est de fonder et de n’être pas
fondé. (…) [Ils] mettent en œuvre une même fonction dans la production symbolique d’une
société, une fonction que nous pourrions dire d’archéion [qui désigne] le siège de l’autorité.»312

Ce sont les principales réflexions autour desquelles s’articule la problématique de la


thèse en question où le chercheur insiste sur le fait qu’il

« faudra ainsi entendre par les termes d’énonciation et de


transtextualité la scène d’émergence d’un discours de voyage en
littérature africaine francophone, les modalités d’énonciation et
de réemploi qu’engendre cette émergence ainsi que les types de
paratopies, de positionnements institutionnels que ces
énonciations inscrivent. Il s’agira donc de prendre en charge
toute la dimension sociale du discours littéraire africain de
voyage dans une approche inspirée de la sociologie du fait
littéraire où le contexte, entendu comme « représentations, doxa
ou savoirs partagés » inhérents à un moment de l’histoire,
intègre le dispositif d’énonciation que mobilise l’œuvre
littéraire. »313

Ainsi, il ne nous reste que de rappeler que la notion de transtextualité est déployée
dans la thèse en question, en suivant la conception de Gérard Genette la considérant

311
Maingueneau (Dominique) et Cossutta (Frédéric), « L’analyse des discours constituants », in Langages,
e
29 année, n° 117, 1995, pp.112-125. [En ligne], consulté le 29/06/2017, URL :
http://www.persee.fr/doc/lgge_0458-726x_1995_num_29_117_1709 .
312
Ibid.
313
« Enonciation et transtextualité dans le roman africain francophone de la migritude », Op.Cit., p.29.
CHAPITRE II
163
Etude comparative des thèses portant sur l’analyse du discours

comme « tout ce qui met le texte en relation, manifeste ou secrète, avec d’autres textes »314,
autrement dit la présence d’un texte dans un autre.

Quant à l’analyse des méthodes présentes dans le troisième volet de notre corpus
(thèses canadiennes), nous la commençons par la première thèse « L’énonciation de l’exil
et de la mémoire dans le roman féminin francophone : Anne Hébert, Aminata Sow Fall,
Marguerite Duras» soumise à l’analyse des thèmes de l’exil et de la mémoire dans les
romans féministes.

Il s’y agit de l’actualisation du langage en discours par le biais du sujet parlant,


autrement dit, l’instance parlante. Celle-ci actualise son langage en parole en montrant
fortement sa subjectivité : « Chaque sujet devient une entité subjective, unique, et porteuse
d'un discours qui s'instaure dans un rapport d'échange et de différenciation avec les autres sujets
du texte »315. C’est cette subjectivité qui marque la différence entre les individus, entre
les sujets. Son repérage dans un texte est donc inévitable dans son analyse énonciative.
De plus, différentes théories d’énonciation entrent en jeu comme la théorie des actes
du langage de John Austin316, la stylistique de Charles Bally317, le concept de
performance chez Noam Chomsky318.

Outre ces approches, le chercheur s’appuie sur la sociopragmatique constituée de la


fusion de deux disciplines permettant l’analyse du texte avec son contexte de
production. D’une part, la pragmatique qui « permet de voir comment le texte se constitue
en «discours», c'est-à-dire comment, pour faire sens, il donne lieu à une écriture qui se construit

314
Genette (Gérard), Palimpsestes. La littérature au second degré, coll. « Poétique », Le Seuil, Paris, 1982,
p.07.
315
L’énonciation de l’exil et de la mémoire dans le roman féminin francophone : Anne Hébert, Aminata Sow
Fall, Marguerite Duras, Op.cit., p.28.
316
Austin (John), Quand dire c’est faire, Points, Paris, 1991.
317
Bally (Charles), Traité de stylistique française, Éd. George, Genève, 1909.
318
Chomsky (Noam), Aspects de la théorie syntaxique, Seuil, Paris, 1971.
CHAPITRE II
164
Etude comparative des thèses portant sur l’analyse du discours

(énonciation) ou est construite (énoncé) à travers des codes spécifiques. C'est précisément la
composante énonciative de la pragmatique que notre analyse privilégie.»319

D’autre part, la sociologie permet de voir le comportement des sujets dans les
différentes situations qu’ils confrontent dans leur vie ainsi que leur capacité d’y
survivre. Ainsi, la sociopragmatique «éclaire le contexte social et historique dans lequel il [le
texte] s’inscrit en tant que discours nouveau. »320

L’analyse énonciative du corpus d’étude

« portera attention à la fois à l'exprimé et au suggéré, autant aux


paroles des personnages qu'à tout énoncé se rapportant à eux,
directement ou indirectement. Comme les personnages des romans
vivent ou disent un malaise lié à leur exil intérieur, les causes
profondes de cet exil sont aussi à rechercher dans les différentes
indications textuelles qui réfèrent ou interpellent le discours social.
L'énonciation de la quête de soi, de l'éclatement -identitaire, de la
marginalité, de la solitude, de la folie, de la violence ou de la
mort investit alors les séquences dialoguées et le monologue
intérieur, le paratexte et le métadiscours, le récit à la troisième
personne et la narration à la première personne. »321

Ce passage démontre comment la notion de l’exil est analysée sur la base de


l’approche énonciative tout en étant lié à la quête identitaire, à la violence, à la
marginalité, à la solitude après quoi l’auteur de cette thèse explique, en employant des
termes spécifiques à la théorie adoptée, comment l’exil est énoncé dans le discours des
personnages :

319
L’énonciation de l’exil et de la mémoire dans le roman féminin francophone : Anne Hébert, Aminata Sow
Fall, Marguerite Duras, Op.cit., p.28.
320
Ibid., L’énonciation de l’exil et de la mémoire dans le roman féminin francophone : Anne Hébert, Aminata
Sow Fall, Marguerite Duras, Op.cit., p.31.
321
Ibid.
CHAPITRE II
165
Etude comparative des thèses portant sur l’analyse du discours

« Dans L 'Amant, Kamouraska ou La Grève des Batfù, les


différents emplois du temps présent, les lieux où sont situés les
personnages ou certaines marques de l’interlocution, sont autant
de signaux de l'exil du personnage. De la même manière, les temps
du discours, les embrayeurs spatiaux et certaines formes de
modalisations sont reliés à des types d'insertion et d'interrogation
de discours extérieurs qu'on peut retrouver dans Le Premier jardin,
Abahn Sabana David ou Douceurs du Bercail. »322

Concernant la sociopragmatique, elle a recours à la sociologie institutionnelle. Celle-ci


trouve son essence dans Les règles de l’art323 de Pierre Bourdieu qui recentre la figure de
l’auteur dans l’analyse du texte littéraire. Selon cette perspective, la thèse exige

« d'analyser la trajectoire sociale de Hébert, de Sow Fall et de


Duras pour examiner les moments déterminants de l'enfance, le
contexte familial, l'impact de la scolarité, le parcours professionnel
et les facteurs décisifs de leur entrée en littérature. Nous porterons
une attention particulière à la formation progressive d'une bonne
fortune littéraire chez les trois écrivaines. »324

Toute écriture est influencée par la personnalité de celui qui écrit. Certes, son identité
peut dissimilée au cours du déroulement du récit mais l’auteur ne peut faire l’impasse
de ce qu’il a vécu et l’intériorise, volontairement ou involontairement, dans son récit.

Dans la deuxième thèse canadienne intitulée « Quand l’autre prend la parole. La


représentation de trois formes d’altérité dans le roman contemporain »325, la recherche se

322
Ibid.
323
Bourdieu (Pierre), Les règles de l’art. Genèse et structure du champ littéraire, coll. «Libre examen», Seuil,
Paris, 1992.
324
L’énonciation de l’exil et de la mémoire dans le roman féminin francophone : Anne Hébert, Aminata Sow
Fall, Marguerite Duras, Op.cit., p.34.
325
Quand l’autre prend la parole. La représentation de trois formes d’altérité dans le roman contemporain,
Op.cit.
CHAPITRE II
166
Etude comparative des thèses portant sur l’analyse du discours

propose d’observer la représentation des trois formes d’altérité (de l’étranger, de la


folie et de la pauvreté) tout en choisissant un corpus composé de six romans
contemporains en France et au Québec où « l’Autre est le sujet du discours »326.

L’objectif principal de ladite thèse se penche sur la « représentation textuelle de ces trois
formes d’altérité ainsi que leur rôle et leur signification quand la diégèse adopte la perspective
d’un personnage qui exprime sa dissemblance et son aliénation potentielle.»327

Quant à sa méthode, le chercheur révèle qu’il se base sur le « concept du binarisme »328
insistant sur la conception disant que l’on détermine le sens « grâce aux oppositions »329.
En effet, cette conception propose que l’objet ne soit pas tel comme il se présente sans
que l’on oppose à un autre objet. C’est ce qui fait dire à Landowski : « (…) pour que le
monde fasse sens et soit analysable en tant que tel, il faut qu’il nous apparaisse (…) comme un
système de relations où, par exemple le ‘‘jour’’ n’est pas la nuit où la ‘‘vie’’ s’oppose à la
’’mort’’»330.

Le chercheur définit l’altérité ainsi « l’existence et l’explication des deux concepts identitaires
est le résultat de l’opposition entre eux, c’est-à-dire qu’on ne peut pas avoir d’altérité sans avoir
une identité vis-à-vis de laquelle l’altérité s’oppose et vice versa. »331. Il démontre que le
concept d’altérité ne suffit pas en soi afin de déterminer l’identification de chaque
personnage, il faut, en revanche, faire appel à la notion de groupe de référence : « pour
instituer la dissemblance initiale d’un personnage dans la fiction, il faut pouvoir le comparer au
groupe de référence, c’est-à-dire à la collectivité en puissance représentée et acceptée par les
protagonistes »332

326
Ibid., p.01.
327
Ibid., p.05.
328
Ibid., p.09.
329
Ibid.
330
Landowski (Eric), Présences de l'autre. Essais de socio-sémiotique II, Paris, Presses Universitaires de
France, 1997, p.15.
331
« Quand l’autre prend la parole. La représentation de trois formes d’altérité dans le roman
contemporain », Op.Cit, p.10.
332
Ibid.
CHAPITRE II
167
Etude comparative des thèses portant sur l’analyse du discours

Cependant, il ne faut pas supposer que la différence exprime nécessairement la


présence de l’altérité comme si leur relation est réciproque dont l’un fait traîner
l’autre. Le chercheur met le point sur cet aspect en l’expliquant ainsi : « pour qu’il y ait
altérité, il faut non seulement établir une différence, mais aussi lui assigner une signification
(…) [qui] doit impliquer un jugement quelconque, une valeur ou une exclusion. Une fois la
valeur fixée, la différence devient altérité.»333

Après avoir délimité la notion de l’identité, le chercheur arrive au centre de sa


réflexion où il s’appuie sur la conception de Gerd Baumann et André Gingrish afin
d’intégrer « les ajustements » dans le volet théorique de sa thèse. Cette conception a
pour conviction que « la notion que l’identité inclut « sameness » et « differing » est
fondamentale pour [ses] analyses : il se produit un mouvement d’inclusion, c’est-à-dire que
l’altérité fait de l’Identité "en majuscule"»334

Il est à signaler que « l’identité (avec un « i » minuscule) représente ce qu’on a en commun avec
d’autres, soit la « sameness » dont parle Gingrish »335 tandis que l’Identité (avec un « I »
majuscule) relève de la conception de Joanna Anneke Rummens considérant qu’« il
existe deux identités « sociale et personnelle » (…) [que] chacune incorpore en son sein l’altérité
et l’identité telles que les perçoit l’acteur social concerné.»336

Toutes ces réflexions constituent le noyau du schéma de la « Grammar of


Segmentation » de Baumann et Gingrish que nous citons ci-dessous afin de mieux
rapprocher le fondement du travail :

333
Ibid., p.11.
334
Ibid., p.17.
335
Ibid.
336
Ibid., p.18.
CHAPITRE II
168
Etude comparative des thèses portant sur l’analyse du discours

337
Figure 7: schéma de la grammaire segmentive de Baumann et Gingrish

337
Ibid., p.19.
CHAPITRE II
169
Etude comparative des thèses portant sur l’analyse du discours

À propos de ce schéma, le chercheur dit qu’il repose sur une relation ternaire
comprenant plusieurs niveaux dépassant le binarisme. C’est pourquoi, il se focalise sur
l’aspect « altérité » plus que sur le côté « Identité ». Son travail consiste donc à
« [étudier] les différentes conditions d’altérité qui se présentant dans mon corpus par le
truchement de la prise de parole de l’Autre.»338

Dans la troisième thèse canadienne intitulée « NOUS AVONS VOULU PARLER DE NOUS.
Le discours éditorial des féministes québécoises (1972-1987) dans Québécoises deboutte !, Les
têtes de pioche et La Vie en rose », les approches adoptées concernent la théorie des
champs de Pierre Bourdieu, la théorie du discours social de Marc Angenot, l’analyse
du discours selon Ruth Amossy et la nouvelle rhétorique selon Chaïm Perelman et
Lucie Olbrechts-Tyteca.

En partant du point de vue que la relation du parcours féministe avec la subjectivité est
évidente et que les marques de celles-ci se manifestes dans les textes des revues
choisies339, la problématique de ce travail consiste à « démonter l’appareil discursif
féministe pour mieux en comprendre le mécanisme, le fonctionnement, sur le plan diachronique
(sur les bases de la durée de l’entreprise éditoriale féministe que représente le corpus) et de manière
plus ponctuelle (à travers chacune des revues)»340.

À la lumière de cet extrait, il est à préciser que le chercheur vise à travers son étude à
fixer le mécanisme et le fonctionnement de l’appareil discursif féministe des revues-
corpus. Il s’intéresse également à l’étude de l’éthos « considéré comme une instance qui
n’est plus strictement rattachée à l’argumentation, mais d’avantage au discours ; il se construit

338
Ibid. p.21.
339
Il convient de rappeler que le corpus de la thèse en question se compose de trois revues canadiennes, à
savoir Québécoises debouttes !, Les têtes en pioches et La vie en rose.
340
« NOUS AVONS VOULU PARLER DE NOUS ». Le discours éditorial des féministes québécoises (1972-1987)
dans Québécoises deboutte !, Les têtes de pioche et La Vie en rose, Op.cit., p.05.
CHAPITRE II
170
Etude comparative des thèses portant sur l’analyse du discours

dans et par le discours »341 . Aussi, cette étude lui permet de « connaître l’identité de
l’instance énonciatrice et de mesurer les incidences des effets de champs sur le discours »342. Le
procédé se basant sur cette étude ouvrira les voies à l’étude des stratégies discursives et
« de légitimation des féministes qui transitent par l’instance éthotique dans les textes et qui
constituent ainsi un levier rhétorique puissant »343. À travers l’utilisation du concept de
l’éthos comme un outil d’analyse, le chercheur l’applique sur son corpus afin de
comprendre l’instance d’énonciation tout en la mettant en rapport avec les différents
agents du champ « en fonction des lignes argumentatives et rhétoriques qu’elles instaurent.»344

À ce stade, il convient de noter que le terme « éthos », ayant des origines grecques,
désigne « l’image de soi, plus ou moins consciente et plus ou moins maîtrisée, que l’énonciateur
construit dans son discours »345 . Ce concept s’inscrit depuis son apparition dans les études
de linguistique et des sciences humaines et sociales. Néanmoins, ce concept
revendique de plus en plus sa place au sein des études littéraires à l’instar de celles de
Dominique Maingueneau avec Ruth Amossy.

Le chercheur confirme dans son introduction qu’il s’appuie sur la conception de Ruth
Amossy, Dominique Maingueneau et Chaïm Perelman à l’égard du concept de l’éthos
dont les deux déclinaisons sont mises en exergue, à savoir l’éthos prédis qui « constitue
une représentation du locuteur préalable à l’énonciation comme telle »346 et l’éthos discursif
qui est « effectif dans l’acte d’énonciation.»347

En appliquant ces concepts sur son corpus d’étude, l’auteur de la thèse concernée
considère que

341
Ibid., p.20.
342
Ibid.
343
Ibid., p.21.
344
Ibid., p.22.
345
Ghinoer (Anthony) et Saint-Amand (Denis), « Ethos », in Le lexique, [en ligne], consulté le 06/08/2017,
URL : file:///C:/Users/user/Downloads/socius-Ethos%20(1).pdf.
346
« NOUS AVONS VOULU PARLER DE NOUS ». Le discours éditorial des féministes québécoises (1972-1987)
dans Québécoises deboutte !, Les têtes de pioche et La Vie en rose », Op.Cit., p.22.
347
Ibid.
CHAPITRE II
171
Etude comparative des thèses portant sur l’analyse du discours

« les fondatrices et les rédactrices des revues subséquentes à


Québécoises deboutte ! étaient pleinement conscientes de l’image et
de la réputation qui les précédaient ; elles savent qu’avant même
d’avoir écrit une seule ligne, le destinataire avant une certaine
image d’elles. De la même manière, elles ont eu à choisir entre
s’inscrire en parfaite filiation avec celles qui les précèdent et
marcher dans leurs sillages ou refondre leur image afin que le
lectorat s’en fasse une nouvelle idée ; à l’enseigne de l’éthos loge
donc une grande partie de l’idée de parcours. »348

En additionnant les approches précitées, le chercheur a recours également à la


typologie des discours modernes dont l’ouvrage du titre « La parole pamphlétaire » de
Marc Angenot sert, par excellence, de référence fiable. Dans cet ouvrage, il s’agit
d’une étude approfondie des genres polémiques, pamphlétaires et satiriques publiés en
France sans oublier que le pamphlet représente un « "texte violent et agressif d’esprit
polémique et incisif", voué à l’éphémère par sa visée circonscrite dans le temps.»349

En s’inspirant des travaux cités dans l’ouvrage de Marc Angenot, l’auteur de la thèse
tente de

« déceler les stratégies discursives et les techniques de rhétorique


déployées dans les textes (…). Son travail permet donc
prioritairement de reconnaître et de nommer ces stratégies et de
comprendre de quelle façon les féministes, à travers leurs revues
tentent de convaincre le lectorat du bien-fondé de l’idéologie
qu’elles proposent dans le texte et par le texte. »350

348
Ibid.
349
Brillant (Maria), « Que devient le pamphlet ? » in Mots. « Les langages du politique, N°91 », in
Argumentation et Analyse du discours, [en ligne], consulté le 20/06/2017, URL : http://aadrevues.org/911
350
« NOUS AVONS VOULU PARLER DE NOUS ». Le discours éditorial des féministes québécoises (1972-1987)
dans Québécoises deboutte !, Les têtes de pioche et La Vie en rose », Op.Cit., p.23.
CHAPITRE II
172
Etude comparative des thèses portant sur l’analyse du discours

Pour ce faire, le chercheur extrait de son corpus les stratégies argumentatives


employées par les féministes afin de persuader le public de leurs idéologies. Il
mentionne que son analyse de ces textes se base principalement sur les travaux de
Marc Angenot publiés en 1982, 1989 et 2008.

L’approche de la quatrième thèse canadienne intitulée « Les traducteurs dans les collections
littéraires en France (1821-1852) : Identités réelles et discursives »351, se propose comme une
« analyse des discours préfaciels ». Comme l’intitulé de la thèse l’indique, le sujet de
ce travail vise à dévoiler « l’identité réelle et discursives des traducteurs collaborateurs aux
entreprises littéraires collectives les plus prestigieuses publiés en France au cours de la première
moitié du XIXe siècle.»352

Ladite thèse vise à répondre à une problématique précise : « Qui sont les traducteurs qui
collaborent aux grandes collections littéraires de l’époque et qu’est-ce que les collections nous
apprennent à leur sujet ? »353. Pour ce faire, le chercheur distingue l’identité réelle
correspondant à l’auteur réel dont les informations personnelles peuvent être tirées de
sa biographie, de l’identité discursive qui « est plutôt à dégager du discours qu’ils tiennent à
l’intérieur des collections que ce soit dans les préfaces, dans les avertissements ou encore dans les
notices »354.

Au fil de sa thèse, il vise à « voir à quel point leurs identités réelles imprègnent leur identités
discursives, au sens où elles influencent leur façon de s’adresser au public et l’attitude, le ton,
qu’ils tiennent dans les discours préfaciels»355. L’analyse de ces derniers sert à aboutir à ces
fins en « [dégageant] la personnalité discursive du traducteur, et de voir de quelle façon celui-ci

351
Les traducteurs dans les collections littéraires en France (1821-1852) : Identités réelles et discursives,
Op.Cit.
352
Ibid., p.07.
353
Ibid., p.12.
354
Ibid., p.10.
355
Ibid.
CHAPITRE II
173
Etude comparative des thèses portant sur l’analyse du discours

se présente au public »356. Dans le but de connaître l’identité réelle des traducteurs, le
chercheur s’est appuyé sur les dictionnaires de l’époque concernée.

II.3.2.2. Comparaison des données du tableau


Pour comparer l’état de l’utilisation de différentes méthodes, il est utile d’établir le
tableau signalétique suivant :

Pays Méthodes utilisées

- La sémiotique subjectale

- Les procédés narratologiques

- L’énonciation

- La narratologie de Greimas
Thèses algériennes

- Les théories d’Edouard Glissant et celles d’Amine Maalouf

- La sémiotique de la conscience

356
Ibid., p.11.
CHAPITRE II
174
Etude comparative des thèses portant sur l’analyse du discours

- Le dialogisme et la polyphonie

- La thématique

- L’approche typographie

- L’énonciation
Thèses françaises

- La transtextualité

- L’énonciation

- L’énonciation

- Le schéma de la grammaire segmentaire de Baumann et

Gingrich

- La théorie des champs de Pierre Bourdieu

- La théorie du discours social de Marc Angenot

- L’analyse du discours selon Ruth Amossy


Thèses canadiennes

- La nouvelle rhétorique selon Chaïm Perelman et Lucie Olbrechts-Tyteca

- L’analyse des discours préfaciels

Tableau 10: panorama des méthodes utilisées


CHAPITRE II
175
Etude comparative des thèses portant sur l’analyse du discours

 Comparaison des données :

Au niveau de la ligne des thèses algériennes, nous remarquons que les méthodes et les
approches employées sont traditionnelles et représentent mieux le lien qui peut être
tissé entre la littérature et l’analyse du discours : la sémiotique subjectale, les procédés
narratologiques et l’énonciation, la narratologie de Greimas, les théories de l’identité
d’Edouard Glissant et celles d’Amin Maalouf ; la sémiotique de la conscience. Nous
avons tendance à rencontrer ces méthodes de recherche lorsqu’un littéraire tente de
mener une étude doctorale en se basant sur l’analyse du discours comme méthode. Au
moment où, dans les pays occidentaux, l’analyse du discours se détache des « clichés »
méthodologiques afin d’adopter de nouvelles approches, elle se bat encore en Algérie
avec l’application des approches, soi-disant, préparatoires ou primitives.

Pour ce qui est des thèses françaises, les méthodes choisies ressemblent à celles
qu’adoptent les thèses algériennes : le dialogisme et la polyphonie, l’énonciation, la
transtextualité, l’approche thématique et l’approche typographique.

Quant à la dernière ligne consacrée aux thèses canadiennes, nous remarquons la


présence de nouvelles méthodes dont l’application dans les travaux de recherche est
inhabituelle (le schéma de la grammaire segmentaire de Baumann et Gingrich, la
théorie des champs de Pierre Bourdieu, la théorie du discours social de Marc Angenot,
l’analyse du discours selon Ruth Amossy, la nouvelle rhétorique selon Chaïm
Perelman et Lucie Olbrechts-Tyteca, l’énonciation).

En vue de voir la fréquence des méthodes dans les thèses-corpus, nous convertirons le
tableau précédent en des données statistiques.
CHAPITRE II
176
Etude comparative des thèses portant sur l’analyse du discours

Méthodes en AD
l'énonciation la sémiotique
la narratologie le dialogisme
la thématique la typographie
les théories de l'identité la transtextualité
l'analyse du discours social l'analyse du discours littéraire selon Amossy
l'analyse du discours préfaciel la rhétorique
la théorie de Baumann et Gingrish la théorie des champs de Bourdieu

5%
5%
5% 22%

5%

5%

5% 11%

5%

5% 11%
5%
5% 6%

Figure 8: les méthodes d'analyse du discours adoptées dans les thèses-corpus


CHAPITRE II
177
Etude comparative des thèses portant sur l’analyse du discours

 Lecture des données

Le secteur statistique supra expose le pourcentage des méthodes utilisées dans les
thèses de doctorat choisies. Nous y remarquons que la méthode la plus adoptée est
l’énonciation (22 %) considérée comme la plus classique et qui s’applique le mieux sur
le discours littéraire. La sémiotique et la narratologie sont placées au deuxième rang
avec un pourcentage de 11 %. Nous remarquons, de même, que les autres méthodes
sont utilisées de façon égale, notamment (5 %) pour chaque méthode. Cela s’explique
du fait que chacune est utilisée une seule fois dans un travail de recherche.
CONCLUSION GENERALE
CONCLUSION GENERALE 179

Dans cette étude, qui s’inscrit dans le cadre de l’analyse du discours, on a essayé
d’établir un constat sur la recherche en analyse du discours dans les écrits universitaires
sur le plan aussi bien national qu’international. Cette recherche s’est proposée comme
un point de départ à partir duquel les futurs chercheurs auront l’occasion de découvrir
l’état de nos recherches par rapport aux universités mondiales. Cette recherche se
propose également comme une sorte d’alarme pour éveiller nos étudiants et nos
jeunes chercheurs sur la réalité de la recherche au sein de notre nation ; une réalité
amère, à vrai dire. Cette situation est fondée sur le fait que nous sommes encore et
toujours colonisés. Si nous n’avions pas eu notre indépendance en 1962, les colons se
seraient constamment emparés de nos systèmes éducatifs et de notre économie, et,
malheureusement, de nos esprits. Nous montrerons ce fait au fur et à mesure de notre
rédaction de cette conclusion.

Au terme de cette recherche, nous avons voulu mettre le point sur le fait que la
recherche en analyse du discours en France avance de plus en plus dans les études
linguistiques que dans les études littéraires. L’analyse du discours évolue également
dans les travaux de recherche au Canada. Malgré le progrès marqué par ces deux
nations en matière d’ouvrages théoriques et de revues spécialisées en analyse du
discours littéraire, la recherche dans les écrits universitaires a révélé une faiblesse
frappante. Il en va de même concernant les travaux de recherche en Tunisie et au
Maroc.

Nous avons voulu également conclure que la recherche en analyse du discours dans les
pays du Maghreb, à savoir, l’Algérie, la Tunisie et le Maroc, marche au pas de fourmi
en terme d’ouvrages théoriques et se bat encore pour sortir des champs d’application
qui ne servent qu’à aplatir la science et à jeter de l’ombre sur les initiatives ainsi que
sur l’innovation des jeunes chercheurs.

Par ailleurs, les thèses de doctorat EDAF ont marqué une croissance plus ou moins
remarquable au sujet des travaux de recherche en analyse du discours littéraire. Une
CONCLUSION GENERALE 180

réalité qui réfute et contredit toutes les idées reçues. En effet, avant d’entamer cette
recherche, nous sommes arrêtée sur des idées qui insistent sur le fait que les
recherches en analyse du discours sont plus présentes dans les études linguistiques
qu’en littérature. Cependant, notre constat a pu révéler que l’analyse du discours
littéraire est en voie de progression.

Nous souhaitons conclure par le fait que nos recherches sont caractérisées par une
certaine dépendance des recherches menées en France. En effet, nous avons pu
découvrir, par le biais de l’analyse des intitulés des thèses-corpus, des parallélismes
entre les thèses algériennes et les thèses françaises au niveau de la reformulation des
titres de doctorat. En effet, les doctorants des deux nations veillent à ce que leurs
titres contiennent le sujet de la recherche, celle de la méthode et ils sont structurés de
manière à suivre le plan de la thèse en question. Quant au corpus d’étude, malgré son
importance, sa mention n’a pas été explicitée dans tous les titres étudiés. En effet, la
majorité des intitulés de thèses algériennes se contentent seulement de citer les auteurs
dont les romans composent le corpus d’étude. Pour ce qui est des thèses françaises, la
majorité de leurs titres se limitent à l’évocation du genre littéraire auquel appartient le
corpus. Or, notre étude a pu prouver que ce silence sur les romans étudiés est dû à
leur grand nombre qui implique son impossible présence dans l’intitulé. Quant aux
thèses canadiennes, la reformulation des titres n’obéit à aucun critère et se livre au
choix personnel et originel du chercheur en citant tantôt l’auteur tantôt le genre
littéraire et dans un autre cas, la période dans laquelle s’inscrivent les œuvres étudiées.

En outre, cette recherche nous a menée vers le constat de la présence, dans les thèses
algériennes, de méthodes et des approches employées que nous qualifions de
traditionnelles. Elles représentent mieux le lien qui peut être tissé entre la littérature
et l’analyse du discours :
CONCLUSION GENERALE 181

 la sémiotique subjectale,
 les procédés narratologiques et l’énonciation,
 la narratologie de Greimas,
 les théories de l’identité d’Edouard Glissant et celles d’Amin Maalouf,
 la sémiotique de la conscience.

Nous avons eu tendance à rencontrer ces méthodes de recherche lorsqu’un littéraire


tente de mener une étude doctorale en se basant sur l’analyse du discours comme
méthode. Au moment où, dans les pays occidentaux, l’analyse du discours se détache
des « clichés » méthodologiques afin d’adopter de nouvelles approches. Elle se bat
encore en Algérie avec l’application des approches, soi-disant, préparatoires ou
primitives. Il en va de même pour les thèses françaises. En effet, les méthodes choisies
ressemblent à celles qu’adoptent les thèses algériennes à savoir, le dialogisme, la
polyphonie, l’énonciation, la transtextualité, l’approche thématique et l’approche
typographique.

Notre recherche a découvert la présence de nouvelles méthodes dans les thèses


canadiennes dont l’application dans les travaux de recherche est inhabituelle. A cet
égard, nous avons cité :

 le schéma de la grammaire segmentaire de Baumann et Gingrich,


 la théorie des champs de Pierre Bourdieu,
 la théorie du discours social de Marc Angenot,
 l’analyse du discours selon Ruth Amossy,
 la nouvelle rhétorique selon Chaïm Perelman et Lucie Olbrechts-Tyteca.

Notre recherche a prouvé également, par le biais de la comparaison des méthodes


employées dans l’ensemble des thèses-corpus, que la méthode la plus utilisée dans les
travaux de recherche en analyse du discours littéraire est bel et bien l’énonciation.
CONCLUSION GENERALE 182

Cette méthode qui existe depuis l’émergence de l’analyse du discours et qui marque le
pont reliant celle-ci à la littérature, elle maintient toujours sa place dans les travaux de
recherche.

Enfin, comme nous avons évoqué plus haut, cette recherche est un point de départ,
une exploration de ce qui se fait actuellement au niveau de la recherche en analyse du
discours dans les écrits universitaires. Les résultats auxquels nous avons aboutis
démontrent un état de fait, à partir duquel, nous pouvons réaliser d’éventuelles
recherches. En effet, nous aimerions poursuivre cette présente recherche en
l’élargissant sur d’autres études mettant au centre des réflexions diverses méthodes
d’analyse du discours. Nous aimerions également redécouvrir en profondeur les
méthodes adoptées dans les thèses canadiennes et les appliquer sur les corpus
qu’étudient les thèses algériennes afin d’en tirer de nouvelles conclusions.
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9- http://www.limag.refer.org/new/index.php?inc=dspliv&liv=00006514
10- http://otrohati.imist.ma/
LISTE DES TABLEAUX ET FIGURES
1. Liste des tableaux

Tableau 1: le nombre des thèses de doctorat dans les deux spécialités ................. 61
Tableau 2: le nombre de thèses dans chaque discipline au Canada ...................... 70
Tableau 3: panorama des thèses EDAF portant sur l'AD soutenues en Algérie ....... 81
Tableau 4: le nombre des thèses EDAF en AD en Algérie ............................... 83
Tableau 5: le nombre de thèses en AD en Tunisie ......................................... 86
Tableau 6: panorama des intitulés des doctorats en AD au Maroc ..................... 94
Tableau 7: le nombre de thèses en AD dans chaque discipline au Maroc .............. 95
Tableau 8: représentation des intitulés de thèses-corpus ............................... 102
Tableau 9: les méthodes suivies dans les thèses-corpus ................................. 142
Tableau 10: panorama des méthodes utilisées ............................................ 174

2. Liste des figures :


Figure 1: l'avancement de la recherche en AD dans les doctorats en France dans les
deux spécialités .................................................................................... 62
Figure 2: l'évolution de la recherche en AD dans les thèses de doctorat au Canada .. 71
Figure 3: l'avancement de la recherche en AD dans les doctorats EDAF en Algérie . 83
Figure 4: l'avancement de la recherche en AD dans les doctorats en Tunisie ......... 87
Figure 5: l'avancement de la recherche en AD dans les doctorats au Maroc ........... 96
Figure 6: la présence des éléments dans les titres des thèses-corpus .................. 131
Figure 7: schéma de la grammaire segmentive de Baumann et Gingrish ............. 168
Figure 8: les méthodes d'analyse du discours adoptées dans les thèses-corpus ...... 176
ANNEXES
ANNEXES 202

Nous avons jugé utile de mettre la page de garde de chacune des thèses-corpus en
annexes :
ANNEXES 203
ANNEXES 204
ANNEXES 205
ANNEXES 206
ANNEXES 207
ANNEXES 208
ANNEXES 209
ANNEXES 210
ANNEXES 211
ANNEXES 212
ANNEXES 213
TABLE DES MATIERES
INTRODUCTION GENERALE ............................................ 7
1. Choix du sujet : ............................................................................................................ 8

2. Problématique : ......................................................................................................... 10
3. Corpus d’étude : ........................................................................................................ 11

4. Méthodologie ............................................................................................................ 15
5. Plan rédigé : ............................................................................................................... 16

CHAPITRE I ..................................................................... 18
L’état de la recherche en analyse du discours ....................... 18
I.1. Autour de la notion de discours .................................................................................. 20
I.1.1. La situation de l’analyse du discours en Europe : ................................................................................. 26

I.2. L’analyse du discours : une pluralité de définitions ..................................................... 31


I.2.1. La notion du discours : une problématique terminologique ................................................................... 43

I.3. La recherche en analyse du discours : perspective internationale ................................ 54


I.3.1. Les ouvrages et thèses de doctorat en analyse du discours en France .................................................... 55
I.3.2. Les ouvrages et thèses de doctorat en analyse du discours en Angleterre ................................................. 63
I.3.3. Les ouvrages et les thèses de doctorat en analyse du discours aux Etats Unis ....................................... 64
I.3.4. Les ouvrages et les thèses de doctorats en analyse du discours au Canada : .......................................... 66
I.3.5. Les ouvrages et les thèses de doctorat en analyse du discours au Maghreb ........................................... 72

CHAPITRE II .................................................................... 98
Étude comparative des thèses portant sur l’analyse du discours
......................................................................................... 98
II.1. Éléments méthodologiques sur l’intitulé d’une thèse de doctorat..............................105
II.1.1. Les principaux constituants d’un titre d’une thèse de doctorat ............................................................ 107

II.2. Analyse des intitulés de thèses-corpus.......................................................................111


II.3. Étude comparative des approches et des méthodes ...................................................134
II.3.1. Éléments théoriques ....................................................................................................................... 134
II.3.2. Analyse et comparaison des méthodes utilisées .................................................................................. 140

CONCLUSION GENERALE .............................................. 178


REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES .............................. 184
LISTE DES TABLEAUX ET FIGURES .............................. 199
ANNEXES ....................................................................... 201
TABLE DES MATIERES ................................................... 214
Résumé :
Depuis l’apparition de l’analyse du discours, on appelle le discours tout ce qui est produit
oralement. De nos jours, cette situation a beaucoup changé du fait que la notion du discours
recouvre aussi bien la production orale que la production écrite. D’ailleurs, les chercheurs se
contredisent pour ce qui est de la polysémie, l’instabilité ainsi que la complexité du terme de
discours et son degré d’utilisation dans les écrits universitaires. Ce travail de thèse traite de l’état de
la recherche en analyse du discours dans les écrits universitaires au niveau des universités aussi bien
nationales qu’internationales. Puisque notre travail consiste, en premier lieu, à établir une
confrontation des différentes thèses de doctorat appartenant à des universités distinctes, nous
appliquerons la méthode comparative sur notre corpus d’étude. Ce travail de thèse vise, en second
lieu, à analyser le corpus d’étude afin d’en tirer des ressemblances et des divergences des différentes
thèses.
Mots clés: analyse du discours, état de recherche, écrit universitaire, étude comparative

:‫ملخص‬
‫ تغير هذا الوضع كثيرا منذ أن‬،‫ في هذه األيام‬.‫ نعتبر خطابا كل ما هو منتوج شفويا‬،‫منذ ظهور تحليل الخطاب‬
‫ يتناقض الباحثون مع بعضهم‬،‫ وعالوة على ذلك‬.‫أصبح مفهوم الخطاب يغطي كال من اإلنتاج الشفوي والكتابي‬
‫البعض فيما يتعلق بتعدد معاني وعدم االستقرار وتعقيد مصطلح "الخطاب" ودرجة استخدامه في الكتابة‬
‫ تتناول هذه األطروحة حالة البحث في تحليل الخطاب في الكتابة األكاديمية في الجامعات الوطنية‬.‫األكاديمية‬
‫ من مقارنة أطروحات الدكتوراه المختلفة التي تنتمي إلى جامعات‬،‫ في المقام األول‬،‫ وبما أن عملنا يتكون‬.‫والدولية‬
‫ لتحليل مجموعة‬،‫ ثانيا‬، ‫ ويهدف هذا العمل‬.‫ فإننا سوف نطبق طريقة المقارنة إلى مجموعة الدراسة لدينا‬،‫مختلفة‬
.‫األطروحات من أجل رسم أوجه التشابه واالختالف بينهن‬
.‫ دراسة مقارنة‬،‫ الكتابة األكاديمية‬،‫ حالة البحث‬،‫ تحليل الخطاب‬:‫كلمات المفتاحية‬

Abstract :
Since the emergence of discourse analysis, anything that is produced orally is called discourse.
Today, this situation has changed since the notion of discourse covers both oral production as
writing. Moreover, researchers are contradictory in terms of polysemy, instability and the
complexity of the term of discourse and degree of use in academic writings. This thesis deals with
the state of discourse analysis research in the academic literature in universities both national and
international. Since our work is, first, to establish a comparison of different doctoral theses
belonging to different universities, we will apply the comparative method on the corpus of study.
This thesis aims, second, to analyze the corpus of study in order to get out the similarities and
differences of the various theses.
Keywords: discourse analysis, research status, academic writing, university, comparative study

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