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Intitulé :
A nos familles
A tous ceux qu’on j’aime …
Qu’ils trouvent dans ce modeste travail
Le témoignage de notre profond amour …
4
Remerciements
Un grand merci aussi à Madame BENHEDDOU Kheira qui nous a orientées par ses
connaissances notamment dans la constitution de notre corpus ; et qui nous a apporté de
précieux conseils fondés sur ses expériences.
Nos remerciements vont aussi à M. BOUANANI Walid pour avoir accepté d’être
membre du jury de notre soutenance et d’avoir accepté de lire et d’évaluer ce travail de
recherche.
Nos remerciements s’adressent également aux membres de nos familles, ainsi qu’à nos
collègues et amis qui, d’une manière ou d’une autre, nous ont soutenues tout au long de
notre parcours.
Merci également au groupe d’étudiants qui ont participé aux activités et accepté
d’être enregistrés.
Enfin, on remercie nos professeurs qui nous ont supportées et soutenues durant notre
cursus scolaire et universitaire en particulier M. SOUNA Mohamed PEM au collège
BENSAAD Djillali.
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Sommaire
Introduction générale....................................................................................8
Bilinguisme VS monolinguisme........................................................................17
Bilinguisme et émotions.....................................................................................18
Choix du corpus...........................................................................................................35
Le choix de l’entretien.................................................................................................39
Choix de la consigne....................................................................................................40
Outils d’analyse............................................................................................................43
Conclusion générale.....................................................................................59
Annexes.........................................................................................................61
Bibliographie................................................................................................71
7
Introduction générale
Introduction générale
Ce domaine d’étude des sentiments existe depuis l’antiquité car beaucoup de pen-
seurs et philosophes s’y sont intéressaient tels que PLATON1, ARISTOTE2,
DECARTES3, DAVID HUME4. Etc.
1
Dialogues env 400 av JC
2
Rhétorica env 350 av JC
3
Les passions de l’âme 1649
4
Traité de la nature humaine 1738
9
Introduction générale
Notre mémoire à pour objectifs de comprendre les causes qui produisent le chan-
gement dans le traitement des émotions dans les langues et la nature des liens qui exis-
tent entre le langage et l’expression des sentiments en contexte bilingue et d’étudier les
liens qui existent entre le langage et la dimension affective.
À travers cette étude ; nous cherchons à comprendre quels sont les moteurs qui
contribuent à l’analyse de l’émotion entre les langues et la nature des liens entre lan-
gage et émotions en contexte plurilingue. Puisque l’expression des émotions subit un
changement lorsqu’un interlocuteur bilingue s’exprime d’une langue à une autre, et
que ce phénomène est causé par la différence de la nature des liens qu’existent entre le
langage et l’expression des émotions alors que le ressenti reste le même dans toutes les
langues. Pour ce faire nous posons la problématique suivante : L’expression des sen-
timents est-elle de la même intensité ou change-t-elle par rapport à l’utilisation de
l’une ou de l’autre langue ? En d’autres termes, a-t-elle les mêmes caractéristiques
dans les deux langues : le français et le dialecte Bélabésien ?
Pour réaliser cette recherche nous nous sommes référées aux notions suivantes :
On s’est aussi référé à l’une des notions la plus courante du plurilinguisme : le bi-
linguisme est défini par la situation linguistique dans laquelle les sujets parlants sont
conduits à utiliser alternativement, selon les milieux ou les situations, deux langues
différentes.
10
Introduction générale
Pour apporter des réponses à ces questions de recherche, ce mémoire a été conçu
en trois chapitres :
Enfin, le troisième a pour titre « Analyse des résultats ». Ce dernier est consacré
aux recueils de données puis les analyses et les commentaires.
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Chapitre 1 :
Bilinguisme et émotions, notions
et concepts opératoires
Chapitre1 : bilinguisme et émotion, notions et concepts opératoires
Dans cette partie théorique consacrée à notre recherche, nous allons faire étalage
des différents concepts opératoire et notions en lien avec notre sujet. En effet, avant de
développer les constats de la recherche, il est important de se situer par rapport à l’état
de l’existant c’est-à-dire à quelques littératures réalisées, de définir les termes et les
concepts que nous allons exploiter dans notre travail. Nous nous focaliserons sur les
définitions psycholinguistiques et celles issues de la linguistique appliquée puisque ce
sujet est complexe et interdisciplinaire.
En effet, puisque notre étude porte sur le bilinguisme, il est important de distinguer
les différentes langues prises en considération. Selon le socioconstructiviste
VYGOTSKI L. « L’apprentissage de la Langue maternelle s’opère de manière in-
consciente et elle est acquise par l’enfant spontanément à travers des expériences pro-
voquées par le contact avec son environnement immédiat ».
Certes, la langue maternelle est caractérisée par le fait qu’elle est acquise de façon
naturelle, alors que l’apprentissage d’une langue étrangère commence par la prise de
conscience et l’existence d’une intention.
13
Chapitre1 : bilinguisme et émotion, notions et concepts opératoires
Pour lui nous sommes capables d’acquérir une langue à tout âge, même en étant
adulte.
De prime abord, nous allons faire une distinction entre bilinguisme sociétal et le
bilinguisme individuel. D’après le linguiste BAETEN B. (1986) dans son ouvrage inti-
tulé Bilingualism, il définit les deux concepts ainsi :
Dans cette recherche, nous nous limitons à la définition que propose GROSJEAN,
F (1998) sur une personne bilingue. Définition traduite de l’anglais « [...] est considé-
rée comme bilingue, une personne qui utilise deux ou plusieurs langues dans sa vie
quotidienne.
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Chapitre1 : bilinguisme et émotion, notions et concepts opératoires
Nous ajoutons aussi une autre définition de l’auteur sus-cité, qui définit aussi ce
qu’est « une personne bilingue » dans son livre « Bilingual » :
« Une personne bilingue n’est pas deux personnes monolingues avec des
niveaux de compétences équivalents dans chaque langue connue. Puisque les
personnes bilingues apprennent des langues pour différents besoins, qu’ils les
utilisent dans différents contextes et avec des personnes différentes, il est rare
que les personnes bilingues aient le même niveau de compétence dans chacune
de leurs langues » GROSJEAN F. (2010)
Selon J-A. LAPONCE, « il y aura un bilinguisme parfait si les deux langues ont le
même pouvoir de communication sur l'ensemble des rôles sociaux» ; chez l'individu
parfaitement bilingue, les deux langues sont, en principe, utilisées indifféremment
dans n'importe quelle situation, avec la même rapidité dans la mémoire, la même qua-
lité d'expression et le même pouvoir créateur.
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Chapitre1 : bilinguisme et émotion, notions et concepts opératoires
b) Bilinguisme sociétal
Un individu ne devient pas bilingue par hasard ou par caprice, mais parce qu'il dé-
sire communiquer avec des personnes qui parlent une autre langue. Lorsqu'on désire
apprendre une langue, il ne s'agit pas de n'importe laquelle langue : il faut que ce soit
une langue utile. Or, de façon générale, la langue la plus utile est celle qui est parlée
par une communauté avec laquelle l’interlocuteur est en contact. Les raisons pour ap-
prendre une langue sont donc d'ordre social et économique. Si toute une société ou une
partie importante de celle-ci apprend une langue, le phénomène devient social la
langue n'est pas seulement un instrument de communication, elle est également un
symbole d'identification à un groupe. En ce sens, parler une langue ou une autre lors-
qu'on est bilingue n'est pas toujours perçu comme un phénomène strictement instru-
mental ; c'est parfois considéré comme un acte d'intégration ou de trahison sociale.
C'est pourquoi il est difficile de décrire le bilinguisme individuel sans faire référence
au rôle social des langues.
Les deux formes de bilinguisme ne sont pas dissociées puisque le bilinguisme so-
ciétal peut expliquer pourquoi un individu parle ces langues. Cependant, notre étude se
focalisera sur le bilinguisme individuel.
C’est le fait d’avoir appris dans l’enfance deux langues (ou plus) en même temps,
par exemple en ayant deux parents parlant deux langues différentes. Cependant, l’âge
est un facteur déterminant quand il s’agit de distinguer les bilingues, il faut donc préci-
ser. Selon MCLAUGHLIN (1984, in Liddicoat, 1991), « l’âge limite est de 3 ans
avant, il n’y a aucune langue première définie, mais après cet âge, l’enfant développe
des structures de première langue ». Cela veut dire qu’avant l‘âge de trois ans, un en-
16
Chapitre1 : bilinguisme et émotion, notions et concepts opératoires
fant peut apprendre une langue à un âge puis une autre plus tard, il sera quand même
considéré comme un bilingue simultané. Au-delà de cet âge, il sera considéré comme
un bilingue successif, ou consécutif, on rappelle que le bilinguisme consécutif ou suc-
cessif se caractérise par l’acquisition d’une seconde langue après le seuil d’environ 3
ans.
Bilinguisme VS monolinguisme
Si on aborde le concept de « bilinguisme », nous remarquons que dans le domaine
linguistique, il n’est pas assez étudié car complexe à prendre en charge. Comme le
rappelle PAVLENKO (2005) : « Le bilinguisme n’a pas été autant étudié que le mono-
linguisme car le nombre de facteurs de bilinguisme à prendre en compte peut faire
peur (genre, classe sociale, biographie linguistique, âge et contexte d’acquisitions
17
Chapitre1 : bilinguisme et émotion, notions et concepts opératoires
etc.)». De plus, cette notion a longtemps été considérée comme l’exception à la règle
parce que le monolinguisme en comparaison avec lui, est une forme d’unité entre les
peuples.
Le bilinguisme est devenu aujourd’hui une norme issue de différents facteurs tels
que l’immigration, l’apprentissage d’une langue étrangère dans de nombreux pays ou
de la domination de certaines langues sur d’autres lorsqu’il s’agit de colonisation.
Comme l’explique LEWIS5 (1978) « Le bilinguisme a été et est plus près de la situation
normale que la plupart des gens osent le croire ».
Bilinguisme et émotions
Le bilinguisme ou l’utilisation de plusieurs langues dans les interactions verbales
en milieu naturel et spontané, influent sur les expressions des émotions individuelles
pendant les échanges. L’émotion n’est pas quelque chose de permanent, elle arrive
d’une spontanée et en réponse à une action extérieure qui nous pousse à avoir une
réaction de notre tempérament et de notre corps. Comme l’expliquent SANDER et
SCHERER (2009 :10) : « un épisode de changements interdépendants et synchronisés
de composantes en réponse à un évènement hautement significatif pour l’organisme ».
Ainsi, les psychologues ont pour but de comprendre la nature des émotions, leurs
compositions, leurs importances dans les communications et leurs relations avec le
langage. Aussi, l’avènement d’une autre discipline telle que la neuroscience 6, a contri-
bué à préciser et à donner plus de clarté à l’étude des sentiments.
5
In Liddicoat, 1991.
6
Neuroscience : Science qui étudie le système nerveux des êtres vivants, notamment des neurones.
La neuroscience traite aussi bien des molécules que des organes plus complexes comme le cerveau.
18
Chapitre1 : bilinguisme et émotion, notions et concepts opératoires
En effet, cette discipline aide à clarifier la « science affective » qui, au départ no-
tion de sentiment, est rapidement devenue l’objet d’une branche particulière de la nou-
velle science psychologique appelée « psychologie affective ». Cette dernière s’est
affirmée comme l’un des programmes de recherche les plus productifs et les plus in-
novants de la psychologie.
« Une sensation donnée peut produire des effets affectifs très différents selon
les individus […]. Chacun de nous établit inconsciemment le catalogue
personnel, parfois très particulier, de ses réactions affectives aux expériences
sensorielles. Ces premières expériences sensorielles se produisent à l’intérieur
d’un contexte de relations qui leur donne une signification affective
supplémentaire ». […] « Toute perception sensorielle fait donc partie d’un
double code. Nous la décrivons par ses qualités physiques (brillante, grande,
forte, douce, etc.) et les qualités émotionnelles que nous lui associons
(apaisante ou stridente, réjouissante ou agressive) » (ibid. : 33)
Types d’émotions
Dans les années 1970, l’anthropologue Paul EKMAN et son équipe ont parcouru la
planète pour voir si, partout dans le monde, de Pékin à Bamako, de Vancouver à
Rome, il existait une petite gamme d’émotions universelles. De cette vaste enquête, il
est ressorti qu’il en existe six : la joie, la colère, la peur, la tristesse, la surprise,
le dégoût.
a) Émotions de base :
Elle est une réaction affective passagère d'intensité plus ou moins forte, qui sur-
vient en réaction à un événement déclencheur. Aussi, ce psychologue, pionnier dans
l'étude des émotions, a observé les expressions faciales dans diverses cultures ; et il a
dénombré six émotions fondamentales : la joie, la colère, la peur, la tristesse,
la surprise, le dégoût. Ces dernières servent de matériaux de base à l'élaboration
d'autres émotions dites secondaires. Le vocabulaire émotionnel décrit la palette et l'in-
tensité des émotions. Il est utile pour mieux les identifier pour mieux se connaître.
1. La joie :
Ce sentiment est lié à la satisfaction d'un désir, la réussite d'un projet important à
nos yeux. C'est un état de satisfaction et de bien-être qui se manifeste par de la gaîté et
de la bonne humeur. Elle accroît notre énergie, la motivation et la confiance en soi.
2. La colère :
Elle est une réaction de protection. Elle résulte d'une frustration, d'un sentiment
d'injustice, de la rencontre d'un obstacle, voire de l'atteinte à son intégrité physique ou
psychologique
3. La peur :
Elle est une émotion d'anticipation. Elle est utile lorsqu'elle nous informe d'un
danger, d'une menace potentielle ou réelle car elle nous prépare à fuir, ou à agir. Elle
peut être également liée à une appréhension, elle peut alors s'avérer stimulante ou blo-
quante.
4. La tristesse
5. La surprise :
6. Le dégoût :
Ce sont là les principales émotions étudiées, et ce n’est que plus tard que EKMAN
a théorisé d'autres plus universelles. En effet, de récentes études interculturelles me-
20
Chapitre1 : bilinguisme et émotion, notions et concepts opératoires
nées par DANIEL.C et DACHER.K tous deux anciens étudiants d'EKMAN, ont allon-
gé la liste des émotions universelles. En plus des six études originales, ces études ont
fourni des preuves : culpabilité, embarras, fierté et jalousie. Ces émotions de base sont
présentes dans toutes les cultures, et reconnaissables universellement par leurs mi-
miques caractéristiques.
- La colère est une émotion qui se traduit par une mimique de préparation à
l’attaque.
- La peur est marquée par la pâleur du visage et l’ouverture soudaine des yeux, la
capacité visuelle est accrue. Le sang afflue vers les membres inférieurs, permet-
tant ainsi une fuite plus rapide.
- Le dégoût est une grimace universelle qui, selon Charles Darwin, rappelle
l’action de recracher une substance toxique et celle de se pincer les narines
pour éviter une odeur agressive.
- La joie est exprimée par un « vrai sourire marqué par l’étirement de la bouche
et la contraction spontanée du muscle orbiculaire de l’œil ».
- La surprise est marquée par l’élévation des sourcils : l’œil reçoit plus de lu-
mière, ce qui facilite la perception d’un danger éventuel.
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Chapitre1 : bilinguisme et émotion, notions et concepts opératoires
- Émotion désignée
- Émotion étayée
Émotion inférée. L’inférence émotionnelle est étayée par la description d’une si-
tuation conventionnellement associée à une émotion (ex. des retrouvailles entre
deux amis peuvent étayer la joie)
- Émotion montrée
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Chapitre1 : bilinguisme et émotion, notions et concepts opératoires
l’alternance codique, par ce passage d’une langue à l’autre, de même que l’alternance
codique va être mobilisée selon le contexte. La relation entre alternance codique et
situation de communication est donc réciproque.
Les deux linguistes BLOM et GUMPERZ (1972 : 126-127) ont proposé de distin-
guer l’alternance codique situationnelle de l’alternance codique métaphorique ou con-
versationnelle. La première est obtenue par le cadre, la situation sociale ainsi que la
nature de l’évènement qui compose la dimension sociale de la situation. Les alter-
nances codique « situationnelle » sont mobilisées lorsque le changement de langue est
requis par une modification du contexte ou de la situation : un nouvel interlocuteur qui
rejoint la conversation ou bien un entretien professionnel qui se déroule en deux
langues afin d’apprécier le niveau de compétence linguistique du candidat sont deux
situations typiques d’une alternance codique dite « situationnelle », qui verra le locu-
teur passer d’une langue à l’autre afin de s’adapter au contexte. Son choix codique est
donc ici influencé par son environnement. La représentation du contexte et de
l’environnement aura par ailleurs un impact sur l’état ou épisode émotionnel du locu-
teur puisque « l’émotif dans le discours s’explique par les représentations du sujet et
par son évaluation du contexte situationnel » (GOUAICH, 2016 : 162). L’alternance
codique situationnelle est délimitée par un début et une fin qui vont définir son rôle
social
23
Chapitre1 : bilinguisme et émotion, notions et concepts opératoires
- (1989 :73-84) Il vient par la suite compléter ses analyses par une considération
plus large des cas d’alternance codique métaphorique, selon lesquelles elle vient
jouer un rôle social et n’est pas seulement le résultat d’une non-compétence dans
les langues. GUMPERZ mentionne 6 fonctions conversationnelles de l’alternance
codique venant modifier la perception de soi ainsi que de la relation interaction-
nelle selon le contexte :
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Chapitre1 : bilinguisme et émotion, notions et concepts opératoires
- La modalisation d’un message : une alternance codique qui voit le locuteur ex-
primer son implication au sein de l’énoncé comme une « prise de position ».
Ainsi GUMPERZ (1989) déclare qu’ « une liste de fonctions ne peut expliquer à elle
seule ce que sont les bases linguistiques de la perception de l’auditeur, ni comment elles
affectent le processus d’interprétation » elle nous fournit un socle sur lequel se base notre
analyse ce dernier sera complété par des entretiens traites dans le chapitre qui suit.
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Chapitre1 : bilinguisme et émotion, notions et concepts opératoires
liser, d’y apporter le Soi, ses représentations, ses émotions, sa subjectivité, de prendre
de la distance ou de s’y impliquer, peut se trouver chamboulée par le caractère « ur-
gent » de l’émotion. Là est l’objectif de cette étude. Nous chercherons à savoir jusqu’à
quel point le caractère urgent de l’émotion vient déterminer l’implication du locuteur
dans son discours, et surtout, nous tenterons de percevoir si cette analyse des émotions
en situation de changement de langue diffère d’une langue à l’autre.
- L’alternance extra-phrastique :
Alternance mettant en jeu des expressions idiomatiques et des expressions plus
ou moins figées comme les proverbes.
- L’alternance intra-phrastique :
Alternance de phrases, de segments de phrase au sein du discours.
- L’alternance inter-phrastique :
Alternance dans une unité lexicale, de fragments courts qui coexistent au sein
d’une phrase.
Ces références théoriques nous donneront des repères pour analyser nos données et
pour éclairer notre questionnement sur la dimension affective en lien avec le type et la
fréquence des
- Les mots émotifs ce sont des mots qui font référence directe à des états affectifs,
comme « content » « énervé », ou à des processus comme « s'inquiéter ».
- Les mots en lien avec les émotions qui désignent des comportements en lien
avec l’émotion sans jamais la nommer comme « les larmes ».
- Les mots chargés d’émotion. Cette catégorie est plus abstraite car il s’agit de
mots non-émotionnels qui peuvent témoigner d’une émotion ou la provoquer chez
l’interlocuteur sans y faire référence. On y retrouve les catégories suivantes :
Néanmoins, les mots émotifs peuvent appartenir à plusieurs catégories, les limites
entre ces dernières ne sont pas strictes. Nous finirons par expliquer que ces définitions
font appel à des notions que nous avons choisi de ne pas traiter dans ce mémoire, nous
avons conscience qu’elles existent et nous y ferons référence, c’est le cas des questions
de culture et d’identité. Ces notions ne peuvent être dissociées du langage, mais elles
sont aussi sujettes à une multitude de définitions, et elles ne sont que secondaire dans
l’étude de notre sujet. Dans le cadre de ce travail nous nous focaliserons donc sur les
émotions en tant que processus interne, l’auto-perception de celles ci par les sujets, et
ce qui motive le choix d’une langue ou d’une autre pour exprimer ses émotions.
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Chapitre1 : bilinguisme et émotion, notions et concepts opératoires
Pour réaliser cette recherche nous sommes référées aux notions suivantes : En
premier lieu, analyse de discours Ou analyse d’énoncé, on appelle analyse de dis-
cours la partie de la linguistique qui détermine les règles commandant la production
des suites de phrases structurées. L’analyse de discours proprement linguistique se
fonde sur des opérations de réduction de phrases et sur certains concepts de la gram-
maire transformationnelle.
Par la suite, analyse conversationnelle qui étudie les règles sous-jacentes au fonc-
tionnement des conversations et des échanges communicatifs, ces règles sociocultu-
relles variant d’une société à l’autre. En effet, l’analyse conversationnelle, issue prin-
cipalement de l'ethnométhodologie (travaux d’Hervé Sacks), de la pragmatique (école
de Genève), intéresse également l’analyse de discours, la psychosociologie, la sociolo-
gie interactionnelle et l’ethnographie de la communication.
Puis, nous nous reportons au Bilinguisme, d’une manière générale est la situation
linguistique dans laquelle les sujets parlants sont conduits à utiliser alternativement,
selon les milieux ou les situations, deux langues différentes. Plus précisément bilin-
guisme est l’ensemble des problèmes linguistiques, psychologiques et sociaux qui se
posent aux locuteurs conduits à utiliser, dans une partie de leurs communications.
D’une part, on a la Communication qui est l’échange verbal entre un sujet parlant,
qui produit un énoncé destiné à un autre sujet parlant. Cette dernière est intersubjective
29
Chapitre1 : bilinguisme et émotion, notions et concepts opératoires
Mais encore, Le discours est une unité égale ou supérieure à la phrase ; il est cons-
titué par une suite formant un message ayant un commencement et une clôture. Au-
trement dit, dans son acception linguistique moderne, le terme de discours désigne tout
énoncé supérieur à la phrase, considéré du point de vue des règles d’enchaînement des
suites de phrases.
Ensuite, nous avons fait recours à l’échange verbal on donne ce nom à la commu-
nication considérée sous l’angle du dialogue : li- locuteur produit un énoncé qu’il «
donne » (1 un interlocuteur qui, en réponse, lui « donne » un autre énoncé.
L’interférence On dit qu'il y a interférence quand un sujet bilingue utilise dans une
langue-cible A un troll phonétique, morphologique, lexical ou syntaxique caractéris-
tique de la langue B. d’ailleurs L’emprunt et le calque sont souvent dus, à l’origine à
des interférences.
On appelle interlocuteur le sujet parlant qui reçoit des énoncés produits par un lo-
cuteur ou qui y répond.
31
Chapitre 2 :
Méthodologie de recherche et corpus
Chapitre 2 : Méthodologie et corpus de recherche
Ainsi nous cherchons à mettre la lumière sur les comportements langagiers et mon-
trer des cas particuliers. Comme le décrit CASTELLOTI (2012), « une approche quali-
tative invite [...] à travailler avec des personnes, pour construire avec elles une relation
qui permette de produire une interprétation des usages linguistico-culturels et des rap-
ports qu’ils entretiennent avec ces phénomènes. » Ce qui importe, c’est de centrer la
recherche sur les individus, sur leurs différents parcours linguistiques influencés par
leur environnement social et culturel et aussi sur leurs perceptions de leurs langues. De
ce fait, la démarche qualitative reconnaît l’hétérogénéité de ses sujets et c’est celle-ci
qui contribue de façon pertinente à la recherche, chaque parcours, chaque histoire
permet d’enrichir la recherche. Le public bilingue est souvent mis de côté dans la re-
32
Chapitre 2 : Méthodologie et corpus de recherche
cherche en langues à cause de cette hétérogénéité, mais elle est d’autant plus impor-
tante puisqu’elle permet d’établir des facteurs qui peuvent causer cette hétérogénéité,
et chaque cas étudié approfondit les questionnements actuels.
Dans le cadre de notre étude, la démarche qualitative va avec notre étude et la mise
en place d’un entretien, nous aborderons le sujet plus en détail dans une partie sui-
vante.
Pour notre étude des interactions verbales dans les deux langues, nous nous ap-
puyons sur certains principes méthodologiques de l’analyse conversationnelle. Nous
empruntons d’abord la technique d’enregistrement et de transcription d’interactions, il
est évidemment impossible de faire une analyse en se limitant à la seule observation
directe des activités. Par ailleurs, cette technique permet comme l’affirme L.
MONDADA, de conserver les caractéristiques fondamentales des interactions : «
d’une part la temporalité de l’événement et son déroulement séquentiel, qui permettent
de travailler sur les processus de coordination, de synchronisation, et d’articulation
ordonné du déploiement des activités ; d’autre part les détails observables mais non
imaginables (SACK, 1984) qui rendent disponible et descriptible cet ordre »
(MONDADA, 2001 : 4).
- Analyse de contenu
Il s’agit de réaliser une analyse de contenu des entretiens, cette étude est menée se-
lon une méthodologie d’analyse visant à extraire les éléments pertinents qui constitue-
ront la base du sujet. L’analyse de contenu cherche à savoir ce qui est derrière les pa-
roles sur lesquelles elle se penche. La linguistique est une étude de la langue, l’analyse
de contenu est une quête, à travers des messages, de réalité autre. (BARDIN 1977 :
48). Une fois les entretiens transcrits, on procède au décorticage des données brutes, le
discours des personnes interviewées contient des informations à exploiter. Tout docu-
33
Chapitre 2 : Méthodologie et corpus de recherche
ment parlé, écrit ou sensoriel contient potentiellement une quantité d’informations sur
la personne qui en est l’auteur, sur le groupe auquel elle appartient, sur les faits et évé-
nements qui y sont relatés, sur les effets recherchés par la présentation de
l’information, sur le monde ou sur le secteur du réel dont il est question.
(MUCCHIELLI 1984 : 17). En effet, l’analyse de contenu s’appuie sur la catégorisa-
tion quantitative et qualitative. C’est une technique de recherche pour la description
objective, systématique et quantitative du contenu manifeste de la communication.
(BERELSON 1952 cité dans GHIGLIONE & MATALON 1978 : 155). Elle permet de
concilier les deux méthodes
MUGNIER.S (2018 ; p27) insiste sur la prise de recul nécessaire à l’analyse et cite
B. Soulié (2007 : 129) qui parle de « participation observante » Il s’agit de trouver un
compromis entre implication et observation et de choisir les moments propices à une
intervention.
C’est en prenant en compte ces démarches que nous avons pensé que l’outil du
l’entretien était le plus approprié pour récolter nos témoignages et les analyser, mais
34
Chapitre 2 : Méthodologie et corpus de recherche
nous allons maintenant détailler le choix de cet outil et le nuancer, puis nous allons
expliquer comment il a été réalisé.
- Analyse compréhensive
L’analyse compréhensive consiste à cerner au plus près le sens que donnent les ac-
teurs à leurs actions. La réflexion et l’analyse partiront du discours et des mots choisis
par les participants. Autant que chercheurs nous devons prendre en considération toute
information émise par les personnes sollicitées et de comprendre les représentations
des participants, leurs rapports aux langues, les dynamiques entre les langues qu’ils
mobilisent à partir de leur discours et des observations d’actions qu’ils ont eux-mêmes
réalisées.
Choix du corpus
Présentation de la tâche
Les participants ont été informés en amont de la nature de la tâche ainsi que de son
thème. Comme nous l’avons déjà cité ils ont tous accepté d’être enregistre sans dévoi-
ler leur identité. Le support utilisé pour la tâche est un court animé sur You Tube. Ce
dernier nécessite une manifestation de sentiments sans pour autant que les intervenants
soient au courant de la finalité de notre étude à savoir l’analyse de leurs émotions,
cette méthode est suivie afin que les discussions de nos interlocuteurs soient les plus
naturelles possible et d’éviter de biaiser nos données escomptées pour assurer la fiabi-
lité de notre enquête.
Le support vidéo
Pour réaliser cette étude, nous nous sommes mise à la recherche d’un support vi-
déo déclencheur de parole et suscitant l’affect. La vidéo intitulée « Alike » de Daniel
Martínez Lara et Rafa Cano Méndez : courte animation muette de 8 minutes créée en
2015, primée au Goya Award12 et mise en ligne sur You tube où elle a suscité plus de
5 millions de vues. Cette vidéo répond entièrement à nos critères et objectifs de re-
cherche.
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Chapitre 2 : Méthodologie et corpus de recherche
On a choisi une vidéo muette afin que notre enquête soit juste et surtout pour
qu’aucun lexique ou expression n’influencent les productions orales des enquêtés et ce
qu’il la rende adaptable à différents niveaux. Chacun d’eux peut choisir les mots ou les
expressions qui lui semblent les plus appropriées. Les participants peuvent aussi
s’exprimer en se basant et faisant référence à leur ressenti, leur expérience, leur vécu et
leurs émotions, sans aide lexicale ou émotion déjà rendue explicite.
La vidéo sans parole permet aux auteurs de toucher la sensibilité du spectateur, dé-
cor minimaliste, gros plans, plans linéaires, doubles pages avec deux situations se dé-
roulant dans le même laps de temps, l’utilisation allégorique des couleurs. La disconti-
nuité entre les personnages et les décors détachent les premiers de la fiction donnant au
tout une dimension réelle dans laquelle les spectateurs peuvent s’identifier. Les émo-
tions sont présentes dans la narration de la vidéo, présentée parfois figée comme un
tableau, donnant libre cours à l’interprétation. Gouaich (2016 : 168) comme le rappelle
GOUAICH (2016 ; 168) « l’image reflète quoique d’une façon déformée le monde
36
Chapitre 2 : Méthodologie et corpus de recherche
Notre échantillon de participants est donc très varié, Au vu de cette diversité des
profils, nous ferons une analyse de leurs choix pour l’expression des émotions afin de
trouver des points communs, et pour approfondir les raisons qui motivent le choix
d’une langue vis-à-vis d’une autre.
37
Chapitre 2 : Méthodologie et corpus de recherche
pable d’utiliser un locuteur, ainsi que, lorsqu’il est monolingue, de tous les registres et
styles dont il dispose pour interagir.
Les étudiants qui ont participé à notre enquête possèdent tous dans leur répertoire
verbal, à des degrés divers, les langues suivantes :
- L’arabe standard
Différent de l’arabe standard, l’arabe dialectal est une langue essentiellement orale
utilisée dans les échanges quotidiens. N’ayant aucun statut officiel, elle est pourtant la
langue maternelle (ou langue de première socialisation) et la langue véhiculaire princi-
pale de la majeure partie de la population algérienne. Elle emprunte particulièrement à
l’arabe standard, mais aussi, dans une large mesure, au français. On y trouve égale-
ment des emprunts à l’espagnol, au berbère et au turc (ibid.)
- Le français
Le contact de nos étudiants avec la langue française ne s’est jamais limité au cadre
scolaire et universitaire. Il existe un rapport constant avec cette langue qui continue à
occuper, depuis l’indépendance du pays, une place privilégiée dans le paysage linguis-
tique algérien. En effet, le français est très présent dans les échanges quotidiens et
l’environnement immédiat (produits de commerce, panneaux, enseignes profession-
nelles, etc.) ; beaucoup de journaux sont en français ; les chaînes françaises de télévi-
38
Chapitre 2 : Méthodologie et corpus de recherche
sion ont pénétré la plupart des foyers ; par ailleurs, cette langue est encore présente
dans l’administration et elle occupe une place dominante dans le monde des affaires.
Face à cette réalité empirique, disons seulement qu’il est difficile de considérer le
français comme une « langue étrangère » (tel est son statut formel) au même titre que
l’anglais. (Ibid.)
Le choix de l’entretien
La nature de notre travail s’articule sur une analyse réflexive qui porte sur les liens
entre langage et affect, ce qui implique que notre étude se base sur une démarche qua-
litative à travers la réalisation d’un entretien qui favorise l’expression des points de
vue et des opinions personnels plutôt qu’une démarche quantitative. C’est aussi une
méthode qui sert une approche compréhensive.
L'étude qualitative vise à comprendre les attitudes, les comportements et les be-
soins d'un panel de personnes. C’est pourquoi les questions laissent les participants
libres de s'exprimer et de donner des détails complexes. Cette approche est donc parti-
culièrement adaptée aux situations dans lesquelles les données chiffrées ne sont pas
suffisantes pour apporter une réponse complète à une question. Un entretien permet
une plus grande liberté d’expression, les participants donnent des réponses riches et
des exemples concrets. De plus, ils peuvent mentionner des questionnements que le
chercheur n’avait pas anticipés, ouvrant ainsi de nouveaux horizons et de nouvelles
perspectives pour le chercheur.
Quant à (SOFAER, 1999, p. 1105) « Ils permettent aux gens de s’exprimer dans
leur propre voix, plutôt que de se conformer à des catégories et les conditions qui leur
sont imposées par d’autres ».
Cette démarche présente déjà son lot d’inconvénients, mais notre approche en
ajoute d’autres. La première critique est que l’entretien peut dévier de sa route initiale,
il existe en effet un risque que la personne interrogée propose un développement qui
ne réponde pas à la problématique initiale de l’étudiant. Celui-ci doit donc redoubler
39
Chapitre 2 : Méthodologie et corpus de recherche
Choix de la consigne
Après avoir informé les participants du thème du support ainsi la nature de la tâche
qui consiste à exprimer leurs ressenties et quelles leçons retienne t’ils du contenu pré-
senté au sujet du contenu de la vidéo dans les deux langues. La consigne sollicite un
changement de langue du français vers l’arabe au sein de la tâche. Il s’agit de laisser
les participants s’exprimer librement dans les deux langues ; en français et en arabe.
La consigne devait solliciter des éléments discursifs qui permettent au locuteur
d’exprimer un même ressenti dans deux langues, afin de comparer les productions.
Sept questions ont été posées aux participants (Master 1 linguistique 16 partici-
pants et master 1 didactique 18 participants) pendants deux séances différentes après
leur avoir permis de visionner la vidéo, étant donné que l’objectif voulu était que les
participants expriment leur affect dans deux langues différentes. Les questions ont été
posées en langue française. Les deux séances avec les deux spécialités ont débuté par
une mise en situation consistant à commenter et demander l’avis des participants sur
les points traités dans la vidéo ; la routine, la créativité, l’enfance… L’objectif était
d’anticiper le visionnage du support vidéo et de se familiariser avec le sujet. Ce com-
mentaire, non enregistré et qui ne fait par conséquent pas partie du corpus, annonce la
suite de l’activité réflexive et prépare les participant à la projection du support vidéo,
volontairement interrompu à la minute 4’16 afin d’intégrer une activité de prédiction et
laisser place à l’imagination pour envisager la fin de l’histoire. En leur demandant :
"Que pensez-vous qu'il va se passer ensuite ?"
Nous avons permis aux participants d’exprimer leurs pensées critiques en les
orientant par les consignes ci-dessous :
40
Chapitre 2 : Méthodologie et corpus de recherche
Dans le cadre de notre recherche nous avons choisis sept questions qui ont pour
objectifs :
Premièrement questions 2-3 ont pour objectif expression des sentiments, deuxièmement
questions 1-3-4 visent a émettre les opinions. Ensuite, questions 6-5 ont pour objectif de
produire un débat général, enfin question 7 qui vise a évoquer l’imagination.
Disons enfin que dans l’ensemble les deux séances d’entretien se sont déroulées
dans de bonnes conditions. L’ambiance semblait détendue et conviviale.
41
Chapitre 2 : Méthodologie et corpus de recherche
Plus fidèle a vos sentiments ? Quelle est la langue dans laquelle vous vous sentiez plus
à l’aise (L1 ou L2).
« violent » qui, au-delà de signifier une coupure avec la stabilité, vient projeter
l’individu vers le non contrôle et vers une subjectivité qui touche à l’intime surtout
dans notre cas lorsque les participants expriment leurs affectes à travers leurs vécus.
Malgré cette dimension intime de l’émotion qui ne peut se dévoiler à n’importe qui, la
majorité des participants ont pleinement collaboré avec nous sauf une seule qui a refu-
sé de dévoiler son ressenti à-propos son expérience.
42
Chapitre 2 : Méthodologie et corpus de recherche
Outils d’analyse
Conditions d’enregistrement et matériel utilisé
Compte tenu de nos objectifs d’analyse, il était impossible de se contenter d’une
observation directe des situations à étudier. Nous avons donc réalisé un enregistrement
audio afin de fixer les données à analyser. Les enregistrements ont été réalisés grâce à
l’outil « Enregistreur de Voix Facile » qui est un outil pour enregistrer l'audio qui per-
met de capturer toute sorte de contenus. Dotée d’une interface sobre et intuitive,
l’application permet d’enregistrer des cours, des rencontres, des entretiens ou de la
musique et de les réécouter autant de fois que désiré. Des options et préréglages pour
améliorer les captures sont disponibles qu’il s’agisse de son brut, de chant, de répéti-
tions ou d’exposés aussi l’application propose des enregistrements en haute qualité,
PCM ou MP4, ou bien encore AMR pour économiser de l’espace. Enregistreur de
Voix Facile offre un son clair et ne dispose d’aucune limite de temps d’enregistrement,
il permet de partager les enregistrements par e-mail.
La durée de l’entretien a varié selon les participants des deux groupes, les produc-
tions en réponses aux questions dans les deux langues y compris le temps de diffusion
de la vidéo ont durés 53minutes pour la première séance réalisée avec le groupe didac-
tique et 29 minutes pour la deuxième séance réalisée avec le groupe de linguistique.
Les enregistrements des deux activités ont finalement été récupérés sur CD.
Conventions de transcription
L’ensemble des productions orales et des entretiens ont été transcrits en suivant le
modèle de conventions de transcription VION.R. (1992), La communication verbale.
« Hachette supérieur ». La transcription de chaque production et entretien nous a per-
mis de procéder à l’analyse. La transcription sociologique est une transcription exacte
et fidèle du langage de la personne interrogée. Pour le dire simplement, l'essentiel dans
une transcription est de restituer les propos de l'interviewé de manière : fidèle et ne pas
trahir son propos, de pas commettre de contre-sens, ne pas confondre
43
Chapitre 2 : Méthodologie et corpus de recherche
Ajoute (SANDERS et SCHERER, 2009 : 81) « Ces écrits fabriqués que sont les
transcriptions cherchent à se rapprocher de la réalité du mieux possible, à rendre
compte du réel dans toutes les dimensions qui intéressent l’analyse. L’intonation, les
hésitations, souffles, interruptions, mimiques, gestes, rires et sourires figurent dans les
transcriptions comme importantes fonctions de signalisation » (CICUREL, 2014 :
385).
Afin de répertorier les émotions présentes dans les productions orales des partici-
pants dans des tableaux d’analyse, on propose un guide de lecture des transcriptions
avec numérotation des tours de parole. Nous utiliserons ce guide avec numérotation
pour référencer chaque extrait tiré des transcriptions :
44
Chapitre 2 : Méthodologie et corpus de recherche
7
2.9. Péril et plaisir de recherche
2.9.1. Difficultés rencontrées
Toute recherche scientifique sur le terrain présente des difficultés qu'il faut sur-
monter pour pouvoir continuer. Au cours de nos recherches, nous avons rencontré
beaucoup de difficultés. On avoue que ce n’est pas du tout facile à rédiger un mé-
moire, un ouvrage où toutes nos idées liées au sujet qu’on veut traiter doivent être ras-
semblées de manière cohérente et harmonieuse. Nous n'entrons pas dans les détails.
Mais les difficultés majeures qui méritent d'être soulignées sur le terrain d’enquête.
Nous commençons par évoquer la difficulté concernant la tâche n'a pas été du tout
aisé étant donné que nous sommes à la veille des vacances et la plupart des étudiants
étaient déjà sur le point de partir. Par ailleurs, nous avons eu des difficultés pour les
regrouper afin de réaliser notre enquête. De plus, comme nous l’avons déjà cité aupa-
ravant les conditions d’enquête avec les deux spécialités n’étaient pas similaires ; am-
biance était conviviale et chaleureuse avec les Master 1 didactique et tout à fait le con-
traire avec les Master 1 linguistique. D’autres difficultés ont été liées à
l’enregistrement des réponses obtenus nous signalons la qualité du son était telle que
nous avons eu d’énormes difficultés à transcrire ; les étudiants qui étaient relativement
éloignés d’enregistreur ou qui parlaient d’une voix faible étaient difficilement audibles
; trop de passages restaient incompréhensibles ; il fallait donc y renoncer. Quant à la
transcription des audio, Il s’agit d’une transcription mot à mot, on a mis par écrit exac-
tement tout ce qui est dit à l’oral. Les transcriptions qu’utilisent les linguistes conser-
vent soigneusement toutes les particularités des productions orales : répétitions, hésita-
tions, amorces de mots, retouches. (BAUDE 2006 : 30).
C’est une technique très utile mais coûteuse en temps. Selon les estimations cou-
rantes, un minimum de trente minutes de travail est nécessaire pour transcrire une mi-
nute d’enregistrement. (BAUDE 2006 : 30). Cette opération nécessite l’utilisation d’un
lecteur audio et d’un traitement de texte, entre lesquels il est nécessaire de faire des va-
et-vient successifs de Play/stops, pour les transcrire par saisie sur un l’éditeur de texte
7
NB : Les passages produits en arabe (standard ou dialectal) sont écrits avec la graphie française en caractères
gras puis traduits en dessous en français (en caractères plus petits).
45
Chapitre 2 : Méthodologie et corpus de recherche
46
Chapitre 3 :
Analyse et discussion des résultats
Chapitre 3 : Analyse et discussion des résultats
Après avoir effectué la tâche avec nos participants dans les deux langues, nous
leurs avons demandé quelles étaient leurs ressentis à travers les questions que nous
avons déjà expliqué dans la deuxième partie de ce travail. Nous allons voir que
l’entretien a révélé quelques différences entre l’expression de l’émotion en français et
en arabe. Nous étudierons tout d’abord les alternances codiques présentes dans leurs
productions ainsi que les marques d’implication dans la situation de communication
afin d’analyser s’ils expriment l’émotion. Nous procéderons ensuite à l’analyse de
l’émotion dans les deux langues en arabe et en français.
Un élément important à relever est le fait que les alternances codiques n’ont été
mobilisées par nos participants que lors de leur production en langue 2 le français qui
est une langue étrangère pour nos enquêtés. Plusieurs alternances codiques ont été mo-
bilisées lors de leurs production la consigne a été bien respectée par notre population
cible. Nous sommes dans une situation de communication bilingue (française-arabe)
car la consigne vise explicitement à produire un discours bilingue, nos participants ont
mobilisés les alternances codiques suivantes :
Il va laisser son + ≤ euh≥.:: *aa ((=bb))* (dok ykhalih euuuh ydir li rah
baghi)
(Il va le laisser euh faire ce qu’il veut)
48
Chapitre 3 : Analyse et discussion des résultats
- Parce que ≤euuh≥ howa le don taah la musique \\ gaad yinsiste ala la musique
≤MOt≥ Ktab l horof kima rahom f rassah ma ktabhomch b tarika kima rah
katabhom l oustad ktabha b tariktah howa ((bas))
- Oui kteb l ’B’ kima chajra {aa} et le ‘A’ ktebha kichrol Dar) {aa}
- Euh son don c’est la musique il a insisté sur le musique il a écrit les lettres par son
imagination et non pas comme son professeur les a écrit l’enfant les a écrit par
sa propre façon il a écrit la lettre ‘B’ comme un arbre et la lettre ‘ A’ comme
une maison.
- Parfois il y’a des enfants, leurs père euh + qui détruit leur enfants MOt (ma yaa-
tohomch hakehom genre le droit taahom wala hadek le don taahom ma
yaatohch de l’importance après ils ont la haine pour ses parents) *aa
((=bb))*
- Ils ne leur donnent pas leurs droits et ils ne prêtent pas attention a leur talent, par
la suite ces enfants vont détester leurs parents.
- *aa ((=bb))* (Tfakart ma mère MOt C Je me rappelle de ma mère parce que
même même ++ la même situation de l’enfant fat aliha ana+ Fisc)
Témoignage d’une participante : je me suis rappelée de ma mère parce
que j’ai vécu la même situation de l’enfant (personnage de la vidéo).
Ces alternances codiques attestent au sein de la tâche que nous voulions dès le dé-
part exclusivement bilingue, Nous pouvons donc les considérer comme des alternances
codiques métaphoriques dans le sens où ils correspondent à l'emploi des deux codes
dans la même conversation, d'une façon plus spontanée et moins consciente. Leurs
alternances codiques ne contiennent donc pas de contenu émotionnel d’une manière
explicite nous verrons dans une partie suivante qu’ils utilisent d’autres stratégies pour
exprimer leurs émotions et pour décrire les émotions des personnages.
49
Chapitre 3 : Analyse et discussion des résultats
L’implication de nos enquêtés et leur prise de position au sein des interactions ont
d’avantage été relevées lorsqu’ils utilisent le français où les échanges dans cette langue
se sont apparentés à une série des réponses semi guidés par nous afin que leurs expres-
sions ne soient pas hors sujet. Cependant la situation de communication semble en
arabe plus spontanée, s’apparentant à un véritable échange à faire naitre l’émotion.
- L’arabe MOt c’est la langue maternelle + était la plus proche et la plus fidèle
pour exprimer nos sentiments.
- Non euh ::- je préfère l’arabe ; généralement on fait référence à notre langue ma-
ternelle.
Quant à d’autres participants qui ont été entre les deux langues et que leurs expres-
sions de l’affect sont complémentaires entre l’arabe et l français une langue qui com-
50
Chapitre 3 : Analyse et discussion des résultats
plète la deuxième langue ils faisaient des va et des viens entre les deux langues par
rapport au changement du contexte et de la situation de communication.
- Pour moi c’est Moitié moitié / ça dépend le contexte p(h) eut (h) être.
Ils étaient aussi expressifs dans leurs expressions faciales. Triste c’est malheureux
ils expriment ici leurs propres émotions :
- L’enfant a perdu l’espoir \\ ((bas)) *aa ((=bb))* (quand) quand le père (siyef
alih) quand il n’a pas trouvé le musicien \\ euh + le violoniste il était triste dé-
truit il a perdu l’espoir\\, brisé \\ et c’est malheureux + Cepl
Quand le père l’a forcé.
- Le papa quand il perd sa couleur c’est à dire a perdu son énergie Fx (les yeux
tombantes)
Ils expriment ici de façon spontanée leur tristesse de voir le père dans une telle si-
tuation et l’exprime de manière explicite. Ainsi ils ont exprimé ce qu’ils ressentent
pour l’enfant et en même temps ce que ce dernier a ressenti vers la fin, il est semblable
que les participants ont exprimé des émotions d’empathie. Nous remarquons par la
suite que notre public décrit la situation du père et de l’enfant face aux normes impo-
sées par la société, plus que d’exprimer leurs émotions ainsi ils disent ce qu’ils pensent
pour avoir une vie meilleure et ne pas tomber dans la même situation de la vidéo. Ce-
pendant, même si l’affect ici n’est pas rendue explicite, ils mobilisent des unités lexi-
cales porteuses de sens, qui pourraient nous permettre de dégager leur vision de cette
société.
51
Chapitre 3 : Analyse et discussion des résultats
- ((bas)) C’est triste --- Le père de l’enfant est tendre / il n’était pas--- à l’aise dans
euh / /son travail ; il travaillait quelque chose qu’il ne préfère pas /, un escla-
vage + et -- finalement il a décidé de – euh changer son mode de vie sa méthode
:: d’après la réaction de son fils grâce :: à la réaction de son fils.
- Le père avait même euh + le dos courbé Fscl parce que euh ++ il avait le dos in-
cliné vers le – vers le bas à cause du travail c’est le cas pour les autres gens
dans la vidéo ils avaient la même posture >aaa<
En observant le passage ci-dessous tiré des productions de nos enquêtés, nous pou-
vons nous rendre compte que même si leur émotion n’est pas dite de manière explicite,
elle est avant tout étayée et nous renseigne sur une émotion variée entre la négativité et
la positivité. Tout en nous renseignant sur ce qu’ils pensent de la société et les enfants
d’aujourd’hui :
Dans le passage suivant nous remarquons que nos enquêtés ont choisi d’exprimer
leur émotion d’une manière explicite quand on leurs avait demandé ce qu’ils ont sentis
pour le père et son fils. Il nous semble donc que leurs émotions sont exprimées verba-
lement et gestuellement. Nos participants mentionnent leur tristesse et leur peine de
manière directe (émotion dite).
52
Chapitre 3 : Analyse et discussion des résultats
Nous avons aussi dans le passage suivant des témoignages de nos participants dans
lesquelles ils partagent dans un premier lieu leur problème de routine dans le cas des
études tout en normalisant ce phénomène il nous semble qu’ils souffrent de ce phéno-
mène, il est d’autre part intéressant de noter qu’ils l’utilisent le rire afin d’exprimer
une émotion négative. On pourrait être amenés à penser qu’ils cherchent à se protéger
et à réguler l’impact de l’émotion dite car ils expriment une émotion négative et sur-
tout qui lui est propre à eux.
- ((Bas)) Les études aussi posent un problème de routine ++c’est normal HA-HA-
H.
Nous avons dans un passage particulier un témoignage d’une seule participante
qui s’est rappelée de son enfance car elle a vécu la même situation de l’enfant
*aa ((=bb))* (Tfakart ma mère MOt C Je me rappelle de ma mère parce
que même même ++ la même situation de l’enfant fat aliha ana+ Fscl )
Témoignage d’une participante : je me suis rappelée de ma mère parce
que j’ai vécu la même situation de l’enfant (personnage de la vidéo).
Notre enquêtée exprime ici de façon spontanée et libre son propre expérience il est
semblable qu’il y’a une émotion non dite et emphatisée nous amenant à penser que son
émotion est réelle et surtout propre à elle. Ainsi elle a mentionné d’avantage son
propre vécu en arabe qu’en français par l’expression d’une émotion en mobilisant son
propre vécu et son passé. L’expression de l’émotion semble facilitée en arabe lorsque
nos participants parlent d’eux même. Nous allons analyser dans une partie suivante ce
que signifient ses gestes.
53
Chapitre 3 : Analyse et discussion des résultats
- L’enfant a perdu l’espoir \\ ((bas)) *aa ((=bb))* quand + quand le père (siyef
alih) quand il n’a pas trouvé le musicien \\ euh + le violoniste il était triste dé-
truit il a perdu l’espoir\\, brisé \\ et c’est malheureux + Cepl
Quand le père l’avait forcé.
- Parfois on est-- euh obligé de – de changer notre mode de vie pour euh++ pour
être euh {aa} (hésitation, elle réfléchit les yeux vers le haut) pour sortir de +
notre zone …notre zone de confort {aa}
54
Chapitre 3 : Analyse et discussion des résultats
En observant le passage ci-dessus tiré des productions de nos enquêtes que nos
deux participantes ont déclaré ce qu’elles pensent sur le mode de vie et elles n’ont pas
vraiment dévoilé leurs propres émotions, il nous semble ici qu’elles ont hésitées de
prononcer le mot exact autrement dit le mot qui représente fidèlement ce qu’elle res-
sent. Cette hésitation est manifestée par le haussement des yeux pour nous faire com-
prendre implicitement et d’une façon indirecte qu’elles sont en train de réfléchir.
Nous remarquons dans les passages ci-dessus une riche quantité d’émotions ex-
primées par la gestuelle, nos enquêtés ont choisi de s’exprimer d’une manière indirecte
et non dite. La tristesse provoque chez eux un visage triste ou sérieux, des expressions
faciales telles que la bouche pincée et moue qui marque leur réflexion, froncement de
front, avoir le regard vide. Ainsi les émotions plus positives sont relevées par un sou-
rire parfois accompagné par un haussement de sourcils pour exprimer un enthousiasme
comme ils l’attestent lorsqu’ils commentent des émotions positives à propos ce qu’il
55
Chapitre 3 : Analyse et discussion des résultats
sent l’enfant vers la fin de la vidéo, que certains ont trouvé qu’elle était heureuse et
d’autres ont déclaré que c’est un début d’une autre histoire comme suit :
- ˃aaa˂c’est un début d’une autre histoire c’est pas une fin Fx+FS (haussement
de sourire accompagné d’un sourire léger).
Analyse quantitative de l’émotion
En analysant les productions de nos participants des deux spécialités linguistique et
didactique ils ont l’impression d’utiliser un lexique plus varié en français. Il est sem-
blable que notre public se sentais dans une situation formelle c’est ce qui les a poussés
a utilisé la langue étrangère pour exprimer leur affect, nous tenons à signaler qu’ils ont
commencé à s’exprimer en arabe que lorsqu’ a insisté pour qu’ils se mettent à l’aise et
que nous nous intéressons au contenu et non pas la langue et ses normes. Nous voyons
d’une part que l’émotion en français est exprimée par un champ lexical large et des
unités linguistiques plus nombreuses qu’en arabe. D’autre part, l’émotion « dite » est
exprimée par un lexique d’une différente intensité dans les deux langues comme nous
l’avons déjà cité nos enquêtés semble utiliser la langue arabe pour mettre en relief et
intensifié leurs propos, ils ont l’impression de pouvoir s’exprimer plus facilement dans
cette langue surtout dans les cas où le français leur semble loin de représenter fidèle-
ment ce qu’ils sentent.
Discussion des résultats
Grille de lecture du corpus : productions des participants de M1 ling.:
L’émotion dans le langage En français (L2) En arabe (L1)
« perdu l’espoir », » il était triste », (Tfakart ma mère)
Dimension lexicale « détruit », « brisé », « le dos incli- « je me suis rappelée
né », « euh perdu d’esprit et de ma mère », fat ali-
d’espoir », « il est heureux », ha ana « j’ai vécu la
« l’ennuie ». même situation »
« fronce le front, », « sourcils mon-
Dimension gestuelle tés », « sourire », « bouche pincée « haussement
», de sourcils ».
Les alternances codiques L'alternance codique conversation-
éventuelles nelle : nos participants faisaient retour
a leur langue maternelle pour appuyer
leurs propos : on n’est pas satisfait de
(bezaf swalah).
56
Chapitre 3 : Analyse et discussion des résultats
Nous avons vu qu’exprimer l’émotion dans deux langues différentes ne relève pas
seulement de la maitrise linguistique. Certains enquêtés semblent croire que leur
manque de compétence langagière les empêche d’exprimer l’émotion alors que les
émotions sont présentes dans les deux langues ainsi dans leurs gestes, Nous nous
sommes rendues compte qu’il s’agit davantage de leur carence linguistique, qui peut
leur donner l’impression de ne pas réussir à s’exprimer comme ils aimeraient en fran-
çais. D’autant plus que leur implication est plus forte en arabe lorsqu’ils parlent de leur
vécu de manière spontanée et de raconter leurs souvenir ou même de témoigner et
donner leurs avis sur leurs situations actuelles comme pour donner du poids à leurs
messages. Ils ont également l’impression de s’exprimer avec un lexique affectif plus
varié en français.
Il est intéressant de parler du cas lorsque nos interlocuteurs font face à une difficul-
té pour trouver le mot juste. Un sentiment de non maitrise linguistique est régulé par
des expressions faciales et des gestes plus présents ainsi par le retour vers leur langue
maternelle qui représente pour eux la langue la plus fidèle a leur affect. Nous citons
57
Chapitre 3 : Analyse et discussion des résultats
aussi les passages qui contiennent le rire témoignent avant tout de la fonction de régler
des expressions faciales de tristesse dans l’expression de l’émotion ; autrement dit de
mi- nimiser l’intensité de sentiment de tristesse. Nous ne pouvons avancer que les
expres- sions faciales sont différentes d’une langue à l’autre la voie d’expressions
faciales et d’éléments para verbaux sont plus variés en français en revanche ils sont
plus intense en arabe. Il est fréquent de considérer l’arabe dialectal Algérien comme
étant un dia- lecte moins riche de lexique affectifs par rapport a la langue française par
contre l’intensité émotionnel se manifeste dans l’arabe. Il semble ainsi que ce résultat
est cau- sé par les différences perçues entre l’arabe et le français. Nos participants
ajoutent étaient plus précis en langue arabe et se sentaient plus à l’aise lorsqu’ils
s’expriment par leur langue maternelle.
58
Conclusion générale
Conclusion générale
Tout au long de ce travail, nous nous sommes interrogées sur les liens entre le lan-
gage et l’expression de l’affect en comparant l’expression de l’émotion en français et
en arabe chez nos participants de Master 1 des deux spécialités linguistique et didac-
tique. En analysant les entretiens réalisés nous nous sommes rendu compte, d’une part
qu’exprimer l’émotion dans deux langues différentes est certes lié en partie au degré
de maitrise de ces langues et d’autre part les liens entre langage et dimension de
l’affect s’étendent au-delà de ce seul facteur.
Même si l’expression de l’émotion dans les deux langues peut être similaire, pour
des raisons de contrôle des émotions négatives, on a constaté des différences
d’expression dans les deux langues des expressions faciales. Grace à leurs échanges et
notre analyse nous avons collecté des éléments de réponse à nos questions de re-
cherche en approfondissant les liens entre le rapport affectif qu’on entretient avec les
langues et l’émotion. Nous avons vu que nos participants donnent une importance à
leur représentation des langues lorsqu’ils ont mentionné qu’ils se sentent plus à l’aise
en arabe qu’en français et il nous semble que cet aspect a influencé leur perception
d’eux-mêmes selon la langue qu’ils emploient.
60
Annexes :
Annexes
Il va laisser son + ≤ euh≥.:: *aa ((=bb))* (dok ykhalih euuuh ydir li rah
baghi)
(Il va le laisser euh faire ce qu’il veut)
Parce que ≤euuh≥ howa le don taah la musique \\ gaad yinsiste ala la
musique ≤MOt≥ Ktab l horof kima rahom f rassah ma ktabhomch b tari-
ka kima rah katabhom l oustad ktabha b tariktah howa ((bas))
Oui kteb l ’B’ kima chajra {aa} et le ‘A’ ktebha kichrol Dar) {aa}
Euh son don c’est la musique il a insisté sur le musique il a écrit les lettres
par son imagination et non pas comme son professeur les a écrit l’enfant les a
écrit par sa propre façon il a écrit le B comme un arbre et le A comme une mai-
son.
\\ Mot Pour moi l’enfant euh -- peuvent faire les choses a sa façon parfois les
euh --- parfois les parents ne prêtent pas attention au don euh --- de ses enfants
jusqu’à ce qu’il --- (hésitation euuh) se voit les deux leurs euh XXXX (mot)
Cepl. ((bas))
((bas)) Mot Les enfants vont choisir ce que leurs parents veulent.
>aaa< C/Cepl Ça dépend le caractère de leurs parents il ya des parents qui
laissent leurs enfants ce qu’ils veulent et y’en a d’autres >aaa< Fscl euhh
((bas))
L’enfant été euh + imposé par ses parents ++ pour euh + apprendre par une cer-
taine méthode +une certaine euh ++ ((bas))
La même méthode de -- + son travail ((bas))
Il va le laisser + il va détruire l’esprit de l’enfant >aaa<
(Ykhalih ydir kima yabri ) MOt \\ ((bas))
Il va le laisser faire comme il veut.
La vie de l’enfant euuuh --- elle va se ressembler à la vie d’euh --- son père
((bas))
La vie de l’enfant va changer la vie de son père \\ peut être le contraire il va
convaincre le papa pour faire ce qu’il veut //
D’après ce qu’il a remarqué le père euuh +il va remarquer + qu’il a, qu’il a euh
-- détruit l’esprit de son enfant il va changer -- ((bas)) (On a demandé a m’une
des participante : comment tu as su qu’il a détruit l’esprit de son enfants ? )
d’après la réaction de l’enfants (((bas)) c’était comment sa réaction ) il était
toujours souriant :: et après il a perdu sa couleur // (((bas)) la couleur repré-
sente quoi ) la tristesse MOt Fscl (avec enthousiasme ) sentiment >aaa< émo-
62
Annexes
tions MOt Fscl l’énergie. Quand on est bleu on a de l’énergie \\quand on est
gris on n’a pas d’énergie on est faible on n’a pas l’esprit de vie Cepl ce n’est
pas la vie en rose il n ya pas d’énergie // Fx.
Fin du visionnage : (applaudissement… ils étaient contents de la fin)
HA-HA-H
Le message du film on peut influencer les autres >aaa< même l’enfant in-
fluence les parents oui MOt
Il peut euh ++ il peut euh encourager les parents -- à faire ce qu’ils veulent pour
les mettre à l’aise pour mieux euuh+ avancer
On doit accepter - l’autre tel qu’il est hum oui
Parfois on est--euh obligé de – de changer notre mode de vie pour euh++ pour
être euh {aa} (hésitation penser les yeux vers le haut) pour sortir de + notre
zone …notre zone de confort {aa}
Euh + Il faut encourager les enfants + parce que euh chaque enfant a son ++ euh
sa méthode + d’apprendre donc+ il faut les encourager euh et ne pas les euuh
les les détruire >aaa< (ton hésité très faible) il ne faut pas les forcer par euh ++
d’apprendre par+ une certaine méthode >aaa< ((bas)) l’essentiel d’apprendre
((bas))
On donne une certaine liberté aux enfants pour avoir leur amour >aaa< con-
fiance en soi >aaa< pour réussir ++ MOt
Parfois il y’a des enfants, leurs père euh + qui détruit leur enfants MOt (ma
yaatohomch hakehom genre le droit taahom wala hadek le don taahom
ma yaatohch de l’importance après ils ont la haine pour ses parents) *aa
((=bb))*
Ils ne leur donnent pas leurs droits et ils ne prêtent pas attention a leur ta-
lent, par la suite ces enfants vont détester leurs parents.
Ça brise la personnalité de l’enfant Fscl MOt il va perdre confiance en soi +, il
va être perdu euh perdu +d’esprit et d’espoir il va perdre la confiance il va
perdre la vie Fscl Cepl (((bas)) on a demandé que ce qu’elle veut dire par la
vie) elle a répondu : la motivation >aaa< Fscl (les yeux légèrement inclinés)
Il va avoir la haine ++ euh la haine contre ses parents.
((bas)) C’est triste --- Le père de l’enfant est tendre / il n’était pas--- à l’aise
dans euh / /son travail ; il travaillait quelque chose qu’il ne préfère pas /, un
esclavage + et -- finalement il a décidé de – euh changer son mode de vie sa
méthode :: d’après la réaction de son fils grâce :: a la réaction de son fils.
Les enfants influencent leurs parents surtout la nouvelle génération :: MOt
(tinfluence ghaya) (p(h)eut (h)être) *aa ((=bb))* dans le bon sens et le mau-
vais sens
63
Annexes
((bas)) Les études aussi posent un problème de routine ++c’est normal HA-
HA-H
*aa ((=bb))* (Tfakart ma mère MOt C Je me rappelle de ma mère parce
que même même ++ la même situation de l’enfant fat aliha ana+ Fscl )
Témoignage d’une participante : je me suis rappelée de ma mère parce
que j’ai vécu la même situation de l’enfant personnage de la vidéo
Le père avait même euh + le dos courbé Fscl parce que euh ++ il avait le dos
incliné vers le – vers le bas a cause du travail c’est le cas pour les autres gens
dans la vidéo ils avaient la même posture >aaa<
Peut-être même quand ++ on va quand on va grandit, grandir -- on va sentir la
même situation (certains étaient pour et certains étaient contre) MOt *aa
((=bb))* (ma ghadich ntaboo had routine ma ghadich ntaboo had routine
+dar khadma, khadma dar bayena + ghadi ykoun fiha chwiya changement
je suis sûr et certaine HA-HA-H \\).
On ne va pas suivre cette routine de la maison au travail je suis sûr et cer-
taine qu’il aurait un peu de changement.
Je trouve ça important *aa ((=bb))* (bach ma ntihoch fi la même situation (rou-
tine, ennuie)
Je trouve ça important pour qu’on ne vit pas la même euh + la même ++ si-
tuation.
L’enfant a perdu l’espoir \\ ((bas)) *aa ((=bb))* (quand) quand le père (siyef
alih ) quand il n’a pas trouvé le musicien \\ euh + le violoniste il était triste dé-
truit il a perdu l’espoir\\, brisé \\ et c’est malheureux + Cepl
Quand le père l’a forcé
Le rôle de la musique : elle nous donne de la couleur MOt , Fs motivation
MOt, la joie >aaa<, vie l’espoir, >aaa< soulagement ( ((bas))personne ne dit
le contraire ?) HA-HA-H non.
La couleur représente quoi : MOt les émotions, la bonne humeur c’est un en-
semble des émotions …
La négligence++ la négligence euh des parents pousse les gens à perdre leur
couleur la négativité aussi --
Av/ Incnv de la routine : Avntg l’argent, Fscl :: prendre de la responsabilité // il
faut équilibré entre la vie personnelle -- euh et la vie professionnelle par le
choix++ euh le choix+ des trucs qu’on aime ::
Incnv : perdre l’envie Fx / (expression faciale qui désigne le dégout) l’ennuie,
perdre confiance en soi Fx (tristesse), la dépression Fx, on ne sent pas qu’on a
un mode de vie qui est euh ++ qui est + parfait qui est créatif /
64
Annexes
On veut toujours le mieux + on veut toujours avancer+ dans la vie on doit sortir
de la routine \\ on trouve des solutions pour les problèmes on doit suivre nos
dons\\, on doit faire ce qu’on veut \\
On essaye toujours de ++ changer+ des activités euh+ d’apporter des nouveau-
tés avoir plus d’activité Fx on n’est pas satisfaits de notre mode de vie, on sur-
vie uniquement, *aa ((=bb))*on n’est pas satisfait de (bezaf swalah)
On n’est pas satisfait des beaucoup de choses.
Si on fait ce qu’on aime on devient motivés*aa ((=bb))* ( kayen une amélio-
ration)
Il y’a une amélioration >
L’enfant a senti que le papa a fait le geste en retard >aaa< il était triste, déprimé
>aaa< il n’était pas satisfait (pour et d’autres contre) peut être euh ++ si le vio-
loniste est resté il devient quelque chose de banale pour l’enfant / ou peut être +
non.
Fin heureuse positive Fs (certains pour certains contre) il est heureux grâce à le
geste de son papa Fs(sourire)
C’est vrai *aa ((=bb))* (bah da le rôle taah le musicien chawa ma rahch
ychouf fih musicien li kan yastana fih Fscl Fx (étonnement !) donc l’histoire
n’est pas vraiment heureuse heureuse .
C’est vrai son père a pris le rôle du musicien mais l’enfant ne le considère
pas comme un vrai musicien donc le fin de l’histoire n’est pas vraiment heu-
reuse heureuse
Pour moi euh + il était satisfait pas à cent pour cent par ce que sa couleur est re-
venue +il était satisfait par le geste de son père.
L’arabe MOt c’est la langue maternelle + était la plus proche et la plus fidèle
pour exprimer nos sentiments / moitié moitié / ça dépend le contexte p(h) eut
(h) être
65
Annexes
A : le fils qui va devenir un bosseur ((bas)) et le père qui va changer sa vie p(h) eut(h)
être
C : après la retraite il va euh :: ++++
A : il va euh+ il va revivre sa vie ((bas))
C : voila ++++ il va relâcher ((bas))
XXXXX ((bas))
D : MOt son père va commencer à faire de la musique\\ ((bas))
C : le fils va devenir la copie de son père ((bas))
C : ah \\parce qu’il y’a la couleur qui change Fx (les lèvres moue) ((bas ))
D :MOt la couleur représente la bonne humeur (la joie ; vivre) Fs (sourire) ( ((bas ))
B : le papa quand il perd sa couleur c’est à dire a perdu son énergie Fx (désigne la
peine et bouche pincée)
: Le père devenu ennuie à cause de la routine
((bas))
« Non » réponse collectif Cepl ((bas ))
B :MOt il faut faire un équilibre entre la vie professionnel et personnel ++ donc le
père n’a pas donné de euh ::-- de l’occasion à son fils de euh ::--- de s’amuser de
euh ::- \\ même pas d’écouter la musique.
A : il faut ++il faut vraiment organiser (réponse collectif) ((bas))
A : changer le mode de contact ˃aaa˂ discuté
XXXX
C : la naïveté du petit C /Cepl
C : voila ! C/Cepl
.HA-HA-H (XXXX)
A : je pense que le fils a injecter une goute d’espoir à son père
B : ˂aaa˃le père était triste de son état Fx (fronce le front et sourcils monte)
A : il a perdu sa couleur + Fx (fronce le front et sourcils)
B : il faut a : a : a : laisser les enfants choisir leur passion ((bas))
A : bien sur (réponse collectif) Tx (faire ‘oui’ par la tête)
XXXX
B :˃aaa˂ il va la détester ((bas))
A : MOt il va pas travailler ((bas))
B : et c’est le cas d’aujourd’hui ((bas))
Non (réponse collectif) HA-HA-h Tx( faire ‘non’ par la tête)
C : ˃aaa˂ il montre aussi que doit vivre +prendre le plaisir
66
Annexes
67
Annexes
68
Annexes
69
Annexes
C : la déception ; l’annuité ; la routine Fx (les yeux légèrement fermé)
70
Annexes
XXXXXX
-est ce que la routine a des avantages ? ((bas))
(Non) réponse collectif \\C
XXXXXX
B : ça dépend
HA-HA-H
D :MOt ils ont peur de sortir de la zone de confort +++Peur de perdre qu’est ce qu’ils
ont Fx (fronce le front )
HA-HA-H XXXX
-les inconvénients ? ((bas))
B : répéter toujours la même chose ; manque de créativité Fx (sourcils monté)
((bas))
D : on devient comme des robots
B : l’esprit devient limité
XXXXX/ HA-HA-H
-comment voudrez-vous histoire se termine ? ((bas))
D : euh ::-- J’aurais aimé voir le papa jouer du violent avec son fils Fx( haussement
des épaules)
C : sentiment de partage ; de joie Cepl
XXXXX
D : il aurait pu euh ::-- étonner son fils par un autre sentiment
D : ˃aaa˂c’est un début d’une autre histoire c’est pas une fin Fx (les yeux légèrement
inclinés)
XXXXX
A : non euh ::- je préfère l’arabe ; généralement on fait référence à notre langue ma-
ternelle
B : MOt je me sens plus alaise quand j’exprime en arabe Fs (sourire et haussement
des sourcils)
XXXXX
71
Bibliographie
72
Bibliographie
a) Ouvrage :
DANIEL, (1999), Les langues régionales - Enjeux sociolinguistiques et didac-
tiques DABENE. (2000).
Thèse :
73
Bibliographie
b) Article :
c) Document :
74
Bibliographie
d) Sitographie :
- https://www.adecco.fr/blog/2018/march/langage-corporel-ce-que-dit-bouche
- Alike (2015), Goya Awards 2016: https://www.imdb.com/title/tt5293824/awards.
- https://books.openedition.org/pressesenssib/579?lang=fr
- https://www.bioalaune.com/fr/actualite-bio/36107/alike-court-metrage-- -touchant-
realiste-sens-- - vie#:~:text=Au%20lieu%20de%20transmettre%20la,fort%20de%20ce
%20court%20m
%C3%A9trage.https://books.openedition.org/enseditions/12468?lang=fr
-
- https://brightside.me/wonder-films/a-short-film-shows-how-society-destroys-our-
creativity-and-the-message-is-really-eye-opening-794455/
- https://www.memoireonline.com/10/13/7486/m_L-alternance-codique-dans-l-
emission-radiophonique-media-mania--de-Jijel-FM5.html.
- https://www.vecteurdecroissance.com/blog/guide-micro-expressions.
75
Table des matières
Introduction générale....................................................................................8
Bilinguisme VS monolinguisme..................................................................17
Bilinguisme et émotions...............................................................................18
Types d’émotions.........................................................................................................19
Présentation de la tâche................................................................................................35
Le support vidéo...........................................................................................................35
Le choix de l’entretien.................................................................................................39
Choix de la consigne....................................................................................................40
Outils d’analyse............................................................................................................43
Conventions de transcription........................................................................................43
Conclusion générale.....................................................................................59
Annexes.........................................................................................................61
Bibliographie................................................................................................71
77