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Enseignement Secondaire Général
PHILOSOPHIE
SINE QUA NON
Tome 1
CONTACTS:
Tel: (237) 666 425 077 (SMS uniquement)
E-Mail: olomostanislas@gmail.com
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Remerciements
« La vie est trop longue pour être ignorée, trop courte pour
être gaspillée. »
L’auteur
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PREMIERE
PARTIE
LA DISSERTATION
I. DEFINITION DE LA DISSERTATION
Disserter, c’est discuter, donc formuler des thèses, des
jugements, qu’on explique et argumente pour les justifier auprès de notre
lecteur et formuler des objections qu’on explique et argumente encore. La
discussion se poursuit jusqu’à épuisement des objections. Elle est une sorte
dialectique, une démarche maïeutique.
En cela, la dissertation se distingue de la simple conversation, succession
de propos peu rigoureux qui s’enchaînent souvent par associations d’idées sans
véritable ordre rationnel. La dissertation ne fait pas prévaloir l’arbitraire d’un
point de vue particulier mais exige notre habileté singulière pour formuler
les raisons admissibles par tout homme. La dissertation n’est pas non plus un
exposé : il ne s’agit pas de réciter un cours.
Elle n’est pas un essai : il ne s’agit pas de soutenir un point de vue unilatéral
pour soutenir une unique thèse. Il s’agit au contraire de confronter des thèses
adverses. Elle ne se contente pas enfin d’être un débat, c’est-à-dire l’opposition
stérile de thèses adverses.
Il s’agit de résoudre un problème à partir d’une question. Il faut donc
problématiser cette question, c’est-à-dire transformer une simple question
en problème. Le plus facile, dans un premier temps, consiste à construire
un paradoxe, c’est-à-dire l’opposition de deux idées contradictoires
également admissibles à propos de la question.
A) LE SUJET LUI-MÊME
Au cours de l’examen, il s’agit de bien choisir son sujet.
Il faut se méfier des sujets apparemment faciles, qui paraissent renvoyer à
du « bien connu ». Il faut pour chaque sujet voir ce qui ne va pas de soi, ce qui
fait que la réponse n’est pas si évidente et nécessitera une exploration en
profondeur, bref, il faut savoir déloger la difficulté problématique relative au sujet
tel qu’il vous est proposé.
D’autre part, il est peut être intéressant de choisir un sujet qui vous
semble difficile car, il peut stimuler votre réflexion, ce qui vous conduit souvent
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à être plus rigoureux et fidèle à la question (et ne pas vous éloigner du sujet, soit
en récitant, soit en traitant un sujet proche, qui vous intéresserait, mais qui n’est
pas exactement celui qui vous est donné).
La précision dans la compréhension de la question est primordiale, et vous
devez tenir compte du fait que vous comprenez bien le sujet, qu’il vous intéresse
ou au moins vous interpelle, que vous avez travaillé sur les notions et les thèmes
concernés.
Une fois le sujet choisi, surtout pas de retour en arrière (« et si j’avais pris
l’autre sujet »… « Allez, je ne vais pas y arriver, je tente de faire l’explication de
texte ») : il faut s’y engager pleinement, et de manière patiente.
En effet, l’analyse du sujet est primordiale. Il faut s’exercer en prenant
des sujets très divers et se familiariser avec les différents types de formulation.
Rien ne vaut l’entraînement !
Un sujet de dissertation est / ou contient toujours une question dont la forme
et le contenu doivent être bien mis en évidence.
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Quand il s’agit de pouvoir, falloir ou devoir, il faut toujours se demander :
au nom de quoi, de qui, de quelle valeur, à quel titre (autorité), en fonction de quel
critère ou principe, sur quel fondement on « peut », « il faut » ou « on doit » ?
En quoi est-il légitime de pouvoir ou devoir… ? Il faut enquêter dans ce
sens, examiner le sujet, chercher jusqu’à ce que vous trouviez des éléments qui
vous permettent de dire : voilà, c’est pour ceci et/ou cela que l’« on peut »…, qu’«
il faut »…, que l’« on doit »… faire / penser / croire / … ceci et/ou cela.
b) « Pourquoi… » ? :
Deux directions sont à envisager dans la réflexion sur la cause : l’origine et
la fin (c’est-à-dire le début et le but). Exemple : « Pourquoi philosopher ? » Vous
avez à comprendre les causes et raisons qui poussent à philosopher et le but que
l’on veut atteindre en philosophant.
c) « Suffit-il de… (Ou suffit-il que…) pour que… » ? ; Ou « Est-il
nécessaire de… (Est-il nécessaire que…) pour que… » ? :
Cela revient à la recherche d’une évaluation : comment et jusqu’où une
chose en permet une autre. Ayez à l’esprit les expressions : « nécessaire et
suffisant », ou « nécessaire mais pas suffisant ».
Exemple : Pour philosopher, suffit-il de connaître les philosophes ? (Exemple de
réponse : c’est nécessaire, mais pas suffisant).
d) En quel sens… » ? :
Il vous faut évaluer le sens de ce qui est proposé, ce qui peut mener à des
voies divergentes, opposées, voire contradictoires, ou des étapes successives
d’approfondissement progressif, une étape en présupposant la suivante, etc.
jusqu’à l’aboutissement de l’enquête sur le sens.
Exemple: En quel sens la connaissance scientifique donne-t-elle accès au réel ?
C) LE CONTENU DU SUJET
Le contenu du sujet est la plupart du temps en rapport avec une ou
plusieurs notions générales du programme, même si une ou deux d’entre
elles sont plus particulièrement concernées. Le grand piège est d’identifier
une notion du programme et de réciter tout ce que vous savez sur ce
thème, sans prendre en compte la spécificité du sujet.
Exemple : Qu’est-ce que comprendre autrui ? N’est pas « Qu’est-ce qu’autrui
? », de la même manière que « Qu’est-ce qu’acheter une voiture ? » n’est pas
identique à « Qu’est-ce qu’une voiture ? »…
En effet, même si définir « autrui » sera nécessaire, c’est l’ensemble
de l’expression qui doit être définie, à savoir « comprendre autrui ». La ou
les notions sont utilisées pour être éclairées sous un certain angle, donc chaque
mot doit compter pour comprendre la manière dont vous devez envisager la
notion.
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Donc, il y a débat parce que la question contient un obstacle qui empêche
une réponse simple et un accord indiscutable. Le débat vise à examiner,
clarifier, cheminer, et ce de manière argumentée et progressive.
L’analyse de la forme du sujet vous permet en général de mieux déterminer
ce problème, c’est-à-dire ce qui fait que la réponse à la question que contient le
sujet n’est pas évidente, et mérite d’être discutée.
Discuter de façon organisée et progressive de ce problème, voilà le but
de l’exercice de la dissertation.
Dans ce sens il faut :
1) Analyser rigoureusement le sujet :
Il s’agit en premier lieu d’en identifier la forme, et d’examiner soigneusement le
contenu :
Il faut déterminer de quel type est l’énoncé : cela vous met sur la voie du type
de réponse que vous devez élaborer.
Concernant le contenu, tous les termes doivent donner lieu à une recherche
systématique (au brouillon, mettez par écrit les termes en lien avec les termes
du sujet, qu’ils soient proches, opposés, en relation d’implication réciproque,
etc., pour tenter de commencer une ébauche de définition de chaque mot du
sujet. Ainsi un sujet portant sur « la » science devra s’interroger sur ce
qui fait l’unité des sciences (puisque nous avons différentes sciences) :
même – et parfois surtout ! – les articles (au singulier, au pluriel) doivent
être interrogés pour être sûr de ne rater aucune dimension du sujet.
Chaque terme peut apporter une nuance : par exemple : Pour philosopher,
faut-il douter ? N’est pas du tout équivalent, et n’admettra donc pas le même
type de réponse, que : Pour philosopher, faut-il douter de tout ?, puisque, dans
le deuxième cas, on vous demande si un doute total et permanent est nécessaire
à l’activité philosophique. Le premier sujet ne précise ni l’extension du
doute, ni sa permanence.
Partez du sens commun des mots pour voir quel sens est pertinent pour
donner le plus de significations possibles aux différents termes de votre
sujet.
N’hésitez pas à faire référence à l’étymologie d’un ou plusieurs mots du sujet
pour en éclairer le sens, si vous la connaissez.
Mettez en rapport les termes du sujet et les notions et thèmes concernés. Cela
permet de bien mettre en lumière certaines oppositions ou certaines relations
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On ne pose bien sa thèse qu’en l’opposant à d’autres thèses. Aussi, il
vous faudra vous prêter au jeu consistant à défendre une position qui n’est pas
la vôtre, pour mieux en montrer, juste après, les limites, les contradictions,
le fait que cette thèse adverse doit être dépassée… Il ne faut jamais faire
de copie « à sens unique ».
Mais attention : Pas de plan du type THESE/ANTITHESE/VAGUE
SYNTHESE. Il ne s’agit pas de dire en première partie quelque chose, et en
deuxième partie son exact opposé. Vous vous montreriez ainsi bien peu cohérent
dans votre progression argumentative. Si vous pouvez défendre tout et son
contraire, c’est qu’en réalité vous ne défendez rien du tout et ne progressez pas.
Il vous faut examiner une thèse, voir sa force, mais aussi ses limites, ce qui la rend
insuffisante pour répondre au problème. Mais le fait que cette première thèse soit
insuffisante ne signifie pas que tout ce que vous avez dit en première partie est à
oublier : c’est seulement à relativiser, compte-tenu des limites que vous aurez
démontrées. Il faut chercher le rapport, le lien entre les différents aspects pour
révéler un problème. Sans cela, il n’y a pas de problème. Il ne suffit en effet pas
de dire qu’il y a « d’un côté » ceci et « d’un autre côté » cela, ou bien que «
certaines personnes » ont telle opinion et « d’autres personnes » telle autre
contraire. Vous devez montrer qu’il est nécessaire de penser ceci et cela, bien que
penser ces deux choses en même temps semble impossible, impensable,
paradoxal. Autrement dit, il s’agit de montrer que deux thèses opposées
peuvent être pensées, l’une dans une certaine limite, l’autre dépassant cette
limite.
4) Formuler un problème :
Un problème peut prendre des formes différentes, en rapport avec la
forme du sujet, son contenu et votre façon de l’envisager.
Il faut chercher la racine du problème : radicalisez l’écart entre les points
de vue, pour en exprimer la raison philosophique précise : n’hésitez pas, en début
de devoir, et notamment en introduction, à montrer comment deux positions
contradictoires peuvent être défendues apparemment avec la même force
concernant ce problème, et en quoi ces positions semblent totalement
inconciliables (même si, en en relativisant une pour laisser la place à l’autre, vous
les concilierez dans votre développement).
Vous pouvez formuler votre problème de plusieurs façons. À vous de
trouver celle qui convient le mieux.
II.3. LE PLAN
Il s’agit maintenant d’organiser la réflexion. Il faut toujours, au brouillon,
faire un plan détaillé avant d’écrire la dissertation. Il n’y a pas de plan type. Le
contenu et l’ordre des parties dépendent du sujet et de votre problématique. Une
dissertation de philosophie, c'est une discussion argumentée. Il faut donc
l’organiser au moyen d’un plan pour éviter qu’elle ne parte dans tous les sens :
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Quand vous établissez votre plan, ne perdez jamais de vue la question
posée. Chaque partie doit s'y rapporter d'une manière ou d'une autre.
Un plan dialectique procède par thèse, antithèse et synthèse.
Vous exposez une affirmation qui constitue la réponse la plus spontanée à
la question posée (c'est la thèse), puis vous montrez en quoi cette réponse
peut être critiquée (c'est l'antithèse), enfin vous tirez des conclusions
personnelles des deux premières parties (c'est la synthèse).
Attention, une synthèse n'est pas un compromis entre deux thèses ; elle
représente une nouvelle étape de la réflexion.
Si, pour un sujet, vous ne pouvez opposer une thèse à une antithèse, alors
choisissez le plan progressif : partez du point de vue du sens commun et
affinez progressivement la réponse à la question posée.
Une fois que vous avez fixé les différentes parties et sous-parties de votre
dissertation, pensez à insérer, dans votre plan, exemples et références
philosophiques.
A) L’INTRODUCTION :
La première impression est souvent tenace et l’impression que vous laissée
en débutant n’en est pas moins importantes dans la vie. Il en va de même dans la
dissertation. L’introduction et la conclusion doivent être spécialement soignées,
car il s’agit de moments forts qui vont mettre le correcteur dans de bonnes
dispositions pour lire votre dissertation puis lui mettre une note. L’introduction
doit :
a) Situer la question posée dans le cadre d’une réflexion plus générale. On ne
doit pas partir de la question mais l’amener à partir d’une question plus globale
dont l’importance et la légitimité sont aisément perceptibles. Eviter les platitudes
générales du style : « de tout temps les hommes.. », « depuis toujours…» ou des
affirmations gratuites du genre « tout le monde sait bien aujourd’hui.. », ne pas
également répéter purement et simplement le sujet comme si la question tombait
du ciel sans justification.
b) Nouer une problématique. D’abord en déterminant le sens des termes du
libellé. On peut s’appuyer sur l’étymologie ou sur l’usage de la langue, les
proverbes etc. s’agissant des termes utilisés dans le libellé, il est indispensable de
s’en donner dans l’introduction un pré-concept ou une définition provisoire
suffisante pour identifier le problème sous-jacent à la question et destinée à être
PHILOSOPHIE SINE QUA NON 2016 15
enrichie ou corrigé au fil du développement. Exemple, si le sujet est : Peut-on
parler du travail comme un droit ? On peut d’emblée souligner ce que le travail
a de contraignant, en tant qu’il exprime l’assujettissement de l’homme à des
nécessités vitales ; tandis que l’exercice de « droits » semble supposer la liberté.
c) Souligner l’enjeu de la question, tel qu’il peut apparaître, non pas d’emblée,
mais une fois le travail de problématisation effectué.
Une fois l’énoncé reformuler ou annoncé, viens la problématique qui est
le point crucial du travail ! Une bonne dissertation est avant tout une bonne
réflexion sur la problématique et ses enjeux.
La problématique est un ensemble de question dont on ne peut pas
répondre directement, mais qui se prête à un débat contradictoire et appelle une
réponse argumentée en montrant le paradoxe ou le problème qui se pose entre
diverses notions qui apparaissent dans l’énoncé. Une problématique repose
nécessairement sur un paradoxe.
REMARQUE : Tous les sujets ne se problématisent pas de la même façon,
chacun exigeant un traitement particulier. Quatre cas sont envisageables dans la
recherche de la problématique d’un sujet de dissertation philosophique1 :
- Si le sujet est la citation d’un auteur, cette citation, dont la thèse implicite
doit être prise par l’élève pour la thèse 1 de son développement, est certainement
un point de vue sur un débat entretenu par des philosophes qui n’arrivent pas à
s’entendre. L’élève doit se situer au cœur de ce débat. Il remontera alors à sa
genèse en se posant une question simple : quelle est la question qui a été posée et
dont l’une des réponses possibles est la citation présente ? Cet effort, qui consiste
à aller au-delà du sujet, le conduira à la problématique. Cela signifie que l’énoncé
du sujet est une apparence à dépasser et la problématique, une évidence qui se
cache derrière l’apparence. Prenons par exemple le sujet suivant : « Si j’avais une
province française à punir, je la ferais gouverner par un philosophe » Que
pensez-vous de cette affirmation de Clemenceau ? Il faut d’abord reformuler ce
sujet ; on aura donc ceci : Le philosophe ne peut apporter que des souffrances aux
gouvernés, Autrement dit il est un mauvais dirigeant. La question dont cette thèse
est une réponse c’est : Doit-on confier au philosophe la direction d’un Etat ? Cette
question est donc la problématique. La représentation schématique de ce procédé
est la suivante :
1
Cf FOUMANE DELAMOUR,
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Problématique
- Si le sujet est sous forme de question posée aux élèves, ceux-ci doivent d’abord
transformer l’interrogation en affirmation. Ils auront alors un point de vue qu’ils
prendront dans leur développement pour la thèse. Ils doivent remonter ensuite à
la question dont ce point de vue est la réponse. Par exemple : Peut-on reprocher
à la philosophie d’être inutile ? On aura cette affirmation : On peut reprocher à la
philosophie d’être inutile. La question dont cette affirmation est une réponse est :
quel est le rôle de la philosophie ?
- Un autre procédé pour trouver la problématique consiste d’abord à
relever la limite de la thèse soutenue dans l’énoncé du sujet ou bien à donner une
raison qui empêche de la valider, on aura alors une thèse contraire. Pour avoir la
problématique, l’élève doit transformer cette thèse contraire en une interrogation
qu’il adresse à la thèse du sujet. C’est cette interrogation qu’on appelle la
problématique. Voici par exemple un sujet : L’homme d’Etat doit-il gouverner
avec la masse ou avec l’élite ? La raison qui remet en cause ce que la thèse avance
est que si l’homme d’Etat dirige avec l’élite, il y’aura la dictature de la minorité
sur la majorité. C’est pourquoi la problématique proposée dans le Cahier du
département de philosophie N°4 de Juillet 1999 est : « La confiscation du pouvoir
par une élite ne comporte-t-elle pas le risque d’une dérive vers la dictature d’une
classe sur les autres classes de la société ? »2
- Une dernière façon de trouver la problématique est celle qui consiste à
formuler une interrogation sur le point de vue opposé à celui du sujet. C’est le cas
dans le sujet ci-après : Faire le bien est-ce nécessairement se faire du bien ? On
déterminera d’abord, pour problématiser, la thèse implicite de ce sujet. Cette thèse
2
Cahiers du Département de philosophie, N° 4, Presses Universitaires de Yaoundé, Juillet, 1999, P. 39
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B°) LE DÉVELOPPEMENT
1) LA THESE
La thèse est l'énoncé qui exprime le point de vue que l'on entend défendre,
une première position en lien avec la problématique que vous devez argumenter
et prouver. Vous affirmez alors en quoi vous êtes « d’accord » ou non avec
l’énoncé avant d’expliquer pourquoi vous l’êtes au moyen de plusieurs ou d’un
enchaînement de preuves. Le choix de la thèse à défendre est le résultat d'une
réflexion sur l'énoncé qui s’est faite après avoir identifié les concepts sur lesquels
s'appuie notre discours. Elle se fait de la manière suivante :
a) Le point de départ : On commence par le sens commun, par l’usage
d’une expression courante, par exemple, d’un élément qui semble évident et
simple, pour analyser et approfondir, afin d’accéder à une dimension plus
philosophique de la réflexion. C’est à partir de là que vous pourrez commencer à
argumenter.
b) L’argumentation est la série logique de vos idées. Elle vise à prouver,
démontrer, illustrer, expliquer, convaincre ou réfuter : allez dans vos arguments
du plus simple au plus complexe, du superficiel au profond, pour atteindre le
niveau qui pourra répondre le plus finement possible à la question. Distinguez
bien les étapes de votre démarche en composant et en ordonnant vos paragraphes.
Chaque paragraphe doit correspondre à un argument. Sur votre brouillon, vous
devez ordonner les idées et bien réfléchir à la progression des arguments.
N’hésitez pas à changer cet ordre s’il ne vous paraît pas clair ou pertinent.
c) Un schéma logique utile : définition, présupposés, conséquences.
Par exemple : Soit A un concept étudié (ou une idée particulière, ou un exemple
qui l’illustre). Il faut tout d’abord le définir précisément, du moins dans les limites
de ce que vous permet la thèse que vous défendez
(dans « Qu’est-ce que comprendre autrui ? », vous n’allez pas dès le départ
définir une fois pour toutes « comprendre autrui », mais, petit à petit, donner
des définitions de plus en plus subtiles, par exemple).
d) Les exemples illustrent les idées, mais ne doivent jamais se substituer à elles.
Une argumentation n’est pas un catalogue d’exemples, aussi pertinents
soient-ils. Mais les exemples sont importants, car ils nourrissent et enrichissent
vos arguments. Plusieurs types d’arguments existent :
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2) LA THESE 2 OU ANTITHESE
L’antithèse est l’affirmation opposée de la thèse qui doit également être
argumentée et prouvée. (Mêmes principes, même règles que pour la première
partie) Rien de ce que vous dites dans le développement ne peut qu’une simple
affirmation, mais demande d’être prouvé.
Ceci dit, il peut paraître factice d’apporter des preuves pour l’antithèse alors
que l’on vient d’argumenter en faveur de la thèse. Mais la dissertation est
dialectique au sens platonicien du terme, c'est-à-dire qu'elle tient du dialogue.
Dans une discussion, il est possible de s'entendre sur certains points, mais le
dialogue réside surtout dans la confrontation entre les arguments.
Dans un texte, évidemment votre interlocuteur est absent. Ainsi, pour faire
avancer la réflexion, vous devez donc vous mettre à la place de votre interlocuteur
et prévoir les objections qu'il pourrait apporter à votre thèse. C'est en cela que
réside l'antithèse.
Il est évident que les objections doivent satisfaire aux mêmes critères de
rationalité, de pertinence et de cohérence que les arguments.
On peut critiquer une thèse en mettant en lumière les conséquences
négatives de son acceptation, forçant ainsi l'interlocuteur à nuancer voir à rejeter
sa thèse. Il est plus difficile dans une dissertation de critiquer la pertinence ou la
cohérence d'un argument, car on vous accusera alors d'avoir mal défendu ou mal
présenter vos arguments. Par contre, on peut critiquer la suffisance de l'argument,
de par sa superficialité ou par l'occultation d'aspects importants du sujet.
Enfin, vous pouvez reprendre votre argumentation par une réfutation des
objections. A cette fin, la réfutation réhabilite la validité de la thèse si elle a été
attaquée, elle rejette les thèses différentes ou contraires si elles ont été proposées,
elle confirme et rétablit la cohérence des arguments.
3) LA THESE 3 OU SYNTHESE
La synthèse est le lieu où vous terminez votre argumentation en donnant
une conclusion au développement de votre argumentation.
Littéralement, elle est le lieu où vous reliez ensemble (syn) la thèse et
l’antithèse. Elle est ainsi souvent définie comme un dépassement du conflit entre
C) LA CONCLUSION
La conclusion doit fournir une réponse précise à la question qui constitue
le sujet. Il faut donc dresser un bilan final. Les idées finales ne doivent pas entrer
en contradiction avec celles qui se trouvent dans la dernière partie du
développement. Enfin, il est utile (mais pas nécessaire) que la dernière partie de
la conclusion ouvre de nouvelles perspectives en relançant la question pour un
débat ultérieur.
La conclusion comporte trois parties :
1. Le rappel du problème (Celui posé à l’introduction !)
2. Le bilan succinct des étapes du raisonnement
3. La solution finale (Elle s’inspire de la synthèse)
Remarque :
1. Rien ne doit être ajouté à la conclusion qui n’ait été dit dans le
développement. Tout ajout inutile est mauvais.
2. Faites attention à ne pas proposer une ouverture qui traite d'une question
que vous avez abordé dans votre développement, mais d'une thématique
nouvelle, car sinon on se dira que vous n'avez au final pas argumenter
puisque la question se repose à nouveau.
Enfin, ne jamais rendre une dissertation sans avoir vérifié chacun des points
suivants.
L'introduction
On donne un exemple concret
La signification de l'exemple est dégagée Préambule
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Un paradoxe est indiqué
Un problème conceptuel est indiqué à partir du paradoxe Problème
Le chemin à prendre pour le résoudre est indiqué Problématique
Tous les termes de l'énoncé sont pris en compte
Le problème indiqué est bien celui dont traite l'ensemble du devoir
Le développement
Le plan procède de la logique du problème dégagé dans l'introduction
La nécessité de chaque partie est clairement expliquée dans la précédente
Aucune référence n'est arbitraire, aucune n’est laissée sans développement
Chaque partie apporte un élément décisif au traitement du problème
Chaque affirmation est justifiée (pas par un nom d'auteur ou une citation !)
On a fait un effort pour diminuer les ambiguïtés dans l'usage des notions
vastes, ainsi que les allusions de toutes sortes (notamment au cours, que
le correcteur est supposé ignorer : ce sont les arguments qu'il faut
reprendre ou éventuellement réfuter)
On a supprimé toutes les opinions " personnelles " et toutes les généralités
IV. LA CORRECTION
A- BAREME DE L’EVALUATION DE LA DISSERTATION
La dissertation est évaluée selon les critères suivants (Cf. la circulaire
n°06/C/20/C/MINEDUC/IGP/ESG/ESTP/OBC/D du 20 avril 1998)
Critères Signes Séries A&B Série C, D, E, F, G
Présentation P 2 pts 2 pts
Introduction I 4 pts 4 pts
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Examen du problème EP 5 pts 6 pts
Rédaction R 2 pts 3 pts
Utilisation des auteurs A 4 pts 3 pts
Conclusion C 3 pts 2 pts
Il n’est pas besoin d’insister ici sur la nécessite d’éviter les fautes
d’orthographes et d’écrire lisiblement. Rappelons qu’il convient de faire
des paragraphes sans pour autant morceler votre exposé au risque de donner
une impression de décousu et d’essoufflement. Enfin, éviter les expressions
familières voire argotiques.
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4) La réflexion personnelle
Il n’y a pas de dissertation sans réflexion personnelle, ce qui suppose que
la pensée se déploie progressivement. Il faut donc un certain nombre de mise en
garde.
Eviter le piétinement d’un argument qui ne présente pas d’idées nouvelles
d’un paragraphe à un autre.
Eviter les digressions. Notamment, traiter le sujet dès le départ au lieu
d’aller de se lancer dans des envolées littéraires qui n’ont rien avec le sujet.
Ne pas aligner des doctrines en laissant parler les auteurs. Il est ainsi très
maladroit de commencer un paragraphe en écrivant : « Descartes a dit
ceci… » ou « Kant a soutenu cela… »
Ne pas réciter le cours, car, en principe il n’est pas adapté tel quel au
problème que vous devez résoudre.
Eviter les développements descriptifs, anecdotiques ou historiques qui ne
peuvent pas tenir lieu de dissertation.
Ne pas se réfugier derrière l’autorité d’un auteur.
Ne pas traiter cavalièrement les auteurs. Il serait par exemple présomptueux
de s’opposer à Descartes ou à Kant sans un examen attentif de leur doctrine
respective.
Les Sujets qui suivent comporte des corrigés qui sont à titre
indicatif, notre objectif de développer chez l’élève sa propre réflexion,
de développer ses aptitudes face à des questions philosophique. Les corrigés ne
sont qu’à titre indicatif, il ne s’agit pas d’une « camisole de force » à laquelle
l’élève doit se conformer à tout prix ! D’autres propositions de problèmes sont
possibles, de même que d’autres formulations de problématique.
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THESE 1: Les africains sont aptes à philosopher (Il s’agit de montrer que les
africains sont capables de développer une pensée philosophique)
Argument 1 : L’Egypte Antique a connu un essor intellectuel qui a précédé et
servi de base à la pensée hellénique. La plupart des philosophes grecs de la période
antique ont séjourné en Egypte (Pythagore, Socrate). Dans ce sens, la pensée
philosophique égyptienne (et donc africaine) a précédé et servi de fondement à
la pensée philosophique hellénique.
Argument 2 : Les africains produisent des œuvres philosophiques ; en effet la
production philosophique africaine moderne vient éclairer définitivement la
question de l’aptitude des africains à philosopher. Il existe ainsi de nombreux
penseurs africains (Marcien Towa, Ebénézer Njoh Mouelle, Hubert Mono Djana,
Pius Ondoua, Lucien Ayissi, Chindji Kouleu, etc.)
Argument 3 : La philosophie est synonyme de vision du monde propre à un
peuple ; elle est la réponse rationnelle que chaque homme apporte aux problèmes
de son existence et de son environnement. Dans ce sens, la culture des peuples
africains pourrait en quelque sorte être le reflet de leurs différentes visions du
monde (c’est-à-dire de leur philosophie). C’est en quelque sorte l’argument que
formule l’ethnophilosophie.
Citation :
Basile Juléat Fouda : « La philosophie nègre doit se transmettre à travers
les âges comme un héritage à recevoir à défendre et à incarner pour atteindre
l'existence authentique.»
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B-Reformulation : La science est-elle capable de résoudre tous les problèmes des
hommes ?
C-Problème : Il s’agit de réfléchir sur les capacités réelles ou sur l’aptitude de la
science à résoudre les problèmes des hommes.
D-Problématique : Dans quelle mesure la science apporte-t-elle une solution aux
problèmes que pose l’existence humaine ? Ne connais-t-elle pas des limites ? Quel
regard avoir de la science ?
THESE : La science apporte des solutions à nos problèmes.
Il s’agit de montrer que la science résout la plupart des problèmes de l’homme.
Arguments 1 : L’homme grâce au savoir scientifique sort de l’ignorance en
expliquant rationnellement les faits humains tout comme les phénomènes
naturels. La science contribue ainsi à la démystification de la réalité.
Arguments 2 : La science apporte une solution aux nombreux problèmes
matériels de l’existence. Elle améliore les conditions de vie par la médecine et
la technique ; elle assure un bien-être matériel.
Arguments 3 : La science est le paradigme du savoir de l’homme. Elle est aussi
bien théorique que pratique et brille par ses nombreuses applications. Aujourd’hui
la quasi-totalité des domaines de l’existence humaine est sous l’influence
bénéfique de la science.
Citations :
1. Marcellin Berthelot : « La science st la bienfaitrice de l’humanité »
2. Pierre Thuillier : « Il est de notoriété publique que la science a rendu et
rend encore des services »
3. René Descartes : Garce à la science, l’homme se fait comme maître et
possesseur de la nature
Transition : La science a certes participé à l’amélioration des conditions de vie
de l’homme. Cependant, celle-ci ne peut-elle pas être dangereuse dans une
certaine mesure?
THESE 2: La science connaît des limites.
Montrer que la science est inapte face à certains problèmes et est potentiellement
dangereuse
Citations
1. Gaston Bachelard : « Seule une philosophie en alerte peut suivre les
profondes modifications de la connaissance scientifique. »
2. Maurice Blondel : « Le défi lancé aux scientifiques, aux gouvernants et
aux peuples de demain peut se résumer à avoir la sagesse. »
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Sujet 3 : Le travail humanise-t-il l’homme ?
A- Explication des mots difficiles
Travail : Activité conscience de transformation de la nature et de l’homme.
Ou dépense conscience d’énergie physique ou intellectuelle orienté vers
une fin.
Humaniser : Rendre homme dans ce sens il s’agit de rendre l’homme
meilleur.
Homme : Animal raisonnable.
B-Reformulation : Le travail rend-t-il l’homme bon ?
Ce sujet nous amène à statuer sur la valeur du travail, son impact positif ou négatif
sur l’homme. Il conviendra ainsi d’interroger l’aptitude du travail à rendre
l’homme heureux ou malheureux.
C-Problème : La valeur du travail
D-Problématique : Le travail est-il une source d’épanouissement ou
d’aliénation ? Quelle est la valeur du travail ?
THESE 1 : Le travail épanouit l’homme
Il s’agit de montrer les aspects positifs du travail dans l’existence de l’homme.
Argument 1: Par le travail, l’homme transforme la nature et améliore ainsi ses
conditions d’existence. L’homme adapte la nature à ses besoins et n’est plus
soumis à l’arbitraire ou aux aléas de la nature.
Argument 2 : Le travail contribue au développement des potentialités de
l’homme. En effet, le travail transforme positivement le travailleur. L’homme par
son activité se perfectionne aussi physiquement que moralement.
Argument 3 : Le travail est un cadre de réalisation de l’homme. Celui-ci peut
s’accomplir et se réaliser par et dans son travail. Aujourd’hui l’homme se défini
et se distingue des autres animaux et même de ses semblable par son travail.
Citations :
1. Voltaire : « Le travail éloigne de nous trois grands maux : l’ennui le vice
et le besoin » (Candide)
2. Emmanuel Mounier : « Tout travail travaille à faire un homme en même
temps qu’une chose »
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Sujet 4 : Faire du bien, est-ce se faire du bien ?
A-Définition des concepts
Faire le bien : Accomplir une bonne action.
Se faire du bien : Se faire plaisir, avoir un intérêt.
B- Reformulation : La bonne action est-elle ce qui nous rapporte ? Le bien se
fonde-t-il exclusivement sur l’intérêt (plaisir) ?
C-Problème : La nature ou le fondement de l’action morale.
D-Problématique : Le bien est-il toujours intéressé ? Ne peut-il pas être gratuit ?
Quels sont les véritables critères de l’action morale ?
Ou Dans quelles mesures peut-on affirmer que toute bonne action est d’abord
égoïste ? L’homme n’agirais-t-il pas également de manière désintéressée ?
THESE 1 : L’action morale (le Bien) est toujours intéressée.
Il s’agit de montrer que l’action morale obéit toujours à un intérêt.
Argument 1 : La morale de l’intérêt. L’homme pose plus facilement des actes qui
lui rapportent un intérêt, un bénéfice.
Argument 2 : La morale du plaisir. L’homme agit plus facilement pour se faire
plaisir, c’est action sont motivé par son autosatisfaction
Argument 3 : Dans l’utilitarisme (Stuart Mill et Bentham) ; La moralité consiste
ici à la recherche de ce qui est utile sur le plan matériel. La vertu vise donc une
satisfaction matérielle basée sur le calcul. La bonne action serait celle qui rapporte
et qui conduit au bonheur matériel.
Citations :
1. Maxime des utilitaristes : « Pas d’intérêt, pas d’action. »
2. La Rochefoucauld : « Les vertus se perdent dans l’intérêt comme les
fleuves dans la mer. »
3. Jeremy Bentham : « Les plus vicieux des hommes tout comme les plus
vertueux ont des motifs absolument semblables ; tous se proposent
d’accroitre leur plaisir. »
Transition 1 : Le critère du bien semble être le plaisir et l’intérêt mais peut-on
réduire l’action morale à ceux-ci n’existe-t-il pas d’autres critères du bien (ou
l’homme ne peut-il pas agir de manière désintéressé)
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Sujet 5 : Le Travail est-il pour l’homme un droit ou une
fatalité ?
A- Définition des concepts :
Travail : Production consciente d’énergie physique ou mentale en vue
d’une fin. Activité de transformation de la nature par l’homme.
Droit : Ce qui est permis par conformité à une règle morale, ce qui est
légitime par extension. Droit à une connotation positive.
Fatalité : Force surnaturelle par laquelle tout ce qui arrive (surtout ce qui
est désagréable) est déterminé d'avance d'une manière inévitable. Par
extension la fatalité apparait comme une malédiction, une adversité.
B- Reformulation
Le travail serait-il une activité bénéfique ou nuisible pour l’homme ?
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D- Problématique : Autrui ne demeure-t-il pas un mystère, dans quelles
mesures peut-on le connaitre ?
THESE 1: On ne peut connaître autrui.
Montrer que la connaissance de l’autre est difficile, qu’il demeure un mystère
qui échappe à notre compréhension.
Argument 1 : Autrui est imprévisible, il nous surprend toujours par son
comportement, ses actions et sa réflexion.
Argument 2 : Autrui est une liberté, une conscience qui demeure presque
toujours une arcanne malgré nos efforts de compréhension.
Citations :
1. Montaigne : « l’homme est divers et ondoyant ».
2. Arthur Schopenhauer : « Autrui est un blockhaus impénétrable. »
3. Blaise Pascal : « L’homme n’est donc que déguisement, mensonge et
hypocrisie. »
4. Gottfried Wilhelm Leibniz : « Autrui est une monade » c'est -à- dire
une substance sans porte ni fenêtre. »
5. Jean-Paul Sartre : « L’homme est un être en situation, il change d'une
situation à l'autre. » ou « L’homme est un être en qui il y a du jeu. »
Transition : Bien qu’autrui soit changeant, ne peut-on pas le connaitre dans
une certaine mesure ?
THESE 2 : La connaissance de l’autre est possible.
Montrer qu’il existe des moyens par lesquels nous pouvons essayer de
comprendre l’autre.
Argument 1 : On peut essayer de connaitre l’autre par l’analogie. En effet, à
partir de notre propre comportement, de nos réactions, on peut comprendre les
réactions d’autrui.
Argument 2 : On peut connaitre l’autre par le dialogue, l’amitié. Par le dialogue
sincère, autrui exprime ses pensées et nous dévoile son être.
Citations :
1. Victor Hugo : « Quand je parle de moi, je parle de vous, insensé qui
crois que je ne suis pas toi. »
Citations
1. Jean-Paul Sartre : « l’essence des relations entre les hommes ce
n’est pas la communication, mais le conflit ».
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2. Jean-Paul Sartre Huis Clos : « l’enfer c’est les autres »
3. Jean-Paul Sartre : « Ma chute originelle, c’est l’existence de l’autre.
»
4. Thomas Hobbes dans Le Léviathan : « l’homme est un loup pour
l’homme ».
Transition : De ce qui précède, il apparait que nos rapports avec autrui sont
conflictuels. Cependant, ne peut-il pas exister d’autres types de rapports ?
Citations :
1. Georges Gusdorf : « Celui qui se refuse aux autres s’appauvrit »
2. Gabriel Marcel : « Le ciel c’est les autres ».
SYNTHESE : Autrui est mon alter-ego et nous partageons notre existence avec
lui, nos rapports doivent être régis par des lois morales et rationnelles pour éviter
dans la mesure du possible les conflits.
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Argument 2 : La violence n’instaure pas toujours l’état de droit mais beaucoup
plus l’état de nature où règne la force et l’arbitraire.
Argument 3 : Il existe d’autres voies pour instaurer la justice telle que le dialogue,
la négociation et le compromis.
Citations :
1. Gandhi : « la violence est la loi de la brute »
2. Paul Ricœur : « Personne ne plaider pour la violence sans se contredire »
3. Martin Luther King : « La guerre naît dans l’esprit des hommes, et c’est
dans l’esprit des hommes qu’il faut combattre la guerre »
Transition : Bien que la violence soit négative dans quelle mesure peut-on
l’utiliser ?
SYNTHESE : Seule la violence légale peut constituer une solution à l’injustice
et pour cela elle doit tenir compte du droit et de la dignité de la personne humaine.
La violence doit être orientée et guidée par la morale ou avoir pour fin le respect
du droit.
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SYNTHESE : La réflexion philosophique est un regard critique sur la
tradition
La réflexion philosophique exerce sur la tradition « une critique sans
complaisance » (Marcien Towa). Cette critique n’est pas synonyme de rejet total.
Ce qui s’impose dans la tradition par sa pertinence, le philosophe ne saurait le
remettre en cause. Mais comme la tradition a souvent des limites, la réflexion
philosophique vient à elle pour combattre ses dogmes, ses tabous, qui n’ont
souvent aucune valeur de vérité, ainsi que ses « obstacles épistémologiques ».
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Sujet 11 : L’Etat peut-il permettre l’épanouissement de
l’homme ?
A- Explication des concepts
Etat : Forme d’organisation sociale, un ensemble d’individus vivant sur
le même territoire et soumis aux même lois et à la même autorité
politique.
Permettre : Accorder, laisser
L’épanouissement de l’homme : le bonheur des citoyens.
B- Reformulation : L’Etat est-il un cadre favorable au bonheur des citoyens ?
C- Problème : Le rôle ou la finalité de l’Etat
D-Problématique : L’Etat constitue-il un cadre d’épanouissement de l’homme ?
Ne serait-il pas une réalité aliénante ?
THESE 1 : L’Etat comme cadre de réalisation de l’homme
Montrer le rôle positif (les bienfaits) que l’Etat joue dans le bonheur de l’homme.
Arguments 1 : L’Etat assure la protection des hommes et des biens. Dans la
mesure où il vient mettre un terme à l’arbitraire de l’Etat de nature grâce aux lois.
Argument 2 : L’Etat assure l’égalité entre les citoyens et limites ainsi les abus. Il
assure et garanti la liberté des citoyens. En effet, l’Etat a des devoirs vis-à-vis de
ses citoyens.
Citations :
1. Hobbes : « Le but de l’Etat c’est la paix sociale »
2. Friedrich Hegel : « Loin de l’Etat nous périssons »
3. John Locke : « L’Etat assure la sécurité et le bien-être du peuple »
Transition : Il apparait que l’Etat est un cadre d’épanouissement de citoyens.
Cependant, celui-ci ne limite-t-il pas dangereusement leurs libertés ?
THESE 2 : L’Etat n’est pas toujours un cadre favorable pour l’homme.
Montrer les limites et les aspects négatifs de l’Etat dans le bonheur des citoyens.
Arguments 1 : L’Etat est un frein pour les libertés individuelles. C’est lois
viennent parfois restreindre la liberté. L’Etat assujettit l’homme.
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THESE 1 : L’art est la représentation de la nature (la nature est une œuvre
d’art)
Argument 1 : Il y a de la beauté dans la nature. L’artiste s’inspire de la nature
pour créer, il fait une copie de la beauté naturelle qui est de loin supérieure à la
beauté de l’œuvre de l’artiste. Exemple : La beauté des paysages, du ciel, des
plages, d’un coucher de soleil etc.
Argument 2 : La nature est l’œuvre d’un créateur (la thèse créationniste), c’est-
à-dire d’un esprit conscient. La religion fait de la nature l’œuvre d’un Dieu
créateur.
Citations :
1. Bible : Dieu crée le ciel et la terre
Transition : La nature apparait à bien égard comme une œuvre d’art, mais n’est-
elle toujours belle ? Ne peut-elle pas susciter autre chose que l’émerveillement ?
THESE 2 : L’art est le produit de l’imagination humaine (la nature n’est pas
une œuvre d’art)
Argument 1 : il y a de la laideur dans la nature. La nature ne suscite pas toujours
un sentiment esthétique car il existe des monstres dans la nature, de l’horreur.
Nous avons également le mal. Ainsi l’art ne consiste pas simplement à la copie de
la nature mais la belle copie de celle-ci. La beauté artistique est supérieure à la
beauté naturelle car elle est le produit de l’imagination de l’artiste.
Argument 2 : La nature est issue du hasard : la thèse scientifique du Big Bang.
La nature n’est pas l’œuvre d’un créateur.
Citations :
1. Hegel : Le beau est la manifestation sensible et empirique de l’idée
2. André Malraux : L’œuvre d’art témoigne du génie de l’homme
3. Kant : L’art ne veut pas la représentation d’une chose belle, mais la belle
représentation d’une chose
Transition : L’art est une œuvre exclusivement humaine et la nature est dans ce
sens exclut de son domaine mais peut-on réellement parler de l’art sans la nature ?
SYNTHESE : L’art est une création de l’esprit mais qui s’inspire de la nature. La
nature est la source d’inspiration de l’artiste et celle-ci contient à la fois du Beau
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Citations :
1. Alain : « nos passions sont nos erreurs » (Le désir d’éternité)
2. Kant : « les passions portent le plus grand préjudice à la liberté, elles sont
des maladies de l’âme » (Anthropologie)
3. Ferdinand Alquié : « La passion est inconscience, méconnaissance de son
objet, aversion pour la valeur, obstacle enfin au véritable amour » (Le désir
d’éternité)
4. Corneille : « l’amour est tyran qui n’épargne personne » (Le Cid)
Transition : Les passions nous permet dans une certaine mesure de nous
épanouir, elles ne sont donc pas dans ce sens une source d’aliénation. L’homme
malgré les risques que peut présenter les passions peut-il se passer d’elle ?
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Transition : Certes l’Etat apparait comme le garant des libertés de l’homme.
Cependant, ne peut-il pas être liberticide ?
THESE 2 : La liberté n’est pas toujours garantie par l’Etat
Montrer les aspects négatifs de l’Etat.
Argument 1 : Les lois de l’Etat sont parfois liberticides. Cette réalité est beaucoup
plus affirmée dans les Etats totalitaires.
Argument 2 : L’Etat consacre également de nombreuses inégalités et injustices.
Il est un cadre de dépravation de l’homme dans une certaine mesure.
Citations :
1. Friedrich Nietzsche : « L’Etat est le plus froid de tous les monstres froid »
ou « L’Etat est l’immoralité organisée »
2. Bakounine : « L’Etat est un vaste cimetière où vienne s’enterrer toutes les
manifestations de la vie individuelle »
3. Karl Marx : « L’Etat est le pouvoir organisé d’une classe pour
l’oppression d’une autre »
SYNTHESE : L’Etat est perfectible et constitue de nos jours la meilleure forme
d’organisation sociale. Il convient juste de l’améliorer.
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Transition : Il apparaît que l’inconscient est une réalité irrécusable mais celui-ci
a-t-il autant de pouvoir que lui prête la psychanalyse ?
SYNTHESE : L’homme est mû à la fois par la conscience et l’inconscient.
L’homme ne saurait se réduire à l’inconscient qui bien qu’existant réellement ne
caractérise pas véritablement l’homme. L’homme se singularise des autres êtres
vivants dans la mesure où il est conscient et donc libre et responsable de ses actes.
E- Problématique : Peut-on tout expliquer par les chiffres ? N’existe-t-il pas des
réalités qui échappent à la mesure et la quantité ?
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réalité complexe et multidimensionnelle. De plus, la science est évolutive et
heuristique, la recherche est donc dynamique et ne connais pas de limites dans la
continuité.
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B- Reformulation : L’homme est le produit des facteurs sociaux dans lesquelles
il se trouve. (C’est nos conditions de vie qui déterminent notre personnalité)
C-Problème : La formation de la personnalité.
D-Problématique : L’homme est-il le produit de sa condition sociale ? N’est-il
déterminé par d’autres facteurs ? Qu’est ce qui fonde véritablement sa
personnalité ?
THESE 2 : L’homme déterminé pas ses conditions sociales.
Argument 1 : L’homme est influencé par sa société à travers : l’éducation, la
tradition, la religion etc.
Argument 2 : Les conditions d’existence et la classe sociale d’un homme
détermine sa personnalité.
Citation :
Georges Gusdorf : « Le paysage fait partie de notre être »
Transition : Certes l’homme est influencé par la société mais peut-on réduire son
comportement à l’influence de celle-ci ? Ne peut-il pas être influencé par autre
chose ?
THESE 2 : L’homme est déterminé par d’autres facteurs.
Argument 1 : Les facteurs physiologiques et psychologiques : le caractère, le
tempérament et l’émotivité. L’hérédité
Argument 2 : L’homme est un être libre qui a une volonté, il peut donc s’opposer
au déterminisme social.
Citation :
Spinoza : « l’homme n’est pas un empire dans un empire »
Transition : L’homme est façonné par de nombreux déterminisme au fil de son
existence. Cependant qu’est-ce qui caractérise essentiellement sa personnalité ?
SYNTHESE : L’homme subit de nombreuses influences qui façonnent sa
personnalité cependant, il est caractérisé par sa liberté, il est capable de se
transcender et de se libérer continuellement de ses déterminismes.
Citation :
Jean-Paul Sartre : « L'homme n'est rien d'autre que ce qu'il se fait. »
C- Reformulation : L’homme n’a pas de destin, il, est libre. Malson reformule et
soutient en quelque sorte la thèse existentialiste selon laquelle l’homme est ce
qu’il se fait.
D-Problème : La nature humaine (La question de la liberté).
E-Problématique : L’homme est-il responsable de ce qu’il est ? N’est-il pas
déterminé ? En quoi consiste véritablement la liberté de l’homme ?
Argument 1 : L’homme possède un libre arbitre par lequel il fait des choix
volontaires et conscients.
Argument 2 : L’homme est une liberté qui est capable de changement, l’homme
est imprévisible.
Argument 3 : L’homme change par le temps, c’est-à-dire il est le produit de ces
différentes expériences existentielles.
Citations :
1. Jean-Paul Sartre : « l’homme est ce qu’il se fait » ou « il n’y a pas de
nature humaine »
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2. Georges Bataille : « L’homme est l’animal qui n’accepte pas simplement
le donné naturel, qui le nie »
Transition : Bien que l’homme soit un être libre, n’est-il soumis à aucune
influence ?
Citations :
1. Freud : « Le moi n’est pas maître dans sa propre maison. »
2. Spinoza : « L’homme n’est pas un empire dans un empire. »
Citations :
1. Clément Rosset : « Il ne faut compter sur la philosophie pour trouver des
raisons de vivre »
2. Maurice Duverger : « La philosophie doit céder la place aux nouvelles
humanités que sont la science et les techniques »
3. Goblot : « Toute connaissance qui n’est pas scientifique n’est pas
connaissance, mais ignorance »
4. Clémenceau : « Si j’avais une province française à punir, je la ferai
gouverner par un philosophe »
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Citations :
1. René Descartes : « C’est proprement avoir les yeux fermé sans jamais
tacher de les ouvrir que de vivre sans philosopher. » Ou « le plus grand
bien qui puisse être dans un Etat est d’avoir de vrais philosophes. »
2. Karl Jaspers : « Ne pas philosopher c’est être réduit à l’animalité »
3. E. Njoh Mouelle : La philosophie n’est pas et ne saurait être cette
spéculation brumeuse détachée de la réalité et des problèmes concrets des
hommes » ou « l’initiative philosophique est indétachable des
préoccupations pratiques »
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2. Friedrich Hegel : « Loin de l’Etat nous périssons »
3. John Locke : « L’Etat assure la sécurité et le bien-être du peuple »
Transition : Au-delà des différentes formes que prendre un Etat avec les abus et
avantages qui peuvent en découler. Quelle serait la forme idoine d’un Etat pour
l’épanouissement de l’homme ?
SYNTHESE : L’Etat doit être conçu par la volonté générale des populations qui
le forme. Il doit donc être au service des hommes qui choisissent eux-mêmes leurs
institutions et les hommes qui les gouvernent. Dans ce sens l’Etat démocratique
semble plus indiqué pour garantir les libertés individuelles.
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Sujet 11 : Partagez-vous cette affirmation de Voltaire : « Si Dieu
n’existe pas, il faudrait l’inventer » ?
A- Compréhension du sujet
Voltaire affirme ici son théisme et la nécessité de l’existence de Dieu dans
l’existence de l’homme. L’idée de Dieu est une nécessité car, sa négation a des
conséquences négatives dans l’existence. L’existence de Dieu garantit la morale.
B- Reformulation : Il est nécessaire de croire à l’existence de Dieu.
C-Problème : La valeur de l’existence de Dieu.
D-Problématique : L’idée de l’existence de Dieu est-il une nécessité pour
l’existence humaine ? L’homme ne peut-il pas se passer de Dieu ?
THESE 1 : L’utilité de l’existence de Dieu ou la valeur positive de l’existence
de Dieu.
Il s’agit de montrer ici que l’homme a besoin de croire à l’existence de Dieu.
Argument 1 : Dieu est le garant des valeurs morales. En effet, l’homme croit à
certaines valeurs qui sont directement rattachées à l’existence de Dieu. Dieu est
garant de la vérité, la justice etc.
Argument 2 : L’existence de Dieu vient donner un sens à notre existence et à
celle du monde. Un monde sans Dieu apparaîtra comme chaotique.
Argument 3 : Dieu est la garantie de l’immortalité de l’âme. Si Dieu existe
l’homme peut orienter son existence dans la poursuite du bien et espérer
l’immortalité. C’est la doctrine de la rétribution.
Citations :
1. Dostoïevski : « Si Dieu n’existe pas tout serai permis »
2. Blaise pascal : Le pari pascalien (l’homme a tout à gagner si Dieu existe et
n’a rien à perdre au cas où il n’existe pas)
Transition : De ce qui précède l’existence de Dieu est positive dans l’existence
de l’homme. Cependant, la croyance en cette existence n’a-t-elle pas des
conséquences néfastes ?
THESE 2 : L’homme peut se passer de l’existence de Dieu ou la valeur
négative de l’existence de Dieu.
Il s’agit de montrer que l’idée de l’existence de Dieu a également des
conséquences négatives. Que celle-ci n’est pas nécessaire pour l’homme.
70
C- Problème : Le rôle de la société.
D- Problématique : La société est-elle un cadre d’humanisation de l’homme ?
N’a-t-elle pas un rôle actif dans la dépravation des mœurs ? Quelle est la valeur
de la société dans le processus d’humanisation de l’homme ?
THESE 1 : La société a un rôle positif dans l’humanisation de l’homme.
Il s’agit ici d’expliquer et de justifier la pensée de Hobbes et montrant les aspects
positifs de la société.
Argument 1 : Dans la société l’homme accède aux valeurs morales telles que le
respect d’autrui.
Argument 2 : Dans la société l’homme quitte l’état de nature qui est considéré
selon Hobbes comme un état de violence. C’est la dictature de l’instinct avec
comme corollaire l’immoralité.
Argument 3 : Dans la société l’homme développe ses talents, ses potentialités. Il
accède aux valeurs humaines grâce à l’éducation. Son comportement et ses
actions sont éclairées par les lumières de la raison.
Citations :
1. Aristote : « L’homme est un animal politique »
2. Jean-Jacques Rousseau : « c’est la société qui d’un animal stupide et
borné fit un être intelligent et un homme »
3. David Hume : « L’union des forces accroit notre pouvoir, la division des
taches accroit notre capacité, c’est ce supplément de force, de capacité et
de sécurité qui fait l’avantage de la société.
4. Hegel : « L’Etat de nature est l’état de rudesse, de violence et d’injustice.
Il faut que les hommes sortent de cet état pour constituer une société »
Transition : La société participe sans doute à l’épanouissement de l’homme mais
n’a-t-elle pas également un impact négatif ?
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THESE 1 : L’intérêt est au fondement de l’action morale
Il s’agit de montrer que l’action morale n’est guidée et motivée que par l’intérêt.
Argument 1 : La morale de l’intérêt. L’homme pose plus facilement des actes qui
lui rapportent un intérêt, un bénéfice.
Argument 2 : La morale du plaisir. L’homme agit plus facilement pour se faire
plaisir, ses actions sont motivées par son autosatisfaction.
Argument 3 : Dans l’utilitarisme (Stuart Mill et Bentham) ; La moralité consiste
à la recherche de ce qui est utile sur le plan matériel. La vertu vise donc une
satisfaction matérielle basée sur le calcul. La bonne action c’est celle qui rapporte
et qui conduit au bonheur matériel.
Citations :
1. Maxime des utilitaristes : « Pas d’intérêt, pas d’action »
2. La Rochefoucauld : « Les vertus se perdent dans l’intérêt comme les
fleuves dans la mer »
3. Jeremy Bentham : « Les plus vicieux des hommes tout comme les plus
vertueux ont des motifs absolument semblables ; tous se proposent
d’accroitre leur plaisir »
Transition 1 : Le critère du bien semble être le plaisir et l’intérêt mais peut-on
réduire l’action morale à ceux-ci. N’existe-t-il pas d’autres critères du bien
(l’homme ne peut-il pas agir de manière désintéressé)
THESE 2 : Le bien est désintéressé (l’action morale n’est pas toujours
motivée par l’intérêt)
Il faut déplorer l’égoïsme développé dans ces morales qui visent le bien individuel
en se reposant sur des valeurs éphémères. Elles négligent l’aspect collectif et
l’altérité pour la satisfaction individuelle. Elles mettent en péril l’intérêt général
et les valeurs de l’esprit.
Argument 1 : L’homme pose des actes désintéressés. Nous avons l’altruisme et
l’héroïsme.
Argument 2 : L’homme possède également une conscience du devoir qui
caractérise le bien. C’est le cas du rigorisme kantien.
Citations :
1. Bible : « Aimes ton prochain comme toi-même »
C- QUELQUES SUJETS
1) L’antagonisme est-il au cœur des rapports interindividuels ?
2) Peut-on rejeter la philosophie sans philosopher ?
3) Que vous suggèrent ces propos de Karl Marx dans Thèses sur Feuerbach :
« Les philosophes n'ont fait qu'interpréter diversement le monde. Ce qui
importe, c'est de le transformer. » ?
4) Est-il absurde de dire : « je te comprends » ?
5) Que vous suggèrent ces propos de Thomas Hobbes dans Le Léviathan :
« La justice se ramène au droit qui est l’expression de la force » ?
6) Une vérité scientifique peut-elle être dangereuse ?
7) La philosophie peut-elle dépasser son temps ?
8) Quelles réflexions vous suggèrent ces propos de Nietzsche dans Ainsi
Parlait Zarathoustra : « Là où cesse l’Etat, c’est là où commence l’homme.
»?
9) Faut-il oublier le passé pour se donner un avenir ?
10) L'art peut-il se passer de règles ?
11) Une connaissance scientifique du vivant est-elle possible ?
12) N'avons-nous de devoirs qu'envers autrui ?
13) Le juste et l'injuste ne sont-ils que des conventions ?
14) Peut-on dire qu'il y a un progrès en philosophie ?
15) Toutes les personnes méritent-elle un égal respect ?
16) Toute vérité est-elle démontrable ?
17) La notion d'inconscient psychique est-elle contradictoire
18) La vérité dépend-elle de nous ?
19) Les notions de bien et de mal nous viennent-elles de la société ?
20) Que peut la raison pour exclure la violence ?
21) Notre liberté de pensée a-t-elle des limites ?
22) Peut-on concilier le pouvoir de l'État et la liberté individuelle ?
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23) Que pensez-vous de cette affirmation d’Emmanuel Mounier : « La
nature de l’homme c’est l’artifice » ?
24) Que pensez-vous de cette affirmation : « l’animal s’adapte à la nature,
l’homme adapte la nature » ?
25) Le droit n’est-il que l’expression d’un rapport de force ?
26) Peut-on remédier à la justice par la violence ?
27) La liberté est-elle le pouvoir d’agir sans motif ?
28) Que pensez-vous de cette affirmation de Jean-Paul Sartre : « L’homme
est l’avenir de l’homme » ?
29) Que pensez-vous de cette affirmation : « Plus on connaît, plus on est
libre » ?
30) Que vous suggère ces propos de Blaise pascal : « je ne puis concevoir
l’homme sans pensée : Ce serait une pierre ou une brute »
31) Que pensez-vous de ces propos de Karl Marx : « Ce n’est pas la
conscience des hommes qui détermine leur être ; c’est inversement leur être
social qui détermine leur conscience » ?
32) La diversité des philosophies ruine-t-elle toute prétention de la
philosophie au vrai ?
33) La réflexion philosophique nous détache-t-elle du monde ?
34) La religion est-elle une consolation pour les faibles?
35) Que pensez-vous de ces propos de Thibaudet : « La philosophie peut se
définir non comme la science de tout, mais la science du tout » ?
36) Commentez cette remarque de Lagneau : « L’espace est la forme de ma
puissance, le temps de mon impuissance ».
37) Commentez cette maxime de Spinoza : « La philosophie est une
méditation non de la mort, mais de la vie ».
38) La mortalité est-elle d’une certaine façon un privilège ?
39) Que vous suggèrent ces propos de Marc Aurèle : « Ne maudis pas la
mort, fais lui bon accueil » ?
40) Que pensez-vous de ces propos de Pierre Theillard de Chardin : « La
mort définitive serait un vice de construction dans le plan de l’évolution » ?
41) Que pensez-vous de cette affirmation de Georges Bataille : « La mort
m’apparait comme ce qu’il y a de plus risible du monde » ?
42) Que pensez-vous de ces propos de Karl Marx et Engels : « Les
philosophes ne sortent pas de terre comme des champignons. Ils sont le fruit
de leur époque. La philosophie n’est pas extérieure au monde » ?
43) Y a –t-il des belles morts ?
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69) L’Etat constitue-il le cadre idéal de réalisation de l’homme ?
70) Quelles réflexions vous suggèrent ces propos de Jean-Paul Sartre : « Il
n’y a pas de nature humaine puisqu’il n’y a pas de dieu pour la
concevoir » ?
71) Que vous suggèrent ces propos de Lénine : « Tant que l’Etat existe pas
de liberté, quand règnera la liberté, il n’y aura plus d’Etat » ?
72) Le bien est-il issu d’une disposition naturelle de l’homme ?
73) La science est-elle le modèle de toute connaissance ?
74) Quelles réflexions vous suggèrent ces propos de Sigmund Freud : « Le
moi n’est pas maître dans sa propre maison » ?
75) Quelles réflexions vous suggèrent ces propos de Clément Rosset : « Il ne
faut pas compter sur la philosophie pour trouver des raisons de vivre » ?
76) Peut-on dire que tous les hommes philosophent ?
77) Le travail est-il pour l’homme un droit ou une fatalité ?
78) Faire du bien, est-ce se faire du bien ?
79) Quelles réflexions vous suggèrent ces propos de Karl Marx : « Chaque
individu est le produit des circonstances existentielles, mieux des conditions
sociales dans lesquelles il se trouve » ?
80) Quelles réflexions vous suggèrent ces propos de Lucien Malson :
« L’homme n’a pas de nature, il a ou est une histoire » ?
81) L’homme est-il totalement responsable de ses actes ?
82) La violence peut-elle avoir raison ?
83) La religion est-elle la négation de l'homme ?
84) Quelles réflexions vous suggère cette assertion de Karl Marx :
« L’abolition de la religion en tant que bonheur illusoire du peuple, c’est
l’exigence de son bonheur véritable » ?
85) Le savant est-il un homme libre ?
86) Quelles réflexions vous suggèrent ces propos de Galilée : « Le monde est
un grand livre écrit en langage mathématique » ?
87) Que pensez-vous de ces propos d’Emmanuel Kant : « Il n’y a pas de
philosophie que l’on puisse apprendre […] l’on ne peut apprendre qu’à
philosopher ».
88) Que vous suggèrent ces propos d’Emile Durkheim : « Quand notre
conscience parle, c’est la société qui parle en nous. » ?
89) Quelles réflexions vous suggèrent ces propos d’Ebénézer Njoh Mouelle :
« l’initiative philosophique est indétachable des préoccupations pratiques
»?
80
110) La science peut-elle répondre à toutes les aspirations de l’homme ?
111) Quelles réflexions vous suggère cette affirmation d’E. Njoh Mouelle :
« L’initiative philosophique est indétachable des préoccupations pratiques » ?
112) La philosophie est-elle une évasion hors du monde ?
113) Vivre en société, est-ce renoncer à sa personnalité ?
114) Le travail permet-il à l'homme de s'accomplir ?
115) L'esprit religieux n'habite-t-il que les religions ?
82
A- METHODOLOGIE DU COMMENTAIRE DE TEXTE
II. LE DEVELOPPEMENT
Le développement commence par un préambule de deux phrases au
plus, qui annoncent les articulations logiques du texte. Il faut dire ici ce qu’on
doit développer dans l’explication analytique. Le développement comporte trois
parties : l’explication analytique, la réfutation et la réinterprétation.
a) L’explication analytique
Il s’agit de déterminer les idées principales et les idées secondaires du texte.
Chaque articulation du texte développe une idée avec des arguments
pour la défendre. La plupart du temps, un texte comporte deux à trois
articulations. L’explication analytique consiste à repérer les concepts qui
permettront de présenter les grandes idées de l’auteur dans le texte. Il s’agit de
présenter comment l’auteur procède pour résoudre le problème du texte.
b) La réfutation
Il est question ici de ressortir les perspectives ignorées par l’analyse de
l’auteur. Il ne s’agit pas de démontrer que l’auteur a tort, mais de présenter les
autres orientations, les réflexions et les analyses concernant le thème et le
problème développé dont l’auteur a volontairement ou involontairement omis de
ressortir dans le texte. Il y a une double réfutation :
- La réfutation interne. Elle se fait quand l’élève traque les incohérences
internes du texte, les contradictions ou les arguments spécieux de l’auteur.
- La réfutation externe qui a lieu quand l’élève montre les limites du texte
en se servant des idées d’autres auteurs.
c) Réinterprétation
C’est la partie essentielle du commentaire philosophique de texte. Tout le
travail de la partie analytique a pour objectif de donner l’intérêt philosophique
ou les enseignements et renseignements ou l’importance de la réflexion de
l’auteur dans le texte.
84
Avertissement : Pour expliquer un texte philosophique, l’élève doit éviter
:
- la récitation de tout ce qu’il sait sur l’auteur. Une telle récitation,
lorsqu’elle est faite, oblige le candidat à sortir du texte pour aller discourir
inutilement sur d’autres idées.
- la paraphrase qui consiste à dire en des termes maladroits ce que l’auteur
a bien dit dans son texte. Expliquer, ce n’est pas reprendre en d’autres
termes ce qui a été bien dit, c’est rendre compréhensible le message de
l’auteur, c’est dévoiler le sens profond de ses propos.
III. LA CONCLUSION
La conclusion d’un commentaire philosophique fait le bilan du travail. Il
consiste en :
Un rappel du problème auquel le texte a tenté de répondre.
Un rappel de la réponse et de l’objection faite à cette réponse.
L’indication des raisons pour lesquelles le texte conserve un intérêt
philosophique par-delà les objections formulées dans la partie critique.
C’est dans cette situation que se trouve aujourd’hui la culture de nos sociétés
africaines. Le code a été brisé lors de l’impact avec la civilisation occidentale,
brutalement brisé par la colonisation. Et la gravité de la crise vécue aujourd’hui
par l’homme africain est proportionnelle à la brutalité de cette rupture de la
matrice première des significations. La crise se manifeste d’abord comme un
manque, une absence. Notre homme égaré en pleine forêt culturelle cherche une
issue. Sa crise est vécue comme une désorientation inopinée. Et la prise de
conscience de cette désorientation peut l’exposer à l’inquiétude et à l’angoisse.
Que la crise soit vécue comme conscience d’un manque dans la réalité n’est pas
douteux ; mais l’occasion est encore bonne de souligner ici que dans notre
situation de sous-développement, ce manque a souvent été vu sous l’aspect de
biens de consommation. Nous sommes justement en train de montrer que l’aspect
véritablement culturel est d’autant sinon plus important que l’autre. Par aspect
culturel nous entendons l’activité par laquelle l’homme se sépare de la nature-
instrument pour lui donner un sens en même temps qu’il donne sens à ses propres
entreprises et par là acquiert une personnalité et une dignité propres. Il y a un
manque aujourd’hui dans la culture africaine. On ne sait plus toujours avec
certitude ce qu’il faut croire, ce qu’il ne faut pas croire.
A-INTRODUCTION
THEME : La culture
PROBLEME : L’importance de la culture dans le processus de développement
THESE : La culture a un rôle majeur dans le processus de développement. La
dévalorisation, la destruction des cultures africaines lors de la colonisation a
entrainé une crise profonde de l’identité africaine.
PROBLEMATIQUE : La crise culturelle explique-t-elle à elle seule le sous-
développement de l’Afrique ?
B- EXPLICATION ANALYTIQUE
a- La colonisation comme cause de la crise culturelle africaine : « Le code a été
brisé lors de l’impact avec la civilisation occidentale, brutalement brisé par la
colonisation. »
86
b- les manifestations de la crise culturelle africaine : « La crise se manifeste
d’abord comme un manque, une absence » il s’agit d’une absence de signification,
de sens, d’une désorientation c’est une « une désorientation inopinée ». La prise
de conscience de la crise suscite elle-même de l’angoisse.
c- L’acculturation comme cause principale du sous-développement : « l’aspect
véritablement culturel est d’autant sinon plus important que l’autre. » c’est-à-dire
la crise culturelle des valeurs, de la qualité est plus importante que la crise
matérielle, de la quantité. La crise culturelle est la crise identitaire, de l’être tandis
que la crise matérielle est la crise de l’avoir, de la quantité.
Transition : Peut-on justifier le sous-développement de l’Afrique exclusivement
par la crise culturelle ?
C- REFUTATION
Le sous-développement de l’Afrique a plusieurs causes et l’africain ne peut se
dédouaner de toute responsabilité. De plus, la culture africaine couve en elle-
même des germes du sous-développement (tradition, superstition).
Le contact avec la culture occidentale n’a pas toujours été négatif et il y a des
aspects positifs dans cette culture.
Transition : Une société sans culture propre est-elle nécessairement sous-
développée ?
D-REINTERPRETATION
Le texte d’Ebénézer Njoh Mouelle nous éclaire sur les causes réelles et la nature
de notre sous-développement. On ne saurait réduire le sous-développement au cri
du ventre c’est-à-dire à l’aspect matériel. La culture a un rôle majeur dans le
processus de développement car, elle est la matrice qui donne sens et qui oriente
l’existence d’une société (la matrice première des significations). Le texte a donc
un intérêt épistémologique car il nous éclaire sur la véritable nature de notre sous-
développement
A- INTRODUCTION
Thème : Le sous-développement de l’africain.
Problème : Quelles sont les manifestations du sous-développement de l’africain.
Thèse : le sous-développement de l’africain se manifeste par l’absence de
rationalité qui est la misère objective. L’homme est un agent passif des forces
mystérieuses de la nature qui le détermine à agir. Il ne peut quitter cet état que par
la raison.
Problématique : La rationalité du comportement est-elle la solution exclusive
pour sortir du sous-développement ?
B- EXPLICATION ANALYTIQUE
Le texte comporte deux articulations :
a- L’hétéronomie de l’homme vis à vis de la nature comme manifestation du sous-
développement. L’homme n’a aucune responsabilité vis-à-vis de ce qui lui arrive,
il subit les lois de la nature.
1. Le sous-développement est « un régime de la facilité ou de l’anti-effort »
2. « Il n’y a pas compréhension du monde, mais participation magique au
rythme du monde. »
88
3. « C’est le régime de la facilité parce que partout l’homme a démissionné
devant la nature qu’il ne cherche pas à dominer mais dont il accepte d’être
dominé. »
A-INTRODUCTION
Thème : La philosophie et l’ethnophilosophie.
Problème : La différence entre la philosophie et l’ethnophilosophie.
Thèse de l’auteur : La philosophie est une discipline essentiellement critique qui
milite pour un absolu qu’elle impose par des arguments rationnels tandis que
l’ethnophilosophie se dérobe à toutes critiques.
Problématique : La philosophie serait-elle essentielle critique, et iconoclaste et
militante ?
A- EXPLICATION ANALYTIQUE
Le texte comporte deux articulations :
1- La nature de la philosophie.
La philosophie comme discipline essentiellement critique et iconoclaste :
« La philosophie est peut-être la seule discipline qui a le courage et la force
de soumettre ouvertement l’Absolu à la discussion. »
La philosophie comme débat orienté (intéressé) vers une fin : « Le
philosophe n’est ni neutre, ni désintéressé, c’est peu de dire qu’il a opté
pour un Absolu : il est militant de son Absolu. »
La méthode philosophique : une démonstration, une argumentation
rationnelle : « Il fait appel à la raison à la pensée critique et non à la
peur ou à la confiance. »
2- La nature de l’ethnophilosophie
L’absence de débat sur l’Absolu : « L’ethnophilosophie au contraire, a
pour effet, sinon pour but, d’éluder le débat sur l’Absolu. »
90
La méthode de l’ethnophilosophie : « elle glisse subrepticement(…) dans
des exposés théoriquement descriptifs et objectifs, des opinions
métaphysiques non critiquées, et les soustrait par-là à la critique
philosophique »
L’identification de celle-ci à la théologie : « l’ethnophilosophie apparait à
la philosophie comme une théologie qui ne veut pas dire son nom »
A- EXPLICATION ANALYTIQUE
Le texte comporte trois articulations :
1- Dénonciation des pratiques judiciaires de la société.
Condamnation des accusés qui viennent pleurnicher devant les juges :
« Cela ne me parait pas conforme à la justice de prier le juge »
Condamnation des juges complaisants : « Le juge ne plaide pas pour cela-
pour accorder des faveurs en guise de justice »
Invitation faite aux accusés et aux juges à respecter la loi et la divinité.
2- Les raisons du rejet des conventions judiciaires par le philosophe.
Les prières que les accusés adressent aux juges sont immorales : « Procédés
que je ne juge ni beaux ni justes ni pieux »
L’accusé qui pleurniche devant les juges rend ceux-ci impies : Si j’arrivais
à vous persuader et, par mes prières, à vous détourner de votre serment, je
vous enseignerais à ne pas croire à l’existence des dieux »
3- L’affirmation de la foi religieuse du philosophe pour rejeter la justice sociale.
92
Le philosophe ne veut pas pratiquer l’injustice et déplaire aux dieux: «J’y
crois en effet »
Le philosophe dénonce ses accusateurs de ne pas croire véritablement
Transition : Ne s’expose-t-on pas à la condamnation quand on refuse de se
conformer aux pratiques judiciaires de son pays?
B- REFUTATION DU TEXTE
Socrate dit qu’il respecte les lois de son pays. Et pourtant, c’est encore lui
qui refuse de faire ce que la loi autorise, à savoir prier les juges. Il est donc
en contradiction avec lui-même. Il confond la loi avec l’idée du bien.
La sincérité de Socrate devant les juges est inefficace. Malgré sa pertinence,
il sera condamné à boire la ciguë : « Ce n’est pas la ciguë c’est le syllogisme
qui tue Socrate ». Paul Valery le dit pour montrer l’échec de la logique
devant les réalités judiciaires d’un pays.
On peut parfois réussir devant le juge par le mensonge. « Tous les moyens
sont bons », dit Jean-Paul Sartre dans Les mains sales. Socrate n’a donc pas
été réaliste mais plutôt idéaliste.
Transition : Une justice corrompue ne compromet-elle pas la paix sociale ?
C- LA REINTERPRETATION DU TEXTE
Le texte de Platon nous renseigne sur les pratiques judiciaires en cours dans
la société et nous prévient contre leur arbitraire. La prière des accusés
devant les juges et la complaisance des juges eux-mêmes compromettent le
droit, elles faussent la sentence, elles permettent à coup sûr de relaxer le
coupable, d’encourager la malhonnêteté et la parodie de justice.
Platon voudrait réconcilier les lois de la justice avec les exigences morales
en montrant que la loi c’est le bien. Il annonce de loin Rousseau qui
insistera sur l’identité de la loi avec la morale.
Le texte montre aussi le courage du philosophe qui s’inscrit en faux contre
une pratique judiciaire malveillante.
A- EXPLICATION ANALYTIQUE
Le texte comporte trois articulations.
1- La dénonciation de l’attitude commune au sujet de la mort.
La mort est un mystère : « Nul en effet ne sait ce qu’est la mort »
la crainte de la mort se fonde sur un faux savoir : « Mais on la redoute
comme si on savait pertinemment qu’elle était le plus grand des maux»
Socrate blâme ce faux savoir sur la mort
Transition : La mort n’est-elle donc pas un danger pour les hommes ? N’y a-t-il
pas des raisons de la craindre ?
B- REFUTATION DU TEXTE
1- La thèse de la mort comme mystère ne saurait permettre de songer à l’hypothèse
de la mort comme bien. A ce niveau, il y’a une contradiction interne.
94
2- La crainte de la mort que Socrate veut rendre incompréhensible se comprend
bel et bien. En effet, les hommes fondent leur crainte de la mort sur la crainte de
l’inconnu.
3- Le courage de Socrate face à la mort est contredit par l’expérience. Dans la vie
pratique, la mort inflige des douleurs et de la désolation à ceux qui restent en vie
en même temps qu’elle arrache brutalement aux délices terrestres celui qui
décède.
C- LA REITERPRETATION DU TEXTE
1- Socrate montre que le vrai savoir repose sur l’humilité qui consiste à se remettre
soi-même en cause.
2- La crainte de la mort ne peut rien changer à ce qui arrive. La mort est une
échéance inévitable. La seule attitude qui soit logique c’est de l’accepter
courageusement comme les stoïciens. Ainsi Epictète disait « Supporte et abstiens-
toi ». Cette sagesse est recommandée au sujet de la mort.
3- Socrate montre qu’il faut rejeter les fausses valeurs sociales : l’injustice, la
désobéissance à la transcendance, pour se contenter des valeurs morales comme
la justice.
Texte 6: Dégagez l’intérêt philosophique du texte suivant à partir de
son étude ordonnée
L’Europe s’offre à nous sous des visages différents et même
opposés : de tous ses visages, chrétien, industriel capitaliste, industriel
socialiste, lequel est le plus authentique, le plus important pour nous ? Le premier
pas vers une réponse à cette question consiste à préciser qu’en disant « pour
nous », nous ne visons pas notre essence, ce que nous sommes en propre, mais ce
que nous avons à être. C’est notre devoir-être, et non notre être distinctif, qui doit
orienter notre questionnement. Si donc nous convenons que ce qui constitue notre
dessein essentiel, c’est la liberté, c’est-à-dire, une Afrique auto-centrée et
puissante, ayant en elle-même le centre de conception et de décision pour toutes
les sphères de son existence : politique, économique, spirituelle, une Afrique
appliquant le même principe de liberté dans toutes les formes de relations inter-
humaines, une Afrique enfin œuvrant pour le triomphe du même idéal dans le
monde, si nous convenons d’un tel dessein, c’est lui aussi qui doit être notre fil
d’Ariane dans notre quête du secret de l’Europe. Le second pas vers une réponse
à notre interrogation consiste à observer que, aussi sûrement que la raison de notre
défaite par l’Europe réside dans ce qui nous en différencie, le secret de l’Europe
réside dans ce qui la différencie de nous et de toutes les civilisations auxquelles
elle a infligé le même sort.
Marcien Towa, Essai sur la problématique philosophique dans l’Afrique
actuelle, CLE, 1971, p. 56.
98
B- EXPLICATION ANALYTIQUE
Le texte comporte trois articulations.
1- La véritable tâche de la philosophie
La critique philosophique doit nous permettre de rejeter les faiblesses de
notre culture.
La philosophie doit nous apporter le savoir et la science.
Elle nous permet de « devenir l’autre »
La philosophie doit nous rendre aussi puissant que l’Occidental.
2- L’erreur pratique de l’ethno-philosophie.
L’évolution de l’ethno-philosophie dans le sillage de la négritude : « Le
moment de la négritude, que l’ethno-philosophie veut prolonger
artificiellement, nous a détourné de cette tâche »
La croyance qu’on acquière la science par la révélation et l’initiation.
L’acceptation de la domination occidentale : « Confiance accordée à la
mission civilisatrice »
L’adoption aveugle de la culture occidentale : « La prendre en bloc comme
supérieure à la nôtre »
3- Les points positifs de la négritude.
- La prise de conscience de la supériorité de la culture occidentale.
- La nécessité de Maîtriser cette culture pour se fortifier.
B- REFUTATION DU TEXTE
- Towa fait une confusion entre la philosophie et l’idéologie. Pour lui, il y
a une tâche précise de la philosophie pour tous les Africains, à savoir faciliter la
maîtrise de la culture et de la puissance occidentale. La philosophie devient pour
lui l’arme de la puissance d’un continent. Elle cesse d’être la libre réflexion sur
les idées abstraites.
- Le texte de Towa trahit son admiration de la culture occidentale. Et
pourtant cette culture a bien des faiblesses morales qui justifient le dégoût qu’on
pourrait avoir à son égard. Par contre, Njoh-Mouelle montre les faiblesses morales
de cette culture dans De la médiocrité à l’excellence
- Ce qui est plus décisif chez Towa, c’est sa volonté effrénée de détruire
l’identité culturelle du Nègre. Il y a plutôt une fierté à conserver cette identité. La
course aveugle vers la puissance ne pourrait que nous rendre aussi belliqueux que
l’Occidental. Or le monde a besoin des hommes vertueux et non des conquérants.
La philosophie, au lieu d’avoir pour tâche de faciliter l’acquisition de la puissance,
doit plutôt moraliser les hommes. C’est ainsi que Kant la conçoit.
A-INTRODUCTION
THEME : Le conformisme social.
PROBLEME : L’évaluation du conformisme social.
THESE DE L’AUTEUR : Le conformisme social est un danger pour l’homme.
PROBLEMATIQUE : Faut-il donc révolutionner la société au risque de
s’exposer à la mort ?
B- EXPLICATION ANALYTIQUE
Le texte comporte trois articulations.
1- Les causes du conformisme social.
La volonté sociale de préserver l’ordre établi : « Instinct de conservation
du milieu »
La crainte individuelle de la mort : « Désir de sécurité »
100
2- Les conséquences dramatiques du conformisme social.
La perte de l’originalité et de la liberté.
Un double asservissement de l’homme « se fait esclave à la fois de la vie
et du milieu »
Acceptation du statu quo synonyme de mort : « C’est cela que nous
appelons mort »
B- REFUTATION DU TEXTE
- La société se montre souvent impardonnable à l’égard de ceux qui tentent
de briser ses lois. Nul ne veut mourir. Le conformisme social a donc un fondement
solide. Car, il vaut mieux vivre dans la soumission que de courir les dangers qui
guettent ceux qui vivent dans la rébellion et la subversion. Socrate a voulu
s’attaquer à l’ordre social. N’ayant pas réussi sa mission, il a été tué. Il aurait dû
renoncer à ses idées révolutionnaires pour être en vie. C’est en vivant qu’il se
serait montré plus utile aux hommes.
- Une révolution à tout prix de la société devient la folie. S’il n’y a rien à
révolutionner, on doit s’accorder avec l’ordre établi. Parfois cet ordre nous
arrange. Nous pouvons l’accepter librement comme les stoïciens sans devenir
automatiquement malheureux.
- Njoh-Mouelle donne un sens idéaliste de la mort. Pour lui, mourir c’est se
soumettre. Cette conception de la mort est éloignée de la réalité. Celui qui se
soumet ne se croit pas mort. C’est plutôt la mort qu’il fuit par le fait d’obéir.
C- REINTERPRETATION DU TEXTE
- Le texte nous permet de comprendre que nos sociétés ne sont pas encore
un idéal et que, pour cette raison, il faut les révolutionner. Bien des pratiques
malsaines y sont visibles. Les lois qui les régissent aussi sont l’expression de la
dictature. L’homme ne peut s’accomplir que s’il s’engage à les parfaire ou bien à
les développer.
- Njoh-Mouelle se soucie du bonheur de l’homme. Il veut lui donner sa
liberté qu’il perd quand il se soumet à un ordre social qui l’étouffe. Il y’a donc de
la part de l’auteur un souci moral.
B- EXPLICATION ANALYTIQUE
Le texte comporte trois articulations.
1. Les raisons de ne pas tuer le philosophe.
102
- Le philosophe est un cadeau du ciel fait aux hommes pour se soucier d’eux : «
Le cadeau que vous a fait le dieu »
- Il est un être rare et difficilement remplaçable : « Si vous me faites mourir en
effet, vous n’en trouverez pas facilement un autre comme moi »
B- REFUTATION DU TEXTE
C- REINTERPRETATION DU TEXTE
- Le texte de Platon nous fait voir que, contrairement à ce que les hommes pensent,
le philosophe est un homme indispensable dans la société. Sa seule présence parmi
les hommes permet le progrès.
- Le texte nous fait prendre position contre les meurtres. Tuer un homme, cette
lâcheté ne nous apporte que des ennuis. L’assassinat d’un homme, fut-il mauvais,
est une initiative immorale.
- Il vaut donc mieux garder dans la société un homme qui nous critique. Il nous
est utile parce que ses critiques nous permettent de nous améliorer.
A- EXPLICATION ANALYTIQUE
104
- La négation de cette thèse par les africains est la première étape de l’affirmation
de leur indépendance
B- REFUTATION DU TEXTE
Critique externe : Le retour sur soi n’est pas essentiellement négatif car, il
permet de mieux se connaitre afin de mieux s’ouvrir aux autres. La négritude a le
mérite de valoriser l’humanité bafouée des africains.
C- REINTERPRETATION DU TEXTE
A-INTRODUCTION
Thème : La liberté
Problème : Qu’est-ce que la liberté ? (la nature de la liberté)
Thèse : Contrairement à une pseudo-conception de la liberté qui est la marque de
la médiocrité, La véritable liberté est une conquête permanente sur les obstacles,
elle est dynamique et non statique, active et non passive.
Problématique : La liberté perçue comme absence de contrainte est-elle
forcément péjorative ? La conception de la liberté par l’auteur n’est-elle pas
remise en question par la nature de l’homme ? Quel véritable acception donné à
la liberté ?
B- EXPLICATION ANALYTIQUE :
Dans la première articulation, l’auteur soulève l’ambiguïté que pose la question
de la liberté. Il s’agit d’une alternative : soit la liberté est une jouissance sans
contrainte, soit la liberté est une lutte pour supprimer les contraintes.
106
Dans la seconde articulation l’auteur montre la nature dynamique de liberté. En
effet, la liberté prise comme absence de contrainte est un libertinage. C’est une
liberté négative qui veux se cloisonner c’est-à-dire se figé et enfermé l’Etre dans
un état de jouissance sans effort. Il s’agir d’un avatar de la médiocrité.
Dans la troisième articulation : l’auteur donne les différentes manifestations et
forme que prend la véritable liberté en les opposant à la pseudo-liberté. Il pose la
suppression de contrainte comme condition de liberté et non comme finalité de la
liberté. La véritable liberté se gagne au prix d’une lutte incessante et perpétuelle.
Elle est acquise au prix d’une lutte.
C-REFUTATION :
Naturellement l’homme conçoit la liberté comme une absence d’obstacle cette
conception semble plus en adéquation avec la réalité et on peut objectivement
interpréter la thèse de l’auteur d’être un idéalisme qui ne tient pas compte de la
réalité. De plus comment l’absence de contrainte n’est pas forcément négative et
les contraintes sont même dangereuses dans certaines conditions. La contrainte à
défaut de limiter la liberté peut même totalement supprimer celle-ci.
D- REINTERPRETATION : L’auteur a le mérite de nous éclairer sur les
dangers d’une conception erronée de la liberté. En effet la liberté conçue comme
absence de contrainte, comme jouissance et repos nous entraine au libertinage.
Une telle liberté est une soumission à l’instinct ; c’est donc une manifestation de
la médiocrité dans la mesure où celle-ci est un anti effort. La liberté à laquelle
nous devons aspirer est celle qui nous hisse au-dessus de la nature ; c’est une telle
liberté qui est en adéquation avec le concept de développement. L’auteur reste
donc cohérent avec lui-même en nous montrant que la liberté de l’homme n’est
pas figée mais dynamique. La pseudo-liberté nous maintient dans le sous-
développement tandis que la liberté véritable est un facteur de développement.
L’homme ne cherche pas seulement à consommer ou à jouir ce qui serait une
soumission à l’avoir ; mais il cherche à produire, à agir ; ce qui élève son être.
Dans la perspective du développement de l’Afrique, ce texte nous donne une
pédagogie à suivre e nous éclairant sur la conception véritable de la liberté.
108
partagées dans la cité d’Athènes. C’est en cela que le procès de Socrate est aussi
le procès de la philosophie.
110
B- MARCIEN TOWA,
ESSAI SUR LA PROBLEMATIQUE
PHILOSOPHIQUE DANS
L’AFRIQUE ACTUELLE, CLE, 1971, 77
pages
Dès les 1eres lignes M. Towa identifie les principaux piliers et le secret
de la puissance occidentale. Il s’agit de la science la philosophie et la technologie.
La raison qui permet ces sciences ne se manifeste qu’en occident.
Pour Lévy-Bruhl, les africains font partie intégrante des sociétés
inférieures : « rentre dans la catégorie des sociétés inférieures, tous les primitifs
africains et australiens en général. Mais aussi l’Egypte ancienne et le Mexique
précolombienne. » (p.7) Il estime que ces sociétés sont caractérisées par une
mentalité prélogique faite de mysticisme, de l’ancestralisme et du traditionalisme.
Il considère la Grèce comme le model par excellence d’une société évoluée et la
terre natale de la raison donc, de la philosophie et la science.
Emile Bréhier dans son projet d’élaboration d’une histoire systématique
de la philosophie, il commence par Thales. Il s’en prend aussi à Masson-Oursel
qui osait parler de « pseudo miracle grec ». Masson-Oursel niait la paternité
philosophique et scientifique de la Grèce antique. Towa montre que Bréhier
manque de pertinence pour critiquer scientifiquement Masson-Oursel. Towa
établit la primauté de la philosophie égyptienne à celle de l’occident en rejetant le
fameux miracle grec. Towa évoque brièvement Tempels en insistant sur l’écho
favorable de son ouvrage chez certains scientifiques tels que G. Bachelard,
Lavelle et Gabriel Marcel qui ont l’apprécier positivement.
112
Gusdorf soucieux de mettre un terme à la querelle élabore une échelle
de l’évolution des sociétés humaines pour trancher en faveur de l’occident. « C’est
en Grèce avec Socrate que Gusdorf situe le berceau de la philosophie. En dehors
de la pensée philosophique occidentale inaugurée par Socrate, il n’y a que mythe
et primitivisme ».Le reste de l’humanité dans laquelle se situe l’Afrique beigne
dans le mythe et l’instinct, l’occident seul a atteint le stade suprême de la pensée
libre.
Heidegger a une position euro-centriste par rapport à la philosophie. Il
affirme sans équivoque que « la philosophie est grecque dans son essence ».Il
ajoute : « l’occident et l’Europe et eux seuls sont dans le cas le plus intérieurement
philosophique. » (p.13)
Hegel c’est un auteur qui a beaucoup influencé Marcien Towa. Towa
le présente à la fois comme le négateur de la philosophie en Afrique et comme le
philosophe model. Pour cette auteur, la philosophie est une pensée : libre,
universelle, générale, absolu. Elle est liberté et raison. C’est parce que Hegel
définit la philosophie comme « la pensée qui se pense elle-même, le général ayant
pour contenu le général ».La philosophie est la contrainte de la raison et la liberté
pour penser le tout. Pour lui la mentalité africaine est incapable de s’élever.
« Hegel fait de la pensée et la philosophie le monopole de l’occident ». Il estime
que l’attachement des africains à la nature les condamnent à l’enfance de la
raison. « Je ne suis pas libre si je dépends d’un instinct… » (pp.15-16) Towa
accepte la définition que Hegel donne à la philosophie mais rejette son opinion
sur l’homme noir. Il conclut : « Hegel est qualifié pour définir la nature et
exigences de sa discipline .En revanche, l’insuffisance manifeste de son
information sur les cultures non-européenne et son attitude impérialiste à leur
égard rendent suspect son refus de toute philosophie aux peuples colonisés »
(p22). Voir pp. 12-13 ; 15 ; 19 ; 20.
2- DEUXIEME PARTIE : « La philosophie africaine dans le sillage de la
négritude »
Marcien Towa remarque que l’ethnophilosophie s’inscrit dans la
continuité de la négritude. L’attitude ethnophilosophique correspond à la
négritude qui est un mouvement littéraire qui vante le passé culturel et traditionnel
de l’homme Noir en réagissant contre les préjugés racistes de l’occident. En
s’attaquant à la négritude, Towa indique clairement dans cet ouvrage son objectif ;
celui de montrer aux jeunes lecteurs que l’ethnophilosophie est une tricherie qui
trahit la philosophie en imitant la démarche de la négritude. En découvrant les
coins d’ombre de la culture occidentale, les africains désirent retrouver leur
humanité arrachée en rentrant dans leurs valeurs, dans leurs racines. Ce retour
PHILOSOPHIE SINE QUA NON 2016 113
marque la preuve de leur différence à l’homme Blanc, cette différence est une
acceptation de leur humanité secondaire. Par conséquent ils n’ont pas la même
rationalité que l’occident. « Ce fut le temps du retour aux sources, de l’exaltation,
de l’originalité et de la différence : ce fut le temps de la négritude. » (p.24) Le
rêve de liberté a ruiné le bon sens des africains à reconnaitre une humanité
commune en tous les hommes. « Si les Nègres ont une philosophie propre, ils sont
donc pleinement hommes et doivent jouir de tous les droits d’homme, notamment
du droit d’autonomie aussi bien culturelle que politique. » (p.25)
La quête de l’autonomie nous a conduits dans le piège de l’occident
de nous placer à la périphérie de l’histoire de la rationalité en nous produisant une
philosophie à notre mesure. Cette philosophie est dans la culture, les légendes, les
proverbes et la religion. L’ethnophilosophie sera dons un culte célébré pour nos
ancêtres qui ont dû se montrer philosophes. Mais nous ne pouvons évoluer et
participer à la construction de l’histoire universelle. C’est pour cette raison que
Towa caractérise l’ethnophilosophie comme suit :
Elle est une voie de facilité.
Elle n’admet pas l’esprit critique (p.29-30).
Elle trahit la philosophie (p.31).
Elle est un discours militant et théologique.
Elle est fondée sur la démarche de la retro-jection (essentiellement tournée
vers le passé en cherchant le présent et le futur dans le passé).
Elle est exhumation du passé.
Elle est une philosophie de la récurrence et du dogmatisme. (p.32)
Elle est enfin un certificat d’humanité pour les africains.
114
contribuer substantiellement impulser dynamisme et enthousiasme à la lutte de
libération et gagner des sympathies dans les métropoles ». (p.38) Il faut donc
rejeter notre nature et identité actuelle qui nous a conduit à la soumission. Pour
survivre dans le monde actuel nous devons prendre ce qu’il y a de meilleur chez
notre bourreau. « La volonté d’être nous-mêmes, d’assumer notre destin, nous
accule finalement à la nécessité de nous transformer en profondeur, de nier notre
être intime pour devenir l’autre. » C’est une révolution qui imposer une négation
de soi, une rupture avec la culture de l’humiliation par une appropriation de ce
qui constitue le secret de la puissance de l’occident. (pp. 40-41) Les peuples qui
se sont transformer et battus l’occident sur son propre terrain reçoivent de celui-
ci du respect et de l’admiration.
La science et la philosophie sont identifiées comme les armes de la
puissance occidentale dont il faut nécessairement s’emparer. « La destruction des
idoles traditionnelles qui seule permettra d’accueillir et assimiler l’esprit de
l’Europe, secret de sa puissance et de sa victoire sur nous. Et c’est seulement en
édifiant une puissance comparable aux grandes puissances de notre temps et donc
capable de résister à leur agression éventuelle et à leur impérialisme ». (p.52) Il
est alors indispensable de s’identifier à certains principes de l’occident,
développer l’univers scientifique, technique et philosophique pour affronter
l’occident. « Notre attention sera en revanche retenue par ce que l’Europe elle-
même affirme être sa marque distinctive : la philosophie et la science. » (pp.56-
57) « Nous sommes en quête de quelque chose qui nous manque, et non de ce que
nous aurions déjà » (p.59)
La démarche de Towa est donc tripartite : le dépassement de l’ethno-
philosophie « le changement de perspective entraine l’abandon de la méthode
ethno-philosophique» (p.53) ; la rupture avec l’héritage culturel et
traditionnel (p.52) : enfin l’identification et l’appropriation du secret de la
puissance occidentale pour résister à l’Europe.
CONCLUSION
Le continent africain pratique de la philosophie et a plus que jamais
besoin de l’intégrer dans son histoire. La philosophie dont l’Afrique a besoin n’est
pas dans son passé, elle n’est pas à exhumer comme le préconise l’ethno-
philosophie et la négritude. L’Afrique doit rompre avec sa culture qui l’a conduit
dans la faiblesse et la soumission. Elle doit s’approprier de la science et la
philosophie qui ont développé et rendu puisant leurs maitres. L’Afrique doit se
servir de ces mêmes armes pour se développer, résister l’occident et créer
l’équilibre mondial en devenant puissant à notre tour.
116
C- EBENEZER NJOH MOUELLE,
DE LA MEDIOCRITE A
L’EXCELLENCE,
ED. EMC, 1988, 154 pages
118
personnalité. Résoudre le problème du développement revient à résoudre le
problème de personnalité des africains qui sont inauthentiques.
Chapitre 4 : La médiocrité
La médiocrité est le caractère le plus récurrent de l’homme de l’Afrique
sous-développée. L’homme médiocre est l’homme mitoyen. Il se fond
complètement dans la société et, c’est celle-ci qui lui dicte son comportement. Le
médiocre est incapable de prendre du recul face à son milieu, au contraire il a une
relation fusionnelle avec celui-ci. C’est un homme passif pour qui la société est
sécurisante pour sa survie : « En effet, si l’homme médiocre est celui qui met sa
raison et son jugement personnel en congé pour s’abandonner au ballotement que
lui impose l’opinion et le jugement anonyme des autres, il peut être et il est même
aussi l’homme qui, dans un second mouvement d’auto-abandonnement, se laisse
balloter par les diverses tendances aussi tyranniques les unes que les autres. » La
médiocrité est une démission vis-à-vis des exigences de l’excellence. Et
l’exigence majeure de l’excellence est la rationalité du comportement. L’homme
médiocre subsume la fin au moyen : « C’est l’homme qui ne résoud aucun
problème mais qui transforme tous ses problèmes en solutions. » La répétitivité,
la routine et le conformisme caractérisent le comportement de l’homme médiocre.
Le comportement de l’homme médiocre relève de l’instinctivité, de l’affectivité
(le corps). Il relève aussi de la société (du dehors) et annihile tout esprit
d’initiative. Le médiocre sombre dans la grégarité. Plutôt spectateur qu’acteur, le
médiocre emprunte une attitude de passivité face aux problèmes existentielles. La
médiocrité est une attitude de démission qui pérennise le sous-développement.
Chapitre 5 : La modernité
NJOH MOUELLE démontre que la modernité en saurait à elle seule se
subsumer au développement. En effet, la modernité ne signifie pas
rigoureusement progrès ou amélioration. L’actualité d’une chose n’est pas
synonyme de progrès, elle peut même signifier régression sur le plan
axiologique : « La modernisation doit donc être, non pas une simple question
d’adaptation formelle au présent, mais un souci d’amélioration réelle de la
condition humaine. » De plus, la temporalité ne suffit pas à établir la modernité
d’une chose. Celle-ci devrait plutôt se fonder sur le perfectionnement et
l’amélioration des conditions de vie de l’homme. L’homme doit demeurer la
valeur absolue autour de laquelle gravite la modernité et toutes autres choses. Par
ailleurs, l’auteur montre que le développement en Afrique exige le dépassement
122
QUATRIEME
PARTIE
RECUEIL DE TEXTES
Nota bene : Vous pouvez avoir accès à certains corrigés des textes proposés à
l’adresse suivante : www.olomostanislas.over-blog.com
A- PLATON,
APOLOGIE DE SOCRATE, HATIER,
1993.
I. LE PROCES
Texte 1 : L’accusation du philosophe
C’est « la science qui convient aux hommes » autrement dit la philosophie que pratique
Socrate qui lui vaut les calomnies. Devant ses accusateurs, Socrate soutient que leurs
accusations découlent du fait qu’il vit de manière atypique.
Peut-être alors l’un d’entre vous voudrait-il me rétorquer : « Mais alors,
Socrate, toi, quelle est donc ton occupation ? D’où te viennent ces calomnies ?
Car enfin, si tu ne t’occupais à rien de plus extraordinaire que les autres, il n’y
124
Texte 3 : La mort
Pour le philosophe, la crainte de la mort est injustifiée. Socrate présente son
agnosticisme vis-à-vis de la mort. On ne peut déclarer de façon péremptoire
qu’elle est un bien ou un mal.
Nul en effet ne sait ce qu’est la mort, ni si par hasard elle n’est pas pour
l’homme le plus grand des biens ; mais on la redoute comme si on sait
pertinemment qu’elle est le plus grand des maux. Comment ne pas voir là cette
ignorance qu’il faut stigmatiser, celle qui consiste à croire qu’on sait ce qu’on ne
sait pas ? En ce qui me concerne, Messieurs, voici ce en quoi je me distingue sur
ce point de la plupart des autres hommes : si je devais me prétendre plus savant
qu’un autre en quelque chose, ce serait en ceci que, n’en sachant pas assez sur ce
qui advient dans l’Hadès, j’ai bien conscience aussi de ne pas le savoir. Mais
commettre une injustice et désobéir à un meilleur que soi, dieu ou homme, cela je
sais que c’est mauvais et honteux. Jamais donc je ne redouterai ni ne fuirai ce qui,
sait-on jamais, est peut-être un bien, avant un mal dont je sais qu’il est un mal.
Platon, Apologie de Socrate, Hatier, 1993, p.64.
128
redoublerait-il d’animosité contre moi et, exaspéré de ma conduite il déposerait
son caillou sous l’effet de la colère. Si l’un de vous était dans ce cas (ce que pour
ma part je me refuse à croire), mais enfin si cela était, il me semble que ce serait
lui répondre comme il convient que de lui dire : « Moi aussi, excellent homme,
j’ai très certainement des proches. En effet, pour reprendre la formule d’Homère,
je ne suis pas né d’un chêne ni d’un rocher, mais d’êtres humains et, par
conséquent, j’ai une famille et des fils, Athéniens, trois fils dont l’un est déjà un
adolescent, et les deux autres tout jeunes. » Mais je ne ferai pourtant venir ici
aucun d’eux pour vous supplier de m’acquitter.
Platon, Apologie de Socrate, Hatier, 1993, pp.70-71.
Texte 10 : La justice
La justice doit demeurer impartiale. Selon Socrate, il est impropre de supplier le juge
pour avoir gain de cause car, seule le souci de vérité doit guider le juge dans son
jugement. Socrate dénonce ici, les imperfections de la justice humaine.
Toutes questions d’image mises à part, messieurs, cela ne me parait pas
conforme à la justice de prier le juge et d’obtenir son acquittement par des prières ;
ce qui est conforme à la justice, c’est de s’expliquer et de persuader. En effet le
juge ne siège pas pour cela – pour accorder des faveurs en guise de justice – mais
pour décider de ce qui est juste. Il a prêté serment non pas de se montrer
complaisant envers qui bon lui semble, mais de juger selon les lois. C’est pourquoi
nous ne devons pas vous habituer à violer votre serment et vous, vous ne devez
pas prendre cette habitude : nous serions les uns et les autres fautifs envers les
dieux. N’exigez donc pas de moi, Athéniens, que je me force à user à votre égard
de procédés que je ne juge ni beaux ni justes ni pieux, surtout évidemment quand,
par ZEUS, c’est d’impiété que je suis accusé par lui, MELETOS. Il va de soi en
effet que, si j’arrivais à vous persuader et, par mes prières, à vous détourner de
votre serment, je vous enseignerais à ne pas croire à l’existence des dieux. Un tel
mode de défense reviendrait sans conteste à m’accuser moi-même de ne pas
reconnaître les dieux. Or il s’en faut de beaucoup qu’il en soit ainsi : j’y crois en
effet, comme n’y croit aucun de mes accusateurs, et je m’en remets à vous et à la
divinité du soin de décider à mon sujet de ce qui vaudra le mieux et pour moi et
pour vous.
Platon, Apologie de Socrate, Hatier, 1993, p.72.
130
que la peine capitale que vous m’avez infligée. En effet, si vous venez d’agir ainsi,
c’est en pensant que vous pourriez vous soustraire à l’obligation de justifier votre
manière de vivre. Or c’est tout le contraire qui vous arrivera, je vous le garantis.
Ils seront plus nombreux à vous demander des comptes, ceux que je retenais
jusqu’ici sans que vous vous en aperceviez ; et ils seront d’autant plus intraitables
qu’ils sont plus jeunes, et vous n’en serez que plus irrités. Si vous vous figurez
qu’en tuant les gens vous empêcherez qu’on vous reproche de ne pas vivre
correctement, vous ne faites pas un bon calcul. Car cette échappatoire n’est ni très
efficace ni honorable. En voici une au contraire qui est on ne peut plus honorable
et facile : au lieu de s’en prendre aux autres, c’est de s’employer à être le meilleur
possible.
Platon, Apologie de Socrate, Hatier, 1993, p.76-77.
132
B- MARCIEN TOWA, ESSAI SUR LA
PROBLEMATIQUE PHILOSOPHIQUE
DANS L’AFRIQUE ACTUELLE
136
Texte 8 : L’ethnophilosophie et sa méthode
L’objectif de l’ethnophilosophie est certes noble mais ses moyens sont mauvais et
impropres à la philosophie. L’ethnophilosophie dilue le concept de philosophie dans
celui de culture. Elle devient ainsi une vision du monde propre à chaque peuple. Pour
Towa, la philosophie est universelle et non particulière.
Mais comment établir l’existence d’une philosophie africaine originale ?
La méthode de nos auteurs consiste à partir d’une révision de la notion même de
philosophie, révision qui revient toujours à son élargissement, de manière à
pouvoir y comprendre aussi les modes de pensée propres à l’africain. Le concept
en est dilaté jusqu’à prendre la même extension que celui de culture, au sens
sociologique de ce terme. Mr N’daw entend, dépassant « une certaine idée de la
philosophie considérée comme une vision du monde systématiquement
développée ou une tentative de fondation intégrale du discours », se livrer à une
interprétation de toutes les œuvres culturelles africaines, d’en dégager les
caractéristiques générales qui seraient présentées comme la philosophie africaine.
C’est B. Fouda qui exprime cette méthode avec le plus de relief. Pour lui,
philosopher, c’est interroger le monde pour le comprendre et l’expliquer,
l’organiser et le totaliser. Le concept de philosophie ainsi élargie est coextensif à
celui de culture. Il est obtenu par opposition au comportement animal. Il se
différencie donc d’un tel comportement mais demeure indiscernable de n’importe
quelle forme culturelle : mythe, religion, poésie, art, science, etc…
Marcien Towa, Essai sur la problématique philosophique dans l’Afrique
actuelle, CLE, 1971, p.26.
Texte 9 : La philosophie
La philosophie est une réflexion personnelle essentielle critique vis-à-vis de tout et
même d’elle-même. Elle est une remise en cause permanente des acquis et est
iconoclaste.
Amener au jour une authentique philosophie négro-africaine établirait à
coup sûr que nos ancêtres ont philosophé, sans pour autant nous dispenser, nous,
de philosopher à notre tour. Déterrer une philosophie, ce n’est pas encore
philosopher. L’Occident peut se vanter d’une brillante tradition philosophique.
Mais l’occidental qui a reconnu l’existence de cette tradition et qui en a même
138
Texte 11 : Philosophie et ethnophilosophie
L’ethnophilosophie est une discipline hybride impropre de par sa nature à la
philosophie. Le philosophe selon Marcien Towa ne se dérobe pas à la critique, il
est engagé et milite pour un Absolu qu’il impose par des arguments.
La philosophie est peut-être la seule discipline qui a le seul courage et la
force de soumettre ouvertement l’Absolu à la discussion, de le prendre comme
objets de débats publics, débats qui ne sont pas seulement formels puisqu’ils
aboutissent souvent à la détrôner. Le philosophe n’est ni neutre, ni désintéressé,
c’est peu de dire qu’il a opté pour un Absolu : il est militant de son Absolu. Et en
cela il diffère du simple savant qui affecte devant son objet d’étude une attitude
neutre. Mais l’Absolu du philosophe n’est pas un mystère dont il détiendrait seule
la révélation : il sait son Absolu et entend le démontrer par des arguments. Il fait
appel à la raison, à la pensée critique et non à la peur ou à la confiance. L’ethno-
philosophie au contraire, a pour effet, sinon pour but, d’éluder le débat sur
l’Absolu. Elle se caractérise en effet par le fait qu’elle glisse subrepticement (avec
cependant beaucoup moins de retenue que l’ethnologie pure) dans des exposés
théoriquement descriptifs et objectifs, des opinions métaphysiques non critiquées,
et les soustrait par-là à la critique philosophique. Pour cette raison l’ethno-
philosophie apparait à la philosophie comme une théologie qui ne veut pas dire
son nom.
Marcien Towa, Essai sur la problématique philosophique dans l’Afrique
actuelle, CLE, 1971, pp.31-32.
140
Texte 14 : L’ethnophilosophie
L’ethnophilosophie est un avatar de la négritude senghorienne. Son objectif est la
restauration de la « dignité anthropologique » de l’Africain.
L’ethno-philosophie, disions-nous est un aspect (tardif) du mouvement de
la négritude. Notre opinion est qu’elle doit être dépassée tout comme le
mouvement qui la porte. L’ethnophilosophie s’inscrit avec la négritude, dans une
perspective revendicative : « la revendication d’une dignité anthropologique
propre », pour reprendre la formule de N’daw. Il s’agit de déterrer une
philosophie africaine propre, pour la brandir devant les négateurs de notre
« dignité anthropologique » comme un irrécusable certificat d’humanité. Ainsi
l’ethno-philosophie en reste à la finalité de la négritude et des mouvements de
libération coloniaux, dont la négritude révolutionnaire (celle de Césaire, de
Damas ou de David Diop) ne fut que la dimension idéologique et spirituelle. En
somme, les mouvements coloniaux de libération sont d’essence revendicative,
leur lutte même a pour fin d’appuyer des revendications. Et celles-ci se ramènent
à la réclamation d’un droit fondamental : « le droit à l’initiative historique »,
selon l’expression de Césaire, et spécialement le droit à l’indépendance politique.
Marcien Towa, Essai sur la problématique philosophique dans l’Afrique
actuelle, CLE, 1971, pp. 35-36.
Texte 15 : La philosophie
La reconnaissance de la dignité anthropologique de l’africain n’était qu’une étape
dans la libération de l’Afrique. Le temps est venu pour l’africain de passer aux actes.
La réflexion doit déboucher sur la praxis.
Dès lors l’enjeu ne peut plus être pour nous la reconnaissance d’un droit,
mais l’exercice de ce droit. Pour la majorité des peuples noirs l’ère des chicanes
sur les textes juridiques est close, close aussi celle des revendications pour la
reconnaissance de « notre dignité anthropologique ». Il faut maintenant passer
aux actes, et imposer par des réalisations de tous ordres cette dignité
anthropologique. Tant que notre droit à l’initiative n’était pas reconnu, cela avait
un sens de brandir notre originalité culturelle, philosophique, etc… comme
certificat d’humanité et comme justification de notre revendication d’un destin
séparé, autonome, car ce quelque chose d’essentiel et d’irremplaçable dont nous
nous disions détenteurs, nous ne pouvions l’apporter au monde qu’en étant nous-
mêmes, en assumant la responsabilité de notre destin. La simple idée que nous
PHILOSOPHIE SINE QUA NON 2016 141
sommes indispensables à la communauté humaine pouvait contribuer
substantiellement à impulser dynamisme et enthousiasme à la lutte de libération
et gagner des sympathies dans les métropoles. Mais tout cela pouvait rester
formel.
Marcien Towa, Essai sur la problématique philosophique dans l’Afrique
actuelle, CLE, 1971, p. 38.
Texte 16 : La philosophie
La philosophie a un rôle éminemment pragmatique, elle devrait nous aider à
assimiler le secret de la puissance de l’Occident. Seules la négation de nous-même
et l’assimilation de l’être au monde de l’occidental constituent les voies de
l’émergence du continent africain.
La volonté d’être nous-mêmes, d’assumer notre destin, nous accule
finalement à la nécessité de nous transformer en profondeur, de nier notre être
intime pour devenir l’autre. Et cette nécessité nous ramène au point de départ de
notre affrontement avec l’Occident, époque où nous cherchions avec tant d’ardeur
à rétablir l’équilibre des forces en nous emparant du secret de la victoire de
l’Occident. Le moment de la négritude que l’ethno-philosophie voudrait
prolonger artificiellement, nous a détournées de cette quête. Or l’erreur de cette
première démarche ne résidait pas dans la volonté de s’emparer du secret de
l’Occident, mais dans la croyance fort répandue que ce secret consistait en
quelque sorte en une recette communicable par révélation ou par initiation ; elle
résidait surtout dans la confiance accordée à la « mission civilisatrice », aux
promesses et à la bonne foi du colonisateur, elle résidait dans le fait d’embrasser
sans discrimination la civilisation occidentale, de la prendre en bloc comme
supérieure à la nôtre. Ce que cette première démarche avait de juste, en revanche,
c’est l’idée que la civilisation occidentale recèle une arme secrète dont il importe
absolument de s’emparer pour sortir de la raque de l’histoire.
Marcien Towa, Essai sur la problématique philosophique dans l’Afrique
actuelle, CLE, 1971, pp. 39-40.
Texte 17 : La libération de l’Afrique
L’africain doit développer une attitude critique vis-à-vis de la tradition (le passé),
entendue qu’elle est en même temps le fondement de son identité et la cause
principale de son assujettissement à l’Occidental. Il s’agit donc de rompre avec la
tradition, véritable cause d’échec. Il ne faut donc pas suivre l’ethnophilosophie qui stagne
dans la valorisation du passé.
142
Si la libération est notre but, alors la chose la moins avisée que nous
puissions entreprendre est certainement la restauration du monde ancien, la
conservation de notre spécificité, le culte de la différence et l’originalité, puisque
la cause de notre défaite et de notre condition actuelle de dépendance effective est
à chercher dans notre spécificité, dans ce qui nous différencie de l’Europe, et nulle
part ailleurs. Car si notre monde ancien n’a pas pu supporter le choc du monde
européen ce fut assurément en raison de quelque chose qui le différenciait de
l’Europe. Or tenter de reconstituer le monde ancien, c’est entreprendre de
maintenir aussi cette faille ; essayer de sauver l’une ou l’autre épave
institutionnelle, idéologique ou spirituelle de ce monde uniquement parce qu’elle
fut nôtre, c’est courir le risque de sauver précisément cela qui causa notre défaite
et qui par conséquent confirmait cette défaite et nous conduirait à la perte.
Marcien Towa, Essai sur la problématique philosophique dans l’Afrique
actuelle, CLE, 1971, pp. 40-41.
144
manifeste ainsi au grand jour sa vraie nature : c’est l’idéologie quasiment
officielle du néo-colonialisme, le ciment de la prison ou le néo-colonialisme
entend nous enfermer, et que nous avons donc à briser. En Afrique, aussi c’est le
radicalisme iconoclaste, et non le culte superstitieux et mystificateur de la
différence et de l’essence de soi, qui, paradoxalement permet de se retrouver, et
d’être soi. C’est au Ghana de Nkrumah, en Tanzanie et en Guinée que les pas les
plus sérieux vers une renaissance culturelle africaine ont été faits.
Marcien Towa, Essai sur la problématique philosophique dans l’Afrique
actuelle, CLE, 1971, p. 47.
146
Texte 24 : La réflexion philosophique en Afrique et ses conséquences
L’exercice de la réflexion philosophique aboutit à une critique sans complaisance
de la culture et du passé. La philosophie se différencie ainsi de l’ethnophilosophie
dans la mesure où, cette dernière prône un culte de la différence stérile alors que
la philosophie n’hésite pas à remettre en cause même l’acquis.
La détermination préalable de ce que nous avons à être, de la possibilité
fondamentale de nous-même à promouvoir, a pour conséquence méthodologique
importante de normaliser notre approche du passé et de notre culture en la rendant
critique, alors qu’elle est essentiellement narcissique dans l’ethno-philosophie.
L’effort de thématisation de notre être distinctif ne se propose plus de dresser une
idole pour le culte de la différence, culte qui entraîne, méthodologiquement, les
gauchissements et les équivoques de la rétro-jection, mais de soumettre notre
héritage à une critique sans complaisance, afin de découvrir la racine de nos
difficultés présentes. Une autre conséquence de grande portée, d’ordre pratique
cette fois, c’est d’enlever toute base théorique au régime « original » auquel le
fascisme néo-colonialiste soumet l’Afrique. C’est au nom de notre être distinctif,
de la négritude senghorienne que sont organisés un peu partout des régimes
« démocratiques » où un seul est libre et décide de tout selon son bon plaisir, des
régimes où règne la « liberté », mais sans possibilité de contestation, etc…La
dénonciation de la confusion de l’essence et de la valeur, de l’être et du devoir-
être, disqualifie l’usage normatif du passé et de l’être différent dans la praxis
politique et sociale.
Marcien Towa, Essai sur la problématique philosophique dans l’Afrique
actuelle, CLE, 1971, p. 55.
Texte 25 : L’appréhension de l’Occident
Déterminer la véritable nature de l’Occident est un préalable à notre
développement. D’une part nous pourrons orienter notre devoir être qui est ici la
Liberté ou l’autonomie ; d’autre part nous pourrons trouver les causes de notre
assujettissement qui est une étape vers la libération.
L’Europe s’offre à nous sous des visages différents et même opposés : de
tous ses visages, chrétien, industriel capitaliste, industriel socialiste, lequel est le
plus authentique, le plus important pour nous ? Le premier pas vers une réponse
à cette question consiste à préciser qu’en disant « pour nous », nous ne visons pas
notre essence, ce que nous sommes en propre, mais ce que nous avons à être. C’est
notre devoir-être, et non notre être distinctif, qui doit orienter notre
questionnement. Si donc nous convenons que ce qui constitue notre dessein
essentiel, c’est la liberté, c’est-à-dire, une Afrique auto-centrée et puissante, ayant
148
4-LE CONCEPT EUROPEEN DE PHILOSOPHIE ET
NOUS
Texte 27 : La philosophie et la Science
La science et la philosophie sont les manifestations d’un même principe : la Raison.
La philosophie est la matrice qui a engendré les différentes sciences ; celles-ci ne sont
qu’une spécialisation de la philosophie ; des « branches » de la philosophie d’après Descartes.
La science aussi repose sur le même principe. Science et philosophie ont
par suite la même exigence, le même critère de vérité, la même forme. De fait, les
diverses sciences sont nées historiquement de la philosophie par spécialisation et
particularisation. Et c’est par cette particularité seulement qu’elles diffèrent de la
philosophie. Mais les sciences reposent sur un principe, qui leur est commun avec
la philosophie qui consiste à voir, sentir, penser par soi-même, à être soi-même.
C’est le grand principe qui s’oppose à toute autorité dans quelque domaine que ce
soit…tout ce qui doit avoir pour l’homme quelque valeur doit se trouver dans sa
pensée propre…chaque homme doit penser pour lui-même, aucun ne peut penser
pour un autre pas plus que manger et boire pour un autre.
Marcien Towa, Essai sur la problématique philosophique dans l’Afrique
actuelle, CLE, 1971, p. 61-62.
150
Hegel conçoit l’histoire de la philosophie comme l’étude de l’évolution de
la pensée libre dans son opposition à l’autorité de la religion. « L’histoire de la
philosophie décrit la lutte de cette pensée libre contre cette autorité ». Il n’exclut
cependant pas toute réconciliation. Seulement c’est de la philosophie pleinement
développée, de la pensée libre ayant déjà triomphé, que doit venir l’initiative de
la réconciliation. Autrement dit, c’est à la philosophie qu’il revient d’interpréter
les représentations religieuses et mythologiques, de déterminer ce qu’elles
peuvent comporter de vrai. C’est la philosophie, la pensée libre qui doit apprécier
et juger les représentations religieuses et mythologiques et non l’inverse. « La
philosophie peut bien, en effet, reconnaître ses propres formes dans les catégories
de la représentation religieuse, et son propre contenu dans le contenu religieux
et rendre justice à ce contenu, mais inversement il n’en est pas ainsi, parce que
la conception religieuse ne s’applique pas à la critique de la pensée et ne
comprend pas elle-même et quelle est par suite exclusive dans son immédiateté. »
Marcien Towa, Essai sur la problématique philosophique dans l’Afrique
actuelle, CLE, 1971, pp. 63-64.
Texte 31 : Le développement en Afrique
L’ethnophilosophie qui est un avatar de la négritude pérennise l’assujetissement de
l’Afrique à l’Occident. Par son culte de la différence, elle consacre l’ordre ancien qui
a été défait par l’Occident. Le développement et la libération exige une révolution.
Notre souci a été bien plutôt de démasquer la négritude senghorienne et
l’ethno-philosophie qui voudrait la prolonger, et de rendre manifeste pour tous
que leur culte de la différence, de l’originalité conduit en fait à Canossa,
consciemment ou non. Ceci explique la faveur que ce courant idéologique trouve
auprès du néo-colonialisme, au point qu’il prend aujourd’hui figure d’idéologie
officielle du néo-colonialisme. Ce n’est pas en nous accrochant à notre essence et
à notre passé que nous pourrons jamais recouvrer l’autonomie culturelle. Ce serait
plutôt maintenir le statu quo ou plus exactement confirmer et accélérer l’évolution
actuelle vers la dépendance et l’impuissance. Le chemin de l’autonomie culturelle
passe obligatoirement par une révolution, et donc par une auto-révolution. Aucune
autonomie n’est possible dans le domaine de la culture sans base matérielle,
politique et économique. Et dans notre monde de superpuissances impérialistes,
comment prétendre à une autonomie tant soit peu réelle, dans quelque domaine
que ce soit, sans acquérir soi-même une puissance suffisante pour résister à toute
tentative de subjugation ouverte ou camouflée ?
Marcien Towa, Essai sur la problématique philosophique dans l’Afrique
actuelle, CLE, 1971, pp. 67-68.
PREFACE
154
l’avoir, dilution de l’être dans l’avoir. Etre tout entier ce qu’on a, c’est le risque
que court tout homme oublieux de fait que l’avoir doit être subordonné à l’être et
non le contraire.
Ebénézer Njoh Mouelle, De la médiocrité à l’excellence, Ed. EMC, 1988, p.11.
156
qui est l’obstacle majeur à la liberté. L’homme de l’Afrique sous-développé n’est
peut-être plus cet homme qui ne se sait pas pauvre. Mais dans une grande échelle,
il reste un homme ignorant. Le bien-être et l’enrichissement qu’il recherche, à
l’exemple de l’homme des pays développés, ne sont pas toujours des notions
claires à son propre entendement. C’est un homme qui risque de travailler contre
lui-même à la longue. Les dirigeants politiques qui étudient souvent les problèmes
à l’échelle de pays entiers, oublient que c’est lui, l’homme individuel, qui doit être
la finalité de tous leurs plans de développement. Il se voit réduit en chiffre ou en
simple référence numérique dans leurs calculs statistiques.
Ebénézer Njoh Mouelle, De la médiocrité à l’excellence, Ed. EMC, 1988, p.14.
3-L’HOMME CRITIQUE
160
d’appeler dépersonnalisation. L’on a beaucoup écrit sur le heurt des cultures et
ses séquelles en pays anciennement colonisés ; et nous voudrions simplement
souligner ce qui, à nos yeux, doit être considéré comme le mal fondamental que
le développement devrait réparer : une certaine dégénérescence de l’homme pris
dans un vertigineux tourbillon des valeurs. Egaré donc en épaisse forêt de valeurs,
cet homme vit une crise plus ou moins consciente, reflet intériorisé d’une plus
vaste crise, celle qui ébranle la culture traditionnelle toute entière.
Ebénézer Njoh Mouelle, De la médiocrité à l’excellence, Ed. EMC, 1988, p.24.
164
4- LA MEDIOCRITE
166
c’est nécessairement une pseudo-normalité. Ce qui est pris ici comme normalité
c’est encore de la médiocrité. La loi du grand nombre n’est pas nécessairement
une loi dictée par la raison. Or c’est celle-ci, qui doit être, en toute circonstance,
critère de la normalité. Est normal, non pas ce qu’on voit faire par tout le monde,
mais ce qui, même suivi par une infime minorité seulement, obéirait à la raison
universelle. Des contradictions peuvent surgir entre la majorité de tel milieu et
celle de cet autre milieu, ce qui prouve que ce n’est pas le nombre ni la quantité
qui fonde la normalité. Mais, devant la juridiction de la raison, aucune autre
contradiction ne saurait demeurer irréductible.
Ebénézer Njoh Mouelle, De la médiocrité à l’excellence, Ed. EMC, 1988, pp.40-41
168
son embarras. C’est l’homme des fausses solutions qui transforme le carrefour en
point d’arrivée ; ne réussissant pas à sortir de la croisée des chemins, il dépose ses
bagages et décrète qu’il a atteint sa destination. C’est finalement l’homme qui ne
sait pas où il va ou plutôt l’homme qui oubli sa première destination lorsqu’il
rencontre une difficulté sur son itinéraire. C’est l’homme qui ne résoud aucun
problème mais qui transforme tous ses problèmes en solutions. Seul le présent
l’intéresse et, à la rigueur, le passé. C’est l’homme fermé à la dimension de
l’avenir, incapable de créer quoi que ce soit. L’on voit aisément de quel côté se
trouve la misère de cet homme. Il lui manque parfois le pain quotidien mais quand
bien même il est assuré de manger à sa faim tous les jours il ne risque pas moins
de demeurer médiocre et sous homme.
Ebénézer Njoh Mouelle, De la médiocrité à l’excellence, Ed. EMC, 1988, p.45.
5-LA MODERNITE
Texte 26: Définition de la modernité
La modernité ne signifie pas rigoureusement progrès ou amélioration. L’actualité d’une
chose n’est pas synonyme de progrès, elle peut même signifier régression sur le plan
axiologique.
Rigoureusement, moderne se dit de ce qui appartient au temps présent ou
à une époque relativement récente. C’est ce qui est actuel et contemporain par
opposition à ce qui est ancien et peut-être dépassée ou démodé. Nous entendons
bien établir une distinction utile entre ce qui est dépassé et ce qui simplement
démodé. Dans le dépassement en effet, on doit pouvoir noter un progrès de
l’ultérieur sur l’antérieur. Une technique est dépassée lorsqu’elle cède la place à
une seconde qui se révèle plus efficace et plus perfectionnée qu’elle. La vieille
faucille est dépassée par la moderne faucheuse mécanique. Par contre, un style
vestimentaire, une manière d’utiliser le temps de loisir peuvent être démodés sans
être véritablement dépassés, c’est-à-dire sans être améliorés. Mieux, un style
vestimentaire ancien peut être remis à la mode sans que personne songe à parler
de régression ; sa modernité demeure par conséquent d’ordre strictement temporel
et n’entraine aucune considération d’ordre axiologique. Ainsi, tout ce qui est
moderne ne représente pas nécessairement un progrès par rapport à l’ancien et au
traditionnel. Le modernisme peut être un progrès sur un point, une régression sur
un autre point.
Ebénézer Njoh Mouelle, De la médiocrité à l’excellence, Ed. EMC, 1988, P.46.
170
la modernisation de l’Afrique ? Un des aspects du modernisme que nous
évoquerions tout de suite s’appelle constitution des nations, résorption des hordes,
clans et tribus. Le phénomène-nation est en effet un phénomène moderne dans le
double sens de l’actualité et de l’amélioration. Une nation, tout comme un clan ou
une tribu, ne manque pas d’avoir ses égoïsmes de groupe. Solidarité nationale et
conscience nationale en sont par conséquent rien d’autre que des manifestations
de positions particularistes et égoïstes. Egoïsmes légitimes, hâtons-nous de le dire.
Mais quel sens la solidarité nationale est-elle un progrès sur la solidarité clanique
ou tribale ? Pourquoi aujourd’hui lutter contre l’esprit clanique et le tribalisme ?
Il ne suffirait pas de dire, en guise de réponse, que c’est pour favoriser la naissance
de véritables nations. Il faut établir de façon indiscutable que la constitution des
nations représente un gain, un progrès par rapport à une tradition clanique et
tribale. En effet, l’objectif-nation ne saurait être une fin en soi, une valeur absolue,
mais un instrument tout relatif au service d’une cause humaine : l’organisation de
la vie des hommes dans un cadre qui permette l’épanouissement et le mieux-être
de tous. Le clan et la tribu pouvaient aussi se vouloir de tels cadres. Mais, en vue
de l’organisation au mieux du bien-être de l’homme, le cadre du clan et de la tribu
est un instrument aujourd’hui dépassé. L’économie moderne, inconciliable avec
toutes formes d’autarcie, exige un espace bien plus vaste que celui de la tribu. La
modernité ici est celle des grands ensembles économiques. C’est pourquoi les
nations africaines elles-mêmes se révèlent des cadres fort insuffisants en regard
des nécessités du développement et que l’unité africaine apparaît alors comme un
impératif majeur du développement. En effet, l’unité africaine n’est pas une fin
en soi ; elle doit être recherchée en tant qu’instrument et comme moyen en vue du
développement rapide et efficace de toutes les régions d’Afrique. On voit par là
combien dérisoire est l’organisation clanique ou tribale et la conscience qui les
accompagne.
Ebénézer Njoh Mouelle, De la médiocrité à l’excellence, Ed. EMC, 1988, pp.52-53
172
6-BIEN-ETRE ET BONHEUR
176
Texte 37 : Le véritable bonheur
L’humanité d’Adam et Eve est problématique dans la mesure où ils étaient
dépourvus de conscience. Par ce fait, ils n’ont pu être heureux car le bonheur
implique la conscience de l’état. Ainsi, le jardin d’Eden chrétien, le Nirvana
hindous et toutes les idées de paradis conçues comme éternité de jouissance ne
sont que des chimères qui plongent l’individu dans l’illusion.
Le mythe biblique du paradis d’Eden permet de mieux comprendre ce qui
précède. Adam et Eve sont présentés, avant la chute comme des êtres heureux ou
« bon heureux » vivant en paradis ; mais qu’en savaient-ils eux-mêmes ?
Absolument rien, puisqu’il a fallu qu’ils transgressent le commandement divin,
en mangeant du fruit de la science pour prendre conscience d’eux-mêmes ; en
d’autres termes, l’homme n’a accédé à la conscience et à la science qu’en rompant
avec la monotonie d’une pseudo-félicité inhumaine. On nous aurait dit pourtant
qu’ils étaient heureux dans la situation précédant le péché. Etrange bonheur que
celui qui s’ignore ! Adam et Eve n’ont pu connaître aucun bonheur. On peut même
se demander s’ils étaient des humains comme nous. Si oui, ils furent des êtres
forts misérables avant la chute car, pour l’homme véritable, il n’y a pas de misère
plus grande que l’inconscience et l’ignorance absolue. Il y aurait une curieuse
ironie de la part de l’homme d’après la chute à vouloir retourner dans cette espèce
de Nirvâna qu’on vécut ses ancêtres bibliques. Le bonheur paradisiaque, s’il
existait ne serait en effet pas différent du Nirvâna des hindous. L’illusion des
chrétiens consiste à présenter le paradis comme différent du néant. Le bonheur
humain est inséparable de la conscience explicite du bonheur ; comment un
bonheur inconnu, un bonheur vécu, mais ignoré pourrait-il encore être un bonheur
? Le bonheur est la conscience vécue et effective, mais il est aussi conscience
pour soi que l’on prend de l’accord de soi-même avec l’ordre du monde.
Ebénézer Njoh Mouelle, De la médiocrité à l’excellence, Ed. EMC, 1988, pp.79-80.
7-LIBERTE ET LIBERATION
Texte 39 : la pseudo-liberté
La liberté ne signifie pas l’absence d’obstacles. La liberté ainsi conçue est une liberté
négative, c’est une liberté-chose, une liberté consommation. A cette conception
médiocre de la liberté qui est propre au sous-développement s’oppose une conception
excellente de la liberté propre au développement : La liberté, la véritable, est une quête
permanente, elle n’est jamais acquise définitivement. C’est une liberté- action, une
liberté production.
Mais le problème est de savoir où se situe véritablement la liberté : dans
l’action de supprimer l’entrave ou plutôt dans la jouissance de la facilité qui naît
postérieurement à l’action de réduire l’entrave, en d’autres termes, suis-je libre
quand je m’engage dans la réduction d’un ordre contraignant donné ou plutôt dans
le moment de repos qui succède à l’effort victorieux de réduction des contraintes ?
Toute liberté dont on veut jouir dans l’absence de contrainte et par conséquent de
l’effort n’est pas qualitativement différentes de celle qu’aurait métaphoriquement
un corps quelconque tombant en chute dite justement libre dans un vide
d’obstacles et de résistance ! C’est une liberté négative qui veut être,
définitivement être soi au lieu que la vraie liberté est toujours en devenir. C’est
une liberté qui aspire à se loger, à se cloisonner, pour ainsi dire, dans le vide d’une
résistance antérieurement supprimée ou simplement inexistante. Or la vraie liberté
178
ne se laisse point figer ni séquestrer. La liberté conçue comme absence d’entraves
est ce que nous appellerions une liberté-chose par opposition à la liberté-action,
une liberté-consommation par opposition à la liberté-production. L’action de
supprimer l’obstacle lui devient une condition de possibilité et non une
caractéristique essentielle. C’est la pseudo-liberté qu’on octroie et vous ne gagnez
pas.
Ebénézer Njoh Mouelle, De la médiocrité à l’excellence, Ed. EMC, 1988, pp.87-88.
Texte 40 : La liberté
La liberté se conquiert dans l’action libératrice permanente. Elle n’est pas la fin
mais un incessant recommencement.
La liberté, en effet ne saurait être un luxe, un couronnement pour
l’action de l’homme ; elle est tout entière dans l’action qu’elle aspire, engagée
dans une histoire à rebondissements multiples. La vouloir rassemblée à un
moment quelconque, c’est vouloir identiquement la fin de l’histoire mais la fin de
cette même liberté. Il n’y a pas de liberté qu’on puisse gagner définitivement, et
la vraie liberté, selon nous n’est pas à escompter à un terminus quelconque, la
vraie liberté s’éprouve et se prouve dans l’action libératrice concrète. Et l’on passe
d’une action libératrice à une autre action libératrice, indéfinitivement, sans qu’on
puisse prétendre, à aucun moment, avoir résolu toutes les aliénations ni satisfait à
toutes les aspirations qui sont toujours des incitations à créer, toutes les
insatisfactions provenant des besoins et idéaux non comblés.
Ebénézer Njoh Mouelle, De la médiocrité à l’excellence, Ed. EMC, 1988, p.94.
180
La liberté n’est donc pas un programme qu’on puisse envisager de réaliser ;
mais elle permet de réaliser des programmes. Nous voulons dire que la liberté
n’est ni derrière nous, ni devant nous au titre d’une chose que nous devons
posséder, car alors elle serait une nature, ce qui est contradictoire. La liberté c’est
plus exactement la libération. Nous sommes attelés à une tâche de libération
perpétuelle. La liberté c’est l’effort permanent par lequel l’homme se hisse
perpétuellement au-dessus de la nature et de lui-même, pour, inlassablement,
témoigner en faveur de la vie au détriment des forces destructives de la mort. Ce
qui existe, c’est la vie et l’anti-vie. La liberté est au service de la vie mais elle ne
se donne pas à récupérer à une fin quelconque de l’histoire de l’histoire de cette
vie. Nous pourrions même ajouter que si par victoire définitive sur l’anti-vie,
c’est-à-dire sur la mort, elle ne deviendrait pas moins une forme de mort de
l’homme. C’est pourquoi nous pourquoi nous disons que la liberté de l’homme
est plus exactement dans les meilleurs cas, une libération perpétuelle ; on doit
renouveler sa liberté tous les jours comme on ferait pour une foi quelconque.
Seules nos œuvres quotidiennes de libération parleront de notre liberté. Ici aussi,
et comme pour la foi, nombreux sont ceux qui s’imaginent libres et qui sont en
réalité des esclaves qui s’ignorent. Un tel sort de prison et se dit libre enfin ! Mais
il n’a plus d’emploi, donc de ressources pour sa subsistance quotidienne. Il n’est
pas libre ; car cette situation de pauvreté et de dénuement réduit ses capacités
d’épanouissement, il sera l’esclave du pain quotidien aussi longtemps que son
ventre affamé ne lui laissera pas le loisir de s’occuper d’autre chose.
Ebénézer Njoh Mouelle, De la médiocrité à l’excellence, Ed. EMC, 1988, pp.107-108.
8- CULTURE ET DEVELOPPEMENT
182
Texte 46 : La religion comme obstacle à la liberté
La religion est inapte à la libération de l’homme, elle consacre plutôt
l’assujettissement de celui-ci à un ordre irrationnel. La religion aliène l’homme
bien plus qu’elle ne le libère.
Telle est la spiritualité de la religion, la vie intérieure et la contemplation
accompagnées de l’arrière-pensée d’une vie extérieure et de l’action. Sans
contredit, en se livrant à une telle pseudo-vie intérieure, l’homme s’aliène bien
plus qu’il ne se libère. Il s’aliène d’abord en ceci qui a été déjà dit par d’autres :
il se dépossède de son pouvoir et surtout de sa responsabilité au profit d’êtres
imaginaires. A quoi sert-il de danser Dieu, de chanter, de louer, de célébrer Dieu,
comportements considérés comme hautement spirituels, si cela ne doit aboutir
qu’à nous pousser dans l’abandon de nous-même à l’irrationnel au moment précis
où il faut résoudre les problèmes de la vie quotidienne ? Car finalement, il nous
est clairement apparu que la spiritualité religieuse, bien loin de se désintéresser de
la matérialité, manifeste au contraire un attachement à peine voilé à la vie et au
monde ; la béatitude paradisiaque n’étant que la projection dans l’au-delà de
l’image améliorée de la vie terrestre. Les pratiques religieuses elles-mêmes, celles
du catholicisme tout comme celles des religions africaines, dans la mesure où elles
entraînent l’homme dans une indéfinie auto-répétition finissent par mécaniser la
spiritualité et à vider bien des gestes de leur signification. (…) Ce n’est pas avec
la religion, strictement parlant que nous pouvons espérer limiter les effets
aliénateurs de la modernisation car l’esprit de religion étouffe en l’homme les
meilleures dispositions à la créativité à cause justement de la soumission qui la
caractérise. L’esprit de religion est en effet un esprit de soumission à l’irrationnel
et à l’ordre qu’on croit émaner d’un être qui nous surpasse en toutes choses et qui
cumule toutes les perfections dont nous rêvons. Or il faut à l’homme un peu plus
d’initiative créatrice pour pouvoir envisager avec optimisme de faire échec aux
diverses formes d’aliénation que lui présente en perspective la société devant
sortir de la bataille du développement. La religion ne nous donnera pas ce
supplément nécessaire d’initiative créatrice, c’est-à-dire, au fond, de liberté.
Ebénézer Njoh Mouelle, De la médiocrité à l’excellence, Ed. EMC, 1988, pp.122-123.
Texte 48 : L’artiste
L’artiste produit des œuvres uniques plutôt que génériques, sa production découle de
son imagination. Avec l’art, la qualité domine sur la qualité, l’être sur l’avoir.
L’artiste est en symbiose avec sa création qui est l’expression de sa liberté.
Considérons, non pas l’art en général, mais l’artiste. C’est un producteur, si
on veut au même titre que l’ouvrier des usines, l’ingénieur ou le cultivateur. Il
produit des œuvres palpables. Mais il existe une grosse différence entre le
producteur du circuit économique et lui-même. Tandis que le premier produit
selon des canons plus ou moins déterminés, lui produit des œuvres originales.
Tandis que la production du premier se donne à répéter, sa production n’offre
aucune prise à la répétition. L’artiste cumule la conception et l’exécution séparées
ailleurs. Il y a un aspect aliénateur de l’activité économique déjà souligné par
nous et qu’on ne retrouve pas dans l’activité l’artistique. ; C’est non seulement
l’aspect par où le producteur est séparé de son produit et ne participe qu’à la phase
d’exécution de la production, mais encore l’aspect par où il se laisse fasciner par
la quantitativité de son produit qui s’érige ainsi en finalité dernière de la
production. Le produit, séparé de l’idée qui lui a donné le jour se transforme lui-
même en fin de soi. La confusion qui se produit alors est celle qui transforme des
objets-réponses aux besoins des hommes en des sortes d’idées concrètes et
contradictoires les unes des autres devenues elles-mêmes de nouveaux points de
départ, de nouvelles origines pour des besoins nouveaux et paradoxaux. Cela se
184
passe dans le domaine d’une finalité : satisfaire le besoin fondamental de sécurité
afin que sur cette sécurité garantie puisse se construire une existence réellement
libre de l’homme.
Ebénézer Njoh Mouelle, De la médiocrité à l’excellence, Ed. EMC, 1988, p.124.
9- L’EXCELLENCE
Texte 51: L’homme excellent
L’homme excellent est un homme d’action, il brille par son pragmatisme en joignant
la parole aux actes. Son action est orientée vers la promotion du groupe car il est
conscient de la communauté de destin qu’il a vis-à-vis du groupe.
L’homme véritable, l’excellence, c’est celui qui ne balance pas entre être
spectateur et être créateur, il choisit d’être acteur ; c’est celui qui ne se contente
pas de vaines paroles mais qui agit immédiatement sa parole à la fois intime et
publique, laissant le soin à d’autres d’expliquer cette parole déjà inscrite par lui
186
dans des œuvres. Voilà le type d’homme que le développement devrait
promouvoir. C’est l’homme qui comprend que le salut des autres dépend de son
propre salut et réciproquement. La compréhension de cette solidarité sur le plan
de l’humain lui prescrit une attitude et lui dicte un devoir : l’attitude qui lui est
prescrite est celle de l’homme de l’action ; qu’il agisse bien plus qu’il n’accepte
de subir ; qu’il aille au-devant des évènements, les prévienne et les prenne en
charge à défaut de les occasionner librement bien plus qu’il ne se laisse balloter
de surprise en surprise par les évènements. Le devoir qui lui est dicté est celui
d’aider à l’épanouissement de l’excellence en tout homme ; c’est le devoir de
responsabilité dont nous avons déjà parlé.
Ebénézer Njoh Mouelle, De la médiocrité à l’excellence, Ed. EMC, 1988, pp.143-144.
Texte 53 : Le sous-développement
Le véritable sous-développement est celui de l’être. L’ignorance, la superstition sont
ses différentes expressions. L’être sous-développé est un être passif, il est assujetti et
subit son histoire plutôt qu’il ne l’a fait. Son référent est l’accumulation des biens
matériels. L’avoir pour lui est plus essentiel que l’être d’où sa médiocrité.
Le point de vue matériel a détourné l’attention des hommes jusqu’au point
de leur faire voir dans le sous-développement une situation qui se définirait
exclusivement par privations. Dans cette optique, tout se passait comme si le sous-
développement n’était que sous-développement de l’avoir et jamais de l’être. Ce
qui est évidemment une erreur, disons une grave illusion d’optique. Si le
développement doit être au service de l’homme c’est en tant que celui-ci est
d’abord un être distinct de son avoir. Le sous-développement de l’avoir n’est pas
essentiel ; le véritable sous-développement est celui de l’être en tant que tel. Un
être sous-développé n’est pas un être qui n’a pas ceci, qui n’a pas cela, qui manque
de ceci, qui est privé de cela…, un être sous-développé est d’abord un être en
quelque sorte atrophié. Vivre dans l’ignorance, la superstition sous toutes ses
formes, la crainte d’un univers déifié et investi de puissances terrifiantes, vivre
dans la résignation, élément passif d’une histoire qui vous fait bien plus que vous
ne la faites, qu’est-ce d’autre sinon se montré atrophié dans son être ? il ne s’agit
pas pour nous de contester l’importance de l’avoir dans l’entreprise
d’épanouissement personnel de tout être, mais simplement d’inviter à effectuer
un déplacement d’accent, un renversement des positions : ce n’est pas l’être qui
doit être subordonné à l’avoir mais exactement le contraire.
Ebénézer Njoh Mouelle, De la médiocrité à l’excellence, Ed. EMC, 1988, p.150.
Texte 54 : La médiocrité
La médiocrité n’est pas le propre des pays dit sous-développés mais également il
existe aussi dans les pays développés. Elle célèbre l’avoir, le bonheur et la facilité
qui, loin d’épanouir l’homme l’entraine vers sa fin.
C’est ainsi qu’il existe de nombreux médiocres qui s’ignorent non
seulement dans nos pays officiellement sous-développés mais aussi et en
proportions importantes dans les pays officiellement développés. Les pseudo-
valeurs de la médiocrité sont l’avoir, le bonheur, la facilité. Nous avons tenté de
188
montrer en quel sens il était anti-humain ou non-humain de rechercher à travers
le développement et précisément au terme du développement, l’accès dans une
espèce de régime de la facilité et d’un bonheur définitif qui soit félicité ou
béatitude. Le bonheur imaginé comme la situation dans laquelle l’homme serait
définitivement dispensé de tout effort, où tout tournerait en rond dans la lassitude
et la monotonie finalement inconscientes de la consommation coupée de la
nécessité de produire est simplement l’image d’une mort certaine de l’homme. Le
bonheur ainsi conçu figurerait la fin de l’homme.
Ebénézer Njoh Mouelle, De la médiocrité à l’excellence, Ed. EMC, 1988, p.151.
Texte 55 : La liberté
La liberté est ambivalente dans la mesure où elle peut être une pseudo valeur de la
médiocrité ou une valeur de l’excellence. Dans son aspect médiocre, elle est une fin, un
état statique qu’on accède au terme d’un cheminement. Dans son aspect excellent, elle
est une libération permanente.
La liberté ! Une autre valeur que nous avons longuement examinée tout au
long de cet essai. Elle nous est également apparue tantôt comme une pseudo-
valeur du médiocre, tantôt comme une véritable valeur de l’homme excellent.
Valeur du médiocre la liberté l’est en effet quand on l’envisage comme pouvant
être acquise une fois pour toutes à un point de convergence où toutes les pseudo-
valeurs se donneraient rendez-vous : (bonheur, béatitude, justice, jouissance
perpétuelle, etc…). Mais lorsqu’elle est plutôt envisagée comme une libération
perpétuelle, la liberté redevient une vraie valeur de l’excellence ; elle est alors tout
à la fois moyen et fin de la réalisation de l’homme. L’homme est apte à la liberté,
il n’est jamais définitivement libre, il se libère indéfinitivement. On ne peut donc
pas attendre du développement qu’il organise pour l’homme le règne de la liberté,
car finalement le développement dans son ensemble se ramène au processus
indéfini de libération lui-même.
Ebénézer Njoh Mouelle, De la médiocrité à l’excellence, Ed. EMC, 1988, p.152.
190
SESSION 2009
SUJET I : Peut-on accéder au pouvoir par la violence ?
Reformulation du sujet
Entendu que la violence est par essence immorale, faut-il encore s’en servir pour
accéder au pouvoir ?
Problème : La légitimité du pouvoir acquis par la violence ou le meilleur moyen
d’accéder au pouvoir.
Problématique : Quelle est la meilleure manière d’accéder au pouvoir? Un
pouvoir acquis par la violence n’est-il pas illégitime et essentiellement instable?
Pour celui qui ne se préoccupe pas de l’éternité et s’en tient au devenir historique
comme unique théâtre de l’action humaine, la liberté ne saurait résider dans
l’enchainement à quelque Dieu, Etre ou grand Tout. La liberté réside d’abord dans
la possibilité de se détacher en tant que chaînon, de la chaîne totale pour, en
second lieu, revenir, après avoir contemplé la chaîne totale (au sens platonicien
192
du terme, c’est-à-dire après avoir accédé au vrai) effectuer un nouvel
arrangement de la chaîne conforme au sens qu’on veut lui donner. La liberté
comporte deux aspects fondamentaux devant nécessairement être associés dans
l’histoire de la pensée ; ce sont, premièrement cette possibilité de détachement, la
suspension du jugement comme dorait Descartes, la négation comme dirait Hegel
ou Sartre ; deuxièmement, l’activité de transformation du réel, l’information du
réel c’est-à-dire l’insertion de la forme ou de l’idée dans le réel et qui est
proprement créatrice.
A- Introduction
Thème : La liberté.
Problème : Nature et caractéristique de la liberté.
Thèse : La liberté consiste à l’affirmation de son indépendance vis-à-vis de
l’Absolu ou du tout mais encore elle est action c’est-à-dire la transformation du
réel.
Problématique : N’existe-t-il pas d’autres conception de la liberté,
l’indépendance vis-à-vis du tout ne comporte-t-elle pas des risques ? Cette
conception de liberté n’est-elle pas purement matérialiste ?
B-Développement
Explication Analytique
Le texte comporte deux articulations
1- La négation de l’idée de liberté comme dépendance à Dieu ou au groupe
- L’enchainement à Dieu par la religion s’oppose à la liberté
- La liberté comme possibilité de choisir et comme affranchissement
2- Les caractéristiques fondamentales de la liberté
-La liberté comme doute et remise en question (Hegel, Descartes)
- la liberté comme activité créatrice
Réfutation
La thèse d’Ebenezer est reflète en quelque sorte son matérialisme en effet, une
telle conception de la liberté exige au préalable qu’on ne se préoccupe pas de
l’Eternité hors l’homme croit à une existence après la mort.
De plus la croyance à Dieu n’est pas toujours contre la liberté. Rousseau nous
montre en effet que l’homme peut délibérément s’octroyer lui-même des lois et
y obéir.
Réinterprétation :
Les dangers de la religiosité et l’activité créatrice comme affirmation de la
liberté.
La violence est l’usage de la force en vue d’amener autrui à agir contre son gré.
Elle est une contrainte exercée sur la volonté d’un individu ou d’un groupe. Ainsi
définie, elle apparaît comme la négation de tout ce qui est humain : la liberté, la
moralité, la rationalité et le respect dû à l’autre. A priori, la violence est donc
inhumaine, immorale et irrationnelle.
Or dans l’histoire, des peuples ont dû recourir à la violence pour conquérir leur
liberté, leur indépendance. Et, certains philosophes ont légitimé son usage en lui
conférant un rôle déterminant dans la marche de l’humanité.
III- PROBLEMATIQUE
Il se pose dès lors la question de savoir quel crédit faut-il accorder à ces thèses
qui font l’apologie de la violence ? Autrement dit, y a-t- il des violences
légitimes ?
Elle est inhérente à la nature, à la vie. L’être vivant pour survivre et s’affirmer
dans un contexte essentiellement violent est obligé d’en faire usage.
194
D’après Karl Marx, la violence a un rôle déterminant dans l’histoire, elle en est
le moteur. L’histoire est essentiellement lutte des classes : chaque époque est
dominée par une classe qui maintient les autres sous son joug et qui ne peut être
renversée que par une lutte violente.
2- La stérilité de la violence
En usant de la violence politique, le prince n’est pas sûr de consolider son pouvoir
car à tout moment, le rapport de force peut basculer en faveur du camp adverse.
Cf. : Rousseau « le plus fort n’est jamais assez fort pour être toujours le
maître… »
SYNTHESE
Les sociétés humaines doivent être gouvernées selon les principes et les exigences
de la raison (le dialogue, le débat, la communication…). Cicéron « la raison et
la parole unissent les hommes entre eux ».
2- La violence ne doit intervenir dès lors que lorsque les moyens humains et
légaux ont été épuisés.
196
II- PROBLEME PHILOSOPHIQUE
III- PROBLEMATIQUE :
- L’élève qui prépare un examen ne va pas s’attacher à réviser ses leçons, mais va
plutôt consulter un charlatan pour obtenir le stylo miraculeux.
SYNTHESE :
2- Toutefois, l’aspect matériel n’est pas moins important en tant que l’homme est
corps et esprit.
I- COMPREHENSION DU TEXTE
Thème : L’ethnophilosophie.
Thèse : La méthode ethnophilosophique est une voie de facilité qui ignore les
exigences scientifiques de l’ethnologie et de la philosophie.
- Technique d’enquête
- Interview et études statistiques
- Collecte des données
- Inconsistance des documents établis
IV- REINTERPRETATION
b) La démocratie comme régime des libertés et des droits des citoyens : d’opinion,
d’expression, de conscience, d’association, droit de vote, etc. cf. Alexis de
Tocqueville, De la démocratie en Amérique.
- Analyse : Le déterminisme pose que tout ce qui se produit dans la nature est
déterminé par des causes que la science a pour tâche de découvrir et d’expliquer
par les lois. Autrement dit, tout effet a une cause, de sorte que, connaissant la
cause on peut prévoir l’effet. Le déterminisme est la condition sine qua non de la
science car il exclut l’idée du hasard ou d’arbitraire.
202
Or, dans la nature, il existe des phénomènes que la science ne parvient
pas à expliquer, et à prévoir. De même, un bon nombre de phénomènes sociaux
échappent au déterminisme scientifique.
- Problématique : N’y a-t-il pas dans la nature et dans la vie des hommes des
phénomènes qui échappent au déterminisme, c’est-à-dire à l’explication et à la
prévisibilité ?
PLAN POSSIBLE
2- L’idée d’un ordre dans la nature qui garantit la régulation des phénomènes.
L’univers est gouverné par les lois mathématiques. Galilée : « l’univers est écrit
en langage mathématique ».
3- Cela garantit la précision et l’anticipation : les mêmes causes dans les mêmes
conditions produisent les mêmes effets. Auguste Comte : « Science d’où action,
action d’où prévoyance ».
4- La recherche des causes et des liens entre les phénomènes est le principe
directeur de la connaissance, de l’activité scientifique. Claude Bernard : « Le
déterminisme est le principe absolu de la science ».
Sujet III :
Dégagez l’intérêt philosophique du texte suivant à partir de son étude
ordonnée
I- COMPREHENSION DU TEXTE
204
Thème : La philosophie.
IV- REINTERPRETATION
206
Les actes inconscients sont contre la volonté de l’homme
La responsabilité est une conséquence de la liberté, l’inconscient est
incompatible à la liberté
Citations :
Freud : « le moi n’est pas maître dans sa propre maison » ; « la conscience règne
mais ne gouverne pas »
Roger Ebacher : « L’inconscient agit en nous sans nous et malgré nous »
Transition : Bien que l’homme soit également un être mû par l’inconscient, ne
peut-il pas être libre ?
Citation :
Clemenceau : « Si j’avais une province française à punir, je la ferais gouverner
par un philosophe »
Transition : Le philosophe n’est pas toujours apte à diriger, mais que serait
véritablement son rôle dans la société ?
208
mais l’humain comme valeur qui devrait servir de référence dans la bataille du
développement.
E. NJOH MOUELLE, De la médiocrité à l’excellence, clé, p.78
A- Introduction
Thème : Le développement
Problème : Le critère du développement
Thèse : C’est l’homme et non la modernité qui est la référence de tout
développement. La véritable modernité doit tenir compte du bien-être de
l’homme.
Problématique : la modernité est-elle toujours négative ?
B- Développement
Explication analytique
Le texte est divisé en deux articulations
a- La véritable modernité
- La véritable modernité n’est pas d’ordre chronologique mais qualitatif c’est-à-
dire l’idée de modernité doit signifier amélioration
- La modernité n’est pas une fin en soi mais un moyen de développement. La
modernité est un passage d’une étape à une autre.
b- L’homme comme valeur de tout développement
- La modernité d’aujourd’hui s’éloigne de l’homme
- L’homme comme référentiel à tout développement
Transition : Certes la modernité ne correspond pas toujours
Réfutation
L’auteur semble avoir une conception de la modernité dans la mesure où il la
présente dans son unique aspect négatif. Il existe des aspects positifs de la
modernité en termes d’amélioration qualitative de la vie des hommes. De plus il
n’est pas exclu que la modernité apporte un confort matériel non négligeable à
l’homme.
Réinterprétation
L’auteur nous éclaire sur une conception de la modernité en nous rappelant que la
modernité n’est pas synonyme d’amélioration. Ce qui est ancien peut être meilleur
que ce qui est nouveau ou actuel. L’homme doit être le référentiel de tout
développement et non simplement l’aspect matériel.
SESSION 2012
d- Aussi vrai qu’il existe des lois injustes, n’y a-t-il pas lieu de penser que la vraie
morale est conditionnée par le dépassement des intérêts sociaux ?
210
Argument 1 : Nombre de théoriciens soutiennent le primat de la moralité
objective ou sociale sur la conscience morale individuelle, l’individu étant le
relatif par rapport auquel la société est l’absolu.
Auteur : Auguste Compte : l’individu n’a pas de droits, il n’a que de devoirs.
Cf. Cours de philosophie positive.
Argument 2 : L’homme par nature est un être immoral et ne doit sa moralité qu’à
la société.
Argument 3 : Il est bien difficile de juger à partir de la conscience morale qui est
subjective voire relative : d’où l’imposition des normes sociales. On ne discute
pas les lois sociales. Cf. la sagesse latine : « Dura lex, sed lex » (la loi est dure
mais c’est la loi).
Spinoza pense que les lois sont bonnes pas parce que nous les trouvons bonnes,
mais parce que la société les juge bonnes. D’où la nécessité de les respecter.
THESE 2 : Les lois sociales à elles seules ne sauraient exprimer l’idéal moral :
elles n’en représentent qu’un aspect.
Argument 2 : Les lois sociales sont parfois injustes et immorales, elles incitent à
la révolte au nom d’une moralité supérieure ou transcendante.
SYNTHESE
L’homme est doublement déterminé au plan moral. Il est d’une part soumis aux
obligations sociales, d’autre part, il est capable de s’auto déterminé en vertu de la
conscience morale ou de la raison.
CONCLUSION
- Rappel du problème
- Solution : L’obligation sociale est une contrainte morale collective qui participe
à l’essor du vivre ensemble et à la promotion des valeurs. Néanmoins, elle ne
subsume pas toute la moralité et mérite d’être fécondée par la conscience morale.
1- Explication de la thèse
212
2- Problème du sujet
3- Problématique
Est-il légitime de penser avec Karl Marx que le véritable bonheur du peuple
passe nécessairement par l’exclusion / le rejet de la religion comme
promesse d’une félicité fictive et mensongère ?
Les hommes ne peuvent-ils mener une vie heureuse que s’ils se détournent
de la religion ?
Faut-il conclure que la religion ne revêt aucune importance pour l’homme ?
Pourrait-on imaginer une société paisible sans cette adhésion de l’homme
à la divinité ?
- Freud. Pour lui, les idées religieuses maintiennent l’homme dans un état
infantile et entravent son développement comme être rationnel. Elles sont des
L’une est relationnelle et engendre des peurs puériles et des pratiques aliénantes,
alors que l’autre peut être fondée en raison, d’après Descartes et Spinoza. Et pour
Kant, « la religion sans conscience morale est un culte superstitieux ».
- C’est par elle que se réalise ce que Ferdinand Alquier a appelé « le désir de
l’éternité ».
SYNTHESE
CONCLUSION :
214
Rappel du problème
Solution : La religion peut être aliénante lorsque la foi qu’elle génère est
aveugle et non réfléchie.
I- COMPREHENSION DU TEXTE
2- Thème : La tâche, le rôle que l’Afrique doit assumer ou jouer pour son
émergence.
2e mouvement : Le recours du passé pour le nier en tant qu’il est la cause de notre
assujettissement actuel.
III- REFUTATION
b- Nier son identité, n’est-ce pas un génocide culturel ? N’est-ce pas substituer
une aliénation à une autre pouvant aboutir à la dépersonnalisation ou à la perte
d’identité dénoncée par Njoh-Mouelle dans De la médiocrité à l’excellence.
216
c- En invitant l’Africain à se nier pour devenir l’autre, l’auteur ne développe-t-il
pas un complexe d’occidentalisation sous fond d’afropessimisme ?
IV- REINTERPRETATION
Citations :
1. Karl Jaspers : « L'on ne peut pas se passer de la philosophie. La seule
question qui se pose est celle de savoir si elle est consciente ou non. »
2. Karl Jaspers : « Ne pas philosopher c’est être réduit à l'animalité. »
3. Karl Marx : « La philosophie n'est pas extérieure au monde. »
4. Karl Jaspers : « Faire la philosophie c’est être en route » ;
Transition : La philosophie est une activité essentielle pour l’homme malgré les
incertitudes auxquelles elle aboutit, il convient d’évaluer la fonction véritable du
doute en philosophie.
218
SUJET II : Que pensez-vous de cette affirmation de Jean-Paul
Sartre : « Il n’y a pas de nature humaine puisqu’il n’y a pas de dieu
pour la concevoir » ?
Reformulation : L’homme n’a pas de nature car il n’y a pas de dieu. En d’autres
termes Sartre soutient un existentialisme athée.
Problème : L’existence d’une nature humaine
Problématique : L’homme est-il un être en devenir ou déterminé ? Qu’est-ce que
l’homme ?
Citations :
1. Monod dans Hasard et nécessité affirme l’existence du code génétique
2. Freud : « le moi n’est pas maître dans sa propre maison »
Citations :
1. Clément Rosset : « il ne faut pas compter sur la philosophie pour trouver
des raisons de vivre »
2. Clémenceau : « si j’avais une province française à punir, je la ferai
gouverner par un philosophe »
220
Transition : La philosophie a une grande est une activité essentielle pour
l’homme malgré les incertitudes auxquelles elle aboutit, il convient d’évaluer la
fonction véritable du doute en philosophie.
Citations :
1. Otto Von Bismarck : « La force créer le droit »
2. Lafontaine : « La raison du plus fort est toujours la meilleure »
3. Karl Marx : « Le droit exprime la force en ce sens qu’il n’est que
l’expression de la classe dominante dont il traduit la volonté »
Transition : La force semble garantir n certains droit, cependant n’est-il pas
dangereux de fonder le droit sur la force ?
Citations :
Rousseau : « Le plus fort n’est jamais assez fort pour le demeurer » ou « Force
ne fait pas droit (…) On est obligé de n’obéir qu’aux puissances légitimes »
INTRODUCTION
Thème : La révolution
Problème : La finalité de la révolution
Thèse : La révolution a pour finalité la promotion de l’autonomie et de l’humanité
c’est-à-dire la liberté et les valeurs morales, la rupture avec le passé ne constitue
qu’une étape.
Problématique : Toute révolution ne peut-elle que se faire qu’en rupture avec le
passé ? Le passé est-il toujours un obstacle à la révolution ?
222
DEVELOPPEMENT
Explication Analytique : Le texte comporte deux articulations
a- La révolution comme libération du passé
- La dénonciation du culte de la différence qui veut pérenniser le passé
(ethnophilosophie et négritude)
-La révolution comme dépassement et non abolition du passé
b- La révolution comme promotion de la liberté et de l’humanité
- La révolution comme évaluation critique du passé
- La révolution comme promotion de la liberté à travers la création et l’innovation
Transition : Le passé est-il toujours un obstacle à la révolution ?
Réfutation :
Le passé dans l’élaboration de l’être au monde des africains selon Ebénezer Njoh
Mouelle
Le passé à travers la tradition orale (mythe, proverbe) peut servir de base à la
philosophie)
Transition : Au-delà des limites soulignées ci-dessus, le texte ne garde-t-il pas sa
valeur.
Réinterprétation :
224
Argument 3 : Il y a un éveil d’une conscience positiviste et optimiste de la
science. Chez Ernest Renan, « la science seule fournit le fond de réalité
nécessaire à la vie ».
A-Compréhension du sujet
Argument 1 : La mort crée un vide dans la société, elle nous sépare brusquement
des êtres qui nous sont chers.
Argument 2 : La mort est inscrite génétiquement chez l’être vivant dans la
mesure où tout organisme vivant grandit, vieillit et meurt. La mort est donc une
certitude qui intervient à tout moment de l’existence d’où son caractère à la fois
tragique et inéluctable
Argument 3 : La mort met un terme à toutes perspectives, elle est une
néantisation de l’être.
Citations :
1. Louis Vincent Thomas : « Rien n'est immortel. Tous les êtres vivants, mais
aussi les objets, les sociétés, les systèmes culturels sont promis à une
disparition inéluctable. »
226
2. Paul Valéry : « La mort est une surprise que fait l'inconcevable au
concevable. »
3. Duc De La Rochefoucauld : « Rien ne prouve davantage combien la mort
est redoutable que la peine que les philosophes se donnent pour persuadés
qu'on la doit mépriser. »
Transition : La mort est certes un évènement tragique mais n’a-t-elle pas un
impact positif dans l’existence ?
228
Troisième articulation : L’auteur établit enfin que l’homme médiocre est un
homme superficiel, adepte de la liberté facile et ennemie de ce qu’il appelle « la
liberté difficultueuse ». Il manque de génie créateur.
Transition : L’auteur ne prône-t-il pas un idéalisme radical qui ne tient pas des
réalités existentielles ?
B- REFUTATION :
Le conformisme et la répétition ne sont pas toujours négatifs. L’homme peut
volontairement adopter cette attitude dans le cadre de l’éducation, de la formation.
De plus, chaque milieu possède un ensemble de règles qu’il faut respecter.
Vivre en tenant compte des plaisirs du corps n’est pas un délit, l’auteur semble
pathologiser le corps. Les progrès de l’humanité sont certes spirituels mais
beaucoup plus matériels.
Transition : En dépit des remarques soulignées ci-dessus, le texte ne garde-t-il
pas toute sa pertinence ?
C- REINTERPRETATION :
Le mérite de l’auteur n’est pas de nous prescrire l’excellence, mais surtout de nous
mettre en garde contre les dérives et les pesanteurs d’une existence grégaire
orienté vers des besoins exclusivement charnels. Il nous montre la futilité d’une
existence soumise aux dictats de l’avoir. Le texte reste d’actualité au regard de la
dépravation des mœurs que connais notre société, il nous interpelle à prôner les
valeurs spirituelle. Enfin, l’auteur nous invite à une auto-amélioration.
LA PHILOSOPHIE
La méthode en philosophie
230
complaisance. Pour le philosophe, aucune donnée, aucune idée si
vénérable soit-elle, n’est recevable avant d’être passée au crible de la
pensée critique. »
8. Socrate : « Connais-toi toi-même » ; « Ce que je sais, c’est que je ne sais
rien »
Inutilité de la philosophie
Nécessité de la philosophie
LA PHILOSOPHIE EN AFRIQUE
L’inexistence de la philosophie en Afrique
232
Critique de l’eurocentrisme
Contre l’ethnophilosophie
Pour l’ethnophilosophie
LA CONSCIENCE ET
L’INCONSCIENT
Origine et nature de la conscience
234
DESIRS ET PASSIONS
Valeur négative des passions
PERSONNE ET PERSONNALITE
Valeur de la personne
236
AUTRUI
La reconnaissance d’autrui est possible
LA SOCIETE
La société est naturelle
238
2. Aristote : « La société est une réalité naturelle et l’homme est par nature
un être fait pour vivre en société […] l’homme incapable d’être membre
d’une communauté, est soit une brute soit un Dieu. »
3. Avicenne : « L’être de l’homme tel qu’il a été créé ne peut se maintenir en
vie sans une société. »
4. Auguste Comte : « Une société n'est pas plus décomposable en individus
qu'une droite en points. »
5. Cicéron : « C'est la nature qui nous a liés et associés en vue d'une
commune politique. »
6. Denis Diderot : « L'homme est né pour la société »
7. Henri Bergson : « En vain on essaye de se représenter l'individu dégagé
de toute vie sociale. »
8. Karl Marx : « L'homme est un animal qui ne peut s'isoler qu'en société. »
L’individu et la société
LA MORALE
L’origine de la morale
1. Emile Durkheim : « Chaque peuple a sa morale, qui est détermine par les
conditions dans lesquelles il vit. »
2. Emile Durkheim : « Quand notre conscience parle c'est la société qui
parle en nous. »
3. Jean-Jacques Rousseau : « La conscience morale est l'instinct divin,
l'immortelle et céleste voix »
La morale du sentiment
La morale du devoir
DROIT ET JUSTICE
La relativité de la justice
Le droit de la force
240
3. Baruch Spinoza : « Tout ce qui est possible est permis. »
4. Georg Wilhelm Friedrich Hegel : « La puissance réelle est la seule
mesure du droit. »
5. Jean de La Fontaine : « La raison du plus fort est toujours la meilleur. »
6. Karl Marx : « Le droit exprime la force en ce sens qu'il n'est que
l'expression de la classe dominante dont il traduit la volonté. »
7. Max Stirner : « Le tigre qui m'attaque a le droit, moi aussi qui l'abats j'ai
le droit. »
8. Otto Von Bismarck : « La force crée le droit. »
Critique du droit de la force
1. Blaise pascal : « La justice sans la force est faible, la force sans la justice
est tyrannie ».
2. Jean-Jacques Rousseau : « Force ne fait pas droit... on est obligé de
n'obéir qu'aux puissances légitimes. »
3. Jean-Jacques Rousseau : « Sitôt que c'est la force qui fait le droit, toute
force qui surmonte la première succède à son droit. Qu'est-ce qu'un droit
qui périt quand la force cesse. »
L’ETAT ET LE POUVOIR
LA VIOLENCE
1. Albert Camus : « La société brandit la tête coupée pour que les candidats
au meurtre y lisent leur avenir et reculent. »
2. Héraclite : « Le combat est père et roi de tout. »
3. Joseph Ngoué : « Face à la violence il faut opposer la force de la raison. »
4. Karl Marx : « La violence est l'accouchement de toute veille société qui
en porte une nouvelle dans son flanc. »
5. Paul Ricœur : « Personne ne peut plaider pour la violence sans se
contredire. »
6. Pierre Joseph Proudhon : « La violence est le phénomène le plus profond,
le plus sublime de notre vie morale. »
242
7. Thomas Hobbes : « La violence est dans la main du souverain qui doit
continuer à s'en servir pour maintenir la paix et la cohésion sociale ».
8. Thomas Hobbes : « Les pactes sans les glaives sont que des mots »
LIBERTE ET RESPONSABILITE
La thèse déterministe de la liberté
244
LE PANAFRICANISME
L’importance du panafricanisme
NATURE ET CULTURE
L’existence d’une nature humaine
L’ART
L’art comme copie de la nature
1. Aristote : « L'art n'est pas la représentation d'une chose, mais une belle
représentation de la chose. »
2. Georg Wilhelm Friedrich Hegel : « il est permis de soutenir dès
maintenant que le beau artistique est plus élevé que le beau dans la nature
»
246
3. Georg Wilhelm Friedrich Hegel : « Le beau se manifeste comme une
manifestation sensible de l'idée. »
4. Georg Wilhelm Friedrich Hegel : « L'œuvre d'art ne peut pas se contenter
de n'être qu'une imitation. Ce n'est pas en cela que consiste sa mission. »
5. Georg Wilhelm Friedrich Hegel : « l’œuvre d’art vient de l’esprit et
existe pour l’esprit ».
6. Michel-Ange : « Le beau est la purgation de toute superfluité. »
La valeur de l’art
L’art et la société
1. Adam Smith : « Le travail est la richesse d'une nation, autant que l'or et
l'argent. »
2. Cheikh Hamidou Kane : « Travaillez par nécessité pour faire cesser la
grande douleur du besoin, pour sauvegarder notre dignité et ne pas passer
le temps à quémander. »
3. Emmanuel Mounier : « Tout travail travaille à faire un homme en même
temps qu'une chose. »
4. Friedrich Engels : « Le travail est le chemin de l'autonomie. »
5. Georg Wilhelm Friedrich Hegel : « L'humanité ne peut se réaliser dans
l'histoire que par le travail. »
6. Georges Bataille : « Le travail est la voie de la conscience par laquelle
l'homme est sorti de l'animalité. »
7. Jean Lacroix : « Par le travail, l’homme va rendre familier ce qui était
étranger, donne forme humain à ce qui était uniforme. »
8. Jean Vialatoux : « Le travail a la vertu de libérer l’homme ».
9. Voltaire: « Le travail éloigne de nous trois grands maux : le vice, l'ennui
et le besoin. »
LE DEVELOPPEMENT EN
AFRIQUE
Le sous-développement de l’Afrique
L’ESPACE ET LE TEMPS
1. Alain (Emile Chartier) : «La méditation sur
le temps est la véritable épreuve du philosophe.»
2. Lagneau : « L’espace est la forme de ma puissance ; le temps, la forme de
mon impuissance »
3. Henri Bergson : « Le temps de la conscience, c’est la durée vécue, il n’est
pas le temps abstrait et homogène de l’horloge. »
4. Martin Heidegger : « Dès qu’un homme est né, il est assez vieux pour
mourir ».
5. Miguel Unamuno : « Le temps et l’espace sont nos plus cruels tyrans »
250
LES MATHEMATIQUES
1. Académie : « Nul n’entre ici s’il n’est géomètre. »
2. Bertrand Russell : « Les mathématiques sont la seule
science où l’on ne sait pas de quoi on parle, ni si ce qu’on
dit est vrai. »
3. Ernest Renan : « Les mathématiques, sciences de l’immuable, sont la
science de l’irréel.»
4. Galilée : « La nature est écrite en langage mathématique. »
5. Pythagore : « Tout est nombre. »
LA MORT
Conception pessimiste de la mort
DIEU ET LA RELIGION
252
Contre la religion
Pour la religion
Actes manqués : Chez Freud : Les actes manqués désignent dans le cadre de la
théorie psychanalytique les lapsus, oublis, pertes d'objets etc. que l'on interprète
naturellement comme des accidents, de simples 'ratés' insignifiants, mais que
Freud voit comme des manifestations d'intentions, de désirs inconscients refoulés
par la conscience.
Art : Activité humaine visant à matérialiser par une œuvre souvent sensible
un univers intérieur et à traduire une manière de percevoir, de ressentir,
d’interpréter le monde et ce de manière gratuite.
Ataraxie : Terme d'origine grecque qui désigne "l'absence de trouble" de l'âme
que des écoles philosophiques antiques (stoïcisme, épicurisme, cynisme
notamment) définissent comme étant l'idéal à atteindre dans l'existence. Cette
"tranquillité de l'âme" est atteinte par le sage qui grâce à l'usage de sa raison, à la
philosophie, est parvenu à vaincre les causes des malheurs et des souffrances qui
assaillent les autres hommes (ces derniers sont souvent qualifiés d'insensés parce
qu'ils vivent leur vie sans y penser, sans la penser, sans souci éthique).
On peut cependant relever que le bonheur atteint dans l'ataraxie est un bonheur
essentiellement négatif, en ce qu'il consiste en l'absence des causes de souffrance
et non en l'expérience positive d'un plaisir ou d'une satisfaction.
Beauté : Qualité d’une apparence dont la forme suscite une satisfaction intérieure
gratuite qui, en dépit de son caractère indémontrable, s’impose à tous les esprits
avertis.
Besoin : Manque précis qui peut être ponctuellement satisfait.
Bonheur : Dans l’idéal, satisfaction qui accompagne un état de vie conciliant
notre désir, notre bien, nos exigences morales et qui est appelé à durer.
Ça : Dans la théorie de l’inconscient, ensemble des pulsions.
Certitude : Connaissance qui ne peut faire l’objet d’aucun doute possible.
Classe sociale : Groupe humain ayant le même statut par rapport à la propriété
des moyens de production, à savoir les terres et les usines (bourgeoisie ou
prolétariat).
Concret : Réalité relative aux organes des sens.
Condition humaine : Les vécus nécessaires et communs à tous les hommes
(naître sans l’avoir demandé, vivre avec autrui, mourir) mais pouvant être
assumés de manière très diverse.
Conscience : 1) Sens général : Connaissance plus ou moins claire que possède
le sujet du monde qui l'entoure ainsi que de lui-même (du fait qu'il existe, de ce
qui se passe en lui). On parle alors de conscience psychologique. Celle-ci peut-
être immédiate, spontanée ou réfléchie quand le sujet fait retour sur lui-même
256
pour prendre conscience de ses états d'âmes ou d'une situation dans laquelle il est
pris. Le fait que l'homme possède la conscience implique un "recul néantisant"
par rapport au monde, comme dit Sartre, une mise à distance de celui-ci qui
explique que notre présence au monde n'est pas celle des choses : l'homme n'est
pas seulement dans le monde comme n'importe quel objet, mais il se le représente,
il le pense; son rapport à lui est donc toujours, nécessairement, médiat. [Cf. Hegel,
Sartre entre autres.] 2) Sens moral : Faculté qui permet à l'homme de juger du
bien et du mal.
Contrainte/Obligation : Une contrainte est une force extérieure qui s'exerce sur
un individu et le détermine en proportion de sa puissance. Elle constitue un
obstacle à la liberté ou à la volonté humaine : nous subissons une contrainte. Une
obligation est la conscience d'un devoir, elle est d'ordre moral et implique ma
volonté, ma liberté : quand j'accomplis mon devoir, non par crainte d'une sanction
extérieure seulement, mais parce que je reconnais la légitimité de la règle qu'il
m'impose, je n'agis plus simplement par contrainte, mais je m'oblige. L'obligation
ne s'oppose donc pas comme la contrainte à la liberté : Je choisis dans ce cas
d'obéir.
258
déterminisme psychique) En philosophie, l'affirmation du déterminisme pose le
problème de la réalité ou du caractère illusoire de la liberté humaine : l'homme
est-il totalement soumis aux déterminismes ou bien y échappe-t-il d'une manière
ou d'une autre ?
Fatalité : Idée selon laquelle des forces surnaturelles nous dirigent sans que nous
ayons le choix d’accepter ou de refuser.
Hédonisme : Doctrine faisant du plaisir la fin de toute action humaine.
Heuristique : A la lettre, signifie « qui permet de découvrir » ; une
théorie scientifique permet de découvrir de nouveaux faits.
Idéalisme : 1) Théorie de la connaissance : Courant philosophique qui accorde
aux idées un rôle prééminent dans le réel. Les idées peuvent être soit conçues
comme la véritable réalité par opposition aux apparences sensibles (cf. Platon),
soit comme ce qui ordonne et oriente le monde (cf. Hegel et sa Phénoménologie
de l'esprit ou sa philosophie de l'histoire).
2) Sens moral ou politique : Attitude qui consiste à adopter un point de vue général
et abstrait sur une situation, un phénomène; fait de ne pas assez prendre en compte
la réalité.
Idéologie : Ensemble d’idées de toutes sortes (religieuses, philosophiques,
politiques, morales…) formant une conception du monde. Pour Marx, ces
idées ont pour origine nos conditions matérielles d’existence.
Illusion : Erreur d’appréciation engendrée par le désir que ce soit vrai.
Immanence : Qui est à l’intérieur d’une réalité, qui résulte de sa nature.
Inconscient psychique : Ensemble des désirs interdits, censurés à son insu par
la conscience afin de conserver l’équilibre psychique et qui continuent à colorer
notre vécu.
Induction : Attitude intellectuelle consistant à généraliser à tous les cas ce qui a
été vérifié sans exception dans un certain nombre de cas
Intrinsèque : Qui appartient de manière indissociable à la chose considérée; qui
est inclus dans sa définition ou dans sa nature. [opp. extrinsèque]
260
Irrationnel : Soit ce qui est contraire à la réflexion rationnelle (conduite
incohérente) soit ce qui est étranger aux capacités d’explication de la raison
(expliquer une couleur à un aveugle-né).
Justice : Fondée sur l’idée d’égalité naturelle, elle-même fondée sur la
définition de l’homme comme être conscient. A ne pas confondre avec
l’institution judiciaire.
Langage : Système de signes articulés, traduisant la pensée et que l’on peut
combiner en vue de produire des signes en nombre potentiellement infini.
Légalité : Ce qui est conforme à la loi.
Légitimité : Ce qui est conforme aux idées que les hommes se font de la justice.
Libido : Chez Freud, ensemble des phénomènes sensuels ou sexuels.
Libre-arbitre : Capacité de choix d’un sujet conscient
Logique : Science des lois de la pensée et donc du raisonnement correct.
Matérialisme : Doctrine philosophique selon laquelle il n’y a qu’une seule
substance, la matière, substance dépourvue d’intelligence et d’intentions.
Mauvaise foi : Attitude consistant à mentir à autrui sur ses véritables pensées ou
bien à se mentir à soi-même.
Métaphysique : Questionnement philosophique abordant et tentant de
répondre aux questions soulevées par les religions mais à l’aide de la seule raison.
Morale : Ensemble de devoirs et d’interdits réglant les actions humaines dans une
société donnée et ce, en fonction d’un certain nombre de valeurs.
Mythe : Langage symbolique, religieux ou profane, évoquant par des histoires
extraordinaires inventées par les hommes, l’intuition d’un sens transcendant mais
échappant aux capacités de la raison et du langage ordinaire.
Nature : Ensemble des réalités non créées par l’homme.
Nature humaine : Ensemble des comportements normatifs supposés devant être
communs à tous les hommes et qui conduisent à les qualifier d’ « humains » ou
d’« inhumains ».
Nécessité : Caractère de ce qui ne peut être autrement.
Névrose : Trouble mental, au cours duquel le sujet connaît son mal, en souffre
psychiquement, mais ne peut le surmonter.
Nihilisme : Attitude intellectuelle consistant à nier toutes les valeurs.
Chez Nietzsche, attitude consistant à nier la réalité au nom de valeurs morales
imaginaires.
Normal : Etat de ce qui est conforme à des normes (ce qui doit être) soit
sur le plan moral (conforme à des valeurs), soit sur le plan sociologique
(conforme à des comportements dominants) soit sur un plan biologique
(conforme aux caractéristiques génétiques de l’espèce).
Objectivité : Relatif à des jugements qui ne dépendent pas du sentiment de
chacun mais qui s’imposent à tous les esprits car vérifiés par des procédures
incontestées.
Panthéisme : Affirmation selon laquelle tout est Dieu.
262
mais elle a pu être envisagée comme moment dans une réflexion (cf. en particulier
Descartes, deuxième Méditations métaphysiques).
264
CONNECTEURS LOGIQUES
266
BIBLIOGRAPHIE
ALBERT MENDIRI, Cours de philosophie, Editions Scripta, 2010.
AZOMBO-MENDA, Les philosophes africains par les textes, Nathan,
1978.
EBENEZER NJOH MOUELLE, De la médiocrité a l’excellence,
Les éditions du Mont-Cameroun, 1988.
HILARION NGOA MEBADA, La philosophie en Afrique, Les
classiques camerounais, 2008.
MARCIEN TOWA, Essai sur la Problématique philosophique dans
l’Afrique actuelle, clé, 1971.
PLATON, Apologie de Socrate, Hatier, 1993.
CAHIER DU DEPARTEMENT DE PHILOSOPHIE N°4 & N°5
P. Serange et J.-J. Marimbert, Méthode de la dissertation en
philosophie Terminales l/es/s, 2009
268
Cet opuscule n’a nullement pour prétention de dispenser les élèves
(futurs candidats au Baccalauréat) de lire intégralement les différentes
œuvres au programme. Au contraire, il est une invitation à les lire
scrupuleusement. Il s’agit ici ni plus, ni moins que d’un outil de travail
utile pour tous ceux qui se sont préalablement familiarisés aux œuvres
au programme.
Comme tout exercice, la dissertation et le commentaire de texte
philosophique ont leurs exigences méthodologiques, la connaissance et
la maîtrise de celles-ci par le candidat est une nécessité en vue du succès
à l’examen. Par cet opuscule, nous lui permettons tout simplement
de prendre connaissance des règles à appliquer vis-à-vis de ces
exercices. Nous mettons ici de nombreux sujets et textes à la disposition
du futur candidat. Notre objectif, n’est pas de proposer des sujets
et des textes corrigés aux candidats, mais de les aider à développer
des compétences propres. Ils pourront dans cette perspective
solliciter l’accompagnement de leurs enseignants respectifs, qui ne
manqueront certainement pas d’éclaircir ici et là, les points d’ombres
qui demeurent presque toujours dans l’apprentissage de toute discipline
nouvelle.
Nous restons ouverts aux suggestions et aux sollicitations que
pourront-nous adresser les différents utilisateurs de cet opuscule.