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M é t h o d e

LA DISSERTATION

PHILOSOPHIQUE

Hélène CAZALS
Certifiée de Philosophie

Albin Michel
INTRODUCTION

Les candidats au baccalauréat, désireux de mieux


connaître les épreuves écrites de Philosophie, pourront,
grâce à cet ouvrage, s'initier à la dissertation philoso-
phique.
Les ouvrages de la collection Méthode, pour la
dissertation philosophique et le commentaire philoso-
phique, sont conçus dans un mêmeesprit d'information
et deformation aux exercices requis.
On trouvera donc dans ce livre, outre une défini-
tion des épreuves, une section méthodologie qui prépa-
re les candidats à l'examen en établissant un lien et un
complément avec le savoir dispensé et acquis dans les
classes delycée.
Des exemples de sujets assortis de pistes d'étude
permettent aux candidats de s'entraîner aux diverses
étapes nécessaires à la réalisation d'une dissertation
philosophique. Les notions essentielles à connaître font
l'objet de définitions répertoriées dans la dernière sec-
tion dulivre.
Muni de cet ouvrage, le candidat pourra, à son
rythme, exercer ses compétences de lecture, d'écriture
et de réflexion, compléter ses connaissances et se prépa-
rer à la réussite.
©Éditions Albin Michel S.A., 1997 - ISBN 2-226-08076-7
DÉFINITION DE L'ÉPREUVE
En philosophie, les épreuves écrites du baccalauréat pour
les séries générales sont définies dans le Bulletin Officiel de
l'Éducation Nationale du 12 septembre 1991 n° 31; note de
service n° 91-227 du 19août 1991.
L'épreuve consiste à traiter l'un des trois sujets au choix :
deux d'entre eux sont des dissertations et le troisième est
l'étude d'un texte philosophique.
• Durée de l'épreuve :4heures.
• Coefficients :série ES, 4
série L, 7
série S, 3

❶ choix des sujets

« Les sujets pourront porter sur toutes les parties du pro-


gramme de chacune des séries ».
Les programmes sont définis par un arrêté du 5 juillet
1983 dans le B.O. n° 30 du 1er septembre 1983 et par la note
de service n° 94-164 du 24 mai 1994 au B.O. n° spécial 6 du
9juin 1994.


Lesénoncésdessujets
Les sujets ne peuvent pas être des questions de cours.
Les instructions officielles indiquent qu'il faut :
« éviter, d'une part, les rédactions qui, empruntant littérale-
ment les formules du programme, paraissent inviter les can-
didats à reproduire un cours, d'autre part, les rédactions trop
générales qui semblent n'avoir aucun rapport déterminé avec
une ou plusieurs notions du programme ».
La dissertation philosophique ne peut donc être une réci-
tation par cœur. Onne peut exiger ni telle ou telle doctrine,
ni telle ou telle référence. Les instructions officielles sont
très explicites :
« Éviter, dans le libellé du sujet, l'emploi de termes tech-
niques ou de termes exigeant la connaissance d'une doctrine
philosophique déterminée. » De plus, elles précisent d'« évi-
ter les sujets exigeant des connaissances trop spécialisées ».

Quels sont les énoncés choisis ?


Lesinstructions officielles précisent d'une part qu'il ne faut pas
« abuser des sujets constitués par une citation. En tout état
de cause, la citation sera courte » et d'autre part que
«d'une façon générale, on préférera à tout autre le libellé du
sujet en forme directe et ouverte ».
L'épreuve consiste donc à rédiger une dissertation philoso-
phique dont le sujet est libellé soit sous forme de question,
soit sous forme de citation, en rapport avec le programme.

❸Que'st-cequu' nedissertation philosophique?


• Lesconfusionsfréquentes
Si un candidat curieux ouvre un dictionnaire, il constatera
que le terme dissertation peut être ambigu. En effet, la disser-
tation est définie commeun développement écrit sur un point
de doctrine ou sur une question savante, alors qu'elle n'est
jamais un discours doctrinal ou savant.
• La dissertation de philosophie n'est jamais un pur exercice
d'érudition, ni un défilé de doctrines, pas plus que l'exposé
plus ou moins savant d'un courant philosophique.
Par conséquent, si les connaissances philosophiques sont
indispensables, elles ne sont jamais suffisantes.
• La dissertation philosophique n'est ni un essai, ni un traité.
En effet, l'essai ou le traité posent comme contrainte d'em-
brasser sans exclusion tout ce qui est en rapport avec l'objet
étudié. Or, ainsi que nous l'indique Diderot : «Disserter, c'est
parler avec détail sur une matière quelconque, en observant
une certaine suite dans ses raisonnements. La dissertation ne
traite ordinairement que quelques points - voire un seul -
d'une question ; elle n'examine cette question que sous
quelques-unes de ses faces générales ou particulières. »
• La dissertation de philosophie n'est pas une reproduction
systématique du cours, ni une succession de thèses d'auteurs.
Les professeurs sont convaincus que Platon ou Descartes
pensent, ils veulent être convaincus de la capacité de penser
des candidats. Il s'agit donc pour lui de produire une
réflexion personnelle argumentée et ordonnée.
• La dissertation philosophique n'est jamais un discours
fantaisiste.
Le catalogue d'opinions recueillies à la télévision ou au café
ne constitue pas une réflexion élaborée. Il ne faut pas
confondre la dissertation avec le débat télévisé ou avec la
conversation entre amis.
• La dissertation philosophique n'est ni une tribune ni un
tribunal.
Par conséquent, il convient de bannir tout jugement intem-
pestif, tout propos non justifié et d'adopter le ton de la raison
qui dialogue avec d'autres raisons.

• Laspécificité deladissertation philosophique


Ladissertation de philosophie est «la forme la plus person-
nelle et la plus élaborée du travail de l'élève de philosophie ».
Le candidat doit donc acquérir des connaissances et les
ordonner à sa réflexion.
La spécificité de la dissertation philosophique réside dans
son organisation interne dont le moment essentiel, l'élément
moteur, est la problématique. En effet, si une dissertation
philosophique comporte, comme toutes les dissertations, une
introduction, un développement (2 ou 3 parties) et une
conclusion, elle s'organise à partir de la problématique.
Disserter, c'est formuler des problèmes, et analyser des
concepts suivant un certain plan en vue de répondre à une
question posée. Nous pouvons définir la dissertation philoso-
phique comme un parcours intellectuel, une activité de la
pensée qui, à travers une argumentation ordonnée et une pro-
blématique, aboutit à une conclusion.

• Unemétaphore
Pour comprendre le sens d'une dissertation philosophique,
nous pouvons utiliser la métaphore de l'enquête policière.
La problématique issue de l'analyse du sujet peut représen-
ter l'énigme à résoudre. L'introduction présente cette énigme.
Le développement correspond au déroulement de l'enquête.
La conclusion propose la solution trouvée.
Cette comparaison, dont les limites sont évidentes, peut
aider le candidat à comprendre qu'il doit organiser un
raisonnement avec au moins autant de soin que lorsqu'on
établi une culpabilité si on ne veut pas commettre d'erreurs
judiciaires.
Il est maintenant simple de comprendre que pour réussir
une dissertation philosophique, acquérir une méthode est
nécessaire. L'étymologie du terme méthode signifie : « che-
min vers ». Toute activité, intellectuelle ou non, requiert une
méthode ; la dissertation n'y échappe pas. Il s'agit d'utiliser
un outil pour suivre une direction juste, afin d'atteindre le but
recherché. Fabriquer une paire de chaussures réclame
méthode et apprentissage, écrire une dissertation philoso-
phique aussi.
Lasignificationdelaméthode
Ungrand nombrede candidats est désorienté face à cette nou-
velle discipline qu'est la philosophie. Faute decomprendre le tra-
vail à effectuer, des attitudes non pertinentes voient le jour :
apprendre par cœur des cours de philosophie ou des corrigés de
sujet, vouloir desrecettes. Lecandidat ne se prépare pas, ou mal,
à l'épreuve qui l'attend, s'en remettant au destin, puisque perdure
l'idée que tout dépend du correcteur. Cela aboutit à classer la
philosophie parmi ces disciplines oùpourréussir il faut, soit être
doué, soit avoir dela chance. Il est donc nécessaire, pour le can-
didat de comprendre le sens de ce qu'on lui demande. «Lepro-
fesseur ne doit pas apprendre des pensées... mais à penser. Il ne
doit pas porter l'élève maisle guidersi onveut qu'àl'avenir il soit
capable de marcher de lui-même »(Kant, «Annonce sur le pro-
grammedeses leçonspourle semestre d'hiver 1765-1766 »).

Apprendreàpenser
Il s'agit donc pour le candidat d'apprendre à penser. Penser
n'est pas immédiat, cela nécessite une méthode. Cette notion
de méthode va de soi dès qu'il s'agit d'effectuer une tâche pra-
tique, mais pour un travail théorique cela ne va plus de soi
pour le candidat.
Ainsi Hegel écrit :
«Il paraît particulièrement nécessaire de faire de nouveau de
la philosophie une affaire sérieuse. Pour toutes les sciences, les
arts, les talents, les techniques, prévaut la conviction qu'on ne
les possède pas sans se donner de la peine et sans faire l'effort
de les apprendre et de les pratiquer. Si quiconque ayant des
yeux et des doigts, à qui on fournit du cuir et un instrument,
n'est pas pour cela en mesure de faire des souliers, de nosjours
domine le préjugé selon lequel chacun sait immédiatement
philosopher et apprécier la philosophie puisqu'il possède l'unité
de mesure nécessaire dans sa raison naturelle - commesi cha-
cun ne possédait pas aussi dans son pied la mesure d'un sou-
lier. Il semble que l'on fait consister proprement la possession
dela philosophie dans le manque de connaissances et d'études,
et que celle-là finit où celles-ci commencent. »
Pour l'accomplissement de n'importe quelle tâche, y com-
pris la philosophie, des règles et des principes nous guident.

• Définition
Le dictionnaire définit une méthode comme l'ensemble de
démarches que suit l'esprit pourdécouvrir et démontrerla vérité
(dans les sciences). Il existe différents types de méthodes :
méthode déductive, inductive, objective, dialectique, expéri-
mentale.
La méthode est un ordre suivi pour exécuter quelque ouvrage
de l'esprit, un ensemble de démarches raisonnées pour parve-
nir à unbut.
Elle peut être aussi un ensemble de procédés techniques. Les
conseils donnés pour conduire une dissertation peuvent être
de l'ordre des moyens techniques, mais ils sont à comprendre
comme des outils et non commedes recettes.
Quelle que soit la tâche à effectuer, on comprend immédiate-
ment la nécessité d'une méthode, c'est-à-dire une stratégie.
Philosopher réclame donc de suivre un parcours spirituel
ordonné, raisonné.

• Lesensduparcours
Le philosophe crée des concepts, le candidat doit com-
prendre travailler ces concepts.

1)Circonscrireunconcept
Le candidat doit définir les concepts. Les définitions ne
sont pas immuables, il faut les déployer selon leur champ
d'action. Manipuler des concepts, c'est organiser un raisonne-
ment, qui nécessite d'avoir défini les enjeux du ou des
concepts et du sujet.
commentaire
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