Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
EN FRANÇAIS
Gerardo Dieterlen Cuervo
Introduction
Une fois, après avoir commenté de manière générale le panorama théorique sur lequel la
linguistique actuelle se forme, nous allons analyser le préfixe re- ainsi que les différents
emplois que le préfixe re a sur le champ de la sémantique. Nous tenterons également de
mettre en évidence les différentes irrégularités ou opacités que le préfixe lui-même
suppose lors de son insertion dans les mots. De plus, nous tenterons de signaler diverses
caractéristiques du préfixe en langue espagnole et en langue française.
Developpement
Tout d’abord, nous devons commencer par une brève présentation des caractéristiques
formelles du préfixe. D’une part, pratiquement n’importe quelle classe lexicale admet le
préfixage en ré, c’est-à-dire qu’on le trouve dans des noms, des adjectifs, des adverbes
et des verbes. C’est dans ces derniers que leurs opacités sont les plus évidentes et que le
débat est le plus vif. Il convient de noter qu’au moment de réaliser notre analyse, nous
sommes confrontés au problème de la réalisation d’un point de vue interne ou externe,
mais cette dichotomie peut être surmontée, à partir de la conception qu’elle suppose une
fausse dichotomie. Peut-être la solution serait-elle de considérer cet affrontement entre
deux manières de se rapprocher du phénomène lingusique, comme la relation de deux
éléments contraires qui trouvent une complémentarité, dans le fait que deux
phénomènes qui se trouvent intimement liés, bien qu’ils soient en quelque sorte
autonomes. Ce débat linguistique est résolu par Jalanques en affirmant que cette
dichotomie est nécessaire pour pouvoir élucider les irrégularités que présente le préfixe
re-. (Jalenques, 2002),
Une des façons de rendre ces irrégularités visibles et de les surmonter, pourrait être la
méthode d’analyse proposée par Corbin, qui définit son modèle comme une approche
associative, stratifiée, autonome et interne. Ici, nous devons souligner la notion de
stratification, qui suppose la conséquence du caractère cumulatif que présente le
changement grammatical.
Le TLF regroupe les interprétations des mots construites par le préfixe re en trois
grandes catégories :
Une fois que nous commentons certaines notions, nous devons souligner comment le
préfixe re se comporte dans les formes orales dérivées et non dérivées. C’est ici que
nous trouvons le plus grand nombre d’irrégularités et d’options. Si nous pensons au
premier sens que le préfixe ré exerce sur les bases verbales, nous trouvons l’idée de
mouvement au niveau spatio-temporel. L’utilisation du préfixe re dans son caractère le
plus ancien se retrouve dans l’idée que ce préfixe renvoie à un état ou à un mouvement
antérieur, c’est-à-dire à l’antériorité en termes tant spatiaux que temporels. Un exemple
de ceci serait
Comme nous pouvons le voir dans les deux phrases, l’utilisation du préfixe re-, agit sur
les bases verbales en leur donnant un sens qui implique un mouvement de retour.
D’autre part, si nous continuons à utiliser le préfixe re- dans les bases verbales, nous
nous heurtons à la présence d’un autre type d’emploi qui est lié d’une manière à la
notion de retour à un état antérieur, ce mode d’emploi est celui de la "réaction-réponse"
(Gauchola Gamarra, 2012)
- Rebondir
- Rejaillir
Une fois, signalée la notion de retour ou d’antériorité exercée par le préfixe re- sur les
bases verbales, il faut souligner la productivité de ce mode d’emploi, que l’on peut dire
manifester non seulement dans le champ sémantique, mais aussi dans le domaine de la
morphologie. Si nous continuons à analyser les modes d’emploi du préfixe re-, nous
nous apercevrons que celui-ci dénote un caractère "itératif". Celui-ci consiste en la
répétition d’une action plusieurs fois, c’est-à-dire la notion que quelque chose ne revient
plus à son état antérieur, mais un mouvement répétitif, ancré dans une boucle :
- Réannoncer
- Recopier
En continuant avec les verbes et les irrégularités qu’ils présentent en incluant le préfixe
RE, nous trouvons un phénomène que Jalenques appelle "Emploi idomatique". Cette
idée développée par Jalenques trouve sa base dans l’existence de certaines expressions
qui se trouvent à la main des locuteurs et qui contiennent un sens très précis, à condition
de ne pas se concentrer sur les mots qui la composent. Ici, Jalenques véhicule cette idée
pour l’appliquer aux modes d’emploi du préfixe RE, concrètement dans les formes
verbales. Un exemple de ce que Jalenques affirme, serait le phénomène qui se produit
avec des verbes comme "garder/regarder" ou "envoyer/renvoyer", où la relation entre le
mot/forme base (garder) et le mot dérivé (regarder) devient totalement opaque, puisque
nous ne sommes pas en mesure de retracer la contribution sémantique qu’apporte
l’adjonction du préfixe au mot de base est très peu évident. Jalenques affirme que :
- “les emplois idiomatiques correspondant à des verbes comme (par exemple redouter et
regarder) leur sens est perçu par les locuteurs comme non compositionnel par rapport au
sens du préfixe et au sens du simplex douter/regarder” Jalenques, P. (2002). Étude
sémantique du préfixe RE en français contemporain: à propos de plusieurs débats
actuels en morphologie dérivationnelle. Langue française, 133(1), 74–90.
https://doi.org/10.3406/lfr.2002.1048
Jalenques affirme que l’idiomaticité exige une explication synchrone, c’est-à-dire
actuelle, non fondée sur le temps ou la tradition historique. En outre, il ajoute que ce qui
distinguera les deux verbes sera leur comportement actif.
Ce problème qui se pose au moment de l’adjonction du préfixe re-, n’est pas une
irrégularité propre à la langue française, mais nous observons également la même
problématique en la lange espagnole, où nous sommes confrontés à une série de cas où
il est impossible d’établir une indépendance sémantique avec le processus de
préfixation. Un exemple de cette irrégularité se trouve dans la forme verbale: “repetir”.
Comme c’est visible, si nous séparons le préfixe du mot, la base avec laquelle nous
restons est "petir", et il ne porte aucun type de signification. Le préfixe ré- dans ce cas,
est celui qui vous donne un sens, celui qui permet à la base de former un sens qui
implique, dans ce cas, la répétition d’une action. Alors que dans d’autres cas, nous
trouvons que le préfixe re- est entièrement intégré à la base comme le serait par exemple
le verbe "recorrer”
Dans l’article sur l’étude du préfixe en langue espagnole, écrit par Emiliano A. De Bin,
il est indiqué que le préfixe re- peut être de quatre types différents:
Tant dans la langue espagnole que dans la langue française, on trouve l’importance du
préfixe ré- depuis son caractère aspectuel, où l’emploi le plus utilisé ou même le plus
productif serait celui de valeur d’itération. Il convient également de noter que pour que
le préfixe acquière son caractère aspectuel, il faut que les verbes préfixés servent à
désigner une seconde occurrence du processus qui est désigné par le verbe de base.
Quelle que soit l’interprétation des verbes dérivés, ré- semble toujours vouloir
construire le sens d’itération, c’est le cas des verbes comme :
Conclusion
Comme nous l’avons observé tout au long de cette étude, l’utilisation du préfixe
implique la remise en question et l’analyse de divers phénomènes linguistiques qui
concernent l’utilisation du préfixe. Il devient un préfixe qui cache sous sa forme, son
emploi et son sens de nombreuses hypothèses qui suscitent des problèmes tels que sa
définition en termes spécifiques, la remise en cause de son indépendance sémantique en
tant qu’unité totale, outre les nombreuses opacités qu’il présente sur les mots auxquels il
est attaché. Chomsky a déjà déclaré que ce qui est en cause dans ces cas n’est pas
d’essayer de couvrir un tout, mais de délimiter les faits pertinents sur lesquels nous
pouvons nous pencher lors de la formulation de nouvelles hypothèses ou de nouvelles
analyses. D’autre part, les irrégularités que le préfixe présente nous sont utiles pour les
utiliser d’une manière ou d’une autre comme accessoire, afin de pouvoir élucider de
manière plus évidente ou définir de manière plus efficace les régularités et les propriétés
formelles des phénomènes linguistiques. En conclusion, nous devons également
examiner la productivité de ce préfixe, c’est-à-dire ses propriétés et son comportement
vis-à-vis d’autres éléments, pour rendre ainsi évidentes les relations ou les réseaux de
connexions qui s’établissent entrent dans deux éléments linguistiques qui peuvent
produire d’une certaine manière des effets différents. Enfin, le linguiste doit effectuer
une analyse approfondie des cas, des emplois et en particulier des irrégularités qui se
trouvent enfouies sous les éléments qui composent la totalité du langage.
Bibliographie
- De Bin. Emiliano (2012)Variaciones en RE-: un prefijo entre la morfología y la
sintaxis. Instituto del Desarrollo Humano, UNGS
https://doi.org/10.18172/cif.1523