Vous êtes sur la page 1sur 5

Objet d’étude : la poésie du XIX au XXIè siècle

Oeuvre : Les Fleurs du Mal, Charles Baudelaire

Parcours : Alchimie poétique, la boue et l’or

Séance n°2 : Explication linéaire n° 1 : Aloysius Bertrand, Gaspard de la Nuit, « L’Alchimiste »,


1842

INTRODUCTION :

L'auteur et l'œuvre :

Louis dit Aloysius Bertrand est un jeune poète de Dijon qui a beaucoup œuvré pour diffuser le
romantisme en province. Il n'a malheureusement pas été publié de son vivant et ne connut pas le
succès. C'est Baudelaire, le premier qui dit l'avoir pris pour modèle pour son recueil Petits poèmes
en prose (1869). Ainsi Bertrand apparaît comme le père du poème en prose en France.

Dans ce recueil intitulé Gaspard de la nuit, sous-titré Fantaisies à la manière de


Rembrandt et Callot, le poète se nourrit de l'imaginaire médiéval et gothique en jouant sur
les images oniriques mêlées au travail des rythmes et des sonorités.
Le poème « L'alchimiste » est le 8e du Premier livre « L'école flamande ». Il est composé de 6
paragraphes que l'on peut appeler strophes.
La poésie en prose apparaît donc en France avec Bertrand. Ce genre se caractérise par la figure de
l'allégorie, la métaphore et la comparaison, le jeu sur les niveaux de langue, la ponctuation et la
syntaxe, les sonorités et les rythmes.

Problématique : Comment le poète met-il en scène la création poétique à travers l’image de


l’alchimiste ?

Analyse formelle du poème (strophes, vers, rimes) :

Mouvements du texte :

Mouvement 1 : Recherche infructueuse de la pierre philosophale (strophe 1)


Mouvement 2 : Elément perturbateur 

Mouvement 3 : Eternel recommencement toutefois soumis à l’alchimie poétique 


I. 1er mouvement : Recherche infructueuse de la pierre philosophale  :

Citations : Procédés : Interprétation :

Rien encore ! - Et vainement * Phrase exclamative non * Cela traduit l’insuccès de sa


ai-je feuilleté pendant verbal + adverbe de négation recherche
« rien »
trois jours et trois nuits, aux * On ne peut pas déterminer si
blafardes lueurs * pronom personnel à la c’est l’alchimiste ou le poète.
premiere personne du singulier Les deux se confondent.
de la lampe, les livres L’alchimiste devient une
hermétiques de Raymond-Lulle * Complément circonstanciel métaphore de l’artiste à
! de temps => insistance + l’œuvre.
marque la temporalité
* Cela marque le travail
* blafardes lueurs = groupe acharné.
nominal+ hérmétiques =
adjectif *Le lecteur est entraîné dans
un monde obscur. La
Antithèse si on associe science/recherche est difficile
hérmétique et lampe pas à la portée de tous

Chiasme sémantique Cela insiste sur la difficulté de


cette science.
Allitération en « l », effet
sonore pour allonger + Il produit un effet
enjambement d’enfermement.

* Référence à un personnage Cela a pour effet de donner un


célébre pour avoir écrit des effet liquide voire miroitant à
traités d’alchimie (légénde) + il cette strophe qui peut renvoyer
aurait trouvé la pierre à la lampe.
philosophale et il aurait
fabriqué de l’or pour le roi (Effet visuel créér à partir
d’angleterre Edouard 1er . d’effets sonores)

* La référence intervient tout à


la fin, elle a pour effet dès le
départ d’enfermer le poème
dans l’alchimie présenté
comme une science opaque et
mystérieuse.

BILAN : Dès ce premier mouvement, le lecteur est plongé dans un monde mystérieux et opaque. Le
poète et l’alchimiste, enfermés et dans l’impasse, se confondent, montrant ainsi toute la difficulté de
leur art.
II. 2è mouvement : Elément perturbateur :

Citation Procédé Interprétation

* deux adverbes de négation=


Non rien, si ce n'est négation totale
avec le sifflement de la * jeu d’échos avec la première
cornue strophe : cela indique déjà une
transformation avec un élément
* comme une antithèse
étincelante, les rires perturbateur à venir
sifflement et rire = bruit /
moqueurs d'un méditation= silence
salamandre qui se fait
un jeu de troubler mes Lexique de l’ouïe opposé au * Cela renvoie à l’opposition
méditations. silence de la méditation alchimique entre l’or et le plomb.

* personnification * Salamandre = amphibien associé au


Tantôt il attache un
feu et à l’œuvre rouge
pétard à un poil de ma Salamandre = amphibien associé
barbe, au feu et à l’œuvre rouge Dans les sciences occulte, la
salamandre renvoie à l’esprit du feu.
tantôt il me décoche de L’impression d’un esprit malveillant
son arbalète un trait de qui vient troubler l’alchimiste.
feu Ambiance fantastique et surnaturel,
* trois éléments en lien avec oppressante voire inquiétante.
dans mon manteau. l’alchimie (deux outils + un
animal)
*Cela nous replace dans l’opération
d’alchimie
Ou bien fourbit-il son * adverbes de temps x2 =>
armure, c'est alors la système corrélatif (lien logique)
cendre d’alternance
* Cela donne l’impression qu’aucun
du fourneau qu'il répit n’est laissé à l’alchimiste
soude sur (poète ?)
* champ lexical de la guerre
les pages de mon
formulaire * violet+ rouge +jaune cella contribue
* plusieurs verbes d’actions qui à l’ambinace angoissante.
et sur l'encre de mon contribuent à la personnification
écritoire. + allitération en « r », « p », « t »
=> sonorité explosive
* le salamandre devient actif voire
aggressif + crée une ambiance sonore
Et la cornue, toujours * termes anciens, lexique daté angoissante/ inquiétude
plus étincelante, siffle qui renvoie au Moyen-Age.
le
* Cela renvoie à une certaine
même air que le obscurité et cela contribue à cette
diable, quand Saint * allitération en « s » ambiance un peu mystérieuse.
Eloy lui tenailla
* champ lexical de l’écriture * Cela prête vie au salamandre et cela
le nez dans sa forge. insiste sur le fait qu’il fait tout son
possible pour perturber l’alchimiste.
* comparaison avec l’air du
diable
* Il met le lien entre alchimie et poésie
en avant.
* hyperbole

*b La référence à l’air du diable


La comparaison et l’hyperbole indique qu’elle siffle plus fort
se complète.

* Ici, le changement s’opère en


comparaison avec la cornue en début
de poème

BILAN : Un changement semble s’opérer. La salamandre constitue aussi un élément perturbateur.


L’atmosphère est à la fois angoissante et inquiétante. Il y a ici le lien plus fort entre l’alchimie et la
poésie.

III. 3è mouvement : Eternel recommencement soumis toute fois à l’alchimie


poétique :

Citation Procédé Interprétation

* Conjonction de coordination * Cela crée une opposition


Mais rien encore ! - Et pendant + adjectifs + verbe au futur
trois autres jours et simple de l’indicatif Cela crée une cassure dans le
cycle et cela valide l’existence
trois autres nuits, je d’une transformation.
feuilletterai, aux blafardes Le poème est le résultat de
cette transformation.
lueurs de la lampe, les livres * structure circulaire qui
hermétiques de reprends le début du premier  Grand Œuvre ?
mouvement (Transmutation)
Raymond-Lulle !
On peut considérer que le
Grand Œuvre est réussi.

* Cela montre comme un


éternel recommencement.
BILAN : Le poète conclut sur « le grand œuvre » poétique.

Synthèse :
 Le poète présente un style nouveau (cf. poésie en prose).
 Il évoque le travail du poète à travers l’alchimie.
 L’art poétique c’est un art difficile et qui doit constamment être retravaillé.
 L’art poétique nous entraîne hors de la réalité (présence du fantastique et du surnaturel).

N.B : La présence du fantastique dans le poème rappel l’interet des romantiques pour le
surnaturel, le médiéval et le gothique.
(Le poète s’est fait connaitre par baudelaire car il l’a cité dans la préface de petits poèmes en
prose.)

Vous aimerez peut-être aussi