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L'approche de la valeur d'un actif par la somme des flux actualisés qu'il procure remonte à la

première moitié du XXème siècle. Elle fut d'abord utilisée pour évaluer des obligations. Ce type
d'actif avait l'avantage de procurer des rendements réguliers, connus à l'avance, avec un niveau
de risque qui dépendait uniquement de la qualité de la signature de l'émetteur et du niveau
d'inflation. On utilisa ensuite cette méthode pour évaluer la valeur des actions.

La question du risque se présentait alors différemment car le rendement d'une action est par
nature aléatoire. Le problème du lien entre le niveau de risque et le taux d'actualisation se posait
alors de façon évidente. Ce problème occupa les chercheurs pendant une trentaine d'années et
aboutit durant les années 60 au modèle standard connu sous le nom de MEDAF qui rencontra
un succès immédiat chez les professionnels. Ce modèle avait le mérite indiscutable de
caractériser le risque sous une forme aisément compréhensible. Celui-ci était en effet représenté
par la volatilité du rendement, définie par l'écart type de celui-ci.

En comparant la volatilité d'un actif avec la volatilité globale du marché on pouvait mesurer le
risque relatif de cet actif et donc déterminer le coût du capital qu'il convenait de lui appliquer.
Le bêta d'un actif, mesure de la covariance du rendement de l'actif et du rendement du marché,
allait donc devenir le paramètre de mesure du risque le plus utilisé. Cette approche, qui suppose
que l'investisseur ait parfaitement diversifié ses risques, est encore aujourd'hui la plus utilisée
sur les marchés.
La méthode des cash-flows actualisés, qui avait longtemps hésité sur le taux d'actualisation à
utiliser, disposait enfin d'un concept qui lui permettait d'adapter ce taux au niveau de risque du
projet analysé. Les professionnels et les entreprises n'hésitèrent pas à l'utiliser très largement,
que ce soit pour l'évaluation des entreprises ou pour l'analyse de projets d'investissement à
l'intérieur des entreprises.
Certains chercheurs étaient néanmoins peu satisfaits de cette solution. Ils avaient le sentiment
que cette approche, qui trouve son origine sur le marché financier, ne prenait pas en compte la
capacité réelle des entreprises à adapter leur action à l'évolution de leur environnement. Il y
avait une contradiction entre le rôle des dirigeants d'entreprises qui consiste à adapter sans cesse
leurs décisions au contexte nouveau, et les hypothèses de la méthode qui considéraient que les
données de départ avaient un caractère intangible. La démarche passive, parfaitement adaptée
à un porteur d'obligations ou à un actionnaire minoritaire dans une entreprise cotée en Bourse,
ne pouvait pas convenir pour des dirigeants d'entreprises qui disposaient d'un pouvoir de
décision et donc de la capacité de prendre en compte les informations nouvelles qui leur étaient
apportées au fil du temps.

Comme bien souvent, c'est l'apparition de nouveaux outils qui allait permettre de résoudre ce
problème. En 1973, Black et Scholes * publiaient l'article qui permettait enfin d'évaluer de
façon précise la valeur d'une option. Ce problème qui avait occupé les chercheurs depuis plus
d'un demi-siècle trouvait enfin une solution élégante, facile à mettre en œuvre, qui en faisait un
outil à la portée de tous les professionnels. Jamais dans l'histoire de la finance, un concept
académique n'avait rencontré un tel succès auprès des praticiens. Aujourd'hui encore sur tous
les marchés financiers la formule de Black et Scholes est utilisée quotidiennement par des
milliers d'opérateurs.
Les chercheurs ne mirent pas longtemps à s'apercevoir que l'on pouvait utiliser ce nouvel outil
pour résoudre le problème de la flexibilité. Les premiers travaux furent publiés dans les années
80 et les premières applications pratiques apparurent au début des années 1990. L'idée intuitive
que le risque est en même temps porteur d'opportunités trouvait enfin une méthode qui
permettait de quantifier ce phénomène. L'aléa qui avait été considéré traditionnellement dans la
méthode des cash-flows actualisés comme un aspect négatif, était aussi porteur de valeur
puisqu'il permettait, par une action appropriée, de saisir des opportunités. Cette approche fut
baptisée "Options financières" utilisées sur les marchés.

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