Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Que sont les services de renseignement ? Que font les services de renseignement ?
Les services de renseignement sont des organismes Les services de renseignement ont pour tâche princi-
publics chargés de fournir des renseignements utiles pale de fournir au gouvernement des informations
à la sécurité de l’État et de la population. Les États dis- fiables sur les menaces pour l’État et sa population.
posent généralement d’un ou plusieurs services spécialisés Ils décryptent des questions complexes et avertissent des
dans le renseignement de nature géographique, théma- problèmes naissants, menaces aux intérêts nationaux,
tique ou technique. risques et opportunités.
Ces services peuvent cibler un seul domaine (renseigne- Leurs analyses aident les responsables politiques à :
ment intérieur, étranger, militaire, criminel ou financier) ou
travailler dans plusieurs domaines (surveillance de la sécu- – Définir les intérêts nationaux ;
rité intérieure et extérieure). Les États peuvent réunir les
fonctions de renseignement de plusieurs administrations – Élaborer des stratégies militaires et de sécurité
dans des unités spécialisées mixtes couvrant des théma- nationale cohérentes, avec une politique
tiques particulières (antiterrorisme, criminalité financière). de sécurité adaptée ;
Ces services de renseignement civils, militaires et d’appli-
cation des lois forment avec les unités dépendant d’autres – Déterminer la mission, la doctrine et les straté-
institutions de sécurité le « monde du renseignement » gies des forces armées et autres institutions
(figure 1). de sécurité ;
Disposer de plusieurs services de renseignement permet – Anticiper et résoudre les crises nationales ;
de spécialiser chaque organisme et de diversifier les ana-
lyses des menaces, mais peut aussi aggraver les problèmes – Prévenir les menaces pour l’État et sa population.
de coordination ou de concurrence, au risque d’évaluations
incomplètes des menaces. Disposer d’un seul service de La contre-ingérence, aussi appelée contre-espionnage,
renseignement peut être économique et réduire les pro- évite l’espionnage, la subversion ou le sabotage par des
blèmes de coordination, mais présente le risque de centra- services de renseignement étrangers ou des groupes poli-
liser un pouvoir excessif en une même institution. Dans tiques sous contrôle étranger en protégeant les sources et
tous les cas, un contrôle démocratique adapté est néces- méthodes de renseignement. Les mesures défensives de
saire pour garantir que les services de renseignement res- contre-ingérence reposent sur des enquêtes, des vérifica-
pectent leur mandat, la loi et les droits humains (voir le tions d’antécédents et la surveillance. Les mesures offen-
document d’information sur la RSS « Le contrôle du rensei- sives visent à pénétrer, tromper, perturber ou manipuler
gnement »). d’autres organisations.
2
DCAF RSS DOCUMENT D’INFORMATION | Les services de renseignement
Ministères
Ministère exécutif ou instance Ministères
Ministère de la Défense de la Justice,
consultative nationale sectoriels
de l’Intérieur
Renseignement militaire Service du ren- Service du ren- Service du rensei- Capacité de ren-
intégré seignement seignement gnement criminel seignement
extérieur intérieur (crime organisé, sectoriel (fron-
fraude, contrôle tières, finances,
des frontières) ressources
Renseigne- Renseigne- naturelles),
ment par ment tech- Renseignement technique développée au
force nique spécialisé à des fins civiles sein d’institutions
(terrestre, spécialisé sectorielles
navale, à des fins existantes
aérienne) militaires
3
DCAF RSS DOCUMENT D’INFORMATION | Les services de renseignement
Planification et
orientation
Consommation
et rétroaction Recherche
Diffusion Traitement
Production et
analyse
4
DCAF RSS DOCUMENT D’INFORMATION | Les services de renseignement
Quels sont les pouvoirs légaux intrusifs des services Les sources du renseignement Un ren-
de renseignement ? seignement peut provenir de sources variées,
Pour exercer leur mandat, les services de renseigne- dont une partie seulement n’est pas acces-
ment reçoivent des pouvoirs légaux particuliers qui sible au public :
dépendent du contexte national et de leurs fonctions, dans
– Renseignement de source ouverte (OSINT) :
les limites du droit international et des droits humains. Les
utilisation d’informations en accès libre ;
services de renseignement ont cependant l’autorisation
légale de restreindre les droits civils et humains dans cer- – Veille humaine (HUMINT) : recours à
taines situations. des agent-e-s, initié-e-s, informateurs/
informatrices ;
Par exemple :
– Veille automatique (SIGINT) : interception
de systèmes de communication et
– Certaines méthodes de collecte d’informations
émissions électroniques, entre autres ;
peuvent violer le droit à la vie privée ;
– Renseignement par imagerie (IMINT) :
– Certaines administrations peuvent utiliser et technologies terrestres, aériennes ou
partager des données personnelles ; spatiales d’acquisition d’images ;
5
DCAF RSS DOCUMENT D’INFORMATION | Les services de renseignement
Comment les services de renseignement respectent-ils Pour les services de renseignement, le respect des principes
la bonne gouvernance du secteur de la sécurité ? de bonne gouvernance est synonyme de :
Les fonctions, structures et missions d’un service de rensei-
gnement dépendent de la loi et de la perception des me- Responsabilité devant des autorités démocrati-
–
naces nationales. Dans un régime autoritaire, les services quement élues supervisant tous les aspects
de renseignement protègent le gouvernement, éventuel- du processus de renseignement ;
lement par la répression politique et aux dépens des droits
humains. En démocratie, ils font partie du secteur public et Transparence : un système de contrôle démocra-
–
servent l’intérêt général. Les autres administrations et les tique protège les informations sensibles dans
particuliers ne peuvent pas se prévaloir de ces pouvoirs les limites de l’intérêt général ;
spéciaux parfois contraires aux valeurs démocratiques.
Aussi les principes imposés aux institutions publiques et – R
espect des droits humains et de l’état
aux services de renseignement sont-ils rarement du même de droit au sein d’un cadre juridique explicite ;
ordre.
Inclusion : application de politiques et procé-
–
Toutefois, les principes de la bonne gouvernance sont né- dures non discriminatoires et tenant compte du
cessaires pour garantir le respect de l’état de droit et des genre, aux niveaux opérationnel et administratif ;
droits humains, y compris l’égalité des genres. C’est pour-
quoi la loi doit définir clairement les mandat, rôle et res- – Efficacité dans la réalisation de leur mandat ;
ponsabilités des services de renseignement.
Efficience : réalisation des objectifs des poli-
–
tiques publiques avec un usage optimal des res-
sources nationales.
6
DCAF RSS DOCUMENT D’INFORMATION | Les services de renseignement
Dans les cas extrêmes, une mauvaise gouvernance peut – L’inclusion et la mixité (intégration des femmes
aboutir à la création d’une police politique servant des in- et des minorités) garantissent la diversification
térêts politiques particuliers, voire chargée de la répression des idées et dépassent les préjugés sociaux, amé-
politique. liorant ainsi les analyses du renseignement.
Le secret est-il compatible avec la bonne gouvernance ? Qu’est-ce que la coopération internationale en matière
Si les services de renseignement dépendent du secret, le de renseignement ?
degré de sensibilité de leurs activités varie. Ils peuvent La coopération internationale en matière de renseigne-
donc être soumis aux lois sur l’accès à l’information. Dans ment concerne les relations ou la collaboration entre
le cadre du contrôle du renseignement, les instances de les organismes de renseignement de plusieurs États à
contrôle, médiation et appel (notamment les tribunaux) diverses fins (défense, sécurité nationale, prévention et
ont généralement accès à toutes les informations, indépen- détection du crime organisé).
damment du niveau de classification. Cependant, selon le
mandat du service concerné, certains aspects exigent le Elle sert à la fois les activités des services de renseigne-
secret même face aux organismes de contrôle externe afin ment et l’intérêt national des pays, exemple pour la
de protéger des personnes, les services ou la nation : prévention du terrorisme ou dans un but plus universel
(recherche de criminel-le-s de guerre, lutte contre le crime
– informations sur les sources, opérations en cours, organisé transnational).
méthodes et procédures ;
Les services de renseignement décident comment, où et
– identité et connaissances du personnel opéra- avec quels services étrangers ils coopèrent selon leur cadre
tionnel ; juridique. Cette coopération peut avoir différentes motiva-
tions, par exemple :
– origine et détails de renseignements confiden-
tiels transmis par un service étranger. Obtenir des informations difficiles à recueillir :
–
la répartition des tâches et des charges accroît
Il existe différentes sortes de secret. Les opérations clan- l’efficacité ;
destines sont menées dans un secret total. Dans l’espion-
nage, par exemple, l’acquisition même d’informations et les Bénéficier d’autres éclairages sur les menaces et
–
personnes impliquées restent inconnues. Dans une action problèmes, ce qui permet de sortir des hypothèses
secrète, l’identité de la personne responsable est secrète, établies et améliore le processus décisionnel ;
mais pas l’activité. Cela ménage la possibilité d’un démenti
plausible : un gouvernement peut nier de façon crédible Limiter/éviter des activités de recherche ris-
–
avoir été informé ou être responsable d’une activité rendue quées. Certains services de renseignement étran-
publique, ce qui offre un moyen d’action sortant du cadre gers peuvent être moins menacés dans les États
diplomatique sans recourir à la force armée. en conflit ou avoir un meilleur accès parce qu’ils
partagent des caractéristiques avec la population
Si les États trouvent utiles différents types d’activité secrète, locale.
un secret excessif diminue la légitimité des services
de renseignement dans une démocratie. L’ouverture, La coopération internationale peut aussi se révéler utile
la transparence et la responsabilité sont indispensables à dans les situations multilatérales : partage d’évaluations
la gouvernance démocratique et la protection des droits communes et de perspectives stratégiques, négociations à
humains. Le secret doit donc rester une exception. huis clos, confirmation de stratégies de défense pacifiques,
appui aux missions de maintien de la paix.
En principe, le secret doit reposer sur des bases juri-
diques claires. Les règles de classification, la liberté d’infor- Toutefois, la coopération internationale en matière de
mation et l’accès à l’information des organismes de contrôle renseignement peut comporter des risques : incertitude
protègent des excès. En encourageant un contrôle plus quant à la destination des informations échangées, diffi-
strict pour révéler les illégalités et comportements répré- culté de vérifier les informations reçues ou les moyens em-
hensibles, l’ouverture évite les cultures d’impunité. ployés, compromission avec des services étrangers aux
méthodes jugées illégales dans l’État destinataire ou par le
droit international.
8
DCAF RSS DOCUMENT D’INFORMATION | Les services de renseignement
9
DCAF RSS DOCUMENT D’INFORMATION | Les services de renseignement
10
DCAF RSS DOCUMENT D’INFORMATION | Les services de renseignement
Notes
11
Centre pour le contrôle démocratique
des forces armées – Genève
BP. 1360
CH-1211 Genève 1
Suisse