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Nous nous penchons ici sur la notion de paradigme en posant la question suivante :

la démarche scientifique, parce que scientifique, garantit-elle pour autant


l'objectivité ?
La compréhension d'un même phénomène est-elle la même pour tout scientifique, quels
que soient l'époque et le lieu ?
Nous voyons le soleil se lever le matin, atteindre une certaine hauteur dans le
ciel avant de se coucher le soir à l'horizon.
- "Le soleil se déplace autour de la Terre." - "Mais non, le soleil est fixe et
c'est la Terre qui tourne autour du soleil."
Et plus précisément, dans l'exemple qui nous occupe, c'est la Terre qui tourne sur
elle-même ...
Les phénomènes sont en fait traités mentalement via des grilles de lecture.
Sans celles-ci, ils nous apparaîtraient vides de sens.
Ces grilles de lecture qui nous permettent de faire sens des phénomènes qui nous
entourent,
la science les appelle : des "paradigmes".
"Un paradigme est un ensemble de théories, sur la nature d'un phénomène,
considérées comme scientifiquement valides
et faisant consensus au sein d'une communauté scientifique."
Nous venons d'évoquer un changement célèbre de paradigme : le passage du
géocentrisme, le soleil tourne autour de la terre,
à l'héliocentrisme, la terre tourne autour du soleil.
Il n'est donc pas seulement question de révolution du soleil autour de la Terre ou
de la Terre autour du soleil.
Il s'agit également de révolution dans la manière de concevoir l'univers; en
l'occurrence, il ne s'agit rien moins
que d'une révolution ... copernicienne !
Révolution ! C'est l'historien des sciences, Thomas Kuhn qui est à l'origine du
concept de "révolution paradigmatique".
Selon Thomas Kuhn, le progrès scientifique ne provient pas d'une simple
accumulation des connaissances,
mais de ruptures liées à des changements de conception générale dans la
compréhension des phénomènes,
c'est-à-dire des changements de ...
paradigmes.
De manière générale, les paradigmes se succèdent à travers le temps.
Mais au sein d'un même grand paradigme dominant,
on distingue également des écoles, des approches ou des courants théoriques
différents,
qui peuvent coexister à une même époque, dans un même champ d'étude.
"La science politique n'échappe pas à la règle."
On distingue par exemple les approches "micro",
qui partent des acteurs, des approches "macro",
qui partent des structures ou conjonctures ou contextes, selon les
conceptualisations et théorisations
des uns et des autres. Un exemple :
l'effondrement de l'URSS fin des années '80, début des années '90.
Une approche de type "micro" donnera un poids très important au rôle joué par le
dirigeant soviétique de l'époque
Mikhaïl Gorbatchev, qui impulsa de profondes réformes dans le cadre de la glasnost
et de la perestroïka..
En contraste, une approche de type "macro"
n'accordera pas un poids aussi fondamental au rôle personnel joué
par Gorbatchev,
mais plutôt à l'état général politique, économique et social de l'URSS
de l'époque. Pour les uns, c'est Gorbatchev qui a fait l'Histoire,
pour les autres, c'est l'Histoire qui a produit Gorbatchev.
La présence de paradigmes au sein d'un même champ d'étude indique que les cadres
de saisie du réel ne sont pas neutres et dépendent en fait du regard porté
par l'observateur :
les phénomènes ne nous apparaissent pas de manière brute, mais bien à travers des
lentilles théoriques et conceptuelles leur donnant du sens.
De ce point de vue, en dernière analyse,
la scientificité d'un paradigme se fonde sur le consensus de la
communauté scientifique concernée.
Mais il n'y pas toujours consensus :
la science est traversée par des querelles d'écoles.
Dans ce contexte relativiste, un critère de scientificité fait toutefois
l'unanimité :
celui de la rigueur interne au paradigme mobilisé dans le traitement
scientifiquement méthodologique de l'objet étudié.
Le critère ultime de la démarche scientifique est, dans ces limites inhérentes à la
science, préservé :
elle prétend bien répondre à la question de ce qui est, et non pas de ce qui
devrait être -- mais il demeure que la saisie
de ce qui est varie en fonction des lunettes que nous chaussons ...

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