Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Introduction
par Éric FELDER
Maître de recherches, école des mines de Paris
Ingénieur civil des Mines de Paris, docteur ès sciences
L ’objectif premier de la mise en forme des métaux est de conférer à une pièce
métallique des dimensions situées dans une fourchette de tolérance don-
née. Les principaux procédés de mise en forme des métaux sont apparus pro-
gressivement, donnant naissance par la suite à diverses variantes, parfois très
nombreuses. Les formes modernes des divers procédés sont le plus souvent
apparues récemment pour assurer la production en grande série de pièces à fai-
ble coût. On note dans le tableau A quatre stades principaux d’émergence des
divers procédés.
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Matériaux métalliques M 3 000 − 1
PROCÉDÉS DE MISE EN FORME ___________________________________________________________________________________________________________
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
M 3 000 − 2 © Techniques de l’Ingénieur, traité Matériaux métalliques
___________________________________________________________________________________________________________ PROCÉDÉS DE MISE EN FORME
Procédés divers :
Frittage : à partir
Moulage : Façonnage : à partir d'états particuliers
à partir à partir de l'état (solide-liquide
de l'état liquide de l'état solide pulvérulent par électrolyse,
condensation...)
Formage :
Usinage :
sans enlèvement
avec enlèvement
de matière
de matière
à chaud et à froid
— passage temporaire d’un alliage métallique par l’état semi- alliages d’aluminium et de cuivre, une voie proportionnellement
solide (cf. l’article Mise en forme à l’état semi-solide : rhéoformage plus développée que dans le cas des aciers de mise en forme par
et thixoformage de la présente rubrique). filage à chaud, procédé semi-continu, à partir de produits coulés.
■ Les procédés de formage et d’usinage mécanique sont
basés sur une propriété fondamentale des alliages métalliques
solides : la plasticité.
2. Chaîne des opérations
à chaud et à froid La plasticité des alliages métalliques solides correspond à
leur aptitude à présenter (après application d’un état de
contrainte vérifiant le critère de plasticité dont la valeur critique
■ La chaîne des opérations de mise en forme d’un produit est définie par la contrainte d’écoulement plastique σ0) une
d’utilisation courante en acier est assez longue et complexe : déformation permanente laissant invariant en première approxi-
— élaboration d’un demi-produit par coulée continue à une mation leur volume.
vitesse assez faible et une section assez grande, conditions impo-
sées par la vitesse d’évacuation de la chaleur et la forte productivité La température de formage est un paramètre fondamental, car
nécessaire ; elle conditionne la valeur de la contrainte d’écoulement plastique
— diminution des dimensions transversales par laminage, pro- (figure 2). On distingue à cet égard mise en forme à froid et mise en
cédé continu de forte productivité, à chaud, puis à froid pour les pro- forme à chaud. Il faut noter que ces termes ont deux sens qui peu-
duits les plus minces ; vent ne pas coïncider. Dans les ateliers de formage, mise en forme à
— enfin mise à la forme définitive par des procédés spécialisés : froid signifie mise en forme d’un métal initialement à 20 °C ; mise en
travail des métaux en feuilles pour les produits plats (tôles) ; for- forme à chaud signifie préchauffer le métal avant mise en forme à la
geage à chaud ou à froid, filage à chaud, tréfilage, usinage pour les température la plus élevée possible, c’est-à-dire permettant l’obten-
produits longs (de section compacte) et/ou les pièces unitaires. tion d’un produit aux propriétés acceptables.
Une des caractéristiques majeures de cette chaîne d’opérations Exemple : la mise en forme à chaud des aciers est effectuée vers
assez étendue est que la vitesse du métal lors de ses mises en forme 1 200 °C ; le filage à chaud des alliages d’aluminium est effectué entre
successives augmente constamment afin de garantir une bonne 400 et 500 °C.
productivité ; une brame, ébauche de produit plat, ou un bloom,
ébauche de produit long, sont extraits de la lingotière à une vitesse Au sens de la métallurgie physique, il s’agit de déformation plas-
de l’ordre du mètre par minute alors que la tôle fine est laminée à tique dans un domaine de température thermodynamique T en rap-
plus de 30 m/s ! Les produits non ferreux suivent des voies similai- port avec la température thermodynamique de fusion Tf (en toute
res, mais plus spécialisées dès l’origine, avec, par exemple, pour les rigueur température du solidus) de l’alliage métallique :
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Matériaux métalliques M 3 000 − 3
PROCÉDÉS DE MISE EN FORME ___________________________________________________________________________________________________________
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
M 3 000 − 4 © Techniques de l’Ingénieur, traité Matériaux métalliques
___________________________________________________________________________________________________________ PROCÉDÉS DE MISE EN FORME
Tableau 1 – Comparaison des divers procédés de mise en forme à chaud, à tiède et à froid
Mise en forme
Caractéristiques
à froid à tiède à chaud état semi-liquide état liquide
T /T f 0,15 0,5 0,7 à 0,85 ≈1 >1
θ (°C) :
– aciers 600 1 200 1 500 > 1 530
– alliages cuivreux 20 800 > 1 000
– alliages 400 à 480 > 600
d’aluminium
Procédés laminage forgeage laminage rhéoformage coulée continue
forgeage forgeage thyxoformage moulage
emboutissage filage injection de gelées soudage
tréfilage étirage métalliques oxycoupage
cisaillage frittage faisceau laser
coupe formage superplastique torche plasma ...
σ0 (N/mm2) 200 à 1 500 100 à 500 50 1 0
(aciers)
Énergies élevées moyennes faibles négligeables
Forces de mise
en forme
Qualité du produit :
– tolérances élevées moyenne faibles faibles faibles
dimensionnelles
– état de surface très bon bon médiocre médiocre médiocre
– structure écrouie écrouie restaurée dendritique
métallurgique ou recristallisée
Aspects
tribologiques :
– lubrification variée problèmes difficile difficile (laitiers, verres...)
– sollicitations mécaniques critiques thermomécanique thermiques
des outils
● Suppression ou réduction des traitements de finition des continue les opérations de laminage à froid, de recuit, de déposition
pièces d’un revêtement...
Les praticiens de la mise en forme visent à produire directement
et sans opérations supplémentaires la pièce avec toutes ses spécifi- ■ Au total, la mise en forme des matériaux métalliques est un sec-
cations, tant dimensionnelles que mécaniques, à cœur comme en teur industriel de haute technicité et en progrès constant, avec une
surface. D’où le développement des traitements thermomécani- foule de problèmes dont la résolution nécessite le recours à des
ques pratiqués en laminage, forgeage et filage à chaud et, qui, moyens très performants. Parmi ces outils, l’informatique occupe
moyennant un choix judicieux de la composition chimique de une place de choix, car la mise en forme représente 22 % environ du
l’alliage mis en forme et des conditions thermiques durant, entre et marché de la productique, c’est-à-dire de l’activité centrée sur
après les opérations de formages permettent d’obtenir les structu- l’application de l’informatique aux procédés de fabrication. Les tech-
res et les propriétés adéquates pour l’utilisation. D’où par ailleurs, le niques informatiques sont en effet de plus en plus utilisées dans
développement progressif de procédures d’essais permettant de l’industrie de la mise en forme des matériaux métalliques de
maîtriser le régime de lubrification par optimisation des conditions manière intensive et à tous les niveaux : banque de données maté-
de lubrification et du choix de la nature et de l’état des outils de mise riaux et logiciels de CAO pour concevoir les pièces et les produits,
en forme et ainsi de contrôler l’état de surface du produit tout en aide à la conception des gammes de mise en forme, contrôle de pro-
augmentant la durée de vie des outils. cédé, simulation numérique des opérations de mise en forme.
● Enchaînement continu des diverses opérations L’informatique devient donc l’auxiliaire incontournable de l’ingé-
nieur de mise en forme.
Il se développe de manière irrésistible, avec élimination progres-
sive des temps morts et des stockages intermédiaires, donnant nais-
sance à une chaîne de production aussi continue que possible. Le
caractère continu des diverses opérations a en effet un double
avantage : réduction des coûts de stockage ; amélioration de la qua-
lité du produit, toute rupture dans la chaîne de fabrication amenant
4. Présentation de la rubrique
l’apparition de défauts ou une baisse de propriétés. On enfourne
directement de plus en plus les demi-produits chauds élaborés par
coulée continue dans les trains de laminage à chaud ; on assiste au La rubrique « Mise en forme » est subdivisée en cinq grandes par-
développement pour les tôles, d’installations réalisant sur une ligne ties.
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Matériaux métalliques M 3 000 − 5
PROCÉDÉS DE MISE EN FORME ___________________________________________________________________________________________________________
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
M 3 000 − 6 © Techniques de l’Ingénieur, traité Matériaux métalliques