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George Washington par Woodrow Wilson

résumé des cinq premiers chapitres

Présentation de l'éditeur

En 1893, Woodrow Wilson, futur président des États-Unis (1913-1921), écrit cette biographie de
George Washington (1732-1799) alors qu'il n'est encore que professeur d'histoire et de sciences
politiques à Princeton.
S'intéressant avant tout à l'exemple moral de son héros, vainqueur de Yorktown à l'issue de la guerre
d'Indépendance et premier président de la nation américaine, il dépeint un personnage sans
faiblesses ni états d'âme, qui s'imposa dans la carrière militaire par sa droiture, une grande dignité et
le souci de ses hommes. Glorieux général, homme politique averti, partisan d'un conservatisme
tempéré et d'un renforcement du pouvoir fédéral, Washington incarne ce nationalisme américain que
Wilson cherche à, raviver.
Portrait hagiographique, témoignage précieux d'un futur homme d'État sur un autre homme d'État
mais aussi panorama haut en couleur de la société esclavagiste du XVIIIe siècle, ce petit ouvrage
est un document exceptionnel qui n'avait pas été réédité depuis 1981.
George Washington par Woodrow Wilson

Avant d’être président des États-Unis, Woodrow Wilson fut avant tout un professeur d’histoire
spécialisé dans l’étude du droit politique et de la constitution américaine. L’ouvrage qu’il nous signe
ici fut publié bien avant le destin qu’il devait avoir. Cet ouvrage n’est pas a proprement parler un
livre d’histoire, du moins dans le sens scientifique. En effet, Wilson ne cite presque jamais ses
sources, ne donnent pas beaucoup d’informations sur les dates, etc. C’est avant tout une biographie
visant à faire pénétrer au lecteur le caractère exceptionnel de ce grand homme d’Etat que fut George
Washington. L’ouvrage est préfacé par Charles Cestre, professeur à la Sorbonne, et est annoté par
Georges Roth. Wilson structura son essai en 10 chapitres, dont voici ici une synthèse des 5
premiers.

1. La Virginie au temps de Washington


2. Éducation et jeunesse de Washington (1732 – 1753)
3. Le colonel Washington (1754 – 1758)
4. À Mont-Vernon (1759 – 1763)
5. La mêlée politique (1761 – septembre 1774)

George Washington étant Virginien, il est normal de trouver en « préambule »


une reconstitution du milieu qui l’a vu naître. Wilson commence par brosser
rapidement la vie qu’eut Washington. Gentleman né en Virginie, il fut l’un de
ceux qui permit aux colonies anglaises d’Amérique de conquérir leur sécurité et
leur indépendance. Washington « atteint l’age viril à l’heure des premier remous
révolutionnaires ». Il fit la guerre de Sept ans, fut chef de parti à l’age de 44 ans.
Les qualités maîtres chez lui étaient la « prévoyance et [l'] autorité ».
Washington fut « le premier » de son temps, c’est-à-dire « le premier dans la
guerre, le premier dans la paix, le premier dans le coeur de ses concitoyens. (p. 13) ».
Depuis plus de cent ans les colonies anglaises vivaient en paix depuis que les premiers colons
vinrent s’installer. Il se trouvait alors 600 000 sujets en 1732, l’année où naquit Washington. « Les
Virginiens étaient en somme des Anglais tant soit peu retardataires. Alors que les Anglais d’Europe
évoluaient, se transformaient, les colons d’Amérique demeuraient semblables à eux-mêmes. ». Les
colonies restaient toutes fois très contrôlées par l’Angleterre. Georges Roth rappelle en note de bas
de page : « Le Gouverneur exerçait les prérogatives royales et détenait le pouvoir exécutif, dans les
limites de son mandat. La législature coloniale se composait d’une Chambre de représentants et
d’un Conseil de gouvernement dont les membres étaient nommés soit par le roi (dans les provinces
royales), soit par la Chambre (dans les colonies à chartes). La « Chambre des Bourgeois » (House
of Burgesses) était l’Assemblée des représentants de la Virginie. (…) Elle se composait à cette date
du gouverneur (…), de ses six conseillers et de deux notables (Burgesses) par plantation. Soit, en
tout, vingt-sept membres. (p. 17) ».
Le Sud et le Nord des colonies partaient d’un principe tout à fait différent. En effet, « la Virginie
avait été le rendez-vous d’émigrants n’ayant qu’un seul souci : améliorer leur sort matériel. La
Nouvelle-Angleterre, au contraire, avait été fondée en vue de devenir le foyer d’une croyance et
d’une discipline. (p. 20) ». John et Lawrence Washington arrivèrent à la fin du XIIème siècle. Leur
père, également nommé Lawrence Washington était révérend sur le Vieux Continent et fut chassé en
1643 par ordre du parlement pour s’être enivré en public et pour avoir dénigré les troupes
parlementaires. La situation ne pouvant s’améliorer, ses fils partirent pour la Virginie et y
débarquèrent en 1656. (p. 22).
« À l’aube du XVIIIème siècle, une vie de plus en plus large, de plus vastes terrains d’entreprises et
d’aventures, les souriantes perspectives d’un empire grandissant, encourageaient partout l’effort des
colons énergiques (p. 25) ». Cependant ces efforts étaient bridés par la législation de la Métropole
britannique. « Les lois de Navigation interdisaient l’usage de tous autres navires que les bâtiments
anglais; elles prohibaient en outre tout commerce qui ne s’effectuait pas directement avec les ports
anglais [...] Les denrées que [les colonies] ne produisaient pas, elles devaient les importer de la
métropole ; quant à celles dont elles pouvaient disposer, elles devaient les lui expédier en droite
ligne. Voulaient-elles opérer des échanges entre elles ? Elles étaient astreintes à le faire via
l’Angleterre, afin que des agents anglais leur servissent d’intermédiaires. Si l’on tenait à tout prix à
effectuer un transport direct entre deux ports des colonies, il fallait s’acquitter un droit égal à la
redevance perçue dans un port britannique (p. 25) ». La fraude par rapport à ces contraintes était
tout à fait de mise : il était difficile pour l’Angleterre de contrôler un si grand territoire.
Les Français quant à eux étaient beaucoup moins nombreux « quelques centaines quand les anglais
étaient des milliers (p. 27) ». Leur commerce reposait sur les fourrures. Ils étaient installés au Nord,
après qu’ils aient découvert l’embouchure du fleuve Saint-Laurent. Le territoires occupés par les
colonies françaises étaient grand set recouvraient maintenant un espace allant des grands Lacs
jusqu’au Golf du Mexique. Cette présence française embarrassait beaucoup les colons anglais,
d’autant plus que ceux-ci soulevaient fréquemment les Indiens contre ces derniers.
C’est pourquoi la politique européenne vint rapidement s’immiscer sur la question coloniale à la
fois du coté Français que du coté Anglais. La France était en effet en Europe la plus redoutable
ennemie de l’Angleterre. Les Anglais voulaient alors soulever les colonies contre les français, mais
celles-ci demeuraient trop indifférentes, « trop fières pour s’humilier, trop fortes pour se laisser
contraindre, trop éclairées pour ne point voir les conséquences de leur docilité (p. 29) ». Deux
guerres éclatèrent sur le nouveau continent entre les deux puissances sans pour autant se montrer
décisives.
Pendant ce temps, la Virginie comptait maintenant près de 100 000 hommes. Un sentiment national
commençait à naître, ce n’étaient plus de simples colons. Point d’intellectualisme pour ces hommes,
« nul ne pensait, en Virginie, qu’un « honnête homme » pût souhaiter devenir « un pur érudit ». Le
devoir consistait à « se familiariser avec les gens et les choses, bien plutôt qu’avec les livres ». (p.
31). ». L’Angleterre avait toujours peine à asseoir son autorité sur les colonies. « On n’y acquitte
aucun tribut, note plaisamment Byrd, ni à Dieu ni à César (p. 32) ».
« Soixante-seize ans s’étaient écoulés depuis que John Washington (…) avait acquis un petit bien
sur le Bridge’s Creek, et ses descendants continuaient d’habiter la vieille propriété dont il avait fait
élection (p. 35) ». John Washington était ainsi devenu un notable, par la suite de trois mariages
successifs lui ayant permis de tisser de nombreux liens, et aussi par le fait que celui-ci siégeait
maintenant à la Chambre des Bourgeois. Il décéda en 1676, mais sa paroisse était appelée par le
nom de Washington bien avant cette cruelle échéance. Les fils et petits-fils de John continuèrent «
cette vigoureuse impulsion ». C’est durant cette période de calme (1713-1744) que « George
Washington vint au monde, le 22 février 1732, « vers dix heures du matin » (…) Il était le
quatrième fils, mais le cinquième enfant, d’Augustin Washington, descendant ainsi, à la troisième
génération, de John Washington, fils du recteur de Purleigh. (p. 36) ».

Le père de George Washington ne lésina pas sur les moyens à employer pour donner à son fils la
meilleure éducation possible. Augustin Washington mourut le 12 avril 1743 à 49 ans et laissa son
fils George alors âgé d’une douzaine d’années. Son père s’était marié deux fois, et son héritage fut
partagé entre les deux enfants de son premier lit et entre les sept enfants de son deuxième lit, dont
George était le premier. Le fils aîné, Lawrence, eut le gros de la fortune, au second, Augustin, revint
la plupart des fertiles domaines du Westmoreland. Le jeune George fut confié à la tutelle de sa mère
qui partagea le reste des biens avec ses quatre frères. Si Lawrence et Augustin partirent finir leurs
études en Angleterre, George dut se contenter de l’instruction élémentaire que les magistères
virginiens pouvaient lui prodiguer. Il alla à l’école jusqu’à l’age de seize ans et c’est à l’automne
1747 qu’il partit rejoindre son frère Lawrence qui nourrissait une grande affection pour lui, à Mont-
Vernon. Il fréquenta également là-bas Lord Fairfax qui lui apprit maintes choses que le commun des
virginiens ignoraient : « la scrupuleuse distinction d’un homme respectable et bien né ; l’utilité des
livres pour qui s’occupe d’affaires ; la façon de rendre la force bienfaisante, et la richesse
généreuse. (…) On prenait (…) une teinture du Vieux Monde. (p. 42). ».
Lorsque Faifax était en quête d’un arpenteur pour élargir ses terres, la personne de George
Washington fut naturellement toute trouvée. Il sut faire ses preuves en quatre semaines. « En mars
1748, il franchit les montagnes (…) pour gagner les régions désertes où il devait opérer. Il revint
moins d’un mois plus tard, muni de cartes et de tracés délimitant les terres que possédait son
protecteur. (…) Lord Fairfax n’en demandait pas d’avantage. (p. 43). ». Il continua ce pénible
labeur 3 années durant. Preuves étant ainsi données de sa compétence, Lord Fairfax fit rapidement
une très bonne réputation à George Washington, et ce dernier put rapidement devenir fonctionnaire
du Gouvernement de Sa Majesté Britannique. À temps perdu, il étudiait la tactique militaire,
l’histoire de l’Angleterre, s’entraînait au sabre.
Mais un jour, son frère, Lawrence Washington, tomba gravement malade. George se sentit obligé de
rester à son chevet. Il s’éteint alors durant l’été 1752 à Mont-Vernon, après avoir tenté maints
remèdes pour éliminer le mal dont il était atteint. George hérita ainsi de la propriété de Mont-
Vernon. Il dut donc « assurer la discipline et l’équipement de la milice de onze comtés, aider sa
mère à gérer ses domaines agrandis, et assumer en toutes circonstances les devoirs et responsabilités
d’un homme mûri aux affaires. Or, il n’avait que vingts ans à peine. (p. 45). ».
Parallèlement à ceci, tout indiquait que la Virginie risquait de sortir de « la paix perpétuelle » (p. 46)
dans laquelle elle se trouvait plongée comme l’indiquait Beverley. Ainsi, les Français continuaient
de pénétrer vers l’Ouest et le gouvernement anglais voulait renforcer son contrôle sur les colonies.
Le territoire français comprenait alors 80 000 Français et les colonies anglaises étaient peuplées de
près d’un million de colons. Bien que Versailles semblait se désintéresser quelque peu du Nouveau
Monde, le marquis Duquesne, gouverneur de la province du Saint-Laurent, décida au printemps
1753 d’envoyer 1500 hommes construire un port à Presque-Isle, pour pouvoir ensuite envoyer des
bateaux dans l’Ohio ou dans l’Alleghany. Peu après, « c’était une armée de 6 000 hommes qui se
rendait sur l’Ohio pour faire déguerpir les Anglais. (p. 48). ».
Dinwiddie, gouverneur de la Virginie, fut vigilant par rapport à ces manoeuvres n’augurant rien de
bon pour les colonies. Hamilton, le gouverneur de la Pennsylvanie, était lui aussi très vigilant. Si les
quakers peuplant cette dernière région se refusaient à voter l’envoi de militaires, Dinwiddie fut plus
prompt à réagir. D’abord il agit, puis après seulement il consulta l’assemblée. Londres l’autorisa à
établir des forts sur l’Ohio si la Chambre des Bourgeois se montrait consentante vis-à-vis des
crédits nécessaires. Pendant ce temps, le gouverneur devait enjoindre les Français à partir, « à se
retirer à l’amiable (p. 49). ». En cet hiver, la communication était difficile en raison des conditions
climatiques. Pourtant, le messager était tout trouvé, et ce fut George Washington, jeune officier de
21 ans.
L’ordre de mission et la lettre destinée au commandant français lui furent remis le 31 octobre 1753.
Ils n’atteignirent en revanche leur objectif que le 11 décembre de la même année, après avoir
traversé « plus de 250 lieues de forêt, (…) franchi des fleuves débordés, sous une chute quasi
incessante de pluie ou de neige, sans même trouver (…) un sentier d’Indiens (p. 50). ».
Mais soixante miles avant leur arrivée à Fort LeBoeuf, le quartier général des français, ils s’étaient
déjà préparés à la réponse que leur ferait les français. Ils savaient que l’inertie du système «
bureaucratique » anglais entraînait une certaine lenteur dans les décisions, devenant ainsi incapables
de faire échouer une entreprise française.
Alertée du refus français, la troupe menée par Washington revint alors et elle atteignit Williamsburg
(capitale de la Viriginie) le 16 janvier 1754. La réputation de Washington se retrouva raffermie des
suites de cette « aventure ».

Mais dès le 1er novembre 1753, Dinwiddie avait fait voter à la Chambre des Bourgeois, en même
temps qu’une discussion sur l’abolition d’une taxe sur les nouveaux droits, la mobilisation de 200
miliciens pour venir en aide à Washington. Le rapport sur les forces françaises fait par celui-ci lors
de son retour début 1754 permit à l’opinion de prendre conscience du danger imminent que leur
inaction les faisait courir. C’est pourquoi des volontaires et des crédits affluèrent à Washington.
En février, on décida d’élaguer les fourches de l’Ohio. Mais hélas ! l’entreprise ne fut pas menée
avec une diligence suffisante puisque ce n’est seulement qu’à partir du 2 avril qu’elle fut menée, et
le 17 avril, plus de 500 Français stoppèrent ces 40 Anglais dans leur élan. Le renfort le plus proche,
fort de 150 hommes menés par Washington, n’ayant « pas encore atteint le sommet des Alleghanys
(p. 55)», ils durent rebrousser chemin.
Des votes de crédits supplémentaires permirent à Dinwiddie d’envoyer d’autres hommes en
éclaireurs pour élaguer, mais il était malheureusement trop tard, puisqu’au printemps, « 500 à 1400
hommes (p. 55) » Français furent stationnés aux fourches de l’Ohio, aujourd’hui où est bâtie la ville
de Pittsburg, et élevèrent Fort Duquesne, un avant poste.
Washington prit donc le parti de rebrousser chemin jusqu’aux « Grandes Plaines » (Great Meadows)
et d’y attendre le colonel Fry, autre homme talentueux dépêché par Dinwiddie. Le renfort arriva,
certes, mais sans le colonel Fry, malheureusement décédé en route. Cependant, l’effectif de l’armée
s’élevait maintenant à près de 3000 hommes.
Le 26 mai 1754, Washington, accompagné d’une quarantaine d’hommes, surprit 30 Français menés
par Coulon de Villiers de Jumonville dans les bois à l’orée du camp. Par la force des baïonnettes, il
les contraint à se rendre en moins d’un quart d’heure, bien que ceux-ci les assurèrent que leur
mission était pacifique. Mais en ce cas, pourquoi ceux-ci étaient-ils si nombreux et pourquoi se
ruèrent-ils à cette vitesse vers leurs armes lors de la rencontre avec les Anglais ? Il ne faisait
désormais nul doute que la guerre avait bien commencé et que « désormais, il n’y aurait en
Amérique soit des Français, soit des Anglais, mais non plus les deux à la fois. (p. 57) ».
Le 3 juillet, les Français tentèrent d’attaquer Fort Necessity qui abritait Washington, mais ceux-ci
n’essayèrent qu’une fois après l’accueil qui leur fut donné. Villiers se replia dans les bois et c’est
alors un combat de neuf heures qui dura, jusqu’à ce que vers vingt heures, les Français proposèrent
un armistice.
Cependant, les Français pouvaient recevoir à tout moment du renfort. C’est pourquoi Washington,
acceptant l’armistice, jugea plus sage de se replier. Ce fut une dure défaite pour Washington, mais
celui-ci l’encaissa comme doit l’encaisser une homme de sa classe. De retour à Williamsburg,
Dinwiddie voulait derechef renvoyer Washington à l’assaut de Fort Duquesne, mais cela se montrait
hélas ! impossible.
En octobre, le gouverneur obtenut de nouveaux crédits et voulut dépêcher des hommes en imposant
toutefois que nul officier ne devait dépasser le grade de Capitaine, disposition visant à aplanir «
toute discussion de caractère hiérarchique (p. 59) ». Mais Washington ne l’entendait pas de cette
oreille, ne voulant d’une part pas être réduit au standing de simple Capitaine, ni être commandé par
le moindre « blanc-bec » lui montrant son brevet royal. Il se retira donc dans la « ferme flottante »
de sa mère, située sur le Rappahanoc, à Mont-Vernon.
Au printemps 1755, 18 navires de guerre français amenèrent au Canada six bataillons ainsi qu’un
nouveau gouverneur. Il en fut de même en ce qui concernait l’Angleterre. Washington ayant
démissionné de l’ordre de Dinwiddie suite à l’affront que celui-ci lui avait asséné, il accepta de
rentrer sous les ordres du tout nouveau général Braddock, venu expressément d’Angleterre.
Au milieu d’avril 1755, cinq gouverneurs coloniaux, à savoir William Shirley du Massachusetts,
James de Lancey du New York, Horatio Sharpe du Maryland, Robert Hunter Morris de
Pennsylvanie et Robert Dinwiddie de la Virginie décidèrent de lancer une attaque sur Niagara, sur
Crown-Point, en Acadie, et sur Fort-Duquesne (p. 62-63). C’est le général Braddock qui était chargé
de cette dernière attaque.
Il fut décidé de partir avec son armée de Virginie et de passer par le chemin que Washington avait
déjà frayé jusqu’aux Grandes Plaines, opération comportant un gros risque que Franklin ne manqua
pas de signaler (p. 63). Toutefois, le 19 mai fut atteint Fort-Cumberland où se trouvaient maintenant
2200 hommes.
Le 10 juin, les hommes partirent de l’avant. Le 9 juillet vers midi, ils arrivèrent à un point situé à
quelques 8 miles de Fort-Duquesne : la Monongahela. Ils y furent surpris par un officier français.
C’est alors que l’attaque fut lancée sur l’ordre de Braddock, alors que Washington s’y montrait
fermement opposé. Ce dernier sommait Braddock de disperser les hommes pour combattre dans les
bois, mais « le général ne voulait rien entendre(p. 65) ». Les Français étaient en effet cachés dans
les bois, et les Anglais se faisaient tuer aussi bien par eux que par eux-mêmes, ne sachant où aller.
Braddock traitait de lâches et menaçait de l’épée les soldats tentés d’aller au corps à corps avec les
Français.
« Il y avait là près de 1000 Français et plus de 600 Indiens. (…) Ce fut un carnage pitoyable (p. 65)
». Washington se jeta toutefois à corps perdu dans la bataille. « Il parut être invulnérable et comme
protégé par un charme. Deux chevaux furent tués sous lui, quatre balles trouèrent ses vêtements.(p.
65) ». Lui seul possédait encore autorité sur les hommes. Décimée, l’armée dut battre en retraite.
Braddock fut blessé. Ils ne repartirent même pas jusqu’à Fort-Cumberland, ils poussèrent jusqu’à
Philadelphie.
À Niagara, Shirley dut abandonner l’opération puisque les Français en avaient eu vent par les
carnets que Braddock perdit. En Acadie, Beauséjour se montra impuissant face aux Anglais. Au Lac
George, Jonhson fut attaqué par les Français le 8 septembre 1755 mais réussit néanmoins à les
battre et à faire prisonnier Dieskaw. Satisfait de son exploit, il n’alla donc pas jusqu’à Crown-Point.
Cette opération marqua le début de « trois longues années (p. 67) » où les Français semblaient
marcher vers la victoire. En 1756, Oswego fut capturé et en 1757 ce fut le tour du fort William
Henry, un avant poste situé sur le lac George.
« Un seul coin reste lumineux dans ce sombre et triste tableau. (p. 68) ». George Washington
rencontra au début de 1756 Miss Mary Philipse à New York dont il tomba amoureux. Mais il devait
malheureusement continuer à défendre les frontières virginiennes.
1758, William Pitt devint Premier Ministre d’Angleterre. En juillet de cette même année, le général
Amherst s’empara de Louisbourg. Wolf prit Québec le 13 septembre 1759. Le général Forbes fut
envoyé en Virginie pour renouveler l’attaque contre Fort-Duquesne. L’attaque fut lente, très lente, et
lorsqu’ils arrivèrent, avec Washington, durant l’hiver, Fort-Duquesne était désert, les français étant
partis. Ils se contentèrent donc de rebaptiser la place Fort-Pitt, qui devint le 25 novembre 1758 la
ville de Pittsburg. Washington revint ensuite après cette épisode à Mont-Vernon.

En mai 1758, il rencontra vers Williamsburg Martha Custis qui n’avait alors que vingt-six ans et
l’épousa le 6 janvier 1759. Six mois avant son mariage, Washington fut élu à la Chambre des
Bourgeois par le comté de Frederick. En même temps, son beau-père, Mr Curtis, leur avait légué
bon nombre de biens. Washington n’eut donc pas le temps de s’ennuyer si l’on peut dire. Il devint
ainsi l’un des plus grands planteurs de Virginie. Très vite, il produisit l’un des meilleurs tabacs
d’Amérique, qu’il exportait à la barbe des inspecteurs de la couronne britannique. Washington avait
une maxime : « Respect, connaissance, maîtrise de soi ; seules ces trois vertus conduisent à
l’autorité souveraine. Et, vu que le droit est le droit, se conformer au droit est encore le plus sage,
advienne ensuite que pourra (p. 77) ». Mais cela ne l’empêchait pas d’être un « bon vivant ».
Durant ces cinq années que Washington passa à Mont Vernon, en même temps que la présence
française était circoncise, la métropole avait adopté une série de mesure qui provoquèrent « l’émoi
des colonies (p. 79) ». La victoire sans appel face aux Français développa le sentiment
d’indépendance des colonies vis-à-vis de la métropole. En quelques années, les colons « avaient
perdu tout à la fois la crainte des Français et le respect de l’Angleterre (p. 80) ».

Du Nord au Sud, une envie d’indépendance commença à naître. En mai 1764, le Parlement
britannique jugea nécessaire d’instaurer une imposition sur les colonies, en particulier sur le vin et
le sucre. Il semblait légitime que les colonies payent des impôts puisqu’elles bénéficiaient des
services publics. Le 10 mars 1764, George Grenville, qui était le Premier Ministre de l’époque
proposa plusieurs impôts directs en plus des impôts indirects déjà en vigueur. Tout cela fut ressenti
comme une provocation.
Une législation très contraignante en matière de commerce, qui aboutissait au final « à interdire tout
échange direct avec les pays étrangers et leurs dépendances ; et en particulier par l’intermédiaire de
navires non-anglais (p. 84) » sévissait, mais était constamment bafouée par les colons, et l’autorité
britannique chargée de faire respecter cette loi était très laxiste, sachant pertinemment qu’il serait
bon de ne pas s’attirer la foudre des habitants. Dans certains ports, « la pleine liberté du commerce
illicite (p. 84) » était demandée.
Dès 1761, après qu’une taxe sur les exportations de rhum et de sucre fut instaurée, une résistance se
forma, menée par James Otis. Lors de la session de 1765, Greenville voulut prescrire « aux Colons
l’usage de papier timbré pour tous actes et contrats commerciaux, documents officiels, journaux,
etc. Il proposa encore que les troupes royales stationnés sur les plantations fussent cantonnées chez
l’habitant. (p. 86) »
Patrick Henry fut l’un des plus farouches opposant à cette législation contraignante. Il alla plaider à
la Chambre des Bourgeois en mai 1765, peu après que la Loi sur le Timbre fut votée en mars 1765.
Il avait face à lui des adversaires, tels que Peyton Randolph. Mais Patrick Henry n’en démordait pas
et suggérait plutôt que « le Roi ferait bien de méditer sur le sort de César et de Charles Ier comme à
de salutaires exemples. (p. 91) ». Il fut contesté par l’auditoire, mais finalement, à une faible
majorité, l’Assemblée a adopté la déclaration des droits mais rejeta toutefois son idée de
désobéissance. Les propositions de Patrick Henry sont désignées sous le nom de « Résolutions de la
Virginie ».
Dès le lundi 7 octobre 1765, les délégués de 9 colonies se réunirent à New York pour décider de la
conduite à tenir. Le 19 octobre fut publié une « Déclaration des droits et griefs coloniaux » par le
Congrès de New York et furent envoyés au Roi d’Angleterre ainsi qu’au Parlement britannique. Une
pétition avait également cours.
La loi fut finalement abrogée le 18 mars 1766, le cabinet anglais n’ayant pu résister à une pareille
pression. Ce fait fut accueilli avec un grand soulagement et les tensions entre les différents colons
s’apaisèrent. Patrick Henry devint rapidement un leader, « le premier porte-parole des Virginiens et
de tous les bons citoyens (p. 95) ».
Cependant, l’Angleterre poursuivait sa politique avec les même intentions. Le credo était que « le
Parlement a pouvoir de contraindre les colonies en toutes circonstances et sans nulle exception. (p.
95) ». « Le 29 juin 1767 furent votés des droits d’importation sur le verre à vitre, le papier, les
matières colorantes et le thé, pour assurer aux fonctionnaires de la couronne un traitement prélevé
sur les revenus coloniaux. (p. 96) ».
C’est pourquoi lors de la session suivante ayant eu lieu en 1768, la Chambre des Bourgeois établit
de nouvelles remontrances à l’égard de la Couronne britannique. Les adresses ainsi que les pétitions
à l’ordre du Roi ayant toutes échouées, il s’en suivit un regain d’intérêt pour l’indépendance chez de
plus en plus de colons. Dans sa lettre adressée à George Mason du 5 avril 1769, George Washington
écrivait : « À l’heure où nos nobles maîtres de Grande-Bretagne ne visent à rien moins qu’à
supprimer la liberté en Amérique, il me paraît indispensable de tenter quelque chose pour détourner
le coup et assurer cette liberté que nous ont léguée nos ancêtres… Nul ne doit avoir de scrupules, ni
hésiter un seul instant à employer les armes pour la défense d’un bien aussi précieux et aussi
sacré… : telle est mon opinion très nette. Les armes cependant, me permettrai-je d’ajouter, ne
doivent constituer que l’ultime ressource (p. 97) ». Il s’agissait de paralyser l’économie et
l’industrie britannique.

En janvier 1770, un nouveau cabinet en Angleterre s’était constitué, sous la présidence de Lord
North, qui abolit toutes les taxes votées depuis 1767, mises à part celles sur le thé. « Mais ce que les
colons combattaient, c’était le droit du Parlement à les taxer, bien plus que les taxes elles-mêmes.
(p. 100) ». Des affrontements entre colons et militaires eurent lieu, se soldant parfois par des
massacres, comme le 5 mars 1770 où le « Massacre de Boston » eut lieu au cours d’une émeute.
En 1773, la situation évolua sur une crise. En effet, le Parlement avait décidé que les mutins, et
notamment ceux de l’affaire de la Gaspée devaient être jugés en Angleterre. Patrick Henry, Richard
Henry Lee, Dabney Carr et Thomas Jefferson se réunirent pour y réfléchir.
En fin d’année, après que le gouvernement anglais ait décidé que les colonies devaient prendre du
thé importé des Indes Orientales, des contestations éclatèrent et se soldèrent, le 16 décembre 1773,
par The Boston’s tea-party où des Bostoniens jetèrent à la mer 370 caisses de ce thé.

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