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SETIT 2007

4th International Conference: Sciences of Electronic,


Technologies of Information and Telecommunications
March 25-29, 2007 – TUNISIA

Commande myoélectrique d’une prothèse de main


communicante et « intelligente »
M. Atieh*,**, P.Y. Glorennec*, C. Nasr**
*
Département Informatique de l’Institut National des Sciences Appliquées de Rennes, France
myounes@irisa.fr , glorenne@irisa.fr
**
Faculté de Génie III de l’Université Libanaise, Beyrouth, Liban
chnasr@ul.edu.lb

Résumé : Ce papier propose un protocole de communication « intelligent » pour la commande myoélectrique d’une
prothèse de main. Des contractions musculaires sont capables de déclencher des tensions permettant d’actionner la
prothèse. Le fonctionnement de ce système est schématisé par un automate fini qui représente chaque contraction
musculaire de l’amputé, déclenchant un signal EMG, par une action de la main artificielle. Cette étude est
principalement basée sur les avis des ergothérapeutes et des orthoprothésistes, aussi bien que sur les besoins des
handicapés. Ce travail est renforcé par des applications faites avec des signaux réels détectés des muscles de bras et de
l’avant-bras d’un amputé bilatéral de membres supérieurs.
Mots–clés : prothèse myoélectrique communicante, signaux électromyographiques, interaction, automate, protocole de
communication.

France et au Liban, pour écouter leurs besoins et leurs


problèmes. Ceux-ci nous ont permis de spécifier notre
INTRODUCTION projet de prothèse.
Une prothèse myoélectrique de main est un Une partie de notre projet porte donc sur l’étude
système électro-myographique fonctionnant suite à des prothèses de mains existantes, dans le but
des contractions musculaires. Ces dernières d’améliorer leurs fonctionnalités, leur fiabilité, leur
provoquent des signaux électromyographiques (EMG) ergonomie et, en particulier, leur acceptabilité chez les
détectés par des électrodes placées à la surface de la handicapés. Cette dernière raison est un point
peau, dont chacun se traduit par un mouvement de la indispensable pour spécifier les besoins des patients,
main artificielle. porteurs de prothèses.
L'objectif de notre étude est d’établir une prothèse Cependant, puisque le nombre de signaux EMG
de main regroupant les fonctions essentielles d’une disponibles chez l’homme est limité, nous proposons
main réelle et, offrant aux amputés de membres dans ce papier d’optimiser le nombre de signaux en
supérieurs une meilleure autonomie dans leur vie réutilisant le même signal pour les fonctions
quotidienne. répétitives ou les fonctions similaires.
Un autre point important abordé dans cet article,
la nécessité de la communication prothèse- personne
dans les deux sens : de la personne vers la prothèse et
de la prothèse vers la personne porteuse de la main.
D’où l’idée de créer un protocole de communication
personnalisé, selon le cas de chaque handicapé.
Le paragraphe 1 de ce papier présente l’état de
l’art et une analyse détaillée de la problématique des
Figure 1. Une prothèse de main myoélectrique prothèses actuelles. La deuxième partie représente la
Dans le but d’assurer cette autonomie d’une part et méthodologie de travail que nous avons conçue.
de compenser les déficiences des patients d’une autre Ensuite, nous expliquons dans la troisième partie notre
part, nous avons visité plusieurs centres de protocole de communication qui permet d’assurer une
rééducation et de réadaptation pour les handicapés, en interaction entre la personne et sa prothèse, ainsi que

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l’adaptation de cette dernière à son porteur. Le dernier d’actionneurs. Ils ont une taille et un poids plus grands
paragraphe teste ce protocole en utilisant des signaux que ceux d’une main humaine. Pour cela, des
EMG réels acquis d’un amputé bilatéral de membres tentatives de miniaturisation sont en cours [CRA 02].
supérieurs.
Ce grand nombre de difficultés exige
l’introduction d’un processus de communication
automatique et personnalisé. Cette approche doit
1. Analyse de la problématique prendre en compte un mécanisme d’apprentissage
pour une meilleure adaptation à la personne amputée
Les mains prothétiques utilisées par les
et l’interaction personne-prothèse pour une meilleure
handicapés permettent à leurs porteurs d’effectuer
ergonomie et fiabilité. Elle permet également de
certaines fonctionnalités compensant leurs déficiences.
simplifier la complexité de la commande par la
Malgré leurs avantages, les prothèses actuelles,
réutilisation du même signal pour plusieurs
utilisées dans les centres de rééducations, représentent
mouvements et dans différents contextes. Ce
plusieurs difficultés par rapport aux patients. Ces
processus, traduit par un automate fini, sera décrit en
problèmes ont été analysés par les ergothérapeutes et
détail dans ce papier.
les orthoprothésistes.
Si les prothèses actuelles ne possèdent que les
Les signaux EMG ne fournissent pas toujours les
fonctionnalités d’une pince, les prototypes proposés
mouvements désirés par la personne. Ceci provient de
dans les laboratoires ont, quant à eux, un nombre de
son état de fatigue ou de la faiblesse de ses muscles
degrés de liberté beaucoup plus grand [POU 02, REI
[ATI 04]. Dans ce dernier cas, le patient aura recours à
01, ZEC 03, CRA 02 ]. Malheureusement, ces derniers
des prothèses électriques ou mécaniques. Certaines
sont souvent trop sophistiqués pour pouvoir être
personnes se contentent d’avoir une main esthétique,
contrôlés d’une manière simple, parfois trop lourds et
inerte, tel est le cas des droitiers amputés de la main
manquent de fiabilité [ROB]. Ces systèmes ne sont
gauche ou inversement. Ceux-là se servent de leur
pas commercialisés ou utilisés dans des centres de
main valide, dans leur vie quotidienne.
rééducation.
La complexité de certains dispositifs augmente
d’autant les risques de rejet de l’aide technique. Ceci
explique l’importance d’avoir un dispositif simple 2. Méthodologie
d’utilisation.
Notre projet comporte plusieurs étapes permettant
D’autre part, les prothèses utilisant un système ou d’aboutir au bon fonctionnement de la main
logiciel qui décide à la place du patient comme les artificielle. La méthodologie du travail à suivre est
capteurs de glissement [OTT, POU 02] diminuent la résumée par la figure 2 ci-dessous.
sensation de pouvoir contrôler soi-même son nouvel
membre.
L’absence d’interaction entre la prothèse et la Acquisition des
personne pose aussi un problème fondamental. signaux EMG

Certaines mains possèdent une force de


préhension insuffisante pour effectuer les actions de la
vie courante. D’autres sont actionnés par plusieurs Analyse du
micro-actionneurs, bruyants, très fragiles et ne signal brut
permettant pas d’obtenir une force de préhension
satisfaisante. D’autres aussi effectuent des
mouvements plus lents que ceux des prothèses
commerciales. Il existe aussi des mains artificielles où Protocole de
les actionneurs étant externes à la main et la taille commande
totale de la main est importante, ce qui rend leur
utilisation impossible en tant que prothèse [NIS 00,
ZEC 03]. Actions de la
D’autres problèmes sont aussi évoqués par les prothèse
patients et les ergothérapeutes [ATI 06] tels que la
variation du volume du moignon surtout durant les
deux premières années après l’amputation, le poids de Figure 2. La méthodologie de travail
la prothèse, la taille inadéquate, le prix élevé et la
2.1. Acquisition des signaux
transpiration qui altère les signaux EMG et les fils
électriques et qui provoque le changement de la La première étape, après l’étude du besoin, est la
position des électrodes, etc. détection des signaux EMG au niveau des muscles.
Ces signaux nous permettent de recueillir certaines
Par ailleurs, les prototypes conçus dans les
informations sur l’état du muscle après l’étude de ses
laboratoires sont souvent complexes, comportent un
paramètres [ATI O5a, ATI 05b, FAL O2, FAL 03].
nombre important de degrés de liberté et
Pour accomplir cette phase, nous avons fait

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l’acquisition de signaux réels du bras et de l’avant- contraction musculaire émettant un signal EMG, un
bras d’un amputé bilatéral de mains et de poignets. clic-bouton, …).
Une recherche fine sur la méthode de filtrage de ces
Par ailleurs, une communication fructueuse doit
signaux et les paramètres statistiques et spectraux
respecter certains critères :
représentatifs du signal est aussi à effectuer.
- les messages transmis doivent être signifiants,
2.2. Analyse et traitement du signal brut
reposant sur un langage naturel, traduisant une activité
Ensuite, nous avons analysé, de façon directe, les bien déterminée, appartenant à un contexte précis et
signaux bruts pour pouvoir classifier les mouvements respectant les règles et l’évolution du programme
de la prothèse de main (pincer, englober, ouvrir la d’apprentissage ;
pince, ouvrir la main, bloquer) suivant la technique de
- l’acteur doit recevoir le message en temps réel ;
logique floue (la méthode des K-Moyennes floues).
- la nécessité d’avoir une cohérence entre le message
2.3. Protocole de commande
émis et l’action à faire.
Cette partie constitue une étude sur la possibilité
En d’autres termes, la commande va définir les
de fiabiliser la reconnaissance des signaux par la
spécifications de la fonction tout en intégrant les
prothèse, l’interaction personne / prothèse à l’aide
contraintes et va servir de référence par rapport aux
d’un protocole de communication et l’adaptation de la
acteurs. Toutefois, un contrôle de la démarche de
prothèse à la personne, en prenant compte de la
communication et de fonctionnement du système est
fatigue musculaire et du degré de handicap.
toujours important.
2.4. Actions de la prothèse
3.2. Comment communiquer ?
La mise en œuvre du protocole va donner
Pour communiquer ses intentions à la prothèse, le
naissance à des actions de la prothèse de main. En
patient possède la possibilité de contracter ses
effet, toute interaction entre les deux acteurs de notre
muscles. Les contractions qu’il provoque donnent
système aboutit à une fonction de la part du patient ou
naissance à des signaux EMG qu’on peut détecter au
de la prothèse.
niveau de la surface de la peau, au voisinage des
Dans le paragraphe suivant, nous expliquerons, en muscles.
détail, le fonctionnement de notre protocole de
Un protocole de gestion d’une prothèse de main,
communication.
de coude et de poignet a été conçu par la société
Tech’Innovation [TEC, ATI 04]. Les muscles utilisés
pour activer cette prothèse sont le biceps et le triceps
3. Protocole de communication du bras. Cette main artificielle comporte un moteur
Dans le but de faciliter l’utilisation de la prothèse pour le poignet, un autre pour la main et un dernier
et l’adaptation réciproque entre la prothèse et la pour le coude pour pouvoir les faire tourner dans un
personne amputée, nous avons prévu un langage de sens ou dans l’autre. Cependant, chaque fonction de la
communication et d’échange entre le patient et son prothèse demande un enchaînement de deux
nouvel organe. contractions : une contraction forte pour la sélection
du moteur et une contraction faible pour réaliser le
3.1. Pourquoi communiquer ? mouvement désiré.
Communiquer, c’est chercher à échanger des Dans notre projet, et pour diminuer la complexité,
informations qui demeurent une nécessité pour l’être nous nous limitons à une seule contraction pour
humain. La communication répond toujours à un chaque type de fonction et nous utilisons les signaux
besoin et met en jeu un message entre un émetteur et provenant de deux muscles :
un récepteur. Dans notre cas, l’émetteur et le récepteur
sont le patient et la prothèse de main. Dans un tel type - le fléchisseur et l’extenseur pour les amputés au
de dialogue, il est utile de préciser l’objectif et le niveau du poignet ;
besoin de ce dialogue, le récepteur du message (la - le biceps et le triceps pour les amputés au niveau du
personne, la prothèse ou un sous-système de la coude.
prothèse), le contenu, la signification et le ton de ce
message (commander ou corriger l’erreur). Ces Pour chacun des deux muscles, nous avons
éléments aident à définir la stratégie de proposé deux types de signaux : contraction faible et
communication à suivre. contraction forte. Donc, au total, nous avons quatre
signaux disponibles.
La réussite de notre projet dépend directement du
niveau d’implication des acteurs concernés (la Par ailleurs, et puisqu’on est limité par rapport au
prothèse et le patient). Pour ce faire, chaque acteur nombre de signaux disponibles, nous proposons dans
doit connaître le but poursuivi, transmettre un message ce papier de réutiliser les signaux dans le cas d’une
et comprendre le message reçu de la part de l’autre fonction répétitive. Par exemple, pour pincer, puis
acteur. Dans notre cas, le message peut être un pincer plus fort, nous utilisons le même signal. Il en
message écrit et affiché sur un écran LCD, un signal est de même pour la fonction « Englober » ou
sonore, vibreur ou lumineux ou bien une action (une « Englober plus », pour ouvrir la main ou ouvrir la

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pince et pour bloquer ou débloquer le système. commande ou envoie un message d’erreur, le patient
reprend l’action. Après plusieurs rejets de suite, il doit
Les autres fonctionnalités (confirmer / infirmer,
changer le mode d’apprentissage.
choix du mode normal / dégradé) peuvent être activées
via un système de défilement, une télécommande ou
3.3.2. Communication de la prothèse à la personne
un écran automatique.
De l’autre côté, la prothèse doit pouvoir
De l’autre côté, la prothèse peut envoyer des
communiquer à la prothèse. Elle doit être capable :
messages à son porteur, sur un écran LCD pour lui
afficher l’état de la prothèse et de la batterie. - d’actionner le système suite à une commande de la
part du patient ;
3.3. Diverses possibilités de communication
- d’envoyer un message d’erreur (sur un écran LCD)
Le système que nous avons conçu permet une
ou un signal (sonore, lumineux ou vibreur) pour
interaction entre la prothèse et la personne appareillée
indiquer (1) qu’elle ne reconnaît pas le signal émis, (2)
via un protocole de communication (Figure 3).
qu’il existe une co-contraction des deux muscles à la
fois ou (3) qu’il s’agit d’une transition interdite ;
Prothèse - de préciser son état courant ;
Protocole de communication - d’afficher les transitions possibles, à chaque état
courant ;
Personne - de donner une alarme en cas de fatigue, pour que le
patient puisse passer en mode de réapprentissage.
Figure 3. Interaction dans les deux sens Sinon, retourner en mode normal ;
3.3.1. Communication de la personne à la prothèse - d’afficher l’état de la batterie.
Il s’agit d’une commande symbolique envoyée de 3.4. Etude du fonctionnement de la prothèse
la part du patient vers la prothèse.
Pour étudier les fonctions possibles de la
Le patient doit pouvoir bloquer sa prothèse ou garder prothèse et les différentes possibilités de passage
son état courant, autant qu’il veut, en utilisant un d’une position à une autre de la main, nous avons
bouton de blocage ou en émettant un signal. Il doit schématisé ce système par un automate fini [ATI 06],
pouvoir débloquer également la prothèse en envoyant où chaque état représente une fonction de la prothèse
un signal ou en recliquant sur le même bouton de et chaque flèche représente une transition d’un état à
blocage. un autre.
Le patient doit être aussi capable de commander une
3.4.1. Les fonctions de la main
action à sa main artificielle en contractant ses
muscles : Une main naturelle est un système complexe qui
comporte plusieurs fonctions et ayant un grand
- pincer faiblement ou pincer plus fort en faisant une nombre d’articulations et de degrés de liberté. Pour
contraction forte du fléchisseur (ou du biceps) ; avoir un système artificiel moins sophistiqué, nous
- englober faiblement ou englober plus fort en faisant avons cherché le minimum de fonctions importantes et
une contraction forte de l’extenseur (ou du triceps); possibles pour la prothèse de main (après avoir
rencontré des patients utilisant des prothèses et écouté
- ouvrir la pince ou la main avec une contraction faible leurs besoins).
de l’un des deux muscles ;
Les prothèses existantes comportent seulement la
- le signal disponible restant sera utilisé pour bloquer saisie de type pince. Cependant, notre projet consiste à
la main ou, autrement dit, pour garder la main dans sa ajouter un autre type de saisie (la saisie englobante),
position courante. permettant une meilleure prise des objets [ATI 06].
D’autre part, un système électronique ou L’automate de la figure 4 représente les
mécanique pourra être ajouté, permettant au patient différentes fonctions de la main, sujet de notre étude.
de :
- confirmer ou infirmer une commande ;
- choisir entre deux contextes ou deux modes. Quand
les muscles du patient sont fatigués et que l’amplitude Pincer

des signaux émis par les muscles devient faible, ces


signaux ne seront plus connus par le système. Dans un Ouvrir
tel cas, le patient doit passer au mode dégradé. Celui-
ci prendra en compte les amplitudes faibles. Une fois
Englober
les muscles du patient reposés, il pourra revenir au
mode normal. Il s’agit donc d’un apprentissage en
temps réel. Cependant, quand la prothèse rejette la Figure 4. Les différentes fonctions de la main

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1) l’ouverture : par défaut, la main est “Ouverte”. De Pour optimiser le nombre d’actions à assimiler,
cet état, on peut aboutir aux deux autres états. nous réutilisons certains signaux pour assurer des
fonctions différentes de la prothèse (figure 4).
2) la saisie de type pince correspondant à la saisie des
objets sphériques ou plats; 1) Garder la main ouverte, garder la position de pince
faible, garder la position de pince forte, garder la
3) La saisie englobante correspondant à la saisie des
position de saisie englobante faible et garder la
objets cylindriques, ou des objets ayant une grande
position de saisie englobante forte pourront être
taille (les objets longs).
activées par une seule commande : “Garder la main
On peut passer de chacun des états à l’autre via dans sa position = C1 ”.
l’ouverture et inversement. Une fois la main ouverte,
2) Ouvrir la pince, ouvrir la main, revenir à la
elle peut alors saisir un objet (saisie de type pince ou
position de pince faible et revenir à la position de
saisie englobante). Par ailleurs, on peut garder la main,
saisie englobante faible pourront être activées par un
autant qu’on veut, dans le même état.
seul type de signal (C2).
Les fonctions de saisie (Pincer et Englober)
3) Pincer faiblement et pincer fortement seront
peuvent avoir plusieurs degrés (Pincer faiblement,
traduites par un seul signal (C3). En répétant la même
Pincer fortement, Englober faiblement et Englober
action de pincer deux ou plusieurs fois, la main pince
fortement).
de plus en plus fort.
3.4.2. Description de l’automate fini 4) Englober faiblement et englober fortement seront
aussi activées par un seul type de commande (C4).
Il s’agit d’un schéma abstrait qui illustre un
certains nombres d’éléments (e, a, T) où, e est Le nombre de signaux ou d’actions à apprendre
l’ensemble des états (E1, E2, E3, …), a est l’ensemble par la personne handicapée passe ainsi de treize
des actions (désignées, dans ce qui suit, par les actions différentes à quatre seulement (C1, C2, C3, C4),
contractions musculaires (C1, C2, C3, …) et T est comme le montre la figure 5.
l’ensemble de transitions.
Les états de cet automate représentent, dans notre C1
cas, les positions possibles de la prothèse de main (E1 C2
C1
= Ouvrir, E2 = Pincer faiblement, E3 = Pincer C4 Pincer
fortement, E4 = Englober faiblement et E5 = Englober C2 Pincer
faiblement fortement

fortement); les actions sont les différentes fonctions C1 C4

subites pour que la main réagisse (C1 = Garder la main


ouverte, C2 = Pincer faiblement, C4 = Englober Ouvrir C3

faiblement, ...). Les transactions expliquent le passage C4


d’un état à un autre via une action (une contraction C). C3 C1

Pour avoir toutes les fonctions désirées par la Englober C4


Englober
fortement
faiblement
prothèse de main en question, nous avions besoin de
13 signaux différents, donc 13 actions différentes à
faire apprendre aux handicapés, ce qui est très difficile C1

à réaliser. Les différentes fonctions sont les suivantes : Figure 5. Automate de la main
1) pincer faiblement ; Pour faire l’une des fonctions “Pincer faiblement”
ou “Englober faiblement”, on est obligé de passer par
2) garder la position de pince faible ;
la fonction “Ouvrir”. Une fois que la main est à l’état
3) ouvrir la pince ; de saisie de type pince ou de saisie englobante, on
pourra réutiliser le même signal (la même action) pour
4) pincer fortement ;
saisir un objet en serrant plus fort. Il sera aussi
5) garder la position de pince forte ; possible de garder la main dans sa position ou de la
rouvrir.
6) revenir à la position de pince faible ;
D’autant plus, un point essentiel à évoquer : le
7) englober faiblement ; système de la prothèse ne doit pas permettre à la main
8) garder la position de saisie englobante faible; d’évoluer toute seule sans recevoir une action
volontaire effectuée par l’amputé lui-même, d’où
9) ouvrir la main; l’importance d’un signal qui a comme action de
10) garder la main ouverte; bloquer la prothèse. Ce signal permet au patient de
garder la main dans la position désirée par son porteur.
11) englober fortement;
Le résultat de notre automate sera alors traduit par
12) garder la position de saisie englobante forte; la matrice donnée dans la table 1.
13) revenir à la position de saisie englobante faible.

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e a→T désirée, d’après l’évolution du signal concerné et l’état


de la prothèse qui vont s’afficher sur l’écran.
Ouvrir C1 → Ouvrir
Ouvrir C2 → Pincer faiblement
Ouvrir C3 → Englober faiblement
Pincer faiblement C1 → Pincer faiblement
Pincer faiblement C4 → Ouvrir
Pincer faiblement C2 → Pincer fortement
Englober faiblement C1 → Englober faiblement
Englober faiblement C4 → Ouvrir
Englober faiblement C3 → Englober fortement
Pincer fortement C1 → Pincer fortement
Englober fortement C1 → Englober fortement

Table 1. Etats et actions de l’automate

4. Application :
Pour mieux exprimer le fonctionnement de ce
Figure 5. Interface du programme de simulation
système, nous avons réalisé un programme de
simulation qui explique le passage d’un état à un autre 4.2. Les contraintes d’application
suite à un signal donné. Les entrées de ce programme
sont de vrais signaux EMG et les sorties sont les Des messages d’erreur seront affichés sur l’écran
actions commandées par ces signaux. Ce système dans le cas :
montre alors l’évolution des fonctions de la main 1) d’une co-contraction : contraction des deux muscles
grâce aux signaux détectés. Chaque signal EMG à la fois ;
exprime un mouvement donné de la prothèse.
2) d’un signal inconnu par le système.
- Lorsque l’amplitude du signal n’indique ni une
contraction faible, ni une contraction forte. On est
4.1. Description de l’interface
donc dans la zone d’incertitude.
Une application sur notre protocole de
communication est représentée par l’interface de la - Lorsque le patient souhaite faire une transition de
figure 5. l’état « Pincer » à l’état « Englober » ou inversement,
d’une façon directe, sans passer par l’état « Ouvrir ».
Cette interface est formée de 3 fenêtres : Parce qu’étant à l’état « Pincer » par exemple, le
système ne reconnais que 3 types de signaux (Pincer
1) la première fenêtre présente les différentes
plus fort, Ouvrir ou Garder la même position). Il en est
fonctions de la main et les possibilités de passage d’un
de même pour l’état « Englober ».
état à l’autre ;
Dans chacun de ces cas, le système doit afficher
2) la deuxième fenêtre montre le signal provenant du
l’état courant de la prothèse et les états de transitions
premier muscle (le fléchisseur ou le biceps) et son
possibles à partir de l’état courant. A son tour, le
évolution dans le temps, suite aux contractions
patient doit corriger l’erreur en reprenant l’action
musculaires. Si la contraction est faible, le signal émis
désirée pour commander sa prothèse.
possède une amplitude faible (<2 dans notre exemple)
et provoque l’ouverture de type pince. Si la
contraction est forte, l’amplitude du signal est plus
grande (>2) et entraîne la fermeture de type pince ; 5. Conclusion et perspectives
3) la troisième fenêtre présente le signal provenant du Plusieurs centres de recherche, au niveau
deuxième muscle (l’extenseur ou le triceps) et son international, expérimentent actuellement des mains
évolution au cours des contractions. Une contraction artificielles très élaborées mais elles sont
faible de l’extenseur ou du triceps aboutit à probablement :
l’ouverture de la main et une contraction forte, à la - trop sophistiquées pour un usage quotidien dans un
fermeture englobante. environnement quelconque,
Initialement, la main est à l’état “Ouvrir”. Une fois - trop lourdes (car comportant plusieurs actionneurs),
qu’on a lancé le programme (qu’on a contracté l’un
des deux muscles), on peut saisir la commande - trop complexes pour de l'informatique embarquée.

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Il convient donc de garder à l'esprit la réalité vécue and Kinesiology, pages 575–580, Sapporo, Japan, juin
aujourd'hui par les personnes appareillées. Dans cette 2000.
optique, plusieurs points sont à creuser : [OTT] Site de la société allemande Ottobock ,
- la reconnaissance rapide des intentions de la www.ottobock.de.
personne, [POU 02] A.S. Poulton, P.J. Kyberd and D. Gow, Progress
- l'interaction entre la personne et sa prothèse. of a modular prosthetic arm, Universal Access and
Assistive Technology, S. Keates,P. Langdon (Eds),
- l'apprentissage automatique permettant à la prothèse Springer, 2002.
de s'adapter à l'évolution des signaux EMG.
[ROB] Site de Robonaut. http://robonaut.jsc.nasa.gov
D’autre part, pour qu’une prothèse soit acceptée
[REI 01] M. Reischl, R. Mikut, C. Pylatiuk and S. Schulz,
par les handicapés, son utilisation doit être le plus Control Strategies for Hand Prostheses Using
simple et le plus naturel possible, suffisamment fiable, Myoelectric Pattern. Dans Proc. 9th Fuzzy Colloquium,
utile et ne permettant pas une évolution involontaire. pages 168–174, Zittau, Allemagne, 2001.
Le patient doit, lui-même, donner l’ordre désiré pour
activer ou bloquer sa main myo-électrique. [TEC] Site de Tech’Innovation. www.techinnovation.fr
[ZEC 03] M. Zecca, The Development of a Cybernetic
Dans ces buts, et puisque les muscles des
Prosthetic Hand, PhD thesis, Scuola Superiore
amputés sont pauvres en signaux, nous avons
Sant’Anna, mars 2003.
réutilisé les signaux EMG pour effectuer différentes
fonctions et dans des contextes variés.
La simulation de ce système avec des signaux
réels montre la possibilité de la réalisation de cette
prothèse. L’étape suivante sera donc de vérifier son
fonctionnement en l’exécutant sur une prothèse réelle
avec des signaux EMG détectés, en temps réel, des
muscles d’une personne amputée de membre(s)
supérieur(s).

REFERENCES
[ATI 04] M. Atieh, P.-Y. Glorennec, G. Thomann and V.
Artigue, Utilisation des signaux EMG pour la
commande intelligente de prothèses de mains et de
coudes, Colloque TIC & CITE, Rennes, 2004.
[ATI 05a] M. Atieh, R. Younes, M. Khalil and H. Akdag,
Classification of the car seats by detection the muscular
fatigue in the EMG signal, International Journal of
Computational Cognition, Vol. 3, N. 4, 2005.
[ATI 05b] M. Atieh, R. Younes, M. Khalil, N. Matta and H.
Akdag, Identification des segments EMG par Data
Minig et Statistiques, SETIT 2005, Tunisia.
[ATI 06] M. Atieh, P.Y. Glorennec and C. Nasr, Prothèse de
main communicante et intelligente, Handicap 2006,
Paris.
[CRA 02] W. Craelius, The Bionic Man: Restoring Mobility,
Sciences (295) : 1018–1021, février 2002.
[FAL 02] W. El Falou, Une approche de la segmentation
dans les signaux de longue durée fortement bruités.
Application en ergonomie, Thèse de doctorat, UTT,
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[FAL 03] W. El Falou, J. Duchêne, M. Grabisch, D. Hewson,
Y. Langeron and F. Lino, Evaluation of Driver
Discomfort During Long-duration Car Driving, Applied
Ergonomics, 34(3) : 249–255, 2003.
[NIS 00] D. Nishikawa, Y. Ishikawa, W. Yu, M. Maruishi, I.
Watanabe, H. Yokoi, Y. Mano and Y. Kakazu, On-line
Learning Based EMG Prosthesic Hand, in The XIII
Congress of International Society of Electrophysiology

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