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Revue des études byzantines

Le R. P. Salaville et l'Orient chrétien


Vitalien Laurent

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Laurent Vitalien. Le R. P. Salaville et l'Orient chrétien. In: Revue des études byzantines, tome 16, 1958. Mélanges Sévérien
Salaville. pp. 7-14;

doi : https://doi.org/10.3406/rebyz.1958.1167

https://www.persee.fr/doc/rebyz_0766-5598_1958_num_16_1_1167

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LE R. P. SALAVILLE ET L'ORIENT CHRÉTIEN

Έστι γάρ, ώς έπος ειπείν, ή γνώσις τελείωσίς τις


ανθρώπου δια της των θείων επιστήμης συμπληρουμένη.
Clément cTAlexandrie,
Strornâtes, VII, 10.

Dans la lettre qu'il adressa, le 28 juin 1914, à M. Barrés revenu à


Paris de son dernier voyage en Orient, le R. P. Salaville, alors directeur
du Grand Séminaire de l'antique Chalcédoine, l'entretenait de « ce
déconcertant amalgame que sont les populations chrétiennes du
Levant ». Elles sont rares en effet, même après les brassages des deux
dernières guerres, les régions du monde où la géographie humaine
présente comme là, du Danube à l'Oronte et au Nil, une telle bigarrure
de races. Or ce qui de loin semble ajouter la confusion à la diversité,
c'est, dans une aire assez restreinte, la prolifération de Liturgies
toutes très anciennes et très vivaces. Le voyageur ou le pèlerin
d'Occident, habitué chez lui à une uniformité parfois exemplaire, tombe en
arrêt devant ce foisonnement de rites aux effectifs inégaux. Leur
nombre et leur variété étonnaient encore au début du siècle l'Europe
qui s'éveillait à peine à la connaissance d'Églises vénérables auxquelles
les derniers spasmes de l'empire ottoman causaient de temps à autre
les affres du martyre. Les catholiques du monde entier se penchaient
alors sur leurs souffrances; ils ne s'intéressaient guère à leur histoire
ni à la richesse de leur vie spirituelle.
Le premier demi-siècle aura opéré ce miracle de révéler l'Orient
chrétien à la Catholicité entière. Les revues et les cercles d'études se
sont en effet multipliés partout sous le coup des circonstances ou de la
nécessité. Or, à cette connaissance, élargie maintenant aux dimensions
du monde, le R. P. Salaville a eu sa double part dont cet Avant-Propos
voudrait souligner l'ampleur et le mérite.
Il a mis en lumière l'unité foncière et la variété enrichissante des
Liturgies orientales. Le savant s'est penché con amore sur leurs rites
solennels, montrant combien fidèlement ceux-ci reproduisent les
démarches cultuelles de la primitive Église.
Il a clairement défini la valeur du culte voué à ces anciennes litur-
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gies pour un durable rapprochement des cœurs, condition
indispensable de l'Union si universellement désirée par tous les chrétiens.
C'est sur ce double plan de la recherche scientifique et de la
poursuite d'un très haut idéal que nous avons choisi de suivre, au long de
ses cinquante années, le sacerdoce du jubilaire. Les multiples activités
de l'éducateur, du professeur ou du missionnaire ne seront évoquées
qu'occasionnellement dans la mesure où leur rappel pourrait donner
plus de relief à ce dont témoigne la longue liste d'écrits insérés ci-
après et qui lui fut surtout à cœur, l'apostolat intellectuel.

1. U historien des Liturgies orientales.

Le R. P. Salaville n'a rien de ces rubricistes forcenés qui sont


à l'occasion la plaie des scolasticats. Bien qu'il ait régi durant de
longues années un Grand Séminaire oriental, puis le Collège
International de sa Congrégation à Rome, quoiqu'il ait enseigné à l'Université
Pontificale une spécialité tangente à la sienne — la théologie
orientale — il se révèle dans son œuvre le contraire du théoricien aisément
prisonnier de la somme de faits et d'impressions où se perd son
analyse. La liturgie chez notre confrère est, au départ, affaire de
tempérament. Aussi, ayant eu le privilège de vivre, dès avant son
ordination sacerdotale, au contact des clercs orientaux, a-t-il cédé d'un
coup à l'attrait des offices du rite byzantin. Il a ainsi abordé les
Églises séparées par ce qu'elles ont de plus respectable, les cérémonies
du culte et leurs livres de prières. C'est à étudier celles-là et à scruter
ceux-ci que s'est attaché l'effort du savant et sont allées les préférences
du prêtre.
L'attention de celui-ci se porta d'emblée sur un point névralgique
du rituel de la messe. La lecture des théologiens orthodoxes, puis
l'examen détaillé (n. 1) de leurs positions dans l'ensemble de la
polémique gréco-latine arrêtèrent sa réflexion sur un thème de dissonance :
la Consécration, au Saint-Sacrifice, ne s'opérerait pas selon ces derniers
par les seules paroles de l'institution, mais l'invocation du Saint-
Esprit ou Épiclèse serait nécessaire.
L'épiclèse! A l'heure où les supérieurs mettaient avec insistance les
jeunes intelligences en garde contre la fièvre moderniste, ce mot posa
tout de suite un cas de conscience au chercheur en quête de vérité
scientifique. La célèbre prière, si ancrée dans les liturgies les plus
vénérables de l'Orient, devait-elle constituer un différend entre les
Églises? L'année même de ses prémices, il y a cinquante ans, le
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R. P. Salaville donna à cette question une réponse frappante par son


ingéniosité. Une courte note (n. 17) — son vrai premier travail

-
scientifique — sur l'épiclèse d'après saint Jean Chrysostome et la tradition
occidentale montre le plus grand docteur de l'Église byzantine en
conformité de doctrine avec l'Église de Rome, tout en maintenant
la formule liturgique de l'épiclèse et sa signification théologique.
Pour celui-ci en effet, la Consécration résulterait de l'efficacité des
paroles du Sauveur unie à la vertu eucharistique du Saint-Esprit.
C'est autour de cette idée fondamentale — unité d'action des trois
personnes et vertu transsubstantiatrice du Saint-Esprit — que s'est
cristallisée pour longtemps la réflexion de notre auteur. Il en a
successivement recherché les fondements scripturaires (n. 19), patristiques
(n. 21, 29), ou liturgiques; des enquêtes répétées (n. 22, 24, 26, 29, 31)
en ont relevé l'expression et déterminé la place dans la plus ancienne
tradition orientale. Puis est venu un premier bilan (n. 36) inséré dans
une encyclopédie autorisée. Ce long exposé, très remarqué, qualifiait
son auteur pour une recherche exhaustive en cette matière d'une
extrême délicatesse. Celle-ci fut abordée dans une série de mémoires
consacrés à l'enseignement et à la pratique des Églises arméniennes
(n. 48, 166), byzantine (n. 126), romaine (n, 73), orientale dans son
ensemble (n. 111) et africaine (n. 165). Et le chercheur eut, chemin
faisant, la satisfaction, sinon de dirimer la fameuse controverse, du
moins de projeter sur elle une lumière toute nouvelle. On croyait en
effet que l'épiclèse du Saint-Esprit avait été introduite dans la liturgie à
l'époque constantinienne. Or la « Tradition Apostolique », un écrit de
saint Hippolyte, la fait apparaître dès le début du ine siècle, dans un
texte romain quasi officiel, « après le récit de la cène, à la place normale
qui est celle de cette très spéciale oraison au cœur des anaphores
orientales (n. 73) ». Divers spécialistes ont plus récemment élargi le
problème sans s'être préoccupés de lui trouver une solution d'ensemble.
Il serait à souhaiter que toutes les recherches dont nous venons de
faire état soient couronnées par le maître-livre si attendu où
apparaîtrait dans une clarté irrésistible l'inanité de cette pseudo-querelle.
Le service liturgique devait suggérer à l'auteur d'autres réflexions.
Il a ainsi abordé successivement tantôt des thèmes généraux
comme l'Eucharistie et les Églises Orientales (n. 51) ou la formation
du calendrier liturgique (n. 151). En 1938, parut une première
synthèse, une véritable introduction à la connaissance des liturgies
orientales (notions générales et éléments principaux), en un volume
d'une discrète ampleur (n. 3) qui obtint une audience internationale
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(n. 3 bis) et auquel fit bientôt pendant la Dissertation d'Eusèbe Renau-
dot (n. 6) sur le même sujet. Puis l'auteur condensa ses observations
sur l'histoire et les structures de la messe proprement dite ainsi que
sur le lieu du culte et le mobilier liturgique en deux volumes, courts
et drus (n. 4), où l'on trouve là Somme la plus claire et la mieux
informée qui soit encore sur l'ensemble, déroutant pour un occidental,
des rites orientaux. On eût pu s'attendre à voir paraître, comme
couronnement de ces recherches, un choix de textes qui eût mieux fait
goûter l'onction des prières eucharistiques. Sans doute parce que
d'autres s'empressaient à cette tâche aisée, notre liturgiste préféra-t-il
faire connaître, dans une traduction française largement commentée,
le plus bel ouvrage que la tradition byzantine ait consacré à la messe,
cette Exposition de la Divine Liturgie de Nicolas Cabasilas, qui devait
être consultée, lors des premières délibérations du concile de Trente,
comme témoin de la tradition catholique!
En frayant la route que d'autres ont suivie, notre savant ne manqua
pas d'en étudier les à-côtés en examinant certaines manifestations de
la piété eucharistique (nn. 14, 127, 137, 158, 161, 184); surtout il devait
l'élargir en scrutant les deux cultes majeurs voués, avec une faveur
exceptionnelle, par l'Orient au Christ et à la Vierge.
La Christologie occupe dans l'œuvre du R. P. une place de choix.
Un volume entier (n. 7) caractérise la piété de l'Orient envers la
nature humaine du Sauveur; plusieurs articles précisent certains
aspects de cette dévotion dans la liturgie (n. 137), dans les formules
euchologiques comme cette prière à Jésus-Christ de Nicolas Cabasilas
(n. 144) si expressive qu'elle annonce le christocentrisme de ce
théologien laïc (n. 145), dans les manifestations de l'art sacré (n. 158);
d'autres études en cherchent le fondement dans un très ancien office
du « Très doux Jésus » (n. 175), dans les vues sotériologiques du même
Cabasilas (n. 168) ou son expression dans la piété affective de l'Orient
(p. 184).
La Mariologie, qui n'a fait de sa part l'objet d'aucun ouvrage spécial,
a en revanche inspiré de nombreuses recherches de détail. Celles-ci
avaient débuté par un exposé (n. 16) sur la grande hymne liturgique
du Magnificat. La rencontre d'Ëlie Méniatès, théologien moderne
de l'Immaculée Conception, lui inspira une enquête (n. 115) et des
articles de Dictionnaire; il devait par la suite en éditer un petit recueil
d'homélies mariales. C'est également à la croyance et au culte de ce
même dogme de l'Immaculée Conception dans le monde gréco-slave
qu'est consacrée une recherche de quelque ampleur (n. 164). Des
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dissertations de caractère plus général retracent l'histoire du culte de


la Madone dans la Liturgie de rite byzantin (n. 175 bis) et dans celle
de l'Ethiopie (n. 154). Une simple note (n. 180) a souligné enfin une
«urieuse coïncidence d'expression sur la Médiation de Marie entre un
prélat byzantin, Théophane de Nicée (f 1381), et des théologiens latins
des xm-xviie siècles.
A ces thèmes majeurs qui ont conduit, soit sous forme d'ouvrages
soit sous forme d'amples mémoires, à d'utiles synthèses, voire, une fois
ou l'autre, à la première somme de connaissances jamais tentée
en certains domaines, il faut ajouter la série impressionnante des
notes occasionnelles dont tout vrai savant étaie son œuvre principale.
Cette catégorie, très fragmentée, groupe l'examen de textes liturgiques
récemment découverts (n. 23), l'étude de périodes de l'année qui
conditionnent la vie liturgique (nn. 25, 35, 123) et des calendriers qui
en commandent l'ordonnance (n. 151), la présentation de certaines
fêtes exceptionnelles comme celle des conciles (nn. 91, 97), enfin
de trop rares notes sur divers monuments de l'hymnographie sacrée
(nn. 175, 181).
On notera, pour finir, une double série de notices consacrées, en
diverses encyclopédies, soit aux institutions liturgiques elles-mêmes
et au mobilier d'église comme au lieu du culte, soit surtout aux
écrivains byzantins et orientaux qui ont disserté sur ces matières à toutes
les époques. Un simple regard jeté sur le relevé consigné en appendice
à la Bibliographie du jubilaire fait désirer que ces articles traitant
avec maîtrise de matières difficiles ou peu courantes soient recueillis
en volume. On aurait ainsi, si la série pouvait en être complétée, un
véritable répertoire des institutions liturgiques des Églises du groupe
byzantin, indispensable au progrès de la recherche.

2. Le héraut de V Unité chrétienne.

Il est arrivé au R. P. Salaville d'entendre, un jour de flânerie dans


les rues d'Athènes, une voix indigène chantonner dans son dos :
Ό πολύς Σαλαβίλ είναι ημέτερος ! Cette voix disait vrai. N'est-il pas
des très rares clercs latins qui aient leur notice dans le Grand Larousse
hellénique! Et quelqu'un n'a-t-il pas écrit que de tous les siens il est
le seul à aimer vraiment l'Orthodoxie? La sympathie exceptionnelle
dont il jouit dans un milieu ou les circonstances le font à nouveau
vivre est certes le fruit de nombreux contacts personnels pris au cœur
d'un long séjour et de plusieurs missions en Orient. Mais ses écrits,
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leur ton mesuré et — il faut l'ajouter — leur onction ont contribué
tout autant à lui gagner l'affection d'un monde particulièrement
sensible.
Le missionnaire se posa, comme il se doit, dès son arrivée dans le
Levant à l'aube de ce siècle, la délicate question de l'Unité de l'Église.
C'est à réfléchir sur ce thème qu'il consacra ses tout premiers travaux
(n. 13); c'est pour faire mieux prier pour cette cause essentielle qu'il
compila des recueils (nn. 1, 10) qui ont doté le peuple fidèle de formules
et de chants si appropriés qu'ils sont devenus en plusieurs pays les
manuels de la piété unioniste. Ces brochures ont au surplus fait
connaître à un vaste public mal informé et souvent prévenu la
beauté et la richesse des liturgies orientales.
L'Unité voulue par le Sauveur s'impose à la conscience de tout
vrai chrétien (n. 81). Ne s'exprime-t-elle pas dans les textes les plus
intimes de la liturgie et de la dévotion (n. 83) ? La tumultueuse histoire
byzantine elle-même, marquée par d'incessants va-et-vient entre le
Bosphore et le Tibre, n'en souligne-t-elle pas la nécessité (n. 84)?
Les perspectives actuelles de rapprochement, sans lui donner
d'excessives illusions, lui paraissent assez prometteuses (n. 79), car il croit
à la bonne foi des hommes (n. 128) et pratique, quand il en est besoin,
le conseil de Joubert : Quand mes amis sont borgnes, je les regarde de
profil! Toutefois la condition essentielle d'un rapprochement valable
reste à ses yeux la volonté de compréhension dans une étude objective
et sereine des positions réciproques.
Le R. P. a, quant à lui, opté d'emblée pour l'unité par la liturgie,
et, dans celle-ci, par ce qui en est l'âme, la prière officielle. Des articles
de revue (nn. 83, 84), des exposés spéciaux communiqués à des Congrès
internationaux (nn. 148, 155), spécialement à ceux de Velehrad
et de Ljubliana, des tracts (nn. 10, 13) ont redit sa conviction que la
division des Chrétiens reposait avant tout sur un fond artificiel, une
simple différence de mentalité. Vu dans cet éclairage, tout ce que les
parties séparées se reprochent devrait fondre dans la communion des
esprits délestés de leurs préventions. Parce qu'il se refuse à voir entre
les Églises des différences irréductibles, le R. P. clame sa conviction
(n. 128) que la grâce, aux touches discrètes, rapproche insensiblement,
quoi qu'il paraisse, les membres disjoints du corps mystique. Et il
croit à la vie qui ressoudra les éléments épars dans une division contre
nature. C'est pourquoi, là où les théoriciens prennent les fièvres au seul
mot d'uniatisme, lui n'hésite pas à chercher — et il trouve (nn. 7, 9) —
comme l'essentiel de certaines dévotions modernes, telles celle
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du Sacré Cœur, dans les écrits de spirituels byzantins. La sympathie


communicative qu'il voue aux manifestations de la piété orientale,
loin de se figer dans un archéologisme désuet, l'incline à voir dans le
fonds doctrinal qui les inspire le terrain propice où, dans un
accroissement de la piété eucharistique et un sentiment plus vif de leur
appartenance au même Christ, les chrétiens séparés esquisseront, au jour
voulu de Dieu, un premier vrai rapprochement.
Cette recherche fervente, parfois angoissée, des voies ouvertes sur
l'unité a beau s'envelopper d'amitié et de dévouement. Qu'on ne s'y
trompe cependant pas! Elle n'en reste pas moins avertie. Une longue
fréquentation des milieux orientaux et une réflexion prolongée lui
ont fait mesurer la distance exacte à laquelle les vicissitudes des temps
et les passions des hommes maintiennent, loin de l'unité catholique,
les chrétientés séparées. Ses recherches sur les points majeurs de la
controverse, le Filioque, la Primauté (nn. 27, 147, 149), l'ont amené
à la conclusion que, pour être sans retour, l'Union devra se fonder sur
un unique Credo et le rattachement au même Siège Apostolique.
Cependant — reconnaissons-le — cet aboutissement dont il n'ignore
pas les redoutables exigences reste au second plan de sa méditation.
C'est essentiellement à en préparer la première étape — le
rapprochement des âmes dans un climat liturgico-théologique — que celle-ci
s'est appliquée. La popularité dont le jubilaire jouit jusque dans le
milieu le plus exigeant, le clergé orthodoxe, ne laisse aucun doute sur
l'efficacité d'une méthode faite de chaleur, de probité et de franchise.

* **

Au jour de ses noces d'or sacerdotales, le R. P. Salaville offre donc


à notre attention :
une œuvre scientifique qui s'est imposée aux théologiens et aux litur-
gistes par son information, sa clarté et sa valeur pratique. Elle aura
guidé et éclairé tous ceux, savants ou fidèles instruits, qui se sont
penché sur le passé et le présent des Églises orientales. Les spécialistes
eux-mêmes en ont apprécié les perspectives nouvelles et cette chaleur
enveloppante qui maintient la recherche au contact de la vie;
une formule d'irénisme qui, sans rien sacrifier des exigences de la
foi catholique, a eu l'avantage de retenir l'esprit sourcilleux de ses
partenaires orthodoxes et de l'amener à un examen moins passionné
des causes d'un schisme anachronique.
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A cette double réussite les présents Mélanges veulent surtout rendre


hommage !
Mais à l'hommage collectif qu'un choix de collègues, de confrères,
de disciples et d'amis interprètent dans ce volume, notre Institut que
le jubilaire dirigea durant de longues années et dont il sauva la revue
— les Échos d'Orient — en 1914 se doit d'ajouter une expression
d'affectueuse gratitude. La sympathie du jubilaire ne lui a jamais
manqué et l'appui moral qu'il lui a apporté dans les circonstances
difficiles de ces trente dernières années l'ont aidé à survivre à de
véritables catastrophes. Il en a, au surplus, dilaté les cadres et étendu
l'action par la création de cette succursale athénienne dont il reste
l'animateur. Dieu lui donne encore d'assez longs jours pour voir nos
deux Centres œuvrer efficacement, au coude à coude, pour l'union des
cœurs par l'accord des esprits.
C'est notre souhait et notre espérance!
V. Laurent,
directeur.

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