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Laurent Vitalien. Le R. P. Salaville et l'Orient chrétien. In: Revue des études byzantines, tome 16, 1958. Mélanges Sévérien
Salaville. pp. 7-14;
doi : https://doi.org/10.3406/rebyz.1958.1167
https://www.persee.fr/doc/rebyz_0766-5598_1958_num_16_1_1167
Ressources associées :
Salaville
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scientifique — sur l'épiclèse d'après saint Jean Chrysostome et la tradition
occidentale montre le plus grand docteur de l'Église byzantine en
conformité de doctrine avec l'Église de Rome, tout en maintenant
la formule liturgique de l'épiclèse et sa signification théologique.
Pour celui-ci en effet, la Consécration résulterait de l'efficacité des
paroles du Sauveur unie à la vertu eucharistique du Saint-Esprit.
C'est autour de cette idée fondamentale — unité d'action des trois
personnes et vertu transsubstantiatrice du Saint-Esprit — que s'est
cristallisée pour longtemps la réflexion de notre auteur. Il en a
successivement recherché les fondements scripturaires (n. 19), patristiques
(n. 21, 29), ou liturgiques; des enquêtes répétées (n. 22, 24, 26, 29, 31)
en ont relevé l'expression et déterminé la place dans la plus ancienne
tradition orientale. Puis est venu un premier bilan (n. 36) inséré dans
une encyclopédie autorisée. Ce long exposé, très remarqué, qualifiait
son auteur pour une recherche exhaustive en cette matière d'une
extrême délicatesse. Celle-ci fut abordée dans une série de mémoires
consacrés à l'enseignement et à la pratique des Églises arméniennes
(n. 48, 166), byzantine (n. 126), romaine (n, 73), orientale dans son
ensemble (n. 111) et africaine (n. 165). Et le chercheur eut, chemin
faisant, la satisfaction, sinon de dirimer la fameuse controverse, du
moins de projeter sur elle une lumière toute nouvelle. On croyait en
effet que l'épiclèse du Saint-Esprit avait été introduite dans la liturgie à
l'époque constantinienne. Or la « Tradition Apostolique », un écrit de
saint Hippolyte, la fait apparaître dès le début du ine siècle, dans un
texte romain quasi officiel, « après le récit de la cène, à la place normale
qui est celle de cette très spéciale oraison au cœur des anaphores
orientales (n. 73) ». Divers spécialistes ont plus récemment élargi le
problème sans s'être préoccupés de lui trouver une solution d'ensemble.
Il serait à souhaiter que toutes les recherches dont nous venons de
faire état soient couronnées par le maître-livre si attendu où
apparaîtrait dans une clarté irrésistible l'inanité de cette pseudo-querelle.
Le service liturgique devait suggérer à l'auteur d'autres réflexions.
Il a ainsi abordé successivement tantôt des thèmes généraux
comme l'Eucharistie et les Églises Orientales (n. 51) ou la formation
du calendrier liturgique (n. 151). En 1938, parut une première
synthèse, une véritable introduction à la connaissance des liturgies
orientales (notions générales et éléments principaux), en un volume
d'une discrète ampleur (n. 3) qui obtint une audience internationale
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(n. 3 bis) et auquel fit bientôt pendant la Dissertation d'Eusèbe Renau-
dot (n. 6) sur le même sujet. Puis l'auteur condensa ses observations
sur l'histoire et les structures de la messe proprement dite ainsi que
sur le lieu du culte et le mobilier liturgique en deux volumes, courts
et drus (n. 4), où l'on trouve là Somme la plus claire et la mieux
informée qui soit encore sur l'ensemble, déroutant pour un occidental,
des rites orientaux. On eût pu s'attendre à voir paraître, comme
couronnement de ces recherches, un choix de textes qui eût mieux fait
goûter l'onction des prières eucharistiques. Sans doute parce que
d'autres s'empressaient à cette tâche aisée, notre liturgiste préféra-t-il
faire connaître, dans une traduction française largement commentée,
le plus bel ouvrage que la tradition byzantine ait consacré à la messe,
cette Exposition de la Divine Liturgie de Nicolas Cabasilas, qui devait
être consultée, lors des premières délibérations du concile de Trente,
comme témoin de la tradition catholique!
En frayant la route que d'autres ont suivie, notre savant ne manqua
pas d'en étudier les à-côtés en examinant certaines manifestations de
la piété eucharistique (nn. 14, 127, 137, 158, 161, 184); surtout il devait
l'élargir en scrutant les deux cultes majeurs voués, avec une faveur
exceptionnelle, par l'Orient au Christ et à la Vierge.
La Christologie occupe dans l'œuvre du R. P. une place de choix.
Un volume entier (n. 7) caractérise la piété de l'Orient envers la
nature humaine du Sauveur; plusieurs articles précisent certains
aspects de cette dévotion dans la liturgie (n. 137), dans les formules
euchologiques comme cette prière à Jésus-Christ de Nicolas Cabasilas
(n. 144) si expressive qu'elle annonce le christocentrisme de ce
théologien laïc (n. 145), dans les manifestations de l'art sacré (n. 158);
d'autres études en cherchent le fondement dans un très ancien office
du « Très doux Jésus » (n. 175), dans les vues sotériologiques du même
Cabasilas (n. 168) ou son expression dans la piété affective de l'Orient
(p. 184).
La Mariologie, qui n'a fait de sa part l'objet d'aucun ouvrage spécial,
a en revanche inspiré de nombreuses recherches de détail. Celles-ci
avaient débuté par un exposé (n. 16) sur la grande hymne liturgique
du Magnificat. La rencontre d'Ëlie Méniatès, théologien moderne
de l'Immaculée Conception, lui inspira une enquête (n. 115) et des
articles de Dictionnaire; il devait par la suite en éditer un petit recueil
d'homélies mariales. C'est également à la croyance et au culte de ce
même dogme de l'Immaculée Conception dans le monde gréco-slave
qu'est consacrée une recherche de quelque ampleur (n. 164). Des
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