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Résumé
Cet article propose une synthèse de la littérature théorique sur les allocations chômage. Nous recensons d'abord les
mécanismes par lesquels une hausse des allocations chômage peut aggraver le chômage. Nous énumérons ensuite différents
arguments pour justifier que les allocations chômage peuvent malgré tout améliorer le bien-être. Ainsi, la question du niveau
optimal des allocations chômage se pose comme un dilemme entre efficacité productive et égalisation des revenus. Nous
rendons ensuite compte de trois directions différentes pour dépasser ce dilemme : la dégressivité des allocations chômage, une
modification de leur degré d'indexation et une réforme de leur mode de financement.
Abstract
In this paper, I propose a survey of the theoretical literature on unemployment benefits. First, I investigate mechanisms through
which a rise in unemployment benefits can lead to an increase in the unemployment rate. I then look at channels through which
unemployment benefits may improve welfare. Hence, the question of the optimal level of unemployment benefits can be
interpreted as a dilemma between productive efficiency and income smoothing. I have then mentioned different directions to go
over this dilemma : the decline of unemployment benefits with respect to the unemployment spell, a change in the dependence
of unemployment benefits with respect to last wages earned and a reform of the financing scheme.
Lehmann Etienne. Les enseignements de la théorie économique dans l'indemnisation du chômage. In: Revue française
d'économie, volume 14, n°4, 1999. pp. 159-190;
doi : https://doi.org/10.3406/rfeco.1999.1094
https://www.persee.fr/doc/rfeco_0769-0479_1999_num_14_4_1094
LEHMANN
Les enseignements
de la théorie économique
dans l'indemnisation
du chômage
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Un arbitrage
Quelques pistes
=Ps'(et)[V-Vut+1] (2)
1 = P s\e,)[VL, - (3)
L'expérience rating
meur est attaché à une firme qui lui verse directement ses
allocations-chômage) permet d'augmenter singulièrement le niveau
d'emploi et l'efficacité du système. Mais, un tel schéma semble
difficile à mettre en place, car les firmes ont intérêt à ne pas
s'attacher des personnes qu'elles ne pourront pas employer
effectivement.
Au terme de cette réflexion, plusieurs directions restent
à explorer pour la recherche théorique. Sous quelles conditions
une politique d'allocation universelle serait-elle plus efficace
qu'une politique d'allocations-chômage ? Quelles interactions
existent entre la détermination des indemnités de licenciement
- dont l'un des objectifs est de prévenir les licenciements
économiques — et la politique optimale d'indemnisation du chômage ?
Quel sort doit-on réserver aux chômeurs les plus âgés à l'aube
d'un retournement démographique qui pèsera sur les retraites ?
Annexe
Les principaux dispositifs d'indemnisation du chômage en
France
Notes
1. Sur ce point,
kelwright [1991].voir Atkinson et Mic- mage. Or verser des revenus à des
chômeurs de longue durée nous semble une
politique de lutte contre la pauvreté tout
2. Seule une limite d'âge entre en aussi pertinente qu'inciter des chômeurs
compte. Mais elle ne correspond qu'à un moins anciens à se former pour
changement de dispositif, les retrouver un emploi.
bénéficiaires pouvant recevoir le minimum
vieillesse au lieu du RMI ou de l'ASS. 9. Qui, en vertu de la loi des grands
nombres, tend vers le taux de chômage.
3. Nous employons le terme
d'assistance en lui refusant vigoureusement la 10. On suppose que les fonctions w(.) et
connotation péjorative qui lui est parfois s(.) sont strictement croissantes et
accordée. strictement concaves.
4. Du moins tant que l'on ne se situe pas 11. L'auteur remercie les rapporteurs
dans un univers keynésien où les prix anonymes pour leurs remarques sur ce
sont rigides. point.
5. Certains auteurs qualifient une telle 12. Ce raisonnement n'est valable que
situation de « chômage involontaire ». si les agents sont neutres vis-à-vis du
risque. En effet, lorsque les agents sont
6. Lorsque l'on suppose à l'instar de averses vis-à-vis du risque, le taux de
MacDonald et Solow, Manning [1987] chômage et le bien-être des chômeurs
ou Layard et Nickell [1990] que de courte durée sont des fonctions uni-
l'emploi fait également l'objet de modales de la dégressivité des
négociations décentralisées, il se révèle être allocations-chômage, le maximum étant
une fonction décroissante du niveau des atteint pour un profil légèrement
allocations-chômage. D'ailleurs, Layard dégressif.
et Nickell [1990] montrent que lorsque
les allocations-chômage sont 13. On suppose que 0<f'(N)</n<
parfaitement indexées sur le salaire moyen de /'(0)=+°°, si bien que le niveau d'emploi
l'économie et que la fonction de optimal est inférieur ou égal à la taille
production est iso-élastique, le taux de de la population active.
chômage de long terme est indépendant du
pouvoir de négociation des syndicats 14. Feldstein [1976], Rosen [1983] et
Topel [1983] parlent de « chômage
sur l'emploi.
temporaire » pour désigner ces
7. Un autre intérêt du modèle de personnes, Sneessens et Van der Linden
Pissarides [1990, chap. 4] est que la (1994) ont recours à la notion de «
probabilité de sortir du chômage chômage conjoncturel », tandis que Cahuc
dépend à la fois du comportement de et Zylberberg [1996] utilisent la
recherche d'emploi des chômeurs et terminologie de « mise à pied
de la formation non concurrentielle des temporaire ».
salaires.
15. En Suède, ce sont les syndicats qui
8. Bien que cette terminologie soit gèrent les caisses de l'indemnisation du
couramment utilisée, elle ne nous semble chômage. Il y a une seule caisse par
pas la plus appropriée en connotant de secteur d'activité à laquelle sont affiliés
façon péjorative les politiques dites d'office tous les adhérents à un
« passives » d'indemnisation du syndicat, ce qui concerne la majorité des sala-
ries. Les non-syndiqués peuvent alors nos notations, cela revient à supposer
adhérer à la caisse sous forme d'une que m=0.
contribution individuelle.
17. Il s'agit des bénéficiaires en
16. Pour simplifier leur exposé, Holm- métropole. Les sources sont le bulletin
lund et Lundbord [1989] supposent qu'il mensuel de l'UNEDIC et CSERC [1997]
n'y a pas de désutilité du travail. Avec pour le RMI.
Références