Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Dictionnaire
de science
économique
Alain Beitone
Antoine Cazorla – Estelle Hemdane
Dictionnaire
de science
économique
6e édition
Les auteurs
Alain Beitone, agrégé de sciences économiques et sociales, est professeur honoraire en classes
préparatoires au lycée Thiers de Marseille.
Antoine Cazorla, agrégé de sciences économiques et sociales, enseigne les sciences économiques
dans le cadre du département LEA d’Aix-Marseille Université (AMU).
Estelle Hemdane, agrégée de sciences économiques et sociales, est formatrice à l’ESPE d’Aix-
Marseille Université et conseillère éditoriale au CNED.
Absorption : entrée
Les termes en gras dans les entrées sont définis dans ce dictionnaire.
Capital et investissement 49
Commerce international 79
Comptabilité nationale 94
Consommation et épargne 111
Croissance économique 149
Économie du développement 212
Économie et écologie 223
Économie publique 232
Entreprises et système productif 254
Épistémologie économique 267
Finances internationales 296
Fluctuations et crises économiques 307
Intégration économique 348
Marché du travail, emploi et chômage 377
Marchés et prix 387
Mondialisation 409
Monnaie 417
Politique économique 469
Productivité 490
Protection sociale 505
Revenus 542
A
Abduction voque une distorsion de concurrence grâce à son
Mode de raisonnement qui permet de rendre pouvoir de marché. C’est une infraction sanction-
compte de la logique de découverte (ou d’inven- née par l’Autorité de la concurrence de l’Union
tion) des propositions scientifiques. L’abduction européenne.
consiste à partir d’un ensemble de faits surprenants Ü Entreprises et système productif, Marchés et prix,
au regard des connaissances scientifiques existantes Politique économique
puis à formuler une hypothèse (ou une conjec- Barrière à l’entrée, Cartel, Concentration, Concur-
ture) permettant de rendre compte de l’ensemble rence imparfaite, Dumping, Loi anti-trust, Politique
de ces faits. de la concurrence, Trust
L’abduction est donc à la fois distincte de
l’induction et de la déduction.
Ü Épistémologie économique Accélérateur
Axiomatique, Empirisme, Méthode hypothético- On appelle accélérateur le principe selon lequel
déductive, Réfutation, Théories économiques, toute variation de la demande entraîne une varia-
Vérification tion plus que proportionnelle de l’investissement.
Le principe d’accélération est dû à A. Aftalion
(La réalité des surproductions générales, 1913) et à
ABS (Asset Backed Security) J. M. Clark (Business Acceleration and the Law of
Titre adossé à des actifs Demand: A Technical Factor in Economic Cycles,
1917).
Le mécanisme de l’accélérateur montre comment
Absorption un choc de demande peut se transmettre à l’en-
L’absorption est une technique de concentration semble de l’économie. L’accélérateur agit sous l’effet
des entreprises dans laquelle une société intègre du coefficient de capital qui est supérieur à 1. Soit
les patrimoines d’une ou plusieurs autres sociétés. la variation de la demande globale (connue ou pré-
Dans cette opération, seule la société absorbante vue) ΔY, il est possible de calculer l’investissement
subsiste, les autres sociétés sont dissoutes. La société induit : I = β ΔY. β étant le coefficient marginal de
absorbante peut procéder à une augmentation de capital égal à ΔK/ΔY.
capital dont les parts vont aux actionnaires des Le principe d’accélération explique l’alternance
sociétés absorbées en contrepartie de leur apport en de phases de sous-investissement et de surinvestis-
titres des anciennes sociétés. sement. Mais l’accélérateur repose sur des hypo-
À L’absorption contribue à la concentration des thèses contraignantes :
entreprises et elle est susceptible de porter atteinte 1. Les entreprises utilisent la totalité de leurs
à la concurrence. Elle est le plus souvent réglemen- capacités de production. Toute augmentation de
tée par les autorités de la concurrence. la demande nécessite de nouveaux achats de biens
Ü Entreprises et système productif d’équipement (investissement de capacité).
Autorité des marchés financiers, Concurrence impar- 2. Face à une augmentation de la demande, les
faite, Fusion, Politique de la concurrence entreprises ne répondent pas par une augmentation
des prix mais par une augmentation des quantités
produites.
Abus de position dominante 3. Le coefficient de capital est constant.
L’abus de position dominante est une pratique L’accélérateur peut être combiné avec le mul-
anticoncurrentielle d’une entreprise qui résulte de tiplicateur d’investissement dans l’oscillateur.
sa position dominante sur un marché et qui pro- Ce dernier est à la base d’une approche dynamique
1
Accélérateur financier
2
Accord du Plaza
3
Accord du Smithsonian Institute
4
Accumulation du capital
Accumulation du capital
Accords de Bretton Woods L’accumulation du capital est le processus par lequel
Bretton Woods (Accords de) s’accroît le stock de capital. Dans une économie,
5
Accumulation primitive du capital
à un moment donné, le stock de capital disponible conclus par l’Union et les arrêts de la Cour de jus-
résulte des flux antérieurs d’investissement et de tice européenne. Il comprend également les actions
déclassement du capital usé ou obsolète. On utilise entreprises par les gouvernements de l’Union dans
parfois le terme « accumulation du capital » comme le domaine de la justice et des affaires intérieures,
synonyme d’investissement net. L’accumulation ainsi que dans celui de la politique étrangère et de
du capital a un effet important sur la croissance sécurité commune.
économique et sur la productivité. «
Accepter l’acquis » signifie donc accepter
À Ce terme, repris par K. Marx (1818-1883) aux l’Union européenne telle qu’elle existe à ce jour.
économistes classiques, est souvent utilisé par des Les pays candidats doivent accepter l’acquis avant
économistes marxistes ou radicaux. Pour Marx, d’adhérer à l’Union et transposer la législation
l’accumulation croissante du capital est une loi communautaire dans le droit national.
économique du capitalisme. Ü Intégration économique
Ü Capital et investissement, Croissance économique, Traité d’Amsterdam, Traité de Maastricht, Traité
Fluctuations et crises économiques de Lisbonne, Traité de Rome, Traité sur la stabilité,
Baisse tendancielle du taux de profit, Capital naturel, la coopération et la gouvernance (TSCG)
École classique, Suraccumulation, Taux d’accumula-
tion, Théorie marxiste Acte de Speenhamland
Lois sur les pauvres
Accumulation primitive du capital
L’accumulation primitive du capital est un concept Acte unique européen (AUE)
de la théorie marxiste qui vise à rendre compte des L’Acte unique européen est le traité signé, en
conditions d’émergence du mode de production février 1986, par les douze États membres de la
capitaliste (MPC). Communauté européenne, qui modifie le Traité
La production capitaliste permet de créer une de Rome.
plus-value par l’exploitation de la force de travail Il réunit dans un même cadre juridique les
et l’utilisation du capital constant. Néanmoins, le Communautés européennes et la Coopération
processus de l’accumulation capitaliste a nécessai- politique européenne (CPE).
rement reposé, au départ, sur une accumulation de Il élargit les compétences de la Communauté
capital qui lui est antérieure : l’accumulation pri- (politique régionale, politique de l’environnement,
mitive. Dans Le Capital, Marx écrit que « dans les de la recherche).
annales de l’histoire réelle, c’est la conquête, l’as- Il tend à substituer la règle de la majorité
servissement, la rapine à main armée, le règne de la qualifiée (ou de la majorité renforcée) à la règle de
force brutale, qui l’a toujours emporté ». l’unanimité.
Pour lui, le MPC s’est développé à partir de la fin Entré en vigueur le 1er juillet 1987, l’Acte unique
du Moyen Âge et tout au long de l’époque moderne européen visait à relancer la construction commu-
à partir de la dissolution progressive du servage et nautaire et à éliminer les obstacles à la réalisation
l’émergence d’un capitalisme commercial et ban- du marché commun dont l’achèvement était prévu
caire. À la fin du xviiie siècle, ce processus d’accumu- pour 1992. Le Traité de Maastricht a ensuite
lation s’accélère avec le développement de l’industrie. poursuivi ce processus d’approfondissement.
Dans le même temps, le salariat s’impose comme Ü Intégration économique
rapport social dominant, caractérisé par la séparation Traité de Lisbonne, Union économique, Union euro-
des producteurs d’avec leurs moyens de production. péenne
À Le concept d’accumulation primitive a aussi été
utilisé par des auteurs marxistes pour caractériser la
période de démarrage du développement capitaliste
Actif (au sens patrimonial)
dans les pays en voie de développement (PVD). Dans un sens général, un actif est une composante
Ü Capital et investissement, Économie du développe- du patrimoine d’un agent. On distingue habituel-
ment lement les actifs financiers (avoirs bancaires à vue
et à terme, titres, etc.) et les actifs réels. Il est aussi
possible de différencier les actifs selon leur caractère
Acquis communautaire matériel ou pas : actifs corporels et actifs incorpo-
L’acquis communautaire désigne l’ensemble des rels. Enfin, une partie ou la totalité des actifs d’un
droits et des obligations communs à tous les États agent à un moment donné peut être acquise par
membres de l’Union européenne. Il comprend endettement, parfois avec un effet de levier.
la législation et les traités européens, les déclara- Selon le Plan comptable général utilisé en France,
tions et les résolutions, les accords internationaux un actif représente tout élément du patrimoine
6
Actif incorporel
« ayant une valeur économique positive pour l’en- propriété peuvent être exercés par des unités insti-
tité, c’est-à-dire un élément engendrant une res- tutionnelles (individuellement ou collectivement),
source que l’entité contrôle du fait d’événements et dont la détention ou l’utilisation au cours d’une
passés et dont elle attend des avantages écono- période déterminée peut procurer des avantages
miques futurs ». Dans la comptabilité générale, économiques à leurs propriétaires. Ces actifs sont
l’actif se décompose en actif immobilisé (compre- enregistrés dans le compte de patrimoine.
nant les immobilisations corporelles, incorporelles Ü Comptabilité nationale
et financières) et l’actif circulant (comprenant les Compte de capital
stocks, les créances, les avances et acomptes versés,
la trésorerie). L’actif brut est évalué au coût histo- Actif financier
rique d’entrée dans le patrimoine (ou coût d’acqui-
sition) et non à sa valeur de marché. L’actif net est Les actifs financiers sont un élément du patrimoine
des agents économiques qui est constitué d’avoirs
la différence entre l’actif brut et l’amortissement.
monétaires, de titres de créance ou de titres de
Ü Consommation et épargne, Entreprises et système pro-
propriété. On compte parmi les actifs financiers :
ductif
––la monnaie manuelle (billets et pièces) ;
Actif circulant, Actif corporel, Actif immobilisé, Actif
––les soldes créditeurs des comptes courants et
non financier non produit, Bilan consolidé, Droits de
des comptes d’épargne ;
propriété, Effet de richesse, Immobilisations, Monéti-
––les autres contrats financiers (contrat d’as-
sation de créance, Passif
surance-vie, contrats sur produits dérivés par
exemple) ;
Actif (individu) ––les actions, les obligations et autres types de
Un actif est un individu appartenant à la popula- créances (billet de trésorerie, etc.).
tion active. Il peut être actif occupé ou chômeur. À Dans un sens étroit, la monnaie n’est pas comprise
Ü Marché du travail, emploi et chômage dans les actifs financiers, il ne reste alors que les
Inactif, Population inactive actifs financiers qui procurent à leurs détenteurs
un revenu ou la possibilité d’un gain en capital, en
contrepartie d’une prise de risque.
Actif circulant Ü Consommation et épargne, Monnaie
L’actif circulant désigne une partie de l’actif d’un Actif, Actif réel, Bilan, Immobilisations, Liquidité,
bilan qui n’est pas destinée à rester durablement Marché financier, Placement, Thésaurisation
dans l’entreprise (à la différence de l’actif immo-
bilisé). Il est essentiellement composé des stocks,
des créances clients et des disponibilités (billets et Actif immobilisé
pièces, avoirs sur les comptes bancaires). L’actif immobilisé désigne une partie de l’actif d’un
Ü Entreprises et système productif bilan qui est destinée à rester durablement dans
Comptabilité l’entreprise. L’actif immobilisé se compose des
immobilisations corporelles (bâtiments, outillage,
etc.), des immobilisations incorporelles (fonds de
Actif corporel commerce, brevets, etc.), des immobilisations finan-
Un actif corporel est un élément du patrimoine qui cières (participations dans d’autres sociétés, filiales).
a un caractère matériel. Pour un ménage, un loge- Certains éléments de l’actif immobilisé font
ment est par exemple un actif corporel. Pour une l’objet d’un amortissement.
entreprise, les immeubles, les terrains, les usines Ü Entreprises et système productif
et tous autres biens matériels sont des exemples Actif corporel, Comptabilité, Immobilisations
d’actifs corporels (sauf les stocks qui font partie
de l’actif circulant et ne sont donc pas classés dans
l’actif corporel). Actif incorporel
Ü Consommation et épargne, Entreprises et système pro- Les actifs incorporels sont les éléments du patri-
ductif moine des agents économiques qui n’ont ni
Actif immobilisé, Actif incorporel, Bilan un caractère matériel, ni un caractère financier.
Ce sont par exemple les marques commerciales,
les brevets, les droits d’auteurs, etc.
Actif économique Ü Capital et investissement, Entreprises et système pro-
(comptabilité nationale) ductif
En comptabilité nationale, les actifs économiques Accords sur les aspects des droits de propriété intellectuelle
sont des biens corporels ou incorporels servant relatifs au commerce (ADPIC), Actif corporel, Compta-
de réserve de valeur, sur lesquels des droits de bilité, Droits de propriété, Propriété intellectuelle
7
Actif réel
8
Agence de notation
Ü Consommation et épargne, Entreprises et système pro- de 0, ce qui revient à obtenir une valeur élevée
ductif des dommages futurs, justifiant donc des dépenses
Augmentation de capital, Capitalisation bour- importantes dans l’immédiat. Un taux d’actua
sière, Capitalisme actionnarial, Coefficient de capi- lisation plus élevé conduit à des pertes futures
talisation des résultats, Effet de richesse, Finance plus faibles (10 à 50 fois plus faibles selon les taux
comportementale, Financement de l’économie, Fonds d’actualisation choisis par d’autres études).
de pension, Marché efficient, Obligation, Placement Ü Capital et investissement, Économie et écologie
Arbitrage intertemporel, Taux de rendement interne
Actionnaire (TIR ou TRI), Valeur actualisée nette (VAN)
Un actionnaire est un agent économique, privé ou
public, personne physique ou morale, qui détient Administrations publiques (APU)
des actions d’une société anonyme. Les administrations publiques constituent un sec-
À Un actionnaire est donc un propriétaire à la teur institutionnel de la comptabilité nationale.
différence d’un obligataire qui est un créancier
Selon l’INSEE, elles sont chargées de mettre en
de la société. œuvre les politiques publiques et de réguler la vie
Ü Capital et investissement, Entreprises et système pro- économique et sociale. La majeure partie de leurs
ductif ressources provient des prélèvements obligatoires
Capitalisme actionnarial, Gouvernance d’entreprise, et non de ventes.
Manageur, Obligation, Parties prenantes, Techno Elles comprennent toutes les unités institution-
structure, Théorie de l’agence nelles dont l’activité principale consiste à redis-
tribuer le revenu et le patrimoine, qui sont des
Actualisation producteurs de services non marchands contrôlés
L’actualisation est l’opération qui consiste à cher- par une unité publique et dont la production est
cher la valeur actuelle d’une somme future. On destinée à la consommation individuelle et collec-
calcule la valeur actuelle (C0) d’une somme future tive.
l’année n, avec un taux d’actualisation (i), à partir Ce secteur institutionnel regroupe les adminis-
de la formule d’actualisation suivante : trations publiques centrales, les administrations
publiques locales et les administrations de sécurité
C0 = Cn/(1 + i)n = Cn(1 + i)–n sociale.
Ainsi, la valeur actuelle d’un euro disponible À Il ne faut pas confondre administrations publiques
l’année prochaine sera de 1/(1 + i) et celle de l’an- et entreprises publiques, ces dernières étant clas-
née suivante 1/(1 + i)2. Le taux d’actualisation (i) sées parmi les sociétés, financières ou non finan-
exprime donc les choix intertemporels des agents cières, selon leur activité principale.
économiques. Par exemple 1 000 euros perçus Ü Comptabilité nationale, Économie publique
dans trois ans correspondent à 1 000 (1 + i)3. Si Impôts, Organismes divers d’administration centrale,
le taux d’actualisation est de 4 %, cela équivaut à Production non marchande, Redistribution
889 euros. Avec un taux d’actualisation de 10 %, la
somme actuelle devient 751,32 euros.
À Le calcul d’actualisation joue un rôle important
AELE
dans les décisions d’investissement, dans les débats Association économique de libre-échange
sur le développement durable et les politiques
environnementales. Agence
L’émergence des questions environnementales Théorie de l’agence
associées à la problématique du développement
durable a conduit les économistes à s’intéresser
à l’évaluation des dommages environnementaux Agence de notation
pour les générations futures, ou encore à l’évalua- Une agence de notation est une entreprise qui
tion des bénéfices futurs associés à une mesure de évalue la qualité des titres de créance émis par
politique environnementale. Les résultats varient les agents économiques (États, entreprises,
considérablement en fonction du choix du taux banques). La capacité de l’emprunteur à faire face
d’actualisation, qui concerne ici un horizon tem- à ses engagements fait l’objet d’une note. Plus la
porel très long. Ainsi, le rapport Stern, cherchant note est favorable, plus l’emprunteur peut obte-
à évaluer le coût de l’inaction des États en matière nir sur les marchés financiers un taux d’intérêt
environnementale, a été critiqué pour avoir choisi faible (et réciproquement). L’activité des agences
un taux d’actualisation dont la valeur est proche de notation fait l’objet de nombreuses critiques.
9
Agence nationale pour l’emploi (ANPE)
10
Aléa moral
Aléa moral
Aide sociale Il y a aléa moral (ou risque moral ou hasard moral)
L’aide sociale correspond à l’ensemble des pres- lorsque, après la signature d’un contrat, l’une des
tations et des services sociaux destinés à venir en deux parties est en mesure de léser l’autre en raison
aide aux personnes qui rencontrent des difficultés de l’asymétrie d’information qui existe entre elles.
économiques et sociales (aide à l’enfance, aides aux Cette situation résulte du fait que l’un des deux
personnes handicapées, aides aux personnes âgées, contractants adopte un comportement opportuniste
11
ALENA
car l’autre n’est pas en mesure d’observer son com- À Dans une optique néoclassique, l’économie du
portement ou de déterminer si ce comportement bien-être considère que l’État peut être conduit à
est approprié aux circonstances. modifier l’allocation des ressources réalisée par le
En matière d’assurance, la couverture du risque marché lorsque celle-ci n’est pas optimale. Dans ce
peut conduire l’assuré à adopter un comportement cas, il s’agit souvent d’atteindre un optimum de
plus risqué ou plus imprudent ce qui conduit à second rang.
accroître les coûts de l’assureur. De façon géné- Ü Économie publique, Protection sociale
rale, en matière de couverture des risques, l’aléa Commissaire-priseur, Économie, Économie planifiée,
moral conduit à un paradoxe : la protection contre Équilibre général, Fonction d’allocation, Marché
le risque conduit certains agents économiques efficient, Optimum de Pareto, Science économique
à prendre des risques plus importants puisque les
conséquences de ce comportement sont transférées
sur l’assureur. Altermondialisme
Dans le domaine bancaire et financier, l’existence L’altermondialisme est un courant de pensée qui
d’un prêteur en dernier ressort, peut conduire les conteste la dimension libérale de la mondialisation et
banques à adopter des comportements plus ris- la globalisation financière. Les mouvements sociaux
qués. qui participent à ce courant sont assez différents
Sur le marché du travail, il y a aléa moral (associations, syndicats, ONG, partis politiques,
lorsque, après la signature du contrat de travail, le etc.). Certains privilégient la lutte contre l’instabilité
salarié adopte un comportement de « tire-au-flanc » financière, d’autres la défense de l’environnement ou
et ne remplit pas ou remplit mal les tâches pour la lutte contre les inégalités. Tous se retrouvent dans
l’exécution desquelles il a été embauché. la formule « le monde n’est pas une marchandise »
À Pour réduire le risque moral, il faut prévoir dans qui exprime le refus d’une régulation exclusivement
le contrat des mécanismes de surveillance ou d’in- marchande de l’économie mondiale et dans la mise
citation (par exemple le bonus-malus en matière en cause des acteurs dominants de la mondialisation
d’assurance automobile ou le salaire au rendement (les firmes multinationales, les institutions finan-
en matière de contrat de travail). cières, l’OMC, les États négociants des traités de
Ü Marchés et prix libre-échange).
Antisélection, Économie de l’information, Informa- À On a parlé d’abord d’antimondialisme. Le préfixe
tion, Hold up, Nouvelle microéconomie, Opportu- « alter » a été préféré pour montrer qu’il s’agit de
nisme, Risque systémique, Salaire d’efficience, Signal, lutter pour une « autre mondialisation » et non de
Théorie de l’agence, Théorie des contrats développer simplement une opposition à toute
forme de mondialisation.
Ü Mondialisation
ALENA Décroissance soutenable, Développement durable,
Association de libre-échange de l’Atlantique Nord Économie alternative, Financiarisation, Gouver-
nance mondiale, Partenariat transatlantique pour le
commerce et l’investissement (PTCI), Taxe Tobin
Allocation des ressources
productives
L’allocation des ressources productives est le pro- Altruisme
cessus par lequel les facteurs de production dis- L’altruisme est une hypothèse relative au comporte-
ponibles dans une économie sont alloués (affectés) ment des agents économiques selon laquelle la satis-
aux différents usages économiques possibles. faction d’un individu est non seulement une fonction
Dans le modèle néoclassique de base, le libre croissante de la quantité de biens qu’il consomme,
jeu du marché et la variation des prix relatifs mais aussi une fonction croissante de la satisfaction
conduisent spontanément à une affectation opti- des autres individus. Par exemple, un agent peut
male des ressources. considérer que sa satisfaction s’accroît s’il y a moins
Au sein du paradigme néoclassique, l’existence de pauvres dans la société au sein de laquelle il vit.
d’une concurrence imparfaite et/ou de défail- De même, on parle d’altruisme intergénérationnel
lances du marché, ne permet pas d’atteindre une lorsque des individus renoncent à des satisfactions
allocation des ressources productive optimale. présentes en faveur des générations futures.
D’autres économistes (O. Lange, par exemple) L’introduction de cette hypothèse conduit à
considèrent que seule la planification écono- considérer que les fonctions de satisfaction des
mique peut réaliser une allocation des ressources agents sont interdépendantes, elle permet d’in-
correspondant aux intérêts de la collectivité. terpréter le consentement à la redistribution et
12
Analyse stratégique
l’existence de relations non marchandes (dons, mières années. L’amortissement annuel est ainsi
activités caritatives, etc.). L’hypothèse d’un indi- élevé au cours des premières années, ce qui réduit
vidu altruiste peut aussi jouer un rôle important le bénéfice comptable. Lorsque l’amortissement
dans les théories de la justice sociale et dans les annuel diminue au cours des dernières années, il en
réflexions sur le développement durable. résulte une incitation à renouveler le capital fixe).
À L’introduction de l’altruisme dans l’analyse éco- À Un équipement comptablement amorti a une
nomique opère une rupture avec l’hypothèse d’un valeur nette nulle, ce qui ne signifie pas nécessaire-
individu égoïste (homo œconomicus). Un certain ment que cet équipement est hors d’usage.
degré d’altruisme semble nécessaire au bon fonc- 2. Au niveau de la comptabilité nationale,
tionnement des économies de marché. l’amortissement est appréhendé comme une
À L’altruisme peut reposer sur l’intérêt bien compris consommation annuelle de capital fixe (déprécia-
des agents économiques ou sur une rationalité tion du capital fixe dans le processus de production).
axiologique. On passe d’un agrégat brut à un agrégat net
Ü Consommation et épargne, Économie et écologie, en déduisant les amortissements. Ainsi, le produit
Épistémologie économique, Protection sociale intérieur net est le produit intérieur brut (PIB)
Aide publique au développement (APD), Confiance, moins les amortissements. La formation nette de
Développement durable, Don, Économie solidaire, capital fixe est la formation brute de capital fixe
Fonction d’utilité, Rationalité économique, Théorème (FBCF) moins la consommation annuelle de capi-
d’Arrow, Théorème d’équivalence Ricardo-Barro, tal fixe, autrement dit les amortissements.
Théorie des jeux, Théorie du cycle de vie, Utilitarisme À Par convention, les amortissements servent à
mesurer les investissements de remplacement.
Amortissement À Les termes « brut » et « net » ont ainsi, en comptabi-
lité nationale, un sens très différent du sens utilisé
L’amortissement est un concept utilisé en compta-
lorsque l’on raisonne sur les revenus (salaire brut,
bilité générale et en comptabilité nationale. Il est
salaire net).
également question d’amortissement en matière de
3. Au niveau financier, l’amortissement désigne
remboursement d’emprunt.
1. En comptabilité générale, le calcul des amor- le processus de remboursement des emprunts : c’est
tissements est lié au capital fixe, dont la durée de l’ensemble des annuités assurant le remboursement
vie est, par définition, supérieure à une année, ce d’un prêt accordé pour une période donnée.
qui pose problème car la comptabilité établit des Ü Capital et investissement, Entreprises et système
comptes annuels. productif
L’amortissement peut ainsi être appréhendé sous Endettement, Formation nette de capital fixe (FNCF),
trois angles différents et désigner : Investissement net, Service de la dette
––le coût annuel du capital fixe, nécessaire à l’éta-
blissement du compte de résultat dans lequel sont
retracés les coûts de production ;
Analyse financière
––la dépréciation annuelle du capital fixe, dont il L’analyse financière est une étude s’appuyant sur
faut tenir compte pour établir le bilan, et notam- les documents comptables (compte de résultat,
ment l’actif où figurent la valeur brute et la valeur bilan) de l’entreprise ou de toute autre organi-
nette du capital fixe ; sation qui permet de délivrer un diagnostic sur sa
––la réserve financière annuelle qui sera nécessaire gestion, sa rentabilité, sa solvabilité et les modali-
au financement du remplacement du capital fixe. tés optimales de son financement. Elle est utilisée :
Le calcul des amortissements obéit aux règles du ––pour évaluer l’évolution des performances de
plan comptable. Ainsi, la durée de vie des différents l’entreprise et la manière dont elles ont été obtenues ;
types d’équipements productifs est déterminée par ––pour juger de l’opportunité d’un financement ;
le plan comptable, ce qui conduit à une évaluation ––ou encore pour cerner la valeur d’une entre-
standardisée des amortissements. prise en vue d’un achat ou d’une cession.
Néanmoins, plusieurs modes de calculs sont Ü Entreprise
possibles : Capitalisme actionnarial, Capitaux permanents,
––l’amortissement linéaire, selon lequel l’amortis- Comptabilité, Gouvernement d’entreprise, Notation,
sement annuel est constant sur la durée de vie du bien Taux d’endettement
(un bien durable dont le coût d’acquisition est de
30 000 euros et qui a une durée de vie de 3 ans exige
un amortissement annuel de 10 000 euros par an) ; Analyse stratégique
––l’amortissement dégressif, dans lequel le pro- L’analyse stratégique étudie des décisions globales
cessus d’amortissement est accéléré dans les pre- qui engagent l’orientation à moyen et long termes
13
Anarchisme méthodologique
14
Appariement
15
Appariements sélectifs (théorie des)
Appariements sélectifs (théorie des) rer des liquidités répondent à l’appel d’offres en
La théorie des appariements sélectifs a été initiale- indiquant le montant qu’ils souhaitent obtenir et
ment développée par G. Becker (prix Nobel 1992) le taux d’intérêt auquel ils souhaitent traiter. Les
pour rendre compte de l’endogamie sociale : les banques révèlent donc à la fois leurs besoins en
individus d’une même catégorie sociale se marient liquidités et le prix qu’elles sont disposées à payer
entre eux. D. Cohen (Richesse du monde et pauvreté pour les obtenir. Sur la base de l’information ainsi
des nations, 1997) utilise cette approche pour expli- recueillie, la banque centrale fixe le taux d’intérêt
quer la naissance de nouvelles inégalités au sein des qu’elle va pratiquer et attribue les liquidités à toutes
économies industrialisées. Avec l’élévation générale les banques qui ont proposé un taux supérieur ou
du niveau de formation et la tertiarisation, les égal à celui qui est retenu par la banque centrale.
qualifiés se regroupent avec les qualifiés selon le Ü Monnaie
modèle de la Silicon Valley et développent des acti- Appel d’offres à taux fixe, Politique monétaire,
vités à haut niveau de productivité et à haut niveau Politique monétaire non conventionnelle, Repo
de revenu. Les travailleurs non qualifiés ont plus
de difficultés à trouver un emploi et se retrouvent
cantonnés dans des activités à faible revenu. Appels de marge
La théorie des appariements sélectifs cherche Sur un marché organisé les appels de marge
à rendre compte des inégalités entre les salariés résultent d’une décision de l’autorité de mar-
ainsi que de l’approfondissement de la segmenta- ché qui, face à un accroissement des risques qui
tion du marché du travail. découlent d’une variation des cours, décide d’ac-
Ü Marché du travail, emploi et chômage, Revenus croître le montant du dépôt de garantie que doivent
Appariement, Capital humain, Courbe de Beveridge, effectuer les agents qui opèrent à terme (options,
Discrimination, Justice sociale, Segmentation du contrats futurs, etc.). Si un opérateur n’est pas en
marché du travail, Théorie du filtre mesure de faire le versement correspondant à l’ap-
pel de marge, ses contrats sont aussitôt dénoués.
La procédure des appels de marge a donc le double
Appel d’offres à taux fixe avantage de réduire le risque de défaut et de freiner
Dans le cadre du Système européen de banques les emballements spéculatifs.
centrales (SEBC), l’appel d’offres à taux fixe est une Ü Monnaie, Finances internationales
procédure de refinancement bancaire, déclenchée à Contrat à terme, Effet de levier, Marché dérivé, Produits
l’initiative du SEBC, dans laquelle le taux d’intérêt dérivés, Risque de crédit, Risque de marché, S péculation
est annoncé à l’avance par la banque centrale. Les
établissements de crédit qui souhaitent se procurer
des liquidités répondent à l’appel d’offres en indi- Appréciation
quant le montant qu’ils souhaitent obtenir au taux De façon générale, le terme appréciation est utilisé
d’intérêt fixé. Ayant ainsi collecté de l’information pour désigner l’augmentation de la valeur d’un
sur les besoins de l’économie en liquidités, la banque actif ou d’un indicateur.
centrale détermine le montant total des liquidités
D’un point de vue monétaire, sur le plan
qu’elle accorde au système bancaire. Ce montant
externe, l’appréciation est l’augmentation du
total est réparti entre les banques proportionnelle-
cours d’une devise sur le marché des changes. En
ment à la demande qu’elles avaient formulée.
régime de changes fixes, l’appréciation correspond
À Dans le cadre de la politique monétaire non
à l’augmentation du cours à l’intérieur des marges
conventionnelle, la Banque centrale européenne
de fluctuation fixées par les autorités monétaires.
(BCE) a mis en place en octobre 2008 une procédure
À Ne pas confondre avec le terme de réévaluation.
de refinancement à taux fixe (nul depuis mars 2016)
D’un point de vue monétaire, sur le plan
dans le cadre de laquelle les banques de second rang
interne, l’appréciation est l’augmentation du
peuvent obtenir toute la liquidité qu’elles souhaitent.
pouvoir d’achat de la monnaie qui résulte d’une
Ü Monnaie
Appel d’offres à taux variable, Politique monétaire baisse des prix.
Ü Finances internationales, Monnaie
Changes flottants, Déflation, Dépréciation, Régime
Appel d’offres à taux variable de change
Dans le cadre du Système européen de banques
centrales (SEBC), l’appel d’offres à taux variable
est une procédure de refinancement bancaire, Apriorisme
déclenchée à l’initiative du SEBC, dans laquelle les L’apriorisme est la conception selon laquelle il existe
établissements de crédit qui souhaitent se procu- des connaissances qui ne sont pas tirées de l’expé-
16
Arbitrage réglementaire
rience. Par exemple pour E. Kant (1724-1804), les Ü Marché du travail, emploi et chômage, Marchés et prix
concepts de temps et d’espace sont des a priori. En Arbitrage travail-loisir, Arbitre de marché, Chômage
science économique, un point de vue aprioriste a volontaire, Demande notionnelle, Déséquilibre,
été développé par L. Von Mises (1881-1973). Pour Équilibre général, Offre notionnelle, Rationnement,
lui, il est possible de connaître par introspection les Rigidité, Théorie des équilibres à prix fixes
principes qui régissent l’action humaine car celle-ci
est « nécessairement toujours rationnelle ». Sur la
base de ces propositions a priori, on déduit des lois Arbitrage
de portée universelle qu’il n’est même pas néces- En science économique, le mot « arbitrage » est sou-
saire de vérifier empiriquement dès lors qu’elles vent utilisé comme synonyme du mot « choix ».
sont déduites logiquement de principes premiers Un agent économique arbitre entre le présent et
qui sont vrais. Par exemple, la théorie du consom- le futur (arbitrage intertemporel), il peut arbitrer
mateur peut être déduite du principe de l’utilité entre plusieurs marchés ou bien entre assurance
marginale décroissante. et assistance, le gouvernement arbitre entre diffé-
À Une conception aprioriste peut servir de point de rentes mesures fiscales, etc.
départ à une démarche hypothético-déductive, Ü Finances internationales, Marché du travail, emploi
mais toute démarche hypothético-déductive n’est et chômage, Marchés et prix, Monnaie
pas aprioriste car elle peut avoir un point de départ Arbitragiste, Homo œconomicus
conjectural.
Ü Épistémologie économique
Conjecture, École autrichienne, Méthode hypothético- Arbitrage intertemporel
déductive, Rationalité, Théorie, Vérification L’arbitrage intertemporel des agents est un choix
entre des situations économiques différentes à des
moments différents du temps. Par exemple, un
Apurement des marchés agent économique va choisir entre la consom-
L’apurement des marchés désigne une situation mation de l’intégralité de son revenu (satisfaction
d’équilibre général walrasien dans laquelle aucun immédiate) et l’épargne d’une partie de ce revenu
agent n’est rationné, du côté de l’offre (absence de (satisfaction future).
produits invendus par exemple), comme du côté À L’arbitrage intertemporel des agents est donc lié
de la demande. Compte tenu des prix, les quanti- au degré de leur préférence pour le présent.
tés échangées correspondent aux intentions d’offre À L’arbitrage intertemporel est un déterminant essen-
et de demande des agents. L’apurement des mar- tiel du taux d’intérêt et du taux d’actualisation.
chés est rendu possible par la flexibilité des prix À Le concept d’arbitrage intertemporel joue un rôle
qui permet la détermination du prix d’équilibre. important dans les théories de l’École autrichienne.
Il caractérise la concurrence pure et parfaite et il Par exemple, la définition du capital comme détour
est un postulat des analyses de la nouvelle école de production repose sur ce concept. Il joue
classique. également un rôle important dans les travaux de la
L’apurement des marchés rend impossible le nouvelle économie classique.
chômage involontaire : tous ceux qui acceptent À Le concept d’arbitrage intertemporel est appliqué
d’offrir leur travail en contrepartie du taux de aujourd’hui dans des champs divers de l’analyse
salaire d’équilibre trouvent un emploi. Dans cette économique : développement durable, choix
perspective le chômage ne peut être que volontaire. d’investissement, etc.
Lorsque les prix sont rigides ou en cas de vis- Ü Capital et investissement, Consommation et épargne
cosité des prix, l’apurement des marchés ne peut Actualisation, Anticipation, Arbitrage, Épargne,
se réaliser. Le chômage involontaire peut ainsi être Homo œconomicus
interprété comme une situation où le marché du
travail n’est pas apuré. Des individus disposés à
offrir leur travail au prix d’équilibre ne parviennent Arbitrage réglementaire
pas à être embauchés, il s’agit d’un équilibre avec On appelle arbitrage réglementaire le compor-
rationnement. Ce chômage involontaire a été tement d’un agent économique qui, tout en res-
démontré par J. M. Keynes (1883-1946) dans la pectant la loi, tire parti de l’incomplétude de la
Théorie générale publiée en 1936. Aujourd’hui, la réglementation pour obtenir un avantage. L’utili-
nouvelle école keynésienne (NEK) montre que sation de niches fiscales pour échapper à l’impôt
des taux de salaire plus élevés que leur niveau est un exemple d’arbitrage réglementaire. Dans
d’équilibre peuvent résulter de comportements le domaine financier, l’arbitrage réglementaire
individuels rationnels. consiste pour les banques à respecter formellement
17
Arbitrage travail-loisir
18
Assurance maladie
19
Assurance vieillesse
en vertu de laquelle toute personne qui réside en ––maternité-famille : prise en charge partielle
France de manière stable et régulière a droit à la des dépenses liées à la conception, la naissance et
prise en charge de ses frais de santé. Cette réforme l’éducation des enfants ;
s’inscrit dans une logique d’universalisation de la ––emploi : prise en charge de l’indemnisation
protection sociale puisque le droit à la couverture du chômage et de la réadaptation professionnelle.
maladie n’est plus conditionné par le fait d’avoir À La couverture de ces quatre risques constitue la
une activité ou d’être ayant droit d’une personne protection sociale.
active. En France, pour des raisons historiques, les trois
Ü Protection sociale, Revenus premiers risques relèvent d’une institution unique :
Anti-sélection, Assurances sociales, Couverture la Sécurité sociale.
maladie universelle (CMU), État-providence, Redis- Ü Économie publique, Protection sociale
tribution, Revenus de transfert Antisélection, État-providence, Redistribution, Revenus
de transfert
Assurance vieillesse
L’assurance vieillesse garantit le versement d’un Asymétrie d’information
revenu de remplacement (pension de retraite) aux II y a asymétrie d’information lorsque, dans le cadre
personnes qui cessent de travailler et qui ont l’âge d’un contrat, un agent économique détient plus
requis pour prétendre à la perception d’une pen- d’informations qu’un autre. Par exemple, dans le
sion de retraite. cadre du contrat salarial, l’employeur n’est jamais
L’assurance vieillesse est assurée par le régime certain de ce que sera le comportement du salarié
général mais aussi par des régimes complémentaires lorsqu’il aura été recruté. C’est pourquoi on parle
(ARRCO, AGIRC). parfois de l’incomplétude du contrat de travail.
En France actuellement, les régimes de retraite De nombreux contrats (en matière d’assurance ou
obligatoires et la plupart des régimes complémen- sur les marchés financiers) relèvent de l’asymétrie
taires sont des régimes de retraite par répartition, d’information. L’asymétrie d’information conduit
c’est-à-dire que les cotisations versées par les actifs à des problèmes d’antisélection et d’aléa moral.
sont utilisées immédiatement pour payer les pen- Ü Finances internationales, Marché du travail, emploi,
sions de retraite. chômage, Marchés et prix, Monnaie
Certains régimes complémentaires et les contrats Contrat incomplet
d’épargne retraite fonctionnent selon le principe de
la capitalisation, c’est-à-dire que les cotisations col-
lectées servent à constituer un capital pour l’épar- Asymétrie des conjonctures
gnant. C’est cette épargne accumulée (y compris les L’asymétrie des conjonctures est un terme utilisé
revenus de placements), qui sert, à partir de l’âge pour caractériser une situation économique diver-
de la retraite, à verser un revenu de remplacement. gente du point de vue de la croissance, de l’em-
Ü Protection sociale, Revenus ploi et du chômage, des taux d’intérêt, entre deux
Antisélection, Assurances sociales, État-providence, groupes de pays (ou deux pays). Par exemple, au
Redistribution, Retraite, Retraite par capitalisation, cours de la première moitié des années 1980, on
Revenus de transfert observe une conjoncture de croissance aux États-
Unis et une récession dans les pays de la Commu-
nauté économique européenne (CEE). Il en va
Assurances sociales de même depuis 2009-2010, où l’on constate que
Les assurances sociales garantissent l’indemnisation la reprise est beaucoup plus vigoureuse aux États-
de plusieurs types de risques en contrepartie du Unis qu’en zone euro.
paiement de cotisations sociales. Les assurances Ü Fluctuations et crises économiques
sociales sont obligatoires et ne sont pas gouver- Choc asymétrique, Pacte de stabilité et de croissance,
nées par la recherche du profit. À la différence des Zone monétaire optimale
assurances privées, elles sont standardisées et donc
identiques pour tous les individus se trouvant dans
une même situation. Atomicité du marché
Les risques assurés couvrent les domaines sui- Concurrence pure et parfaite
vants :
––santé : maladie, invalidité, accidents du travail,
maladies professionnelles ; Augmentation de capital
––vieillesse : versement des prestations de Une augmentation de capital est, pour une société,
retraites ; l’accroissement de la valeur nominale de son capital
20
Autogestion
social. Elle se réalise en général par la création siques qui créent une entreprise individuelle et
de titres de propriété nouveaux, actions ou parts désirent démarrer une activité en prenant peu de
sociales nouvelles, en contrepartie : risques. Il s’adresse aussi aux entrepreneurs indi-
––d’un apport en numéraire des actionnaires qui viduels déjà installés et désirant changer de régime
souscrivent à l’émission d’actions nouvelles ; juridique.
––d’un apport d’actifs par certains agents (ter- L’adoption de ce régime juridique est réservée
rains, immeubles, brevets, etc.) ; à des entreprises de petite taille dont le chiffre
––d’une conversion des dettes (un créancier d’affaires n’excède pas un montant relativement
échange ses titres de créance contre des actions) ; modeste (170 000 € pour les activités commerciales
––d’une incorporation dans le capital social des d’achat/vente, de restauration et de fourniture
réserves de l’entreprise (ce qui conduit à une distri- d’hébergement et 70 000 € pour les prestations
bution d’actions gratuites aux actionnaires). de service et les professions libérales). Ce régime
À Ne pas confondre avec accumulation du capital. procure des avantages, en particulier des procé-
Ü Capital et investissement dures de création/radiation simplifiées (on peut
Bourse, Capitalisation boursière, Effet de levier, Profi- s’enregistrer auto-entrepreneur par Internet en
tabilité, Q de Tobin, Rentabilité quelques instants). Le micro-entrepreneur, comme
tout entrepreneur, est inscrit au Registre national
Autarcie des entreprises (RNE) tenu par l’INSEE et obtient
un numéro Siren (numéro d’identification de l’en-
L’autarcie est une situation économique qui se treprise) qui doit être mentionné sur tous les docu-
caractérise, pour un pays donné, par un refus du ments commerciaux et factures.
commerce avec l’étranger. L’objectif visé est l’auto- À Les auto-entrepreneurs sont aussi appelés les
subsistance et l’indépendance économique totale micro-entrepreneurs.
par rapport au reste du monde, ce qui suppose une À L’augmentation du nombre d’auto-entrepreneurs
volonté politique. (780 000 en France en 2018) est liée à la persis-
À l’époque actuelle, aucun pays moderne ne peut tance du chômage et peut être interprétée comme
sérieusement envisager une véritable autarcie.
une nouvelle forme particulière d’emplois.
À Il ne faut pas confondre autarcie et protection-
Ü Entreprises et système productif
nisme. Le protectionnisme ne signifie pas refus
Artisanat, Entreprise unipersonnelle à responsabi-
des échanges.
lité limitée (EURL), Société, Société à responsabilité
À Certains économistes tiers-mondistes (S. Amin,
limitée (SARL)
A. Gunder-Frank) considèrent que la sortie du
sous-développement implique une rupture avec
le marché mondial. Autofinancement
Ü Commerce international
Économie du développement, Libre-échange L’autofinancement désigne le fait, pour un agent
économique, de financer ses investissements avec
des ressources financières propres, ce qui permet
Autoconsommation d’éviter le recours à l’emprunt.
L’autoconsommation désigne la consommation Pour une entreprise, le profit non distribué, les
par un agent économique d’une production qu’il provisions et les dotations aux amortissements
a lui-même réalisée partiellement ou en totalité et permettent un financement interne.
qui, sans être échangée sur un marché, serait sus- À Il est possible que le taux d’autofinancement
ceptible de l’être. Dans la comptabilité nationale, (montant des ressources propres/montant des inves-
ce sont les biens ou services qu’une unité institu- tissements) soit supérieur à 100 %.
tionnelle produit et conserve pour sa consomma- À L’autofinancement comporte toujours un coût
tion finale (production des jardins familiaux, loyers d’opportunité puisqu’on renonce au revenu tiré
fictifs des logements occupés par leur propriétaire.) d’un placement.
Ü Entreprises et système productif Ü Capital et investissement, Comptabilité nationale,
Consommation marchande, Dépenses de consomma- Consommation et épargne
tion, Économie domestique, Gratuité (économie de), Compte de capital, Financement de l’économie, Taux
Logement (service de) d’autofinancement
Auto-entrepeneur Autogestion
Le statut d’auto-entrepreneur est en vigueur depuis L’autogestion est une forme d’organisation qui
le 1er janvier 2009. Il concerne les personnes phy- repose sur la gestion du système productif par
21
Automation
les producteurs eux-mêmes. L’autogestion peut se à l’occasion de la crise des subprimes et de la crise de
concevoir à différents niveaux : l’euro. L’ABE a pour objectif de sauvegarder la sta-
––au niveau de chaque unité de production, bilité financière et l’efficacité du système bancaire.
c’est un mode de gestion d’une entreprise par un Cependant, l’ABE avait l’inconvénient de n’être
comité de travailleurs qui postule la suppression de qu’un organe de coordination des superviseurs
toutes distinctions entre dirigeants et dirigés ; nationaux. Depuis la création de l’Union bancaire,
––au niveau d’un système économique, c’est un c’est la Banque centrale européenne (BCE) qui est
modèle alternatif au capitalisme et à la planifica- responsable de la supervision unique des banques
tion centralisée. de la zone euro. L’ABE se charge pour l’essentiel de
Ü Entreprises et système productif l’élaboration d’une réglementation unique.
Coopérative, Décentralisation, Doctrine économique, L’ABE est une autorité indépendante dotée de
Économie de marché, Économie planifiée la personnalité juridique. Son siège, implanté ini-
tialement à Londres, est transféré à Paris à la suite
du Brexit.
Automation Ü Monnaie, Finances internationales, Intégration éco-
L’automation désigne un mode d’organisation du nomique, Politique économique
travail lié au développement des techniques d’auto- Bâle III, Autorité européenne des valeurs mobilières
matisation (ordinateurs, calculateurs, robots, etc.) (AEVM), Autorité européenne des assurances et des pen-
qui permettent un contrôle du déroulement de la sions professionnelles (AEAPP), Mécanisme de résolution
production. unique, Mécanisme de supervision unique (MSU),
Ü Entreprises et système productif Règles prudentielles, Risque de crédit, Risque de défaut,
Fordisme, Organisation scientifique du travail (OST) Risque systémique, Système européen de surveillance
financière (SESF)
Autorité administrative
indépendante (AAI) Autorité de contrôle prudentiel
Une autorité administrative indépendante (AAI) et de résolution (ACPR)
est une institution en charge de la régulation d’un L’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution
secteur ou d’un type d’activité économique. L’au- (ACPR) est une autorité administrative indépen-
torité des marchés financiers (AMF), l’autorité dante adossée à la Banque de France. Elle a succédé
de contrôle prudentiel et de résolution (APCR), en 2013 à l’Autorité de contrôle prudentiel (ACP)
l’autorité de régulation des communications élec- qui avait été créée en 2010. Outre les fonctions qui
troniques et des Postes (ARCEP), la Commission étaient déjà celles de l’ACP (agrément et contrôle
nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) des entreprises d’assurance et des établissements
sont des exemples d’AAI. La multiplication de ces de crédit), l’ACPR exerce des fonctions de résolu-
autorités de régulation est le corollaire de la soumis- tion, c’est-à-dire des fonctions de prévention et de
sion de ces secteurs à la coordination marchande et gestion des crises bancaires.
donc de l’ouverture à la concurrence. Elle se substitue à divers organismes antérieurs :
Les AAI sont chargées du contrôle des entre- Comité des entreprises d’assurance, Comité des
prises du secteur dont elles sont responsables afin établissements de crédit et des entreprises d’in-
de s’assurer qu’elles n’adoptent pas des compor- vestissement, Commission bancaire, Autorité de
tements contraires à l’intérêt général. Elles s’inté- contrôle des assurances et des mutuelles.
ressent en particulier au respect de la concurrence, Le regroupement au sein d’un organisme unique
à la politique tarifaire, au respect des droits des du contrôle de l’ensemble des institutions finan-
consommateurs, etc. cières manifeste la volonté de renforcer la supervi-
Ü Économie publique, Marchés et prix sion du système bancaire et la stabilité financière.
Capture du régulateur, Concurrence, Institutions C’est à la suite de la crise financière mondiale de
marchandes 2007-2008 que la fonction de résolution a été
ajoutée à la fonction de supervision.
Ü Finances internationales, Monnaie, Politique écono-
Autorité bancaire européenne (ABE) mique
L’Autorité bancaire européenne (ABE) a été créée Autorité bancaire européenne (ABE), Autorité euro-
en novembre 2010 pour pallier l’insuffisance de la péenne des assurances et des pensions professionnelles
coopération entre les autorités nationales de l’Union (AEAPP), Autorité européenne des marchés financiers
européenne chargées de la surveillance du système (AEMF), Bâle III, Crise de l’euro, Règles pruden-
bancaire et financier. Cette insuffisance a été révélée tielles, Solvabilité II
22
Autorité européenne des marchés financiers (AEMF)
23
Autorité européenne des valeurs mobilières (AEVM)
L’AEMF est une composante du Système euro- du fermier et de sa famille, l’alimentation animale, les
péen de surveillance financière (SESF). semences) qui sont renouvelées chaque année par le
L’AEMF a la personnalité juridique et son siège fermier.
est à Paris. On la désigne parfois sous le terme Ü Croissance économique, Épistémologie économique
« Autorité européenne des valeurs mobilières » Circuit économique, École physiocratique, Produit
(AEVM). net, Tableau économique des physiocrates
Ü Finances internationales, Intégration économique,
Monnaie, Politique économique
Autorité bancaire européenne, Autorité européenne Avantage absolu
des assurances et des pensions professionnelles, Autorité La théorie des avantages absolus désigne l’analyse du
des marchés financiers, Bâle III, Règles prudentielles, commerce international développée par A. Smith
Risque de crédit, Risque systémique, Système financier, dans Recherches sur la nature et les causes de la richesse
Stabilité financière, Supervision des Nations (1776). Chaque pays doit se spécialiser
en fonction de son avantage absolu, c’est-à-dire la
production pour laquelle il est le plus efficient.
Autorité européenne des valeurs Elle repose sur l’hypothèse d’une mesure des
mobilières (AEVM) coûts de production en heures de travail (théorie
Autorité européenne des marchés financiers (AEMF) de la valeur travail).
Le tableau suivant indique le nombre d’heures
de travail (coûts de production) nécessaires à la
Autorités monétaires fabrication d’une unité de bien :
Les autorités monétaires sont des institutions
chargées de concevoir et de mettre en œuvre la Pays A Pays B
politique monétaire. Elles sont aussi chargées de Bien X 10 8
la surveillance du système bancaire et financier.
Au sein de la zone euro, la principale autorité Bien Y 15 20
monétaire est le système européen de banques
Le pays A se spécialise dans la production du
centrales. Dans chaque pays membre existent des
bien Y et le pays B dans la production du bien X.
dispositifs qui doivent être conformes aux règles
Les écarts de coûts absolus justifient l’échange
élaborées au niveau de l’Union européenne, mais
international qui procure à chaque pays un gain en
qui conservent une certaine spécificité.
heures de travail. En effet, en important le bien X,
En France, les principales autorités monétaires
le pays A gagne 2 heures ; en important le bien Y, le
sont :
pays B gagne 5 heures. Le commerce international
––la Banque de France (qui est membre du
permet un gain à l’échange pour les deux pays.
SEBC) ;
Ü Commerce international
––le ministère de l’Économie et des Finances ;
––l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolu- Avantage comparatif, École classique, Libre-échange,
tion. Théorie économique
À Il existe par ailleurs des organismes chargés de la
surveillance des marchés financiers (en France, Avantage comparatif
l’Autorité des marchés financiers – AMF).
La théorie des avantages comparatifs (ou avantages
À Un certain nombre d’organismes professionnels
relatifs) affirme que chaque nation a intérêt à se
interviennent aussi dans la gestion du système ban-
spécialiser dans la production pour laquelle elle est
caire et financier. En France, c’est le cas notamment
relativement la plus efficiente. D. Ricardo (1772-
de la Fédération bancaire française (FBF).
1823) est le premier à avoir exposé cette théorie
Ü Économie publique, Monnaie, Politique économique
Banques, Système bancaire, Système financier dans ses Principes de l’économie politique et de l’im-
pôt (1817). Le principe des avantages comparatifs
sera repris et approfondi au xxe siècle par la théo-
Avance primitive rie néoclassique (théorème HOS). D. Ricardo a
Pour les physiocrates, les avances primitives dans présenté le problème de l’échange international en
l’agriculture sont constituées par la terre, le matériel le résumant à l’échange de deux produits, le vin et
agricole, les animaux d’élevage, etc. qui sont néces- le drap, entre deux pays, la Grande-Bretagne et le
saires à la production. Les avances primitives voient Portugal. Mais, dans son exemple, le Portugal pos-
leur valeur se réduire au cours du temps et cette perte sède un avantage absolu dans les deux produc-
de valeur doit être compensée (amortissement). Elles tions. Cette hypothèse, volontairement irréaliste,
se différencient des avances annuelles (la nourriture permet de montrer que le commerce international
24
Aversion à la dépossession (aversion to dispossession)
est fondé sur les différences de coûts comparatifs Bretagne 1 unité de drap et 1,125 unité de vin.
et non sur les différences de coûts absolus. Soit au niveau mondial, un gain de 0,2 unité de
Le raisonnement de Ricardo repose sur plusieurs drap et 0,125 unité de vin.
hypothèses. Pour que ce gain à l’échange soit partagé par
1. Mesure des coûts de production en heures les deux pays, il faut que l’échange international
de travail (théorie de la valeur travail) ; les prix soit compris entre les 2 coûts comparés interne,
varient donc d’un pays à l’autre en raison des diffé- c’est-à-dire 0,88 et 1,2 (ce que permet l’échange
rences de productivité. 1 drap contre 1 vin).
2. À l’intérieur de chaque pays, il y a libre cir- Les limites de la théorie ricardienne des avan-
culation des marchandises et parfaite mobilité des tages comparatifs sont les suivantes :
facteurs de production (travail et capital). ––les hypothèses ne sont plus pertinentes et en
3. À l’échelle internationale, les marchan- particulier l’immobilité internationale des facteurs
dises se déplacent librement (hypothèse de libre- qui est contredite par l’existence des firmes multi-
échange) ; en revanche, les facteurs de production nationales ;
sont immobiles d’un pays à l’autre. ––les termes de l’échange ne sont pas fixés. Ricardo
4. Les techniques de production sont données et considère que le rapport d’échange international (ou
la productivité est stable à moyen terme (rende- prix international) se fixera quelque part entre les
ments d’échelle constants). deux rapports d’échange intérieurs (prix relatifs inté-
Le tableau ci-après résume la situation avant rieurs). Or, le rapport de l’échange international du
l’échange international. vin contre le drap détermine la répartition du gain
à l’échange entre les deux pays. Pour chaque pays, le
Grande-Bretagne Portugal gain est d’autant plus grand que le rapport d’échange
international est loin de son rapport d’échange inté-
Coût de 1 unité de vin 1 unité de vin
rieur et proche de celui de l’autre pays ;
production = 120 heures = 80 heures
––l’affirmation selon laquelle le commerce inter-
en heures 1 unité de drap 1 unité de drap
national serait bénéfique pour chaque participant
de travail = 100 heures = 90 heures
peut être contestée. Elle suppose d’abord une stabi-
1 vin = 1,2 drap 1 vin = 0,88 drap lité dans le temps des coûts de production (hypo-
(120/100) (80/90) thèse de stabilité de la productivité). Or, à la suite
Prix relatifs de l’industrialisation, les conditions de coûts se
1 drap = 0,83 vin 1 drap = 1,125
(100/120) vin (90/80) modifient et un protectionnisme éducateur peut
alors se justifier.
Pour fabriquer une unité de vin et une unité de Ü Commerce international
drap, la Grande-Bretagne utilise une quantité de Dégradation des termes de l’échange, École classique,
travail supérieure à celle du Portugal (220 heures au État stationnaire, Lois sur les blés, Théories économiques
lieu de 170). Mais si, pour le vin, son désavantage
relatif est important (le Portugal utilise 33 heures
de travail en moins), pour le drap, la différence est Avantage concurrentiel
moindre (le Portugal utilise 10 heures de travail en Le concept d’avantage concurrentiel est forgé par
moins). M. Porter qui désigne ainsi l’avantage qui per-
La théorie des coûts comparatifs affirme alors met à une firme d’être plus compétitive que ses
que la Grande-Bretagne doit se spécialiser dans le concurrentes. Cet avantage peut être lié à un coût
drap (elle abandonne donc la production de vin) de production plus faible que celui des concur-
et le Portugal dans le vin (il abandonne la produc- rents ou bien à la différenciation de son produit.
tion de drap). Après spécialisation, les deux pays On parle d’avantage concurrentiel soutenable
échangent leurs produits. Si l’Angleterre exporte lorsque l’entreprise a les moyens de conserver cet
son drap au Portugal, elle obtiendra 1,125 unité avantage dans la durée.
de vin, contre 0,83 seulement chez elle. Si le Por Ü Commerce international, Entreprises et système pro-
tugal exporte son vin en Angleterre, il obtiendra ductif, Mondialisation
1,2 unité de drap, contre seulement 0,88 chez lui. Compétitivité, Concurrence imparfaite
Au niveau mondial (ici deux pays) il y a un gain
à l’échange. Avant spécialisation, chaque pays
obtenait 1 unité de drap et 1 unité de vin ; le Portu- Aversion à la dépossession
gal avec 170 heures de travail et la Grande-Bretagne (aversion to dispossession)
avec 220. Après spécialisation, le Portugal obtient L’aversion à la dépossession désigne un comporte-
1 unité de vin et 1,2 unité de drap et la Grande- ment d’attachement d’un investisseur à un actif.
25
Aversion à la perte (loss aversion)
26
B
Bail in Ü Monnaie
Le bail in désigne un principe de résolution des Bail in, Clause de non-renflouement, Cycle finan-
crises bancaires en vertu duquel on doit faire appel cier, Règles prudentielles, Risque de crédit, Risque
en priorité aux créanciers des banques pour faire de défaut, Risque systémique, Stabilité financière,
face à leurs problèmes de solvabilité. Le principe Supervision, Surveillance microprudentielle, Système
du bail in vise à limiter le recours aux fonds publics financier
pour sauver les banques insolvables.
En cas d’insuffisance des capitaux propres
d’une banque à la suite de pertes, l’accord européen
Baisse tendancielle du taux de profit
du 26 juin 2015 prévoit de solliciter en priorité La baisse tendancielle du taux de profit est, dans la
les créanciers détenteurs de dettes subordon- théorie marxiste, la loi économique qui explique
nées, puis les créanciers seniors, puis les dépôts les crises récurrentes et la fin inéluctable du mode
non garantis des grandes entreprises, puis ceux de production capitaliste.
des PME et enfin ceux des particuliers au-delà de Le fonctionnement du capitalisme suppose en
100 000 euros. effet que le taux de profit soit suffisamment élevé
Le fait de poser le principe du bail in incite les pour permettre la poursuite de l’accumulation du
capital.
banques et leurs principaux créanciers à se mon-
Pour K. Marx (1818-1883) la valeur d’une mar-
trer vigilants et limiter les risques d’insolvabilité.
chandise s’écrit :
Le bail in est aussi un moyen d’échapper au « too
big to fail », c’est-à-dire au fait que les États sont V = Capital constant (c) + Capital variable (v)
contraints de financer les banques menacées de + Plus-value (pl)
faillite lorsque leur bilan est de grande taille. Le taux de profit est le rapport entre la plus-
Ü Monnaie value et la somme du capital avancé (capital
Bail out, Cycle financier, Établissement d’importance constant et capital variable) : pl/c + v
systémique, Règles prudentielles, Résolution, Risque Le taux de profit peut donc s’écrire (en divisant
de crédit, Risque systémique, Stabilité financière, tous les termes du rapport par v) :
Supervision, Système financier pl /v
c/v + 1
Bail out Le taux de plus-value s’écrit pl/v et la composi-
Le bail out désigne un principe de résolution des tion organique du capital c/v.
crises bancaires en vertu duquel on doit faire appel Avec le développement du capitalisme, la com-
en priorité aux apporteurs de capitaux extérieurs position organique du capital augmente sous l’ef-
aux banques pour faire face aux problèmes de sol- fet de la concurrence et du progrès technique :
vabilité (insuffisance des capitaux propres). En on utilise relativement plus de machines (« travail
pratique, cela signifie que les pouvoirs publics reca- mort ») que de salariés (« travail vivant »).
pitalisent les banques ou en prennent le contrôle Par ailleurs, l’accroissement de la plus-value
afin d’en éviter la faillite. Cela se produit surtout absolue (accroissement de la durée du travail pour
lorsqu’on se trouve en présence de banques qui un même salaire) est freiné par les luttes de classes.
relèvent du « too big to fail ». Dans ce cadre, le taux de profit ne peut que bais-
L’expression est aussi utilisée pour désigner l’in- ser de façon tendancielle (puisque le dénominateur
terdiction qui est faite aux États membres de la du rapport augmente plus vite que le numérateur).
zone euro d’apporter une assistance financière à un Il existe cependant des contre-tendances à cette
autre État membre. baisse. Le développement du capitalisme dans de
27
Balance commerciale
28
Balance sterling
4. Le poste erreurs et omissions reflète les dif- l’étranger (IDE) réalisés par les firmes nationales
ficultés d’enregistrement des opérations écono- pour améliorer leur compétitivité.
miques internationales. Ü Commerce international, Finances internationales
À L’importance du poste erreurs et omissions pose, Balance des transactions courantes, Compétitivité,
au niveau mondial, le problème du « trou noir » Déséquilibres globaux, Territoire économique
de la balance des paiements. Le solde agrégé des
balances des paiements des différents pays n’est pas
égal à zéro (ou proche de zéro). Le désajustement Balance des transactions courantes
ou « trou noir » a eu tendance à croître au cours de La balance des transactions courantes (ou des
ces trente dernières années. comptes courants ou des paiements courants) enre-
La balance des paiements de la France est établie gistre dans la balance des paiements, l’ensemble
en euros. Par convention, un chiffre positif (crédit) des échanges de marchandises et de services, les
correspond à une exportation ou à une recette lors- flux de revenus et les transferts courants entre un
qu’il se rapporte à une opération réelle, c’est-à-dire territoire et le reste du monde. La balance des
des échanges de biens, de services et des paiements transactions courantes regroupe donc la balance
de revenus. Un chiffre négatif (débit) représente une commerciale (les marchandises) et la balance des
importation ou une dépense. S’agissant du compte services, des revenus et des transferts courants.
financier, un chiffre positif reflète une diminution Le solde de la balance des transactions cou-
des avoirs ou une augmentation des engagements, rantes apporte des informations utiles sur l’état de
qu’ils soient financiers ou monétaires. Un chiffre l’économie. Mais les interprétations doivent tenir
négatif représente une augmentation des avoirs ou compte notamment :
une diminution des engagements. Ainsi, un chiffre ––des éléments conjoncturels liés au cycle éco-
négatif au titre des avoirs de réserve signifie-t-il nomique dans ce territoire par rapport à ses parte-
que les réserves ont augmenté. naires commerciaux ;
––des tendances à long terme de l’épargne et de
l’investissement, qui dépendent fortement des
CRÉDIT (+) DÉBIT (–)
évolutions de l’économie et de la démographie ;
Exportations de biens Importations de biens ––de la politique de change et de la compéti-
Exportations de services Importations de services tivité prix ;
––de la compétitivité structurelle.
Transferts reçus Transferts versés
Ü Commerce international, Économie et démographie,
Entrées de capitaux Sorties de capitaux Finances internationales, Mondialisation
Déséquilibres globaux, Équilibre emplois-ressources
À La balance des paiements étant équilibrée par
convention, les expressions « déficit » ou « excé-
dent » de la balance des paiements sont des abus Balance dollar
de langage. Par convention, l’équilibre comptable Les balances dollar étaient des avoirs en dollar
de la balance des paiements est obtenu en intro- détenus par des non-résidents, notamment des
duisant la variation des avoirs de réserves. Lorsque banques centrales. Développées à partir de 1958,
le solde de la balance des paiements est créditeur, les balances dollar ont alimenté le marché des euro-
la variation des avoirs de réserves apparaît avec un dollars.
signe négatif, bien que les réserves de change aug- À Bien qu’il existe encore aujourd’hui des avoirs en
mentent. À l’inverse, lorsque le solde de la balance dollar détenus par des non-résidents, cette expres-
des paiements est débiteur, les avoirs de réserve sion est tombée en désuétude.
diminuent mais la variation des avoirs de réserves Ü Commerce international, Finances internationales
est positive.
À Les soldes sont à interpréter avec prudence. Par
exemple, un solde débiteur du compte des tran- Balance sterling
sactions courantes peut renvoyer aussi bien à une Les balances sterling étaient des avoirs en livre ster-
faiblesse structurelle du système productif qu’à ling détenus par des non-résidents, notamment
une forte croissance qui tire les importations. À des banques centrales. Apparues au xixe siècle,
l’inverse, un solde excédentaire peut s’expliquer par elles témoignent du rôle joué par la livre sterling
une faible croissance (France dans les années 1980). comme monnaie internationale dans le système
Un solde débiteur du compte financier peut de l’étalon-or (les banques ne demandaient pas
être causé par une fuite des capitaux, mais peut la conversion en or de leurs livres sterling). La
aussi correspondre à des investissements directs à valeur des balances sterling a fortement augmenté
29
Bâle III (accords de)
avec la Première Guerre mondiale et cette valeur a qui détiennent des comptes courants dans les
pesé sur les choix de politique économique de la banques.
Grande-Bretagne jusque dans les années 1960. La bancarisation résulte de la concurrence entre
À Bien qu’il existe encore aujourd’hui des avoirs en les banques de dépôt pour accroître leur clientèle,
livre sterling détenus par des non-résidents, cette développer leur activité de crédit et l’ensemble des
expression est tombée en désuétude. services qu’elles commercialisent. La bancarisation
Ü Finances internationales croissante permet également de limiter les fuites
Devise clé, Libre-échange, Protectionnisme, Système en monnaie manuelle hors du circuit bancaire
monétaire international propre à chaque banque. La bancarisation résulte
aussi de l’évolution des moyens de paiement en
faveur de la monnaie scripturale, du dévelop-
Bâle III (accords de) pement du salariat et de la réglementation des
Dans le prolongement des accords de Bâle I (ratio autorités publiques pour limiter l’économie sou-
Cooke) et de Bâle II (ratio McDonough), le terraine.
comité de Bâle a poursuivi son entreprise visant Ü Finances internationales, Monnaie
à renforcer les règles prudentielles applicables Agrégats monétaires, Banque de second rang,
aux institutions financières au niveau interna- Confiance, Contrepartie de la masse monétaire,
tional. Les dispositions des accords de Bâle III ont Création monétaire, Financement de l’économie,
été adoptées lors du sommet du G20 de Séoul en Liquidité, Monnaie centrale, Monnaie de banque,
novembre 2010. Les changements sont les sui- Monnaie fiduciaire, Offre de monnaie, Système ban-
vants : le ratio de solvabilité de base (rapport entre caire
les engagements pondérés par les risques et les
fonds propres) reste fixé à 8 %, mais la définition
des fonds propres est plus restrictive, de sorte que, Bancor
selon les établissements bancaires, les exigences Le Bancor est l’instrument de réserve et de paie-
de fonds propres ordinaires sont multipliées par ment proposé par J. M. Keynes (1883-1946) à la
cinq ; un ratio de levier (rapport entre les fonds conférence de Bretton Woods en 1944. Le Bancor
propres de base et le total des actifs bancaires non était, dans l’esprit de Keynes, à la fois une unité
pondérés par les risques) de 3 % au minimum est de compte permettant de réaliser la compensation
instauré pour limiter l’effet de levier. Cela signifie multilatérale des échanges commerciaux, mais aussi
que la valeur des actifs des banques ne pourra pas un instrument de crédit et de réserve. Le Bancor
dépasser 33,33 fois la valeur des fonds propres. offrait l’avantage d’établir une distinction entre la
L’absence de pondération des actifs retenus dans monnaie internationale et la monnaie de chacun
le calcul de ce levier est destinée à empêcher les des pays participant au système. Le plan Keynes n’a
banques de contourner la couverture en fonds pas été retenu à Bretton Woods et le Bancor n’a
propres, en multipliant les actifs dits non risqués. donc jamais été mis en place.
Enfin, Bâle III introduit deux ratios de liquidité À Le terme de « Bancor » n’est pas la traduction fran-
(l’un à court terme et l’autre à long terme). L’ob- çaise d’un mot anglais. Keynes utilise ce terme dans
jectif de ces mesures est d’imposer aux banques une son projet.
gestion qui leur permette de mieux résister à des Ü Finances internationales
crises affectant leur solvabilité et leur liquidité. Droits de tirage spéciaux, Étalon de change or,
À Certains économistes européens considèrent que Monnaie internationale, Système monétaire interna-
le ratio de levier proposé par le comité de Bâle ne tional
permet pas de limiter suffisamment l’effet de levier
et proposent un ratio de 20 à 30 % (soit un effet de
levier compris entre 5 et 3). Banking principle
Ü Finances internationales, Monnaie, Politique écono- On appelle banking principle la thèse des éco-
mique nomistes qui, comme Th. Tooke (1774-1858)
Banque des règlements internationaux (BRI), Capi- et J. Fullarton (1790-1849), considèrent que
taux propres, Fonds propres prudentiels, Règles pru- l’émission de billets de banque par les banques
dentielles, Risque de crédit, Risque systémique doit être libre de toute contrainte métallique.
Selon eux, cette liberté ne présente pas de risque
d’émission excessive car les banques émettent des
Bancarisation billets en fonction de la demande de crédit de
Le processus de bancarisation désigne l’augmen- leurs clients. Pour ces auteurs, ce qui importe
tation de la proportion des agents économiques pour la situation économique, c’est la qualité
30
Banque centrale européenne (BCE)
31
Banque d’affaires
nommés pour huit ans (mandat non renouvelable). banque de dépôt. Cette distinction a été suppri-
Le directoire dirige la BCE et met en œuvre la poli- mée en 1999. Les banques d’investissement (ter-
tique monétaire ; minologie d’origine anglo-saxonne) se rapprochent
––le conseil des gouverneurs qui regroupe le donc des banques d’affaires. On les distingue
directoire et l’ensemble des gouverneurs des BCN parfois en mettant en avant le fait que les banques
de la zone euro. C’est cette instance qui détermine d’investissement se consacrent surtout à des acti-
la politique monétaire de l’Eurosystème ; vités de marché, alors que les banques d’affaires se
––le conseil général qui regroupe le président et consacrent surtout à la finance d’entreprise et à la
le vice-président du directoire ainsi que l’ensemble gestion de patrimoine.
des gouverneurs des BCN des pays membres de Cependant, la globalisation financière a eu
l’Union européenne. Cet organisme est notam- pour effet de rapprocher les différents métiers de
ment chargé de gérer les relations entre l’euro et la banque au sein de groupes bancaires de plus en
les monnaies nationales des pays de l’Union euro- plus importants.
péenne qui n’ont pas adopté l’euro. À la suite de la crise des subprimes, la question
À La BCE est indépendante des pouvoirs politiques de la séparation des activités de banque d’inves-
nationaux et européens dans la définition de la tissement (ou de banque d’affaires) et de banque
politique monétaire. de dépôt est à nouveau posée par certains éco-
Ü Intégration économique, Monnaie nomistes. Aux États-Unis, le Dodd-Frank Act de
Banque centrale, Crédibilité, Credit easing, Discré- juillet 2010 a introduit la règle Volcker qui limite
tion, Mécanisme de change européen, Politique moné- fortement la possibilité pour les banques de spécu-
taire non conventionnelle, Règle, Règle de Taylor ler pour un compte propre et de détenir des par-
ticipations dans des fonds spéculatifs. Cette règle
Banque d’affaires est en réalité moins contraignante que ce qui avait
été proposé initialement par P. Volcker (ancien pré-
Une banque d’affaires (ou banque d’investisse- sident de la Réserve fédérale) et elle ne constitue
ment) est une banque qui se spécialise dans la
pas un retour à la séparation stricte instaurée par le
gestion de l’épargne longue et dans l’emploi de ses
Glass-Steagall Act.
ressources pour des placements longs (prise de par-
Ü Finances internationales, Monnaie
ticipation dans des entreprises, actifs immobiliers
Banque de second rang, Banque européenne d’in-
et fonciers, etc.).
vestissement (BEI), Banque universelle, Entreprises
La distinction entre banque d’affaires et banques
de dépôts, formulée dès le xixe siècle par H. Ger- d’investissement, Groupe, Règle Vickers, Règles pru-
main (1824-1905), fondateur du Crédit lyon- dentielles, Séparation bancaire, Stabilité financière,
nais, est institutionnalisée en France en 1945 : les Système bancaire, Système financier
banques sont classées en trois catégories : banques
de dépôts (ressources à vue ou à court terme),
banques de crédit à moyen et long terme, banques
Banque de dépôt
d’affaires. Cette distinction est progressivement Les banques de dépôt (ou banque de détail) ont
mise en cause et, à partir des années 1980, le sys- comme principale activité la gestion des comptes
tème financier français évolue vers le modèle de la courants et l’octroi de crédits à court terme
banque universelle. (découvert bancaire, escompte d’effets de com-
Ü Finance internationale, Monnaie merce, etc.). Les banques de dépôts ont donc des
Banque de second rang, Banque d’investissement, ressources courtes et des emplois courts et, de ce
Glass-Steagall Act, Séparation bancaire, Stabilité fait, supportent des risques limités. Elles jouent
financière, Système bancaire un rôle important dans la création de monnaie
scripturale et la gestion des moyens de paiement.
À En France, les banques de dépôt ont évolué, depuis
Banque d’investissement le milieu des années 1980, vers le modèle de la
Une banque d’investissement est une banque qui se banque universelle. Elles ont eu de plus tendance
consacre à des activités de placement de titres, de à s’intégrer dans des groupes bancaires de grande
conseil financier aux entreprises (notamment dans taille qui développent des activités sur les marchés
le domaine des fusions-acquisitions), de gestion et financiers et qui se sont multinationalisés.
de placement de l’épargne longue. Ü Monnaie
Aux États-Unis, en vertu du Glass-Steagall Act Bâle III, Banque d’affaires, Banques de dépôt,
de 1933, les activités de banque d’investissement Glass-Steagal Act, Monnaie scripturale, Règle des
devaient être strictement séparées des activités de 3 D, Stabilité financière
32
Banque libre (free banking)
33
Banque mondiale
34
Bénéfice
35
Besoin
36
Bien commun
37
Bien complémentaire
l’accès libre (sans exclusion par les prix) à une res- par le même artiste dans des contextes différents (en
source limitée conduit nécessairement à la surexploi- public, en studio, avec une autre orchestration, etc.).
tation de cette ressource. Une solution consisterait À Ne pas confondre avec un bien de recherche.
à privatiser les biens communs et à mettre en place Ü Consommation et épargne, Marchés et prix
un système de prix. Cependant, E. Ostrom (prix Asymétrie d’information
Nobel 2009) a montré que les sociétés humaines
ont utilisé de nombreuses solutions fondées sur des
pratiques communautaires, des normes, des valeurs Bien de club
et des arrangements institutionnels afin de mainte- Un bien de club est un bien non rival mais
nir la mise en commun de certaines ressources, tout excluable. Par exemple les émissions de télévision
en évitant la surexploitation. hertzienne à péage sont rendues excluables par un
Ü Économie publique système de codage. Il faut s’abonner pour pouvoir
Bien collectif, Bien privatif, Bien rival, Biens collectifs disposer du décodeur et regarder les émissions.
mondiaux, Coopération, Droits de propriété, Rivalité, Dans la limite de l’encombrement, les autoroutes
Tragédie des anticommuns à péage, les séances de cinéma ou les spectacles de
théâtre sont aussi des biens de club.
Ü Économie publique
Bien complémentaire Bien collectif, Bien commun, Bien excluable, Consen-
Un bien complémentaire est un bien lié à l’utili- tement à payer, Rivalité
sation d’un autre bien (par exemple, le carburant
est complémentaire de l’automobile). La demande
de ce bien varie parallèlement à celle de l’autre Bien de consommation finale
produit.
Un bien de consommation finale est détruit par
À Les biens complémentaires ont une élasticité prix
l’usage, sans être lui-même utilisé pour la produc-
croisée négative.
tion d’un autre bien. Un bien de consommation
Ü Consommation et épargne, Marchés et prix
finale (aliment, vêtement, équipements ménagers,
Bien substituable, Courbe d’indifférence, Effet prix,
etc.) résulte d’un processus de production (mar-
Élasticité prix
chand ou non marchand).
À Le terme de bien est pris au sens large et désigne les
Bien d’équipement biens et les services.
À Les biens libres comme l’air, qui ne résultent pas
Un bien d’équipement est un bien de production
durable. Pour les entreprises, c’est un bien de d’une production, ne sont pas considérés comme
production utilisé dans de nombreux cycles de des biens de consommation.
production. Ü Consommation et épargne
À On parle parfois de bien d’équipement à propos Bien de production, Bien durable, Bien non durable,
des biens durables acquis par les ménages. Mais ces Bien semi-durable, Consommation intermédiaire,
biens sont des biens de consommation. Rivalité
Ü Capital et investissement, Entreprise et système pro-
ductif
Accumulation de capital, Bien de consommation, Bien de Giffen
Capital, Capital fixe, Capitalistique, Formation Un bien de Giffen est une catégorie spécifique de
brute de capital fixe biens inférieurs dont la consommation augmente
avec le prix. Lord Giffen (1837-1910) a observé
que, dans les périodes de crises de subsistance en
Bien d’expérience Irlande (notamment en 1846-1847), les quantités
Un bien d’expérience est un bien dont les caracté- consommées de pain ou de pomme de terre aug-
ristiques de qualité ne sont pas observables avant mentaient avec leurs prix. Au début du xxe siècle,
l’achat. La qualité de ce type de bien ou de service E. Slutsky (1880-1948) et J. Hicks (1904-1989)
ne se révèle qu’à l’usage. Ainsi, on ne peut connaître ont expliqué ce paradoxe, en décomposant l’effet
la qualité d’un livre qu’après sa lecture, ou celle prix en un effet de substitution et un effet revenu.
d’un avocat qu’après sa plaidoirie. La consomma- Dans le cas des biens de Giffen, l’effet revenu est de
tion des biens d’expérience n’est pas affectée par la sens inverse et supérieur à l’effet de substitution.
décroissance de l’utilité marginale. Par exemple, un Ü Consommation et épargne
amateur de musique pourra faire l’acquisition de la Besoin, Bien normal, Bien supérieur, Effet Giffen,
même œuvre interprétée par plusieurs artistes, voire Élasticité revenu
38
Bien non durable
39
Bien non excluable
40
Bilatéralisme
dépasse le cadre national. Leur existence constitue (capitaux propres et dettes) apparaissent au pas-
une défaillance du marché à laquelle il n’est pas sif (partie droite du bilan). Par convention, l’actif
possible de répondre en agissant uniquement au et le passif sont d’un montant identique et l’équi-
niveau des États-nations. En effet, l’impossibilité libre comptable est réalisé par le résultat (positif,
de pratiquer l’exclusion par les prix conduit à pré- soit un bénéfice ou négatif, soit une perte). Ainsi,
coniser le recours à la réglementation, à la fiscalité un résultat positif de l’exercice (bénéfice) figure au
ou à la mise en place de marchés. Mais ces solu- passif (dont la valeur est augmentée pour égaler le
tions sont difficiles à mettre en œuvre en l’absence montant de l’actif ) et un résultat négatif (perte)
d’une autorité politique mondiale. Cela conduit à figure à l’actif du bilan (dont la valeur est augmen-
chercher d’autres dispositifs institutionnels : taxes tée pour égaler le montant du passif ).
globales, accords internationaux instituant des Dans le plan comptable 1999, toujours en
réglementations, mise en place de marchés de quo- vigueur en France bien que révisé, les opérations
tas d’émission, etc. Plus généralement, l’existence sont enregistrées dans cinq classes de comptes :
de biens collectifs mondiaux pose la question de ––les comptes de capitaux (capitaux propres,
la gouvernance mondiale. La stabilité du climat emprunts et dettes) ;
est un exemple de bien collectif mondial. ––les comptes d’immobilisations ;
Certains biens collectifs mondiaux peuvent ne ––les comptes de stock et encours ;
concerner qu’un ensemble régional : au niveau de ––les comptes de tiers (fournisseurs, clients,
l’Union européenne, les biens collectifs sont ceux sécurité sociale et État) ;
qui bénéficient à l’ensemble des populations euro- ––les comptes financiers (mouvements moné-
péennes et pas seulement à un seul État membre taires, opérations avec les intermédiaires finan-
(c’est le cas pour la défense européenne, la paix, le ciers, valeurs de placement).
plein-emploi, la cohésion territoriale, le progrès
Ü Entreprises et système productif
de la connaissance et sa transmission, la protection
Bilan consolidé, Hors-bilan
de l’environnement, etc.).
À L’expression « biens publics mondiaux » s’est
généralisée sous l’impulsion du Programme des Bilan consolidé
Nations unies pour le développement (PNUD).
Cependant, cette formule est fautive car tous Le bilan consolidé est un document comptable qui
les biens collectifs ne sont pas publics (certains décrit l’état du patrimoine d’un groupe d’entre-
peuvent être produits par des initiatives privées : prises comme si elles ne formaient qu’une seule
rôle des organisations non gouvernementales). Par entité. Il concerne donc une société mère et les
ailleurs, comme il n’existe pas de gouvernement entreprises qu’elle contrôle par la possession d’au
mondial ou d’État mondial, il ne peut pas exister moins 50 % du capital social (filiales).
véritablement de biens publics mondiaux. La pro- Depuis janvier 2005, au sein de l’Union euro-
duction des biens collectifs mondiaux relève essen- péenne, les groupes, dont les titres sont admis sur
tiellement de la coopération intergouvernementale. un marché financier réglementé, doivent publier
Ü Économie du développement, Économie et écologie, des comptes consolidés selon les nouvelles normes
Finances internationales, Intégration économique comptables internationales dites IFRS (Internatio-
Aide publique au développement (APD), Communs, nal Financial Reporting Standards). Les sociétés,
Économie des ressources naturelles, Effet externe, Gou- qui ne sont pas intégrées à un groupe ou qui ne
vernance, Politique climatique sont pas cotées sur un marché, continueront d’uti-
liser, si elles le désirent, les normes comptables
nationales de leur pays d’origine.
Biens publics mondiaux Ü Capital et investissement, Entreprises et système pro-
Biens collectifs mondiaux ductif
Bilan, Bourse des valeurs, Hors-bilan
Bilan
Le bilan est un document comptable qui décrit Bilatéralisme
l’état du patrimoine d’une entité (entreprise, En matière d’échanges internationaux, le bila-
ménage, administration publique, etc.) à une téralisme est un principe de négociation entre
date déterminée. deux pays. Contrairement au multilatéralisme qui
Les éléments de patrimoine apparaissent à l’ac- implique qu’un avantage accordé à un pays soit
tif (partie gauche du bilan) et les ressources uti- étendu à d’autres, le bilatéralisme permet l’établisse-
lisées pour acquérir les éléments du patrimoine ment de liens privilégiés entre deux pays.
41
Billet à ordre
À Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, le À Les États-Unis, par exemple, ont eu un système
multilatéralisme est privilégié car il permet de monétaire bimétalliste jusqu’en 1873 (fin de la
s’extraire des rapports de domination que certains frappe libre de l’argent) et ce n’est qu’en 1900 que
pays peuvent exercer sur d’autres. l’étalon-or a été instauré dans ce pays.
Ü Commerce international Ü Finances internationales, Monnaie
Accord général sur les tarifs et le commerce (AGE- Loi de Gresham, Union latine
TAC), Échange international, Gouvernance mon-
diale, Organisation mondiale du commerce (OMC),
Régionalisme commercial, Unilatéralisme Bloc de l’or
On appelle Bloc de l’or l’accord monétaire inter-
venu le 3 juillet 1933 au terme duquel la France,
Billet à ordre la Belgique, la Suisse, les Pays-Bas, l’Italie et la
Le billet à ordre est un titre de créance à court Pologne expriment leur volonté de maintenir le
terme par lequel un débiteur s’engage à payer à fonctionnement de l’étalon-or. La dévaluation du
son créancier une somme donnée à une échéance franc belge en 1935 marque la fin du Bloc de l’or.
déterminée. Cet échec manifeste l’impossibilité de sauvegarder
Ü Monnaie un îlot de stabilité au sein du désordre monétaire
Crédit, Effet de commerce, Fonds commun de créances, international.
Lettre de change, Marché monétaire, Titrisation À La constitution du Bloc de l’or était une réaction
aux politiques de dévaluation adoptées par la
Grande-Bretagne (1931) et les États-Unis (1933).
Billet de banque Elle illustre le fractionnement de l’espace moné-
Ü Monnaie taire mondial qui accompagne la crise écono-
Monnaie fiduciaire mique des années 1930.
Ü Finances internationales
Conférence de Gênes, Étalon-or
Billet de trésorerie
Les billets de trésorerie sont des titres de créances
négociables émis pour une durée d’un jour à un Boîte d’Edgeworth
an, d’un montant minimal de 150 000 euros, qui La boîte d’Edgeworth est une représentation gra-
permettent aux entreprises de se financer dans des phique d’une économie d’échange pur (sans pro-
conditions qui sont proches de celles du marché duction) qui ne comporte que deux biens et deux
monétaire. Il s’agit d’un mode de financement agents. La « boîte » est constituée des cartes d’in-
qui évite le recours au crédit bancaire. Introduits différence des deux agents. On démontre alors que
en France en décembre 1985, les billets de tréso- les points correspondants à des situations d’opti-
rerie peuvent être émis par des entreprises (sous mum de Pareto sont les points de tangence entre
certaines conditions de solvabilité). Le marché les courbes d’indifférence des deux agents. Pour
des billets de trésorerie est placé sous la surveillance toute situation ne correspondant pas à un point de
de la Banque de France. tangence, les taux marginaux de substitution des
À Les billets de trésorerie contribuent au processus individus sont différents et ils vont donc spontané-
de désintermédiation financière. ment échanger des biens jusqu’au moment où ils se
À Afin d’assurer une bonne information aux sous- trouveront dans une situation optimale. Dans les
cripteurs, un système de notation des entreprises conditions simplifiées retenues comme hypothèses,
émettrices s’est développé. on démontre donc que l’échange libre entre les
Ü Monnaie individus conduit nécessairement à une situation
Bon du Trésor, Certificat de dépôt, Eurobill, Innova- optimale et à des gains à l’échange.
tions financières, Mutation financière À La représentation graphique de la boîte d’Edgeworth
a été élaborée à l’origine par F. Y. Edgeworth (1845-
1926).
Bimétallisme Épistémologie économique, Marchés et prix
Le bimétallisme est un système monétaire qui
repose sur deux étalons (l’or et l’argent le plus sou-
vent) entre lesquels existe un rapport d’échange offi- Bon du Trésor
ciel. La valeur de l’unité monétaire est donc définie Un bon du Trésor est un titre de créance à court
indifféremment par le poids de l’un ou l’autre des ou moyen terme émis par le Trésor Public afin
métaux. de financer les besoins de trésorerie et la dette
42
Branche
publique. Les bons du Trésor sont, pour les ins- Sous l’effet de la globalisation financière, la
titutions financières et pour les ménages, un concurrence entre les places financières est deve-
placement sûr et liquide, mais relativement peu nue plus aiguë. Il s’agit d’offrir aux entreprises
rémunérateur. Les bons du Trésor sont un support (qui émettent les titres) et aux épargnants (qui
privilégié des opérations sur le marché interban- placent leurs capitaux) des marchés de grande
caire. taille, assurant la liquidité des placements et
Ü Monnaie
offrant des services compétitifs. L’exemple de la
Déficit budgétaire, Dette souveraine, Écart de crédit,
Eurobill, Eurobond, Liquidité, Marché financier, Bourse de Paris est éclairant. Dans un premier
Obligation, Obligations assimilables du Trésor temps, à partir du milieu des années 1980, sous
l’impulsion des pouvoirs publics et des milieux
financiers, on assiste à une libéralisation finan-
Bons de stérilisation cière. Puis la Bourse de Paris se rapproche des
Les bons de stérilisation sont des obligations émises bourses d’Amsterdam, de Porto et de Bruxelles, ce
par la banque centrale et vendues aux banques qui donne lieu à la création d’un important mar-
de second rang dans le but de réduire momen- ché des valeurs mobilières européen (Euronext).
tanément la quantité de monnaie en circulation. L’échec des tentatives de rapprochement ou
L’inconvénient de cette technique de stérilisation de prise de contrôle des bourses de Londres et
est son coût puisque les obligations doivent être de Francfort conduit à la prise de contrôle par
rémunérées.
Euronext du marché londonien des produits déri-
Ü Finances internationales
vés (LIFFE), puis à une fusion avec la Bourse
Politique de change, Politique monétaire, Politique
monétaire non conventionnelle, Reprise de liquidité de New York (ce qui donne naissance à NYSE-
en blanc, Stérilisation Euronext). Enfin, en 2013, NYSE-Euronext passe
sous le contrôle d’un groupe basé à Atlanta :
l’Intercontinental Exchange (ICE).
Bouclier fiscal Les marchés boursiers sont donc gérés par des
Le bouclier fiscal est une disposition législative qui entreprises qui se livrent à une concurrence mondiale
plafonne le montant de l’impôt des particuliers en ce qui conduit à un processus de concentration.
proportion de leur revenu. En France, un bouclier À Sur le marché boursier, les transactions sont réali-
fiscal a été mis en place en 2006 avec un plafond sées obligatoirement par des intermédiaires agréés.
fixé à 60 % du revenu, puis en 2007 le plafond À Paris, depuis 1988, ce sont des sociétés de bourse
a été ramené à 50 % des revenus, en intégrant les qui jouent ce rôle. Ces sociétés de droit commun
prélèvements sociaux (loi en faveur du Travail, de
ont remplacé les agents de change qui étaient des
l’Emploi et du Pouvoir d’Achat ou loi TEPA). Le
bouclier fiscal est une mesure qui a été très contes- officiers ministériels.
tée et remise en cause au nom de l’équité fiscale. Ü Capital et investissement, Consommation et épargne,
Il a été supprimé le 1er janvier 2013. Monnaie
Ü Économie publique, Politique économique, Revenus Autorité des marchés financiers (AMF), Autorité
Courbe de Laffer, Économie de l’offre, Équité, Justice européenne des marchés financiers (AEMF), Marché
sociale, Prélèvements obligatoires, Revenu disponible, financier, Mutation financière, Règle des 3 D
Taux de prélèvements obligatoires, Taux de pression
fiscale
Branche
Une branche (ou branche d’activité) regroupe
Bourse des valeurs des entreprises ou des fractions d’entreprises (éta-
Le terme Bourse des valeurs désigne le marché blissements) qui exercent la même activité (même
organisé sur lequel se négocient les valeurs mobi- produit ou même groupe de produits).
lières. On distingue :
Dans la comptabilité nationale, les branches
––le marché financier primaire qui est celui où
les entreprises et l’État émettent des titres afin de se définissent par rapport à une nomenclature
collecter l’épargne nécessaire à leur financement ; de produits.
––le marché financier secondaire sur lequel se À Ne pas confondre avec un secteur d’entreprise
négocient les titres déjà émis et dont l’existence et une filière.
assure aux épargnants une certaine liquidité de Ü Entreprises et système productif
leur portefeuille. Filière, Pôle de croissance
43
Bretton Woods (accords de)
Bretton Woods (accords de) À Les débats sur Bretton Woods 2 portent pour
Les Accords de Bretton Woods tirent leur nom l’essentiel sur la question de la soutenabilité de ce
d’un lieu-dit du New Hampshire (États-Unis) où système.
se réunit, en juillet 1944, une conférence monétaire Ü Finances internationales
internationale regroupant 44 États. Ces accords Accords de la Jamaïque, Dilemme de Triffin, Mon-
ont mis en place le système monétaire interna- naie internationale, Réserve de change
tional (SMI) tel qu’il a fonctionné jusqu’en 1971.
C’est à Bretton Woods que furent créés le Fonds
monétaire international (FMI) et la Banque BRIC
internationale pour la reconstruction et le déve- Le terme « BRIC » est une expression créée à partir
loppement (BIRD). des initiales de quatre pays : Brésil, Russie, Inde et
La délégation américaine, qui imposa l’essen- Chine. Ce groupe de pays émergents et d’un pays
tiel de son point de vue à cette conférence, était en transition se distingue par un fort potentiel de
dirigée par H. White, la délégation britannique croissance économique et d’opportunité d’investis-
par J. M. Keynes et la délégation française par sements. La cohérence de ce groupe est probléma-
P. Mendès France. tique car il est composé de pays dont les situations
Le système monétaire international mis en place et les intérêts sont très différents. Les membres
à Bretton Woods était un système de taux de changes des BRIC ont des intérêts communs mais aussi de
fixes (mais éventuellement ajustables au moyen de nombreux intérêts divergents.
dévaluations et de réévaluations) dans lequel le Ü Économie du développement, Économie et écologie,
cours de chaque monnaie ne devait varier que de Mondialisation
+ ou – 1 % autour de la parité officielle définie en Développement, Nouveaux pays industriels (NPI)
or ou en dollar (lui-même défini en or selon la parité
de 35 dollars l’once). Cette stabilité était assurée par
les interventions régulatrices des banques centrales. Budget de l’État
Les Accords de Bretton Woods attribuaient de fait au « Le budget est constitué de l’ensemble des comptes
dollar une suprématie dans l’économie mondiale. qui décrivent pour une année civile, toutes les res-
En 1971, la décision des États-Unis de suspendre sources et toutes les charges permanentes de l’État »
la convertibilité en or du dollar ouvre une crise (Ordonnance du 2 janvier 1959).
aiguë du système de Bretton Woods, qui débouche Ü Économie publique, Politique économique
sur le passage au flottement des monnaies en 1973. Loi de finances, Loi organique relative à la loi de
Ü Finances internationales finances (LOLF), Règles budgétaires
Accords de la Jamaïque, Bancor, Dilemme de Triffin,
Marché des changes, Marges de fluctuation, Monnaie
internationale Bulle spéculative
On dit qu’un marché connaît un phénomène
de bulle spéculative lorsque le prix qui s’y forme
Bretton Woods 2 s’éloigne durablement et cumulativement du prix
Bretton Woods 2 est un terme utilisé par d’équilibre qui correspondrait aux variables éco-
M. P. Dooley, D. Folkerts-Landau et P. M. Garber nomiques fondamentales (les fondamentaux). Le
en 2003 et 2004 pour caractériser le fonctionne- gonflement d’une bulle spéculative est notamment
ment du système monétaire international actuel. lié au phénomène des anticipations autoréalisa-
Ils observent que comme sous Bretton Woods, il trices. Le retournement des anticipations peut
existe aujourd’hui : produire l’éclatement de la bulle.
––un centre financier, les États-Unis, et des pays À Les bulles spéculatives peuvent résulter de com-
périphériques reliés à lui par l’existence de relations portements irrationnels (panique ou au contraire
de changes fixes (les pays d’Asie du Sud ont des exubérance des opérateurs), mais elles sont parfai-
régimes de change souvent ancrés sur le dollar) ; tement compatibles avec la rationalité des compor-
––un important déficit extérieur américain tements. En effet, tant qu’un agent pense que le
financé « sans pleurs » par la demande de dollars prix du marché va continuer à monter, il se porte
(autrefois en provenance d’Europe et du Japon et acheteur, alimentant ainsi la hausse.
aujourd’hui en provenance de la Chine et des pays À L’instabilité des marchés financiers et des marchés
d’Asie de l’Est) ; des changes depuis le milieu des années 1970 a
––des pays périphériques dont la monnaie est conduit à un important développement de la théo-
sous-évaluée par rapport à celle du pays centre, les rie des bulles spéculatives.
États-Unis. Ü Finances internationales, Marchés et prix, Monnaie
44
Bureaucratie
Accélérateur financier, Comportement mimétique, des activités collectives et constitue la forme d’or-
Crise des subprimes, Crise financière, Crise moné- ganisation la plus efficace. Selon lui, les principaux
taire, Efficience du marché, Hypothèse d’instabilité traits du système bureaucratique sont :
financière, Moment Minsky, Rationalité économique, ––la stricte répartition des rôles et des compé-
Risque de système, Spéculation tences ;
––le contrôle omniprésent de la structure hiérar-
chique ;
Bullionisme
––la formalisation écrite de toutes les règles ;
Mercantilisme ––une dépersonnalisation permettant un meil-
leur contrôle et une meilleure coordination.
Bureau international du travail (BIT) Ce type d’organisation plus efficace tend à s’im-
Le Bureau international du travail (BIT) est le poser, que ce soit dans les organisations publiques
secrétariat général de l’Organisation internatio- ou dans les entreprises.
nale du travail (OIT). Il s’agit d’une structure D’autres sociologues comme M. Crozier et
administrative qui, sous le contrôle du Conseil R. Merton ont analysé les dysfonctionnements
d’administration et sous la conduite du Directeur et le manque d’efficacité de la bureaucratie.
général, met en œuvre l’ensemble des activités de Dans le cadre d’analyse de l’École des choix
l’Organisation. Il s’agit de « promouvoir les droits publics s’est développée, dès la fin des années 1960,
au travail, d’encourager la création d’emplois une théorie économique de la bureaucratie sous l’im-
décents, de développer la protection sociale et de pulsion de l’économiste américain W. J. Niskanen
renforcer le dialogue social dans le domaine du tra- (1933-2011). Elle applique aux bureaucrates (les
vail » (OIT). Le BIT est aussi doté d’un centre de responsables des administrations publiques) les
recherche, l’Institut international d’études sociales principes de la microéconomie. Les bureaucrates
et d’une structure de formation professionnelle, cherchent à maximiser leur fonction d’utilité par
le Centre international de formation de Turin. l’augmentation de leur revenu, de leur pouvoir,
Ü Marché du travail, emploi et chômage de leur prestige, etc. Compte tenu des asymé-
Charte de Philadelphie, Normes sociales, Taux de
tries d’information (au détriment du pouvoir de
chômage, Travail décent
tutelle), les bureaucrates mettent en œuvre des stra-
tégies de sous-estimation des coûts et d’exagération
Bureaucratie des avantages aux dépens des contribuables et des
La bureaucratie est une forme d’organisation usagers. En fin de compte, et contrairement aux
caractérisée par l’impersonnalité, la hiérarchie hypothèses de l’économie du bien-être, la bureau-
et le contrôle. cratie n’est pas au service de l’intérêt général.
Selon M. Weber, la bureaucratie est une orga- Ü Économie publique, Politique économique
nisation dans laquelle l’autorité s’exerce à travers Bien-être, Coordination, Hiérarchie, Organisation
un système normatif et par des procédures imper- scientifique du travail (OST), Rationalité écono-
sonnelles. Elle se caractérise par la rationalisation mique, Taylorisme
45
C
CAC ––il a un fort effet anti-inflationniste.
Cotation assistée en continu Cependant, la mise en place d’une caisse d’émis-
sion limite le pouvoir des autorités monétaires et
s’inscrit généralement dans une stratégie plus large
Cadre financier pluriannuel (CFP) d’orthodoxie budgétaire et monétaire, qui a des
Le cadre financier pluriannuel est un document qui effets néfastes sur la croissance économique et qui
fixe, pour une période de sept ans, les limites des accroît généralement la pauvreté et les inégalités.
budgets généraux annuels de l’Union européenne Ü Économie du développement, Finances internationales
(plafonds des dépenses par domaine d’interven- Crise de change, Monétarisme, Parité glissante, Régime
tion). Le CFP est adopté au cours d’une période de change
de négociations qui dure habituellement deux
ans. Le point de départ est une proposition de
la Commission européenne. Le CFP est adopté Calcul économique
par le Conseil européen après approbation par Le calcul économique est une technique d’aide à
le Parlement européen. Depuis le Traité de Lis la décision publique ou privée. Il repose sur l’ana-
bonne, le CFP est un document contraignant lyse coûts/avantages et permet d’éclairer le choix au
pour la Commission et pour le Conseil européen. sein d’un ensemble de projets. Il relève du raison-
Ü Intégration économique nement à la marge de l’analyse microéconomique
Fédéralisme budgétaire néoclassique.
À Les choix d’investissements, le choix d’un mode
de tarification des entreprises publiques, les choix
CAF dans le domaine de l’environnement, etc. relèvent
Coût assurance fret du calcul économique.
Ü Économie et écologie, Épistémologie économique
Économie appliquée, Marginalisme, Microéconomie,
Caisse d’émission (currency board)
Tarification au coût marginal, Tarification au coût
Une caisse d’émission est un système de changes moyen, Taux d’actualisation, Théorie néoclassique
fixes dans lequel la monnaie nationale est ratta-
chée à une devise qui sert de référence (souvent
le dollar, parfois l’euro). Les autorités monétaires Calibration (d’un modèle)
n’émettent de la monnaie nationale (au passif de la
La calibration (ou calibrage) d’un modèle consiste
banque centrale) qu’en contrepartie de réserves de
change libellées dans la devise de référence (et non à déterminer la valeur des paramètres du modèle de
en contrepartie de créances sur l’économie). telle façon que la valeur estimée des variables expli-
Chaque fois qu’un agent demande la conversion quées corresponde au mieux aux données obser-
en devises de la monnaie nationale, la base moné vées empiriquement. Par exemple, dans l’équation
taire diminue d’un montant équivalent. Récipro- suivante : C = aY + C0, C (consommation) est la
quement, l’augmentation de la base monétaire ne variable expliquée, Y (revenu) est la variable expli-
peut résulter que d’entrées de la devise de référence. cative, a (propension marginale à consommer)
Un tel dispositif a plusieurs effets positifs : est un paramètre, tout comme C0 (consommation
––il permet de rétablir la confiance dans la mon- incompressible). Le calibrage consiste à choisir les
naie du pays qui institue la caisse d’émission ; valeurs de a et de C0, de telle façon que la droite
––il permet de renforcer la crédibilité des auto représentative de cette équation s’ajuste au mieux
rités monétaires ; à un nuage de points représentant la relation entre
46
Capacité d’autofinancement (cash-flow)
47
Capacité de financement
48
Capital et investissement
Capital et investissement
Le capital deux types d’avances (Tableau économique,
Le capital est habituellement défini comme 1758) :
– les avances primitives « forment le fonds
un stock d’équipements productifs. L’usure et
d’établissement de la culture ». Il s’agit des
l’obsolescence des équipements diminuent la
avances originelles des propriétaires fonciers
valeur du stock de capital. À l’inverse, cette
(drainage par exemple) et des avances en
valeur augmente grâce à l’investissement,
bâtiments, bétail, outils subissant une dépré-
plus précisément lorsque l’investissement
ciation ;
net est positif (le flux d’achats d’équipements
– les avances annuelles sont des biens
productifs nouveaux fait plus que compenser
de subsistance consommés par les agricul-
les investissements de remplacement).
teurs ainsi que les semences. Elles assurent
L’investissement a une double nature :
la création d’un « produit net » (l’agricul-
– il est une variable d’offre et contribue à
ture est la seule activité à bénéficier d’un
déterminer le montant et la composition du « don gratuit de la nature » selon les phy-
stock de capital ; siocrates).
– il est une variable de demande dans la ¶ Pour A. Smith (1723-1790), le capital est
mesure où les décisions d’investissement aussi un ensemble d’avances. À la différence
se traduisent par des commandes de biens de F. Quesnay, les avances ne concernent pas
d’équipement qui alimentent une distribu- seulement l’activité agricole et s’étendent à
tion de revenus. Par le jeu du multiplicateur l’industrie. Les avances comprennent d’une
d’investissement, il en résulte une variation part le fonds de salaire, d’autre part l’achat
de la demande de biens de consommation. des outils, machines, matières premières,
etc., nécessaires à la production. L’épargne
Le concept de capital réinvestie (le profit) est la source du capital :
dans les théories économiques « Les capitaux augmentent par l’économie,
Les théories économiques ont des concep- ils diminuent par la prodigalité » (Recherches
tions diverses du capital. sur la nature et les causes de la Richesse des
nations, 1776).
Le capital comme avance Le capital se décompose en capital circu-
Dans cette optique, le capital désigne une lant et capital fixe. Il favorise la division du
somme de monnaie et/ou une quantité de travail et donc les gains de productivité qui
biens économiques qu’il faut avancer en constituent la source essentielle de la crois-
début de période pour réaliser une produc- sance économique. Cette dernière permet
tion et permettre la reconstitution de ces alors d’augmenter l’échelle de la production
avances en fin de période. et rend possible un nouvel approfondisse-
¶ F. Quesnay (1694-1774), qui s’intéresse parti- ment de la division du travail, des gains de
culièrement au rôle de l’agriculture, distingue productivité, etc.
49
Capital et investissement
50
Capital et investissement
51
Capital et investissement
52
Capital et investissement
53
Capital et investissement
54
Capital et investissement
55
Capital et investissement
56
Capital humain
57
Capital-investissement (private equity)
58
Capital social et institutionnel
59
Capital technique
règles, les lois, les constitutions mais aussi les La notion de capital technique fait référence à
normes de comportement, les conventions et les une conception physique du capital qui se différen-
valeurs. cie d’une conception comptable (capital social et
Il s’agit bien de capital, puisque des efforts sont capitaux propres).
déployés afin de mettre en place les relations et les Ü Capital et investissement, Entreprises et système pro-
institutions qui contribuent ensuite à générer un ductif
revenu. Capital physique, Coefficient de capital, Détour de
Si l’on se réfère à D. North (1920-2015), les production, Formation brute de capital fixe (FBCF),
institutions structurent les interactions humaines, Immobilisation, Intensité capitalistique, Progrès
qu’elles soient économiques, sociales et politiques. technique
Elles sont pour lui des règles qui « ont été imaginées
par les êtres humains pour créer de l’ordre et réduire
l’incertitude dans l’échange ». Elles établissent un Capital technologique
climat de confiance pour les transactions écono- Le capital technologique est un ensemble d’actifs
miques et favorisent la coordination des décisions immatériels constitué de savoirs et de savoir-faire.
des agents économiques. Il s’agit d’un stock qui résulte notamment des
Le capital social et institutionnel est essentiel activités de recherche-développement, mais aussi
pour la croissance économique, car il détermine du processus d’apprentissage qui se produit au
le cadre de l’accumulation du capital sous ses dif- cours même de l’activité de production (learning
férentes formes, capital humain, capital physique, by doing). Le capital technologique peut prendre
capital naturel, capital de connaissances. Selon les une forme institutionnalisée (brevets), mais il peut
analyses économiques contemporaines, l’État de aussi avoir une forme tacite par exemple à travers
droit, la protection des droits de propriété, le res- des routines qui se transmettent de façon plus ou
pect des engagements contractuels, la concurrence, moins formelle au sein des collectifs de travail.
Ü Capital et investissement
etc., favorisent la croissance. Tout comme les ins
Actif, Actif spécifique, Capital humain, Capital
titutions marchandes qui permettent la création
social et institutionnel, Économie de la connaissance,
des marchés, réglementent leur fonctionnement,
Effet d’apprentissage, Innovation, Progrès technique,
les stabilisent et les rendent légitimes (D. Rodrik).
Propriété intellectuelle
Néanmoins, lorsque les institutions politiques
sont entre les mains d’une élite qui les utilise pour
s’enrichir, se mettent alors en place des institutions Capital variable
économiques extractives qui deviennent un obs-
Dans l’analyse marxiste, le capital variable est la
tacle durable à la croissance et au développement partie du capital qui est utilisée pour acheter la
(D. Acemoglu et J. Robinson). Ces derniers néces- force de travail.
sitent des institutions économiques inclusives À Le salaire est un revenu pour les travailleurs, mais
dont la mise en place repose sur des institutions c’est une partie du capital avancé (qui doit être mis
politiques favorables au pluralisme et, dans certains en valeur) pour les capitalistes.
cas, sur la création d’un monopole focal de gou Ü Baisse tendancielle du taux de profit
vernance. Composition organique du capital, Fonds de salaire,
Ü Croissance économique, Économie du développement Taux de plus-value, Théorie marxiste, Travail vivant
Formes institutionnelles, Innovation, Investissement,
Investissement de forme
Capitalisation boursière
La capitalisation boursière désigne, au niveau d’une
Capital technique place financière, la valeur de l’ensemble des actions
Le capital technique est l’ensemble des biens repro- de toutes les sociétés cotées sur cette place (Bourse
ductibles susceptibles d’accroître l’efficacité du tra- des valeurs comme Euronext par exemple). La
vail humain. Il inclut le capital fixe et le capital capitalisation boursière peut également se calculer
circulant. pour une entreprise. Son calcul s’effectue en multi-
Dans une conception plus étroite, le capital pliant le nombre d’actions (d’une place financière
technique est l’ensemble des moyens de production ou d’une entreprise) par leur cours boursier.
durables dont dispose une entreprise ou une unité Ü Capital et investissement, Entreprises et système
de production (bâtiments, machines, outillages, productif, Monnaie et financement
matériels de transport…). Il est alors synonyme de Actionnaire, Augmentation de capital, Offre publique
capital fixe. d’achat (OPA)
60
Capitalisme familial
61
Capitalisme managérial
À Certaines analyses, notamment celle d’A. Chandler, productive. Une industrie nécessitant un stock de
ont conduit à penser que le capitalisme managé capital élevé comparativement au stock de travail
rial s’était substitué au capitalisme familial. Il n’en est ainsi une industrie capitalistique, une industrie
a rien été : les deux formes de capitalisme ont conti- lourde (sidérurgie par exemple).
nué à coexister. Dans la période récente, certaines Ü Capital et investissement, Entreprises et système productif
grandes aventures industrielles sont marquées par Capital technique, Coefficient de capital, Détour
le pouvoir des fondateurs qui restent souvent les de production, Productivité apparente du capital,
propriétaires majoritaires du capital et qui ont la Progrès technique, Substituabilité des facteurs
responsabilité de la gestion (par exemple Microsoft
aux États-Unis ou des groupes comme Pinault et
Lagardère en France). Capitaux
Ü Entreprises et système productif Les capitaux sont des ressources financières dispo-
Capitalisme actionnarial, Gouvernance d’entreprise, nibles ou placées. On peut différencier les capitaux
Parties prenantes, Système économique propres et les capitaux empruntés, les capitaux pla-
cés à court terme ou à long terme, etc. Ils sont
l’une des composantes du patrimoine des agents
Capitalisme managérial économiques et peuvent donc prendre la forme
Le capitalisme managérial est un type de capi d’actifs financiers plus ou moins liquides : dépôts
talisme caractérisé par le fait que le pouvoir de bancaires à vue ou à terme, titres échangés sur les
décision au sein des entreprises est détenu par des marchés de capitaux, etc. Les détenteurs de capi-
manageurs (c’est-à-dire des gestionnaires), sou- taux effectuent un arbitrage entre rendement et
vent salariés, recrutés en fonction de leurs compé- risque, ce qui les conduit dans certains cas à modi-
tences et non du fait qu’ils sont propriétaires du fier leurs placements d’un pays à l’autre (mouve-
capital de l’entreprise. Cette analyse a été initiée ments internationaux des capitaux), parfois dans
notamment par A. Berle et G. Means (The Modern un but spéculatif.
Corporation and Private Property, 1932) et prolon- Sur le plan comptable, au niveau d’une entre
gée par J. Burnham (The Managerial Revolution, prise, on distingue les capitaux propres et les
1941), puis par J. K. Galbraith (The New Industrial capitaux empruntés.
State, 1967) qui met en avant le rôle de la techno À Ne pas confondre avec le capital.
structure. Dans ces travaux, les relations entre les Ü Consommation et épargne, Entreprises et système pro-
actionnaires et les manageurs sont souvent analy- ductif, Finances internationales, Monnaie
sées en termes de relation d’agence : la dispersion Actif, Actif financier, Bilan, Capital, Capitaux
de l’actionnariat affaiblissait le pouvoir de contrôle fébriles, Capitaux permanents, Épargne financière,
des actionnaires sur les managers. Épargne liquide, Liquidité, Spéculation, Transfert en
À Le développement du capitalisme managérial à capital
partir des années 1930 correspond à un affaiblisse-
ment (mais non à une disparition) du capitalisme
familial. Capitaux fébriles (hot money)
Ü Entreprises et système productif Les capitaux fébriles sont des avoirs liquides ou à
Capitalisme actionnarial, Financiarisation, Gouver- court terme qui se déplacent d’un pays à un autre
nance d’entreprise, Néo-institutionnalisme, Parties et/ou d’une devise à une autre au gré des perspec-
prenantes, Système économique, Théorie de l’agence tives de gains liées aux variations de taux de change
et/ou de taux d’intérêt.
À Le terme « capitaux fébriles » est la traduction
Capitalisme patrimonial officielle de l’expression hot money.
Capitalisme actionnarial Ü Finances internationales
Crise de change, Financiarisation, Globalisation
financière, Politique de change, Risque systémique,
Capitalistique Spéculation, Stabilité financière, Système monétaire
L’adjectif « capitalistique » signifie au sens général international, Volatilité
« relatif au capital », ce dernier désignant le capital
productif. Mais le plus souvent, le terme « capitalis-
tique » caractérise la dimension technique de l’acti- Capitaux permanents
vité de production. « Capitalistique » désigne alors Les capitaux permanents sont les ressources dont
une utilisation relativement plus importante du peut disposer durablement une entreprise (ou
capital par rapport au travail dans la combinaison toute autre organisation). Ils comprennent les
62
Carte d’indifférence
Capitaux propres
6
5
4
Les capitaux propres sont les ressources qu’une 3
2
entreprise (ou toute autre organisation) n’a pas Emploi
(taux de chômage) 2 4 6 8 10
1
-2 -1 0 1 2 3
Équilibre
extérieur
besoin de rembourser sauf en cas de cessation d’ac- % de la population
active
14 (solde extérieur)
en % du PIB
12
tivité. Ils proviennent : 10
8
––soit d’un apport des propriétaires de l’entre- 6
4
prise (capital social d’une société) ; 2
Care
Le care est un terme anglo-saxon désignant
les activités de soins aux personnes dépendantes
(enfants, personnes âgées, handicapés, etc.). Bien 1
Ü Protection sociale À Il existe une infinité de courbes d’indifférence
État-providence, Prestations sociales, Redistribution pour un seul consommateur.
63
Carte de crédit
64
Cercle vicieux de la pauvreté
65
Certificats de dépôt
Ceteris paribus
Toutes choses égales par ailleurs Change
Le change est l’opération de conversion d’une mon-
naie nationale en devises ou de devises entre elles.
Chaîne de valeur Ü Finances internationales
La chaîne de valeur désigne la décomposition de Change manuel, Change scriptural, Crise de change,
l’activité d’une entreprise (ou d’une organisa Marché des changes, Politique du change, Position
tion) en une série de sous-activités stratégiquement de change, Régime de change, Taux de change
66
Charte de La Havane
Change manuel est dit « pur » lorsque les banques centrales s’abs-
Les opérations de change manuel sont celles qui tiennent totalement d’intervenir. Il est dit « impur »
portent sur la monnaie fiduciaire. Un touriste qui (dirty floating) lorsque les banques centrales, bien
se procure des billets de banque étrangers réalise que n’ayant pas l’obligation d’intervenir, vendent
une opération de change manuel. Ces opérations ou achètent des devises pour influencer les cours.
constituent une fraction très faible de l’ensemble Ü Finances internationales
des opérations de change. Appréciation, Cercle vicieux de la monnaie faible,
Ü Finances internationales Changes fixes, Dépréciation, Politique du change,
Change, Change scriptural, Cotation, Marché des Régime de change, Zone cible
changes, Régime de change
Charge de la dette
Change scriptural La charge de la dette est l’ensemble des dépenses
Les opérations de change scriptural constituent de l’État consacrées au paiement des intérêts de sa
l’essentiel des opérations réalisées sur les marchés dette. Cette charge dépend du stock de la dette, du
des changes. Elles prennent la forme de virements, niveau des taux d’intérêt, de la structure de la dette
libellés en devises, entre comptes bancaires. et de la manière dont elle est gérée.
Ü Finances internationales Ce poste a connu une très forte augmentation
Change, Change manuel, Cotation, Marché des dans la plupart des pays développés notamment
changes avec la désinflation qui a accru les taux d’inté
rêt réels, les allégements fiscaux, l’évasion fiscale,
les ralentissements de la croissance et les plans de
Changes fixes relance.
Dans un régime de changes fixes, la monnaie La gestion de la charge de la dette est en France,
nationale de chaque pays membre est définie par confiée à l’Agence France Trésor (ministère des
rapport à un étalon (or ou devise clé). Cette défi- Finances) pour en minorer le coût notamment en
nition constitue la parité officielle de la monnaie. émettant des titres diversifiés d’une durée variable
Le rapport des parités officielles donne la parité (de moins d’un an à trente ans) et en assurant une
bilatérale des monnaies prises deux à deux. Le sys- couverture des risques de taux d’intérêt.
tème est dit de changes fixes, dans la mesure où Ü Économie publique, Finances internationales, Mon-
le cours du change qui résulte du jeu du marché naie, Politique économique
ne s’éloigne que faiblement de la parité officielle Bon du Trésor, Collatéral, Crise de la zone euro,
et donc des parités bilatérales. Cette stabilité des Dette du tiers-monde, Dette souveraine, Effet boule
cours du change peut résulter d’un mécanisme de neige, Eurobond, Loi de finances, Obligations,
automatique (étalon-or) ou d’interventions discré Pacte de stabilité et de croissance, Soutenabilité de la
tionnaires des banques centrales sur le marché dette, Structure par termes des taux d’intérêt, Trésor
des changes. public
Ü Finances internationales
Bretton Woods, Dévaluation, Étalon de change or,
Marges de fluctuations, Points d’or, Politique du Charte de La Havane
change, Réévaluation, Régime de change La charte de La Havane, négociée au sortir de la
Seconde Guerre mondiale et signée le 24 mars
1948, institue une Organisation internationale du
Changes flexibles commerce (OIC), intégrée à l’Organisation des
Ü Finances internationales Nations unies (ONU) créée en 1945. Cette charte
Changes flottants n’est jamais entrée en vigueur, faute de ratification
par plusieurs pays, notamment les États-Unis,
inquiets d’une perte de souveraineté économique
Changes flottants au profit de l’OIC. Les négociations sur la baisse
Dans un régime de changes flottants (ou changes des droits de douane débouchent sur un simple
flexibles), les cours du change sont fixés librement accord, l’Accord général sur les tarifs douaniers
sur le marché des changes par la confrontation de et le commerce (GATT), signé le 30 octobre 1947
l’offre et de la demande de devises. La valeur inter- par 23 pays.
nationale de la monnaie n’est donc pas définie par La charte de La Havane peut apparaître comme
un étalon, mais varie en fonction des conditions du un précurseur de l’Organisation mondiale du
marché et des anticipations des agents. Le système commerce (OMC) créée en 1995, puisqu’elle
67
Charte de Philadelphie
68
Chômage (au sens du BIT)
Chômage
Choc d’offre Le chômage désigne la situation des individus sans
Un choc d’offre est une perturbation de l’activité emploi et à la recherche d’un emploi. Les chô-
économique liée à une variation brutale des coûts meurs constituent un sous-ensemble de la popula
de production à la hausse (choc pétrolier, augmen- tion active. Il existe en France deux indicateurs de
tation brusque des salaires, appréciation du taux mesure du chômage : le chômage au sens du BIT
de change) ou à la baisse (choc technologique recensé par l’INSEE et les demandes d’emploi en
conduisant à une hausse de la productivité). Un fin de mois (DEFM) recensées par Pôle emploi.
choc d’offre peut donc être positif (hausse de la À Le chômage est fondamentalement lié au salariat.
production) ou négatif (baisse de la production). Au xix e
siècle, la notion de chômage renvoie à la
À Un choc d’offre affecte notamment la compétitivité, cessation d’activité industrielle. C’est à partir de
la croissance effective et la croissance potentielle. 1876 que le mot « chômeur » est utilisé pour dési-
gner les ouvriers sans emploi.
Ü Fluctuations et crises économiques, Intégration
À L’identification du chômage en tant que « statut »
économique
social et institution statistiquement mesurable est
Choc asymétrique, Choc de demande, Nouvelle éco
une construction historique.
nomie, Théorie des cycles réels À C’est dans le recensement de 1896 qu’on trouve
pour la première fois une série de questions per-
mettant d’isoler les « chômeurs » à partir de deux
Choc de demande critères : l’âge et la durée de la suspension de travail.
Un choc de demande est une perturbation de l’ac- Ü Marché du travail, emploi et chômage
tivité économique liée à une hausse ou à une baisse PSERE, Sous-emploi
brutale de la demande (déplacement de la courbe
de demande). Un choc de demande peut donc être
positif (hausse de la production) ou négatif (baisse Chômage (au sens du BIT)
de la production). Selon le Bureau international du travail (BIT),
Ü Fluctuations et crises économiques, Intégration sont chômeurs les personnes en âge de travailler
économique (15 ans et plus) qui, au cours de la période de réfé-
Choc d’offre, Effet d’hystérèse, Élasticité de la demande rence (généralement une semaine), sont :
––« sans travail » (une personne ayant travaillé
ne serait-ce qu’une heure, moyennant une rému-
Choc exogène nération, au cours de la semaine de référence
On appelle choc exogène un événement extérieur à étant considérée comme ayant un travail) ;
l’économie considérée qui en perturbe l’équilibre. ––« disponibles pour travailler » dans un délai de
Par exemple, les chocs pétroliers et les contre-chocs deux semaines ;
pétroliers sont des chocs exogènes pour les écono- ––« à la recherche d’un travail », c’est-à-dire
ayant cherché activement un emploi dans le mois
mies des pays importateurs de pétrole. Un événe-
précédant l’enquête, ou bien qui ont trouvé un
ment naturel (tremblement de terre, tsunami) est
emploi qui commence dans moins de trois mois.
aussi un choc exogène. Les chocs peuvent porter À Cette dernière catégorie, ceux qui ont trouvé un
sur l’offre et/ou sur la demande. Ils peuvent être emploi qui commence dans moins de trois mois,
positifs ou négatifs. Par exemple, une innovation sont donc classés dans la population des chô-
technologique majeure est la source d’un choc meurs au sens du BIT alors que ces personnes ne
d’offre positif. À l’inverse, une épidémie de grippe cherchent pas d’emploi (puisque leur emploi va
aviaire constitue un choc de demande négatif commencer ultérieurement). Si l’on retranche
sur le marché de la viande de volaille. cette catégorie au nombre total de chômeurs au
Ü Fluctuations et crises économiques, Marchés et prix sens du BIT, on obtient la population sans emploi
Choc asymétrique à la recherche d’un emploi (PSERE).
69
Chômage classique
À La plupart des pays se réfèrent aujourd’hui à la un taux de chômage conjoncturel qui dépend de
définition du BIT pour mesurer le chômage. Au l’écart de production (gap d’Okun), c’est-à-dire de
niveau européen, l’harmonisation des définitions et la différence entre le PIB effectif et le PIB potentiel.
des mesures avance grâce à l’action de l’organisme En pratique, le taux de chômage conjoncturel se
Eurostat. L’Organisation de coopération et de mesure en faisant la différence entre le taux de chô-
développement économiques (OCDE) publie mage effectivement constaté et le taux de chômage
des données harmonisées de chômage à partir des non inflationniste (NAIRU).
données nationales des pays membres de l’organi- Ü Marché du travail, emploi et chômage
sation. En France, l’INSEE mesure le chômage au Chômage frictionnel, Chômage structurel, Courbe de
sens du BIT en effectuant une enquête sur l’em Beveridge, Croissance potentielle
ploi. La France publie également les chiffres des
demandeurs d’emploi de fin de mois inscrits à
Pôle emploi et fait figure d’exception. Chômage d’équilibre
Ü Marché du travail, emploi et chômage Le chômage d’équilibre, parfois appelé le « chô-
Population active mage naturel » ou encore « chômage structurel »,
désigne le chômage qui s’établit dans une écono-
mie et qui, compte tenu des caractéristiques des
Chômage classique négociations salariales et du fonctionnement du
Dans la théorie du déséquilibre développée par marché du travail, ne s’accompagne pas de hausses
E. Malinvaud, le chômage classique correspond à une de salaires excessives et d’inflation. Il correspond
situation où, sur le marché du travail, la quantité au chômage qui ne peut pas être expliqué par une
de travail offerte par les ménages excède la quantité insuffisance de l’activité économique, autrement
demandée par les entreprises. Dans le même temps, dit par le chômage conjoncturel.
sur le marché des biens et des services, la quantité Il existe principalement deux approches du taux
offerte par les entreprises n’est pas suffisante pour de chômage d’équilibre :
satisfaire la demande. En effet, les prix étant trop – selon la première, formalisée par E. Phelps
bas, les entreprises ne jugent pas rentable de créer (1968), le taux de chômage d’équilibre est celui qui
des emplois pour satisfaire toute la demande de biens assure la stabilité de l’inflation. Il s’agit du NAIRU
qui leur est adressée. Ce chômage est donc lié à une (Non accelerating inflation rate of unemployment),
insuffisante rentabilité de l’appareil productif. proche du concept de taux de chômage naturel
À Le chômage classique est un des trois équilibres proposé par Friedman (1967) ;
avec rationnement définis par E. Malinvaud. Les – selon la seconde, conformément au modèle
deux autres sont le chômage keynésien et l’infla WS/PS (Wage setting/Price setting), le chômage
tion contenue. d’équilibre est défini comme le taux de chô-
Ü Marché du travail, emploi et chômage mage qui résout les conflits de répartition entre
Équilibre avec rationnement employeurs et salariés. Le salaire d’équilibre, et
donc le chômage d’équilibre, est alors d’autant
plus élevé que le pouvoir de négociation des salariés,
Chômage conjoncturel au niveau collectif comme au niveau individuel,
Le chômage conjoncturel est un type de chômage est élevé.
qui résulte d’un ralentissement temporaire de l’ac- À Les deux définitions sont cependant liées car tant
tivité économique, habituellement mesurée par le que les partenaires sociaux ne sont pas satisfaits de
produit intérieur brut (PIB), et/ou des fluctua- la répartition, une spirale inflationniste risque de
tions de la demande dans un secteur d’activité. s’enclencher : jugeant les salaires trop élevés, les
C’est dans l’analyse de J. M. Keynes (1883- entreprises peuvent augmenter leurs prix ; les sala-
1946) que les variations à court terme du PIB se riés constatant une baisse de leur pouvoir d’achat
répercutent sur le niveau de l’emploi. Pour lui, la demanderont des hausses de salaires, etc. Du fait de
demande globale anticipée (qui détermine le PIB) l’interaction entre les prix et les salaires, la stabilité
détermine donc le chômage conjoncturel qui néces- de l’inflation ne semble garantie que si la réparti-
site la mise en place d’une politique de relance. tion satisfait les deux parties.
À Le taux de chômage observé à un moment donné À Les théories du chômage d’équilibre qui relèvent
dans une économie peut être décomposé en deux du modèle WS/PS cherchent à rendre compte de
sous-éléments : un taux de chômage structu- la rigidité des salaires et des prix dans une approche
rel, dont les déterminants sont directement liés en termes d’équilibre général mais reposant sur
au fonctionnement du marché du travail et aux l’hypothèse de concurrence imparfaite sur le
politiques d’emploi qui lui sont appliquées, et marché du travail. Selon ces théories, un chômage
70
Chômage involontaire
provoqué par un taux de salaire réel trop élevé en chômage d’exclusion lorsque la probabilité de
peut durablement rester au-dessus de son niveau réinsertion est très faible, ce qui réduit encore les
d’équilibre. aptitudes au travail et favorise le découragement.
Ü Marché du travail, emploi et chômage Marché du travail, emploi et chômage
Courbe de Phillips, Insiders/Outsiders (théorie),
Salaire d’efficience
Chômage déguisé
Le chômage déguisé désigne les situations d’emploi
Chômage d’exclusion dans lesquelles les individus occupent des postes
Selon J. Freyssinet, le chômage d’exclusion dans lesquels leur productivité est faible voire très
concerne les travailleurs qui se présentent sur le faible. Ce terme désigne des personnes officielle-
marché du travail avec des handicaps si impor- ment classées comme ayant un emploi mais dont
tants que leur probabilité d’insertion est très faible la situation réelle s’apparente au chômage (emplois
dans un contexte de sélectivité accrue. Sauf s’ils aidés, stages de formation, etc.).
bénéficient de mesures spécifiques, ils semblent Ü Marché du travail, emploi et chômage
condamnés à un chômage de très longue durée Formes particulières d’emploi, Travailleur ayant un
qui engendre la dégradation des aptitudes au tra- lien marginal avec l’emploi, Vulnérabilité au chômage
vail, le découragement et finalement l’abandon de
la recherche d’emploi.
Ü Marché du travail, emploi et chômage Chômage frictionnel
Capital humain, Chômage d’équilibre, Chômage Le chômage frictionnel est celui qui résulte de la
répétitif, Vulnérabilité du chômage mobilité professionnelle et géographique de la
main-d’œuvre passant d’une entreprise à une
autre, d’une région à une autre, d’une profession à
Chômage d’insertion une autre. Le chômage frictionnel peut également
Le chômage d’insertion est le chômage que ren- résulter de la destruction créatrice qui conduit à
contrent les individus qui entrent nouvellement des ouvertures et à des fermetures d’entreprises.
sur le marché du travail. Les jeunes sont les pre- À La théorie de la recherche d’emploi ( Job search)
miers concernés par le chômage d’insertion, tout cherche à rendre compte de l’existence et de l’impor-
comme celles et ceux qui reprennent une activité tance de ce chômage frictionnel. Selon cette théorie,
professionnelle. les principaux déterminants du chômage frictionnel
Ü Marché du travail, emploi et chômage sont le coût de la collecte d’informations, le degré
Capital humain, Insiders/Outsiders (théorie) d’incertitude qui règne sur le marché et enfin le
taux d’accroissement de la population active (plus
il est élevé, plus le nombre de personnes en situation
Chômage de conversion de prospection sur le marché est important).
Le chômage de conversion désigne les travailleurs Ü Marché du travail, emploi et chômage
qui, jusqu’alors titulaires d’un emploi stable, Chômage conjoncturel, Chômage structurel, Salaire
sont victimes d’un licenciement économique. Ils de réservation
cherchent d’abord un emploi correspondant à leur
niveau de qualification et à leur objectif de stabi-
lité. Leur durée de chômage est donc plus longue Chômage involontaire
et parfois prolongée par une formation qualifiante Pour J. M. Keynes (1883-1946), le chômage
de reconversion professionnelle. involontaire désigne le chômage qui n’est pas dû
Ü Marché du travail, emploi et chômage au refus des salariés de travailler pour un salaire
Chômage répétitif plus faible. Ce raisonnement est cohérent avec la
théorie de l’emploi de Keynes selon laquelle c’est
la demande effective qui induit le niveau de pro
Chômage de longue durée duction mis en œuvre par les entreprises et, par
Le chômage de longue durée regroupe l’ensemble conséquent, l’emploi qu’il requiert.
des personnes au chômage depuis plus d’un an (un Le chômage involontaire s’oppose donc à l’ana-
seuil de six mois est retenu dans certains pays). On lyse néoclassique du début du xxe siècle selon
utilise parfois le critère de deux ans pour désigner laquelle le niveau trop élevé du taux de salaire réel
le chômage de très longue durée. La probabilité est la cause du chômage. Le chômage volontaire,
de sortie du chômage diminue avec l’ancienneté lui, s’explique, selon Keynes, par « une volonté
du chômage. Ce dernier peut alors se transformer commune, tacite ou avouée, de ne pas travailler à
71
Chômage keynésien
Chômage technologique
Chômage récurrent Le chômage technologique désigne le chômage
Le chômage récurrent, ou encore chômage de pré- provoqué par l’introduction de nouveaux biens
carité, désigne un processus dans lequel alternent d’équipement ou de nouvelles méthodes de pro-
les emplois précaires et le chômage. Cette forme de duction dans les entreprises et administrations
chômage concerne surtout les nouveaux entrants publiques, qui conduisent à une diminution du
sur le marché du travail : jeunes, personnes en nombre d’emplois nécessaires. Ce dernier, dans
reprise d’activité, mais aussi des individus âgés et une entreprise ou un secteur d’activité, est égal au
peu qualifiés qui peuvent être obligés d’accepter rapport production/productivité par tête. Ainsi,
des emplois intérimaires ou des contrats à durée lorsque la hausse de la productivité par tête est
déterminée. La faiblesse de la qualification et la supérieure à la hausse de la demande (qui détermine
difficulté des appariements conduisent pour cette elle-même le niveau de production), le nombre
catégorie de chômeurs à une faible employabilité. d’emplois nécessaires diminue.
72
Chômeurs découragés
À Le progrès technique, s’il peut conduire à des des- Chômage d’équilibre, Chômage frictionnel, Exclusion
tructions d’emplois dans certaines conditions, peut par les prix
aussi donner lieu à des créations d’emplois. Des
effets de compensation apparaissent dans plusieurs
cas : lorsqu’il faut produire des biens et services nou- Chômage volontaire
veaux, lorsque la hausse de la productivité par tête Pour les auteurs de la théorie néoclassique stan-
permet de diminuer les prix (hausse du pouvoir dard, le chômage volontaire est celui des individus
d’achat) ou donne lieu à des hausses de salaire. qui n’acceptent pas de travailler au taux de salaire
Ü Marché du travail, emploi et chômage réel d’équilibre.
Chômage structurel, Déversement Dans cette théorie en effet, sur le marché du
travail comme sur tout autre marché, s’établit un
équilibre qui égalise les quantités offertes et deman-
Chômage transitoire dées, en excluant du marché tous les offreurs qui
Dans le modèle néoclassique de base, le chômage se seraient manifestés pour un niveau supérieur de
transitoire est un chômage qui apparaît temporai- taux de salaire, et tous les demandeurs qui espé-
rement, même dans une situation de concurrence raient un niveau inférieur.
pure et parfaite, à la suite d’un choc exogène subi Dans cet univers d’agents rationnels et en situa-
par l’économie. Même si on considère qu’à long tion d’information parfaite, si le taux de salaire est
terme, tout chômage est volontaire, il peut appa- parfaitement flexible, le chômage involontaire est
raître à court terme un chômage involontaire. impossible.
L’explication du chômage transitoire est la sui- À La théorie néoclassique standard du chômage
vante : volontaire a été prolongée ultérieurement par la
Soit un choc exogène, par exemple une crise éco- théorie de la recherche d’emploi (ou Job search)
nomique entraînant la faillite d’un certain nombre élaborée notamment par G. Stigler.
d’entreprises. Pour tout niveau de prix exprimé sur Ü Marché du travail, emploi et chômage
le marché, la demande sera dorénavant inférieure Chômage transitoire, Rationalité économique
à la demande précédente. La courbe de demande
se déplace donc vers la gauche, parallèlement à elle-
même. Par exemple, pour le taux de salaire d’ori- Chômage wicksellien
gine (W/P1), la quantité demandée était de QL3 Le chômage wicksellien (expression proposée par
(point E), elle est maintenant de QL1. Dans un pre- J.-P. Fitoussi) est un chômage qui résulte d’un taux
mier temps, par une analyse de statique comparative, d’intérêt réel trop élevé (taux d’intérêt moné
on constate que, pour un taux de salaire réel de W/ taire supérieur au taux d’intérêt naturel). Une
P1, la quantité demandée se détermine en A, la quan- telle situation, qui peut s’accompagner aussi d’un
tité offerte reste en E. Apparaît alors un chômage taux de change réel supérieur à sa valeur d’équi-
transitoire exprimé par la différence QL3 > QL1. libre, déprime l’activité économique et conduit à
Par la suite, le mécanisme d’équilibrage du mar- l’augmentation du chômage.
ché se met en place : compétition entre les offreurs, Ü Marché du travail, emploi et chômage
baisse du taux de salaire inférieur au précédent, Mécanisme cumulatif wicksellien
W/P2 (avec W/P2 < W/P1), qui conduit à un nouvel
équilibre (point E’) compte tenu des modifications
du marché. Chômeur
Chômage
W/P LO
Chômage
transitoire Chômeurs découragés
W/P1 E Selon l’INSEE, les chômeurs découragés sont des
A
individus disponibles qui souhaitent occuper un
LD emploi, mais déclarent ne plus en rechercher. Lors
W/P2 E’ de l’enquête emploi, les chômeurs découragés
LD’ sont donc comptabilisés dans la catégorie des inac-
tifs. Les perspectives de retrouver un emploi leur
paraissent en effet trop faibles, notamment lorsque
QL le chômage augmente.
QL1 QL2 QL3
À Une reprise de l’activité et de l’emploi peut
Ü Marché du travail, emploi et chômage conduire certains chômeurs découragés à accomplir
73
Cible d’inflation
à nouveau des démarches de recherche d’emploi, ce banque. Pour faire face à cette fuite, la banque doit
qui peut paradoxalement accroître le nombre de disposer de suffisamment de monnaie centrale
chômeurs (effet de flexion). (dans le cas contraire, elle doit faire appel au refi
Ü Marché du travail, emploi et chômage nancement bancaire).
Chômage de longue durée, Lois Hartz, Taux de Ü Monnaie
flexion, Travailleur ayant un lien marginal avec Création monétaire, Monétisation de créance
l’emploi, Vulnérabilité au chômage
Circuit du Trésor
Cible d’inflation Le circuit du Trésor est le dispositif institutionnel
Une cible d’inflation est un objectif d’inflation vers qui a joué un rôle essentiel dans le financement
lequel la banque centrale s’efforce de faire tendre de l’économie française pendant les Trente Glo-
l’économie d’un pays. Il peut s’agir d’une cible rieuses. Ce circuit se composait du Trésor public
numérique (par exemple 2 %), d’une fourchette et d’un certain nombre d’institutions financières
(par exemple entre 1 % et 3 %) ou encore d’une que l’on nommait « correspondants du Trésor »
cible entourée d’une certaine marge de fluctuation (Caisse des dépôts, chèques postaux, etc.).
(par exemple 2 % à ± 1 %). D’une part, ces institutions contribuaient au
Cet objectif l’emporte sur tout autre objectif de financement du Trésor en y déposant leurs excé-
politique monétaire. La politique de ciblage d’in- dents de trésorerie, d’autre part, la politique de
flation (Inflation Targeting) se substitue progres- crédit à l’économie des correspondants du Trésor
sivement à partir des années 1990 aux politiques était inspirée par la politique économique et par
monétaires antérieures qui reposaient : la planification indicative alors en vigueur en
––soit sur une cible de taux d’intérêt (on ajuste France (financement du logement, des infrastruc-
alors la quantité de monnaie au taux d’intérêt que tures, de l’aménagement du territoire, des entre
l’on souhaite atteindre) ; prises publiques, etc.). De ce fait, une part du
––soit sur une cible de quantité de monnaie (on financement de l’économie échappait à la logique
laisse alors au marché le soin de fixer le taux d’in- du marché.
térêt d’équilibre). Ü Monnaie, Politique économique
L’adoption d’une politique de ciblage de l’infla- Système financier
tion permet de dépasser le débat règle versus dis
crétion. En effet, la banque centrale pratique une
discrétion contrainte par l’objectif d’inflation. Circuit économique
À Certains observateurs contestent le fait que l’on se Le circuit économique est une représentation de
limite à la surveillance du niveau général des prix l’activité économique sous la forme de flux réels,
et proposent que les banques centrales assurent monétaires et financiers qui mettent en relation des
une surveillance de l’ensemble des prix des actifs catégories d’agents économiques. La comptabi
(financiers et immobiliers notamment). lité nationale repose sur une description des phé-
À Depuis la crise de 2007-2008, les politiques de nomènes macroéconomiques en termes de circuit.
ciblage d’inflation ont tendance à passer au second Sur un plan plus théorique, on oppose souvent
plan par rapport à d’autres objectifs macroécono- les analyses en termes de circuit économique aux
miques (croissance économique, emploi, stabi analyses en termes de marché. Dans le premier cas,
lité financière). l’ajustement entre les agents se réalise par les quan-
Ü Finances internationales, Monnaie, Politique écono- tités, dans le second cas elle se réalise par les prix.
mique À Les physiocrates, K. Marx (1818-1883) et
Création monétaire, Politique monétariste J. M. Keynes (1883-1946) sont les précurseurs de
l’analyse en termes de circuit.
Ü Marchés et prix
Circuit bancaire École circuitiste, École physiocratique, École post-
Chaque banque de second rang constitue un cir- keynésienne, Économie monétaire de production,
cuit bancaire dans la mesure où des flux de mon Macroéconomie, Modèle stock-flux cohérent, Tableau
naie scripturale circulent au sein de la banque économique des physiocrates, Théorie des équilibres à
entre les comptes des clients et permettent de régler prix fixes, Théorie keynésienne, Théorie marxiste
des dettes. Lorsqu’un client de la banque désire se
procurer des billets de banque ou lorsqu’il règle
une dette à un client d’une autre banque, on dit Circuit monétaire de production
qu’il y a une fuite hors du circuit bancaire de la École circuitiste, Économie monétaire de production
74
CNUCED
75
Cobb-Douglas
76
Collatéral
Les différentes entités du groupement partagent les une fois les prélèvements obligatoires effectués.
risques et les avantages du projet. Néanmoins, plusieurs sens de ce terme peuvent
À Ce terme est couramment employé pour carac- être dégagés.
tériser des projets de financement importants Le sens le plus fréquent désigne la différence
associant des capitaux nationaux et des capitaux entre le coût salarial total (ce que les employeurs
étrangers. payent sous forme de salaires et de cotisations
Ü Entreprises et système productif, Mondialisation sociales patronales et salariées) et ce dont les sala-
Entreprise réseau, Internationalisation de la produc- riés disposent, autrement dit leur salaire net.
tion, Partenariat Dans un sens plus large, le coin fiscal désigne
l’écart qui existe entre le coût salarial supporté par
l’employeur et le salaire que l’intéressé reçoit effec-
Cogestion tivement, une fois déduits les prélèvements obliga
Au sens général, la cogestion désigne l’exercice en toires que sont les cotisations sociales et les impôts
commun de la gestion et de l’administration d’une directs. On peut alors parler de « coin fiscal global ».
institution, d’une entreprise, d’un service, etc., Un sens moins utilisé de ce terme correspond,
par plusieurs parties. La cogestion implique un pour le salarié, à l’écart entre le salaire brut et le
partage du pouvoir de décision. salaire net.
Au sens économique, la cogestion désigne un On mesure le coin fiscal en termes relatifs et non
système de gouvernance d’entreprise dans lequel absolus. Il faut d’abord calculer la valeur de l’écart
les salariés, en général par l’intermédiaire de leurs absolu en retranchant du coût salarial total (CT) les
syndicats, exercent une participation active à la prélèvements obligatoires, ici par exemple les coti
gestion. sations sociales patronales (CP), les cotisations
La cogestion mise en place en Allemagne sociales payées par le salarié (CS).
(Mitbestimmung) est souvent citée comme un On obtient alors :
modèle. Dans ce pays, la loi impose la cogestion
dans les entreprises de plus de 2 000 salariés. Cer- CT – (CP + CS)
tains projets importants doivent nécessairement Par convention, le coin fiscal (CF) est égal à :
obtenir l’approbation des salariés au sein des CT − ( CP + CS)
comités d’établissement et au sein des instances CF =
dirigeantes. Les salariés occupent de 33 à 50 % des CT
postes dans les conseils de surveillance des entre- À L’importance du coin fiscal est souvent avancée par
prises de plus de 2 000 salariés mais le président du les économistes libéraux pour mettre en avant le
conseil de surveillance est toujours un représentant poids excessif des prélèvements obligatoires pesant
des actionnaires et sa voix est prépondérante en sur le travail salarié. On peut néanmoins remarquer
cas d’égalité. qu’une baisse du coin fiscal obtenue par exemple
La cogestion allemande est donc un modèle de en diminuant les cotisations sociales conduira pro-
relations sociales dans lequel les entreprises sont bablement les salariés à augmenter leurs dépenses
obligées de tenir compte des intérêts des salariés, en contractant des assurances privées pour se pré-
ce qui favorise la cohésion sociale et en fin de munir contre les risques sociaux qui ne sont plus
compte la compétitivité des grandes entreprises. couverts par les assurances sociales.
Mais elle est remise en cause par la financiarisa Ü Économie publique, Marché du travail, emploi et
tion de la gestion qui s’impose aujourd’hui dans chômage, Protection sociale,
le monde. La cogestion allemande s’accommode Compétitivité, Courbe de Laffer, Salaire indirect
par ailleurs d’une hausse de la précarité de nom-
breux salariés depuis les différentes lois Hartz
qui ont accru considérablement la flexibilité du Collatéral
travail. Un collatéral est un actif offert en garantie lors
Ü Entreprises et système productif d’une opération de crédit. Par exemple, sur le mar
Capitalisme actionnarial, Capitalisme managérial, ché interbancaire, un établissement qui emprunte
Économie de marchés coordonnée, Parties prenantes, des liquidités doit offrir en contrepartie un collaté-
Rapport salarial, Variété des capitalismes ral constitué de titres figurant sur une liste d’actifs
éligibles établie par la banque centrale.
Ü Monnaie, Finances internationales, Fluctuations et
Coin fiscal (ou coin socio-fiscal) crises économiques, Politique économique
Le coin fiscal désigne l’écart entre le coût du tra- Accord de pension, Liquidité, Politique monétaire,
vail et le revenu restant à la disposition du salarié Politique monétaire non conventionnelle, Solvabilité
77
Collectif budgétaire
78
Commerce international
Commerce international
Au sens strict, le commerce international Les statistiques sont normalisées par les
concerne les opérations d’achat et de vente organisations internationales comme l’Or-
de biens réalisées entre des territoires éco- ganisation de coopération et de développe-
nomiques différents. La valeur des exporta- ment économiques (OCDE), l’Organisation
tions moins celle des importations constitue mondiale du commerce (OMC) et le Fonds
le solde commercial. monétaire international (FMI) qui s’oc-
Au sens large, le commerce international cupent également de regrouper les chiffres
inclut aussi les transactions internationales nationaux pour établir des comparaisons.
de services (transports, assurance, tourisme,
etc.). Les échanges internationaux de biens Le commerce international en valeur
et de services sont comptabilisés dans le et en volume : la mesure traditionnelle
compte des transactions courantes de la
Le commerce international en valeur corres-
balance des paiements. La valeur des expor-
pond au montant total des biens et services
tations est enregistrée en crédit et celle des
qui viennent s’ajouter ou se soustraire aux
importations en débit. La différence – l’excé-
ressources d’un pays en pénétrant sur son
dent ou le déficit – est appelée solde.
territoire ou en en sortant. Les données,
exprimées en monnaie nationale, présentent
Les différentes mesures des limites importantes.
du commerce international La mesure du commerce international en
Les sources statistiques nationales pour les valeur présente plusieurs limites :
exportations et les importations sont : ––elle est tout d’abord sensible aux fluc-
––les déclarations douanières et de taxe à tuations des prix : les montants exportés et
la valeur ajoutée pour les biens ; importés varient au gré des fluctuations du
––les données collectées auprès des inter- prix du pétrole et des matières premières. Par
médiaires financiers ; ailleurs, certains prix ne sont pas des prix de
––les déclarations des grandes entreprises. marché. Une part des échanges mondiaux
79
Commerce international
de biens est en effet constituée d’accords de l’inverse et que les importations américaines
compensation relevant d’une économie de venant de Chine comportent une part impor-
troc. Une part encore plus importante des tante de valeur ajoutée en réalité produite
flux (30 % des échanges mondiaux de biens au Japon et en Corée. Cette approche rend
environ) relève du commerce intra-firme qui ainsi mieux compte du rôle de plateforme
est réalisé à des prix de transfert fixés par la
joué par la Chine. Le même type d’étude
firme multinationale.
souligne qu’en valeur ajoutée en 2012, ce
––Les données en valeur sont également
sensibles aux variations des taux de change. n’est plus l’Allemagne qui est le premier
En effet, pour établir des comparaisons, les partenaire commercial de la France mais les
montants des exportations ou des importa- États-Unis ;
tions, mesurés en monnaie nationale, sont ––la spécialisation internationale. La mesure
convertis en une devise commune (le dollar). traditionnelle conduit par exemple à compter
En conséquence, la mesure en volume ou le smartphone chinois comme une exportation
en termes réels est privilégiée pour établir à fort contenu technologique. Or, en valeur
des comparaisons de longue durée. C’est une ajoutée, seule une petite partie de la valeur des
évaluation à prix constants et taux de change
smartphones est apportée par la Chine (moins
inchangés (en dollars ajustés ou en parité
de 4 %). L’essentiel de la valeur provient en
de pouvoir d’achat).
En volume ou en valeur, la pertinence réalité du Japon (36 %), de l’Allemagne (18 %)
de la mesure est remise en cause par la et de la Corée du Sud (14 %) (M. Rainelli,
fragmentation croissante de la chaîne de 2014) ;
valeur organisée par les firmes multinatio- ––la compétitivité du pays. Alors qu’en
nales. Cette organisation des processus pro- chiffres bruts, les services ne représentent
ductifs élève en effet le nombre de passages que le quart des échanges du commerce
aux frontières des produits échangés, ce qui extérieur, en valeur ajoutée, ils contribuent
conduit à surestimer le commerce international. pour plus de 50 % aux exportations des
C’est cette insuffisance qui a conduit à l’éla-
États-Unis, de la France, de l’Allemagne,
boration d’un nouveau type de mesure du
du Royaume-Uni et de l’Italie en 2012. Ils
commerce international, en valeur ajoutée.
jouent notamment un rôle primordial dans
les exportations de matériel de transport ou
Le commerce international
d’alimentation.
en valeur ajoutée
Cette meilleure mesure du commerce
Initiées par l’OMC et l’OCDE en 2013, les
international devrait affecter la nature des
statistiques des échanges en valeur ajoutée
(les indicateurs EVA) tendent à se développer. débats sur la politique économique. La ten-
Elles consistent à ne mesurer que la valeur tation de recourir au protectionnisme par
qu’un pays ajoute aux biens et services qu’il exemple se heurte au fait que la compétiti-
exporte. Ainsi, un smartphone importé de vité d’une économie dépend étroitement des
Chine aux États-Unis au prix de 100 dollars produits intermédiaires importés. Comme
ne sera évalué qu’à 40 dollars par exemple l’affirme P. Lamy, « les pays qui exportent le
si, pour le fabriquer, 60 dollars correspondent plus et le mieux sont les pays qui importent
à des composants issus d’autres pays. Cette le plus et le mieux. » Une dépréciation de
mesure du commerce international en valeur
la monnaie par exemple, comme celle du
ajoutée donne un nouvel éclairage sur :
Japon en 2013, élève la valeur des entrants
––les soldes commerciaux. Une étude
comparative montrait ainsi qu’en valeur importés, ce qui réduit la compétitivité
ajoutée, l’excédent commercial de la Chine de l’industrie, tout en renforçant la compéti
avec les États-Unis en 2009, baissait de 33 % tivité des produits étrangers qui intègrent
puisque les exportations américaines vers la des composants japonais désormais moins
Chine comportent plus de valeur ajoutée que coûteux.
80
Commerce international
81
Commerce international
Les facteurs qui ont joué dans cette dyna- 7,2 % en moyenne entre 1995 et 2007. Ce
mique sont en partie les mêmes que ceux qui fléchissement du commerce international
ont joué au xixe siècle : fait l’objet de plusieurs interprétations. Pour
––la baisse des coûts du transport maritime certains, ce ralentissement ne peut être que
se poursuit (le fret maritime mondial a ainsi conjoncturel : il s’explique par la faiblesse de
triplé entre 1998 et 2008) mais aussi celle des la croissance économique, les réflexes pro-
coûts des communications et des transferts tectionnistes en période de crise mais aussi
d’information ; par la hausse de l’incertitude et de la volati-
––le cadre institutionnel est favorable au lité des monnaies. Mais d’autres économistes
libre-échange avec la mise en place en 1944 soulignent le fait que ce ralentissement s’ins-
d’un nouveau système monétaire internatio- crit dans un mouvement plus structurel de
nal à Bretton Woods, la création de la Banque réduction du processus de fragmentation de la
internationale pour la reconstruction et le chaîne de valeur. Il est vraisemblable en effet
développement (BIRD) et l’Accord général que les gains de l’allongement de la chaîne
sur les tarifs et le commerce (AGETAC) en se réduisent à mesure que le phénomène
1947. En 1995, la création des négociations se développe, les choix d’implantation les
commerciales multilatérales a ainsi permis plus intéressants ayant été faits. Par ailleurs,
de fortes réductions des droits de douane l’avantage en termes de coûts de production
et des mesures de contingentements ; unitaire des pays émergents par rapport aux
––la croissance économique joue fortement pays de l’OCDE s’atténue alors que la néces-
dans le dynamisme du commerce entre pays. sité de se rapprocher du consommateur final
Les périodes d’expansion s’associent souvent des pays émergents s’élève. Enfin, le choix
à une intensification des échanges interna- de la Chine, premier exportateur mondial,
tionaux. Réciproquement, les crises écono- de rééquilibrer son modèle de croissance
miques s’accompagnent d’une contraction économique en le fondant davantage sur
des échanges commerciaux : ce fut le cas lors la demande intérieure plutôt qu’extérieure,
des chocs pétroliers, en 1982, en 2001, en participe au ralentissement de la croissance
2008-2009 avec la crise des subprimes (en du commerce international.
2009, le volume du commerce mondial des
marchandises a baissé de 12,2 %) et au pre-
mier semestre de 2015 avec le ralentissement Quelques spécificités
de la croissance des pays émergents ; du commerce mondial depuis 1945
––enfin, le dynamisme du commerce inter- L’évolution de la configuration
national s’appuie sur la libéralisation des des échanges commerciaux
mouvements de capitaux à partir du milieu Entre 1945 et la fin des années 1980, le
des années 1980 qui facilite les flux d’inves- commerce international est resté concentré
tissements directs à l’étranger (IDE). Ces der- autour d’un petit nombre de pays dévelop-
niers peuvent certes restreindre les échanges
pés à économie de marché. Mais la seconde
en rapprochant le lieu de production de la
mondialisation a transformé cette configu-
demande (c’est l’exemple des investisse-
ration du commerce mondial avec l’essor
ments japonais dans l’automobile sur le
des pays émergents. La Chine, l’Inde, le
territoire américain dans les années 1980),
Brésil et la Russie (les BRIC) ont ainsi pris
mais, en règle générale, tendent à renforcer
une place croissante dans les échanges com-
les échanges.
merciaux en profitant d’avantages compara-
tifs construits sur des segments de chaîne
Le ralentissement du commerce de valeur intensifs en travail non qualifié,
international aujourd’hui mais aussi sur des productions intensives
Depuis 2012, la croissance des échanges de en capital et en travail qualifié (les services
biens et services est moins importante que liés aux TIC et l’industrie pharmaceutique en
celle du PIB et n’a pas dépassé 3,5 % par Inde par exemple). La part des pays émer-
an au cours de ces quatre années, contre gents dans le commerce international a ainsi
82
Commerce international
doublé, ce qui est conforme à leur nouveau division régionale du travail organisée
poids économique. En conséquence, on autour de la Chine.
observe depuis le début des années 2000 un En Amérique, l’ALENA et le MERCO-
déplacement du centre de gravité du com- SUR ont favorisé l’intégration commerciale
merce international vers l’Asie-Océanie. C’est dans les années 1990, mais la part du com-
d’ailleurs pour contrer cette baisse de la part merce intra-régional demeure plus limitée :
du commerce transatlantique que les États- 48 % des échanges de biens en 2011 sont
Unis et l’Europe ont repris les négociations du internes, et le commerce des pays d’Amé-
Partenariat transatlantique pour le commerce rique latine est de plus en plus tourné vers
et l’investissement (PTCI) en 2013. les pays d’Asie-Océanie. Enfin, le Moyen-
La composition des échanges s’est elle Orient, la Communauté des États indépen-
aussi transformée. Les produits primaires qui dants (CEI) et l’Afrique ont des exportations
dominaient les échanges de marchandises essentiellement inter-régionales et ce malgré
au xixe siècle ne représentent plus qu’un la multiplicité des accords régionaux.
quart du commerce. Ce sont aujourd’hui
les produits manufacturés qui dominent les Les gains à l’échange et les théories
échanges et notamment les produits intermé- du commerce international
diaires. Le poids des services s’élève égale-
ment grâce à la baisse des coûts de transports Les thèses mercantilistes
et l’essor des TIC. Certains services autre- et le débat avec la physiocratie
fois « abrités » de la concurrence internatio- Pour le mercantilisme, la puissance d’une
nale sont devenus échangeables à l’échelle nation dépend de sa richesse, elle-même
internationale, comme l’enseignement, la assimilée aux métaux précieux. Seul le com-
santé, etc. L’essor des services est également merce extérieur, en dégageant un solde excé-
porté par le commerce intra-firme des mul- dentaire, peut attirer de l’or et de l’argent
tinationales et de leurs filiales ou sous-trai- dans le pays. Il convient donc de limiter les
tants étrangers (tâches d’analyse, de saisie importations et d’accroître les exportations
de données, tâches interactives comme les car le commerce international est un jeu à
centres d’appels, etc.). Enfin, les formes des somme nulle : le gain de l’un équivaut à la
échanges commerciaux se sont modifiées : le perte de l’autre puisque les métaux précieux
commerce intra-branche représente plus de qui sortent d’un pays par le canal des impor-
30 % du commerce mondial et presque 60 % tations vont vers d’autres pays exportateurs.
des échanges intra zone euro ; le commerce Ainsi W. Petty (1623-1697) préconise le pro-
intra-firme se développe également à mesure tectionnisme commercial pour accumuler des
que la fragmentation des chaînes de valeur réserves d’or. Au contraire, les physiocrates
s’intensifie. prônent le « laissez faire les hommes, lais-
sez passer les marchandises ». La controverse
La coexistence du régionalisme entre mercantilistes et physiocrates reste d’ac-
et du multilatéralisme tualité mais les arguments se renouvellent.
La mondialisation correspond bien souvent
à une régionalisation des échanges. Celle-ci Les analyses de l’école classique
s’explique à la fois par les mécanismes Selon les classiques, les pays trouvent intérêt
décrits par le modèle gravitaire et par à échanger parce qu’ils sont différents. En
l’accentuation du régionalisme commercial laissant jouer la « loi du marché », l’alloca-
dans les années 1990. tion des ressources productives devient opti-
C’est en Europe que la part du commerce male. Mais, selon A. Smith (1723-1790), la
intra-régional est la plus élevée, même si elle division nationale du travail est limitée par
a tendance à stagner en dépit des élargis l’étendue du marché. Le commerce interna-
sements successifs de l’Union européenne. tional est donc le moyen de participer à un
Ce commerce progresse également en plus grand marché et de bénéficier de tech-
Asie-Océanie avec la mise en place d’une niques plus efficaces. Pour A. Smith, chaque
83
Commerce international
84
Commerce international
85
Commerce international
86
Commerce international
montres à un coût plus faible que l’industrie les relations économiques, ce qui le conduit
suisse, le fait pour la Suisse d’avoir pris une au niveau international à tenir compte de
avance dans le temps lui permet de maintenir l’interdépendance avec les autres États et à
son activité dans ce domaine. coopérer avec eux. Dans cette perspective,
La nouvelle théorie fournit des arguments le rôle des institutions internationales est de
en faveur de l’intervention des pouvoirs faciliter ce type de coordination ;
publics dans le domaine de l’innovation ––le paradigme réaliste considère lui
(recherche-développement en particulier) ou aussi que les États nations sont les acteurs
celui des aides aux entreprises dans le finan- dominants du système mais souligne, à la
cement des investissements nécessaires à différence du paradigme libéral, la volonté
l’accès d’un marché où le nombre de places autonome de puissance des États au service
est limité (le marché mondial de l’aéronau- de laquelle se place l’économie. Les rela-
tique par exemple). Il s’agit de politiques tions interétatiques sont donc marquées par
commerciales stratégiques. le conflit et se caractérisent soit par un équi-
Cependant, la nouvelle théorie du com- libre entre États de puissance équivalente,
merce international s’oppose à toute idée soit par la domination d’un État qui impose
de protectionnisme. P. Krugman a toujours son propre mode de régulation. C’est ce que
défendu le libre-échange, sans pour autant en C. Kindleberger (1973) appelle la stabilité
masquer les limites et les coûts. L’intervention hégémonique et qui peut caractériser les
de l’État visant à mettre en œuvre une poli- institutions internationales imposées par les
tique commerciale stratégique se heurte : États-Unis en 1945 par exemple ;
––à une insuffisance de l’information. Quels ––le paradigme marxiste met l’accent sur
secteurs aider, quel doit être le montant des le rôle et l’impact des conflits de classes
aides attribuées, à quelles entreprises, quels sociales sur les rapports politiques. Il sou-
niveaux de droits de douane, etc. ? ; ligne ainsi le primat de l’économique sur le
––au risque de représailles. Les politiques politique. Au niveau international, l’organi-
commerciales stratégiques accroissent le sation des relations économiques dépend
bien-être d’un pays au détriment des autres et des conflits de classe transnationaux ;
peuvent déboucher sur des guerres commer- ––enfin, le paradigme constructiviste
ciales qui aggravent la situation de chacun.
refuse l’idée selon laquelle les relations
internationales reposent sur un rapport de
Les théories de l’économie politique puissance étatique ou sur le résultat du jeu
internationale des intérêts mais insiste sur le rôle des idées,
Alors que la théorie standard du commerce des savoirs, des normes et valeurs collectives
international étudie les relations écono- qui peuvent de façon autonome se diffuser
miques comme si l’espace international se et modifier l’orientation de la gouvernance
présentait sous la forme d’un emboîtement de internationale.
marchés, l’économie politique internationale
(EPI) articule les relations économiques avec Commerce international,
les phénomènes de pouvoir (publics ou pri- croissance et gouvernance mondiale
vés) pour rendre compte à la fois des formes
prises par la gouvernance internationale Multilatéralisme et interdépendance
et son impact sur le commerce mondial. des économies
Plusieurs paradigmes existent : Le système commercial multilatéral a pour
––le paradigme libéral repose sur les hypo- objectif de favoriser la liberté, l’équité et la
thèses d’individualisme méthodologique prévisibilité des échanges. Dans ce but, les
et de rationalité des individus. Il considère négociations commerciales multilatérales
donc que l’État est subordonné aux indivi- font reculer les obstacles aux échanges.
dus qui cherchent à maximiser leur niveau L’adhésion à l’OMC jouerait pour certains
de bien-être. En conséquence, il se fixe pour un rôle positif sur la croissance. Chaque
objectif central d’établir des règles facilitant pays membre est tenu de respecter les
87
Commerce international
88
Commissaire-priseur walrasien
89
Commission bancaire
processus de tâtonnement walrasien, à un prix plus largement d’un processus d’intégration éco
d’équilibre. nomique. Elle constituait (avec la CECA et l’Eu
L’existence du commissaire-priseur assure une ratom) l’une des trois communautés européennes.
information parfaite et gratuite à tous les partici- En 1993, avec la création de l’Union européenne,
pants au marché. la CEE devient la Communauté européenne qui
À Paradoxalement, alors que l’on insiste sur le est l’un des trois piliers de l’Union (avec la politique
caractère décentralisé du marché walrasien, la étrangère et de sécurité commune et la coopération
démonstration théorique de son fonctionnement policière et judiciaire).
est subordonnée à la centralisation des intentions Ü Intégration économique
d’offre et de demande opérée par le commissaire- Acte unique européen, Crise de l’euro, Régionalisme
priseur walrasien. commercial, Traité de Maastricht
Ü Marchés et prix
Ajustement par les prix, Asymétrie d’information,
Coordination, Concurrence, École autrichienne, Équi- Communauté européenne
libre avec rationnement, Microéconomie, Nouvelle
Le terme Communauté européenne est utilisé pour
microéconomie, Socialisme de marché, Viscosité des prix
désigner la Communauté économique européenne
depuis l’instauration de l’Union européenne.
Commission bancaire Ü Intégration économique
Ü Autorité de contrôle prudentiel
Communauté européenne
Commission européenne de l’énergie atomique
La Commission européenne est une institution (CEEA ou EURATOM)
centrale de l’Union européenne (UE) qui exerce La Communauté européenne de l’énergie atomique
collégialement une fonction exécutive. Son pré- a été instituée en mars 1957 par le Traité de Rome,
sident est désigné par le Conseil européen, en afin de développer l’énergie nucléaire entre les États
prenant en compte les résultats des élections au membres de la Communauté européenne du
Parlement européen. Le président propose ensuite charbon et de l’acier (CECA), d’assurer la protec-
la liste des commissaires (un par État membre). tion des populations et d’empêcher une utilisation
La désignation de la commission est subordon- illégale du combustible nucléaire. Elle est entrée
née à un vote favorable du Parlement européen et en vigueur le 1er janvier 1958. Elle a fusionné en
à une décision à la majorité qualifiée du Conseil 1967 avec la Communauté européenne du charbon
européen. La Commission européenne élabore un et de l’acier et la Communauté économique
projet de budget annuel, qu’elle soumet au Parle- européenne.
ment et au Conseil, et surveille la façon dont les Ü Intégration économique
fonds européens sont utilisés. Elle veille à la bonne
Communauté européenne, Union européenne
application des politiques et exécute le budget de
l’UE. Elle présente des propositions législatives.
Elle s’assure que chaque gouvernement national Communauté européenne du
applique la législation européenne. Elle représente
les intérêts de l’UE dans son ensemble et négocie charbon et de l’acier (CECA)
pour l’UE des accords internationaux. La Communauté européenne du charbon et de
Ü Intégration économique l’acier est un marché commun du charbon et
Banque centrale européenne (BCE), Conseil de de l’acier. Elle a été créée en 1951 à l’initiative
l’Union européenne, Conseil ECOFIN, Eurogroupe, de J. Monnet (1888-1979) et de R. Schuman
Mécanisme européen de stabilité financière, Traité de (1886-1967) pour fonder les « premières assises
Maastricht, Traité sur la stabilité, la coordination et d’une communauté plus large et plus profonde »
la gouvernance et d’assurer la paix en Europe occidentale. Elle est
entrée en vigueur le 22 juillet 1952 pour une durée
de cinquante ans et a fusionné en 1967 avec la
Communauté économique Communauté européenne de l’énergie atomique
européenne (CEE) et avec la Communauté économique européenne
La Communauté économique européenne a été (CEE).
créée par le Traité de Rome. Elle a été le cadre Ü Intégration économique
de la mise en place d’une union douanière, puis Union européenne
90
Compensation interbancaire
91
Compétitivité
les soldes font l’objet d’un règlement en monnaie comparatifs. Les progrès de compétitivité d’un
centrale. pays ne font pas régresser le niveau de vie des pays
À Dans un système bancaire comportant plusieurs concurrents. Les mesures protectionnistes et les
banques de second rang, chacune d’entre elles décisions de politiques économiques en faveur
émet sa propre monnaie scripturale. Cette mon- de certains secteurs au nom de la compétitivité
naie ne circule qu’à l’intérieur du circuit bancaire nationale ne se justifient donc pas.
de la banque (c’est-à-dire entre ses clients). Chaque Ü Commerce international
fois qu’un client d’une banque effectue un règle- Avantage absolu, Politique industrielle, Protection-
ment au bénéfice du client d’une autre banque, une
nisme, Taux de pénétration
créance interbancaire apparaît. Ce sont ces dettes
et ces créances qui font l’objet de la procédure
de compensation. Compétitivité hors prix
Ü Monnaie
Création de monnaie, Liquidité, Monétisation des Compétitivité structurelle
créances, Refinancement
Compétitivité-prix
Compétitivité La compétitivité-prix traduit la capacité à proposer
La compétitivité désigne une aptitude à faire face à sur le marché des produits à des prix inférieurs à
la concurrence. La compétitivité traduit la capacité ceux des concurrents. Elle dépend de l’évolution :
à conserver ou augmenter les parts de marché face ––des coûts de production (coût salarial,
à la concurrence. Elle résulte des choix effectués par consommations intermédiaires en particulier) ;
la firme en matière de technologie, de formation ––des taux de change (une dépréciation aug-
de la main-d’œuvre, de gestion, de qualité des pro- mente la compétitivité-prix et une appréciation
duits, etc. la diminue) ;
La compétitivité combine des éléments de per- ––des comportements de marge des entreprises
formance que l’on peut répartir en deux groupes : qui peuvent atténuer ou amplifier l’évolution des
––une compétitivité-prix (évolution des prix coûts de production et des taux de change.
domestiques comparée à l’évolution des prix dans
À Au niveau des échanges internationaux, la compé
les pays concurrents) ;
––une compétitivité structurelle (ou compé- titivité-prix peut s’analyser de deux points de vue :
titivité hors prix, ou compétitivité-volume), dont la compétitivité externe qui désigne le dynamisme
les déterminants sont autres que les prix : qualité des exportations et la compétitivité interne qui
des produits, image de marque, délais de livraison, correspond à la résistance aux importations.
qualité du service après-vente, etc. Ü Commerce international
À On peut aussi parler de la compétitivité d’une Compétitivité, Dumping monétaire, Politique de change
branche.
À Le terme de compétitivité est souvent utilisé à pro-
pos des économies nationales. Cependant, pour Compétitivité structurelle
certains auteurs comme P. Krugman (La mondia- La compétitivité structurelle ou compétitivité hors
lisation n’est pas coupable, 1998), la compétitivité prix est l’aptitude à faire face à la concurrence
est une notion à manier avec précaution puisque la autrement que par des prix inférieurs à ceux des
compétition entre États n’est pas de la même nature concurrents. Elle repose sur la différenciation des
que celle qui oppose les entreprises : produits, leur qualité, la capacité d’innovation,
––la compétitivité au niveau d’une nation est diffi- la souplesse d’adaptation à la demande, etc. Au
cile à définir : une entreprise qui n’est pas compétitive niveau d’un pays, la compétitivité structurelle ren-
risque la faillite, ce qui n’est pas le cas d’un État ;
voie à la notion de spécialisation économique
––une nation peu compétitive peut posséder
des entreprises très performantes ; internationale, c’est-à-dire à la capacité d’adapta
––les excédents commerciaux d’une nation ne tion de l’appareil productif national à l’évolution
sont pas nécessairement un signe de bonne santé de la demande mondiale et au dynamisme
économique (par exemple, une récession freine commercial de l’économie (stratégies des entre
les importations et favorise un excédent commer- prises et de l’administration économique).
cial) ; l’idée de compétitivité nationale sous-entend Ü Commerce international
que le commerce international est un jeu à somme Avantage absolu, Avantage comparatif, Avantage
nulle, ce que contredit la théorie des avantages concurrentiel
92
Comptabilité en partie double
93
Comptabilité générale
et au crédit du poste « crédit commercial » si elle sivement mise en place sous l’égide du Fonds
fait l’objet d’un règlement par crédit. En cas de monétaire international (FMI), dans l’ensemble
règlement au comptant, le crédit sera inscrit sur les des économies à partir des années 1950. Elle classe
réserves de change. les agents économiques (appelés unités insti
Ü Entreprises et système productif tutionnelles) dans des secteurs institutionnels
Comptabilité analytique, Comptabilité générale qui réalisent trois types d’opérations :
––des opérations sur les produits relatives à la
production et à ses utilisations ;
Comptabilité générale ––des opérations de répartition qui concourent
La comptabilité générale est un système d’enre- à la formation des revenus ;
gistrement dans lequel les opérations réalisées par ––des opérations financières qui portent sur des
l’entreprise ou l’organisation sont traduites en instruments financiers.
termes financiers. Elle permet de décrire l’état du Les comptes nationaux retracent dans des
comptes de secteurs, les opérations des secteurs
patrimoine d’une entité économique, ses relations
et sous-secteurs institutionnels entre eux. Des
avec son environnement et son enrichissement au
comptes satellites établissent les coûts, les dépenses
cours du temps.
et le financement de certains domaines particuliers :
Les documents établis en France à partir d’un éducation, santé, protection sociale, etc.
Plan comptable général sont une source d’infor La comptabilité nationale évolue (instauration
mation pour les actionnaires d’une société, pour d’un système élargi de comptabilité nationale) pour
ses créanciers et pour les autres partenaires (fournis- s’adapter à l’évolution économique et assurer une
seurs, clients, salariés, etc.). harmonisation européenne ou internationale.
Ü Entreprises et système productif À Il ne faut pas confondre la comptabilité nationale
Bilan, Comptabilité analytique, Comptabilité de qui est un regroupement d’analyses statistiques
l’entreprise dans un cadre comptable, avec la comptabilité
privée qui est l’enregistrement de toutes les activi-
tés d’une entreprise. Le passage de la comptabilité
Comptabilité nationale privée à la comptabilité nationale pose d’ailleurs de
La comptabilité nationale est une représentation nombreux problèmes d’agrégation.
globale, détaillée et chiffrée de l’économie natio- Ü Comptabilité nationale
nale dans un cadre comptable. Elle a été progres- Comptabilité en partie double, SEC 2010
Comptabilité nationale
La comptabilité nationale est une représenta- En conséquence, en France, le système
tion globale, détaillée et chiffrée de l’écono- original de comptabilité nationale mis en
mie nationale dans un cadre comptable qui a œuvre dans les années 1950 sous l’impul-
été développé au cours du second xxe siècle. sion de C. Gruson (directeur général de
Au début des années 1980, l’Organisation l’INSEE entre 1961 et 1967), a été progressi-
des Nations unies a lancé, avec les autres vement transformé à partir de 1976, puis en
grandes institutions internationales (le Fonds 1999 (avec le système élargi de Comptabilité
monétaire international, la Banque mon- nationale, base 95, SEC 1995) pour s’adap-
diale, l’Organisation de coopération et de ter à l’harmonisation européenne.
développement économiques et la Commu- L’adaptation et la révision au niveau mon-
nauté européenne), une réforme des comptes dial se sont poursuivies et ont débouché
nationaux pour assurer une meilleure cohé- sur le Système de comptabilité nationale
rence entre les statistiques élaborées par ces 2008 (SCN 2008). Ce dernier a été adapté
organismes et rendre plus significatives les au niveau européen sous l’égide d’Euros-
comparaisons internationales. Il en est résulté tat (Système européen des comptes de
un système rénové à vocation universelle, le 2010, SEC 2010), appliqué dans tous les
SCN 93, applicable à tous les pays membres pays membres depuis 2014. L’année 2010
de l’ONU. est donc actuellement l’année de base des
94
Comptabilité nationale
comptes nationaux pour l’ensemble des pays en ressources est égal à celui des opérations
membres de l’Union européenne. L’année de comptabilisées en emplois.
base, est en général l’année de référence des
séries macroéconomiques en volume (pro- Les comptes de secteurs
duit intérieur brut, consommation, etc.). de la comptabilité nationale
Les opérations entre secteurs institution-
L’architecture du système élargi nels sont elles-mêmes articulées dans des
de comptabilité nationale comptes de secteurs qui présentent pour
Les centres de décision : les secteurs chaque secteur institutionnel, une descrip-
institutionnels tion des différentes étapes du processus
La comptabilité nationale considère des économique : production ; formation, dis-
agents économiques (appelés unités institu- tribution, redistribution et utilisation du
tionnelles) prenant des décisions autonomes revenu ; accumulation financière et non
et qui ont donc capacité pour détenir des financière.
biens et des actifs, souscrire des engage- De la même façon que dans la comptabi-
ments, exercer des activités économiques et lité privée, les comptes sont toujours équili-
réaliser, en leur nom propre, des opérations brés. Ce qui est significatif, ce sont les soldes
avec d’autres unités. Selon leur fonction et leur évolution pour chacun des comptes.
principale, les unités institutionnelles sont Les différents soldes pour chaque compte
regroupées en six secteurs institutionnels : sont :
––les ménages (y compris entrepreneurs ––la valeur ajoutée (compte de produc-
individuels) ; tion) ;
––les sociétés non financières ; ––l’excédent brut d’exploitation (compte
––les sociétés financières ; d’exploitation) ;
––les administrations publiques ; ––les revenus primaires (compte d’affecta-
––les institutions sans but lucratif au ser- tion des revenus primaires) ;
vice des ménages (ISBLSM) ; ––le revenu disponible (compte de distri-
––et un secteur non-résident (reste du bution secondaire du revenu) ;
monde). ––le revenu disponible ajusté (compte de
redistribution du revenu en nature) ;
––l’épargne brute/nette (compte d’utilisa-
Les opérations entre agents économiques tion du revenu) ;
de la comptabilité nationale ––le solde du compte des variations de la
Les secteurs et sous-secteurs institutionnels valeur nette dues à l’épargne et aux trans-
réalisent trois types d’opérations : ferts en capital (compte des variations de la
––les opérations sur les produits relatives valeur nette dues à l’épargne et aux transferts
à la production et à ses utilisations ; en capital) ;
––les opérations de répartition qui ––la capacité de financement (+)/ou le
concourent à la formation des revenus ; besoin de financement (–) (compte des
––les opérations financières qui portent sur acquisitions d’actifs financiers).
des instruments financiers. L’introduction dans le SCN 1993/SEC
Les opérations effectuées sont enregistrées 1995 de comptes de patrimoine a été néces-
en flux au moment du fait générateur. Par saire pour intégrer le développement de la
exemple, on comptabilise les intérêts dus au financiarisation des économies et ses consé-
fil du temps (« intérêts courus ») et non pas à quences sur les niveaux et les structures des
la date de versement (« intérêts échus »), les patrimoines. L’innovation la plus marquante
impôts et cotisations sociales sont enregistrés a été la création d’un compte de réévalua-
pour leur montant dû et non pas encaissé. tion, destiné à enregistrer les gains ou pertes
Toutes les opérations sont inscrites à deux de détention résultant des variations de prix
reprises, une fois en ressources et une fois en des actifs et des passifs existants. Depuis,
emplois. Le total des opérations enregistrées des travaux se sont poursuivis pour améliorer
95
Comptabilité nationale
la prise en compte des variables de stock du produit par une branche, au cours de
dans la comptabilité nationale. la période considérée. La somme d’une
Le compte de patrimoine des secteurs ins- colonne donne le total des consommations
titutionnels renseigne sur la valeur des actifs intermédiaires d’une branche.
et des passifs à un moment donné du temps. Les comptes d’exploitation par branche
Son solde est la valeur nette. Un compte de donnent la décomposition de la valeur ajou-
patrimoine est également établi pour l’éco tée entre :
nomie totale et pour le Reste du monde. ––la rémunération des salariés qui inclut
Des comptes satellites analysent les l’ensemble des cotisations sociales ;
coûts de production, les dépenses et le ––les autres impôts sur la production nets
financement de certains domaines particu- des autres subventions n’incluent pas les
liers : éducation, santé, protection sociale, etc. impôts sur les produits ;
––l’excédent brut d’exploitation ou solde
du compte d’exploitation.
L’approche du circuit économique
dans les tableaux synthétiques
de la comptabilité nationale Les comptes économiques intégrés
ou Tableau économique d’ensemble
Le tableau entrées-sorties (TES)
(TEE)
Le tableau entrées-sorties rassemble, dans un
Tous les comptes des secteurs institutionnels
même cadre comptable, les comptes relatifs
y compris les comptes de patrimoine et de
aux opérations sur les produits : il résume variations de patrimoine, sont regroupés
donc les comptes et retrace ainsi le processus au sein d’un même tableau (les comptes
de production (structure des coûts, revenu économiques intégrés ou Tableau écono-
généré et emplois) et les flux de biens et de mique d’ensemble). Les secteurs institu-
services (production, importations, exporta- tionnels figurent en colonnes, tandis que
tions, consommation intermédiaire, consom- les lignes sont constituées par les opéra-
mation finale et formation de capital par tions et les soldes des différents comptes.
groupe de produits). Le tableau entrées-sor- Ce tableau, qui synthétise l’ensemble des
ties est constitué de quatre tableaux : opérations relatives aux secteurs institution-
––un tableau des ressources par produits ; nels (entreprises, administrations, ménages,
––un tableau des emplois finaux par pro- etc.), permet de décrire séquentiellement
duits ; la production, la valeur ajoutée, l’excédent
––un tableau des entrées intermédiaires ; brut d’exploitation, le revenu disponible,
––un tableau donnant les comptes d’ex- l’épargne, la capacité ou le besoin de finan-
ploitation par branche. cement et la formation du patrimoine.
Chaque ligne horizontale des trois premiers
tableaux constitue l’équilibre emplois-res- Le tableau des opérations financières
sources pour un produit. On ajoute à la pro-
duction (au prix de base) et aux importations, Le tableau des opérations financières (TOF)
les marges commerciales et de transport, ainsi est la partie financière des comptes natio-
naux. En flux, le tableau décrit les variations
que les impôts sur les produits (dont la TVA), et
d’actifs financiers et de passifs qui com-
on retranche les subventions sur les produits,
posent la capacité de financement. En stocks,
pour aboutir à des ressources cohérences avec
les actifs financiers sont les « encours » et les
des emplois valorisés au prix d’acquisition.
passifs des comptes de patrimoine.
Le tableau des entrées intermédiaires (ou
tableau d’échanges interindustriels) com-
porte en lignes les produits, et en colonnes Les agrégats de la comptabilité
les branches. Il permet de calculer la valeur nationale
des coefficients techniques et le multipli- La comptabilité nationale élabore aussi un
cateur de valeur ajoutée. La somme d’une certain nombre d’indicateurs synthétiques
ligne est égale aux utilisations intermédiaires ou agrégats autour desquels se construisent
96
Comptabilité nationale
les politiques économiques et les anticipa- La formation brute de capital fixe (FBCF)
tions des agents économiques. La mondiali- est la mesure comptable de l’investissement
sation des économies et des sociétés accroît qui correspond dans le système européen de
les besoins d’informations directement com- comptabilité à la valeur des biens durables
parables. neufs acquis par les unités de production
L’agrégat de premier rang est le produit pour être utilisés pendant au moins un an
intérieur brut (PIB) qui est un indicateur du dans leur processus de production. L’inves-
flux de production de biens et services réalisé tissement immatériel est imparfaitement
au cours d’une année ou sur un trimestre. Il pris en compte (logiciels d’entreprise par
est évalué aux prix de marché par la somme exemple).
des valeurs ajoutées des différents secteurs
institutionnels résidents, ou par la somme Les évaluations en valeur et en volume
des emplois finals intérieurs (les importations Toutes les grandeurs de la comptabilité
sont déduites), ou par la somme des emplois nationale sont évaluées « en valeur » (ou à
inscrits dans le compte d’exploitation prix courants).
(somme des revenus primaires distribués). Le ––Les échanges sont évalués en utilisant
taux de croissance économique est mesuré les prix effectivement pratiqués. Le prix
par la variation du PIB en volume. Le PIB par perçu par le producteur n’est pas celui payé
habitant (PIB par tête) est un indicateur du par l’acquéreur puisque le bien (ou le ser-
niveau de vie. vice) doit être transporté et commercialisé
Le revenu national disponible brut est par des intermédiaires qui prélèvent des
déduit du PIB en soustrayant le solde net des marges et il doit en général supporter des
revenus primaires avec le Reste du monde et impôts sur les produits (taxe sur la valeur
en ajoutant le solde des transferts courants ajoutée, par exemple) et reçoit parfois des
avec le Reste du monde. Le revenu national subventions.
n’étant pas un concept de production mais ––Lorsque des biens ou services produits
de revenu, il est plus significatif de l’exprimer ne sont pas échangés, on les valorise aux
en termes nets, c’est-à-dire après déduction prix pratiqués pour les échanges portant sur
de la consommation de capital fixe. des biens ou services de même nature, tel
La consommation finale totale est aussi un est le cas des services de logement que se
agrégat important permettant d’évaluer l’uti- rendent les propriétaires occupants.
Lorsqu’il n’existe pas d’échanges pour
lisation de biens et services par les ménages
ces biens, on utilise souvent par défaut
et les administrations.
les coûts de production. C’est le cas des
La comptabilité nationale distingue la
services non marchands produits par les
consommation finale des ménages et la
administrations publiques. Par ailleurs, des
consommation finale des administrations.
méthodes d’évaluation indirectes sont utili-
Par convention, les dépenses de consom-
sées pour évaluer certains services qui sont
mation finale des administrations publiques
réellement produits et consommés mais qui
individualisables sont traitées comme des ne sont pas facturés en tant que tels c’est
dépenses de consommation individuelles. le cas des services d’intermédiation finan-
La part socialisée de la consommation cière indirectement mesurés (SIFIM). Les
conduit à différencier : intérêts versés et reçus par les agents éco-
––la consommation finale effective des nomiques sont désormais nets de la marge
ménages qui est une norme européenne des institutions financières.
utilisée pour comparer les niveaux de vie ; L’évolution du PIB en valeur n’est pas en
––la dépense de consommation finale soi une information suffisante ; pour évaluer
des ménages après déduction des dépenses la croissance, seule compte vraiment l’évo-
prises en charge par les administrations lution en volume (ou à prix constants).
publiques (remboursements des dépenses Pour l’obtenir, on retranche de la mesure en
de santé, etc.). valeur l’impact des variations de prix.
97
Comptabilité nationale
Les systèmes de comptabilité nationale services finaux produits par une économie,
sont confrontés aux effets des transformations ou la distribution du revenu national. De ce
dynamiques de l’économie, à l’intensité et aux fait, ils ne sont pas des outils d’évaluation
formes du progrès technique. Dans les éco- du bien-être économique et de sa varia-
nomies marchandes, le prix est un indicateur tion. Dès 1949, S. Kuznets s’intéressait aux
de la valeur. La hausse des prix des biens doit « coûts gonflés de la civilisation urbaine » qui
être interprétée avec prudence car la trans- incluent les services bancaires entraînés par
formation permanente des caractéristiques l’appartenance à une économie monétaire,
des produits introduit un biais. Les nouveaux les cotisations syndicales, les coûts liés à la
ordinateurs, par exemple, ont des perfor- vie dans les villes etc. Or, les agrégats de la
mances nettement plus élevées, ce qui, à prix comptabilité nationale sont souvent confon-
constants, signifie une plus grande valeur. dus par les médias avec la « réalité » éco-
En conséquence, le prix des ordinateurs nomique : l’instrument de mesure est alors
baisse beaucoup plus vite que ne le montrent assimilé au réel : la « richesse » est identifiée
les étiquettes puisque leur qualité augmente. au produit intérieur brut. Comme pour toutes
les données statistiques, l’interprétation des
Les limites de la comptabilité comptes nationaux suppose un certain recul
nationale critique.
Par ailleurs, un certain nombre de pro-
Comptabilité nationale et choix théoriques
blèmes techniques se posent et il faut les
K. Marx (1818-1883) a rendu hommage à garder à l’esprit en prenant connaissance
l’école physiocratique et plus particuliè- des résultats :
rement au tableau économique des phy- ––des marges d’erreurs statistiques sont
siocrates qui montre l’interdépendance des inévitables. Elles sont très variables selon les
différentes classes sociales et qui représente grandeurs mesurées, les pays et les époques ;
l’économie comme un ensemble de flux. ––des effets de l’inflation. Certaines statis-
La comptabilité nationale est fortement ins- tiques sont données en valeur et d’autres en
pirée à l’origine par la logique keynésienne volume, or l’utilisation de données en valeur
et par la nécessité de fournir les informations rend les comparaisons dans le temps diffi-
nécessaires à la conduite de la politique éco- ciles puisque les mesures sont influencées
nomique. Même si la mesure des stocks a été par les variations de prix. Les données en
développée, la comptabilité nationale reste
volume « déflatées » permettent des compa-
pour l’essentiel une approche en termes de
raisons à moyen terme, mais elles supposent
circuit monétaire de production.
une bonne évaluation de l’effet qualité ;
À l’origine, la comptabilité nationale a pri-
––de l’évolution des prix relatifs. Les prix
vilégié la mesure des activités marchandes
des différentes catégories de biens n’évo-
mais, même si des progrès restent à faire,
luent pas au même rythme.
la prise en compte des activités publiques
––des difficultés des comparaisons inter-
non marchandes, de l’économie sociale, des
nationales d’agrégats de pays à structures
questions environnementales s’est progressi-
économiques différentes. En principe, les
vement développée. De plus, parallèlement à
comparaisons entre pays sont « normali-
la comptabilité nationale, les organismes sta-
sées » dans le cadre des organisations inter-
tistiques ont construit des indicateurs sociaux,
nationales (Organisation des Nations unies,
au point que l’on n’hésite plus aujourd’hui à
OCDE, UE…). Les variations des taux de
parler d’une économie du bonheur.
change perturbent fortement les comparai-
sons ; on tente alors de calculer les PIB à par-
Le degré de fiabilité tir de taux de change calculés en parité de
de la comptabilité nationale pouvoir d’achat (PPA), c’est-à-dire en tenant
Les systèmes de comptabilité nationale ont eu compte du pouvoir d’achat interne pour évi-
initialement pour objectif la mesure la plus ter l’impact des fluctuations de l’instrument
objective possible de la valeur des biens et de mesure (le dollar des États-Unis).
98
Comptabilité nationale
99
Compte courant
100
Comptes nationaux
101
Comptes nationaux
Emplois Ressources
Compte de production
Consommation intermédiaire
Production au prix de base
Valeur ajoutée brute/nette au prix de base
Compte d’exploitation
Rémunération des salariés
Autres impôts sur la production
Subventions d’exploitation Valeur ajoutée brute/nette
Excédent brut/net d’exploitation/
Revenu mixte
Compte d’affectation des revenus primaires
Intérêt, dividendes, autres revenus de la propriété Excédent brut/net d’exploitation/Revenu mixte
Rémunérations des salariés
Impôts sur la production et les importations
Subventions
Solde brut/net des revenus primaires Revenus de la propriété
Compte de distribution secondaire du revenu
Impôts courants sur le revenu et le patrimoine Solde brut/net des revenus primaires
Cotisations sociales Impôts courants sur le revenu et le patrimoine
Prestations sociales en espèces Cotisations sociales
Autres transferts courants Prestations sociales en espèces
Revenu disponible brut/net Autres transferts courants
Compte de redistribution du revenu en nature
Transferts sociaux en nature Revenu disponible brut/net
Revenu disponible brut/net ajusté Transferts sociaux en nature
Compte d’utilisation du revenu
Revenu disponible Revenu disponible ajusté
Emplois Ressources Emplois Ressources
Dépense de consommation Consommation finale
Revenu disponible Revenu disponible
finale effective
brut/net brut/net ajusté
Épargne brute/nette Épargne brute/nette
Compte des variations de la valeur nette dues à l’épargne et aux transferts en capital
Épargne nette
Variation de la valeur nette due à l’épargne
Transferts en capital reçus
et aux transferts en capital
Transferts en capital versés
Compte des acquisitions d’actifs financiers
Formation brute de capital fixe
Consommation de capital fixe
Variation des stocks
Variation de la valeur nette due à l’épargne
Acquisitions moins cessions d’objets de valeur
et aux transferts en capital
Acquisitions moins cessions d’actifs
non financiers non produits
Capacité (+) / Besoin (-) de financement
102
Concentration verticale
103
Concept
Les objectifs sont de sécuriser les approvision guidance, Hypothèse d’instabilité financière, Politique
nements et les débouchés, en particulier lorsque monétaire non conventionnelle, Stabilité financière
les coûts de transaction sont élevés, ou encore de
protéger sa technologie.
Ü Entreprises et système productif Concurrence
Actif spécifique, Concentration conglomérale, Concen- La concurrence désigne une situation de marché
tration horizontale, Coûts de transaction, Trust dans laquelle il existe une « compétition » entre
vendeurs et entre acheteurs. Cette compétition
peut porter sur les prix, les caractéristiques d’un
Concept produit, les parts de marché, etc. Les théories
Un concept est une représentation mentale d’un économiques appréhendent la concurrence de
objet concret ou abstrait, d’une relation, d’une façon différente.
propriété (concept d’entreprise, concept de mode Au xviiie siècle, l’école physiocratique préconise
de production, concept d’élasticité prix…). Un le fameux « laissez faire les hommes, laissez passer les
concept peut être défini en extension ou en com- marchandises », expression de V. de Gournay (1712-
préhension. 1759). En France, Turgot tente d’appliquer la doc-
À Il ne faut pas confondre concept et notion. Une trine des physiocrates et libéralise le commerce des
notion relève souvent du sens commun, sa défini- grains. Pour A. Smith (1723-1790), fondateur de
tion est imprécise. Un concept est défini de façon l’école classique, la concurrence est à l’origine de la
rigoureuse, généralement en relation avec d’autres main invisible du marché en rendant compatibles
concepts au sein d’une théorie. Par exemple, la les décisions individuelles et l’intérêt général.
notion commune d’exploitation est très différente Ces conclusions seront reprises et formalisées par
du concept d’exploitation chez K. Marx (1818- la théorie néoclassique dans le cadre du modèle de
1883). Un concept est donc toujours problématisé. concurrence pure et parfaite : l’équilibre géné
Ü Épistémologie économique ral est un optimum de Pareto. La démonstration
Théorie économique néoclassique repose néanmoins sur une analyse sta-
tique, une absence de prise en compte du temps et
l’hypothèse d’information parfaite.
Concours de beauté Pour K. Marx (1818-1883), la concurrence
(beauty contest game) caractérise fondamentalement le mode de produc
tion capitaliste. Cette opposition entre capitalistes
Le concours de beauté est une métaphore utilisée génère des contradictions et conduit à un accrois-
par J. M. Keynes dans Théorie générale de l’emploi, sement de la concentration des entreprises et à la
de l’intérêt et de la monnaie (1936) pour rendre baisse tendancielle du taux de profit. La concur-
compte du comportement des opérateurs sur les rence est une source d’instabilité économique : à
marchés financiers. l’encontre des thèses sur l’autorégulation du mar-
Le principe du concours de beauté de Keynes est ché, Marx met en avant le caractère endogène des
le suivant : les participants doivent deviner parmi les crises économiques qui résultent d’une suraccu
six visages présentés dans la presse celui qui obtien- mulation de capital.
dra le plus de suffrages. Les joueurs ne sont donc Pour l’École autrichienne, la concurrence est
pas incités à répondre en fonction de leurs préfé- un processus analysé dans un cadre d’information
rences individuelles mais en anticipant les choix des imparfaite. L’incertitude caractérise ainsi fonda-
autres participants. Transposée aux marchés finan- mentalement les actions des agents économiques.
ciers, cette métaphore permet d’expliquer l’instabi- Le marché est alors conçu comme un processus de
lité financière et notamment l’existence de bulles découverte de l’information et les prix deviennent
spéculatives. Les agents sur les marchés financiers des mécanismes de transmission de cette informa-
peuvent en effet acheter un titre qu’ils savent suré- tion. Il y a concurrence dès qu’il y a libre entrée
valué s’ils anticipent que le cours va continuer sur le marché et dès lors que les agents sont libres
à monter (puisque c’est l’opinion majoritaire). de modifier leur comportement pour s’adapter aux
Les approches en termes de concours de beauté changements incessants des conditions de produc
conduisent à prêter attention à la diffusion de l’in tion et des préférences des consommateurs. À la
formation sur les marchés financiers et soulignent différence du modèle walrassien où la concurrence
l’importance d’une hétérorégulation de ceux-ci. pure et parfaite conduit à un équilibre statique, la
Ü Finances internationales conception autrichienne considère que la concur-
Anticipations auto-réalisatrices, Comportements rence permet de réguler les déséquilibres perma-
mimétiques, Coordination des anticipations, Forward nents engendrés par le fonctionnement du marché.
104
Concurrence praticable (workable competition)
Cette conception se retrouve chez J. A. Schum- travaux d’E. H. Chamberlin (1899-1967) et de
peter (1883-1950) pour qui l’innovation est le J. Robinson (1903-1983).
principal vecteur de la concurrence entre firmes À Ne pas confondre imperfection de la concurrence
dans un contexte d’incertitude. Le processus et défaillance du marché.
concurrentiel et la recherche du profit conduisent Ü Marchés et prix
les firmes à rechercher des positions de monopole Barrières à l’entrée, Cartel, Concurrence monopolis-
grâce à l’innovation. Ce monopole est néanmoins tique, Monopole, Oligopole, Nouvelle microéconomie,
temporaire car les autres firmes finissent par imiter Pouvoir de marché
la firme innovatrice.
Les analyses de la concurrence de la nouvelle
microéconomie font référence à la rationa Concurrence monopolistique
lité limitée et à des situations de concurrence Il y a concurrence monopolistique sur un marché
imparfaite. Selon la nouvelle microéconomie, les lorsqu’il y a différenciation des produits et un
comportements individuels rationnels peuvent grand nombre d’offreurs. L’hypothèse d’homo-
conduire à des déséquilibres durables, ce qui généité du produit caractéristique de la concur
contredit la main invisible. rence pure et parfaite est donc abandonnée.
Ü Marchés et prix E. H. Chamberlin (1899-1967) et J. Robinson
Commissaire-priseur walrasien, Concurrence mono- (1903-1983) ont énoncé en 1933 les bases théo-
polistique, Concurrence praticable, Coordination, riques de la concurrence monopolistique.
Destruction créatrice, Dilemme du prisonnier, Écono- Dans ce modèle, chaque firme offre un produit
mie de l’information, Marché contestable, Opportu- qui lui est spécifique, se trouvant ainsi en situa-
tion de monopole, mais un monopole relatif dans
nisme, Pouvoir de marché, Rationalité économique,
la mesure où les concurrents offrent des produits
Régulation, Théorie des jeux, Théorie néoclassique
similaires, bien que différents. Les producteurs
disposent alors d’une certaine latitude pour déter-
Concurrence fiscale miner le prix et la quantité offerte puisque la dif-
férenciation du produit réduit l’élasticité-prix de
La concurrence fiscale consiste pour les États et les la demande.
collectivités territoriales à diminuer les taux d’im À La concurrence monopolistique conduit à une seg-
position ou à exonérer certaines bases d’imposition mentation des marchés et la concurrence s’exerce à
afin d’attirer sur leur territoire les activités écono- l’intérieur d’un segment ou entre segments proches.
miques et les résidents (en général fortunés). Si ce Ainsi, sur le marché automobile, la concurrence
comportement est rationnel au niveau d’un État s’exerce entre petites voitures ou bien entre voitures
ou d’une collectivité, l’effet global est généralement petites et moyennes.
considéré comme négatif en raison de deux méca- Ü Marchés et prix
nismes : Concurrence imparfaite, Pouvoir de marché
––d’une part, les États voient progressivement
leurs ressources diminuer, ce qui les pousse soit à
réduire leur intervention, soit à s’endetter ; Concurrence parfaite
––d’autre part, la charge fiscale pèse de plus en La concurrence parfaite est une expression prove-
plus lourdement sur les activités les moins mobiles nant de la traduction du vocabulaire économique
(travail peu qualifié, activités de services). anglais qui tend à se substituer à celle de concur
Ü Économie publique, Mondialisation, Politique écono- rence pure et parfaite traditionnellement utilisée
mique en France.
Dumping, Équité fiscale, Fiscalité optimale, Paradis Marchés et prix
fiscaux, Taux de pression fiscale, Zone franche
Concurrence praticable
Concurrence imparfaite (workable competition)
La concurrence est dite imparfaite lorsqu’une des La concurrence praticable ou concurrence viable,
cinq conditions au moins de la concurrence pure désigne une situation de marché où l’intensité de
et parfaite n’est pas vérifiée. la concurrence demeure suffisante malgré l’écart
L’analyse de la concurrence imparfaite a été entre cette situation et la norme du modèle de
initiée au xixe siècle par les travaux sur le mono concurrence pure et parfaite.
pole d’A. Cournot (1801-1877) et de J. Bertrand La concurrence praticable peut donner lieu à
(1822-1900), puis dans les années 1930 par les des pratiques commerciales a priori anticoncurren-
105
Concurrence pure et parfaite
tielles mais qui paraissent nécessaires au bon fonc- tain nombre de critères (politiques, économiques,
tionnement du marché. C’est par exemple le cas sociaux, environnementaux). La conditionnalité
lorsque les Autorités de la concurrence acceptent s’est développée au milieu des années 1950 sous
une opération de concentration qui maintient l’impulsion du Fonds monétaire international
une concurrence suffisante, et donc un partage, du (FMI) qui exigeait pour l’octroi de ses finance-
pouvoir de marché. Les politiques de concur ments, la mise en œuvre de réformes réorientant les
rence, en particulier dans le cadre de l’Union euro économies vers plus de libéralisme économique.
péenne, s’en inspirent. Le principe, intégré dans les statuts du FMI en
Ü Marchés et prix
1969, a été mis en œuvre avec la crise de la dette
Abus de position dominante, Collusion, Concurrence
de 1982 et les plans d’ajustement structurel du
imparfaite, Modèle SCP
consensus de Washington. La Banque mondiale
a ensuite fait évoluer la conditionnalité vers de
Concurrence pure et parfaite nouveaux domaines : une conditionnalité environ-
Le modèle de concurrence pure et parfaite remplit nementale, une conditionnalité sociale (réduction
cinq conditions : de la pauvreté) et une conditionnalité politique
––l’atomicité du marché : il doit exister une avec des règles de gouvernance plus démocratique
multitude d’acheteurs et de demandeurs, de taille (respect des droits des femmes et des minorités,
comparable, de telle façon qu’aucun d’entre eux principe anti-corruption).
ne puisse influencer la détermination du prix du Dans les années 1990, la Communauté euro-
bien ; péenne adopte le principe de la conditionnalité
––la fluidité du marché : il faut qu’il y ait une dans les domaines de l’aide publique au dévelop
libre entrée et une libre sortie du marché pour les pement (APD) et de la politique agricole com
agents (absence de barrière à l’entrée) ; mune (PAC). En 2013, le Mécanisme européen
––l’homogénéité du produit : des producteurs de stabilité (MES) accorde un soutien financier
différents offrent sur le marché des produits stricte- aux États membres de l’Union européenne en
ment identiques. Le prix est alors la seule variable
contrepartie de la mise en place de politiques de
qui sera prise en compte par l’acheteur.
consolidation budgétaire.
Ces trois premières conditions définissent la
concurrence pure ; deux autres sont nécessaires Ü Commerce international, Finances internationales,
pour qu’elle soit parfaite : Fluctuations et crises, Mondialisation
––transparence du marché : les offreurs et les Altermondialisme, Crise de l’euro, Dette du tiers-
demandeurs disposent d’une information parfaite monde, Développement durable, Règle d’or, Soutena-
et gratuite sur les conditions du marché et notam- bilité de la dette.
ment sur les prix des biens proposés par tous les
producteurs ;
––mobilité parfaite des facteurs de production Conférence de Gênes
qui doivent pouvoir, à tout moment, se déplacer La conférence de Gênes (1922) est une réunion
du marché d’un bien à celui d’un autre bien. intergouvernementale qui devait examiner, au len-
À Certains auteurs contestent l’expression de concur- demain de la Première Guerre mondiale, de nom-
rence pure et parfaite et lui préfèrent celle de breuses questions politiques et économiques. Sur le
concurrence parfaite. plan monétaire, la conférence de Gênes officialise
À Comme tous les modèles, ce modèle n’est pas réa- la mise en place d’un étalon de change or : la livre
liste, il s’agit d’un type idéal à partir duquel on peut sterling et le dollar sont reconnus comme monnaies
analyser le fonctionnement empirique des marchés.
de réserve et de règlement.
Ü Épistémologie économique, Marchés et prix
À Selon J. Rueff (1896-1978), défenseur de l’éta-
Apurement des marchés, Concurrence, Concurrence
imparfaite, Concurrence monopolistique, Équilibre lon-or, la conférence de Gênes fait entrer l’éco
général, Main invisible, Marché contestable, Mono- nomie mondiale dans « l’âge de l’inflation ».
pole, Oligopole, Optimum de Pareto, Théorie des jeux, À Le système mis en place à la conférence de Gênes
Théorie économique avait pour objectif d’assurer la stabilité des changes,
mais la période de l’Entre-deux-guerres sera mar-
quée par une grande instabilité monétaire.
Conditionnalité Ü Finances internationales
La conditionnalité est le fait de subordonner l’at- Inflation, Monnaie internationale, Système monétaire
tribution d’une aide financière au respect d’un cer- international
106
Confiance
107
Conflit du travail
Dans une perspective différente, M. Aglietta et ––de nouveaux pôles de croissance (marchés
A. Orléan articulent confiance et monnaie, cette potentiels) ;
dernière étant une institution fondatrice des éco- ––un effet de dimension (le poids financier du
nomies marchandes. La confiance n’est pas une groupe facilite un pouvoir de marché) ;
prédisposition psychologique, elle est un lien social ––une opportunité sur les marchés financiers (la
essentiel à l’existence et à la pérennité du système sous-évaluation de certains actifs permet de placer
monétaire. La confiance s’organise en trois formes un excédent de liquidités et de réaliser des plus-va-
hiérarchisées : lues).
––la confiance méthodique est liée à la routine À Cette logique financière s’est inscrite dans le mou-
des affaires économiques quotidiennes. Elle repose vement de concentration des entreprises à la fin
sur la régularité des paiements et des règlements ; des années 1960 alors qu’à la fin de la décennie sui-
––la confiance hiérarchique repose sur la recon- vante, le recentrage sur l’activité productive a été
naissance par les acteurs privés d’une instance plus marqué.
qui leur est supérieure. Il s’agit, dans les systèmes Ü Entreprises et système productif
monétaires contemporains, de la banque cen Analyse stratégique, Concentration conglomérale,
trale. La banque centrale joue le rôle de prêteur Holding, Offre publique d’achat (OPA), Offre
en dernier ressort, en cas de difficultés impor- publique d’échange (OPE)
tantes des banques, comme cela s’est produit à la
suite de la crise des subprimes. Un ébranlement
de la confiance dans la Banque centrale et dans la
Conjecture
monnaie peut provoquer une crise sociale majeure Proposition qui formule une explication ou une
(exemple de l’hyperinflation allemande des relation causale à propos d’un phénomène. Selon
années 1920) ; K. Popper, pour être scientifique, la conjecture doit
––la confiance éthique repose sur l’adhésion des être réfutable et le travail des scientifiques consiste
membres de la communauté de paiements à des à soumettre les conjectures à réfutation.
À On ne peut jamais dire qu’une conjecture est vraie
valeurs supérieures supposées universelles comme
ou vérifiée. Cependant, on peut considérer qu’au
les droits et les libertés individuelles dans les
fur et à mesure qu’une conjecture résiste à des
sociétés actuelles.
épreuves de réfutation, son degré de corroboration
Ü Entreprises et système productif, Marchés et prix,
(ou de verissimilitude) s’élève.
Monnaie
Ü Épistémologie économique
Capital social, Contrat incomplet, Coopération, Causalité, Réfutationnisme, Théorie économique,
Opportunisme, Risque Vérification
108
Conseil européen
de l’entreprise. Le PDG est donc à la fois le direc- et des capitaux, auxquelles s’ajoute la monnaie
teur de l’entreprise et le président du conseil unique. Il est aussi responsable de la coopération
d’administration. Cette double fonction a pour intergouvernementale, en matière de politique
inconvénient majeur de mal dissocier la direction étrangère et de sécurité commune (PESC) et en
et le contrôle de la direction. matière de coopération policière et judiciaire en
En France, depuis 1966, les sociétés anonymes matière pénale.
peuvent choisir une structure alternative qui disso- La présidence du Conseil de l’Union est assu-
cie la direction proprement dite (le directoire) et rée par rotation entre les pays membres tous les
son contrôle (le conseil de surveillance). six mois ; sauf en ce qui concerne le conseil des
Ü Entreprises et système productif ministres des Affaires étrangères, qui est présidé
Capitalisme managérial, Gouvernance d’entreprise, de façon permanente par le Haut-Représentant de
Théorie de l’agence l’Union pour les affaires étrangères.
À Ne pas confondre avec le Conseil européen.
Ü Intégration économique
Conseil d’orientation des retraites Communauté économique européenne, Conseil
Créé en 2000, le Conseil d’orientation des retraites ECOFIN
(COR) est une structure permanente ayant pour
mission essentielle d’assurer le suivi et l’expertise
concertée du système d’assurance vieillesse. Le Conseil de surveillance
COR est un lieu de concertation associant des Le conseil de surveillance est un organe d’experts
parlementaires, des représentants des partenaires choisis par l’assemblée générale des actionnaires
sociaux, des experts et des représentants de l’État. d’une société anonyme. Il est chargé de contrôler
Ses travaux s’attachent notamment à décrire le directoire. Cette forme d’organisation des
les évolutions et les perspectives à moyen et long sociétés anonymes est fréquente en Allemagne.
terme des régimes de retraite obligatoires, au Ü Entreprises et système productif
regard des évolutions économiques, sociales et Conseil d’administration, Gouvernement d’entreprise,
démographiques, et élaborer, chaque année depuis Théorie de l’agence
2014, un rapport fondé sur des indicateurs de suivi
et de pilotage, et au moins tous les cinq ans, des
projections de la situation financière des régimes Conseil ECOFIN (Economic
obligatoires. and Financial Affairs Council)
Ü Protection sociale, Revenus Le Conseil ECOFIN ou Conseil pour les affaires
Coin fiscal, Dépenses publiques, État-providence, économiques et financières réunit au sein de
Fonds de pension, Justice sociale, Politique sociale, l’Union européenne (UE), les ministres des
Prestations sociales, Redistribution, Taux de dépen- Finances des États membres. Il exerce le pouvoir
dance législatif en matière économique et financière, dans
certains cas en codécision avec le Parlement euro-
péen (marché intérieur, libre prestation des ser-
Conseil de l’Union européenne vices, protection du consommateur, établissement
Le Conseil de l’Union européenne, souvent appelé de statistiques). La plupart des décisions sont prises
Conseil des ministres, est le principal centre de à la majorité qualifiée.
décision de l’Union européenne (UE). Il réunit les À Le conseil ECOFIN est l’une des formations du
représentants des gouvernements (ministres). Ces Conseil de l’Union européenne.
derniers font valoir les intérêts des États membres À Ne pas confondre le conseil ECOFIN et l’Euro
et établissent des compromis pour parvenir à une groupe.
décision commune tenant compte des points de Ü Intégration économique
vue du Parlement européen et des parlements Banque centrale européenne (BCE), Commission euro-
nationaux. Le Conseil se réunit dans des forma- péenne, Conseil de l’Union européenne, Eurogroupe
tions différentes selon les sujets traités : conseil des
ministres de l’Agriculture, conseil des ministres des
Finances (ECOFIN), etc. Conseil européen
Le Conseil est chargé de la coordination générale Le Conseil européen réunit les chefs d’État ou
des activités de l’Union européenne dont l’objet de gouvernement des pays membres de l’Union
principal est l’établissement d’un marché unique européenne (UE), le président de la Commission
européen assurant les « quatre libertés » : liberté de européenne et le Haut-Représentant de l’Union pour
circulation des biens, des personnes, des services les affaires étrangères. Véritable centre de décision
109
Consensus de Philadelphie
politique, le Conseil donne les impulsions néces- mettent davantage l’accent sur les principes d’une
saires au développement de l’Union et en définit les bonne gouvernance instaurant une lutte contre la
orientations politiques générales. Il a été institution- corruption et plus de démocratie pour réduire la
nalisé par l’Acte unique européen (février 1986). pauvreté, mieux satisfaire les besoins fondamen-
Le président du Conseil européen est élu par taux et accélérer le développement.
le conseil lui-même pour une durée de 2,5 ans Ü Économie du développement
(renouvelable une fois). Le président représente Conditionnalité, Sous-développement, Soutenabilité
l’Union européenne à l’égard du reste du monde. du développement, Stratégie de développement
À Le Conseil européen ne doit pas être confondu
avec le Conseil de l’Union européenne (Conseil
des ministres) qui réunit les ministres de l’Union. Consentement à payer
Ü Intégration économique Le consentement à payer désigne habituellement le
Communauté économique européenne (CEE) prix de réserve ou prix maximal qu’un consom
mateur accepte de payer pour un bien ou un ser-
vice. Les différences de consentement à payer entre
Consensus de Philadelphie agents économiques sont à l’origine des stratégies
Le consensus de Philadelphie désigne l’idée qui de discrimination par les prix adoptées par cer-
s’est imposée au sein des pays alliés au lendemain taines entreprises.
de la Seconde Guerre mondiale quant à la néces- Le consentement à payer se réfère aussi à l’éco
sité d’une hétérorégulation de l’économie et d’un nomie publique qui s’intéresse au consentement
pilotage conjoint de l’économie et du social. Le à l’impôt des agents économiques.
consensus de Philadelphie tire son nom de la décla- À Le consentement à payer est aussi utilisé par
ration de Philadelphie adoptée lors de la Confé- certaines méthodes d’évaluation des politiques
rence générale de l’Organisation internationale publiques pour vérifier que la politique publique
du travail (OIT) en 1944 qui préconise le déve- envisagée répond à une demande sociale, cette der-
loppement de l’État-providence. nière s’exprimant par le consentement à payer.
Ü Économie publique, Protection sociale, Politique Ü Consommation et épargne, Économie publique,
économique Marché et prix
Bureau international du travail (BIT), Charte de Bien supérieur, Concurrence monopolistique, Fiscalité,
Philadelphie, Redistribution, Transferts sociaux Monopole discriminant, Surplus du consommateur
110
Consommation et épargne
Dans la comptabilité nationale, les services maturité technique et qui peut ainsi assurer au plus
individualisables (enseignement, santé, etc.) sont grand nombre l’accès à un volume de biens et de
enregistrés comme des prestations en nature. services dépassant nettement le niveau de subsis-
Ü Consommation et épargne tance. Ces sociétés se caractérisent également par
Bien collectif, Bien non rival, Consommation élargie, le développement du secteur tertiaire et un élar-
Consommation finale effective des ménages, Consom- gissement de la fonction de répartition de l’État.
mation socialisée Dans la théorie de la régulation, la consomma-
tion de masse est étroitement associée à la produc-
tion standardisée de biens durables. Elle constitue
Consommation de capital fixe le pendant indispensable à la production de masse
La consommation de capital fixe est la déprécia- pour assurer l’équilibre économique du régime de
tion subie par le capital fixe au cours de la période régulation fordiste.
considérée, liée à une usure normale ou à une Ü Consommation et épargne
obsolescence prévisible. Elle doit donner lieu à Fordisme, Mode de régulation, Rapport salarial,
des provisions pour amortissement. Société de consommation
À Ne pas confondre la consommation de capital fixe
et la consommation intermédiaire.
À Le terme « brut » dans les expressions comme pro- Consommation élargie
duit intérieur brut (PIB) ou formation brute de La consommation élargie est une évaluation de la
capital fixe (FBCF) signifie que la consommation de consommation destinée à rendre compte de l’en-
capital fixe n’a pas été soustraite. Quand on la sous-
semble des consommations marchandes ou non
trait de ces grandeurs, leur valeur est dite « nette ».
marchandes des ménages. Elle inclut :
À La consommation de capital fixe peut être mesurée – la consommation finale des ménages ;
par les amortissements. – la part individualisable de la consommation
Ü Capital et investissement, Comptabilité nationale finale des administrations publiques et des ins-
Agrégats, Progrès technique titutions sans but lucratif au service des ménages
(enseignement, santé, action sociale, services
récréatifs, culturels et sportifs).
Consommation de masse Ü Consommation et épargne
La consommation de masse désigne, selon Consommation effective des ménages, Consommation
W. W. Rostow (Les étapes de la croissance écono- socialisée, Dépense de consommation des ménages,
mique, 1960), l’état d’une société parvenue à la Niveau de vie
Consommation et épargne
La consommation et l’épargne sont les deux La consommation finale effective est ainsi
utilisations possibles du revenu disponible la somme des dépenses de consommation
des agents économiques. des ménages et de la partie individualisable
Selon A. Smith (Recherches sur la nature et de la consommation finale des APU et des
les causes de la richesse des nations, 1776), ISBLSM.
« la consommation est l’unique but, l’unique À Les acquisitions et les grosses réparations du
terme de toute production ». logement par les ménages sont comptabili-
La consommation d’un bien ou d’un sées dans les investissements.
service entraîne sa destruction à plus ou À La production de biens et services néces-
moins long terme. La consommation est, site l’utilisation de consommations inter-
par convention, dans la comptabilité natio- médiaires. Ces dernières ne doivent donc
nale une utilisation finale. La consomma- pas être confondues avec la consomma-
tion des ménages concerne des biens et tion finale.
services achetés ainsi que les services non L’épargne est la partie non consommée
marchands produits par les administrations du revenu. Elle peut être thésaurisée ou bien
publiques (APU) et les institutions sans but placée. On retient trois motifs principaux de
lucratif au service des ménages (ISBLSM). l’épargne :
111
Consommation et épargne
112
Consommation et épargne
113
Consommation et épargne
consommation différentes même pour des caractériser par des élasticités-prix et des
revenus proches. De même, pour C. Baude- élasticités-revenu qui découlent de sa fonc-
lot et R. Establet (M. Halbwachs : consom- tion de demande. Toute modification du
mation et société, 1994), « les modes de prix déclenche un effet revenu et un effet
consommation prennent leurs racines dans de substitution qui modifient la combinai-
les exigences de la vie professionnelle ». Les son de biens choisie. Cette analyse permet
normes de consommation singularisent les de démontrer logiquement les deux relations
budgets des ménages selon les catégories fondamentales :
sociales. Lorsque l’ouvrier spécialisé rejoint – la quantité consommée varie en général,
le niveau de consommation qui était celui du en sens inverse du niveau de prix. Certains
cadre plusieurs années auparavant, il conti- biens toutefois échappent à cette logique :
nue d’avoir un budget spécifique, ce qui res- leur consommation peut diminuer lorsque
treint la portée de la loi d’Engel. le revenu s’accroît (biens inférieurs), voire
Les effets de signe sont importants : si on augmenter lorsque le prix s’élève (biens de
porte le « jean » dans toutes les catégories Giffen) ;
sociales, certains proviennent des boutiques – la quantité consommée varie dans le
de luxe et portent des griffes prestigieuses même sens que le revenu (sauf pour les
alors que d’autres sont issus des rayons des biens inférieurs).
hypermarchés. La prise en compte du temps conduit à uti-
En conséquence, des groupes de consom- liser des modèles d’arbitrage intertemporel
mateurs peuvent rechercher le prix le plus dont I. Fisher (Théorie de l’intérêt, 1930) a
bas pour certains biens, se focaliser sur la été l’initiateur. L’arbitrage entre une consom-
fonctionnalité des produits pour d’autres mation présente et future est alors fonction
biens, être attachés à la représentation des taux d’intérêt et des préférences du
symbolique et à l’univers créé au fil des ans consommateur (intensité plus ou moins forte
par les marques pour d’autres biens. de la préférence pour le présent).
Dans la mesure où le consommateur
Approches théoriques place son épargne, une augmentation du
de la c onsommation taux d’intérêt provoque deux effets :
– un effet revenu qui stimule sa consom-
Approche microéconomique mation (accroissement du revenu des place-
de la consommation ments) ;
Dans le modèle néoclassique de base, les – un effet de substitution qui pousse le
choix des consommateurs sont subjectifs. consommateur à épargner davantage (et
Le consommateur est considéré comme un donc à diminuer sa consommation).
agent rationnel (homo œconomicus) dont les L’évolution de la consommation qui
préférences lui permettent de classer diffé- résulte d’une hausse (ou d’une baisse du
rents paniers de biens auxquels il consacre la taux d’intérêt) dépend de la combinaison de
totalité de son budget. Ce consommateur est ces deux effets.
souverain (aucun obstacle ne limite la libre La théorie du cycle de vie, introduite
expression de ses préférences sur le mar- en 1954 par A. Ando, R. Brumberg et
ché). Il choisit la combinaison de biens qui F. Modigliani (1918-2003, prix Nobel 1985)
maximise son utilité compte tenu des prix et considère que les choix de consommation
de son revenu (sa contrainte budgétaire est s’opèrent en prenant en compte la totalité de
représentée par une droite de budget). En la durée de vie des individus. Les individus
conséquence, l’équilibre du consommateur cherchent à maintenir un niveau de consom-
correspond à un maximum de satisfaction mation constant tout au long de leur vie, ce
sous la contrainte de budget (cela conduit qui les conduit à s’endetter dans leur jeu-
à l’égalisation du rapport des utilités margi- nesse (consommation supérieure au revenu)
nales des biens pondérées par leur prix). et à constituer un patrimoine lorsqu’ils sont
Le comportement du consommateur vis- adultes. Dans la phase de vieillesse, les indi-
à-vis des différents biens et services peut se vidus ont à nouveau une consommation
114
Consommation et épargne
supérieure à leur revenu, ce qui n’est possible individuels mais au niveau du ménage. Le
qu’en désépargnant. Le niveau de consom- travail féminin augmente les revenus du
mation ne dépend pas seulement du revenu ménage et pousse à utiliser des biens d’équi-
courant mais aussi des stratégies patrimo- pement et des services économisant le temps
niales (endettement et ou acquisitions d’ac- (lave-vaisselle, produits surgelés et services
tifs réels et financiers). de restauration, etc.).
M. Friedman (A Theory of the Consomp- Dans une optique voisine, la théorie
tion Function, 1957) distingue une consom- présentée par K. J. Lancaster (1924-1999)
mation permanente (valeur des biens et considère que le consommateur cherche à
services qu’un agent économique prévoit de satisfaire des besoins qui sont stables (par
consommer durant une période considérée, exemple l’alimentation ou le transport) à tra-
compte tenu de l’ensemble des facteurs qui vers l’utilisation de services rendus par les
déterminent son revenu et son patrimoine) et biens (par exemple, de la « viande » ou « une
une consommation transitoire. Le consom- voiture »). Les biens sont alors des facteurs de
mateur peut subir des « chocs » de revenus production de satisfactions. Chaque produit
définitifs (une baisse du revenu permanent offre une combinaison de caractéristiques
liée à une modification de la fiscalité des (par exemple pour une voiture, la vitesse,
revenus par exemple) et d’autres « chocs » le confort, le nombre de places, la sécurité,
plus transitoires (le revenu courant varie l’esthétique, la ligne, etc.) et chaque caracté-
sans affecter le revenu futur, par exemple en ristique se retrouve à des degrés divers dans
raison d’une maladie, d’un accident, etc.).
plusieurs produits différents.
Friedman considère que le revenu permanent La fonction de production de satisfaction
est le déterminant principal de la consom- spécifique à chaque consommateur privi-
mation, ce qui lui permet d’expliquer que légie certaines caractéristiques des biens
les variations de la propension à consommer (un manteau de fourrure peut être pour un
soient moins importantes qu’on aurait pu le consommateur un moyen de lutter contre le
penser en observant les variations du revenu froid et pour un autre un élément d’osten-
courant. tation). La multiplication des nouveaux pro-
G. Stigler (prix Nobel 1982) et G. Becker duits arrivant sur le marché devient le reflet
(prix Nobel 1992) ont orienté l’analyse de la de la diversité des préférences des consom-
consommation vers une approche où l’achat mateurs et ces préférences ne sont plus
d’un bien ou d’un service ne constitue plus stables. Un nouveau bien, dans la mesure
un acte économique final. Dans le modèle où il est acheté, peut conduire à supprimer
proposé par G. Becker en 1965, le consom- l’achat d’un autre. Mais la consommation
mateur apparaît comme le producteur de sa implique aussi des coûts d’information sur
propre satisfaction. Son comportement est les caractéristiques, sur la technologie et une
similaire à celui d’une entreprise : il se rend à certaine prise de risque comme l’assume un
lui-même des services en combinant une cer- entrepreneur (on parle parfois du consom-
taine quantité de biens ainsi que du temps. mateur-entrepreneur).
Le temps est une ressource rare dont le prix
s’élève avec la rémunération de l’heure de
travail, son utilisation a donc un coût d’op- Approche macroéconomique
portunité. Logiquement, le consommateur de la consommation
va chercher à économiser le temps dont le L’analyse de J. M. Keynes (1883-1946) repose
prix s’élève, ce qui l’incite à faire un arbitrage sur un raisonnement macroéconomique. Les
en faveur des consommations économes en principaux déterminants de la consomma-
temps et dispendieuses en produits (produits tion sont, dans l’optique keynésienne, des
jetés et non réparés, abandon des jardins facteurs objectifs comme le patrimoine et
familiaux des agriculteurs, cantine, etc.). Pour le revenu. Mais comme Keynes raisonne à
rendre compte de l’évolution de la structure court terme, il insiste surtout sur le revenu
de la consommation selon Becker, l’analyse national, dont dépend la propension à
doit se situer non pas au niveau des choix consommer. La consommation devient
115
Consommation et épargne
une grandeur passive. Elle suit une loi psy- lité de la consommation. Cette analyse sera
chologique fondamentale : la consomma- nuancée par Th. Brown en 1952 qui introduit
tion croît avec le revenu mais « non d’une un effet d’inertie plutôt qu’un effet d’irréver-
quantité aussi grande que l’accroissement sibilité. Ce n’est pas le seul revenu présent
du revenu ». Conformément à cette loi, une qui joue dans la consommation, l’influence
hausse du revenu national doit s’accompa- du passé doit aussi être prise en compte en
gner d’une baisse de la propension moyenne ajoutant au revenu, la consommation de la
à consommer et d’une hausse de la propen- période précédente. Cela revient à intégrer
sion moyenne à épargner. À long terme, l’en- un coefficient d’inertie de la consommation
richissement de la société se traduit par une (coefficient qui est compris entre 0 et 1) qui
hausse de l’importance relative de l’épargne. rend ainsi compte du fait que la propension
Les économies de marché se caractériseraient marginale à consommer de longue période
ainsi par une tendance à la sous-consomma- est supérieure à celle de courte période.
tion et donc au sous-emploi. Par ailleurs, un certain mimétisme social
Au cours des années 1940, différentes ana- (effet d’imitation) joue positivement sur la
lyses statistiques ont cherché à vérifier cette propension à consommer. Les classes moyen
approche. Les études se sont appuyées sur nes vont tenter de se rapprocher de la
deux types de données statistiques : consom mation des couches supérieures
––celles portant sur des séries de coupes (cela est proche de l’effet Veblen).
instantanées indiquant le niveau de consom-
mation atteint à un moment donné par les Épargne et taux d’intérêt
ménages dans chaque classe de revenu. Les
résultats ont bien confirmé que la consom- Taux d’intérêt et épargne des ménages
mation augmente avec le revenu, mais que la Dans la théorie néoclassique, l’épargne est
propension moyenne à consommer diminue une abstinence volontaire de consommation
lorsque le revenu augmente ; qui est récompensée par une rémunération
––celles portant sur l’évolution au cours (et non un simple résidu comme dans la
du temps de la consommation globale et du conception keynésienne). Le taux d’intérêt
revenu disponible global. S. Kuznets (prix détermine ainsi l’épargne à travers le par-
Nobel 1971) observe à partir du cas des États- tage entre la consommation présente et la
Unis de 1879-1888 et 1919-1928 une stabi- consommation différée. Une hausse du taux
lité de la propension moyenne à consommer d’intérêt réel incite les individus à reporter
et une stabilité de la part de l’épargne dans le à plus tard leur demande de biens ou de
revenu national malgré l’important accrois- services, mais les effets de l’arbitrage inter-
sement du revenu par tête au cours de cette temporel sont contradictoires :
période. Ce résultat est contradictoire avec la ––d’un côté, la hausse des taux d’intérêt
conception keynésienne d’un accroissement stimule l’effort d’épargne à travers la force
de la propension à épargner à mesure que le de l’effet de substitution lié à une meilleure
revenu s’élève. rémunération ;
Pour réconcilier ces résultats contradic- ––d’un autre côté, une épargne mieux
toires sur la propension à consommer en rémunérée dissuade l’effort d’épargne
coupe instantanée et en dynamique, plu- puisqu’elle permet d’obtenir un revenu équi-
sieurs orientations ont été explorées. valent avec un effort d’épargne plus faible
J. Duesenberry (1918-2009), en 1948, (effet revenu).
propose une fonction de consommation qui Il y a donc a priori incertitude sur le résul-
intègre l’influence du contexte social sur la tat. L’arbitrage intertemporel dépend donc
consommation. Les habitudes de consom- du taux d’intérêt mais aussi de la préférence
mation persistent en courte période même pour le présent (sous l’effet de variables psy-
lorsque les revenus déclinent. Les consom- chologiques les agents accordent plus ou
mateurs tendent à défendre le niveau de vie moins d’importance à la satisfaction immé-
précédemment atteint, il y aurait ainsi un effet diate par rapport à une satisfaction diffé-
de cliquet, qui s’apparente à une irréversibi- rée). Avec le mouvement de libéralisation
116
Consommation et épargne
financière des années 1980, l’épargne serait récession, les recettes fiscales ralentissent
devenue plus sensible au niveau des taux alors que les dépenses publiques augmen-
d’intérêt réels. Mais les études économé- tent ce qui creuse le déficit). Le théorème
triques montrent que l’effet de substitution est d’équivalence Ricardo-Barro, met en rela-
faible et l’épargne réagit mal aux variations tion la désépargne publique avec la montée
du taux d’intérêt. de l’épargne privée : dans les pays où les
Dans la théorie keynésienne, l’épargne administrations publiques s’endettent, les
et la consommation, sont des fonctions du ménages anticipent une hausse des prélè
revenu et non du taux d’intérêt. Celui-ci ne vements obligatoires.
permet que de départager l’épargne thésauri-
sée (résultant de la préférence pour la liqui- Épargne des ménages,
dité) et l’épargne placée. Une hausse du taux patrimoine et endettement
d’intérêt favorise l’épargne placée au détri-
ment de l’épargne thésaurisée, mais n’aug- Épargne des ménages et patrimoine
mente pas le volume global de l’épargne. La plupart des analyses s’accordent
aujourd’hui pour considérer que les varia-
Taux d’intérêt et épargne des entreprises tions du taux d’épargne doivent être insérées
dans une analyse plus large du comporte-
L’épargne des entreprises est d’une autre
ment patrimonial.
nature puisque l’entreprise dépense non pour
Selon l’effet d’encaisse réelle, lorsque l’in-
consommer mais pour investir. Dans la théo-
flation s’accroît, les ménages s’efforcent de
rie néoclassique, l’entreprise emprunte les
maintenir la valeur réelle de leurs réserves ;
capitaux nécessaires à son investissement sur
ils augmentent alors leur épargne et inverse-
le marché des fonds prêtables. Une hausse des
ment. Cette analyse permet de comprendre
taux d’intérêt incite les entreprises à renoncer
pourquoi la désinflation s’est accompagnée
aux projets d’investissement dont les revenus
d’une diminution du taux d’épargne.
attendus, actualisés au taux d’intérêt réel du
Si l’on suppose qu’un ménage s’efforce
marché, ne couvrent pas la dépense initiale.
au minimum de conserver la valeur réelle
En comptabilité nationale, l’épargne brute
de son patrimoine, il oriente ses décisions
des sociétés non financières est ce qui reste
d’épargne de telle sorte que la valeur nomi-
de l’excédent brut d’exploitation après paie-
nale moyenne du patrimoine augmente à
ment de l’impôt sur les sociétés, des inté-
un rythme au moins égal à celui du niveau
rêts et des dividendes nets versés. Le taux
général des prix. Si la valeur du patrimoine
d’épargne des entreprises (épargne brute des
tend à baisser, la consommation baisse et le
entreprises sur valeur ajoutée) exprime leur
taux d’épargne augmente. Une augmenta-
capacité d’autofinancement. Les entreprises
tion de la valeur du patrimoine tend à faire
peuvent utiliser leur épargne pour financer
baisser le taux d’épargne (la consommation
des investissements de remplacement, de
augmente).
modernisation ou de croissance.
Les modèles qui reposent sur une hypo-
thèse de comportement dynastique de
Taux d’intérêt et épargne l’agent, qui transmet un patrimoine à ses des-
des administrations publiques cendants, considèrent que le taux d’épargne
L’épargne des administrations dépend du assure un certain montant de legs. Dans le
solde budgétaire : l’État prélève des impôts modèle Ricardo-Barro, les ménages plani-
qui servent au financement des dépenses fient rationnellement leur arbitrage consom-
publiques, et la différence constitue son mation-épargne sur la base d’un altruisme
épargne. La relation entre l’épargne des intergénérationnel et de marchés financiers
administrations publiques et l’épargne privée parfaits. Ils vont donc accroître leur épargne
est complexe. quand l’endettement public augmente,
Le solde budgétaire, non corrigé des varia- car ils anticipent une hausse des impôts et
tions conjoncturelles, intègre les effets des ne veulent pas que celle-ci ampute la valeur
stabilisateurs automatiques (en période de du legs qu’ils feront à leurs héritiers.
117
Consommation et épargne
Les droits à une pension de retraite sont des prix relatifs et du taux d’inflation. Les
aussi un élément du patrimoine d’un agent. effets de richesse consécutifs à une variation
Dans un article célèbre de 1973 (Social Secu- du prix des actifs financiers (actions, obli-
rity, Induced Retirement, and Aggregate Capi- gations) ou de la richesse non financière
tal Accumulation), M. Feldstein faisait valoir (prix des actifs immobiliers) agissent sur le
que contrairement au régime de retraite par taux d’épargne. Le volume de l’épargne de
répartition, les régimes de retraite par capi- précaution peut être sensible au risque d’il-
talisation stimuleraient l’épargne dans la liquidité en liaison avec les difficultés anti-
mesure où le montant de la retraite de l’agent cipées pour emprunter.
apparaît directement lié à son effort person- Les modifications des comportements
nel d’épargne. Il concluait que le système d’épargne s’expliqueraient par les adapta-
de retraite par répartition en vigueur aux tions des ménages à un environnement qui
États-Unis réduisait de 50 % environ le taux s’est considérablement modifié avec la libé-
d’épargne des ménages et de 38 % le stock ralisation financière. L’épargne et l’endette-
de capital national. Mais on a objecté que ment paraissent partiellement substituables.
l’épargne n’augmente que pendant la phase
de constitution des régimes par capitalisa- Relation épargne-investissement
tion ; une fois ceux-ci parvenus à maturité, au niveau macroéconomique
l’épargne des travailleurs est égale aux pen- Depuis le début de l’économie politique, le
sions versées aux retraités et la répartition rôle de l’épargne est au cœur de l’analyse
comme la capitalisation sont à la merci de économique. En effet, l’épargne a toujours
chocs macroéconomiques, démographiques été pensée en relation avec l’accumulation
et politiques. À long terme dans une perspec- du capital qui est elle-même au cœur de la
tive macroéconomique, les deux systèmes dynamique économique. Ainsi, deux points
aboutissent à un résultat équivalent. En effet, de vue s’opposent sur le rôle de l’épargne
quel que soit le système (retraite par réparti- dans l’économie.
tion ou retraite par capitalisation), les retraites
représenteront toujours une partie du produit
L’insuffisance de l’épargne
national de la période où elles seront versées.
entrave la croissance économique
Mais l’inquiétude sur le financement des
régimes de retraite est un facteur de hausse L’insuffisance de l’épargne est, dans l’ana-
de l’épargne. En France, l’assurance-vie appa- lyse libérale, l’un des facteurs explicatifs de
raît comme un substitut à l’épargne constituée la faiblesse de l’investissement. L’épargne
sous forme de cotisations à des fonds de pen- constitue une offre de fonds prêtables qui
sion dans d’autres pays. est confrontée à la demande de fonds des
entreprises qui désirent investir, elle est
indispensable à un financement sain de l’in-
Taux d’épargne des ménages,
vestissement.
prix des actifs et endettement Selon la loi de Say, l’épargne est automa-
Plusieurs facteurs ont été évoqués pour tiquement placée pour financer des investis-
rendre compte de l’évolution des comporte- sements et « les produits s’échangent contre
ments des ménages en France : des produits ». L’impossibilité des surproduc-
––la désinflation qui permet de moins épar- tions générales dans une économie moné-
gner ; taire revient à considérer la monnaie comme
––les taux d’intérêt réels élevés des un simple intermédiaire des échanges. Une
années 1980 ; hausse de l’épargne a un effet positif : elle
––le développement d’une épargne de pré- fait baisser le taux d’intérêt, ce qui est favo-
caution avec les inquiétudes suscitées par rable à l’investissement.
l’avenir des retraites et la persistance d’un Les modèles néoclassiques de croissance
niveau élevé du chômage ; (modèle de Solow) font référence à un taux
––les plus-values ou des moins-values pro- d’épargne optimal qui correspond à une
voquées par les variations de la structure variation du produit par tête qui compense
118
Consommation et épargne
119
Consommation et épargne
des marchés de renouvellement). Sous l’in- Mais dans une économie ouverte, le niveau
fluence des idées libérales et monétaristes, les de l’investissement devrait être i ndépendant de
politiques de soutien de la demande d’inspi- l’épargne nationale en raison de la libre circu-
ration keynésienne sont abandonnées dans lation des capitaux. Cependant, M. Feldstein
les années 1980, contribuant à une moindre et Ch. Horioka (1980) ont montré qu’il exis-
croissance économique. tait une corrélation positive entre épargne et
investissement : les pays à forte épargne ont
Consommation, taux d’intérêt et inflation tendance à avoir aussi un niveau élevé d’in-
vestissement (paradoxe de Feldstein-Horioka).
Le comportement de consommation est lié
De ce fait, une politique publique d’encoura-
directement et indirectement au taux d’intérêt,
gement à l’épargne semble justifiée.
au taux d’inflation et à la structure des revenus.
L’impact du taux d’intérêt sur la consom-
mation est ambivalent. D’une part, une Politique de l’épargne
hausse des taux d’intérêt accroît les reve- et structure des placements
nus des placements financiers et favorise la La plupart des analyses économiques
consommation. D’autre part cette même montrent que le taux d’épargne est peu
hausse des taux incite à épargner davantage influencé par la politique économique. En
et accroît le coût du crédit, ce qui est défavo- revanche celle-ci peut influencer la structure
rable à la consommation. des placements entre épargne financière et
L’impact de l’inflation sur la consomma- non financière.
tion est lui aussi contradictoire. D’une part Dans les années 1960-1970, les ménages
les ménages peuvent réduire leur consomma- ont accordé une certaine priorité aux inves-
tion en période d’accélération de la hausse tissements dans le logement ce qui a donné
des prix pour conserver le pouvoir d’achat de lieu ensuite à une épargne pour rembour-
leur patrimoine selon l’effet d’encaisse réelle. ser les crédits. Cela a résulté dans une large
D’autre part, une accélération de la hausse des mesure des politiques gouvernementales
prix peut encourager la consommation, dans (plan d’épargne logement, prêts bonifiés,
la mesure où les ménages cherchent à acqué- etc.). On a cependant assisté progressivement
rir des biens avant qu’ils ne renchérissent (effet à une évolution de la politique de l’épargne
de fuite devant la monnaie dans les pays où (et notamment de la politique fiscale) pour
règne une forte inflation). À plus long terme, inciter les ménages à développer leur
l’inflation érode la valeur des actifs financiers épargne financière (en actions, en obliga-
ou immobiliers, ce qui joue à la baisse de la tions, en assurance-vie, en épargne salariale,
consommation (effet de patrimoine négatif). etc.). La défiscalisation de certains produits
et l’euphorie boursière ont joué en faveur de
Les orientations de la politique l’augmentation de la part des actions dans
économique de l’épargne le patrimoine des ménages. Cependant, la
Pour les libéraux, l’épargne (spécialement place plus faible de l’épargne en actions en
l’épargne longue) ainsi que le patrimoine Europe continentale par rapport aux États-
doivent être systématiquement encouragés par Unis ou au Royaume-Uni conduit les gou-
une fiscalité favorable ainsi que la constitution vernements à mettre en place de nouvelles
d’un marché financier libre et actif permettant mesures d’incitations à l’épargne financière
une allocation optimale de cette épargne. longue (création de fonds de pension pour la
Au contraire, les keynésiens considèrent retraite, de plans d’épargne entreprise, etc.).
non seulement que les mesures d’encoura- Ü Capital et investissement, Croissance économique,
gement de l’épargne, dans un contexte de Économie et écologie, Épistémologie économique,
sous-emploi, ont des effets négatifs, mais Finances internationales, Fluctuations et crises éco-
nomiques, Mondialisation
qu’une finance débridée est porteuse de Avoir fiscal, Bien collectif, Courbe d’indifférence,
risques d’une « économie de casino » où les Désintermédiation, Propension à consommer,
placements financiers peuvent l’emporter sur Propension à épargner, Utilité marginale, Théorie
les investissements productifs. économique
120
Consommation non marchande
121
Consommation ostentatoire
122
Contrat de travail
La contrainte extérieure se traduit par une plus La théorie des contrats se propose d’étudier
grande sensibilité de l’économie aux variations de les différents types de contrats et de définir, en fonction
la conjoncture internationale. Ainsi, à partir du des situations, quelles sont les procédures d’incita
moment où les exportations représentent une part tion les plus adaptées au respect des contrats.
importante de la production nationale, une réces On distingue :
sion ou une expansion chez un partenaire commer- ––les contrats explicites lorsque toutes les
cial important aura des répercussions inévitables variables qui font l’objet du contrat sont obser-
dans l’économie nationale. De la même manière, vables et peuvent être vérifiées (c’est-à-dire peuvent
une croissance économique plus forte dans un faire l’objet d’une preuve devant un tribunal) ;
pays provoque une dégradation du solde du compte ––les contrats implicites lorsque toutes les
des transactions courantes. Ce décalage conjonc- variables sont observables mais pas nécessairement
turel conduira à la mise en place d’une politique vérifiables (asymétrie d’information) ;
économique restrictive et/ou d’une dépréciation ––les contrats complets, lorsque tous les éléments
ou dévaluation de la monnaie nationale (exemple de la transaction sont mentionnés dans le contrat,
de la relance française en 1981-1982 suivie d’une ainsi que toutes les éventualités qui pourraient
« politique de rigueur » dès 1983). Cependant, se produire en cours d’exécution du contrat. Le
la contrainte extérieure dépend également de la contrat est incomplet dans le cas contraire.
compétitivité de l’offre nationale. La nouvelle économie institutionnelle sup-
La contrainte extérieure se traduit également pose que les agents ont une rationalité limitée,
par une plus grande sensibilité aux taux de change qu’ils sont opportunistes, qu’il existe des coûts de
et aux taux d’intérêt. Dans un univers écono- transaction et des actifs spécifiques. Dans un tel
mique où les biens et les capitaux circulent sans contexte, le marché n’est pas toujours la modalité
entrave, chaque pays tente de se prémunir contre de coordination la plus efficiente et il convient
les variations trop importantes des taux de change d’arbitrer entre marché et hiérarchie (ou encore
(une appréciation tend à freiner les exportations entre marché et organisation).
et une dépréciation alourdit le coût des importa- Ü Entreprises et système productif, Marchés et prix
tions). Le taux de change, objectif externe de la Concurrence, Contrat à terme, Contrat implicite,
politique économique, tend alors à devenir priori- Contrat incomplet, Coût de transaction
taire par rapport aux objectifs internes (croissance,
plein-emploi). La globalisation financière réduit
également l’autonomie en matière de politique Contrat à terme
monétaire. Toute diminution des taux d’intérêt Un contrat à terme correspond à l’engagement
dans un pays risque d’entraîner des sorties de capi- ferme d’acheter ou de vendre une certaine quantité
taux qui peuvent provoquer un effondrement des d’un actif sous-jacent (ou « support ») à un prix et à
cours sur les marchés financiers et sur le marché une date déterminés.
des changes. Le support peut être un actif physique (mar-
Ü Commerce international, Finances internationales, chandises), un actif financier (action, obligation),
Intégration économique, Politique économique une devise, etc. Les contrats à terme négociés sur
Compétitivité, Guerre des monnaies, Politique les marchés organisés ont des caractéristiques
industrielle, Politique monétaire, Triangle des incom- standardisées (montant, date de livraison) et sont
patibilités négociés, ce sont des contrats futurs (futures). Les
autres contrats à terme sont négociés sur des mar
chés de gré à gré, les montants et les échéances sont
Contrat alors différents et variables d’un contrat à l’autre.
Un contrat est un accord par lequel les contractants Les contrats à terme peuvent obéir à des
souscrivent des engagements les uns à l’égard des stratégies de couverture de risques ou bien à des
autres. Les contrats contribuent à la coordination stratégies de spéculation.
des actions des agents économiques et la vie éco- Ü Finances internationales
nomique est donc dans une large mesure constituée Appel de marge, Marché dérivé, Marché des changes,
de contrats (contrats d’achats et de vente, contrat Marché des options négociables de Paris, Marché
de travail, contrat de sous-traitance, etc.). financier, Produits dérivés
Les contrats concernent aussi bien le fonction-
nement des marchés que le fonctionnement des
organisations. C’est ainsi que certains auteurs Contrat de travail
considèrent l’entreprise comme un « nœud de Le contrat de travail est un contrat, le plus sou-
contrats ». vent écrit, par lequel un salarié s’engage à travailler,
123
Contrat futur (futures)
moyennant rémunération, pour le compte et sous La rigidité des salaires découle ainsi de la double
la direction d’un employeur (entreprise, adminis nature du contrat passé entre employeur et sala-
tration publique, etc.). rié, contrat de travail et d’assurance. Ici, c’est
Le contrat de travail entraîne un certain nombre l’entreprise qui joue le rôle d’une « compagnie
d’obligations, tant pour le salarié que pour l’em- d’assurances » protégeant les salariés contre les
ployeur. Il définit également un lien de subordi- risques de fluctuations excessives de leurs revenus.
nation entre l’employeur et le salarié. L’employeur Le niveau de l’emploi qui résulte de ces contrats
a en effet le pouvoir de donner des ordres et des ne correspond pas à l’égalité entre productivité
directives, d’en contrôler l’exécution et de sanction- marginale du travail et taux de salaire réel, il est
ner les manquements du salarié. donc sous-optimal au regard du critère d’efficacité
À Il existe des contrats de travail à durée indétermi- productive.
née, à durée déterminée, à temps partiel, etc. À Cette analyse s’inscrit dans le cadre de la recherche
À Le contrat de travail s’insère la plupart du temps de fondements microéconomiques de la macro
dans le cadre d’une convention collective. économie.
À Le contrat de travail s’insère dans une coordina Ü Marché du travail, emploi et chômage, Revenus
tion hiérarchique que l’on rencontre dans toute Insiders/outsiders, Nouvelle école keynésienne (NEK),
organisation. Salaire d’efficience
Ü Marché du travail, emploi et chômage, Revenus
Auto-entrepreneur, Conflett du travail, Hiérarchie,
Rapport salarial, Syndicat, Ubérisation Contrat incomplet
La théorie des contrats incomplets a été initiée en
Contrat futur (futures) 1986 par S. Grossman et O. Hart. Elle vise à rendre
compte de l’incomplétude des contrats à partir de
Un contrat futur est un contrat au terme duquel deux types de problèmes contractuels :
deux opérateurs s’engagent à vendre et à acheter ––le problème de la rédaction des causes contrac-
une quantité déterminée d’un actif sous-jacent
tuelles qui peuvent difficilement être exhaustives
(titres, marchandises, devises) à un prix déterminé
compte tenu du coût de leur rédaction ;
et à une échéance déterminée. Il s’agit donc d’un
––le problème de la vérifiabilité des clauses pré-
contrat à terme dont la spécificité réside dans le
vues par les contrats.
fait que les caractéristiques (montant et échéance)
Au cours du développement de cette approche,
sont standardisées ce qui assure au marché une plus
grande liquidité. la question de l’invérifiabilité de certaines clauses
Ü Monnaie, Finances internationales a pris une place de plus en plus importante.
Chambre de compensation, Marché à terme, Marché Ü Entreprises et système productif, Marché et prix
à terme international de France, Option, Produits Coût de transaction, Théorie des contrats
dérivés
Contrat zéro heure
Contrat implicite Le contrat zéro heure (zero-hour contract) désigne
Un contrat implicite est un contrat de travail dans un contrat de travail dans lequel ne figure aucune
lequel les salariés, supposés avoir plus d’aversion indication sur le nombre d’heures de travail à effec-
pour le risque que les employeurs, préfèrent per- tuer ou sur la durée minimale du travail. Il est donc
cevoir un salaire fixe plutôt qu’un salaire évoluant possible que le salarié ne travaille aucune heure
selon les fluctuations de l’économie (qui augmente- au cours d’une période donnée et ne reçoive donc
rait pendant les phases d’expansion et diminuerait aucune rémunération, tout en ayant un contrat de
pendant les phases de récession). travail. Le contrat zéro heure stipule que le salarié
La théorie des contrats implicites cherche à doit pouvoir se rendre disponible à tout moment.
rendre compte de la rigidité des salaires et du Il a néanmoins le droit de refuser d’effectuer les
chômage involontaire. heures demandées par l’entreprise. Sur les heures
Selon cette théorie, la stabilité des salaires est de travail effectuées s’appliquent les principes de la
en quelque sorte « achetée » par les salariés qui législation du travail, notamment celle concernant
acceptent un niveau de salaire plus faible que le salaire minimum.
celui auquel ils pourraient prétendre (correspon- À Si le contrat zéro heure accroît la flexibilité du tra
dant à leur productivité marginale), la différence vail, il renforce le lien de subordination entre l’em-
constituant une prime d’assurance perçue par l’em- ployeur et le salarié ainsi que la précarité de ce dernier.
ployeur. Ü Marché du travail, emploi et chômage, Revenus
124
Convention
Contribution
pour le remboursement Contrôle des changes
de la dette sociale (CRDS) Le contrôle des changes est un dispositif réglemen-
taire par lequel les autorités monétaires d’un pays
La contribution pour le remboursement de la dette
limitent ou bien soumettent à certaines conditions
sociale (CRDS) est un impôt créé en 1996 pour (financement d’opérations commerciales), voire
résorber l’endettement de la sécurité sociale. Son interdisent les opérations d’achats ou de ventes
taux est fixé à 0,5 % de tous les revenus concer- de devises.
nés. Initialement conçu comme un prélèvement À Depuis les années 1980, de très nombreux pays ont
temporaire (jusqu’en 2009, puis jusqu’en 2014), il abandonné les politiques de contrôle des changes
continuera d’être perçu jusqu’à l’apurement de la ce qui a contribué à la globalisation financière.
dette sociale. Sont redevables de la CRDS toutes Ü Finances internationales
les personnes physiques domiciliées en France pour Déréglementation, Politique du change, Règle des 3 D,
l’impôt sur le revenu. Triangle des incompatibilités
À la différence des cotisations sociales, la CRDS
porte sur l’ensemble des revenus (y compris les
revenus de remplacement et les revenus du patri- Convention
moine). Elle est également due sur d’autres reve- Au sens général, une convention est un accord
nus, tels que les ventes d’objets précieux, de bijoux, passé entre deux parties, entre individus (convenir
d’objets d’art et les jeux de hasard, les paris hip- d’un rendez-vous), entre des partenaires sociaux
piques et les casinos. (convention collective) ou entre des États (conven-
À la différence des impôts, la CRDS est prélevée tion de Genève sur les prisonniers de guerre).
à la source, proportionnelle et affectée. Pour le courant de l’économie des conventions,
À Le CRDS est un prélèvement obligatoire les marchés et les organisations ne suffisent pas
« hybride » puisqu’il s’agit d’un impôt qui finance à assurer la coordination des actions des agents
la protection sociale (laquelle est normalement économiques. Il faut qu’existent aussi des normes,
alimentée, en France, par des cotisations sociales). pas nécessairement explicites mais connues de tous,
Ü Économie publique, Protection sociale qui servent de cadre aux activités des agents. Par
Budget de l’État, Contribution sociale généralisée (CSG), exemple, les clauses du contrat de travail ne suf-
Prélèvements obligatoires fisent pas à rendre compte de l’activité des salariés.
125
Convention-Cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC)
Il existe au sein des entreprises des conventions conclue au niveau de l’entreprise ou au niveau
d’effort qui jouent un rôle décisif dans l’efficacité national. Elle traite de l’ensemble des conditions
productive. d’emploi, de travail et des garanties sociales appli-
Dans cette perspective, selon A. Orléan, une cables aux salariés. Les conventions collectives
convention « désigne l’organisation sociale au fixent également les « grilles de salaires », c’est-à-
travers de laquelle la communauté se dote d’une dire le montant des salaires selon le poste de travail
référence commune, produit une représentation occupé et l’ancienneté dans ce poste.
collective extériorisée qui fonde les anticipations La convention collective résulte d’une négo-
individuelles ». ciation entre les partenaires sociaux et elle consti-
Ü Marché du travail, emploi et chômage, Marchés et prix tue un cadre contraignant pour la rédaction des
Contrat implicite, Hiérarchie, Institution, Salaire contrats de travail individuels.
d’efficience Ü Marché du travail, emploi et chômage
Contrat de travail, Fordisme, Organisation du travail,
Rapport salarial
Convention-Cadre des Nations unies
sur les changements climatiques
(CCNUCC) Conventionnalisme
La CCNUCC a été adoptée lors du Sommet Le conventionnalisme est une conception épisté-
de la terre de Rio de 1992. Les pays signataires mologique développée notamment H. Poincaré
(plus l’Union européenne) sont les « parties » à la (1854-1912) et P. Duhem (1861-1916) selon
convention et se réunissent chaque année dans une laquelle les axiomes ou les propositions premières
Conférence des Parties (COP). La Conférence de d’une science ne sont que des conventions dont il
Paris de 2015 était la COP21. Elle a débouché sur est impossible de dire si elles sont vraies ou fausses,
un accord important en matière de réduction des mais qui sont plus ou moins « commodes ».
émissions de gaz à effet de serre. À Le conventionnalisme s’oppose au réalisme épis
La Convention est le cadre institutionnel au sein témologique.
duquel les différents pays du monde négocient les Ü Épistémologie économique
mesures permettant de limiter le réchauffement Réalisme des hypothèses, Théorie économique
climatique (limite à 2 °C de l’augmentation de la
température moyenne du globe par rapport à la
période préindustrielle) et permettant de s’adap- Convergence
ter au réchauffement climatique qui est d’ores et La convergence est le processus de rapprochement
déjà une réalité. On distingue donc l’atténuation et
entre des économies dont les caractéristiques et
l’adaptation au réchauffement. La CNUCC repose
le niveau de développement étaient initialement
sur trois principes :
différents.
––le principe de précaution (limiter les émissions
de gaz à effet de serre, voire parvenir à une « décar- Le modèle de Solow (1956) a établi les bases
bonisation » de l’économie) ; d’une théorie de la convergence économique : sous
––le principe de responsabilités communes et l’hypothèse d’une productivité marginale du
différenciées (qui renvoie notamment à la question capital plus élevée dans les pays en retard, un pays
de la justice climatique) ; enregistre un taux de croissance de son produit
––le principe du droit au développement (la par tête d’autant plus rapide qu’il est éloigné de
volonté de limiter les émissions de gaz à effet de son sentier d’équilibre de longue période. Comme
serre ne doit pas priver les pays en voie de déve- le rythme des gains de productivité ralentit au fur
loppement et les pays émergents de leur droit à se et à mesure que l’économie se rapproche de l’équi-
développer). libre de long terme, ce processus devrait conduire
Ü Économie du développement, Économie et écologie selon W. Baumol (1986), à la convergence abso-
Conférence de Copenhague, Économie de l’environne- lue du produit intérieur brut (PIB) par tête et
ment, Substituabilité faible, Substituabilité forte du revenu par tête. Jusque dans les années 1990,
ce modèle n’est pas corroboré par les études empi-
riques qui montrent au contraire qu’il n’y avait pas
Convention collective de convergence absolue au niveau de l’économie
Une convention collective est un accord conclu mondiale et pas de rattrapage des pays du Sud.
entre les syndicats d’employeurs et des syndicats Depuis les années 1990, certains économistes
de salariés. Généralement signée au niveau de la nuancent ce constat en décrivant une « grande
branche professionnelle, elle peut également être convergence » caractérisée par une croissance du
126
Convertibilité
PIB par tête des pays émergents bien plus rapide d’endettement public limités, stabilité du taux
que celle des pays développés. de change nominal).
Le concept de convergence a été approfondi par Pour certains économistes la convergence nomi-
une nouvelle génération de travaux issus des théo- nale (notamment en matière d’inflation) est la
ries de la croissance économique qui distinguent : condition nécessaire et suffisante de la convergence
––la convergence absolue qui renvoie à la conver- réelle et du bon fonctionnement d’une union éco
gence du revenu par habitant des pays vers un état nomique et monétaire.
stationnaire commun indépendamment des condi- Ce point de vue est contredit par l’expérience de
tions initiales des pays ; la zone euro qui montre que la convergence nomi-
––la convergence conditionnelle qui se limite à nale ne conduit pas nécessairement à la conver
la convergence du revenu par tête des pays qui ont gence réelle et même, dans certains cas, amplifie
le même sentier de croissance équilibrée de long les spécialisations asymétriques au sein d’une union
terme, comme ce fut le cas entre les pays membres économique et monétaire.
de l’Organisation de coopération et de dévelop Ü Économie du développement, Intégration économique,
pement économiques (OCDE) ; Mondialisation, Politique économique
––la sigma-convergence, qui exprime une diminu- Choc asymétrique, Crise de l’euro, Dévaluation, Dif-
tion de la dispersion du revenu par tête entre les férentiel d’intérêt, Effet d’agglomération, Monéta-
pays au cours du temps ; risme, Monnaie unique, Système monétaire européen,
––les clubs de convergence (ou modèle de crois- Union européenne (UE)
sance commun pour un groupe de pays), qui
renvoient au processus de rapprochement entre
des économies qui initialement peuvent avoir Convergence réelle
le même niveau de revenu par tête mais qui dif- Le processus de convergence réelle est le rappro-
fèrent selon d’autres caractéristiques (technologies, chement des niveaux de vie, des niveaux de pro
taux d’épargne, taux d’investissement, taux de ductivité et des structures économiques entre des
croissance de la population, structures de marché, économies membres d’une union économique et
structures sociopolitiques et institutionnelles, etc.). monétaire. Pour certains économistes, la conver
Les modèles de convergence seraient différents gence nominale qui résulte de mécanismes de
d’un club à un autre. marché (libre circulation des marchandises et
La théorie de la croissance endogène montre des facteurs de production), doit conduire à la
des effets cumulatifs qui peuvent éloigner de la convergence réelle. Pour d’autres au contraire,
convergence. L’économie géographique a mis en la convergence réelle suppose la mise en œuvre
lumière la force des externalités régionales avec de politiques structurelles (investissement en
des effets de contagion aux régions voisines et des capital humain, transfert de technologie, etc.)
effets d’agglomération. destinées à réduire les écarts de développement
À Dans le processus d’intégration économique des entre les membres d’une union économique et
économies, on distingue une convergence nomi monétaire.
nale et une convergence réelle. Ü Économie du développement, Intégration économique,
Ü Croissance économique, Économie du développement, Productivité
Intégration économique, Mondialisation, Politique Coopération, Crise de l’euro, Économie de la connais-
économique, Productivité sance, Économie géographique, Effet d’agglomération,
Croissance transmise, Économie d’échelle, Effet de Effets d’apprentissage, Europe 2020, Pôle de crois-
seuil, Effets d’apprentissage, Étapes de la croissance, sance, Stratégie de Lisbonne, Union monétaire
Pays émergents, Pôle de croissance, Sentier de crois-
sance équilibré
Convertibilité
Le terme de convertibilité revêt deux significations
Convergence nominale différentes selon qu’il s’agit de la convertibilité
La convergence nominale est le processus de rap- envisagée sur le plan interne ou de la convertibilité
prochement de certaines variables économiques envisagée sur le plan international.
nominales entre différents pays. Par exemple, dans ––Sur le plan interne, une monnaie est dite
le cas de l’intégration monétaire européenne, convertible lorsqu’elle peut être librement échan-
le Traité de Maastricht faisait référence à cinq gée, à un cours déterminé, contre des métaux
conditions pour l’adoption de la monnaie unique précieux (or ou argent) auprès de la banque cen
(faible différentiel d’inflation, faible différen trale. En ce sens, la libre convertibilité a disparu
tiel d’intérêt à long terme, déficit public et taux dans presque tous les pays avec la Première Guerre
127
Convexité des préférences
mondiale. Entre les deux guerres, une convertibilité ensemble pour atteindre un but qui relève soit de
limitée à l’échange de lingots a été provisoirement leurs intérêts communs, soit des valeurs auxquels
instaurée dans certains pays (Gold Bullion Standard). ils adhèrent. La coopération met l’accent sur la
––Sur le plan international, une monnaie est dite solidarité et s’oppose souvent à la concurrence et à
convertible lorsqu’elle peut être librement échan- la compétition. Ce mode de coordination est donc
gée contre des devises. La convertibilité peut être distinct de la coordination par le marché et de la
intégrale (la conversion en devise est possible quel
coordination par la hiérarchie. La coopération est
que soit le type d’opération – biens et services ou
un mode de coordination horizontale.
capitaux – qui l’a rendu nécessaire) ou partielle
(selon la nature des biens échangés par exemple). Ü Marchés et prix
La convertibilité peut également être externe, elle Cluster, Confiance, Coopétition, Division du travail,
est alors réservée aux non-résidents. Opportunisme, Pôle de compétitivité
À L’absence de convertibilité ne signifie pas qu’il
est impossible de se procurer une devise mais que
l’échange se fait à un prix administré décidé unila- Coopérative
téralement par le pays émetteur de la monnaie et Une coopérative est une société formée par un
dans la limite d’une certaine quantité de devise. groupement de personnes. Bien que la propriété du
Ü Finances internationales, Monnaie capital demeure privée, elle se distingue de l’en
Accord monétaire européen, Bretton Woods, Contrôle treprise capitaliste par l’application d’un certain
des changes, Cours forcé, Étalon-or nombre de principes :
––l’adhésion est libre, il suffit d’acheter au moins
Convexité des préférences une part du capital social de la coopérative ;
– chaque coopérateur ne dispose que d’une voix,
Dans la théorie néoclassique, la convexité des pré-
férences est une hypothèse relative aux courbes quel que soit son apport en capital ;
d’indifférence d’un consommateur. Lorsqu’une – – l’apport en capital est rémunéré par un intérêt
courbe d’indifférence est convexe, toute droite qui et non par une part du profit ;
relie deux points de cette courbe, le segment AB ––le profit ne constitue pas l’objectif de la coopé-
sur le graphique ci-dessous, se situe au-dessus de la rative dont le but est de fournir des avantages à ses
courbe. En fait, tous les paniers de consommation membres (emploi, prix réduits, etc.) ;
du segment AB sont plus éloignés de l’origine des ––à la dissolution, on restitue aux coopérateurs
axes et correspondent donc à un niveau d’utilité le montant de leur apport, mais si un excédent
plus élevé que les paniers situés sur la courbe d’in- apparaît, il est attribué à d’autres coopératives
différence elle-même. ou à une cause d’intérêt général.
bien Y On distingue trois formes principales de coopé-
ratives :
A • ––la société coopérative de production (SCOP),
société à capital variable qui peut prendre la forme
d’une société anonyme ou d’une société à respon
sabilité limitée et dont la fonction est de produire
• des biens et des services. C’est elle qui se rapproche
B le plus (en principe) de l’idéal autogestionnaire en
bien X
tant que modèle alternatif ;
––la coopérative de production dans laquelle de
À La stricte convexité des courbes d’indifférence petits entrepreneurs se regroupent pour obtenir de
a pour conséquence l’unicité de l’équilibre du
meilleurs prix pour leur approvisionnement, leur
consommateur.
vente, etc. Les coopératives agricoles en fournissent
Ü Consommation et épargne, Marchés et prix
Courbe d’indifférence, Microéconomie un bon exemple ;
––la coopérative de consommation dont l’objec-
tif est de procurer aux sociétaires des biens ou des
Coopération services dans les meilleures conditions.
La coopération est un mode de coordination qui Ü Entreprises et système productif
suppose la participation volontaire et l’implication Autogestion, Économie sociale, Système économique,
des acteurs concernés. Ces derniers cherchent à agir Tiers-secteur
128
Coordination verticale
129
Corn law
cipalement du coût de gestion centralisée de l’or Ainsi, par exemple, le taux de chômage
ganisation et de la difficulté des acteurs de base à désaisonnalisé atténue les variations dues au profil
collecter et à traiter l’information. saisonnier habituel d’embauche pendant l’été
Ü Marchés et prix, Entreprise et système productif et de mise à pied pendant l’hiver dans des secteurs
Coût de transaction, Coût d’organisation, Firme d’activité comme l’agriculture et la construction.
réseau, Marché autorégulateur, Néo-institution
Ü Comptabilité nationale
nalisme, Théorie des contrats, Théorie des incitations
Indice, Indice des prix, Taux d’inflation
Corn law
Corrélation
Loi sur les blés
La corrélation désigne la plus ou moins grande
dépendance entre deux variables statistiques.
Corporation Elle est mesurée par le coefficient de corrélation
Le système des corporations est une organisation dont la valeur absolue est comprise entre 0 (absence
des relations de travail dans l’Ancien Régime en de corrélation) et 1 (corrélation parfaite). La cor
France. Chaque artisan était tenu d’appartenir à rélation est positive lorsque les variables varient
une corporation qui défendait ses intérêts, mais dans le même sens ou négative lorsqu’elles varient
lui imposait également les « règles de l’art » ainsi en sens inverse.
que les prix et les autres conditions du marché. La À Un fort coefficient de corrélation linéaire ne per
hiérarchie interne était très stricte, de l’apprenti au
met pas d’établir de façon mécanique des liens
maître, avec des modalités de passage très forma
lisées. de causalité entre les variables.
Progressivement les corporations sont devenues Ü Épistémologie économique
un obstacle au principe de liberté individuelle et un Loi
frein au développement des mécanismes de marché
et à l’instauration d’un véritable marché du travail.
A. R. Turgot (1727-1781) a cherché à supprimer Corridor de stabilité
les corporations en 1776, la Révolution française Une économie se trouve dans son corridor de stabi
les a abolies en 1791. lité si, en cas de choc macroéconomique, les méca
À Par extension, on parle parfois de corporation au nismes de marché la maintiennent au voisinage de
sens de profession artisanale ou commerciale lors l’équilibre. En revanche, l’économie se trouve hors
qu’elle est fortement structurée (corporation des du corridor (outside the corridor) si une perturba
taxis ou des limonadiers). Aujourd’hui, on parle
tion macroéconomique a des conséquences telles
aussi de corporatisme (dans un sens péjoratif ),
pour dénoncer le comportement de certaines pro qu’il n’y a pas de retour au voisinage de l’équilibre.
fessions qui ne mettent en avant que leur intérêt Cette dynamique hors de l’équilibre signifie que les
particulier et non l’intérêt général. dysfonctionnements de l’économie sont cumulatifs
À La notion de corporatisme a été utilisée dans cer et amplifient durablement les déséquilibres. Dans
tains régimes autoritaires (fascisme italien, régime une telle situation, seule une intervention vigou
de Vichy en France). L’organisation corporative y reuse des pouvoirs publics combinant politique de
est présentée comme un moyen de mettre fin à la règles et mesures discrétionnaires est susceptible
lutte des classes. de ramener l’économie à l’intérieur du corridor de
Ü Marché du travail, emploi et chômage stabilité.
Contrat de travail, Organisation du travail Pour J.-L. Gaffard : « Hors de l’équilibre, aucune
action n’est neutre. Seule une politique active
Correction des variations est susceptible de maintenir l’économie dans son
saisonnières corridor de stabilité ».
À Ce concept a été introduit dans l’analyse macro
La correction des variations saisonnières est une
technique que les statisticiens emploient pour éli économique par A. Leijonhufvud.
miner l’effet des fluctuations saisonnières normales Ü Fluctuations et crises économiques, Marchés et prix,
sur les données, de manière à en faire ressortir les Politique économique
tendances fondamentales (trend) et les compo Coordination, Macroéconomie, Politique discrétion-
santes irrégulières. naire
130
Courbe d’indifférence
131
Courbe d’offre
formes différentes selon que les biens sont complé- possible d’un bien. Sous l’hypothèse de la loi des
mentaires ou substituables. rendements marginaux décroissants, la courbe
Dans le cas des biens complémentaires, à par- d’offre est croissante en fonction du prix.
tir du moment où l’on détermine une quantité
pour l’un des deux biens sur un panier donné, le Coût Coût marginal
consommateur préfère une quantité correspon-
Courbe d’offre
dante du bien complémentaire et est indifférent à
une quantité supérieure du second bien.
Coût moyen
Sucre
Quantité
Café
Quantité
132
Courbe de demande
Courbe de
concentration
A C Fréquences cumulées
des effectifs Q
133
Courbe de Kuznets
À La courbe de demande, qui associe quanti- Courbe de Kuznets environnementale, Pôle de crois-
tés demandées et prix, suppose qu’un certain sance, Pôle de développement
nombre de paramètres sont constants comme les
préférences, les budgets de consommation (qui
dépendent des revenus) et les anticipations des Courbe de Kuznets
prix. Il faut distinguer d’une part le déplacement le environnementale
long de la courbe de demande (la quantité deman- La courbe de Kuznets environnementale est une
dée se modifie en fonction du prix) et d’autre part représentation de la relation entre le revenu par
le déplacement de la courbe de demande provoqué habitant d’un pays et le niveau de la pollution. Elle
par une modification d’un paramètre autre que le résulte des travaux de G. Grossman et A. Krueger
prix (budget et/ou préférences et/ou anticipations). (1994) qui mettaient en relation le revenu par tête
On dit alors que la demande augmente (déplace- et la quantité d’oxyde de soufre dans l’atmosphère.
ment de la courbe vers la droite) ou que la demande Par assimilation avec la courbe de Kuznets, les
diminue (déplacement vers la gauche). auteurs montrent que, lorsque le revenu par tête
À Il est fondamental de distinguer demande et augmente la pollution augmente dans un premier
quantité demandée. temps puis passe par un maximum et diminue. Des
Ü Consommation et épargne, Marchés et prix études plus récentes semblent montrer que cette rela-
Ceteris paribus, Équilibre du consommateur, Théo- tion n’est valable que pour certains agents polluants.
rème de Sonnenschein En effet, la quantité d’oxyde de carbone dans l’at-
mosphère et la quantité de déchets urbains semblent
augmenter proportionnellement au revenu.
Courbe de Kuznets Ü Croissance économique, Économie et écologie
La courbe de l’économiste américain S. Kuznets Convention-Cadre des Nations unies sur les chan-
(1901-1985), prix Nobel en 1971, est une repré- gements climatiques (CCNUCC), Décroissance
sentation graphique qui met en relation le degré soutenable, Effet externe, Fiscalité écologique, Soute-
d’inégalité des revenus (en ordonnée du graphique) nabilité faible, Soutenabilité forte, Taxe carbone
dans un pays avec son niveau de développement
(en abscisse). Si l’on suppose que le niveau de
développement, mesuré par le revenu par habitant,
Courbe de Laffer
s’accroît au cours du temps, la courbe de Kuznets La courbe d’A. Laffer est une représentation graphique
prend la forme d’un « U » renversé : les inégalités de la relation entre la pression fiscale (taux d’imposi
commencent par progresser, atteignent un maxi- tion ou encore le taux de prélèvements obligatoires)
mum, puis décroissent. et les recettes fiscales (ou fiscales et sociales).
Les inégalités de revenus s’élèvent dans les pre-
Recettes
miers stades du développement, elles stimulent fiscales
l’épargne des très riches, favorisant ainsi l’investis
sement. Les besoins en capitaux nécessitent par la
suite une épargne plus importante qui est favori-
sée par la constitution d’une classe moyenne : la
réduction des inégalités devient alors favorable à la
croissance.
Issue d’observations empiriques de la fin du
xixe siècle à la Seconde Guerre mondiale, la courbe O
0% 100 % Pression
de Kuznets (exposée en 1955) conclut qu’un niveau
fiscale
de développement élevé va de pair avec une plus
grande égalité dans la répartition. Néanmoins, Lorsque le taux d’imposition s’accroît, les
depuis près d’une trentaine d’années, cette courbe recettes commencent par augmenter et atteignent
est démentie par la progression importante des un maximum (le taux d’imposition est alors opti-
inégalités observées dans la plupart des pays déve- mal). Elles diminuent par la suite car, au-delà
loppés. La réduction des inégalités n’est en rien d’un taux d’imposition qu’ils jugent prohibitif,
automatique lorsque le PIB par habitant s’élève. les agents économiques réduisent leur offre de
Elle repose notamment sur une volonté politique et facteurs de production. L’activité économique
la mise en place de mécanismes de redistribution. est donc découragée par une imposition excessive.
Ü Croissance économique, Économie du développement, Par ailleurs, les agents tentent d’échapper aux pré-
Revenus lèvements par la fraude.
134
Courbe de Phillips augmentée des anticipations
A. Laffer considérait qu’au début des années 1980, À U0 est interprété par les économistes de l’offre
les pays occidentaux, et notamment les États-Unis, comme étant le taux de chômage non inflation
se trouvaient dans la zone prohibitive. Il était donc niste (NAIRU).
nécessaire de réduire les taux d’imposition. À Deux années après la publication des travaux de
Cette analyse a eu un grand succès politique et Phillips, les économistes américains P. A. Samuelson
médiatique, mais a été sévèrement critiquée par la (1915-2009) et R. Solow transformèrent la liaison
majorité des économistes. A. Laffer ne prend en découverte par Phillips en une corrélation négative
compte qu’un effet prix : la baisse des rémunéra- entre le taux d’inflation et le taux de chômage. Ils
tions après impôt conduirait selon lui les agents à ont considéré que la croissance des salaires était
réduire leur offre de travail, leur épargne et leurs généralement le principal déterminant de l’aug-
investissements. Les critiques avancent qu’il faut mentation des coûts de production et donc des
également prendre en compte un effet revenu : prix.
la baisse des revenus après impôt peut inciter Ü Marché du travail, emploi et chômage
les agents à augmenter leur offre de travail, leur Courbe de Philips augmentée des anticipations,
épargne et leurs investissements. Aucune corréla Modèle WS/PS, Taux de chômage d’équilibre, Taux
tion négative significative n’a pu être établie entre de chômage naturel
le taux d’imposition et les indicateurs de perfor-
mance économique (croissance de l’économie,
gains de productivité). Courbe de Phillips
Ü Économie publique, Épistémologie économique, Poli- augmentée des anticipations
tique économique La courbe de Phillips augmentée des anticipations
Bouclier fiscal, Économie de l’offre, État minimal, établit une relation inverse entre le taux l’inflation
Prélèvements obligatoires et le taux de chômage dans laquelle sont intégrées
les anticipations d’inflation réalisées par les agents
économiques. Cette analyse, exposée par M. Fried
Courbe de Lorenz man (1912-2006) et E. Phelps en 1968, remet en
Courbe de concentration question l’interprétation keynésienne de la courbe
de Philips de P. A. Samuelson (1915-2009) et
R. Solow, interprétation selon laquelle il existe un
Courbe de Phillips arbitrage entre chômage et d’inflation qu’il est pos-
La courbe de Phillips établit une relation décroissante sible de gérer grâce à la politique conjoncturelle
entre le taux de croissance des salaires nominaux (politiques de relance et de politiques de stabi
et le taux de chômage. Elle a été établie par l’éco- lisation). Cet arbitrage n’est pas corroboré par les
nomiste A. W. Phillips en 1958. Son étude statis- résultats des politiques de relance qui, dès la fin
tique portait sur la Grande-Bretagne au cours de la des années 1960, ne parviennent pas à diminuer
période 1867-1957. durablement le taux de chômage en dessous d’un
Le raisonnement de Philips repose sur l’idée que certain seuil, alors qu’en même temps l’inflation
le taux de chômage mesure le degré de tension du s’accélère.
marché du travail. Un faible taux de chômage M. Friedman et E. Phelps vont expliquer ce phé-
implique en général des difficultés de recrute- nomène par les anticipations d’inflation qui entrent
ment pour les entreprises. La demande de travail en effet en jeu dans la détermination des salaires.
excédentaire provoque alors la hausse du taux de Des anticipations d’inflation élevée conduisent
salaire. Inversement, avec un taux de chômage à des revendications salariales qui alimentent la
élevé, c’est l’offre de travail qui devient excéden- hausse des prix. Une spirale inflationniste « prix-
taire et conduit à une diminution du taux de salaire. salaires » se déclenche, expliquant qu’un même
niveau de chômage peut correspondre à des niveaux
% de hausse d’inflation de plus en plus élevés (la courbe de
des salaires Philips se déplace vers le haut et la droite).
nominaux L’analyse de Friedman repose sur l’hypothèse
d’anticipations adaptatives et d’illusion moné
taire qui rend possible la diminution du chômage
à court terme. En effet, les salaires nominaux
s’ajustent avec retard sur les prix, provoquant une
0 baisse des salaires réels qui incite les entreprises à
U0 Taux de chômage
augmenter leur demande de travail. Mais avec le
rattrapage des salaires sur l’inflation, le salaire réel
135
Courbe des taux
salariés et aux syndicats qui les représentent. S’y conception assemblage distribution,
services après-vente
ajoutent la précarisation croissante des emplois,
Source : OMC, Rapport
l’essor de l’ubérisation, les conséquences de la sur le commerce mondial, 2014.
mondialisation qui exerce une pression à la baisse
Ü Commerce international, Mondialisation
des prix, les impératifs de la compétitivité qui Commerce intra-branche, Commerce intra-firme,
guident la politique des revenus, etc. Compétitivité, Décomposition internationale des pro-
Ü Marché du travail, emploi et chômage cessus productifs, Délocalisation, Firme multinatio-
Courbe de Philips, Modèle WS/PS, Taux de chômage nale, Firme réseau
d’équilibre, Taux de chômage naturel, Stagflation
Courbe en J
Courbe des taux
La « courbe en J » décrit l’évolution attendue du
La courbe des taux est la représentation graphique solde des échanges de biens et services après une
de la relation entre le taux d’intérêt et la maturité dévaluation ou une dépréciation de la monnaie.
des crédits. En principe, la courbe est croissante (les
taux longs sont supérieurs aux taux courts). Mais Solde
extérieur
on assiste parfois à un renversement de la courbe
des taux (les taux courts deviennent supérieurs
aux taux longs). Une telle situation s’explique par
de fortes incertitudes sur la situation de court
terme (notamment liée à une crise de liquidité du Équilibre
Temps
système bancaire).
Ü Finances internationales, Fluctuations et crises écono-
miques, Monnaie, Politique économique
Arbitrage intertemporel, Liquidité, Solvabilité, Twist
(monétaire)
136
Cours légal
137
Cours libre
138
Coût moyen
139
Coût privé
140
Couverture maladie universelle (CMU)
Couverture (hedging)
La couverture est une opération ou une suite d’opé- Couverture maladie universelle
rations de marché ayant pour but de se protéger, (CMU)
totalement ou partiellement, contre un risque pro- Depuis le 1er janvier 2000, la loi sur la couverture
venant d’une fluctuation du cours des titres, des maladie universelle (CMU) permet à toute per-
marchandises, des devises ou des taux d’intérêt. sonne résidant en France de façon stable et régu-
Sur le marché des changes par exemple, un opé- lière, et qui n’est pas déjà couverte à quelque titre
rateur se couvre en fermant sa position de change. que ce soit par un régime obligatoire d’assurance
Le développement de nouveaux instruments finan- maladie, de bénéficier de la sécurité sociale pour
ciers (options, contrats futurs, etc.) et des nou- la prise en charge de ses dépenses de santé : la CMU
veaux marchés (marché à terme des instruments de base. Il existe aussi une CMU complémentaire
141
Créance
accordée sous condition de ressources qui permet de la monnaie. Mais la formule n’est pas satisfai-
de bénéficier d’une prise en charge à 100 % des sante car la monnaie n’est pas créée « à partir de
dépenses de santé sans avoir à faire l’avance des rien », mais à partir de créances dont les banques
frais. Au début des années 2000, la CMU a permis ont pour mission d’évaluer la qualité avant de les
de faire reculer l’importance des renoncements aux monétiser.
soins. Ü Monnaie
À Il ne faut pas confondre la CMU et l’aide médicale Banque de second rang, Diviseur de crédit, Liquidité,
d’État qui permet l’accès aux soins des étrangers en Multiplicateur de crédit, Solvabilité
situation irrégulière sous conditions de résidence et
de ressources.
Ü Protection sociale CRDS
Assistance, Assurances sociales Contribution pour le remboursement de la dette sociale
Créance Crédibilité
La créance est la contrepartie d’une dette et donne En matière de politique économique, on dit
au créancier le droit d’exiger, à l’échéance, le rem- qu’une instance de décision (gouvernement,
boursement de cette dette. Une créance est un élé- banque centrale) est crédible lorsque les analyses
ment de l’actif du bilan d’un agent économique. qu’elle formule et les décisions qu’elle prend sont
Ü Consommation et épargne, Entreprises et système pro- considérées par les agents économiques comme
ductif, Finances internationales, Monnaie fondées et suivies d’effet. La crédibilité est notam-
Créancier senior, Monétisation de créance, Obligation
ment liée à la cohérence intertemporelle des
décisions. Par exemple, une banque centrale est cré-
Créancier senior dible si, lorsqu’elle annonce son intention de lut-
ter contre l’inflation, les agents révisent à la baisse
Les créanciers seniors sont les détenteurs de
leurs anticipations inflationnistes. Plus une auto-
créances qui bénéficient de garanties spécifiques
rité publique est crédible, plus les mesures qu’elle
et qui, notamment en cas de défaillance de l’en
annonce se révèlent efficaces. Une banque centrale
treprise, bénéficient d’un remboursement priori-
qui annonce vouloir lutter contre l’inflation mais
taire par rapport aux détenteurs de titres de dettes
subordonnées. qui ne prend ensuite aucune mesure efficace pour
Ü Monnaie atteindre cet objectif voit sa crédibilité se dégrader.
Bilan, Faillite La crédibilité affecte d’autres champs de la vie
économique. Par exemple, on parle de la crédibilité
d’une entreprise sur les marchés financiers.
Création de trafic Ü Monnaie
Union douanière Anticipations, Anticipations rationnelles, Globalisation
financière, Incohérence temporelle, Paradoxe de Lucas
Création monétaire
Il y a création monétaire chaque fois qu’une ins
Crédit
titution financière monétaire monétise une Le crédit est une opération qui permet au débi-
créance. Les banques ont donc un pouvoir de teur de différer son paiement ou qui permet à un
création monétaire puisqu’elles convertissent une agent économique de disposer pendant un certain
créance qui n’est pas de la monnaie en une créance temps de fonds qui sont mis à sa disposition par
dotée d’un pouvoir libératoire général. un autre agent. Le plus souvent le créancier obtient
La monétisation des créances peut prendre une rémunération (intérêt) versée par le débiteur.
des formes diverses : mobilisation d’effets de Il existe de nombreux types de crédits : crédit à la
commerce, octroi d’un découvert bancaire, consommation accordé par un organisme spécia-
conversions de devises en monnaie nationale, etc. lisé, découvert bancaire, crédit immobilier, délai de
À La banque centrale n’est donc pas la seule institu paiement accordé par le fournisseur à son client etc.
tion dotée du pouvoir de création monétaire. À L’octroi d’un crédit suppose, de la part du débiteur,
À On dit parfois que les banques ont un pouvoir de l’engagement de rembourser à l’échéance. Le créan-
création monétaire ex nihilo. On veut souligner par cier n’accorde donc le crédit que s’il a confiance
là qu’elles n’ont pas besoin de posséder préalable- dans la solvabilité du débiteur.
ment de l’or ou de la monnaie centrale pour créer Ü Monnaie
142
Crédits structurés (ou produits structurés)
Établissements de crédit, Dette, Emprunt, Risque de et donc à favoriser l’octroi de crédit aux agents
défaut, Taux d’intérêt économiques.
Le credit easing relève de la politique moné
taire non conventionnelle largement utilisée par
Credit crunch les autorités monétaires à la suite de la crise des
Le credit crunch est une contraction brutale du cré subprimes.
dit qui résulte généralement d’un effondrement de Ü Monnaie
la confiance. Les banques, qui craignent la défail- Accord de pension, Canaux de transmission de la
lance de leurs clients, réduisent leurs prêts aux politique monétaire, Collatéral, Crise de liquidité,
entreprises et aux ménages. Cela met en difficulté Liquidité, Politique monétaire, Quantitative easing,
les agents économiques qui doivent réduire leurs Refinancement bancaire
activités et leurs achats de consommation, certains
d’entre eux se trouvent en situation d’illiquidité ou
d’insolvabilité, ce qui amplifie la crise de confiance Credit spread
et déclenche une crise de surendettement. Écart de crédit
Ü Monnaie
Crise de liquidité, Crise de solvabilité, Cycle du crédit,
Liquidité, Prêteur en dernier ressort, Politique moné- Crédit hypothécaire
taire non conventionnelle, Risque de crédit, Risque Un crédit hypothécaire est un crédit dont l’octroi
de contagion, Risque de liquidité, Risque de marché, repose sur une garantie basée sur le patrimoine
Risque systémique, Solvabilité, Taux d’endettement immobilier de l’emprunteur (on parle aussi d’hy-
pothèque et de prêts hypothécaires).
Ü Capital et investissement, Consommation et épargne,
Crédit d’impôt Monnaie
Le crédit d’impôt est une somme que l’on peut Crédits subprimes, Financement de l’économie, Titri-
déduire du montant de l’impôt (par exemple, le sation
crédit d’impôt pour la transition énergétique ou le
crédit d’impôt pour frais de garde d’enfant). À la
différence de la réduction d’impôt, le crédit d’im- Crédits structurés
pôt bénéficie même aux personnes qui ne sont pas (ou produits structurés)
imposables. Dans ce cas, l’administration fiscale Les crédits structurés sont des crédits transformés
verse le montant du crédit d’impôt aux bénéficiaires. en titres à la suite d’opérations de titrisation.
Le crédit d’impôt est un instrument incitatif Leur existence résulte de l’activité des véhicules de
permettant à l’État de modifier l’allocation des titrisation qui rachètent aux banques des crédits
ressources productives dans un sens jugé plus (crédits hypothécaires, découverts de compte
satisfaisant. bancaires, encours de cartes de crédit, etc.) puis
Ü Économie publique, Politique économique émettent en contrepartie du portefeuille d’actifs
Fonction d’allocation, Incitation, Politique fiscale ainsi constitué, des obligations adossées à ce por-
tefeuille. La crise des subprimes est très largement
une crise du crédit structuré dans la mesure où la
Credit default swap titrisation et le modèle Originate and Distribute
Couverture de défaillance ont pour effet d’accroître l’aléa moral et d’encou-
rager les acteurs financiers à accroître les risques
qu’ils prennent et dont ils évaluent mal la nature
Credit easing et l’ampleur.
Le credit easing désigne un mécanisme par lequel Les Asset Backed Securities (ABS) sont des cré-
la banque centrale assouplit les conditions dans dits structurés adossés à des prêts hypothécaires.
lesquelles elle fournit de la monnaie centrale aux Les Collatelalized Debt Obligations (CDO) sont
banques de second rang en leur achetant des titres des crédits structurés adossés à un portefeuille obli-
de créances. En particulier, la banque centrale gataire ou à un ensemble de crédits aux entreprises
accepte des collatéraux de moindre qualité. Ces (financement de projets, crédits aux PME, etc.).
achats de titres sont généralement temporaires, ils Ü Finances internationales, Fluctuations et crises écono-
sont par la suite rachetés par les banques de second miques, Monnaie
rang à la banque centrale. Ces mesures visent Financement de l’économie, Risque de défaut, Titre
notamment à faire baisser les primes de risques de créance négociable
143
Crédits subprimes
Crise d’accumulation
Créneau Une crise d’accumulation est une crise qui résulte
Un créneau est un segment particulier d’un d’un excès de formation du capital (c’est-à-dire un
marché. Pour les entreprises, l’adoption d’une excès d’investissement).
stratégie de créneau suppose la spécialisation sur Dans la théorie marxiste, la crise exprime les
les segments porteurs du marché (forte croissance contradictions fondamentales du capitalisme. La
de la demande) et l’abandon des activités moins crise d’accumulation découle de la baisse tendan
dynamiques. cielle du taux de profit qui conduit, à terme, à un
En matière de politique industrielle, la politique arrêt de l’accumulation du capital et à sa dévalo
de créneaux consiste à favoriser des firmes parti- risation (faillites).
culièrement bien placées par rapport à la demande Chez F. Hayek (1899-1992), la crise résulte d’un
mondiale, l’État accompagnant les restructurations allongement excessif du détour de production
industrielles (fermetures d’entreprises) qui découlent au regard du niveau d’épargne des agents écono
du désengagement sur les créneaux peu dynamiques. miques.
Ü Politique économique Ü Fluctuations et crises économiques
Filière, Politique de filière Suraccumulation, Surinvestissement
144
Crise de liquidité
145
Crise de solvabilité
146
Crise du fordisme
Ü Fluctuations et crises économiques qui s’est manifesté par la faillite de plusieurs ins
Crise de surproduction, Cycles économiques, Effet Giffen titutions financières (la banque Lehman Brothers
en septembre 2008), alors que d’autres ne doivent
leur salut qu’à l’intervention de l’État et parfois à la
Crise de surendettement nationalisation (la Northern Rock en Grande-Bre-
Une crise de surendettement désigne un choc éco- tagne au printemps 2008). En dépit d’importants
nomique et financier qui a pour origine un excès plans de relance, la crise se répercute sur le secteur
d’endettement. Elle résulte d’une inflexion des réel et se traduit par une baisse de la production
anticipations et des comportements à la suite et une montée du chômage pendant l’année 2009.
d’une période plus ou moins longue de gonfle- À l’origine de la crise, on trouve le marché des
ment de la dette des agents économiques. La crise crédits hypothécaires à risque aux États-Unis sur
résulte en général de la séquence suivante : lequel se multiplient les défauts de paiement des
––dans un premier temps, une situation de para ménages endettés. Ces défauts s’expliquent par la
doxe de la tranquillité favorise l’octroi de cré hausse des taux d’intérêt de la Réserve fédérale et
dits qui dopent l’activité économique. Les taux le retournement des prix du marché immobilier. Les
d’intérêt sont faibles en raison d’une abondance difficultés sur ce marché vont rapidement se répercu-
de liquidité, l’effet de levier favorise l’investisse ter sur un grand nombre d’établissements financiers
ment, donc la croissance et l’emploi. Les agents car les risques liés aux crédits subprimes ont été dis-
adoptent des comportements haussiers ; séminés par le processus de titrisation. Plusieurs ins-
––cette euphorie liée à la bonne santé de l’éco titutions financières feront effectivement faillite. Par
nomie se traduit par le gonflement de bulles spé ailleurs, la crise de confiance conduit à une crise de
culatives sur les marchés boursiers, immobiliers, liquidité des établissements de crédit difficilement
de l’énergie et des matières premières ; combattue par la politique monétaire non conven
––dans la mesure où le taux d’endettement tionnelle mise en œuvre par les banques centrales.
des agents augmente, il vient un moment où les Cette crise et sa gravité (on considère qu’il s’agit de
banques commencent à réduire leur octroi de cré- la crise financière la plus importante depuis 1929)
dit et les taux d’intérêt augmentent. La contraction ont conduit à de vives critiques sur le capitalisme
du crédit met en difficulté des ménages, des entre financier, la titrisation, les agences de notation, les
prises voire des banques. Dans le pire des cas, on rehausseurs de crédits et plus généralement sur l’in-
assiste à un credit crunch, à des faillites bancaires, à suffisance des procédures de régulation publique.
une déflation de dette, qui se répercutent sur le sec- Ü Finances internationales, Fluctuations et crises écono-
teur réel (faillites d’entreprises, licenciements, etc.). miques, Monnaie
Ü Finances internationales, Fluctuations et crises écono- Crise de surendettement, Effet de levier, Financement
miques, Monnaie de l’économie, Mécanisme cumulatif wicksellien,
Stabilité financière Stabilité financière
147
Crise économique
148
Croissance économique
Croissance économique
La croissance économique est un phéno- La définition de F. Perroux (1903-1987)
mène de longue période qui se différencie assimilant la croissance à l’augmentation
de l’expansion, terme utilisé dans l’analyse de la production de l’économie d’un pays
des fluctuations et des cycles. À la suite de reste toujours une référence. Le fameux
F. Perroux, la croissance est également distin- taux de croissance de l’économie est ainsi
guée du progrès économique et du dévelop mesuré par la variation du produit intérieur
pement économique qui « englobe et soutient brut (PIB) en volume. Néanmoins, les éco-
la croissance ». nomistes sont aujourd’hui de plus en plus
149
Croissance économique
nombreux à définir la croissance par l’aug- d’avant la Seconde Guerre mondiale (un peu
mentation en longue période de la produc- plus de 2 %).
tion par tête. La croissance économique mondiale
Les origines de la croissance remontent à recouvre des performances différentes selon
la révolution industrielle. En effet, avant cette les pays. Ainsi, au cours des Trente Glo-
période, les données économiques reconsti- rieuses, les différences de taux de croissance
tuées permettent d’observer une quasi-sta- sont importantes : 11 % pour le Japon, 5,5 %
gnation de la production. Pour P. Bairoch pour l’Allemagne et l’Italie, 5 % environ pour
(1930-1999), la révolution industrielle est la France, 3 % pour la Grande-Bretagne. Par
la seconde rupture décisive de l’histoire de comparaison, entre 1870 et 1913, le taux de
l’humanité, la première étant la révolution croissance annuel moyen a été de l’ordre de
néolithique qui a instauré l’agriculture. Selon 1,6 % en France, 3,8 % en Allemagne, 2 %
en Italie, 2,5 % au Japon, 2 % au Royaume-
cet historien, entre les deux révolutions, néo-
Uni, 4 % aux États-Unis.
lithique et industrielle, l’accroissement du
Par ailleurs, la hiérarchie des économies se
niveau de vie a été modeste, aux alentours
modifie également et la frontière entre pays
de 60 à 90 %, et ce, en neuf millénaires (Vic-
développés et pays en développement (PED)
toires et déboires, 1997). D’après les travaux
n’est plus aussi nette qu’auparavant. En effet, à
d’A. Maddison (1926-2010), entre 1700 partir des années 1960, certains pays en déve-
et 1820, période précédant la Révolution loppement ont connu une croissance élevée,
industrielle, les pays d’Europe ont connu un en particulier pour les pays situés en Asie et
taux de croissance annuel moyen de leur pro- Asie du sud-est. Aux nouveaux pays indus-
duit intérieur brut (PIB) de 0,6 %. Entre 1820 trialisés (NPI) ont succédé les pays émergents
et 1980, le taux de croissance annuel moyen dont le poids économique (et politique) s’ac-
s’élève à 2,5 %, attestant ainsi de la rupture croît, en particulier celui de la Chine et de
décisive opérée avec l’émergence et l’essor l’Inde. C’est donc vers la fin du xxe et au début
du capitalisme industriel. du xxie siècle que la croissance se généralise à
Sur la période 1820-1980, A. Maddison la quasi-totalité des pays de la planète.
met en évidence 5 phases dans la croissance Depuis, la croissance mondiale a été
des pays de l’OCDE : ralentie par des crises financières récur-
– 1820-1870 : phase de mise en place du rentes et leurs conséquences, la dernière
capitalisme industriel autour de la première en date étant la crise des subprimes. Par
révolution industrielle en Europe et aux pays ailleurs, la question des limites écologiques
d’immigration européenne ; de la croissance économique fait l’objet de
– 1870-1913 : phase qualifiée de « vieil nombreux débats chez les économistes et
ordre libéral » pendant laquelle la croissance les responsables politiques. Un autre débat
mondiale s’accélère du fait de la seconde sur la stagnation séculaire est apparu depuis
révolution industrielle (électricité, moteur à quelques années.
explosion) et du rattrapage des pays à indus-
trialisation tardive (Allemagne, États-Unis, Mesure et facteurs
notamment) ; de la croissance économique
– 1913-1950 : phase de ralentissement de La mesure de la croissance
la croissance du fait des deux guerres mon- La croissance économique est générale-
diales et de la dépression consécutive à la ment mesurée par l’augmentation du pro-
crise de 1929 ; duit intérieur brut en volume. Cet agrégat
– 1950-1973 : phase exceptionnelle par de la comptabilité nationale repose sur des
sa durée et par le niveau élevé des taux de conventions conduisant à ne comptabiliser
croissance au niveau mondial (environ 5 %) ; que les productions, marchandes et aussi
– la phase commencée en 1973 se carac- non marchandes, si elles étaient réalisées
térise par une diminution des taux de crois- avec des facteurs de production marchands.
sance qui reviennent ainsi à leur niveau Depuis l’entrée en vigueur de la base 2015
150
Croissance économique
151
Croissance économique
152
Croissance économique
Selon J.-L. Gaffard, « Les mécanismes de de l’espérance de vie, de l’accès aux biens
la croissance, c’est-à-dire ce qui permet de durables, etc.
tirer parti de la croissance de la population et À Les économistes distinguent la croissance
du progrès technique, sont le fruit des actions extensive et la croissance intensive, la pre-
des agents économiques qui sont autant d’ar- mière étant basée sur l’accroissement de la
bitrages, qu’il s’agisse notamment des choix quantité de facteurs et la seconde plutôt sur
entre épargne et consommation, du partage l’accroissement de la productivité.
entre investissement privé et investissement La « comptabilité » de la croissance
public, du partage entra salaires et profits, Dans un article de 1957, R. Solow présente
du degré accepté d’inégalités entre les reve- une méthodologie basée sur une fonction
nus personnels, du choix de s’ouvrir aux de production de type Cobb-Douglas pour
échanges internationaux ou de se protéger estimer les contributions respectives de l’ac-
de la concurrence extérieure. Ces arbitrages cumulation du capital et du progrès tech-
révèlent la capacité d’une économie à capter nique à la croissance des États-Unis de 1909
les sources de la croissance en créant les ins- à 1949. Cet article a donné lieu à de nom-
titutions nécessaires et en garantissant l’adé- breux travaux relevant de la « comptabilité
quation de l’offre et de la demande à chaque de la croissance ».
moment et au cours du temps. » Pour Solow, le progrès technique désigne
Les mécanismes de la croissance l’ensemble des éléments autres que le volume
conduisent ainsi à la hausse de la produc- de travail et de capital qui permettent d’aug-
tivité globale qui se trouve elle-même au menter la production. Il s’agit donc d’un fac-
centre des interactions spécifiques. En effet, teur résiduel qui mesure la part inexpliquée
la croissance de la productivité permet la de la croissance. Le progrès technique qua-
croissance des revenus (profits, salaires, lifié d’autonome est ainsi considéré comme
impôts, etc.), la baisse de la durée du travail un troisième facteur de production qui est
et enfin la baisse des prix, chacun de ces élé- exogène, indépendant des choix de ceux qui
ments affectant la croissance économique apportent du travail et du capital.
elle-même. La période des Trente Glorieuses En France, une des principales études por-
(1945-1975) s’est ainsi accompagnée dans tant sur les facteurs de la croissance est, à la
les pays industrialisés de forts gains de pro- suite de celle d’E. Denison aux États-Unis,
ductivité conduisant ainsi à une élévation du celle de J.-J. Carré, P. Dubois et E. Malinvaud
niveau de vie et une baisse de la durée du tra- publiée en 1972.
vail, à d’immenses progrès dans les domaines Carré, Dubois et Malinvaud utilisent cette
de la santé, de l’habitat, de l’enseignement, fonction de production sous forme dérivée :
dQ dL dK
Q = Lα × K (1- α ) ⇔ =α× + (1 - α ) ×
Q L K
Cette formule donne directement le taux de croissance de la production (∆Q/Q) en fonction des
taux de croissance de la quantité de travail (∆L/L) et de la quantité de capital (∆K/K). En utilisant,
comme le font les auteurs, les séries du PIB pour Q, les données concernant la population active
et la durée du travail pour L, les chiffres concernant les nouveaux équipements, nets d’amortis
sements, pour K, les résultats obtenus en données annuelles, sur la période 1951-1969 sont :
∆Q/Q = 5,0 % ∆L/L = – 0,14 % ∆K/K = 3,93 %
α = masse salariale/PIB = 0,72 d’où : 1 – α = 0,28
dK
Part du capital : (1 – α ) × = 3,93 × 0,28 = 1,1 point
K
153
Croissance économique
154
Croissance économique
155
Croissance économique
156
Croissance économique
157
Croissance économique
rêter et la théorie néoclassique rejoint ainsi blème logique. En effet, la valeur du capital
la théorie classique et l’état stationnaire de dépend de son taux de profit aussi bien que
D. Ricardo. du montant du capital investi : autrement
Pour une population donnée, une hausse dit la valeur du capital dépend en fin de
de l’épargne va donner lieu à une hausse compte de la valeur du capital, le raison-
équivalente de l’investissement et de la crois- nement est circulaire.
sance mais de façon transitoire : jusqu’à ce
que l’économie atteigne son sentier de crois- Les théories de la croissance endogène
sance équilibrée. Une hausse de l’investis-
Le qualificatif de théories de la croissance
sement peut ainsi retarder l’état stationnaire
endogène fait référence à un courant d’ana-
mais pas le supprimer. Seul le progrès tech-
lyse qui s’est développé aux États-Unis
nique peut expliquer le maintien durable de
depuis le milieu des années 1980. Les deux
la croissance.
articles fondateurs de ce courant sont ceux
Solow introduit donc un progrès tech-
d’économistes formés à l’école de Chicago :
nique dans son modèle mais il s’agit d’un
P. Romer (1986) et R. Lucas (1988).
progrès technique autonome qui est en fait
Bien que conservant un cadre d’ana-
un troisième facteur. Le progrès technique
lyse néoclassique, les théories de la crois-
est considéré comme indépendant de toute
sance endogène constituent une réponse
variable économique (il est exogène) et sur-
aux insuffisances du modèle de Solow qui
venant seulement en fonction du temps. Par
explique l’essentiel de la croissance par un
ailleurs, puisque la rémunération des fac-
progrès technique exogène et qui conclut à
teurs absorbe la totalité de la recette (règle
la nécessaire convergence des économies.
de l’épuisement du produit), le progrès
Les nouvelles théories de la croissance
technique est donc nécessairement gratuit.
cherchent à montrer que la croissance
Il s’agit là du facteur résiduel qui explique est un phénomène auto-entretenu permis
l’essentiel de la croissance dans la plupart par les comportements des agents écono-
des travaux sur la « comptabilité de la crois- miques qui accumulent du capital phy-
sance ». sique, de la technologie, du capital humain
Les théories de la croissance endogène et du capital public. Cette accumulation
vont par la suite chercher à montrer que le de différents types de capital se caractérise
progrès technique trouve son origine dans par la croissance des rendements et des
l’activité même des agents économiques. effets externes positifs. Les théories de la
À Une des conclusions importantes du croissance endogène réhabilitent ainsi sous
modèle de Solow est celle de la conver- certaines conditions le rôle de l’État dans
gence. En effet, si la croissance provient la croissance.
essentiellement du progrès technique et si
ce dernier est gratuit, tous les pays pour- Le capital physique
ront en bénéficier. Ce résultat sera remis en P. Romer a renouvelé l’analyse de l’inves-
question par les théories de la croissance tissement comme facteur de la croissance.
endogène. Il propose en 1986 un modèle basé sur les
À Dans les années 1960, des économistes de phénomènes d’externalité entre les firmes.
Cambridge (Angleterre), P. Sraffa (1898- En investissant dans de nouveaux équi-
1983) et J. Robinson (1903-1983) ont cri- pements, une firme se donne les moyens
tiqué la possibilité de mesurer le capital. d’accroître sa propre production mais
Le capital est composé de biens hétéro- également celle des autres firmes, concur-
gènes, ce qui conduit à l’impossibilité rentes ou non. En effet, l’investissement
d’une mesure agrégée du stock de capital. dans de nouvelles technologies est le point
Si l’on essaie de surmonter la difficulté en de départ de nouveaux apprentissages par
utilisant des évaluations en valeur de ces la pratique : amélioration des équipements
biens hétérogènes (comme le préconisent en place, travaux d’ingénierie (agencement
les néoclassiques), il survient alors un pro- des techniques existantes), augmentation
158
Croissance économique
de la compétence des travailleurs… Or, ce moyenne de la scolarité est une cause non
savoir qui ne peut être approprié par la firme négligeable de la croissance.
qui le produit se diffuse inévitablement aux
Le capital public
autres firmes.
Il correspond aux infrastructures de commu-
La technologie nication et de transport qui sont au cœur du
Les investissements en recherche-dévelop modèle élaboré par R. Barro.
pement ont un double effet : Le capital public n’est qu’une forme de
– ils sont à l’origine de biens et services capital physique qui résulte des investisse-
nouveaux, protégés par des brevets, et par ments opérés par l’État et les collectivités
conséquent source de revenus pour les inno- locales. Le capital public comprend égale-
vateurs ; ment les investissements dans les secteurs
– ils sont également pourvoyeurs d’idées de l’éducation et de la recherche. Dans le
qui serviront de point de départ à des inno- cas d’externalités positives, la production
vations ultérieures et à des externalités d’équilibre est inférieure à l’optimum. Dans
positives. Ces idées sont en effet des biens ce contexte, il pourra incomber à l’État de
collectifs, d’accès ouvert, permettant à des créer des structures institutionnelles des-
firmes autres que l’innovateur initial de faire tinées à encourager l’investissement, la
progresser la technique. C’est l’accumulation recherche, l’éducation et la construction
de ces connaissances nouvelles, issues de d’infrastructures.
connaissances anciennes et de la recherche,
Innovations, destruction créatrice
qui fait progresser la technologie, et donc la
et spécialisation
productivité.
Certains modèles de croissance endogène
Le capital humain se rattachent explicitement à l’œuvre de
Le capital humain a été mis en évidence par J. A. Schumpeter (1883-1950), en particu-
deux économistes de l’École de Chicago, lier les modèles centrés sur les innovations
Th. Schultz et G. Becker et il est au centre concernant la variété et la qualité des biens.
des recherches menées par R. Lucas. Le capi- Dans ces modèles sont également intégrés
tal humain désigne l’ensemble des capacités les effets positifs de la spécialisation des sec-
apprises par l’individu qui accroissent son teurs de l’économie, effets qu’A. Young avait
efficacité productive. Chaque individu est en mis en avant en 1928.
effet « propriétaire » d’un certain nombre de Dans le modèle de P. Romer (1990), l’in-
compétences, qu’il valorise en les vendant novation provoque une croissance de la
sur le marché du travail. Dans ce schéma, productivité en créant de nouvelles variétés
l’éducation est un investissement dont l’indi- de biens, en particulier des biens intermé-
vidu attend un certain retour. diaires qui proviennent des investissements
Le capital humain engendre des effets en recherche-développement motivés par
externes positifs. Par exemple, la production la recherche de rente de monopole. Il en
des entreprises est en partie dépendante du résulte un accroissement du nombre de
niveau de capital humain de toute l’écono- branches et une plus grande spécialisation
mie dans la mesure où une entreprise est qui, par elle-même est en mesure d’entrete-
plus efficace lorsqu’elle est dans un envi- nir la croissance.
ronnement de main-d’œuvre qualifiée. La Dans le modèle de Ph. Aghion et
productivité d’un travailleur dont le capital P. Howitt, les innovations améliorent la
humain est élevé sera d’autant plus forte qualité des biens et rendent obsolètes les
qu’il trouvera dans un environnement où biens et les techniques de production anté-
le niveau de capital humain est également rieurs. Le modèle prend en compte une
élevé, etc. diversité des secteurs et dans chaque indus-
Il est alors naturel de souligner que la trie, le bien est produit par l’innovateur le
tendance plus que séculaire dans les pays plus récent qui est un jour remplacé par
occidentaux à un allongement de la durée un autre innovateur. L’innovation a deux
159
Croissance économique
inputs : les dépenses d’innovation de l’in- prix Nobel pour leurs travaux centrés sur le
novateur privé et le stock de connaissances rôle des institutions.
publiquement disponibles qui résulte de Alors que les théories traditionnelles étu-
l’action des innovateurs précédents. Le taux dient le rôle de l’accumulation du capital,
de croissance à long terme de l’économie la technologie et les économies d’échelle,
dépend du taux d’innovation de l’économie « pour North, ces facteurs ne sont pas les
tout entière : l’amélioration de la qualité causes de la croissance économique, ils n’en
des biens dans tous les secteurs permet une sont que la manifestation ». Les causes de la
croissance auto-entretenue. croissance doivent, selon lui, être recher-
chées dans les « incitations à une organisa-
La stagnation séculaire
tion efficiente » dans l’aptitude de la société
Depuis la crise des subprimes, on constate
à mettre en œuvre des « arrangements insti-
les grandes difficultés que rencontrent les
tutionnels » qui bénéficient autant aux indi-
économies avancées et émergentes à évi-
vidus qu’à la société.
ter la déflation et à revenir à un sentier de
Pour D. North, les institutions se défi-
croissance équilibré (plein-emploi et infla-
nissent comme l’ensemble des règles qui
tion faible). Les économistes débattent de
régissent les interactions humaines. « De
l’existence d’une stagnation séculaire, qui
façon plus formelle, elles sont les contraintes
désigne la faiblesse prolongée des taux de
imaginées par l’homme qui structurent l’in-
croissance. Les partisans de cette thèse,
teraction politique, économique et sociale
d’abord exposée par R. J. Gordon et L. Sum-
[…] Tout au long de l’histoire, les institutions
mers aux États-Unis, avancent plusieurs
ont été imaginées par les êtres humains pour
d’explication : les conséquences de la crise
créer de l’ordre et réduire l’incertitude dans
des subprimes, la financiarisation des éco-
l’échange. Avec les contraintes habituelles
nomies liée à l’essor du capitalisme patri-
en sciences économiques, elles définissent
monial, l’excès de l’épargne mondiale et
l’ensemble des choix et déterminent en
le faible dynamisme de l’investissement et
conséquence les coûts de transaction et de
la demande globale, le ralentissement de la
production et, à partir de là, la profitabilité
croissance de la population mondiale, l’im-
et la faisabilité à s’engager dans l’activité
pact de plus en plus faible de l’innovation
économique ».
sur la croissance, etc.
Prenant appui sur l’histoire économique,
L’existence d’une stagnation séculaire est
D. North multiplie les exemples où les
contestée par certains économistes, comme
institutions jouent un rôle majeur dans la
C. Reinhart et K. Rogoff, et plus récemment
croissance, que ce soit dans la construction
par J. Stiglitz et P. Krugman. Ils rappellent
de certaines infrastructures ou sur les mar-
que crises financières et bancaires sont
chés de capitaux, la législation des socié-
traditionnellement suivies par des reprises
tés anonymes, etc. Il invoque par exemple
économiques lentes. Ils avancent également
les décisions de la puissance publique aux
que seule l’Europe présenterait les symp-
États-Unis pour financer la construction du
tômes de la stagnation séculaire, les États-
canal de l’Érié ou encore l’autorisation du
Unis ayant une croissance potentielle plus
prêt à intérêt en Europe.
élevée.
Dans une perspective différente,
D. Rodrik et A. Subramanian distinguent
Croissance et institutions quatre types d’institutions marchandes sans
La reconnaissance de l’importance du rôle lesquelles les marchés ne peuvent pas
des institutions dans la croissance éco- exister ou fonctionner durablement : les
nomique n’est pas nouvelle comme en institutions créatrices de marché, les insti-
témoignent les analyses de K. Marx (1818- tutions de réglementation du marché, les
1883), de l’école historique allemande et de institutions de stabilisation des marchés et
l’institutionnalisme. En 1993, R. Fogel (1926- les institutions de légitimation des marchés
2013) et D. North (1920-2015) ont reçu le (protection sociale).
160
Croissance endogène
Pour J.-L. Gaffard, « il est maintenant nière « repose vraisemblablement sur des
communément admis que la croissance du engagements visant, d’une part, à renfor-
produit et l’amélioration du niveau de vie cer les investissements communautaires
interviennent dans un environnement carac- notamment en matière de recherche-déve-
térisé par la protection des droits de propriété, loppement et de préservation de l’environ-
le respect des engagements contractuels, la nement, d’autre part, à réduire les inégalités
concurrence sur le marché, une monnaie de revenus et de richesse. […] Elle relève
solide et un endettement privé comme public de politiques actives conduites en réponse
soutenable ». aux déséquilibres pour en éviter la propaga-
Pour autant, tous ces principes relatifs aux tion ».
institutions ne se concrétisent pas dans des Dans les pays en développement, la
politiques publiques identiques. Plusieurs croissance peut être entravée, voire blo-
voies sont possibles et il existe une variété quée par la présence d’institutions écono-
des capitalismes et des systèmes nationaux
miques extractives par lesquelles une élite
d’innovations. Le consensus de Washington
au pouvoir obtient des rentes économiques
a imposé une configuration d’institutions
provenant de l’activité de la population. Les
supposée optimale. Pourtant, les pays d’Asie
obstacles à la croissance économique et au
qui ont connu les meilleures performances
développement sont alors durables car toute
de croissance se sont considérablement
innovation remet en question la situation de
écartés de ce consensus (forte intervention
publique, faible pouvoir des actionnaires, l’élite en place. À l’inverse, les institutions
marchés du travail rigides, flux de capitaux économiques inclusives permettent une
contrôlés, etc.). croissance durable. Elles doivent être mises
Dans l’Union européenne, la stabilité en place par l’État, en favorisant la création
monétaire et budgétaire et la libéralisation d’institutions marchandes, en construisant
de tous les marchés supposés favoriser la des infrastructures et en assurant des ser-
croissance ont conduit à des performances vices publics.
médiocres et divergentes entre pays. Ce Pour D. Acemoglu et J. A. Robinson, les
constat devrait inciter à remettre en cause institutions économiques inclusives « pré-
le consensus institutionnel et à réfléchir sur parent aussi le terrain à ces deux moteurs
la mise en œuvre d’une véritable politique de la prospérité que sont la technologie et
de croissance. Selon J.-L. Gaffard, cette der- l’éducation ».
161
Croissance équilibrée (stratégie de)
des investissements (hausse du capital de connais- en infrastructures destinés à favoriser les complé-
sances et diffusion de ces connaissances, gains de mentarités de l’industrialisation simultanée de
productivité conduisant à une augmentation de la plusieurs branches. Elle consiste à provoquer un
demande, etc.). effort d’investissement rapide et massif (big push,
– Dans l’analyse de R. Barro (1990), les selon Rosenstein-Rodan), pour rompre les cercles
infrastructures publiques facilitent la circulation vicieux du sous-développement. P. Krugman
des informations, des personnes et des biens, ce a rendu hommage à cette approche en montrant
qui accroît la productivité. L’impôt (destiné qu’elle était déjà une véritable analyse de la crois
à financer ces investissements) joue ici un rôle sance endogène.
positif sur la croissance et n’a pas seulement un Ü Croissance économique, Économie du développement
effet de désincitation sur le secteur privé. Les Croissance déséquilibrée, Pôles de croissance, Politique
infrastructures publiques constituent donc un fac- de développement, Stratégie de développement
teur de croissance qui engendre des rendements
croissants à long terme en raison des économies
internes qu’elles permettent pour les producteurs Croissance extensive
privés. La croissance extensive est une augmentation
– La recherche-développement, étudiée dans de la production qui repose principalement
des travaux de P. Romer, est considérée comme sur l’augmentation des quantités de facteurs de
une activité à rendement croissant du double fait production. Les gains de productivité sont alors
que la connaissance est un bien non rival et que limités.
le coût de son appropriation est, pour chaque On accroît par exemple la production agricole en
chercheur, minimal. La croissance économique défrichant de nouvelles terres.
résulterait ainsi d’une activité d’innovation, Ü Croissance économique
engagée par des agents qui espèrent en tirer profit. Croissance intensive
Ces travaux rejoignent ceux de J. A. Schumpeter
(1883-1950).
– L’accumulation de capital humain, au centre Croissance externe
des travaux de R. Lucas (né en 1937, prix Nobel en La croissance externe désigne un processus par
1995), peut être volontaire (une accumulation de lequel l’entreprise s’agrandit par regroupement
connaissances) ou involontaire (learning by doing). avec d’autres entreprises préexistantes dont elle
L’accumulation individuelle de capital humain a un prend le contrôle.
effet externe positif car, en améliorant son niveau Ü Capital et investissement, Entreprises et système pro-
d’éducation et de formation, chaque individu aug- ductif
mente le stock de capital humain de la nation et, Absorption, Concentration, Croissance interne, Fusion
par là même, contribue à améliorer la productivité
de l’économie nationale.
Ü Croissance économique, Économie du développement Croissance inclusive
Croissance déséquilibrée, Destruction créatrice, La croissance inclusive est un concept utilisé
Économie de la connaissance, Politiques de dévelop notamment par l’OCDE et par le Fonds moné
pement, Stratégie de développement taire international (FMI). La croissance inclusive
désigne une croissance économique qui ne s’ac-
compagne pas d’un accroissement des inégalités et
Croissance équilibrée (stratégie de) qui génère une augmentation du bien-être de l’en-
La croissance équilibrée désigne une croissance semble des individus et des groupes sociaux d’une
économique visant à faire progresser de concert les population. Les États-Unis, où la croissance écono-
différents secteurs d’activité de telle manière que mique des trente dernières années a surtout béné-
les secteurs les moins dynamiques ne freinent pas ficié au 1 % se situant au sommet de la hiérarchie
les autres. des revenus et des patrimoines, sont un exemple
Dans l’économie du développement, la crois- de croissance non-inclusive.
sance équilibrée renvoie à un débat sur les poli La croissance inclusive suppose en effet un par-
tiques de développement. La politique de tage équitable des fruits de la croissance. Tous les
croissance équilibrée, défendue par des auteurs individus doivent en bénéficier, en particulier ceux
comme P. Rosenstein-Rodan (1902-1985) ou qui sont en bas de l’échelle sociale, mais aussi les
R. Nurkse (1907-1952), s’inscrit dans une optique catégories de la population qui sont discriminées.
d’économie de marché tout en cherchant à renfor- Les générations futures ne doivent pas être désa-
cer l’intervention de l’État par des investissements vantagées, les performances de l’économie doivent
162
Croissance soutenable
163
Croissance transmise
164
Cycle du crédit
À J. A. Schumpeter (1883-1950) considère par exemple – quand la production ralentit, l’emploi se main-
que l’histoire de l’analyse économique est caracté- tient pendant un certain temps. Cela fait chuter les
risée par un processus cumulatif de production de gains de productivité ;
connaissances. – quand il y a une reprise, l’emploi ne s’accroît
Ü Épistémologie économique qu’avec retard. Cela fait augmenter les gains de pro-
Ceinture protectrice, Paradigme, Programme de ductivité.
recherche scientifique La réglementation de l’emploi, l’investissement
en capital humain, l’incertitude des entrepre
neurs, sont des facteurs qui jouent sur l’ampleur
Currency principle de ce cycle.
Ü Fluctuations et crises économiques, Productivité
La thèse du currency principle a été défendue en
Cycle Juglar, Cycle Kitchin, Cycle Kondratiev, Grappe
Grande-Bretagne au xixe siècle par des économistes
d’innovations, Hystérésis, Oscillateur
qui considéraient que l’émission de billets de
banque par la banque centrale devait être stric-
tement liée à son encaisse métallique. D. Ricardo Cycle de vie
(1772-1823) a été un défenseur particulièrement
Théorie du cycle de vie
influent de ce point de vue qui l’a emporté sur le
banking principle et a conduit à l’adoption de la
loi bancaire britannique de 1844 (Acte de Peel). Cycle du crédit
Ü Monnaie Le cycle du crédit est un cadre d’analyse théorique
Convertibilité, Dichotomie, Étalon-or qui vise à rendre compte du lien entre le com-
portement des agents financiers et l’instabilité de
l’économie globale. Cette analyse a notamment
Cycle été formulée par H. Minsky et Ch. Kindleberger.
Un cycle est le retour périodique d’un même type Pour Minsky, au sortir d’une crise financière et
de phénomène. De nombreux phénomènes écono- économique, des institutions sont mises en place
miques peuvent avoir un caractère cyclique. pour limiter les risques et les agents économiques
On observe des cycles d’activité économique (prêteurs et emprunteurs) privilégient un finan-
(cycle Kitchin, cycle Juglar, cycle Kondratief). cement prudent, c’est-à-dire des crédits dont les
Au niveau de l’entreprise, il existe un cycle de revenus permettent au débiteur de rembourser le
production pour réaliser un produit, pour le déve- principal et les intérêts de la dette. Mais dans un
lopper sur les marchés, (cycle du produit), voire second temps, poussées par la recherche du profit
pour l’emploi (cycle de la productivité). et la volonté d’accroître le volume de leurs prêts,
Pour les individus, on peut repérer des com- les institutions financières vont développer un
portements cycliques (l’épargne dans la théorie financement spéculatif, c’est-à-dire accorder des
du cycle de vie, les anticipations sur les marchés crédits dont les revenus permettent de payer les
financiers). intérêts mais pas de rembourser le principal de
Les cycles en économie peuvent s’appuyer sur des la dette (cette dernière est donc reconduite de
variables réelles (innovation, progrès technique, période en période par l’octroi de nouveaux cré-
productivité) ou monétaires (crédit et cycle d’en- dits). Dans une troisième phase, c’est la finance
Ponzi qui va l’emporter : les crédits accordés sont
dettement) pour expliquer des fluctuations écono-
de plus en plus risqués et les revenus liés à ces
miques, voire les anticiper.
crédits ne permettent de rembourser ni les inté-
Ü Capital et investissement économiques, Consomma- rêts, ni le principal. Une telle situation conduit
tion et épargne, Fluctuations et crises économiques nécessairement à une crise financière car certains
Cycle réel (théorie du), Destruction créatrice, Modèle agents vont faire défaut, les anticipations vont
de la toile d’araignée (Cobweb), Oscillateur se retourner, le phénomène de déflation par la
dette s’enclenche, les agents tentent de se désen-
detter en vendant leurs actifs en catastrophe, ce
Cycle de la productivité qui amplifie la crise.
Le cycle de la productivité est un cycle lié aux Ü Finances internationales, Monnaie
décalages entre les variations du volume de la Accélérateur financier, Anticipations, Bulle spécu-
production et l’ajustement du volume de l’emploi. lative, Crise des subprimes, Hypothèse d’instabilité
Au niveau microéconomique, les entreprises financière, Moment Minsky, Risque de crédit, Risque
ajustent avec lenteur l’emploi : de défaut
165
Cycle du produit
166
Cycle long
mais par des fluctuations autour d’un trend de Deux grands cycles et demi ont été mis en
croissance (alternance de phases de croissance et lumière par Kondratiev :
de récession). – le 1er Kondratiev (1780-1790 à 1844-1851)
Ü Croissance économique, Fluctuations et crises correspond à l’expansion du textile, de la métallur-
Cycle réel, Théorie monétaire des crises gie et de la chimie, etc. Le retournement (début de
la phase B) se situe vers 1844-1851 ;
– le 2e Kondratiev (1844-1851 à 1890-1896)
Cycle Kitchin s’articule avec le développement du chemin de fer
Le cycle Kitchin est un cycle économique court et de l’acier, associé à l’entrée des États-Unis dans le
d’une durée de quarante mois environ (3 ans et commerce mondial et aux découvertes d’or d’Aus-
demi). Il est souvent lié à des opérations d’augmen tralie et de Californie. Le retournement se situe vers
tation ou de liquidation des stocks. Ces pratiques 1870-1875 ;
de gestion de stocks conduisent en effet à des – le 3e Kondratiev (1891-1896 à 1914-1920) se
fluctuations de la production. traduit par le développement des industries élec-
Ce cycle, repéré par l’américain J. Kitchin (Cycles triques, chimiques et des moteurs, l’apparition de
et tendances des variables économiques, 1923), est l’Australie, l’Argentine et le Canada dans le com-
souvent qualifié de « cycle mineur ». merce mondial, l’accroissement de l’extraction d’or
Ü Croissance économique, Fluctuations et crises écono- et l’instauration de l’étalon-or. Le retournement se
miques situa vers 1914-1920.
Cycle économique, Cycle Juglar Pour Kondratiev, l’explication du cycle se fonde
surtout sur le renouvellement de certains investis
sements lourds.
Cycle Kondratiev Les analyses de J. A. Schumpeter (Business
Le cycle Kondratiev désigne un cycle économique Cycles, 1939) conduisent à associer à chaque Kon-
long, d’une durée moyenne de 50 à 60 ans. C’est dratiev, des innovations majeures. Prolongeant
J. A. Schumpeter qui a donné à ce cycle le nom cette analyse, des économistes néoschumpétériens
de l’économiste soviétique N. Kondratiev (Les (G. Mensch, Ch. Freeman) ont mis en lumière un
grands cycles de la conjoncture, 1920). Fondateur quatrième Kondratiev (1939-1996) avec un point
en 1920 de l’Institut de la conjoncture à Moscou, de retournement en 1973. Dans cette perspective,
Kondratiev a étudié les mouvements séculaires des
une troisième révolution industrielle se dessine-
prix et des quantités réelles en France, en Grande-
rait avec un cinquième Kondratiev dont la phase A
Bretagne et aux États-Unis et a mis en évidence le
s’amorcerait à la fin du xxe siècle.
cycle qui porte désormais son nom.
Il existe d’autres explications du cycle Kondra-
Ce cycle comporte deux phases :
tiev qui reposent sur :
1. Une phase A ascendante qui réunit des condi-
tions favorables à la croissance : découvertes modi- – des facteurs monétaires : place du crédit et
fiant radicalement les techniques et l’échange, de l’accroissement de la masse monétaire pour
accroissement des investissements, expansion de la G. Cassel (1866-1945), baisse des prix pour
circulation monétaire, diversification des activités, F. Simiand (1873-1935) ;
augmentation du pouvoir d’achat agricole, appari- – des facteurs politiques : tout mouvement de
tion de nouveaux pays dans l’économie mondiale. baisse de longue durée des prix est précédé par une
Mais des forces agissent en sens inverse (augmen- guerre tandis que les phases descendantes ont été
tation des prix, retournement dans les commandes des périodes de paix.
de biens de capitaux, concurrence internationale À Le cycle long permet une lecture de l’histoire éco-
plus intense, bouleversements sociaux et guerres, nomique que certains économistes contestent : ils
augmentation des capitaux improductifs). ne reconnaissent qu’un seul type de cycle, le cycle
2. Une phase B (ou dépression) qui s’accom- Juglar. D’autres auteurs se contentent de don-
pagne d’une baisse des prix, des taux d’intérêt et de ner au cycle long, une portée heuristique mais les
l’activité économique notamment dans l’agricul- points de retournement diffèrent selon les auteurs.
ture. Selon Kondratiev, « À mesure que la tendance Ü Fluctuations et crises, Croissance économique
à la baisse se développe les facteurs qui favorisent Croissance endogène, Cycle Juglar, Cycle Kitchin,
l’accumulation et la concentration du capital com- Destruction créatrice, Progrès technique
mencent à entrer en action » (nombreuses inven-
tions, épargne abondante, remplacement des biens
capitaux essentiels) préparant ainsi une nouvelle Cycle long
phase A. Cycle Kondratiev
167
Cycle majeur
168
D
Décentralisation métiers de la finance, entre les différents produits et
La décentralisation est une politique visant à trans- entre les différents marchés (marché monétaire).
férer des compétences de l’État central aux collecti- Par exemple, la distinction entre banque d’affaires
vités territoriales dotées de la personnalité juridique et banque de dépôts a disparu en France à partir
(communes, départements, régions). En France, la de la loi bancaire de 1984. De même, aux États-
réforme de 1982 a réalisé une importante décen- Unis, le Glass-Steagall Act de 1933, qui séparait les
tralisation. banques d’investissement, les banques de dépôts
D’un point de vue économique, la décentralisa- et les sociétés d’assurance a été abrogé en 1999.
tion repose sur l’idée que la gestion des interven- Le décloisonnement a pour effet d’augmenter
tions publiques par des instances élues plus proches l’interdépendance des différents marchés ce qui
des usagers conduira à une plus grande efficience. accroît le risque systémique.
À Ne pas confondre avec la déconcentration qui Ü Finances internationales, Monnaie
délègue des compétences à des services de l’État Banque universelle, Financiarisation, Globalisation
implantés dans les régions, les départements et les financière, Mutation financière, Règle des 3 D, Règle
communes. Volcker, Séparation bancaire
Ü Économie publique
Régulation, Subsidiarité
Décollage
Démarrage ( Take off )
Décile
Les déciles d’une variable (par exemple le revenu)
sont les valeurs seuils de cette variable qui parti- Décomposition internationale
tionnent en 10 groupes de taille égale une popula- des processus productifs (DIPP)
tion statistique dans laquelle les individus ont étéLa décomposition internationale des processus
classés par ordre de revenu croissant. Il y a donc productifs (DIPP) correspond à la segmentation
9 déciles qui divisent une population statistique endu processus de production à l’échelle interna-
10 sous-groupes, chaque sous-groupe contenant tionale. Concrètement, la DIPP correspond au
10 % de la population statistique. fait que les firmes opèrent une externalisation de
Le premier décile D1 d’une série statistique est certains segments de la chaîne de valeur (l’assem-
la valeur de la variable étudiée telle que 10 % de blage par exemple), ce qui peut donner lieu à une
la population étudiée prend une valeur inférieure exportation préalable de composants (tissus, pièces
ou égale à D1 et 90 % prend une valeur supérieure détachées…) et/ou à des investissements directs à
ou égale à D1. On définirait de même le 2e décile l’étranger (filiale d’assemblage ou de montage) et/
avec les proportions 20 %, 80 % et ainsi jusqu’au ou à de la sous-traitance internationale. Les firmes
9e décile, avec les proportions 90 %, 10 %. multinationales sont les acteurs privilégiés de la
Le 5e décile est la médiane. mise en œuvre de la DIPP dans de nombreux sec-
À D’une manière générale, les quartiles, déciles, cen-teurs industriels (automobile, textile-habillement,
tiles, ou encore les milliles sont appelés des quantiles.
électronique, informatique…). Il en résulte une
Dispersion, Distribution statistique croissance des échanges de produits intermédiaires
et du commerce intra-firme.
La principale limite à la DIPP est l’importance
Décloisonnement des coûts de transaction et des coûts d’organisation.
Sur les marchés des capitaux, on appelle décloi- Ü Commerce international, Entreprises et système pro-
sonnement la suppression des barrières entre les ductif, Intégration économique, Mondialisation
169
Décote
170
Défaillances du marché (market failure)
171
Défaut de coordination
172
Dégradation des termes de l’échange
173
Délégué du personnel
174
Demande solvable
l ’intérêt que l’on obtiendrait en plaçant la somme Dans la théorie des équilibres à prix fixes,
correspondante sur le marché financier. L’analyse la demande effective correspond à la quantité
économique s’est efforcée d’expliciter les déter- effectivement échangée par un agent économique
minants de la demande de monnaie. L’approche qui subit des contraintes de quantité (on est alors
keynésienne met l’accent sur les motifs de la préfé- en présence d’un équilibre avec rationnement).
rence pour la liquidité. Pour M. Friedman (prix Ü Marchés et prix
Nobel 1976), la monnaie est une composante du Anticipation, Commissaire-priseur walrasien, Défaut
patrimoine des agents et la quantité de monnaie de coordination, Demande notionnelle, Tâtonnement
détenue dépend de l’optimisation de la composi- walrasien, Théorie keynésienne, Théorie néoclassique
tion de ce patrimoine (arbitrage entre actifs réels,
monnaie et titres).
Au total, dans l’approche keynésienne comme Demande globale
dans l’approche monétariste, la demande de mon- Au niveau macroéconomique, la demande globale
naie dépend pour l’essentiel du taux d’intérêt et du est constituée par l’ensemble des achats de biens
revenu (revenu permanent chez Friedman). et de services finalement effectués au cours d’une
À Une différence essentielle entre les deux approches période dans une économie donnée. La demande
réside dans le fait que les keynésiens considèrent globale comprend quatre éléments :
que la fonction de demande de monnaie est ins- ––la demande de biens et services de consomma-
table, alors que les monétaristes considèrent qu’elle tion finale par les ménages (C) ;
est stable (pour ces derniers, l’action sur la base ––la demande de biens d’investissement (I) ;
monétaire est donc efficace). ––la demande de biens et services des adminis-
Ü Monnaie, Politique économique trations publiques (G) ;
Offre de monnaie, Politique monétaire, Schéma ––les exportations nettes (X - M).
IS-LM, Trappe à liquidité
D = C + I + G + (X - M)
Dans l’approche keynésienne, les variations de
Demande de travail la production sont déterminées par les variations
La demande de travail désigne la demande de main- de la demande globale et l’État peut agir sur les
d’œuvre que les entreprises cherchent à recruter. différentes composantes de la demande globale pour
À Ne pas confondre demande de travail et demande maintenir l’économie au voisinage de l’équilibre
d’emploi ; la demande de travail correspond en de plein-emploi.
effet à l’offre d’emploi. À Ne pas confondre avec la demande effective.
Ü Marché du travail Ü Fluctuations et crises économiques, Politique économique
Équilibre de sous-emploi, Gap d’Okun, Macroécono-
mie, Théorie keynésienne
Demande effective
Dans la théorie keynésienne, la demande effective
est la demande de biens de consommation et de Demande notionnelle
bien de production anticipée par les entreprises. La demande notionnelle est la quantité demandée
Bien que qualifiée d’effective, il s’agit en fait de par un agent économique pour un prix donné
la demande anticipée qui détermine l’offre, c’est- lorsque cet agent ne subit pas de contrainte de
à-dire le niveau macroéconomique de la produc- quantité.
tion et donc de l’emploi. La demande effective Dans le modèle walrasien, tous les échanges
est déterminée par des données objectives (infor- se déroulent au prix d’équilibre. Pour ce prix, la
mations économiques sur la croissance) mais aussi demande notionnelle est identique à la demande
par les « esprits animaux des entrepreneurs », c’est- effective. En revanche, dans la théorie des équi-
à-dire par des facteurs psychologiques qui ne sont libres à prix fixes, la demande notionnelle et la
pas nécessairement rationnels. Rien ne garantit que demande effective peuvent différer.
la demande effective se fixe au niveau qui assure Ü Marchés et prix
le plein-emploi. Pour J. M. Keynes (1883-1946), Apurement des marchés, Équilibre avec rationnement,
dans une économie de marché, la situation la plus Macroéconomie, Microéconomie
probable est celle de l’équilibre de sous-emploi.
Dans le modèle walrasien, la demande effective
est celle qui est effectivement satisfaite au prix Demande solvable
d’équilibre du marché. À l’équilibre, la demande La demande solvable d’un bien ou d’un service est
notionnelle est égale à la demande effective. celle qui est formulée par un agent économique
175
Demandes d’emploi en fin de mois (DEFM)
disposant de revenu suffisant pour payer le prix La démarchandisation est d’autant plus forte que
du marché. l’accès aux droits sociaux est large, que la durée de
Ü Marchés et prix, Revenus et patrimoine versement des prestations sociales est longue et
Demande, Solvabilité que les revenus de remplacement sont proches des
revenus d’activité.
Demandes d’emploi en fin de mois Ü Marchés et prix, Protection sociale
(DEFM) Redistribution, Sécurité sociale
Les demandes d’emploi en fin de mois (DEFM)
recensent depuis 2009, les personnes inscrites à Démarrage (take-off )
Pôle emploi à la fin d’un mois donné. Cet indi-
cateur de mesure du chômage est fourni par le Le démarrage économique est, selon W. W. R ostow
Ministère du travail. (Les étapes de la croissance économique, 1960),
On distingue désormais cinq catégories de la période cruciale pendant laquelle l’économie
demandeurs d’emploi : nationale s’engage dans la voie du développement
––catégorie A : demandeurs d’emploi tenus auto-entretenu. Pour W. W. Rostow, trois condi-
de faire des actes positifs de recherche d’emploi, tions permettent la réalisation du démarrage :
sans emploi ; ––une élévation importante du taux d’investisse-
––catégorie B : demandeurs d’emploi tenus de
ment de 5 à 10 % du revenu national ;
faire des actes positifs de recherche d’emploi, ayant
exercé une activité réduite courte (i. e. de 78 heures ––la création d’un ou de plusieurs secteurs indus-
ou moins au cours du mois) ; triels jouant un rôle d’entraînement important du
––catégorie C : demandeurs d’emploi tenus de fait de leur croissance élevée (leading sectors) ;
faire des actes positifs de recherche d’emploi, ayant ––l’existence ou la mise en place d’un « appareil
exercé une activité réduite longue (i. e. plus de politique, social et institutionnel » qui facilite la
78 heures au cours du mois) ; poursuite de la croissance (en particulier les impor-
––catégorie D : demandeurs d’emploi non tenus tations de capitaux en provenance des pays déve-
de faire des actes positifs de recherche d’emploi (en loppés et la constitution d’un système bancaire).
raison d’un stage, d’une formation, d’une mala-
Ü Croissance économique, Économie du développement
die…), y compris les demandeurs d’emploi en
convention de reclassement personnalisé (CRP), en Dépendance, Étapes de la croissance, Pays émergents,
contrat de transition professionnelle (CTP), sans Politique de développement, Sous-développement
emploi et en contrat de sécurisation professionnelle
(CSP) ;
––catégorie E : demandeurs d’emploi non tenus Démographie
de faire des actes positifs de recherche d’emploi, La démographie est une discipline scientifique qui
en emploi (par exemple : bénéficiaires de contrats étudie les populations (effectifs, structures par âge
aidés). et par sexe, natalité, mortalité, mouvements migra-
À Ce sont les personnes de la catégorie A qui font toires etc.).
l’objet des commentaires les plus fréquents des res-
Il existe de fortes interactions entre les phéno-
ponsables politiques.
À La pluralité des critères, qui conduit à la définition mènes démographiques et les phénomènes écono-
de ces catégories, permet la prise en compte et la miques. Par exemple, l’évolution de la structure
mesure des phénomènes de sous-emploi. par âge a des effets sur les dépenses de protection
Ü Marché du travail, emploi et chômage sociale et notamment les systèmes de retraite et de
Chômage au sens du Bureau international du travail, santé. Réciproquement, la situation économique
Halo du chômage influence les phénomènes démographiques (par
exemple, la hausse du niveau de vie conduit géné-
ralement à une baisse de la fécondité).
Démarchandisation
À Très souvent dans les modèles économiques, les
De façon générale, la démarchandisation désigne
variables démographiques sont considérées comme
le processus de réduction des rapports marchands.
Pour G. Esping-Andersen, la démarchandisa- des variables exogènes.
tion (decommodification) désigne « la possibilité de Ü Croissance économique
conserver un niveau de revenu socialement accep- Loi de Malthus, Taux de dépendance, Vieillissement
table en dehors d’une participation au marché ». démographique
176
Dépréciation
177
Dépression
178
Déséquilibre économique
Dans une perspective théorique différente, ––le fait de transformer une épargne placée en
F. Perroux (1903-1987) préfère utiliser le terme consommation : la désépargne des ménages au
« inarticulation » qui renvoie à un manque d’inté- cours d’une période donnée correspond à une
gration du territoire de l’économie nationale. De ce diminution en valeur absolue de l’encours de leurs
fait, par exemple, la croissance d’une branche ne se placements financiers ;
propage pas à l’ensemble de l’économie. ––le fait d’avoir une consommation supérieure
Ü Économie du développement, Entreprises et système à son revenu.
productif, Intégration économique Dans les deux cas, la désépargne entraîne une
Cercle vicieux de la pauvreté, Dualisme, Effet de pro- diminution de la valeur nette du patrimoine.
pagation À Ne pas confondre désépargne et déthésaurisation.
Ü Consommation et épargne, Revenus
Effet d’encaisses réelles, Effet de patrimoine, Revenu
Déséconomie d’échelle permanent, Théorie du cycle de vie, Thésaurisation
Il y a déséconomie d’échelle lorsque les coûts uni-
taires s’accroissent à la suite d’une augmentation de
la taille de l’unité de production et que les rende- Déséquilibre économique
ments d’échelle deviennent décroissants. En effet, On parle de déséquilibre économique dans une
au-delà d’une certaine taille critique, les firmes économie de marché quand il y a un écart entre
rencontrent des déséconomies d’échelle liées à des l’offre et la demande. Cela peut se traduire par :
contraintes techniques de production, à l’alourdis- ––des variations du niveau général des prix (infla-
sement des frais de gestion administrative, des coûts tion, déflation) sur le marché des biens et des services ;
d’organisation, des coûts d’information, etc. ––du chômage ou des emplois vacants sur le
Ü Entreprises et système productif marché du travail ;
Économie d’échelle, Effet d’agglomération, Effet ––un déséquilibre de la balance des paiements
externe, Loi des rendements décroissants (excèdent ou déficit des transactions courantes, du
compte financier, ou des variations de la position
monétaire extérieure) qui peut être accompagné de
Désencastrement crises de change sur le marché des changes.
Selon K. Polanyi (1886-1964), le désencastrement Les déséquilibres économiques peuvent aussi
désigne le processus d’autonomisation de la sphère être liés à la dégradation de l’environnement et
économique par rapport aux autres sphères de la vie à l’épuisement des ressources naturelles.
sociale. Le désencastrement rend possible le dévelop- Dans l’approche de J. Schumpeter (1883-1950)
pement de l’économie de marché qui suppose que le déséquilibre qui résulte de l’innovation favorise
soient démantelées les contraintes de l’économie et la destruction créatrice et donc la dynamique
de la société traditionnelles. Les normes et les valeurs économique et les cycles économiques.
doivent se transformer pour que soit affirmée la pré- Dans la théorie néoclassique le déséquilibre
éminence de l’individu sur la communauté. Cela renvoie à l’insuffisance de la concurrence et à
suppose notamment que le travail lui-même soit l’imperfection de l’information ou à l’intervention
soumis à la logique marchande. C’est, selon Polanyi perturbatrice de l’État.
(La Grande Transformation, 1944), tout l’enjeu de Pour K. Wicksell (1851-1926) le déséquilibre
l’abrogation de l’Acte de Speenhamland en 1834. résulte notamment de l’existence de la monnaie
À partir de ce moment, en Grande-Bretagne, le tra- de crédit et conduit à des déséquilibres cumulatifs.
vail devient une marchandise comme une autre, le Pour F. Hayek (1899-1992), la croissance exces-
travailleur n’est plus protégé par les normes de la sive du crédit crée un déséquilibre par le surin-
société traditionnelle. Comme l’écrivait K. Marx vestissement qui est nécessairement suivi par une
(1818-1883), toutes les relations sociales sont alors contraction ou « effet accordéon ». Le progrès
plongées « dans l’eau glaciale du calcul égoïste ». technique est aussi une source de déséquilibre dans
Ü Marché du travail, emploi et chômage, Marchés et prix la théorie des cycles réels.
Économie de troc, Économie domestique, Économie Pour les économistes keynésiens, les déséqui-
marchande libres résultent de l’insuffisance ou de l’excès de
la demande effective ce qui implique une action
régulatrice de l’État.
Désépargne Un déséquilibre économique n’est pas nécessai-
La désépargne désigne le fait de transformer une rement négatif. En économie du développement,
épargne préalablement constituée en consommation. certains théoriciens sont favorables à une crois-
La désépargne se définit alors selon les cas comme : sance déséquilibrée.
179
Déséquilibres globaux
Ü Croissance économique, Économie et écologie, Fluc- ––la baisse de la part (en %) de l’emploi indus-
tuations et crises économiques, Marché du travail triel dans l’emploi total.
emploi, chômage, Politique économique La désindustrialisation s’explique par :
Croissance potentielle, Détour de production, Équilibre ––des gains de productivité plus importants
avec rationnement, Équilibre de sous-emploi, Équilibre dans l’industrie que dans les services ;
monétaire, Grappes d’innovation, Mécanisme cumula- ––des stratégies d’entreprises industrielles externa-
tif wicksellien, Modèle de la toile d’araignée lisant certaines de leurs activités (comptabilité, entre-
tien.) y compris en recourant à des délocalisations.
À La part de l’industrie dans l’emploi peut baisser,
Déséquilibres globaux sans que l’emploi industriel recule en valeur abso-
Le terme « déséquilibres globaux » désigne une situa- lue (si l’emploi total progresse), ou sans que la part
tion de l’économie mondiale caractérisée à la fois de l’industrie dans la production de l’économie
par de forts excédents de balances des transactions diminue (si les gains de productivité y sont plus
courantes dans certains pays (Chine, Allemagne, rapides que dans les services).
pays exportateurs de pétrole) et par de forts déficits À La désindustrialisation affecte davantage certains
de balances courantes d’autres pays. Ces déséquilibres secteurs d’activité et les emplois non qualifiés.
globaux alimentent des flux internationaux de capi- Cependant, l’industrie conserve toute son impor-
taux qui peuvent se révéler déstabilisants sur les mar- tance au niveau macroéconomique et reste un déter-
chés des changes comme sur les marchés financiers. minant majeur du dynamisme d’une économie.
Ü Commerce international, Finances internationales, Ü Entreprises et système productif, Politique économique,
Fluctuations et crises économiques Productivité
Équilibre emplois/ressources, Excès d’épargne mon- Compétitivité, Déversement, Économie de la connais-
diale, Global Saving Glut, Instabilité financière sance, Firmes multinationales, Industrialisation, Loi
des trois secteurs, Politique industrielle, Tertiarisation
Désincitation
La désincitation est un défaut d’incitation ou une Désinflation
incitation à ne pas adopter un certain type de La désinflation est le ralentissement du rythme de
comportement. On parle par exemple de la désin- croissance du niveau général des prix. Il y a tou-
citation au travail lorsque les mécanismes de la jours inflation, mais à un taux de plus en plus faible.
redistribution réduisent le gain de revenu généré À Ne pas confondre avec déflation.
par la reprise d’une activité professionnelle. Dans Ü Monnaie, Politique économique
les années 2000, l’activation des politiques de Cible d’inflation, Politique de désinflation compéti-
l’emploi répondait à l’objectif de supprimer les tive, Politique monétaire
désincitations au travail.
Ü Économie publique, Marché du travail, emploi et
chômage, Protection sociale Désinflation compétitive
Prime d’activité, Revenu de solidarité active, Trappe Politique de désinflation compétitive
à chômage, Trappe à pauvreté
Désintermédiation financière
Désindexation La désintermédiation financière est le processus par
La désindexation est la fin de l’indexation du lequel la part des crédits bancaires dans la totalité
revenu nominal (en particulier du salaire) sur les des financements diminue. En conséquence, la part
prix. Au début des années 1980, de nombreux pays des financements par émission de titres s’accroît.
de l’OCDE ont désindexé les salaires. À La désintermédiation financière se mesure par la
Ü Politique économique, Revenus baisse du taux d’intermédiation financière.
Désinflation, Inflation, Revenu nominal À Certains économistes relativisent la désintermé-
diation financière dans la mesure où de nombreux
agents économiques (ménages, petites et moyennes
Désindustrialisation entreprises) n’ont recours qu’au crédit bancaire.
La désindustrialisation désigne la diminution de De plus, les banques sont devenues des acteurs
l’importance de l’industrie dans l’économie. On essentiels sur les marchés financiers.
évalue habituellement son importance par : Ü Monnaie
––la baisse de la part (en %) de la production Billet de trésorerie, Certificat de dépôt, Financement
industrielle dans le produit intérieur brut (PIB) ; direct, Financement intermédié, Intermédiation
180
Déthésaurisation
financière, Marché monétaire, Mutation financière, monnaie) : il y a donc création nette de monnaie et
Règle des 3 D augmentation de la masse monétaire.
À Les sorties d’or (en système d’étalon-or) et les
achats de devises par les agents résidents sont aussi
Désinvestissement l’occasion d’une destruction de monnaie.
Pour un agent économique ou pour un secteur de À La destruction de monnaie n’a rien à voir avec la
l’économie, voire l’économie entière, il y a désin- destruction matérielle des billets usagés.
vestissement lorsque le montant des investisse- Ü Monnaie
ments réalisés est inférieur aux investissements de Contreparties de la masse monétaire, Diviseur de cré-
remplacement nécessaires au simple maintien de la dit, Monétisation de créance, Multiplicateur de crédit
capacité de production existante. L’investissement
net est alors négatif.
Ü Capital et investissement Désutilité
Détour de production, Formation brute de capital fixe La désutilité désigne le fait que certaines activités
(FBCF), Investissement de capacité des agents économiques, loin de leur procurer une
satisfaction, sont pour eux une source de désagré-
ments (utilité négative).
Destruction créatrice Par exemple, on considère généralement, dans la
Selon J. A. Schumpeter (Capitalisme, socialisme théorie néoclassique, que le travail est une source
et démocratie, 1942), la destruction créatrice est de désutilité et même que la désutilité marginale
un processus « qui révolutionne incessamment de du travail est croissante. Un individu ne va donc
l’intérieur la structure économique, en détruisant accepter d’offrir son travail que si la rémunération
compense la désutilité marginale de ce travail.
continuellement ses éléments vieillis et en créant
Ü Consommation et épargne, Marché du travail, emploi
continuellement des éléments neufs ».
et chômage
Pour J. A. Schumpeter (1883-1950), la des-
Coût d’opportunité, Homo œconomicus, Offre de
truction créatrice est inhérente au capitalisme,
travail, Taux marginal de substitution
système économique dans lequel les innovations
conduisent les entreprises à des situations de
monopole. Ces situations sont néanmoins tempo- Désutilité marginale
raires du fait de l’imitation de l’innovation par les
La désutilité marginale est la perte d’utilité totale
entreprises concurrentes. La concurrence est donc,
que supporte un individu lorsque sa consommation
dans cette perspective, un processus dynamique qui diminue d’une unité ou lorsque la quantité de travail
ne porte pas seulement sur les prix, mais sur les qu’il effectue augmente d’une unité. Dans le modèle
technologies utilisées, les caractéristiques des pro- de base néoclassique du marché du travail, un indi-
duits, etc. Elle est donc par essence imparfaite. vidu n’offre son travail que si le taux de salaire est
Ü Croissance économique, Fluctuations et crises écono- supérieur ou égal à la désutilité marginale du travail.
miques À Dans la théorie néoclassique, le travail est caracté-
Concurrence imparfaite, Cycle Kondratief, Déséqui- risé par sa désutilité. Cependant, ce point de vue peut
libre, Dynamique, Révolution industrielle être contesté ou nuancé dans la mesure où le travail
peut être source de réalisation de soi pour les indivi-
dus et présenter de ce fait un intérêt intrinsèque.
Destruction de monnaie Ü Consommation et épargne, Marché du travail, emploi
La destruction de monnaie résulte, pour l’essen- et chômage
tiel, du remboursement des crédits qui ont donné Coût d’opportunité, Homo œconomicus, Offre de
naissance à la création de monnaie scripturale. travail, Taux marginal de substitution
Lorsque, à l’échéance, le débiteur rembourse sa
dette, l’institution financière monétaire :
––fait disparaître de l’actif de son bilan la créance Déthésaurisation
qu’elle détenait ; La déthésaurisation désigne la diminution des
––fait disparaître du passif de son bilan l’engage- avoirs thésaurisés par les agents économiques.
ment qu’elle avait à l’égard de ce client du fait du Ces avoirs déthésaurisés font l’objet soit d’une
crédit accordé. consommation finale, soit d’un placement.
À Dans les économies en croissance, les crédits nou- À Ne pas confondre avec désépargne.
veaux (création de monnaie) sont plus impor- Ü Consommation et épargne, Revenus
tants que les crédits remboursés (destruction de Thésaurisation
181
Détour de production
182
Dette souveraine
Dette extérieure nette C’est enfin une dette consolidée, c’est-à-dire qu’elle
La dette extérieure nette correspond à la différence exclut les dettes contractées par les administrations
entre la dette extérieure brute et l’ensemble des publiques entre elles (les dépôts des collectivités ter-
créances que les agents économiques résidents ritoriales auprès du Trésor par exemple).
dans un pays détiennent sur le reste du monde. Ü Économie publique, Intégration économique
La dette extérieure nette est considérée comme Effet « boule de neige », Pacte de stabilité, de crois-
un indicateur économique plus pertinent que la sance et de gouvernance, Pacte de stabilité et de crois-
dette extérieure brute lorsqu’il s’agit d’apprécier la sance, Règle d’or, Service de la dette, Soutenabilité
dépendance d’un pays aux financements extérieurs. de la dette, Traité de Maastricht
Ü Finances internationales
Charge de la dette, Déficit jumeau, Financement
de l’économie Dette senior
Créancier senior
Dette publique
La dette publique est constituée de l’encours total Dette sociale
des titres d’emprunt publics (titres d’emprunt La dette sociale désigne la partie des emprunts
d’État, bons du Trésor, dette des entreprises contractés par l’État (au sens large) afin de financer
publiques…). La dette publique résulte du finance-
les dépenses sociales. La dette sociale résulte de l’ac-
ment des dépenses publiques par l’emprunt plutôt
cumulation des déficits des institutions chargées de
que par l’impôt.
À Il faut distinguer la dette publique et la dette de la protection sociale.
l’État ou dette souveraine : la dette souveraine est À En France, une Caisse d’amortissement de la dette
celle qui est contractée ou garantie par l’État cen- sociale (CADES) a été créée en 1996. Les déficits
tral (État au sens strict), la dette publique ajoute cumulés par le régime général de la sécurité sociale
à la dette souveraine les dettes contractées par les ont été transférés à la CADES qui doit procéder
administrations de sécurité sociale et les collectivi- au remboursement grâce à la contribution pour le
tés locales. remboursement de la dette sociale (CRDS).
À Il faut distinguer la dette publique brute et la dette Ü Économie publique, Protection sociale
publique nette. La dette nette est la dette brute Déficit budgétaire, Dette souveraine, Soutenabilité
diminuée des créances détenues par ailleurs par les de la dette
entités publiques.
À La charge de la dette désigne le remboursement
des intérêts de la dette. Dette souveraine
À Ne pas confondre dette publique (stock) et déficit La dette souveraine est celle qui est émise ou garan-
public (flux). tie par un État.
Ü Économie publique, Monnaie Pour certains économistes, la dette souveraine est
Déficit budgétaire, Effet « boule de neige », Pacte de sta- nécessaire, l’État peut être perpétuellement endetté
bilité et de croissance, Service de la dette, Solde budgé-
sans subir les contraintes d’insolvabilité des autres
taire, Soutenabilité de la dette, Théorème d’équivalence
agents économiques qui doivent rembourser leurs
dettes sous peine de voir leurs actifs amputés. La
Dette publique dette souveraine peut donc être un moyen de finan-
au sens de Maastricht cer les investissements de long terme comme les
infrastructures. Elle donne la possibilité notam-
La dette publique au sens de Maastricht est une
ment aux banques, de détenir des placements
mesure harmonisée au niveau européen des dettes
moins risqués comme les bons du Trésor.
des administrations publiques. La dette publique
est mesurée en valeur nominale, c’est-à-dire en Mais pour le monétarisme, la dette souveraine
fonction du prix du titre et du taux d’intérêt au conduit à un effet d’éviction à travers la hausse
moment de l’émission de la dette, et non en valeur des taux d’intérêt qu’elle induit pour l’investis-
de marché, c’est-à-dire au prix actuel des titres s’ils sement privé.
étaient revendus. Les fluctuations des cours des titres Ü Économie du développement, Finances internatio-
ne sont donc pas prises en compte. C’est une dette nales, Mondialisation
brute, c’est-à-dire qu’elle n’est pas diminuée des Crédibilité, Déficit budgétaire, Développement durable,
créances détenues par les administrations publiques Dollarisation, Pacte de stabilité et de croissance, Plan
(les actions des entreprises publiques par exemple). d’ajustement structurel, Soutenabilité de la dette
183
Dettes subordonnées
184
Déversement
Déversement
Développement extraverti Le déversement désigne un mécanisme selon lequel
Le développement extraverti est une stratégie de les suppressions d’emplois dans certains secteurs
développement des pays en voie de développe- d’activité sont compensées par des créations
ment (PED) qui privilégie l’insertion sur les mar- d’emplois dans d’autres secteurs. Un transfert de
185
Devise
186
Dilemme du prisonnier
187
Discipline de marché
188
Dissuasion
l’Union européenne interdit la discrimination Ce n’est pas le cas dans les sociétés anonymes ayant
fondée sur le sexe, l’origine ethnique, la religion ou adopté une structure avec conseil d’administra-
les convictions, l’âge, le handicap et l’orientation tion (CA) où le président du CA est en général
sexuelle. Certains privilégient plutôt la responsabi- aussi le directeur général de la société.
lité sociale des entreprises (charte de la diversité) Ü Entreprise et système productif
alors que d’autres souhaitent des mesures de discri- Capitalisme, Gouvernement d’entreprise
mination positive en faveur des populations discri-
minées (bourse, gratuité scolaire, quotas, etc.).
Ü Croissance économique, Marché et prix, Politique éco- Discrétion
nomique Politique discrétionnaire
Capital humain, Effet externe, Égalité, Équité, Justice
commutative, Justice corrective, Justice sociale, Signal,
Théorie du filtre Disparité
La disparité désigne l’écart existant entre la valeur
moyenne d’une variable pour deux populations sta-
Discrimination non tarifaire tistiques différentes.
Barrières non tarifaires Pour étudier la disparité des salaires entre
hommes et femmes par exemple, on comparera le
salaire moyen des femmes et le salaire moyen des
Discrimination par les prix hommes à une date donnée.
La discrimination par les prix désigne, pour une À Ne pas confondre avec dispersion.
entreprise, une pratique consistant à fixer des prix Ü Revenus
différents selon les acheteurs en fonction des carac- Distribution statistique
téristiques connues ou supposées de leur fonction
de demande. Il s’agit de différencier les prix pour
les adapter à l’élasticité-prix de la demande et donc Dispersion
au consentement à payer de chaque acheteur. La dispersion désigne l’écart existant entre les
La discrimination par les prix est une pratique valeurs d’une variable au sein d’une distribution
fréquente qui prend des formes très diverses : tarifs statistique. On cherchera par exemple à mesurer
réduits pour les étudiants, ou encore, réductions les écarts de salaires dans la catégorie des salariés
de fidélisation, tarification du transport ferroviaire hommes à temps plein du secteur privé. Les indi-
selon l’heure et/ou le jour, prix décroissants avec la cateurs de dispersion les plus couramment retenus
quantité, ventes liées, etc. sont l’étendue, mesurée par la différence entre les
Les effets de la discrimination par les prix sont valeurs extrêmes, l’écart type ou les intervalles
négatifs pour certains consommateurs et positifs interquantiles. L’indicateur de dispersion le plus
pour d’autres. Néanmoins, le surplus des consom- fréquemment utilisé par l’Insee pour l’étude des
mateurs peut s’accroître lorsque la discrimination revenus des ménages est le rapport interdéciles,
par les prix conduit à une hausse de la quantité rapport du dernier décile au premier.
échangée. La discrimination par les prix peut aussi À Ne pas confondre avec disparité.
être une pratique anticoncurrentielle, notamment Revenus
lorsqu’elle se traduit par une vente à perte ponc-
tuelle dans le but d’éliminer un concurrent.
Ü Entreprise et système productif, Marché et prix Dissuasion
Concurrence, Monopole discriminant, Politique de la La dissuasion consiste à prévenir un acte en per-
concurrence, Prix prédateur suadant l’acteur concerné que les coûts d’une telle
action excèdent les avantages qu’il peut en tirer. Ces
coûts peuvent être directs (dissuasion par interdic-
Directoire tion et sanction en cas de transgression) ou indi-
Le directoire est l’organe de direction d’une société rects (dissuasion par représailles).
anonyme. Il est élu par l’assemblée générale des En économie le concept de dissuasion est lié à
actionnaires et responsable devant elle. Assurant celui d’incitation. Par exemple, on peut considérer
une direction collégiale, il est chargé de désigner qu’une fiscalité écologique incite à ne pas polluer
le directeur général de l’entreprise. Il est lui-même et constitue un moyen de dissuader les pollueurs ou
contrôlé par un conseil de surveillance. les utilisateurs de ressources naturelles.
À Les membres du directoire ne peuvent pas faire Le concept de dissuasion est utilisé en théorie
partie du conseil de surveillance et inversement. des jeux pour rendre compte de situations où les
189
Distribution statistique
joueurs décident de coopérer mais avec une possi- Compétitivité, Économie d’échelle interne, Économie
bilité d’adopter un comportement non coopératif géographique, Effet de réseaux, Pôle de compétitivité,
(opportunisme). Il y a dissuasion s’il existe une Pôle de croissance, Politique industrielle
procédure permettant de sanctionner l’adoption
éventuelle d’un comportement opportuniste par
l’un des deux joueurs. Diversification
Le concept de dissuasion a été utilisé en matière La diversification est une stratégie d’entreprise qui
géostratégique (dissuasion nucléaire), là encore consiste à développer la production ou la commer-
la théorie des jeux a été utilisée pour montrer cialisation de plusieurs produits ou de plusieurs
que dans certains cas la préparation de la guerre groupes de produits.
est un bon moyen d’assurer la paix (travaux de Ü Entreprises et système productif
R. Aumann, prix Nobel 2005). Analyse stratégique, Concentration des entreprises,
Le concept de dissuasion a cependant fait l’ob- Conglomérat, Économie de variété, Firme multina-
jet d’un certain nombre de critiques. En effet, la tionale, Groupe, Holding
dissuasion repose sur l’hypothèse d’un comporte-
ment parfaitement rationnel des agents. Or, dans
certains cas, les agents prennent des décisions sur la Dividende
base d’une information imparfaite, sous l’empire de
Un dividende est le revenu perçu en contrepartie
l’émotion ou de comportements mimétiques. Dans
de la propriété d’actions. Le dividende rémunère
ce cas, la dissuasion a de bonnes chances de ne pas
un apport de capitaux à une société anonyme par
fonctionner.
l’actionnaire.
Ü Épistémologie économique
À Ne pas confondre un dividende avec l’intérêt qui
Économie comportementale, Rationalité, Rationalité rémunère une obligation ou plus généralement
limitée, Rationalité substantielle, Théorie des incita- une créance.
tions, Théorie des jeux, Théorie des jeux coopératifs, Ü Capital et investissement, Revenus
Théorie des jeux non coopératifs Bourse des valeurs, Capitalisme actionnarial, Gouver-
nance d’entreprise, Patrimoine, Revenu du patrimoine,
Distribution statistique Théorie de l’agence
Une distribution statistique étudie la répartition
d’une population statistique (les ménages par Diviseur de crédit
exemple) suivant un ou plusieurs critères appelés
Le diviseur de crédit est un concept qui permet
caractères statistiques (les revenus par exemple).
d’analyser la relation entre le comportement de
Elle se présente généralement sous la forme d’un
tableau statistique simple (étude selon un seul création monétaire des banques de second rang et
caractère) ou à double entrée (étude selon deux l’émission de monnaie centrale. L’analyse en termes
caractères). de diviseur de crédit considère que l’initiative de la
Centile, Décile, Disparité, Dispersion, Millile, Quantile création de monnaie scripturale appartient aux
banques de second rang qui décident de l’octroi des
crédits. Ce n’est que dans un second temps que ces
District industriel banques cherchent à se procurer la monnaie centrale
Un district industriel est selon A. Marshall (Prin- qui est nécessaire à leur refinancement. La quan-
cipes d’économie politique, 1890), un espace tité de monnaie centrale que doit offrir la banque
géographique caractérisé par un groupement d’en- centrale est donc égale à la quantité totale de mon-
treprises interdépendantes qui opèrent une divi- naie créée par les banques de second rang, divisée
sion du travail et accroissent leur efficacité. Un par un coefficient qui est le diviseur de crédit.
district industriel donne lieu à des interactions Ü Monnaie
dynamiques, des économies d’échelle externes, Base monétaire, Monétisation de créance, Multiplica-
des effets d’agglomération, des effets d’apprentis- teur de crédit, Politique monétaire
sage et des effets de réseau, un marché du travail
spécialisé, etc. La Silicon Valley aux États-Unis, la
Glen Valley en Écosse, ou le réseau de petites entre- Division du travail
prises dans le nord de l’Italie sont des exemples La division du travail désigne un processus de
de district industriel. spécialisation des hommes et des espaces écono-
Ü Commerce international, Entreprises et système pro- miques, ce qui permet d’accroître la productivité
ductif, Productivité et la croissance de la production.
190
Dodd-Frank Act
––Pour A. Smith (1723-1790), « les plus grandes Courbe du sourire, Décomposition internationale des
améliorations dans la puissance productive du tra- processus productifs, Délocalisation de la production,
vail […] sont dues, à ce qu’il semble, à la division Entreprise réseau, Investissement direct à l’étranger
du travail » (Recherches sur la nature et les causes de (IDE), Périphérie, Théorème HOS
la richesse des nations, 1776). Smith met l’accent
sur la division technique du travail dans l’entre-
prise (décomposition de l’activité productive en Doctrine Bernanke
séquences simples dans la manufacture d’épingles) On appelle « doctrine Bernanke » la position expri-
qui accroît l’habileté des ouvriers, supprime les mée par B. Bernanke (président du conseil des
temps morts et facilite la mécanisation. La division gouverneurs de la Réserve Fédérale des États-Unis)
du travail assure la richesse des nations en suscitant dans un discours de 2002 dans lequel il explique
le développement des échanges (au sein des écono- que la déflation résulte d’une contraction de la
mies nationales comme sur le plan international). demande globale. Les conséquences sont aussi
––A. Young (Increasing Returns and Economic connues : notamment contraction de l’offre (réces-
Progress, 1928) prolonge l’approche de Smith, en sion) et crise financière. Bernanke rappelle ce qui
mettant l’accent sur la dimension macroécono- s’est produit à la suite de la crise de 1929 et affirme
mique : la division du travail se traduit par un que la Réserve fédérale ne laissera pas cela se repro-
« recours à des méthodes détournées de produc- duire (Deflation: Making Sure “It” Doesn’t Happen
tion » qui se prêtent à l’utilisation de machines Here). Pour éviter la déflation, la banque centrale
et par la spécialisation croissante des branches. peut notamment créer de la monnaie, diminuer les
J. A. Schumpeter (1883-1950) montre que le tissu taux d’intérêt, assurer la liquidité des banques,
industriel connaît par là même un processus de favoriser la dépréciation de la monnaie nationale
destruction créatrice. sur le marché des changes.
La division du travail apparaît alors comme un Ü Monnaie
facteur de croissance et un facteur de crises écono- Politique monétaire, Politique monétaire non conven-
miques. Elle peut également susciter de nombreux tionnelle
conflits du travail.
À Pour Marx, la division du travail est aussi un
facteur d’accroissement de la production, mais,
Doctrine économique
dans le capitalisme, elle renforce la soumission du Une doctrine économique est un discours normatif
travail au capital. à propos de l’organisation économique et sociale.
Ü Fluctuations et crises économiques, Productivité Une doctrine indique ce qui doit être. En revanche,
Crise du fordisme, Décomposition internationale des une théorie économique a une visée positive et
processus productifs, Détour de production, District indique ce qui est en dehors de tout jugement de
industriel, Division internationale du travail (DIT), valeur.
Économie d’échelle, Économie géographique, For- À Le terme « doctrine » est partiellement tombé en
disme, Organisation scientifique du travail (OST), désuétude. Cependant, le débat sur la place res-
Taylorisme, Toyotisme pective de l’économie normative et de l’économie
positive subsiste.
À La distinction théorie/doctrine doit être relativisée.
Division internationale du travail Par exemple, pour un marxiste, le marxisme est une
(DIT) théorie, pour un non-marxiste, c’est une doctrine.
La division internationale du travail désigne la Certaines approches qui se présentent comme posi-
répartition de la production de biens et services tives (la théorie de l’équilibre général par exemple)
entre les différents pays et zones économiques qui sont implicitement normatives ou font l’objet
se spécialisent dans une ou plusieurs productions. d’une utilisation normative.
Pour les économistes radicaux, la DIT est le Ü Épistémologie économique
résultat de phénomènes de dépendance et de Guillotine de Hume, Neutralité axiologique, Science
domination engendrés par le développement du économique
capitalisme. De leur côté, les économistes néoclas-
siques interprètent la DIT comme la conséquence
d’un système de marchés mondialisés et préfèrent Dodd-Frank Act
parler de spécialisation économique internatio- Le Dodd-Frank Act est la loi de régulation finan-
nale. cière américaine adoptée en juillet 2010 en réponse
Ü Commerce international, Économie du développe- à la crise financière. C’est un texte volumineux et
ment, Intégration économique, Mondialisation complexe qui traite des rapports entre les clients et
191
Dollarisation
192
Droit de propriété
193
Droit de tirage
Ü Économie publique, Entreprises et système productif appelle D la dépense que le producteur affecte à
Bien collectif, Biens de club, Don, Économie alterna- l’achat des facteurs de production (L le travail et K
tive, Économie solidaire, Enclosures, Gouvernement le capital), w le prix du facteur travail et r le prix
d’entreprise, Gratuité (économie de la), Propriété du facteur capital, on peut écrire la contrainte de
intellectuelle, Propriété privée/propriété sociale, budget du producteur de la façon suivante :
Théorème de Coase, Théorie de l’agence, Tragédie D = wL + rK
des anti-communs, Tragédie des biens communs L’équation de la droite d’isocoût est donc celle
d’une droite dont la pente est négative et égale en
valeur absolue au rapport des prix des facteurs de
Droit de tirage production.
Dans le système de changes fixes mis en place à À La droite d’isocoût est la représentation de la
Bretton Woods, le droit de tirage est une possibi- contrainte de budget du producteur.
lité d’emprunt auprès du Fonds monétaire inter- Ü Marchés et prix
national (FMI) destinée à aider les pays membres Courbe d’offre, Droite de budget, Équilibre du pro-
à défendre la parité de leur monnaie par des inter- ducteur
ventions sur le marché des changes. Aujourd’hui,
les emprunts auprès du FMI sont plutôt destinés à
aider les pays emprunteurs à défendre ou à restau- Droits de tirages spéciaux
rer leur équilibre macroéconomique. Les droits de tirages spéciaux (DTS – special
Ü Finances internationales drawing rights) sont un actif de réserve émis par le
Droits de tirages spéciaux Fonds monétaire international (FMI) et détenu
par les banques centrales, celles-ci ayant la possi-
bilité de les échanger contre des devises. À l’origine,
Droite de budget leur valeur était définie par un poids d’or équivalent
La droite de budget représente l’ensemble des diffé- à celui du dollar (35 DTS pour une once d’or fin).
rents paniers de consommation, qui, compte tenu Actuellement les DTS sont un panier de monnaies
du prix des biens, conduit à une dépense totale dont la composition est révisée tous les cinq ans.
identique, égale à la totalité du budget du consom- La création des droits de tirages spéciaux a été
mateur. Chaque combinaison de biens située sur décidée par la Conférence de Rio du FMI en 1967.
cette droite épuise donc le budget La mise en œuvre de ces nouveaux instruments de
Si on appelle R la dépense que le consomma- crédit a débuté en 1969. Les DTS constituent une
teur affecte à l’achat des biens X et Y, Px le prix liquidité internationale scripturale créée ex nihilo
du bien X et Py le prix du bien Y, on peut écrire la par décision du FMI pour pallier l’insuffisance des
contrainte de budget du consommateur de la façon actifs de réserves (l’or et le dollar). Selon J. Rueff
suivante : R = Px.X + Py.Y (1896-1978), favorable au retour à l’étalon-or,
À La droite de budget est la représentation graphique les DTS sont « du néant habillé en monnaie ». En
de la contrainte de budget du consommateur. Elle 2009, la Chine a exprimé la demande que les DTS
est égale (en valeur absolue) au rapport du prix deviennent une alternative au dollar.
des biens. Une variation du revenu provoque un Ü Finances internationales
déplacement de cette droite. Une hausse du revenu Monnaie internationale
éloigne la droite de budget de l’origine des axes et
une diminution du revenu la rapproche de l’ori-
gine des axes. Une modification du prix des biens Dualisme
provoque un pivotement de la droite autour de (économie du développement)
l’ordonnée et/ou de l’abscisse. Le dualisme désigne les différences de caractéris-
Ü Consommation et épargne, Marchés et prix tiques entre le secteur traditionnel et le secteur
Carte d’indifférence, Courbe d’indifférence, Effet prix, moderne d’une économie. Il est caractéristique des
Effet revenu, Équilibre du consommateur économies sous-développées et a fait l’objet des
premiers travaux théoriques fondateurs de l’écono-
mie du développement.
Droite d’isocoût Selon les analyses dualistes, le « secteur tradi-
En microéconomie, la droite d’isocoût représente tionnel » est essentiellement rural et se caractérise
l’ensemble des différentes combinaisons produc- par une faible productivité ainsi que par un sous-
tives, qui, compte tenu des prix des facteurs de emploi. Il relève d’une économie de subsistance
production, correspondent à une dépense iden- faiblement monétarisée. Le « secteur moderne » a
tique, égale au budget total du producteur. Si on une plus forte intensité capitalistique du fait de
194
Dumping monétaire
l’utilisation des technologies occidentales ; l’ex- ––le dumping fiscal lorsqu’un territoire (État,
pansion de ce secteur est rapide et souvent tour- collectivités territoriales) baisse les impôts pour
née vers l’extérieur (production orientée vers favoriser les producteurs nationaux et attirer les
l’exportation). investissements étrangers ;
Le dualisme peut être interprété de façon plus ou ––le dumping environnemental lorsque l’avan-
moins optimiste : tage compétitif repose sur la suppression des
––dans une optique libérale (modèle d’A. Lewis, contraintes liées à la préservation de l’environne-
1954), le dualisme doit s’atténuer avec la crois- ment.
sance du secteur moderne qui permettra d’absorber Commerce international, Marchés et prix, Politique
l’excédent de main-d’œuvre du secteur archaïque. économique
Cette interprétation du dualisme est compatible Compétitivité-prix, Concurrence fiscale, Dévaluation
avec les analyses en termes de retard de dévelop- compétitive, Normes sociales, Paradis fiscaux, Poli-
pement ; tique de désinflation compétitive, Zone franche
––dans une approche structuraliste, en termes
d’inarticulation (F. Perroux), le dualisme doit être
combattu par des politiques de développement ; Dumping environnemental
––dans une optique néomarxiste, la désarti Le dumping environnemental désigne le compor-
culation de l’économie bloque la croissance éco- tement d’une entreprise ou d’un État qui cherche
nomique. à améliorer sa compétitivité-prix en dégradant
Ü Économie du développement l’environnement (pollution, non-traitement des
Cercle vicieux de la pauvreté, Démarrage, Étapes de déchets, prélèvements abusifs et non compensés
la croissance, Industries industrialisantes, Pays émer-
sur le capital naturel, etc.). Le dumping environ-
gents, Pays moins avancés, Périphérie, Rattrapage
nemental peut aussi (du fait des faibles contraintes
économique, Tiers-monde
législatives et réglementaires) attirer les investis-
sements dans les activités productives fortement
Dualisme épistémologique polluantes.
Ü Commerce international, Économie et écologie,
Le dualisme épistémologique est une conception,
Marchés et prix
défendue notamment par W. Dilthey (1833-1911),
Délocalisation, Dumping, Dumping social, Gouver-
selon laquelle les sciences de la nature produisent
nance mondiale, Normes environnementales, Taxe
des explications des phénomènes alors que les
au carbone ajouté
« sciences de l’esprit » adoptent une démarche com-
préhensive. Dans cette approche, il n’y a donc pas
d’unité de la science, mais deux types de démarches Dumping fiscal
totalement différentes.
Ü Épistémologie économique Concurrence fiscale
École historique allemande, Monisme méthodolo-
gique, Querelle des méthodes, Théories économiques
Dumping monétaire
Le dumping monétaire est une action des pouvoirs
Dumping publics en vue de faire baisser le taux de change de
Le dumping est une pratique qui consiste à vendre la monnaie nationale par rapport à celui des prin-
à perte un produit (le prix est inférieur au coût de cipaux partenaires commerciaux pour améliorer
production) ou à vendre sur les marchés étrangers la compétitivité-prix des produits.
à un prix plus bas que sur le marché domestique. Le dumping monétaire peut résulter d’une déva-
Dans le cadre du commerce international, il est luation (en changes fixes) d’une dépréciation (en
interdit et réprimé par l’Organisation mondiale changes flexibles), d’une politique monétaire
du commerce (OMC). accommodante (injection de liquidités, baisse des
Par extension, on distingue plusieurs modalités taux d’intérêt).
de dumping : Le dumping monétaire a le même effet qu’un
––le dumping social lorsque la concurrence droit de douane, il réduit le prix des exportations
entre entreprises passe par l’utilisation d’une et augmente le prix des importations.
main-d’œuvre bon marché ; Ü Commerce international, Finances internationales,
––le dumping monétaire lorsqu’un pays utilise Mondialisation, Monnaie, Politique économique
la sous-évaluation volontaire de sa monnaie pour Barrières non tarifaires, Compétitivité-prix, Dum-
acquérir un avantage compétitif ; ping, Guerre des monnaies, Protectionnisme
195
Dumping social
Producteur B
Comportement de Comportement de maîtrise
dépendance
Producteur A Comportement Équilibre de Cournot Équilibre de Stackelberg
de dépendance (double dépendance) (duopole asymétrique)
Comportement Équilibre de Stackelberg Pas d’équilibre possible
de maîtrise (duopole asymétrique) (duopole de Bowley)
Il faut cependant noter que dans le modèle du en prix » qui conduit à un équilibre proche de celui
duopole de Bertrand, les prix jouent un rôle pre- de la concurrence parfaite : le prix est égal au
mier, les quantités s’adaptant ensuite. coût marginal et le profit est nul. Ce modèle ne
Les modèles de duopole concluent à une plu- peut fonctionner qu’en l’absence de rendements
ralité d’équilibres de marché qui vont de l’agressi- d’échelle croissants.
vité (guerre des prix, augmentation des quantités Ü Marchés et prix
offertes) à la coexistence pacifique, voire la collu- Dilemme du prisonnier, Duopole, Duopole de Bowley,
sion (modèle de Cournot). Duopole de Cournot, Duopole de Stackelberg, Théorie
Ü Marchés et prix des jeux
Concurrence imparfaite
Duopole de Bowley
Duopole de Bertrand Dans le modèle de duopole de Bowley (1924), les
Dans le modèle de duopole de Bertrand (1883), deux duopoleurs adoptent simultanément un com-
la concurrence porte sur les prix (les quantités portement de « maîtrise », en pensant que l’autre
s’adaptant par la suite à la variation des prix). Dans va se comporter en « satellite » (comportement de
ce modèle, les duopoleurs se livrent à une « guerre dépendance).
196
Dutch disease
197
E
Écart de crédit (credit spread) centrales, eurobanques, entreprises, États)
L’écart de crédit est la différence entre le taux d’in- échangent des éléments de leurs créances et de
térêt pratiqué sur un placement sans risque (bons leurs dettes, celle-ci pouvant être libellées dans la
du Trésor émis par un État disposant d’une excel- même monnaie ou dans des monnaies différentes.
lente notation) et le taux d’intérêt pratiqué sur un L’échange peut notamment porter sur les taux
autre titre de créance considéré comme plus ris- d’intérêt (interest swap) ou sur les devises (swap de
qué. L’écart de crédit est donc une évaluation du change et swap de devise ou currency swap).
risque associé à un placement. À Les échanges financiers sont utilisés par les agents
Ü Monnaie économiques pour optimiser la gestion de leurs
Agence de notation, Crédits subprimes, Crise de risques. Par exemple, une entreprise endettée à
l’euro, Crise des dettes publiques, Prime de risque, taux fixe peut juger avantageux d’échanger sa dette
Titrisation contre une dette à taux variable.
À Le terme « échange financier » est la traduction
officielle du terme « swap ».
Écart de production À Les swaps existent en fait depuis longtemps,
Gap d’Okun quoique sous une forme plus informelle, mais ils
se sont développés depuis les années 1980. Il existe
Écart type aussi des options sur les swaps (les swaptions).
L’écart type d’une série statistique sert à mesurer la Ü Finances internationales, Monnaie
dispersion et se calcule par la racine carrée de la Marchés financiers, Produits dérivés
variance de cette série.
On appelle variance d’une distribution statis-
tique la moyenne arithmétique des carrés des écarts Échange inégal
des termes de la série par rapport à leur moyenne La théorie de l’échange inégal est une analyse néo-
arithmétique pondérée. marxiste selon laquelle le commerce international
Revenus est un échange inégal entre pays développés et pays
en développement (PED) car il donne lieu à des
transferts internationaux de plus-values des seconds
Échange
vers les premiers. Elle a été exposée par A. Emma-
Acte économique aboutissant à la cession d’un bien nuel (1911-2001) (L’échange inégal, 1969).
ou d’un service entre deux agents économiques, Cette théorie prolonge une intuition de K. Marx
cette cession étant assortie d’une contrepartie. pour qui une nation pouvait s’enrichir au détriment
L’échange peut être monétaire ou non monétaire d’une autre par le jeu des échanges internationaux.
(on parle alors de troc) ; il peut également s’agir Elle reprend la théorie des prix de production de
d’un don.
Marx pour l’appliquer aux échanges internationaux.
Ü Commerce international, Marchés et prix
Selon lui, si deux marchandises produites dans deux
Échange inégal, Échange international, Échange mar
pays (développé et sous-développé) nécessitent une
chand, Échanges financiers, Économie de troc, Économie
même quantité de travail, leur valeur théorique
monétaire, Économie monétaire de production, Gains
est identique (dans la théorie marxiste, la valeur
à l’échange, Gratuité (économie de la), Prix relatifs
des biens dépend de la quantité de travail socia-
lement nécessaire à leur production). Pourtant,
Échange financier (swap) lors de l’échange international, le prix du produit
Un échange financier est une opération par laquelle fabriqué dans un pays développé où les salaires
deux ou plusieurs entités économiques (banques sont hauts, sera plus élevé que le prix du produit
198
École circuitiste
199
École classique
200
École néokeynésienne
––la troisième École de Chicago est celle qui se dernière n’est pas l’incarnation de la rationalité : les
constitue autour de M. Friedman (1912-2006, agents du système administratif cherchent à maxi-
prix Nobel 1976), et du monétarisme dans les miser leurs revenus ou leur pouvoir. Il en résulte un
années 1960-1970 ; accroissement injustifié des dépenses publiques.
––la quatrième École de Chicago regroupe les Rien ne garantit que les décisions du système
théoriciens des anticipations rationnelles comme politique et du système bureaucratique soient effi-
R. Lucas (prix Nobel 1995). cientes et conformes aux intérêts de la collectivité.
Ü Monnaie Par conséquent, l’intervention publique produit
Croissance endogène, Cycle réel (théorie du), Nouvelle des effets pervers, en particulier une croissance
économie classique, Rigidité, Risque, Théorie écono illégitime de l’État. Ces auteurs parlent donc de
mique défaillances de l’État.
Ü Économie publique
École de Chicago, Économie de la démocratie, État
École de la dépendance minimal, Interventionnisme, Libéralisme, Loi de
Dépendance Wagner, Rationalité économique, Théorème d’Arrow,
Théorie économique
École de la régulation
Théorie de la régulation École historique allemande
Au xixe siècle, l’École historique allemande est
constituée d’économistes qui rejettent l’approche
École de Lausanne déductive et abstraite de l’École classique anglaise.
L’École de Lausanne désigne les auteurs qui se Ils considèrent que l’on ne peut accéder à la
situent dans la lignée de L. Walras (1834-1910) et connaissance économique que par induction sur la
V. Pareto (1848-1923). Il s’agit donc d’un sous-en- base d’observations historiques. Les « historistes »
semble de la théorie néoclassique qui met l’accent mettent l’accent sur les spécificités nationales des
sur les concepts d’équilibre général et d’optimum. différentes économies et contestent l’existence de
Ü Épistémologie économique lois économiques universelles.
La contestation du libre-échange par F. List
École autrichienne, Marginalisme, Théorie écono (1798-1846) et sa thèse du protectionnisme édu-
mique cateur sont un bon exemple de l’approche de l’école
historique. Le socialisme de la chaire se rattache à
cette école qui a aussi influencé l’institutionnalisme
École de Virginie américain.
École des choix publics À La « querelle des méthodes » a opposé l’École
historique et l’École autrichienne.
Ü Épistémologie économique
École des choix publics Loi de Wagner, Ordolibéralisme, Théorie économique
(public choice)
L’École des choix publics analyse l’intervention de
l’État dans l’économie en utilisant les concepts de la École monétariste
théorie néoclassique. À la différence de l’économie Monétarisme
du bien-être, elle ne considère pas que les défail-
lances du marché (effets externes par exemple)
rendent nécessaires l’intervention de l’État. École néokeynésienne
J. Buchanan (prix Nobel 1986), G. Tullock L’École néokeynésienne désigne les économistes
(1922-2014), W. Niskanen (1933-2011) contestent comme J. R. Hicks (1904-1989), P. A. Samuelson
l’idée selon laquelle l’État est le représentant de (1915-2009) ou R. Solow qui opèrent une synthèse
l’intérêt général. À travers la théorie du marché entre l’approche keynésienne et l’École néoclas-
politique, ils montrent que les hommes politiques sique.
sont des agents économiques qui cherchent à À Ne pas confondre avec École postkeynésienne ou
maximiser leur satisfaction (élection ou réélection) avec nouveaux keynésiens.
et que les décisions publiques sont le résultat de Ü Épistémologie économique
l’agrégation de décisions privées (promesses faites Nouvelle synthèse néoclassique, Schéma IS-LM,
aux électeurs). De même, à travers la théorie éco- Synthèse néoclassique, Théorie économique, Théorie
nomique de la bureaucratie, ils montrent que cette keynésienne, Théorie néoclassique
201
École postkeynésienne
202
Économie d’échelle
à la lumière des concepts et des théories écono- être des « anomalies », c’est-à-dire qui s’écartent
miques. L’économie des transports et l’économie de la rationalité attribuée à l’homo œconomicus.
de l’énergie, par exemple, relèvent de l’économie Ces anomalies résultent généralement de biais
appliquée. cognitifs qui affectent la procédure de décision.
À L. Walras (1834-1910) considère que l’économie Cette approche, qui utilise les outils des sciences
pure précède l’économie appliquée qui est un art, comportementales, s’inscrit dans le champ de la
c’est-à-dire une discipline qui sert de guide pour microéconomie. Elle peut conduire à une remise
l’action. en question des hypothèses de comportement de la
À La distinction entre économie pure et économie théorie économique standard.
appliquée est tombée en désuétude car l’analyse L’économie comportementale s’inspire de
économique dans son ensemble utilise à la fois des méthodes de la psychologie expérimentale et met
modèles théoriques et des études de cas. en œuvre des expériences sur des groupes de sujets
Ü Épistémologie économique afin de tester le bien-fondé de certaines hypothèses.
Théorie néoclassique Ces méthodes rapprochent l’économie comporte-
mentale de l’économie expérimentale. Plusieurs
expériences ont montré par exemple que l’aversion
Économie circulaire pour le risque est plus forte que l’appât du gain,
L’économie circulaire se définit d’abord en oppo- même lorsque l’espérance de gains est positive. La
sition au modèle d’économie linéaire qui peut méthodologie de l’économie expérimentale s’ap-
être schématisé par la séquence extraire/produire/ puie également sur les études de terrain et l’analyse
consommer/jeter. L’économie circulaire consiste- de séries statistiques.
rait alors à modifier cette séquence en reliant le pre- Les travaux d’économie comportementale ont
mier et le dernier terme, les déchets étant réutilisés été récompensés par l’attribution du prix Nobel en
comme ressources. 2002 à D. Kahneman (né en 1934), psychologue
Mais le champ des travaux sur l’économie et économiste et V. Smith (né en 1927). Un autre
circulaire est bien plus large. En effet, outre le penseur influent de ce courant, R. Thaler a obtenu
recyclage des déchets, sont aussi concernées : le prix Nobel en 2017 pour ces travaux en finance
––la production, qu’il s’agisse de l’écoconcep- comportementale. R. Thaler et C. Sunstein sont
tion des biens et services (prise en compte de leur notamment à l’origine de la notion de nudge.
impact environnemental), des approvisionnements Une partie non négligeable des recherches de
durables en ressources, de la mise en place d’une l’économie comportementale est consacrée aux
écologie industrielle, c’est-à-dire d’une organisa- comportements des agents économiques sur
tion industrielle territoriale qui optimise la gestion les marchés financiers, ce qui la rapproche de
des stocks, des flux de produits, de l’énergie, etc. ; la finance comportementale, à tel point qu’il
––la consommation, basée sur les achats respon- est fréquent de regrouper ces deux disciplines.
sables, qui doit privilégier l’usage à la possession, Ü Épistémologie économique
les services aux biens (économie de la fonctionna- Théorie économique
lité), le recours au réemploi des produits et à leur
réparation.
À La promotion de l’économie circulaire connaît Économie d’agglomération
aujourd’hui une institutionnalisation puisque la Effet d’agglomération
Commission européenne a engagé des travaux sur
ce thème. Il existe en France un Institut national de
l’économie circulaire. Économie d’échelle
Ü Économie et écologie, Entreprises et système productif Une économie d’échelle désigne la baisse du coût
Développement durable, Économie alternative moyen résultant de l’augmentation du volume (de
l’échelle) de la production de l’entreprise.
Cette diminution du coût unitaire provient
Économie comportementale essentiellement des rendements d’échelle crois-
L’économie comportementale désigne un ensemble sants des facteurs de production au sein de l’en-
de travaux cherchant à montrer le rôle des facteurs treprise. Lorsque les rendements sont croissants, la
psychologiques, cognitifs et émotionnels, autre- quantité de facteurs, dont découle l’accroissement
ment dit des constructions mentales, dans les choix du coût total, progresse moins vite que la quan-
économiques. Cette branche de la science écono- tité produite, ce qui conduit à une diminution du
mique, qui s’est développée depuis les années 1960, coût moyen. On parle alors d’économie d’échelle
s’est notamment intéressée aux choix qui semblent interne. Mais d’autres facteurs que les rendements
203
Économie d’échelle externe
204
Économie de l’éducation
drin-Wormser) et surtout à partir des années 1980 balance des paiements courants tout en ayant une
(loi bancaire de 1984) ont conduit à un finance- diminution de la part de la valeur ajoutée dans les
ment dans lequel les marchés financiers jouent productions où les consommations intermédiaires
un rôle beaucoup plus important, sans que pour augmentent
autant le rôle de l’intermédiation bancaire ait été Ü Commerce international, Entreprises et système pro
significativement réduit. ductif
À Dans la mesure où la monnaie est une dette (elle Compétitivité, Courbe du sourire, Délocalisation, Divi
est inscrite au passif des institutions financières sion internationale du travail (DIT), Sous-traitance
monétaires), toute économie monétaire est une
économie d’endettement.
À Dans une économie d’endettement, la politique Économie de l’environnement
monétaire vise principalement à contrôler la quan-
tité de crédits accordée. L’économie de l’environnement est un champ de
À La distinction entre économie d’endettement et la science économique qui se développe à partir
économie de marchés financiers, introduite par des années 1960 et qui se consacre à l’étude de la
J. R. Hicks, ne doit pas être confondue avec la dis- protection des espaces naturels et des conséquences
tinction entre financement direct et financement de la pollution. Elle se consacre notamment à :
intermédié. ––la mesure de la valorisation des espaces naturels
Ü Monnaie, Finances internationales (élaboration de compte du patrimoine naturel) ;
Déréglementation, Désintermédiation financière, ––l’efficience comparée des instruments de lutte
Économie de marché intermédiée, Économie de mar contre la pollution (normes juridiques, taxes ou
chés financiers, Économie monétaire de production, subventions, quotas d’émission, etc.).
Encadrement du crédit, Intermédiation financière, À Depuis les années 1980, le concept de dévelop-
Mécanisme cumulatif wicksellien, Règle des 3 D, pement durable occupe une place centrale dans
Transformation bancaire l’économie de l’environnement (problème de
l’équité intergénérationnelle dans l’usage des res-
Économie d’envergure sources naturelles et dans la création d’effets
externes négatifs).
Économie de variété
Ü Économie et écologie, Économie du développement
Actualisation, Capital naturel, Conférence de Paris,
Économie de bazar Décroissance soutenable, Droits de propriété, Éco
L’économie « de bazar » est une économie qui fonc- nomie du bien-être, Économie écologique, Fiscalité
tionne comme une plateforme de réexportation, écologique, Marché de quotas d’émission, Protocole
spécialisée dans l’assemblage et la commerciali- de Kyoto, Protocole de Nagoya, Taux d’actualisation,
sation. Elle résulte de la stratégie des firmes qui Théorème de Coase
opèrent une décomposition internationale des
processus productifs par l’externalisation des acti-
vités intensives en main-d’œuvre moins qualifiée Économie de l’éducation
dans les pays à bas salaires, suivies d’importations L’économie de l’éducation est le domaine de la
pour l’assemblage sur leur territoire et d’une réex- science économique qui se consacre à l’étude du
portation. L’économie de bazar se caractérise par : système éducatif, de son coût, de son fonction-
––un accroissement du contenu en importations nement, de son impact en termes d’emploi et de
des exportations avec des importations croissantes croissance économique. D’A. Smith (1723-1790)
de biens intermédiaires ; aux théories de la croissance endogène, les écono-
––une faiblesse du contenu en emplois des mistes ont toujours accordé beaucoup d’importance
exportations ;
à l’éducation et à la formation. Plus récemment, les
––une faiblesse de la demande résultant de l’im-
pact de l’emploi sur la consommation et de la instruments de l’analyse économique ont été utili-
substitution des investissements directs à l’étran- sés pour rendre compte des inégalités scolaires et
ger (IDE) à l’investissement domestique ; des moyens de les combattre, de l’impact des effec-
––l’accélération de la désindustrialisation et tifs des classes sur la réussite scolaire, etc.
l’aggravation du chômage. Ü Croissance économique, Marché du travail, emploi et
L’économie de bazar est une interprétation de chômage
la situation paradoxale de certains pays comme Capital humain, Segmentation du marché du travail,
l’Allemagne qui enregistrent des excédents de la Théorie du filtre
205
Économie de l’information
206
Économie de la fonctionnalité
207
Économie de la gratuité
208
Économie de variété
2001) dans leur analyse de la variété des capita- Économie de marchés financiers
lismes. Une EMC est une structure institution- Une économie de marchés financiers est une éco-
nelle au sein de laquelle la coordination entre les nomie où le financement des activités économiques
agents économiques est assurée principalement s’opère principalement par l’émission de titres
par des procédures de « coordination straté- sur les marchés financiers.
gique » fondées notamment sur des relations de À Dans une économie de marchés financiers, la poli-
confiance, sur des phénomènes de réseau, sur des tique monétaire vise principalement à contrôler
relations durables favorisant la construction des le niveau des taux d’intérêt.
compétences des divers partenaires, sur le rôle À La distinction entre économie d’endettement et
important des banques dans le financement de économie de marchés financiers a été introduite par
l’économie. J. R. Hicks (1904-1989). Elle doit être utilisée avec
L’Allemagne, le Japon et la Corée sont des prudence car il existe des marchés financiers même
exemples type. dans les économies où le financement bancaire joue
Ü Entreprises et système productif un rôle essentiel.
Capitalisme, Cogestion, Économie de marché libérale À La distinction entre économie d’endettement et
économie de marchés financiers ne doit pas être
confondue avec la distinction entre financement
Économie de marché intermédiée intermédié et financement direct.
Le concept d’économie de marché intermédié Ü Monnaie
désigne des modalités de financement de l’éco- Désintermédiation financière, Économie monétaire de
nomie qui ont recours aux marchés (financement production, Intermédiation financière
direct) mais qui font appel aux intermédiaires
financiers (notamment les banques) qui achètent
et vendent des titres sur les marchés financiers. Économie de troc
On ne peut donc pas opposer de façon sim- Une économie de troc est une économie où les
pliste un financement « orienté marchés » et un échanges se réalisent sans recours à la monnaie.
financement « orienté banques ». Ce que l’on a Dans une telle économie, les échanges ne peuvent
longtemps désigné comme un processus de désin- s’effectuer que dans la mesure où il y a « double
termédiation est en fait un changement du rôle coïncidence des désirs » : l’agent qui possède le bien
des banques qui pratiquent moins l’intermé A et veut l’échanger contre le bien B doit trouver
diation de bilan et qui se consacrent davantage à un agent qui possède le bien B et souhaite l’échan-
l’intermédiation de marché. ger contre le bien A. Il faut également qu’il y ait
une coïncidence entre les valeurs attribuées par les
Ü Monnaie
deux coéchangistes aux deux biens échangés.
Désintermédiation financière, Mutation financière,
À On considère généralement que la loi des débou-
Règle des 3 D
chés est toujours vraie dans une économie de
troc, puisque, dans ce cas, les produits s’échangent
Économie de marché libérale (EML) contre des produits. En revanche, la validité de
cette loi dans une économie monétaire est contro-
L’économie de marché libérale (EML) est l’un des versée.
deux types idéaux mis en évidence par P. Hall et À Certains économistes considèrent que la monnaie
D. Soskice dans leur analyse de la variété des capi- apparaît pour répondre aux insuffisances du troc
talismes (Varieties of Capitalism: The Institutional lorsque le volume des échanges s’accroît. D’autres,
Foundations of Comparative Advantage, 2001). Une au contraire, dénoncent la « fable du troc » et sou-
EML est une structure institutionnelle au sein de lignent que la monnaie est un rapport social qui
laquelle la coordination entre les agents écono- est antérieur à la généralisation de l’échange mar-
miques est assurée principalement par des méca- chand.
nismes de marché. L’accent est mis sur la flexibilité Ü Marchés et prix, Monnaie
du marché du travail, sur l’efficience des marchés Accord de compensation, Bazar (économie de), Dichoto
financiers, sur le caractère impersonnel des formes mie, Économie de marché, Économie domestique, Éco
de coordination. nomie monétaire, Économie monétaire de production
Les États-Unis, la Grande-Bretagne, l’Australie
sont des exemples types d’EML.
Ü Entreprises et système productif, Marchés et prix Économie de variété
Capitalisme, Concurrence, Économie de marché Une économie de variété désigne une diminution
coordonnée (EMC), Économie de marchés financiers du coût moyen qui résulte, pour une entreprise,
209
Économie des conventions
de la variété des biens qu’elle produit. Les écono- ––les réseaux intensifient la concurrence (accès
mies de variété sont obtenues lorsque les mêmes à une offre plus abondante et diversifiée, meilleure
facteurs de production sont partageables et information sur les prix, etc.) ;
peuvent être utilisés dans la production de plu- ––l’existence d’économies d’échelle et d’ex-
sieurs produits. Par exemple, des équipements ternalités de réseau pousse à la concentration
productifs indivisibles (générateur électrique, des entreprises (les entreprises de téléphonie se
bâtiments) peuvent servir à produire des biens lancent dans la télévision, les entreprises de dis-
différents (économies de variété technologiques). tribution d’eau se lancent dans la télévision par
C’est aussi le cas de certains actifs immatériels
câble, etc.).
(recherche, expertise managériale, etc.).
À Si pendant longtemps les industries de réseau
Ü Entreprises et système productif
Économie d’échelle, Économie d’échelle interne ont été considérées comme des exemples types
de monopoles naturels justifiant l’appropriation
publique, on a assisté ces dernières années à une
Économie des conventions ouverture à la concurrence et à des privatisations
L’économie des conventions est un courant dans les domaines de la fourniture d’électricité, du
d’analyse qui s’est constitué en France, dans les transport ferroviaire, de la téléphonie, etc.
années 1980. Les économistes et les sociologues Ü Entreprises et système productif, Épistémologie écono
qui participent à ce programme de recherche se mique, Marchés et prix, Mondialisation
fondent sur l’individualisme méthodologique, Théorie économique, Ubérisation
mais ils considèrent que la théorie néoclassique
accorde une place trop importante au postulat de
rationalité et à la régulation par le marché. Pour Économie des ressources naturelles
ces auteurs, une convention résulte d’un méca- L’économie des ressources naturelles est une
nisme non marchand sans lequel la régulation mar- branche de la science économique qui comp-
chande ne peut pas fonctionner. Par exemple, un tabilise les ressources naturelles, les évalue
contrat de travail ne peut décrire de façon exhaus- sur le plan économique, et s’interroge sur les
tive tous les comportements attendus des salariés
modalités de leur usage afin de définir des poli-
et les contreparties de ces comportements. Les
tiques publiques pour une gestion efficiente des
entreprises fonctionnent donc grâce à des conven-
tions de productivité qui font appel à des relations ressources naturelles : réserves de matières pre-
d’autorité, de confiance, de loyauté à l’égard de mières, stocks de ressources énergétiques non
l’entreprise, etc. renouvelables, biodiversité, ressources en eau,
À Les conventionnalistes s’appuient donc aussi bien réserves halieutiques, etc.
sur la théorie néoclassique que sur la théorie À En dépit de travaux précurseurs, par exemple
keynésienne ou sur l’institutionnalisme. ceux de S. Jevons (1835-1882) sur les ressources
Ü Épistémologie économique charbonnières, la science économique n’a long-
Hiérarchie, Néo-institutionnalisme, Organisation, temps accordé qu’un intérêt limité aux ressources
Théorie économique naturelles (généralement à partir d’une analyse
en termes de rente). Certaines d’entre elles (l’air
et l’eau notamment) étaient considérées comme
Économie des réseaux des « biens libres » ne relevant pas de l’analyse
L’économie des réseaux désigne un domaine de économique. Depuis le milieu du xxe siècle, la
l’analyse économique qui se consacre à l’étude des prise de conscience de la fragilité des équilibres
services en réseau et des infrastructures qui per-
naturels et de l’importance des ressources non
mettent la production de ces services. L’analyse
renouvelables a conduit les économistes à réali-
économique des réseaux est ancienne (réseau fer-
roviaire, de distribution d’eau, de gaz, d’électricité, ser des travaux de plus en plus nombreux sur ces
etc.), mais elle a connu un essor très important avec questions.
le développement de l’économie numérique (réseau Ü Croissance économique, Économie et écologie
internet) et de ses multiples conséquences (médias Biens communs, Capital naturel, Décroissance sou
en ligne, commerce électronique, etc.). tenable, Développement durable, Économie de l’en
L’économie des réseaux étudie notamment l’im- vironnement, Gratuité (économie de la), Paradoxe
pact contradictoire du développement des réseaux de Jevons, Règle de Hartwick, Règle de Hotelling,
sur le fonctionnement des marchés : Services écosystémiques, Taux d’actualisation
210
Économie du bonheur
Économie domestique
On parle d’économie domestique pour désigner les Économie du bien-être
activités de production et de consommation qui L’économie du bien-être est un courant d’analyse
se déroulent dans le cadre de l’unité de résidence qui considère que l’intervention de l’État dans
(de domos, maison en grec) et donc, le plus sou- l’économie est légitime dès lors qu’il s’agit de pallier
vent, dans le cadre familial (la famille pouvant être les conséquences d’imperfections et de défaillances
plus ou moins large selon la société considérée). La du marché (biens collectifs, effets externes, etc.).
plupart des sociétés traditionnelles sont fondées sur Cette approche étudie notamment les critères
l’économie domestique. d’une redistribution des revenus qui rapprocherait
À L’historien F. Braudel (1902-1985) distingue trois la situation économique de l’optimum.
« étages » de la vie économique : la vie matérielle C’est la publication par A. C. Pigou de son livre
(qui relève le plus souvent de l’économie domes- L’économie du bien-être (1920) qui a inauguré cette
tique), l’économie de marché (qui suppose approche.
des échanges marchands avec l’environnement Ü Économie publique, Protection sociale
proche), l’économie capitaliste (qui repose sur le Bien-être, Justice sociale, Optimum de Pareto, Redis
rassemblement de capitaux, les opérations de com- tribution, Redistribution pure, Théorème d’Arrow,
merce lointain etc.). Théorie économique
À Même dans les pays développés, l’économie domes-
tique occupe une part non négligeable du fait de la
prise en charge par les femmes des tâches domes- Économie du bonheur
tiques. L’économie du bonheur est un domaine d’étude
Ü Entreprises et système productif qui s’est développé au sein de la science écono-
Autoconsommation, Capital humain, Capitalisme, mique à partir de la fin du xxe siècle. Il s’agit, à
Économie alternative, Économie sociale, Économie travers des enquêtes d’opinion, de mesurer le
solidaire, Économie souterraine, Gratuité (économie niveau de bonheur (et donc de satisfaction) des
de la), Salariat, Théorie économique individus et d’analyser les déterminants de ce sen-
timent subjectif de bonheur individuel (revenu,
situation familiale, confiance, travail, etc.). L’éco-
Économie dominante nomie du bonheur prolonge donc le programme
Au sens le plus courant, une économie est domi- de recherche scientifique utilitariste. Elle se
nante du fait de la conjonction de sa puissance montre cependant critique à l’égard de l’hypothèse
économique, financière et monétaire. Historique- de rationalité des agents dans la recherche du
ment, l’économie dominante du capitalisme a été bonheur.
l’Angleterre au xixe siècle puis les États-Unis au Ü Croissance économique, Épistémologie économique
xxe siècle. Bien-être, Effet tunnel, Paradoxe d’Easterlin
211
Économie du développement
Économie du développement
L’économie du développement : occupations l’impératif de l’équilibre financier
un champ pluriel de recherche et de l’ajustement structurel. Les années 1980,
années de retour en force des idées libérales et
Définition et évolution de l’économie
du recul de l’État-providence, sont également
du développement
celles au cours desquelles se confirment les
L’économie du développement est une réussites industrielles de quelques pays qui
branche de l’analyse économique née avaient dès les années 1970 choisi une stra-
après la Seconde Guerre mondiale, dans le tégie d’ouverture (nouveaux pays industriali-
contexte de la décolonisation et de la mise sés). Les analyses se recentrent sur les ressorts
en place d’un nouvel ordre économique de la croissance économique, éclairées sous
centré sur la coopération internationale. En un nouveau jour par les théories de la crois-
première approche, l’économie du dévelop- sance endogène. Dans le cadre de ce para-
pement s’intéresse aux « pays pauvres », au digme émergent des analyses centrées sur le
sous-développement défini par F. Perroux rôle des institutions dans le développement
(1903-1987) par la non-couverture des coûts (D. North, prix Nobel 1993).
de l’homme. Les analyses du développement Les analyses de la première période, fon-
ont évolué et il est possible de distinguer trois dées sur le postulat de spécificités communes
grandes périodes. à un ensemble de pays et ancrées dans une
• La première, qui va jusqu’aux conception évolutionniste du progrès et de la
années 1960-1970, est caractérisée par le modernité, sont remises en question.
« développementalisme », dont les analyses Les années 1990 sont marquées par
sont optimistes quant aux possibilités de la l’incapacité de l’ajustement structurel à
croissance économique. L’accent est mis conduire les pays en développement sur la
sur l’accumulation du capital technique par voie de la croissance économique durable
l’investissement et l’approche du développe- et plus généralement par la remise en ques-
ment est linéaire (les étapes de la croissance). tion du consensus de Washington. Le déve-
Mais la croissance se distingue du dévelop- loppement humain prend une place plus
pement, il existe des spécificités communes importante dans les analyses du développe-
aux pays pauvres. Le dualisme est l’une des ment qui prennent appui sur les théories qui
thèses fondatrices de l’économie du dévelop- associent éthique et économie.
pement.
• La réalité du développement est néan-
Structuralisme, retard de développement
moins celle d’une désillusion, les perfor- et dépendance : des années 1950
mances économiques sont en deçà de ce aux années 1970
qui était attendu. Les années 1960 et 1970
sont celles d’un pessimisme généralisé qui La conception structuraliste
s’incarne dans les analyses de l’École de la de l’économie du développement
dépendance et dans le tiers-mondisme. Le Le courant structuraliste (dont les fondateurs
sous-développement de certains pays et le sont A. Hirschman, G. Myrdal, R. Prebisch),
développement d’autres pays sont des pro- considère que la croissance économique
cessus liés, conduisant à des relations de n’est pas forcément synonyme de développe-
domination entre un centre, les pays déve- ment dans les pays pauvres. Certains auteurs
loppés, et une périphérie, les pays sous- comme A. Lewis (1915-1991, prix Nobel
développés. Ces analyses reprennent à leur 1979) exposent un modèle centré sur le dua-
compte la thèse de la dégradation des termes lisme du système productif des pays pauvres
de l’échange. (juxtaposition d’une économie « moderne »
• À partir des années 1980, la montée des et d’une économie « traditionnelle
») qui
déséquilibres financiers et la crise de la « dette n’est qu’une situation transitoire au cours
du tiers-monde » remettent au centre des pré- de laquelle le surplus de main-d’œuvre
212
Économie du développement
213
Économie du développement
214
Économie du développement
d’échelle. D. North considère que ces fac- composent le monopole focal de gouvernance
teurs sont les manifestations de la croissance est un processus complexe, supposant un cer-
économique et non ses causes. Ces dernières tain consensus chez les élites, et dans lequel
doivent être recherchées dans les « incitations les hasards de l’histoire jouent un rôle non
à une organisation efficiente » d’une société à négligeable. Quant aux institutions extractives,
mettre en œuvre des « arrangements institu- elles vont à l’encontre du développement car
tionnels » qui bénéficient autant aux individus le surplus extrait de l’activité économique sert à
qu’à la société ». Les institutions jouent ainsi enrichir l’élite qui détient le pouvoir politique.
un rôle majeur dans la croissance, que ce soit
dans la construction de certaines infrastruc- Une nouvelle approche : l’approche
tures ou sur les marchés de capitaux, la légis- expérimentale du développement
lation des sociétés anonymes, etc. Depuis le milieu des années 1990, l’ap-
Ces analyses ont servi de fondement théo- proche expérimentale du développement,
rique à la « bonne gouvernance » que les ins- (notamment M. Kremer, E. Duflo), privilé-
titutions internationales ont préconisée : la gie la lutte contre la pauvreté mais à partir
protection des droits de propriété, le respect d’expériences sur le terrain (et non d’expé-
des engagements contractuels, la concur- riences de laboratoire). « Les politiques de
rence sur le marché, une monnaie solide et lutte contre la pauvreté sont évaluées avec
un endettement privé comme public soute- la rigueur des essais cliniques. Idées nou-
nable, etc. Ces préconisations, relativement velles et solutions anciennes sont évaluées
cohérentes avec le consensus de Washington, sur le terrain, ce qui permet d’identifier les
n’ont pas conduit au succès espéré. L’une des politiques efficaces et celles qui ne le sont
explications, que l’on doit à D. Acemoglu et pas. Ce faisant, nous améliorons notre com-
J. Robinson (Prospérité, puissance et pauvreté, préhension des processus fondamentaux qui
pourquoi certains pays réussissent mieux que sont à l’origine de la persistance de la pau-
d’autres ? 2015) est que la « bonne » gouver- vreté » (E. Duflo, Collège de France).
nance ne conduit pas nécessairement à créer « Par exemple, au milieu des années 1990,
des institutions économiques inclusives, ins- le travail expérimental en économie du déve-
titutions qui sont les seules à promouvoir le loppement cherchait à répondre à des ques-
développement. À la différence des institu- tions de base en économie de l’éducation,
tions économiques extractives, ces institu- à savoir : un meilleur accès aux ressources
tions inclusives favorisent les comportements (manuels scolaires, tableaux dans les classes,
individuels d’investissement, d’innovation, moins d’élèves par classe) a-t-il un impact
etc., ainsi que la confiance dans la possibi- sur les résultats scolaires (présence, résultats
lité de s’en approprier les résultats (revenus, aux examens), et si oui, dans quelle mesure ?
etc.). Selon D. Acemoglu (Introduction to Le cadre théorique était donc très simple,
Modern Economic Growth, 2008), les insti- ce qui n’a pas empêché ces recherches de
tutions efficaces doivent pouvoir créer trois produire des résultats surprenants, aussi
types d’incitations : bien positifs que négatifs. Par exemple, le
– engager une large palette d’individus à fait d’améliorer l’accès aux manuels sco-
participer à la vie économique par le respect laires, en passant d’un manuel pour quatre
des droits de propriété ; élèves ou plus à un manuel pour deux élèves
– empêcher que des groupes dirigeants n’a pas d’influence sur les résultats moyens
s’approprient les revenus ou investissements aux examens. Le fait de diviser par deux le
d’autrui ; nombre d’élèves par classe n’a pas eu d’ef-
– promouvoir l’égalité des chances pour fet non plus. Cependant, au Kenya, une
une large partie de la société en encoura- étude portant sur un traitement contre les
geant l’investissement, notamment dans le vers intestinaux a montré qu’un traitement
capital humain. vermifuge coûtant 49 cents par enfant per-
Dans une autre perspective, N. Meiser met de réduire l’absentéisme de 25 %. Ceci
montre que la mise en place des institutions qui est en partie dû aux effets de contagion (un
215
Économie du développement
enfant traité diminue le risque de contami- selon le revenu national brut par habitant
nation d’un enfant non traité). Ainsi, si l’ob- en dollars américains au taux de change cou-
jectif est de réduire l’absentéisme à l’école, rant. Les pays sont classés en économies à
le traitement vermifuge est 20 fois plus effi- faible revenu, à revenu moyen, subdivisées
cace par dollar dépensé que le recrutement elles-mêmes en revenu moyen inférieur et
d’un professeur supplémentaire […], même revenu moyen supérieur, et revenu élevé.
si les deux mesures “marchent” au sens où Bien que la Banque mondiale s’en défende,
elles conduisent à une amélioration statisti- son classement est considéré comme un clas-
quement significative de la participation. Ces sement des pays selon leur niveau de déve-
études font clairement apparaître que notre loppement.
intuition (ou la théorie économique en tant Ce classement peut être différent de celui
que telle) est un bien mauvais guide du choix d’autres institutions. Ainsi certaines écono-
entre des programmes concurrents qui visent mies classées par les Nations unies « en déve-
le même objectif : comment aurions-nous loppement » comme, Israël (qui a été admis à
pu deviner a priori que le traitement contre l’Organisation de coopération et de dévelop-
les parasites intestinaux est beaucoup plus pement économiques (OCDE) en 2010, ou
efficace que le recrutement d’un professeur Hong Kong, Singapour, Koweït, ou les Émi-
supplémentaire ? » (E. Duflo, « L’approche rats arabes unis) se trouvent dans la tranche à
expérimentale en économie du développe- revenu élevé. La Chine qui a connu une forte
ment », Revue d’économie politique, 2009). croissance de son revenu par habitant est
Ainsi, lorsque des théories économiques encore une économie à revenu intermédiaire.
telles que les théories de la croissance endo- D’autres classifications, basées sur la géo-
gène justifient la mise en place de poli- graphie et le niveau de la dette extérieure,
tiques favorables à l’éducation, ces théories sont également utilisées.
ne disent rien sur les dispositifs concrets La Commission des Nations unies pour le
permettant de promouvoir l’éducation. Or, commerce et le développement (CNUCED),
comme le montre la méthode expérimentale, différencie :
ces modalités pratiques ont des effets très a) les économies développées ou indus-
différenciés sur la scolarisation des enfants et trialisés membres de l’OCDE ;
sur l’effectivité de cette scolarisation. b) les économies en transition de l’Europe
du Sud-Est et de l’ex-URSS ;
Indicateurs du développement c) les économies en développement, divi-
et classifications des pays sées en :
selon leur niveau de développement – pays les moins avancés (PMA) ;
Depuis la notion tiers-monde proposée par – nouveaux pays industriels (NPI) dans
A. Sauvy (1898-1990) en 1952 pour diffé- lesquels figurent les pays à fort potentiel de
rencier le monde en développement des croissance, les pays émergents.
mondes capitaliste et socialiste, les termes
utilisés par les organismes internationaux Les indicateurs et classifications
ont évolué « pays sous-développés » dans les selon le développement humain
années 1960, « pays en voie de développe- Les Rapports annuels sur le développement
ment » (PVD) dans les années 1970, « pays humain dans le monde du Programme
en développement » (PED) aujourd’hui. De des Nations unies pour le développement
multiples indicateurs économiques, sociaux (PNUD) établissent depuis 1990 un classe-
et financiers ont été créés pour rendre ment des pays en fonction de la valeur de
compte des frontières mouvantes entre déve- l’indice de développement humain (IDH).
loppement et sous-développement. L’IDH est complété par trois autres
indicateurs qui mesurent le degré d’équité.
Les classifications économiques L’indice de développement humain ajusté
La Banque mondiale, dans son rapport aux inégalités (IDHI) permet une comparai-
annuel, opère une classification des pays son avec l’IDH sous l’angle des inégalités.
216
Économie du développement
217
Économie du développement
À partir des années 1960, en Asie de l’Est, la moins, la révolution verte s’est accompagnée
promotion des exportations via des barrières d’un accroissement de la dépendance vis-
aux importations combinées à la sous-éva- à-vis des industries agroalimentaires et de
luation du taux de change a été privilégiée. matériel agricole et d’un exode rural ;
Le choix de l’ouverture des économies a – Le 2e axe est celui du développement
quelquefois été contraint par les institutions rural. La stratégie des besoins essentiels
financières internationales et les finance- reprise par la Banque mondiale sous la
ments conditionnels accordés à l’occasion présidence de R. MacNamara (dans les
de la gestion des crises de la dette du tiers- années 1970) a porté attention au dévelop-
monde et des plans d’ajustement structu- pement des capacités humaines (nourriture,
rels. Les politiques de réformes partielles accès à l’eau potable, programmes d’éduca-
semblent avoir été plus efficaces pour amor- tion primaire, programmes d’immunisation,
cer le développement que des réformes dans etc.). Le soutien aux cultures vivrières, aux
tous les secteurs en même temps (« thérapie infrastructures rurales, à un statut plus égali-
de choc »). Les pays disposant d’un vaste taire des femmes, aux microcrédits, au com-
marché intérieur (Chine, Inde, Brésil) et merce équitable et au secteur informel, dans
d’une épargne nationale substantielle ont eu et autour des villes, en est la composante.
plus de marge de manœuvre pour orienter de – Le 3e axe est celui de la valorisation
façon graduelle leur intégration à l’économie des petites exploitations. Les travaux de
mondiale. Th. Schultz (1964) ont mis en lumière le fait
À Dans les années 1960, le modèle du double que la petite agriculture familiale est efficace
déficit de H. Chenery et A. Strout a mis compte tenu des imperfections des marchés
l’accent sur la contrainte de l’insuffisance ruraux (prix administrés, coûts élevés des
d’épargne intérieure, l’un des cercles vicieux intrants, accès difficile au crédit). L’agricul-
du sous-développement et de la contrainte ture familiale a de nombreux atouts : capacité
de l’insuffisance de devises ensuite pour de travail intensif et d’adaptation aux chocs,
importer les inputs industriels (biens d’équi- transformation rapide des produits fragiles,
pement, biens intermédiaires, matières pre- soutien de la demande interne avec la forte
mières). Pour résoudre ce double déficit, il propension à une dépense locale du revenu,
faut soit emprunter des devises, soit accroître etc. L’articulation des logiques familiales,
les exportations, soit bénéficier d’une aide au économiques, sociales et environnementales
développement. semble mieux adaptée à la préservation de
la biodiversité. Cependant, là où la structure
Agriculture et développement foncière est très inégalitaire comme en Amé-
rique latine, cela suppose une redistribution
Les programmes de développement agricole
des terres à laquelle les grands propriétaires
se développent autour de trois axes :
sont opposés.
– Le 1er axe est celui de l’introduction de
Les programmes lancés par les recherches
variétés à haut rendement (révolution verte).
de microdéveloppement cherchent plutôt à
Les semences hybrides de maïs et de blé
accroître l’autonomie des petits agriculteurs
introduites dès les années 1950, en Amérique
en adaptant localement les techniques cultu-
Latine, en Asie dans les années 1960, puis en
rales et en améliorant le fonctionnement des
Afrique dans les années 1980, ont permis un
marchés (de la terre, des intrants, du crédit,
accroissement de la productivité agricole et
etc.).
un recul des famines dans de nombreux PED.
Ce type de production intensive est surtout
adapté aux grandes exploitations des régions La « stratégie des besoins essentiels »
fertiles bénéficiant d’un bon réseau d’irriga- Cette stratégie, préconisée par la Banque
tion. Depuis les années 1990, il s’étend sur mondiale sous la présidence de R. McNa-
des terres moins fertiles avec des variétés plus mara dans les années 1970, est centrée
respectueuses de l’environnement (révolu- sur l’augmentation de la croissance éco-
tion « doublement verte »). Une limite, néan- nomique et la diminution de la pauvreté.
218
Économie du développement
219
Économie du développement
des pays en développement en 2016, aujourd’hui environ 54 % des IDE. Les poli-
contre 38 % en 1995 (Examen statistique du tiques en matière d’entrée des investisseurs
commerce mondial, 2018). étrangers dans les PED se sont assouplies. On
trouve des partenariats sur l’investissement,
le commerce et la technologie,
Décomposition internationale
des processus productifs
et attractivité des territoires Les PED et la gouvernance mondiale
L’internationalisation de la production a Les PED prennent une place croissante dans
entraîné la mondialisation croissante des la gouvernance mondiale par l’intermédiaire
réseaux de production ou chaînes de valeur. des pays émergents. Ces derniers jouent un
La contribution de la plupart des pays déve- rôle croissant dans l’économie mondiale
loppés et en développement aux chaînes de avec la création du G20 (2003) et au sein
valeur mondiales (CVM) a sensiblement aug- des institutions de Bretton Woods. Ils sont
menté, d’où une plus grande diversification actifs dans les négociations commerciales
géographique de la base manufacturière. La multilatérales effectuées dans le cadre de
baisse des coûts du commerce et les progrès l’Organisation mondiale du commerce pour
des technologies de l’information ont favo- faire diminuer le soutien agricole des pays
risé cette évolution. La tendance des pays de l’OCDE aux producteurs (subventions,
à se spécialiser dans certaines étapes de la exportations à bas prix des excédents) et
production d’un bien (spécialisation horizon- favoriser l’ouverture des marchés agricoles.
tale), favorisée par les investissements étran- Leurs intérêts peuvent temporairement
gers directs, a créé de nouvelles possibilités rejoindre ceux de pays pauvres pour faire
commerciales, en particulier pour les petits baisser les tarifs douaniers agricoles et sur les
pays en développement et les économies produits finaux dans les échanges Sud-Sud
d’Europe orientale. En conséquence, le com- (plus élevés que ceux du commerce Nord-
merce mondial des produits intermédiaires Sud).
a augmenté avec l’accroissement de la spé- Les pays émergents, la Chine en particu-
cialisation verticale. Certaines de ces écono- lier, jouent aussi une place plus active dans
mies, notamment la Chine, la République de les institutions monétaires internationales
Corée et la Thaïlande, ont profité des investis- avec l’accumulation de créances sur les pays
sements dans l’infrastructure et les ressources du Nord. La transformation de leur modèle
pour devenir ce qu’il est convenu d’appeler de croissance vers une croissance non plus
l’« usine Asie ». tirée par les exportations mais par la crois-
Les flux d’investissements directs à sance de leur marché intérieur devient un
l’étranger s’accompagnent d’un dynamisme enjeu du rééquilibrage mondial du système
des échanges de services de tourisme et monétaire international.
de services aux entreprises (centres d’ap-
pel, saisie de données, comptabilité, etc.). Développement durable et objectifs
Les entreprises indiennes fournissent par du Millénaire pour le développement
exemple des médicaments, de l’équipement La montée en puissance des analyses du
médical, des informations et des produits développement durable, centrées sur les pro-
liés aux technologies de la communication, blèmes des ressources non renouvelables, de
etc. la lutte contre les inégalités et la pauvreté, a
Ainsi, l’intensification de la décomposi- conduit à un regain d’intérêt pour les ques-
tion internationale des processus productifs tions de développement et pour les formes de
organisée par les FMN tend à renforcer l’inté- coopération Nord-Sud.
gration des PED à l’économie mondiale. Les économies en développement sont
L’attractivité des territoires devient un impé- confrontées à des problèmes écologiques qui les
ratif au Nord comme au Sud. Les IDE vers le concernent spécifiquement : la désertification,
Sud, qui représentaient 20 % des flux mon- le risque de voir une partie des terres littorales
diaux d’IDE entrants en 1980, représentent submergées, etc. La dégradation excessive de
220
Économie du développement
l’environnement accentue les tensions sur les tion), et des menaces de violences politiques
ressources en eau et en nourriture, tensions ou sociales. La place des migrations dans le
avivées par le changement climatique : cer- développement est devenue aujourd’hui un
taines populations sont de plus en plus sou- problème majeur.
mises à l’instabilité du régime des pluies et à Au défi démographique et climatique
des événements météorologiques extrêmes. s’ajoute le défi alimentaire. L’équilibre popu-
Les PED ont ratifié le protocole de Kyoto qui lation-ressources est loin d’être atteint dans
ne les contraignait pas à limiter leurs émis- certaines zones. Selon le rapport de l’Orga-
sions de gaz à effet de serre tout en contrai- nisation mondiale de la santé sur L’état de
gnant les pays développés. Il est nécessaire la sécurité alimentaire et de la nutrition dans
d’adapter les politiques de développement qui le monde 2018, le nombre de personnes
encouragent peu la lutte contre le gaspillage souffrant de la faim dans le monde est de
des ressources naturelles par la mise en place « 821 millions en 2017, soit une personne
d’une réglementation environnementale. Taxe sur neuf. Des progrès limités ont également
carbone, marchés de quotas d’émission (il en été observés en matière de lutte contre les
existe plusieurs en Chine) et réglementation différentes formes de malnutrition, qui vont
(normes antipollution, interdictions) devraient du retard de croissance chez l’enfant à l’obé-
devenir des outils indispensables à la préser- sité adulte, une situation qui menace la santé
vation du capital naturel. de centaines de millions de personnes ». La
Mais les pays en développement consi- grande majorité des personnes souffrant de la
dèrent aussi que ces mesures sont des freins faim vivent dans des pays en développement,
à leur croissance et à leur développement. où environ 13 % de la population est sous-ali-
Les négociations internationales climatiques mentée. L’Asie comprend deux tiers des
sont en partie appréhendées comme la néga- personnes sous-alimentées dans le monde.
tion de leur droit au développement. Ainsi, Le pourcentage en Asie du Sud a diminué
en décembre 2015, lors de la COP21, les ces dernières années mais il a légèrement
pays émergents ont montré leurs réticences à augmenté en Asie de l’Ouest. L’Afrique sub-
la mise en place d’un « prix mondial du car- saharienne est la région du monde où le pour-
bone », insistant sur la nécessité d’opérer des centage de la population qui souffre de la faim
transferts financiers vers les PED pour faciliter est le plus élevé. Une personne sur quatre y
leur transition écologique. De leur côté, les est sous-alimentée. La malnutrition provoque
pays riches essaient de se protéger du dum- la mort de plus de 3,1 millions d’enfants de
ping environnemental en essayant d’établir moins de 5 ans chaque année, ce qui repré-
une compensation carbone aux frontières sente près de la moitié des causes de décès.
pour servir leur politique climatique. La pauvreté continue de progresser en valeur
Même si la transition démographique se absolue, particulièrement dans les zones de
manifeste presque partout avec une chute chaos politique, mais elle régresse néanmoins
des taux de fécondité, la croissance sou- en part relative. Selon le rapport 2018 sur la
tenue de la population mondiale est un pauvreté de la Banque mondiale, « en 2015,
autre défi majeur. La population mondiale selon les estimations, environ 736 millions de
(environ 7,7 milliards d’individus en 2018) personnes vivaient en dessous du seuil inter-
devrait atteindre 9,8 milliards en 2050 avec national de pauvreté, soit 1,90 dollar en parité
une croissance rapide sur le continent afri- de pouvoir d’achat 2011. » En 1990, on en
cain (doublement de la population) et une comptait 1,9 milliard. En l’espace d’un quart
urbanisation accélérée (50 % de la popula- de siècle, 1,1 milliard de personnes (en solde
tion mondiale en 2010 et 70 % d’ici 2050). net) ont ainsi échappé à la pauvreté et amé-
Les villes s’étendent (70 villes africaines de lioré leur niveau de vie. Néanmoins, malgré
plus d’un million d’habitants en 2015 contre ces récents progrès, le nombre de pauvres à
43 en 2000) avec des conflits de répartition l’échelle mondiale reste inacceptable.
des terres, d’inégalités d’accès aux biens et « La Banque mondiale a fixé pour objectif
services (eau, assainissement, santé, éduca- de ramener le nombre de personnes vivant
221
Économie du développement
222
Économie et écologie
Économie et écologie
L’analyse des rapports entre économie et et des cultures pour penser les interdépen-
écologie relève de trois grands paradigmes. dances entre développement, répartition des
––L’économie de l’environnement s’ap- revenus, choix collectifs et contraintes envi-
puie principalement sur l’analyse néoclas- ronnementales. Les travaux d’I. Sachs (L’éco-
sique et consiste à appliquer aux questions développement, 1998) sont représentatifs de
environnementales et aux politiques mises ce type d’approche. Dans cette perspective
en œuvre dans ce domaine les concepts et les questions liées aux choix éthiques et à
les méthodes de l’analyse économique stan- la délibération démocratique jouent un rôle
dard : analyses en termes de surplus et de important.
rente, prise en compte des prix relatifs et Pour O. Godard, comme pour J. Le
des effets externes, étude de l’impact de la Cacheux et É. Laurent, il faut articuler les
taxation, définition des droits de propriété trois démarches pour penser les questions
et mise en place de marchés, etc. environnementales et les politiques à mettre
––L’économie écologique, met l’accent en œuvre.
sur le lien entre l’analyse des questions
économiques et les sciences de la nature Économie, ressources naturelles,
appliquées à l’environnement (botanique,
environnement : questions anciennes,
sciences du climat, chimie, physique). Il s’agit
enjeux nouveaux
de penser les rapports entre l’économique et
le vivant (titre d’un livre de R. Passet, 1979). La science économique et la nature :
Des auteurs comme N. Georgescu-Roegen une question ancienne
(1906-1994) ou K. Boulding (1910-1993) Contrairement aux idées reçues, les éco-
ont réalisé des travaux importants dans ce nomistes se sont intéressés dès l’origine
domaine. Les auteurs qui s’inscrivent dans aux rapports de l’activité économique et
cette approche sont généralement conduits à de la nature. Certains économistes ont fait
remettre en cause radicalement le fonction- une distinction entre biens économiques et
nement du système économique actuel et biens libres (l’eau, l’air), mais ils rendaient
certains (mais pas tous) sont favorables à la compte d’une situation de fait à une époque
thèse de la décroissance. déterminée en considérant que certains élé-
––La socioéconomie de l’environnement ments de la nature n’étaient pas concernés
met l’accent sur l’importance des institutions par la rareté. De plus, l’apport de la science
223
Économie et écologie
224
Économie et écologie
publié en français sous le titre Halte à la manifestement que la transition vers une
croissance ? lance le débat sur la croissance économie décarbonée ne soit trop coûteuse.
zéro en mettant en avant les dangers liés à Les conférences suivantes : Cancún (2010),
l’épuisement des ressources naturelles et à la Durban (2011) et Rio (2012) n’ont pas
pollution. Un vaste débat s’engage, certains conduit à des progrès significatifs. Elles ont
économistes reprochant au rapport Meadows cependant prolongé le protocole de Kyoto
sa posture malthusienne. Cependant le débat et prévu qu’un nouveau cadre des poli-
qui est lancé va se poursuivre et s’amplifier : tiques climatiques devait être mis en place
en 1979, l’ONU organise sa première confé- en décembre 2015 lors de la Conférence de
rence sur le climat à Genève. En 1987 paraît Paris (COP21). Cette conférence a débouché
le rapport de G. H. Brundtland qui popula- sur un accord ambitieux, mais peu contrai-
rise le concept de développement durable. gnant. Il prévoit cependant la révision tous
Ce rapport prépare le Sommet de la Terre les 5 ans des objectifs de réduction des émis-
organisé à Rio en 1992. Au cours de ce som- sions de GES et la mise en place d’un Fonds
met, plusieurs documents importants sont vert sur le climat destiné à aider les pays
adoptés, en particulier la Convention cadre en développement à financer la transition
des Nations unies sur les changements cli- énergétique. La décision prise par les États-
matiques (CCNUCC) qui débouche en 2007 Unis en 2017 de quitter l’accord est appa-
sur le protocole de Kyoto. Celui-ci a expiré rue comme un risque important d’échec de
en 2012, le Sommet de Copenhague de la politique climatique. La COP24 (qui s’est
décembre 2009 devait préparer l’après Kyoto. tenue en Pologne en décembre 2018) a mon-
Compte tenu du caractère de plus en plus tré que les engagements de réduction des
précis et inquiétant des travaux du Groupe gaz à effet de serre ne permettent pas d’at-
d’experts intergouvernemental sur l’évolu- teindre l’objectif de limitation du réchauffe-
tion du climat (GIEC, créé en 1990), l’enjeu ment à 1,5 °C. Par ailleurs, la mise en place
du Fonds vert pour le climat se heurte à des
était de mettre au point des mesures contrai-
difficultés de financement.
gnantes pour réduire les émissions de gaz à
Si la question du réchauffement clima-
effet de serre (GES). Un large accord existe
tique est au centre des préoccupations au
en effet sur le fait que ce sont les émissions
début du xxie siècle, de nombreuses autres
de GES qui sont à l’origine du réchauffement
questions qui concernent les rapports entre
climatique. Faute d’une action rapide, des
économie et environnement se révèlent pré-
effets irréversibles risquent de se produire si
occupantes. La gestion des biens communs
la température augmente de plus de 2° C par
fait l’objet de nombreux débats, en particu-
rapport à l’ère préindustrielle.
lier en ce qui concerne les ressources halieu-
Contribution majeure, le rapport de l’éco-
tiques et l’eau. La question des déchets,
nomiste N. Stern publié en 2005 a chiffré
notamment ceux qui sont liés à l’urbanisa-
le coût du changement climatique (inonda-
tion galopante est très problématique, tout
tions, augmentation des ouragans, fonte des
comme la déforestation, la biodiversité,
glaces, canicules, effets sur l’agriculture et les l’épuisement des énergies fossiles, la gestion
migrations, etc.) et a montré que le rapport de la sécurité nucléaire et de la gestion des
coût avantage de mesures prises aujourd’hui déchets de cette industrie, etc.
pour réduire les émissions de GES était très
favorable compte tenu des coûts importants
qui pourraient ainsi être économisés dans le
L’apport de la science économique
futur. Le rapport a aussi chiffré le coût de la à la mise en œuvre des politiques
non-action (Business as usual) en montrant environnementales
qu’il s’agit d’un choix porteur de risques Soutenabilité, croissance verte
considérables pour l’avenir. ou décroissance
Mais la Conférence de Copenhague n’a En dépit de la multiplicité des débats, une
débouché sur aucun accord précis. Les États- question centrale est posée : est-il possible,
Unis et certains pays émergents craignent d’un point de vue écologique, de poursuivre
225
Économie et écologie
le rythme actuel de la croissance écono- Paris (2015) on ne peut convaincre les pays
mique ? C’est ce que l’on appelle la ques- du Sud de s’engager dans des politiques
tion de la soutenabilité de la croissance. Le de réduction des émissions de GES que si
concept de développement durable (Sus- on leur offre en contrepartie des compen-
tainable Developpement) a été forgé pour sations (ouverture accrue des marchés des
souligner que le développement et la crois- pays développés, transferts de technolo-
sance sont nécessaires, mais que les choix gies, etc.). Il en va de même à l’intérieur de
faits aujourd’hui doivent prendre en compte chaque pays, si certaines régions ou certains
le bien-être des générations futures et pas pays voient leurs avantages réduits du fait
seulement le bien-être des générations pré- de la conversion écologique de l’économie,
sentes. ils doivent être indemnisés.
Pour certains économistes, qui sou- Cependant, d’autres économistes adoptent
tiennent la thèse de la soutenabilité faible, une position plus radicale (soutenabilité
la croissance et les mécanismes de marché forte) ; ils considèrent que les trois types de
correctement organisés par des institutions capitaux ne sont pas substituables et que
publiques et privées, doivent permettre d’as- l’épuisement des ressources, comme les irré-
surer le développement durable. En effet, si versibilités produites par certaines transfor-
la croissance réduit le stock de capital natu- mations écologiques sont si menaçants qu’il
rel, celui-ci peut être remplacé par du capital faut opter pour une politique de décroissance
physique, du capital humain et du capital soutenable. Ni le développement durable, ni
social et institutionnel de sorte que le stock la croissance verte ne trouvent grâce à leurs
total de capital peut s’accroître même si le yeux. Pour eux, la contrainte majeure est de
stock de capital naturel diminue. Dans cette nature environnementale et il faut remettre
perspective, on fait confiance aux innova- en cause radicalement le productivisme et
tions technologiques et à l’éducation pour la société de consommation en transformant
faire émerger des réponses nouvelles (éner- les modes de vie (relocalisation des activités
gies renouvelables, économies d’énergie et économiques, abandon de la recherche de
de ressources naturelles, etc.). Les signaux la maximisation de la consommation, déve-
donnés par les prix relatifs jouent ici un rôle loppement d’une agriculture paysanne de
décisif. Cependant, même certains écono- proximité, adoption de modes de vie repo-
mistes qui se situent dans la perspective de sant sur la « frugalité conviviale », etc.).
la soutenabilité faible, insistent sur le rôle
essentiel des pouvoirs publics, notamment Réglementation et instruments
à travers la fiscalité écologique et la régle- économiques d’action sur l’environnement
mentation, pour impulser la conversion de Les économistes jouent un rôle très impor-
l’économie à une croissance verte : l’État tant dans les débats relatifs à l’environne-
doit accompagner les mutations de l’emploi, ment. Ils ont, par exemple, participé très
stimuler l’effort d’innovation et de formation, activement aux travaux du GIEC aux côtés
indemniser les perdants de la conversion des climatologues, océanologues, etc. Cette
écologique. situation est facile à expliquer, les questions
Ce point est décisif car de nombreux environnementales renvoient à des coûts
observateurs soulignent qu’il existe un lien (les externalités négatives) et à des avan-
fort entre la nécessaire réponse à l’urgence tages (la sauvegarde des biens communs par
écologique et le souci de la justice sociale. exemple), elles renvoient aussi à des ques-
Par exemple, les pays émergents sont fon- tions d’incitation (comment faire en sorte
dés à faire observer qu’on veut leur imposer que les agents économiques adoptent les
des contraintes écologiques que les pays comportements jugés souhaitables, etc.). La
aujourd’hui développés n’ont pas eues à science économique ne peut donc pas pré-
respecter lorsqu’ils étaient au même stade tendre traiter seule des questions environ-
de développement. Comme l’ont montré les nementales, mais elle dispose d’un certain
Conférences de Copenhague (2009) et de nombre d’outils qui permettent d’éclairer
226
Économie et écologie
certains débats et de proposer des dispositifs agents concernés, au risque parfois de pro-
de politique environnementale. duire des distorsions.
Traditionnellement, on distingue deux Les économistes, s’ils n’excluent pas l’ins-
grandes catégories d’instruments : les ins- trument réglementaire, préfèrent en général
truments réglementaires et les instruments les instruments économiques. Ceux-ci sont
économiques. La formulation ne doit pas au nombre de deux : la taxation et la mise
induire en erreur : dans les deux cas, les en place de marchés grâce à la définition de
mesures prises ont un impact économique. droits de propriété.
La différence c’est que les instruments régle- La taxation est héritée des analyses
mentaires font appel à la contrainte, alors d’A. C. Pigou. Elle repose sur l’idée que si
que les instruments économiques font appel les prix ne véhiculent pas la bonne informa-
à des mécanismes d’incitations reposant sur tion (parce qu’il y a des externalités néga-
les prix. tives par exemple) les agents ne prendront
Les instruments réglementaires ont le pas les décisions socialement optimales. Par
grand intérêt de pouvoir s’imposer grâce à la exemple si une entreprise a la possibilité
puissance étatique. Ils sont particulièrement de rejeter gratuitement ses eaux usées dans
bien indiqués quand il s’agit de lutter contre la rivière voisine, elle ne sera pas incitée à
un danger grave ou lorsqu’il s’agit d’éviter réduire (et encore moins à supprimer) ces
des irréversibilités. C’est ainsi par exemple rejets polluants. Or, ceux-ci affectent le bien
que l’on a interdit (avec une période transi- être des autres utilisateurs de la rivière (tou-
toire) l’utilisation d’essence comportant des ristes, pêcheurs, agriculteurs, promeneurs,
additifs à base de plomb. Les constructeurs etc.). En taxant les rejets, on envoie un signal
automobiles ont été obligés de s’adapter à à l’entreprise le coût privé se rapproche du
cette réglementation, de même que les pro- coût social et l’entreprise est incitée à traiter
ducteurs et distributeurs de carburants. Les ses eaux avant de les rejeter. Il faut pour cela
chlorofluorocarbones, qui ont un impact très que le coût de la taxe soit supérieur au coût
négatif sur la couche d’ozone, ont été inter- de la dépollution. La taxe carbone repose sur
dits (alors qu’ils étaient largement utilisés cette logique, il s’agit par la taxation d’inciter
pour la fabrication des réfrigérateurs). L’usage les utilisateurs à réduire leur consommation
de l’amiante a été interdit pour des raisons de produits carbonés et donc de réduire les
liées à la santé publique (mais la réglemen- émissions de GES. La taxation a un avantage
tation n’a été obtenue qu’au bout d’une majeur, elle permet de savoir ex ante quel
très longue mobilisation contre le lobby de sera le coût de la mesure. Mais, en revanche,
l’amiante). L’interdiction du commerce inter- faute d’informations suffisantes sur l’élasti-
national de la fourrure des bébés phoque a cité prix du comportement des agents, rien
été décidée pour sauvegarder cette espèce, n’assure que la réduction de la pollution ou
de même que des règles très strictes portent le freinage du prélèvement des ressources
sur le commerce des animaux sauvages ou naturelles seront suffisants. La question du
des bois tropicaux. La réglementation est montant de la taxe est donc décisive, si elle
parfois un enjeu de politique internationale est trop faible elle risque de ne pas modifier
(voir, par exemple, les questions relatives au les comportements, si elle est trop forte, elle
commerce de l’ivoire ou à l’usage des pesti- risque d’avoir des effets pervers. Par exemple
cides dans la production agricole). la contestation de la hausse de la taxe sur les
La réglementation peut être efficace, mais carburants en France repose sur le fait que
elle présente un certain nombre d’inconvé- les catégories modestes, faute de capacité de
nients : elle a un coût élevé tant en ce qui substitution, vont voir leur pouvoir d’achat
concerne sa production (Quelle norme choi- diminuer à cause de la hausse du coût des car-
sir ? Faut-il interdire les OGM ? etc.), qu’en burants et du chauffage. Dans une économie
ce qui concerne son application. Par ailleurs, mondialisée caractérisée par la concurrence
une réglementation est par nature uniforme fiscale, la question de l’instauration de taxes
et de ce fait, elle affecte différemment les globales dans le cadre d’une gouvernance
227
Économie expérimentale
mondiale est évidemment décisive. La mise publics contrôlent que les installations sou-
en place de telles taxes est d’autant plus jus- mises au marché respectent bien les quotas
tifiée que, sous certains aspects, l’environne- qui leur ont été attribués ou qu’elles ont
ment est un bien commun. achetés. On comprend pourquoi un système
Les mécanismes de marché (marchés
de marché de quotas d’émission peut concer-
de quotas d’émission) ont été expérimen-
ner quelques centaines ou quelques milliers
tés dans de nombreux pays (aux États-Unis
avec l’oxyde de soufre, en Europe avec les d’installations polluantes à l’échelle d’une
GES). L’avantage principal des marchés de économie et pas les millions de ménages.
quotas d’émission, c’est qu’ils permettent de Dans ce dernier cas, la taxation est préférable
fixer ex ante la quantité de rejets polluants (si elle est politiquement acceptée).
qui est admise. C’est le marché qui déter- L’analyse économique permet donc de
mine ensuite le prix des quotas d’émission montrer que les trois grands types d’instru-
(et donc le coût pour les utilisateurs). Un ments utilisables dans le cadre d’une poli-
autre avantage des marchés de quotas c’est
tique environnementale ont des avantages et
qu’ils permettent à chaque agent de s’adapter
des inconvénients. Il appartient au pouvoir
aux contraintes en fonction de leur situation
spécifique (certaines entreprises préféreront politique de décider au cas par cas l’instru-
réduire leurs émissions et vendre leurs quo- ment à privilégier en fonction de considéra-
tas d’émission, d’autres préféreront supporter tions techniques (chaque instrument est plus
le coût des quotas). Cette souplesse du dis- ou moins adapté à chaque type de problème),
positif conduit aussi à faire porter l’effort de mais aussi en fonction de considérations
réduction là où il est le moins coûteux. Pour politiques (les divers instruments sont plus
autant, le système de marché a lui aussi des ou moins bien acceptés par les électeurs).
coûts et des inconvénients. Il doit d’abord Ü Capital et investissement, Croissance économique,
être créé par les pouvoir publics qui déter- Économie du développement, Entreprises et sys-
minent le montant total des quotas attribués tème productif, Fluctuations et crises économiques,
(plafond total d’émission) et leur répartition. Mondialisation, Politique économique
Il suppose ensuite des coûts de transaction Double dividende, Équation de Kaya, Justice envi-
entre les participants au marché (négociation ronnementale, Politique climatique, Produit inté-
des contrats, fonctionnement d’un marché rieur brut vert, Tarification au coût marginal, Taxe
organisé, etc.). Il faut aussi que les pouvoirs sur le carbone ajouté
228
Économie mixte
L’économie expérimentale est ainsi un moyen de structure des marchés (degré de concentration
tester les postulats traditionnels de la microécono- notamment) et le comportement stratégique des
mie, comme la rationalité de l’homo œconomicus. entreprises qui ont un pouvoir de marché. Elle
Elle permet d’analyser en profondeur des domaines est un outil d’aide à l’élaboration des décisions par
qui se prêtent mal au recueil de données comme la les dirigeants d’entreprise et par les instances de
circulation de l’information, l’importance de la com- régulation des marchés. Ce champ de l’analyse éco-
munication ou encore les modes de coordination. nomique a été dominé jusqu’aux années 1980 par
Ü Épistémologie économique le modèle comportement-structure-performance
Biais cognitifs, Expériences aléatoires, Nudges, Théo qui accordait une grande attention au degré de
rie des jeux concentration d’un marché et aux barrières à l’en-
trée sur le marché, considérés comme une menace
pour la concurrence. Cette méfiance à l’égard de
Économie géographique la taille des entreprises et leur pouvoir de marché
L’économie géographique est un domaine de l’ana- a été remise en question par l’École de Chicago
lyse économique qui cherche à rendre compte de pour laquelle les mécanismes de marché et la libre
l’agglomération des activités économiques dans concurrence doivent être les objectifs principaux
un espace donné (les zones côtières de la Chine des autorités de la concurrence. En effet, la taille
continentale par exemple). Dans les années 1990, et la position sur le marché peuvent accompagner
la nouvelle économie géographique a cherché à une grande efficacité économique. Par ailleurs, la
expliquer les processus dynamiques centripètes en théorie des marchés contestables considère que
s’appuyant sur les effets d’apprentissage (learning l’hypothèse de libre sortie du marché est centrale
by doing, learning by using) et les effets d’agglomé- pour juger de l’intensité de la concurrence.
ration. Elle repose sur une pluralité de modèles Ü Entreprises et système productif, Productivité
retenant deux hypothèses de base : Coûts de transaction, District industriel, Firmes
––la concurrence imparfaite, de nature oligopo- réseaux, Pôle de croissance, Pôle de compétitivité,
listique ; Politique de la concurrence, Politique industrielle,
––l’existence d’externalités entre producteurs, Système national d’innovation
entre producteurs et consommateurs, entre entre-
preneurs et travailleurs au sein d’un marché local.
L’économie géographique conduit à quelques Économie marchande
conclusions essentielles : Une économie marchande est une économie où
Les activités économiques ont naturellement les décisions relatives à l’allocation des ressources
tendance à se polariser sur certains espaces géogra- productives sont des décisions individuelles qui
phiques : ne sont donc pas coordonnées ex ante (alors que
––la part de la production d’un pays dans la dans les économies non-marchandes, la coor-
production mondiale est reliée à sa part dans la dination est assurée par la tradition, les normes
demande mondiale (mais cette prédiction n’est que sociales, les relations de pouvoir ou de parenté).
partiellement validée empiriquement) ; Le marché est donc la procédure qui assure la
––l’attractivité d’un pays se traduit par une aug- coordination de ces décisions individuelles par le
mentation de la rémunération des facteurs. mécanisme des prix.
En conséquence, pour les pays (ou les régions) À Le terme « économie marchande » est plutôt uti-
à l’écart d’une dynamique d’agglomération, les lisé par des auteurs marxistes ou hétérodoxes, les
écarts technologiques et les écarts de revenus auteurs libéraux préfèrent généralement économie
tendent à se creuser. de marché.
Ü Économie du développement, Entreprises et système Ü Marchés et prix
productif, Intégration économique, Mondialisation Capitalisme, Démarchandisation, Économie de
Centre, Croissance endogène, Coûts de transaction, marché libérale, Marchandise, Système économique,
District industriel, Division internationale du travail Théorie économique
(DIT), Économie industrielle, Modèle gravitaire, Pôle
de croissance, Pôle de compétitivité, Politique indus
trielle, Régionalisme commercial, Union douanière Économie mixte
Une économie mixte est un système économique
qui fait coexister l’intervention économique de
Économie industrielle l’État (entreprises publiques, planification indi-
L’économie industrielle étudie le fonctionnement cative, protection sociale, etc.) et la coordination
du système productif en prenant en compte la par le marché.
229
Économie monde
À L’économie mixte est souvent présentée comme au temps et aux anticipations et qu’il n’est pas pos-
une troisième voie entre l’économie de marché sible de séparer phénomènes réels et phénomènes
et le socialisme. monétaires (la monnaie est active, la création de
À La plupart des pays développés à économie de mar- monnaie joue un rôle décisif dans le financement
ché sont, à des degrés divers, des économies mixtes. de la production).
Ü Entreprises et système productif La plupart des auteurs qui se réclament de
Capitalisme, Coordination, Économie de marché, l’économie monétaire de production sont key-
Économie de marchés coordonnés, Économie sociale, nésiens et mettent l’accent sur l’hétérodoxie de
Économie sociale de marché, Économie solidaire, J. M. Keynes (1883-1946). Cependant, on peut
Théorie économique, Variété des capitalismes considérer que K. Marx (1818-1883) est lui aussi
un théoricien de l’économie monétaire de produc-
tion et que F. Hayek (1899-1992) lui-même s’ins-
Économie monde crit dans ce type d’analyse lorsqu’il publie Prix et
Le concept d’économie monde a été forgé par production (1931)
l’historien F. Braudel (1902-1985) et repris par Ü Monnaie
I. Wallerstein (Le capitalisme historique, 1985) qui École autrichienne, École circuitiste, Neutralité de la
parle plutôt pour sa part de « système-monde ». monnaie, Théorie économique
Pour ces auteurs, l’économie monde correspond à
un espace économique autonome organisé autour Économie nationale
d’une ville ou d’une région. Au cours de l’histoire,
Territoire économique, Unités résidentes
plusieurs économies monde se sont succédé autour
d’Anvers par exemple, de Venise, des Pays-Bas, de
la Grande-Bretagne, des États-Unis. Économie non marchande
Ü Mondialisation Une économie non marchande est une économie
Capitalisme, Impérialisme, Monnaie internationale, dans laquelle la coordination des activités éco-
Stabilité hégémonique, Système économique, Théorie nomiques des agents n’est pas réalisée par l’inter-
économique médiaire de mécanismes de marché. Certaines
économies non marchandes sont des économies
traditionnelles où les échanges sont encastrés dans
Économie monétaire les relations sociales. Il peut aussi de s’agir d’éco-
Une économie monétaire est un système écono- nomies planifiées dans lesquelles la coordination
mique au sein duquel les échanges sont réglés en repose sur la hiérarchie.
monnaie. Ü Monnaie
À Pour les auteurs dichotomistes, il n’y a pas de dif- Désencastrement, Don, Économie de marché, Système
férence de nature entre une économie monétaire économique
et une économie de troc. En revanche, pour les
auteurs qui refusent la dichotomie, il existe une
différence radicale entre ces deux types d’écono- Économie non monétaire
mies, notamment parce que la monnaie conduit à Économie au sein de laquelle les échanges de biens
prendre davantage en compte les arbitrages inter- et de services sont réalisés sans recours à l’instru-
temporels. ment monétaire. Il s’agit en général d’économies
Ü Monnaie traditionnelles au sein desquelles les activités éco-
Création monétaire, Économie d’endettement, Éco nomiques sont encastrées dans les relations sociales.
nomie monétaire de production, Loi des débouchés, La circulation des biens et des services est coordon-
Mécanisme cumulatif wicksellien, Neutralité de la née par des traditions et des normes familiales,
monnaie religieuses, politiques, etc. Au sein des économies
monétaires, il existe des sphères d’activité non
monétaire (économie domestique, don).
Économie monétaire de production Ü Monnaie
Les théoriciens de l’économie monétaire de pro- Coordination, Désencastrement, Économie non mar
duction s’opposent au modèle de base de la théorie chande, Troc
néoclassique dans la mesure où celui-ci analyse en
fait une économie d’échange (commissaire-pri-
seur walrasien) sans monnaie (monnaie neutre, Économie normative
dichotomie). Ils considèrent qu’il faut analyser la L’économie normative est un domaine de l’analyse
production en accordant une grande importance économique qui ne se limite pas à formuler des
230
Économie politique
jugements de faits, mais qui vise à fonder ration- À Une controverse a opposé l’École autrichienne
nellement des jugements de valeur portant sur (L. Von Mises en particulier) et les défenseurs de
des questions économiques. L’étude de la justice la planification (O. Lange en particulier). Pour
sociale, par exemple, relève de l’économie norma- L. Von Mises (1881-1973), le calcul économique
tive. Alors que l’économie positive énonce ce qui est impossible dans une économie socialiste, car
est, l’économie normative énonce ce qui devrait les prix ne résultent pas de la libre confrontation
être. de l’offre et de la demande et, par conséquent,
Ü Épistémologie économique l’information qu’ils véhiculent est de mauvaise
Doctrine économique, Guillotine de Hume, Neutra qualité. Les Autrichiens considèrent qu’il faut non
lité axiologique, Théorie économique seulement un marché libre des biens de consom-
mation, mais aussi des biens de production.
Selon eux, il n’existe pas de système économique
Économie ouverte intermédiaire entre économie de marché et socia-
Une économie est dite ouverte quand elle ne met lisme, par conséquent aucune économie mixte ne
pas d’entraves tarifaires ou réglementaires aux peut fonctionner correctement. Au contraire pour
échanges avec les autres nations : le taux d’ouver- O. Lange (1904-1965), le planificateur peut jouer
ture et le taux de pénétration tendent à s’élever. le rôle du commissaire-priseur et fixer un système
La libre circulation des capitaux (investissements de prix qui est à la fois rationnel (c’est-à-dire qui
de portefeuille et investissements directs) avec assure l’efficience dans l’allocation des ressources
le reste du monde est un degré supplémentaire productives) et conforme aux choix collectifs.
d’ouverture. Selon la théorie néoclassique, une Ü Marchés et prix
économie ouverte au libre-échange est plus Communisme, Défaillances du marché, Économie
concurrentielle, l’allocation des ressources tend à dirigée, Économie en transition, Socialisme, Théorie
économique
être optimale.
À Dans l’économie mondiale aujourd’hui, l’ouver-
ture n’est jamais complète. Même les pays qui se Économie politique
réclament du libre-échange maintiennent de
Au xixe siècle, le terme « économie politique »
nombreuses entraves tarifaires et non tarifaires
est employé pour désigner la discipline qui a
aux échanges et des obstacles aux mouvements de
pour objet l’étude des questions économiques
capitaux (on parle parfois de « patriotisme écono-
(production, répartition, échange). D. Ricardo
mique »).
(1772-1823), K. Marx (1818-1883), J.-B. Say
Ü Commerce international, Finances internationales,
(1767-1832), A. Marshall (1842-1924), C. Men-
Mondialisation ger (1840-1921), S. Jevons (1835-1882), L. Walras
Autarcie, Barrières non tarifaires, Balance des paie (1834-1910), par exemple, utilisent ce terme
ments, Contrainte extérieure, Équilibre externe, dans les titres de leurs ouvrages.
Partenariat transatlantique pour le commerce et l’in Cette formulation qui marque le lien de la
vestissement (PTCI), Protectionnisme discipline économique avec les choix politiques
(donc les choix sur des valeurs ou choix éthiques)
est progressivement critiquée et abandonnée par
Économie planifiée les économistes libéraux. La publication du livre
Une économie planifiée est un système écono- de L. Robbins Essai sur la nature et la signification
mique au sein duquel la coordination des déci- de la science économique (1932) marque un tournant
sions des agents économiques (en particulier des en faveur de l’expression science économique.
producteurs) est assurée par une procédure hiérar- Certains économistes libéraux distinguent en effet
chique, c’est-à-dire de façon consciente et ex ante. la politique (qui concerne les fins) et la science
Dans une économie intégralement planifiée, les économique (qui porte sur le choix des moyens).
relations marchandes sont totalement inexistantes. À L’opposition entre le terme « science économique »
Dans la plupart des économies planifiées qui ont et le terme « économie politique » ne doit donc pas
effectivement fonctionné, des marchés existaient, être exagérée. Aujourd’hui, des auteurs marxistes
soit de façon clandestine (économie souterraine) ou radicaux utilisent l’expression économie poli-
soit de façon officielle. tique, mais c’est aussi le cas d’économistes comme
À Il existe différentes formes de planification : pla- G. Abraham-Frois ou E. Phelps (prix Nobel 2006).
nification indicative, planification impérative, Ü Épistémologie économique
planification centralisée, planification décentralisée Économie politique internationale, Théorie écono
notamment. mique
231
Économie politique internationale
Économie publique
L’économie publique désigne les analyses mentation des activités des acteurs privés et,
économiques qui s’intéressent à l’interven- réciproquement, des agents privés se voient
tion de l’État dans l’économie. Plus précisé- confier des missions de service public. Il faut
ment, l’économie publique s’attache à mieux donc non seulement prendre en compte un
comprendre les causes et les conséquences critère juridique (propriété privée ou pro-
de l’intervention publique. priété publique), mais aussi un mode de
La plupart des économies sont aujourd’hui coordination (marchande ou hiérarchique).
des économies mixtes, c’est-à-dire des éco- Par exemple, des entreprises publiques (pro-
nomies au sein desquelles se combinent priété de l’État), qui appartiennent de ce
des activités qui relèvent de propriétaires fait au secteur public, peuvent relever de la
privés et d’autres qui relèvent de décideurs coordination marchande et même avoir une
publics. Mais le clivage n’est pas simple : finalité lucrative. Si l’on fait des comparai-
les agents investis de puissance publique sons internationales, il faut se souvenir que
exercent notamment des fonctions de régle- la frontière public/privé n’est pas la même
232
Économie publique
233
Économie publique
234
Économie publique
235
Économie publique
de production) plus élevé. La situation n’est Certains auteurs se montrent moins radi-
donc pas socialement optimale. caux. Ils soulignent que l’État et son fonc-
L’État doit intervenir, soit en interdisant ou tionnement poussent au développement de
limitant l’émission de produits polluants par la bureaucratie et à un système où les déci-
voie réglementaire, soit en mettant en place sions politiques sont au service des décideurs
des droits de propriété et un marché pour politiques (notamment leur volonté de se
ces droits, soit en internalisant le coût de faire réélire) ou des gestionnaires adminis-
l’émission de produits polluants par une taxe tratifs plutôt qu’au service de l’intérêt géné-
pigouvienne. ral (École des choix publics). Pour eux, la
Dans le cas d’une externalité positive décentralisation des administrations, l’octroi
(l’éducation par exemple), un individu du fonctionnement des services publics à
rationnel va décider de son niveau d’éduca- des opérateurs privés périodiquement mis
tion en comparant le coût privé de cet inves- en concurrence, la mise en place d’autorités
tissement en capital humain et le rendement administratives indépendantes soustraites à
privé de ce même investissement. Il ne prend l’influence des gouvernants (banques cen-
donc pas en compte le rendement social de trales indépendantes par exemple) sont autant
l’éducation. De ce fait, le niveau d’éducation de mesure pour limiter les effets négatifs de
est inférieur à ce qui serait socialement opti- l’intervention de l’État. D’autres auteurs, qui
mal. Là encore, l’allocation des ressources ne se rattachent pas nécessairement à l’École
n’est pas optimale, l’État doit intervenir soit du public choice, soulignent également que
en subventionnant les individus qui optent l’action de l’État peut être influencée par des
pour un degré d’éducation plus élevé, soit en groupes de pression et en conséquence favo-
rendant l’éducation gratuite. riser les intérêts d’une minorité au détriment
Au total, sans intervention de l’État, la pro- de l’intérêt général (capture du régulateur).
duction d’externalité négative est plus forte C’est le cas de J. Stiglitz dans Le prix de l’iné-
que ce qui serait optimal et la production galité par exemple.
d’externalité positive est moins forte que ce
qui serait optimal. L’État à la recherche de l’efficacité
et de l’efficience
Critiques et débats à propos Compte tenu de ces critiques adressées
de l’intervention de l’État à l’intervention de l’État, de nombreuses
En dépit d’un consensus assez large sur réformes de l’action publique ont été réa-
beaucoup de questions relatives à l’interven- lisées ou sont en projet. Leur point com-
tion de l’État dans l’économie, des critiques mun est de faire appel à des mécanismes
persistent qui mettent l’accent sur les défail- marchands afin d’accroître l’efficacité et
lances de l’État. l’efficience des actions publiques pour en
Certaines de ces critiques émanent de réduire le coût. Pour cela, un premier type
l’École autrichienne et, de façon plus radi- d’action consiste à sortir certaines activi-
cale, des économistes libertariens et des anar- tés de la sphère publique (privatisations
cho-capitalistes. Pour ces courants, seule une de certaines composantes de l’administra-
économie reposant sur la propriété privée et tion comme les postes et télécommunica-
les décisions souveraines d’agents individuels tions en France qui relevaient jadis de leur
peut permettre au système des prix d’assurer propre ministère et dont les salariés avaient
pleinement son rôle de véhicule d’informa- le statut de fonctionnaire). On peut aussi
tion et d’instruments d’incitation. C’est dans transformer en entreprises privées des entre-
cette perspective que F. Hayek s’est prononcé prises publiques ou confier, dans le cadre
en faveur d’un système de monnaies privées de contrats relevant de la coordination mar-
concurrentes. Certains libertariens proposent chande, des activités jadis publiques (l’en-
aussi que l’on confie à la coordination mar- tretien des routes confié de plus en plus à
chande certaines fonctions régaliennes de des entreprises plutôt qu’aux services du
l’État (justice, police, armée, etc.). ministère de l’équipement).
236
Économie sociale de marché
Une autre composante de ces mesures les chefs d’établissement recrutent librement
consiste à appliquer au fonctionnement des les enseignants et les établissements ont été
administrations publiques les méthodes de mis en concurrence à travers un système de
management en usage dans les entreprises chèque éducation remis aux familles. L’État
(salaire au mérite par exemple). En Suède, la finance toujours l’Éducation mais ce sont
réforme de l’Éducation a consisté à confier la les familles qui décident de l’école où elles
gestion des établissements scolaires aux col- scolarisent leurs enfants. C’est à cet établis-
lectivités territoriales alors qu’ils relevaient sement qu’elles remettent le chèque éduca-
jadis de l’État central. De ce fait, les personnels tion. On combine donc des d’établissements
ont perdu le statut de fonctionnaires d’État, publics locaux et la coordination marchande.
237
Économie solidaire
À Après la fin du régime nazi, la réflexion sur l’éco- Commerce équitable, Économie alternative, Éco
nomie sociale de marché est centrée sur le rôle du nomie domestique, Économie marchande, Équité,
droit et des institutions, ces domaines qui sont Finance solidaire, Monnaie parallèle, Normes envi
aujourd’hui au cœur de l’analyse économique, ronnementales, Normes sociales, Secteur informel,
le néo-institutionnalisme en particulier. À son Travail décent
époque, cette réflexion prend ses distances avec
l’analyse de J. M. Keynes et le rôle de la politique
conjoncturelle qui connaîtra un véritable âge d’or Économie souterraine
dans les autres pays industrialisés. L’économie souterraine est constituée de l’ensemble
À Certains partisans de l’Union européenne (UE) se des activités économiques qui ne sont pas (ou très
réfèrent aujourd’hui à l’économie sociale de mar- mal) enregistrées par la comptabilité nationale ou
ché pour justifier les avancées économiques de la les statistiques officielles. On parle aussi d’écono-
construction européenne (concurrence, marché, mie cachée ou d’économie non officielle.
monnaie). Pour eux, ces avancées ne constituent L’économie souterraine est constituée de trois
pas une menace pour le modèle social européen. types d’activités :
Mais ce dernier nécessite un État et un pouvoir ––les activités non marchandes non comptabili-
politique fédéral européen qui n’existent pas pour sées (économie domestique, activités communau-
l’instant. Par ailleurs, selon l’économie sociale taires et certaines activités associatives) ;
de marché, les politiques sociales ne doivent pas ––les activités marchandes dissimulées (travail au
contrecarrer l’efficacité des marchés. Or, ces poli- noir…) ;
tiques sont mises à mal par les conséquences de la ––les activités marchandes illicites (fraudes fis-
crise des subprimes, par la mondialisation, par la cales, trafic de drogue ou de devises, prostitu-
financiarisation de la gestion des entreprises, par tion…).
la hausse de la précarité, la montée des inégalités, À L’existence d’une économie souterraine conduit
etc. Le modèle européen est donc fragilisé par ces à sous-estimer la production et à surestimer le
évolutions, ce qui va à l’encontre d’une économie chômage.
sociale de marché. À L’économie souterraine peut constituer un élément
Ü Entreprises et système productif important de régulation de l’économie (secteur
Économie de marché coordonnée, Économie libérale informel dans les pays du tiers-monde, marché
de marché, Lois Hartz noir dans les ex-économies socialistes…).
À Dans le cadre du SEC 2010, l’INSEE s’efforce
d’améliorer la prise en compte de l’économie non
Économie solidaire observée, c’est-à-dire des activités économiques
L’économie solidaire est constituée par l’ensemble qui sont productives au sens économique et légales
des acteurs de l’économie qui cherchent à articuler dans leur principe (travail au noir, contrebande).
l’échange avec la solidarité à travers une reformu- Elle utilise pour cela des données fiscales et des
lation des droits économiques et sociaux. L’écono- enquêtes auprès des ménages. Conformément aux
mie solidaire est une économie de proximité qui conventions adoptées par Eurostat, le trafic de stu-
assure des services collectifs (éducation populaire, péfiant a été intégré au calcul du PIB.
aide aux personnes démunies et aux chômeurs Ü Entreprises et système productif, Marché du travail,
de longue durée, recyclage, protection de l’envi- emploi et chômage
ronnement, etc.) et qui opère avec des ressources Économie sociale, Économie solidaire
marchandes et non marchandes (aides publiques et
privées, bénévolat). Elle regroupe des entreprises
solidaires employant des personnes exclues ou qui Économie verte
risquent de l’être, des initiatives locales pour pro- Selon le Programme des Nations unies pour l’en-
duire, consommer, employer, épargner et décider vironnement (PNUE), l’économie verte est « une
autrement. L’économie solidaire s’articule sur le économie qui entraîne une amélioration du bien-
plan international avec le commerce équitable. être humain et de l’équité sociale tout en réduisant
Elle s’inscrit dans la tradition du mouvement ouvrier de manière significative les risques environne-
de l’économie sociale. Mais, l’économie solidaire met mentaux et la pénurie de ressources ». La délimi-
l’accent sur la gestion en réseau, la décentralisation des tation de l’économie verte au sein de l’économie
décisions, le primat de la proximité. globale n’est pas facile. On peut évaluer l’impor-
Ü Économie du développement, Économie et écologie, tance de l’économie verte en mesurant le nombre
Entreprises et système productif, Marché du travail, des emplois verts. Pour ce faire, on comptabilise
emploi et chômage généralement l’emploi dans les éco-industries
238
Effet Cantillon
239
Effet cumulatif wicksellien
Effet cumulatif wicksellien ––de prix moins élevés pour les biens de
Mécanisme cumulatif wicksellien production (marchés d’équipements productifs
d’occasion par exemple) ;
––d’un réseau étendu de sous-traitants ;
Effet d’accordéon ––des effets de retombées positifs en matière d’ac-
tivités de recherche liés à une meilleure circulation
Dans la théorie des cycles de F. Hayek (1899-
de l’information.
1992) l’effet d’accordéon désigne le processus qui
L’origine des effets d’agglomération peut s’expli-
conduit dans un premier temps à un allongement quer par :
du détour de production supérieur à ce que justi- ––les avantages spécifiques d’un territoire géogra-
fie l’arbitrage intertemporel des agents, puis dans phique (existence de mines, de fleuves, de plaines,
un second temps à une contraction brutale de ce etc.) ;
même détour de production sous l’effet d’une ––le hasard historique : une firme s’est établie à
crise de ce même détour de production (le capital un endroit donné puis a provoqué, par sa présence,
excédentaire est détruit du fait des faillites d’en- des économies d’agglomération.
treprises notamment). En effet, le niveau faible À Les économies d’agglomération sont limitées par
du taux d’intérêt monétaire pousse les entrepre- les coûts d’encombrement et de gestion liés à la
neurs à investir (allongement du détour de pro- concentration géographique. Il peut alors y avoir
duction), puis lorsque les banques contractent des déséconomies d’agglomération ou des effets de
leur offre de crédit, provoquant une hausse des désagglomération.
taux d’intérêt, la demande se contracte, des À Les effets d’agglomération peuvent être liés à des
entreprises font faillite ce qui conduit à une des- politiques d’aménagement du territoire.
truction de capital (contraction du détour de pro- Ü Commerce international, Croissance économique,
duction). Économie du développement, Entreprises et système
L’effet d’accordéon résulte donc d’une surca- productif
pitalisation, conséquence d’un taux d’intérêt Croissance endogène, Déséconomie d’échelle, District
monétaire inférieur au taux d’intérêt naturel. industriel, Économie d’échelle externe, Économie
On parle à ce propos d’une théorie monétaire des géographique, Productivité
crises, puisque c’est l’excès d’offre de monnaie qui
conduit à la baisse du taux d’intérêt courant et à
un allongement excessif du détour de production. Effet d’apprentissage
Mais le processus ne peut pas se poursuivre indé- L’effet d’apprentissage (learning by doing) désigne
finiment et, lorsque le taux d’intérêt du marché l’augmentation de la productivité (et donc la
remonte, la longueur du détour de production est baisse des coûts de production) qui résulte de l’ac-
ramenée à ce qui est conforme à la préférence pour cumulation du savoir au fil du temps, à travers l’ex-
le futur des agents économiques. périence acquise. K. Arrow en 1962, a été un des
Ü Épistémologie économique, Fluctuations et crises éco premiers à intégrer de tels effets dans les modèles
nomiques de croissance.
Équilibre monétaire, Mécanisme cumulatif wicksel Des effets d’apprentissage peuvent être liés à des
lien, Théorie monétaire des crises interactions entre entreprises (effets d’aggloméra-
tion), à l’élargissement des échanges, à la segmen-
tation nationale ou internationale des processus
Effet d’agglomération productifs, à l’accroissement du stock de capital
humain, à l’innovation qui alimente le stock de
Les effets d’agglomération sont des effets externes connaissances et à de nouvelles routines.
liés à la concentration géographique des activités Les effets d’apprentissage génèrent des effets
économiques qu’A. Marshall (1842-1924) avait externes positifs qui sont pris en compte dans les
remarqués dès 1920. modèles de croissance endogène.
La Silicon Valley en Californie ou la Silicon Glen Ü Croissance économique, Politique économique
en Écosse sont des exemples de concentration Compétitivité, Croissance endogène, District indus
géographique du secteur informatique. triel, Économie d’échelle, Économie de la connais
Lorsque les effets d’agglomération sont posi- sance, Effet d’agglomération, Progrès technique
tifs, on parle d’économies d’agglomération. Ces
dernières peuvent avoir plusieurs origines car les
entreprises localisées dans un même lieu peuvent Effet d’encaisse réelle
bénéficier : L’effet d’encaisse réelle (ou effet Pigou) désigne le
––d’un bassin d’emploi plus vaste ; mécanisme selon lequel les agents économiques
240
Effet de cliquet
détiennent un montant relativement stable d’en- Ü Économie publique, Monnaie, Politique économique
caisses monétaires exprimées en termes réels (en Économie de l’offre, Équilibre avec rationnement,
pouvoir d’achat). Selon A. C. Pigou (1877-1959), Monétarisme
l’effet d’encaisse réelle constitue un élément de sta-
bilisation endogène de l’économie, ce qui limite la
nécessité d’une intervention stabilisatrice des pou- Effet d’hystérésis
voirs publics. En effet, en cas de baisse du niveau Hystérésis
général des prix, la valeur réelle des encaisses
nominales des agents augmente. Ces derniers
peuvent donc réduire le montant nominal de leurs Effet d’imitation
encaisses et augmenter leur demande de biens et L’effet d’imitation selon J. Duesenberry (Income,
services, ce qui a un effet de stimulation de l’acti- Saving and the Theory of Consumer, 1949) désigne
vité économique. À l’inverse, en cas de hausse du le comportement des individus qui cherchent à
niveau général des prix, les agents économiques adopter le mode de consommation des groupes
doivent restaurer la valeur réelle de leurs encaisses, sociaux dont le niveau de vie est immédiatement
ils réduisent donc leur demande de biens et ser- supérieur au leur. L’effet d’imitation est l’autre face
vices, ce qui freine l’inflation. de l’effet de démonstration exercé par les ménages
Ü Fluctuations et crises économiques, Monnaie, Poli des catégories supérieures sur les classes moyennes.
tique économique Celles-ci, par la volonté d’imiter les classes supé-
Corridor de stabilité, Dichotomie, Stabilisateurs
rieures tendent à avoir une propension à consom-
automatiques
mer plus élevée.
Ü Consommation et épargne, Économie du dévelop
Effet d’entraînement pement
Effet de cliquet, Effet de démonstration, Effet de dis
Il y a effet d’entraînement d’une activité écono-
tinction, Société de consommation
mique sur une autre lorsque le développement
de la première conduit au développement de la
seconde. Par exemple au xixe siècle, l’essor du che- Effet de cliquet
min de fer, par ses commandes, a induit une forte
expansion des mines de charbon et de fer (rails, Introduit par J.-S. Duesenberry (Income Saving
construction mécanique) mais aussi de l’exploita- and the Theory of Consumer Behavior, 1949) dans
tion forestière et de scieries (traverses des rails). sa théorie de la consommation, l’effet de cli-
Ü Économie du développement quet désigne la quasi-impossibilité de réduire de
Effet d’agglomération, Industries industrialisantes, manière significative le niveau de consommation
Pôle de croissance, Pôle de développement, auquel les agents économiques se sont habitués.
Le consommateur « mémorise » le plus haut niveau
de consommation déjà atteint et il réagit à une
Effet d’éviction réduction de son revenu par une augmentation de
Il y a un effet d’éviction sur un marché lorsque la sa propension à consommer pour préserver son
demande de certains agents est rationnée du fait de niveau de vie. Le niveau de la consommation au
la présence d’autres agents plus puissants ou offrant cours d’une période dépend du revenu courant et
plus de garanties qui se trouvent servis en priorité. du niveau le plus élevé de revenu atteint dans le
On parle en particulier de l’effet d’éviction passé. Cet « effet de cliquet » a été critiqué puisque
exercé par le Trésor public sur le marché financier la consommation courante finit toujours par
lorsqu’il doit lever des capitaux importants. Dans s’adapter à un revenu plus faible.
ce cas, il assèche le marché au détriment d’agents À L’effet de cliquet est lié à la volonté des individus
privés n’offrant pas sa qualité de signature. Il y a de maintenir leur statut social même en cas de
à la fois un effet-quantité du fait de l’importance baisse de leur revenu.
de la ponction de l’épargne disponible et un effet- À La notion d’effet de cliquet a été étendue à d’autres
prix par la hausse des taux d’intérêt qui en résulte phénomènes économiques lorsque l’on a observé le
pour les agents privés qui ont un besoin de finan- caractère irréversible d’une évolution, par exemple
cement. en matière de progression des salaires.
À La mise en évidence des effets d’éviction est Ü Consommation et épargne
l’une des composantes de la critique libérale de Consommation ostentatoire, Effet de démonstration,
l’intervention économique de l’État et du déficit Effet de signe, Effet revenu, Hystérésis, Propension
budgétaire. marginale à consommer
241
Effet de commerce
242
Effet de levier
de l’investissement sont dominants par rapport Dans ce cas, l’effet de levier est positif, c’est-
aux centres et unités qui décident de l’épargne ; à-dire que les profits augmentent grâce à l’endet
de même, l’offre exerce plus d’influence sur la tement car le taux d’intérêt réel est inférieur au
demande que la demande n’en exerce sur l’offre. taux de rentabilité des capitaux propres.
Ü Économie du développement Mais l’effet de levier peut également être négatif ;
Croissance déséquilibrée, Dépendance, Économie géo on parle quelquefois d’« effet de massue ».
graphique, Effet de débordement, Effet de remous, L’effet de levier a été mis en lumière par K. Wick-
Pôle de croissance sell (1851-1926).
2. Sur les marchés financiers, l’effet de levier
désigne, pour un agent économique, un méca-
Effet de flexion nisme qui lui permet de prendre une position plus
On appelle effet de flexion les variations dans l’ef- importante que celle qui correspond aux fonds
fectif de la population active qui découlent des dont il dispose. L’effet de levier agit alors comme
variations du nombre d’emplois. Par exemple, une un mécanisme d’amplification des gains (ou des
diminution du nombre d’emplois consécutive à pertes).
l’aggravation du chômage peut conduire certains Par exemple, sur un marché dérivé, une opéra-
chômeurs (âgés ou découragés) à se retirer du mar- tion peut être réalisée avec un dépôt de 20 % au
ché du travail. N’étant plus comptabilisés dans le comptant, ce qui permet de jouer 5 fois la mise.
chômage au sens du BIT, ils ne figurent plus dans Pour acheter à terme 1 000 titres de la société X à
les effectifs de la population active. 100 €, un agent économique se contente de dépo-
À l’inverse, un accroissement des offres d’em- ser 20 000 € auprès d’une chambre de compen-
ploi (demandes de travail) peut inciter certaines sation ou d’un intermédiaire financier. Si l’action
personnes auparavant inactives à se présenter sur augmente de 5 %, l’achat et la revente des titres
le marché du travail, ce qui conduit à une baisse lui feront gagner dans l’opération [1 000 × (0,05
du chômage inférieure à la création d’emplois et × 100)] soit 5 000 € ou 25 % par rapport à son
même, dans certains cas, à une augmentation du dépôt initial, soit 5 000 €/20 000 €. Le rendement
chômage. de l’opération atteint cinq fois le taux de variation
Ü Marché du travail, emploi et chômage du cours.
Chômeurs découragés, Taux de flexion À Sur Euronext Paris, l’effet de levier est mis en
œuvre en utilisant le service de règlement différé
Effet de levier (SRD). Ce dernier permet d’acheter des valeurs
Pour un agent économique, l’effet de levier désigne négociées sur la Bourse de Paris sans en payer la
le mécanisme par lequel l’endettement contracté, totalité immédiatement puisque le dénouement de
dans un but d’investissement ou de placement, l’opération – le règlement pour les achats – n’inter-
a des conséquences positives (ou négatives) sur la vient qu’à la fin du mois.
rentabilité des capitaux engagés par cet agent. 3. Pour une banque, l’effet de levier désigne le
On distingue habituellement l’effet de levier au fait que les engagements (prêts, opérations sur les
niveau d’une entreprise (investissement) et l’effet marchés financiers) sont nettement supérieurs aux
de levier sur les marchés financiers (placement). fonds propres dont elle dispose. Cet effet de levier
Il est également question d’effet de levier à propos est lié d’une part au pouvoir de création monétaire
des banques. des banques et d’autre part à leur capacité à collec-
1. Pour les entreprises, l’effet de levier désigne le ter de l’épargne.
mécanisme par lequel le recours à un endettement La financiarisation, en exacerbant la concur-
modifie le taux de rentabilité des capitaux propres, rence entre les banques, a conduit à une augmenta-
c’est-à-dire le taux de rentabilité financière. tion de cet effet de levier depuis les années 1980. Le
Soit une entreprise qui dispose de 1 million risque associé à l’activité bancaire s’est ainsi accru
d’euros de fonds propres dont le taux de ren- et, depuis 1988, les accords de Bâle cherchent à
tabilité économique est de 10 %, soit un profit mettre en place une réglementation prudentielle
de 100 000 euros. Supposons que l’entreprise visant notamment à augmenter l’importance de
s’endette et emprunte 1 million d’euros à un leurs fonds propres par rapport à leurs engage-
taux d’intérêt réel de 3 %. Son profit passe alors ments pondérés par les risques. Mais des voix
de 100 000 € à 170 000 €, compte tenu des frais s’élèvent pour imposer également, par la réglemen-
financiers de 30 000 €, soit [(0,1 × 2 000 000 €) - tation, un effet de levier maximal de façon à limiter
(0,03 × 1 000 000 €)]. Le taux de rentabilité plus efficacement la prise de risque des banques,
financière de ses fonds propres passe à 17 % soit et donc limiter le risque systémique et le retour
170 000 €/1 000 000 €. des crises financières.
243
Effet de patrimoine
Ü Capital et investissement, Entreprises et système pro dépend du nombre des utilisateurs. L’effet de
ductif, Finances internationales, Fluctuations et crises réseaux peut être positif. C’est le cas dans la plupart
économiques, Monnaie des nouvelles technologies d’information et de
Bâle III, Efficacité marginale du capital, Fonds communication : l’utilité et la valeur du réseau sont
propres prudentiels bancaires, Leverage buy out, proportionnelles au nombre des utilisateurs et des
Mécanisme cumulatif wicksellien, Q de Tobin, Ren clients. L’effet de réseau est négatif quand il conduit
tabilité, Spéculation, Théorème Modigliani-Miller, à des effets d’encombrement, par exemple le réseau
Théorie de l’agence routier aux heures de pointe ou la saturation d’un
serveur de site Internet.
Ü Économie du développement
Effet de patrimoine Capital social (sociologie économique), Croissance
L’effet de patrimoine, ou encore effet de richesse, déséquilibrée, Économie de réseau, Économie géo
traduit le fait qu’une variation de la valeur de leurs graphique, Effet de débordement, Effet de remous,
actifs patrimoniaux incite les agents économiques Nouvelle économie, Pôle de croissance
à modifier leur demande de biens de consomma-
tion et d’investissement. Cette demande s’accroît
lorsque la valeur du patrimoine augmente et dimi- Effet de richesse
nue en cas de baisse. Effet de patrimoine
Ü Consommation et épargne
Bourse des valeurs, Effet d’encaisses réelles, Plus-value
Effet de ruissellement
Effet de propagation (trickle down effect)
L’effet de ruissellement désigne en économie un
Un effet de propagation est selon G. Myrdal (1898-
1987) « une impulsion d’un centre d’expansion processus par lequel l’enrichissement des uns, situés
économique vers d’autres régions », par exemple, à en haut de la pyramide sociale, « ruisselle » vers ceux
travers la hausse de la demande pour les produits qui sont situés au bas de la pyramide sociale. En
de cette région. Il s’agit d’un effet positif. effet, à travers leurs achats de biens et de services
Si l’effet de propagation est plus fort que l’effet (consommation) ou leur investissement, les plus
de remous, émerge une dynamique cumulative riches contribuent directement ou indirectement à
puissante de renforcement de la croissance favo- une activité économique plus forte, qui bénéficie
risant ce que F. Perroux appelle des pôles de crois- en fin de compte à toute la société.
sance. Selon cet effet, l’État doit favoriser les individus
Ü Économie du développement, Entreprises et système riches plus enclins à l’initiative économique. Certes
productif, Intégration économique l’inégalité se creuse en termes relatifs, mais les
Économie géographique, Effet externe pauvres sont plus riches en termes absolus.
L’effet de ruissellement est vivement critiqué
en raison de l’existence de la thésaurisation et
Effet de remous de la spéculation des détenteurs de revenus et
Les effets de remous sont, selon G. Myrdal (1898- patrimoines élevés qui peuvent entraver les effets
1987), des effets de perturbation exercés par l’ac- bénéfiques attendus de l’effet de ruissellement.
tivité économique d’un territoire sur un autre L’inégalité de la répartition des revenus dans les
territoire. « L’expansion de la croissance d’une loca- pays en développement a été critiquée par A. Sen
lité engendre des effets de remous dans les autres » comme élément pouvant entraver le développe-
par le mouvement de main-d’œuvre et de capitaux ment.
vers le territoire en expansion. Cet effet est négatif. Dans les années 1980, la Banque mondiale a
Il peut être compensé par un effet de propagation. justifié les politiques de développement favorisant
Ü Économie du développement, Entreprises et système les plus riches en faisant référence à l’effet de ruis-
productif, Intégration économique sellement. Ce que l’on retrouve dans la courbe
Économie géographique, Effet externe, Effet de débor de Kuznets selon laquelle après une phase d’aug-
dement, Pôle de développement mentation des inégalités lors du décollage éco-
nomique, celles-ci se résorbent dans un deuxième
temps. Les institutions internationales recon-
Effet de réseau naissent aujourd’hui que les inégalités constituent
L’effet de réseau est un effet externe qui établit que un obstacle à la croissance économique et au
l’utilité d’un bien pour un agent économique développement.
244
Effet de tunnel
Ü Économie du développement, Économie publique, désigne l’impact sur cette grandeur, des différences
Marchés et prix, Mondialisation, Politique écono de caractéristiques des populations concernées (par
mique exemple des structures de qualification différentes
Capabilités, Économie de l’offre, Fiscalité optimale entre les hommes et les femmes).
L’écart entre les salaires moyens des hommes
et des femmes est ainsi en grande partie expliqué
Effet de seuil par le fait que les hommes occupent des emplois
En règle générale, l’effet de seuil désigne une rup- plus qualifiés, ont une ancienneté dans le poste de
ture dans l’évolution d’une variable économique travail plus grande et sont proportionnellement
dès lors qu’une valeur de cette variable (le seuil) plus nombreux à travailler à temps complet que
a été franchie. Par exemple, selon la théorie de les femmes. Il en résulte logiquement un salaire
la croissance endogène, le franchissement d’un moyen plus élevé pour les hommes. Ce sont donc
certain volume d’investissement en recherche- les différences de structure des qualifications,
développement ou en capital humain favo- d’ancienneté et de temps de travail qui expliquent
rise rendements croissants. En dessous d’un l’écart des salaires moyens.
seuil minimal de compétences, un rattrapage Autre exemple, le salaire de chaque profession
en matière de technologie et d’effets d’appren- peut stagner alors que le salaire moyen augmente
tissage s’avère improbable. Enfin, des effets de fortement du fait d’un accroissement du nombre
seuil dits désincitatifs interviennent en matière des salariés très qualifiés, les mieux payés, et d’une
de réglementation du travail lorsque le dépasse- diminution des emplois non qualifiés, les moins
ment d’un certain effectif de l’entreprise conduit payés.
à l’obligation de mettre en place un comité d’en- L’effet de structure s’applique à de nombreux
treprise ou des délégués du personnel, ce qui domaines : structure par âge en démographie,
dissuade le chef d’entreprise d’accroître le niveau structure sectorielle pour le système productif.
de l’emploi. Lorsque l’on effectue des comparaisons, il faut
Ü Croissance économique, Marché du travail, emploi et toujours s’interroger sur l’existence possible d’effet
chômage de structure.
Économie d’échelle, Économie géographique Ü Consommation et épargne, Économie du dévelop
pement, Entreprises et système productif, Revenus
Disparité
Effet de signe
Un effet de signe est une action d’un agent écono-
mique pour modifier les représentations des autres Effet de substitution
agents à son égard. On désigne par effet de substitution les variations
En matière de politique monétaire, une de la quantité demandée d’un produit résultant de
Banque centrale peut exercer des effets de signe la modification de son prix relatif. Par exemple, si
vers les marchés financiers à travers des effets d’an- le prix nominal d’un bien A ne change pas et que
nonce qui seront plus ou moins crédibles (forward le prix nominal des autres produits augmente, le
guidance). prix relatif de A diminue. La quantité demandée
En matière de consommation, l’effet de signe du bien A va s’accroître toutes choses égales par
fait référence à un individu qui consomme pour ailleurs.
donner une certaine représentation de lui-même. Ü Consommation et épargne, Marchés et prix
Les acquisitions de biens et services ou les dons Bien de Giffen, Bien inférieur, Bien normal, Bien
visent à donner à voir un statut élevé, un certain supérieur, Courbe d’indifférence, Équilibre du
dynamisme, la défense de valeurs de solidarité, de consommateur, Effet prix, Effet revenu, Taux margi
respect des équilibres écologiques, etc. La consom- nal de substitution
mation a alors, une dimension symbolique.
Ü Consommation et épargne
Consommation ostentatoire, Crédibilité, Effet de Effet de tunnel
démonstration, Effet de distinction, Effet Veblen L’effet de tunnel a été formulé par A. Hirschman
(1915-2012) pour caractériser une situation où
l’amélioration de la position d’autres individus est
Effet de structure appréhendée, soit de façon positive, soit de façon
Lorsque l’on étudie la variation d’une grandeur (par négative. Il repose sur l’exemple hypothétique
exemple la comparaison entre le salaire moyen des d’un embouteillage qui se forme sous un tunnel.
hommes et celui des femmes), l’effet de structure Lorsque les véhicules sont bloqués et que l’une des
245
Effet externe
files se met à avancer, les conducteurs des véhicules exemple) ou prendre à sa charge tout ou partie de
de l’autre file vont être partagés entre deux senti- la production d’effets externes positifs (infrastruc-
ments : tures de transport par exemple).
––d’une part, cette évolution leur donne l’espoir Une dernière forme d’intervention de l’État
que l’embouteillage se débloque et qu’ils vont eux- consiste, dans certains cas comme l’environ-
mêmes avancer sous peu ; nement, à recourir au marché. Il faut établir
––d’autre part, si la situation se prolonge, ceux des droits de propriété (quotas d’émission par
qui restent bloqués alors que les autres avancent exemple) et mettre en place les institutions per-
vont supporter beaucoup plus difficilement la mettant d’organiser un marché sur lequel ces quo-
situation que lorsque tout le monde était bloqué. tas seront échangés. Ces derniers auront alors un
Cet exemple illustre l’effet contradictoire du prix de marché.
creusement des inégalités. Sous certains aspects À La mise en place de ces marchés nécessite une inter-
il suscite des ambitions accrues de la part de ceux vention publique qui devra fixer le nombre de quo-
dont la situation relative régresse, ce qui a un effet tas d’émission (le volume de pollution maximal)
positif sur le dynamisme économique. Sous d’autres ainsi que le processus d’attribution de ces permis
aspects, il suscite la jalousie et la frustration et peut entre agents. Il faut également prévoir un dispositif
se révéler défavorable à la croissance économique de surveillance.
du fait d’une moindre cohésion sociale. Ü Économie publique, Économie et écologie, Politique
Ü Économie du développement économique
École des choix publics, Économie de l’environnement,
Interventionnisme, Libéralisme, Marché de quo
Effet externe tas d’émission, Rendement privé, Rendement social,
Un effet externe, ou externalité, est une consé- Théorie économique
quence (positive ou négative) d’une activité éco-
nomique qui n’est pas prise en compte par le prix
du marché. La pollution liée aux rejets atmosphé- Effet Gerschenkron
riques est, par exemple, un effet externe négatif ; L’effet Gerschenkron désigne le fait que lorsqu’un
l’augmentation de la valeur d’un terrain à la suite pays connaît un démarrage économique tardif, son
de la création d’une activité économique (station
taux de croissance est d’autant plus élevé que son
de sports d’hiver par exemple) est un effet externe
retard par rapport aux pays leaders est important.
positif.
Ce phénomène, étudié par l’économiste américain
En cas d’externalités, selon l’économie du bien-
d’origine russe A. Gerschenkron (1904-1978), est
être, le système des prix ne guide plus les agents
lié au fait que les pays « jeunes » utilisent les tech-
vers les décisions socialement optimales comme le
nologies les plus récentes et les plus productives.
suppose le modèle de concurrence parfaite et il en
résulte des formes d’inefficacités dans l’organisation La croissance industrielle de l’Allemagne au
des activités de production et de consommation. xixe siècle, comparée à celle de la Grande-Bretagne,
En règle générale, en cas d’externalité négative, est une illustration de l’effet Gerschenkron.
l’équilibre du marché se caractérise par un niveau Ü Croissance économique, Économie du développement
de production supérieur à celui de l’optimum (on Convergence économique, Frontière technologique,
produit trop de biens qui occasionnent une pollu- Révolution industrielle, Transfert de technologie
tion par exemple). En cas d’effet externe positif, le
marché produit moins que l’optimum : il y a donc
défaillance du marché. D’où la nécessité d’une
Effet Giffen
intervention des pouvoirs publics pour revenir vers L’effet Giffen désigne le fait que, pour certains
l’optimum, comme l’avait montré A.-C. Pigou biens, la quantité demandée s’élève avec le prix. Ce
(1877-1959) dès 1920, en énonçant la théorie du phénomène apparaît pour un type très spécifique
bien-être. de biens inférieurs pour lesquels l’effet revenu
L’internalisation des effets externes est une solu- l’emporte sur l’effet de substitution.
tion à ce problème. Elle permet de réintroduire l’ef- Ü Consommation et épargne
fet externe dans le calcul économique des agents Biens de Giffen, Bien normal, Bien supérieur, Effet
par un système de taxation (en cas d’effet externe prix, Élasticité prix, Équilibre du consommateur
négatif ) ou de subvention (effet externe positif ).
L’État peut aussi édicter des normes et des règle-
ments, réparer directement les dommages (net- Effet Hirschman
toyage des plages polluées par une marée noire par Effet de tunnel
246
Effet Veblen
247
Efficacité
L’effet Veblen concerne des biens supérieurs mis en œuvre pour atteindre les objectifs. Une
et s’explique par le fait que ces biens produisent action peut être efficace sans être efficiente : par
un effet de distinction. exemple une allocation productive peut permettre
À Ne pas confondre avec l’effet Giffen. d’atteindre le volume de production recherché
Ü Consommation et épargne mais au prix d’un gaspillage de facteurs de produc-
Consommation ostentatoire, Effet de démonstration, tion.
Effet de signe, Effet prix, Fonction de demande, Fonc Ü Marchés et prix
tion d’offre Marché efficient, Optimum de Pareto, Théorie écono
mique
Efficacité
Une action est efficace si elle permet d’atteindre Efficience du marché
les objectifs qui lui étaient fixés. Marché efficient
À Ne pas confondre avec efficience.
Ü Économie publique, Marchés et prix
Rendements Efficience X
On parle d’efficience X pour désigner le fait que
dans les organisations productives, les conditions
Efficacité marginale du capital d’utilisation des facteurs de production dépendent
L’efficacité marginale du capital est un concept du comportement des individus et de l’organisa-
forgé par J. M. Keynes (1883-1946) qui désigne le tion. Introduit en 1966 par H. Leibenstein (1922-
taux de rentabilité anticipée minimal qui sera exigé 1994), ce concept d’efficience X remet en cause la
par un entrepreneur pour accepter de réaliser un théorie néoclassique pour laquelle l’allocation
investissement productif. L’efficacité marginale du des ressources productives par le marché est
capital résulte d’un calcul économique dans lequel efficiente.
interviennent les anticipations (sur la demande en À Leibenstein baptise inefficience X le fait que la
particulier) et l’incertitude. production réalisée est généralement inférieure
À L’efficacité marginale du capital est synonyme de à celle qui découlerait de l’utilisation optimale
taux de rendement interne (TRI).
des facteurs au sein d’une entreprise ou d’une
À L’efficacité marginale du capital permet de choi-
économie.
sir entre différents projets d’investissement : elle
Ü Entreprises et système productif
incite d’autant plus à investir qu’elle est élevée et
Coût d’organisation, Théorie des coûts de transaction,
que le taux d’intérêt réel est faible. Dans le cas
Théorie économique
inverse, un placement est plus rentable qu’un
investissement productif.
Ü Capital et investissement Effort à l’exportation
Anticipation, Placement, Rentabilité économique,
Rentabilité financière, Théorie keynésienne L’effort à l’exportation mesure la part de la produc-
tion nationale qui est exportée. Il se mesure avec
le taux d’ouverture.
Efficience Ü Commerce international
Au sens général, l’efficience caractérise un proces- Compétitivité, Part de marché
sus qui permet d’atteindre un objectif donné dans
les conditions les plus favorables, c’est-à-dire à
moindre coût.
EFSF
Par exemple, des gains de productivité conduisent Fonds européen de stabilité financière (FESF)
à une efficience accrue dans l’utilisation des facteurs
de production. Certains économistes considèrent
que les marchés sont efficients dans la mesure où Égalitarisme spécifique
ils assurent au moindre coût et de la meilleure façon L’égalitarisme spécifique désigne une orientation
possible, la coordination des décisions décen- des politiques publiques qui vise à atteindre l’éga-
tralisées des agents et l’allocation des ressources lité des individus dans certains domaines parti-
productives. culiers (par exemple la santé ou l’éducation). On
À Ne pas confondre efficience et efficacité. Une action admet donc les inégalités dans d’autres dimensions
est plus ou moins efficace au regard des objectifs de la vie sociale (revenus, patrimoines, positions
visés. L’efficience s’apprécie au regard des moyens sociales) mais on assure l’égalité dans l’accès à
248
Élasticité prix
c ertains types de biens qui sont souvent des biens Ü Consommation et épargne
tutélaires. Effet de substitution, Effet prix, Élasticité croisée,
Ü Politique économique, Revenus Élasticité prix, Élasticité revenu, Élasticité des expor
Biens tutélaires, Équité, Justice sociale tations, Élasticité des importations
249
Élasticité prix croisée
250
Encadrement du crédit
donné, la place occupée par le travailleur dans développement économiques (OCDE), il s’agit
le processus productif. de la « mesure en hectares de la superficie biologi-
Ü Marché du travail, emploi et chômage quement productive nécessaire pour pourvoir aux
Formes particulières d’emploi, Salariat, Travail, besoins d’une population humaine de taille don-
Travail décent née ». Plusieurs mesures existent, mais toutes sont
fondées sur une conversion en équivalent-surface
(hectares) des ressources nécessaires à un individu,
Emploi atypique à une activité, à une ville ou un pays pour produire
Formes particulières d’emploi les biens et services consommés et absorber ses
déchets. Plus l’empreinte écologique croît, plus on
s’éloigne d’une soutenabilité du développement.
Emploi précaire Le terme « empreinte écologique » s’inscrit dans
Formes particulières d’emploi la dynamique du Club de Rome (1972), elle
émerge avec la Conférence de Rio (« Sommet de la
Terre ») en 1992 et elle a été largement diffusée au
Emploi typique Sommet de Johannesburg en 2002 pour sensibiliser
On appelle emploi typique (ou emploi type) l’emploi aux priorités d’un développement durable.
tel qu’il résulte, après la Seconde Guerre mondiale, de À Cet indicateur a le mérite de mesurer la consom-
la législation, des conquêtes syndicales et des modes mation de capital naturel occasionnée par un
de gestion de la main-d’œuvre. mode de consommation donné et un effectif de
Ses caractéristiques sont les suivantes : la population. Il fait cependant l’objet de nom-
––c’est un emploi salarié ; breuses critiques car les hectares de territoire n’ont
––le lien entre l’employeur et le salarié est ferme : pas tous la même capacité bio-productive. Par ail-
il s’agit d’un statut, d’un contrat sans limitation de leurs, cet indicateur, du fait même qu’il se veut non
durée, s’intégrant le plus souvent dans des conven- monétaire, ignore le mécanisme des prix. Dire que
tions collectives ; nous « consommons » 1,3 planète n’a pas de sens,
––il est stable ; il s’intègre le plus souvent dans un puisque nous n’avons qu’une planète. L’excès de
système de promotion ; demande par rapport à l’offre conduit à une modi-
––c’est un emploi à temps plein ; c’est le vecteur fication de la structure des prix relatifs et à une
principal d’identification et d’intégration sociale modification des comportements de production et
de l’individu ; de consommation des agents économiques qui ne
––il relève d’un seul employeur, et s’exerce sur sont pas pris en compte par l’empreinte écologique.
un lieu de travail spécifique. Ü Économie du développement, Économie et écologie,
Ü Marché du travail, emploi et chômage Mondialisation
Formes particulières d’emploi, Rapport salarial, Sala Gouvernance mondiale, Normes environnementales,
riat, Ubérisation Ressources naturelles
Emplois-ressources Emprunt
Équilibre emplois-ressources Un emprunt est une opération économique par
laquelle un agent économique (ménage, entre-
prise, État) obtient à titre transitoire de disposer
Employabilité d’actifs monétaires, d’actifs réels ou d’actifs finan-
L’employabilité désigne la probabilité pour un ciers. L’agent qui contracte un emprunt est endetté
chômeur de trouver un emploi. Elle décroît avec (il est débiteur) et l’agent qui accorde le prêt est
l’âge des chômeurs et la durée du chômage. Elle créancier. À l’échéance, l’emprunteur rembourse
croît avec la qualification. sa dette. En général, l’emprunteur doit rémunérer
Ü Marché du travail, emploi et chômage le prêteur par le versement d’intérêts.
Capital humain, Chômage longue durée, Hystérésis, Ü Monnaie
Lois Hartz Besoin de financement, Capacité de financement,
Crédit, Financement de l’économie
Empreinte écologique
L’empreinte écologique est une mesure de l’impact Encadrement du crédit
des activités humaines sur les écosystèmes et la pla- L’encadrement du crédit est une technique de poli-
nète. Pour l’Organisation de coopération et de tique monétaire qui vise à contrôler la progression
251
Enclosures
du volume des crédits accordés par les banques. Endettement intérieur total (EIT)
L’encadrement du crédit, exercé par voie réglemen- L’endettement intérieur total est un agrégat large
taire, est considéré comme très efficace car il s’at- qui inclut l’ensemble des financements, (non
taque à la source même de la création monétaire. compris les actions), des agents économiques
À Les effets pervers de l’encadrement du crédit ont non financiers résidents, obtenus soit auprès des
été critiqués : on considère notamment qu’il fait institutions financières monétaires ou d’autres
obstacle à la concurrence entre les banques et au intermédiaires financiers, soit sur les marchés
financement des entrepreneurs les plus innovants. de capitaux, tant en France qu’à l’étranger.
À Au cours des années 1980, la déréglementation L’EIT retrace donc l’encours de dettes de l’en-
bancaire et financière a entraîné l’abandon de l’en- semble des agents non financiers, quelle que soit
cadrement du crédit dans la plupart des pays. la procédure qui a conduit à leur endettement.
Ü Monnaie À Ne pas confondre avec agrégat monétaire.
Inflation, Économie d’endettement, Mutation finan Ü Monnaie
cière, Règle des 3 D, Réglementation Économie d’endettement, Financement de l’économie
252
Entreprise
253
Entreprise artisanale
254
Entreprises et système productif
et d’autres peuvent réaliser des profits tout des entreprises privées dépend de plusieurs
en étant chargées d’assurer des missions de facteurs.
service public. En France, des groupes asso- En premier lieu, la taille des capitaux à
ciatifs emploient parfois des centaines de mobiliser. Le statut d’entreprise individuelle
salariés. La recherche de la maximisation du convient au démarrage d’une activité mais
profit, qui est l’objectif caractéristique des l’augmentation de la taille accroît les besoins
entreprises capitalistes, peut être combinée en capitaux et peut conduire au changement
à d’autres (pouvoir de marché, prestige des du statut vers la société à responsabilité
dirigeants, survie de l’entreprise, etc.). C’est limitée (SARL) ou en société anonyme (SA).
en fait la vente d’une production sur un mar- En second lieu, les contraintes juridiques.
ché à un prix économiquement significatif Chaque statut juridique conduit en effet à
qui caractérise toutes les entreprises, et non une réglementation spécifique et à des obli-
la recherche du profit. gations. Par exemple, la présence ou non de
À En France, l’INSEE définit depuis 2008 une délégués du personnel, d’un comité d’en-
entreprise comme la « plus petite combinai- treprise, la signature de conventions collec-
son d’unités légales qui constitue une unité tives, ainsi qu’en cas de faillite.
organisationnelle de production de biens et Le risque économique supporté par les
de services jouissant d’une certaine autono- propriétaires de l’entreprise a été atténué
mie de décision, notamment pour l’affec- par le législateur avec la séparation du patri-
tation de ses ressources courantes ». Une moine de la société de celui des sociétaires
unité légale est, quant à elle, « une entité depuis la création de la société anonyme en
juridique de droit public ou privé » pouvant France, en 1867. Un autre type de société
être une personne morale ou une personne très répandu en France est aujourd’hui celui
physique, et qui doit être déclarée aux admi- des sociétés à responsabilité limitée qui,
nistrations compétentes (Sécurité sociale, depuis 1985, a été élargi avec la création de
Greffes des tribunaux, etc.) par ses proprié- l’entreprise unipersonnelle à responsabilité
taires pour des raisons organisationnelles, limitée. Le statut social et fiscal est plus avan-
juridiques ou fiscales. Cette définition a une tageux pour les auto-entrepreneurs (statut
finalité statistique visant à prendre en compte créé en 2008 en France).
l’importance des groupes, mais elle a pour
inconvénient d’abandonner la référence au La diversité des entreprises selon la taille
marché.
La diversité des entreprises se manifeste aussi
par la variété de leur taille mesurée par l’ef-
Diversité des entreprises fectif employé, le chiffre d’affaires, la valeur
Selon l’INSEE, l’économie française comptait ajoutée. En France aujourd’hui, on distingue :
environ 4 millions d’entreprises (hors exploi- – les petites et moyennes entreprises (PME) ;
tations agricoles), qui forment un ensemble – les entreprises de taille intermédiaire ;
hétérogène. – les grandes entreprises.
Il y a de grandes disparités de situations
La diversité des entreprises entre les entreprises : en 2016, sur 4 mil-
selon le statut juridique lions d’entreprises dans le secteur marchand
La diversité du monde des entreprises se non agricole, les 292 grandes entreprises,
manifeste d’abord par leur statut juridique. emploient 3,9 millions de salariés équi-
On distingue les entreprises publiques des valent temps plein, soit 29 % des effec-
entreprises privées qui se décomposent elles- tifs. À l’opposé, 3,67 millions, soit 96 %,
mêmes en entreprises individuelles et en sont des microentreprises, elles emploient
entreprises sociétaires. Ces dernières sont 2,5 millions de salariés (19 % du total). Les
scindées en sociétés de personnes (sociétés 5 800 entreprises de taille intermédiaire et
en nom collectif, coopératives), sociétés de les 135 000 petites et moyennes entreprises
capitaux, et des formes hybrides (sociétés en (hors microentreprises) emploient respective-
commandite). Le choix du statut juridique ment 25 et 27 % des salariés.
255
Entreprises et système productif
Le poids des groupes son profit lorsqu’il produit une quantité pour
Il faut par ailleurs distinguer les PME auto- laquelle le coût marginal est égal au prix du
nomes des PME faisant partie d’un groupe. Car marché (lui-même égal à la recette margi-
le pouvoir économique réel d’une entreprise nale en CPP).
ne peut être réellement appréhendé qu’en Comme le fait remarquer W. Baumol
prenant en compte les groupes d’entreprises (1959), le producteur est dans cette approche
qui s’organisent autour d’une maison mère et « un calculateur passif » qui réagit de façon
de filiales (soit plus de 123 000 groupes en mécanique aux changements imposés par les
France à la fin 2015). Ces groupes réalisent marchés, essentiellement les variations de
plus de 60 % de la valeur ajoutée et emploient prix, sans chercher à y exercer une influence
la moitié des salariés. De plus, même en l’ab- (firme « automate »). La firme est une « boîte
sence de participation au capital social des noire » dont le fonctionnement interne est
PME, les groupes d’entreprises peuvent avoir opaque.
un pouvoir étendu en organisant la sous-trai- À Dans la théorie néoclassique, la firme n’est
tance, nationale et internationale (décompo- qu’une composante de la théorie des prix et
sition internationale des processus productifs de l’allocation des ressources productives.
et externalisation internationale). Il faut égale- Ainsi, l’objectif de cette théorie n’est pas d’ana-
ment tenir compte du fait que les partenariats lyser le fonctionnement interne d’une firme,
tendent à rendre plus floues les frontières de cette dernière n’étant qu’une « boîte noire ».
la firme.
L’entreprise dans les modèles
Les théories de l’entreprise de concurrence imparfaite
L’entreprise en tant que producteur À partir des années 1930, les théories de
en concurrence pure et parfaite (CPP) la concurrence imparfaite (J. Robinson,
L’entreprise est modélisée par la théorie néo- 1933) et de la concurrence monopolistique
classique comme le lieu d’une combinaison (E. H. Chamberlin, 1933) mettent l’accent sur
de facteurs de production en vue d’obtenir l’étude du comportement et des interactions
un produit destiné à la vente. L’entreprise est entre les producteurs. La firme dispose d’un
appréhendée à travers le producteur ration- pouvoir de marché par sa capacité d’action
nel, maximisant son profit et disposant d’une sur le prix et par la possibilité de recourir à la
information parfaite. Le producteur, qui n’est différenciation des produits.
pas nécessairement propriétaire des moyens Les développements de l’économie indus-
de production selon cette approche, paie un trielle poursuivent dans cette voie, en consi-
salaire aux travailleurs et un profit aux pro- dérant toute une gamme de structures de
priétaires du capital. marchés et de comportements de firmes avec
Sur le marché des facteurs de production, les modèles d’oligopoles et de duopoles,
toutes les techniques de production sont l’analyse des politiques de barrières à l’en-
connues du producteur (information parfaite). trée, de recherche-développement, de bre-
Le prix des facteurs s’impose à lui en CPP et le vets, etc. E. S. Mason (1938) et J. M. Clark
volume de facteurs qu’il peut acheter est limité (1940) analysent les contraintes structu-
par sa contrainte de budget. Le producteur relles du marché. Cette approche résumée
choisit la combinaison productive efficiente dans le modèle « structure-comportement-
et économiquement la moins coûteuse. Ce performance » constitue l’approche domi-
choix est caractérisé par l’égalité entre le rap- nante de l’économie industrielle jusque dans
port des prix des facteurs et le rapport de leurs les années 1980. Elle a été enrichie par l’in-
productivités marginales, en d’autres termes troduction de comportements stratégiques de
la productivité marginale du travail pondé- la firme et des contraintes de la concurrence
rée par son coût est égale à la productivité potentielle.
marginale du capital pondérée par son coût. Néanmoins, les fondements théoriques de
Sur le marché des produits où le prix s’im- l’analyse de la firme restent proches de ceux
pose au producteur, ce dernier maximise du modèle de CPP. La firme reste toujours une
256
Entreprises et système productif
« boîte noire », elle s’adapte mécaniquement à caractérise par un ensemble hiérarchisé d’ob-
un environnement cependant plus complexe. jectifs, pécuniaires (profit, cash-flow, etc.) et
non pécuniaires (carrières et statut des sala-
La thèse managériale riés, pouvoir et prestige des dirigeants, etc.),
Dès 1932, A. Berle et G. Means (The Modern elle doit en permanence effectuer des arbi-
Corporation and Private Property) mettent en trages pour satisfaire partiellement les inté-
avant les conflits d’objectifs au sein de l’entre- rêts des différents groupes qui la composent.
prise entre les propriétaires (ou actionnaires Un « relâchement organisationnel » avec la
de la société) et les manageurs salariés. Les nécessité d’une « réserve de gestion » et un
actionnaires recherchent la maximisation du « budget discrétionnaire » (managerial slack),
profit mais les manageurs, qui disposent du entre les mains des dirigeants sont néces-
pouvoir de décision, cherchent à maximiser saires pour négocier l’adhésion des salariés
leurs propres intérêts. La thèse de Berle et aux objectifs que se fixe la firme.
Means sera prolongée par J. Burnham (L’ère Les analyses de H. Leibenstein (1922-
des organisateurs, 1941), puis par J. K. Gal- 1994), complémentaires des thèses com-
braith (1908-2006) qui met l’accent sur le portementalistes, mettent en évidence
pouvoir de la technostructure. l’importance de l’organisation de la firme
Ainsi, l’objectif de la firme est souvent la (efficience X). Des firmes, en apparence
maximisation des ventes comme le montre identiques (même composition de la main-
W. Baumol (Business Behavior, Value and d’œuvre, même technologie), parviennent à
Growth, 1959). des résultats inégaux en termes de produc-
De manière plus radicale, H. Simon (prix tivité du travail et de qualité des produits.
Nobel d’économie, 1978) remet en question Il existe ainsi un facteur « X », distinct des
l’hypothèse du choix rationnel en introdui- facteurs traditionnels (K, L), qui explique
sant l’hypothèse de rationalité limitée. Pour l’efficience ou l’inefficience des firmes.
lui, l’agent économique ne peut pas disposer Dans une perspective différente, A. D. Chan-
d’une connaissance complète de tous les choix dler (1918-2007) étudie l’histoire des entre-
possibles, des conséquences de ces choix, de prises pour mettre en évidence leurs structures
l’évaluation présente et future de ces consé- et stratégies. Selon lui, la firme est une institu-
quences qui permettent le choix optimal. À la tion complexe regroupant un ensemble inté-
différence de la « rationalité omnisciente », gré d’unités fonctionnelles et opérationnelles,
la rationalité limitée substitue un principe administrée par une hiérarchie managériale
de satisfaction au principe de maximisation à plusieurs niveaux. Elle est le produit de la
(c’est une rationalité procédurale). complexification de la division du travail fonc-
À La thèse managériale a été partiellement tionnelle et hiérarchique et de l’importance
remise en cause à partir des années 1980 croissante prise par l’appareil managérial.
par l’essor du capitalisme actionnarial qui a
conduit à une augmentation du pouvoir des L’entreprise et ses frontières mouvantes :
actionnaires et à une financiarisation de la les théories néo-institutionnalistes
gestion des firmes. C’est à travers la prise en compte des coûts
de transaction que R. Coase (prix Nobel
L’entreprise et la complexité d’économie en 1991) explique l’existence de
de l’organisation interne la firme, dans un article devenu célèbre, La
Dans l’optique de R. Cyert (1921-1998) nature de la firme (1937). Pourquoi créer des
et J. G. March (A Behavioral Theory of the organisations avec leurs règles, leurs hiérar-
Firm, 1963), les firmes ne sont pas seulement chies et leurs contrats stables ?
composées de dirigeants et d’actionnaires Car le recours au marché et la coordi-
mais d’une pluralité de groupes qui doivent nation par les prix entraînent des coûts de
coopérer, tout en défendant chacun leur transaction. Lorsque ces coûts sont élevés, ils
propre intérêt. Dans cette théorie compor- peuvent être évités par la coordination hié-
tementaliste (« behavioriste »), l’entreprise se rarchique à l’intérieur de la firme. R. Coase
257
Entreprises et système productif
appréhende ainsi l’entreprise comme une Si les actifs ne sont pas spécifiques, le
forme d’organisation économique efficiente, recours au marché est préférable, que les
alternative au marché. transactions soient fréquentes ou occasion-
Lorsque les coûts de transaction sont nelles.
supérieurs aux coûts de l’organisation hié- Néanmoins, des structures de gouvernance
rarchique, il est alors préférable pour l’entre- hybrides, intermédiaires entre le marché et la
prise de produire (de faire) elle-même plutôt hiérarchie, sont concevables : sous-traitance,
que d’acheter à une autre entreprise (recourir franchisage, partenariat, co-entreprise. Il
au marché et faire faire). Néanmoins, l’ac- s’agit, selon O. Williamson, de « structures de
croissement de la taille de l’entreprise par gouvernance bilatérale ». Cet auteur envisage
internalisation d’activités fait augmenter les enfin une gouvernance trilatérale qui met en
coûts d’organisation. Il existe donc en théo- place un contrat de long terme avec arbi-
rie une taille optimale de la firme qui cor- trage d’un tiers (règles de droit, expertise par
respond au point où le coût marginal de exemple) lorsque les actifs sont spécifiques et
l’organisation interne est égal au coût margi- les transactions peu nombreuses.
nal de transaction. À L’analyse néo-institutionnaliste propose une
O. Williamson (1975) prolonge l’analyse justification importante de la concentration
de Coase en s’appuyant sur l’hypothèse de verticale.
rationalité limitée (H. Simon). Du fait de
cette hypothèse, les contrats sont nécessai- L’entreprise et ses compétences :
rement incomplets : les agents économiques les théories « cognitivistes »
ne peuvent pas définir à l’avance l’ensemble O. Bouba-Olga (Économie de l’entreprise,
des obligations des partenaires pour les dif- 2003) regroupe sous ce terme la théorie des
férentes situations possibles lors des transac- compétences d’E. Penrose ainsi que la théo-
tions (appréciation des résultats, mode de rie évolutionniste de l’entreprise.
règlement des conflits, etc.). La théorie des compétences, exposée dans
À l’incomplétude des contrats, O. Wil- l’ouvrage de E. Penrose (The Theory of the
liamson ajoute l’hypothèse de l’incertitude Growth of the Firm, 1959), part d’une inter-
créée par le risque d’opportunisme des rogation sur les causes et l’orientation de
agents. Ce risque est d’autant plus faible que la croissance des entreprises. La firme y est
le nombre d’agents intervenant sur un mar- définie comme un ensemble de ressources
ché est élevé (il est possible de remplacer productives organisé dans un cadre adminis-
un vendeur ou un acheteur par un autre). Le tré. Sa fonction est d’acquérir et d’organiser
risque d’opportunisme augmente les coûts de ses ressources (matérielles, immatérielles,
transaction et en particulier le coût de négo- humaines) dans le but de vendre avec profit
ciation des contrats. Il incite donc à l’interna- des biens et des services sur le marché.
lisation de la transaction. Mais selon E. Penrose, les ressources ne
O. Williamson caractérise ensuite les tran- sont pas assimilables aux facteurs de pro-
sactions en prenant en considération la spé- duction qui ne sont en fait que des services
cificité des actifs (c’est-à-dire « le degré avec rendus par les ressources. Pour E. Penrose, les
lequel un actif peut être redéployé pour un ressources ne sont pas parfaitement divisibles
autre usage ») et la fréquence des transac- et ne sont pas utilisées en totalité par l’en-
tions. Toute transaction concernant un actif treprise. L’excès de ressources rend possible
spécifique crée ainsi un lien de dépendance, la croissance de l’entreprise en fonction :
la firme a donc intérêt à internaliser ce type – des opportunités externes (potentiel de
de transaction. La structure d’organisation croissance par exemple) ;
choisie, la « structure de gouvernance » selon – de l’image que se forge l’équipe managé-
O. Williamson, sera celle qui minimise les riale en fonction de l’histoire de l’entreprise.
coûts de transaction. Dans le cas où les actifs À la différence de l’approche néo-insti-
sont spécifiques, l’internalisation se justifie tutionnaliste, le recours au marché ne s’ex-
lorsque les transactions sont fréquentes. plique pas seulement par la non-spécificité
258
Entreprises et système productif
des actifs, mais parce que l’entreprise n’a pas Dans le prolongement de ces travaux, la
les compétences requises. théorie de l’agence développée par M. Jensen
Le courant de l’évolutionnisme met aussi et W. Meckling définit la firme comme un
l’accent sur les compétences accumulées nœud de relations contractuelles bilatérales
par la firme au cours de son activité. Cette (entre propriétaires et salariés, avec les four-
approche, centrée sur l’économie de l’inno- nisseurs, les clients, les institutions finan-
vation, initiée par R. Nelson et S. Winter (An cières créancières, etc.). Les contrats sont
Evolutionary Theory of Economic Change, analysés comme des relations d’agence ou
1982), considère que les compétences de la relation principal/agent. Jensen et Meckling
firme se construisent dans le temps à travers : adoptent l’hypothèse de contrats complets
– des effets d’apprentissage, l’apprentis- (l’avenir est probabilisable) et d’asymétrie
sage étant un processus cumulatif impliquant information au bénéfice de l’agent. Les
des compétences collectives et organisation- actionnaires (le principal) confient à l’agent
nelles plus qu’individuelles ; la conduite des activités de la firme avec
– des routines qui conduisent à des pour un objectif de création de valeur pour
connaissances cumulatives, en grande partie l’actionnaire, l’agent s’engage à honorer
tacites et non transférables, qui se modifient son contrat mais il peut dissimuler certaines
lentement et jouent un rôle déterminant dans informations. Pour l’éviter, il suffit de mettre
la coordination des agents et la cohérence en œuvre des dispositifs d’incitation pour
des décisions. Les routines favorisent une que l’agent révèle l’information pertinente et/
trajectoire spécifique de croissance, mais ou adopte un comportement conforme à l’in-
des opportunités technologiques peuvent térêt du principal. Le dispositif d’incitations
conduire à réorienter l’activité principale est à la fois externe à la firme (externalisation
vers certains actifs secondaires, complémen- de certaines activités, faillite, offre publique
taires à l’activité principale. d’achat, réputation sur le marché des cadres
dirigeants, etc.) et internes à la firme (contrôle
L’entreprise et les systèmes d’incitation du conseil d’administration par le conseil de
internes : de la théorie des droits surveillance, stock-options, etc.).
de propriétés à la théorie de l’agence À Les systèmes d’incitation et l’organisation
L’approche initiée dans les années 1970 par hiérarchique de la firme ont également été
A. Alchian et H. Demsetz, à la différence étudiés par M. Aoki (Towards an Economic
de la théorie néo-institutionnaliste, cherche Theory of the Japanese Firm, 1990), qui
à réhabiliter la théorie néoclassique de la oppose les performances de la firme H (amé-
firme. Pour eux, la firme est un prolongement ricaine) à celles de la firme J (japonaise). Dans
des relations de marchés grâce aux contrats la firme J, les relations sont stables avec les
qui se substituent au mécanisme des prix, travailleurs de l’entreprise, avec les sous-trai-
contrats qui peuvent être conclus ou rompus tants et avec les actionnaires (relations de long
(relations avec les fournisseurs, les clients, terme mettant les managers à l’abri d’offres
les salariés, etc.). Néanmoins, la signature de publiques d’achat). Mais la concurrence joue
contrats durables (hiérarchie) peut se justifier. entre les travailleurs (pour obtenir des primes
En effet, dans le cas d’un travail en équipe au et des promotions), entre les sous-traitants et
sein de la firme, la contribution effective de entre les managers. Selon M. Aoki, lorsque
chaque participant à une activité productive la demande est différenciée et son évolution
n’est pas toujours mesurable. Le recours à des instable, les performances de la firme J sont
dispositifs de contrôle et d’incitation est alors meilleures. Ces analyses ont perdu de leur
avantageux et l’agent qui se charge de la mise pertinence avec l’essor du capitalisme action-
en œuvre de ces dispositifs est un « créancier narial et la tendance à la financiarisation
résiduel » qui perçoit un revenu spécifique, de la gestion des entreprises japonaises.
le profit. Cette fonction de contrôle doit par À En matière de gouvernance d’entreprise
ailleurs être assortie d’une distribution de (ou corporate governance), les années 1980
droits de propriété de la firme. marquent l’affaiblissement de la gouvernance
259
Entreprises et système productif
managériale qui s’était développé depuis les tertiaire sont aujourd’hui très forts, grâce aux
années 1930 (thèse de A. Berle et G. Means, nouvelles technologies de l’information.
1932). Pour la théorie de l’agence, la pré- Aujourd’hui, l’INSEE utilise d’autres clas-
sence d’actionnaires importants comme les sifications des secteurs d’activité relevant de
investisseurs institutionnels est bénéfique la nomenclature d’activités française et de la
car elle fait évoluer la structure de gouver- classification des produits française (CPF).
nance vers plus d’efficience. La gouvernance La classification par secteur d’entreprises
d’entreprise axée sur la valeur actionnariale et par branche reste fondamentale dans les
est aujourd’hui remise en cause par la néces- travaux de la comptabilité nationale. Elle est
sité de tenir compte des parties prenantes et à la base d’instruments comme le tableau
de la responsabilité sociale des entreprises. d’entrées-sorties (TES), dérivé des travaux
de W. Leontief (1906-1999), qui permet
Le système productif d’étudier les phénomènes de production,
notamment les conditions de formation de la
Un système productif peut se définir, selon
valeur ajoutée et les interdépendances entre
la formule d’Y. Morvan (Fondements d’éco-
les branches au niveau des consommations
nomie industrielle, 1991), comme un
intermédiaires (coefficient technique de
« ensemble structuré de tous les agents éco-
production, multiplicateur de valeur ajou-
nomiques, simples ou complexes, qui créent
tée). De nombreuses simulations sont effec-
des biens et/ou des services propres à satis-
tuées en politique économique à l’aide de
faire des consommations individuelles et
cet instrument.
collectives et qui participent ainsi à l’accrois-
Certaines orientations de la politique
sement de la production ».
économique ont conduit à l’élaboration
L’étude du système productif repose sur
du concept de filière pour appréhender la
un découpage de l’économie en secteurs
cohérence du système productif. En faisant
d’activité. Un découpage très connu divise
apparaître les points forts et les points faibles
l’économie en trois secteurs, mais cette clas-
d’une chaîne d’activités, il permet de préci-
sification est aujourd’hui dépassée.
ser les objectifs d’une politique industrielle
La classification des secteurs d’activités
et d’en apprécier les effets.
économiques de A. G. Fisher (The Clash of
Progress and Security, 1934) et de C. Clark
(1905-1989) en trois secteurs, secteurs pri- Système productif et concentration
maire, secondaire et tertiaire, demeure une La concentration, qui résulte d’une action
des plus connues. J. Fourastié (Le grand volontariste de l’entreprise, est une action
espoir du vingtième siècle, 1963) a ajouté stratégique dont les objectifs sont pluriels.
un autre paramètre, l’intensité du progrès Elle peut résulter d’un accroissement de la
technique. Cet auteur fait l’hypothèse d’un taille par croissance interne, par croissance
progrès technique « moyen » dans le sec- externe (par fusions ou par absorption) ou à
teur primaire, « fort » dans le secteur secon- travers des réseaux d’alliances et de partena-
daire et « faible » dans le secteur tertiaire. riats.
Ce découpage du système productif a servi L’efficience productive est un objectif
à résumer son évolution, grâce à la loi des essentiel de la concentration et nécessite des
trois secteurs, la désindustrialisation et la investissements coûteux. Ces investissements
tertiarisation. génèrent des coûts fixes élevés, mais à l’ori-
Cette classification est néanmoins criti- gine la réalisation d’économies d’échelle.
quable et sa pertinence est aujourd’hui consi- Les moyens financiers nécessaires à ces
dérablement affaiblie. Les frontières entre les investissements sont eux aussi un facteur de
secteurs apparaissent souvent formelles et concentration, la grande taille facilite en effet
le secteur tertiaire est un secteur résiduel. la levée de capitaux, sur les marchés finan-
L’évolution des secteurs est liée aux straté- ciers comme auprès du système bancaire.
gies d’externalisation et d’internalisation des Les économies d’échelle supposent sou-
firmes, les gains de productivité du secteur vent un niveau de production élevé et donc
260
Entreprises et système productif
261
Entreprises et système productif
– les travaux de l’École de Harvard notam- donné naissance à une nouvelle économie. De
ment E. H. Chamberlin (1899-1967), J. Bain nouvelles manières de produire et de consom-
(1912-1991), E. S. Mason (1899-1992) mer qui touchent peu à peu tous les secteurs :
ont orienté la recherche plus empirique médias, automobile, agriculture, santé, etc.
(barrières à l’entrée, modèle structure- L’émergence des entreprises numériques dans
comportement-performance) conduisant à ces secteurs remet en cause l’organisation et
une méfiance à l’égard de la concentration ; le fonctionnement des marchés et des entre-
– les travaux de l’École de Chicago et notam- prises. L’essor des plateformes numériques
ment ceux de G. Stigler (1911-1991) remettent mettant en relation les agents économiques,
en question le modèle structure-comporte- est de nature à bouleverser les contours des
ment-performance du fait de l’absence de firmes et à redéfinir les activités économiques
confirmation empirique concluante. Des taux (ubérisation par exemple). Les rendements
de rentabilité différents subsistent selon les croissants et les effets de réseau incitent les
secteurs alors que les structures de marché et entreprises à accroître leur taille et la concen-
le degré de concentration sont proches. Par tration s’accentue sur ces marchés. Le pouvoir
ailleurs, l’École de Chicago conteste la régle- de marché des grandes firmes en place peut
mentation des monopoles naturels et avance néanmoins être contesté par les start-up.
la thèse de la capture du régulateur par l’en-
treprise réglementée. Cette école préconise un La dynamique de la demande
interventionnisme public différent et atténué, et des structures de la consommation
les mécanismes régulateurs du marché et l’in- La loi d’Engel explique en grande partie le
tensité de la concurrence restant les éléments déclin relatif de l’agriculture à travers un effet
clés ; revenu.
– la nouvelle économie industrielle La spécialisation croissante et la multi-
(J. Tirole, prix Nobel 2015) est aujourd’hui plication des branches qui traduisent l’ap-
marquée par la théorie des jeux et vise à profondissement de la division du travail,
rendre compte des comportements straté- conformément à l’analyse d’A. Young (1876-
giques des organisations. 1929) dans les années 1920.
L’évolution du rôle des pouvoirs publics
Les facteurs d’évolution et en particulier de la politique industrielle
des systèmes productifs (réglementation, commande publique, sub-
Les transformations de l’offre ventions, nationalisations, etc.).
Dans une perspective schumpétérienne, le
processus de destruction créatrice trans- L’internationalisation
forme le système productif « en détruisant des systèmes productifs
continuellement ses éléments vieillis et Dans un certain nombre de branches, cette
en créant continuellement des éléments internationalisation conduit à une décompo-
neufs ». Les innovations sont ainsi au cœur sition internationale des processus produc-
de l’évolution économique avec des effets tifs. Les stratégies d’entreprises sont de plus
qui se propagent à tous les secteurs d’acti- en plus souvent conduites au niveau plané-
vité économique. Les innovations techniques taire et seules les plus puissantes firmes mul-
s’articulent à des innovations sociales (réor- tinationales peuvent les mettre en œuvre.
ganisation des méthodes de production et de Par ailleurs, l’internationalisation dépasse
distribution, ainsi que des modèles de gestion aujourd’hui le cadre de la production de
et d’organisation du travail) et l’accroisse- marchandises et s’étend au domaine des ser-
ment attendu des gains de productivité peut vices (notamment la sphère financière, l’au-
s’étaler dans le temps (paradoxe de Solow). dit, les transports et communications, etc.).
262
Entreprises et système productif
spatiale des activités : le développement d’un Cette approche fondée sur le triptyque
marché du travail spécialisé, l’extension d’un recherche publique/entreprises publiques/
marché des biens intermédiaires spéciali- commandes publiques (par exemple dans
sés, des effets de retombées technologiques le nucléaire, l’aéronautique et le domaine
(effets externes). Plus tard, F. Perroux (1903- ferroviaire en France) a été remise en cause
1987) avait insisté sur les mécanismes cumu- avec l’ouverture de l’économie à partir du
latifs qui se mettent en œuvre dans les pôles milieu des années 1980. Dans la plupart des
de développement, exerçant des effets d’en- pays, la politique industrielle volontariste a
traînement favorables à la croissance écono- reculé avec la mondialisation des stratégies
mique et au développement dans une région, des groupes industriels. En fait, ce modèle
une branche ou une nation. d’intervention publique (top down) était de
Les développements théoriques récents de moins en moins adapté à un modèle d’inno-
l’économie géographique mettent l’accent sur vation tiré par le marché (modèle ascendant
l’existence d’effets d’agglomération qui favo- ou « bottom up »).
risent la coopération entre les fournisseurs Par ailleurs, la critique des interventions
de ressources (capital, travail, collectivités publiques conduites par l’économie de l’offre
locales, consommateurs, etc.) et l’instauration a participé au désengagement de l’État (réduc-
de relations de confiance comme il en existe tion des impôts et des dépenses publiques,
dans les clusters. La densité des infrastruc- déréglementation, privatisations). Les règles
tures, des réseaux numériques ou encore la de la construction européenne ont aussi
qualité de la formation sont également des impulsé l’inflexion plus libérale de la politique
éléments sur lesquels agissent les politiques industrielle. Les idées de l’École de Chicago
publiques. Les relations entre les entreprises au sein de l’économie industrielle ont accru
et les pôles de compétitivité sont également l’importance de la politique de la concurrence
recherchées. Les technopoles cherchent ainsi et diminué celle de la politique industrielle.
à établir des relations durables entre forma-
tion, recherche et production. Ils favorisent la Politiques publiques et mondialisation
création d’entreprises innovantes en valori-
La mondialisation et la montée en puissance
sant les résultats de la recherche.
des pays émergents ont ravivé la question des
délocalisations et du protectionnisme.
Politiques publiques et performances Face à la pression concurrentielle qui
des systèmes productifs résulte de la mondialisation, la spécialisation
Les transformations des politiques de l’économie sur le haut de gamme est cen-
publiques : politique industrielle trale pour permettre aux pays anciennement
et p
olitique de la concurrence industrialisés de résister à la concurrence par
Les transformations du système productif les prix. De ce point de vue, la position de
sont marquées par les orientations des pou- l’Union européenne (et particulièrement de la
voirs publics. Les formes de l’intervention France) s’est dégradée ces dernières années.
publique peuvent être directes sur les firmes P. Artus développe l’idée selon laquelle la
(colbertisme) ou jouer indirectement en agis- France, qui est spécialisée dans les produits
sant sur leur environnement. De nombreux de milieu de gamme avec des coûts salariaux
points forts de l’industrie française sont le relativement élevés, est en difficulté car « prise
résultat du volontarisme passé. La notion en sandwich » entre les pays spécialisés dans
de grands programmes a longtemps été au le haut de gamme et qui peuvent de ce fait
cœur de la politique industrielle française, avoir des salaires élevés du fait de leur com-
par exemple dans l’aéronautique, l’indus- pétitivité hors-prix et les pays à bas salaires
trie spatiale, le nucléaire civil ou les com- qui produisent avec des gains de productivité
posants électroniques. Les nationalisations importants des produits bas de gamme.
entre 1946 et 1982 ont favorisé l’extension Les politiques d’attractivité des territoires
du secteur public dans les secteurs jugés deviennent essentielles dans un monde où
stratégiques. la mobilité des facteurs et les turbulences
263
Entreprise individuelle
264
Épargne contractuelle
265
Épargne financière
266
Épistémologie économique
terrains. C’est un flux qui permet la constitution les salariés (et pas seulement les actionnaires)
d’un patrimoine non financier. Elle correspond bénéficient d’une amélioration des performances
à la formation brute de capital fixe (FBCF) de l’entreprise.
des ménages hors entrepreneurs individuels. Ü Consommation et épargne, Mondialisation
Ü Revenus Capitalisme actionnarial, Épargne financière, Patri
Épargne financière, Épargne liquide, Logement (ser moine
vice de), Placement, Taux d’épargne financière, Taux
d’épargne non financière
Épargne spontanée
L’épargne spontanée est celle qui résulte du libre
Épargne salariale comportement des agents. Elle découle soit d’un
Le terme « épargne salariale » recouvre, en France, calcul économique, soit d’un excédent involontaire
les dispositifs d’intéressement et les dispositifs du revenu sur la consommation. Elle se distingue
de participation. de l’épargne forcée.
Dans les deux cas, il s’agit de sommes qui sont Ü Consommation et épargne
versées, dans le cadre d’un accord d’entreprise, Arbitrage intertemporel, École autrichienne,
aux salariés en fonction des performances de Épargne forcée, Épargne liquide, Épargne financière,
l’entreprise. Les salariés peuvent demander à Patrimoine, Placement, Revenu arbitrable, Revenu
percevoir immédiatement les sommes concernées, permanent
celles-ci sont alors soumises à l’impôt sur le revenu.
Ils peuvent aussi demander que les sommes soient
placées dans un compte d’épargne (plan d’épargne Épistémologie économique
entreprise, plan d’épargne interentreprises, plan L’épistémologie économique est la discipline qui se
d’épargne pour la retraite collective). Dans ce cas, consacre à l’étude critique de la production et de
les sommes ne sont pas soumises à l’impôt sur le la validation des connaissances en science écono-
revenu. mique.
À L’objectif de ces dispositifs est le renforcement Ü Épistémologie économique
des liens entre les salariés et l’entreprise, puisque Conjecture, Économie politique, Loi, Modèle
Épistémologie économique
Selon A. Lalande, l’épistémologie est « l’étude nomiques. En pratique, le terme « méthodo-
critique des principes, des hypothèses et des logie » est souvent utilisé comme synonyme
résultats des diverses sciences, destinée à du terme « épistémologie ».
déterminer leur origine logique, leur valeur
et leur portée objective ». S’il existe une épis- Épistémologie générale
témologie générale (proche de la philosophie et épistémologie économique
des sciences), il existe aussi autant d’épisté-
L’épistémologie économique a puisé dans les
mologies que de disciplines scientifiques.
réflexions des spécialistes de l’épistémologie
L’épistémologie économique est donc la dis-
générale ou de l’épistémologie des sciences
cipline qui se consacre à l’étude critique de
de la nature.
la production et de la validation des connais-
sances en science économique.
On distingue parfois l’épistémologie éco- G. Bachelard et K. Popper
nomique et la méthodologie économique. G. Bachelard (1884-1962), dont les travaux
Cette dernière étudierait plutôt les tech- ont surtout porté sur l’épistémologie de la
niques de recherche, les outils d’investiga- physique, est un auteur fréquemment cité
tion (économétrie, techniques d’enquêtes, en épistémologie économique, notamment
etc.) alors que l’épistémologie se consacre- pour sa critique de l’empirisme : pour lui, le
rait à une réflexion plus fondamentale sur « vecteur épistémologique » va du rationnel
le statut scientifique des connaissances éco- au réel. Le fait scientifique est « construit,
267
Épistémologie économique
268
Épistémologie économique
269
Épistémologie économique
270
Épistémologie économique
271
Épistémologie économique
272
Épistémologie économique
273
Épistémologie économique
contredites ; elle est considérée comme très les sciences sociales en général. De même,
fiable si elle a survécu à de nombreuses occa- beaucoup d’épistémologues soulignent que
sions d’être contredite. Les données factuelles les sciences de la nature apparaissent comme
ne peuvent jamais “prouver” une hypothèse, beaucoup plus cumulatives que les sciences
elles peuvent seulement ne pas réussir à la sociales.
réfuter… » (La méthodologie de l’économie Cependant, il ne faut pas surestimer
positive, 1953). À la limite, pour Friedman, cette distinction. On constate que certaines
une théorie est d’autant plus féconde qu’elle sciences de la nature sont caractérisées
repose sur des hypothèses irréalistes. En effet, par de longues périodes de coexistence
une hypothèse considérée comme réaliste conflictuelle entre paradigmes et que cer-
risque de n’être qu’une idée reçue corres- taines sciences sociales sont marquées par
pondant à l’impression immédiate. La seule des périodes de sciences normales. C’est
légitimité d’une théorie résiderait dans la ainsi que la démographie est caractérisée
formulation de prévisions. F. Hahn (1925- aujourd’hui par la domination du paradigme
2013) conteste ce point de vue « Il est patent de la transition démographique.
que nous pouvons prétendre comprendre un Il n’est pas contestable cependant que les
événement sans prétendre que nous pouvons sciences sociales, et la science économique
le prédire. Les géophysiciens, par exemple, en particulier, sont caractérisées par la plura-
croient qu’ils comprennent les tremblements lité des paradigmes, mais il n’est pas certain
de terre mais ne peuvent les prédire » (Equili- qu’il s’agisse là d’un critère de distinction
brium and Macroeconomics, 1984). pertinent entre sciences de la nature et
3. La critique la plus radicale de la position de sciences sociales. On peut constater de plus
M. Friedman a été formulée par P. A. Samuel- que le débat entre les tenants de divers
son (1915-2009). Celui-ci dénonce humo- paradigmes conduit parfois à des synthèses :
ristiquement le « F Twist » (ou « distorsion les synthèses néoclassiques par exemple.
Friedman »). Pour Samuelson, toute théorie est Quoi qu’il en soit, si l’on s’interdit les sim-
tautologique : la validité de conclusions logi- plifications abusives et si l’on n’aborde pas
quement déduites d’hypothèses est subordon- la question sous le seul angle idéologique,
née à la validité des hypothèses. On ne peut la confrontation de paradigmes concurrents
tirer des conclusions empiriquement vraies à est une source de progrès des connaissances.
partir d’hypothèses fausses. Pour Samuelson, Par exemple, les critiques adressées par les
les théories et les modèles doivent reposer économistes hétérodoxes au modèle d’équi-
sur des hypothèses empiriquement testables. libre général ont contraint les auteurs qui
Le débat Friedman/Samuelson porte sur le s’inscrivaient dans ce programme de re
sens qu’il faut donner au terme « réalisme ». cherche à introduire des hypothèses nou-
Il semble largement admis parmi les écono- velles (marchés imparfaits, incertitude, etc.).
mistes qu’on ne peut valablement construire
un modèle sur une ou des hypothèses empiri- Formalisation et investigations
quement réfutées. En revanche, il est légitime empiriques
d’avoir recours à des hypothèses abstraites
Le débat qui oppose les tenants de l’approche
qu’il n’est pas possible de réfuter directe-
littéraire aux tenants de l’approche mathéma-
ment.
tique en économie semble désormais tranché
en faveur des seconds. Ce débat se posait
La pluralité des paradigmes déjà au xixe siècle. Si L. Walras a enseigné
On peut considérer qu’à chaque moment de l’économie politique à Lausanne, c’est que
l’histoire des sciences de la nature, corres- les économistes qui contrôlaient l’accès à la
pondant à une phase de science normale (au profession en France (P. Leroy-Beaulieu et ses
sens de Th. Kuhn), l’accord entre les scienti- disciples) s’opposaient à l’usage des mathé-
fiques est très large, alors qu’on s’interroge matiques. Certes ils s’opposaient aussi aux
pour savoir si le concept de science normale sympathies « socialistes
» de Walras, mais
est pertinent pour la science économique et l’argument méthodologique était fort. Cette
274
Équation de Fisher
tradition française est restée influente. L’éco- de l’OCDE), d’autre part, pour contribuer à
nomie politique s’enseignait dans les Facul- certains débats de politique économique,
tés de droit, on y cultivait le goût de l’histoire des données sont rassemblées et traitées
et de la sociologie, on craignait l’appauvris- par des économistes critiques à l’égard de
sement du discours lié à la mathématisation. l’approche néoclassique (par exemple, les
Au xxe siècle, cependant l’usage des travaux de Th. Piketty sur les inégalités de
mathématiques s’est imposé. En France, ce revenus et de patrimoine et sur la fiscalité).
sont souvent des ingénieurs et non des éco-
En suivant la présentation de B. Walliser et
nomistes universitaires traditionnels qui ont
Ch. Prou (La science économique, 1988), on
contribué au développement de l’économie
peut présenter ainsi les apports de la forma-
mathématique. Citons A. Cournot (1801-
1877), J. Dupuit (1804-1866) et plus tard lisation :
M. Allais (1911-2010). Mais c’est princi – « La formalisation est d’abord un lan-
palement sous l’influence anglo-saxonne que gage d’exposition précis et rigoureux qui
la mathématisation est devenue la norme de permet, dans un cadre cohérent, de définir
la discipline. les concepts de façon si possible unique et
Soulignons tout d’abord que l’analyse d’énoncer les propositions sous une forme
économique porte très souvent sur des don- souvent ramassée. »
nées quantitatives (prix, production, expor- – « La formalisation est un instrument
tations…) qui se prêtent bien au traitement puissant de démonstration et de calcul, qui
mathématique. De plus, les progrès de la permet de mieux cerner les conditions de
science économique ont conduit à accroître validité logique des énoncés théoriques et
les données statistiques disponibles. D’au- d’engendrer des propositions nouvelles. »
tant plus que la microéconomie elle-même – « La formalisation permet d’exprimer des
se consacre de plus en plus à des objets théories différentes dans un langage formel
empiriques. L’approche macroéconomique
commun et donc de les confronter voire de
présentée par Keynes (sous forme littéraire)
dégager une théorie synthétique. »
dans la Théorie générale a conduit à la mise
– « La théorie est un support utile pour
au point de la comptabilité nationale (recueil
et mise en forme des données). La volonté de confronter les théories aux observations ».
mettre en œuvre des politiques économiques Il n’y a plus lieu d’opposer aujourd’hui
s’est accompagnée de la création de modèles l’usage de la formalisation (qui se limiterait à
macroéconomiques. une approche théorique) et une approche his-
Contrairement à des idées reçues, la for- torique ou empirique qui n’utiliserait qu’une
malisation et le traitement de données quan- approche « littéraire ». De nombreux auteurs
titatives ne sont pas liés au seul paradigme combinent une approche quantitative et une
néoclassique. D’une part, certains écono- volonté de prendre en compte l’histoire et les
mistes construisent de vastes bases de don- institutions.
nées historiques (A. Maddison, dans le cadre Macroéconomie, Microéconomie
275
Équation de Kaya
276
Équilibre de monopole
croissance effectif (g), taux de croissance garanti et les dépenses inscrites dans la loi de finances
– ou taux de croissance justifié – (gw) et taux de sont d’un montant identique.
croissance naturel (gn) : Ü Économie publique, Politique économique
s s Déficit public, Impasse budgétaire, Règle d’or, Solde
g = gw = gn ou = = n budgétaire, Théorème de Haavelmö
v β
Avec s = propension marginale à épargner,
v = coefficient de capital Équilibre concurrentiel
b = coefficient d’accélération (c’est-à-dire le L’équilibre concurrentiel désigne l’équilibre qui
coefficient marginal de capital) s’établit sur un marché de concurrence pure et
n = taux de croissance de la population active. parfaite. Il résulte de la confrontation de l’offre et
Cette égalité risque de ne pas être obtenue, car il de la demande du marché.
est peu probable que les deux normes de croissance Dans la microéconomie standard, l’équilibre
relatives à la pleine utilisation du capital (gw) et à résulte de la flexibilité des prix et correspond à
la pleine utilisation du travail (gn) soient satisfaites une situation où, pour un niveau de prix (le prix
simultanément. d’équilibre), il y a égalité entre les quantités
Le sentier de croissance défini par R. Harrod offertes et demandées. En concurrence parfaite, cet
(1900-1978) n’est donc pas stable : le système ne équilibre est également un optimum qui maximise
peut être ramené sur le sentier d’équilibre par un le surplus du consommateur et le surplus du
processus auto correcteur. Bien plus, tout écart par producteur.
rapport à l’équilibre, au lieu de se corriger, aggravera Il existe dans la théorie néoclassique une ana-
les déséquilibres. C’est pourquoi la croissance au lyse de l’équilibre concurrentiel :
taux garanti est dite « équilibre au fil du rasoir ». ––sur un seul marché considéré comme indépen-
Ü Croissance économique, Fluctuations et crises écono dant de tous les autres (problématique d’équilibre
miques partiel) ;
Accélérateur ––sur tous les marchés considérés comme inter-
dépendants (problématique d’équilibre général).
À L’expression selon laquelle « à l’équilibre, l’offre est
Équilibre avec rationnement égale à la demande » est fausse puisque l’offre et la
Un équilibre avec rationnement est un équilibre demande désignent les courbes (les fonctions) ; leur
dans lequel, du fait de la rigidité ou de la visco- égalité n’a donc pas de sens. L’équilibre est un point
sité des prix, l’un des côtés du marché (l’offre dont les coordonnées sont un prix et une quantité.
ou la demande) subit une contrainte de quan- À Il existe des situations d’équilibre autres que l’équi-
tité. Par exemple, si sur un marché, pour un prix libre concurrentiel.
rigide donné, l’offre est de 1 000 unités de bien Ü Marchés et prix
et la demande de 800 unités de biens, la quantité Commissaire-priseur, Concurrence, Courbe d’offre,
effectivement échangée sera de 800 (c’est l’équi- Courbe de demande, Duopole, Équilibre avec ration
libre du marché). Dans ce cas, la demande effective nement
sera égale à la demande notionnelle. En revanche,
l’offre effective (800) est inférieure à l’offre notion- Équilibre de marché
nelle (1 000). Les offreurs sont donc rationnés. Équilibre concurrentiel
À Un équilibre de sous-emploi (chômage keynésien)
est donc un équilibre avec rationnement : le chô-
mage involontaire correspond en effet à des actifs Équilibre de monopole
qui ne trouvent pas d’emploi alors qu’ils seraient En microéconomie, l’équilibre de monopole est
disposés à travailler au taux de salaire en vigueur. le couple prix-quantité que le monopoleur déter-
Ü Marchés et prix mine, compte tenu de la demande, afin de maxi-
Macroéconomie, Microéconomie, Théorie des équi miser son profit. Comme en concurrence pure et
libres à prix fixes parfaite, le profit est maximal lorsque le mono-
poleur produit la quantité pour laquelle la recette
marginale est égale au coût marginal. Mais, à la
Équilibre budgétaire différence du modèle de concurrence pure et par-
Il y a équilibre budgétaire dans une unité de pro- faite, le monopole n’est pas preneur de prix, mais
duction lorsque le montant des produits est égal faiseur de prix. Il est confronté à une courbe
au montant des charges. Dans le cas du budget de de demande décroissante qui représente aussi
l’État l’équilibre budgétaire signifie que les recettes sa fonction de recette moyenne (RM).
277
Équilibre de Nash
278
Équilibre emplois-ressources
La droite de budget sépare l’ensemble des quelle que soit la quantité offerte, le produc-
paniers de consommation en deux sous-ensembles. teur vendra toutes les unités au prix du marché
Les paniers situés au-dessus de la droite de bud- (la quantité produite est « minuscule » au regard de
get sont préférés par le consommateur, puisqu’ils la quantité totale échangée sur le marché).
se situent sur des courbes d’indifférence plus Ü Marchés et prix
éloignées de l’origine des axes. Mais ils ne sont Efficience, Fonction de coût, Maximisation du profit,
pas accessibles car ils correspondent à une dépense Profit pur
supérieure au budget du consommateur. Les
paniers situés au-dessous de la droite de budget
sont accessibles, mais ne maximisent pas l’utilité Équilibre du producteur
du consommateur. (longue période)
Comme l’on suppose que le consommateur En microéconomie, l’équilibre du producteur de
dépense la totalité de son budget, il faut donc choisir longue période en concurrence parfaite se caracté-
un point situé sur la droite de budget. Il en existe rise par un profit nul. En effet, tant que le profit
une infinité. Tant qu’il y a deux points d’intersection est positif, de nouveaux producteurs entrent sur le
entre une courbe d’indifférence et la droite de marché. La courbe d’offre se déplace vers la droite
budget, il existe une courbe d’indifférence située (l’offre s’accroît), ce qui fait baisser le prix du marché
plus haut qui reste accessible au consommateur. La jusqu’au niveau du seuil de rentabilité (minimum du
situation d’équilibre est le point de tangence entre la coût moyen). À ce niveau, le profit global est nul et
droite de budget et la courbe d’indifférence la plus il n’y a donc plus d’incitation à entrer sur le marché.
éloignée de l’origine des axes. À Dans la théorie néoclassique, le sens du mot profit
À Si les courbes d’indifférence sont strictement est différent du sens usuel. Pour cette théorie, un
convexes, il n’y a qu’un seul panier optimal pour profit nul signifie que le capital reçoit une rému-
une droite de budget donnée. nération correspondant à sa productivité margi-
Ü Marchés et prix, Consommation et investissement nale. Un profit positif (profit pur ou profit extra)
Carte d’indifférence, Convexité des préférences, constitue une situation transitoire car elle entraîne
Ensemble budgétaire l’entrée sur le marché de nouveaux offreurs, et donc
la baisse des prix.
Ü Marchés et prix
Équilibre du producteur (courte Efficience, Profit pur
période)
En concurrence pure et parfaite, l’équilibre du
Équilibre emplois-ressources
producteur en courte période correspond à la
quantité produite qui maximise le profit du pro- Dans la comptabilité nationale, l’équilibre
ducteur. Ce dernier, pour déterminer cette quan- emplois-ressources permet de décrire la manière
tité d’équilibre, doit augmenter sa production tant dont les biens et services ont été utilisés au sein
que la recette marginale est supérieure au coût d’une économie. C’est une égalité comptable qui
marginal (Cm). À l’équilibre (quantité Q*), la der- ne signifie pas forcément que l’économie soit équi-
librée. Il peut y avoir un déficit commercial ou
nière unité produite rapporte un profit unitaire nul
une insuffisance de l’investissement.
(égalité du coût marginal et de la recette margi-
Ressources = Emplois
nale), mais toutes les unités produites précédentes
Production + importations = consommations
rapportent un profit unitaire positif.
intermédiaires + consommation finale + formation
brute de capital fixe + variation des stocks + expor-
Prix
Coûts Coût marginal tations.
Ou encore : Produit intérieur brut + importa-
Coût moyen
tions = consommation finale + formation brute de
p capital fixe + variation des stocks + exportations.
Selon la notation habituelle :
Y + M = C + I + X + ΔS
À Dans une économie, les ressources en biens et
Quantité
Q* services correspondent à l’offre et les emplois
correspondent à la demande.
À En concurrence pure et parfaite, le prix s’impose Ü Comptabilité nationale
au producteur et il est égal à la recette moyenne, Comptabilité de l’entreprise, Compte d’utilisation
elle-même égale à la recette marginale. En effet, du revenu, Comptes de secteurs, Tableau économique
279
Équilibre externe
280
Esprit du capitalisme
économistes suédois, cet équilibre monétaire est retire des services publics. Dans cette perspective, le
instable ce qui justifie une intervention régulatrice rapport entre l’État et les agents économiques pri-
des autorités monétaires. vés est assimilé à un contrat volontaire ;
Ü Monnaie, Fluctuations et crises économiques ––selon le principe de la capacité contributive,
Équilibre, Mécanisme cumulatif wicksellien, Poli chaque contribuable doit payer en fonction de ses
tique monétaire aptitudes à contribuer au financement. Cette apti-
tude est évaluée par l’un et/ou l’autre des critères
suivants : revenu, patrimoine, consommation.
Équilibre partiel Ü Économie publique, Politique économique, Revenus
À la différence de l’approche en termes d’équilibre Budget de l’État, Concurrence fiscale, Équité, Évite
général, l’approche en termes d’équilibre partiel ment fiscal, Fiscalité, Justice sociale, Niche fiscale
étudie les conditions de la formation de l’équi-
libre sur un seul marché supposé indépendant des
autres. On ne prend donc pas en compte l’inter- Équivalence ricardienne
dépendance entre les marchés, à la différence de Théorème d’équivalence Ricardo-Barro
l’équilibre général.
À Cette approche, développée en particulier par
A. Marshall (1842-1924), différencie l’équilibre de Escompte
courte période et celui de longue période. L’escompte est une opération dans laquelle une
Ü Marchés et prix banque mobilise des effets de commerce. L’en-
Courbe d’offre, Courbe de demande, Équilibre trepreneur qui possède des effets de commerce
concurrentiel, Équilibre du consommateur, Équilibre les cède à sa banque qui lui remet en contrepartie
du producteur, Théorie économique des liquidités. L’opération a un coût : le taux de
l’escompte qui est un taux d’intérêt débiteur.
À L’escompte est une opération de monétisation
Équité de créance qui conduit à une création monétaire.
L’équité est le jugement que l’on porte sur le cri- Ü Monnaie
tère d’égalité que l’on choisit. Ainsi, est équitable Financement de l’économie, Lettre de change, Ré-
un comportement ou une situation conforme à la escompte, Titrisation
justice. Mais le principe de justice utilisé n’est pas
unique (égalité des droits, égalité des chances, éga-
lité des situations). Espace Schengen
On ne peut donc se prononcer sur l’équité L’espace Schengen est un espace de coopération qui,
qu’à condition d’expliciter le principe de justice en vertu de la Convention du 14 juin 1985, auto-
sociale auquel on se réfère. Comme l’exprime rise entre les États signataires, une libre circulation
J.-P. Fitoussi : « L’équité n’est pas […] un substitut des personnes avec une frontière extérieure unique.
à l’égalité, mais une propriété du principe d’égalité Le contrôle des personnes est opéré au moment du
que l’on choisit. » franchissement de la frontière extérieure d’un État
Il ne faut donc pas confondre égalité et équité. membre, lequel agit alors pour le compte de l’en-
L’égalité est une situation et l’équité est un semble des autres États membres avec des procé-
jugement que l’on porte sur cette situation. dures communes (visas, demandes d’asile, etc.).
Ü Revenus À La crise migratoire de 2015 a conduit certains
Capabilités, Commerce équitable, Développement responsables politiques à remettre en cause l’es-
humain, Équité fiscale, Justice sociale, Justice correc pace Schengen et à réclamer le retour aux fron-
tive, Justice commutative, Justice distributive, Théorie tières nationales. Le président de la Commission,
économique J. C. Junker, a pour sa part proposé le maintien
de Schengen et la mise en place d’un corps de
gardes-frontières de l’Union européenne (UE) afin
Équité fiscale de garantir les frontières extérieures de l’Union.
Le principe d’équité fiscale signifie que chaque Ü Intégration économique, Mondialisation
citoyen doit payer sa juste part dans le financement Union douanière, Union économique et monétaire,
des activités publiques. Zone de libre-échange, Zone monétaire optimale
L’équité fiscale peut être interprétée de deux
façons :
––selon le principe d’équivalence, chaque contri- Esprit du capitalisme
buable doit payer en proportion des avantages qu’il Capitalisme, Système économique
281
Établissement
282
État social
––le démarrage (ou take-off ) ; d’être négligeable au xixe siècle, en particulier dans
––le progrès vers la maturité ; les pays à industrialisation tardive (financement de
––l’ère de consommation de masse. l’industrialisation, mise en place d’infrastructures,
À Dans cette perspective, le sous-développement politique monétaire, etc.).
est avant tout perçu comme un retard de dévelop- Ü Économie publique, Politique économique
pement. Effet Gerschenkron, État minimal, Intervention
À Cette analyse relève de la volonté de s’opposer à la nisme, Révolution industrielle, Théorie économique
conception marxiste de l’histoire comme succes-
sion des modes de production.
Ü Croissance économique, Économie du développement État minimal
Révolution industrielle Un État minimal est un État dont la fonction doit
se limiter à assurer la sécurité et le respect des droits
des individus. Selon certains théoriciens libéraux,
État la croissance de l’intervention de l’État dans l’éco-
La comptabilité nationale définit l’État par nomie et dans l’ensemble de la vie sociale viole les
l’ensemble des administrations publiques (APU) droits individuels et conduit à de nombreux effets
qui sont composées : pervers. Ils opposent l’État minimal à l’État-provi-
––des administrations publiques centrales (dési- dence. Cette approche trouve certains de ses fon-
gnant l’État au sens strict) ; dements dans les théories de l’École autrichienne.
––des collectivités locales (régions, départements, Ü Économie publique
communes) ; Anarchocapitalisme, Courbe de Laffer, État-gen
––des organismes divers d’administration cen- darme, Théorie économique
trale (ODAC) organismes indépendants, produi-
sant des services non marchands et financés par
l’État ou les collectivités locales (Météo France, État-providence
l’Institut national de la recherche agronomique – La notion d’État-providence est apparue dans la
INRA –, l’Agence de l’environnement et de la maî- seconde moitié du xixe siècle. Elle a d’abord un
trise de l’énergie – ADEME –, par exemple) ; sens péjoratif, car elle est forgée par des libéraux
––des administrations de sécurité sociale. (comme É. Ollivier) qui affirment le primat de l’in-
Les APU produisent des biens ou des services dividu et la nécessité du risque en dénonçant un
non marchands, c’est-à-dire fournis gratuite- État qui prétend se substituer à la providence.
ment ou à un prix inférieur à 50 % du coût de La notion est aujourd’hui employée comme tra-
production et elles effectuent des opérations de duction de l’expression anglaise de « Welfare State »
redistribution. (État du bien-être). Elle désigne le financement
Ü Économie publique, Épistémologie économique, Poli public des dépenses sociales permettant de « libérer
tique économique, Protection sociale l’homme du besoin et du risque » (Lord Beveridge).
Carré magique, Croissance endogène, Économie de la Dans un sens plus large, le terme est parfois
connaissance, Fédéralisme budgétaire, Loi organique utilisé pour désigner l’État interventionniste de
relative aux lois de finances (LOLF), Pacte de stabi la seconde moitié du xxe siècle par opposition à
lité et de croissance, Politique conjoncturelle, Politique l’État-gendarme du xixe siècle.
mixte, Politique structurelle, Politique keynésienne Ü Économie publique
Assistance, Assurances sociales, Esprit de Philadelphie,
Fonction d’allocation, Fonction de répartition, Fonc
État-gendarme tion de stabilisation, Protection sociale, Welfarisme
Le terme « État-gendarme » désigne une intervention
de l’État se limitant à assurer les fonctions régaliennes
traditionnelles (armée, justice, police, diplomatie), État social
et s’abstenant d’intervenir dans l’économie. L’État social est, au sens strict, un État qui inter-
On oppose souvent l’État-gendarme, carac- vient en matière de protection sociale, en ce sens
téristique du capitalisme libéral du xixe siècle, il est synonyme d’État-providence. C’est le sens
à l’État-providence qui s’est mis en place au retenu par F. X. Merrien qui caractérise l’État social
xxe siècle. Cette opposition doit être nuancée. En par trois types de politique :
effet, l’État-gendarme intervient dans l’économie ––une intervention réglementaire de l’État afin
car les fonctions régaliennes sont indispensables au d’assurer une sécurité économique aux citoyens par
fonctionnement des marchés. Par ailleurs, l’inter- le biais de système de sécurité sociale ou d’assis-
vention économique des pouvoirs publics est loin tance ;
283
État stationnaire
––une volonté de redistribution qui passe par Il est calculé par la Fédération bancaire euro-
des transferts monétaires verticaux ou horizontaux ; péenne à partir d’une enquête auprès d’un panel
––la mise à disposition par l’État d’une série représentatif de banques.
de services et d’équipements collectifs gratuits ou à Ü Monnaie
des coûts très inférieurs à ceux du marché. EONIA
Au sens large, l’État social repose sur quatre
piliers : la protection sociale, le droit du travail, les
services publics et les politiques économiques. Euro
Ü Économie publique, Entreprises et système productif, L’euro est le nom retenu au sommet européen de
Marché et prix Madrid (15 et 16 décembre 1995) pour désigner la
Bien collectif, Bien commun, Consensus de Philadel monnaie unique européenne. Ce nom se substitue
phie, Économie de marché coordonnée, Économie soli au terme générique ECU utilisé jusque-là au sein
daire, Normes d’emploi, Régulation, Travail décent,
de la Communauté européenne puis de l’Union
Variété des capitalismes
européenne (UE). Au sein de la zone euro, l’euro
s’est substitué aux monnaies nationales depuis le
État stationnaire 1er janvier 1999.
Ü Intégration économique
D’après D. Ricardo (1772-1823), les économies
tendraient vers un état stationnaire du fait de l’évo- Crise de l’euro, Intégration monétaire, Pacte de sta
lution de la répartition des revenus qui conduit bilité et de croissance, Traité de Maastricht, Union
à un accroissement de la part de la rente foncière européenne, Zone euro
dans le revenu global. Le revenu global est par-
tagé, selon Ricardo, entre les trois classes sociales
(propriétaires fonciers, capitalistes et salariés) de la Eurobanque
façon suivante : Une eurobanque est une banque qui intervient sur
––le salaire est un salaire naturel, fixé par le les euromarchés.
marché pour une période donnée ; Ü Finances internationales
––la rente naît des différences de rendements Eurocrédit, Eurodevise, Eurodollar, Euro-obligation
entre les terres et rémunère les propriétaires des
terres les plus productives ;
––le profit est alors défini comme un résidu. Eurobond
Sous l’effet de l’accroissement de la population, L’eurobond est le nom utilisé dans les divers pro-
il faut mettre en culture des terres moins produc- jets de mutualisation de la dette souveraine des
tives, ce qui conduit à une hausse des prix agricoles États-membres de la zone euro. Ces titres seraient
et donc de la rente foncière ainsi que des salaires. À émis sur les marchés financiers avec la garantie de
long terme, la part des profits va finalement tendre l’ensemble des États-membres de la zone euro qui
vers zéro. Or, les capitalistes n’investissent qu’en vue pourraient ainsi se financer dans des conditions
d’obtenir un profit. Le stock de capital va donc se plus favorables et/ou financer des projets com-
stabiliser à un niveau donné : c’est l’état stationnaire. muns (infrastructure, politique climatique, etc.).
À D. Ricardo montre que le libre-échange peut per- Jusqu’à présent, ces projets se sont heurtés au refus
mettre de différer cet état stationnaire : il donne les allemand de mutualiser ces dettes.
moyens de se procurer des céréales à moindre coût
Ü Intégration économique, Finances internationales
et de baisser le salaire de subsistance. Par ailleurs,
Clause de non-renflouement, Stabilité financière
l’importation de céréales permet également d’in-
terrompre le processus d’accroissement de la rente
et donc d’impulser à nouveau une augmentation Eurocrédit
des profits.
Ü Croissance économique Un eurocrédit est un crédit à moyen ou long
École classique, Lois sur les blés terme accordé en eurodevises. Il s’agit en général
de crédits importants accordés par des groupe-
ments d’eurobanques. On parle habituellement de
Euribor « syndicats » de banques : la syndication ayant
L’Euribor est la moyenne pondérée des taux d’in- pour but de répartir les risques de l’opération entre
térêt pratiqués sur le marché interbancaire de la les banques.
zone euro. L’Euribor concerne les opérations d’une Ü Finances internationales
semaine à un an. Euro-obligation
284
Europe 2020
Eurogroupe Euro-obligation
L’eurogroupe, créé en 1997, est une réunion men- Les euro-obligations sont des obligations émises sur
suelle des ministres des finances de la zone euro les euromarchés. Les euro-obligations sont émises
pour coordonner leur politique économique. Son par les résidents d’un pays et placées par un syndicat
président est élu pour un mandat de deux ans et de banques dans un ou des pays autres que celui de
demi. la monnaie qui leur sert de support. Par exemple,
À Ne pas confondre l’Eurogroupe avec le Conseil des obligations libellées en dollars et placées sur le
Ecofin qui réunit les ministres de l’ensemble de marché financier britannique pour le compte d’une
l’Union européenne (UE). entreprise française sont des euro-obligations.
Ü Intégration économique À Ne pas confondre avec obligation étrangère.
Banque centrale européenne, Programme de sécurisa Dans la zone euro, les euro-obligations (euro-
tion des marchés, Traité de Maastricht bonds) sont une des modalités de mutualisation
de la dette souveraine envisagée pour faire baisser
les taux d’intérêt des États en difficulté.
Euroïsation Ü Finances internationales, Intégration économique
On parle d’euroïsation totale ou officielle lorsqu’un Clause de non-renflouement, Mécanisme financier
pays renonce à sa propre monnaie pour adopter européen, Obligation internationale, Opérations de
l’euro comme monnaie légale sans pour autant refinancement de long terme, Programme de sécurisa
entrer dans l’UEM, c’est-à-dire sans participer aux tion des marchés, Syndication
décisions de politique monétaire de la BCE (le
Kosovo et le Monténégro, par exemple). Dans les
années 1990, plusieurs pays candidats à l’adhésion Europe 2020
à l’UEM ont envisagé une euroïsation unilatérale Europe 2020 est le plan 2010-2020 présenté par la
avant d’être découragés par l’UE qui considère Commission européenne pour prolonger la stra-
que l’euroïsation « ne peut être un moyen de se tégie de Lisbonne (2000-2010) qui n’a pas atteint
soustraire aux étapes prévues par le Traité pour les résultats escomptés. Elle vise à accroître le
l’adoption de l’euro ». rythme de croissance potentielle de l’Union euro-
On parle d’euroïsation partielle ou de fait péenne (UE) en agissant sur des variables d’offre
lorsqu’un pays conserve sa monnaie nationale mais (innovations, taux d’emploi…) orientée vers une
que les agents économiques effectuent librement croissance « intelligente, durable et inclusive ».
285
Eurosystème
Ü Intégration économique, Politique économique permettre d’infléchir, voire de remettre en cause, les
Convergence réelle, Politique structurelle, Régiona politiques publiques en fonction de leurs résultats.
lisme commercial Économie publique, Politique économique
286
Exception culturelle
287
Excès d’épargne mondiale (global saving glut)
288
Extrant (Output)
289
F
FAB Facilité de prêt marginal, Opérations principales de
Franco à bord refinancement, Politique monétaire, Refinancement
bancaire
290
Faillite
291
Fair trade
292
Finance comportementale
293
Finance éthique
sens, d’étendre la portée de la théorie financière mistes aux « bonnes nouvelles » et trop pessimistes
standard. Par exemple, la finance comportemen- aux mauvaises.
tale a montré que les agents évaluent les gains et Néanmoins, les opérations rationnelles des
les pertes sur les marchés financiers par rapport arbitragistes, si leur volume est suffisant, peuvent
à un point de référence qui dépend du contexte. contrebalancer les comportements irrationnels et
Ainsi, dans le cas d’une action, l’individu va éva- faire tendre le cours vers son niveau d’équilibre.
luer l’utilité qu’il retire d’une hausse des cours (ou En effet, si deux titres associés à un même niveau
la désutilité d’une baisse des cours) par référence de risque ont des prix différents, les arbitragistes
au prix d’achat de l’action. À un horizon temporel vendront le titre le plus cher pour acheter le titre
plus éloigné, le point référence pourra être le prix le moins cher. Ainsi, après une phase de surréac-
d’achat de l’action augmenté du rendement finan- tion, les cours des titres retrouvent des niveaux
cier des placements sans risque. correspondant aux fondamentaux. Les conclu-
Dans le même ordre d’idées, les travaux de sions de la théorie des marchés efficients sont
finance comportementale montrent que l’aversion donc rétablies.
à la perte est forte (une perte de 100 induit une La remise en cause de la théorie des marchés effi-
désutilité supérieure à l’utilité d’un gain de 100). cients est plus ou moins forte selon que l’on consi-
Le rythme d’évaluation d’un portefeuille de titres dère que les opérations d’arbitrage sont suffisantes
à dates régulières par un agent augmente la prime ou pas pour contrecarrer celles des noise traders.
de risque exigée par cet agent. Par exemple, pour Pour les auteurs les plus critiques, les arbitragistes
un placement financier de long terme (épargne ne sont pas en mesure de déterminer avec préci-
pour la retraite par exemples), un agent exigera sion la valeur fondamentale des titres et ne peuvent
une rentabilité plus forte s’il évalue son portefeuille donc pas interpréter correctement les signaux que
chaque année que s’il est capable d’évaluer ses gains représentent les variations du prix du marché. C’est
à long terme une seule fois. la totalité des capacités cognitives des marchés
Dans les comportements à court terme, les opé- financiers qui est alors remise en question, autre-
rateurs sur les marchés financiers ont tendance à ment dit leur fonction informationnelle.
vendre trop vite leurs titres après une hausse des À La finance comportementale s’est développée à
cours et à les garder trop longtemps après une partir des années 1980, à la suite des travaux de
baisse, ce qui conduit à une rentabilité inférieure D. Kahneman (prix Nobel 2002), initiateur de
(en général, après un gain, les individus deviennent l’économie comportementale, et A. Tversky. Ils
réticents vis-à-vis du risque et inversement, après ont connu un essor à la suite du krach boursier
une perte, ils prennent plus de risques dans l’espoir de 1987.
d’un gain qui pourrait compenser la perte). À De nombreux travaux de finance comport
Dans cette première approche, la finance com- ementale ont donné lieu à des tests en laboratoire
portementale remet donc en cause le modèle de relevant de l’économie expérimentale.
l’homo œconomicus capable de traiter instantané- Ü Épistémologie économique
ment toute l’information disponible. Elle considère Bulle spéculative, Économie comportementale, Théo-
au contraire que les individus ont une rationalité rie économique
procédurale : confrontés à des choix complexes ils
utilisent des règles simplifiées pour prendre leurs
décisions. Ces dernières ne constituent donc pas un Finance éthique
choix optimal mais un choix satisfaisant. La finance éthique est, dans un sens étroit, une
D’autres travaux de finance comportementale orientation de l’épargne et du crédit qui exclut
remettent en cause de façon plus radicale la théorie pour des raisons éthiques certains secteurs d’acti
financière standard et contestent l’efficience infor- vité (alcool, tabac, élevage porcin…) ou certaines
mationnelle des marchés financiers. Si le comporte- entreprises (par exemple si elles font travailler des
ment des individus est affecté par leurs croyances et enfants). Plusieurs agences de notation évaluent
leurs émotions, les opérations financières peuvent ainsi les titres boursiers en fonction du respect par
écarter le cours de l’actif financier de son niveau les entreprises de principes religieux (l’indice de
d’équilibre. Dans cette perspective, on accorde valeur chrétienne par exemple créé en 2015 par
une grande importance aux décisions des opéra- Standard and Poor’s).
teurs qui agissent en fonction des « bruits du mar- Dans un sens plus large, elle englobe en plus,
ché » (« noise traders ») ou en fonction des conseils la finance solidaire, le microcrédit.
de « gourous de la finance ». Certains auteurs Ü Économie du développement, Économie et écologie
expliquent par exemple la surréaction (overshooting) Économie alternative, Économie sociale, Économie soli-
des marchés financiers par des réactions trop opti- daire, Finance islamique, Financement de l’économie
294
Financement externe
295
Financement intermédié
Finances internationales
Les « finances internationales » regroupent par exemple les désordres monétaires liés
les questions qui relèvent des relations moné- à la fin du système de Bretton Woods qui
taires internationales et celles qui relèvent du conduisent à l’essor de nouveaux produits
financement de l’économie mondiale. Les financiers et incitent au choix de la globa-
deux thèmes sont distincts. Le premier pose lisation financière. De la même manière,
la question de la façon dont le règlement des c’est la domination du dollar dans le système
opérations économiques (commerce interna- monétaire actuel qui favorise l’instabilité
tional, mouvement de capitaux) se fait entre financière. Étudier les finances internatio-
des espaces monétaires différents. Au cours nales, revient donc à étudier la façon dont
de l’histoire contemporaine, les relations le système monétaire et financier permet
monétaires internationales ont en effet connu le commerce international et la croissance
diverses configurations. Le second pose la économique sans accroître l’instabilité
question du financement de l’économie mon- financière.
diale. Il existe en effet des agents à besoin de
financement et des agents à capacité de finan- Les relations monétaires
cement qui opèrent au niveau international
internationales
afin de placer les fonds dont ils disposent ou
de collecter les capitaux qui sont nécessaires Le marché des changes
pour financer leurs investissements. Dès lors qu’une monnaie est convertible,
Si ces deux thèmes se distinguent, ils sont elle peut être offerte et demandée sur le
néanmoins étroitement liés. Ainsi ce sont marché des changes appelé le Forex. C’est
296
Finances internationales
sur ce marché que sont déterminés les cours – la théorie de la parité du pouvoir d’achat
du change ou taux de change, c’est-à-dire les initiée par D. Ricardo et K. G. Cassel qui met
prix relatifs des devises. Lorsqu’une devise l’accent sur les prix et montre que la monnaie
est très demandée elle s’apprécie par rapport d’un pays dont le taux d’inflation est supé-
aux autres et réciproquement. rieur à celui de ses partenaires doit, toutes
choses égales par ailleurs, se déprécier ;
Les compartiments du marché des changes – la théorie de la parité des taux d’intérêt
Il existe, pour simplifier, quatre comparti- qui montre qu’il existe une relation inverse
ments sur le marché des changes : entre le taux d’intérêt réel et le cours du
––le marché des changes au comptant ; change (si une monnaie est faible, les agents
––le marché des changes à terme ; économiques n’accepteront de la détenir
––le marché des contrats futurs sur devises ; que moyennant un taux d’intérêt élevé) ;
––le marché des options sur devises. – l’approche par les soldes des balances
courantes : la monnaie d’un pays dont le
Les opérateurs du marché des changes solde courant de la balance des paiements
Sur les marchés des changes, des cambistes est négatif doit toutes choses égales par ail-
(forex dealers) et des courtiers (les bro- leurs se déprécier car elle est peu demandée
kers) interviennent pour le compte de leurs par les agents économiques sur le marché
clients (des entreprises pour l’essentiel) ou des changes.
pour le compte de la banque dans laquelle Ces explications traditionnelles ne rendent
ils travaillent. Ils confrontent les offres et les cependant pas compte de toutes les évolu-
demandes de devises grâce à des moyens de tions cambiaires (en particulier des variations
communication et d’information de plus en erratiques des cours du change qui se pro-
plus perfectionnés, sur un marché qui fonc- duisent depuis 1973). C’est pourquoi de nou-
tionne en continu à l’échelle de la planète. velles approches se développent (l’analyse de
R. Dornbusch en termes de surréaction des
Les stratégies en présence taux de change, les théories des bulles spécu-
sur le marché des changes
latives et les modèles d’analyse micro-struc-
Diverses stratégies se confrontent sur le mar-
turelle). Ces nouvelles approches prennent
ché des changes :
en compte l’importance de la dimension
– la stratégie de couverture vise à fermer
financière des relations monétaires interna-
la position de change d’un opérateur qui ne
tionales (les mouvements de capitaux sont
souhaite pas courir de risque de change. En
beaucoup plus importants que le règlement
règle générale, c’est la stratégie des entre-
des transactions courantes). Elles prennent
prises pour qui les opérations sur les devises
également en compte la marchéisation des
ne sont qu’une conséquence de leurs opéra-
changes et le rôle décisif du comportement
tions commerciales ;
des professionnels du marché.
– la stratégie d’arbitrage cherche à tirer
profit de différences de cours (par exemple,
Historique des systèmes monétaires
une différence de cours à un moment donné
sur différentes places financières) ; internationaux
– la stratégie de spéculation consiste à L’étalon-or
rester en position de change ouverte dans L’étalon-or, en tant que système monétaire
l’espoir d’un gain selon les anticipations que international, a fonctionné de 1870 à 1914.
l’on forme (par exemple, vendre à terme des Il importe de distinguer le fonctionnement
devises que l’on ne possède pas si on anti- théorique de l’étalon-or et son fonctionne-
cipe une baisse du cours). ment réel :
– en théorie, l’étalon-or est un système qui
Les déterminants des cours du change impose une discipline interne dans l’émis-
Plusieurs théories traditionnelles tentent de sion de monnaie et un mécanisme autoré-
rendre compte de la détermination et de gulateur dans les relations économiques
l’évolution des cours du change : internationales. Par exemple, un pays dont
297
Finances internationales
la balance des paiements est structurelle- fixes. C’est un étalon de change or puisque
ment déficitaire voit sa monnaie se déprécier le dollar est officiellement considéré comme
sur le marché des changes. Compte tenu du monnaie de réserve sur la base de 35 dollars
mécanisme des points d’or et de la théorie pour une once d’or. La convertibilité en or
quantitative de la monnaie, les sorties d’or est donc à deux degrés : toutes les monnaies
provoqueront une baisse du niveau général sont convertibles en dollars et les États-Unis
des prix et un retour automatique à l’équi- s’engagent en 1947 à assurer la convertibi-
libre de la balance des paiements ; lité des dollars en or pour les autres banques
– en réalité, les règles du jeu de l’étalon-or centrales.
ont été constamment violées, les autorités Les accords de Bretton Woods créent le
monétaires sont intervenues pour influencer Fonds monétaire international (FMI) chargé
ou neutraliser les mouvements d’or. La livre d’assurer la gestion du système. C’est auprès
sterling était dotée de fait du statut de mon- du FMI que chaque État membre doit décla-
naie internationale : on a pu dire que l’éta- rer le pair de sa monnaie. Les accords de
lon-or était un étalon sterling déguisé. Bretton Woods prévoient des marges de
fluctuations de plus ou moins 1 % autour
L’étalon de change or : l’entre-deux-guerres des parités officielles bilatérales. La stabi-
La guerre de 1914, en conduisant les pays lité des changes résulte de l’intervention
belligérants à suspendre la libre converti- des banques centrales sur les marchés.
bilité en or de leur monnaie, marque la fin Pour défendre les parités, les pays membres
de l’étalon-or. La période de l’entre-deux- peuvent avoir recours à des mécanismes
guerres se caractérise par l’échec des tenta- de crédit dans le cadre du FMI.
tives de mise en place d’un nouveau système Tout le système repose en fait sur la
monétaire international. La Conférence confiance dans le dollar. Dès le début des
de Gênes (1922) pose certes le principe de années 1960, cette confiance va s’éroder
l’étalon de change or, mais ne conduit pas sous l’effet de la réduction de la couver-
au fonctionnement effectif d’un nouveau sys- ture or de la monnaie américaine et de
tème international. Sous l’effet de la crise de la réduction progressive de la supériorité
1929, l’économie mondiale se fragmente en économique des États-Unis. Cette crise
zones monétaires distinctes : strict contrôle du dollar était prévisible à la lumière du
des changes, montée du protectionnisme, dilemme de Triffin. Malgré de nombreuses
voire de l’autarcie, développement des conférences internationales et des rapports
accords de compensation. d’experts, et en dépit de décisions (d’ail-
Au cours de la même période, la leurs controversées) comme la création
Grande-Bretagne et l’Allemagne échouent des droits de tirages spéciaux (1967), le
dans leur volonté de revenir à la valeur or de système de Bretton Woods cesse, de fait,
leur monnaie d’avant-guerre. Ces tentatives de fonctionner le 15 août 1971, lorsque
s’accompagnent de sévères politiques défla- le président des États-Unis (R. Nixon)
tionnistes entraînant des faillites d’entreprises annonce l’inconvertibilité du dollar en or.
et la montée du chômage. En France, la stabi- L’élargissement des marges de fluctuations
lisation Poincaré (1926-1928), qui est en fait décidé lors de la conférence de Washing-
une dévaluation, contribue à retarder l’entrée ton (accords du Smithsonian Institute,
en crise de l’économie française. décembre 1971) n’empêchera pas l’instau-
ration du flottement général des monnaies
L’étalon de change or : le système des pays développés (1973).
de Bretton Woods et sa crise
Constatant les ravages de la désorganisation Le système monétaire international
monétaire de l’entre-deux-guerres, les alliés depuis 1973
mettent en place à la conférence de Bret- Depuis le passage au flottement généralisé
ton Woods (1944), une nouvelle organisation des monnaies, l’expérience des règlements
internationale des paiements. Le système de monétaires internationaux permet de déga-
Bretton Woods est un système de changes ger plusieurs conclusions :
298
Finances internationales
– le flottement des principales monnaies de l’euro pendant la crise des dettes conso-
n’a pas été incompatible avec la croissance lident l’idée d’une transition progressive
du commerce international. Cette situation du régime monétaire international vers un
s’explique notamment par le maintien du rôle système multipolaire organisé autour de
du dollar comme monnaie internationale et plusieurs monnaies clés (le dollar, l’euro et
par des modalités diverses de régulation de la le yuan). Ce système aurait pour avantage
part des États, des institutions internationales de réduire l’asymétrie des ajustements des
et des banques commerciales ; balances des paiements mais maintiendrait
– le flottement n’a pas conduit à une sta- les risques de volatilité des changes et de
bilité spontanée des changes autour du guerre des monnaies sans résoudre le pro-
taux de change d’équilibre fondamental blème de la fourniture de la liquidité inter-
des monnaies. On a assisté, au contraire, nationale. L’avenir des relations monétaires
à la récurrence de crises de change et plus internationales peut être analysé à la lumière
largement de crises financières à partir des du triangle de Rodrik (2000). Celui-ci consi-
années 1980. Cette instabilité a conduit les dère trois pôles qui forment un triangle des
pays émergents à accumuler des réserves incompatibilités comparable à celui de
de change importantes de manière à pou- R. Mundell : intégration monétaire, souve-
voir défendre la valeur de leur monnaie sur raineté des nations, coopération politique et
le marché des changes et ainsi éviter que le institutionnelle.
poids de leur dette extérieure, fréquemment On peut articuler deux des pôles du
libellée en dollar, ne s’alourdisse. G. A. Calvo triangle mais pas les trois. Le compromis
et C. M. Reinhart décrivent ainsi la « peur du de Bretton Woods reposait sur l’articulation
flottement des monnaies ». entre la souveraineté des nations (contrôle
– le flottement n’a pas permis non plus des mouvements de capitaux, politiques
la réalisation d’un équilibre automatique économiques nationales volontaristes) et
des balances des paiements, on constate au une coopération politique institutionnali-
contraire la montée de déséquilibres globaux sée dans le cadre du FMI. La globalisation
persistants (aux États-Unis et en Chine notam- financière conduit à une forme d’intégration
ment). monétaire (constitution d’un marché mon-
La fin du système de Bretton Woods n’a dial unique des devises et des capitaux),
donc pas conduit à un « non-système moné- elle éloigne nécessairement l’économie
taire international ». Il existe bien un système mondiale du compromis de Bretton Woods.
monétaire international régulé par de mul- Deux scénarios sont concevables :
tiples ajustements entre marchés et institu- – une articulation de la souveraineté des
tions (FMI, Banque mondiale, Banque des nations et de l’intégration monétaire (que
règlements internationaux, etc.). Ce sont Rodrik désigne du terme « camisole dorée »).
ces ajustements qui ont ainsi donné forme à Dans ce cas, la coopération politique insti-
ce que M. P. Dooley, D. Folkerts-Landau et tutionnalisée au niveau mondial est limitée
P. M. Garber ont nommé Bretton Woods 2. ou inexistante, la liberté des mouvements de
Mais cette configuration est beaucoup plus capitaux conduit à un dynamisme écono-
instable que le système de Bretton Woods mique, mais la souveraineté des nations est
certains économistes à proposer une nou- contrainte par la libre circulation des capi-
velle architecture monétaire internationale taux (c’est la « tyrannie des marchés finan-
dans le cadre d’une réflexion plus large sur la ciers » dont parle H. Bourguinat) ;
gouvernance mondiale. – une articulation de l’intégration moné-
taire et de la coopération politique qui
Le devenir des relations monétaires suppose un transfert de souveraineté des
internationales nations au profit d’institutions monétaires et
Le développement du poids économique des financières internationales chargées de gérer
grands pays émergents, la volonté chinoise l’espace monétaire et financier mondial
d’internationaliser le yuan et la résistance (fédéralisme mondial).
299
Finances internationales
Bien évidemment, le système monétaire par les chocs réels subis par l’économie
international, tel qu’il fonctionne concrè- mondiale : politiques macroéconomiques
tement, se situe à l’intérieur du triangle et divergentes, émergence des nouveaux pays
il évolue (au gré des rapports de force et du industrialisés (NPI), soldes extérieurs struc-
contexte économique) vers l’un ou l’autre des turellement excédentaires pour certains pays
trois scénarios. Il faut aussi prendre en compte et structurellement déficitaires pour d’autres,
l’hétérogénéité de l’économie mondiale. Par déséquilibres démographiques, effondre-
exemple, au sein de l’Union européenne (UE), ment du système soviétique et réunification
c’est le fédéralisme qui l’emporte (partielle- allemande, etc. Mais le poids croissant de
ment) alors qu’au niveau mondial on est plus la finance dans l’économie mondiale élève
proche actuellement de la « camisole dorée ». le risque systémique et déstabilise tous les
types de régime de change. Ainsi, depuis
Le financement les années 1980, les crises financières sur-
de l’économie mondiale viennent à un rythme plus soutenu et s’ar-
ticulent plus fréquemment à des crises de
Les opérations de financement international
dette souveraine. Ces crises sont aussi for-
sont anciennes. Sans remonter au Moyen Âge
tement récessionnistes dans les pays les
et au rôle des banquiers génois, vénitiens,
plus récemment ouverts aux mouvements
lyonnais et flamands, on constate dès le milieu
de capitaux et ont un coût budgétaire élevé
du xixe siècle l’essor des flux financiers inter-
pour les pays concernés.
nationaux. Les capitaux des pays développés
(la France, la Grande-Bretagne) contribuent
Les crises financières
au financement des pays neufs (les États-Unis,
le Paraguay, la Russie par exemple) et accom-
des années 1980 et 1990
pagnent la « première mondialisation ». À Le changement d’orientation de la politique
partir des années 1960, les banques suivent monétaire américaine en 1979 provoque une
les implantations industrielles de leurs clients hausse spectaculaire des taux d’intérêt réels
et cherchent à mobiliser les ressources néces- et une forte appréciation du dollar. Cette
saires aux investissements directs internatio- situation révèle les tensions financières qui
naux. C’est dans ce contexte que naissent et se traversent l’économie mondiale. En 1982, la
développent les euromarchés. La crise pétro- crise de solvabilité du Mexique menace de
lière de 1974 va marquer une nouvelle étape : s’étendre à d’autres pays en développement
l’économie mondiale devient une « économie et les banques créancières sont menacées de
à découvert » (H. Bourguinat). On assiste en faillite. Pour éviter ce scénario, la Banque des
effet à la fois à une montée de l’endettement règlements internationaux (BRI) accorde un
des États (qui ne parviennent pas à équilibrer crédit relais au Mexique et le FMI pousse les
leurs finances publiques du fait de la hausse des pays du tiers-monde à adopter des politiques
dépenses et de l’accroissement plus modeste d’ajustement structurel afin de rembourser
des recettes), à une montée de l’endettement leurs dettes et incite à développer des mar-
des agents privés (entreprises et ménages), à chés financiers. L’administration du Trésor
une montée de la dette du tiers-monde. des États-Unis intervient aussi pour résoudre
À partir du début des années 1980, la glo- cette première crise de la dette (plan Baker
balisation financière s’amplifie, la règle des en 1985 et plan Brady en 1989).
3 D permet le développement de nombreuses En octobre 1987, un krach financier de
innovations financières : émergence ou déve- grande ampleur se déclenche à la Bourse
loppement de nouveaux produits financiers des valeurs de New York, nécessitant l’inter-
(swaps, options…), essor de nouveaux mar- vention de la Réserve fédérale américaine et
chés financiers, nouvelles technologies de la des autres banques centrales pour éviter les
communication qui facilitent la circulation faillites bancaires en chaîne.
internationale des capitaux. Toutes ces évo- À partir du début des années 1990, des
lutions sont présentées comme le moyen de placements importants sont à nouveau effec-
faire face aux ajustements rendus nécessaires tués au sein des pays émergents (Asie de l’Est
300
Finances internationales
301
Finances internationales
financier). Par ailleurs, les plans de soutien internationaux élaborent des propositions
à l’économie ont été insuffisants (surtout en visant à améliorer l’information des opéra-
Europe). teurs sur le fonctionnement des marchés et
sur les risques correspondant aux différentes
Une nouvelle architecture financière opérations.
internationale ? 3. La troisième approche est plus volon-
La récurrence des crises financières, la volati- tariste. Elle vise à juguler les mouvements
lité des cours du change, les problèmes sou- spéculatifs par exemple par la mise en
levés par l’existence de paradis fiscaux et de place d’un système de zones cibles dans le
places extraterritoriales sont autant de signes cadre d’un système multidevises ou encore
du dysfonctionnement du système moné- à mettre en place une taxation des mouve-
taire et financier international. Certes, le FMI ments de capitaux pour dissuader les spécu-
et d’autres institutions internationales sont lateurs (taxe Tobin). Dans cette perspective,
intervenus pour limiter les conséquences des on peut envisager aussi la mise en place
crises au risque de créer des situations d’aléa d’un prêteur en dernier ressort au niveau
moral, mais les problèmes fondamentaux international.
demeurent. De nombreuses voix s’élèvent
pour réclamer la mise en place d’un régime L’intégration monétaire en Europe
monétaire et financier international plus L’intégration économique européenne sup-
stable et mieux contrôlé. pose la stabilité des changes entre les pays
Trois approches sont concevables et membres. Lors de la signature du Traité de
peuvent être articulées. Rome, cette stabilité était assurée par le sys-
1. La première met l’accent sur le renfor- tème de Bretton Woods. L’élargissement des
cement de la coopération internationale des marges de fluctuation en décembre 1971,
politiques économiques. Les mouvements de constitue donc pour la Communauté éco-
capitaux résultent de conjonctures macroé- nomique européenne (CEE) une difficulté
conomiques divergentes et cherchent à tirer redoutable et une incitation à l’intégration
parti des différences de rythmes de crois- monétaire. Lors de la Conférence de Bâle
sance. Un cadre macroéconomique plus (avril 1972) les pays membres de la CEE
stable, des signaux cohérents adressés aux décident d’organiser un flottement concerté
marchés en matière de convergence nomi- de leurs monnaies à l’intérieur des nouvelles
nale (lutte contre l’inflation) mais aussi une marges de fluctuations (le « tunnel » de plus
convergence réelle (croissance économique, ou moins 2,25 % conforme à l’accord du
emploi…) seraient de nature à limiter l’am- Smithsonian Institute) : c’est la naissance du
pleur des déstabilisations financières. Ce ren- serpent monétaire européen. Avec le flot-
forcement de la coopération pourrait se situer tement général des monnaies (« le Serpent
au niveau mondial (sommets du G20), mais sort du tunnel »), les tensions s’accentuent
aussi au niveau régional (le fonds monétaire au sein du serpent. Certaines monnaies (dont
asiatique par exemple). le franc) quittent et réintègrent le serpent au
2. La deuxième met l’accent sur le ren- gré de la conjoncture. L’expérience est donc
forcement des règles prudentielles. Il y a un peu concluante. La Conférence de Brême
déséquilibre entre l’essor des marchés de (juillet 1978) décide de la création du sys-
capitaux et leur internationalisation d’une tème monétaire européen qui entre en
part et le caractère national (et parfois très vigueur le 13 mars 1979. Organisé autour de
insuffisant) des règles prudentielles d’autre l’écu, le nouveau système se révèle à l’usage
part. L’intégration financière a rendu illu- beaucoup plus stable. C’est un système de
soire toute politique nationale de stabilité changes fixes mais ajustables et la défense
financière (triangle des incompatibilités des parités est organisée dans le cadre d’une
financières) et suppose de les transposer à un coopération communautaire.
niveau plus global. Ainsi le Conseil de stabi- La signature de l’Acte unique européen
lité financière et la Banque des règlements (février 1986) et la persistance de l ’instabilité
302
Finances internationales
303
Financiarisation
304
Fiscalité optimale
s’appuient sur des routines (évolutionnisme) et qui gressif, Impôt proportionnel, Impôt sur la consom-
sont favorables ou défavorables au changement. mation, Impôt sur le capital, Impôt sur le revenu des
Ü Entreprises et système productif personnes physiques (IRPP), Paradis fiscal, Pression
Actifs spécifiques, Coûts d’organisation, Coûts de tran- fiscale, Taux de prélèvements obligatoires, Taxe car-
saction, Efficience, Frontière de la firme, Néo-institu- bone, Taxe sur la valeur ajoutée (TVA)
tionnalisme
Fiscalité écologique
Firme multinationale La fiscalité écologique est constituée par l’ensemble
D’après J.-L. Mucchielli, « on peut considérer des mesures fiscales qui ont pour objectif d’inci-
comme multinationale toute entreprise possédant ter les agents à moins polluer, à rejeter moins de
au moins une unité de production à l’étranger ». déchets et à réduire leur utilisation de ressources
Cette unité de production est alors sa filiale. naturelles, etc. Par exemple, la taxation des pro-
À Certains auteurs préfèrent parler de firmes transna- duits dérivés du pétrole ou les crédits d’impôt
tionales, d’autres de firmes globales. accordés pour l’isolation des logements relèvent de
Ü Entreprises et système productif, Mondialisation la fiscalité écologique.
Externalisation, Fragmentation des processus produc- Ü Économie et écologie, Économie publique
tifs, Investissement direct à l’étranger (IDE) Empreinte écologique, Fiscalité, Incitation, Marché
de quotas d’émission, Normes environnementales,
Taxe carbone, Théorie des incitations
Firme-réseau
Entreprise-réseau
Fiscalité optimale
La théorie de la fiscalité optimale cherche à définir
Firme transnationale le système d’imposition qui maximise les recettes
Firme multinationale fiscales tout en minimisant les distorsions provo-
quées par la fiscalité. Par exemple, le travail pion-
nier de F. Ramsey (1903-1930), montre qu’il est
Fiscal Dominance préférable de taxer les biens dont l’élasticité-prix
(dominance budgétaire) est faible (puisque les consommateurs continue-
ront à acquérir les biens même si leurs prix aug-
Fiscal Dominance est un terme anglais qui désigne mentent du fait de la taxe).
une situation où la politique monétaire est La théorie de la fiscalité optimale cherche à for-
conduite sous la contrainte de la situation bud- muler des arbitrages entre des objectifs contradic-
gétaire. C’est notamment le cas lorsqu’un défi toires. Le champ de la fiscalité optimale prend en
cit public important et un niveau élevé de dette compte à la fois les prélèvements obligatoires et
publique contraignent la banque centrale à créer les prestations sociales. Par exemple l’objectif de
de la monnaie pour permettre (directement ou indi- recherche d’égalité conduit à taxer fortement les
rectement) le financement de l’État. La domination hauts revenus, mais cette taxation peut avoir un
budgétaire peut aussi se traduire par le maintien de effet négatif sur le travail et l’épargne des titulaires
taux d’intérêt anormalement faibles et par l’injec- de ces revenus élevés. Il faut donc comparer le gain
tion massive de liquidité dans l’économie. en matière d’égalité obtenu par la taxation et le coût
À Le terme anglais « fiscal » doit être traduit par lié à la réduction de l’offre de travail qualifié et de
« budgétaire ». capital. C’est sur ce type de question qu’ont porté
Économie publique, Liquidité, Monnaie, Politique les travaux de J. Mirrlees (prix Nobel 1996). Plus
budgétaire, Politique économique, Politique mixte, récemment E. Saez a rendu les modèles de fiscalité
Règle d’or, Solvabilité, Traité sur la stabilité, la coor- optimale plus opérationnels afin de leur donner un
dination et la gouvernance fondement empirique et afin qu’ils puissent servir
de base à la politique fiscale. Il écrit : « Une poli-
tique fiscale juste est une politique qui redistribue
Fiscalité des hauts revenus vers les bas revenus sans compro-
La fiscalité est l’ensemble des impôts et des taxes mettre l’activité économique et d’une façon qui
perçus par les collectivités publiques. soit la plus transparente et la plus simple possible.
Ü Économie publique, Politique économique, Revenus En particulier, dans le cas des très hauts revenus, la
Concurrence fiscale, Fiscalité écologique, Impôt à la politique fiscale juste doit tenter de maximiser les
production, Impôt direct, Impôt indirect, Impôt pro- recettes fiscales que l’on peut obtenir des très hauts
305
Fixage (fixing)
revenus, ce qui veut dire des taux d’imposition dans la flexibilité des prix revient à fausser l’information
le haut de la distribution pouvant dépasser nette- des agents.
ment 50 %. » À Ne pas confondre flexibilité des prix et volatilité
Ü Économie publique, Mondialisation, Politique écono- des prix.
mique Ü Marchés et prix
Compétitivité, Concurrence fiscale, Dumping, Évi- Équilibre à prix fixe, Équilibre général, Loi de l’offre
tement fiscal, Impôt progressif, Impôt proportionnel, et de la demande, Main invisible, Marché autorégula-
Incidence fiscale, Optimum de Pareto, Paradis fiscal, teur, Rationnement, Signal-prix, Surplus du consom-
Taux d’imposition, Taux de pression fiscale, Théorie mateur, Surplus du producteur
des incitations
Flexibilité du travail
Fixage (fixing) La flexibilité du travail est une situation dans laquelle
Le fixage est une procédure de cotation qui déter- la quantité de travail et le taux de salaire s’ajustent en
mine le cours d’une valeur mobilière, d’une devise permanence à la conjoncture économique.
ou d’une marchandise, à un moment précis de La montée du chômage depuis la fin des
la journée après centralisation de tous les ordres années 1970 a suscité un débat parmi les écono-
d’achat et de vente. C’est le cours du fixage qui est mistes sur la flexibilité du travail.
utilisé pour toutes les transactions jusqu’à la pro- Pour R. Boyer, la flexibilité est un concept qui
chaine séance de cotation. peut revêtir plusieurs formes :
À Le fixage se distingue de la cotation en continu. – La première est constituée par la plus ou moins
À Certains auteurs libéraux, comme M. Allais (prix grande adaptabilité de l’organisation productive
Nobel 1988) par exemple, considèrent que le fixage (« Atelier flexible »).
est une méthode de cotation qui assure la déter- – La deuxième concerne l’aptitude des travail-
mination du prix dans de meilleures conditions leurs à changer de poste de travail au sein d’une
(centralisation d’un grand nombre d’offres et de organisation d’ensemble donnée (polyvalence de la
demandes) et une plus grande égalité entre les dif- main-d’œuvre).
férents opérateurs (accès à l’information dans des – La troisième forme de flexibilité désigne la fai-
blesse des contraintes juridiques régissant le contrat
conditions identiques).
de travail et en particulier les décisions d’embauche
Ü Finances internationales, Monnaie
et de licenciement. Cette malléabilité du volume
Commissaire-priseur walrasien
de l’emploi peut aussi être atteinte par la varia-
tion sans contraintes de la durée du travail, de
Flexibilité des prix la répartition des horaires annuels en fonction du
volume des commandes. Le « zero-hour contract »,
Sur un marché, la flexibilité des prix désigne les le contrat zéro heure, qui prend aujourd’hui une
variations du prix qui permettent de réaliser l’équi- importance croissante en Grande-Bretagne et dans
libre du marché. La flexibilité des prix est donc au l’Union européenne (UE), est une illustration de
cœur des mécanismes qui permettent l’ajustement cette forme de flexibilité : dans ce contrat, aucune
des quantités offertes et demandées sur le marché. indication d’horaires ou de durée minimale de tra-
Elle contribue par ailleurs à la coordination des vail n’est mentionnée.
décisions des offreurs et des demandeurs. – La quatrième forme de flexibilité désigne la
En concurrence pure et parfaite, les prix sont sensibilité des salaires (nominaux et/ou réels) à la
considérés comme parfaitement flexibles. Dans situation économique générale ou à celle de chaque
cette hypothèse, le marché assure une allocation entreprise. Elle conduit à plus de concurrence sur le
des ressources productives optimale. Les prix ont marché du travail, à une différenciation des salaires
une fonction de signal : la hausse incite les produc- selon la situation financière de la firme et selon la
teurs à accroître les quantités offertes et les ache- productivité individuelle, ou encore à une suppres-
teurs à réduire les quantités demandées. sion ou une atténuation de la législation sur le salaire
Sur les divers marchés, on constate que les prix minimal (institution par exemple pour les jeunes
sont plus ou moins flexibles : on parle de viscosité d’un salaire minimal inférieur à celui des adultes).
des prix. Dans certains cas, les prix sont rigoureu- La flexibilité peut désigner la possibilité pour
sement fixes, on se trouve en situation d’équilibre les entreprises de se soustraire à une partie des
avec rationnement. prélèvements sociaux et fiscaux et plus générale-
Pour l’école autrichienne, le marché est un pro- ment de s’affranchir des réglementations publiques
cessus de découverte de l’information et s’opposer à qui limitent leur liberté de gestion (exonération
306
Fluctuations et crises économiques
partielle des cotisations sociales à la charge des État social, Fordisme, Formes particulières d’emploi,
employeurs, par exemple). Sécurité sociale professionnelle
À Pour les économistes libéraux, la flexibilité du tra-
vail n’est souvent qu’un cas particulier de la flexibi-
lité des prix : elle désigne la variation du taux de Flottement des monnaies
salaire qui permet de résorber les déséquilibres sur Changes flottants
le marché du travail. Dans cette perspective, tous
les facteurs de rigidité à la baisse des taux de salaire
(allocation-chômage, salaires minimums, etc.) sont Flottement impur (dirty floating)
dénoncés comme une entrave au libre fonctionne- Changes flottants
ment du marché du travail.
Ü Marché du travail, emploi et chômage
État social, Flexisécurité, Nouvelle école keynésienne Fluctuations économiques
(NEK), Rigidité, Sécurité sociale professionnelle, Vis-
Le concept de fluctuations économiques désigne l’en-
cosité des prix, Zone franche
semble des mouvements de baisse ou de hausse de
l’activité économique. Ces mouvements d’expansion
Flexisécurité et de récession de l’activité sont repérés à l’aide de
quelques indicateurs comme le niveau de la produc-
La flexisécurité est une politique de l’emploi qui
vise à combiner une plus grande flexibilité du tion, des stocks, du chômage, de l’emploi et des prix.
travail réclamée par les employeurs (ajustement Lorsque l’économie est en situation de crois
du niveau de l’emploi par une plus grande facilité sance économique, les fluctuations s’articulent à
de licenciement notamment et le maintien de cette tendance longue. Plusieurs types de fluctua-
garanties sociales élevées pour les salariés en termes tions (d’amplitude variable) peuvent se combiner.
d’indemnisation du chômage, de droit à l’emploi, Les fluctuations économiques peuvent avoir
de protection sociale et de formation. un caractère cyclique, mais la régularité de ces
À La flexisécurité se présente à la fois comme un refus cycles économiques fait l’objet de débats entre les
de la rigidité caractéristique de la production fordiste économistes.
et un refus de la précarisation de la main-d’œuvre. Ü Fluctuations et crises économiques
Ü Marché du travail, emploi et chômage, Politique éco- Accélérateur, Accélérateur financier, Cycle du crédit,
nomique Cycle Juglar, Cycle Kitchin, Cycle Kondratiev, Oscillateur
307
Fluctuations et crises économiques
production de biens durables, contrats de et donc une hausse des prix qui accroît la
construction, investissement, chiffre d’affaires pauvreté. Les revenus étant consacrés pour
de la grande distribution, emploi total, etc.) ; l’essentiel à l’achat de subsistance (le pain)
– indice des prix (prix de gros) ; la hausse des prix des subsistances déprime
– indicateurs financiers (prix des actions les autres activités (on parle de crise de sub-
industrielles). sistance). Ces crises sont souvent présentées
Les indicateurs statistiques utilisés sont, le comme la conséquence naturelle des varia-
plus souvent, des agrégats en valeur (produit tions climatiques. En réalité, elles expriment
intérieur brut par exemple). On utilise en l’état des rapports sociaux. La nature du
général une approche en termes de flux mais régime féodal n’incitait guère les paysans
certaines approches tiennent compte des à améliorer les méthodes d’exploitation,
stocks (stocks de marchandises, de capital, le stockage avait un caractère largement
d’actifs, de passifs). En France, l’INSEE définit spéculatif. L’interdiction (ou les limitations)
un indicateur de retournement conjoncturel de la circulation des biens font aussi obstacle
calculé à l’aide de sondages d’opinions tirées à une bonne allocation des ressources.
de l’enquête mensuelle sur l’activité dans
l’industrie française, ainsi qu’un indice syn- Le cycle industriel
thétique du climat des affaires. Avec la révolution industrielle, la nature des
À partir de ces différents indicateurs, on fluctuations et des crises va progressivement
peut décomposer l’activité économique en changer. Il s’agit de plus en plus de crises
trois éléments : industrielles, qui ont tendance à affecter
1. une tendance (trend) de la croissance progressivement l’ensemble de l’économie
économique à partir des évolutions passées mondiale capitaliste. À l’inverse des crises
ou à partir de la croissance potentielle ; agricoles, les crises industrielles se caracté-
2. une composante saisonnière (fluctua- risent par une baisse des prix (déflation) et par
tions à l’intérieur de l’année) ; la surproduction de valeurs d’échange (crise
3. une composante cyclique pure : l’écart de surproduction). De 1815 à 1929, les crises
entre le niveau observé (ou prévu) du PIB et vont apparaître comme assez régulières.
son niveau tendanciel est un indicateur de la
phase du cycle dans laquelle on se trouve. Les fluctuations conjoncturelles
À La comparaison entre le niveau de la crois- Les cycles mineurs. Le premier auteur à
sance potentielle (évaluée à partir des avoir repéré ce type de cycle est l’écono-
facteurs de production disponibles et de miste américain J. Kitchin (1861-1932) en
leurs productivités) et la croissance effec- 1923. Le « cycle Kitchin » dure quarante
tive, permet de mesurer l’écart de production mois environ et est souvent lié à des pra-
(gap d’Okun). Lorsque la croissance effective tiques de gestion des stocks, selon que les
est supérieure à la croissance potentielle, on intermédiaires de la distribution et les indus-
parle d’écart inflationniste (il y a surchauffe). triels de la transformation accumulent des
Réciproquement, lorsque la croissance effec- stocks ou les liquident.
tive est inférieure à la croissance potentielle, Le cycle Juglar. Par opposition aux pré-
l’économie est déprimée ce qui accroît le cédents, le cycle de Juglar a longtemps
chômage (loi d’Okun). été considéré comme le cycle majeur. Ce
À La mise en évidence des cycles dépend des cycle fut mis en évidence dès 1860 par
méthodes statistiques utilisées. C. Juglar (1819-1905) qui entendait prou-
ver par l’observation que les crises s’insé-
Une typologie des fluctuations raient dans des cycles : « L’observation des
et des cycles faits suffit pour dégager la loi des crises et
Les crises d’Ancien Régime (ou agricoles) de leur périodicité. » D’une périodicité de
L’Ancien Régime est marqué par des crises de 6 à 10 ans environ, ce cycle est très régu-
« cherté », les mauvaises récoltes provoquant lier et général – la crise touche l’ensemble
la baisse de l’offre des produits alimentaires des activités économiques mais aussi la
308
Fluctuations et crises économiques
309
Fluctuations et crises économiques
310
Fluctuations et crises économiques
se profilent les conditions d’une reprise de production, rendu possible par le recours au
l’investissement. crédit qui rend à terme la crise inéluctable.
311
Fluctuations et crises économiques
Th. R. Malthus (1766-1834) et S. de Sis- Sismondi distingue par ailleurs la consomma-
mondi contestent la loi des débouchés. tion des biens de subsistances (par nature
Pour Malthus, il faut distinguer le « pouvoir limitée) et celle des objets de luxe réservée
d’achat » (qui dépend des revenus) et le aux capitalistes qui est sans limites. Ce n’est
« vouloir d’achat » (qui dépend notamment donc plus la loi des rendements décroissants
des goûts). C’est la demande effective, qui qui est à l’origine des crises économiques,
associe vouloir d’achat et pouvoir d’achat. mais la configuration capitaliste de la répar-
Sismondi, théoricien de la sous-consomma- tition des richesses. De celle-ci résultent trois
tion, utilise, lui aussi, le concept de « vouloir types de crises de surproduction, véritables
d’achat » et prend en compte le temps : ce réfutations de la loi de Say :
sont les revenus de l’année précédente qui – les crises de surproduction par excès des
permettent de consommer l’année courante. besoins sur les pouvoirs de consommer chez
les ouvriers, illustration de la sous-consom-
Malthus mation ouvrière qui est, pour Sismondi,
Pour Malthus rien ne permet de garantir que consubstantielle au capitalisme ;
la demande des consommateurs soit égale à – les crises de surproduction par excès des
l’offre de biens. En effet, la demande dépend pouvoirs de consommer sur les besoins chez
aussi pour lui des passions (et pas seulement les capitalistes. À côté du caractère borné de la
des décisions rationnelles), de ce fait rien demande de biens de consommation de pre-
n’assure que les individus dépenseront tous mière nécessité, Sismondi montre le caractère
leurs revenus. En particulier, rien n’assure très volatil, donc incertain, de la demande de
que les plus riches demanderont des biens de biens de luxe. S’il y a inadéquation entre l’offre
luxe plutôt que d’épargner. et la demande de biens de luxe et de produits
Dès lors, les crises de surproduction résultent manufacturés, le capitaliste dispose d’une part
d’abord du comportement d’épargne des de revenu qu’il n’est pas enclin à consommer,
consommateurs improductifs qui réduisent d’où une surproduction sur ces marchés ;
leur demande du fait de l’épargne non dépen- – si ce revenu non consommé est investi
sée. Il s’agit là d’un premier type de crise qui par le capitaliste, la conversion de l’épargne
résulte d’un excès d’épargne et donc d’une en machines qui en résulte a deux effets néga-
demande insuffisante. C’est à propos de cette tifs : une hausse de la production des biens
analyse que J.M. Keynes (1883-1846) rendra de consommation et des objets de luxe ; une
hommage à Malthus dans la Théorie géné- hausse du chômage qui baisse la demande
rale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie effective des biens de consommation.
(1936). Ces trois types de crises dépendent de la
En outre, la part de l’épargne investie répartition des richesses et sont, par consé-
(transformation du revenu en capital) néces- quent, inhérents au capitalisme. Pour Sis-
site un taux de profit suffisamment attractif. mondi, elles ne justifient pas cependant un
Si celui-ci est trop bas, le capitaliste n’a pas changement de système, car il est convaincu
intérêt à investir ses capitaux. Il thésaurise de sa capacité à se réformer, notamment par
donc ce qui conduit à une surproduction. une « intervention du pouvoir social » repré-
Ce second type de crise est donc d’abord lié sentant l’intérêt permanent de tous contre
à une rentabilité du capital insuffisante. l’intérêt temporaire de chacun.
312
Fluctuations et crises économiques
313
Fluidité
Par exemple, la crise de 1929, apparaît comme Ü Capital et investissement, Croissance économique,
le moment de transition entre le mode de Productivité
régulation concurrentiel et le mode de régula- Crise de subsistance, Crise de surendettement,
tion monopoliste. La rupture de croissance de Crise de surproduction, Crise du fordisme, Cycle
1974 marque le passage du capitalisme mono- de crédit, Cycle Juglar, Cycle Kitchin, Cycle Kon-
poliste au capitalisme actionnarial. dratiev, Système technique
314
Fonction de répartition
315
Fonction de stabilisation
Égalité, Équité, Fonction d’allocation, Fonction de du change d’un pays devrait refléter ses fondamen-
stabilisation, Impôt progressif, Justice sociale, Prélève- taux ; de même, en ce qui concerne le cours de
ments obligatoires, Prestations sociales, Profit, Salaires l’action d’une entreprise.
Les phénomènes spéculatifs (notamment les
comportements mimétiques) peuvent conduire
Fonction de stabilisation les marchés à s’éloigner des fondamentaux.
La fonction de stabilisation désigne la mise en Ü Marchés et prix
œuvre de politiques conjoncturelles (politique Bulle spéculative, Carré magique, Marché efficient,
budgétaire, politique monétaire) pour assu- Marchés financier, Spéculation, Taux de change
rer une croissance équilibrée au voisinage du d’équilibre fondamental, Zone cible
plein-emploi. La fonction de stabilisation est l’une
des trois fonctions de l’État définies par l’écono-
miste américain R. Musgrave (1910-2007). Fonds commun de placement
Ü Économie publique, Politique économique, Revenus Un fonds commun de placement (FCP) est un
Fonction d’allocation, Fonction de répartition organisme de placement collectif en valeurs
mobilières (OPCVM) dont les membres pos-
sèdent en copropriété le portefeuille de valeurs
Fonction paramétrique des prix mobilières du FCP. Les titres de propriété du FCP
L’expression fonction paramétrique des prix désigne se nomment des parts. À la différence des sociétés
le fait que, sur un marché de concurrence pure et d’investissement à capital variable, les FCP n’ont
parfaite, les consommateurs comme les produc- pas accès au marché monétaire.
teurs sont « preneurs de prix » (price takers), c’est- Ü Consommation et épargne, Monnaie
à-dire que pour eux les prix sont des paramètres Marché des capitaux
sur lesquels ils ne peuvent pas agir. Ils se contentent
donc de déterminer la quantité (offerte ou deman-
dée) en fonction du prix du marché. Fonds de cohésion
Ü Marchés et prix Le Fonds de cohésion gère, depuis 1994, l’aide
Commissaire-priseur walrasien, Équilibre concurrentiel, financière de l’Union européenne (UE) à la réali-
Équilibre du consommateur, Équilibre du producteur, sation de projets concernant l’environnement, l’in-
Faiseur de prix, Théorie néoclassique frastructure et les transports. Le fonds contribue à
la réalisation d’objectifs structurels visant à réduire
les disparités entre les économies nationales des
Fonctions de l’État États membres. Il s’adresse aux États les moins
Les fonctions de l’État dans le domaine économique prospères de l’Union dont le produit national
ont été synthétisées par R. Musgrave (1910-2007) brut (PNB) par habitant est inférieur à 90 % de
dans son ouvrage The Theory of Public Finance (1959). la moyenne.
Il distingue la fonction d’allocation, la fonction Ü Intégration économique
de répartition et la fonction de stabilisation. Fonds européen agricole de garantie (FEAG), Fonds
Économie publique, Politique économique européen d’investissement (FEI), Fonds européen
d’orientation et de garantie agricole (FEOGA), Fonds
européen de développement (FED), Fonds européen
Fonctions de la monnaie de développement régional (FEDER), Fonds social
Monnaie européen (FSE), Fonds structurels européens
316
Fonds européen agricole de garantie (FEAGA)
sont ainsi actuellement garantis dans la limite monétaire gérée par le fonds serait ainsi effacée
d’un plafond de 100 000 euros par personne et par dans une période comprise entre 20 et 25 ans.
établissement. Ü Finances internationales, Intégration économique,
Ü Finances internationales Mondialisation
Crise de liquidité, Crise des subprimes, Prêteur en Crise des dettes, Euro-obligations, Soutenabilité de la
dernier ressort, Risque de système, Stabilité financière dette, Stabilité financière
317
Fonds européen d’investissement (FEI)
européen de garantie agricole et le Fonds européen Une partie des ressources du FED est consacrée au
d’orientation agricole. système STABEX.
Ü Intégration économique Ü Intégration économique
Fonds de cohésion, Fonds européen de développement Développement durable
régional (FEDER), Fonds social européen (FSE)
318
Fonds souverain
é conomique et le commerce mondial. Il réalise des ont été renforcées. Elles portent notamment sur
études économiques et conseille les pays membres le rapport entre les fonds propres des banques et
pour l’orientation et la mise en œuvre de leur poli leurs engagements pondérés par les risques.
tique économique. Le FMI gère aussi un système La définition des fonds propres prudentiels
de crédit mutuel : chaque pays membre contribue à repose sur une distinction entre :
la constitution du capital du Fonds en fonction de – les fonds propres de base (Tier 1), qui com-
quotes-parts négociées. Les sommes ainsi collectées portent notamment le capital social, les résultats
sont utilisées pour accorder des prêts aux pays qui mis en réserve, etc. ;
en font la demande pour défendre leur monnaie et/ – les fonds propres complémentaires (Tier 2), qui
ou mettre en œuvre des politiques de stabilisation. comportent les éléments de fonds propres non pris
Depuis la seconde moitié des années 1970, le FMI en compte dans Tier 1, comme les actions détenues
a joué un rôle de plus en plus actif dans le finance dans les filiales minoritaires des groupes bancaires.
ment de l’économie mondiale. Des dispositifs des- Au sein de Tier 1, on définit aussi un sous-en-
tinés à financer des stocks régulateurs du cours des semble encore plus restrictif (Core Tier 1) qui se
matières premières ont été mis en place, de même limite aux actions ordinaires (on parle de « noyau
que des crédits destinés à accompagner les poli dur » des fonds propres).
tiques d’ajustement structurel et la transition au Dans le cadre des accords de Bâle III, le ratio des
marché des anciennes économies de type soviétique. fonds propres « durs » passe de 2 % à 4,5 %. Un
Depuis les années 1990, le FMI est inter- coussin de sécurité de 2,5 % s’y rajoute à l’horizon
venu pour limiter l’impact des crises financières 2019 : soit un total de 7 % pour Core Tier 1.
(crise mexicaine de 1994, crise asiatique de 1997, S’agissant du ratio global (Tier 1 et Tier 2), il
crise des subprimes, crise de la dette souveraine est porté de 8 % à 10,5 %. Pour les établissements
grecque de 2010, etc.). L’objectif est d’éviter que d’importance systémique, une exigence supplé-
ces crises ne se transforment en crises systémiques. mentaire allant jusqu’à 5 % est fixée, ce qui peut
À L’action du FMI fait l’objet de nombreuses cri- conduire le taux global jusqu’à 15,5 %.
tiques, notamment pour ses interventions vis-à- Ü Finances internationales, Monnaie
vis des pays en développement. On lui reproche Accords de Bâle, Crise bancaire, Crise financière,
d’être au service d’une mondialisation libérale et Ratio de liquidité à court terme, Règles prudentielles,
d’imposer, notamment aux pays du tiers-monde, Risque de système, Stabilité financière
des politiques économiques fondées sur l’ortho-
doxie libérale. À l’inverse, certains auteurs libéraux
considèrent qu’en intervenant pour sauver les débi- Fonds social européen (FSE)
teurs défaillants et pour accorder des prêts à des Le fonds social européen, créé en 1960, est le
États incapables d’éviter les crises, le FMI contri- principal instrument de la politique sociale de
bue à faire naître une situation d’aléa moral. l’Union européenne (UE). Il soutient financière-
À La montée en puissance des pays émergents dans ment des actions d’aide structurelle en faveur de la
l’économie mondiale pose la question de la réparti- formation, de la mobilité géographique, de la recon-
tion du pouvoir au sein du FMI (répartition des droits version professionnelle et de la création d ’emplois
de vote, partage des postes de responsabilité, etc.). pour lutter contre le chômage des jeunes, en par-
Ü Finances internationales ticulier.
Changes fixes, Consensus de Washington, Droits de Dans le cadre des propositions formulées en
tirages spéciaux, Financiarisation, Prêteur en dernier février 1992, par J. Delors, ce Fonds a été réorienté
ressort, Système monétaire international, Taxe Tobin vers l’amélioration du fonctionnement des mar
chés du travail et l’adaptation des travailleurs aux
mutations industrielles ainsi que la réinsertion pro-
Fonds propres fessionnelle des chômeurs.
Capitaux propres Ü Intégration économique, Politique économique
Fonds de cohésion, Fonds européen d’investissement
(FEI), Fonds structurels européens
Fonds propres prudentiels bancaires
Les fonds propres prudentiels bancaires sont les
fonds propres qui sont pris en compte dans le Fonds souverain
calcul des ratios de solvabilité des banques (ratio Un fonds souverain (sovereign wealth funds, SWF) est
Cooke, ratio Mac Donough). un fonds de placement international qui appartient
Dans le cadre du Comité de Bâle, depuis le à un État ou à une banque centrale (d’où le terme
krach financier de 1987, les règles prudentielles souverain). Bien que ces fonds existent depuis les
319
Fonds structurels européens
années 1950, ils ont connu une forte expansion au l’ensemble de la force de travail et des moyens de
cours des années 2000 avec les excédents de réserves production et déterminent donc la productivité
de change d’un grand nombre de pays producteurs du travail social. Pour le marxisme, les forces pro-
de pétrole (Moyen-Orient, Norvège, Russie) et de ductives ne peuvent pas être pensées indépendam-
pays émergents (Singapour, Chine). Leur mode de ment des rapports de production. Dans le long
gestion de l’épargne nationale a aussi évolué avec un terme, les forces productives sont déterminantes
portefeuille d’actifs comportant plus de risques en pour l’évolution de l’infrastructure et donc du
échange de rendements potentiellement supérieurs. mode de production : quand le développement des
Les fonds souverains sont une composante de la forces productives entre en contradiction avec les
mondialisation, certains y voient une gestion utile rapports de production (et notamment les rapports
de l’épargne mondiale, d’autres s’inquiètent de leur de propriété), le mode de production entre en crise.
caractère peu transparent au service d’intérêts stra- Ü Épistémologie économique
tégiques nationaux. Baisse tendancielle du taux de profit, Formation
Ü Capital et investissement, Économie publique, Finances économique et sociale, Système économique
internationales
Mercantilisme
Fordisme
À la suite d’A. Gramsci (1891-1937), on appelle
Fonds structurels européens fordisme le mode d’organisation du travail dans
Les fonds structurels européens (Fonds social l’entreprise qui a été mis en place aux États-Unis
européen, Fonds européen de développement avant la Première Guerre mondiale, par le construc-
régional, Fonds de cohésion) sont les instru- teur automobile américain H. Ford (1863-1947).
ments financiers de la politique régionale de Il repose sur deux principes :
l’Union européenne (UE). Leur mission com- – une organisation du travail basée sur l’appro-
mune est de promouvoir le développement des fondissement de l’organisation scientifique du
régions les moins avancées, ou d’aider les régions travail (OST) et sur le travail à la chaîne ;
en crise à se reconvertir, de façon à harmoniser les – une rémunération du travail d’exécution relati-
niveaux de vie dans l’ensemble de l’Union. vement plus élevée que celle en vigueur sur le mar
Ü Intégration économique ché du travail. Le five dollars a day correspond à
Économie géographique, Politique agricole commune un doublement du salaire moyen en 1913, ce qui,
(PAC), Politique structurelle selon Ford, devait permettre aux ouvriers d’acheter
les voitures produites.
À Ford avait d’abord en vue de stabiliser sa main-
Force de travail d’œuvre sans expérience industrielle.
K. Marx (1818-1883) distingue le travail et la force À Dans la théorie de la régulation, le terme fordisme
de travail. Le travail est inhérent à l’espèce humaine, désigne le rapport salarial dans le mode de régu
il constitue une puissance créatrice qui se manifeste lation monopoliste, c’est-à-dire une situation où
dans tous les systèmes sociaux. La force de travail l’institutionnalisation du rapport salarial permet
est la mise en œuvre du travail dans des condi- une consommation de masse qui sert de débouché
tions déterminées et pour un temps déterminé. Le à la production de masse.
capitalisme se caractérise par le fait que la force de Ü Croissance économique, Fluctuations et crises écono-
travail est une marchandise qui est achetée (par le miques
capitaliste) et vendue (par le salarié). Comme toute Crise du fordisme, Régulation, Taylorisme
autre marchandise, la force de travail a une valeur
d’échange et une valeur d’usage. C’est la puissance
créatrice du travail qui fait de la force de travail la FOREX
source de la plus-value (ou survaleur). Contraction des termes Foreign et Exchange, qui
Ü Épistémologie économique signifient marché des changes.
Exploitation, Formation économique et sociale, Sys- Finances internationales
tème économique, Théorie marxiste
320
Fragmentation internationale de la chaîne de valeur
321
Franchisage
Fraude fiscale
Productions réalisables
La fraude fiscale consiste à échapper au paiement mais inefficientes
de l’impôt par des pratiques illégales (dissimila-
tion de revenu ou de patrimoine, non-déclaration
d’impôt, etc.).
La notion d’évitement fiscal est plus large Bien X
puisqu’elle comporte, outre la fraude fiscale,
l’optimisation fiscale par des moyens légaux. Ü Entreprises et système productif, Marchés et prix
Économie publique Coordination verticale, Courbe d’offre
322
Futures
323
G
Gain de seigneuriage supérieurs à ceux des États-Unis ne signifie pas
Les gains de seigneuriage (ou revenus de seigneu- qu’ils aient dépassé le niveau de la productivité
riage) sont perçus par l’individu (jadis le seigneur américaine.
ou le roi) qui a le privilège de « battre monnaie ». À Ne pas confondre une baisse de la productivité (par
Aujourd’hui, les gains de seigneuriage sont per- exemple - 2 % d’une année sur l’autre) et un ralen-
çus par le Trésor public qui frappe les pièces de tissement des gains de productivité (par exemple,
monnaie et perçoit la différence entre le coût + 5 % puis + 2 % seulement l’année suivante).
de fabrication et la valeur faciale des pièces. De Ü Croissance économique, Entreprises et système produc-
même, les banques centrales perçoivent un gain tif, Productivité
lié à l’émission de billets de banques. Sur le plan Rendement d’échelle
international, on considère que les États-Unis per-
çoivent un gain de seigneuriage en raison du statut Gap d’Okun
de monnaie internationale du dollar.
Ü Finances internationales, Monnaie Le gap d’Okun, du nom de l’économiste améri-
Création de monnaie, Monétisation de créance cain A. Okun (1928-1980), est la différence entre
le taux de croissance effectif de l’économie et
son taux de croissance potentielle (c’est-à-dire
Gains à l’échange le taux qui correspondrait à l’utilisation efficiente
des facteurs de production). Selon la loi d’Okun,
Les gains à l’échange désignent le surplus de biens
le taux de chômage est une fonction croissante
et de services que les agents économiques peuvent
du gap d’Okun.
se procurer grâce aux échanges qu’ils réalisent entre
Ü Croissance économique, Marché du travail, emploi et
eux, par rapport à une situation où il n’y aurait
chômage
aucun échange et où les individus produiraient Croissance effective, Efficience, Plein-emploi, Taux
eux-mêmes les biens et services qui leur sont néces- d’utilisation des facteurs de production
saires. Sans échange, chaque individu produit l’en-
semble des biens qui lui sont nécessaires. Avec les
échanges, la spécialisation est alors possible et l’effi- GATT
cacité productive accrue. La frontière des possibi-
lités de production se déplace vers la droite : avec
(General Agreement on Tariffs and
une même quantité de facteurs de production, il Trade)
est possible de produire plus. Accord général sur les tarifs et le commerce
Ü Marchés et prix
Avantage comparatif, Efficience, Productivité
Genre de vie
Le genre de vie désigne l’ensemble des manières de
Gains de productivité vivre d’un individu ou d’un groupe. Il dépend du
Les gains de productivité désignent une augmen- niveau des ressources mais surtout de l’ensemble de
tation de la productivité et non une hausse des facteurs difficilement mesurables comme la nature
profits induits par une augmentation de la produc- des rapports humains. Certains auteurs comme
tivité comme le mot « gain » peut le laisser croire. J. Fourastié (1907-1990) lui donnent un sens très
À Il ne faut pas confondre les gains de productivité, large : « Le domaine du genre de vie va ainsi de l’hy-
qui sont une variation positive de la productivité, giène aux loisirs et à la durée du travail en passant par
avec le niveau de la productivité. Ainsi le fait que toute une série d’éléments non chiffrables comme le
plusieurs pays enregistrent des gains de productivité climat, l’urbanisme, l’environnement […]. »
324
Globalisation financière
À Ne pas confondre le niveau de vie, notion quan- nombre de chômeurs en novembre 2018). La mesure
titative, avec le genre de vie, qui fait appel à des en glissement annuel diffère donc d’une évolution en
éléments qualitatifs. moyenne annuelle qui compare la moyenne d’une
Ü Consommation et épargne année à la moyenne de l’année précédente.
Consommation ostentatoire, Effet de démonstration, Ü Croissance économique
Effet de signe, Effet Veblen
325
Gouvernance
est portée par le développement des euromarchés d’un directoire contrôlé par un conseil de sur-
dans les années 1970 puis dans les années 1980 (et veillance sont de nature à améliorer la « bonne »
1990 pour les pays en développement) par le mou- gouvernance. Tout comme l’absence de mesures
vement de déréglementation financière. Le résultat anti-offres publiques d’achat (OPA) qui consti-
est une grande liberté de circulation des capitaux tuent un dispositif de protection des dirigeants
d’une place financière à une autre, rendant les diffé- en place ou encore les stocks options qui incitent
rents marchés complètement interdépendants. De les dirigeants à gérer l’entreprise dans l’objectif
plus, la plupart des gestionnaires de fonds de place- d’augmenter le cours de l’action (financiarisation
ment ont fait de la diversification internationale un de la gestion des entreprises). Les règles de la gouver-
principe de base de leur gestion de portefeuille. L’in- nance d’entreprise sont ici indissociables de l’essor
terconnexion informatique des réseaux financiers, du capitalisme actionnarial qui a succédé au
en abaissant le coût des transactions, a renforcé le capitalisme managérial.
phénomène au point que l’on se trouve aujourd’hui Cette approche tend aujourd’hui à être dépassée
en présence d’un marché des capitaux fonctionnant par les analyses qui considèrent que la gouvernance
en continu du fait des décalages horaires entre les d’entreprise doit être centrée sur l’ensemble des
places financières. parties prenantes et non sur les seuls actionnaires.
Ü Finances internationales, Mondialisation Le but de l’entreprise ne peut plus alors être réduit
Globalisation, Règle des 3 D, Triangle d’incompati- à la création de valeur actionnariale qui tend à
bilité financière donner la priorité aux objectifs de court terme. Les
préoccupations sociales (prise en compte des inté-
rêts des salariés) et environnementales deviennent
Gouvernance tout aussi légitimes, comme en témoigne l’essor de
Au sens général, la gouvernance peut être définie la responsabilité sociale des entreprises (RSE).
comme l’ensemble des méthodes par lesquelles les L’exemple de la cogestion en Allemagne montre
individus et les institutions gèrent leurs affaires que la participation des syndicats aux instances de
communes. Selon P. Lamy, la gouvernance est fonctionnement de l’entreprise n’est pas contradic-
« l’ensemble des transactions par lesquelles des toire avec de bonnes performances. Par ailleurs, des
règles collectives sont élaborées, décidées, légiti- entreprises de plus en plus nombreuses intègrent
mées, mises en œuvre et contrôlées ». La gouver- à leur stratégie des engagements en faveur de l’en-
nance se distingue donc du gouvernement qui est vironnement, la biodiversité, etc. De nouvelles
une instance politique plus ou moins centralisée. règles instaurant des contre-pouvoirs face à celui
Ü Mondialisation, Politique économique des actionnaires doivent ainsi être incorporées
Coordination, Gouvernance d’entreprise, Gouvernance à la gouvernance d’entreprise.
mondiale, Monopole focal de gouvernance, Règle Ü Entreprises et système productif
Économie de marchés coordonnés, Fonds de pension,
Gouvernance, Gouvernance mondiale, Rapport
Gouvernance d’entreprise salarial, Théorie des contrats, Théorie des contrats
La gouvernance d’entreprise (corporate governance) incomplets, Variété des capitalismes
se définit comme un ensemble de dispositions
légales, règlementaires ou pratiques qui encadrent
le processus de prise de décision dans les entre- Gouvernance mondiale
prises souvent assimilées aux grandes sociétés Pour Z. Laïdi et P. Lamy, la gouvernance mondiale
anonymes. La gouvernance d’entreprise délimite est l’ensemble des « processus par lesquels les socié-
l’étendue du pouvoir et des responsabilités de ceux tés politiques, économiques et civiles négocient
qui sont chargés de la gestion de l’entreprise. les modalités et les formes d’arrangements sociaux
Une conception traditionnelle de la gouvernance planétaires sur la base du principe de coopération
d’entreprise considère que la gestion de l’entreprise conflictuelle ». La gouvernance mondiale constitue
doit être subordonnée aux intérêts des seuls action- une réponse à la question : « Comment gouverner
naires. Conformément aux enseignements de la sans gouvernement ? » En effet, la mondialisation
théorie de l’agence, il faut atténuer le pouvoir des et l’interdépendance croissante des nations font
manageurs et réduire les asymétries d’information émerger de nombreux problèmes qui ne peuvent
entre les actionnaires et les manageurs. Dans cette pas être résolus au niveau des États-nations (migra-
perspective, le respect des droits des actionnaires tions, pollution, instabilité financière, délinquance,
(une action/une voix), la séparation entre les fonc- etc.). La gouvernance mondiale se traduit donc
tions de président du conseil d’administration et par la mise en place de normes et d’institutions
de directeur général de l’entreprise, la mise en place permettant une gestion collective des questions
326
Groupe (d’entreprises)
327
Groupe de pression
soit cette société contrôlante ». L’INSEE retient rative dans laquelle chaque pays cherche à affaiblir
aujourd’hui comme critère de contrôle d’une la valeur de sa monnaie pour renforcer sa compé-
société le fait de disposer de la « majorité absolue titivité prix. L’usage de ce terme s’est développé à
des droits de vote ». partir de 2010 avec l’adoption par les États-Unis
L’INSEE distingue : d’une politique monétaire fortement expansion-
– le contour restreint d’un groupe, ou encore niste (baisse des taux d’intérêt, croissance de la
le noyau dur, qui est l’ensemble des sociétés déte- masse monétaire) et ses effets sur les pays émer-
nues directement ou indirectement (par le contrôle gents, l’adoption par le Japon en 2013 d’une poli-
de sociétés intermédiaires) à plus de 50 % par la tique de relance reposant sur la dépréciation du
société mère ; yen et le choix de la Chine et de nombreux autres
– le contour élargi d’un groupe qui est l’en- pays émergents de laisser se déprécier leurs mon-
semble des sociétés dans lequel le groupe détient naies en 2015.
des prises de participation, quel que soit le taux Les risques d’une guerre des monnaies sont
de détention. bien illustrés par l’histoire économique de l’entre-
À La frontière réelle des groupes d’entreprises est loin deux-guerres. Les dévaluations compétitives des
d’être évidente à tracer. En effet, la détention de années 1930 ont alimenté les tensions politiques,
plusieurs participations, chacune minoritaire, peut renforcé le protectionnisme et se sont traduites
néanmoins procurer au groupe le contrôle réel de par un recul du commerce extérieur et de la crois-
certaines sociétés. C’est le cas lorsque l’actionnariat sance économique.
est dispersé et que beaucoup d’actions ne sont pas L’éventualité d’une guerre des monnaies ren-
représentées aux assemblées générales. Il est alors contre néanmoins deux limites :
plus facile d’avoir la majorité des voix dans ces – les banques centrales peuvent influencer ou
assemblées. contrôler le taux de change nominal mais pas le
À Un groupe public est un groupe dont la société taux de change réel. Or une monnaie sous-évaluée
mère est contrôlée directement ou indirectement favorise l’inflation qui a un effet sur le taux de
par l’État. change réel ;
Ü Entreprises et système productif – les États ont les moyens de contrer certaines
Bilan consolidé, Capitalisme, Conseil d’adminis- conséquences néfastes de la guerre des monnaies
tration, Conseil de surveillance, Directoire, Filiale, (comme un afflux massif de capitaux causant
Firme globale, Firme-réseau, Fonds de pension, des bulles financières) par des politiques macro-
Frontière de la firme prudentielles.
Ü Finances internationales
Dumping monétaire, Politique de désinflation
Groupe de pression compétitive, Politique du change, Protectionnisme,
Surveillance macroprudentielle, Système monétaire
Un groupe de pression (ou lobby ou groupe d’in-
international
térêt) est un ensemble d’individus, plus ou moins
organisés, qui cherchent à exercer une influence sur
les décideurs (responsables politiques et/ou hauts Guillotine de Hume
fonctionnaires) afin d’obtenir que les mesures
La Guillotine de Hume désigne un principe for-
adoptées soient favorables à leurs intérêts ou à leurs
mulé par D. Hume (1711-1776) selon lequel on
convictions. Les fabricants de tabac, les chasseurs,
ne peut pas induire ou déduire d’un énoncé portant
les divers groupes religieux, etc. sont des groupes
sur ce qui est, un autre énoncé portant sur ce qui
de pression.
doit être. Il faut donc découper (séparer) comme
À la différence des partis politiques, les groupes avec une guillotine, les énoncés qui constituent des
de pression ne prétendent pas défendre l’intérêt jugements de faits et les énoncés qui constituent
général ni prendre le pouvoir. des jugements de valeur.
Ü Économie publique À Il ne découle pas de ce principe de Hume que les
Capture du régulateur, École des choix publics, Théo- jugements de valeur sont irrationnels. Ils peuvent
rie du marché politique être justifiés rationnellement par le raisonnement
et l’analyse de l’expérience historique
Ü Épistémologie économique
Guerre des monnaies Empirisme, Neutralité axiologique
On parle de la guerre des monnaies ou de la guerre
des changes pour désigner une situation non coopé-
328
H
Habitat préféré tout en n’étant disponibles qu’à la fin de l’année
La théorie de l’habitat préféré, développée par scolaire en cours ;
F. Modigliani et R. Sutch (1966) explique, à par- ––d’après la définition internationale enfin, les
tir de l’hypothèse des préférences différenciées des personnes ayant travaillé la semaine précédant l’en-
agents, la structure par terme des taux d’intérêt quête, même occasionnellement, même pour un
avec des taux longs supérieurs aux taux courts. Selon temps très court (au moins une heure selon le BIT),
sont considérées comme pourvues d’un emploi et
cette approche, les investisseurs se positionnent
ne sont donc pas comptabilisées comme chômeurs,
sur le segment particulier (ou habitat préféré) des
même si, par ailleurs, elles cherchent un emploi à
marchés financiers qu’ils préfèrent, le court terme.
temps plein.
Ils peuvent néanmoins arbitrer pour des titres de
À Les stagiaires sont classés actifs occupés au sens
maturité différente si les rendements sont attractifs.
du BIT, de même que les personnes exerçant des
Compte tenu de cette segmentation des marchés
« petits boulots », et sont donc exclus de la mesure
financiers, les emprunteurs (entreprises) qui sou- du chômage.
haitent émettre des titres à un horizon long doivent Ü Marché du travail, emploi et chômage
donc proposer une prime d’autant plus élevée par Chômage au sens du BIT, Demande d’emploi fin de
rapport à la rentabilité normale que la distance est mois, Sous-emploi
grande avec l’horizon des investisseurs.
J. Tobin (1918-2002) a étendu cette approche au
marché des changes : la préférence de détention Hedge fund
de certaines devises conduit les autres monnaies à Un hedge fund est un organisme qui collecte de
supporter des primes d’intérêt pour leur détention, l’épargne et effectue des placements risqués afin
mais toute variation des préférences conduit à une de fournir à ses clients des rendements plus élevés
réallocation des portefeuilles. que ceux du marché. Les hedge funds pratiquent
Ü Capital et investissement, Consommation revenu et une gestion alternative (effet de levier, vente à
épargne, Finances internationales découvert, opérations sur produits dérivés), qui
Risque, Spéculation, Taux de change a été mise en cause à l’occasion de la crise des
subprimes.
À Ce terme anglais est trompeur puisque « hedge »
Halo du chômage signifie couverture alors que les hedge funds corres-
Le halo du chômage désigne un ensemble de per- pondent à des fonds spéculatifs.
sonnes qui gravitent autour du noyau central des Ü Finances internationales, Monnaie
chômeurs au sens du Bureau international du Bulle spéculative, Risque, Spéculation
travail (BIT) et qui ne satisfont pas à toutes les
conditions pour être classées « chômeurs ».
On peut distinguer toute une gradation de situa- Hédonisme
tions : L’hédonisme est une doctrine dont l’élément fon-
––certains individus, qui se déclarent chômeurs damental est la recherche du plaisir. En économie,
au moment de l’enquête, indiquent ensuite au ce terme est associé à l’utilitarisme et est employé
cours de l’entretien qu’ils ne recherchent pas d’em- pour désigner la doctrine qui fait de la recherche
ploi (chômeurs découragés par exemple) ; du maximum de satisfaction le moteur de l’activité
––certains individus ne sont pas disponibles économique.
pour travailler immédiatement : par exemple les Ü Épistémologie économique
élèves ou étudiants peuvent rechercher un emploi Altruisme, Ophélimité, Utilité
329
Heuristique
Homo œconomicus
Holding L’homo œconomicus est une représentation abstraite
Une société holding (ou holding) est une société de l’agent économique selon l’École classique et
financière dont l’actif est essentiellement composé la théorie néoclassique. Cet agent est rationnel et
d’actions d’autres sociétés. Elle ne produit pas de parfaitement informé. Le consommateur cherche
biens ou de services par elle-même mais elle gère le à maximiser sa satisfaction sous la contrainte
portefeuille de titres qu’elle contrôle. Une holding de budget et le producteur cherche à maximiser
peut conduire la stratégie de l’ensemble du groupe son profit sous la contrainte de prix et de coûts
d’entreprises qu’elle dirige. de production.
330
Hypothèse de Porter
À Le modèle de l’homo œconomicus a souvent été cri- un facteur qui amplifie le risque systémique et les
tiqué pour deux raisons : crises financières.
– il ne prend pas en compte certaines caracté- Ü Finances internationales, Mondialisation, Monnaie
ristiques sociales qui jouent un grand rôle dans les Accords de Bâle, Crise des subprimes, Ratio Mac
choix ; Donough, Réglementation bancaire, Risque de contre-
– il considère que l’agent n’a pas de véritable partie, Risque de système, Véhicule de titrisation
comportement stratégique (à la différence par
exemple de l’entrepreneur schumpétérien).
À L’homo œconomicus est un modèle. L’analyse éco- Hypothèse
nomique ne prétend pas que les individus se Une hypothèse est un énoncé portant sur la réalité
comportent effectivement toujours et partout empirique, que l’on soumet à examen et que l’on
conformément à ce modèle. Elle ne dit pas non cherche à confirmer ou à infirmer. Une hypothèse
plus que les individus doivent se comporter confor- peut concerner la relation entre deux variables,
mément à ce modèle. Elle analyse les conséquences une relation causale, etc.
des interactions entre individus qui adopteraient À Il ne faut pas confondre un postulat et une hypo-
ces règles de comportement. Comme tous les thèse. Une hypothèse est une proposition qui est
modèles, il est susceptible d’être enrichi. On peut déduite d’une théorie et que l’on cherche à tes-
par exemple introduire l’altruisme, la rationalité ter empiriquement. Par exemple, la théorie du
limitée, les comportements mimétiques, etc. consommateur, qui repose sur le postulat de ratio-
Ü Épistémologie économique, Marchés et prix nalité économique, permet de faire l’hypothèse
École classique, Entrepreneur, Rationalité écono- qu’une hausse du prix relatif du pétrole conduira
mique, Rationalité substantielle, Théorie néoclassique à une baisse ou à une moindre croissance de la
consommation de carburant.
À L’usage du terme hypothèse en économie est sou-
Homogénéité de degré k vent impropre. Par exemple, on parle souvent des
hypothèses de la concurrence parfaite (atomicité,
Une fonction de production est homogène de
etc.) alors qu’il s’agit en fait de postulats.
degré k, si, lorsqu’on multiplie les quantités de
Ü Épistémologie économique
facteurs de production utilisées par un réel l, on
Causalité, Ceteris paribus, Conjecture, Méthode
multiplie la quantité produite par lk :
hypothético-déductive, Réalisme des hypothèses, Réfu-
F (lL, lK) = l f (L, K)
k
tationnisme
À La notion d’homogénéité permet d’étudier la façon
dont varie la production lorsque tous les facteurs
de production augmentent dans la même pro- Hypothèse d’instabilité financière
portion. Par exemple, une fonction de production L’hypothèse d’instabilité financière a été formulée
homogène de degré 1 exprime des rendements par H. Minsky. Elle signifie que l’instabilité des
d’échelle constants. économies capitalistes (qui reposent nécessaire-
Ü Marchés et prix ment sur le crédit) est endogène. C’est la logique
Cobb-Douglas, Économie d’échelle, Loi des rende- même du système financier qui produit le cycle
ments marginaux décroissants, Rendements d’échelle du crédit, lequel provoque l’instabilité des variables
réelles de l’économie (production, emploi, etc.).
Ü Finances internationales, Monnaie
Homogénéité des produits Accélérateur financier, Anticipations, Bulle spécu-
Ü Marchés et prix lative, Crise des subprimes, Instabilité financière,
Concurrence pure et parfaite Moment Minsky, Risque de crédit, Risque de défaut
331
Hystérésis
332
I
Illusion monétaire total des individus qui sont résidents à un moment
On dit que les agents économiques sont victimes donné et qui ont immigré dans le passé (c’est un
d’une illusion monétaire lorsqu’ils raisonnent en stock). Les individus nés en France de parents
valeur nominale, c’est-à-dire sans tenir compte des immigrés (qu’ils soient français ou étrangers) ne
variations futures du pouvoir d’achat de la mon- sont donc pas immigrés et l’expression « immigré
naie (erreur d’anticipation d’inflation). de la 2e génération » est fautive.
À Dans la théorie keynésienne, les agents sont vic- Ü Marché du travail, emploi et chômage, Mondiali
times d’illusion monétaire, et ne tirent donc aucun sation
enseignement de leur expérience passée de l’infla- Migration
tion. Cette hypothèse d’illusion monétaire a été
critiquée par des auteurs qui considèrent qu’elle est
incompatible avec l’hypothèse de rationalité éco- Immobilisations
nomique des agents. Les immobilisations sont des actifs destinés à servir
Ü Monnaie, Politique économique de façon durable l’activité de l’entreprise et qui ne
Anticipations, Anticipations adaptatives, Anticipa se consomment pas par le premier usage.
tions rationnelles, Monétarisme Les immobilisations sont inscrites dans le haut
de l’actif du bilan.
On distingue trois catégories d’immobilisations :
Immigrant – les immobilisations incorporelles (fonds de
Selon l’INED, un immigrant est un étranger né à commerce, droit au bail, frais d’établissement,
l’étranger qui, pour la première fois, reçoit un titre brevets, etc.) ;
de séjour dans un autre pays d’une durée égale ou – les immobilisations corporelles (biens meubles
supérieure à un an. La mesure du flux migratoire et immeubles : terrains, constructions, matériel,
exclut donc les séjours de courte durée, qu’il s’agisse outillages) ;
de ceux des touristes ou des travailleurs saisonniers. – les immobilisations financières (actions, titres
On est immigrant du point de vue du pays d’ac-
de participation, etc.).
cueil et simultanément émigrant du point de vue
Ü Capital et investissement, Entreprises et système
du pays de départ. Le terme immigrant s’applique
productif
aux individus au moment de la migration (c’est
un flux) contrairement au terme d’immigré qui Actifs corporels, Actifs incorporels
correspond à un stock.
Ü Marché du travail, emploi et chômage, Mondiali
sation
Impérialisme
L’impérialisme est une domination exercée par une
puissance économique et politique sur d’autres
Immigré pays ou territoires. L’impérialisme peut prendre la
Un immigré est une personne née à l’étranger avec forme d’une domination coloniale (Empire britan-
une nationalité étrangère et qui réside désormais en nique au xixe siècle), mais il peut aussi s’exercer sur
France. Certains immigrés ont conservé leur natio- des États indépendants (domination des États-Unis
nalité d’origine et d’autres sont devenus français en Amérique latine).
par acquisition de la nationalité française. On peut À la suite des travaux de J. Hobson (1858-1940),
donc être français et immigré. Alors que le concept V. I. Lénine (1870-1924) considère que l’impéria-
d’immigrant permet de mesurer le flux migratoire, lisme est le « stade suprême du capitalisme » carac-
le concept d’immigré permet de mesurer l’effectif térisé par la fusion du capital bancaire et du capital
333
Importation
334
Incertitude
335
Incidence fiscale
le concept d’incertitude est utilisé pour désigner environnementale par unité produite. Cette taxe
une situation qui n’est pas probabilisable (incerti- a pour effet de réduire les quantités offertes pour
tude radicale). Pour Keynes, le gain à une loterie ou tous les niveaux de prix (déplacement de la courbe
l’espérance de vie n’est pas sujet à incertitude. En d’offre vers la gauche). Le surplus du consomma-
revanche, le taux d’intérêt dans vingt ans constitue teur est d’autant plus diminué que la demande est
une incertitude, car il n’existe pas de moyen d’as- inélastique (pente forte de la courbe de demande).
socier une probabilité à tel ou tel niveau du taux La taxe est donc répartie sur les entreprises et les
d’intérêt à cet horizon temporel. consommateurs.
À La distinction entre risque et incertitude a été Le même type de raisonnement permet d’expli-
remise en cause par les travaux de J. Von Neumann quer que les allocations logement, qui sont des aides
et O. Morgenstern (1947) : pour ces auteurs, aux locataires, ont en fait permis aux propriétaires
les agents sont toujours capables d’associer une de pratiquer des loyers plus élevés. L’offre de loge-
probabilité subjective aux différentes situations
ment étant rigide à court terme, les bailleurs ont
entre lesquelles ils doivent choisir. bénéficié de la solvabilisation de la demande par les
Ü Finances internationales, Fluctuations et crises écono allocations logement en augmentant les loyers.
miques, Monnaie À L’effet redistributif d’un prélèvement ou d’un
Anticipations, Asymétrie d’information, Économie transfert dépend donc de l’incidence fiscale.
de l’information, Nouvelle microéconomie, Théorie Ü Économie et écologie, Économie publique, Marchés
keynésienne et prix, Politique économique
Fiscalité optimale, Redistribution
Incidence fiscale
L’incidence fiscale désigne la répartition de la charge Incitation
d’un prélèvement obligatoire (impôt, taxe, coti- Une procédure d’incitation est un dispositif par
sations sociales) ou d’un transfert (prestation lequel on tente de modifier le comportement des
sociale, subvention) sur les agents économiques. agents économiques, de les conduire à exécuter
L’incidence fiscale cherche à déterminer quelle correctement une tâche, à appliquer loyalement les
est la catégorie d’agents qui supporte réellement clauses d’un contrat, etc. Par exemple, la taxation
l’impôt (ou bénéficie réellement d’un transfert ou des activités polluantes fait augmenter le prix du
d’une subvention). En effet, les agents légalement marché (déplacement vers la gauche de la courbe
redevables d’un impôt ne sont pas nécessairement d’offre), ce qui réduit les quantités échangées et
ceux qui le supportent réellement. réduit la pollution. De même, en matière d’assu-
Par exemple, les entreprises paient au Trésor rance automobile, le bonus-malus incite les assu-
public le montant de la taxe sur la valeur ajou- rés à adopter un comportement prudent, le ratio
tée (TVA), mais ce sont les consommateurs qui Cooke incite les banques à réduire leurs risques
en supportent réellement le poids. Autre exemple, et à augmenter leurs fonds propres, etc.
la charge de l’impôt sur les sociétés, qui est réglé Sur un marché walrasien, la variation des prix
les entreprises, est répartie entre les actionnaires, constitue une procédure suffisante d’incitation
les salariés (sous forme de baisse des salaires) et pour les agents économiques supposés avoir des
les consommateurs (sous la forme d’augmenta- comportements maximisateurs. Dès lors que l’on
tions de prix). De même, les cotisations sociales prend en compte les asymétries d’information et
patronales sont payées par les entreprises, mais si le l’existence de comportements opportunistes de la
salaire net est réduit, on peut alors considérer que part des agents, on doit mettre en place des pro-
les salariés eux-mêmes supportent une partie de ces cédures d’incitation. Par exemple, en matière de
cotisations sociales. contrat du travail, la mise en place d’un salaire
L’analyse de l’incidence fiscale dépend de l’élas- au rendement ou d’un avancement au mérite est
ticité-prix de l’offre et de la demande ainsi que de une procédure d’incitation.
l’intensité de la concurrence. En effet, une taxe À C’est parce que les mécanismes de marché et les
(ou une subvention) modifie le prix d’un bien, contrats ne suffisent pas à coordonner les actions
ce qui conduit à un nouvel équilibre du marché des agents économiques que des incitations sont
et affecte le surplus du consommateur et le sur- mises en place.
plus du producteur. Néanmoins, les agents dont Ü Marchés et prix
le comportement est le moins sensible au prix sont Aléa moral, Coordination, Droit à polluer, Gouver
les plus défavorisés par une taxe et les plus avan- nance d’entreprise, Nudge, Opportunisme, Salaire d’ef
tagés par un transfert. Par exemple, supposons le ficience, Sélection adverse, Signal-prix, Stock-options,
marché d’un bien auquel est appliquée une taxe Théorie, Théorie de l’agence, Théorie des contrats
336
Indice de développement humain ajusté aux inégalités (IDHI)
337
Indice de durabilité environnementale (Environnemental Sustainability Index)
(PNUD) afin de tenir compte de la manière dont Plus l’IHH d’un marché donné est élevé, plus la
est répartie entre les citoyens chacune des trois production est concentrée entre un petit nombre
dimensions de l’indice de développement humain d’entreprises. Il est minimal lorsque toutes les entités
(revenu par habitant, longévité, éducation). Si un ont le même poids. Il est maximal lorsqu’une seule
pays est parfaitement égalitaire, l’IDH et l’IDHI entité concentre toute la production : il vaut alors 1.
sont égaux. Une forte inégalité se traduit par un Cet indice permet de repérer les secteurs dominés par
IDHI fortement inférieur à l’IDH. des entités de grande taille, car il accentue mécani-
Ü Économie du développement, Économie et écologie, quement les inégalités mesurées par l’indice de Gini.
Mondialisation Ü Marchés et prix
Accomplissements, Capabilités, Courbe de concen Courbe de concentration, Marché contestable, Modèle
tration, Courbe de Kuznets, Équité, Développement SCP, Politique de la concurrence
durable, Indice de pauvreté multidimensionnelle
(IPM), Indice des inégalités de genre (IIG), Objec
tifs du développement durable (ODD), Objectifs du Indice de pauvreté
Millénaire pour le développement (OMD) multidimensionnelle (IPM)
Selon le Programme des Nations unies pour le
Indice de durabilité développement (PNUD), l’indice de pauvreté mul-
tidimensionnelle (IPM) est un indice synthétique
environnementale
qui reflète les « déprivations multiples dont souffre
(Environnemental Sustainability Index) chaque individu, sur le plan de l’éducation, de la
L’indice de durabilité environnementale mesure santé et du niveau de vie ». Cet indice est construit
la trajectoire à long terme d’un pays en matière à partir d’enquêtes auprès des ménages.
d’environnement. Il intègre des valeurs relatives À L’indice de pauvreté multidimensionnelle s’est
aux ressources naturelles, au contrôle des pollu- substitué à l’indicateur de pauvreté humaine (IPH)
tions et au degré de dégradation de l’écosystème. depuis la publication du rapport 2011 du PNUD.
Il rend également compte des politiques environ- Ü Économie du développement
nementales en cours et des capacités d’une société Accomplissements, Capabilités, Coûts de l’homme,
à enrayer les tendances négatives. Il est calculé à Développement durable, Indice de développement
partir d’une liste de 76 variables de base intégrées humain (IDH), Indice de développement humain
à 21 indicateurs intermédiaires. Les 21 indicateurs ajusté aux inégalités (IDHI), Indice des inégalités
pris en compte sont notamment la qualité de l’air de genre (IDIG), Nouveaux indicateurs de richesse,
et de l’eau, la biodiversité, l’artificialisation du Objectifs du développement durable (ODD), Objec
territoire, les contraintes sur les écosystèmes, les
tifs du Millénaire pour le développement (OMD),
déchets, la gestion des ressources naturelles, la poli-
Pauvreté, Richesse, Taux de pauvreté
tique de l’environnement, etc.
Ü Économie et écologie
Capital naturel, Courbe de Kuznets environnemen Indice de performance
tale, Développement durable, Équation de Kaya,
Indice de performance environnementale (IPE), environnementale (IPE)
Paradoxe de Jevons, Rareté L’indice de performance environnementale (Envi
ronmental Performance Index, EPI) mesure l’effica-
cité des politiques environnementales d’un pays à un
Indice de Gini moment donné en regard d’objectifs nationaux ou
Courbe de concentration internationaux. Il est basé sur une liste de 16 indi-
cateurs, reliés à chacune des six politiques publiques
relatives aux thèmes suivants : qualité de l’air, res-
Indice de Herfindhal-Hirschman sources en eau, ressources naturelles, énergies renou-
L’indice de Herfindahl-Hirschman est un indi- velables, biodiversité, santé et environnement.
cateur servant à mesurer la concentration des Pour rendre les 16 indicateurs comparables, cha-
entreprises sur un marché. cun est converti en une valeur relative à la cible,
Il se calcule en additionnant les carrés des parts avec une échelle comprise entre 0 et 100. Les scores
de marché de toutes les entreprises du secteur. obtenus sont ensuite agrégés avec un système de
Lorsque, par exemple, sur un marché comptant pondération, le résultat final étant une note sur 100.
cinq entreprises, chacune d’elles détient une part de Ü Économie et écologie
marché de 20 %, l’IHH est alors égal à : Capital naturel, Courbe de Kuznets environnemen
0,04 + 0,04 + 0,04 + 0,04 + 0,04 = 0,2. tale, Développement durable, Équation de Kaya,
338
Indice des prix
339
Indice élémentaire
340
Industrie
À L’épistémologie contemporaine a formulé de étaient importés. Sur le principe, cette stratégie per-
nombreuses critiques à l’encontre de l’inducti- met d’économiser les devises, de réduire la dépen-
visme, notamment à partir de l’argument selon dance du pays par rapport aux importations et de
lequel aucune expérience et aucune observation ne renforcer le potentiel productif national. Elle s’ins-
peuvent être conçues sans une théorie préalable. crit la plupart du temps dans une logique de remon-
Ü Épistémologie économique tée de filière, c’est-à-dire que les productions locales
Empirisme, Hypothèse, Rationalisme, Réfutation doivent d’abord concerner les biens de consomma-
nisme, Théorie économique tion (industrie légère), puis se tourner vers la pro-
duction de biens intermédiaires et enfin de biens
d’équipement. Par ailleurs, la mise en place d’une
Industrialisation stratégie de substitution d’importation nécessite
Le terme industrialisation peut désigner : presque mécaniquement des mesures protection-
––un processus par lequel s’accroît le poids des nistes pour protéger l’industrie « dans l’enfance ».
secteurs industriels dans l’économie. On peut parler Ü Économie du développement
de l’industrialisation d’une région, d’une économie Convergence économique, Développement autocen
nationale ou d’une zone de l’économie mondiale ; tré, Développement extraverti, Industrialisation par
––l’augmentation de l’importance relative du promotion des exportations, Pays émergent, Pôles de
capital technique dans l’activité de production croissance, Pôles de développement, Protectionnisme,
d’un bien ou d’un service. On parlera alors d’in- Protectionnisme éducateur, Sous-développement
dustrialisation de l’agriculture ou des services.
À Le processus historique d’industrialisation de
certaines zones géographiques depuis la fin du Industrialisation
xviie siècle est souvent qualifié de révolution par substitution d’exportations
industrielle. Industrialisation par promotion des exportations
Ü Économie du développement, Entreprises et système
productif, Productivité
Désindustrialisation, Déversement, Industrialisation Industrie
par promotion des exportations, Industrie, Industries L’industrie est l’ensemble des activités qui assurent la
industrialisantes, Loi des trois secteurs, Nouveaux pays transformation des matières premières (ou produits
industriels (NPI), Pôles de développement, Politique semi-finis) en biens (produits semi-finis ou finis).
industrielle, Système productif, Tertiarisation
On distingue :
– l’industrie manufacturière (biens intermé-
Industrialisation diaires, biens d’équipements professionnels, biens
d’équipements ménagers, automobile et transport
par promotion des exportations terrestre, biens de consommation courante) ;
L’industrialisation par promotion des exportations – les industries agricoles, alimentaires ;
est une stratégie de développement qui consiste à – l’énergie ;
développer les exportations du pays par diverses – le bâtiment et les travaux publics.
mesures (subventions, avantages fiscaux, etc.). Certaines études du système productif portent
Généralement, l’expression promotion des sur les seules industries manufacturières ; d’autres
exportations est réservée aux pays en développe- adoptent une conception plus large.
ment qui choisissent un développement extraverti, À Le mot industrie est souvent utilisé de façon ambi-
de préférence à une politique plus autocentrée de guë : on parle ainsi de l’industrie touristique alors
substitution des importations, qui cherche à ren- que le tourisme fait partie des services.
forcer le tissu productif national. À Dans un sens utilisé au xviiie et xixe siècles, l’in-
Ü Économie du développement dustrie désigne l’ensemble des activités humaines
Développement autocentré, Industrialisation par subs qui concourent à la production et la circulation des
titution d’importations (ISI), Industries industriali biens et services. Par exemple, J.-B. Say (1763-
santes, Pôles de croissance, Pôles de développement 1832) distinguait « l’industrie agricole, l’industrie
manufacturière et l’industrie commerciale » (Traité
d’économie politique, 1803).
Industrialisation Ü Entreprises et système productif
par substitution d’importations (ISI) Déversement, Industrialisation, Industrialisation par
L’industrialisation par substitution d’importations promotion des exportations, Industries industriali
est une stratégie de développement qui consiste à santes, Loi des trois secteurs, Politique industrielle,
produire localement des biens qui, précédemment, Secteur d’activité
341
Industries industrialisantes
342
Inflation sous-jacente (core CPI)
343
Inflation targeting
Inflation targeting
Cible d’inflation Infrastructure
Dans la théorie marxiste, l’infrastructure est la
base économique d’un mode de production,
Information c’est-à-dire la combinaison de forces productives
Pour un agent économique, l’information est un et des rapports de production.
renseignement jugé pertinent qu’il peut utiliser Formation économique et sociale, Superstructure
privativement pour améliorer sa situation (rente
informationnelle pour un spéculateur par exemple).
L’information a aussi des caractéristiques de bien Initiative de Chiang Mai
collectif dans le fonctionnement d’une écono- L’initiative de Chiang Mai est prise en mai 2000 par
mie en créant des externalités positives quand le la Chine, le Japon, la Corée du Sud et les 10 pays
système de prix divulgue gratuitement une infor- membres de l’ASEAN (l’ASEAN+3) réunis à Chiang
mation fiable aux agents économiques. Le prix Mai en Thaïlande. Il s’agit d’une série d’accords bila-
d’un produit ou d’un service est une information téraux de swap conclus entre les banques centrales de
capitale dans une économie de marché pour que le ces pays dont l’objectif est de mutualiser les réserves
consommateur et le producteur puissent faire des de change pour faire face au risque de départ brutal
choix en toute connaissance de cause. L’information des capitaux (sudden stop). Adoptée au lendemain de
sur les technologies existantes est aussi essentielle la crise financière asiatique de 1997, l’initiative de
pour le producteur. Sur les marchés financiers, les Chiang Mai est un exemple de régionalisme finan-
institutions financières doivent pouvoir distinguer cier. Elle témoigne de la volonté de ces pays de ne
les emprunteurs solvables des autres. Pour les pou- plus dépendre du Fonds monétaire international
voirs publics, l’information est aussi déterminante (FMI). En 2012, cette initiative s’est accompagnée
pour orienter la politique économique (politique de la création d’un système de surveillance multila-
conjoncturelle, politique budgétaire, politique térale des politiques macroéconomiques.
monétaire, politique structurelle, etc.). Ü Finances internationales, Intégration économique
Dans le modèle de concurrence pure et parfaite, Stabilité financière
la transparence de l’information est une condition de
l’efficience des marchés. Un commissaire-priseur
délivre à tous une information sans frais dans le Innovation
modèle d’équilibre général walrasien. Les défenseurs L’innovation peut se définir comme une nouvelle
de la planification économique socialiste, notam- combinaison des facteurs dans la fonction de pro-
ment O. Lange (1904-1965), font l’hypothèse que duction. Elle se traduit selon la classification de
le planificateur peut se substituer avec efficience J. A. Schumpeter (1883-1950) par :
au commissaire-priseur. Mais cette hypothèse ––de nouvelles techniques de production (inno-
est contestée par l’École autrichienne qui souligne vation de procédés) ;
le caractère inévitablement imparfait des connais- ––de nouveaux biens destinés à la clientèle (inno-
sances humaines dans un monde soumis à l’erreur, vation de produits) ;
à l’opportunisme, à l’intelligence des hommes. Un ––de nouvelles sources de matières premières ;
processus permanent décentralisé d’acquisition et de ––de nouveaux débouchés économiques (nou-
communication de l’information est nécessaire (c’est veaux moyens de transport, nouvelle méthode de
le rôle du marché où chaque agent économique est distribution),
un réducteur d’ignorance). Les situations d’asymé- ––de nouvelles formes de gestion des entreprises,
trie d’information et leurs conséquences sur l’éco- par exemple des formes de concentration nouvelles
nomie sont au cœur de l’économie de l’information. (l’émergence de trusts) ou de délocalisation, etc.
Ü Comptabilité nationale, Entreprises et système Selon J. A. Schumpeter, la dynamique de l’innova-
productif, Épistémologie économique, Marchés et prix, tion résulte au niveau microéconomique de l’activité
Politique économique de l’entrepreneur qui reçoit en contrepartie un pro-
Aléa moral, Anticipations, Économie de l’informa fit lié la prise de risque et à sa fonction de direction.
tion, Économie de la connaissance, Fonction para Au niveau macroéconomique, l’innovation
métrique des prix, Homo œconomicus, Incertitude, détourne des facteurs de production de leur
344
Institution
emploi habituel et conduit à un processus de des- fiables et basiques, aux fonctionnalités essentielles
truction créatrice. La dimension discontinue des (exemple de la Dacia Logan). Ce modèle d’inno-
innovations (grappe d’innovations) donne à la vation est aussi adapté lorsque les marchés sont
croissance économique une allure cyclique d’au- proches de la saturation où le prix est déterminant.
tant plus marquée que l’innovation est plus impor- L’innovation frugale repose également sur l’idée
tante et qu’elle conduit à une expansion monétaire que les entreprises doivent mettre en adéquation
cumulative à base de crédit. les ressources disponibles avec la consommation qui
À L’innovation doit être différenciée de l’invention. tend à devenir de plus en plus éthique et responsable.
L’innovation est la mise en valeur économique de L’innovation frugale peut ainsi être en adéquation
l’invention. avec la responsabilité sociale des entreprises (RSE).
Ü Croissance économique, Fluctuations et crises écono À Les partisans de l’innovation frugale considèrent
miques qu’elle peut favoriser, voire relancer la croissance
Concurrence, Concurrence monopolistique, Cycle économique, car elle est moins coûteuse et rend
Juglar, Cycle Kitchin, Cycle Kondratiev, Progrès tech possible l’élargissement de nombreux marchés.
nique, Révolution industrielle Ü Économie du développement
Décroissance, Économie de variété, Soutenabilité faible
Innovations financières
Une innovation financière est la création d’un Insiders/outsiders (théorie)
produit financier, d’un service financier ou d’un Dans la théorie des « insiders/outsiders », développée
marché financier qui n’existait pas jusque-là. Les par A. Lindbeck et D. Snower (The Insider-Outsider
innovations financières concernent notamment : Theory of Employment and Unemployment, 1988), les
––l’utilisation des nouvelles technologies de insiders sont les salariés de l’entreprise et les out
l’information et de la communication (traitement siders sont les chômeurs candidats à l’embauche. Le
informatique des opérations et des règlements, modèle insiders/outsiders cherche à rendre compte
etc.) qui favorise l’intégration et l’interconnexion de la persistance du chômage du fait d’un taux de
des marchés ; salaire plus élevé que son niveau d’équilibre alors
––la mise en place de produits financiers nou- que les outsiders sont prêts à accepter un salaire plus
veaux (options, produits dérivés, etc.) qui per- bas pour être embauchés.
mettent aux agents économiques de se couvrir Le modèle met en avant l’existence de coûts
contre les risques et de diversifier la composition de rotation de la main-d’œuvre. Les insiders ont
de leur portefeuille ; une productivité plus élevée, et donc des salaires
––la création de marchés nouveaux (par exemple également plus élevés, du fait de leur ancienneté et
le MATIF et le MONEP en France) qui favorisent de leur connaissance de l’entreprise (effets d’ap-
la rencontre entre les agents à capacité de finance- prentissage). Ils relèvent du marché primaire du
ment et les agents à besoin de financement. travail et leur pouvoir de marché est élevé et leur
Ü Finances internationales, Monnaie remplacement par des outsiders exige des dépenses
de formation, un délai d’apprentissage, etc.
Il est alors rationnel pour l’entreprise de verser
Innovation frugale aux insiders des salaires plus élevés que leur produc-
L’innovation frugale désigne une innovation consis- tivité marginale afin de les inciter à rester dans l’en-
tant à mettre sur le marché un produit nouveau, treprise. Un taux de salaire élevé persiste alors que
dépourvu de sophistication et de superflu (d’où la fru- des outsiders ont des exigences salariales plus faibles.
galité), et réalisé à un coût de production faible, ce Ü Marché du travail, emploi et chômage
qui ne signifie pas que le produit réalisé est de moindre Nouvelle école keynésienne (NEK), Nouvelle microéco
qualité. La mise sur le marché d’un tel produit est ren- nomie, Théorie de la segmentation du marché du travail
due possible parce que sa mise au point utilise le stock
de connaissances existant. Par ailleurs, l’innovation fru-
gale est basée sur des technologies low tech, nécessitant Institution
des dépenses de recherche-développement contenues. Selon C. Ménard, une institution est « un ensemble
Les produits issus des innovations frugales sont de règles socio-historiques, mises en place dans des
bien adaptés à des populations des pays en dévelop- conditions historiques, sur lesquelles les individus
pement ne disposant pas d’un pouvoir d’achat suf- ou les groupes d’individus n’ont guère de prise,
fisant pour accéder aux produits sophistiqués. Mais pour l’essentiel, dans le court et le moyen terme. Du
sont aussi concernés les pays avancés où une par- point de vue économique, ces règles visent à définir
tie des consommateurs se tourne vers ces produits les conditions dans lesquelles les choix, individuels
345
Institutionnalisation du marché
ou collectifs, d’allocation et d’utilisation des res- d’analyse, qui trouve son origine dans l’École his-
sources pourront s’effectuer ». Pour D. North torique allemande, s’est développé aux États-Unis
(1920-2015, prix Nobel 1993), « les institutions à la fin du xixe siècle et au début du xxe. Les auteurs
sont des contraintes établies par les hommes qui marquants en sont Th. Veblen (1857-1929),
structurent les interactions humaines ». J. R. Commons (1862-1945) et W. C. Mitchell
Les institutions sont un cadre contraignant (1874-1948). Pour ces auteurs, une institution
(normes, valeurs, pratiques, etc.) à l’intérieur est un ensemble de « coutumes cristallisées », de
duquel les individus et les groupes interagissent. règles (juridiques ou non), de routines. Les insti-
Il ne faut donc pas confondre les institutions avec tutionnalistes contestent la démarche déductive
les mécanismes de coordination (marchés, hié- et abstraite de l’économie orthodoxe, mais ils se
rarchie, coopération) qui fonctionnent au sein montrent plus soucieux de construction théorique
d’un cadre institutionnel déterminé. que les membres de l’École historique allemande.
À Les marchés constituent une procédure de coordi- Ils se sont intéressés aux pratiques de consomma-
nation qui ne peut fonctionner que dans un cadre tion (concept de consommation ostentatoire de
institutionnel : relations de confiance, normes juri- Veblen), à l’évolution économique, à la monnaie
diques, tribunaux, etc. comme institution, aux crises, à l’entreprise, à
À Pour certains économistes (notamment les pre- l’intervention réformatrice de l’État (selon Com-
miers néoclassiques), les institutions doivent être mons, il faut « sauver le capitalisme en le rendant
considérées comme un cadre donné, elles ne font meilleur »).
pas l’objet d’une analyse économique mais relèvent À Plus récemment, une approche néo-institution-
de la sociologie et de l’histoire. Pour d’autres éco- nelle a été développée et intégrée dans le courant
nomistes (marxistes, régulationnistes, institution- dominant de l’analyse économique par R. Coase
nalistes, néo-institutionnalistes, etc.) au contraire, (1910-2013, prix Nobel 1991), O. Williamson
les institutions sont essentielles au fonctionnement (prix Nobel 2009), par D. North (1920-2015, prix
de l’économie et elles sont un objet d’étude impor- Nobel 1993) et R. Fogel (1926-2013, prix Nobel
tant pour la science économique. 1993) et par D. Acemoglu.
Économie des conventions, Forme institutionnelle,
Ü Épistémologie économique
Institutionnalisation du marché, Institutionnalisme,
Coordination, Économie des conventions, Hiérarchie,
Néo-institutionnalisme, Normes sociales, Organisa
Institutionnalisation du marché, Néo-institutionna
tion, Règle, Système économique
lisme
346
Institutions marchandes
347
Institutions sans but lucratif au service des ménages (ISBLSM)
Institutions sans but lucratif 3. le Marché commun qui organise en plus la
au service des ménages (ISBLSM) mobilité des facteurs de production (libre circula-
tion des hommes et des capitaux) ;
Dans la comptabilité nationale, les institutions
4. l’Union économique qui complète le marché
sans but lucratif au service des ménages (ISBLSM)
commun par une harmonisation des politiques
sont des unités privées (dotées de la personnalité
économiques des pays membres ;
juridique) qui produisent des biens et services non
5. l’Union économique et monétaire (UEM)
marchands au profit des ménages. Leurs ressources
qui ajoute une monnaie commune ou unique.
principales proviennent de contributions volon-
C’est la voie choisie par l’Union européenne qui
taires effectuées par les ménages et de versements
peut apparaître comme une suite logique d’appro-
provenant des administrations publiques (sub-
fondissements successifs depuis le Traité de Rome
ventions).
jusqu’à la création d’une monnaie unique.
Ü Comptabilité nationale
Économie sociale, Secteur institutionnel L’intégration économique peut être une fin en soi
ou une étape vers une intégration politique régionale.
Ü Commerce international, Monnaie
Intégration économique Avantages comparatifs, Fédéralisme, Intégration pro
fonde, Intégration superficielle, Optimum de second
L’intégration économique est un processus qui
rang, Zollverein
conduit plusieurs économies distinctes à former un
seul espace économique. Les processus d’intégra-
tion diffèrent selon les modalités : Intégration financière
– à partir des mécanismes de marché comme
dans la CEE puis dans l’Union européenne (UE), internationale
ou à partir d’une planification (comme ce fut le cas L’intégration financière internationale désigne un
au sein du bloc soviétique) ; processus par lequel les multiples espaces financiers
– dans le cadre des économies de marché, on tendent à n’en former qu’un seul. L’approfondisse-
différencie d’une part l’intégration par le libre- ment de l’intégration financière internationale est
échange et le multilatéralisme qui conduit théo- lié à la libéralisation financière à l’œuvre depuis les
riquement à la constitution d’un espace mondial années 1980 (3 « D ») et la liberté de circulation inter-
homogène et, d’autre part, l’intégration par des nationale des capitaux et à l’intégration du marché
accords régionaux, ou des accords bilatéraux des changes. Les mécanismes essentiels de l’intégra-
(régionalisme commercial). tion financière internationale passent par l’essor des
Il existe des degrés différents dans l’intégration. marchés de capitaux (marché d’actions, marchés
B. Balassa (1928-1991) (The Theory of Economic obligataires, marché des changes) et de l’activité des
Integration, 1961) en distingue cinq : banques liée à ces marchés. Les progrès techniques
1. la zone de libre-échange où les nations réalisés dans les nouvelles technologies de l’informa-
conservent des barrières nationales particulières tion et de la communication ont facilité et accéléré
dans les échanges avec le monde extérieur à la zone ; le processus d’intégration financière internationale.
2. l’Union douanière qui s’accompagne, de Ü Finances internationales
plus, d’un tarif extérieur commun ; Globalisation financière
Intégration économique
L’intégration économique est un processus s’exerce directement au niveau mondial par
qui conduit plusieurs économies au départ l’instauration d’un libre-échange multilaté-
distinctes à former un seul espace écono- ral suffit à la constitution progressive d’un
mique. La mise en place de blocs com- espace mondial homogène au sein duquel
merciaux régionaux est une tendance de l’activité économique maximise l’avantage
l’évolution de l’économie mondiale. collectif. Cependant, l’intégration écono-
L’Accord général sur les tarifs et le com- mique n’étant pas encore réalisée, l’OMC
merce (AGETAC ou GATT) puis l’Organisa- accepte l’existence d’accords d’intégration
tion mondiale du commerce (OMC) reposent régionale dès lors que ces derniers consti-
sur l’idée que le jeu de la concurrence qui tuent des optimums de second rang.
348
Intégration économique
Les accords commerciaux bilatéraux et régio- entre les pays par des mécanismes de sta-
naux ou régionalisme commercial peuvent bilisation appropriés (par exemple, à travers
être la conséquence d’un processus de régio- la mise en œuvre d’une politique monétaire
nalisation des échanges. Ils s’établissent alors non conventionnelle, la création de l’union
sur une base géographique (par exemple, la bancaire et le renforcement du fédéralisme
Communauté économique européenne, puis budgétaire) ;
l’Union européenne – UE) tout en étant en géné- – le principe de subsidiarité ;
ral compatible avec le libre-échange et le multi- – le principe de cohérence concerne l’arti-
latéralisme. Les accords commerciaux peuvent culation des réglementations régionales avec
s’élargir à d’autres zones géographiques et (ou) les règles multilatérales de libre-échange.
évoluer vers une intégration profonde. La classi-
fication traditionnelle de B. Balassa (1928-1991, Le processus d’intégration
The Theory of Economic Integration, 1961) dis- économique : aperçu historique
tingue cinq degrés d’intégration économique
Le processus d’intégration économique se
régionale : manifeste dès le xixe siècle avec la mise
– la zone de libre-échange ; en place en Allemagne du Zoolverein en
– l’Union douanière ; 1834, puis d’une monnaie unique et enfin
– le Marché commun ; d’une intégration politique (Empire alle-
– l’Union économique ; mand). Aux États-Unis, l’intégration poli-
– l’Union économique et monétaire (UEM). tique précède l’intégration économique
L’intégration économique européenne ini- et monétaire. Enfin, certains États signent
tiée par le traité de Rome est conçue comme des accords bilatéraux afin de favoriser
une suite d’approfondissements jusqu’à la les échanges commerciaux (traité de com-
création d’une monnaie unique (1999) et, à merce franco-anglais de 1860). Cependant,
terme, à une union politique. à partir de la Grande Dépression (1875-
Ce processus d’intégration visant à instau- 1895) le repli de chaque grande puissance
rer un fédéralisme croissant, repose sur un sur son espace colonial manifeste une
certain nombre de principes : logique protectionniste qui se renforce pen-
– le principe de cohésion, par exemple, des dant l’entre-deux-guerres (« politique des
normes communes (harmonisation statistique égoïsmes sacrés »).
et réglementation commune), des orientations Au sortir de la Seconde Guerre mondiale,
(comme la Stratégie de Lisbonne et Europe les responsables des grandes puissances occi-
2020) et Fonds de cohésion (notamment les dentales, persuadés que le protectionnisme
fonds structurels européens : Fonds européen a grandement contribué à la dépression des
de développement, Fonds européen de déve- années 1930, s’efforcent de mettre en place
loppement régional) pour corriger les inéga- un ordre commercial multilatéral qui s’orga-
lités entre les différentes régions de l’Union, nise au sein de l’AGETAC. Alors que l’URSS
notamment du point de vue de la compétiti- s’efforce de mettre en place une intégration
vité et de l’emploi ; par la planification dans sa zone d’influence,
– le principe de différenciation, complé- le Traité de Rome apparaît aux États-Unis
mentaire du principe précédent, vise à adap- comme une remise en cause du multilaté-
ter la réglementation et les réformes au sein ralisme. Ce contexte favorable aux unions
de l’espace intégré selon les différences de régionales va conduire les États-Unis à agir
niveau de vie des pays membres ; en faveur d’une accélération de l’intégration
– le principe de coopération cherche à favo- mondiale par des accords de réduction des
riser les convergences d’intérêts entre les pays droits de douane puis la création de l’OMC.
dans des secteurs où existent de fortes exter- Cependant, les difficultés croissantes de
nalités (par exemple à travers les programmes l’intégration multilatérale, l’échec de plu-
du Fonds européen d’investissement) ; sieurs conférences de l’OMC, conduisent à
– le principe de stabilisation vise à sur- une multiplication des accords régionaux
monter tout choc asymétrique ou symétrique sur les divers continents. Dans le même
349
Intégration économique
temps, des efforts sont faits pour assurer une des obstacles à l’échange entre pays membres.
meilleure coordination des politiques écono- Elle peut entraîner des détournements de tra-
miques au niveau mondial (mise en place du fic ou des créations de trafic. Pour qu’une
G20 en 1999 et son renforcement en 2008). union douanière soit un optimum de second
rang, les effets de création de trafic doivent
Les théories de l’intégration l’emporter sur les détournements de trafic. Si
les effets d’une union douanière sont a priori
L’approche classique et néoclassique : indéterminés, certains facteurs la rendent
intégration par le marché et optimum d’autant plus avantageuse que :
Selon la vision classique de la théorie des – le niveau initial des droits de douane
avantages absolus et des avantages compa- est élevé (possibilités de création de trafic
ratifs, le libre-échange doit être multilatéral par la réduction de la protection tarifaire) ;
pour produire des effets positifs en favorisant – le tarif extérieur commun est bas (diminu-
l’extension des marchés, la concurrence tion des risques de détournement de trafic) ;
et la division du travail. Pour les auteurs – les coûts de transport sont faibles (forts
classiques, les accords bilatéraux sont sus- gains de l’intégration) ;
ceptibles de pénaliser un pays tiers plus – la taille de l’union est large (le grand
performant. Dans cette perspective, l’intégra- nombre de participants favorise la création
tion régionale préconisée par F. List, est, elle potentielle de trafic) ;
aussi, critiquée. – la structure de la production des pays
Pour la théorie néoclassique, l’intégration participants est proche (les possibilités de
régionale n’apparaît pas non plus comme un voir se créer de nouvelles spécialisations
processus légitime. Seul le libre-échange mon- sont plus nombreuses) ;
dial peut conduire à un optimum de Pareto – le commerce est déjà plus fort avec
(optimum de premier rang). Les accords régio- les partenaires qu’avec le reste du monde
naux préférentiels ne sont acceptables que (détournement potentiel de trafic faible) ;
si les créations de trafic l’emportent sur les – la circulation des facteurs (hommes et
détournements de trafic. Mais dès lors que capitaux) est élevée dans l’union (la forte
l’on tient compte des différences de taille des concurrence stimule la spécialisation).
nations, l’intégration commerciale peut offrir
des avantages aux petits pays. R. Mundell L’approche dynamique
(International Economics, 1968) montre qu’un des unions douanières
processus d’intégration entre pays pauvres peut D’autres économistes considèrent qu’un
être favorable à la mobilité internationale du processus d’intégration est susceptible de
capital vers ces nations. L’apport de capitaux modifier les conditions de la croissance éco-
étrangers rapproche les dotations en capital et nomique à travers :
en travail des petites et des grandes nations. – la diminution des coûts de transaction
Les unions douanières entre pays pauvres sont qui est favorable à l’extension des marchés
donc susceptibles de créer les conditions d’une (diminution des droits de douane, des délais
compétitivité internationale ultérieure. en douane, harmonisation des normes tech-
niques) ;
La théorie statique des unions douanières – les effets de taille qui permettent la réali-
La théorie des unions douanières élaborée sation d’économies d’échelle. Le mouvement
dans les années 1950 par J. Viner (The Cus- de concentration des entreprises qui accom-
toms Union Issue, 1950) et développée par pagne l’augmentation de la taille critique
J. Tinbergen (Customs Unions: Influence of conduit à d’autres gains de productivité et
their Size on their Effect, 1954), J. Meade (The à des diminutions des coûts de production
Theory of Customs Unions, 1955), T. Scitovsky (effets des seuils techniques, effets d’appren-
(Economic Theory and Western European Inte- tissage, etc.) ;
gration, 1958) approfondit les conditions d’un – l’effet de concurrence peut s’avérer
gain de bien-être. L’union douanière, en ins- bénéfique pour le consommateur si les prix
taurant un tarif extérieur commun, supprime sont plus bas. L’implantation de filiales de
350
Intégration économique
351
Intégration monétaire
352
Intermédiation de marché
353
Intermédiation financière
354
Investissement de productivité
À Il ne faut pas confondre l’investissement avec la Certains économistes et sociologues (L. Théve-
consommation intermédiaire, la consommation not, L. Boltanski, A. Desrosières, O. Favereau…),
effective des ménages ou avec un placement. considérant que le marché n’est pas le seul instru-
Ü Capital et investissement, Croissance économique, Entre ment de régulation sociale, insistent sur le rôle
prises et système productif, Mondialisation, Productivité joué par les « formes » qui peuvent être aussi bien
Anticipation, Désinvestissement, Multiplicateur des objets techniques que des règles, des conven-
d’investissement, Productivité marginale du capital, tions ou des catégories cognitives (nomenclature
Profit, Profitabilité, Progrès technique, Q de Tobin, socioprofessionnelle).
Rentabilité, Taux d’actualisation, Taux d’intérêt, Ainsi les dépenses consenties par une entre-
Valeur ajoutée prise pour aboutir à un accord avec son person-
nel (conventions collectives, règlement intérieur)
lui évitent ultérieurement les inconvénients et les
Investissement autonome coûts liés à une relation instable ou mal définie. De
En macroéconomie, l’investissement autonome même, les dépenses effectuées pour établir et diffu-
est un investissement indépendant des variations ser une nomenclature sont sources à terme de gain
de la demande. Il se distingue donc de l’investis- de temps et de réduction des coûts d’information.
sement induit qui, lui, résulte de la croissance de Ü Capital et investissement
l’activité économique. On range dans l’investisse- Économie des conventions
ment autonome :
– les programmes d’investissements publics contra
cycliques ; Investissement de portefeuille
– les investissements liés aux grands programmes L’investissement de portefeuille désigne un achat
d’équipement à long terme visant à accroître l’effi- d’obligations ou bien un achat d’actions d’une
cacité et la compétitivité de l’économie nationale partie du capital social d’une entreprise qui, selon
ou les investissements stratégiques des entreprises la définition du Fonds monétaire international
privées ; (FMI), « n’a pas en général pour but d’acquérir un
– des investissements liés à la mise en œuvre intérêt durable dans une entreprise ou d’avoir un
de l’innovation (laboratoires de recherche). pouvoir de décision effectif dans la gestion de l’en-
Ü Capital et investissement, Politique économique treprise ».
Keynésianisme, Multiplicateur d’investissement À Ne pas confondre l’investissement de portefeuille
(flux) avec un portefeuille de titres (stock).
À L’investissement de portefeuille répond en général
Investissement de capacité à des motifs de placement. Mais le seuil permet-
L’investissement de capacité est un investissement tant de le distinguer de l’investissement direct est
qui permet d’accroître la capacité de production conventionnel. Pour les comparaisons internatio-
(par exemple construction de nouvelles unités de nales, le seuil adopté par le FMI est une prise de
production). Il conduit le plus souvent à des créa- participation inférieure à 10 % du capital social
tions d’emplois. d’une entreprise.
À L’opposition entre les investissements de capacité Ü Capital et investissement, Finances internationales
et les investissements de productivité doit être Balance des paiements, Financiarisation, Investisse
nuancée puisque les investissements de capacité ment direct, Investisseur institutionnel, Spéculation
s’accompagnent en général d’un rajeunissement
et d’une modernisation de l’outil de production
conduisant à des gains de productivité. Investissement de productivité
Ü Capital et investissement L’investissement de productivité est un investisse-
Accélérateur, Coefficient de capital, Investissement de ment qui a pour objectif une réduction des coûts
productivité, Investissement de remplacement de production pour une capacité inchangée. En
font partie tous les investissements qui ont pour
but d’optimiser l’utilisation des facteurs de pro-
Investissement de forme duction : travail, capital, ressources naturelles.
Le concept d’investissement de forme constitue L’investissement de productivité est donc un
une extension du concept d’investissement. Il investissement de rationalisation et de moderni-
désigne les dépenses qui visent à fixer des formes sation. Il se traduit souvent (mais pas toujours)
sociales assurant des relations stables au sein d’un par des suppressions d’emplois à court terme. À
système ou d’un sous-système économique. long terme, au niveau macroéconomique, il permet
355
Investissement de remplacement
356
IS-LM
la valeur du stock de capital augmente. Elle dimi- seurs institutionnels. Dans le cadre de la muta-
nue lorsque l’investissement net est négatif. tion financière, les investisseurs institutionnels
En comptabilité nationale, l’investissement jouent un rôle de plus en plus important sur les
total est mesuré par la formation brute de capital marchés financiers.
fixe (FBCF) et par convention les investissements Si les ménages placent souvent leur épargne par
de remplacement sont évalués par les amortisse- l’intermédiaire des investisseurs institutionnels plu-
ments. tôt que de gérer directement leurs portefeuilles, c’est
L’investissement net est alors égal à la différence : que les « zinzins » gèrent des capitaux importants ce
FBCF – Amortissements, autrement dit à la for- qui leur permet de diversifier les risques, de col-
mation nette de capital fixe. lecter de l’information et de recruter des experts :
Par convention, on peut en déduire que l’inves- ils réalisent donc des économies d’échelle.
tissement net se décompose en investissements À En toute rigueur, l’emploi du terme « investis-
de capacité et investissements de productivité. seurs » (bien que consacré par l’usage) est impropre,
Ü Capital et investissement les institutions financières concernées ne réalisent
Désinvestissement, Investissement de capacité, Inves pas des investissements mais des placements.
tissement de productivité Ü Finances internationales, Monnaie
Bourse des valeurs, Capitalisme actionnarial, Financia
risation, Gouvernement d’entreprise, Valeurs mobilières
Investisseur
Le terme « investisseur » désigne habituellement un
agent économique qui opère des placements sur Isoquant
les marchés financiers. La prise de position d’un Un isoquant (ou courbe d’isoproduit) est une
investisseur dépend de ses prévisions d’évolution courbe indiquant l’ensemble des combinaisons
du marché. Son comportement peut relever d’une de capital (K) et de travail (L) qui, pour un état
stratégie de spéculation, de couverture de risque donné des techniques, permettent de produire une
ou d’arbitrage pour exploiter les écarts de prix même quantité (Q) de produit.
entre marchés. Il y a une infinité d’isoquants, chacun correspon-
À En économie, le terme « investissement » désigne dant à un niveau de production différent, qui est d’au-
l’acquisition d’un capital productif. En consé- tant plus élevé qu’on s’éloigne de l’origine des axes.
quence, le terme investisseur, bien que consacré
par l’usage, est en toute rigueur impropre puisqu’il
concerne un placement.
Ü Capital et investissement, Consommation et épargne,
Finances internationales
Investissement immatériel, Taux d’investissement
Investisseurs institutionnels
Les investisseurs institutionnels (parfois surnom- Q1
Q0
més « zinzins ») sont des institutions financières 0 L
qui émettent des titres afin de collecter l’épargne
des ménages et de faire des placements finan- Ü Marchés et prix
ciers. Ils contribuent donc à satisfaire les besoins Équilibre du producteur
de financement des entreprises et de l’État. Les
organisations de placement collectif de valeurs
mobilières (OPCVM), les fonds de pension, les IS-LM
compagnies d’assurances, etc. sont des investis- Schéma IS-LM
357
J
Jeux évolutionnaires d’une entreprise par la réduction des gaspillages,
La théorie des jeux évolutionnaires s’est développée en particulier ceux liés à la gestion des différents
dans les années 1980, notamment sur la base des stocks dans les différentes étapes de la production.
travaux de J. M. Smith (1920-2004). Il s’agit d’une Le « juste-à-temps » s’inspire des travaux de l’ingé-
théorie qui analyse les interactions entre des acteurs nieur japonais T. Ohno (1912-1990).
sociaux sans faire l’hypothèse que ces acteurs sont Ü Entreprises et système productif
rationnels. Elle a été utilisée notamment pour étu- Coûts de production, Fordisme, Organisation du tra-
dier la dynamique des populations dans une pers- vail, Taylorisme, Toyotisme
pective qui s’inspire de l’évolutionnisme darwinien.
On appelle état évolutionnairement stable une
situation où, au sein d’une population, l’appa- Juste valeur (évaluation en)
rition d’un mutant perturbe transitoirement la La notion de juste valeur (fair value en anglais) ou
population puis tend à disparaître. La théorie a d’évaluation en juste valeur désigne la valorisation
notamment été utilisée pour expliquer qu’un com- des éléments de l’actif et du passif sur la base de
portement coopératif peut émerger des interactions leur valeur sur le marché financier ou sur la valeur
entre les membres d’une population. Les travaux de de leur coût de remplacement. La juste valeur des
R. Axelrod s’inscrivent dans cette approche spéci- éléments du bilan peut aussi se baser sur la somme
fique de la théorie des jeux. des revenus futurs actualisés.
À On parle aussi parfois de jeux évolutionnistes L’évaluation en juste valeur s’oppose à
Ü Épistémologie économique l’évaluation « au coût historique », utilisée dans les
Coopération, Équilibre de Nash, Rationalité écono- normes comptables françaises, selon laquelle l’actif
mique et le passif restent valorisés dans les comptes à leur
prix à la date d’achat, même si sa valeur de marché
a entre-temps évolué.
Jeux répétés En Europe et en France depuis 2005, l’appli-
Folk theorem, Théorie des jeux cation des normes IFRS (International Financial
Reporting Standards) rend obligatoire l’évaluation
en juste valeur pour l’établissement des bilans
Joint-venture consolidés des sociétés cotées. En France, pour
Co-entreprise les sociétés non cotées, l’application des normes
IFRS ne s’applique pas car elle est optionnelle
et chaque pays peut décider ou pas de mettre en
Juglar (cycle) œuvre ces normes. Cette évaluation est également
Cycle Juglar utilisée dans les informations financières diffusées
au public.
À L’évaluation en juste valeur permet d’améliorer
Junk bond l’information des investisseurs. Mais elle peut aussi
Obligation de pacotille conduire à aggraver l’instabilité des marchés finan-
ciers. En effet, la hausse des cours boursiers fait
augmenter la valeur des titres financiers détenus et
Juste à temps donc de l’actif. Si le bénéfice comptable s’accroît,
Le « juste-à-temps » (just in time) est un mode ainsi que la valeur des fonds propres, les entre-
d’organisation et de gestion de la production dans prises et les banques sont alors incitées à prendre
l’industrie qui cherche à accroître la productivité plus de risques.
358
Justice sociale
À Aujourd’hui, la majorité des actifs financiers éva- productivité marginale, proposée par la théorie
lués à leur juste valeur ne sont pas cotés sur les néoclassique, est conforme à la justice distributive.
marchés financiers. Leur prix est évalué à partir Ü Protection sociale, Revenus
d’un modèle. Inégalités, Justice commutative, Justice corrective
Ü Capital et investissement, Entreprises et système pro-
ductif
Accélérateur financier, Comptabilité d’entreprise, Justice environnementale
Notation La justice environnementale consiste à faire en sorte
que les différents individus ou groupes sociaux soient
en situation d’égalité au regard de l’environnement
Justice commutative et des politiques environnementales.
Pour Aristote, la justice commutative correspond Il s’agit notamment de combattre quatre types
à l’égalité arithmétique (a = a). Par exemple, dans d’inégalités environnementales :
un échange libre, lorsque les deux participants ––les inégalités d’exposition et d’accès, c’est-à-
acceptent d’échanger une certaine quantité du dire le fait que les divers groupes sociaux soient
bien A contre une certaine quantité du bien B, la inégalement exposés aux risques environnemen-
justice commutative est assurée : l’échange se fait taux (bruit, pollutions, etc.) et disposent d’un accès
« à l’équivalent ». La théologie médiévale, lors- inégal aux aménités environnementales (accès aux
qu’elle avance les concepts de « juste prix » et de espaces verts, à des paysages de qualité, etc.) ;
« juste salaire » fait référence à la justice commu- ––les inégalités distributives des politiques envi-
tative. ronnementales, c’est-à-dire le fait que certains
Ü Protection sociale, Revenus groupes supportent un coût plus important que
Justice corrective, Justice distributive, Justice sociale d’autres (fiscalité) ou subissent davantage que
d’autres des contraintes réglementaires ;
––les inégalités d’impact sur l’environnement,
Justice corrective c’est-à-dire que les divers groupes sociaux aient
un impact différent sur l’environnement (les plus
La justice corrective peut s’entendre en deux sens :
riches consomment plus d’énergie, utilisent plus
––d’une part le terme peut désigner le fait que la
d’espace, etc.) ;
puissance publique assure le respect par tous des
––les inégalités de participation à la définition
« règles de juste conduite » et sanctionne les contre- des politiques environnementales.
venants ; Ü Économie et écologie
––d’autre part, le terme peut désigner la redistri- Égalité, Équité, Justice climatique, Justice sociale
bution organisée par l’État lorsqu’on considère que
la répartition des revenus (et/ou des patrimoines)
qui découlent des mécanismes de marché n’est pas Justice sociale
conforme à tel ou tel principe de justice adopté par Selon Aristote, « tous les hommes sont d’avis que
les pouvoirs publics. Les minima sociaux relèvent le juste consiste dans une certaine égalité ». Toute
de la justice corrective. la question est de savoir de quelle égalité il s’agit :
Ü Protection sociale, Revenus égalité devant la loi ? Égalité des chances ? Égalité
Égalité, État-providence, Équité, Inégalités, Justice des situations ? Égalité des patrimoines ou des
commutative, Justice distributive revenus ? Il existe donc divers « principes de
justice » au regard desquels telle ou telle situation
sera jugée socialement juste ou injuste.
Justice distributive À J. M. Keynes, par exemple, considérait que si une
La justice distributive correspond chez Aristote à certaine inégalité est inévitable et sans doute utile
l’égalité proportionnelle, c’est-à-dire que chaque (comme incitation à l’effort), la situation qu’il
individu a droit à une rémunération qui est pro- observait à son époque était caractérisée par une
portionnelle à sa contribution à la production. inégalité excessive : la justice sociale impliquait
Par exemple, à qualification égale, un individu donc, de ce point de vue, de réduire les inégalités
qui travaille huit heures a droit à un salaire deux (Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la mon-
fois plus élevé qu’un individu qui travaille quatre naie, 1936).
heures. De même, la revendication : « à travail À La Théorie de la justice de J. Rawls (1971) propose une
égal salaire égal » (qui implique « à travail inégal, théorie de la « justice comme équité », qui s’efforce
salaire inégal ») relève de la justice distributive. La d’être compatible avec la pluralité des conceptions du
rémunération des facteurs de production à leur bien, à partir de deux principes de justice :
359
Justice sociale
––les individus doivent bénéficier d’un droit égal À Pour A. Sen (prix Nobel 1998), la justice sociale
pour tous aux libertés de base (liberté d’expression, doit viser à l’égalité des capabilités. En effet, l’éga-
liberté d’aller et de venir, liberté religieuse, etc.) ; lité des revenus n’assure pas l’égalité de l’accès aux
––les inégalités sociales doivent être attachées à biens et aux libertés entre des individus qui ont
des positions ouvertes à tous dans des conditions de des caractéristiques différentes. Par exemple, il ne
serait pas conforme à la justice sociale d’attribuer le
« juste égalité des chances » et ces inégalités doivent
même revenu à un individu valide et à un individu
être au plus grand avantage des membres les plus handicapé car ils n’auraient pas les mêmes capabi-
défavorisés de la société. lités.
À Pour F. Hayek, au contraire, l’idée de justice sociale Ü Protection sociale, Revenus
est vide de sens et constitue un mirage (Le mirage Accomplissements, Justice commutative, Justice
de la justice sociale, 1976). corrective, Justice distributive
360
K
Keynésianisme Kondratiev (cycle)
Le terme keynésianisme désigne les idées de Cycle Kondratiev
J. M. Keynes. Dans d’autres cas il désigne les ana-
lyses de la première synthèse néo-classique dont
la conformité aux idées de Keynes est controversée. Krach
Enfin, le terme est parfois utilisé pour désigner les On parle de krach pour désigner un effondre-
politiques économiques fondées sur la régulation ment des cours sur un marché (marché boursier,
de la demande globale. Là encore, la conformité
marché immobilier, marché des changes, etc.).
aux idées de Keynes est controversée : si la pen-
sée de Keynes repose sur la théorie de la monnaie On a, par exemple, assisté à un krach boursier en
endogène, il est difficile de mener une politique octobre 1929 à New York. Un krach boursier peut
monétaire discrétionnaire. Le terme « keynésia- conduire à un retournement de la conjoncture ou
nisme » est donc polysémique, il doit être utilisé à une crise financière et économique qui débouche
avec prudence.
sur une récession ou une dépression.
Ü Épistémologie économique
Chômage involontaire, École postkeynésienne, Gap À À la suite d’un krach, la baisse des prix provoque
d’Okun, Loi d’Okun, Schéma IS-LM la plupart du temps une diminution des quanti-
tés demandées et une augmentation des quantités
offertes, contrairement à ce qui se passe habituelle-
Keynésianisme de la synthèse ment sur un marché.
Synthèse néoclassique
Ü Fluctuations et crises économiques
Bourse des valeurs, Crise des subprimes, Crise écono-
Kitchin (cycle) mique, Cycle économique, Cycle Juglar, Cycle Kitchin,
Cycle Kitchin Cycle Kondratief, Déflation par la dette
361
L
Leaning Against the Wind obligations souscrites en général par un fonds de
(Naviguer contre le vent) capital-investissement.
La formule « Leaning Against the Wind » carac L’emprunt sera remboursé par les dividendes
térise une politique monétaire qui anticipe la provenant de la société cible. Un gain fiscal est aussi
survenance des crises en devenant plus restrictive possible avec la déduction des intérêts d’emprunt
dans les périodes d’expansion et d’euphorie, même de l’impôt sur les sociétés. Au bout de quelques
si les agents économiques ne perçoivent pas de années, la société cible est revendue ou introduite
risque inflationniste. Il s’agit de mettre en œuvre en bourse, avec des plus-values éventuelles pour
une politique contracyclique pour éviter l’excès les actionnaires.
d’endettement ou les hausses excessives des prix Les LBO sont controversés : pour certains, ils
des actifs. L’objectif est d’éviter le gonflement de peuvent participer à l’amélioration de la gouver-
bulles spéculatives et la survenance d’une crise nance d’entreprise et du chiffre d’affaires, pour
financière. d’autres, les LBO profitent seulement de l’abon
Ü Finances internationales, Fluctuations et crises écono- dance de liquidités pour réaliser des profits
miques, Monnaie au détriment de l’emploi et des autres parties
Cleaning Up Afterwards, Cycle financier, Hypothèse
prenantes. La crise des subprimes a affaibli leur
d’instabilité financière, Paradoxe de la tranquillité
dynamisme.
Ü Entreprises et système productif, Finances internatio-
Lettre de change nales, Mondialisation
La lettre de change est un titre de créance qui peut Capital risque, Concentration, Globalisation finan-
circuler par endossement et qui sert de support cière, Gouvernance mondiale
à des opérations de crédit.
Par exemple, un industriel A qui livre des marchan
dises à un commerçant B, accepte en contrepartie une Levier
lettre de change au terme de laquelle la banque C Effet de levier
paiera dans 90 jours le montant de la dette de B à
l’égard de A. A est le « bénéficiaire » de la lettre de
change, B est le « tireur » et la banque C est le « tiré ». Libéralisation financière
À Si A souhaite obtenir des liquidités avant l’échéance, La libéralisation financière consiste à modifier
il peut mobiliser sa lettre de change auprès d’une la réglementation applicable aux transactions
banque : c’est une opération d’escompte. financières internationales afin de favoriser la libre
Ü Monnaie circulation des capitaux. Celle-ci est supposée
Effet de commerce, Monétisation de créance, Titrisation
favoriser l’allocation optimale de l’épargne au
niveau mondial. Cette politique qui s’amorce au
Leverage buy out (LBO) milieu des années 1970, se révèle très déstabilisatrice,
Un leverage buy out (LBO) est un montage juridico ce qui a conduit le FMI à recommander, après
financier de rachat d’entreprise par un repreneur la crise des subprimes, un retour à une certaine
qui recourt à un endettement avec un fort effet de règlementation des mouvements internationaux
levier. de capitaux.
Une société holding (les repreneurs) acquiert la Ü Finances internationales
majorité du capital d’une société cible en contrac Globalisation financière, Règle des 3 D, Répression
tant un crédit bancaire et/ou en émettant des financière, Sudden stop
362
Liquidation
363
Liquidation (d’une retraite)
Liquidation (d’une retraite) un « loyer fictif » (ou « loyer imputé ») qui mesure
La liquidation est l’opération consistant à faire le service que le propriétaire se rend à lui-même ou
valoir ses droits à la retraite auprès de sa caisse de encore le revenu qu’il obtiendrait en cas de location
retraite. Ne pas confondre avec la liquidation au de son logement.
sens de faillite. Ü Consommation et épargne
Ü Protection sociale, Revenus Épargne non financière, Patrimoine, Production
Retraite, Redistribution, Revenus de transfert marchande, Production non marchande
Liquidité Loi
La liquidité est la caractéristique d’un actif qui peut Une loi est, selon la formule de Montesquieu, une
être transformé rapidement et sans coût de transac- relation nécessaire qui découle de la nature des
tion en monnaie. La monnaie au sens strict (agrégat choses. On dira qu’une loi est :
monétaire M 1) est donc la liquidité par excellence, – universelle, lorsque la relation qu’elle met en
les autres actifs étant plus ou moins liquides.
évidence entre deux variables est toujours vraie ;
À On parle de la liquidité des banques pour dési
gner leurs disponibilités en monnaie centrale. Une – conditionnelle, lorsqu’elle n’est vraie que dans
banque en situation d’illiquidité est donc conduite certaines conditions. Par exemple, pour K. Marx
à se refinancer, soit sur le marché interbancaire (1818-1883) une loi économique n’est vraie que
soit auprès de la Banque centrale. pour un mode de production donné ;
À On dit qu’un marché est liquide lorsque les opéra – tendancielle, lorsque la relation que l’on for
teurs peuvent réaliser leurs transactions facilement, mule est vraie sur la longue période mais est sus
pour un faible coût de transaction et sans avoir un ceptible de connaître des contre tendances à moyen
trop fort impact sur le prix. Dans la concurrence à terme ou en courte période.
laquelle se livrent les différents marchés financiers, En physique comme en sciences sociales, on for
la liquidité joue un rôle important car les opéra mule surtout aujourd’hui des lois statistiques ou
teurs préfèrent opérer sur des marchés liquides probabilistes du type : « Si l’événement A se pro
puisqu’ils y trouvent facilement une contrepartie. duit, alors, il y a x % de chances que l’événement
Ü Monnaie B se produise. »
Accord de pension, Crise de liquidité, Politique
À Il ne faut pas confondre les lois scientifiques dont
monétaire, Politique monétaire non conventionnelle,
Refinancement bancaire il est question ici et les lois au sens juridique. Les
premières visent à rendre compte de la réalité par
une analyse positive. Les secondes sont des règles
Liquidités internationales édictées par la puissance publique.
Les liquidités internationales sont constituées par Ü Épistémologie économique
l’ensemble des disponibilités (droits de tirages Baisse tendancielle du taux de profit, Loi d’Okun, Loi
spéciaux, monnaies de réserve, crédits internatio de Gresham, Loi de Malthus, Loi de Wagner, Loi de
naux aisément mobilisables…) dont disposent les Walras, Loi des débouchés, Positivisme, Réfutation
banques centrales et les agents privés pour interve
nir sur le marché des changes et pour les banques
centrales, régler le déficit éventuel de la balance Loi anti-trust
des paiements. Une loi anti-trust est une disposition législative qui
Ü Finances internationales interdit les ententes entre firmes dès lors qu’elles
Marché monétaire, Monnaie internationale, Poli- visent à restreindre la concurrence (partage des
tique de change marchés, accord sur les prix, etc.). Il s’agit d’évi
ter que des entreprises indépendantes ou bien
Logement (service de) membres du trust ou du cartel exercent un pou-
Dans la comptabilité nationale, l’usage d’un loge voir de marché trop important. L’un des premiers
ment est un service qui est : exemples de loi anti-trust est le Sherman Act adopté
– marchand si le producteur (le propriétaire) aux États-Unis en 1890.
le loue à un consommateur (l’occupant) le loyer Ü Marchés et prix
mesure le prix de ce service ; Abus de position dominante, Autorité de la concur-
– non marchand si le propriétaire est l’occupant. rence, Concurrence imparfaite, Monopole, Oligopole,
Dans ce cas, le service de logement est évalué par Politique de la concurrence
364
Loi de finances de règlement
Loi d’airain des salaires son taux de croissance potentiel (qui résulterait
La loi d’airain des salaires, formulée par F. Lassalle du plein-emploi des ressources productives).
(1825-1864), un socialiste allemand, affirme que À La loi d’Okun a été formulée par A. Okun (1928-
le taux de salaire a tendance à se fixer au niveau 1980).
du minimum physiologique de subsistance. Cette Ü Croissance économique, Politique économique
loi a été vivement critiquée par K. Marx (1818- Chômage conjoncturel, Cycle de productivité
1883) qui considérait que la loi d’airain des salaires
n’était pas une loi naturelle et que la valeur de la Loi de Baumol
force de travail dépendait des conditions sociales
de production. La loi de Baumol est une loi économique formu
Ü Revenus lée par W. Baumol et W. Bowen (Perfoming Arts:
Exploitation, Loi économique The Economic Dilemma, 1966) qui cherche à rendre
compte de la hausse du coût relatif de certains
services à forte intensité de main-d’œuvre
Loi d’Engel et à faibles gains de productivité.
Le raisonnement considère une économie à deux
La loi d’Engel énonce que : « La part relative des
secteurs, l’un « progressif », à forts gains de produc-
dépenses alimentaires dans la consommation dimi
tivité, l’autre « archaïque » à productivité constante
nue lorsque le revenu augmente. » C’est la seule (spectacles de l’art vivant, éducation, santé). Une
loi qu’E. Engel (1821-1896) ait dégagée. Son étude hausse de la productivité du travail dans le secteur
s’est appuyée sur les budgets de familles ouvrières progressif conduit dans ce secteur à une hausse des
(Les conditions de la production et de la consomma- salaires qui se diffuse à l’ensemble de l’économie
tion du Royaume de Saxe, 1857) en utilisant les du fait de la généralisation des normes salariales. En
données recueillies par E. Ducpetiaux (Les budgets conséquence, les coûts de production augmentent
économiques des classes ouvrières en Belgique, 1855) dans le secteur archaïque. Le taux de croissance de
et de F. Le Play (Les ouvriers européens, 1856). l’économie tend à décliner lorsque la tertiarisation
Par la suite, on a souvent attribué à Engel sous prend de l’importance.
la dénomination de deuxième, troisième et même Ü Croissance économique, Marchés et prix, Productivité
quatrième loi, des résultats qui sont ceux de Effet Balassa Samuelson, Industrialisation, Secteurs
ses continuateurs comme C. Wright qui constatait d’activité, Théorie du déversement
aux États-Unis, en 1875 :
– une « deuxième loi », la part des dépenses
consacrées aux vêtements est à peu près la même Loi de finances (initiale)
quel que soit le revenu ; La loi de finances, couramment appelée budget de
– une « troisième loi », le pourcentage des l’État, est un texte de loi qui prévoit et autorise,
dépenses relatives à l’habitation est invariante quel pour chaque année civile, l’ensemble des recettes et
que soit le revenu ; dépenses de l’État. La loi de finances doit respecter
– une « quatrième loi », la part des dépenses les règles budgétaires.
diverses s’accroît avec le revenu. La loi de finances annuelle regroupe le budget
Si la loi d’Engel a été universellement vérifiée, général de l’État, les budgets annexes et les comptes
les autres résultats se sont révélés plus fragiles. spéciaux du Trésor.
Engel a constaté en 1891 que la diminution du Ü Économie publique
coefficient budgétaire de l’alimentation est moins Déficit budgétaire, Déséquilibre budgétaire, Excédent
importante que prévu lorsque le revenu s’élève : les budgétaire, Impasse budgétaire, Loi de finances rec-
ménages ont tendance à consommer des produits tificative, Loi organique relative aux lois de finances
plus coûteux (effet qualité). (LOLF), Politique budgétaire
Ü Consommation et épargne
Effet d’imitation, Effet de démonstration, Effet revenu,
Élasticité, Élasticité revenu, Loi, Loi économique Loi de finances de règlement
Une loi de finances de règlement, ou loi de règlement
budgétaire, est une loi qui constate a posteriori les
Loi d’Okun résultats financiers de l’année civile et qui approuve
La loi d’Okun établit que le taux de chômage est les différences éventuelles entre les résultats et les
d’autant plus élevé que le gap d’Okun est impor prévisions de la loi de finances initiale, complétée
tant. Ce dernier désigne l’écart entre le taux de éventuellement par une loi de finances rectificative.
croissance effectif (constaté dans l’économie) et Ü Économie publique
365
Loi de finances rectificative
366
Loi de Walras
supérieure, quand l’abondance est réalisée, que l’on grande diversité en matière de dépenses publiques.
peut renoncer à la loi de la valeur. D’autre part, cette loi sous-entend que l’inter
Ü Épistémologie économique vention croissante de l’État dans l’économie (qui
Communisme, Coordination, Égalité, Justice sociale, est une « offre » de biens publics) est liée à une
Prix relatif « demande » d’État de la part des agents écono-
miques. Certains économistes considèrent que le
Loi de Malthus fonctionnement même de l’État conduit à une aug
mentation de l’offre de biens publics alors même
Selon la loi de Malthus (du nom de Th. R. Malthus,
1766-1834), la population tend à s’accroître selon que la demande des agents ne s’accroît pas.
une progression géométrique, alors que les subsis Ü Économie publique, Politique économique
tances s’accroissent selon une progression arithmé École des choix publics, État-providence, Fonction
tique. Les sociétés humaines sont donc menacées d’allocation, Fonction de répartition, Fonction de sta-
en permanence par une tendance à la surpopula bilisation
tion absolue qui est la cause de la pauvreté.
À Malthus est donc conduit à condamner les lois sur
les pauvres qui, en favorisant la natalité, main Loi de Walras
tiennent la pauvreté. La loi de Walras, formulée dans le cadre du modèle
À La thèse de Malthus a été combattue par K. Marx d’équilibre général, indique qu’en situation de
(1818-1883) qui considère que la surpopulation concurrence pure et parfaite, la somme nette
est relative aux exigences du mode de production
des demandes excédentaires est nulle à l’équilibre.
capitaliste et n’a pas un caractère naturel.
Ü Épistémologie économique Autrement dit, la valeur totale de tous les biens
demandés est identique à la valeur totale de tous
École classique, Loi, Lois sur les pauvres
les biens offerts. En effet, si on constate une quan
tité offerte supérieure à la quantité demandée sur
Loi de population un marché, il y aura une quantité demandée supé
Loi de Malthus rieure à la quantité offerte sur un autre marché, de
telle sorte que la somme des demandes excéden
taires est nulle.
Loi de Wagner Il s’agit en fait d’une reformulation de la loi des
Pour A. Wagner (1835-1917), « une portion relative débouchés de J.-B. Say dans le cadre d’une écono-
toujours plus grande et plus importante des besoins mie monétaire. Dans l’analyse de Walras, il faut
collectifs d’un peuple civilisé en progrès se trouve offrir des biens pour se procurer de la monnaie et
satisfaite par l’État » (Finanzwissenschaft, 1883). offrir de la monnaie pour avoir des biens. Consi
Personnalité marquante de ce que l’on a nommé dérant que la monnaie est l’un des biens offerts et
le socialisme de la chaire, cet économiste explique
demandés, la loi de Walras indique que, lorsqu’il
la croissance des dépenses publiques de plusieurs
façons : y a équilibre sur (n − 1) marchés, il y a nécessaire
– le développement économique rend néces ment équilibre sur le énième marché qui est celui
saire l’accroissement des fonctions d’administration de la monnaie. Ce dernier n’est donc pas indépen
publique comme l’adduction et l’épuration des eaux, dant des autres marchés, il n’a pas d’autonomie. La
les transports publics, l’éclairage, la sécurité, etc. loi de Walras a le mérite de rendre parfaitement
– un pays dont le niveau de développement est clair le rôle que doit jouer la monnaie pour que
élevé a des besoins importants dans les domaines la loi des débouchés soit vérifiée : elle n’est qu’un
de l’éducation, de la santé et de la culture ; intermédiaire des échanges et n’est jamais deman
– la croissance économique entraîne dans cer dée pour elle-même, elle est demandée pour être
tains secteurs la création d’oligopoles ou de mono- dépensée immédiatement. Si la monnaie était
poles qui justifient le contrôle de ces entreprises
demandée pour elle-même, par exemple en raison
par l’État. A. Wagner cite le cas des chemins de fer
en Allemagne que seul l’État pouvait financer. de sa qualité de réserve de valeur, il en résulterait
À La loi de Wagner fait l’objet de controverses. D’une une insuffisance de la demande de biens et services
part, de nombreuses enquêtes montrent la fai dans l’économie.
blesse de la corrélation entre le PIB et la part du Ü Épistémologie économique, Marchés et prix, Monnaie
PIB consacrée aux dépenses publiques : un même Échange, Échange marchand, Loi économique, Théo-
niveau de production peut s’accompagner d’une rie néoclassique
367
Loi des débouchés
368
Lois de Gossen
la loi des débouchés n’est vraie que dans une éco- et auxquels sont associés des objectifs précis, défi
nomie de troc (ou si l’on considère que la mon- nis en fonction de finalités d’intérêt général, ainsi
naie est neutre) ; la prétention à l’universalité de la que des résultats attendus et faisant l’objet d’une
loi de R. Malthus (1766-1834) a été contestée par évaluation ».
K. Marx (1818-1883), la loi psychologique fon ––Une action est un élément d’un programme et
damentale de J. M. Keynes (1883-1946) est vraie regroupe des crédits ayant la même finalité.
à un moment donné du temps, mais non pour La LOLF s’inscrit dans une logique de « per
rendre compte d’une évolution historique, etc. formance » : les crédits ne sont plus attribués par
À En toute rigueur, il serait préférable de parler Ministère mais affectés à une action qui s’inscrit
de conjectures plutôt que de lois. Ces conjectures dans un programme. La lisibilité accrue permet
ont une indiscutable portée heuristique, mais elles de vérifier plus facilement que les objectifs fixés
ne peuvent prétendre à une validité universelle. à une politique publique ont été atteints. Par ail
À Pour A. Marshall (1842-1924), toutes les lois leurs, chacune des 34 missions fait l’objet d’un vote
économiques sont tendancielles. par les parlementaires (et non plus seulement les
Ü Épistémologie économique dépenses nouvelles comme antérieurement).
Loi de la valeur, Modèle, Positivisme, Réfutation Ü Économie publique
Déficit public, Dépenses publiques, Dette publique,
Évaluation des politiques publiques
Loi Hawley-Smoot
(Hawley Smoot tariff )
La loi Hawley-Smoot, du nom de deux élus répu Loi psychologique fondamentale
blicains au Congrès américain (Willis Hawley et La loi psychologique fondamentale est un pos-
Reed Smoot), est promulguée le 17 juin 1930 aux tulat formulé par J. M. Keynes (1883-1946) qui
États-Unis. Elle élève les droits de douane (tariff exprime « qu’en moyenne et la plupart du temps,
en anglais) sur un très grand nombre de produits. les hommes tendent à accroître leur consomma
En conséquence, les importations américaines tion à mesure que le revenu croît, mais non d’une
chutent de 45 % entre 1929 et 1939. Cette loi, quantité aussi grande que l’accroissement du
destinée à limiter les effets de la Grande Dépres revenu » (Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt
sion de 1929, est emblématique de la politique et de la monnaie, 1936). Keynes ne donne aucune
des égoïsmes sacrés de l’entre-deux-guerres et de justification empirique à cette loi qui s’appuie
ses conséquences sur l’économie. En représailles, selon lui, sur des données intuitives relatives à la
les principaux partenaires commerciaux ont élevé nature humaine.
leurs propres droits de douane sur les produits en Ü Consommation et épargne, Épistémologie économique
provenance des États-Unis. Effet de cliquet, Effet Veblen, Fonction de consomma-
Ü Commerce international tion, Loi d’Engel, Propension marginale à consommer,
Libre-échange, Organisation mondiale du commerce Propension moyenne à consommer, Revenu perma-
(OMC), Protectionnisme nent, Théorie keynésienne, Théorie monétariste
369
Lois Hartz
370
Longue période
371
M
Macroéconomie Macroprudentiel
La macroéconomie est un domaine de la science Surveillance macroprudentielle
économique qui se consacre à l’étude du fonc-
tionnement d’ensemble du système économique.
Alors que la microéconomie prend pour point de Main invisible
départ le comportement des agents économiques La main invisible est une métaphore d’A. Smith
(le consommateur, le producteur) et analyse la (1723-1790) selon laquelle la poursuite des inté-
rêts individuels et égoïstes conduit à une allocation
coordination de leurs décisions décentralisées, la
des ressources productives optimale dans l’éco-
macroéconomie prend pour point de départ des nomie grâce aux mécanismes de marché. Chaque
agrégats calculés au niveau de l’économie globale individu « ne pense qu’à son propre gain ; en cela
(la production, la consommation, l’épargne, etc.) comme dans beaucoup d’autres cas, il est conduit
et s’efforce de construire des modèles qui rendent par une main invisible à remplir une fin qui n’est
compte des relations entre ces agrégats. nullement dans ses intentions. »
La définition ci-dessus a longtemps été admise Ainsi, la concurrence et la recherche du profit
et on la retrouve encore souvent dans les manuels conduisent les capitalistes à utiliser les facteurs de
de macroéconomie. On a d’ailleurs parlé d’un no production avec efficience. Par ailleurs, la varia-
bridge entre la microéconomie (étudiée dans le tion des prix guide l’allocation des ressources
cadre de la théorie néoclassique) et la macroécono- productives vers les meilleurs usages : la baisse du
mie (étudiée dans le cadre keynésien). Mais depuis prix d’un bien, lorsqu’elle est durable, conduit à la
les années 1970, les choses ont beaucoup évolué. fermeture des entreprises les moins performantes.
C’est l’inverse lorsque le prix d’un bien augmente.
En effet, la macroéconomie contemporaine est
Ü Marchés et prix
dorénavant microfondée, elle prend donc elle aussi Économie de marché, Équilibre concurrentiel,
pour point de départ, l’étude des comportements Équilibre général, Loi de l’offre et de la demande
individuels. M. de Vroey propose de distinguer
deux types de modèles :
– les uns, issus des travaux de L. Walras et du Maladie hollandaise (dutch disease)
modèle Arrow-Debreu, sont hautement abstraits La maladie hollandaise ou « syndrome hollandais »
et ne prétendent pas avoir de portée pratique im fait référence à la situation paradoxale de l’écono-
médiate. Ils constituent la microéconomie ; mie hollandaise après la mise en exploitation dans
– les autres sont plus simples, plus concrets et les années 1960 des réserves de gaz naturel du gise-
plus orientés vers les questions de politique éco ment Slochteren. Le boom du secteur de l’énergie
nomique. Ils constituent la macroéconomie. (exportateur) s’est accompagné du déclin relatif des
Pour de Vroey (2009) : « Nous proposons donc autres secteurs manufacturiers. Il en a résulté une
conjoncture fortement récessionniste avec un fort
de concevoir la macroéconomie comme une moda-
excèdent des transactions courantes.
lité particulière de l’équilibre général. »
À Ce risque s’applique aux pays dégageant des revenus
Ü Capital et investissement, Comptabilité nationale, importants grâce à l’exportation d’une ressource
Épistémologie économique naturelle (Russie, pays de l’OPEP, Afrique du Sud,
Asymétrie d’information, Demande globale, Indivi- etc.). Ces revenus élèvent en effet la demande de
dualisme méthodologique, Modèle WS/PS, Nouvelle biens et de services, poussant les prix des ser-
économie classique, Nouvelle économie keynésienne vices à la hausse mais pas ceux des biens qui sont
(NEK), Offre globale, Schéma IS-LM fixés mondialement. La hausse du prix relatif des
372
Marché
services dirige alors le capital dans ce secteur, ce qui Capitalisme actionnarial, Capitalisme managérial,
désindustrialise et appauvrit le pays. Par ailleurs, la Gouvernance d’entreprise, Parties prenantes, Théorie
hausse de la demande conduit fréquemment à une de l’agence
hausse des taux de salaire, ce qui réduit la compé-
titivité du secteur industriel (exportateur).
On parle aussi de « malédiction des ressources Manufacture
naturelles » ou de « malédiction des matières pre- Avant la Révolution industrielle, une manufacture
mières ». était une unité de production, privée ou publique,
Ü Commerce international, Économie et écologie regroupant des artisans sur un même lieu de pro-
Balance des paiements, Croissance appauvrissante, duction. La manufacture des Gobelins, créée par
Industrie, Règle de Hotelling, Ressources naturelles, Colbert en 1662, est l’une des plus connues en
Théorème de Rybczinski France.
À Ne pas confondre avec le domestic system ou avec
l’entreprise.
Management À Lorsque A. Smith (1723-1790) parle de la manu-
Le management désigne l’ensemble des tech- facture d’épingles, il désigne en fait une entreprise.
niques d’organisation des ressources, qu’elles soient Pour K. Marx (1818-1883), le passage de la manu-
humaines, financières ou matérielles, mises en facture à la grande entreprise est une étape du
œuvre dans une organisation ou une entreprise capitalisme.
afin d’atteindre les objectifs fixés. Le management Ü Entreprises et système productif
est l’art de conduire, de diriger afin d’améliorer les Artisanat, Division du travail, Proto-industrialisation
performances de l’entreprise.
Ü Entreprises et système productif
Analyse stratégique, Capitalisme managérial, Culture Marchandise
d’entreprise, Gouvernance d’entreprise, Manageur,
Une marchandise est un bien ou un service produit
Stratégie
en vue d’être vendu sur un marché. Par exemple,
un gâteau préparé dans le cadre familial n’est pas
Manageur une marchandise puisqu’il est produit dans le but
d’un usage domestique (mais le gâteau est générale-
Au sens strict, un manageur (du terme anglais
ment fabriqué à partir de marchandises).
« manager ») est une personne qui occupe une
Il ne peut y avoir marchandise que si le marché,
fonction relevant du management de l’entreprise,
comme institution, existe et si la coordination
c’est-à-dire de la gestion. Au sens le plus fréquem-
ment utilisé, le manageur désigne une personne fai- des actions individuelles est assurée par le marché.
sant partie de l’équipe dirigeante d’une entreprise. Dans le livre I du Capital (1867), Marx écrit : « Des
Selon A. Chandler (1918-2007), spécialiste de objets d’utilité ne deviennent des marchandises
l’histoire des entreprises, l’accroissement de la taille que parce qu’ils sont les produits de travaux pri-
des entreprises et de la production, la complexifi- vés exécutés indépendamment les uns des autres. »
cation des processus productifs, le développement Dans les sociétés traditionnelles, les biens ne sont
des services commerciaux, de marketing et d’un pas des marchandises puisque leur production et
réseau de distribution national et international leur circulation n’obéissent pas à une logique mar-
expliquent la nécessité de recruter des manageurs chande. Pour Marx, les marchandises ont à la fois
compétents. une valeur d’usage et une valeur d’échange. Et
Dans les années 1930, A. Berle et G. Means la production capitaliste se présente comme une
constatent que ce ne sont plus les actionnaires pro- « immense accumulation de marchandises ».
priétaires qui détiennent le pouvoir mais les mana- Ü Épistémologie économique
geurs. Le pouvoir des manageurs détourne la firme Capitalisme, Économie marchande
de l’objectif de maximisation du profit. La maxi-
misation du chiffre d’affaires et l’accroissement
de la taille de l’entreprise deviennent prioritaires. Marché
J. Burnam (1905-1987), en 1941 (L’ère des orga- Au sens économique, le marché est le lieu, sou-
nisateurs), évoque une « révolution managériale ». vent abstrait, où se confrontent une offre et une
J. K. Galbraith (1908-2006) approfondira cette demande qui déterminent le prix du marché
analyse et désignera le groupe social des manageurs auquel se réalisent les échanges. Il existe un marché
par le terme « technostructure ». pour chaque type de bien et chaque marché donne
Ü Entreprises et système productif lieu à la formation d’un prix.
373
Marché à terme
À F. Perroux (1903-1987) lie le marché à l’entre- Contrat futur, Couverture, Marché des options négo-
prise : « L’entreprise et le marché sont récipro- ciables de Paris (MONEP), Marchés dérivés, Risque,
quement liés. Pas d’entreprise sans marché. Pas de Spéculation
marché sans entreprise. Le marché est constitué par
plusieurs centres d’intérêt économique distincts
reliés entre eux par un réseau d’échanges […] ». Marché au comptant
Ü Marché du travail, emploi et chômage, Marchés et Le marché au comptant est un marché où les
prix contrats sont exécutés (livraison) dès leur conclu-
Commissaire-priseur walrasien, Coordination, Courte sion ou dans un délai très bref (24 ou 48 heures).
période, Défaillances du marché, Économie de mar- Ü Finances internationales, Marchés et prix, Monnaie
ché, Économie des organisations, Équilibre concur- Bourse des valeurs, Courte période, Marché à terme
rentiel, Équilibre partiel, Fonction paramétrique des
prix, Information, Loi de l’offre et de la demande,
Longue période, Risque de marché
Marché autorégulateur
Dans la théorie néoclassique, la notion de mar-
ché autorégulateur signifie que l’agrégation des
Marché à terme comportements des agents économiques conduit
spontanément à l’équilibre grâce à la flexibilité
Sur un marché à terme, les contrats sont passés
des prix (loi de l’offre et de la demande). Cela
à un instant t et sont exécutables à une date ulté-
signifie qu’en cas de choc, le jeu spontané du mar-
rieure (au-delà de 48 heures). Les conditions du ché ramène l’économie à une situation d’équilibre.
contrat, notamment le prix et la quantité, sont Dans le cadre de la concurrence pure et
fixées de façon irrévocable au moment où le contrat parfaite, la notion de marché autorégulateur
est conclu. s’applique aussi bien à l’équilibre partiel qu’à
Les marchés à terme les plus anciens fonctionnent l’équilibre général.
pour les matières premières. Leurs techniques se Ü Économie publique, Marchés et prix
sont étendues aux marchés financiers et au marché Concurrence, Économie de marché, Équilibre concur-
des changes. rentiel, Fonction paramétrique des prix, Modèle Arrow-
Ü Finances internationales, Monnaie Debreu, Théorème de Sonnenschein
Arbitrage, Chambre de compensation, Contrat futur,
Couverture, Couverture de change à terme, Marché
au comptant Marché commun
Un marché commun est le troisième des cinq degrés
d’intégration économique défini par B. Balassa
Marché à terme des instruments (1928-1991). Il se caractérise essentiellement par
financiers (MATIF) la mise en œuvre :
Initialement nommé Marché à terme interna- – d’une union douanière, c’est-à-dire l’élimina-
tional de France, le MATIF est un marché orga- tion des droits de douane et l’établissement d’un
nisé de produits dérivés qui a été créé à Paris en tarif douanier commun à l’égard des pays tiers ;
– de la libre circulation des personnes, des ser-
1986. Trois types de contrats sont échangés sur le
vices et des capitaux.
MATIF : des contrats à terme sur marchandises
À Dans le langage courant, le terme « marché com-
(qui permettent de se couvrir contre les fluctua-
mun » est improprement utilisé pour parler d’une
tions des cours des matières premières), des contrats union douanière. En revanche, le marché unique
à terme sur produits financiers (qui permettent de européen (ou Grand marché) est un exemple de
se couvrir contre le risque de taux d’intérêt) et marché commun.
des options négociables. Depuis 2001, à la suite Ü Commerce international, Intégration économique
du rachat du LIFFE par la société Euronext, c’est Marché unique européen, Union économique, Union
la société Euronext-LIFFE qui gère le MATIF économique et monétaire (UEM)
comme l’ensemble des marchés dérivés du groupe
Euronext. C’est cette société qui assure le fonction-
nement du marché et joue le rôle de chambre de Marché contestable
compensation (contrepartie unique des acheteurs Le marché d’un bien ou d’un service est contestable
et des vendeurs et responsable de la bonne fin des si, d’une part, l’entrée sur ce marché est complète-
opérations). ment libre, et si, d’autre part, la sortie de ce mar-
Ü Finances internationales, Monnaie ché se fait sans coût. À la différence des analyses
374
Marché des capitaux
centrées sur les barrières à l’entrée, la théorie gérer leurs risques et de procéder à des arbitrages
des marchés contestables fait porter son attention intertemporels.
sur la sortie du marché. Ü Marchés et prix
L’hypothèse de sortie sans coût signifie qu’une Économie de l’information, Nouvelle économie key
entreprise peut sortir du marché en ne supportant nésienne (NEK), Système complet de marchés
aucun coût autre que l’amortissement, qui est un
coût que supportent les entreprises qui restent sur
le marché. Ce sera le cas si l’équipement est ven- Marché de gré à gré
dable ou réutilisable à d’autres fins. Le degré de (over the counter, OTC)
contestabilité du marché augmente avec le degré Un marché de gré à gré est un marché où les partici-
de spécificité des actifs car un actif spécifique pants nouent directement des contrats sans passer
(un haut-fourneau, par exemple) est très difficile à par l’intermédiaire d’une chambre de compensa-
revendre. La théorie des marchés contestable intro- tion. Les contrats ne sont pas standardisés et les
duit ici la distinction entre coûts recouvrables et cocontractants peuvent décider librement du mon-
coûts irrécouvrables. Seuls les coûts irrécouvrables tant et de l’échéance des contrats. Les marchés de
constituent un obstacle à la concurrence car leur gré à gré concernent de très nombreuses activités :
non-recouvrement en cas de sortie de l’activité marchandises, devises, produits dérivés, etc. À
limite les possibilités d’une entrée rentable. l’occasion de la crise des subprimes, de nombreux
La notion de marché disputable (W. Baumol, économistes ont fait observer que sur ces marchés
J. Panzar et B. Willig, 1982) apparaît comme une le risque de crédit était plus élevé et des proposi-
généralisation de la notion de marché de concur- tions ont été avancées dans le but de contraindre
rence pure et parfaite. En effet, sur un marché les intervenants sur les marchés financiers à opérer
contestable la concurrence des entrants potentiels sur des marchés organisés.
exerce les mêmes effets que la concurrence effec- Ü Finances internationales, Mondialisation
tive des firmes en place. Selon cette théorie, le prix Bâle III, Échange financier, Marché organisé, Obli-
du marché sera égal au coût marginal, comme gation adossée à des actifs (OAA), Produits dérivés,
en concurrence pure et parfaite. L’atomicité du Ratio McDonough, Spéculation
marché n’est donc plus une condition nécessaire à
l’efficience des marchés concurrentiels.
À La théorie des marchés contestables a servi de justi- Marché dérivé
fication à la déréglementation de certains secteurs Un marché dérivé est un marché où s’échangent
d’activité (transport aérien par exemple). des produits dérivés (options, contrats futurs,
À Cette théorie permet de justifier la suppression etc.). Certains de ces marchés sont organisés (mar-
de certains monopoles légaux. Dans le cas d’une ché à terme des instruments financiers, marché
ouverture à la concurrence, un monopole légal est des options négociables de Paris), d’autres sont
maintenu pour la prise en charge des infrastructures des marchés de gré à gré. Les marchés dérivés sont
de réseau (téléphonique par exemple). En revanche, utilisés par les opérateurs pour développer des stra-
l’exploitation des infrastructures est ouverte à plu- tégies de couverture, mais aussi pour spéculer.
sieurs entreprises qui doivent s’acquitter d’un droit À Pour certains économistes, les marchés dérivés sont
d’utilisation du réseau. porteurs de nouveaux risques, notamment si les
Ü Marchés et prix anticipations deviennent mimétiques.
Barrières à l’entrée, École de Chicago, Économie Ü Finances internationales, Mondialisation
d’échelle, Économie industrielle, Monopole naturel Actif sous-jacent, Arbitrage, Chambre de compen-
sation, Comportement mimétique, Contrat futur,
Couverture, Marché au comptant, Risque, Risque
Marché contingent systémique, Spéculation
Un marché contingent est un marché sur lequel
s’échangent des biens contingents, c’est-à-dire des
biens disponibles à une date et dans un lieu déter- Marché des capitaux
miné, si un événement spécifié à l’avance se réalise. Le marché des capitaux regroupe le marché finan-
Par exemple, la mise à disposition d’un véhicule en cier (marché des capitaux à long terme) et le mar-
cas de panne ou d’accident du véhicule dont on est ché monétaire (marché des capitaux à court et
propriétaire, l’indemnité d’une police d’assurance moyen terme).
versée s’il y a un sinistre. Les marchés contingents Ü Finances internationales, Monnaie
concernent les actifs réels et les actifs financiers, Bourse des valeurs, Désintermédiation, Marché à terme
ils permettent donc aux agents économiques de des instruments financiers (MATIF), Règle des 3 D
375
Marché des changes
376
Marché du travail, emploi et chômage
377
Marché du travail, emploi et chômage
et 2012, la part des emplois dans l’agriculture Le travail à temps partiel s’est ainsi forte-
est passée de 9 % à 2 %, celle dans l’indus- ment développé, tout particulièrement chez
trie de 26 % à 13 %, celle dans la construc- les femmes où la proportion de temps partiel
tion de 9 % à 6 %, alors que celle dans le a doublé en France entre 1975 et 2012 (16 à
tertiaire passait de 56 % à 78 %. 30 %). Un quart à un tiers des femmes à temps
La structure des qualifications s’est modi- partiel souhaitant travailler davantage. Le tra-
fiée au cours de ces 30 à 40 dernières années vail à temps partiel chez les hommes reste peu
au cours desquelles s’est produite une pola- important, 5 % et 6 % des emplois masculins.
risation des qualifications. La part des très Plus récemment, la précarisation des
qualifiés progresse régulièrement (passant en emplois s’est développée dans plusieurs pays
France de 39 % à 50 % des emplois entre avec l’essor des contrats zéro heure ou des
1980 et 2012 selon l’INSEE). La part des quali- contrats qui s’en rapprochent. Mais les tra-
fications les plus faibles progresse également, vailleurs non-salariés sont eux aussi de plus
ce qui induit une baisse des qualifications en plus concernés par la précarisation. En
moyennes. Le mouvement a d’abord démarré France, les 780 000 auto-entrepreneurs ont
aux États-Unis dans les années 1980, puis s’est un revenu mensuel moyen de 440 euros
propagé à l’Europe dans les années 1990. Ces en 2017. Cette tendance prend par ailleurs
évolutions résultent de la révolution techno- de l’ampleur avec l’essor de l’ubérisation
logique actuelle favorable aux qualifications puisque la production est externalisée à de
élevées, de la désindustrialisation et du com- très nombreux entrepreneurs indépendants
merce international (spécialisation dans les mais liés à une société par contrat qui ne
productions à forte valeur ajoutée et concur- prévoit pas de protection sociale.
rence des exportations provenant des pays à Cette évolution de l’emploi vers une plus
bas salaires). grande précarisation et une participation à
l’activité productive moins institutionnalisée,
Modification des normes de l’emploi conduit à se préoccuper aujourd’hui de
sécurisation des parcours professionnels.
Les normes d’emploi et les règles sociales
existant en matière d’emploi (législation du
travail, mode de gestion de la main-d’œuvre
Le chômage
par les firmes, modalités de l’action syn- Origine du concept de chômage
dicale, etc.) évoluent. En France, l’emploi Le chômage, ainsi que le souligne R. Salais
à durée indéterminée et à temps plein reste (L’invention du chômage, 1982) n’est pas
majoritaire au sein de la population active une catégorie immuable mais un phéno-
occupée mais tend à diminuer (de 94 %, le mène historique, daté, et qui évolue au gré
pic atteint en 1984, à 84,6 % en 2017), du des représentations du travail et du non-tra-
fait de l’augmentation des formes particu- vail. Le chômage ne peut en effet naître que
lières d’emplois (emplois atypiques) dans les dans des formes spécifiques d’organisation
flux des créations d’emplois, en particulier sociale, où le salariat est la forme domi-
chez les jeunes. Selon la DARES (Direction de nante de mise en œuvre du travail rémunéré.
l’animation de la recherche, des études et des C’est au xixe siècle que la destruction des
statistiques) du Ministère du Travail : « Au sein formes de production précapitalistes (agri-
des flux d’embauches en CDD et CDI, la part culture familiale, artisanat, petit commerce)
des CDD a nettement progressé en vingt-cinq « libère » une main-d’œuvre qui ne peut
ans, notamment à partir des années 2000, pas- trouver de solution alternative que dans la
sant de 76 % en 1993 à 87 % en 2017. Cette recherche d’un travail salarié. Les modalités
évolution structurelle dans les mouvements et le rythme de l’accumulation du capital
de main-d’œuvre s’accompagne d’une forte ainsi que l’intensité de la concurrence entre
hausse des contrats de très courte durée ; en travailleurs tendent à engendrer un volant de
2017, 30 % des CDD ne durent qu’une seule chômage permanent (armée industrielle de
journée. » réserve chez Marx).
378
Marché du travail, emploi et chômage
L’identification du chômage en tant que Les chômeurs découragés qui ont aban-
« statut » social et phénomène statistiquement donné une recherche active d’emploi font
mesurable ne se réalise que progressivement. partie du halo du chômage et leur nombre
Elle suppose une double condition : l’im- a fortement augmenté depuis la crise des
possibilité de repli sur des activités de type subprimes. L’OCDE mesure par ailleurs le
« précapitaliste » ou sur des formes de tra- nombre de travailleurs ayant un lien mar-
vail domestique et l’apparition d’institutions ginal avec l’emploi qui est plus large que la
spécialisées, bureaux de placement ou catégorie des chômeurs découragés.
mécanismes d’assurance-chômage, qui créent
un intérêt à se déclarer comme chômeur. Le sous-emploi et le chômage déguisé
C’est dans le recensement de 1896, qu’on
Il faut aussi tenir compte du sous-emploi défini
trouve pour la première fois une série de ques-
par l’INSEE comme l’ensemble de « toutes les
tions permettant d’isoler les « chômeurs ».
personnes pourvues d’un emploi salarié ou
Dans ce recensement, la mesure du chômage
non, qu’elles soient au travail ou absentes
passe par la combinaison de deux critères,
du travail, et qui travaillent involontairement
l’âge et la durée de la suspension de travail.
moins que la durée normale du travail dans
leur activité, et qui sont à la recherche d’un
La mesure du chômage et ses limites travail supplémentaire ou disponible pour un
La mesure du chômage suppose une défini- tel travail durant la période de référence ».
tion qui ne peut être que conventionnelle. Le Enfin, la mesure du chômage est aussi affec-
Bureau International du travail (BIT) s’est pré- tée par l’existence d’un chômage déguisé,
occupé dès 1925 d’émettre des recommanda- c’est-à-dire des personnes qui ont un emploi,
tions en matière de statistiques du chômage. et donc classées dans les actifs occupés, mais
En France, sur cette base, on mesure le chô- dont la situation réelle s’apparente au chô-
mage au sens du BIT notamment à l’occasion mage. On trouve dans cette catégorie de nom-
de l’enquête-emploi réalisée par l’Institut breux emplois aidés (soutenus par un dispositif
national de la statistique et des études éco- public) et une partie des stages de formation.
nomiques (INSEE). On dispose par ailleurs Le chômage déguisé concerne ceux dont l’em-
d’une source administrative : les demandes ployabilité est faible et la vulnérabilité au chô-
d’emplois en fin de mois (DEFM) enregis- mage élevée. À l’inverse, on peut aussi trouver
trées par Pôle emploi. des personnes qui sont officiellement inactives
Autour du noyau central des chômeurs mais en réalité des chômeurs déguisés. Ce fut
BIT gravitent des personnes qui ne satisfont le cas en France des personnes ayant choisi
pas à toutes les conditions pour être classées une cessation anticipée d’activité et c’est le
comme « chômeur ». Elles forment le halo du cas aujourd’hui dans certains pays d’un grand
chômage qui, au sens strict, selon l’INSEE, nombre de personnes déclarées handicapées
est constitué des personnes inactives désirant ou invalides qui pourtant désirent reprendre
travailler. un emploi. Ainsi, au Royaume-Uni, le nombre
des bénéficiaires d’un incapacity benefit a été
multiplié par 4 en 25 ans et leur pourcentage
Temps dans la population active est aujourd’hui plus
réduit
volontaire Inactivité élevé que le taux de chômage.
Emploi
La prise en compte des travailleurs décou-
Travail ragés et du sous-emploi conduit les écono-
Temps clandestin Formation
réduit chômeurs mistes à s’intéresser au taux d’emploi ou au
involontaire découragés
taux de participation au marché du travail, en
plus du taux de chômage. En effet, un recul de
Chômage ce dernier peut s’accompagner d’une situa-
tion dégradée du marché du travail lorsque
Source : Jacques Freyssinet, Le chômage,
les chômeurs découragés se retirent de ce
La Découverte, « Repères », 2004. marché, puisqu’ils ne sont plus demandeurs
379
Marché du travail, emploi et chômage
d’emploi. Pour certains économistes, le tous les demandeurs qui espéraient un taux
retrait du marché du travail de ces chômeurs de salaire plus faible.
découragés constitue une explication non Dans cet univers d’agents rationnels et en
négligeable de la baisse du taux de chômage situation d’information parfaite, si le prix des
dans l’ensemble des pays de l’OCDE. « services producteurs du travail » (L. Walras)
À l’intérieur de l’Union européenne (UE), est parfaitement flexible, le chômage invo-
il existe des écarts très importants de taux de lontaire est impossible. En effet, tout indi-
chômage. Autour d’une moyenne d’environ vidu à la recherche d’un emploi réalise un
8 %, les écarts vont d’environ 3 à 19 %. arbitrage entre le niveau du taux de salaire et
À En France, de 1975 à aujourd’hui, le chômage la désutilité du travail. Dans cette approche,
a connu deux phases distinctes : une hausse les chômeurs sont des individus qui exigent
tendancielle ininterrompue jusqu’en 1985 et, un taux de salaire supérieur au taux de
depuis, des fluctuations au gré de la conjonc- salaire d’équilibre. Il s’agit alors de « chô-
ture économique, mais à un niveau qui se meurs volontaires ».
maintient entre 7,5 % et 10,5 %. Cette évo- W/P LO
lution témoigne d’une forte accentuation du
chômage structurel par rapport aux Trente W/P1 B
Glorieuses. Un des phénomènes les plus mar- A
quants de la période récente est le rapproche- A’
ment des taux de chômage des hommes et des W/P* E
femmes, alors que le taux de chômage des
femmes était structurellement plus élevé. Le LD
taux de chômage des hommes est aujourd’hui
plus élevé que celui des femmes.
QL1 QL* QL2 QL
Les théories du marché du travail
et du chômage À partir d’une situation de déséquilibre,
Les analyses contemporaines du marché du un mécanisme autorégulateur s’installe :
travail se situent dans le cadre de la concur- – Pour un taux de salaire réel W/P1, la
rence imparfaite. En particulier, celles qui quantité demandée par les entreprises est de
relèvent de la nouvelle microéconomie et de QL1 tandis que la quantité offerte est de QL2
la nouvelle école keynésienne ont considéra- (avec QL1 < QL2).
blement renouvelé la vision du fonctionne- – Les salariés entrent en compétition
ment du marché du travail. puisque tous ne peuvent pas avoir un emploi
au taux de salaire W/P1. Cette situation de
concurrence tend à faire décroître le prix
L’analyse microéconomique
et on se déplace de B vers E sur la courbe
du marché du travail
d’offre.
L’analyse du marché du travail – Les entreprises réagissent à la baisse du
dans le modèle néoclassique de base taux de salaire. Par exemple, en (A’), elles
Dans le modèle néoclassique de base, l’offre sont disposées à demander une quantité de
de travail est une fonction croissante du taux travail plus forte. On se déplace sur la courbe
de salaire réel et la demande de travail une de demande de A vers E via A’.
fonction décroissante (arbitrage travail-loisirs). – Le mécanisme se stabilise au point E pour
L’intersection des deux courbes au point un taux de salaire d’équilibre de W/P* et
d’équilibre détermine alors simultanément le une quantité de travail QL*. La flexibilité du
taux de salaire réel d’équilibre et le niveau prix et la rémunération du travail au niveau
d’emploi d’équilibre qui égalise les quantités de sa productivité marginale font que tout
offertes et demandées. Sont ainsi exclus du individu désirant occuper un emploi peut en
marché tous les offreurs qui se seraient mani- trouver un au taux de salaire réel d’équilibre
festés pour un taux de salaire plus élevé et du marché.
380
Marché du travail, emploi et chômage
381
Marché du travail, emploi et chômage
par l’existence d’un cycle de productivité. travail. Cette rigidité des prix à la baisse peut
Les entreprises n’ajustent pas immédiatement entraîner deux types de déséquilibres cor-
les effectifs employés aux fluctuations de leur respondant à deux régimes de chômage, le
production. Si la production diminue, les chômage keynésien et le chômage classique.
licenciements ne se produisent qu’en dernier
recours, après la baisse de la durée du travail Marché des biens
et les mesures de chômage technique. Inver- Marché du Acheteur Vendeur
sement, la hausse de la production va se faire travail
d’abord avec des effectifs constants et des Acheteur Chômage Chômage
heures supplémentaires, retardant le plus tard keynésien classique
possible les embauches. Ce cycle de la pro- Vendeur Inflation
ductivité est d’autant plus marqué que règles contenue
qui encadrent l’embauche et le licenciement
sont souples. Dans les pays où la flexibilité À Un marché est acheteur lorsqu’il comprend
du travail est élevée, en particulier la flexibi- au moins un vendeur rationné.
lité quantitative externe, l’emploi et le chô- À Un marché est vendeur lorsqu’il comprend
mage varient rapidement (flexibilité externe). au moins un acheteur rationné.
Néanmoins, certaines entreprises choisissent Les théories du chômage d’équilibre
une flexibilité interne afin de conserver leurs Les théories du chômage d’équilibre visent
salariés qui ont des compétences spécifiques à identifier les facteurs qui déterminent le
et choisissent la plupart du temps des ajuste- chômage structurel :
ments d’horaires. – ceux qui agissent sur le niveau d’emploi
La théorie de la segmentation offert par les entreprises ;
du marché du travail – et ceux qui jouent sur l’adéquation entre
Au début des années 1970 s’est développée les chômeurs et les emplois.
une théorie de tradition « néo-institutionna- Dans la détermination de niveau de l’em-
liste » (M. Piore, P. Doeringer), centrée sur la ploi, la formation des prix et des salaires est
segmentation du marché du travail, et qui analysée dans le cadre de la concurrence
conteste l’analyse néoclassique de base. La imparfaite sur le marché du travail et sur les
théorie de la segmentation du marché du marchés des biens et services (par exemple le
travail distingue au sein du marché du travail modèle WS/PS).
une coupure marquée entre un marché pri- Les apports de la nouvelle microéconomie
maire et un marché secondaire au niveau des cherchent à expliquer le niveau élevé des
qualifications, des salaires, de la sécurité de taux de salaires et leur rigidité. Rapports de
l’emploi, des perspectives de carrière, etc. Le force entre syndicats et employeurs, degré
marché du travail n’assure qu’une partie du de concurrence sur le marché des biens et
processus d’allocation du travail dans l’éco- services, caractéristiques institutionnelles
nomie (sur le marché secondaire du travail), (existence et modalités de l’indemnisation
l’essentiel relevant de décisions internes aux du chômage, etc.) sont ainsi pris en compte
pour expliquer le niveau du taux de chômage
entreprises (marché primaire du travail).
d’équilibre, les différences entre pays et les
Chômage classique et chômage keynésien évolutions de ce chômage d’équilibre au
dans la théorie du déséquilibre cours du temps.
La théorie des équilibres à prix fixes Tous les éléments pouvant affecter les
(E. Malinvaud et J.-P. Benassy) relie la situa- coûts de production des entreprises et en
tion de sous-emploi décrite par la théorie fin de compte leur rentabilité sont intégrés
keynésienne et l’équilibre général walrasien. dans l’approche du chômage d’équilibre,
Dans cette approche, la viscosité des prix en tout comme le degré de concurrence des
courte période (notamment leur rigidité à marchés.
la baisse) est la principale cause de l’exis- Du côté de l’adéquation entre les chô-
tence de rationnements sur le marché du meurs et les emplois, les analyses insistent
382
Marché du travail, emploi et chômage
sur l’existence d’un chômage de prospec- secteurs et créés dans d’autres. A. Sauvy
tion, sur les processus d’appariement et avait depuis longtemps mis en évidence un
la formation d’appariements sélectifs. La mécanisme de déversement des emplois de
courbe de Beveridge qui relie le taux de chô- l’agriculture vers l’industrie, puis vers les
mage et le taux de postes vacants renseigne services.
sur l’offre et la demande insatisfaites (à un Enfin, les grappes d’innovations provoquent
niveau élevé de postes vacants correspond des modifications de la structure et de la
un faible niveau de chômage et vice versa). nature des emplois (par qualification, par sec-
Progrès technique, emploi, chômage teur d’activité, etc.). Dans un rapport publié
Chaque vague d’innovation importante a de en janvier 2017 et intitulé « Automatisation,
fortes conséquences sur l’emploi et fait resur- numérisation et emploi », le Conseil d’orien-
gir la crainte d’un chômage technologique. tation de l’emploi parvient aux conclusions
Les progrès réalisés en matière de robotique suivantes :
et d’intelligence artificielle, l’essor du traite- – « moins de 10 % des emplois existants
ment des données de masse (big data), les présentent un cumul de vulnérabilités sus-
futures voitures autonomes, etc. alimentent ceptibles de menacer leur existence dans un
les inquiétudes d’une société future avec un contexte d’automatisation et de numérisation ;
nombre d’emplois en diminution. – mais la moitié des emplois existants est
L’observation des faits historiques nous susceptible d’évoluer, dans leur contenu, de
montre cependant que malgré la succes- façon significative à très importante ;
sion de plusieurs révolutions industrielles, – les progrès technologiques continuent
le volume de l’emploi n’a pas diminué, au à favoriser plutôt l’emploi qualifié et très
contraire. Le nombre d’emploi de l’économie qualifié ».
dépend en effet d’une multiplicité de facteurs
qui agissent sur le niveau de la productivité Les politiques de lutte
et sur le niveau de la production elle-même contre le chômage
déterminée par la demande (le nombre d’em-
Politiques actives et politiques passives
plois = niveau de la production/productivité
par tête). La situation de l’emploi a conduit les diffé-
Toutes choses égales par ailleurs, la hausse rents gouvernements à engager des politiques
de la productivité rendue possible par les de lutte contre le chômage et les économistes
progrès techniques, réduit le nombre d’em- à analyser ces politiques et à formuler des
plois pour produire un volume identique ou propositions.
supérieur de biens et services. Mais toutes La typologie proposée par l’Organisation
choses égales par ailleurs, la hausse de la de coopération et de développement éco-
production nécessite plus d’emplois. On le nomiques (OCDE) pour comparer interna-
voit, les progrès techniques ne suppriment tionalement les dispositifs d’insertion ou de
des emplois que lorsque la croissance de la réinsertion des chômeurs différencie :
production est insuffisante. Plus précisément 1. Les mesures actives :
lorsqu’elle est plus faible que celle de la pro- – d’accompagnement et d’aide à la recherche
ductivité. d’emploi ;
Par ailleurs, ces progrès techniques peuvent – spécifiques pour l’emploi des catégories
alimenter une hausse de la demande (et des de chômeurs ciblés (chômeurs longue durée,
emplois) par la mise sur le marché de biens ou des moins de 26 ans) ;
nouveaux (innovations de produits) et l’essor – de mesures de formation.
de nouveaux secteurs, par la baisse des prix 2. Les mesures dites « passives » :
et la hausse des salaires. Au niveau macro – indemnisation du chômage ayant pour
économique, ces effets de création d’emplois objectif d’assurer une certaine sécurité de
du progrès technique l’ont emporté sur les revenu ;
effets destructeurs d’emplois. La plupart du – préretraite ;
temps, les emplois sont détruits dans certains – diminution de la durée du travail.
383
Marché du travail, emploi et chômage
Depuis la seconde moitié des années 1990, suffisants pour soutenir la demande globale
les politiques passives et les dépenses qui les et une sécurité suffisante pour favoriser la
accompagnent reculent au profit des poli- cohésion sociale et l’implication des salariés
tiques actives. Partout dans les pays de l’OCDE dans les entreprises. Les politiques de l’em-
s’impose l’idée selon laquelle il est préférable ploi et de lutte contre le chômage doivent
de consacrer des efforts à aider les chômeurs donc agir dans plusieurs directions à la fois
à trouver un emploi plutôt qu’à simplement et être graduelles (car l’impact des différentes
les indemniser. S’inspirant du modèle danois mesures est difficile à évaluer).
(flexisécurité), les mesures d’activation ont Par ailleurs, depuis les résultats positifs de
en fait porté sur les chômeurs eux-mêmes, certaines politiques de l’emploi pratiquées
en particulier l’obligation d’entrer dans un dans des pays d’Europe du Nord, les cher-
dispositif d’activation, une fois dépassée une cheurs et les gouvernements cherchent à s’ins-
certaine durée de chômage indemnisé, ainsi pirer de ces expériences, et en particulier du
que sur le renforcement suivi des chômeurs. « modèle danois », qui semble concilier les
Des dispositifs de profilage des chômeurs sont
avantages de la flexibilité en termes de compé-
aussi mis en place, dispositifs visant à orienter
titivité, avec les avantages sociaux d’un niveau
les chômeurs vers les mesures en principe qui
élevé de protection sociale des travailleurs.
leur sont mieux adaptées.
Les danois ont ainsi développé la « flexi-
Des réformes institutionnelles dans la gou-
sécurité » symbolisant un nouveau modèle
vernance et la mise en œuvre des politiques
social qui a permis, en une dizaine d’années,
de l’emploi se sont également généralisées
de faire baisser le taux de chômage au Dane-
(exemple des lois Hartz en Allemagne). Les
principales réformes ont conduit au rappro- mark de 12 % en 1994 à 4,8 % de la popula-
chement, voire la fusion entre le service public tion active en 2005 (le taux de chômage de ce
de l’emploi et l’organisme en charge de l’in- pays est d’environ 5 % en 2018). Ce système
demnisation du chômage, sur le modèle des combine une grande facilité de licenciement
Jobcenters anglais au Royaume-Uni, qui gèrent pour les entreprises à des indemnités longues
à la fois l’indemnisation et l’accompagnement et importantes pour les sans-emploi. L’admi-
des chômeurs. Dans de nombreux pays, les nistration accompagne les chômeurs dans
activités d’accompagnement des chômeurs leur parcours pour retrouver un emploi par
sont sous-traitées à des opérateurs extérieurs des politiques actives. De fait, l’originalité
au service public de l’emploi, le plus souvent du modèle de la flexisécurité est de reposer
privés, mais pas forcément à but lucratif. sur un « triangle d’or » associant flexibilité,
Par ailleurs, la plupart des pays mettent en politiques actives de l’emploi et haut niveau
place des dispositifs d’incitations monétaires d’indemnisation des chômeurs.
conduisant en particulier à augmenter l’écart
entre les revenus sociaux reçus par les inactifs Le « triangle d’or » du modèle danois
et le revenu perçu par un actif. C’est le cas de
selon R. Boyer
la prime d’activité qui se substitue à la prime
pour l’emploi et au revenu de solidarité active Générosité des indemnités
(RSA). Les politiques d’emploi ont aussi mis en de chômage
Permise par
place des incitations non monétaires en rédui-
sant les freins administratifs à l’emploi (simpli-
fication des contrats de travail par exemple). Grande flexibilité
des règles d'embauche Contrôlée par
et de licenciement
La « flexisécurité »
En pratique, les politiques de l’emploi doivent Contribue à Politique active d'emploi :
règles de disponibilité,
concilier une flexibilité du travail suffisante formation
pour favoriser la croissance économique,
FLEXI SÉCURITÉ
une maîtrise du coût du travail et des gains Source : R. Boyer, La flexicurité danoise, quels enseignements
de productivité, mais aussi des revenus pour la France, Rue d’Ulm, 2006.
384
Marché interbancaire
Les entreprises ont une grande liberté de En France, le thème de la sécurité sociale
licencier, le préavis est très court et la régle- professionnelle ou de la « sécurisation des
mentation est peu contraignante : il n’y a pas parcours professionnels » traduit une volonté
de modèle unique de contrat de travail, pas d’un nouveau « pacte social » associant la
de durée légale du travail, la loi n’encadre pas flexibilité nécessaire à la création d’emploi
le droit de grève, ne décrète pas un salaire et de nouveaux droits sociaux, permettant de
minimum. protéger les travailleurs tout au long de leur
En contrepartie, en cas de licenciement, existence en favorisant les transitions d’une
l’ex-salarié est très protégé : prise en charge, in activité à l’autre (formation professionnelle
demnités très généreuses à condition de suivre par exemple), plutôt que de protéger leurs
des stages en entreprise ou des formations. emplois.
385
Marché interne du travail
À En France, le marché interbancaire, créé en 1985, par une autorité de marché. Sur ces marchés, les
correspond à ce que l’on appelait avant cette date transactions sont standardisées et une chambre de
le « marché monétaire ». compensation protège les opérateurs du risque
Ü Monnaie, Politique économique de défaut de leur contrepartie (la chambre de
Banque centrale, EONIA, Facilités permanentes, compensation se substitue à la contrepartie défail-
Marché des capitaux, Open market, Refinancement, lante). De ce fait, la chambre de compensation sur-
Repo, Taux d’intérêt, Taux directeur, Taux du marché veille la liquidité et la solvabilité des opérateurs
au jour le jour du marché. Elle le fait notamment en imposant
un dépôt de garantie pour toutes les transactions
à terme et en procédant à des appels de marge
Marché interne du travail pendant le déroulement du contrat pour couvrir
Le marché interne du travail désigne les méca- l’accroissement éventuel du risque que courent les
nismes d’allocation de la main-d’œuvre à l’inté- opérateurs.
rieur des entreprises. La distinction entre marché Ü Finances internationales, Monnaie
interne et marché externe du travail relève de la Marché de gré à gré, Marché des capitaux, Spéculation
théorie de la segmentation du marché du travail
(P. Doeringer et M. Piore, Internal Labor Markets
ans Manpower Analysis, 1971) et donc d’une pers- Marché primaire du travail
pective institutionnaliste. La théorie de la segmentation du marché du
Le marché interne du travail qui ne relève ni de travail (ou du dualisme) introduit une distinction
la confrontation entre offre et demande d’emploi ni entre un marché primaire où les firmes entre-
d’une régulation par le taux de salaire, contribue tiennent des pratiques d’attachement durable de
cependant à définir les postes de travail, les rému- leurs salariés et un marché secondaire. Le marché
nérations, et les affectations des travailleurs. primaire et le marché secondaire ne correspondent
Certains niveaux de hiérarchie, certains postes, ni aux mêmes emplois, ni aux mêmes agents
sont totalement à l’abri des arrivées extérieures économiques et n’ont pas les mêmes mécanismes
et présupposent, pour être atteints, la montée de fonctionnement.
progressive des échelons au sein de l’entreprise. Par opposition aux « emplois secondaires », les
Ü Marché du travail, emploi et chômage « emplois primaires » sont caractérisés par :
Institutionnalisme, Marché primaire – un niveau de salaire plutôt élevé ;
– des garanties de carrière et des perspectives
de promotion ;
Marché monétaire – un niveau élevé des qualifications moyennes ;
Le marché monétaire est le marché des capitaux à – une bonne qualité des conditions de travail.
court terme (de 24 heures à un an). Depuis 1985 À Les travailleurs qui peuvent prétendre à un emploi
en France, ce marché est ouvert à tous les agents primaire ont en général une certaine ancienneté
économiques sous réserve qu’ils offrent un cer- dans l’emploi, un niveau moyen de formation élevé
tain nombre de garanties. Les opérations portent et un taux de syndicalisation important.
notamment sur les bons du Trésor, les certificats À Ne pas confondre avec marché primaire au sens
de dépôts, les billets de trésorerie, etc. de marché financier primaire.
À Le marché interbancaire est un sous-ensemble du Ü Marché du travail, emploi et chômage
marché monétaire. Capital humain, Formes particulières d’emplois,
À En France, avant 1985, le marché monétaire était Insiders/outsiders
le marché de la monnaie centrale, il était réservé
aux banques et à quelques entreprises non ban-
caires. Marché secondaire du travail
Ü Monnaie Dans la théorie de la segmentation du marché
EONIA, Liquidité, Marché des capitaux, Marché du travail, le marché secondaire, par opposition
financier, Open market, Politique monétaire, Refi- au marché primaire, est un marché sur lequel les
nancement bancaire, Règle des 3 D confrontations entre offre et demande de travail
sont permanentes, généralisées et concurrentielles,
instaurant ainsi une insécurité pour les salariés du
Marché organisé marché secondaire.
Un marché organisé (de marchandises ou de Sur ce marché, les emplois ont des caracté
produits financiers) est un marché sur lequel les ristiques moins favorables que celles proposées sur
transactions se déroulent selon des règles édictées le marché primaire :
386
Marchés et prix
– un niveau des salaires moins élevé ; marchéisation du secteur des télécommunications.
– peu de garanties de carrière et de perspective De même, on assiste à une marchéisation de la lutte
de promotion ; contre la pollution (marché des quotas d’émission).
– de moins bonnes conditions de travail. Ü Économie et écologie, Finances internationales, Mar-
Les « travailleurs secondaires » sont généralement chés et prix
plus jeunes, peu formés et peu qualifiés, peu syn- Accords de Kyoto, Droits de propriété, Marché auto-
diqués et sans véritable projet professionnel stable. régulateur, Marchéisation des changes, Règle des 3 D
Ü Marché du travail, emploi et chômage
Contrat zéro heure, Discrimination, Lois Hartz,
Ubérisation Marchéisation des changes
La marchéisation des changes désigne le processus
qui conduit à ce que les cours du change soient
Marché unique européen déterminés exclusivement (ou principalement) par
Le marché unique européen institué par l’Acte le marché.
unique européen signé en 1986, conduit à la Alors que dans le système de Bretton Woods, les
création d’un véritable marché commun (grand cours du change étaient encadrés par des marges de
marché) au 1er janvier 1993. Il s’agit de la pour- fluctuations et que les États intervenaient de façon
suite d’un objectif prévu dès 1957, dans le Traité très active dans la régulation du système moné-
de Rome. taire international, on constate, depuis le passage
Ü Intégration économique au flottement des monnaies, une emprise plus forte
Régionalisme commercial, Traité de Maastricht, des marchés dans la détermination du cours des
Union économique et monétaire (UEM), Union euro- devises.
péenne À Certains économistes considèrent que la marchéi-
sation des changes a conduit à une plus grande
volatilité des cours ce qui constitue un risque pour
Marchéisation l’économie mondiale.
La marchéisation est un processus par lequel on sou- Ü Finances internationales, Mondialisation
met à une coordination par le marché une activité Changes flottants, Globalisation financière, Politique
qui lui échappait (en totalité ou en partie) jusque-là. de change, Risque systémique, Spéculation, Stabilité
Par exemple, on peut parler en France d’une financière
Marchés et prix
Dans les économies de marché, la coordi- Avec d’autres concepts et d’autres hypo-
nation par les prix est dominante, même si thèses, dans la seconde moitié du xixe siècle,
elle coexiste avec d’autres formes de coor- la théorie néoclassique prolonge l’œuvre
dination, notamment celle des pouvoirs des classiques. L. Walras (1834-1910) en
publics. 1874 expose la théorie de l’équilibre géné-
Dès la fin du xviiie siècle, l’École classique ral dans le cadre de la concurrence pure
a cherché à démontrer la supériorité d’une et parfaite.
organisation économique basée sur des mar- Les analyses néoclassiques ont fait l’objet
chés concurrentiels. Selon A. Smith (1723- de nombreux prolongements théoriques. Dès
1790), le marché agit comme une « main les années 1930, J. Robinson (1903-1983) et
invisible ». Doté de mécanismes autorégu- E. H. Chamberlin (1899-1967) exposent des
lateurs, le marché permet à la multiplicité modèles de concurrence imparfaite et ouvrent
des intérêts individuels de se transformer en la voie au développement de l’économie
intérêt général : l’allocation des ressources industrielle. Depuis la fin des années 1970,
productives est optimale. La maxime célèbre la théorie des marchés contestables et la
de V. de Gournay (1712-1759), membre nouvelle microéconomie constituent les nou-
de l’École physiocratique, « laisser faire les velles références de l’analyse des marchés.
hommes, laisser passer les marchandises » Des approches originales, éloignées de la
trouve ainsi un fondement théorique. problématique walrasienne de l’équilibre et
387
Marchés et prix
de l’efficience se sont également dévelop- marginaux sont décroissants, ce qui rend irra-
pées. Dès les années 1940, J. A. Schumpeter tionnel un accroissement excessif de la taille
(1883-1950) avait insisté sur le rôle détermi- de l’entreprise. Son objectif est de maximiser
nant du comportement stratégique de l’en- son profit.
trepreneur et de l’innovation. À partir d’une Les différents prix possibles sont « criés » par
conception du marché différente de celle des un commissaire-priseur, ils sont donc connus
néoclassiques, l’École autrichienne concep- de tous gratuitement, les agents s’en servent de
tualise la concurrence comme processus de base pour déterminer leurs quantités offertes
découverte de l’information, l’intervention et demandées. Le « commissaire-priseur »
de l’État doit se limiter à offrir un cadre juri- centralise les offres et les demandes établies
dique stable aux échanges marchands. sur la base de ces prix. Par un processus de
Pour Marx et Keynes, l’instabilité et les tâtonnement walrassien, il détermine un prix
crises économiques caractérisent le fonction- d’équilibre qui égalise les quantités offertes et
nement des économies de marché. K. Marx demandées. Une fois le prix d’équilibre déter-
(1818-1883) a mis en évidence les contradic- miné, tous les échanges se réalisent à ce prix.
tions du capitalisme et Keynes (1883-1946) a Cet équilibre est stable, mais peut changer si
démontré l’insuffisance de la seule régulation un événement affecte l’une des deux courbes.
par les prix. S’appuyant à la fois sur les travaux Par exemple, une canicule accroît la demande
de Marx et Keynes, la théorie de la régulation de boissons fraîches : pour tous les niveaux de
s’attache à souligner l’importance des formes prix, les quantités demandées sont plus élevées
institutionnelles au sein desquelles fonc- (déplacement de la courbe de demande vers la
tionne le capitalisme. Cela permet notam- droite). Les conditions de production restant les
ment de rendre compte de la dynamique mêmes, la courbe d’offre n’est pas affectée par
historique des systèmes économiques et de la la canicule. Il en résulte un nouvel équilibre
variété des capitalismes. Le néo-institution- qui se caractérise par des quantités échangées
nalisme centre sa problématique sur le rôle plus élevées et également un prix plus élevé.
de l’organisation et de la hiérarchie. Quant Symétriquement, une nouvelle technique de
aux travaux de la socioéconomie, ils mettent production plus efficace conduira à un dépla-
l’accent sur le cadre institutionnel dans lequel cement vers la droite de la courbe d’offre
se déroulent les relations marchandes. et, la courbe de demande n’étant pas modi-
fiée, un nouvel équilibre avec des quantités
Marchés, prix et équilibre plus élevées et un prix plus bas. L’analyse,
en concurrence parfaite appelée parfois statique comparative, consiste
à comparer le nouvel équilibre à l’ancien.
La détermination du prix d’équilibre Cet équilibre est optimal. L’allocation des
Dans le modèle néoclassique de concurrence ressources est efficiente et la quantité échan-
pure et parfaite, on suppose que les consom- gée maximise le surplus du consommateur
mateurs et les producteurs sont « preneurs et le surplus du producteur.
de prix » (price takers) et qu’ils ont des com-
portements de maximisation sous contrainte. L’équilibre général
Le consommateur ou « ménage » cherche à
Dans le modèle néoclassique de CPP, il y a
maximiser son utilité. Ses goûts sont repré-
autant de marchés que de biens. Il s’agit donc
sentés par une fonction d’utilité et il dispose
de déterminer dans quelles conditions peut
de ressources, c’est-à-dire d’une « dotation
se réaliser l’équilibre de tous ces marchés.
initiale » en biens, en droits de propriété et
en temps. Les consommateurs n’ont ni les L’analyse de Walras
mêmes goûts (les préférences), ni les mêmes On doit à L. Walras (1834-1910) la première
ressources, ce qui les conduit à échanger. tentative de démonstration de l’équilibre
Le producteur, qui représente l’entreprise général en 1874 dans un cadre de concur-
dans ce modèle, est caractérisé par une rence pure et parfaite. L’interdépendance
fonction de production dont les rendements des marchés se manifeste par le fait que l’offre
388
Marchés et prix
et la demande d’un bien dépendent du prix de convergence vers l’équilibre n’est donc plus
tous les autres biens. Si l’on suppose que dans assurée. En effet, la stabilité de l’équilibre
l’économie n biens et services sont produits n’est possible que si l’effet de substitution
et échangés (il y a n marchés), la question de l’emporte sur l’effet revenu. Si l’effet revenu
l’existence d’un équilibre général se réduit à l’emporte sur l’effet substitution, la demande
la recherche de la solution du système des n du bien Y va baisser alors que son prix relatif
équations. Il s’agit donc d’un problème mathé- est lui-même en baisse.
matique et pour qu’une solution existe, il suf-
Les défaillances du marché
fit, pense Walras, qu’il y ait autant d’équations
Dans certaines situations, désignées comme
que d’inconnues. La solution est le système
défaillances du marché, l’optimum de Pareto
de prix (déterminé par le commissaire-priseur)
ne peut être atteint. Il existe des effets externes
qui égalise les quantités offertes et demandées
dont la pollution est un exemple classique.
sur les différents marchés. Pour que l’équilibre
Lorsque l’effet externe est négatif, les quanti-
simultané sur tous les marchés soit réalisé, il
tés échangées sur le marché sont supérieures
faut que la monnaie ne soit pas demandée
à l’optimum social (et inférieures à l’optimum
pour elle-même mais seulement pour être
si l’externalité est positive). Dès lors, l’équi-
dépensée (elle n’a pas de fonction de réserve
libre du marché, qui est un optimum privé, ne
de valeur). Walras introduit la monnaie en
correspond pas à un optimum pour la société.
considérant que l’un des biens sert de numé-
Il s’agit d’un des cas de défaillance du mar-
raire (unité de compte).
ché qui justifie pour l’économie du bien-être
En fin de compte, L. Walras présente une
une intervention publique. Cette dernière est
démonstration formalisée, dans le cadre néo-
aussi nécessaire dans le cas des biens collec-
classique, de la loi de Say qui assure l’impos-
tifs pour lesquels il n’existe pas d’offre privée
sibilité de crises de surproduction générale
car ces biens se caractérisent par l’absence
et durable. Par ailleurs, tout équilibre général
d’exclusion par les prix, il est donc impos-
concurrentiel est un optimum de Pareto (pre-
sible de faire payer l’utilisateur et aucune
mier théorème de l’économie du bien-être).
recette n’est possible pour le producteur. Un
Le modèle Arrow-Debreu dernier cas d’intervention de l’État concerne
Pour K. Arrow et G. Debreu (Existence of an les biens dont la production est à rendements
Equilibrium for a Competitive Economy, 1954), croissants, ce qui conduit à une situation de
les hypothèses de la concurrence parfaite ne monopole naturel. La puissance publique
sont pas suffisantes pour démontrer l’existence doit alors imposer au monopole naturel une
d’un équilibre général. D’autres hypothèses tarification au coût marginal. L’intervention
sont nécessaires. Tout d’abord l’existence d’un de l’État est destinée à revenir à un optimum
système complet de marchés. Les préférences de Pareto.
des consommateurs doivent être convexes
(convexité des préférences). Il n’y a pas de Marchés, prix
rendements croissants ni de coûts fixes. et concurrence imparfaite
Les hypothèses ajoutées par K. Arrow (prix
Nobel 1972) et G. Debreu (prix Nobel 1983) La théorie néoclassique
sont donc plus contraignantes que les seules et la concurrence imparfaite
hypothèses de la concurrence parfaite : dans Concurrence imparfaite, équilibre sous-optimal
le monde réel, l’équilibre général est peu et rigidité des prix
probable. Les deux auteurs eux-mêmes ont Dans les situations de marché autres que la
attiré l’attention sur les limites que consti- concurrence parfaite les offreurs, mais aussi
tuaient ces hypothèses et ils ont également les demandeurs ont un pouvoir de marché
souligné les lacunes de cette théorie qui éva- (cas du monopole ou du monopsone par
cue la monnaie et l’incertitude. exemple).
Par ailleurs, le théorème de Sonnenschein Rejetant l’hypothèse d’atomicité (modèles
(1973) établit que les fonctions d’offre et de monopole, duopole, oligopole) ou l’hypo
de demande ont une forme quelconque, la thèse d’homogénéité du produit (modèles
389
Marchés et prix
390
Marchés et prix
391
Marchés et prix
Les lois qui régissent les institutions doivent développe une analyse macroéconomique
déterminer un cadre général qui s’applique qui montre qu’en règle générale, une éco-
à tous et dans toutes les circonstances. Ce nomie capitaliste de marché est en situation
cadre permet aux individus d’ajuster leurs d’équilibre de sous-emploi. Pour lui, les
anticipations dans un monde d’incertitude et résultats obtenus au niveau microécono-
d’ignorance. Le droit est ainsi le complément mique ne sont pas nécessairement vrais au
indispensable à l’ordre spontané du mar- niveau macroéconomique.
ché. Par ailleurs, selon F. Hayek (1899-1992, Dans son analyse, la demande antici-
Nobel 1974), l’État doit être contraint par des pée de biens de consommation et de biens
règles et le pouvoir du gouvernement doit être d’équipement par les entreprises détermine
limité par la loi. C’est la condition pour que le niveau de la production nationale et donc
les gouvernements, qui disposent d’immenses celui de l’emploi.
pouvoirs, ne soient pas tentés d’en abuser. Le niveau de production qui résulte de
leurs décisions est quelconque : « Il n’y a pas
Marchés et prix : de raison de penser qu’il doive être égal au
les analyses hétérodoxes plein-emploi. » En cas de sous-emploi, la rigi-
dité du taux de salaire nominal ne permet pas
Marchés et prix : déséquilibres
la résorption du chômage qui dépend fonda-
et instabilité macroéconomiques
mentalement du niveau de la production de
L’analyse de Marx biens et services. Les économies de marché
K. Marx (1818-1883), dans l’analyse du capi- peuvent donc rester durablement dans des
talisme, accorde une grande importance situations de déséquilibre du marché du tra-
au marché et au mécanisme des prix. Dans vail. En cas de crise, la contraction du revenu
le cadre du mode de production capitaliste, national rend les entreprises pessimistes.
si les marchés jouent un rôle régulateur, ils Elles réduisent leur niveau de production et
conduisent à long terme à un essor déséquili- d’emploi. Le chômage progresse et les anti-
bré de la production. Les crises économiques cipations de la demande deviennent encore
sont donc des moments « naturels » du fonc- plus pessimistes, conduisant à un approfon-
tionnement des économies capitalistes dont dissement de la crise. Les prix, ne permettent
elles expriment les contradictions. En effet, pas l’ajustement des grandeurs macroécono-
au cours des périodes d’expansion du capi- miques, sur le marché du travail mais aussi
talisme, le secteur des biens d’investissement, sur les marchés des biens de consommation
sous l’effet de la concurrence, tend à croître car la consommation dépend du revenu
plus vite que celui des biens de consomma- national et non des prix, pour Keynes. Quant
tion du fait de la faiblesse des salaires (pau- à l’investissement, il se contracte sous l’effet
périsation). La suraccumulation de capital des anticipations. Il en résulte un chômage
qui en résulte conduit à la crise dont la sortie involontaire et une baisse des salaires. Cette
ne peut être assurée que par la dévalorisation situation, en déprimant la demande, ne fait
d’une partie du capital et d’une exploitation qu’aggraver la situation.
des travailleurs plus intensive. Par ailleurs, Par ailleurs, Keynes développe une théorie
la concurrence conduit à un accroissement nouvelle de la monnaie et du taux d’intérêt.
de la concentration des entreprises et à la Les encaisses pour motifs de précaution et de
baisse tendancielle du taux de profit. On spéculation conduisent à une thésaurisation
trouve de plus chez Marx une critique de la
et créent ainsi la possibilité d’une insuffi-
loi des débouchés et la mise en évidence du
sance de la demande de biens et services.
caractère actif de la monnaie. Pour lui, une
Quant au taux d’intérêt, il est selon Keynes
économie monétaire est fondamentalement
le prix de la renonciation à la liquidité. Il
différente d’une économie de troc.
n’intervient que pour départager, à l’inté-
L’analyse de Keynes rieur du volume global de l’épargne (qui
J. M. Keynes (1883-1946) remet en cause dépend du revenu national), l’épargne pla-
le caractère autorégulateur du marché et cée et l’épargne thésaurisée. Une hausse de
392
Marchés et prix
393
Marchés et prix
que celui des politiques de régulation de de dettes, etc.). Des politiques monétaires
la demande. L’analyse, microéconomique, restrictives de lutte contre l’inflation (taux
reste centrée sur le marché du travail qui ne d’intérêt élevés) aggravent la situation.
peut s’ajuster spontanément. Les défauts de paiement, les mises en
faillite provoquent des difficultés, voire la
Efficience des marchés et instabilité financière
faillite pour certaines organisations financières
Dans l’approche orthodoxe, les marchés
qui avaient consenti des prêts. Une réaction
financiers étant efficients, ils contribuent à une
en chaîne se profile (risque systémique), qui
allocation optimale des ressources financières.
nécessite l’intervention rapide des pouvoirs
Si l’on renonce à l’hypothèse d’efficience,
publics et des banques centrales (« prêteur
l’instabilité de ces marchés peut affecter l’en-
en dernier ressort »). Une fois la stabilité
semble de l’économie.
rétablie, l’expansion économique reprend
Dans la Théorie générale, Keynes avait
ainsi que l’essor de l’investissement et de
déjà analysé le mimétisme des agents sur les
l’endettement et les risques d’instabilité
marchés financiers (métaphore du concours
financière accrue… Toute période de stabi-
de beauté). Les analyses d’A. Orléan et de
lité finit par conduire à une crise (paradoxe
l’économie des conventions approfondissent
de la tranquillité).
ce point de vue. L’absence d’information par-
faite justifie en effet de suivre les mouvements
du marché car il est plus rationnel d’avoir Marchés et institutions
tort avec le marché que d’avoir raison contre Le néo-institutionnalisme
lui. Cela est vrai pour les agents peu infor- Ce courant théorique met en avant les coûts
més mais également pour les opérateurs des de transaction occasionnés par le marché,
marchés, obligés de prendre des décisions coûts que supprime la hiérarchie mise en
dans un laps de temps très rapide. Les varia- œuvre dans les organisations. Selon R. Coase
tions des cours boursiers peuvent alors se (prix Nobel 1991), l’entreprise est une forme
déconnecter de l’économie réelle. Les bulles d’organisation économique efficiente, alter-
spéculatives, rationnelles et irrationnelles, native au marché. Lorsque le recours au
finissent par éclater, entraînant souvent l’éco- marché entraîne des coûts de transaction trop
nomie tout entière dans la crise (par le jeu de élevés, la firme a intérêt à internaliser les acti-
l’effet de richesse). Les variations des cours vités, produire elle-même plutôt qu’acheter
boursiers déterminent alors en grande partie à une autre entreprise. Néanmoins, l’inter-
les fluctuations de la consommation et l’in- nalisation conduit à un accroissement de la
vestissement. Ce mécanisme est aujourd’hui taille de l’entreprise qui augmente les coûts
accentué par la libéralisation et l’essor de la d’organisation.
finance qui s’est accompagné d’un accroisse- O. Williamson (1975) prolonge l’analyse
ment de la proportion de ménages possédant de Coase en s’appuyant sur les hypothèses de
des actifs financiers. rationalité limitée (H. Simon), d’opportunisme
Les fluctuations des marchés financiers et en prenant en compte la spécificité des
s’accompagnent également de celles de l’en- actifs. Il en déduit des structures variables
dettement des entreprises (et des États). Les d’organisation des firmes en fonction des
phases d’expansion s’accompagnent d’une transactions.
montée de l’endettement accentuée par un La coordination des décisions indivi-
effet de levier. La charge de la dette devient duelles par les prix, un des rôles essentiels
de plus en plus importante pour un nombre du marché mis en avant par la théorie néo-
grandissant d’entreprises qui, afin de faire classique, n’est donc pas systématiquement
face à leurs obligations de remboursement, la meilleure. Il en est de même pour l’al-
sont contraintes de baisser leurs prix et céder location des ressources par le marché.
certains actifs financiers (ce qui provoque la Des organisations, qu’il s’agisse de firmes,
baisse de la Bourse). La baisse de tous les d’administrations publiques, d’associations,
prix (déflation) accroît le poids de la dette etc., peuvent être plus efficaces, mais il
réelle qui accentue la déflation (déflation faut également tenir compte de leurs coûts
394
Marchés et prix
d’organisation. Les frontières entre marché lisation des économies. La régulation des
et hiérarchie dépendent de la comparaison marchés par les prix ne peut suffire et l’in-
entre les coûts de transaction et les coûts tervention de l’État s’avère indispensable. De
d’organisation. nombreuses recherches contemporaines en
sociologie économique soulignent l’impor-
La socioéconomie
tance de l’inscription sociale du marché. La
La socioéconomie considère que l’inter-
régulation marchande suppose l’existence
prétation des échanges marchands doit
d’institutions et d’organisations (réglemen-
tenir compte des institutions de régulation
tation de la concurrence), elle résulte sou-
macroéconomiques, des liens et réseaux
vent de la mobilisation collective de certains
sociaux, des jeux de pouvoirs, des systèmes
acteurs (actions en faveur de l’ouverture à
de valeurs, des conventions, du contexte his-
la concurrence du secteur aérien ou de la
torique et social, etc.
téléphonie), elle nécessite des procédures
Cette approche a été en particulier initiée
de réduction des asymétries d’information
par l’institutionnalisme. Dès le début du
(guides culinaires, labellisation, certification,
xxe siècle, Th. Veblen (1847-1929) consi-
etc.).
dérait que l’analyse des comportements de
consommation devait prendre en compte les Marchés, croissance économique
effets de distinction sociale (consommation et institutions
ostentatoire). Plus tard, la théorie managé- Pour D. North (1920-2015, prix Nobel
riale de l’entreprise ainsi que l’analyse de 1993), les institutions se définissent comme
J. K. Galbraith mettent en avant le rôle des l’ensemble des règles qui régissent les inte-
rapports de pouvoir (rôle de la technostruc- ractions humaines. « De façon plus formelle,
ture) dans les grandes sociétés anonymes, elles sont les contraintes imaginées par
qui influencent les prix du marché, les l’homme qui structurent l’interaction poli-
modèles de consommation (filière inversée tique, économique et sociale. […] Tout au
de J. K. Galbraith) et l’action économique long de l’histoire, les institutions ont été ima-
de l’État. ginées par les êtres humains pour créer de
Dans une perspective anthropologique, l’ordre et réduire l’incertitude dans l’échange.
K. Polanyi (1887-1964), dans La grande trans- Avec les contraintes habituelles en sciences
formation (1944), considère que l’économie économiques, elles définissent l’ensemble
est « encastrée » (« embedded » en anglais) des choix et déterminent en conséquence
dans le social. La naissance du système les coûts de transaction et de production et,
du marché autorégulateur au Royaume-Uni à partir de là, la profitabilité et la faisabilité
de 1795 à 1933 s’accompagne d’un désen- à s’engager dans l’activité économique »
castrement de l’économie avec un système (D. North).
où la production de biens et de services ainsi Prenant appui sur l’histoire économique,
que la répartition des revenus dépendent D. North multiplie les exemples où les ins-
de la loi de l’offre et la demande. titutions jouent un rôle majeur dans la crois-
K. Polanyi met en exergue le caractère sance, que ce soit dans la construction de
utopique de l’instauration d’une société certaines infrastructures ou sur les marchés
dont les institutions seraient régies par les de capitaux, la législation des sociétés ano-
lois prétendument universelles du marché. nymes, etc.
Selon cet auteur, « l’idée d’un marché s’ajus- Ces institutions, selon l’expression de
tant sur lui-même était purement utopique. D. Rodrik et A. Subramanian (2004) sont
Cette institution ne pouvant exister sans « créatrices de marchés » en ce sens qu’en
anéantir la substance humaine et naturelle leur absence les marchés n’existent pas ou
de la société, sans détruire l’homme et sans fonctionnent mal. Mais ces deux auteurs
transformer son milieu en désert » (La grande considèrent qu’elles ne sont pas suffisantes
transformation). La société anglaise prit donc pour garantir une croissance durable. Pour
des mesures pour se protéger de son auto- eux, trois autres types d’institutions doivent
destruction, ce qui conduisit à une resocia- être mises en place « pour soutenir la
395
Marge brute d’autofinancement (cash flow)
396
Maximax
Masse monétaire
La masse monétaire est la quantité totale de mon- Matrice disciplinaire
naie en circulation dans une économie à un Selon Th. Kuhn (1922-1996) une matrice dis-
moment donné. La définition et la mesure de la ciplinaire est un ensemble de croyances (concep-
masse monétaire sont conventionnelles (il faut tion du monde), de règles méthodologiques, de
définir quels sont les actifs qui sont monétaires et paradigmes, qui sont communs aux chercheurs
ceux qui ne le sont pas). En pratique, on calcule d’une discipline donnée, au cours d’une période
divers agrégats monétaires qui sont autant de de science normale.
mesures possibles de la masse monétaire. À Ce concept est donc plus large que celui de para-
Ü Monnaie digme.
Base monétaire, Contreparties de la masse monétaire, Ü Épistémologie économique
Liquidité, Loi de Goodhart, Monnaie centrale, Révolution scientifique
Monnaie fiduciaire, Monnaie scripturale, Placement,
Préférence pour la liquidité, Théorie quantitative de
la monnaie Maturité (en finance)
La maturité en finance désigne la durée d’un
Matérialisme historique emprunt ou, ce qui revient au même, sa date
d’échéance. On parle aussi de la maturité pour dési-
Le matérialisme historique désigne la méthode
gner la durée de vie résiduelle d’un titre. Il existe
que K. Marx (1818-1883) utilise pour analyser les
en général une relation positive entre la maturité
sociétés et leur évolution. L’originalité du maté-
et le taux d’intérêt (le taux d’intérêt à long terme
rialisme historique est de mettre l’accent sur l’in-
frastructure économique de la société, caractérisée est plus élevé que le taux à court terme).
par des rapports de production qui correspondent Ü Finances internationales, Monnaie
à un degré de développement donné des forces Bourse des valeurs, Courbe des taux, Duration, Obli-
productives. K. Marx écrit ainsi dans la préface à gation
la Contribution à la critique de l’économie politique
(1859) que « le mode de production de la vie maté-
rielle domine en général le développement de la vie Maximax
sociale, politique et intellectuelle ». Le maximax est un critère de décision dans l’incer-
Par ailleurs, selon K. Marx, tout mode de pro- titude qui consiste à choisir l’action qui procure le
duction est traversé par des contradictions dont la gain maximum le plus élevé (maximise le résultat
principale est celle qui oppose le développement maximal).
des forces productives aux rapports de produc- On considère généralement que ce critère de
tion existants et les rapports de propriété qui les décision est résolument optimiste.
sous-tendent. Les changements dans la base éco- Ü Épistémologie économique
nomique de la société s’accompagnent de ruptures Agent économique, Préférence pour le risque, Risque,
« juridiques, politiques, religieuses, artistiques, Théorie des jeux
397
Maximin
398
Mécanisme de supervision unique (MSU)
– si le taux d’intérêt monétaire est supérieur au taux Conférence de Copenhague, Convention-Cadre des
d’intérêt naturel – ce qui peut résulter notamment Nations unies sur les changements climatiques
d’une crise de confiance (faillite bancaire) ou (CCNUCC), Économie de l’environnement, Mise en
d’une intervention de l’État – cela conduit à un œuvre conjointe, Politique climatique
ralentissement de l’activité économique et à l’émer-
gence d’un chômage wicksellien.
À F. Hayek (1899-1992) s’est appuyé sur les analyses Mécanisme de règlement
de K. Wicksell pour développer son analyse moné- des différends entre investisseurs
taire des crises. et État (ISDS en anglais)
Ü Fluctuations et crises économiques, Monnaie
Accélérateur financier, Credit crunch, Crise de suren- Tribunaux d’arbitrage international
dettement, Effet de levier, Équilibre monétaire
Mécanisme de résolution unique
Mécanisme de change européen (MRU)
(MCE) Le mécanisme de résolution unique est une pro-
Au sein du système monétaire européen (SME), cédure de résolution bancaire mise en place dans
le mécanisme de change européen (dit MCE 1) le cadre de l’Union bancaire. Il a pour objectif
visait à maintenir la stabilité des monnaies des pays d’intervenir si une banque rencontre de graves
membres autour de leur cours-pivot en écu. difficultés, c’est-à-dire si sa défaillance est probable
Depuis la création de l’euro, le 1er janvier 1999, ou avérée. Le mécanisme est mis en œuvre par un
le nouveau mécanisme de change européen (dit conseil de résolution qui peut avoir recours à un
MCE 2) relie à l’euro les monnaies des pays membres fonds de résolution alimenté par des contributions
de l’Union européenne (UE) qui ne participent pas des banques et qui permet donc de disposer de
encore à l’Union monétaire. Le MCE 2 vise à assu- moyens financiers pour restructurer le capital
rer la stabilité des changes au sein de l’Union euro- de la banque en difficulté. Le mécanisme de résolu
péenne et à favoriser la convergence nominale des tion prévoit et met en œuvre des mesures qui
pays non-membres de la zone euro. La participation s’inscrivent dans le principe du bail in.
au MCE 2 est facultative, mais le Danemark ainsi Ü Intégration économique, Monnaie
que certains des dix nouveaux pays membres de l’UE Autorité bancaire européenne (ABE), Crise bancaire,
y participent. Les marges de fluctuations du MCE 2 Crise financière, Mécanisme de supervision unique
sont de 15 % au-dessus ou en dessous des cours- (MSU), Règles prudentielles, Risque de système,
pivot bilatéraux, mais le Danemark a adopté des Solvabilité, Stabilité financière, Système européen
marges plus réduites (plus ou moins 2,25 %). de surveillance financière (SESF), Test de résistance
Ü Finances internationales, Intégration économique
Changes fixes, Régime de change, Traité de Maastricht
Mécanisme de supervision unique
(MSU)
Mécanisme de développement Le mécanisme de supervision unique a été mis en
propre place en octobre 2013 afin d’intégrer la surveillance
Le mécanisme de développement propre a été mis en des établissements bancaires au niveau de l’ensemble
place dans le cadre du Protocole de Kyoto. Il permet de l’Union européenne (UE). Le MSU vise à assurer
à une entreprise d’un pays industrialisé de financer la sécurité et la stabilité des banques en anticipant
des dispositifs de réduction des émissions de gaz à les difficultés éventuelles. À la suite de la crise finan-
effet de serre dans les pays en développement. Ce dis- cière mondiale de 2007-2008 et de ses répercussions
positif doit permettre aux pays bénéficiaires de s’enga- en Europe, un consensus s’est formé sur l’idée que la
ger dans un processus de transition énergétique vers supervision bancaire ne pouvait pas relever unique-
une économie bas carbone. En contrepartie, l’entre- ment des autorités nationales et de coordination.
prise qui finance obtient des quotas d’émission qui Le MSU est pris en charge par la Banque centrale
s’ajoutent à ceux qu’elle a obtenus sur son territoire. européenne (BCE), il repose sur un cadre régle-
L’objectif est de réduire le coût global de la réduction mentaire unique en matière prudentielle applicable
des émissions de carbone en faisant le choix de faire à toutes les banques qui opèrent dans l’UE.
porter les efforts de réduction là où le coût marginal À On parle aussi de mécanisme de surveillance unique.
de la tonne de carbone est le plus faible. À L’Union bancaire s’applique à la zone euro.
Ü Économie et écologie, Économie publique, Marchés Bien que la MSU soit une composante de l’Union
et prix bancaire, elle s’applique à l’ensemble des banques
399
Mécanisme européen de stabilité (MES) ou European Stability Mechanism (ESM)
de l’Union européenne. Seules les grandes banques statistique considérée en deux parts égales. En
de la zone euro sont soumises à la supervision directe conséquence, 50 % de la population étudiée a une
de la BCE, les autres banques restent soumises aux modalité inférieure ou égale à Me et 50 % de la
autorités nationales de supervision (mais dans le population étudiée a une modalité supérieure ou
cadre de la réglementation prudentielle unique). égale à Me.
Ü Intégration économique, Monnaie Centile, Décile, Disparité, Dispersion, Millile, Quartile
Autorité bancaire européenne (ABE), Crise bancaire,
Crise financière, Intégration, Mécanisme de supervision
unique (MSU), Règles prudentielles, Risque de système, Ménage
Solvabilité, Stabilité financière, Système européen de Un ménage est une unité institutionnelle de la
surveillance financière (SESF), Test de résistance comptabilité nationale qui regroupe l’ensemble des
occupants d’une résidence principale, qu’ils aient ou
non des liens de parenté. Dans les enquêtes auprès des
Mécanisme européen de stabilité ménages, l’INSEE considère de plus que les membres
(MES) ou European Stability du ménage doivent avoir un budget commun.
Mechanism (ESM) À Un ménage peut ne comprendre qu’une seule
Le mécanisme européen de stabilité (MES) est une personne. Les ménages collectifs réunissent des per-
organisation permanente de la zone euro située sonnes vivant en communauté (foyers de travailleurs,
à Luxembourg, qui a pour objectif de préserver maisons de retraite, résidences universitaires, maisons
la stabilité financière de l’union monétaire. Le de détention etc.) ou dans des habitations mobiles
MES, créé le 27 septembre 2012, se substitue à par- (nomades, mariniers, etc.).
tir de juillet 2013 au Fonds européen de stabilité À Ne pas confondre avec une famille qui repose sur
financière (FESF) et au Mécanisme européen de des liens de parenté.
stabilité financière (MESF). Le MES dispose d’une Ü Comptabilité nationale, Consommation et épargne
variété d’instruments, notamment : Entreprise individuelle
– une capacité de prêt aux pays en difficulté
(actuellement 500 Mds d’euros sur la base d’un capi-
tal de 700 Mds d’euros qui pourra être réévalué) ; Mercantilisme
– une autorisation pour lever des fonds en émet- Le mercantilisme est un courant de l’analyse écono-
tant des titres financiers, en concluant des accords mique dont les auteurs marquants publient entre le
financiers avec ses membres ou des institutions xvie et le xviiie siècle. Il ne s’agit pas vraiment d’une
financières et pouvant impliquer le secteur privé école et les positions défendues par ces auteurs sont
dans la gestion des plans de sauvetage des États assez diverses. Cependant, ils ont en commun de
membres ; considérer que la prospérité du Prince ou de la
– une possibilité d’achat d’obligations souve- Nation dépend de ses échanges (mercanti : mar-
raines des États membres sur les marchés finan- chands en italien) et de l’effectif de sa population.
ciers primaire et secondaire ; Ils prônent aussi le protectionnisme ce qui leur
– une possibilité de recapitalisation d’établisse- vaudra de vives critiques de la part des libéraux.
ments financiers ; On peut distinguer plusieurs mercantilismes,
– une capacité de surveillance préventive et qui (le plus souvent) ont théorisé des politiques
d’audits. économiques menées par les grandes puissances
Mais tout État membre faisant appel au MES a économiques de l’époque :
l’obligation de se soumettre au Traité de stabilité, – le bullionisme (de bullion : lingot d’or) pré-
de coordination et de gouvernance (TSCG) et à conise l’enrichissement par les métaux précieux.
un ajustement économique et fiscal. Cette doctrine économique conforte la politique
Ü Finances internationales, Intégration économique, de l’Espagne du xvie siècle qui pille ses colonies
Monnaie et importe l’or et l’argent en métropole. Les bul-
Clause de non-renflouement, Conditionnalité, Crise lionistes confondent la richesse monétaire avec la
de la zone euro, Dette publique, Dette souveraine, richesse réelle. Or, l’accumulation de métaux pré-
Surveillance macroprudentielle, Surveillance micro- cieux a conduit à une hausse des prix qui a ruiné
prudentielle l’agriculture et l’industrie espagnoles : les autres
économies européennes ont développé leur pro-
duction pour exporter vers l’Espagne ;
Médiane – l’industrialisme français avance que la seule
La médiane Me d’une série statistique est la valeur véritable richesse est celle qui provient du travail
du caractère statistique qui partage la population (de « l’industrie ») des sujets du monarque. Certains
400
Méthode inductive
de ses représentants ont été les précurseurs de l’in- À Contrairement à une idée reçue tenace, la méthode
terventionnisme étatique à l’abri de barrières protec- expérimentale est parfaitement utilisable en
tionnistes, c’est le cas de J.-B. Colbert (1619-1683) sciences sociales (donc en science économique).
et A. de Montchrestien (1575-1621). Les mercan- En particulier, ces dernières années, on a vu se
tilistes français ont aussi alimenté le débat sur les développer la méthode des expériences aléatoires
questions monétaires avec J. Bodin (1529-1596) ; en économie (méthode illustrée notamment dans
– le commercialisme anglais marqué par les tra- le cadre de l’économie du développement par les
vaux de T. Mun (1571-1641) ou de J. Locke (1632- travaux d’E. Duflo).
1704) qui montrent l’importance des échanges À Ne pas confondre méthode expérimentale avec
extérieurs et en particulier du commerce maritime. méthode inductive ou avec empirisme.
Les Actes de navigation édictés par O. Cromwell Ü Épistémologie économique
(1599-1658), s’inspirent de ces analyses : ils sti- Économie expérimentale, Méthode hypothético-
pulent que tout navire entrant ou sortant d’un port déductive, Réfutationnisme, Vérificationnisme
anglais doit battre pavillon anglais (ou celui du
pays d’origine ou de destination du produit). Cette
réglementation a fortement stimulé la puissance Métaphore du seau percé
maritime et commerciale britannique ; La métaphore du seau percé (leaky bucket), expo-
– le caméralisme allemand est une version du sée par A. Okun (1928-1980), désigne l’idée selon
mercantilisme qui met l’accent sur l’intervention laquelle les sommes transférées au cours du proces-
du Prince dans la vie économique (de camera : sus de redistribution des revenus ne parviennent
chambre d’enregistrement des décisions du Prince). pas en totalité à leurs destinataires. Comme si ces
Cette tradition allemande favorable à l’État se sommes étaient transportées dans un seau percé qui
retrouvera dans l’École historique allemande et en laissait échapper une partie. Selon A. Okun, ces
dans le socialisme de la chaire. pertes sont liées aux coûts de fonctionnement de la
À À la fin de la Théorie générale de l’emploi, de l’inté- redistribution socio-fiscale (fiscalité et prestations
rêt et de la monnaie (1936), J. M. Keynes (1883- sociales) et aux effets désincitatifs sur l’offre de
1946), se livre à une réhabilitation partielle de la travail.
tradition mercantiliste en relativisant les bienfaits À Derrière la métaphore du seau percé, on retrouve,
du libre-échange. en matière d’intervention de l’État, le débat équité/
À Aujourd’hui, le terme « mercantilisme » est uti- efficacité et la question de la fiscalité optimale.
lisé pour qualifier des politiques économiques qui Ü Protection sociale, Revenus
cherchent à protéger tout ou partie de l’économie Courbe de Laffer, Redistribution verticale
nationale de la concurrence étrangère.
Ü Commerce international
Protectionnisme éducateur Méthode hypothético-déductive
La méthode hypothético-déductive consiste à for-
muler des postulats, à en déduire des énoncés tes-
Mésoéconomie tables et à soumettre ces énoncés à des épreuves de
L’analyse mésoéconomique se donne pour objectif réfutation (confrontation au réel).
l’étude d’un niveau de la réalité économique intermé- À La méthode expérimentale est donc une compo-
diaire entre la microéconomie et la macroéconomie. sante de la méthode hypothético-déductive. Ces
Par exemple, une analyse conduite au niveau des deux méthodes s’opposent à la méthode inductive
secteurs d’entreprise, des branches, des filières, qui repose sur des expérimentations ou des obser-
est une analyse mésoéconomique. vations sans théorie préalable.
Ü Entreprises et système productif Ü Épistémologie économique
Économie de réseaux, Économie industrielle, Politique Hypothèse, Méthodologie
industrielle
Méthode inductive
Méthode expérimentale La méthode inductive consiste à formuler des
La méthode expérimentale consiste à soumettre une énoncés généraux (lois) à partir d’énoncés d’obser-
hypothèse, une loi ou une théorie à une épreuve vation formulés sans grille théorique préalable.
de vérification ou de réfutation. La méthode Ü Épistémologie économique
expérimentale repose sur l’observation, sur l’inves- École historique allemande, Empirisme, Induction,
tigation statistique ou sur la création de situations Inductivisme, Méthode hypothético-déductive, Posi-
artificielles en laboratoire (expérimentation). tivisme
401
Méthode ouverte de coordination
402
Mittelstand
403
Mobilité des facteurs
404
Modèle Arrow-Debreu
405
Modèle d’Akamatsu (vol d’oies sauvages)
d’équations et du nombre d’inconnues dans le net et jeune emprunteur net (sa balance com-
modèle s’est révélée insuffisante du point de vue merciale et sa balance des capitaux sont négatives
mathématique. puisqu’il a encore une faible productivité et que sur
À Le modèle Arrow-Debreu démontre l’existence le plan interne son taux d’épargne est inférieur à son
d’un équilibre, mais pas l’unicité, ni la stabilité de taux d’investissement, il emprunte et ne prête pas).
cet équilibre. Dans une deuxième étape, ce pays devient
Ü Épistémologie économique, Marchés et prix un emprunteur évolué : sa balance commerciale
Équilibre concurrentiel, Loi de Walras, Main invi- devient progressivement positive avec les gains
sible, Théorème de Sonnenschein de productivité et la réduction de son taux d’im-
portation de biens d’équipement tandis que
son épargne domestique augmente, mais sa dette
Modèle d’Akamatsu externe reste élevée et cela se traduit par un solde
(vol d’oies sauvages) négatif d’intérêts et de dividendes versés au reste
Le modèle Akamatsu est un modèle dans lequel, du monde.
au cours de plusieurs phases successives (les « vols Dans une troisième étape, la balance com-
d’oies sauvages »), un pays en développement merciale devient positive et le pays rentre dans la
(PED) connaît une montée en gamme dans son catégorie de nouveau préteur avec la croissance de
processus d’industrialisation grâce à l’exploitation son épargne qui devient supérieure à celle de son
de ses avantages comparatifs dans le commerce investissement tandis que l’incitation à placer les
international. L’investissement direct à l’étranger capitaux à l’étranger s’accroît avec une produc-
(IDE) joue également un rôle majeur dans ce pro- tivité marginale supérieure dans des pays moins
cessus. Ce modèle a été proposé par l’économiste développés.
K. Akamatsu (1896-1974) dans les années 1930, Dans la quatrième étape, ce pays devient un pré-
puis adapté aux réalités de la croissance japonaise teur évolué, sa balance commerciale est négative, sa
d’après-guerre et popularisé par S. Okita (1985). balance de la rémunération des capitaux est positive
Dans un premier temps, le PED (« l’oie » de tête, avec la rémunération perçue au titre des capitaux
le Japon pour Akamatsu) connaît un décollage placés à l’extérieur et les transferts nets de capitaux
industriel à travers une stratégie d’industrialisa- sont négatifs.
tion portant sur les exportations de produits bruts Ce modèle repose sur l’hypothèse d’une forte
et des importations de produits finis occiden- élasticité des flux de capitaux au taux d’intérêt.
taux. Dans un deuxième temps, le PED construit Il est moins adapté à la croissance du xxie siècle
sa propre industrie de consommation qui vient où les pays qui connaissent une croissance rapide
concurrencer les importations. Dans un troisième sont aussi ceux qui ont dégagé les plus forts taux
temps, cette industrie devient exportatrice et s’ho- d’épargne comme c’est le cas en Chine.
mogénéise avec celle des pays industrialisés. Cela Ü Commerce international, Économie du dévelop
conduit à une montée en puissance de la produc- pement, Finances internationales, Mondialisation
tion domestique des biens d’équipement néces- Avantage comparatif, Balance des paiements, Écono-
saires et des biens à forte intensité capitalistique. mie géographique, Fragmentation internationale de
L’essor de l’économie s’accompagne d’un effet de la chaîne de la valeur, Institutionnalisme, Miracle
propagation régional par la demande adressée aux économique, Modèle d’Akamatsu, Spécialisation éco-
pays proches (« oies » suiveuses). nomique internationale, Stratégie de développement,
Ü Commerce international, Économie du dévelop Théorème HOS
pement
Capital humain, Décomposition internationale des
processus productifs (DIPP), Démarrage, Mondia Modèle de Solow
lisation Le modèle de Solow est le modèle de croissance
néoclassique qui a été élaboré (principalement par
R. Solow, prix Nobel 1987) pour montrer la
Modèle de Cairnes et Cairncross possibilité d’une croissance équilibrée. La possi-
Le modèle de Cairnes et Cairncross est un modèle bilité d’un tel régime de croissance est liée à une
formulé dans les années 1950 par A. K. Cairncross régulation assurée par la variation du rapport capi-
(Factors in Economic Development) qui articule le tal/produit. Ce modèle néoclassique repose sur les
solde de la balance commerciale d’un pays et les hypothèses habituelles (marché de concurrence
flux de capitaux entrants et sortants de ce pays. pure et parfaite, rémunération des facteurs de
Dans la première étape, le pays s’ouvre au production à leur productivité marginale, plein
commerce international et il est alors importateur emploi, etc.). C’est un modèle d’offre.
406
Modèle Mundell-Fleming
À Le modèle keynésien (ou modèle Harrod-Domar) taux de croissance effectif, g, le taux de croissance
considère la croissance équilibrée comme une garanti, gw et le taux de croissance naturel, gn.
situation exceptionnelle. Dans le modèle Harrod-Domar, la croissance
Ü Capital et investissement, Croissance économique, économique dépend de l’augmentation de l’in-
Productivité vestissement : « une augmentation du revenu
Croissance transmise, Théorie keynésienne, Théorie national n’est pas fonction de l’investissement,
néoclassique mais de l’augmentation de l’investissement. Si l’in-
vestissement d’aujourd’hui, aussi important qu’il
soit, est juste égal à celui d’hier, le revenu national
Modèle DG-OG d’aujourd’hui sera juste égal et rien de plus à celui
Modèle AD-AS d’hier » (E. D. Domar, 1914-1997).
Ü Capital et investissement, Croissance économique,
Fluctuations et crises économiques
Modèle gravitaire
Modèle de Solow
(ou modèle de gravitation)
Le modèle gravitaire est un modèle qui s’inspire
de la loi de gravitation de I. Newton (1643-1727) Modèle IS-LM
qui énonce que deux corps sont attirés en raison Ü Politique économique
proportionnelle de leurs masses et en raison inverse Schéma IS-LM
du carré de la distance qui les sépare. Ce modèle
est utilisé en économie pour rendre compte de la
corrélation négative entre le niveau des échanges Modèle IS-LM-BP
et la distance entre deux partenaires (les échanges
sont inversement proportionnels à la distance). Le Ü Politique économique
modèle gravitaire est utilisé pour rendre compte : Modèle Mundell-Fleming
– de la mobilité du travail ;
– des comportements de consommation : la loi
de W. J. Reilly (1929) énonce qu’un agent écono- Modèle Mundell-Fleming
mique est attiré par le marché le plus important mais Le modèle Mundell-Fleming proposé par R. Mun-
qu’il en est dissuadé par la distance à parcourir ; dell (prix Nobel 2002) et M. Fleming (1911-1976)
– de la localisation des entreprises ; en 1963 est une extension du schéma IS-LM dans
– des flux d’échanges internationaux entre deux une économie ouverte. Il permet de comprendre
pays (les flux d’exportations du pays i vers le pays j l’impact des politiques économiques (monétaires,
sont fonction de l’importance économique de cha- budgétaire…) dans une économie ouverte selon le
cun des deux pays, mesurée par leur produit inté- régime de change et le degré de mobilité des capi-
rieur brut, et de la distance qui les sépare). Compte taux.
tenu du coût de franchissement d’une frontière Selon ce modèle, pour stimuler la croissance
(coûts de transport, droit de douane, coût d’infor- du revenu national, la politique budgétaire est
mation, etc.), l’existence d’une frontière commune efficace en changes fixes mais elle est d’autant
entre deux pays renforce leurs échanges bilatéraux plus inefficace en changes flexibles que la mobilité
et les investissements directs étrangers (IDE). Le des capitaux est forte. La politique monétaire est
modèle gravitaire est utilisé pour mesurer les effets d’autant plus efficace en changes flexibles que la
de création de trafic ou de détournement de tra- mobilité des capitaux est forte.
fic associés à la formation des unions douanières.
Ü Commerce international, Intégration économique,
En change flexible En change fixe
Mondialisation
Bassin d’emploi, Barrières tarifaires, Coûts de tran- Aucun impact si la Efficace pour
Politique
saction, District industriel, Économie géographique, mobilité des capitaux stimuler le revenu
budgétaire
Pôle de croissance, Pôle de développement, Union est parfaite national
douanière Politique Efficace pour stimu-
Aucun impact
monétaire ler le revenu national
407
Modèle principal-agent
408
Mondialisation
Mondialisation
En France, le terme « mondialisation » s’est principalement par des échanges de biens
imposé pour désigner le processus d’in- et services entre les pays ;
terdépendance croissante des économies – une « configuration multi-nationale », dans
nationales et la constitution d’un espace éco- laquelle la mondialisation se caractérise prin-
nomique mondial de plus en plus intégré. Ce cipalement par la mobilité de la production
terme correspond au mot anglais globaliza- des biens et services. On parle d’une seg-
tion qui est parfois aussi utilisé en français mentation du processus productif porté par
(on parle par exemple de globalisation finan- les flux d’investissements directs et les firmes
cière). Parler de globalisation ou d’économie multinationales ;
globale, c’est signifier que l’on est passé à – une « configuration globale » caractérisée
un stade supérieur de l’intégration écono- par la prédominance de la dimension finan-
mique : les biens, les services, les capitaux, cière.
circulent désormais dans un espace mondial Ces trois configurations ne sont pas exclu-
où le contrôle des États-nations s’est affaibli. sives, mais cumulatives : l’économie mon-
Ch.-A. Michalet (1938-2007) propose de diale est caractérisée aujourd’hui à la fois
distinguer trois configurations de la mondia- par :
lisation : – une croissance du commerce interna
– une « configuration inter-nationale », tional en règle générale plus rapide que celle
dans laquelle la mondialisation se caractérise de la production mondiale ;
409
Mondialisation
– une importance croissante des firmes ligne, éducation par exemple). Les facteurs de
multinationales et donc une mondialisation la globalisation se sont amplifiés cumulative-
des processus productifs ; ment : développement des moyens de com-
– un essor spectaculaire du volume des munication (internet, téléphone par satellite,
transactions sur les divers marchés financiers. etc.), innovations financières, décomposition
Cette ouverture croissante des économies internationale des processus productifs en
soulève de nombreux débats (à propos des fonction des signaux de prix pour un produit
délocalisations, des inégalités, de l’impact « made in monde » (S. Berger), conduisant à
des crises financières, etc.) qui conduisent à « un monde plat » (Th. Friedman, La Terre est
poser la question de la régulation de cette plate, 2010). Cette seconde mondialisation
économie mondialisée. se distingue de la première par plusieurs élé-
ments :
Mondialisation : phénomène ancien, – jusqu’à la fin du xixe siècle tout d’abord,
enjeux nouveaux une part importante de la production et de
la consommation échappait à la logique du
La mondialisation un phénomène ancien marché et relevait de l’activité domestique et
Pour D. Cohen, la période actuelle ne serait des échanges locaux dans le cadre d’activités
que le troisième acte d’une histoire commen- agricoles et artisanales ;
cée au xvie siècle par la découverte de l’Amé- – au xixe siècle, des formes de régula-
rique qui marque l’entrée dans la modernité. tions privées existaient, notamment dans le
Cette période se caractérise par la hausse des domaine financier à travers le rôle central de
flux de marchandises et de capitaux et d’im- la place de Londres et de la livre sterling ;
portants mouvements migratoires (compre- – enfin, s’il est exact que les firmes mul-
nant la traite des esclaves). Le deuxième acte tinationales existaient déjà au xixe siècle,
de la mondialisation se joue au xixe siècle. leur développement aujourd’hui est sans
Pendant la « paix de cent ans » (K. Polanyi), commune mesure. Les plus importantes de
on assiste à la domination d’une puissance ces firmes ont un chiffre d’affaires supérieur
économique (la Grande-Bretagne), à l’in- au produit intérieur brut (PIB) de bien des
tégration du système monétaire et financier pays. Leur volonté de détenir un pouvoir
par l’étalon-or, à la colonisation, au dévelop- de marché et de maximiser leur rentabilité,
pement du commerce international et à des les conduit à opérer des délocalisations qui
flux migratoires de grande ampleur. Selon ont un impact sur l’emploi. Leur influence
S. Berger (Notre première mondialisation, politique est loin d’être négligeable, de sorte
2003), entre 1870 et 1914, le degré d’inter- qu’au total, la capacité des États à réguler
dépendance des économies est sous certains l’action de ces firmes apparaît comme limi-
aspects plus important qu’aujourd’hui. C’est tée. Néanmoins, la décomposition interna-
à propos de cette période que Lénine parle tionale des processus productifs a tendance
de l’impérialisme comme « stade suprême à ralentir depuis quelques années.
du capitalisme » caractérisé notamment par
l’exportation massive des capitaux. Mondialisations et inégalités
Les inégalités peuvent être mesurées entre les
La seconde mondialisation différents pays (inégalités internationales), au
Les ressorts de la phase actuelle de la mon- sein de chaque pays (inégalités internes) ou
dialisation sont à la fois politiques, avec la bien de façon globale (inégalités globales).
suppression progressive des barrières tari- Pour F. Bourguignon (2012), les inégalités de
faires et non tarifaires et techniques, avec la revenus ou de niveaux de vie moyens entre
baisse des coûts du transport maritime et la les différents pays (disparité) ont tendance
facilité des moyens de communication et de à se réduire depuis les années 1990. En
circulation des informations. Le numérique revanche, les inégalités globales et les iné-
a notamment permis le développement des galités au sein de chaque pays s’accroissent.
services à distance (assistance technique en Ces évolutions dans un contexte d’accélération
410
Mondialisation
411
Mondialisation
partie des différences de développement des offrent des emplois « sédentaires ». Le revenu
régions par exemple. des nomades dépend de leur prix sur le mar-
Selon F. Bourguignon (2012), la phase ché mondial tandis que celui des sédentaires
actuelle de la mondialisation a été un cata- dépend du nombre de nomades, plus riches,
lyseur de politiques économiques libérales et des préférences pour les produits locaux
qui ont réduit les impôts des plus riches, (leur revenu s’accroît avec la préférence pour
limité la redistribution et favorisé, à travers les produits locaux). L’accroissement de la
une critique du rôle de l’État, une dérégle- richesse peut donc conduire à des trajec-
mentation offrant des opportunités à l’émer- toires de réduction ou d’accroissement des
gence de monopoles privés se substituant inégalités selon les variations du nombre de
aux monopoles publics (avec la constitution nomades ou de leur préférence pour les pro-
de grosses fortunes comme celle de Carlos duits locaux. Plus les sédentaires d’un terri-
Slim au Mexique). La globalisation finan- toire sont pauvres, plus les nomades présents
cière a imposé une finance de marché au sur ce territoire sont compétitifs au niveau
niveau mondial, couplée à la globalisation mondial puisque les produits sédentaires sont
des firmes. La dynamique qui en découle bons et les salaires des nomades peuvent être
a conduit les investisseurs institutionnels plus faibles à pouvoir d’achat égal.
internationaux à mettre en concurrence les
firmes globales en exigeant un rendement Inégalité et mondialisation :
actionnarial le plus élevé possible, imposant un lien à nuancer
une approche shareholder de la gouvernance
Pour certains économistes, la mondialisation
d’entreprise. Pour y répondre, ces firmes glo-
n’est pas directement responsable de l’évolu-
bales mettent elles-mêmes en concurrence
tion des inégalités. Celles-ci résultent selon
les territoires afin de comprimer leurs coûts
eux d’un triple phénomène :
de production et de maximiser ce rendement
– le rythme rapide du progrès technique
actionnarial. Cette pression concurrentielle
qui joue en faveur des individus les plus
a été favorable aux revenus du capital, à la
qualifiés et affecte dans des conditions dif-
précarisation des emplois, notamment indus-
férentes les diverses activités économiques ;
triels. La finance globalisée a ainsi pesé sur
– les appariements sélectifs des individus
le partage de la valeur ajoutée en faveur des
fortement dotés en capital culturel dans des
dividendes des actionnaires, au détriment des
régions, des types d’activités, des entreprises,
salariés. Selon F. Bourguignon, la mondiali-
ce qui accroît leur productivité du fait d’éco-
sation conduit donc à un surcroît d’inégalité
nomies d’agglomération ;
au sein des nations qu’on pourrait évaluer à
– des politiques libérales (privatisations,
un niveau équivalent à celui des années 1920
déréglementation du marché du travail ou des
avant l’avènement de l’État keynésien, et
marchés financiers, remises en cause de la pro-
ce dans toutes les variétés des capitalismes
tection sociale, etc.) adoptées par les États pré-
même dans les pays institutionnellement plus
textant des « contraintes » de la mondialisation.
égalitaristes comme les pays scandinaves.
Cet accroissement général des inégalités
De son côté, P.-N. Giraud (2012) fait le
dans les pays riches inquiète jusqu’aux orga-
« terrible constat » d’un clivage entre les
nisations internationales comme l’OCDE et
revenus des « nomades » et ceux des « séden-
le FMI qui reconnaissent que des inégalités
taires » au sein des espaces nationaux. Les
trop fortes engendrent des coûts sociaux
revenus d’un territoire correspondent à la
importants (trouble à l’ordre public, montée
somme des revenus des nomades et des
des populismes xénophobes, etc.).
sédentaires. Les firmes nomades mettent en
compétition les territoires selon leurs avan-
tages comparatifs et les emplois qu’elles Mondialisation
proposent sont eux aussi « nomades ». Les et spécificités socioculturelles
firmes sédentaires, qui produisent et com- La mondialisation est souvent perçue
mercent des biens et services d’usage local, comme un facteur d’uniformité culturelle.
412
Mondialisation
Partout dans le monde s’imposeraient les Cette vision d’un monde en voie d’unifor-
mêmes marques de soda, la même restaura- misation, à l’appui de laquelle on peut certes
tion rapide, les mêmes marques de vêtement invoquer un certain nombre d’exemples,
de sport, les mêmes films, les mêmes jeux n’épuise cependant pas la réalité.
télévisés, la même musique, etc. Nombre de
ces marques sont américaines et contribue- Les facteurs de maintien
raient à diffuser « l’american way of life » et des spécificités culturelles
la domination de la langue anglaise. Cette
Le premier de ces facteurs est constitué par
vision est cependant trompeuse et unilatérale.
les inégalités de revenus, une proportion
très importante de la population mondiale
Les deux dimensions n’a accès ni à la restauration rapide, ni aux
de la mondialisation culturelle produits de grande consommation car elle
La mondialisation culturelle a deux vecteurs vit dans un extrême dénuement. On est ainsi
différents. loin d’une uniformisation sur la base du
– D’une part, un certain nombre de biens mode de vie des classes moyennes des pays
qui ne sont pas en eux-mêmes « culturels » au développés.
sens traditionnel du terme contribuent à façon- Le deuxième facteur consiste dans la
ner l’univers culturel (au sens anthropologique capacité de réinterprétation des influences
du terme). Il en va ainsi des produits alimen- culturelles par les cultures locales : la géné-
taires (boissons, restauration rapide, vête- ralisation du port du blue-jean ou de la
ments) : ces objets, et plus encore le discours consommation de Coca-Cola n’empêche pas
publicitaire qui assure leur promotion, contri- les Espagnols de se passionner pour la corrida
buent à définir des normes de consommation et les habitants de Nouvelle-Zélande pour le
ou à promouvoir des valeurs et des attitudes. rugby. L’exemple du Japon montre que le
– D’autre part, des biens culturels au sens maintien de spécificités culturelles n’est pas
strict (films, séries télévisées, musique, jeux incompatible avec l’industrialisation.
interactifs, livres, magazines, etc.) sont désor- Le troisième facteur conduit à souligner
mais conçus et diffusés au niveau mondial que l’influence culturelle n’est pas à sens
par des firmes multinationales spécialisées unique : des cuisines exotiques aux spirituali-
dans la presse, l’édition, le cinéma, etc. Ces tés orientales, les pays du Sud sont loin d’être
biens culturels contribuent eux aussi à forger les récepteurs passifs de l’influence cultu-
un imaginaire collectif commun, à promou- relle occidentale. Les musiques africaines ou
voir des pratiques sociales, voire une langue latino-américaines ont un impact important
commune. L’enquête de R. Jensen et E. Oster sur la culture occidentale et sur la « world
montre par exemple que l’introduction de la music ». Au sein même de la « forteresse
télévision par câble dans les villages ruraux Amérique », la diversité culturelle (influence
indiens modifie le statut social très tradition- du monde hispanique par exemple) et la con
nel des femmes et permet une plus grande testation de la production hollywoodienne
autonomie de celles-ci, un recul de l’accep- par des producteurs indépendants sont loin
tation des violences conjugales et une baisse d’être négligeables.
de la fécondité. Le constat du maintien des diversités cultu-
Cette mondialisation qui débouche sur une relles, la distinction nécessaire entre industries
certaine forme d’uniformisation résulte large- culturelles et culture au sens anthropologique
ment de la logique d’ouverture des marchés, ne doivent pas conduire à négliger l’impact
du développement du tourisme international du développement de la logique marchande
et des nouveaux moyens de communica- sur certains aspects de la diversité cultu-
tion. Au sein de l’Organisation mondiale du relle. La concentration des industries cultu-
commerce (OMC), la question de la libéra- relles peut par exemple remettre en cause la
lisation des services concerne notamment diversité de l’offre de biens culturels, ce qui
ce domaine des activités culturelles (Accord justifie la défense d’une exception culturelle.
général sur le commerce des services). La culture, selon ce point de vue, serait trop
413
Mondialisation
importante quant à l’identité des Nations la guerre commerciale des années 1930, avoir
et des peuples pour être soumise totalement de nombreux effets pervers (guerre des mon-
à la logique marchande. Elle peut être ainsi naies, dumping fiscal et social par exemple) ;
considérée comme un bien collectif mondial – celui de la gestion des effets externes
(au même titre que la biodiversité). négatifs liés à l’activité économique au
On sait cependant que les mesures pro- niveau mondial, c’est le cas notamment dans
tectionnistes peuvent à leur tour nuire à la le domaine de l’environnement ;
diversité et au dynamisme. C’est pourquoi, il – celui des biens collectifs mondiaux qui
semble préférable de privilégier les mesures concernent par exemple la santé, la lutte
incitatives (subventions) et les stratégies co- contre la criminalité, l’éducation, la stabilité
opératives (par exemple, la constitution d’un financière (prévention du risque systémique
marché européen du cinéma et la coopéra- notamment).
tion entre les acteurs publics et privés au sein
de l’Union européenne pourraient permettre Deux grandes conceptions
de faire jeu égal avec les grandes maisons des finalités de la gouvernance
de production de Hollywood).
On retrouve ici deux sensibilités, l’une plus
libérale, l’autre plus interventionniste.
Mondialisation – Dans l’optique libérale, il s’agit de mettre
et gouvernance mondiale en œuvre au niveau international les principes
La nécessité d’une gouvernance mondiale de l’ordolibéralisme de la tradition allemande.
vient de la contradiction entre l’interdépen- Cela consiste à fixer des règles générales per-
dance croissante des espaces économiques mettant d’offrir un cadre stable aux actions
et la fragmentation du système politique des États et des agents privés. Renonçant à
(diversité des États, essor politique des pays l’application de mesures discrétionnaires,
émergents, absence de centralisation finan- cette approche privilégie la coordination par
cière comparable à la place financière de des règles. Les Traités commerciaux offrent
Londres au xixe siècle, etc.). un exemple de ce type d’approche. D’éven-
tuelles actions correctrices ne sont justifiées
Définition et domaines que dans le cas de défaillances du marché.
de la gouvernance mondiale – Dans l’optique plus interventionniste, la
gouvernance est caractérisée par l’adoption
Par gouvernance on peut entendre, avec
d’objectifs communs (comme les Objectifs
P. Lamy, « l’ensemble des transactions par
de développement durable par exemple) et
lesquelles des règles collectives sont élabo-
d’organisations multilatérales dont les struc-
rées, décidées, légitimées, mises en œuvre
tures exécutives sont communes aux États
et contrôlées ». Dans cette optique, Z. Laïdi
qui en sont membres. Par exemple, pour
et P. Lamy définissent la gouvernance mon-
P.-N. Giraud, il s’agirait d’organiser l’éradica-
diale comme l’ensemble des « processus par
tion des paradis fiscaux, de gérer la question
lesquels les sociétés politiques, économique
des taux de change dès lors que certains pays
et civile négocient les modalités et les formes
organisent la sous-évaluation de leur mon-
d’arrangements sociaux planétaires sur la
naie face au dollar et d’orienter la soutena-
base du principe de coopération conflic-
bilité de la mondialisation en favorisant les
tuelle ». Pour P. Jacquet et J. Pisani-Ferry, le
biens collectifs mondiaux comme le climat
terme « gouvernance » est un néologisme
ou la biodiversité pour éviter une dégrada-
utile car il désigne un problème central pour
tion irréversible du capital naturel.
l’organisation économique internationale :
« Comment gouverner sans gouvernement ? ».
La gouvernance mondiale relève de plu- Plusieurs modèles de gouvernance
sieurs domaines : sont envisagés
– celui du multilatéralisme. En effet des La création d’un gouvernement mondial
politiques unilatérales pourraient, à l’instar de apparaît pour l’instant utopique, mais au
414
Mondialisation
415
Monétarisme
416
Monnaie
Monnaie
La monnaie est l’actif le plus liquide au sein monnaie qui n’est pas conçue comme un
d’une économie. Elle dispose d’un pouvoir bien économique parmi d’autres. Parmi les
libératoire général. conceptions essentialistes on peut citer en
premier lieu celle de K. Marx (1818-1883)
Nature et formes de la monnaie qui considère que la monnaie est inhérente
aux rapports marchands. En effet, dans une
Les économistes ont élaboré des théories très
économie de marché, le travail fait l’objet
diverses à propos de la monnaie. Il semble
d’un usage privé (les décisions relatives à la
néanmoins possible de repérer trois clivages
production ne sont pas coordonnées a priori
essentiels.
comme elles peuvent l’être dans les so-
ciétés traditionnelles) et la monnaie assure
Conception fonctionnaliste la socialisation des travaux privés. Pour Marx,
ou conception essentialiste ? la monnaie n’est donc pas un instrument
Les conceptions fonctionnalistes définissent technique mais un rapport social.
la monnaie par ses fonctions (« la monnaie La conception étatique de la monnaie,
est ce que la monnaie fait ») : développée notamment par les auteurs de
– elle permet de mesurer les valeurs ; c’est l’École historique allemande, s’inscrit aussi
une unité de compte ; dans l’approche essentialiste. Pour ces auteurs,
– elle est intermédiaire des échanges et la monnaie repose sur le pouvoir souverain
permet donc de rompre le troc ; de l’État, elle a donc fondamentalement un
– elle est réserve de valeur. caractère politique.
Dans cette perspective, la monnaie est M. Aglietta et A. Orléan (La monnaie entre
d’abord conçue comme un instrument qui violence et confiance, 2002) présentent une
sert à faciliter les échanges. conception de la monnaie qui s’appuie sur
Les approches essentialistes cherchent, la théorie de la violence fondatrice du phi-
au contraire, à définir la nature même de la losophe R. Girard : la société est née lorsque
417
Monnaie
418
Monnaie
que la monnaie est neutre, ce n’est pas le cas À Les chèques, les virements et les cartes
de l’école autrichienne. de crédit ne sont pas de la monnaie mais
des instruments permettant de faire circuler
Les formes de la monnaie la monnaie scripturale.
À C’est un abus de langage que de parler de
On distingue en général les formes de mon-
monnaie électronique alors que la carte de
naie suivantes :
crédit (quelle que soit sa sophistication) n’est
– la monnaie-marchandise : elle possède
qu’un support de la monnaie scripturale.
une valeur d’usage propre : coquillages, pois-
son séché, bétail… Cette forme de monnaie
À Les termes « crypto-monnaies » ou « monnaie
n’a plus cours depuis longtemps ; virtuelle » sont aussi des abus de langage.
– la monnaie métallique : il s’agit de pièces Il s’agit en réalité de crypto-actifs (qui ne sont
de monnaie en métaux précieux. Ces pièces pas de la monnaie).
ont une valeur intrinsèque, mais elles sont Pour mesurer la quantité de monnaie en
aussi frappées par une autorité politique qui circulation dans un pays ou dans une zone
affirme ainsi sa souveraineté. La monnaie monétaire, les autorités monétaires défi-
métallique n’est plus en usage : les pièces nissent et mesurent des agrégats monétaires.
en métaux précieux sont éventuellement
un élément du patrimoine des agents ; La création de monnaie
À Il ne faut pas confondre la monnaie métal- Création et destruction de monnaie
lique et la monnaie divisionnaire (pièces de
Créer de la monnaie, c’est pratiquer la moné-
monnaie de faible valeur faciale). Il ne faut
pas confondre non plus la monnaie métal- tisation des créances, c’est-à-dire offrir, en
lique et les pièces de monnaie de collec- contrepartie de créances qui n’ont pas un
tion qui n’ont aucune valeur légale, mais pouvoir libératoire général, un type parti
qui peuvent avoir une valeur marchande en culier de créance (la monnaie) qui permet
numismatique. de régler toutes les dettes. La monnaie est
– la monnaie fiduciaire : elle est constituée une dette qui permet de s’acquitter de toutes
de billets de banques qui n’ont pas de valeur les dettes, dit-on parfois pour souligner ce
intrinsèque, mais une valeur légale (valeur paradoxe.
faciale). Les billets sont émis par la Banque À La monnaie est donc à la fois une dette du
centrale ; ils ont cours légal ce qui signifie système bancaire à l’égard des détenteurs de
qu’ils ne peuvent être refusés pour éteindre monnaie et une créance de ces derniers sur le
une dette dans un espace donné de souverai- système bancaire et plus largement l’ensemble
neté monétaire. Ils sont actuellement incon- de l’économie.
vertibles en monnaie métallique. Le billet de Les créances qui sont monétisées (inscrites
banque est aussi appelé monnaie fiduciaire à l’actif du bilan des banques) constituent la
(du latin fides : confiance) puisque sa valeur contrepartie de la monnaie émise (inscrite au
ne repose que sur la confiance que l’on passif des banques). Au sein des contrepar-
accorde à sa valeur faciale ; ties de la masse monétaire, on distingue les
À La monnaie divisionnaire est souvent englobée créances sur l’extérieur (devises pour l’essen-
dans la monnaie fiduciaire. Les billets et les tiel) et les crédits à l’économie (c’est-à-dire
pièces de monnaie sont aussi appelés monnaie les crédits accordés aux agents non finan-
manuelle. ciers résidents).
– la monnaie scripturale : elle se définit Le pouvoir de création monétaire des
comme la somme des soldes créditeurs des banques s’exerce ex nihilo : lorsqu’une banque
comptes à vue des agents économiques non accorde un crédit à un client, elle crée la
bancaires dans les institutions financières monnaie scripturale qu’elle prête. Réciproque-
monétaires. Les instruments de circulation ment, le remboursement d’un crédit conduit
de la monnaie scripturale sont le chèque, à une destruction de monnaie.
le virement, le prélèvement et la carte de À Tous les crédits ne donnent pas lieu à une
crédit. création monétaire, certains sont accordés grâce
419
Monnaie
à la collecte préalable d’épargne. Les insti- de second rang décident de l’octroi de cré-
tutions financières non bancaires ne peuvent dits sur la base des informations dont elles
réaliser que ce dernier type de crédit, alors que disposent à propos de la solvabilité de leurs
les banques peuvent avoir recours au finance- clients. Elles créent donc dans un premier
ment par création monétaire comme au finan- temps de la monnaie scripturale et ce n’est
cement non monétaire. que dans un second temps qu’elles se préoc-
À Une partie de la monnaie scripturale créée cupent de se procurer les avoirs en monnaie
par une banque est convertie en monnaie centrale nécessaires pour faire face aux fuites
centrale à l’occasion de la demande de mon- hors de leur circuit bancaire. La Banque
naie manuelle (billets et monnaie division- centrale se trouve alors placée devant le fait
naire) : l’agent qui a obtenu le crédit retire par accompli : elle doit assurer le refinancement
exemple des billets dans un distributeur. La des banques sous peine de créer des situa-
monnaie scripturale créée est aussi convertie tions d’illiquidité.
en monnaie centrale à l’occasion des règle-
ments interbancaires : l’agent qui a obtenu le La politique monétaire
crédit effectue un paiement scriptural, par un
Depuis le 1er janvier 1999, la France appar-
chèque par exemple, qui est déposé sur un
tient à la zone euro au sein de laquelle la
compte d’une autre banque. Cette dernière
politique monétaire est conçue et mise en
sera réglée en monnaie centrale scripturale
œuvre par la Banque centrale européenne
au moment compensation interbancaire.
(BCE) dans le cadre du Système européen de
banques centrales (SEBC).
Multiplicateur ou diviseur de crédit
Le pouvoir de création monétaire par les Les objectifs de la politique monétaire
banques de second rang est conçu de deux
Les objectifs finaux
manières différentes :
La politique monétaire est un sous-ensemble
– le multiplicateur de crédit est un
de la politique économique. À ce titre, elle
mécanisme qui suppose l’existence dans
peut contribuer à atteindre les objectifs du
les comptes d’une banque de second rang
carré magique : croissance, plein-emploi,
(banque 1) d’un avoir excédentaire en mon-
stabilité des prix, équilibre extérieur. Pendant
naie centrale qui est alors prêté à un client.
les Trente Glorieuses, la politique monétaire
Ce dernier contribue au mécanisme du mul-
et la politique budgétaire étaient combinées
tiplicateur en utilisant le crédit (chèque au
dans le cadre de politiques mixtes visant à
nom d’un bénéficiaire ayant un compte à
maintenir l’économie sur un sentier de crois-
la banque 2), ce qui conduit à de nouveaux
sance de plein-emploi compatible avec une
dépôts (la banque 2 reçoit un règlement
stabilité des prix et un équilibre extérieur.
interbancaire en monnaie centrale) et à de
Cependant, depuis le début des années 1980,
nouvelles opérations d’octroi de crédit de la
on a assisté à un recentrage de la politique
banque 2, etc. Au total, la quantité de mon-
monétaire sur l’objectif de stabilité des prix.
naie créée par l’ensemble des banques de
Sous l’influence du monétarisme, on consi-
second rang est un multiple de l’avoir excé-
dère en effet que l’inflation résulte d’une
dentaire en monnaie centrale qui a déclen-
création excessive de monnaie et qu’il appar-
ché l’opération. Le mécanisme n’est freiné
tient à la Banque centrale de se consacrer à
que par les fuites hors du circuit : réserves
la maîtrise de la croissance des agrégats
obligatoires, conversion en billets ou en
monétaires. Cependant, les banques cen-
devises. Dans l’optique du multiplicateur
trales continuent d’être attentives au rythme
de crédit, la Banque centrale, en contrôlant
de la croissance économique et appliquent
la liquidité des banques de second rang,
la règle de Taylor.
dispose d’un moyen efficace de maîtriser la
création monétaire dans son ensemble ; Les objectifs intermédiaires
– le mécanisme du diviseur de crédit Pour atteindre l’objectif final de stabilité
repose sur l’idée selon laquelle les banques des prix, la Banque centrale détermine des
420
Monnaie
421
Monnaie
leurs taux d’intérêt débiteurs, mais aussi à subi des pertes importantes et/ou qui anti-
rationner le crédit en raison de la montée des cipent une dégradation importante de la
risques liés à des charges d’intérêt plus éle- situation économique contractent fortement
vés. La hausse des taux d’intérêt, du fait de leur offre de crédit (credit crunch). De plus,
l’asymétrie d’information, risque de produire dans un tel contexte, on constate souvent
aussi un aléa moral (les « bons emprunteurs » une augmentation des primes de risque qui
renoncent à leurs demandes de crédit et les dissuadent les emprunteurs. Dans les deux
« mauvais risques » continuent à s’endetter). cas, le blocage des canaux de transmis-
Cette situation pousse aussi les banques à sion traditionnels de la politique monétaire
réduire leur offre de crédit. empêche la banque centrale d’agir et ne peut
qu’amplifier les tendances à la récession car
Le canal du taux de change
la contraction du crédit et la hausse des taux
La hausse des taux d’intérêt entraîne, toutes
d’intérêt réels anticipés jouent négativement
choses égales par ailleurs, une appréciation
sur la production et l’emploi comme sur la
du taux de change puisque la monnaie est plus
demande adressée à l’économie.
souvent demandée sur le marché des changes.
Face à l’inefficacité de la politique moné-
Cette hausse du taux de change conduit les
taire conventionnelle, les banques centrales
agents résidents à acheter davantage à l’étran-
mettent en œuvre des mesures de politique
ger et moins aux producteurs domestiques.
non conventionnelles qui visent à agir sur
Au total, une hausse des taux d’intérêt a
le financement de l’économie et à com-
de fortes chances de déprimer l’activité éco-
battre les tendances à la récession. Il existe
nomique (et réciproquement pour une baisse
trois catégories principales de mesures non
des taux).
conventionnelles :
– les mesures d’augmentation massive de
La politique monétaire la quantité de monnaie (on parle de « quan-
non conventionnelle titative easing »). Elles consistent, pour la
En période de crise bancaire et, plus géné- banque centrale, à offrir sans limitation de
ralement, de crise financière les instruments la liquidité aux banques de second rang. On
traditionnels de la politique monétaire ne espère que les agents qui bénéficieront (via
fonctionnent plus (ou fonctionnent mal). On les banques) de cette quantité de monnaie
a assisté à une situation de ce type après le dépenseront leurs avoirs monétaires excé-
déclenchement de la crise des subprimes : dentaires ce qui devrait contribuer à soutenir
les banques centrales, dans le but d’éviter l’activité économique. Ce type de mesures
un effondrement du système bancaire ont vise aussi à compenser le fait que, dans un
eu recours à des politiques monétaires non contexte de crise de confiance, les banques
conventionnelles. sont réticentes à se prêter entre elles ce qui
En effet, le canal du taux d’intérêt peut se conduit à assèchement du marché interban-
trouver bloqué lorsque les taux directeurs caire ;
atteignent le niveau zéro ou un niveau – les mesures visant à agir sur la confiance
proche de zéro. L’expérience du Japon qui des agents en ce qui concerne les taux d’inté-
a connu une longue période de stagnation rêt. Elles consistent pour la banque centrale
dans les années 1990 avec un taux de refi- à s’engager publiquement quant au carac-
nancement très faible ou nul est significatif. tère durable de la baisse des taux d’intérêt
Même en l’absence d’un taux nul, le canal à court terme afin de favoriser une détente
du taux d’intérêt se trouve bloqué lorsque des taux d’intérêt à long terme et, par-là,
l’économie est dans une situation de trappe de stimuler l’activité économique (forward
à liquidité (les agents conservent alors sous guidance) ;
forme liquide tout supplément de monnaie – les mesures visant à agir directement
qui est injecté dans l’économie). sur le crédit et sur le bilan des banques (on
Le canal du crédit, pour sa part, peut se parle de « credit easing »). Elles consistent,
trouver bloqué lorsque les banques qui ont pour la banque centrale, à acheter des
422
Monnaie
titres publics et privés afin, d’une part, de financement est assuré essentiellement par
permettre aux banques de second rang de les banques sous forme de crédits intermé-
réduire le volume de leurs créances et, diés alors que les marchés financiers ne
d’autre part, d’inciter ces banques à accor- jouent qu’un rôle secondaire. Dans le cas
der de nouveaux crédits. Dans certains cas de la France, l’intervention de l’État était par
les banques centrales acceptent d’acheter ailleurs importante du fait des nationalisa-
des titres de moins bonne qualité que tions opérées dans le secteur bancaire à la
d’habitude afin de réduire les risques que Libération et du rôle du Trésor public et de
supportent les banques de second rang et ses correspondants (Caisse des dépôts, Crédit
d’améliorer ainsi la confiance globale dans foncier, etc.). On parle à ce propos du circuit
le système bancaire. du Trésor.
Ces mesures sont indispensables pour évi- À partir de la fin des années 1960 (Rapport
ter que l’économie ne s’engage dans une Marjolin, Sadrin, Wormser, 1968) et surtout
situation de « credit crunch » (contraction du début des années 1980 (loi bancaire de
brutale du crédit), de crise de liquidité, de 1984 et Livre blanc sur le financement de
faillites bancaires et de récession. Mais elles l’économie, 1986), le système monétaire
ont l’inconvénient d’accroître la liquidité et financier français connaît de profonds
globale du système financier. À terme, il est bouleversements qui sont amplifiés par la
nécessaire de mettre fin à la politique non construction européenne (liberté des mouve-
conventionnelle et d’éponger les liquidités ments de capitaux en 1990 et loi de moder-
excédentaires tout en évitant de s’engager nisation des activités financière en 1996) et
dans une logique de déflation. par la mondialisation croissante des activités
L’expérience des politiques monétaires financières.
non conventionnelles depuis la crise de Ces transformations ont été conformes à la
2007 a conduit à une véritable explosion de règle des 3 D formulée par H. Bourguinat :
la liquidité mondiale (les bilans des grandes – déréglementation : privatisation des ban
banques centrales ont été multipliés par 4 ques, abandon de l’encadrement du crédit
ou 5). Cependant, cette augmentation de la et du contrôle des changes, ouverture du
liquidité n’a pas donné lieu à un mouvement marché monétaire à l’ensemble des agents
inflationniste. Bien mieux, c’est la crainte de économiques, etc. ;
la déflation qui revient périodiquement dans – décloisonnement : unification progres-
le débat public. En revanche, cet accroisse- sive du cadre réglementaire des intermé-
ment de la quantité de monnaie alimente diaires financiers qui sont peu à peu soumis
le gonflement de bulles spéculatives sur les aux mêmes autorités monétaires, interdé-
marchés financiers. Depuis 2017, la Réserve pendance des marchés, etc. ;
fédérale des États-Unis s’est engagée dans – désintermédiation financière : le finan-
une politique, controversée, de sortie pro-
cement direct a joué un rôle de plus en plus
gressive de la politique monétaire non
important conduisant au développement des
conventionnelle et de relèvement des taux
marchés financiers : Marché à terme inter-
directeurs. Certains économistes et respon-
national de France (MATIF), Marché des
sables de la politique économique craignent
options négociables de Paris (MONEP), etc.
un effet négatif sur l’activité économique
L’idée de désintermédiation doit être
et le déclenchement d’une baisse brutale
nuancée, notamment en introduisant la
du cours des obligations.
distinction entre l’intermédiation de bilan et
l’intermédiation de marché.
L’évolution du système monétaire Depuis 2010 c’est l’Autorité de contrôle
et financier français prudentiel (devenue en 2013 Autorité de
Pendant longtemps le système monétaire et contrôle prudentiel et de résolution) qui
financier français a été considéré comme un exerce des fonctions d’agrément et de contrôle
bon exemple d’économie d’endettement, des entreprises d’assurance et des établis-
c’est-à-dire une économie dans laquelle le sements de crédit. Les différents marchés de
423
Monnaie 100 %
capitaux, pour leur part, sont placés sous euro. La mise en place de l’Union bancaire
l’autorité de l’Autorité des marchés finan- au sein de l’Union européenne s’inscrit dans
ciers (AMF). le même processus de renforcement du
Le mouvement de libéralisation à partir de contrôle prudentiel et de gestion ordonnée
la seconde moitié des années 1980 a contri- des éventuelles crises bancaires (mécanisme
bué à une crise bancaire en France dans les de supervision unique et mécanisme de
années 1990 : le Comptoir des entrepreneurs résolution unique).
en 1993, le Crédit Foncier en 1995, le Cré- Le système monétaire et financier apparaît
dit Lyonnais entre 1993 et 1995 n’ont été donc désormais comme caractérisé par une
sauvés de la faillite que par une vigoureuse logique de marché. La concurrence entre les
intervention de la puissance publique. Les intermédiaires financiers conduit à l’accrois-
pouvoirs publics ont eu la volonté de ren- sement de la taille des établissements (notam-
forcer les règles prudentielles et ont insti- ment du fait de la concentration bancaire et
tué un système obligatoire d’assurance des financière) en même temps qu’à la création
dépôts. Cette nécessité du renforcement d’établissements nouveaux (courtiers en ligne
du contrôle prudentiel a été amplifiée par par exemple). Dans le même temps, le cadre
la crise des subprimes et par la crise de institutionnel des activités financières a été
l’euro qui a mis en difficulté de nombreuses renforcé. Cependant, les règles peuvent être
banques (notamment Dexia) et qui a révélé contournées du fait de la mondialisation des
de graves insuffisances du contrôle interne activités, de l’existence de paradis fiscaux et
des banques (Société générale notamment). de places extraterritoriales. La tendance à la
On considère comme nécessaire l’articula- globalisation financière des activités se
tion entre une surveillance micropruden- renforce, ce qui pose le problème de la
tielle et une surveillance macroprudentielle. coordination internationale des politiques
Cela a conduit en France à la création économiques et de la mise en place d’ins-
de l’Autorité de contrôle prudentiel et au tances internationales chargées de la régle-
niveau européen à la création de l’Autorité mentation et du pilotage des marchés.
bancaire européenne (ABE), de l’Autorité
Ü Capital et investissement, Consommation et épargne,
européenne des assurances et des pensions Finances internationales, Mondialisation, Politique
professionnelles (AEAPP) et de l’Autorité économique
européenne des valeurs mobilières. Par ail- Base monétaire, Crise de solvabilité, Économie de
leurs, un Comité européen du risque systé- marché financier, Gouvernance mondiale, Ratio
mique a été mis en place afin de contribuer Cooke, Ratio McDonough, Risque de système,
à la stabilité financière au sein de la zone Titrisation, Twist monétaire
424
Monnaie fiduciaire
les dettes entre elles, à la suite des opérations de Circuit bancaire, Création de monnaie, Monétisation
compensation interbancaire. de créance, Système bancaire
La monnaie centrale se compose de la monnaie
manuelle et de la monnaie scripturale émise par
la Banque centrale. Monnaie de crédit
À La monnaie centrale scripturale détenue par les L’expression monnaie de crédit fait référence au
agents financiers (monnaie interbancaire) n’est pas fait que, dans les économies modernes, la création
comptabilisée dans les agrégats monétaires. de monnaie fiduciaire et de monnaie scripturale
À Ne pas confondre avec base monétaire qui est un repose sur des opérations de crédit (monétisation
concept propre au monétarisme. de créance) réalisées par la Banque centrale et les
Ü Monnaie banques de second rang.
Contreparties de la masse monétaire, Cours légal, Ü Monnaie
Liquidité, Prêteur en dernier ressort, Refinancement Banque, Création de monnaie, Mécanisme cumulatif
bancaire wicksellien
425
Monnaie hélicoptère (helicopter money)
métallique. En ce sens, toutes les formes de mon- Bancor, Devise clé, Parité, Système monétaire inter-
naie circulant aujourd’hui sont fiduciaires parce national
qu’elles reposent sur la confiance.
Ü Finances internationales, Monnaie
Agrégats monétaires, Création monétaire, Monnaie Monnaie locale
scripturale Monnaie parallèle
426
Monopole contrarié
D’autres expériences de monnaies parallèles nomiques et politiques, cette solution a été préférée
reposent sur la volonté d’échapper (au moins par- à celle de la monnaie commune.
tiellement) à la logique marchande. Il s’agit alors Ü Intégration économique, Monnaie
de favoriser les économies locales (dans une pers- Crise de l’euro, Triangle des incompatibilités, Union
pective de relocalisation de l’activité économique), économique et monétaire (UEM), Union monétaire,
de favoriser les liens communautaires et de valo- Zone euro, Zone monétaire optimale
riser des activités socialement utiles qui ne sont
généralement pas prises en compte par le marché
et la monnaie. En France, se sont développés des Monnaie virtuelle
systèmes d’échanges locaux (SEL) qui reposent sur Le terme « monnaie virtuelle » est parfois utilisé,
une logique de troc et des monnaies locales par- de façon impropre, pour désigner les crypto-actifs.
fois soutenues par des collectivités locales et/ou des Ü Monnaie
organismes de l’économie sociale. Monnaies parallèles
Au niveau mondial, l’expérience du bitcoin fait
l’objet de vives controverses car il a servi à financer
des activités illicites et que son cours en monnaie Monopole
légale est marqué par une forte volatilité. Le bit- Le monopole est une situation de marché dans
coin a donné lieu à des bulles spéculatives. Mais on laquelle un offreur unique d’un bien homogène est
ne peut pas parler à propos du bitcoin de monnaie en présence d’une infinité de demandeurs.
alternative puisqu’il ne s’agit pas d’une monnaie En monopole, le marché est donc soumis aux
mais d’un crypto-actif. conditions que lui impose le producteur unique
Ü Monnaie du bien, qui exerce un pouvoir de marché.
Libertariens Contrairement à la concurrence pure et parfaite,
le producteur est ici faiseur de prix (price-marker).
À Le monopoleur doit cependant tenir compte
Monnaie scripturale de la fonction de demande : il ne peut vendre
La monnaie scripturale correspond à la somme n’importe quelle quantité à n’importe quel prix
des soldes créditeurs des agents non bancaires puisque la courbe de demande est décroissante
(ménages, entreprises) sur les comptes courants (à un prix plus élevé correspondra une quantité
ouverts auprès des établissements de crédit ou des vendue plus faible).
institutions assimilées. Ü Marchés et prix
La monnaie scripturale représente l’essentiel de Concurrence, Concurrence pure et parfaite, Équi-
l’agrégat monétaire M1. Cette monnaie circule libre concurrentiel, Équilibre de monopole, Marché
entre les agents économiques grâce aux moyens contestable, Monopole bilatéral, Monopole contrarié,
de paiement scripturaux que sont principalement Monopole discriminant, Monopole naturel, Monopole
les cartes de crédit, les chèques, les virements et pur, Monopsone, Structure de marché
les prélèvements.
À Les chèques, les virements et les cartes de crédit ne
sont pas de la monnaie. Monopole bilatéral
Ü Monnaie Le monopole bilatéral est une situation de mar-
Agrégats monétaires, Confiance, Contrepartie de la ché dans laquelle un producteur (offreur) unique
masse monétaire, Création monétaire, Crédit, Finance- d’un bien homogène est en présence d’un acheteur
ment de l’économie, Liquidité, Monnaie centrale, Mon- (demandeur) unique également.
naie de banque, Monnaie fiduciaire, Offre de monnaie Ü Marchés et prix
Monopole, Monopole contrarié, Monopole discrimi-
nant, Monopole naturel, Monopole pur, Monopsone,
Monnaie unique Structure de marché
Dans une zone d’intégration monétaire, une
monnaie unique se substitue aux monnaies natio-
nales qui cessent d’exister. La mise en place d’une Monopole contrarié
monnaie unique suppose donc un abandon de leur Le monopole contrarié est une situation de marché
souveraineté monétaire par les États membres et la dans laquelle un producteur (offreur) unique
mise en place d’une instance supranationale char- d’un bien homogène est en présence de quelques
gée de la gestion de la monnaie unique. acheteurs (demandeurs).
À Au sein de l’Union européenne (UE), l’euro est Ü Marchés et prix
une monnaie unique. Pour des raisons à la fois éco- Monopole, Oligopole, Oligopsone, Structure de marché
427
Monopole discriminant
428
Multiplicateur d’investissement
429
Multiplicateur de crédit
430
Multiplicateur fiscal (en économie fermée)
Par exemple en France, 1 euro de valeur ajoutée À Le multiplicateur du commerce extérieur est en
dans l’aéronautique, conduit à 3,60 euros de valeur fait un multiplicateur des exportations qui consti-
ajourée dans toute l’économie. Le multiplicateur de tuent une des composantes de la demande globale.
valeur ajoutée est donc ici de 3,60 et il est possible Plus la propension à importer (m) est forte et plus
de l’estimer à partir du tableau des entrées-sorties le multiplicateur du commerce extérieur est faible.
qui détaille les consommations intermédiaires Ü Commerce international
utilisées et la valeur ajoutée de chaque branche. La Multiplicateur de dépenses publiques, Multiplicateur
valeur du multiplicateur de valeur ajoutée d’une d’investissement, Propension à importer, Théorie
branche, et donc l’effet d’entraînement sur l’éco- keynésienne
nomie, est d’autant plus élevée que les consomma-
tions intermédiaires utilisées par cette branche ont
une valeur importante et qu’elles sont produites Multiplicateur en économie ouverte
dans l’économie au lieu d’être importées. Le multiplicateur en économie ouverte désigne le
Ü Entreprises et système productif multiplicateur d’investissement, le multiplica-
Coefficient technique de production, Mésoéconomie, teur de dépenses publiques, le multiplicateur
Multiplicateur d’investissement fiscal, lorsque l’on tient compte du fait que l’ac-
croissement de la demande globale est en partie
satisfaite par un accroissement des importations
Multiplicateur et non pas un accroissement de la production
du commerce extérieur nationale. La valeur du multiplicateur est plus
Le multiplicateur du commerce extérieur désigne, faible qu’en économie fermée.
dans une perspective keynésienne, le mécanisme En économie ouverte, lorsque la demande s’ac-
par lequel une variation des exportations (X) pro- croît, le multiplicateur d’investissement et le multi-
voque une variation supérieure et de même sens du plicateur de dépenses publiques sont : 1/(1 – c + m)
revenu national (Y). Et le multiplicateur fiscal est : – c/(1 – c + m)
En économie ouverte, la somme du produit inté- À Ne pas confondre le multiplicateur en économie
rieur brut et des importations (M) qui constitue ouverte avec le multiplicateur du commerce
l’offre de biens et services est d’un montant iden- extérieur.
tique à la demande de biens et services constituée de Ü Économie publique, Politique économique
la consommation (C), de l’investissement (I), des Contrainte extérieure, Fonction de stabilisation,
dépenses publiques (G) et des exportations (X) : Relance keynésienne, Théorie keynésienne
Y + M. = C + I + G + X
soit
c la propension marginale à consommer Multiplicateur fiscal
(c = ∆C/∆Y)
et m la propension marginale à importer
(en économie fermée)
(m = ∆M/∆Y) Le multiplicateur fiscal désigne un mécanisme par
Y + mY = cY + I + G + X lequel une variation des impôts ou des cotisations
Y + mY – cY = I + G + X sociales (∆T) entraîne une variation de sens
ou encore : opposée du revenu national (∆Y) : DY = k. ∆T
Y (1 – c + m) = I + G + X Le multiplicateur fiscal k s’écrit :
d’où : k = – c/(1 – c) (avec c la propension
1 marginale à consommer)
Y = ( I + G + X)
1− c + m La variation des impôts et cotisations sociales
En conséquence, toute augmentation des expor- agit sur le revenu disponible qui augmente si les
tations X aura un effet sur le revenu Y tel que : impôts et les cotisations sociales diminuent (et
diminue si les prélèvements obligatoires augmen-
1
∆Y = ∆X tent). Par exemple, une baisse des impôts et des
1− c + m taxes (– ∆T) entraîne d’abord une augmentation
D’où k, le multiplicateur du commerce extérieur du revenu global disponible d’un montant (– ∆T).
Par la suite, l’augmentation du revenu global
1
k = disponible provoque à son tour celle de la
1− c + m consommation (selon la valeur de la propension
L’accroissement du revenu est supérieur à celui marginale à consommer) et donc celle de la
des exportations dans la mesure où (1 – c + m) est demande globale pour le montant (– c ∆T).
inférieur à 1. Ü Politique économique
431
Mutation financière
432
N
NAIRU 1947 Négociations de Genève
Taux de chômage non inflationniste
1949 Négociations d’Annecy
1950-1951 Négociations de Torquay
Nationalisation
Une nationalisation est une décision politique qui 1955-1956 Négociations de Genève
conduit à l’appropriation par l’État d’une ou de 1961-1962 Dillon Round
plusieurs entreprises.
La nationalisation peut être opérée par confisca- 1964-1967 Kennedy Round
tion du capital social (cas de Renault sanctionné
1973-1979 Tokyo Round
à la Libération pour fait de collaboration) ou par
rachat par l’État des titres possédés par les action- 1986-1994 Uruguay Round
naires. La nationalisation d’une entreprise peut
être totale ou partielle. Cycle de Doha (devait se terminer
Ü Économie publique 2001- en 2005, mais les négociations sont
Entreprise publique, Politique industrielle, Privatisa enlisées)
tion
Tous les cycles de négociation ont porté essen-
tiellement sur la réduction des droits de douane.
Négoce international Progressivement, les objectifs des négociations sont
Le poste négoce international fait partie de la devenus plus larges et le nombre de participants
balance des paiements. Il recense : s’est accru. Dans la période récente, les négocia-
––les achats de marchandises à l’étranger non tions portent notamment sur :
suivis d’importations et la revente de ces marchan- ––la réduction des discriminations non tari-
dises à l’étranger ; faires ;
––les achats et les ventes à des étrangers de mar- ––la lutte contre le dumping ;
chandises françaises ne quittant pas le territoire ––les politiques agricoles et leurs effets protec-
douanier français. tionnistes ;
Le poste négoce international est intégré dans le – les questions liées à la propriété intellectuelle.
compte des transactions courantes (rubrique des Les difficultés pour achever les négociations du
services).
cycle de Doha conduisent de nombreux acteurs à
Ü Commerce international
Balance des transactions courantes considérer que ce type de négociation ne permet
plus d’avancer dans le domaine du commerce
international et de privilégier des accords bilaté-
Négociations commerciales raux et régionaux comme le Traité transatlantique
multilatérales (rounds) pour le commerce et l’investissement (TTCI) par
Les négociations commerciales multilatérales ont exemple, entre l’Union européenne (UE) et les
été organisées dans le cadre de l’Accord général États-Unis.
sur les tarifs et le commerce (AGETAC) afin de Ü Commerce international, Économie du dévelop
favoriser le libre-échange dans tous les secteurs. pement, Économie et écologie, Mondialisation
Huit cycles de négociation ont eu lieu depuis 1947 Accords sur les aspects des droits de propriété intel
jusqu’à la création de l’Organisation mondiale lectuelle relatifs au commerce (ADPIC), Barrière non
du commerce (OMC), en 1994. tarifaire, Libre-échange, Protectionnisme
433
Néo-institutionnalisme
New Deal
Neutralité axiologique Le New Deal (nouvelle donne) est un programme de
La neutralité axiologique est un principe épistémo- redressement économique présenté par le président
logique en vertu duquel les énoncés scientifiques des États-Unis, F. D. Roosevelt (1882-1945), dans
doivent se limiter à des jugements de faits (donc son discours d’investiture en novembre 1932. Le
exclure les jugements de valeur). Il s’agit de rendreNew Deal a pour objectif d’enrayer les effets dévasta-
compte de ce qui est. Les énoncés qui formulent teurs de la crise économique de 1929. Roosevelt met
des jugements de valeur (relatifs à ce qui doit être)notamment en place un programme destiné à finan-
relèvent pour leur part du débat éthique ou poli- cer de grands travaux. D’autres mesures l’accom-
tique. Ce principe a notamment été formulé par pagnent, telles que la réforme du système bancaire,
M. Weber (1864-1920). l’abandon de l’étalon-or, la dévaluation du dollar
Ü Épistémologie économique ou la limitation volontaire de la production agricole.
Guillotine de Hume, Science Un des objectifs de cette politique est de favoriser une
remontée des prix (reflation) notamment grâce à un
assouplissement des politiques anti-trust.
Neutralité de la monnaie Ü Fluctuations et crises économiques, Politique écono
La neutralité de la monnaie est une hypothèse mique
théorique selon laquelle une variation de la quan- Glass-Steagall Act, Multiplicateur de dépense publique,
tité de monnaie laisse inchangés les prix relatifs Théorie keynésienne
434
Normes d’emploi
435
Normes environnementales
436
Nouvelle économie
437
Nouvelle économie classique (NEC)
438
Nudge
439
O
Objectif ZEN d’un soutien financier aux réformes politiques et
ZEN économiques des pays en développement sous
forme d’aide, d’échanges commerciaux, d’allége-
ment de la dette et d’investissements du monde
Objectifs du développement développé.
durable (ODD) À L’année 2015 marque la fin des OMD auxquels
succèdent les Objectifs du développement
Selon le Programme des Nations unies pour le
durable (ODD) et le nouvel agenda pour 2030.
développement (PNUD), les Objectifs du déve-
Ü Économie du développement
loppement durable (ODD), également nommés
Aide publique au développement (APD), Capabilités,
Objectifs mondiaux, « sont un appel mondial à agir
Développement durable
pour éradiquer la pauvreté, protéger la planète et
faire en sorte que tous les êtres humains vivent dans
la paix et la prospérité ».
Ces 17 objectifs (divisés en 169 cibles) rem-
Objectivation
placent depuis 2015 les objectifs du Millénaire L’objectivation est le processus par lequel le cher-
pour le développement (OMD). Ces ODD cheur construit son objet scientifique en faisant
constituent la clé de voûte de l’Agenda 2030. Ils preuve de vigilance épistémologique : il faut
couvrent l’intégralité des enjeux du développe- rompre avec le sens commun, ne pas se laisser
ment durable tels que le climat, la biodiversité, abuser par de pseudo-évidences, se méfier des ambi-
l’énergie, l’eau mais aussi la pauvreté, l’égalité guïtés liées à l’usage du vocabulaire courant, etc.
des genres, la prospérité économique ou encore la À L’objet construit n’est pas le même selon la disci-
paix, l’agriculture et l’éducation. L’Agenda 2030 pline au sein de laquelle on travaille ou selon le
se caractérise également par la reconnaissance des paradigme que l’on adopte. Par exemple, l’entre-
liens intrinsèques entre les différentes thématiques prise du spécialiste des sciences de gestion n’est pas
ainsi que par la nécessaire mobilisation de l’en- le même objet scientifique que l’entreprise de l’éco-
semble des acteurs, institutionnels, comme ceux de nomiste ou du sociologue.
la société civile. À Souligner l’importance du processus d’objectiva-
Ü Économie du développement tion dans la recherche, c’est rompre avec l’illusion
Aide publique au développement (APD), Capabilités, empiriste selon laquelle les objets se donnent immé-
Développement durable diatement à l’observation et à la connaissance.
À Ne pas confondre avec objectivité.
Ü Épistémologie économique
Objectifs du Millénaire Empirisme, Rationalisme critique
pour le développement (OMD)
Les objectifs du Millénaire pour le développement
(OMD), formulés en 2000 au sommet organisé Objectivité
par l’Organisation des Nations unies, constituent L’objectivité est la qualité d’une connaissance qui
un cadre pour le développement qui met l’accent est conforme à l’objet dont elle cherche à rendre
sur les droits de l’homme, la bonne gouvernance compte. Cet objet constitue ce que l’on nomme
et la démocratie, pour lutter contre la pauvreté, la parfois la réalité objective (c’est-à-dire qui est indé-
faim, la maladie, l’analphabétisme, la dégradation pendante de toute idée ou connaissance). L’épisté-
de l’environnement et la discrimination à l’égard mologie contemporaine, en montrant le caractère
des femmes. Lors de la conférence de Monterrey problématique du rapport entre le discours scienti-
(Mexique) en 2002, il a été réaffirmé le principe fique et son objet, est conduite à poser autrement
440
Obligation convertible
la question de l’objectivité. Une connaissance sera de la crise des subprimes, les détenteurs de
dite objective si elle fait l’objet d’un accord très CDO ont découvert que les actifs qu’ils détenaient
large (voire unanime) au sein d’une communauté comportaient des crédits hypothécaires à risque.
scientifique. L’objectivité s’oppose ici à la subjec- Les CDO ont donc été des instruments de conta-
tivité. gion du risque.
Pour K. Popper (1902-1994), l’objectivité de la Ü Monnaie, Finances internationales, Fluctuations et
science n’est pas liée aux qualités personnelles des crises économiques
chercheurs mais à la vigilance de la communauté Crédits structurés, Crédits subprimes, Effet de conta-
scientifique qui critique les énoncés, les théories, gion, Innovation financière, Mutation financière,
les conjectures formulées par les chercheurs. Rehausseur de crédits, Risque de contagion
Ü Épistémologie économique
Cumulativité, Positivisme, Rationalisme critique
Obligation assimilable du Trésor
Les obligations assimilables du Trésor (OAT) sont
Obligation des titres d’emprunt émis (en général chaque
Une obligation est un titre de créance (et donc un semaine) qui permettent un financement en continu
titre de dette) émis sur le marché financier par de la dette publique en fonction du besoin de
une grande entreprise ou le Trésor public afin de financement du Trésor public. Les OAT sont
se financer. L’émission d’obligations est l’une des émises par adjudication et souscrites par les inves-
modalités du financement direct. tisseurs institutionnels qui les placent ensuite
À L’acheteur de l’obligation, l’obligataire, est un auprès du public.
créancier rémunéré par un intérêt. Il ne doit pas À Ces obligations sont dites assimilables car les titres
être confondu avec l’actionnaire. nouveaux ont les mêmes caractéristiques que les
À Les obligations émises sur le marché financier pri- titres émis précédemment et donnent lieu à une
maire peuvent par la suite être échangées et cotées seule cotation.
sur le marché financier secondaire (Bourse des Ü Monnaie
valeurs mobilières en France). Innovation financière, Obligation
Ü Consommation et épargne, Monnaie
Action, Euronext, Financement externe
Obligation à bon de souscription
Une obligation à bon de souscription est un titre
Obligation adossée à des actifs de créance à taux fixe, émis avec un taux d’inté-
(collateral debt obligation, CDO) rêt inférieur au taux du marché, mais accompagné
Les obligations adossées à des actifs sont des titres d’un bon de souscription qui permet de souscrire
de dettes émis par des véhicules de titrisation. Ces soit à une action, soit à une autre obligation à un
titres sont émis en contrepartie d’un portefeuille de prix convenu à l’avance. L’acheteur d’une obliga-
créances qui figure à l’actif du véhicule de titrisa- tion à bon de souscription peut donc saisir l’op-
tion (obligations d’entreprises, crédits bancaires, portunité d’acheter une action (par exemple) de la
etc.). On dit que ce sont des produits structurés. société émettrice de l’obligation à un prix plus bas
Ils sont vendus à des agents économiques qui sou- que le prix du marché. Le bon de souscription est
haitent effectuer des placements rémunérateurs. coté et il peut être vendu séparément de l’obliga-
En effet, comme ces CDO sont adossés à des actifs tion à laquelle il est initialement attaché.
plus ou moins risqués, ils peuvent être rémunérés Ü Monnaie
à un taux d’intérêt supérieur au taux d’intérêt des Bourse des valeurs, Obligation convertible
actifs sans risque. Ce type de produit a été intro-
duit comme instrument de gestion des risques par
les banques et comme instrument de mutualisation Obligation convertible
des risques. Une obligation convertible est un titre de créance
À Les CDO sont un exemple de titre adossé à des qui donne droit, pendant une période détermi-
actifs (asset backed security). née et à un prix déterminé, à la possibilité d’une
À À l’occasion de la crise de 2008, ces instruments conversion en action (titre de propriété) de la
financiers ont été mis en cause pour leur opacité société émettrice de l’obligation. L’épargnant peut
(certains de ceux qui les achètent ne savent pas donc faire un arbitrage : si le cours de l’action aug-
exactement le niveau et la nature du risque qu’ils mente, le détenteur de l’obligation convertible aura
courent). De plus, ces titres sont utilisés comme intérêt à procéder à la conversion. Si le cours de
instruments de spéculation. En particulier lors l’action stagne ou baisse, il conservera l’obligation
441
Obligation de pacotille (junk bond)
et le revenu correspondant (intérêt). L’acheteur et émise par une entreprise américaine, est une
d’obligation convertible peut donc tirer avantage obligation étrangère.
d’une hausse du cours des actions, sans supporter À Ne pas confondre avec euro-obligation.
la perte d’une baisse éventuelle de ce même cours. Ü Finances internationales
L’achat d’une obligation convertible peut s’analyser
comme l’achat simultané d’une obligation et d’une
option d’achat d’action. Obligations internationales
Ü Consommation et épargne, Monnaie, Finances inter- Les obligations internationales sont constituées par
nationales l’ensemble des euro-obligations et des obligations
Innovation financière, Marché financier, Mutation étrangères.
financière, Placement, Risque, Taux d’intérêt Ü Finances internationales, Monnaie
Obligation
442
Open market
443
Opération de portage (currency carry trade)
444
Optimum de second rang
À Alors que les facilités permanentes sont à l’ini- montant des dettes qu’il a déjà contractées, le can-
tiative des institutions financières monétaires, didat à un emploi se prétend titulaire d’un diplôme
les opérations principales de refinancement sont à qu’il ne possède pas etc. L’opportunisme ex ante
l’initiative de la banque centrale. conduit au phénomène d’antisélection (sélection
Ü Monnaie adverse). On lutte contre cette forme d’opportu-
Canaux de transmission de la politique monétaire, nisme par la collecte d’informations : par exemple
Opération de refinancement de long terme, Politique les agences de notation permettent aux prêteurs
monétaire d’avoir une meilleure information sur la solvabilité
des emprunteurs ;
––l’opportunisme ex post qui se produit après la
Opérations sur les produits signature du contrat. Il consiste pour un agent à
Dans le système de comptabilité nationale, on ne pas, ou à mal respecter les clauses du contrat.
distingue sept catégories d’opérations sur les pro- Par exemple, un assuré adopte un comportement
duits : plus risqué, un salarié fait preuve d’absentéisme,
––production ; etc. L’opportunisme ex post conduit au phénomène
––consommation intermédiaire ; d’aléa moral (risque moral). On lutte contre cette
––dépense de consommation finale ; forme d’opportunisme par la mise en place de
––consommation finale effective ; contrats incitatifs. Par exemple, un entrepreneur
––formation brute de capital fixe (FBCF) ; de bâtiment doit payer des pénalités s’il ne termine
––exportations de biens et services ; pas le chantier dans les délais prévus.
––importations de biens et services. Ü Marchés et prix
À À l’origine, la comptabilité nationale parlait Actif spécifique, Coût de transaction, Firme multina-
d’opérations sur biens et services. tionale, Gouvernance d’entreprise, Hiérarchie, Incita-
Ü Comptabilité nationale tion, Néo-institutionnalisme, Théorie de l’agence
445
Option
lorsque l’optimum de premier rang (généralement tielles et assure une profondeur et une liquidité
l’optimum de Pareto) ne peut pas être atteint. suffisantes pour permettre à tous les opérateurs de
La concurrence pure et parfaite conduit à l’op- trouver une contrepartie.
timum de Pareto, mais si l’une de ses conditions À Avant la création du marché des options négo-
n’est pas remplie (par exemple si le marché n’est ciables de Paris (MONEP), il existait déjà des
pas atomistique, s’il existe des rendements crois- options sur les actions, mais ces options n’étaient
sants…), la meilleure situation possible ne consiste pas négociables.
pas nécessairement à continuer à respecter les autres Ü Finances internationales, Monnaie
conditions. Par exemple, si la concurrence n’est pas Chambre de compensation, Euronext, Marché dérivé,
parfaite, l’intervention de l’État devient nécessaire Risque de contrepartie
pour assurer l’information des consommateurs,
limiter les concentrations, etc.
À Dans les débats relatifs à l’intégration économi Ordolibéralisme
que, on se demande souvent à quelles conditions L’ordolibéralisme est une doctrine écono-
une union douanière peut constituer un optimum mique développée en Allemagne à partir des
de second rang (l’optimum de premier rang serait années 1930, notamment par W. Eucken (1891-
le libre-échange mondial). 1950) et W. Röpke (1899-1966). Ces auteurs s’op-
Ü Marchés et prix posent à la fois au communisme et au nazisme et
Défaillance du marché, Économie du bien-être influencent les dirigeants chrétiens-démocrates
après la Seconde Guerre mondiale. L’ordolibéra-
lisme accorde un rôle décisif au marché concurren-
Option tiel (l’État doit assurer le respect de la concurrence
Une option est un contrat au terme duquel l’ache- et lutter contre les monopoles et les oligopoles).
teur de l’option acquiert le droit d’acheter (option Mais il accorde aussi une importance à la morale
d’achat, ou call) ou de vendre (option de vente, ou (il s’oppose à l’individualisme hédoniste). L’État
put) une quantité déterminée d’un actif financier a donc un rôle d’ordonnateur de la vie sociale et
ou d’une marchandise à un prix déterminé (prix économique, mais il doit intervenir en fixant des
d’exercice). L’acheteur de l’option a donc la pos- règles et non en menant des politiques discré-
sibilité (mais non l’obligation) de prendre livrai- tionnaires ou en mettant en place une planifica-
son à une échéance déterminée, ou au cours d’une tion. L’économie sociale de marché, qui s’inspire
période déterminée, des titres ou des marchan- de l’ordolibéralisme, est parfois résumée par la
dises qui font l’objet du contrat. L’acheteur paie le formule « autant de marchés que possible, autant
prix de l’option (prime) et se couvre ainsi contre d’États que nécessaire ».
le risque d’une évolution défavorable des cours À Au sein de l’Union européenne (UE), une contro-
(par exemple, l’achat d’une option d’achat sur une verse s’est développée à propos de l’imposition de
devise permet de se couvrir contre le risque d’ap- l’ordolibéralisme allemand à l’ensemble des pays
préciation de cette devise). Le vendeur de l’option de la zone euro (banque centrale indépendante,
supporte, lui, un risque illimité puisque, quelle que priorité aux règles sur les choix politiques, ortho-
soit l’évolution du cours de l’actif sous-jacent, il doxie budgétaire, etc.).
devra faire face à ses engagements si l’acheteur de Ü Économie publique, Intégration économique
l’option décide d’exercer son droit d’acheter ou de
vendre.
À Une option est un produit dérivé puisque le prix Ordre construit
de l’option est lié à l’évolution du prix de l’actif Pour F. Hayek (Droit, législation et liberté, 1973),
sous-jacent et aux anticipations relatives à l’évolu- un ordre construit est une organisation de la société
tion de ce prix. qui est produite par l’action délibérée des hommes.
Ü Finances internationales, Monnaie Par exemple, les conceptions économiques issues
Marché dérivé, Option négociable de la pensée néoclassique débouchent sur un ordre
construit dans la mesure où les pouvoirs publics
veulent soumettre les individus à des règles résultant
Option négociable de leur théorie. Il en va de même pour les théories
Une option négociable est une option qui fait l’ob- favorables à la planification économique. Un ordre
jet d’un marché organisé. L’acheteur ou le vendeur construit (qu’il s’agisse du nazisme, du commu-
a donc la possibilité de revendre son contrat à tout nisme ou de l’État-providence social-démocrate)
moment. L’organisation du marché permet de faire débouche nécessairement sur une violation des
respecter un certain nombre de règles pruden- libertés individuelles (La route de la servitude, 1944)
446
Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE)
puisque les règles de cet ordre artificiel doivent être Ordre spontané
imposées par la contrainte aux individus. Pour F. Hayek (Droit, législation et liberté, 1973),
Ü Épistémologie économique un ordre spontané est une organisation de la société
Coordination, Ordre spontané qui résulte des interactions entre des individus qui
ont des connaissances imparfaites et ne sont pas
porteurs d’un projet a priori à mettre en œuvre.
Ordre de prédation Un tel ordre, qui résulte d’un processus d’essais et
Concept élaboré par D. North, J. Wallis et erreurs permettant l’adaptation de la société aux
B. Weingast dans leur livre Violence et ordres sociaux choix des individus, est nécessairement un ordre
(2009). Pour eux, les « ordres de prédation » sont cohérent qui respecte les libertés individuelles.
des systèmes sociaux dans lesquels la violence n’est Pour F. Hayek, le marché et la monnaie sont des
pas contrôlée. Ils citent en exemple les sociétés de exemples d’ordres spontanés.
chasseurs-cueilleurs. Ü Épistémologie économique
Ü Épistémologie économique Coordination, Ordre construit
Institution, Institutionnalisme, Néo-institutionnalisme
447
Organisation européenne de coopération économique (OECE)
regroupait 20 États (les 18 pays de l’OECE plus des employeurs et un délégué des travailleurs repré-
le Canada et les États-Unis). Elle s’est élargie à sentent chaque État membre ;
certains pays industrialisés à économie de marché ––le conseil d’administration, organe exécutif ;
(Japon, Australie, Autriche, etc.), mais aussi, depuis ––le Bureau international du travail (BIT), qui
les années 1990, à des pays émergents (Mexique est le secrétariat permanent de l’Organisation inter-
en 1994, Corée du Sud en 1996, etc.) et à des nationale du travail (OIT).
économies en transition (République tchèque en Ü Marché du travail, emploi et chômage
1995, Pologne en 1996, République slovaque en Charte de Philadelphie, Normes sociales, Taux de
2000, Chili, Slovénie et Estonie en 2010, la Let chômage, Travail décent
tonie en 2016 et la Lituanie en 2018).
Ü Commerce international, Intégration économique
Gouvernance mondiale Organisation mondiale
du commerce (OMC)
L’Organisation mondiale du commerce (OMC) est
Organisation européenne de une instance internationale qui a pour objectif de
coopération économique (OECE) promouvoir le libre-échange et la croissance du
L’Organisation européenne de coopération éco- commerce international et qui veille au respect
nomique a été créée par la Convention de Paris, des règles commerciales. Créée le 1er janvier 1995
le 16 avril 1948, pour répartir l’aide américaine en remplacement de l’Accord général sur les tarifs
prévue par le plan Marshall et contribuer au déve- et le commerce (AGETAC ou GATT en anglais),
loppement des échanges économiques européens. cette organisation compte 164 membres depuis
L’Organisation de coopération et de dévelop- juillet 2016.
pement économiques (OCDE) lui a succédé, le L’OMC offre un cadre de négociation permet-
30 septembre 1961. tant à ses pays membres de libéraliser progressive-
L’OECE a favorisé la diminution des contingen- ment leurs échanges commerciaux internationaux.
tements aux importations et la création de l’Union Chaque pays membre possède une voix. L’OMC
européenne des paiements. comprend également un organe de règlement des
Ü Commerce international, Intégration économique différends qui peut statuer sur les litiges entre les
pays membres et, le cas échéant, autoriser des
mesures de rétorsion commerciale.
Organisation internationale L’OMC est aujourd’hui fragilisée par l’échec des
du travail (OIT) négociations commerciales multilatérales (le cycle
L’Organisation internationale du travail (OIT) est de Doha, par exemple, initié en novembre 2001, ne
une institution spécialisée des Nations unies qui a s’est pas achevé) et par les limites des recours dépo-
pour vocation de promouvoir la justice sociale et sés auprès de l’ORD (leurs coûts élevés notamment
les droits internationalement reconnus de la per- pour les pays les moins avancés).
sonne et du travail. Elle a été créée en 1919 dans le Ü Commerce international
cadre du Traité de Versailles. Elle édicte des conven- Accord général sur le commerce des services (AGCS),
tions et des recommandations dans les domaines de Accords sur les aspects des droits de propriété intel-
la formation, de la réadaptation professionnelle, de lectuelle relatifs au commerce (ADPIC), Charte de
la politique de l’emploi, du droit du travail et des La Havane, Gouvernance mondiale, Multilatéra-
relations professionnelles, des conditions de travail, lisme, Partenariat transatlantique pour le commerce
de la sécurité sociale, etc. et l’investissement (PTCI), Partenariat transpaci-
Par ailleurs, elle veille au respect des droits et fique, Protectionnisme
principes fondamentaux du travail établis par la
Déclaration de 1998 (interdiction du travail illégal
des enfants, interdiction du travail forcé, interdic- Organisation productive
tion des discriminations dans l’accès et l’exercice de Une organisation productive est une organisation
l’emploi, promotion effective de la liberté d’asso- qui contribue à la production de biens et de ser-
ciation, liberté syndicale des travailleurs et liberté vices. Les entreprises (y compris les entreprises
d’organisation). publiques et celles qui relèvent de l’économie
L’Organisation internationale du travail com- sociale), les administrations publiques et les ins-
prend trois organes principaux : titutions sans but lucratif au service des ménages
––la Conférence internationale du travail réunit (ISBLSM) sont des organisations productives.
les États membres, selon une organisation tripar- Ü Entreprises et système productif
tite : deux délégués gouvernementaux, un délégué Production marchande, Production non marchande
448
Outsiders
449
P
Pacte budgétaire ––donner des marges de manœuvre à la politique
Traité sur la stabilité, la coordination et la gouver- budgétaire : un budget proche de l’équilibre per-
nance (TSCG) met de relancer la demande en cas de choc asy
métrique. Ces marges de manœuvres sont d’autant
plus importantes que la politique monétaire
Pacte de stabilité et de croissance et la politique de change ne sont plus du ressort
(PSC) des États. Sans compter que l’Union économique
et monétaire, loin de constituer une zone moné
Dans le cadre de l’Union économique et moné
taire optimale, ne peut compter que sur une faible
taire (UEM), le pacte de stabilité et de croissance
mobilité du travail ;
(PSC), entériné par le Conseil européen d’Ams-
––assurer la solvabilité des pays membres et sou-
terdam le 17 juin 1997, est un dispositif juridique
tenir ainsi l’indépendance de la Banque centrale
ayant pour objectif d’éviter les « déficits excessifs ».
européenne (BCE) qui n’aura pas à subir les pres-
Dans cette perspective, le PSC impose deux règles :
––le déficit courant de toutes les administra sions d’un État membre dont la dette publique
tions publiques des pays de la zone euro ne doit serait devenue insoutenable.
pas excéder 3 % du produit intérieur brut (PIB) Néanmoins, le PSC a fait l’objet de critiques :
sauf « circonstances exceptionnelles », c’est-à-dire si 1. En surveillant surtout le déficit public, le
le PIB baisse d’au moins 2 % au cours d’une année PSC privilégie le court terme au détriment du long
(entre une baisse de 0,75 % et 2 % du PIB, une terme : pourquoi sanctionner un pays dont le défi-
marge d’appréciation de la situation est laissée à la cit public dépasse le seuil fatidique de 3 % du PIB
Commission européenne) ; si son ratio dette publique/PIB est faible ?
––le ratio de la dette des administrations 2. Le PSC incite les pays à réduire leur déficit
publiques par rapport au PIB ne doit pas être public en bas de cycle pour éviter les sanctions. La
supérieur à 60 %. politique budgétaire agit alors de façon procyclique
Pour respecter le PSC, chaque État membre défi- au lieu d’être contracyclique.
nit un programme de stabilité triennal qui est soumis 3. Le PSC, à travers la recherche d’un déficit
chaque année à l’évaluation de la Commission euro- public nul en moyenne sur le cycle, conduit à un
péenne et à l’approbation du conseil des ministres ratio de dette nul également. Or, aucune théorie
des Finances. En cas de déficit excessif d’un pays, le économique ne justifie cet objectif. Au contraire,
PSC prévoit la mise en œuvre de procédures de sanc- un endettement public se justifie s’il permet d’ac-
tions : avertissement, recommandation de mettre cumuler un stock d’équipements publics dont le
un terme au déficit excessif, sanctions financières rendement social est supérieur au rendement privé.
(constitution d’un dépôt sans intérêt, qui peut être Certains économistes préconisent de retirer du
transformé en amende pouvant aller jusqu’à 0,5 % déficit ce qui relève des investissements publics.
du PIB au bout de deux ans). En revanche, il n’existe 4. Le PSC impose des règles identiques à tous les
pas, dans le cadre du PSC, de sanction applicable en États alors que les situations sont très différentes en
cas de dépassement du critère d’endettement. matière d’investissement et d’endettement public,
Les partisans du PSC avancent trois justifications de taux d’ouverture. Les économies (les « petits »
économiques : pays peuvent plus facilement appliquer des poli-
––limiter le risque d’un comportement de pas tiques budgétaires rigoureuses compte tenu de la
sager clandestin de la part d’un État membre valeur des multiplicateurs qui est plus faible), etc.
dont la politique budgétaire laxiste affecterait les À la suite de la crise financière de 2007-2009,
autres pays de l’Union économique et monétaire aucun des pays de la zone euro (sauf le Luxem-
sous forme de taux d’intérêt plus élevés ; bourg) ne respectait plus les règles du PSC. La crise
450
Paradis fiscal
de l’euro a conduit en 2012 au Traité sur la stabi Anticipations auto-réalisatrices, Crise de solvabilité,
lité, la coordination et la gouvernance (TSCG). Crise des subprimes, Effet de contagion, Prêteur en
À Le PSC est un exemple de gouvernance par les dernier ressort, Règles prudentielles, Risque de défaut,
règles plutôt que par des choix discrétionnaires Stabilité financière
fondés sur des analyses économiques et politiques.
Ü Intégration économique
Anticipations rationnelles, Économie ouverte, Effet Paradigme
boule de neige, Effet d’éviction, Ordolibéralisme, Un paradigme est un « exemple exemplaire »
Politique mixte, Règle d’or qui sert de modèle de référence pour les activi-
tés scientifiques au sein d’une discipline donnée.
Par extension, à la suite des travaux de Th. Kuhn
Pair du change (1922-1966), on appelle paradigme un ensemble
Dans un système de changes fixes, le pair du d’hypothèses, de méthodes, de concepts, de pro-
change est la définition officielle d’une monnaie blématiques, qui sont communs aux chercheurs
exprimée dans l’étalon monétaire du système. Le d’une communauté scientifique déterminée au
rapport des pairs du change de deux monnaies cours d’une période donnée.
constitue la parité (on dit aussi « parité officielle ») À En science économique, le terme paradigme est
de ces deux monnaies. souvent utilisé comme synonyme de théorie. On
À On dit qu’une devise est « au pair » lorsque son parlera ainsi indifféremment du « paradigme néo-
cours sur le marché coïncide avec la parité offi- classique » ou de la « théorie néoclassique ».
cielle. Ü Épistémologie économique
À Sur le marché des changes à terme, on dit qu’une Matrice disciplinaire, Programme de recherche scien-
devise est « au pair » ou « à la parité » lorsque son tifique, Science normale
cours à terme est égal à son cours au comptant.
Ü Finances internationales
Déport, Étalon de change or, Étalon-or, Report Paradis fiscal
L’Organisation de coopération et de dévelop
pement économiques (OCDE) utilise quatre
Panier de consommation critères pour définir un paradis fiscal :
En microéconomie, un panier de consommation ––l’absence ou le caractère insignifiant des
désigne une combinaison de quantité de biens. impôts sur les revenus ;
L’équilibre du consommateur consiste à choisir le ––l’absence de transparence des législations fis-
panier de consommation qui maximise l’utilité cales ;
sous contrainte de budget. On raisonne généra ––l’absence d’échange de renseignements à des
lement sur des paniers constitués de deux biens. fins fiscales avec d’autres administrations (le secret
À Dans le cadre d’une approche en termes de pau- bancaire par exemple) ;
vreté absolue, on raisonne également à partir d’un ––la facilité avec laquelle il est possible d’ouvrir
panier de biens, jugés essentiels, pour appréhender des comptes bancaires ou d’installer des sociétés
le seuil de pauvreté. (l’absence de réglementation permet par exemple
Ü Consommation et épargne, Marchés et prix d’y créer des entreprises fictives).
Carte d’indifférence, Courbe d’indifférence, Ensemble L’OCDE classe les paradis fiscaux en zones grises
budgétaire, Taux marginal de substitution et zones noires selon leur degré de coopération avec
les autres États.
Les paradis fiscaux peuvent abriter des opéra-
Panique bancaire tions légales effectuées à moindre coût mais elles
(bank panic ou bank run) privent les nations d’une part substantielle de
Une panique bancaire est une crise de confiance leurs recettes fiscales (on parle d’évasion fiscale).
à l’égard des banques qui conduit à une crise de Les firmes multinationales par exemple ont l’op-
liquidité quand les déposants retirent simultané- portunité d’alléger leurs charges d’impôts en y
ment leurs avoirs. Les paniques bancaires créent un installant des filiales. Les paradis fiscaux offrent
risque de système. Elles sont limitées par l’exis- également la possibilité de réaliser de la fraude
tence de fonds de garantie des dépôts. fiscale, des opérations illégales ou du blanchiment
À Le terme de panique bancaire est parfois utilisé d’argent. Les centres offshore par exemple hébergent
pour désigner l’assèchement du marché interban des banques, des compagnies d’assurances, des
caire. hedge funds qui échappent à une véritable régula-
Ü Finances internationales, Monnaie tion financière.
451
Paradoxe d’Allais
452
Paradoxe de Solow
453
Paradoxe de Triffin
Ü Capital et investissement, Fluctuations et crises écono- à se faire une idée précise de la solvabilité de son
miques, Productivité client. Mais tout contrat de prêt comporte une
Productivité globale des facteurs, Progrès technique asymétrie d’information et le remboursement
n’est jamais certain.
Ü Monnaie
Paradoxe de Triffin Destruction de monnaie, Risque de crédit, Sélection
Le paradoxe de Triffin (ou dilemme de Triffin) met adverse, Transformation bancaire
en évidence en 1960 la contradiction interne au
système de Bretton Woods dans lequel le dollar
est à la fois une monnaie nationale et une mon Parité
naie internationale. Dans ce cadre, les États-Unis Dans un système de changes fixes, la parité (on dit
doivent avoir à la fois une balance des paiements aussi parité officielle) d’une monnaie par rapport
équilibrée ou excédentaire pour rassurer les déten- à une autre monnaie est le rapport des définitions
teurs de dollars quant à la valeur de cette mon- légales de ces deux monnaies exprimées dans l’éta-
naie, et une balance des paiements déficitaire pour lon monétaire du système (l’or ou une devise clé).
accompagner la croissance du commerce mondial À Ne pas confondre avec taux de change ou avec
(la circulation de dollars hors des États-Unis doit pair du change.
croître). Ü Finances internationales
À R. Triffin (1911-1993) était un défenseur des thèses Politique de change
keynésiennes. Il a formulé dès les années 1950
son dilemme qui montrait la fragilité du sys-
tème de Bretton Woods. Il a été l’inspirateur de Parité de pouvoir d’achat (PPA)
l’Union européenne des paiements. La parité de pouvoir d’achat est un taux de conver-
À Certains parlent aujourd’hui d’un « nouveau sion monétaire calculé de telle façon qu’une unité
dilemme de Triffin » qui peut se formuler ainsi : le monétaire a le même pouvoir d’achat dans diffé-
pays qui émet la monnaie internationale doit pro- rents pays. Le taux de change en PPA permet de
poser suffisamment de titres financiers sûrs pour mesurer les agrégats de différents pays sans que la
ceux qui souhaitent conserver cette devise (les comparaison soit affectée par la fluctuation du taux
bons du Trésor américain par exemple permettent de change courant.
de placer des réserves de change en dollars), ce qui Par exemple, on peut calculer le taux de change
suppose donc d’être très endetté, mais le pays émet- PPA du dollar en euro (c’est-à-dire le taux de
teur de la monnaie internationale doit également change qui égalise le pouvoir d’achat du dollar et
avoir une situation financière saine pour inspirer de l’euro) et comparer ainsi le produit intérieur
confiance dans la valeur des titres de dette émis. brut (PIB) des différents pays de la zone euro au
Ü Finances internationales PIB des États-Unis. Dans ce cas, le taux de change
Étalon de change or, Étalon-or, Régime de change, PPA dépend de la variation comparée du niveau
Stabilité financière, Système monétaire international des prix aux États-Unis d’une part, et dans la zone
euro d’autre part.
Ü Économie du développement, Finances internationales
Parafiscalité Indice de développement humain (IDH), Revenu
La parafiscalité est constituée des prélèvements national par tête
obligatoires affectés à d’autres organismes que
l’État et les collectivités territoriales. Les cotisa
tions sociales ou la redevance audiovisuelle sont Parité des pouvoirs d’achat
des composantes de la parafiscalité. (théorie de la)
Ü Économie publique, Protection sociale La théorie de la parité des pouvoirs d’achat (PPA)
Fiscalité est l’une des théories explicatives de la détermina-
tion des taux de change.
La version « absolue » de cette théorie a été
Pari bancaire formulée par K. G. Cassel (1866-1945). Elle
On parle de pari bancaire pour désigner le fait que considère qu’en longue période, la valeur d’une
les banques, lorsqu’elles créent de la monnaie monnaie par rapport à une autre est déterminée
scripturale (par monétisation de créances), font par le rapport des pouvoirs d’achat internes de
le pari que le bénéficiaire du crédit sera en mesure ces deux monnaies. Le pouvoir d’achat interne
de rembourser à l’échéance. Ce pari repose sur la de la monnaie est mesuré par l’inverse du niveau
collecte d’informations par la banque qui cherche général des prix.
454
Partenariat
Selon la version « relative » de cette théorie, c’est Sur le plan international, la part de marché
l’évolution relative du niveau général des prix (que d’un pays est égale au rapport entre ses exporta
l’on désigne souvent sous le terme de différentiel tions et le total des exportations mondiales.
d’inflation) qui détermine l’évolution du taux Ü Commerce international, Entreprises et système pro-
de change des monnaies. Toutes choses égales par ductif, Marchés et prix
ailleurs, le taux de change d’un pays où l’inflation Barrières à l’entrée, Compétitivité, Pouvoir de marché
est plus élevée tend à se déprécier.
Ü Finances internationales
Parité des taux d’intérêt (PTI) Part des chômeurs
La part des chômeurs désigne le pourcentage que
représentent les chômeurs dans une population
Parité des taux d’intérêt (PTI) donnée. Il est par exemple possible de calculer
D’après la théorie de la parité des taux d’intérêt la part de l’ensemble des chômeurs dans la popu-
(PTI), élaborée par J. M. Keynes en 1923, les taux lation totale d’un pays. Ou encore la part des
de change des monnaies sont déterminés par le chômeurs de moins de 25 ans dans la population
différentiel de taux d’intérêt réel entre les places des personnes âgées de moins de 25 ans.
financières considérées. La part des chômeurs doit être distinguée du
Le différentiel de change (exprimé en pourcen- taux de chômage qui se calcule en rapportant les
tage du cours au comptant) entre le cours au comp- chômeurs d’une catégorie (les chômeurs de moins
tant d’une devise et son cours à terme est égal au de 25 ans par exemple) au nombre total d’actifs de
différentiel d’intérêt pour la même échéance. cette catégorie (ici, les jeunes de moins de 25 ans
À Pour Keynes, la faiblesse du taux de change s’ac- ayant un emploi ou en recherchant un). La part
compagne de taux d’intérêt élevés (les agents des chômeurs est toujours supérieure au taux de
économiques n’acceptent de détenir une mon- chômage puisque la population totale d’une caté-
naie faible qu’en contrepartie d’une rémunération gorie est toujours inférieure à la population active
élevée). Dans certains cas cependant, la causalité de cette catégorie.
s’inverse : un taux d’intérêt réel élevé conduit à Ü Marché du travail, emploi et chômage
l’appréciation de la monnaie puisqu’il attire les Actif, Chômage
capitaux étrangers et donc la demande de cette
monnaie.
Ü Finances internationales Partenariat
Parité de pouvoir d’achat (PPA) Un partenariat est une association de différents
intervenants qui mettent en commun des ressources
en vue de réaliser un objectif commun clairement
Parité glissante (crawling peg) identifié, tout en maintenant leur autonomie.
Dans un régime de change de parité glissante (ou Le partenariat peut se réaliser entre entreprises
à ancrage glissant), la parité de la monnaie natio- privées dans le cadre d’alliances de co-entreprises.
nale par rapport à une devise de référence est en Il peut lier aussi une collectivité publique à une
principe fixe, mais cette parité est périodiquement entreprise privée en lui confiant une mission de
révisée pour tenir compte de l’évolution des fon service public pour optimiser la réalisation des
damentaux de l’économie considérée. La révision projets et en minimiser le coût (partenariat public
de la parité peut se faire selon un calendrier ou privé).
en fonction de critères annoncés à l’avance (par Le partenariat entre entreprises est l’une des
exemple en fonction du différentiel d’inflation) modalités d’internationalisation des firmes, un
ou de façon plus discrétionnaire. moyen de distribuer des produits et de conquérir
À Un régime de parité glissante est donc intermé- ou fidéliser la clientèle, de renforcer sa notoriété,
diaire entre un régime rigoureusement fixe et un c’est une des sources d’accès à l’innovation à tra-
régime de flottement des monnaies. vers des programmes de recherche-développe
Ü Finances internationales ment communs à deux entreprises ou plus. Une
Caisse d’émission, Changes fixes, Changes flottants entreprise qui ne fonctionne qu’en organisant des
partenariats est une entreprise-réseau. La crois-
sance des relations de partenariat pose la question
Part de marché des définitions des frontières de la firme. Du fait
Sur le marché d’un produit donné, la part de des partenariats, le pouvoir de marché d’une entre-
marché d’un producteur désigne le pourcentage prise est supérieur à ce que peut laisser penser la
du total des ventes qu’il réalise. mesure de concentration des entreprises.
455
Partenariat transatlantique pour le commerce et l’investissement (PTCI en français, TAFTA en anglais)
Parties prenantes
Partenariat transpacifique En économie, les parties prenantes (stakeholder
(PTP en français, TPP en anglais) en anglais) désignent l’ensemble des partenaires
Le Partenariat transpacifique est un accord de économiques et sociaux de l’entreprise :
libre-échange signé le 4 février 2016 par 12 États ––au niveau interne, les parties prenantes sont
d’Amérique du Nord et de l’Asie-Pacifique (les les actionnaires, les managers, les salariés et leurs
États-Unis, le Canada, le Mexique, le Chili, le syndicats ;
Pérou, le Japon, la Malaisie, le Vietnam, Singapour, ––au niveau externe, il s’agit des clients, fournis-
Brunei, l’Australie et la Nouvelle-Zélande). Cet seurs, collectivités territoriales, chambres de com-
accord est destiné à renforcer les échanges interna- merce, l’État, etc.
tionaux de cette région du monde en programmant L’analyse en termes de parties prenantes existe
la réduction de plusieurs droits de douane (dans depuis les années 1950 et s’est développée au cours
l’automobile, le textile, les produits agricoles et ali- des années 1980. Selon cette approche, au-delà
mentaires par exemple), en refusant l’usage de la des seuls actionnaires, il faut tenir compte de tous
guerre des monnaies et en harmonisant un certain les acteurs qui sont concernés par le fonctionne-
nombre de normes environnementales, sanitaires, ment des entreprises et qui peuvent influer sur
mais aussi sociales et politiques (le Vietnam, par leurs performances. Cette analyse est au cœur de
exemple, doit désormais autoriser l’existence de la réflexion sur la gouvernance d’entreprise. Elle
456
Pauvreté
457
Pays émergents
458
Place financière
Ü Commerce international, Marchés et prix, Politique ––le principe de non-défaut (un État ne pouvait
économique pas faire défaut sur sa dette) ;
Triangle de Dupuit, Triangle de Harberger ––le principe de non-renflouement (les autres
États membres de l’Union ne peuvent pas renflouer
un État menacé de défaut sur sa dette).
Petites et moyennes entreprises (PME) Avant la crise de l’euro de 2010, les antici
En France, la catégorie des petites et moyennes pations des agents reposaient sur la croyance
entreprises est constituée des entreprises dont : selon laquelle en cas de crise grave, le principe de
––l’effectif est inférieur à 250 personnes ; non-renflouement serait abandonné et des trans-
––le chiffre d’affaires est inférieur à 50 millions ferts seraient organisés en faveur du pays en dif-
d’euros ou bien le total du bilan n’excède pas ficulté afin d’assurer le maintien de la zone euro.
43 millions d’euros. Lors de la révélation de l’ampleur du déficit et de
Cette définition est conforme à la recomman la dette grecque, et compte tenu des prises de posi-
dation de l’Union européenne (UE) adoptée tion de l’Allemagne proposant que la Grèce quitte
depuis janvier 2005, qui définit par ailleurs : la zone euro, les anticipations se sont brutalement
––les microentreprises (moins de 10 salariés, modifiées et les agents ont pensé que le principe de
chiffre d’affaires ou total du bilan inférieur à 2 mil- non-défaut allait être abandonné, ce qui a provo-
lions d’euros) ; qué une très forte hausse des taux d’intérêt sur la
––les petites entreprises (moins de 50 salariés, dette grecque.
chiffre d’affaires ou total du bilan inférieur à Ü Intégration économique
10 millions d’euros). Équilibre à tâches solaires, Intégration monétaire
À Les petites et moyennes industries (PMI) sont
des petites et moyennes entreprises du secteur
industriel. Place extraterritoriale
Ü Entreprises et système productif On appelle place extraterritoriale une zone éco-
Artisanat, Auto-entrepreneur, Entrepreneur, Entre- nomique dans laquelle les agents économiques,
prise de taille intermédiaire (ETI), Entreprise uni- notamment les banques multinationales, béné-
personnelle à responsabilité limitée (EURL), Grande ficient de conditions d’exercice très favorables,
entreprise, Groupe d’entreprises, Sous-traitance principalement sur le plan fiscal et réglementaire
(paradis fiscal). Certaines opérations interna-
tionales, traitées dans d’autres pays et avec des
Physiocratie non-résidents, y sont domiciliées (par exemple, les
École physiocratique îles Cayman, les îles Cook, l’île Maurice, Panamá,
Sainte-Lucie, les îles Grenadines, Samoa, les Sey-
chelles, les Bahamas, Vanuatu, etc.).
PIB Ü Finances internationales, Mondialisation
Zone franche bancaire
Produit intérieur brut
459
Placement
Ü Finances internationales, Mondialisation, Monnaie pays de l’Est. Elle consiste pour les planificateurs
Financement de l’économie, Financiarisation à fixer pour chaque unité de production des
objectifs (généralement en quantités physiques)
que celles-ci doivent atteindre obligatoirement.
Placement À La planification impérative est généralement
Un placement est une opération consistant, centralisée, mais des modèles de planification
pour un agent économique, à utiliser son épargne décentralisée ont été proposés.
pour acquérir des actifs financiers. L’épargne placée Ü Économie publique, Politique économique
se distingue donc de l’épargne thésaurisée. Coordination, Planification économique, Planifica-
À Ne pas confondre placement et investissement. tion indicative
Ü Consommation et épargne, Monnaie
Action, Épargne financière, Investisseur, Obligation,
Thésaurisation Planification indicative
La planification indicative est un système de plani-
fication mis en place au sein de certaines économies
Planification centralisée de marché (en particulier en France mais aussi au
Planification économique Japon).
Ce type de planification est macroéconomique. Il
fixe en général des objectifs au niveau des branches
Planification économique ou des régions, mais il n’a pas un caractère obliga-
La planification économique est une modalité toire pour les entreprises. C’est une planification
de la régulation de l’économie qui s’oppose à la fondée sur la concertation entre les partenaires
coordination par le marché ou la complète. Elle économiques et sociaux et sur l’action incitative
suppose : des pouvoirs publics. Elle vise à pallier les insuf-
––un horizon temporel (en général, les plans sont fisances du marché (horizon temporel trop court,
à moyen terme, 5 ans par exemple, mais des plans non-prise en compte de l’intérêt général, etc.), elle
plus courts sont concevables, de même que des est souvent liée à la mise en œuvre de politiques
plans à long terme) ; keynésiennes.
––des objectifs (le plan n’est pas une simple pro- Selon la formule bien connue de P. Massé (1898-
jection, c’est une prévision orientée par des choix) ; 1987) (Le plan ou l’anti-hasard, 1965) : « La pla-
––une programmation des moyens destinés à nification française est la recherche d’une voie
atteindre les objectifs. Ces moyens doivent être moyenne conciliant l’attachement à la liberté et
cohérents entre eux et conduire à l’utilisation opti- à l’initiative individuelle avec une orientation
male des ressources disponibles. commune du développement. »
Au niveau macroéconomique, la planification Ü Économie publique, Politique économique
économique concerne l’ensemble d’une économie Coordination, Planification économique, Planifica-
nationale. Elle peut être centralisée ou décentrali- tion impérative
sée, impérative ou indicative.
À Les défenseurs de la planification, notamment
O. Lange (1904-1965), considèrent que c’est un Plein-emploi
système beaucoup plus efficace et efficient que les En toute rigueur, le plein-emploi désigne l’uti-
mécanismes de marché pour atteindre l’optimum lisation de la totalité du volume des facteurs de
économique et social, ce que contestent vivement production disponibles dans l’économie, tra-
des auteurs libéraux comme F. Hayek (1899-1992) vail et capital. Néanmoins, dans la pratique, le
ou L. Von Mises (1881-1973). plein-emploi désigne souvent l’utilisation de toute
À Les dysfonctionnements de la planification dans la main-d’œuvre de l’économie. Le plein-emploi
les économies de type soviétique ont déconsidéré désigne alors la situation d’une zone géographique
les systèmes centralement planifiés. donnée (région, économie nationale ou ensemble
Ü Économie publique, Politique économique d’économies nationales) dans laquelle le chômage
Efficacité, Efficience, Hiérarchie, Planification impé- est réduit au chômage frictionnel et au chômage
rative, Planification indicative transitoire.
À En situation de plein-emploi, le taux de chômage
n’est donc pas nul.
Planification impérative À Selon la définition retenue par W. Beveridge
La planification impérative est le système écono (1879-1963), le plein-emploi est une situation où
mique qui fonctionnait en URSS et dans les autres « le nombre des places vacantes [est] supérieur au
460
Points d’or
nombre de candidats à un emploi, et où les places de consommation ouvrière (qui permet une baisse
[sont] telles et localisées de telle façon que le chô- de la valeur de la force de travail).
mage se ramène à de brefs intervalles d’attente » Ü Épistémologie économique
(Full Employment in a Free Society, 1944). Capitalisme, Exploitation, Plus-value absolue, Taux
Ü Marché du travail, emploi et chômage, Politique de plus-value
économique
Chômage d’équilibre, Courbe de Beveridge, Gap
d’Okun, Produit intérieur brut potentiel, Taux d’uti- Point de base
lisation des capacités de production, Taux de chômage En matière de taux d’intérêt, un point de base
naturel correspond à un centième de point de pourcen-
tage, soit 0,01 % ou 0,0001. Par exemple, un taux
d’intérêt qui passe de 4 % à 4,5 % augmente de
Plus-value 50 points de base.
Dans la théorie marxiste, la plus-value (ou surva- Ü Monnaie
leur) est la différence entre la valeur d’usage de la Écart de crédit
force de travail (déterminée par le temps de travail
accompli par le salarié et donc par les marchan
dises produites pendant ce temps de travail) et la Point mort
valeur d’échange de la force de travail (déterminée Le point mort ou seuil de rentabilité est une esti-
par la valeur travail des marchandises nécessaires mation du montant du chiffre d’affaires pour
pour assurer la reproduction de la force de travail). lequel le résultat net de l’entreprise est nul.
La plus-value est donc la forme que prend le surtra C’est donc le montant du chiffre d’affaires (ou du
vail dans le système capitaliste. Si, par exemple, la volume de production) à partir duquel l’entreprise
journée de travail est de huit heures et qu’au bout devient rentable.
de quatre heures, le salarié a produit une valeur Au-dessous du point mort, du fait des coûts
équivalente à la valeur des marchandises nécessaires fixes, le coût total est supérieur au chiffre d’affaires
à la reproduction de la force de travail, le salaire et le résultat net de l’entreprise est négatif. Lorsque
aura tendance à se fixer à un niveau correspondant le volume de production atteint le point mort, le
à quatre heures de travail, les quatre autres heures résultat est nul puisque le chiffre d’affaires couvre
constituant la plus-value. les coûts. Au-dessus du point mort, l’activité est
Certaines traductions du Capital de K. Marx rentable.
(1818-1883) utilisent le terme « survaleur » qui Ü Entreprises et système productif
tend à s’imposer. Analyse financière, Économies d’échelle, Profit, Ren-
À Il ne faut pas confondre la plus-value au sens de tabilité
Marx et la plus-value au sens courant (plus-value
immobilière par exemple si on revend un immeuble
plus cher qu’on ne l’a acheté). Points d’or
Ü Épistémologie économique Dans le système de l’étalon-or, les points d’or
Capitalisme, Exploitation, Plus-value absolue, constituent les taux de change plafond et plancher
Plus-value relative, Taux de plus-value d’une monnaie.
Le mécanisme des points d’or assure, en théo-
rie, la stabilité des changes au sein du système de
Plus-value absolue l’étalon-or. Lorsqu’une monnaie se déprécie par
Dans la théorie marxiste, la plus-value absolue est rapport à une autre, il devient avantageux pour
la plus-value qui est obtenue par l’allongement de les résidents du pays dont la monnaie se déprécie
la journée de travail au-delà du temps de travail d’effectuer leurs règlements à l’étranger en or plutôt
nécessaire à la reproduction de la force de travail. qu’en devises. On atteint ainsi le « point de sortie
Ü Épistémologie économique d’or ». Réciproquement, lorsqu’une monnaie s’ap-
Capitalisme, Exploitation, Plus-value relative, Taux précie, les non-résidents qui ont des règlements à
de plus-value effectuer dans le pays où la monnaie s’apprécie ont
intérêt à effectuer leurs règlements en or. On atteint
ainsi le point d’entrée d’or.
Plus-value relative Au sein du système de l’étalon-or, le cours du
Dans la théorie marxiste, la plus-value relative est change des monnaies varie donc, en théorie, à
la plus-value qui est obtenue par l’augmentation l’intérieur de marges de fluctuation définies
de la productivité dans la production des biens par le coût du transport et d’assurance de l’or
461
Pôle de compétitivité
entre les places financières. C’est ainsi qu’en ce d’une nation. Ils conduisent à des déséquilibres
qui concerne le franc français et la livre sterling au dynamiques et s’inscrivent dans une perspective
xixe siècle, les points d’entrée et de sortie de l’or de croissance déséquilibrée.
étaient situés à plus ou moins 0,2 % de la parité. Ü Économie du développement
Ce système ne fonctionne que si toutes les caracté- Effet d’agglomération, Effet d’entraînement, Effet
ristiques de ce régime de change sont respectées. de domination, Effet de propagation, Pôle de dévelop-
Dans la pratique, le système de l’étalon-or n’a pement, Politique de développement
pas fonctionné de façon aussi rigoureuse. La livre
sterling a joué le rôle de monnaie internationale,
ce qui a limité le recours à l’or comme instrument Pôle emploi
de règlement. Pôle emploi est un opérateur du service public de
Ü Finances internationales l’emploi créé en 2008 par la fusion entre l’ANPE
Appréciation, Change fixe, Dépréciation, Devise clé, (Agence nationale pour l’emploi) et le réseau des
Pair du change, SMI ASSEDIC (Associations pour l’emploi dans l’in-
dustrie et le commerce). Ses missions sont :
––l’accueil et l’inscription des demandeurs
Pôle de compétitivité d’emploi ;
Un pôle de compétitivité désigne un secteur éco- ––le versement des allocations aux demandeurs
nomique, une zone géographique, une filière, une d’emploi indemnisés ;
branche ou une entreprise qui fait preuve d’une ––l’accompagnement de chaque demandeur
forte compétitivité par rapport à la concurrence d’emploi dans sa recherche d’emploi jusqu’au pla-
internationale. cement ;
Les pôles de compétitivité exercent un effet ––l’orientation et la formation des demandeurs
d’entraînement sur l’ensemble de l’économie. d’emploi ;
En France, les pôles de compétitivité sont un ––la prospection du marché du travail en allant
dispositif de politique industrielle visant à favo- au-devant des entreprises ;
riser le regroupement sur un territoire d’entre- ––l’aide aux entreprises dans leurs recrutements ;
prises et d’universités, travaillant dans le même ––l’analyse du marché du travail.
domaine (cluster). Pour J. Tirole, ces pôles de Ü Marché du travail, emploi et chômage
compétitivité impulsés par les collectivités terri- Chômage
toriales n’ont jusqu’ici pas rencontré de succès.
Ü Économie du développement, Mondialisation, Poli-
tique économique Policy mix
Compétitivité structurelle, Pôle de croissance, Pôle Politique mixte
de développement, Système national d’innovation
462
Politique climatique
La PAC reposait donc sur la garantie des prix ––des dépenses budgétaires ;
et du revenu agricole. Cette politique a fait l’objet ––du solde budgétaire.
de critiques de plus en plus vives : La politique budgétaire a généralement des objec-
––elle poussait à la surproduction et donc à tifs conjoncturels (réduire le gap d’Okun), mais
l’obligation d’acheter ou de détruire une partie elle peut aussi viser des objectifs structurels (par
de la production afin de soutenir les prix ; exemple, le financement d’infrastructures de trans-
––elle favorisait donc une agriculture producti- port ou la recherche-développement entraînent
viste au détriment de l’environnement ; à la fois des effets conjoncturels et structurels).
––elle était socialement injuste puisque les gros L’efficacité des politiques budgétaires dans les
producteurs obtenaient des fonds européens plus années 1950 et 1960 est remise en question dans
importants ; les années 1970 par les transformations de l’envi-
––elle était coûteuse et absorbait une part très ronnement économique (stagflation, contrainte
importante du budget européen au détriment extérieure, changes flexibles, crise de 1974) et par
d’autres politiques communes (recherche, indus- des critiques théoriques (monétarisme et nouvelle
trie, formation…) ; économie classique). L’instrument budgétaire
––elle était dénoncée comme protectionniste par est donc moins sollicité à partir des années 1980,
les autres membres du GATT puis de l’OMC. particulièrement en Europe où les pays de la zone
Progressivement, à partir de 1992, 2009 et 2013, euro font le choix de l’équilibre budgétaire.
la PAC a été réformée. La politique de soutien Ü Économie publique, Politique économique
des prix a été abandonnée et une logique d’aide Croissance endogène, Déficit budgétaire, Fédéralisme
directe aux producteurs se met en place sur la base budgétaire, Monétarisme, Multiplicateur des dépenses
de critères sociaux et écologiques. publiques, Multiplicateur fiscal, Politique keyné-
Ü Commerce international, Intégration économique, sienne, Politique mixte, Théorème d’équivalence de
Politique économique, Productivité Ricardo-Barro, Théorème de Haavelmö
Développement durable, Politique structurelle
Politique climatique
Politique anti-trust La politique climatique est l’ensemble des objec-
Les politiques anti-trust sont des réglementations tifs et des instruments qui visent à lutter contre le
qui visent à contrôler ou à empêcher la constitution réchauffement climatique. Les travaux conduits
d’ententes ou de mouvements de concentration notamment au sein du Groupe d’experts inter-
qui risqueraient d’aboutir à la disparition de la gouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC)
concurrence dans une branche. La politique anti- montrent que sous l’effet de l’émission de gaz à
trust est l’une des composantes de la politique de effet de serre résultant de l’activité humaine, la
la concurrence. température moyenne à la surface du globe a ten-
Dès la fin du xixe siècle, une telle législation dance à s’élever et que, sans mise en œuvre d’une
apparaît aux États-Unis avec la loi Sherman de politique climatique de grande ampleur, elle attein-
1890 puis la loi Clayton de 1914. En Europe, il dra d’ici la fin du xxie siècle un niveau tel que l’en-
faut attendre la signature du traité de Rome pour semble des équilibres écologiques du monde sera
que se mette en place une politique anti-trust qui bouleversé (élévation du niveau des mers, fonte des
est une des composantes de l’intégration écono glaces polaires, multiplication des tornades et oura-
mique par le marché. gans, désertification de certaines zones, migrations
Ü Politique économique climatiques massives, etc.). Les principaux instru-
Abus de position dominante, Autorité de la concur- ments de la politique climatique sont :
rence, Collusion, Concentration, Concurrence impar- ––l’information et la mobilisation de l’opinion
faite, Marché commun, Monopole, Oligopole, Union (afin d’inciter les agents économiques à réduire
européenne (UE) leur consommation d’énergie fossile notamment) ;
––la réglementation (par exemple l’instauration
de normes en matière d’isolement des logements
Politique budgétaire ou de consommation de carburant par les véhicules
La politique budgétaire est l’une des composantes de transport terrestres ou aériens) ;
de la politique économique qui vise à agir sur la ––la taxation (afin de donner un signal prix
situation macroéconomique par l’intermédiaire défavorable à la consommation d’énergie fossile et
des finances publiques. L’action sur les finances favorable au développement d’énergies alternatives) ;
publiques peut être réalisée par l’intermédiaire : ––la mise en place de marchés de quotas
––des recettes fiscales ; d’émission (afin de limiter la quantité totale
463
Politique commerciale
d’émission de gaz à effet de serre et de faire en sorte Compétitivité structurelle, Économie politique interna-
que le coût de réduction des émissions soit minimisé). tionale, Protectionnisme, Théorème Stolper-Samuelson,
Ü Économie et écologie Théorie des jeux
Développement durable, Économie de l’environne-
ment, Fiscalité écologique, Hypothèse de Porter, Indice
de durabilité environnementale (Environnemental Politique conjoncturelle
Sustainability Index), Indice de performance envi- La politique conjoncturelle est un ensemble de
ronnementale (IPE), Normes environnementales mesures prises par l’État visant à agir à court terme
sur la situation économique en fonction des désé-
quilibres existants. Par exemple, une politique de
Politique commerciale blocage des prix et des revenus pour une durée
La politique commerciale désigne l’action des pou- limitée est une politique conjoncturelle qui vise à
voirs publics sur les échanges extérieurs du pays. réduire l’inflation.
La politique commerciale peut mettre en place des L’action sur la conjoncture se fait par l’intermé-
dispositifs visant à protéger le marché intérieur de diaire de la politique budgétaire, de la politique
la concurrence extérieure (protectionnisme) ou monétaire, de la politique du change et de la
bien au contraire à réduire la protection du mar- politique des revenus.
ché intérieur. Elle peut également mettre en place À Politique conjoncturelle et politique structurelle
une politique industrielle en faveur d’un secteur sont souvent étroitement imbriquées : par exemple,
d’activité. la lutte contre l’inflation a des aspects conjoncturels
Ü Commerce international mais aussi structurels. Par ailleurs, la répétition avec
Organisation mondiale du commerce (OMC), Poli- constance des mêmes politiques conjoncturelles
tique commerciale stratégique finit par devenir une politique structurelle.
Ü Politique économique
Carré magique, Conjoncture économique, Politique
Politique commerciale stratégique contracyclique, Politique mixte
Une politique commerciale stratégique désigne un
ensemble de mesures de politique économique
prises par un État en faveur d’une branche ou d’un Politique contracyclique
ensemble de branches pour améliorer sa compé La politique contracyclique est une politique
titivité face à la concurrence internationale. conjoncturelle qui vise à compenser, par des
J. Brander et B. Spencer (1982) ont exposé un mesures de politique économique, les variations
modèle qui montre qu’en concurrence imparfaite, cycliques de l’activité économique.
les défaillances du marché permettent de justifier Les pouvoirs publics peuvent mettre en œuvre
l’intervention de l’État. La politique commerciale une politique de relance en période de récession
stratégique peut s’avérer avantageuse pour un pays et une politique de stabilisation en période de
même si elle va à l’encontre des principes du libre- surchauffe.
échange. Elle constitue un argument décisif en La politique contracyclique permet de maintenir
faveur d’un protectionnisme éducateur ou d’un l’économie au voisinage d’un sentier de croissance
mercantilisme moderne. économique équilibrée.
Une politique commerciale stratégique n’est pas À Pour certains économistes, l’existence de stabili
exempte de critiques. P. Krugman fait remarquer sateurs automatiques relativise l’importance de la
que le succès d’une telle politique repose sur : politique contracyclique.
––une appréciation exacte de la situation des Ü Économie publique, Politique économique
entreprises et du marché. Il est donc supposé que Croissance potentielle, Cycle économique, Politique
les pouvoirs publics disposent d’une information keynésienne
de bonne qualité leur permettant de déterminer le
montant des aides optimales à accorder ;
––l’absence de représailles de la part des pays Politique d’ajustement structurel
concurrents. Or, les risques de guerre commerciale (PAS)
sont réels dans la mesure où une politique commer- Les politiques d’ajustement structurel (PAS) dé
ciale stratégique est en fait une politique d’enrichis- signent un ensemble de mesures à caractère éco-
sement d’un pays aux dépens des autres. nomique et social visant au retour des équilibres
En conséquence, P. Krugman refuse toute mesure macroéconomiques : réduction des déficits (déficit
protectionniste et reste favorable au libre-échange. public et déficit extérieur), décélération de la hausse
Ü Commerce international des prix, libéralisation des échanges, privatisations…
464
Politique de désinflation compétitive
Il s’agit de s’attaquer aux racines des déséqui Il s’agit dans ce cas d’améliorer la compétitivité-
libres structurels en réduisant les subventions, les prix et de rétablir le solde de la balance commerc
budgets sociaux et certaines dépenses publiques, iale ou de la balance des transactions courantes ;
etc. Dans une perspective libérale, l’économie doit ––réévaluer la monnaie en changes fixes ou
devenir plus flexible et plus compétitive de manière favoriser son appréciation en changes flexibles
à pouvoir entretenir une croissance à long terme. pour lutter contre l’inflation et améliorer les
Une intégration plus forte au commerce inter termes de l’échange.
national et la réduction du secteur public sont Par exemple, une dévaluation ou une politique
recherchées. de dépréciation du taux de change visent généra-
Les PAS sont imposées par le Fonds monétaire lement à restaurer la compétitivité prix des expor
international (FMI) à l’occasion de l’octroi de tations du pays considéré. La politique du change
certaines lignes de crédit à des pays qui ont des peut aussi viser à l’appréciation de la monnaie ; par
difficultés à rééquilibrer leurs échanges extérieurs. exemple la politique du franc fort conduite dans les
Ces lignes de crédit sont dites : « facilités d’ajuste- années 1980 contribuait à la politique de désinfla
ment structurel » (FAS) ou « facilités d’ajustement tion compétitive.
structurel renforcé » (FASR). Les PAS sont au cœur Ü Commerce international, Finances internationales,
du Consensus de Washington. Mondialisation, Politique économique
Dans les années 1980, les PAS ont été critiquées Caisse d’émission, Changes fixes, Changes flottants,
en raison du ralentissement de la croissance et de Courbe en J, Dumping monétaire, Modèle Mundell-
l’augmentation des inégalités qu’elles ont entraî- Fleming, Parité de pouvoir d’achat, Parité glissante,
nées. Protectionnisme, Régime de change, Surréaction,
Ü Économie du développement, Finances internatio- Triangle des incompatibilités
nales, Politique économique
Conditionnalité, Dette du tiers-monde, Soutenabilité
de la dette, Soutenabilité du développement, Traité sur Politique de créneaux
la stabilité, la coordination et la gouvernance (TSCG) Une politique de créneaux est une composante
de la politique industrielle visant à améliorer la
compétitivité de quelques segments du système
Politique d’austérité productif.
La politique d’austérité est une politique écono On considère généralement qu’une politique
mique qui peut relever : de créneaux obéit à une logique plutôt libérale
––d’une politique keynésienne. Il s’agit de frei- (le choix des créneaux porteurs sur les marchés
ner la croissance de la demande globale pour lutter internationaux repose sur la théorie des avantages
contre l’inflation et le déficit extérieur ; comparatifs) alors qu’une politique de filière
––d’une politique de l’offre. Il s’agit de modifier relève d’une logique interventionniste.
le partage de la valeur ajoutée entre les revenus Pour un pays en développement (PED), une
du travail et les revenus du capital dans un sens stratégie de créneaux consiste à privilégier un déve
favorable à ces derniers, afin de favoriser une reprise loppement extraverti par le choix de quelques
de l’investissement. produits qui seront exportés et permettront
À Le terme de politique de rigueur, parfois utilisé, est d’obtenir les devises nécessaires à la poursuite du
une euphémisation du terme politique d’austérité. développement.
Ü Économie publique Ü Économie du développement, Politique économique
Politique budgétaire, Politique contracyclique, Poli- Compétitivité, Créneau, Filière, Politique structurelle
tique de stabilisation, Politique des revenus, Politique
monétaire
Politique de désinflation compétitive
Une politique de désinflation compétitive est une
Politique de change politique économique visant à rétablir la com
La politique de change est une composante de la pétitivité de l’économie par un ralentissement
politique économique qui vise à déterminer ou à de l’inflation. L’amélioration de la compétitivité-
influencer le taux de change de la monnaie natio- prix des produits nationaux devrait conduire à une
nale dans le but d’atteindre des objectifs détermi- hausse des exportations et donc de la production
nés du carré magique. La politique de change peut nationale et de l’emploi.
consister à : Ü Économie publique, Politique économique
––dévaluer la monnaie en changes fixes Courbe en J, Désinflation, Dévaluation, Politique
ou favoriser sa dépréciation en changes flottants. de stabilisation
465
Politique de développement
466
Politique de stabilisation
467
Politique des égoïsmes sacrés
ou d’inspiration libérale (cas du plan de lutte contre conisé par les économistes qui considèrent que la
l’inflation de R. Barre en 1976). vie économique est fondamentalement instable et
Ü Économie publique, Politique économique qu’il est nécessaire que la puissance publique assure
Désinflation, Inflation, Politique d’austérité, Poli- une régulation consciente pour maintenir l’écono-
tique de relance, Politique keynésienne, Stop and go, mie sur un sentier de croissance de plein-emploi.
Taux d’inflation Ces politiques discrétionnaires ont caractérisé la
période des Trente Glorieuses.
Les politiques discrétionnaires s’opposent aux
Politique des égoïsmes sacrés politiques de règles qui consistent à appliquer une
On parle de politique des égoïsmes sacrés pour règle préétablie indépendamment de la conjonc-
désigner l’adoption pendant l’entre-deux-guerres ture économique
de politiques économiques non coopératives Depuis longtemps, M. Friedman (1912-2006)
(hausse des droits de douane, dévaluation com proposait en matière de politique monétaire l’ap-
pétitive par exemple). Motivées par la volonté d’at- plication d’une règle invariable (la croissance à
ténuer les effets de la crise de 1929, ces politiques taux constant de la masse monétaire). En 1977, le
ont conduit à un ralentissement du commerce débat a été généralisé par F. Kydland et E. Prescott
extérieur et de la croissance économique et ont (prix Nobel 2004) qui posent l’alternative « règle
avivé les tensions politiques. ou discrétion » en soulignant notamment que les
En 1945, la volonté d’instaurer un nouvel ordre politiques discrétionnaires conduisent à une inco
économique marqué par le libre-échange et le hérence temporelle des politiques économiques.
multilatéralisme tourne le dos à ces politiques En Europe, la nécessité d’une politique fondée sur
d’égoïsme sacré. Mais le retour de l’unilatéralisme, des choix débattus démocratiquement plutôt que
notamment américain, et de politiques moné sur l’application de règles invariables a été défendue
taires non coordonnées conduit parfois à réutiliser par J.-P. Fitoussi dans son livre La règle ou le choix
cette expression. (2002).
Ü Commerce extérieur Ü Économie publique, Politique économique
Charte de La Havane, Guerre des monnaies, Organisa- Déséquilibre économique, Politique monétaire non
tion mondiale du commerce (OMC), Protectionnisme conventionnelle
468
Politique économique
Politique économique
Définition et objectifs La distinction habituelle entre politique
de la politique économique conjoncturelle (qui concerne les variables
La politique économique peut se définir économiques à court terme) et politique
comme l’ensemble des décisions prises par structurelle (qui vise à modifier les struc-
les pouvoirs publics dans le but d’agir sur tures de l’économie), est simplificatrice et
les variables économiques. Les objectifs de ne rend pas totalement compte de la com-
la politique économique sont souvent pré- plexité des interactions entre les mesures de
sentés à partir du carré magique de N. Kal- politiques économiques. Par exemple, des
dor (1908-1986) qui comprend la recherche mesures de soutien en faveur d’un secteur
d’une croissance économique soutenue per- d’activité modifient les structures indus-
mettant de se rapprocher du plein-emploi et trielles, favorisent l’attractivité d’un territoire,
compatible avec une inflation faible et un atténuent le chômage, etc. Autre exemple, la
équilibre des comptes extérieurs. construction d’une université peut s’inscrire
Soutenir l’emploi par une politique bud- dans le cadre d’une politique de relance
gétaire appropriée, relancer l’inflation en (politique conjoncturelle), mais elle a aussi
élevant la quantité de monnaie ou modifier des conséquences sur le niveau de formation
le cadre juridique du marché du travail, sont de la main-d’œuvre et constitue un facteur
des exemples de politique économique. d’attractivité qui s’insère dans une politique
Les maîtres d’œuvre de la politique écono- d’aménagement du territoire (politique
mique sont nombreux : les administrations structurelle).
publiques centrales, les collectivités territo-
riales. En France, la décentralisation a accru L’évolution des objectifs
le pouvoir d’intervention économique des de la politique économique
communes, des départements et des régions. Les objectifs de la politique économique
Dans la zone euro, la politique monétaire ont été affectés :
relève de la Banque centrale européenne – par la mondialisation, qui a provoqué
(BCE) indépendante des États membres, et une perte d’efficacité relative de la politique
les politiques économiques sont coordonnées économique dans le cadre national. Les stra-
par l’Union européenne (UE). Enfin, plusieurs tégies des firmes multinationales, l’inten-
organismes internationaux (le Fonds monétaire sité concurrentielle croissante des marchés,
international (FMI) et la Banque mondiale, par supposent d’autres formes d’interventions
exemple) émettent des recommandations qui, publiques ;
ponctuellement, peuvent prendre un caractère – par les nouvelles technologies et l’essor
impératif (les plans de consolidation budgé- de la nouvelle économie qui modifient les
taire en Grèce par exemple). conditions de la croissance économique. La
théorie de la concurrence imparfaite et de
Pluralité des objectifs la croissance endogène, mais aussi l’écono-
de la politique économique mie de la connaissance et l’économie géo-
La politique économique est en relation graphique, justifient de nouvelles formes
avec les trois fonctions de l’État définies par d’intervention en matière de politique éco-
R. Musgrave (1910-2007). Elle peut cher- nomique ;
cher à infléchir l’allocation des ressources – par l’importance croissante des questions
productives réalisée par le marché (fonction environnementales qui conduisent notam-
d’allocation), à réguler l’activité écono- ment à la mise en œuvre de la politique
mique à court terme (fonction de régula- climatique et à des actions visant à préserver
tion) ou à modifier la répartition des revenus le stock de capital naturel.
primaires, jugée trop inégalitaire (fonction En résumé, la politique économique
de répartition). est aujourd’hui confrontée aux « trois i
»
469
Politique économique
470
Politique économique
budgétaire est donc atténué, ce qui conduit – une augmentation du taux d’inté-
à mettre en place une politique monétaire rêt (hausse de la demande de monnaie et
expansionniste (augmentation de l’offre de contraction de l’offre de monnaie due à la
monnaie) afin de faire baisser le taux d’in- baisse des réserves de change).
térêt. L’effet de relance dépend alors du degré
À Selon la conjoncture, les politiques budgé- de mobilité des capitaux. Si les capitaux sont
taire et monétaire sont contracycliques. Pour mobiles, ils sont attirés par le taux d’intérêt
les keynésiens, l’efficacité de la politique élevé et viennent augmenter la masse moné-
mixte suppose donc que la conjoncture soit taire, entraînant ainsi une baisse du taux d’in-
caractérisée ou bien par du chômage, ou térêt. L’effet de relance est alors renforcé. Si
bien par de l’inflation, mais pas les deux. la mobilité des capitaux est insuffisante, les
Cela a été remis en question par l’émergence taux d’intérêt restent élevés (effet de relance
de la stagflation dans les années 1970. atténué).
• La politique mixte en économie ouverte
Le modèle Mundell-Fleming a étendu le En changes flexibles
schéma IS-LM à une situation d’économie
La politique monétaire est efficace et l’effica-
ouverte. Ce modèle prend en compte le
cité de la politique budgétaire diminue avec
régime de change (changes fixes ou changes
la mobilité des capitaux.
flexibles) ainsi que le degré de mobilité inter-
Une relance monétaire fait baisser le taux
nationale des capitaux.
d’intérêt et déprécie le taux de change (hausse
de la valeur des importations et sorties de capi-
En changes fixes taux). L’amélioration de la c ompétitivité-prix
La politique monétaire perd son efficacité et renforce les effets de la relance monétaire
la politique budgétaire est la plus appropriée, (seconde phase de la courbe en J). À l’inverse,
surtout dans un contexte de forte mobilité un freinage monétaire entraîne une apprécia-
des capitaux. tion du taux de change qui réduit les exporta-
Une relance monétaire (baisse du taux tions et renforce ainsi les effets de la politique
d’intérêt pour accroître l’offre de monnaie) monétaire restrictive.
provoque des sorties de capitaux et une Une relance budgétaire est rendue par-
hausse de la valeur des importations. Il en tiellement inefficace en raison d’un phéno-
résulte une dégradation des soldes du compte mène d’éviction par le change. En effet, une
financier et des transactions courantes et une politique budgétaire expansionniste entraîne
dégradation du taux de change. La baisse des deux effets indirects de sens opposé sur
réserves de change due aux interventions le taux de change. Elle tend, d’une part, à
de la banque centrale sur le marché des provoquer une hausse des taux d’intérêt et
changes, réduit l’offre de monnaie, ce qui est favorise des entrées de capitaux qui doivent
contraire à l’effet recherché. se traduire par une appréciation du taux de
De façon symétrique, une politique moné- change. D’autre part, la hausse des importa-
taire restrictive améliore les soldes de la tions conduit à une dépréciation du taux de
balance des paiements et apprécie le taux change.
de change. Sans stérilisation, la hausse des Le résultat de ces deux effets contra-
réserves de change qui en résulte fait aug- dictoires dépend alors du degré de mobi-
menter la masse monétaire. Dans tous les lité internationale des capitaux. Si la
cas, la politique monétaire est donc inef mobilité internationale des capitaux est forte,
ficace. le change s’apprécie à la suite des entrées de
En ce qui concerne la politique budgétaire, capitaux et diminue la compétitivité-prix des
une relance entraîne : produits nationaux (baisse du volume des
– une hausse de la production nationale exportations). L’effet de la relance budgétaire
(effet multiplicateur) ; est donc partiellement ou totalement neutra-
– une dégradation des échanges extérieurs lisé. Si la mobilité internationale des capi-
et du taux de change (hausse du volume des taux est faible (pas d’entrées de capitaux),
importations) ; l’accroissement des importations à la suite
471
Politique économique
472
Politique économique
keynésiens sont limités par l’insensibilité en 1992, Traité d’Amsterdam en 1997, Traité
des consommateurs à la hausse du revenu sur la stabilité, la coordination et la gouver-
courant (la théorie du revenu permanent). nance – TSCG – en 2012). Aux États-Unis,
M. Friedman (1912-2006) préconise donc même si l’utilisation contracyclique du bud-
l’adoption de politiques de règles, et en par- get demeure plus importante qu’en Europe,
ticulier le choix d’une politique monétaire se le gouvernement fédéral américain adopte le
limitant à faire augmenter la masse moné- Balanced Budget and Deficit Reduction Act
taire à un taux constant, taux identique au en 1985, mieux connue sous le nom de loi
taux de croissance du produit intérieur brut Gramm-Rudman-Hollings et B. Clinton choi-
potentiel de longue période. sit de diminuer les dépenses de l’État pour
Pour la nouvelle économie classique atteindre en 1998 l’équilibre du budget.
(NEC), l’hypothèse d’anticipation ration- Dans les années 1990 et 2000, l’alourdis-
nelle permet de montrer l’inefficacité des sement du poids de la dette publique limite
politiques conjoncturelles, y compris à court encore les marges de manœuvre budgétaire
terme. Selon le théorème d’équivalence de en faisant redouter l’apparition d’un effet
Ricardo-Barro, toute relance budgétaire se boule de neige, lorsque le taux d’intérêt
traduit par une hausse de l’épargne des agents réel de la dette est supérieur au taux de
économiques (et pas de leur consommation) croissance du PIB.
pour compenser la hausse future des prélè- Au total, selon J.-P. Fitoussi (Le débat inter-
vements obligatoires. Au sein de la NEC, les dit, 1995), un gouvernement n’a plus la liberté
politiques discrétionnaires font également de mettre en œuvre la politique économique
l’objet de la critique de Lucas. Les agents de son choix. Face à ces contraintes, on peut
modifient leurs comportements à l’annonce observer dans les années 2000 une certaine
d’une mesure de politique économique, ce préférence pour la politique monétaire en
qui rend inefficaces les mesures adoptées à matière de stabilisation de l’économie. Aux
partir de modèles macroéconomiques dont États-Unis par exemple, c’est la politique
les paramètres sont devenus faux puisque les monétaire de la FED qui permet d’éviter une
comportements ont changé. Dans la même récession économique après l’éclatement
perspective (la prise en compte des anticipa- de la bulle Internet. En zone euro, la BCE a
tions rationnelles des agents économiques), pragmatiquement pris en compte l’état de la
les travaux de F. Kydland et E. Prescott sur conjoncture. Mais la crise de 2008 a révélé
l’incohérence temporelle de l’État et son les limites de cet outil : d’une part les bas taux
manque de crédibilité conduisent ces der- d’intérêt pratiqués dans les années 2000 ont
niers à préconiser l’adoption de règles claires favorisé des bulles spéculatives et un excès
et transparentes, règles qui seront appliquées d’endettement, responsables de la crise,
systématiquement par des acteurs indépen- d’autre part les politiques monétaires non
dants des gouvernements (une politique de conventionnelles conduites pour répondre
règles). à cette crise ont montré leurs limites.
L’ensemble de ces travaux va influencer
les politiques publiques des années 1980 La politique conjoncturelle
et 1990. Dans le domaine monétaire, l’indé- dans le cadre européen
pendance des banques centrales est consa- Le choix de l’intégration économique et
crée (obtenue en 1993 pour la Banque de monétaire en Europe permet :
France, inscrite dans les statuts de la Banque – l’allégement de la contrainte extérieure
centrale européenne) et la nouvelle BCE commerciale car la plupart des pays euro-
donne la priorité à la stabilité des prix. péens réalisent une part essentielle de leurs
Dans le domaine budgétaire, la France met échanges commerciaux entre eux ;
en œuvre une politique de désinflation com- – l’allégement de la contrainte extérieure
pétitive à partir de 1983, puis adopte, comme financière puisque les banques centrales ne
tous les pays candidats à l’euro, des règles sont plus obligées d’intervenir sur les mar-
d’équilibre budgétaire (Traité de Maastricht chés des changes et de puiser dans leurs
473
Politique économique
réserves pour stabiliser le taux de change la période 1997-2012. Enfin, cette coordina-
entre monnaies européennes. tion minimale a laissé la possibilité aux États
Cette intégration économique pose le pro- de conduire des politiques économiques non
blème de la façon dont les différents leviers coopératives. L’Allemagne a ainsi pratiqué
de la politique économique se coordonnent. une politique de désinflation salariale (lois
En effet, si la politique monétaire est unique, Hartz) depuis 2002, lui permettant d’élever
les politiques budgétaires restent une pré- sa compétitivité et de stimuler sa croissance
rogative nationale. Deux raisons peuvent par les exportations.
justifier ce choix. La première est politique. Ces difficultés de coordination des poli-
Les politiques budgétaires sont depuis tou- tiques économiques ont été renforcées par
jours au cœur de la souveraineté nationale, la divergence économique entre les pays
elles traduisent donc des choix de société de la zone euro. En effet, la convergence
qui diffèrent en matière de redistribution et nominale liée à l’euro et aux critères de
d’allocation des ressources. La seconde est Maastricht n’a pas conduit, comme on l’es-
de nature économique. Lorsque la politique pérait, à une convergence réelle. Bien au
monétaire est unique et le taux de change contraire, on a assisté à une polarisation
commun à tous les pays, il est nécessaire des spécialisations au sein de la zone euro
que la fonction stabilisatrice de la politique accompagnée d’un excédent commercial
budgétaire continue à être exercée au niveau structurel des pays du nord de la zone et
national. C’est l’un des ajustements permet- d’un déficit commercial structurel des pays
tant de répondre aux chocs asymétriques. du sud de la zone. L’existence de situations
La coordination des politiques écono- macroéconomiques très dissemblables dans
miques s’est faite a minima par l’adoption de les pays de la zone complique alors la tâche
règles destinées non pas à harmoniser les poli- de la Banque centrale européenne. Le taux
tiques budgétaires mais à éviter l’adoption de d’intérêt unique s’avère trop élevé pour des
politiques économiques considérées comme pays en récession et trop faible pour des pays
nuisibles. Dans le domaine budgétaire par en situation de surchauffe. L’Espagne et la
exemple, les pays de la zone euro ont signé un Grèce ont ainsi connu des taux d’intérêt réels
Pacte de stabilité et de croissance (PSC, com- négatifs dans les années 2000 les incitant
plété en 2013 par le Traité pour la stabilité, fortement à s’endetter. Mais plus largement,
la coordination et la gouvernance – TSCG) ces différences de structures économiques
pour éviter l’adoption de comportement de ont rendu nécessaires d’importants flux de
passager clandestin (les pays pourraient lais- capitaux pour financer le déficit courant
ser croître leur déficit budgétaire sans subir des pays d’Europe du Sud. Cette situation
la hausse des taux d’intérêt qui l’accompagne est restée viable jusqu’à ce que la crise des
théoriquement), permettant ainsi de mainte- subprimes provoque un arrêt brutal de ces
nir la confiance dans l’euro. financements (sudden stop), un creusement
Cette coordination par la règle a des des écarts de taux d’intérêt et une crise des
limites qui sont apparues rapidement. Ainsi, dettes publiques.
le pacte de stabilité et de croissance présente La crise de l’euro a ainsi fait éclater au
un caractère procyclique, il oblige en effet grand jour les contradictions de la construc-
les pays en récession à adopter des politiques tion européenne et pose la question de la
restrictives et ne comporte aucune contrainte solidarité entre pays. Si des mesures de soli-
pour les pays en surchauffe. Par ailleurs, les darité en faveur des pays en difficultés ont
règles budgétaires édictées n’ont généra- été prises avec la création du mécanisme
lement pas ou peu été respectées. C’est le européen de stabilité (MES), de fortes diver-
cas de la Grèce et du Portugal depuis 1997. gences s’expriment au sein de la zone euro.
C’est également le cas de l’Allemagne, pour- Alors que l’Allemagne défend un fédéra-
tant très attachée à la discipline budgétaire, lisme reposant sur l’ordolibéralisme, un refus
mais qui a, elle aussi, une dette publique strict du financement monétaire des dettes
supérieure à 60 % du PIB à 14 reprises sur publiques et une priorité à l’orthodoxie
474
Politique économique
budgétaire (Pacte budgétaire), d’autres pays et Elle vise également à pallier les défail-
de nombreux économistes plaident pour une lances du marché, à répondre aux exigences
politique plus volontariste en proposant une de long terme (exigences environnementales
mutualisation de la dette et un « New Deal par exemple) ou de justice sociale.
pour l’Europe » destiné à soutenir l’activité et Elle peut être défensive lorsque par
à relancer le taux de croissance potentiel de exemple l’État soutient financièrement des
l’Union européenne. Pour sortir de l’alterna- secteurs en difficultés ou bien offensive
tive, formulée notamment par M. Aglietta – (aides à la recherche, incitations fiscales).
« Zone euro : éclatement ou fédération » –, Elle peut être verticale lorsqu’elle est centrée
certains économistes défendent des solutions sur un secteur d’activité ou horizontale lors-
intermédiaires comme par exemple le méca- qu’elle concerne l’environnement de toutes
nisme de réassurance chômage européenne les entreprises. Par exemple, en matière
proposé par L. A. de Lannoy et X. Ragot, qui de politique industrielle, E. Cohen et J. H.
ne suppose pas de transfert de souveraineté. Lorenzi distinguent : « deux configurations
Depuis 2012, la priorité est donnée au de relations État-industrie » :
désendettement des États, ce qui génère une – celle de l’État régulateur où l’État agit par
dynamique déflationniste (baisse des salaires des règles et des politiques d’environnement
réels en Espagne, en Grèce, en Irlande) et de la concurrence ;
conduit à laisser la charge du soutien à l’acti- – celle de l’État développeur qui pro-
vité économique au seul levier monétaire. Or meut l’ensemble du secteur industriel par
celui-ci présente des limites connues. Ainsi, des politiques de protection offensive et de
jusqu’à présent, les politiques monétaires non financement privilégié (cas du Japon) ou par
conventionnelles pratiquées par la BCE n’ont des politiques sectorielles ciblées (cas de la
pas réussi à relancer la demande globale. France).
Les instruments utilisés par la politique
La politique économique structurelle structurelle sont nombreux et variés. Cer-
Définition, objectifs et instruments tains instruments sont autoritaires comme
de la politique structurelle les nationalisations ou les privatisations, ou
La politique structurelle vise à modifier les bien simplement informationnels comme
structures mêmes de l’économie. Ses domaines l’expertise ou la prospective. La politique
traditionnels sont la politique sectorielle (aéro- structurelle consiste aussi à définir des
nautique par exemple) et plus largement la normes (normes de qualité, définition de
politique industrielle, la politique territoriale standards industriels). Les mesures juridiques
(aménagement du territoire), la politique concernent aussi la protection de la propriété
technologique (promotion de la recherche- industrielle et intellectuelle (brevet européen,
développement et de l’innovation), etc. 2005). Bien entendu, la politique structurelle
La politique structurelle est la résultante de se traduit par des aides financières, directes
préoccupations régaliennes, économiques ou indirectes (subventions, aides diverses,
et sociales. Historiquement, l’indépendance allégements fiscaux, taux d’intérêt boni-
nationale a été au cœur de nombre d’inter- fiés, par exemple). Ces avantages financiers
ventions publiques : l’armement, le transport, peuvent être remplacés par l’accès garanti
l’agriculture, par exemple, et plus récem- à certains marchés publics, des mesures de
ment les industries nucléaire et aérospatiale protection des marchés intérieurs, etc. Ces
ainsi que les industries des technologies de instruments sont regroupés dans des sous-en-
l’information. sembles que sont des politiques d’attractivité,
Elle est également liée à l’exigence de crois- des politiques de spécialisation industrielle,
sance et de développement qui suppose de des politiques de déréglementation, etc.
mettre en place des dispositifs d’incitation rela- Après une période marquée par un inter-
tifs à l’environnement des entreprises ou bien ventionnisme, la politique structurelle s’est
des politiques plus directes comme les grands infléchie dans un sens plus libéral sans pour
programmes ou les politiques sectorielles. autant disparaître.
475
Politique économique
476
Politique économique
477
Politique fiscale
de Lisbonne, « l’Union doit devenir l’écono- Enfin, la libéralisation des marchés consti-
mie de la connaissance la plus compétitive et tue une menace pour un grand nombre d’en-
la plus dynamique du monde, capable d’une treprises publiques. La mise en place d’un
croissance économique durable accom- service universel revient souvent à mettre en
pagnée d’une amélioration quantitative et place un service public minimal dans un envi-
qualitative de l’emploi et d’une plus grande
ronnement concurrentiel, ce qui menace la
cohésion sociale » à l’horizon 2010 (Conseil
cohésion sociale, la lutte contre l’exclusion et
européen, Lisbonne, mars 2000). Cette stra-
tégie, qui n’a pas atteint ses objectifs, a été plus généralement le modèle social européen.
prolongée par la stratégie Europe 2020. Ü Économie et écologie, Finances internationales,
Les problèmes financiers risquent éga- Monnaie, Protection sociale, Revenus
lement de freiner la politique industrielle École des choix publics, État, Fiscalité
européenne à la suite du processus d’élar- écologique, Gouvernance mondiale, Neutralité
gissement. Pourtant, une telle politique budgétaire, Politique contracyclique, Politique
s’avère indispensable pour les nouveaux pays d’austérité, Politique de l’emploi, Politique de
membres de l’Union qui ont un niveau de vie l’offre, Politique du change, Politique fiscale, Poli-
et des structures industrielles différentes et tique monétaire, Politique sociale, Procyclicité,
qui amorcent un processus de rattrapage. Subsidiarité, Théorie économique
478
Politique monétaire non conventionnelle
479
Politique monétariste
480
Poste de consommation
481
Postkeynésiens
Pouvoir de marché
Postkeynésiens On parle de pouvoir de marché lorsque des entre
École postkeynésienne prises se trouvent dans une situation qui leur permet
d’influencer la détermination du prix ou des quanti-
tés d’un bien échangé sur le marché. Le pouvoir de
Postulat marché est aussi parfois défini par la capacité d’une
Un postulat est une proposition qui n’est ni évi- firme à pratiquer un prix supérieur au coût marginal.
dente, ni démontrée, mais que l’on admet (au Cette situation reflète un certain degré de concen
moins à titre provisoire) comme point de départ tration des entreprises autorisant l’accès à plusieurs
d’un raisonnement déductif. sources de pouvoir de marché : différenciation des
À Dans leur usage actuel, le terme postulat et le terme produits, économie d’échelle, barrières à l’entrée,
axiome, sont très proches. En revanche, si on uti- etc. Une hausse du pouvoir de marché s’accompagne
lise axiome dans son sens premier de proposition en général d’un taux de profit plus élevé.
évidente, les deux termes doivent être soigneuse- À Le pouvoir de marché est habituellement estimé
ment distingués. La rationalité de l’agent écono par l’écart entre le prix fixé et le coût marginal.
mique est un postulat dont on peut examiner la À Le pouvoir de marché peut disparaître avec la pos-
portée heuristique, ce n’est pas un axiome (au sens sibilité d’entrer et de sortir du marché (marchés
d’évidence). contestables) ou avec le développement d’innova
Ü Épistémologie économique tions. Cependant, le pouvoir de marché qui résulte
Méthode hypothético-déductive, Théorie d’un monopole légal ne peut être remis en cause
que par une déréglementation.
À En concurrence pure et parfaite, les producteurs
Pouvoir d’achat sont preneurs de prix, ils ne disposent d’aucun
Le pouvoir d’achat du revenu est la quantité de pouvoir de marché.
biens et de services que l’on peut acquérir avec ce Ü Entreprises et système productif, Marchés et prix
revenu. Conglomérat, Duopole, Faiseur de prix (price-maker),
L’évolution du pouvoir d’achat dépend de Indice de Herfindhal-Hirschman, Modèle SCP, Rente
l’évolution du revenu nominal et de l’évolution de monopole, Trust
du niveau général des prix. Le pouvoir d’achat
augmente lorsque le revenu nominal progresse
plus rapidement que les prix et diminue lorsque Pouvoir libératoire général
son augmentation est inférieure à celle des prix. Le pouvoir libératoire général désigne la capacité
indice de revenu nominal qu’a la monnaie de permettre à un agent écono
× 100 mique de se libérer de toutes les dettes.
indice des prix La monnaie est donc une dette qui permet de
Ü Revenus s’acquitter de toutes les dettes. Le pouvoir libé
Désindexation, Indexation, Inflation, Pouvoir d’achat ratoire général repose à la fois sur la confiance que
de la monnaie les agents ont dans la monnaie et sur des règles
juridiques (cours légal et cours forcé).
Ü Monnaie
Pouvoir d’achat de la monnaie
Le pouvoir d’achat de la monnaie est la quantité de
biens et de services qu’une unité monétaire permet Préférence communautaire
d’acquérir. Il est égal à l’inverse du niveau général La préférence communautaire est l’un des prin-
des prix. cipes fondateurs de la politique agricole com
Sur le plan interne, le pouvoir d’achat de la mon- mune (PAC). Elle vise à inciter les consommateurs
naie diminue lorsque le niveau général des prix européens à s’approvisionner en produits agricoles
augmente (inflation). au sein de l’Union européenne (UE) tout en favo-
Sur le plan externe, le pouvoir d’achat de la mon- risant les exportations européennes de produits
naie diminue lorsque la monnaie est dévaluée ou agricoles, grâce à un mécanisme de prélèvement à
lorsqu’elle se déprécie sur le marché des changes. l’importation et de subvention à l’exportation.
482
Prélèvements obligatoires
La préférence communautaire a été progressi- ker (Revealed Preference and the Utility Function).
vement remise en cause depuis 1994 : sous l’effet Elle permet de construire une théorie du consom-
des négociations commerciales multilatérales mateur en s’affranchissant du concept d’utilité
initiées lors de l’Uruguay Round et poursuivies au ordinale de Pareto.
sein de l’Organisation mondiale du commerce Ü Épistémologie économique
(OMC) ; en raison de la volonté de réformer la Carte d’indifférence, Courbe d’indifférence, Fonction
politique agricole commune dans un sens moins d’utilité
protectionniste.
Ü Commerce international, Intégration économique,
Politique économique Prélèvement à la source
Libre-échange, Multilatéralisme, Traité de Rome, Le prélèvement à la source est un mode de recouvre-
Union européenne (UE) ment de l’impôt qui consiste à prélever son mon-
tant au moment du versement des revenus sur
lesquels porte l’impôt. En France, les cotisations
Préférence pour le risque sociales et la contribution sociale généralisée
On dit qu’un agent économique a une préférence (CSG) sont déjà prélevées à la source.
pour le risque lorsqu’il choisit une situation risquée Les partisans du prélèvement à la source sou-
comportant une opportunité de gains élevés à un lignent sa simplicité, ce qui permettrait de réduire
le nombre de fonctionnaires chargés de la percep-
gain certain plus modeste.
tion de l’impôt, et son caractère indolore, ce qui
Par exemple, supposons que l’on propose à des
faciliterait son acceptation. Ce mode de recouvre-
agents de choisir entre :
ment permettrait également de mieux faire cor-
––participer à une loterie qui donne les résultats
respondre les variations du revenu avec celle de
suivants : un gain de 0 avec la probabilité 1/2, un
l’impôt en supprimant le décalage d’un an existant
gain de 10 avec une probabilité de ½ (l’espérance
aujourd’hui entre le versement des revenus et le
de gain est égale à : 0 × ½ + 10 × ½ = 5) ;
paiement de l’impôt sur le revenu.
––obtenir avec certitude un gain de 5.
Les inconvénients du prélèvement à la source
Les agents qui choisissent la loterie ont une
sont pour les employeurs qui devraient assumer
préférence pour le risque. Les autres manifestent
la charge de travail d’un tiers payeur. Par ailleurs,
une aversion pour le risque.
leur intervention poserait un problème de confi-
Contrat implicite, Couverture, Spéculation, Théorie
dentialité puisqu’ils seraient amenés à connaître les
des jeux, Théorie économique
caractéristiques familiales et personnelles de leurs
salariés.
À Le prélèvement à la source de l’impôt sur le revenu
Préférences du consommateur s’applique en France depuis le 1er janvier 2019.
Utilité Ü Économie publique, Revenus
Fiscalité
Préférences révélées
La théorie des préférences révélées se propose Prélèvements obligatoires
de fournir un fondement observable à la théorie Les prélèvements obligatoires sont l’ensemble des
microéconomique du consommateur. En effet, versements exigés des agents économiques sans
la version de cette théorie élaborée par V. Pareto contrepartie directe et qui sont versés aux adminis
(1848-1923) repose sur la théorie de l’utilité ordi trations publiques. Ils comprennent :
nale qui permet de conceptualiser les préférences ––les impôts perçus par l’État, y compris ceux
du consommateur et donc son comportement de reversés à l’Union européenne (UE) ;
demande. Mais ni l’utilité, ni les préférences ne ––les impôts perçus par les collectivités locales ;
sont observables. À l’inverse, la théorie des pré- ––les cotisations sociales payées par les salariés
férences révélées prend pour point de départ le et les employeurs.
comportement de demande des agents (on observe Les impôts assurent le financement du fonctionne-
que tel panier de consommation est préféré à tel ment des services de l’État (sens large) alors que les
autre) et on démontre que ces comportements sont cotisations sociales financent la protection sociale.
compatibles avec l’hypothèse de rationalité du Mais, en France, certains prélèvements comme
comportement du consommateur. la contribution sociale généralisée (CSG) et la
À La théorie des préférences révélées a été formulée contribution pour le remboursement de la dette
en 1938 par P. A. Samuelson (prix Nobel 1970) sociale (CRDS) sont des impôts prélevés par l’État
puis développée en 1950 par H. S. Houthak- qui servent au financement de la protection sociale.
483
Première mondialisation
Première mondialisation
La première mondialisation correspond au mou- Pression fiscale
vement d’internationalisation de l’économie inter- Taux de pression fiscale
venu entre 1870 et le début de la Première Guerre
mondiale. Cette période se caractérise par l’accé-
lération du commerce international et des mou- Prêteur en dernier ressort
vements de capitaux. S. Berger (Notre première Le rôle de prêteur en dernier ressort est l’un des
mondialisation, Leçons d’un échec oublié, 2003) attributs de la banque centrale. Prêter en dernier
souligne que cette phase de mondialisation, par- ressort, c’est créer de la monnaie centrale pour
fois aussi importante que celle d’aujourd’hui, n’a assurer la liquidité d’un établissement financier
pas empêché l’intervention croissante de l’État et ou alimenter l’ensemble du système financier en
la mise en place de politiques de redistribution des liquidités dans le cas, par exemple, d’une panique
richesses. Elle montre également que ce proces- bancaire. L’objectif est d’éviter des faillites
sus n’est pas irréversible : après 1914, une longue bancaires en cascade du type de celles qui se sont
période de protectionnisme s’est ouverte. produites aux États-Unis pendant la crise de 1929.
Ü Commerce international, Mondialisation L’existence de cette fonction met en évidence le
fait que la stabilité des systèmes bancaires et finan-
ciers est un bien collectif. Les marchés financiers
Preneur de prix (price-taker) ne sont pas spontanément stables et une régula
Un agent économique est dit preneur de prix tion consciente par une institution dont la maxi
pour un produit donné, s’il ne dispose pas d’un misation du profit n’est pas l’objectif central est
pouvoir de marché. Ainsi, il lui est impossible ou donc nécessaire. Le prêt en dernier ressort est une
très difficile d’influencer le prix. opération exorbitante du fonctionnement normal
À En concurrence pure et parfaite, le producteur des marchés. Elle consiste en fait à suspendre la
(très petit par rapport à la taille du marché), est contrainte de liquidité pour permettre un retour à
preneur de prix : le prix de marché s’impose à lui un fonctionnement normal du marché.
quelle que soit la quantité qu’il produit. À W. Bagehot (Lombard Street, 1873) a été l’un des
Ü Marchés et prix premiers à formuler le rôle de prêteur en dernier
Concurrence, Faiseur de prix, Fonction paramétrique ressort de la Banque d’Angleterre : selon lui, il est
des prix, Structures de marché vain de tenter de préserver l’encaisse de la banque
centrale face à une crise de liquidité. Il faut, au
contraire, prêter largement, et, plus on intervient
Prestation sociale tôt et massivement, plus on a de chances d’empê-
Les prestations sociales sont des revenus de trans cher la crise.
fert versés par les institutions de protection sociale À La fonction de prêteur en dernier ressort ne
à un assuré social ou à un ayant droit conformé- doit pas être confondue avec le refinancement
ment à la réglementation. Elles permettent de faire bancaire qui relève du fonctionnement quotidien
face à une baisse de revenu (chômage, maladie, des banques centrales.
handicap, vieillesse, etc.), ou un accroissement de À La globalisation financière, l’explosion des mar-
certaines dépenses (santé, charges d’enfants, etc.). chés financiers, la déréglementation, ont donné
Le versement des prestations sociales obéit à une une importance accrue au rôle de prêteur en der-
logique de couverture des risques sociaux et a une nier ressort. Le risque systémique étant plus
logique de redistribution. grand, l’intervention des banques centrales devient
Certaines prestations sont contributives, c’est- plus nécessaire.
à-dire que leur versement est subordonné au paie- À Les crises financières, depuis les années 1990,
ment de cotisations sociales (assurances sociales). ont conduit à un débat sur l’opportunité d’instaurer
D’autres sont non contributives et sont versées un prêteur international en dernier ressort.
à des individus même s’ils n’ont pas pu payer de À En principe, il faut distinguer la question de la
cotisations sociales (assistance). liquidité des banques et celle de leur solvabilité.
À On distingue les transferts en espèces (pensions La liquidité est de la responsabilité de la banque
de retraite par exemple) et les transferts en nature centrale, la solvabilité est de la responsabilité de
484
Principe de précaution
Principe de précaution
Prime d’activité Le principe de précaution est l’un des fondements
La prime d’activité est une prestation sociale créée des décisions en situation d’incertitude notam-
en 2016 pour inciter au retour à l’emploi et au ment dans le domaine de l’environnement et de
maintien de l’activité professionnelle. Elle remplace la santé. Il s’agit de faire prévaloir une attitude
la prime pour l’emploi créée en 2001 et le RSA prudente lorsque les connaissances scientifiques
activité. La prime d’activité est versée sous condi- ne permettent pas de conclure de façon certaine
tions de ressources aux salariés et aux travailleurs sur le caractère néfaste ou non d’un produit, d’un
indépendants. Son montant est calculé à partir de choix technologique etc. En France, ce principe a
l’ensemble des revenus du ménage. été inscrit dans la Constitution : « Lorsque la réali-
La prime d’activité, inspirée par l’analyse néo- sation d’un dommage, bien qu’incertaine en l’état
classique du marché du travail, vise à favoriser le des connaissances scientifiques, pourrait affecter
maintien ou l’augmentation de l’offre de travail. de manière grave et irréversible l’environnement,
Mais elle est parfois utilisée de façon paradoxale les autorités publiques veilleront, par application
comme un instrument soutenant le pouvoir du principe de précaution, et dans leurs domaines
d’achat des ménages les moins aisés. d’attribution, à la mise en œuvre de procédures
485
Principe de subsidiarité
486
Prix de production
celui de l’année de référence ou année de base, et on l’acheteur par unité de bien ou de service, diminué
considère ensuite qu’il ne varie plus sur la période des impôts sur les produits et augmenté des sub
pour pouvoir ne considérer que l’effet quantité. ventions sur les produits. Le prix de base exclut
Les évaluations à prix constants d’une grandeur les frais de transport qui sont facturés séparément.
économique permettent de neutraliser les effets de Ü Comptabilité nationale
l’inflation. Prix d’acquisition
Ü Marchés et prix
Prix courant
Prix de marché
Dans la comptabilité nationale, la production de
Prix courant (évaluation à) biens et services marchands est comptabilisée aux
L’évaluation à prix courant désigne l’évolution en prix du marché, c’est-à-dire aux prix réellement
valeur d’une variable : les prix retenus sont alors observés sur les marchés ou à un prix de référence
ceux de la période d’observation. (pour les produits ne s’échangeant pas réellement
Ü Marchés et prix sur un marché).
Prix constant À Dans la théorie néoclassique, le prix du marché
est celui qui résulte de la confrontation de l’offre
et de la demande.
Prix CAF (coût, assurance, fret) Ü Comptabilité nationale, Marchés et prix
Le prix CAF représente le prix d’un bien à la fron- Production marchande, Production non marchande
tière du pays importateur. Il inclut le prix facturé
par l’exportateur ainsi que le coût du transport et
le coût d’assurance entre le pays exportateur et le Prix de monopole
pays importateur. Équilibre de monopole
Ü Comptabilité nationale
Prix FAB
Prix de production
La théorie des prix de production est une compo-
Prix d’acquisition sante de la théorie marxiste des prix. Selon cette
Dans la comptabilité nationale, le prix d’acquisi- théorie, les prix de marché ne sont qu’un simple
tion représente le montant effectif payé par l’ache- reflet de la valeur travail des marchandises.
teur d’un bien ou d’un service. Il comprend les Pour K. Marx (1818-1883), le profit dépend
impôts (la TVA ne comptant que pour sa partie de la plus-value (donc du travail vivant mis en
non déductible), et les subventions non déduites œuvre). Si les prix étaient déterminés directe-
sur les produits. Contrairement au prix de base, ment par la valeur travail, les différents capita-
le prix d’acquisition comprend aussi les frais de listes bénéficieraient de taux de profit différents.
transport payés par l’acheteur pour prendre posses- Pour Marx, il existe au contraire une tendance à
sion des produits au moment et au lieu voulus. En la péréquation des taux de profit, c’est-à-dire que
revanche, il ne prend pas en compte les intérêts qui la concurrence des capitaux a tendance à impo-
viennent s’ajouter en cas d’octroi d’un crédit. ser à chaque capitaliste un taux de profit égal au
Ü Comptabilité nationale taux de profit moyen. Les prix de production sont
Prix CAF donc différents de la valeur travail dans la mesure
où ils permettent cette péréquation des taux de
profit : dans les activités utilisant beaucoup de
Prix d’équilibre travail vivant, le prix de production sera inférieur
En microéconomie, sur un marché, le prix d’équi- à la valeur travail ; dans les activités utilisant peu
libre est celui qui assure l’égalité entre les quantités de travail vivant, il sera supérieur. La théorie des
offertes et demandées à partir de la confrontation prix de production explique ainsi les transferts de
entre la courbe d’offre et la courbe de demande. plus-values qui s’opèrent entre entreprises au sein
Ü Marchés et prix d’un même secteur.
Équilibre concurrentiel À Dans la théorie de l’échange inégal, A. Emmanuel
applique cette analyse au commerce international
pour expliquer les transferts de plus-values entre
Prix de base pays en développement et pays développés.
Dans la comptabilité nationale, le prix de base Ü Économie du développement, Marchés et prix
représente le montant que le vendeur reçoit de Capitalisme
487
Prix de réserve
488
Production non marchande
Les entreprises réduisent par exemple les quanti- qui combine des facteurs de production (main-
tés de travail qu’elles demandent, ce qui constitue d’œuvre, capital et matières premières) pour créer
l’une des causes du chômage. Les quantités de lait des biens et des services.
demandées sont inférieures à celles qui sont offertes. À La production peut également désigner le résultat
Ü Marchés et prix de cette activité.
Équilibre avec rationnement, Prix-plafond, Rigidité Ü Comptabilité nationale
Production marchande, Production non marchande,
Produit intérieur brut (PIB), Valeur ajoutée
Prix prédateur
Un prix prédateur est un prix inférieur à celui qui
assurerait la maximisation du profit du producteur. Production de masse
Lorsqu’un producteur adopte une stratégie de prix La production de masse désigne un système de
prédateur c’est qu’il cherche à accroître sa part de production qui repose sur le machinisme, la stan
marché et/ou à éliminer des concurrents. dardisation et la production en grande série.
À Le concept de prix prédateur est destiné à enrichir Pour la théorie de la régulation, la production
la théorie économique standard, afin de prendre de masse est une composante du mode de régula
en compte le pouvoir de marché de producteurs. tion monopoliste.
Ü Marchés et prix Ü Croissance économique
Concurrence, Concurrence imparfaite, Dumping, Capitalisme, Consommation de masse, Fordisme,
Marché contestable, Oligopole Organisation scientifique du travail (OST), Produc-
tivité, Taylorisme, Théorie de la régulation
Prix réel
Le prix réel désigne la valeur d’un bien ou d’un Production marchande
service en termes de temps de travail nécessaire En comptabilité nationale, la production mar-
pour l’acquérir. Il se calcule par exemple, en faisant chande désigne la production destinée à être écou-
le rapport entre le prix nominal d’un bien et le lée sur un marché.
salaire horaire nominal moyen. Elle comprend :
À L’évolution du prix réel d’un bien dépend des gains ––les produits vendus à un prix économiquement
de productivité : les prix réels des biens industriels significatif (c’est-à-dire un prix couvrant plus de
ont par exemple fortement baissé du fait du pro 50 % des coûts de production) ;
grès technique caractérisant ce secteur. ––les produits troqués ;
À Ne pas confondre le prix réel avec le prix relatif et ––les produits utilisés pour effectuer des paie-
le prix constant. ments en nature, y compris les rémunérations en
Ü Marchés et prix nature des salariés ;
Productivité ––les produits livrés par une unité d’activité
économique locale à une autre unité d’activité
économique locale appartenant à la même unité
Prix relatif institutionnelle et destinés à être utilisés par cette
Le prix relatif d’un bien A par rapport à un bien B dernière pour sa consommation intermédiaire ;
désigne le rapport entre les prix nominaux (prix ––les produits ajoutés aux stocks de biens finis
courants) des deux biens. De façon plus générale, et de travaux en cours, destinés à une ou plusieurs
on peut calculer la variation du prix relatif d’un des utilisations précédentes.
bien en faisant le rapport entre la variation de ce Ü Comptabilité nationale
prix et celle de l’indice général des prix. L’analyse
économique s’intéresse à l’évolution des prix rela-
tifs, qui détermine notamment l’évolution de la Production non marchande
structure de la consommation. La production non marchande comprend les
À Ne pas confondre le prix relatif avec le prix réel et biens et services fournis par les administrations
le prix constant. publiques et les institutions sans but lucratif au
Ü Consommation et épargne, Marchés et prix service des ménages à d’autres unités, soit gratui-
tement soit à des prix économiquement non signi-
ficatifs (moins de 50 % du coût de production)
Production ainsi que la production pour usage final propre.
En comptabilité nationale, la production désigne La production non marchande est par conven-
une activité exercée par une unité institutionnelle tion évaluée par la somme des coûts de produc
489
Production pour usage final propre
tion qu’elle occasionne, lesquels incluent aussi bien de l’air (pesticides), de la qualité des produits, de
les consommations intermédiaires que les rému- l’emploi dans l’agriculture.
nérations et la consommation de capital fixe. Plus généralement, la critique du producti-
Ü Comptabilité nationale visme repose sur une dénonciation de la société
Production marchande de consommation qui fait de l’accroissement de la
production et de la consommation la seule fin de
l’activité humaine
Production pour usage final propre Ü Économie et écologie, Productivité
En comptabilité nationale, la production pour Décroissance, Développement durable, Économie
usage final propre désigne les biens ou les services alternative, Nouveaux indicateurs de richesse, Soute-
qu’une unité institutionnelle produit et conserve nabilité du développement
pour sa consommation finale ou sa formation
brute de capital fixe (FBCF).
Ü Comptabilité nationale Productivité
Production non marchande
La productivité est un indicateur d’efficience de
la combinaison productive. Le calcul de la pro-
Productivisme ductivité met en rapport le volume de production
Le terme productivisme a une connotation péjo- réalisé avec le volume de facteurs de production
rative et il désigne la volonté d’accroître la pro utilisés.
duction sans prendre en compte les conséquences À Ne pas confondre productivité et rentabilité.
écologiques et sociales. On parle par exemple d’une Ü Capital et investissement, Entreprises et système pro-
agriculture productiviste qui a connu un accrois- ductif, Productivité
sement spectaculaire des rendements mais au Productivité globale des facteurs, Productivité
détriment des sols (utilisation excessive d’engrais), marginale, Productivité moyenne, Progrès technique
Productivité
La productivité est le rapport entre le volume Dans ce dernier cas, on obtient alors un
de production réalisé et la quantité de fac- nombre sans unité qui n’est utile que par
teurs de production utilisés. C’est un indi- comparaison.
cateur d’efficience de la combinaison
productive. Il faut différencier le niveau de La productivité factorielle
productivité à un moment donné de l’accrois- La productivité factorielle est celle qui s’ap-
sement de ce niveau au cours d’une période, plique à un seul facteur de production, le
c’est-à-dire des gains de productivité. capital ou le travail. On distingue :
À La productivité est un indicateur d’efficience – la productivité moyenne apparente du
productive et non de rentabilité. capital ;
À Ne pas confondre productivité et compéti- – la productivité moyenne apparente du
tivité, même si la productivité influence la travail.
compétitivité-prix. La productivité moyenne de chaque facteur
est qualifiée d’apparente car elle ne prend
pas en compte l’action de l’autre facteur : par
Les différentes mesures exemple, l’usage d’équipements productifs plus
de la productivité modernes augmente la plupart du temps la pro-
La productivité peut être évaluée en unité ductivité du travail. Malgré ces limites, la pro-
physique (par exemple, le nombre de quin- ductivité factorielle a l’avantage de la simplicité
taux de blé par travailleur et par an). On peut de son calcul, d’où son utilisation fréquente.
aussi mesurer la productivité en valeur, la La productivité moyenne du travail, indi-
production et les facteurs sont alors évalués cateur le plus souvent utilisé, fait l’objet de
en monnaie. deux définitions :
490
Productivité
– la productivité par tête : rapport de la pro- roductivité globale des facteurs apparaît
p
duction au nombre de personnes employées ; comme un résidu qui correspond au progrès
– la productivité horaire : rapport de la technique et qui explique une part essen-
production au nombre total d’heures travail- tielle de la croissance économique.
lées. Cette définition a l’avantage de ne pas
dépendre de la durée du travail. Les conséquences et l’origine
Il est aussi utile d’étudier la productivité des gains de productivité
marginale, c’est-à-dire le surcroît de pro-
Les conséquences des gains de productivité
duction qui résulte de l’accroissement de
la quantité d’un facteur de production. On Au niveau microéconomique, la croissance
étudie donc les rendements factoriels. Le de la productivité permet de :
modèle néoclassique de base considère que – réduire les coûts de production unitaires
la productivité marginale d’un facteur com- (c’est souvent le principal objectif de l’entre-
mence par augmenter avant de décroître (loi prise) et accroître la compétitivité-prix ;
des rendements décroissants). L’équilibre – baisser le prix, lorsque l’intensité de
du producteur se situe dans la phase des la concurrence est élevée (les prix relatifs
rendements décroissants. Néanmoins, les diminuent dans les secteurs où la produc-
études empiriques montrent l’essor de cer- tivité augmente plus vite comme en atteste
taines activités utilisant intensivement le tra- l’exemple des ordinateurs) ;
vail qualifié (économie de la connaissance) – augmenter les revenus (salaires et/ou
et des activités de réseaux conduisant à une les profits) distribués en contrepartie de la
diminution du coût moyen (économie de valeur ajoutée ;
réseau). Ces travaux remettent en question la – diminuer la durée du travail sans baisse
décroissance des rendements marginaux ce de salaire.
qui favorise la tendance à la constitution de La hausse de la productivité se traduit par
monopoles. la hausse des revenus réels (augmentation
À Au niveau macroéconomique, la produc- des revenus nominaux et/ou baisse des prix)
tivité se mesure par le rapport du produit et de la demande. Au niveau macroécono-
intérieur brut (PIB) à la population active mique, les gains de productivité, associés à
ou au nombre d’heures annuelles travaillées. l’apparition de nouveaux biens, sont ainsi un
À La comparaison internationale des niveaux déterminant essentiel de la croissance éco-
de productivité fait intervenir le taux de nomique et de la hausse du niveau de vie.
change pour convertir la valeur ajoutée
mesurée en monnaie nationale dans un seul L’origine des gains de productivité
taux de change qui permet les comparaisons La croissance de la productivité globale des
(le plus souvent le dollar des États-Unis). On facteurs est liée à un usage plus intensif de
utilise en général le taux de change en parité biens d’équipement plus performants résul-
de pouvoir d’achat (PPA). tant des investissements de productivité.
Selon la loi de Kaldor-Verdoorn, le taux de
La productivité globale des facteurs croissance de la productivité du travail varie
La productivité globale des facteurs (PGF) avec la croissance de l’accumulation du
s’applique à l’ensemble des facteurs. Elle se capital par tête.
mesure par le rapport entre le volume de pro- Les gains de productivité sont aussi expli-
duction et la quantité de travail et de capital qués, selon A. Smith (1723-1790), par la
utilisés. Elle explique l’accroissement de la division du travail qui permet à la fois
production qui ne provient pas de l’accrois- d’utiliser de façon plus efficiente la main-
sement du volume des facteurs de produc- d’œuvre et de développer des moyens de
tion. Après la Seconde Guerre mondiale, production plus spécialisés. A. Young (1876-
dans les travaux sur la « comptabilité de la 1929) (Increasing Returns and Economic
croissance » basés sur le modèle de Solow Progress, 1928) a souligné la multiplication
et une fonction de production agrégée, la des branches et le rôle de la spécialisation
491
Productivité
492
Productivité
son prix, dépend des profits qu’il permet Selon R. Gordon, la PGF totale a représenté
d’obtenir. En conséquence, les profits, qui aux États-Unis jusqu’à 1,90 point de crois-
sont les revenus du capital, ne peuvent pas sance par an sur 2,75 % entre 1928 et 1950,
être déduits de la productivité marginale du puis 1,5 point sur 3,5 % entre 1950 et 1964 et
capital, car le calcul de cette dernière sup- 0,9 point sur 3,6 % entre 1964 et 1972.
pose de connaître la valeur du capital et cette La croissance de la productivité globale,
valeur dépend en partie des profits. Il y a donc qui exprime le progrès technique, a ainsi un
un raisonnement circulaire : on doit connaître rôle essentiel dans l’explication de la crois-
le profit qu’il s’agit précisément d’expliquer. sance. Néanmoins, dans le modèle de Solow,
D’autres économistes de l’École post- il s’agit d’un progrès technique autonome ou
keynésienne, notamment N. Kaldor (1908- exogène. L’accroissement de la productivité
1986), vont également mettre en avant le provient donc de l’extérieur du système éco-
fait que la productivité dépend du taux d’ac nomique. Dans les modèles de croissance
cumulation qui est lui-même lié à la part des endogène, les gains de productivité ont pour
profits dans le revenu national. La répartition origine les investissements en infrastructures,
des revenus a donc une influence sur l’évolu- en capital humain, en recherche-dévelop-
tion de la productivité. pement car ces investissements créent des
externalités positives.
Productivité, progrès technique Pour les économistes qui défendent l’idée
et croissance de stagnation séculaire, c’est l’épuisement
des gains de productivité qui explique
Au niveau macroéconomique, les gains de
l’établissement durable d’une croissance
productivité sont une condition de la pour-
économique nulle ou faible.
suite de la croissance économique. En effet,
en raison des rendements décroissants de
l’accumulation de capital, la hausse du stock Productivité du travail, croissance,
de capital par travailleur ne suffit pas à assu- emploi et durée du travail
rer de façon durable des gains de producti- dans les pays développés
vité du travail. Il est donc nécessaire qu’elle Gains de productivité, fluctuations
s’accompagne aussi d’une hausse de la pro- de la croissance, convergence
ductivité globale des facteurs (PGF). À court terme, on observe dans les économies
Cette dernière est un résidu qui est le résul- un cycle de productivité : lorsque la croissance
tat des innovations et du progrès technique. ralentit, l’ajustement à la baisse des effectifs se
R. Solow, dans son article de 1958, a montré fait avec retard, ce qui conduit mécanique-
que l’augmentation de la production par tra- ment à un ralentissement de la productivité
vailleur aux États-Unis s’expliquait principa- du travail. Pendant la reprise, l’ajustement des
lement par la PGF. La part de la PGF est aussi effectifs à la hausse se réalise également avec
déterminante dans l’étude d’E. Denison (Why décalage, provoquant ainsi une hausse de la
Growth Rates Differ? 1967) qui décompose productivité. Il en résulte ainsi une évolution
ce résidu en tenant compte de l’effet de la cyclique des gains de productivité.
réduction du temps de travail, de l’accrois À long terme, le rythme de la croissance
sement du niveau d’éducation, des effets économique et des gains de productivité
d’apprentissage avec l’élévation de l’âge varie selon les périodes et selon les pays.
moyen de la main-d’œuvre, des migrations Depuis la Révolution industrielle, la produc-
professionnelles, du rajeunissement du capi- tivité moyenne du travail s’est accrue dans
tal, des économies de dimension. Les résul- tous les pays aujourd’hui développés. La pro-
tats pour la France dans l’étude de J.-J. Carré, ductivité horaire du travail a été multipliée
P. Dubois ou E. Malinvaud (La croissance par 25 entre 1830 et 1990.
française, 1972), sur la période 1951-1969, Selon A. Bergeaud, G. Cette et R. Lecat
montrent que la PGF explique 50 % de la (Productivity Breaks in the Main Industrialized
croissance française (2,5 points sur les 5 % Countries over the Last 120 Years, 2013),
de croissance par an). sur longue période, la croissance de la
493
Productivité
494
Productivité
495
Productivité
Cependant, les services connaissent des informatiques a connu une baisse de 15 %
gains de productivité importants du fait de par an en moyenne sur la période 1980-2005
la pénétration croissante de l’informatique alors que dans le même temps le prix de PIB
et des automates programmables (automati- augmentait annuellement de 3 %.
sation dans les transports et les banques, les Une étude du Commissariat général à la
supermarchés, etc.). stratégie et à la prospective (janvier 2016),
Beaucoup de spécialistes admettent que « Comprendre le ralentissement de la produc-
le ralentissement des gains de productivité tivité en France », consacrée à l’explication
observé est lié à des problèmes de mesure. du « décrochage » de la croissance de la pro-
Comme le fait remarquer le rapport Stiglitz-
ductivité, considère que les entreprises fran-
Sen-Fitoussi, on évalue mal l’amélioration
çaises ne sont pas totalement entrées dans
de la qualité des services alors que celle-ci
l’ère du numérique du fait d’une insuffisance
est essentielle pour les utilisateurs (qualité
d’investissement dans les technologies de
d’un logiciel, services de conseils et services
financiers aux entreprises, service de répa- l’information et de la communication (TIC).
ration, de restauration, soins médicaux pour Selon cette étude, « depuis les années 1990,
les consommateurs, etc.). La production la France présente en effet un retard impor-
non marchande des services publics, dont la tant en termes de diffusion des TIC au sein
qualité augmente (tels que l’éducation ou la de son tissu productif relativement aux États-
santé), est également sous-estimée. Le ralen- Unis. […] Le stock de capital TIC français
tissement des gains de productivité résulterait serait inférieur d’environ un quart au stock
ainsi en partie du système de comptabilité actuel des États-Unis, à peu près au niveau
nationale. du stock américain de la fin des années 1980
(juste avant leur boom d’investissement en
Les nouvelles technologies, TIC). Plus largement, les entreprises fran-
gains de productivité çaises n’ont pas encore pleinement effectué
et productivité globale des facteurs leur conversion au numérique. En effet, en
Au début des années 1990 s’est engagé aux 2014, seules 63 % d’entre elles disposent
États-Unis un débat à partir du paradoxe de d’un site Web, quand ce chiffre dépasse
Solow. R. Solow constatait la faible contribu- les 75 % dans la plupart des économies
tion des nouvelles technologies de l’informa- avancées et 90 % dans les pays nordiques.
tion et de la communication (TIC) dans les De même, seules 17 % des entreprises uti-
gains de productivité aux États-Unis. Mais à lisent les réseaux sociaux pour leurs rela-
partir de 1995-2000, le paradoxe semblait tions clients, contre 25 % en moyenne dans
résolu puisque les États-Unis avaient retrouvé l’OCDE. Enfin, les données de l’International
des gains de productivité plus rapides et Federation of Robotics montrent qu’en 2013,
un rythme de croissance économique plus le taux d’équipement des entreprises en
soutenu.
robotique est deux fois plus faible en France
Les études empiriques ont confirmé que
qu’aux États-Unis et en Allemagne. »
le progrès technique dans les TIC a directe-
À Selon certains économistes, le ralentissement
ment contribué à la croissance de la PGF,
des gains de productivité aurait un carac-
mais avec un décalage dans le temps parce
tère structurel et conduirait à une stagnation
que les TIC permettent l’émergence des biens
de réseau dont l’utilité augmente avec le séculaire. Certains, notamment R. Gordon,
nombre d’utilisateurs. La puissance des effets considèrent que l’impact de l’innovation sur
de réseau résultant de l’investissement dans la croissance est plus faible que par le passé :
les technologies de l’information conduit la révolution des technologies de l’informa-
à terme à un rajeunissement du capital et tion et la communication aurait dans cette
l’amélioration rapide de ses performances perspective moins d’influence sur les facteurs
avec une forte baisse de prix relatif. Par de production que la machine à vapeur ou
exemple, aux États-Unis, le prix des matériels l’électricité n’en ont eue en leur temps.
496
Productivité moyenne apparente du capital
497
Productivité moyenne apparente du travail
498
Produits dérivés
Ü Comptabilité nationale, Économie du développement, Le produit net résulte d’un « don gratuit de la
Productivité, Revenus nature » : par exemple quand on sème un grain de
Croissance verte, Gains de productivité, Indice de déve-
blé, on obtient un épi de blé avec de nombreux
loppement humain (IDH), Niveau de vie, Nouveaux grains. Le produit net est ensuite réparti entre les
indicateurs de richesse, Revenu national disponible différentes classes de la société selon un proces-
sus qui est décrit par le tableau économique des
physiocrates. K. Marx (1818-1883) s’est inspiré
Produit intérieur brut potentiel de façon critique du concept de produit net pour
Le produit intérieur brut potentiel est celui qui construire le concept de plus-value.
résulterait de l’utilisation optimale des ressources Ü Épistémologie économique
productives (sans tensions inflationnistes). Lorsque Circuit économique, Théorie économique
le produit intérieur brut effectif (PIB) est inférieur
au produit intérieur brut potentiel, la stimulation
de la demande par une politique de relance peut Produit net bancaire (PNB)
améliorer la croissance et l’emploi sans tensions
inflationnistes. Selon l’INSEE, le produit net bancaire est la diffé-
Ü Croissance économique, Politique économique rence entre les produits et les charges d’exploitation
Croissance potentielle, Gap d’Okun, Loi d’Okun, bancaires. Il mesure la contribution spécifique des
NAIRU, Produit intérieur brut (PIB), Taux de chô- banques à l’augmentation du produit national et
mage naturel peut en cela être rapproché de la valeur ajoutée
dégagée par les entreprises non financières.
Monnaie
Produit intérieur brut vert
Le PIB vert serait une mesure du PIB qui pren-
drait en compte les dommages infligés à l’envi- Produit par tête
ronnement, autrement dit la consommation de Productivité par tête
ressources naturelles et de la pollution.
À l’occasion de la conférence Rio+20 (2012), les
Nations unies ont proposé une mesure du PIB vert : Produit total
l’Inclusive Wealth Index (IWI). L’IWI ajoute au PIB la
valeur du flux d’accroissement du capital humain et Le produit total d’un bien est la quantité produite
le flux de diminution du capital naturel. Il mesure de ce bien.
donc la soutenabilité de la croissance économique. Ü Productivité
Cet indicateur est critiqué par certains commen- Fonction de production, Productivité marginale,
tateurs en raison des conventions de mesure quant Productivité moyenne, Règle d’épuisement du produit
à la diminution du capital naturel et parce qu’il
repose sur l’hypothèse d’une substituabilité forte
entre les divers capitaux (donc sur une approche en Produits dérivés
termes de soutenabilité faible). Les produits dérivés sont des contrats dont la
Ü Comptabilité nationale, Économie et écologie valeur dépend de celle d’un autre actif (dit actif
Décroissance soutenable, Développement durable, sous-jacent). Par exemple la valeur d’un contrat
Économie de l’environnement, Empreinte écologique, portant sur une option de change dépend de l’évo-
Épargne nationale nette ajustée, Équation de Kaya, lution du cours du change de la devise considérée.
Soutenabilité forte Les produits dérivés peuvent être des options ou
des contrats futurs, les actifs sous-jacents peuvent
être des obligations, des actions, des marchan-
Produit marginal dises, etc.
Productivité marginale À Les produits dérivés existent depuis très longtemps
(notamment sur les marchandises), mais depuis
Produit moyen les années 1970, la montée des risques et la volonté
Productivité moyenne de certains agents économiques de se couvrir
contre ces risques ont favorisé le développement
des produits dérivés sur les marchés financiers.
Produit net Ü Finances internationales
Pour l’École physiocratique, le produit net est la Échanges financiers, Marché à terme des instruments
création de richesse découlant de l’activité agricole financiers, Marché dérivé, Marché des options négo-
qui est pour eux la seule activité productive. ciables de Paris
499
Produits structurés
500
Progrès technique exogène
à préserver la confiance des marchés financiers en les orientations qui permettent de développer le
avertissant sur la réalité des profits à venir. Si l’alerte programme de recherche).
est faite à temps, la réaction du marché financier Ü Épistémologie économique
peut se ramener à une simple correction des cours Heuristique, Paradigme
en Bourse de l’action. Si l’alerte est tardive, il peut
en résulter une diminution plus ou moins forte du
cours de l’action. Le profit warning est aujourd’hui Progrès économique
une obligation légale visant à empêcher les délits Pour F. Perroux (1903-1987) : « Le progrès éco-
d’initiés. nomique est la propagation aux moindres coûts
Ü Capital et investissement, Entreprises et système pro- humains, à la vitesse la plus grande en première
ductif approximation (à la vitesse optimum dans une
Capitalisme actionnarial, Gouvernance d’entreprise, analyse plus approfondie), de la nouveauté, au sein
Groupe d’entreprises, Investissement de portefeuille d’un réseau d’activités économiques dont le sens, la
signification devient accessible à tous. » À la diffé-
rence de la croissance économique, le progrès éco-
Profitabilité nomique n’est pas seulement quantitatif, il suppose
Selon l’INSEE, la profitabilité est le rapport entre la prise en compte de la répartition des fruits de la
le profit et la production. Le taux de profitabilité croissance (elle doit bénéficier à tous), il ne se limite
rapporte le résultat net comptable au chiffre d’af- pas à l’économique et suppose la maîtrise collec-
faires hors taxes et se différencie du taux de ren tive du sens de l’activité économique et la prise en
tabilité qui rapporte le résultat net aux ressources compte des coûts de l’homme.
utilisées pour l’obtenir. Ü Croissance économique, Économie du développement
E. Malinvaud (Réexamen de la théorie du chô- Bien-être, Capabilités, Développement, Dévelop
mage, 1980) a utilisé le terme profitabilité dans un pement durable
sens spécifique. La profitabilité est alors un indica-
teur de rentabilité qui « mesure l’avantage qui peut Progrès technique
être attendu de nouvelles opérations productives ».
D’après P. Ralle et D. Guellec, « le progrès tech-
Cette capacité de l’investissement à engendrer un
nique est défini de façon générale comme un
profit peut être appréhendée par la différence entre
accroissement de la connaissance que les hommes
la rentabilité financière (rendement des capi
ont des lois de la nature appliquées à la production.
taux propres) et le taux d’intérêt réel (rendement
Il consiste donc en l’invention de produits et pro-
moyen des placements).
cédés nouveaux, qui augmentent le bien-être des
Ü Capital et investissement, Entreprises et système pro- individus soit par un accroissement soit par une
ductif transformation de la consommation. »
Effet de levier, Efficacité marginale de l’investisse- Ü Croissance économique
ment, Q de Tobin, Taux de rentabilité économique, Économie de la connaissance, Gains de productivité,
Taux de rentabilité financière, Taux interne de rende- Innovation, Nouvelle économie, Productivité, Révo
ment, Théorème Modigliani-Miller, Valeur actualisée lution industrielle
nette (VAN)
501
Progrès technique incorporé
502
Propriété privée/propriété sociale
503
Protection effective
sociale, liée à l’essor de l’État-providence, est le elle a augmenté de 20 % également et représente
complément de la propriété privée dans la mesure toujours 33 % du prix du bien final.
où elle permet aux non-propriétaires d’accéder au 2. Si les droits de douane sur les inputs (20 %)
statut d’individu libre et de citoyen. La propriété sont plus élevés que les droits de douane sur le bien
sociale est constituée par les droits dont disposent final (10 %), le poids de la valeur ajoutée (330 −
les individus à accéder à des biens et des services 240 = 90) va diminuer dans le prix total du bien
collectifs (santé, éducation, logement, etc.) et à
(90/330 = 27 % du prix du bien).
des droits sociaux (pension de retraite, assurance
3. Si les droits de douane sur les inputs sont plus
chômage, etc.).
Dans cette perspective, l’intervention économique faibles (10 %) que ceux sur le bien final (20 %),
et sociale des pouvoirs publics est une condition du le poids de la valeur ajoutée (360 - 220 = 140) va
libéralisme politique. augmenter et représenter 38,8 % du prix du bien
À partir du début des années 1970, la crise de final.
la protection sociale, la hausse du chômage et Le taux de protection effective (T) peut se cal-
de la précarité professionnelle conduisent à une culer par la différence des valeurs ajoutées (VA)
remise en cause de la propriété sociale qui prive un et peut différer du taux de protection nominal du
nombre croissant d’individus des garanties offertes bien final :
par la société salariale. R. Castel parle de la « dés- T = (VA après protection - VA avant protec-
tabilisation des stables » et de « l’effritement de la tion)/ VA avant protection
société salariale ». ––Dans le cas 1 : T = (120 - 100)/ 100 = 0,2 =
Ü Économie publique, Protection sociale
20 % (identique au taux de protection nominal) ;
Bien collectif, Pauvreté, Politique sociale, Prestations
sociales, Redistribution, Sécurité sociale ––Dans le cas 2 : T = (90 - 100)/100 = - 10 %
(inférieur au taux de protection nominal, la protec-
tion a diminué) ;
Protection effective ––Dans le cas 3 : T = (140 - 100)/100 = 0,4 =
40 % (supérieur au taux de protection nominal).
La protection effective prend en considération les
droits de douane sur un bien final ainsi que les On voit donc que le taux de protection effec-
droits de douane sur les consommations inter tive peut être différent du taux de protection
médiaires (inputs). Plus précisément, la protection nominal.
effective mesure l’augmentation de la valeur ajou Ü Commerce international
tée unitaire provoquée par l’ensemble des barrières Barrière non tarifaire, Barrière tarifaire, Discrimi-
tarifaires mises en place sur le bien final et sur les nation non tarifaire, Libre-échange, Négociations
inputs. commerciales multilatérales, Paradoxe de Bairoch,
En effet, l’application de droits de douane Protectionnisme
ad valorem sur un bien final vise à faire augmen-
ter le prix de ce bien et encourager la production
domestique de ce bien. Mais cet effet peut être
modifié par des droits de douane ad valorem sur
Protection sociale
les inputs qui font varier les coûts de production La protection sociale désigne tous les mécanismes
du bien. de prévoyance collective permettant aux individus
On peut distinguer trois cas de figure : de faire face aux risques sociaux, c’est-à-dire aux
1. Si les droits de douane sur les inputs sont iden- situations susceptibles de compromettre la sécurité
tiques aux droits de douane sur le bien final, il n’y économique de l’individu ou de sa famille. La pro-
a aucun impact sur la valeur ajoutée unitaire qui tection sociale prend des formes diverses selon les
garde la même importance dans le prix du bien (le systèmes d’État-providence. Elle peut fonction-
prix est égal à la valeur des consommations inter- ner selon trois logiques : une logique d’assurance
médiaires + la valeur ajoutée). sociale, une logique d’assistance sociale et une
Ainsi, un bien vendu 300 euros et dont la pro-
logique de protection universelle qui a pour but
duction a nécessité des consommations inter-
médiaires de 200 euros donne lieu à une valeur de couvrir certaines catégories de dépense pour
ajoutée de 100 euros, soit 33 % du prix de vente. l’ensemble des individus.
Si les droits de douane sur le bien et sur les inputs Ü Protection sociale
sont de 20 %, le prix du bien passe à 360 euros Assurance maladie, Assurance sociale, Assurance
et les consommations intermédiaires s’élèvent à vieillesse, Démarchandisation, État social, Pôle
240 euros. La valeur ajoutée est alors de 120 euros, emploi, Redistribution, Retraite
504
Protection sociale
Protection sociale
La protection sociale repose sur l’articu- assurances sociales professionnelles qui
lation de trois logiques : la logique d’assu- organisent une redistribution essentielle-
rance sociale, la logique d’assistance, la ment horizontale. Dans ce modèle, la famille
logique de protection universelle. Mais ces conserve un rôle important en matière de
logiques s’articulent de façon spécifique au soins aux enfants et aux personnes âgées.
sein des systèmes nationaux de protection D’après G. Esping-Andersen, l’Autriche, l’Al-
sociale. Pour rendre compte de cette diver- lemagne, l’Italie ou la France relèvent de ce
sité, G. Esping-Andersen (Les trois mondes régime.
de l’État-providence. Essai sur le capitalisme 3. Le régime social-démocrate, enfin, est
moderne, 1990, 2007) a construit une typo- celui qui permet de s’éloigner le plus dura-
logie inspirée par celle de R. Titmuss en blement du marché. Il offre une protection
sociologie politique (1958). sociale universelle reposant sur des presta-
Cette typologie repose sur trois critères : tions élevées et l’accès à des services sani-
– le premier est le degré de démarchan- taires et sociaux gratuits. Son objectif est de
disation ; réduire les inégalités et non pas seulement de
– le deuxième est le type de stratification couvrir les besoins de base. Contrairement
sociale générée par la protection sociale. Les au régime conservateur-corporatiste, l’État
politiques sociales peuvent favoriser l’éga- permet ici de s’émanciper de la famille tra-
lité de statut des citoyens en dotant chacun ditionnelle puisqu’il prend en charge le soin
des mêmes droits, elles peuvent également des enfants et des personnes âgées. La Suède
favoriser (voire créer) un dualisme social en et le Danemark relèvent de ce modèle.
distinguant la minorité assistée de la majorité À La protection sociale est la partie la plus
intégrée. Elles peuvent enfin entériner une visible du système de redistribution, mais
vision corporatiste de la société en multi- les autres politiques publiques ont également
pliant le nombre de caisses d’assurance aux des effets redistributifs, en particulier celles
statuts spécifiques ; qui visent à fournir des services non mar-
– le troisième correspond à la place respec- chands comme l’éducation.
tive de la sphère privée (famille et marché) et
de la sphère publique dans la fourniture des
Naissance et développement
prestations et des services sociaux.
de la protection sociale
En combinant ces trois critères,
G. Esping-Andersen distingue trois régimes L’origine de la protection sociale :
ou idéaux type d’État-providence : pauvreté et assistance sociale
1. Le régime libéral. Il n’offre qu’un faible Si l’on suit R. Castel (1933-2013), l’ori-
degré de démarchandisation : seule la parti- gine de la protection sociale remonte au
cipation au marché garantit un revenu, une xive siècle, lorsque la fragilisation des socié-
protection sociale d’entreprise et la possibi- tés préindustrielles oblige les municipalités et
lité de souscrire une assurance privée. L’aide l’Église à organiser un secours aux indigents.
publique ne concerne que les populations Jusqu’alors, les protections contre la misère
les plus en difficulté ; son seul objectif est de étaient assurées par la famille et la commu-
limiter la pauvreté. Les prestations forfaitaires nauté (villageoise ou corporatiste). À partir
versées sont peu généreuses pour éviter de du xive siècle, l’Église déploie dans toute
dissuader les bénéficiaires de revenir sur le la chrétienté un réseau d’institutions chari-
marché du travail. Les États-Unis, le Canada tables : léproseries, aumôneries, hospices et
ou l’Australie se rapprochent de ce modèle. hôtels-Dieu financés par les legs et les dons
2. Le régime conservateur-corporatiste qui des personnes soucieuses de leur salut. L’État
se caractérise par un degré de démarchan- intervient également. En Angleterre, les lois
disation plus élevé. Les assurances privées sur les pauvres (1601, 1723, 1782 et l’acte
jouent un rôle minimal ; ce sont surtout les de Speenhamland voté en 1795) sont mises
505
Protection sociale
506
Protection sociale
irréversible. En France, la loi sur les assu- et ses errements pendant l’entre-deux-guerres,
rances sociales voit le jour le 30 avril 1930 à une époque où l’URSS propose une alter-
et couvre les risques de maladie, maternité, native.
vieillesse, invalidité et décès. Elle est complétée Le rapport Beveridge en novembre 1942
par la loi du 11 mars 1932 sur les allocations marque un tournant décisif. Intitulé Social
familiales. Insurance and Allied Services, il présente un
Aux États-Unis, jusqu’en 1930, le gouver- ensemble de recommandations dont l’am-
nement fédéral, par fidélité aux principes du bition est de montrer qu’un ordre libéral
libéralisme, refuse toute intervention sociale est compatible avec le bien-être social et la
systématique : l’aide aux nécessiteux est lais- solidarité. Il propose de mettre fin aux cinq
sée à l’appréciation des États fédérés, des grands maux que sont la misère, la maladie,
municipalités ou des organismes charitables. l’ignorance, la saleté et l’oisiveté. Dans cet
L’économie de marché est censée fournir aux objectif, il préconise :
individus des revenus élevés et des emplois – une politique de démarchandisation de
nombreux (conception résiduelle de la pro- l’ensemble des services médicaux, ce qui est
tection sociale). fait en 1946 avec le vote du National Health
Avec la crise économique de 1929, le chô- Service Act ;
mage apparaît désormais comme un risque – une politique économique comman-
majeur. Par ailleurs, la théorie keynésienne dée par le souci premier du plein-emploi.
justifie l’intervention de l’État et la redistri- Il insiste dans un second rapport intitulé Le
bution. Aux États-Unis, le traumatisme de Plein-emploi dans une société libre (1944)
la crise conduit au vote du Social Security pour l’adoption de politiques économiques
Act (1935), qui complète la politique éco- keynésiennes ;
nomique du New Deal. Il s’agit d’une loi – enfin, une politique de redistribution des
combinant l’assurance et l’assistance, et revenus permettant la création d’un système
non d’une protection sociale générale. La de sécurité sociale universel dont l’objec-
loi introduit une assurance vieillesse coor- tif soit son statut, la perception d’un revenu
donnée par le gouvernement fédéral (Fede- minimal.
ral Old Age Assistance), financée par des W. Beveridge rompt avec la logique tradi-
cotisations d’employeurs et de salariés, ainsi tionnelle des assurances qui ne s’adressaient
qu’une assurance chômage (Unemployment qu’aux seuls salariés. Tout citoyen a droit aux
Compensation), enfin une aide aux familles prestations sociales et à l’accès aux services
indigentes, aux aveugles et aux vieillards sanitaires et sociaux (principe d’universalité).
nécessiteux (confiée aux États fédérés). Ces L’organisation du système doit avoir un
mesures restent timides pour l’époque. Il faut caractère unique : une seule cotisation per-
attendre 1945 pour que les conditions de la met de financer un système unifié d’assu-
mise en place de l’État-providence soient rances sociales, géré par l’administration
réunies. publique (principe d’unité).
Enfin, Beveridge refuse le lien établi par
L’âge d’or de la protection sociale Bismarck entre le salaire d’un côté et les coti-
Au lendemain de la Seconde Guerre mon- sations et prestations sociales de l’autre. Son
diale, les pays occidentaux définissent des objectif n’est pas de maintenir le niveau de
systèmes de protection sociale de plus grande vie de chacun mais de couvrir les besoins
ampleur. On parle désormais de Welfare fondamentaux par le versement de prestations
State (littéralement l’État du bien-être ou État identiques pour tous (principe d’uniformité).
social). Ces derniers sont la traduction d’une Les préconisations de W. Beveridge
profonde aspiration sociale que portait déjà le connaissent un grand retentissement et
mouvement du Front populaire en France ou le vont marquer cette période d’après-guerre.
New Deal aux États-Unis, mais que l’épreuve L’État-providence qui se met en place en
de la guerre renforce. C’est aussi le résul- Grande-Bretagne entre 1945 et 1948 (loi
tat d’une réflexion sur le capitalisme libéral de 1945 sur les allocations familiales, loi de
507
Protection sociale
1948, le National Assistance Act, pour lutter tance par des assurances sociales gérées par
contre l’indigence) va peu évoluer jusqu’aux les partenaires sociaux, des aides sociales
années 1960. Il constitue une référence his- financées par l’État et des régimes complé-
torique de l’État-providence, financé par mentaires privés (mutuelles, organismes de
l’impôt, contrôlé par le Parlement et géré par prévoyance privés, assurances privées, etc.).
un service public. Ce système sera adopté
par les pays scandinaves après 1945 (Nor- La généralisation de la protection sociale
vège, Suède, Finlande, Danemark, Irlande),
Entre 1945 et 1975, les dépenses sociales
par le Canada en 1970 et par les pays médi-
augmentent plus vite que le PIB et la cou-
terranéens (Grèce, Italie, Espagne, Portugal)
verture sociale s’élargit progressivement à la
autour de 1980.
quasi-totalité de la population et à un nombre
À cette époque, la protection sociale
croissant de risques sociaux. En France, l’as-
fait l’objet d’un large consensus politique
surance chômage par exemple est instituée
nommé le « Consensus de Philadelphie »
en 1958. Elle est gérée par des institutions
du nom de la conférence de l’OIT tenue
spécifiques (les Associations pour l’emploi
dans cette ville en 1944 qui a adopté la
dans l’industrie et le commerce, les ASSE-
Charte de Philadelphie.
DIC et l’Union nationale pour l’emploi dans
l’industrie et le commerce, l’UNEDIC qui les
Le modèle français : fédère). La générosité des prestations sociales
un système institutionnel hybride versées augmente également. Le taux de rem-
En 1944, l’élaboration du plan français de boursement des dépenses médicales s’élève
Sécurité sociale est confiée à P. Laroque, de façon significative dans les années 1960
directeur général des Assurances sociales, et 1970, et les catégories populaires accèdent
qui, dans un laps de temps très court, définit massivement à une médecine de ville et de
les principes de l’organisation de la sécu- spécialistes. L’extension des régimes complé-
rité sociale (un rapport de deux pages en mentaires et des mutuelles facilite l’élévation
juillet 1945) et entreprend de les mettre en du montant des prestations versées : le régime
œuvre (les premiers décrets d’application de retraite complémentaire des cadres par
sont publiés en 1946). exemple complète le montant des pensions
Les principes avancés par P. Laroque (1907- versées par la caisse du régime général ; les
1997) sont d’inspiration beveridgienne : il mutuelles prennent en charge le ticket modé-
s’agit de créer un régime obligatoire unique rateur et améliorent les pensions d’invalidité.
couvrant l’ensemble de la population contre Entre 1965 et 2014, le taux de pauvreté des
les quatre risques pris en compte (maladie, personnes âgées a été divisé par 7.
maternité et invalidité ; accident du travail et Ainsi se généralise progressivement ce que
maladie professionnelle ; vieillesse et veu- R. Castel appelle la propriété sociale ou pro-
vage et enfin famille). Mais les dispositifs priété de transfert, c’est-à-dire l’obtention par
institutionnels sont très proches du modèle le travail d’un ensemble croissant de droits
bismarckien : le droit à la protection sociale sociaux. Pour Castel, l’État social a consisté
reste adossé au statut de salarié, l’octroi des « non pas à abolir l’opposition propriétaire/
prestations demeure conditionné par le ver- non-propriétaire dans la version marxiste,
sement préalable de cotisations sociales, les mais à la redéfinir, c’est-à-dire à juxtaposer
prestations sociales dépendent du niveau de à la propriété privée, la propriété sociale,
salaire de l’assuré et ne sont donc pas uni- de sorte qu’on puisse être en dehors de la
formes comme le voulait le modèle beve- propriété privée sans être en manque de
ridgien, enfin, la gestion corporatiste de ce sécurité » (Les métamorphoses de la question
système demeure, au détriment d’une gestion sociale : une chronique du salariat, 1995).
étatique. La propriété sociale permet aux plus dému-
En définitive, le système français apparaît nis d’accéder au statut d’individu libre et de
comme un compromis hybride et très frag- citoyen. Elle est ainsi une composante essen-
menté. Il se caractérise par ordre d’impor- tielle des sociétés modernes. L’État a le devoir
508
Protection sociale
de protéger les individus contre les risques dépenses de la protection sociale. Comme
sociaux, au même titre qu’il a le devoir de les toutes les périodes de basse conjoncture,
protéger contre les risques civils (vol, agres- la crise de 2008 par exemple a généré une
sion, etc.). hausse des dépenses sociales et une dimi-
Du point de vue des analyses économiques nution des recettes (par la stagnation de la
contemporaines, les assurances sociales masse salariale et la baisse du nombre d’ac-
se justifient, en information imparfaite, par tifs occupés) creusant le déficit.
l’imprévoyance individuelle et l’imperfection Les difficultés financières des systèmes de
du marché des assurances. protection sociale s’expliquent également
Face à l’imprévisibilité et l’importance des par des facteurs économiques plus structu-
risques encourus en cas de maladie, d’acci- rels. Dans les années 1980, la mutation des
dent du travail, etc., il est rationnel de payer
systèmes productifs (la désindustrialisation
un certain montant, la prime d’assurance,
et le passage à un système productif plus
en contrepartie de la couverture du risque.
flexible) oblige les État-providence à financer
Par ailleurs, si le risque pour un individu
de nouvelles dépenses sociales (mesures de
de devenir par exemple invalide est impré-
reconversion, minimas sociaux et politiques
visible, il est en revanche aisé de connaître
de l’emploi). Par ailleurs, l’accélération du
la probabilité de ce risque au niveau de la
population entière. commerce international et l’achèvement du
Les assurances sociales permettent aussi marché unique européen renforcent l’exi-
d’opérer des transferts de ressources dans le gence croissante de compétitivité et d’attrac-
temps, grâce aux revenus de remplacement tivité des territoires. Les dépenses sociales,
versés en période d’inactivité. Cette fonction autrefois perçues comme une composante
des assurances sociales est bien illustrée essentielle de la demande, perdent cette légi-
par les retraites. timité auprès des producteurs qui s’adressent
de plus en plus à un marché mondial et non
La crise de la protection sociale plus seulement aux consommateurs natio-
naux. Or ces dépenses nécessitent des taux
À partir de 1974, les mécanismes de la pro-
de prélèvements obligatoires élevés qui
tection sociale sont confrontés au ralentis-
sement de la croissance économique, aux pèsent sur les coûts salariaux (le coin fiscal)
défis d’une économie mondialisée et à de des entreprises et réduisent leur compéti-
profondes transformations sociales et démo- tivité. Ce nouveau contexte économique
graphiques. Le consensus de l’après-guerre, conduit à un changement de paradigme des
sur lequel ont été bâtis les systèmes de pro- politiques publiques dans lequel la protec-
tection sociale, se désagrège sous l’effet tion sociale devient un coût qu’il faut s’effor-
des déficits et du renouveau critique d’une cer de réduire.
pensée économiquement libérale et politi- Enfin, l’équilibre financier des systèmes de
quement conservatrice. La diffusion de plu- protection sociale est également fragilisé par
sieurs rapports pessimistes comme celui de le vieillissement de la population qui élève le
l’OCDE en 1981 et la publication d’ouvrages taux de dépendance. Ce phénomène a des
tels celui de P. Rosanvallon (La crise de conséquences sur les deux compartiments
l’État-providence, 1981) imposent la problé- les plus lourds des dépenses sociales, la vieil-
matique de la crise de l’État-providence. lesse et la santé. L’impact du vieillissement
doit néanmoins être nuancé. Pour B. Dor-
Une crise de financement mont (Dépense de santé : une augmentation
La crise de financement est tout d’abord liée salutaire, 2009), par exemple, la hausse des
à la conjoncture économique : le ralentisse- dépenses de la branche maladie s’explique
ment du rythme de croissance économique plutôt par le progrès technique et la diffusion
à partir de 1974 génère mécaniquement des innovations médicales que par le phéno-
un effet de ciseaux sur les recettes et les mène du vieillissement.
509
Protection sociale
510
Protection sociale
511
Protection sociale
remplacement ont été très largement modé- remplacement de moins en moins généreux.
rés (limitation des dispositifs permettant le Dans le secteur des retraites par exemple, les
retrait d’activité, durcissement des conditions réformes adoptées en 2008, 2010 puis 2013
d’indemnisation du chômage). repoussent l’âge légal de départ à la retraite,
Si ces mesures se sont largement diffusées, la durée de cotisation et le montant des coti-
d’autres continuent de différencier nettement sations, dans le prolongement des réformes
les systèmes d’État-providence. Ainsi, le type Fillon (2003) et Balladur en 1993. Par ail-
libéral d’activation des politiques sociales (le leurs, la place laissée aux assurances privées
« workfare », contraction des termes « work » tend à augmenter à mesure que la couverture
– travail – et « welfare » – aide sociale) se sin- sociale obligatoire se réduit, notamment dans
gularise par l’usage de mesures coercitives le domaine de la santé et de la vieillesse. Les
qui conditionnent l’accès à certaines presta- réformes de l’assurance maladie par exemple
tions au fait de travailler. Aux États-Unis, par (2004 et 2008) ont ouvert la porte aux assu-
exemple, le Temporary Assistance for Needy rances complémentaires santé privées et ont
Families (TANF) oblige les bénéficiaires des réduit le montant des remboursements sur les
prestations pour familles monoparentales consultations médicales.
à travailler dans des organismes non mar- On observe également une étatisation et
chands (au bout de deux ans de perception une dualisation croissante de la protection
des aides sociales). En Angleterre, toute per- sociale. L’étatisation correspond au fait que
sonne dont la recherche d’emploi demeure le financement et la gestion de la sécurité
infructueuse se voit proposer au bout d’un sociale échappent progressivement aux par-
an une formation rémunérée, un emploi tenaires sociaux. En 1995, ce renforcement
subventionné ou un emploi au service de du rôle de l’État est institutionnalisé par la
la collectivité dans une association ; en cas réforme conduite par A. Juppé, qui confie au
de refus, les prestations sont supprimées. Parlement le vote du budget de la Sécurité
En France, la première version du revenu sociale pour l’ensemble des régimes obliga-
minimum d’activité (RMA) instaurée par le toires de base, l’intégrant ainsi au domaine
gouvernement Raffarin en 2003 a semblé des politiques publiques de l’État. Dans le
s’inscrire dans le registre du workfare. En secteur de la santé, les réformes conduites
revanche, les États-providence universalistes depuis 2004 donnent plus de pouvoirs aux
social-démocrate se caractérisent davan- directeurs des caisses de Sécurité sociale
tage par des dispositifs mettant l’accent sur et aux agences régionales de santé créées
l’accompagnement individualisé des chô- en 2010. La dualisation de la protection
meurs, la formation qualifiante et le souci sociale correspond quant à elle à la sépa-
de la garde des enfants. Le Danemark en est ration entre, d’un côté, les travailleurs et
l’exemple emblématique. leurs familles, dotés de droits sociaux et
couverts par le système des assurances
Un alignement du système de protection sociales éventuellement complétées par des
sociale sur un modèle néolibéral assurances privées, et de l’autre, les popu-
ou résiduel ? lations éloignées du marché du travail, qui
Pour certains auteurs, ces réformes intro- ne relèvent plus que des minima sociaux et
duisent des principes proches du modèle des politiques sociales d’insertion financées
libéral-résiduel de protection sociale et en par l’État.
rupture avec les fondements du système fran-
çais de protection sociale. À l’appui de cette Quel avenir pour la protection sociale ?
thèse, on peut effectivement relever depuis Pour plusieurs auteurs, la protection sociale
la fin des années 1980 une diminution de la doit désormais s’orienter vers des politiques
démarchandisation permise par le système dites « d’investissement social ». Le terme
de protection sociale. La couverture sociale d’« État d’investissement social » est uti-
est de plus en plus courte en matière d’as- lisé pour la première fois par A. Giddens
surance chômage et assure des revenus de dans son ouvrage La troisième voie (2002).
512
Protection sociale
Il est repris par l’OCDE qui prône la mise en Le compte personnel d’activité (CPA), ainsi
œuvre de politiques sociales qui « modifient que la protection universelle maladie (PUMA)
les conditions dans lesquelles les individus poursuivent ce même objectif. L. Caussat et
se développent au lieu de se borner à sou- I. Vacarie observent ainsi la fréquence des
lager la détresse provoquée par ces condi- projets visant l’universalisation de la protec-
tions ». Dans cette perspective, reprise par tion sociale (le revenu universel par exemple
G. Esping-Andersen, la figure de l’État- ou les Objectifs du développement durable
redistributeur cède la place à celle de l’État- adoptés en 2015 par les Nation unies).
investisseur qui vise l’égalité des chances tout Enfin, les réformes de la protection sociale
au long de la vie. Pour atteindre cet objectif, doivent également affronter la question de
plusieurs priorités se dessinent dans les pays l’inégalité entre les sexes et celle de l’éman-
développés. La première est celle de la petite cipation des individus vis-à-vis des dépen-
enfance : on sait en effet que les capacités dances familiales. L’acquisition progressive
cognitives et relationnelles nécessaires aux de droits sociaux a donné les supports per-
apprentissages et à la réussite professionnelle mettant d’être indépendant et d’accéder
s’acquièrent avant même l’âge scolaire. En au statut d’individu. C’est en ce sens que
conséquence, plusieurs acteurs réclament ces droits ont, pour R. Castel (2008), une
la création d’un service public de la petite dimension socio-anthropologique. Mais le
enfance. La seconde priorité est celle de la modèle familialiste initial dans lequel la
formation tout au long de la vie, y compris protection sociale est attribuée au seul chef
après 50 ans. Cette perspective se retrouve de famille (« Monsieur Gagnepain »), et par
également dans les pays en développement extension seulement au reste de la famille,
(PED) dans lesquels le renouveau de la pro- a longtemps entériné les inégalités entre les
tection sociale depuis les années 2000 est sexes. Aujourd’hui, les réformes des congés
porté par des dispositifs qui conditionnent les parentaux, de l’accès au marché du travail
aides financières à des programmes renfor- et la construction des dispositifs liés à la
çant le capital humain. dépendance peuvent, selon les configura-
Une deuxième piste de réforme consiste tions retenues, modifier ou conforter ces
à revenir sur le lien établi par les modèles orientations.
corporatistes-conservateurs entre l’emploi Pour B. Palier, les choix en matière de
et l’acquisition de droits sociaux, mais aussi protection sociale sont affectés par les stra-
plus largement sur le lien entre l’emploi et la tégies de croissance adoptées par les diffé-
sécurité des individus. L’idée est de prendre rents États. Ceux dont la croissance est tirée
acte de l’instabilité de la relation salariale et par les exportations de biens et services
des itinéraires professionnels et de trouver le innovants et/ou à haute valeur ajoutée ont
moyen de concilier la flexibilité du système tendance à adopter des politiques d’inves-
productif et la sécurité des individus. Appa- tissement social pour maintenir la qualité
rue en France au milieu des années 1990, de leur main-d’œuvre. C’est le cas des pays
cette problématique, liée à celle de la « flexi- scandinaves. Ceux qui tentent de sauver
sécurité » promue par l’OCDE et la Com- leur industrie manufacturière par la baisse
mission européenne depuis le milieu des des coûts comme la France ou l’Allemagne,
années 2000, impose l’idée d’attacher les s’accommodent d’une dualisation du marché
droits sociaux à la personne plutôt qu’aux du travail auquel correspond une dualisa-
emplois occupés, et ainsi de sécuriser non tion de la protection sociale. Enfin, certains
plus les situations acquises (l’emploi en pays comme les États-Unis et l’Angleterre
CDI par exemple) mais les trajectoires des ont besoin d’un système libéral résiduel
individus tout au long de leur vie. Cette pour soutenir le secteur de la finance qui tire
portabilité des droits sociaux est initiée en une partie de la croissance.
France en 2008 avec la loi sur la moderni- Dans les pays en développement, les
sation du marché du travail, puis en 2013, efforts entrepris par les Nations unies pour
avec la loi sur la sécurisation de l’emploi. généraliser la protection sociale demeurent
513
Protection universelle maladie (PUMA)
encore insuffisants. Le rapport mondial sur la Ü Économie publique, Fluctuations et crises écono-
protection sociale de l’Organisation inter miques, Politique économique, Revenus
nationale du travail (OIT) paru en 2017 note Courbe de Kuznets, Courbe de Laffer, École
en effet que 55 % de la population conti- classique, Égalité, Équité, État-providence,
nue à ne bénéficier d’aucune protection Fonction de répartition, Fonds de pension,
sociale et seulement 29 % de la population Justice sociale, Parafiscalité, Politique sociale,
mondiale est couverte par un système complet Redistribution horizontale, Redistribution
de protection sociale. verticale
514
Prudence
La Conférence de Kyoto était la troisième conférence ressource et avec la population du territoire concer-
des parties signataires (COP3) de la Convention- née. Ce protocole a fait l’objet de critiques, car la
Cadre des Nations unies sur les changements recherche d’un « partage des avantages » peut favo-
climatiques (CCNUCC). Le Protocole de Kyoto riser la marchandisation des ressources biologiques.
est entré en vigueur en 2005. À partir de 2012, Ü Économie et écologie
il fallait mettre en œuvre « l’après-Kyoto ». C’était Capital naturel critique, Développement durable,
notamment l’objectif de la Conférence de Copen Économie de l’environnement, Effet externe
hague, mais celle-ci a été un échec. Lors de la
Conférence de Doha en 2012 (COP18), une deu-
xième période du Protocole de Kyoto a été mise Proto-industrialialisation
en place sur la période 2013-2020. La Conférence La proto-industrialisation correspond pour l’his-
de Paris (COP21) a mis en place un accord non torien américain F. Mendels (1943-1988) (Des
contraignant, concernant l’ensemble des parties à la industries rurales à la proto-industrialisation : histo-
Convention des Nations unies sur les changements rique d’un changement de perspective) à une phase
climatiques, accord qui entrera en vigueur en 2020. de transformation du système productif qui pré-
Outre les marchés de quotas d’émission, le Pro cède et prépare l’industrialisation du xixe siècle
tocole de Kyoto met en œuvre des mécanismes de en Europe. La proto-industrialisation désigne la
flexibilité (« mise en œuvre conjointe » et « méca création de très petits ateliers d’artisanat ruraux à
nisme de développement propre ») qui per- partir du xviiie siècle dont l’activité était souvent
mettent aux entreprises qui financent des projets saisonnière et dont la production était destinée aux
de réduction des émissions de GES ou de stockage marchés extérieurs à la région de production.
du carbone d’acquérir des quotas d’émission. La proto-industrialisation introduit l’idée d’une
Ü Économie et écologie certaine continuité entre le système préindustriel,
Développement durable, Économie de l’environne- caractérisé par la petite production artisanale, et le
ment, Effet externe, Sommet de Copenhague, Taxe système à proprement parler industriel.
carbone Artisanat, Capitalisme, Domestic system, Manufac-
ture, Révolution industrielle
Protocole de Nagoya
Le Protocole de Nagoya est un texte qui s’inscrit Prudence
dans la lutte en faveur du maintien de la La prudence est la propension à se préparer aux
biodiversité. Il a été adopté en 2010 par les parties à conséquences de l’incertitude. Par exemple, un indi-
la Convention sur la diversité biologique signée en vidu prudent épargnera davantage pour faire face au
1992 à l’occasion du Sommet de la Terre de Rio de risque d’une perte future de revenu ou travaillera
Janeiro. Ce protocole vise à promouvoir « le partage davantage pour faire face au risque de perte d’em
juste et équitable des avantages qui découlent ploi ou de moindre réussite future dans son travail.
de la diversité biologique » et la lutte contre la La prudence est différente de l’aversion pour le
« biopiraterie » (usage des ressources biologiques risque. Cette dernière consiste à éviter le risque,
sans partage des bénéfices). alors que la prudence consiste à se préparer à la sur-
Par exemple, une entreprise qui exploite des venance du risque.
ressources naturelles (plantes destinées à produire Ü Consommation et épargne
des médicaments) doit partager les revenus tirés Aversion à la perte, Principe de précaution, Théorie
de cette exploitation avec le pays où se trouve la du cycle de vie
515
Q
Q de Tobin La qualification de l’emploi correspond aux qua-
Le Q de Tobin se définit par le rapport entre la lités requises par le poste de travail. La définition
capitalisation boursière d’une entreprise et la des postes de travail au sein des entreprises se fait
valeur de ses actifs réels, son capital fixe. Selon à partir de données techniques (produit à réaliser,
l’économiste américain J. Tobin (1918-2002, prix type d’outillage existant ou prévu, etc.) et de choix
Nobel 1981), il est un instrument d’aide à la déci- d’organisation du travail. Les définitions de postes
sion d’investir. En effet, puisque la capitalisation sont assorties d’exigences sur les qualités nécessaires
boursière est liée à la rentabilité financière, les à l’exercice du travail demandé.
entrepreneurs ont tendance à accroître leur stock La qualification individuelle représente l’en-
de capital tant que cet accroissement entraîne un semble des connaissances professionnelles d’un
accroissement plus important de la capitalisation individu. Elle renvoie notamment à sa formation,
boursière. Lorsque Q = 1, il n’y a plus d’intérêt à à son expérience et à ses autres attributs (capacité
l’investissement. d’encadrement, etc.).
Le raisonnement est basé sur l’hypothèse selon La qualification salariale traduit le classement
laquelle la valeur boursière d’une firme est égale à la de l’individu dans une grille de salaires la plupart
somme actualisée de ses flux de revenus futurs. En du temps établie dans le cadre d’une convention
conséquence, un Q de Tobin supérieur à 1 reflète collective ou dans le cadre du statut de la fonc-
des anticipations optimistes sur les profits futurs. tion publique. C’est la qualification officiellement
Lorsque ce ratio est au contraire inférieur à 1, le reconnue à laquelle correspond un certain niveau
marché boursier anticipe une profitabilité de l’in- de salaire versé par l’entreprise.
vestissement inférieure à son coût. En fait, il faut Ü Marché du travail, emploi et chômage
comparer le taux de rendement interne et le taux Capital humain, Politique de l’emploi
auquel les capitaux nécessaires à l’achat du capital
fixe sont empruntés. Une hausse du taux d’intérêt
réel a un effet négatif sur l’investissement car elle Quantitative easing
réduit la valeur actualisée de l’entreprise et, de ce (facilité quantitative)
fait, du cours des actions. Le quantitative easing désigne un mécanisme par
À Les entreprises n’ont pas toutes le même accès au lequel la banque centrale effectue des achats mas-
financement externe (taille de l’entreprise, asy- sifs sur le marché interbancaire dans la perspective
métrie d’information), la capacité d’autofinan- d’assurer aux banques le refinancement nécessaire
cement reste un critère important de la décision et de maintenir des taux d’intérêt à court terme
d’investissement. faibles. Le quantitative easing relève de la politique
Ü Capital et investissement monétaire non conventionnelle largement utili-
Actionnaire, Effet de levier, Efficacité marginale sée par les autorités monétaires à la suite de la crise
du capital, Investisseur, Marché efficient, Mar- des subprimes.
ché financier, Profitabilité, Rentabilité, Rentabilité Ü Monnaie
économique, Théorème Modigliani-Miller, Valeur Canaux de transmission de la politique monétaire,
actualisée nette (VAN) Credit easing, Orientations prospectives, Politique
monétaire, Twist (monétaire)
Qualification
Le concept de qualification recouvre à la fois la Quartile
qualification de l’emploi, la qualification indivi- Les quartiles d’une variable (par exemple le
duelle et la qualification salariale. revenu) sont les valeurs seuils de cette variable
516
Quota d’émission
qui partitionnent en 4 groupes de taille égale une une période précise. À la différence des droits de
population statistique dans laquelle les individus douane qui renchérissent les produits importés, la
ont été classés par ordre de revenu croissant. Il y fixation de quotas établit des restrictions quanti-
a donc 3 quartiles qui divisent une population tatives. Leur effet protecteur est d’autant plus fort
statistique en 4 sous-groupes, chaque sous-groupe que le contingent sera faible.
contenant 25 % de la population statistique. Les quotas sont en principe interdits dans le
Ainsi, lorsqu’on étudie la répartition des ménages cadre de l’Organisation mondiale du commerce
français en fonction de leur revenu, le premier (OMC). Certains quotas ont ainsi été démantelés
quartile sera la valeur du revenu telle que 25 % des (par exemple, les accords multifibres pour les pro-
ménages français ont un revenu inférieur ou égal à
duits textiles), mais des dérogations sont possibles
cette valeur et 75 % un revenu supérieur ou égal à
(par exemple, la clause de sauvegarde).
cette valeur. On définirait de même le 2e quartile
Q2 avec les proportions 50 %-50 % (le 2 quartile
e À Ne pas confondre les quotas avec les accords
est donc la médiane) et le 3e quartile Q3 avec les d’autolimitation des exportations.
proportions 75 %-25 %. Ü Commerce international
À D’une manière générale, les quartiles, déciles, Barrière non tarifaire, Protectionnisme
centiles ou milliles sont appelés des quantiles.
Dispersion
Quota d’émission
Un quota d’émission est un plafond de rejet dans
Querelle des méthodes l’atmosphère d’un produit polluant. L’instau-
La querelle des méthodes (en allemand Methodens- ration du quota vise donc à limiter les quantités
treit) oppose à partir de 1883 le fondateur de émises. Dans le cas du marché européen des quotas
l’École autrichienne C. Menger (1840-1921) et d’émission de carbone, chaque quota correspond à
un représentant éminent de l’École historique une tonne de carbone émise. Chaque installation
allemande, G. Schmoller (1838-1917). La que- industrielle soumise au régime des quotas (centrales
relle portait sur le statut scientifique des sciences thermiques, cimenteries, etc.) se voit attribuer en
sociales et plus précisément de la science écono- début d’année un certain nombre de quotas et elle
mique. Alors que Schmoller considère que l’on ne doit remettre en fin d’année un nombre de quotas
peut produire que des énoncés singuliers portant correspondant aux quantités effectivement émises
sur des économies nationales ayant une histoire (ce qui suppose une procédure de contrôle des
et des institutions spécifiques, Menger pense que
émissions de chaque installation). Si une entreprise
l’on peut, à partir d’une approche abstraite, for-
émet plus de carbone qu’elle n’a de quotas, elle
muler des énoncés qui ont une portée générale.
Ü Épistémologie économique doit acheter les quotas manquants sur le marché
Déduction, Induction, Loi économique, Loi de Wagner, et si une entreprise émet moins de carbone que le
Méthode hypothético-déductive, Réalisme des hypo- nombre de ses quotas, elle vend les quotas excéden-
thèses, Théorie économique taires sur le marché. Un prix du quota émerge, qui
constitue un signal-prix. Plus le prix est élevé, plus
les agents sont incités à réduire leurs émissions.
Quota Ü Économie et écologie
Lorsqu’un État détermine un quota (ou contingent) Développement durable, Droit de propriété, Économie
commercial, il fixe d’une manière unilatérale la de l’environnement, Effet externe, Incitation, Marché
quantité maximale d’un produit d’origine étran- des quotas d’émission, Protocole de Kyoto, Sommet
gère dont l’importation est autorisée pendant de Copenhague
517
R
Rapport salarial Rareté
Dans la théorie de la régulation, le rapport sala- La rareté est la propriété des biens économiques
rial désigne les relations entre les détenteurs du qui sont à la fois désirés par les agents écono-
capital et du travail qui s’établissent à l’occasion miques et disponibles en quantité limitée.
de la production dans les entreprises ainsi que la Pour certains économistes, la rareté est inhé-
division du travail existant au sein des unités de rente à l’activité humaine et elle oblige à des
production. choix concernant l’allocation des ressources. Pour
Le rapport salarial est l’une des formes insti- d’autres économistes (hétérodoxes) la rareté est une
tutionnelles qui contribue à définir un mode de construction sociale dans la mesure où les besoins
régulation. Le rapport salarial, qui a connu au et les désirs qu’éprouvent les individus pour les
cours de l’histoire diverses configurations, se carac- biens, sont socialement déterminés. Par exemple,
térise par : l’anthropologue M. Sahlins (Âge de pierre, âge
––l’organisation du travail (type de moyen de d’abondance, 1976) considère que les sociétés pri-
production, formes de la division technique et mitives n’étaient pas caractérisées par le dénuement
sociale du travail, etc.) ; et la rareté mais par l’abondance, puisque les agents
––la détermination du revenu salarial (indexa- n’étaient pas dans une logique de compétition pour
tion ou pas, normes collectives ou contrats indivi- l’accès aux biens.
duels, rôle de la redistribution, etc.) ; À La rareté d’un bien dépend du contexte. Par exemple,
––la norme de consommation salariale. certaines ressources naturelles, longtemps considé-
Par exemple, dans le mode de régulation mono- rées comme des biens libres, peuvent être concernées
poliste, le rapport salarial comporte un développe- désormais par la rareté.
ment du taylorisme et du travail à la chaîne, des À Ne pas confondre avec rationnement.
gains de pouvoir d’achat liés à une institutionna- Ü Économie et écologie, Épistémologie économique,
lisation croissante (accords salariaux, protection Marchés et prix
sociale, etc.) et une norme de consommation se Allocation des ressources productives, Arbitrage, Éco-
caractérisant par l’accès d’une grande partie des nomie de l’environnement, Paradoxe de la valeur,
salariés à la consommation de masse. Science économique
Ü Marché du travail, emploi et chômage
Fordisme, Théorie de la régulation
Ratio Cooke
Le ratio Cooke est un ratio prudentiel élaboré dans
Rapports de production le cadre de la Banque des règlements internatio-
Dans la théorie marxiste des modes de produc- naux afin de limiter le risque bancaire. À partir du
tion, les rapports de production sont l’une des 1er janvier 1993, les banques devaient respecter un
composantes de l’infrastructure économique. Ils ratio de 8 % entre le total de leurs actifs (pondérés
désignent les rapports sociaux qui se nouent entre par le risque de non-recouvrement des créances)
les hommes à l’occasion de la production. Par et leurs fonds propres. Il s’agit d’un ratio de sol-
exemple, dans le mode de production capitaliste, le vabilité qui contraint les banques à réduire leurs
rapport de production fondamental est le salariat crédits et/ou à augmenter leurs fonds propres.
qui implique l’exploitation des producteurs directs À Le ratio McDonough, a remplacé le ratio Cooke.
par le capital. Ü Finances internationales
Capitalisme, Forces productives, Formation écono- Bâle III, Comité de Bâle, Crise des subprimes, Écono-
mique et sociale, Superstructure mie d’endettement, Règles prudentielles
518
Rationalité économique
519
Rationalité limitée
Pour d’autres auteurs, la rationalité n’est qu’une procédurale qui est la méthode employée pour
hypothèse : « La rationalité économique constitue parvenir à une décision en dépit de l’imperfection
l’hypothèse centrale de la théorie économique » de l’information.
(H. Brochier). Cependant les auteurs qui adoptent Ü Épistémologie économique, Marchés et prix
ce point de vue relativisent la portée de leur choix. Rationalité économique, Théorie des jeux
Ainsi, pour E. Phelps, « rares sont les économistes
qui seraient prêts à défendre l’idée que l’hypothèse
de rationalité est très réaliste. Tout le monde n’est Rationalité substantielle
pas rationnel et il est probable que personne n’est Le concept de rationalité substantielle (ou ratio-
rationnel en toutes circonstances et en perma- nalité substantive), introduit par H. Simon
nence. » (1916-2001, prix Nobel 1978), signifie que
Ü Épistémologie économique, Marchés et prix l’agent économique dispose de toute l’infor-
Axiome, Rationalité limitée, Rationalité procédurale, mation nécessaire (la rationalité est illimitée) et
Rationalité substantielle qu’il adopte la solution unique qui est objective-
ment préférable à toutes les autres. Cela suppose
que l’agent est capable d’examiner tous les choix
Rationalité limitée possibles, de les comparer les uns aux autres et
Le concept de rationalité limitée introduit par d’adopter le meilleur.
H. Simon (1916-2001, prix Nobel 1978), signifie À Cette forme de rationalité économique corres-
que les agents économiques ont des informations pond au modèle microéconomique standard.
et des capacités de calcul insuffisantes pour parvenir Ü Épistémologie économique, Marchés et prix
à maximiser leur fonction d’objectif. Les individus Rationalité limitée, Rationalité procédurale
vont donc, parmi les divers choix possibles dont
ils ont connaissance, retenir celui qui leur semble
le plus favorable, sans être certains qu’il s’agit du Rationnement
meilleur choix possible parmi toutes les opportuni- Le rationnement désigne en science économique
tés qui s’offrent à eux. « Le processus rationnel » est une situation où l’ajustement entre l’offre et la
donc celui qui intègre progressivement l’informa- demande se réalise par les quantités et non par
tion acquise au processus de choix et permet ainsi les prix. Sur un marché où les prix sont parfai-
d’arriver à une solution qui est parmi les meilleures tement flexibles, l’ajustement se fait par les prix
possible mais n’est plus nécessairement la solu- et, à l’équilibre, la quantité offerte est nécessaire-
tion optimale au regard de la rationalité « réelle » ment égale à la quantité demandée. En revanche,
(H. Brochier). Par exemple, le consommateur qui en cas de rigidité ou de viscosité des prix, on a
renonce à faire le tour des supermarchés de la ville toutes les chances de se trouver dans une situa-
pour collecter l’information sur le prix du baril tion d’équilibre avec rationnement, c’est-à-dire
de lessive et qui se contente de choisir parmi ceux que l’un des côtés du marché est rationné. Par
proposés dans son supermarché habituel, fait un exemple, si le prix (rigide à court terme) d’une
choix rationnel (le meilleur rapport qualité/prix) séance de cinéma est de 10 euros et si la salle
sur la base d’une information imparfaite. compte 500 places (quantité offerte) alors que
Ü Épistémologie économique, Marchés et prix 700 spectateurs sont disposés à payer 10 euros
Économie de l’information, Rationalité économique, pour assister au film (quantité demandée), c’est
Rationalité procédurale, Rationalité substantielle la demande qui est rationnée (200 spectateurs
ne pourront pas rentrer dans la salle). Si, dans
les mêmes conditions, 300 spectateurs seulement
Rationalité procédurale veulent assister au film, c’est l’offre qui est ration-
Le concept de rationalité procédurale, introduit par née (200 sièges resteront vacants).
H. Simon (1916-2001, prix Nobel 1978), signifie Ü Marchés et prix
qu’une décision est rationnelle dès lors que le pro- Demande effective, Demande notionnelle, Exclusion
cessus qui a conduit à cette décision fait l’objet par les prix, Offre effective, Offre notionnelle, Théorie
d’une « délibération appropriée ». La rationalité ne des équilibres à prix fixe
réside donc pas dans le contenu de la décision, mais
dans la méthode utilisée pour y parvenir.
À La rationalité procédurale se distingue de la ratio- Réalisation
nalité substantielle. Dans la théorie marxiste, la réalisation est la vente
À Il ne faut pas confondre la rationalité limitée qui sur le marché des marchandises produites. C’est
résulte de l’information imparfaite et la rationalité lorsque le producteur se confronte à la contrainte
520
Recette moyenne
monétaire qu’il peut transformer le capital- ensemble de réassureurs dont chacun ne sup-
marchandise en capital-argent et obtenir une part porte qu’une partie du risque.
de la plus-value. Ü Finances internationales, Monnaie
Ü Épistémologie économique Aversion pour le risque
Capitalisme, Économie marchande, Loi de la valeur,
Prix de production, Reproduction
Récession
La récession désigne un phénomène de ralentisse-
Réalisme des hypothèses ment du rythme de croissance de la production.
Les économistes qui sont favorables au réalisme On oppose de ce point de vue « récession » et
des hypothèses considèrent qu’une théorie éco- « expansion ».
nomique pertinente ne peut reposer que sur des À L’INSEE a modifié sa définition et considère que
hypothèses conformes à la réalité. Par exemple, la récession est le recul temporaire de l’activité éco-
l’hypothèse de neutralité de la monnaie ne peut nomique d’un pays. On parle de récession si l’on
être retenue que si, dans la réalité, les grandeurs observe un recul du produit intérieur brut (PIB)
monétaires n’ont effectivement pas d’impact sur les sur au moins deux trimestres consécutifs. Dans ce
grandeurs réelles. cas, la récession correspond à un taux de variation
Les adversaires du réalisme des hypothèses consi- négatif du PIB.
dèrent qu’une théorie ne doit pas être jugée au À Ne pas confondre avec dépression qui désigne
réalisme de ses hypothèses, mais à la véracité des un recul prolongé du niveau de la production
prévisions qu’elle permet de réaliser. Un scienti- (par exemple la dépression des années 1930).
fique est fondé à retenir des hypothèses irréalistes Ü Croissance économique, Fluctuations et crises économiques
si celles-ci conduisent à des prévisions justes. Cycle économique, Stagflation
M. Friedman (prix Nobel 1976) considère même
que plus une hypothèse est irréaliste (contre-
intuitive) plus elle a des chances d’être féconde. Recette marginale
Ü Épistémologie économique
La recette marginale est la variation de la recette
Axiome, Postulat, Réalisme épistémologique
totale entraînée par la vente d’une unité supplé-
mentaire d’un bien.
Réalisme épistémologique À En concurrence pure et parfaite, le prix s’impose
au producteur dont l’offre individuelle ne repré-
Le réalisme épistémologique est une conception
selon laquelle il est légitime de s’interroger sur la sente qu’une infime partie de l’offre totale. Chaque
valeur de vérité d’une théorie, sur sa conformité avec unité vendue le sera au prix de marché car le pro-
une réalité qui existe objectivement. Les théories ne ducteur ne dispose d’aucun pouvoir de marché. Le
sont donc pas de simples conventions choisies pour prix est donc égal à la recette marginale, elle-même
leur commodité ou pour leur élégance formelle. égale à la recette moyenne.
À Les partisans du réalisme épistémologique se Ü Marché et prix
recrutent aussi bien parmi les adeptes du réfuta- Équilibre de monopole, Équilibre du producteur,
tionnisme que parmi les adeptes du vérification- Faiseur de prix, Fonction paramétrique des prix,
nisme. Marginalisme, Monopole, Preneur de prix, Recette
Ü Épistémologie économique moyenne
Conventionnalisme, Réalisme des hypothèses
Recette moyenne
Réassurance La recette moyenne est le rapport entre la recette
La réassurance est une opération qui consiste totale et la quantité vendue.
pour un assureur à transférer (moyennant paie- À En concurrence pure et parfaite, le prix est
ment d’une prime de réassurance) une partie donné par le marché. La recette moyenne (ou recette
des risques qu’il assure auprès d’autres assureurs unitaire) du producteur est égale au prix de vente
ou auprès d’entreprises d’assurance spécialisées du produit (toutes les unités de produit sont
dans la réassurance. Le recours à la réassurance en effet vendues au prix de marché).
permet une mutualisation des risques : le coût Ü Marchés et prix
d’un sinistre n’est pas supporté uniquement par Équilibre de monopole, Équilibre du producteur, Recette
l’assureur qui a accepté le contrat, mais par un totale
521
Recette totale
Recherche-développement (RD)
Recettes fiscales On définit couramment la recherche-développement
Les recettes fiscales désignent les sommes perçues comme l’ensemble des activités qui visent à la mise
par les administrations publiques provenant en œuvre dans l’activité de production, des résul-
des impôts et des taxes. Elles n’incluent pas les tats des recherches fondamentales et appliquées :
cotisations sociales. création de nouveaux produits, mise en œuvre de
À La structure des recettes fiscales est très différente nouvelles techniques de production, etc.
d’un pays à l’autre. Ces différences reflètent des Certains auteurs donnent cependant une défini-
choix nationaux en matière de fiscalité selon les tion plus large et considèrent que la recherche-dé-
priorités économiques et sociales.
veloppement désigne tous les travaux entrepris
Ü Économie publique
pour développer les connaissances. Ils distinguent
Politique budgétaire, Prélèvements obligatoires, Recettes
alors trois formes de recherche :
non fiscales de l’État
––la recherche fondamentale qui est menée sans
but pratique explicite, le progrès de la connaissance
Recettes non fiscales de l’État apparaissant comme une fin en soi ;
––la recherche appliquée qui affiche des objectifs
Les recettes non fiscales de l’État se composent
concrets ;
des revenus du patrimoine de l’État (dividendes
––le développement qui concerne essentiellement
d’entreprise publique, loyers pour des bâtiments
ou des logements appartenant à l’État), des rému- la mise au point et le perfectionnement de produits
nérations pour services rendus comme la redevance ou de processus existants (par exemple développe-
audiovisuelle, des remboursements et intérêts per- ment d’une famille d’avions en aéronautique).
çus sur les prêts accordés par l’État, mais aussi des À La différence entre les diverses formes de recherche
revenus de la vente de biens appartenant à l’État est, en pratique, assez difficile à déterminer.
(les privatisations par exemple), et des amendes. Ü Capital et investissement, Entreprises et système pro-
Ü Économie publique ductif, Productivité
Politique budgétaire, Prélèvements obligatoires, Recettes Compétitivité, Économie de la connaissance, Inno-
fiscales vation, Nouvelle économie, Politique industrielle,
Révolution industrielle
Recettes publiques
Les recettes publiques comprennent les recettes Redistribution
fiscales, les cotisations sociales, ainsi que les La redistribution est l’ensemble des opérations qui
recettes non fiscales de l’État. visent à modifier la répartition primaire des revenus.
Ü Économie publique, Politique économique Le mécanisme de la redistribution peut se
Impôts, Prélèvements obligatoires, Taxes décomposer en deux temps :
––des prélèvements obligatoires effectués par
l’État sur certains agents économiques (impôts et
Recherche de rente (rent seeking) cotisations sociales) ;
La recherche de rente désigne l’ensemble des compor- ––le versement à d’autres individus ou aux mêmes,
tements des entreprises qui visent à obtenir l’établis- par les administrations publiques, de revenus de
sement ou le maintien d’une situation de monopole transferts (prestations sociales en espèces ou en
ou de restriction de la concurrence (protection nature) ou de services non marchands.
douanière, barrières à l’entrée, etc.). Par exemple, La redistribution a une fonction de solida-
les opérateurs de téléphonie mobile sont tentés rité (entre générations, entre individus ayant un
522
Redressement judiciaire
emploi et individus au chômage, entre individus sociaux, prestations familiales, allocation logement).
bien portants et malades, etc.). Sont donc exclus de la mesure les impôts indirects,
La redistribution a aussi pour objectif de réduire les cotisations sociales, les services non marchands
la disparité et la dispersion des revenus. et les prestations visant le remplacement d’un revenu
Ü Politique économique, Protection sociale, Revenus d’activité (pension de retraite, a llocation-chômage).
Égalité, Équité, Fonction de répartition, Redistri Ü Politique économique, Protection sociale, Revenus
bution horizontale, Redistribution oblique, Égalité, Équité, Redistribution horizontale, Redistribu-
Redistribution verticale, Salaire indirect tion oblique, Redistribution verticale, Salaire indirect
523
Rééchelonnement de la dette
524
Règle d’épuisement du produit
Régime d’accumulation barrières non tarifaires plus élevées pour les pays
Dans la théorie de la régulation, le régime d’ac- non-membres.
cumulation est « l’ensemble des régularités assurant Le régionalisme commercial résulte d’un pro-
une progression générale et relativement cohérente cessus d’intégration économique (par exemple,
de l’accumulation du capital, c’est-à-dire permet- l’Union européenne, l’Association de libre-échange
tant de résorber ou d’étaler dans le temps les distor- nord-américaine). Il s’articule de façon complexe avec
sions et déséquilibres qui naissent en permanence le multilatéralisme :
––pour certains économistes, le régionalisme com-
du processus lui-même » (R. Boyer).
mercial est une composante d’un processus plus
Ü Croissance économique
large d’intégration économique au niveau mondial ;
Accumulation du capital, Mode de régulation
––pour d’autres, il constitue un obstacle au mul-
tilatéralisme et comporte un risque de protection-
Régime d’accumulation extensive nisme régional.
À Il ne faut pas confondre le régionalisme com-
Dans la théorie de la régulation, le régime d’accu- mercial qui est une composante de la politique
mulation extensive se caractérise par le fait que la commerciale des États et la régionalisation des
croissance de la production résulte principalement échanges commerciaux qui résulte du comporte-
(mais non exclusivement) de l’augmentation de la ment des agents économiques qui privilégient
quantité des facteurs de production. les relations avec les pays voisins du fait des coûts
Ü Croissance économique de transaction.
Croissance extensive, Mode de régulation, Régime Ü Intégration économique, Politique économique
d’accumulation Accords commerciaux préférentiels, Création de trafic,
Détournement de trafic, Préférence communautaire,
Unilatéralisme
Régime d’accumulation intensive
Dans la théorie de la régulation, le régime d’accu-
mulation intensive se caractérise par le fait que la Règle
croissance de la production résulte principalement Une règle est une prescription qui indique quel
(mais non exclusivement) de l’augmentation de la comportement est exigé, préconisé ou interdit dans
productivité des facteurs de production. telle ou telle circonstance. Les normes juridiques,
Ü Croissance économique les normes sociales, les conventions, les contrats,
Croissance intensive, Mode de régulation, Régime sont des règles.
d’accumulation Dans la mesure où la coordination des activi-
tés des agents économiques suppose l’existence
de règles, celles-ci sont un objet d’étude pour les
Régime de change économistes.
Selon A. Lahreche-Revil, un régime de change est À En matière de politique économique, un débat
l’ensemble de règles qui déterminent l’interven- oppose les économistes partisans de l’application
tion des autorités monétaires sur le marché des de règles invariables (par exemple, la croissance
changes et donc le comportement du taux de à taux constant de la masse monétaire pour les
change. Il existe une grande diversité de régimes monétaristes) et les partisans de politiques discré-
de change entre les deux cas polaires que sont les tionnaires (qui supposent que les décideurs publics
changes fixes et les changes flottants. adoptent les décisions qui leur semblent les plus
Ü Finances internationales, Mondialisation adaptées à l’évolution de la situation économique).
Bretton Woods, Caisse d’émission, Crise de change, Ü Marchés et prix
Dette du tiers-monde, Monnaie commune, Monnaie Institutionnalisation du marché, Monétarisme, Poli-
unique, Parité glissante, Politique de change, Soute- tique discrétionnaire, Règles prudentielles
nabilité de la dette, Système monétaire international,
Union économique et monétaire (UEM), Zone cible
Règle d’épuisement du produit
La règle de l’épuisement du produit affirme que la
Régionalisme commercial rémunération des facteurs de production absorbe
Le régionalisme commercial désigne la constitution la totalité de la recette totale. Cette règle s’énonce
d’accords commerciaux qui impliquent une libéra- ainsi : si F (K, L) est une fonction de production
lisation préférentielle des marchés des pays signa- homogène de degré k, elle vérifie alors l’identité :
taires et le maintien de droits de douane ou de K F’K + L F’L = k F (K, L)
525
Règle d’or
avec F’ la fonction dérivée de F et F la fonction fonctionnement). En France, cette règle est celle qui
de production. est applicable aux collectivités locales.
Sous l’hypothèse néoclassique d’une fonction Ü Intégration économique, Politique économique
de production linéaire (k = 1), cette égalité s’écrit : Crise de l’euro, Politique de règles
Q = F (K, L) = K F’K + L F’L.
Par ailleurs, dans la théorie néoclassique de la Règle d’origine
répartition, les facteurs de production sont rému-
La règle d’origine est un instrument de politique
nérés à leur productivité marginale : F’K est donc
commerciale dans le cadre d’accords commerciaux
le taux de rémunération réelle du capital (soit le
préférentiels : un produit en provenance d’un pays
taux d’intérêt réel, noté i), et F’L est le taux de
partenaire de l’accord préférentiel ne peut bénéfi-
rémunération réel du travail (soit le taux de salaire
cier de conditions tarifaires préférentielles qu’à la
réel, noté w).
condition qu’il ait été produit entièrement sur le
Par conséquent, K F’K représente la masse des
territoire d’origine, ou que la transformation sur
intérêts versés et L F’L la masse salariale réelle. Il
ce territoire y ait été suffisante si certaines opéra-
en résulte que la rémunération des facteurs à leur
tions ont été réalisées préalablement dans d’autres
productivité marginale épuise la totalité du pro-
pays.
duit, sans surplus ni déficit. Il n’y a donc pas de
Pour éviter toute forme de protectionnisme
« profit pur » positif (noté p), pas de rémunération
non tarifaire qui résulterait de la règle d’origine,
des apporteurs de capital au-delà du taux d’intérêt
l’Organisation mondiale du commerce (OMC)
(parfois qualifié de « profit normal »).
a créé l’obligation pour les pays membres d’ap-
π = F (K, L) - i K - w L = 0. pliquer une règle harmonisée et transparente.
Cette analyse signifie que l’entrepreneur reçoit Mais la règle d’origine est assez souvent dénon-
un revenu en contrepartie de son travail de direc- cée comme un outil utilisé de façon discrimina-
tion (inclus dans la rémunération du travail), tandis toire pour protéger des producteurs nationaux,
que l’apport de capital qu’il effectue dans l’entre- et de ce fait, elle est contestée par les pays les
prise est rémunéré en fonction du taux d’intérêt. plus pauvres.
Ü Croissance économique Ü Commerce international, Écologie, Économie du déve-
Facteur résiduel, Théorie économique loppement, Intégration économique, Mondialisation
Aide publique au développement (APD), Libre-échange,
Normes environnementales, Normes sociales, Protection-
Règle d’or nisme
La règle d’or est une règle de discipline budgétaire
mise en place par le Traité sur la stabilité, la coor-
dination et la gouvernance (2012). Cette règle Règle de Bagehot
stipule que le budget des administrations publiques W. Bagehot (1826-1877) est l’un des premiers
doit être à moyen terme en équilibre ou en excé- théoriciens de la fonction de prêteur en der-
dent. Le déficit budgétaire structurel (c’est-à-dire nier ressort (Lombard Street, 1873). Pour lui, il
hors effets de la conjoncture) des administrations est impératif que la Banque centrale apporte les
publiques doit être au maximum de 0,5 % du PIB liquidités nécessaires à une banque en difficulté
pour les pays dont la dette publique est supérieure à à condition que celle-ci soit solvable, c’est-à-dire
60 % du PIB et de 1 % du PIB pour les pays dont la qu’elle soit capable de fournir des collatéraux de
dette publique est inférieure à 60 % du PIB. Cette bonne qualité en contrepartie des avances de mon-
règle budgétaire s’ajoute aux règles contenues dans naie centrale.
le Pacte de stabilité et de croissance (PSC). Ü Monnaie
Cette règle a été adoptée à la suite de la crise de Collatéral, Liquidité, Solvabilité
l’euro dans le but d’imposer aux pays membres le
respect de l’orthodoxie budgétaire.
Cette nouvelle règle a été contestée par les écono- Règle de Greenspan-Guidotti
mistes et les responsables politiques qui considèrent Selon la règle de Greenspan-Guidotti (du nom de
qu’elle empêche de mettre en œuvre les politiques l’ancien président du Conseil de la Réserve fédé-
de soutien à la demande globale qui sont néces- rale, Alan Greenspan, et de Pablo Guidotti, ancien
saires lorsque l’économie est déprimée. ministre des Finances de l’Argentine), les banques
À D’autres « règles d’or » existent, par exemple celle qui centrales doivent détenir un niveau de réserves de
prévoit que seuls les investissements publics puissent change qui couvre entièrement la dette extérieure à
être financés par la dette (et non les dépenses de court terme. D’autres économistes recommandent
526
Règle des 3 D
527
Réglementation
528
Régulation concurrentielle
du budget de l’État. Elles sont destinées à assurer une À Sur le plan international comme sur le plan natio-
plus grande transparence de l’intervention de l’État et nal, les règles prudentielles sont une composante
un meilleur contrôle de l’exécutif par le Parlement. de la politique monétaire.
Ces règles sont au nombre de quatre : Ü Monnaie
––l’annualité budgétaire. Cette règle stipule que Bâle III, Forum sur la stabilité financière, Mécanisme
le budget doit être voté chaque année et exécuté de résolution unique (MRU), Mécanisme de surveil-
au cours de l’année ; lance unique (MSU), Ratio Cooke, Ratio McDo-
––l’unité budgétaire. L’ensemble des dépenses et nough, Risque de système, Spéculation
des recettes de l’État doit figurer dans un document
unique ;
––la spécialité budgétaire. Cette règle stipule que Régulation
chaque dépense doit être affectée à un objectif pré- Selon G. Canguilhem, « la régulation, c’est l’ajus-
cis et qu’il n’est pas possible (sauf exception ou vote tement conformément à quelque règle ou norme,
d’une loi de finance rectificative) d’en modifier d’une pluralité de mouvements ou d’actes et de
l’affectation ; leurs effets ou produits que leur diversité ou leur
––l’universalité. Cette règle comporte deux aspects : succession rend d’abord étrangers les uns aux
1. la non-contraction (ou non-compensation) autres ».
des recettes et des dépenses, chaque dépense et En science économique, plusieurs conceptions
chaque recette doit figurer au budget pour son de la régulation existent :
montant intégral ; ––pour les libéraux, la régulation est assurée de
2. la non-affectation des recettes, l’ensemble des façon spontanée par le marché (on parle de mar-
recettes doit former une masse globale, aucune
ché autorégulateur) ;
recette particulière ne doit être affectée à une
––pour les keynésiens, la contestation du carac-
dépense particulière.
tère autorégulateur du marché conduit à mettre
À Ces règles souffrent de nombreuses exceptions :
l’accent sur la nécessité d’une régulation consciente
ainsi la contribution sociale généralisée (CSG)
par l’État (on parle d’hétérorégulation) ;
est une entorse à la règle de la non-affectation
des recettes, les lois de programmation sont des ––pour les marxistes, le capitalisme est carac-
entorses à la règle de l’annualité, etc. térisé par l’existence de mécanismes de régulation
Économie publique, Politique économique (égalisation des taux de profit, concurrence entre
les capitaux…) mais il est miné par des contra-
dictions (baisse tendancielle du taux de profit,
Règles de politique économique crises…) qui remettent en cause à terme son exis-
En ce qui concerne la conduite des politiques tence même ;
économiques, on insiste sur deux règles : ––d’autres auteurs mettent l’accent sur le rôle
––la première formulée par J. Tinbergen (1903- des conventions et des institutions et sur la com-
1994, prix Nobel 1969), affirme que l’on doit avoir plexité de la régulation qui intègre nécessairement
autant d’instruments de politique économique que l’économique et le social. Pour R. Boyer (qui se
d’objectifs ; réclame de la théorie de la régulation) la régula-
––la seconde, formulée par R. Mundell (prix tion est « la conjonction des mécanismes concou-
Nobel 1999), précise que chaque instrument doit rant à la reproduction d’ensemble, compte tenu
être affecté à l’objectif pour lequel il est relative- des structures économiques et des formes sociales
ment le plus efficace. en vigueur ».
Ü Économie publique, Marchés et prix À Il ne faut pas confondre le terme français
Monétarisme, Politiques de règles, Règles prudentielles « régulation » (défini ci-dessus) et le terme anglais
« regulation » qui signifie « réglementation ».
Ü Économie publique, Épistémologie économique,
Règles prudentielles Marchés et prix
Les règles prudentielles sont des dispositions École classique, Économie des conventions, Main
contraignantes adoptées par les autorités moné- invisible, Mode de régulation, Théorie keynésienne,
taires visant à prévenir les faillites bancaires et à Théorie marxiste, Traité sur la stabilité, la coordination
assurer le bon fonctionnement des marchés finan- et la gouvernance (TSCG)
ciers. Ces règles ont notamment pour objectif de
renforcer la solvabilité et la liquidité des opéra-
teurs et d’éviter les phénomènes de contagion liés Régulation concurrentielle
aux paniques financières. Mode de régulation concurrentielle
529
Régulation fordiste
530
Rendement d’échelle
Relocalisation Rendement
La relocalisation consiste au sens strict à rapatrier Au sens strict, le rendement est la production
une activité de production antérieurement délo- par unité de terre. On parle par exemple d’un
calisée à l’étranger. Au sens large, la relocalisation rendement de 50 quintaux de blé à l’hectare. Le
correspond au ralentissement du processus de rendement se mesure donc par le rapport entre la
délocalisation. quantité de produit agricole récolté et la superfi-
Les décisions de relocalisation peuvent être cie de la terre qui a produit cette récolte. En toute
motivées par la réduction des coûts unitaires de rigueur, on devrait donc distinguer le rendement,
production dans le pays de départ. Ainsi, dans les qui concerne la terre, de la productivité, qui
années 1980 et 1990, l’automatisation et la robo- concerne le travail et le capital. Cependant, par
tisation des unités de production expliquent les extension, on parle des rendements moyens et mar-
relocalisations en Allemagne et aux États-Unis de ginaux du travail et du capital. Le rendement sert
plusieurs entreprises (General Motors, Motorola, ainsi à mesurer l’efficience productive des facteurs
Bosch, Siemens). Aujourd’hui, la baisse du coût de de production.
l’énergie aux États-Unis explique les cas de reloca- Dans un autre sens, le mot rendement désigne
lisations. ce que rapporte un placement. On parlera par
Mais la relocalisation peut également être exemple du rendement d’un portefeuille de valeurs
motivée par l’insuffisance de la qualité des ser- mobilières ou d’un parc immobilier.
vices fournis à l’étranger (les centres d’appels, par À Les épargnants doivent la plupart du temps faire un
exemple), l’importance des coûts d’organisation arbitrage entre le rendement et le risque de leurs
et de transaction et la nécessité de se rapprocher placements. Plus un actif est risqué, plus il est
de la demande (dans le secteur du textile, par susceptible de conduire à un rendement élevé. Les
exemple). agents qui ont une aversion pour le risque pré-
Ü Entreprises et système productif, Mondialisation féreront un rendement moindre et un placement
Compétitivité, Coût de transaction, Coût salarial moins risqué.
unitaire, Politique économique, Zone franche Ü Consommation et épargne, Productivité
Loi des rendements marginaux décroissants, Prime de
risque, Rendement d’échelle, Rendements factoriels,
Réméré Structure par termes des taux d’intérêt, Taux d’intérêt
Une opération à réméré (ou un réméré) est une
opération de vente de titres au comptant assortie
d’une option de rachat, dans un délai maximum de Rendement d’échelle
cinq ans, à un prix convenu à l’avance. L’opération Les rendements d’échelle désignent une relation
constitue pour le vendeur un moyen de se procurer entre la quantité produite d’un bien et la quan-
de la monnaie centrale. Si l’option de rachat est tité de facteurs de production utilisés (capital
exercée, l’opération peut être considérée comme un et travail). Ils permettent de mesurer l’efficience
prêt en monnaie banque centrale. productive des facteurs. Ils constituent un des élé-
À Il ne faut pas confondre l’accord de pension (qui ments caractérisant une fonction de production.
comporte un engagement de rachat) et le réméré Trois cas peuvent être envisagés :
(où le rachat n’est qu’une option). – les rendements d’échelle sont croissants lorsque
Ü Finances internationales, Monnaie la quantité produite augmente plus vite que les
Crédit, Refinancement bancaire quantités de facteurs mises en œuvre ;
– les rendements d’échelle sont décroissants
lorsque la quantité produite augmente moins vite
Remontée de filière que les quantités de facteurs mises en œuvre
Une stratégie de remontée de filière consiste à – les rendements d’échelle sont constants lorsque
complexifier le système productif en produisant la quantité produite augmente au même rythme
des biens et des services situés plus en amont de la que les quantités de facteurs mises en œuvre.
filière. Par exemple, partant de l’industrie de biens À Ne pas confondre les rendements d’échelle et les
de consommation courante située en aval de la rendements factoriels.
filière, l’économie nationale se dote d’une capacité À Les rendements d’échelle affectent l’évolution de
à produire les biens d’équipement correspondants. la productivité globale des facteurs. Cette der-
Ü Économie du développement nière augmente lorsque les rendements d’échelle
Développement autocentré, Développement extra- sont croissants, diminue lorsqu’ils sont décrois-
verti, Industries industrialisantes, Pôle de dévelop sants et reste constante lorsque les rendements sont
pement, Politique de filière constants.
531
Rendement privé
Renégociation de la dette
Rendement social La renégociation de la dette consiste pour un débi-
Le rendement social est le résultat positif qui béné- teur à engager des discussions avec ses créanciers
ficie à l’ensemble de la collectivité à la suite d’une dans le but d’obtenir une restructuration de la
décision individuelle d’un agent économique. Par dette.
exemple, si un individu isole son logement, il va À Certains économistes réservent le terme « renégo-
consommer moins de gaz ou de fuel pour chauf- ciation » aux opérations qui aboutissent à la baisse
fer son logement et donc réduire l’émission de gaz des taux d’intérêt et à l’allongement de la maturité
à effet de serre. Cette réduction bénéficie à l’en-
sans création de flux de crédits nouveaux. Dans ce
semble de la population mondiale. Le rendement
cas, le terme « restructuration » n’est utilisable que
social intègre le rendement privé.
dans le cas où il y a souscription de crédits nou-
Ü Économie et écologie, Économie publique, Marchés
veaux qui se substituent à tout ou partie des crédits
et prix
anciens.
Coût privé, Défaillance du marché, Effet externe,
Rendement privé Ü Finances internationales, Monnaie
Charge de la dette, Crise bancaire, Dette du tiers-
monde, Moratoire, Service de la dette, Soutenabilité,
Rendements factoriels Soutenabilité de la dette
Les rendements factoriels désignent une relation
entre la quantité produite d’un bien et la quantité
Rentabilité
d’un facteur de production supposé variable (le
travail en général), l’autre (le capital) restant fixe. La rentabilité désigne d’une façon générale le rap-
Ils permettent de mesurer l’efficience productive port entre les revenus obtenus et les fonds engagés.
d’un des facteurs (le facteur variable) et constituent Elle mesure l’aptitude d’une activité économique à
un des éléments caractérisant une fonction de pro- produire un flux actualisé de revenus supérieur aux
duction. dépenses engagées.
Trois cas peuvent être envisagés : Elle s’exprime la plupart du temps par un taux
– les rendements factoriels sont croissants lorsque de rentabilité économique ou par un taux de
la quantité produite augmente plus vite que la rentabilité financière.
quantité du facteur variable ; À Ne pas confondre la rentabilité (qui est un rapport)
– les rendements factoriels sont décroissants avec le profit ou le bénéfice (qui est un revenu).
lorsque la quantité produite augmente moins vite Ü Capital et investissement, Entreprises et système pro-
que la quantité du facteur variable ; ductif
– les rendements factoriels sont constants lorsque Actualisation, Effet de levier, Efficacité marginale
la quantité produite augmente au même rythme du capital, Profitabilité, Q de Tobin, Rentabilité
que la quantité du facteur variable. économique, Taux de rendement interne (TRI),
À Ne pas confondre les rendements factoriels et les Théorème Modigliani-Miller, Valeur actualisée
rendements d’échelle. nette (VAN)
532
Rente de monopole
533
Rente de Tullock
À En concurrence pure et parfaite, le prix est égal des revenus entre des individus (ou des ménages)
au coût marginal. sans les différencier autrement que par le niveau
Ü Marchés et prix de leur revenu. Elle fait abstraction du rôle et de
Équilibre de monopole, Équilibre du producteur, la place des agents économiques dans l’économie
Pouvoir de marché (salarié ou actionnaire, etc.) et donc de la nature
des revenus qu’ils reçoivent. L’étude de la réparti-
tion individuelle des revenus permet de mesurer
Rente de Tullock notamment le revenu moyen et le revenu médian
École des choix publics, Recherche de rente, Trapèze d’une population et d’étudier la concentration ou
de Tullock la dispersion de la distribution des revenus.
Ü Revenus
Courbe de Lorenz, Décile, Indice de Gini, Niveau de
Rente différentielle vie, Répartition fonctionnelle des revenus, Répartition
Rente foncière, Théorie de la rente différentielle sociale des revenus
534
Reproduction
d’agents économiques présentant une certaine Ü Économie publique, Finances internationales, Politique
homogénéité sociale : on étudie par exemple la économique, Monnaie
répartition des revenus par professions et catégo- Politique monétaire, Règles prudentielles
ries socioprofessionnelles.
Ü Revenus
Répartition fonctionnelle des revenus, Répartition Reprise
individuelle des revenus Cycle économique
535
Reproduction élargie
536
Retraite par capitalisation
537
Retraite par répartition
Dans un système par capitalisation, chaque indi- Redistribution, Répartition primaire, Répartition secon-
vidu épargne pour financer sa propre retraite : la daire, Revenu de facteurs, Revenu disponible, Revenus
logique est donc individuelle. primaires
À La retraite par capitalisation n’occupe en France
qu’une part encore modeste ; la retraite par
répartition reste dominante. Certains organismes Revenu arbitrable
mutualistes et la plupart des compagnies d’assu- Selon l’INSEE, le revenu arbitrable des ménages
rances proposent des compléments de retraite par est égal à la différence entre leur revenu dispo-
capitalisation. nible brut et les dépenses « pré-engagées », c’est-à-
À Ceux qui défendent le système par capitalisation dire difficilement renégociables à court terme. Ces
avancent plusieurs arguments : dépenses comprennent les dépenses liées au loge-
– il permettrait de remédier aux problèmes ment (loyer, eau, gaz, électricité, etc.), aux services
financiers que connaissent les systèmes de retraite de télécommunication, aux frais de cantine, aux
par répartition (régime de base et régimes complé- services de télévision (redevance télévisuelle, abon-
mentaires obligatoires) ; nements à des chaînes payantes), aux assurances
– il améliorerait le niveau de la retraite de ceux (hors assurances vie) et aux services financiers.
qui les souscrivent ; La perception par les ménages de l’évolution de
– il assurerait un meilleur financement de l’éco- leur pouvoir d’achat est souvent liée à leur revenu
nomie (épargne placée sur les marchés financiers). arbitrable plus qu’à leur revenu disponible. Un
Ceux qui s’opposent au système de retraite par accroissement de ce dernier qui serait intégrale-
capitalisation considèrent qu’il amplifie les iné- ment absorbé par les dépenses pré-engagées a peu
galités entre les retraités et que les crises finan- de chances d’être perçu comme une amélioration
cières font peser des risques importants sur les du pouvoir d’achat.
retraites. Ü Revenus
Ü Protection sociale, Revenus Consommation effective des ménages, Dépense de
Fonds de pension, Sécurité sociale, Taux de dépendance consommation des ménages
538
Revenu du patrimoine
minimal aux personnes âgées d’au moins 25 ans Revenu disponible
ou bien âgées de 18 à 24 ans si elles sont isolées Pour un ménage ou pour l’ensemble des ménages, le
ou peuvent justifier d’une certaine durée d’activité revenu disponible désigne le revenu que ce ménage
professionnelle. Son montant dépend à la fois de peut affecter à la consommation et à l’épargne.
la composition du ménage et des revenus de ce Pour le calculer, il faut ajouter aux revenus
ménage. Lorsqu’il n’y a aucun revenu, le RSA est primaires (revenus d’activité et revenus du patri-
un montant forfaitaire variable selon le nombre moine), les prestations sociales, puis soustraire
de personnes dans le ménage, on parle alors de les impôts directs sur le revenu et le patrimoine et
« RSA-socle ». les cotisations sociales.
Lorsqu’il existe des revenus d’activité faibles, le Ü Productivité, Revenus
montant du RSA dépend du montant de ces reve- Redistribution, Répartition primaire, Répartition secon-
nus et de la composition du ménage, on parle alors daire
de « RSA-activité » (en décembre 2015, il est égal
à 62 % des revenus d’activité auxquels s’ajoute le
montant du RSA-socle correspondant à la compo- Revenu disponible ajusté
sition du foyer).
En 2009, le RSA s’est substitué au revenu mini-
des ménages
mum d’insertion (RMI), à l’allocation de parent Dans la comptabilité nationale, le revenu dispo-
isolé (API). Dans la même logique que le revenu nible ajusté des ménages est le revenu disponible
minimum d’activité (RMA), le RSA constitue augmenté de la part individualisable de la consom-
une incitation à l’activité professionnelle. En effet, mation finale des administrations publiques et
des minima sociaux trop proches des salaires les des institutions sans but lucratif au service des
plus bas, constituent une désincitation à la reprise ménages.
de l’activité professionnelle puisque la perception Ü Comptabilité nationale, Consommation et épargne,
d’un revenu d’activité, même très bas, conduit à Revenus
la suppression de certaines prestations sociales. Le Consommation effective des ménages
RSA vise donc à supprimer les trappes à chômage,
les trappes à inactivité et les trappes à pauvreté.
À Depuis le 1er janvier 2016, le RSA-activité ainsi Revenu disponible brut
que la prime pour l’emploi sont remplacés par la Selon l’INSEE, le revenu disponible brut est le
prime d’activité qui sera accessible aux moins de revenu dont disposent les ménages pour consom-
25 ans, y compris étudiants et apprentis. mer ou investir, après opérations de redistribution.
Ü Protection sociale, Revenus Il comprend l’ensemble des revenus d’activité et des
Capabilités, Égalité, Paupérisation, Prestations sociales, revenus du patrimoine auxquels on ajoute les pres-
Redistribution, Salaire minimum interprofessionnel tations sociales en espèces reçues par les ménages et
de croissance (SMIC), Théorie des incitations auxquels on en retranche les cotisations sociales et
les impôts directs versés.
Dans la comptabilité nationale, le revenu dis-
Revenu de transfert ponible brut (ou net) est le solde du compte de
Un revenu de transfert est un revenu qui ne pro- distribution secondaire du revenu.
vient pas d’une participation directe ou indirecte Ü Comptabilité nationale, Revenus
à l’activité productive. Il a pour origine :
– une redistribution organisée par les admi-
nistrations publiques (versement de prestations Revenu du patrimoine
sociales) ; Les revenus du patrimoine sont des revenus
– des mécanismes de transferts privés (par exemple, primaires qui se composent essentiellement des
au sein de la famille) ; revenus de la propriété : dividendes, intérêts,
– des mécanismes de transferts privés entre rési- revenus fonciers et immobiliers (loyers, fermages,
dents et non-résidents (transferts de revenus des etc.).
travailleurs immigrés, dons des organisations non Dans la comptabilité nationale, on y ajoute
gouvernementales) ; aussi le montant des loyers fictifs des ménages
– des transferts internationaux publics (par propriétaires du logement qu’ils occupent, puisque
exemple l’aide publique au développement). ces ménages sont supposés produire des services
Ü Revenus de logement qu’ils consomment.
Balance des paiements, Redistribution, Revenu de Ü Comptabilité nationale, Revenus
facteurs Logement (service de), Patrimoine
539
Revenu en nature
Revenu mixte
Dans le système européen de comptabilité nationale, Revenu national net ajusté
le revenu mixte désigne le solde du compte d’exploi- Le revenu national net ajusté est le revenu natio-
tation pour les entreprises individuelles (apparte- nal brut duquel on déduit les amortissements
nant au secteur institutionnel des ménages). (consommation de capital fixe) et la consomma-
Il rémunère deux éléments indissociables : un tion de capital naturel.
apport de travail du propriétaire de l’entreprise Ü Comptabilité nationale, Économie et écologie, Revenus
(et éventuellement les membres de sa famille) et un Développement durable, Soutenabilité faible, Soute-
apport de capital (profit en tant qu’entrepreneur). nabilité forte
Ü Comptabilité nationale, Revenus
Revenu primaire
Revenu national par tête
On calcule le revenu national par tête ou revenu
Revenu national brut (RNB) per capita ou revenu national brut par habitant en
Le revenu national brut (RNB) aux prix du mar- divisant le revenu national d’une année par le
ché représente l’ensemble des revenus primaires nombre total d’habitants (d’un pays ou d’une région).
540
Revenu universel
Le revenu national par tête est le principal indi- permet de rendre compte de la stabilité observée
cateur du niveau de vie. Dans les comparaisons sur le long terme de la propension moyenne à
internationales, il est exprimé en général, en parité consommer et d’infirmer la loi psychologique
de pouvoir d’achat (PPA). Le revenu national peut fondamentale de J. M. Keynes (1883-1946).
être évalué en valeur brute ou en valeur nette. À Pour M. Friedman (prix Nobel 1976), la relation
À Il faut différencier le revenu national par tête et le entre consommation permanente et revenu per-
revenu national disponible brut par tête. manent rend inefficace une politique conjonctu-
À Le revenu national par tête n’est pas égal au pro- relle de relance de la demande (elle n’affecte que la
duit intérieur brut par habitant. composante transitoire, ce qui n’a pas d’influence
Ü Comptabilité nationale, Économie du développement, sur la consommation des ménages et donc sur la
Productivité, Revenus demande globale).
Indice de développement humain (IDH) Ü Consommation et épargne, Revenus
Anticipations adaptatives, Effet d’encaisse réelle, Théo-
rie du cycle de vie
Revenu net
Le revenu net peut avoir plusieurs sens et peut dési-
gner : Revenu primaire brut des ménages
– dans le calcul de l’impôt sur le revenu, le Le revenu primaire des ménages désigne l’ensemble
revenu qui constitue la base de l’imposition sur des revenus perçus en contrepartie d’une contribu-
le revenu, autrement dit le revenu net imposable tion à la production (revenus d’activité, revenus
sur lequel s’appliquera le barème de l’impôt sur le de la propriété, revenus mixtes) avant déduction
revenu ; des amortissements.
– le revenu qui restera, une fois retirés les impôts En comptabilité nationale, au niveau macroé-
sur le revenu et sur le patrimoine et éventuelle- conomique, les ménages ne perçoivent pas la tota-
ment d’autres prélèvements. lité des revenus primaires qui sont la contrepartie
À En comptabilité nationale, le terme « net » a un du PIB. Une partie de ces revenus revient à l’État
autre sens, il signifie que la consommation de sous forme d’impôts sur la production (taxe sur
capital fixe, mesurée par les amortissements, a été la valeur ajoutée par exemple), une autre partie
déduite : c’est le cas du produit intérieur net, du correspond au pourcentage des bénéfices que les
revenu national net, etc. sociétés doivent obligatoirement mettre en réserve
Ü Revenus (bénéfices non distribués), enfin le reste correspond
Coin fiscal aux amortissements.
Ü Revenus
Excédent brut d’exploitation
Revenu nominal
Le revenu nominal est le revenu exprimé en mon-
naie courante (ou aux prix courants). Revenu réel
Ü Revenus Le revenu réel est le revenu exprimé à prix constants.
Pouvoir d’achat, Revenu réel Ü Revenus
Pouvoir d’achat, Revenu nominal
Revenu permanent
La théorie du revenu permanent élaborée par Revenu universel
M. Friedman (A Theory of the Consumption Fonc- Le revenu universel est un revenu versé à chaque
tion, 1957) et F. Modigliani (prix Nobel 1985) individu, d’un montant égal pour tous, sans
distingue au sein du revenu une composante contrôle des ressources et de façon inconditionnelle
permanente et une composante transitoire : (pas de contrepartie exigée). Le revenu universel
Y = Yp + Yt est parfois appelé « revenu de base », « revenu
Le revenu permanent (Yp) est la valeur actualisée d’existence » ou encore « allocation universelle ».
des flux de revenus passés et des flux de revenus Le revenu universel se distingue des minima
futurs anticipés. sociaux, comme le revenu de solidarité active ou
Le revenu transitoire (Yt) est lié aux variations la prime pour l’emploi, souvent versés sur une
non anticipées du revenu (maladies, accidents, fluc- base familiale, soumis à conditions de ressources et
tuations cycliques de l’activité économique, etc.). suivant une logique favorisant la reprise d’activité.
Pour M. Friedman, la consommation perma- Il existe plusieurs conceptions du revenu univer-
nente est fonction du revenu permanent, ce qui sel. Selon une logique libérale, le revenu universel
541
Revenus
remplace l’ensemble des prestations de protections technologique et les pertes d’emplois qu’elle pro-
sociales versées par l’État-providence. Chacun doit voque selon les tenants de cette approche.
s’assurer individuellement pour sa retraite ou sa La mise en place du revenu universel se heurte
santé auprès d’assurances privées. Conformément à à plusieurs obstacles. Le premier est celui de son
la logique libérale, le revenu universel permet d’as- montant et de son financement. Le revenu univer-
surer l’autonomie de chaque individu. sel est aussi accusé par les libéraux d’être une prime
Dans une logique sociale-démocrate, le revenu à l’oisiveté. Certains craignent aussi qu’il fragilise
universel permet d’améliorer le système de protec- les bases de la protection sociale en la déconnec-
tion sociale existant dans un contexte où le salariat tant du travail. Il est aussi possible que le revenu
à temps plein est de moins en moins la norme sur universel accentue les inégalités entre les hommes
le marché du travail, où la pauvreté persiste, où de et les femmes si le revenu universel se transforme
nombreux individus ne demandent pas les presta- en revenu maternel.
tions sociales auxquelles ils ont droit. À Certains utilisent le terme revenu universel dans un
Une dernière conception du revenu universel sens détourné puisque ce dernier est lié à l’activité
relève d’une logique de gestion de la « fin du tra- et censé favoriser la reprise d’un emploi. Mais il
vail » et de la décroissance. Le revenu universel n’est alors plus un revenu universel d’existence.
permet alors d’accompagner les mutations de l’éco- Ü Protection sociale, Revenus
nomie, aujourd’hui provoquées par la révolution Égalité, Équité, Impôt négatif, Propriété sociale
Revenus
Un revenu est un flux qui prend naissance obligatoires (impôts sur le revenu et sur le
dans la création d’une valeur ajoutée. patrimoine et cotisations sociales), puis à
Chaque cycle de production donne lieu à verser des prestations sociales ou à mettre à
une distribution de revenus, d’où la défini- la disposition des agents des biens collectifs
tion de J. R. Hicks (1904-1989) : un revenu qui ont un effet redistributif.
désigne ce qu’un individu peut consommer À Les gains de productivité sont la condition
au cours d’une période de temps sans enta- permissive de la croissance de tous les reve-
mer la valeur de son patrimoine. nus, des revenus primaires, mais également
Au niveau macroéconomique, dans une des prestations sociales dont la croissance
économie fermée, la production (valeur ajou- ne peut être trop longtemps déconnectée
tée) donne lieu à une distribution de revenus de celle de la valeur ajoutée (qui, au niveau
primaires qui est par la suite modifiée par la macroéconomique, correspond au produit
redistribution. intérieur brut).
Les revenus primaires se répartissent entre :
– les ménages (y compris les entreprises Analyses théoriques
individuelles) qui perçoivent l’essentiel des de la répartition des revenus
revenus primaires sous forme de revenus Les analyses économiques de la répartition
d’activité et de revenus du patrimoine ; relèvent d’approches différentes. La plupart
– les sociétés qui gardent en réserve une d’entre elles sont centrées sur la répartition
partie de leurs profits ; fonctionnelle des revenus. Cette dernière
– les administrations publiques qui per- décrit le partage du revenu entre les diffé-
çoivent des impôts sur la production (taxe sur rents facteurs de production et se propose
la valeur ajoutée notamment). de rendre compte du partage entre salaires
Dans une économie ouverte il faut prendre et profits. Les analyses économiques étu-
en compte les transferts nets avec le reste du dient également les revenus des agents
monde. sous l’angle individuel en faisant abstrac-
La redistribution opérée par l’État, et dont tion de leur rôle dans la production et de
l’ampleur varie selon les époques et les pays, la nature des revenus perçus. L’approche
consiste à effectuer certains prélèvements est alors celle de la répartition individuelle
542
Revenus
des revenus. Il est aussi possible d’envisager la du blé et donc des salaires, devait retarder la
répartition des revenus par groupes d’agents baisse des profits et l’état stationnaire.
réunis par des similitudes de rôle, de posi-
tion sociale, d’intérêt et de comportements La répartition chez Marx
économiques. Il s’agit alors de la répartition Dans l’approche marxiste, la plus-value est
sociale des revenus qui, en France, est la appropriée par les capitalistes et l’exploitation
plupart du temps analysée à partir des reve- des salariés est une caractéristique centrale
nus des différentes professions et catégories du fonctionnement du capitalisme. K. Marx
socioprofessionnelles de l’INSEE. (1818-1883), distingue une plus-value abso-
Les analyses de la répartition des revenus lue obtenue par un prolongement de la jour-
mettent en évidence deux ensembles de fac- née de travail des salariés (forcement limitée)
teurs permettant de comprendre le niveau et et une plus-value relative obtenue par inten-
l’évolution des revenus : la productivité d’une sification du procès de production. À l’instar
part et les rapports de force et les conflits de Ricardo, l’analyse marxiste met en lumière
de répartition d’autre part. Ces éléments se une baisse tendancielle du taux de profit.
retrouvent, sous des éclairages différents, dans
les différentes analyses théoriques. La théorie néoclassique de la répartition
La théorie néoclassique ignore l’opposition
L’approche classique de la répartition entre capital et travail. Dans le modèle de
La théorie classique développée par A. Smith concurrence pure et parfaite, la rémunéra-
(1723-1790) et D. Ricardo (1772-1823) tion d’un facteur de production est égale à
repose sur une distinction entre trois caté- sa productivité marginale, c’est-à-dire à sa
contribution au processus de production.
gories de revenu : salaire, rente et profit qui
Le taux de salaire, égal à la productivité
rémunèrent respectivement le travail, la terre
marginale du travail, est un prix d’équilibre
(ou les facteurs naturels) et le capital.
déterminé sur le marché du travail. Le pro-
Pour Smith, le taux de salaire courant fluc-
fit, égal à la productivité marginale du capi-
tue autour du taux de salaire naturel déterminé
tal, s’aligne en longue période sur le taux
par le coût des subsistances consommées par
d’intérêt qui est la rémunération normale
les travailleurs. Le profit est un prélèvement du capital. En courte période, le profit pur,
sur la valeur créée, il est proportionnel au s’il est supérieur à la rémunération normale
capital avancé. Un taux de profit suffisant est du capital, va provoquer l’entrée de nou-
nécessaire pour l’accumulation du capital. veaux producteurs sur le marché. Il y a donc
D. Ricardo formule une théorie de la rente accroissement de l’offre, ce qui fait diminuer
différentielle qui repose sur la loi des rende- le prix du marché et donc le profit pur dont
ments marginaux décroissants en agriculture. le niveau tend à égaliser le taux d’intérêt.
L’accroissement de la population nécessite Avec des rendements constants, la rému-
la mise en culture de terres nouvelles dont nération des facteurs à leur productivité
les rendements sont moins élevés. En consé- marginale absorbe la totalité des recettes du
quence, la rente foncière et le prix des sub- producteur (règle de l’épuisement du produit).
sistances augmentent. Par ailleurs, le taux de Le paradigme néoclassique a beaucoup
salaire est déterminé par le coût des subsis- évolué à partir du modèle de base exposé
tances. Comme les prix agricoles augmen- ci-dessus en introduisant l’hétérogénéité du
tent, les taux de salaire augmentent aussi. Le travail (capital humain), les asymétries d’in-
profit, qui est un résidu selon Ricardo, voit formation (salaire d’efficience), l’existence
donc sa part se réduire dans le revenu natio- de discriminations, etc.
nal, ce qui conduit à un état stationnaire.
Cette analyse de la répartition explique les L’approche keynésienne
prises de position de Ricardo en faveur du et p
ostkeynésienne de la répartition
libre-échange et notamment de l’abrogation Dans la Théorie générale, J. M. Keynes (1883-
de la loi sur les blés, qui, en réduisant le prix 1946) considère que les salaires nominaux
543
Revenus
sont rigides à la baisse, les salariés s’opposant, compte de la fraude fiscale, du travail au
individuellement et collectivement à la baisse noir, des revenus illicites etc. ?
des salaires nominaux. L’analyse néoclas- Par ailleurs, l’image des inégalités dépend
sique standard d’un marché du travail parfait en partie de la nature de l’indicateur retenu.
est contestée par Keynes pour qui le chômage Analyse-t-on des écarts de revenus moyens
peut être involontaire. de plusieurs catégories, autrement dit la dis-
Pour l’École postkeynésienne, la réparti- parité, ou les écarts à l’intérieur d’une caté-
tion des revenus résulte d’un rapport de force gorie, la dispersion, mesurée habituellement
entre les groupes sociaux, notamment entre par la méthode des déciles (D9/D1 : rapport
les salariés représentés par leurs syndicats et entre le 9e décile et le premier) ? S’agit-il de
les employeurs. Dès 1933, M. Kalecki (1899- la concentration représentée par la courbe
1970) s’était déjà opposé à la vision néoclas- de Lorenz et qui permet de calculer la valeur
sique de la répartition. La part des salaires du coefficient de Gini dont la valeur est
dépend beaucoup plus des structures de comprise entre 0 (égalité parfaite) et 1 (tous
marché que du volume de la production et les revenus sont captés par un individu) ?
des productivités marginales du capital et du En longue période, les inégalités de reve-
travail. nus en France se sont réduites. Selon J. Fou-
Pour J. Robinson (1905-1983), il est impos- rastié (1907-1990) dans Le grand espoir du
sible d’expliquer le partage des revenus à par- xxe siècle (1949), les écarts de salaire entre le
tir de la productivité marginale des facteurs. manœuvre et le conseiller d’État, qui étaient
En effet, le capital étant constitué de biens de 1 à 70 au xixe siècle, se sont réduits de 1 à
hétérogènes, il est impossible de mesurer une 3 dans le dernier quart du xxe siècle.
productivité marginale du capital en termes À partir des déclarations fiscales de reve-
physique. On doit donc raisonner en valeur, nus, Th. Piketty (2004) constate l’effondre-
mais dans ce cas il faut faire intervenir le ment des hauts revenus (surtout le premier
prix du capital qui dépend de sa rentabilité. centile) et des rentes au xxe siècle. Cette
Le raisonnement est donc circulaire : pour évolution est à mettre en relation selon lui
expliquer la rentabilité du capital, on doit au avec les transformations structurelles de la
préalable la connaître. politique fiscale et avec l’inflation qui ont
Tous les modèles néo-cambridgiens expo- modifié la distribution et la composition des
sés entre la fin des années 1950 et le début des patrimoines. L’impôt sur les successions,
années 1960 mettent en avant l’interdépen- créé en 1901, et l’impôt progressif sur le
dance entre le partage des revenus et la crois- revenu, mis en place en 1914 en France, ont
sance économique. La politique des revenus eu un impact important sur l’accumulation
a dans cette optique, une place essentielle et la reconstitution des patrimoines, donc sur
dans la politique économique. les inégalités. Au début du xxe siècle, 1 %
des foyers les mieux lotis possédaient 20 %
Les inégalités de revenus : du revenu total en France, et 7-8 % à la fin
mesure, évolution et analyses de siècle. Ce mouvement de réduction des
inégalités pendant les Trente Glorieuse n’est
La mesure des inégalités de revenu pas propre à la France, P. Krugman parle
et leur évolution de « grande compression » aux États-Unis
La mesure des inégalités de revenus pose entre 1933 et 1975. À partir de la fin des
de nombreux problèmes méthodologiques. années 1990 et du début des années 2000,
Il faut d’abord être attentif au champ de avec un rythme variable selon les pays, on
l’étude : analyse-t-on les salaires (bruts/nets), assiste à un mouvement inverse d’accrois
l’ensemble des revenus (revenus primaires, sement des inégalités.
revenus disponibles), etc. ? La qualité des En France, concernant la répartition
sources statistiques importe également : uti- fonctionnelle des revenus, la rémunération
lise-t-on des sources fiscales ou des enquêtes des salariés (cotisations sociales et épargne
directes auprès des agents économiques ? salariale incluses) dans la valeur ajoutée est
Quel type de corrections intégrer pour tenir relativement stable, autour de 70 %, entre
544
Revenus
1949 et le premier choc pétrolier. Cette part autres pays développés de manière encore
atteint un maximum en 1982 (75 %), du fait du plus prononcée y compris en Suède.
maintien de règles antérieures de progression Dans la zone OCDE, le revenu moyen
des salaires dans un contexte de croissance des 10 % de la population aux revenus les
ralentie. À partir de 1983-1984, la part des plus élevés est aujourd’hui environ neuf fois
salaires baisse (politique de désindexation, supérieur à celui des 10 % de la population
ralentissement des gains de productivité), ce aux revenus les plus faibles, soit un ratio de
qui la ramène, à la fin des années 1980, aux 9 à 1. Ce ratio est toutefois très variable d’un
alentours de 67 %, valeur qui est restée stable pays à l’autre : il est inférieur à la moyenne
jusqu’à aujourd’hui. dans les pays scandinaves, mais sa valeur est
Au sein de la rémunération des salariés, élevée aux États-Unis (ratio de 14 environ).
une part croissante a servi au financement
de la protection sociale et le salaire net a Le creusement récent des inégalités
donc progressé lentement, d’autant plus que de revenus : éléments d’analyse
les nouvelles embauches se sont effectuées à
La montée des inégalités depuis plus de vingt
des rémunérations faibles du fait de la hausse
ans se produit dans un contexte de crois-
des formes particulières d’emplois. Les iné-
sance économique lente, de faibles gains de
galités de salaires se sont ainsi accrues entre
productivité et de montée du chômage. Un
ceux qui avaient un emploi et les nouveaux
tel contexte est nécessairement défavorable
entrants sur le marché du travail. Par ailleurs,
aux salariés à l’occasion des négociations
les très hauts salaires ont augmenté plus rapi-
salariales collectives. La financiarisation de
dement, accentuant ainsi la tendance à la
la gestion des entreprises et la recherche
hausse des inégalités ajoutée destinée à la
d’une « création de valeur » actionnariale
rémunération au capital est mesurée par le
taux de marge (excédent brut d’exploitation/ tendent également à favoriser la croissance
valeur ajoutée). Au sein de l’excédent brut des dividendes plutôt que celle des salaires.
d’exploitation, la part des dividendes s’est L’évolution vers un capitalisme actionnarial
beaucoup accrue s’accompagne d’une explosion des rémuné-
S’agissant de la répartition individuelle des rations et des « parachutes dorés » de certains
revenus, on constate sur la période récente cadres dirigeants. À l’autre extrême, émerge
un creusement des inégalités sous l’effet une catégorie de salariés pauvres (« working
conjugué d’une hausse rapide des très hauts poor ») aux emplois précaires et mal payés.
salaires et des revenus du patrimoine, reve- Dans certains pays, la réglementation des
nus très concentrés. salaires à travers un salaire minimum et des
Ce renversement de tendance de l’évolu- conventions collectives limite la dégrada-
tion des inégalités est confirmé par l’étude des tion de la situation des salariés les plus défa-
niveaux de vie (revenu disponible par unité vorisés. Mais les inégalités ne sont en fait
de consommation). Entre 1970 et 1990, que le symptôme du passage à un nouvel
le rapport entre le 9e décile de niveau de ordre salarial : les pratiques de rémunération
vie (le niveau de vie au-dessus duquel se des entreprises ont évolué dans le sens de
trouvent les 10 % ayant les niveaux de vie les l’individualisation et de la désindexation.
plus élevés) et le 1er décile (le niveau de vie La mondialisation des économies, en par-
au-dessous duquel se trouvent les 10 % ayant ticulier par la concurrence des pays à bas
les niveaux de vie les plus faibles) est passé salaires et la menace des délocalisations est
de 4,6 à 3,5. Néanmoins, la tendance s’est défavorable aux emplois les moins qualifiés,
inversée au cours des vingt dernières années : ce qui conduit logiquement à une tendance
entre 1996 et 2010, le niveau de vie moyen à la baisse de leur salaire.
des 10 % les plus aisés a augmenté de 2,1 % Un autre élément important est celui du
par an contre 1,4 % pour le niveau de vie progrès technique biaisé en faveur des plus
moyen de l’ensemble de la population. qualifiés : les innovations de la troisième
Ce constat n’est pas spécifique à la France Révolution industrielle leur sont favorables.
et les mêmes tendances s’observent dans les Les nouvelles technologies de l’information
545
Revenus
546
Revenus
complexité des systèmes mis en place et leurs le marché accroît la légitimité du système
effets limités. Des travaux récents montrent économique » (J.-P. Fitoussi, La démocratie
que l’outil le plus efficace pour atteindre un et le marché, 2004).
objectif de redistribution est la combinaison Les théoriciens néoclassiques de l’éco-
d’un impôt progressif sur le revenu et le ver- nomie du bien-être justifient une redistri-
sement de prestations sociales sous condition bution opérée par la puissance publique.
de ressources (C. Landais, Th. Piketty, E. Saez, En effet, il existe une infinité de répartitions
Pour une révolution fiscale, 2011). des dotations initiales conduisant à un équi-
libre général et un optimum de Pareto. Une
La nécessaire réduction des inégalités action redistributive visant la justice sociale
Pour la plupart des économistes, si les iné- est envisageable (redistribution pure)
galités sont inhérentes à l’économie de mar- On estime que le système de redistribution
ché, il faut néanmoins éviter qu’elles soient français réduit deux tiers des inégalités par
excessives. les prestations sociales et un tiers par les
Indépendamment des considérations prélèvements obligatoires qui sont majori-
sociales ou morales, les inégalités ont des tairement proportionnels ou dégressifs, le
conséquences sur la structure de la demande seul prélèvement progressif étant l’impôt sur
globale. le revenu des personnes physiques (IRPP).
Th. R. Malthus avait déjà soulevé les risques
d’un excès d’épargne conduisant à une insuf- Idéal égalitaire et justice sociale
fisance de la consommation. J. M. Keynes Les sociétés modernes, parce qu’elles sont
(1883-1946) considère que le risque princi- individualistes, sont animées par un idéal
pal est celui de l’insuffisance de la demande égalitaire. La question est dès lors celle qui
globale de biens et services. Un excès est posée par A. Sen : « Égalité de quoi ? »
d’épargne et de thésaurisation au détriment On distingue traditionnellement trois
de l’investissement conduit à une contraction grandes conceptions de l’égalité :
de l’offre et à un équilibre de sous-emploi. – l’égalité des droits (ou égalité juridique)
Des prélèvements fiscaux et sociaux sur les qui suppose une égalité devant la loi : les
titulaires de revenus élevés (à forte propen- mêmes règles impersonnelles s’appliquent à
sion marginale à épargner) peuvent soutenir toutes et à tous. Cela suppose le refus des
la demande si on les transfère à des titulaires discriminations ou l’existence de groupes
de revenus faibles (à forte propension margi- privés de droits accordés à d’autres ;
nale à consommer). – l’égalité des chances, qui repose sur
Prolongeant cette perspective keyné- un principe méritocratique. Elle vise à ce
sienne, J.-P. Fitoussi (2004) considère que la que tous les individus, quelle que soit leur
lutte contre les inégalités est un facteur de situation initiale, aient les mêmes chances
cohésion sociale, de confiance et donc de d’accéder à toutes les positions sociales (en
compétitivité et de croissance économique. particulier les plus favorisées) ;
De ce point de vue, il y a donc complémen- – l’égalité des situations qui suppose que
tarité (et non opposition) entre l’efficience tous les individus disposent d’un accès égal
économique et une répartition moins inéga- aux biens et aux services.
litaire des revenus et des patrimoines (redis- Ces trois conceptions de l’égalité sont
tribution efficace). La redistribution apparaît présentes dans le débat public et sont sou-
également comme un élément constitutif vent considérées comme complémentaires.
des « démocraties de marché » : sans revenus On attend par exemple des tribunaux qu’ils
ou avec des revenus trop faibles, la liberté traitent de façon identique les riches et les
n’existe pas, les individus ne peuvent exer- pauvres (égalité des droits), que l’école assure
cer leurs capabilités (A. Sen). « Les relations l’égalité des chances et que l’accès aux for-
entre démocratie et marché sont ainsi davan- mations les plus prestigieuses ne repose que
tage complémentaires que conflictuelles. La sur le mérite des élèves et étudiants. On
démocratie, en empêchant l’exclusion par attend du système de santé qu’il permette
547
Revenus
548
Revenus
justice qui seraient acceptés par des indivi- justifie des interventions qui limitent de plus
dus placés sous un « voile d’ignorance ». Ces les libertés individuelles. On s’engage alors,
principes visent à rendre compatibles le res- au nom de la justice, sur la « route de la
pect des libertés individuelles et la réduction servitude ».
des inégalités. Ces deux principes sont les
suivants : Pauvreté et lutte contre la pauvreté
1. Principe de liberté : J. Rawls suppose
Définitions et mesures de la pauvreté
que les individus doivent tous disposer de la
plus grande liberté possible compatible avec La pauvreté est un phénomène multidimen-
celle des autres (liberté d’expression, droit de sionnel. Elle concerne à la fois les conditions
vote et d’éligibilité, etc.) de vie, la culture des individus, l’existence
2. Principe de différence : il affirme que les de discriminations, la désignation ou la
inégalités économiques et sociales doivent : stigmatisation par les organismes sociaux,
– être à l’avantage des individus les plus etc. Les économistes concentrent souvent
défavorisés ; leurs analyses sur la pauvreté monétaire :
– être associées à des emplois accessibles sont pauvres les individus dont le revenu est
à tous dans le cadre d’une juste égalité des insuffisant (c’est-à-dire inférieur à un seuil de
chances. pauvreté).
Ces deux principes sont hiérarchisés : le De ce point de vue, la pauvreté peut être
principe de liberté prime sur le principe de mesurée selon deux approches différentes.
différence. – En termes de pauvreté absolue, on déter-
Précisant son analyse Rawls considère que mine un panier de biens correspondant à la
la société doit favoriser un accès égal des consommation minimale. C’est la pauvreté
individus aux « biens premiers », c’est-à-dire absolue dont la mesure est privilégiée aux
à ceux qui sont essentiels pour la participa- États-Unis. Dans la mesure où le seuil de
tion à la vie sociale. pauvreté reste constant en terme réel et où
Prolongeant de façon critique la réflexion le niveau de vie moyen augmente, il devient
de Rawls, A. Sen (prix Nobel 1998) consi- alors théoriquement possible de faire dispa-
dère que l’égalité dans l’accès aux biens pre- raître la pauvreté.
miers n’est pas satisfaisante, car des individus – En termes de pauvreté relative, on fixe
différents vont faire un usage inégal de ces le seuil de pauvreté en proportion du revenu
biens premiers. Les politiques économiques moyen ou du revenu médian. Au sein de
et sociales doivent donc viser à l’égalité l’Union européenne, le seuil de pauvreté
des capabilités, c’est-à-dire à l’égalité des est fixé à 60 % du revenu médian (mais cer-
moyens qui permettent à des individus dif- taines études empiriques utilisent le seuil
férents de réaliser le projet de vie auquel ils de 50 % du revenu médian). Quand on rai-
adhèrent. sonne en termes de pauvreté relative, le seuil
Pour sa part, afin de surmonter la difficulté de pauvreté augmente en même temps que
liée aux comparaisons interindividuelles l’ensemble des revenus, pour faire reculer la
d’utilité et afin de concilier le souci de la pauvreté il faut donc combattre les inégali-
justice et le souci de l’efficacité, J. Harsanyi tés et notamment améliorer la situation des
(1920-2000, prix Nobel 1994) propose le cri- individus qui se trouvent au-dessous du seuil
tère de la non-envie : une société sera dite de pauvreté.
juste si aucun individu ne préfère la situation
d’un autre individu à la sienne. Mais ce cri- La lutte contre la pauvreté
tère apparaît à beaucoup de commentateurs Le débat sur la lutte contre la pauvreté
comme trop exigeant. est ancien. Au début du xixe siècle en
Les membres de l’École autrichienne Grande-Bretagne, il s’est focalisé sur l’assis-
rejettent l’idée même de justice sociale. tance aux pauvres. Th. R. Malthus (Essai sur
Pour F. Hayek (1899-1992), le terme « justice le principe de population, 1798), D. Ricardo
sociale » est vide de sens. La justice sociale ou N. Senior (1790-1864), avaient pris
est un mirage au nom de laquelle l’État position contre les lois de Speenhamland
549
Revenus sociaux
qui protégeaient les pauvres. Ils mettaient en les aides aux pauvres sont de plus en plus
avant deux arguments : souvent conditionnées par des contrats visant
– l’effectif des pauvres tend à croître avec à les engager dans un processus de formation
les aides aux pauvres ; et de retour à l’emploi.
– l’assistance conduit à un amenuisement Pourtant, la protection sociale joue indis-
de la prospérité nationale par les effets dé cutablement un rôle positif aujourd’hui dans
sincitatifs au travail et à l’effort qu’induit
la réduction de la pauvreté. En particulier
l’indemnisation de la pauvreté.
par les prestations sociales, qui sont plus
À Les lois sur les pauvres furent remplacées en
redistributives que les prélèvements fiscaux
1834, par une aide au sein de workhouses,
distribuée uniquement en nature, s’accompa- et sociaux.
gnant de contraintes et de privations. Parmi les autres instruments de lutte
Aujourd’hui, des arguments comparables contre la pauvreté qui ont été proposés, on
sont avancés pour critiquer les politiques peut signaler notamment :
de lutte contre la pauvreté. L’accent est mis – l’impôt négatif, défendu notamment par
sur l’existence de trappes à pauvreté : les M. Friedman (1962), qui est un des moyens
individus qui reçoivent des minima sociaux de lutter contre la pauvreté en préservant
ne sont pas incités à rechercher un emploi, des incitations au travail. Il consiste à fixer
d’autant que leur productivité étant faible, un seuil au-dessous duquel les individus
ils ne peuvent prétendre qu’à des salaires fai- perçoivent une allocation différentielle
blement supérieurs aux aides sociales qu’ils et au-dessus duquel les individus paient
perçoivent sans travailler. l’impôt. Afin d’éviter un effet de seuil et
Un certain nombre de réformes des régimes
de rendre le dispositif incitatif, une partie
d’assurance chômage dans les pays industriali-
de l’aide est maintenue lorsque les indivi-
sés ont visé à inciter les chômeurs à rechercher
dus parviennent, en trouvant du travail, à
plus activement du travail (raccourcissement
de la période d’indemnisation, réduction du atteindre ou à dépasser le seuil ;
montant des allocations de chômage, contrôle – le revenu universel qui doit permettre
plus strict de la recherche d’emploi par les à tous les individus de disposer de moyens
chômeurs, etc.). De même, en matière de lutte d’existence. Mais certains y voient une
contre la pauvreté, le « workfare » a tendance proposition impraticable sur le plan écono-
à se substituer au « welfare », c’est-à-dire que mique et discutable sur le plan éthique.
550
Richesse
551
Rigidité
552
Risque pays
Risque de marché
Risque de crédit Le risque de marché est le risque de pertes auquel
On appelle risque de crédit le risque de contrepar- s’expose un opérateur sur un marché du fait des
tie lorsqu’il survient dans le cadre d’une opération de variations des cours. Ces pertes peuvent résulter
crédit. C’est le risque auquel s’expose un créancier pour l’opérateur d’évolutions défavorables :
dans le cas où un débiteur (sa contrepartie) se révèle – des taux d’intérêt (risque de taux d’intérêt) ;
incapable de respecter ses engagements, c’est-à-dire – des taux de change (risque de change) ;
de rembourser sa dette ou de payer les intérêts de – ou, plus généralement, à des variations de
cette dette. Plus le risque de contrepartie est élevé, cours des actifs sur les marchés financiers ou sur
plus le créancier exigera un taux d’intérêt élevé. les marchés de produits.
À Les agences de notation ont pour mission d’éva- À Le risque de marché est donc lié à la volatilité des
luer la fiabilité des opérateurs sur les marchés cours et à l’importance des positions prises par les
financiers et donc le risque de contrepartie. opérateurs.
Ü Monnaie Ü Finances internationales, Monnaie
Agence de notation, Antisélection, Règles pruden- Risque de crédit, Risque de liquidité, Spéculation
tielles, Risque de liquidité, Risque de marché, Soute-
nabilité de la dette
Risque de système
Risque systémique
Risque de défaut
Le risque de défaut est celui qui résulte du non-
paiement par un débiteur du principal et/ou de Risque moral
l’intérêt de sa dette. On dit que le débiteur fait
Aléa moral
défaut (ou qu’il est défaillant).
L’expression est synonyme de risque de crédit.
Ü Monnaie, Fluctuations et crises économiques Risque opérationnel
Agence de notation, CDS, Règles prudentielles, Risque
de liquidité, Risque de marché, Risque opérationnel Sur les marchés (et notamment sur les marchés
financiers) le risque opérationnel est celui qui
résulte de la défaillance d’un agent (erreur, fraude),
Risque de liquidité d’une panne informatique, d’une défaillance du
Sur les marchés financiers, le risque de liquidité contrôle interne, d’un événement extérieur, etc.
est le risque auquel s’expose un opérateur, dont Ü Fluctuations et crises économiques, Monnaie
la situation économique peut être saine, mais qui Règles prudentielles, Risque de défaut, Risque de liqui-
n’est pas en mesure de faire face à ses obligations dité, Risque de marché, Trading à haute fréquence
en raison d’une perturbation du marché ou d’une
profondeur insuffisante de ce marché. Par exemple,
un opérateur qui s’est engagé à livrer une certaine
Risque pays
quantité d’une devise à une échéance déterminée, Le risque pays désigne le risque lié aux spécificités
peut être dans l’impossibilité de le faire, soit parce économiques, sociales et politiques des pays avec
que cette quantité de devises n’est pas disponible lesquels les exportateurs et les investisseurs entre-
sur le marché (profondeur insuffisante), soit parce tiennent des relations économiques. Le risque pays
que le cours de la devise a beaucoup monté et que est évalué par les agences de notation.
l’opérateur n’est plus en mesure d’acheter au comp- À Par exemple, en cas d’assurance des exportations,
tant la quantité qu’il doit livrer (perturbation du les primes payées prennent en compte le niveau de
marché). ce risque.
À Le risque de liquidité n’existe pas que sur le marché À Ne pas confondre avec le risque souverain qui ne
financier, les agents économiques (en particulier concerne que la probabilité qu’un État ne puisse
les entreprises) sont exposés à ce risque lorsque pas rembourser sa dette à l’échéance.
leurs avoirs liquides ne leur permettent pas de faire Ü Commerce international, Finances internationales
face à leurs engagements. Firme multinationale, Investissement direct à l’étran-
Ü Monnaie ger (IDE)
553
Risque social
RMA Run
Revenu minimum d’activité Panique bancaire
554
S
Saint-simonisme et des revenus mixtes qui rémunèrent un apport de
Le saint-simonisme est la doctrine économique travail mais aussi de capital.
élaborée par Ch.-H. de Saint-Simon (1760-1825). À Le salaire net perçu par le salarié est à distinguer
Il associe une vision centrée sur l’importance des du coût salarial qui contient en plus les cotisa-
élites et la primauté du travail et de l’industrie, à tions sociales, salariales et patronales, ainsi que
une critique sociale des oisifs (noblesse, haut clergé, les impôts assis sur les salaires (taxe sur les salaires,
magistrats, propriétaires). Pour Saint-Simon, il faut taxe d’apprentissage, etc.).
confier le pouvoir politique aux industriels afin d’as- À Le salaire net augmenté de la part salariale des
surer la transition vers une société rationnelle et fra- cotisations sociales constitue le salaire brut.
ternelle. Il développe l’idée selon laquelle le progrès Si l’on ajoute à ce dernier les cotisations sociales
industriel permettra de remplacer le « gouverne- patronales, on obtient le salaire superbrut.
ment des hommes par l’administration des choses ». À Le salaire prend la plupart du temps une forme
Les conceptions industrialistes du saint-simo- monétaire mais il existe aussi des salaires en nature
nisme exerceront une grande influence sur l’évolu- (par exemple logement de fonction ou voiture
tion du capitalisme français. Un certain nombre de fonction mis à la disposition d’un salarié).
de ses disciples (les frères Pereire, par exemple) À Ne pas confondre salaire et taux de salaire.
auront un rôle important, notamment sous le Ü Marché du travail, emploi et chômage, Revenus
Second Empire, dans la banque et les chemins de Capital humain, Coin fiscal, Traitement
fer. Les conceptions saint-simoniennes ont conti-
nué à se manifester à travers l’action volontariste
de l’État au service du développement industriel. Salaire brut
Ü Économie publique, Entreprises et système productif Le salaire brut correspond à l’intégralité des sommes
Socialisme perçues par le salarié au titre de son contrat de
travail. Il est égal au salaire net auquel s’ajoutent
les cotisations sociales à la charge du salarié. En
Salaire France, le calcul du salaire brut nécessite d’ajou-
Le salaire est le revenu perçu en contrepartie ter également la contribution sociale généralisée
d’un travail salarié, c’est-à-dire effectué pour un (CSG) et la contribution au remboursement de
employeur, privé ou public. En général, les salaires la dette sociale (CRDS).
résultent d’un contrat de travail entre un salarié et À On appelle salaire superbrut le salaire brut auquel
une entreprise. Ils sont le plus souvent fixés dans s’ajoutent les cotisations sociales patronales.
le cadre de conventions collectives conclues entre Ü Revenus
organisations syndicales représentatives des salariés Coin fiscal, Traitement
et organisations patronales.
Dans de nombreux pays développés, le niveau des
salaires ne peut descendre en dessous d’un salaire Salaire d’efficience
minimal. En France, il s’agit du salaire minimum Le salaire d’efficience est le salaire qui maximise
interprofessionnel de croissance (SMIC) qui est les efforts des salariés et donc leur productivité,
fixé et révisé périodiquement par décret des pou- tout en limitant le coût pour l’entreprise. Cette
voirs publics. analyse s’inscrit dans le cadre de la recherche de
En comptabilité nationale, les salaires sont des fondements microéconomiques de la macro-
revenus du travail et forment l’essentiel du revenu économie qui cherche à expliquer pourquoi le
primaire brut des ménages. Ils se distinguent taux de salaire se fixe à un niveau plus élevé que la
des revenus de la propriété, perçus sans travailler, productivité.
555
Salaire de réservation
Dans l’article de J. Yellen (“Efficiency Wage revenus sont versés en contrepartie des cotisations
Models of Unemployment”, 1984), le salaire d’ef- sociales prélevées (patronales et salariales).
ficience trouve son origine dans l’idée qu’un salaire Ü Revenus
plus élevé a une influence positive sur la produc- Redistribution, Salaire, Transferts de redistribution
tivité du salarié et dans l’asymétrie d’information
qui caractérise le contrat de travail. En effet, si
l’entreprise offre un taux de salaire supérieur au Salaire indirect
salaire d’équilibre, cela attire les meilleurs candi- Le terme salaire indirect a deux sens. Il est la plu-
dats à l’embauche. Par ailleurs, pour les personnes part du temps employé comme synonyme de
recrutées, le salaire d’efficience est une incitation salaire différé. Mais il peut également désigner
à l’effort et à une productivité plus élevée car un l’ensemble des éléments de rémunération que
licenciement occasionnerait un manque à gagner le salarié perçoit en vertu de la législation ou
important. d’accords conventionnels en dehors du salaire de
Le taux de salaire peut ainsi s’établir au-dessus de base et des primes (congés payés, financement par
la productivité marginale du travail, ce qui contribue l’entreprise de contrats de prévoyance, etc.).
à rendre compte de la persistance du sous-emploi. Ü Revenus
Cette explication repose sur des comportements
individuels rationnels, on est donc en présence d’un
fondement microéconomique de la situation macroé Salaire médian
conomique d’équilibre de sous-emploi.
Un autre modèle de salaire d’efficience a été pro- Le salaire médian est le salaire dont le montant
posé par G. A. Akerlof (prix Nobel 2001) et repose sépare les salariés en deux groupes de même effec-
sur l’idée que l’efficacité productive d’un salarié tif : 50 % des salariés reçoivent un salaire supérieur
dépend en grande partie de son sentiment d’être ou égal au salaire médian et 50 % des salariés
« bien traité » par l’employeur. Dans ces conditions, perçoivent un salaire inférieur.
offrir un salaire supérieur au salaire de marché Ü Revenus
constitue, de la part de l’employeur, une gratifica- Médiane, Population statistique
tion susceptible d’inciter les travailleurs à fournir
un niveau d’effort plus important.
Ü Marché du travail, emploi et chômage Salaire minimum interprofessionnel
Efficience, Nouvelle école keynésienne (NEK), Nou- de croissance (SMIC)
velle microéconomie Le salaire minimum interprofessionnel de crois-
sance (SMIC) est le salaire minimum légal en
France. Il a été institué en 1970 en remplacement
Salaire de réservation du salaire minimum interprofessionnel garanti
Le salaire de réservation désigne le salaire le plus (SMIG). Sa finalité est non seulement de garantir
faible pour lequel un individu est disposé à accep- le pouvoir d’achat des plus bas salaires, mais aussi
ter un type particulier d’emploi. En théorie, il cor- leur progression, de façon à « assurer aux salariés
respond au niveau de salaire pour lequel le salarié dont les rémunérations sont les plus faibles une
obtient le même niveau de satisfaction qu’il soit participation au développement économique de la
au chômage ou qu’il occupe l’emploi correspon- Nation » (loi du 2 janvier 1970).
dant à ce salaire. Le salarié détermine son salaire Trois mécanismes sont prévus à cet effet :
de réservation en fonction de sa qualification, ––indexation du SMIC sur l’indice des prix
de son expérience, de sa perception du niveau à la consommation de l’INSEE, avec un seuil de
de l’ensemble des salaires sur le marché du travail, déclenchement de 2 % ;
du coût de la recherche d’emploi, etc. ––au 1er janvier de chaque année, son niveau est
Ü Marché du travail, emploi et chômage réajusté, après avis de la commission nationale de
Asymétrie d’information, Économie de l’information, la négociation collective, compte tenu du « déve-
Information, Prix de réserve, Théorie de la recherche loppement économique général », la hausse du
d’emploi pouvoir d’achat du SMIC devant au minimum
être égale à la moitié de celle du salaire moyen
ouvrier ;
Salaire différé ––le gouvernement peut également décider de
Le salaire différé est constitué par l’ensemble des relever le SMIC au-delà de ce minimum légal,
revenus sociaux (remboursement de soins médi- accordant ainsi ce qu’il est convenu d’appeler un
caux, retraite, etc.) perçus par les salariés. Ces « coup de pouce ».
556
Salariat
À Ne pas confondre le SMIC avec une prestation du salaire net nécessite de retirer également la
sociale, le SMIC est un niveau minimal de salaire contribution sociale généralisée (CSG) et
que tout employeur doit respecter. la contribution au remboursement de la
Ü Revenus dette sociale (CRDS).
Indexation, Salaire Ü Revenus
Coin fiscal, Traitement
557
Schéma IS-LM
employeurs, la théorie marxiste met en évidence ––un taux d’intérêt maximal (it) à partir duquel la
l’existence de l’exploitation. production est inélastique au taux d’intérêt (partie
Selon K. Polanyi (La grande transformation, verticale de LM).
1944), le salariat n’a pu s’imposer que grâce au L’équilibre dans le schéma IS-LM n’est pas néces-
démantèlement des formes traditionnelles de soli- sairement un équilibre de plein-emploi, ce qui justifie,
darité et des dispositifs institutionnels chargés de pour les keynésiens, une politique conjoncturelle
prendre en charge la pauvreté (lois sur les pauvres). active.
Ü Marché du travail, emploi et chômage Ü Monnaie, Politique économique
Capitalisme, Libéralisme Équilibre en économie ouverte, Modèle Mundell-
Fleming, Politique mixte, Préférence pour la liquidité
Schéma IS-LM
Le schéma IS-LM a été élaboré par J. Hicks (1904- Science
1981, prix Nobel 1972) et A. Hansen (1887-1975). Au sens le plus général, une science est un ensemble
Il constitue une lecture de Keynes (1883-1946) de savoirs. Progressivement s’est imposée l’idée
qui jette les bases de la synthèse entre l’approche selon laquelle la science est un type particulier
keynésienne et l’approche néoclassique (synthèse de savoir dont la validité découle des méthodes
néoclassique). d’investigation utilisées (cohérence interne des
Le schéma IS-LM analyse la détermination énoncés) et d’une démarche de vérification ou de
simultanée de l’équilibre sur le marché des biens réfutation. La validité des énoncés scientifiques
et services (courbe IS) et sur le marché de la
est donc liée à leur objectivité. On distingue les
monnaie (courbe LM) en établissant des rela-
sciences logico-formelles (logique, mathématiques)
tions entre le taux d’intérêt (i) et la production/
et les sciences de l’empirie (physique, sociologie,
revenu (Y).
science économique).
La courbe IS représente tous les couples (Y, i)
pour lesquels l’épargne (S) et l’investissement (I) À Les savoirs scientifiques se distinguent donc des
sont égaux. La courbe est décroissante : à un taux savoirs ésotériques, philosophiques ou artistiques.
d’intérêt bas correspond un investissement élevé À Aujourd’hui, on parle plus volontiers des sciences
(et une épargne correspondante) et inversement. (chacune ayant sa spécificité), de la « pratique
La courbe LM représente graphiquement tous les scientifique » ou de la « visée scientifique » afin
couples (Y, i) pour lesquels l’offre et la demande de souligner le caractère dynamique des énoncés
de monnaie sont égales. La courbe est croissante scientifiques. Ces énoncés ont, pour l’épistémo-
car si le revenu s’élève (Y), la demande de mon- logie contemporaine, un caractère conjectural et
naie pour motif de transaction s’élève aussi (L1). Si provisoire. Ils ne sont pas considérés comme des
l’on suppose que l’offre de monnaie (M) est don- vérités définitives.
née, alors le taux d’intérêt doit s’élever pour que Ü Épistémologie économique
la demande de monnaie pour motif de spéculation Cumulativité, Dualisme méthodologique, Monisme
(L2) diminue, ce qui permet d’obtenir à nouveau méthodologique, Positivisme, Rationalisme critique,
l’égalité entre la demande de monnaie (L1 + L2) et Scientisme
l’offre de monnaie.
i
Science économique
IS LM La science économique est la discipline scienti-
fique qui se propose d’étudier la coordination
it
des actions des agents économiques qui participent
à la production, à la répartition et à la consom
ie E mation des richesses.
io L’étude de la coordination se rapporte à la fois
aux marchés, aux institutions, aux conventions,
YE Y aux organisations, aux contrats, etc.
O
Sous l’effet d’un processus de spécialisation
Il existe : commun à toutes les disciplines scientifiques, la
––un taux d’intérêt minimal (io) au-dessous science économique est composée de nombreuses
duquel la demande de monnaie devient illimitée branches : économie du travail, économie du
en raison du motif de spéculation : c’est la trappe commerce international, économie de la santé,
à liquidité, partie horizontale de la courbe LM ; économie de l’environnement, etc.
558
Secteur d’activité
Elle est aussi traversée par des courants théo- Seconde mondialisation
riques ou des paradigmes divers : École classique, La seconde mondialisation désigne l’accélération de
École néoclassique, théorie marxiste, École autri- l’internationalisation des économies à partir des
chienne, théorie keynésienne, etc. années 1980. Elle succède à la première mondiali-
Ü Épistémologie économique sation identifiée par S. Berger entre 1870 et 1914.
Réalisme des hypothèses, Science La seconde mondialisation est marquée par une
baisse importante des coûts de transport, une frag-
mentation internationale de la chaîne de valeur,
Science normale le rôle croissant des firmes multinationales et des
Pour Th. Kuhn (1922-1996), une période de science économies émergentes ainsi qu’une globalisation
normale est une période au cours de laquelle, dans financière.
une discipline donnée, les chercheurs conduisent Ü Commerce international, Intégration économique,
Mondialisation
leurs activités au sein d’un même paradigme.
Internationalisation de la production, Seconde mon-
À On peut considérer qu’aujourd’hui la démogra-
dialisation
phie est en période de science normale dans le cadre
du paradigme de la transition démographique.
Ü Épistémologie économique Secteur d’activité
Cumulativité, Programme de recherche scientifique, Un secteur d’activité peut se définir de différentes
Révolution scientifique manières. La plus utilisée est aujourd’hui celle de
l’INSEE pour qui « un secteur regroupe des entre-
prises de fabrication, de commerce ou de service qui
Scientisme ont la même activité principale ». Plusieurs classifi-
Le scientisme est la conception selon laquelle la cations des secteurs d’activité par l’INSEE existent
science produit des connaissances certaines qui et se différencient en fonction de la nomenclature
sont susceptibles de résoudre progressivement l’en- d’activités économiques considérée (nomenclature
semble des problèmes que se posent les hommes. d’activités française).
À Le scientisme n’est pas une conception épistémo- Un secteur d’activité est un ensemble d’activités
logique, mais un ensemble de croyances dans le productives présentant des caractéristiques com-
munes.
progrès scientifique et dans la possibilité « d’organi-
Une autre définition des secteurs d’activité dis-
ser scientifiquement l’humanité » selon la formule tingue le secteur primaire (agriculture, forêts,
d’E. Renan (1823-1892). pêche), le secteur secondaire (industrie, bâtiments
Ü Épistémologie économique et travaux publics) et le secteur tertiaire (services).
Positivisme, Rationalisme critique Cette dernière classification est due à A. G. B.
Fisher (The Clash of Progress and Security, 1934). Par
la suite, C. Clark (1905-1989) a rassemblé tout un
SEC 2010 ensemble de données à l’appui des thèses de Fisher
Le SEC 2010 est le Système européen de comptabi- et publié en 1941 Les conditions du progrès écono-
lité nationale dans sa version 2010, qui est entrée en mique. J. Fourastié (1907-1990) (Le grand espoir du
application dans l’Union européenne (UE) depuis vingtième siècle, 1963), qui reprend le découpage
le 1er janvier 2014. L’existence de ce cadre commun de Fisher et Clark, ajoute un autre élément pour
permet de produire des comptes nationaux compa- caractériser chaque secteur : l’intensité du progrès
rables entre eux dans les différents pays puisqu’ils technique.
sont construits à partir d’une méthodologie Selon la loi des trois secteurs, la part respec-
tive des secteurs primaire, secondaire et tertiaire
commune. Le SEC 2010 est la mise en œuvre au
varie avec le niveau de développement écono-
niveau européen du Système de comptabilité mique. Le découpage assez grossier de l’activité
nationale élaboré dans le cadre des Nations unies économique effectué par cette analyse en réduit
(avec la collaboration du FMI et de l’OCDE). considérablement la pertinence, sans compter que
Ü Comptabilité nationale certaines idées centrales comme celle d’un progrès
technique lent dans les services sont aujourd’hui
fausses.
Second marché Ü Productivité
Bourse des valeurs Désindustrialisation, Tertiarisation
559
Secteur d’entreprises
560
Serpent monétaire européen
––une approche qui défend les droits des salariés moyens de paiement (compte de dépôts, comptes à
mais qui fait obstacle aux adaptations de l’emploi terme) soit à la gestion de patrimoine et au conseil
qui résultent de la croissance économique et du financier. Les économistes favorables à la séparation
progrès technique. bancaire font valoir qu’une telle règle est de nature
––une approche qui met l’accent sur la flexi à limiter le risque systémique. Aux États-Unis,
bilité mais qui conduit à accepter la précarisation le Glass-Steagall Act a procédé à cette séparation
de l’emploi. bancaire en 1933. En revanche, le Gramm-Leach-
La sécurité sociale professionnelle conduirait Bliley Act de 1999 met fin à la séparation bancaire
à garantir au salarié qu’en cas de perte d’emploi, dans ce pays. L’instauration de la règle Volcker
il conserve des droits sociaux (salaire, protection rétablit partiellement la séparation bancaire.
sociale, etc.), il bénéficie d’une politique active de Ü Monnaie
retour à l’emploi, il bénéficie d’une formation lui Banque d’affaires, Banque de dépôt, Déréglemen
permettant de s’adapter aux exigences des emplois tation, Règle Vickers, Règles prudentielles, Système
créés. bancaire
Ü Marché du travail, emploi et chômage
Flexisécurité, Forme particulière d’emploi, Norme
sociale, Travail décent Série chronologique
On appelle série chronologique une série statis-
tique à deux variables dans laquelle l’une des deux
Segmentation du marché du travail variables est le temps.
La segmentation du marché du travail (ou le dua- On peut repérer quatre mouvements dans une
lisme) désigne l’existence d’une compartimentation série chronologique :
de plusieurs segments du marché du travail. La ––la tendance (trend) qui donne l’allure générale
théorie de la segmentation du marché du travail dis- du phénomène ;
tingue un marché primaire du travail et un marché ––le mouvement saisonnier (par exemple la vente
secondaire. Il y a selon cette théorie une coupure de fraises est différente au mois de mai et au mois
radicale entre les deux marchés quant aux salaires et de décembre…) ;
au niveau des qualifications, de sécurité de l’emploi, ––le mouvement cyclique (fluctuations autour
de protection sociale et de perspectives de carrière. de la tendance) ;
Ü Marché du travail, emploi et chômage ––le mouvement accidentel (par exemple, chute
Contrat zéro heure, Lois Hartz, Ubérisation du chiffre d’affaires à la suite de mauvaises récoltes
pour raisons climatiques).
Ü Fluctuations et crises économiques
Sélection adverse
Antisélection
Serpent monétaire européen
Le serpent monétaire européen est un accord moné-
Sentier de croissance équilibré taire mis en place par les pays de la Communauté
Un sentier de croissance équilibré désigne une économique européenne (CEE) en avril 1972 afin
dynamique d’augmentation de la production de limiter l’instabilité des taux de change au sein
qui assure à la fois l’égalité de l’épargne et de de la Communauté dans un contexte d’instabilité
l’investissement et le plein-emploi des ressources croissante du dollar. Il s’agissait d’organiser un flot-
productives. tement concerté des monnaies des pays membres
Dans le modèle néoclassique de croissance (modèle de la CEE par rapport au dollar en limitant à
de Solow), les mécanismes de marché maintiennent 2,25 % du cours central l’écart maximal instantané
spontanément l’économie sur un sentier de crois- entre deux monnaies.
sance équilibrée grâce à la flexibilité des prix et Le flottement général des monnaies à partir de
des salaires et à la substituabilité des facteurs de 1973 a soumis le serpent monétaire à des tensions
production. de plus en plus fortes, de sorte qu’il s’est peu à peu
Ü Croissance économique réduit à une « zone mark ». C’est cette situation qui
Convergence, Théorie néoclassique a conduit à la mise en place du système monétaire
européen.
Ü Finances internationales, Intégration économique
Séparation bancaire Accords du Smithsonian Institute, Bretton Woods,
On appelle séparation bancaire le fait d’imposer Changes fixes, Changes flottants, Étalon dollar,
aux banques de se consacrer soit à la gestion des Système monétaire international
561
Service
562
Shadow banking
Un écosystème est l’ensemble constitué par les êtres secteurs dans lesquels les monopoles naturels sont
vivants et un certain nombre de conditions géolo- remis en question, mais aussi de certains services
giques, climatiques, hydrologiques, biologiques, publics comme l’éducation, traditionnellement pris
etc. Le concept de services écosystémiques sou- en charge par l’État.
ligne la dépendance des hommes par rapport à la À En Europe, la suppression de certains monopoles
nature. L’économie de l’environnement s’efforce publics et l’ouverture à la concurrence (dans les
de mesurer la valeur des services écosystémiques, ce télécommunications par exemple) s’accompagnent
qui permet de mesurer les pertes subies lorsque des de l’obligation de maintenir un service universel
écosystèmes sont détruits (zones humides, forêts, qui garantit que chaque habitant du pays pourra
littoraux marins, récifs coralliens, etc.). bénéficier du service fourni (télécommunications),
Pour mesurer cette valeur, on distingue la valeur quel que soit le lieu où se trouve son domicile.
d’usage des écosystèmes (par exemple le bois des L’objectif est de remédier à certaines conséquences
forêts, le rôle des abeilles dans la pollinisation, etc.)
négatives de la logique concurrentielle qui conduit
et la valeur de non-usage (par exemple une valeur
les entreprises à abandonner les segments les
de legs et une valeur d’existence).
moins rentables du marché et de respecter ainsi le
Ü Économie et écologie
Capital naturel, Capital naturel critique, Dévelop principe fondamental de l’égalité d’accès au service
pement durable, Économie de l’environnement, Éco- public pour tous.
nomie écologique À L’approche française du service public se caractérise
par une certaine méfiance à l’égard du marché et
considère que dès lors que l’intérêt général est en
Services publics jeu, l’État doit intervenir et se substituer au mar-
Les services publics sont des activités d’intérêt géné- ché (ou le contrôler). L’approche anglo-saxonne au
ral, considérées comme indispensables à la cohé- contraire considère que le marché joue un rôle de
sion sociale et dont les pouvoirs publics assurent la premier plan et ce n’est que dans les situations où
mise en œuvre. Ils répondent à des besoins sociaux le marché révèle son incapacité que les administra-
non satisfaits par le marché. tions publiques prennent à leur charge les services
En France, les services publics obéissent à plu- concernés.
sieurs principes : Ü Économie publique, Politique économique
––le principe de continuité : les services publics Bien collectif
doivent répondre aux besoins sans interruption.
Selon les services, la notion de continuité dif-
fère (permanence pour les urgences hospitalières, Seuil de pauvreté
horaires déterminés pour d’autres) ; Le seuil de pauvreté est le seuil au-dessous duquel
––le principe d’égalité d’accès au service public ; un individu est considéré comme pauvre. Il peut
––le principe de neutralité (satisfaction de l’inté- être défini :
rêt général et non des intérêts particuliers) ; ––en termes absolus, c’est-à-dire par l’évaluation
––le principe de mutabilité (adaptation des ser- monétaire d’un panier de biens dont la consomma-
vices publics aux évolutions des besoins sociaux tels tion est jugée indispensable ;
qu’ils sont définis par les autorités publiques). ––en termes relatifs, par référence au niveau de
Le service public peut être assuré par une admi-
vie médian.
nistration publique (l’Éducation nationale par
L’institut Eurostat et les pays européens mesurent
exemple), une entreprise publique (SNCF) ou
en général le seuil de pauvreté relative à 60 % du
encore par une entreprise privée agissant par délé-
gation et répondant à un cahier des charges précis niveau de vie médian. En France, l’INSEE publie
(concession de la distribution de l’eau). des taux de pauvreté selon divers seuils (40 %,
Les services publics sont aujourd’hui concernés 50 % ou 70 % du niveau de vie médian).
par le mouvement de déréglementation et de pri- Ü Économie du développement, Protection sociale
vatisations. La place des administrations publiques Capabilités, Coûts de l’homme, Indice de pauvreté
dans la prise en charge des services publics recule multidimensionnelle (IPM), Intensité de la pauvreté,
au profit du secteur privé. La pression pour l’ouver- Loi sur les pauvres, Médiane, Pauvreté, Taux de
ture des services publics à la concurrence s’accen- pauvreté, Trappe à pauvreté
tue dans le cadre de l’Union européenne (UE) et au
sein de l’Organisation mondiale du commerce
(OMC). C’est le cas de la poste, des télécommuni- Shadow banking
cations, de l’électricité et du transport ferroviaire, Système bancaire fantôme
563
Shareholder
564
Société d’économie mixte
Ü Économie publique, Épistémologie économique veillance) et les dirigeants de la société qui ont
Loi de Wagner en charge la gestion (président-directeur général
ou bien directoire). Ainsi, les sociétés anonymes
peuvent juridiquement être organisées selon deux
Socialisme de marché régimes : l’un composé d’un conseil d’administra-
Le socialisme de marché est un système écono- tion qui choisit et révoque son président-directeur
mique qui repose sur la socialisation des moyens général (PDG) et l’autre, composé d’un directoire
de production, mais dont la régulation est assurée qui choisit un président-directeur général (PDG) et
par une combinaison de mécanismes de marché et d’un organe de contrôle, le conseil de surveillance.
de planification. À Les actions des plus grandes entreprises sont en
À Historiquement, le socialisme de marché a joué un général cotées en Bourse.
rôle important dans certaines ex-démocraties popu- À Dans le cadre européen, une société européenne (SE)
laires comme dans l’expérience tchécoslovaque du a été créée (législation de 2001 entrée en vigueur en
printemps 1968 et dans le processus de réforme
2004). Quatre modes de constitution d’une SE sont
hongrois des années 1980. Pendant la Perestroïka,
prévus : la constitution par fusion, la constitution
les autorités soviétiques ont tenté d’instaurer une
par création d’une société holding, la constitution
économie socialiste de marché, leur échec a conduit
à la transition vers le capitalisme. sous forme de filiale commune et la transformation
À Ne pas confondre avec économie sociale de mar- d’une société anonyme de droit national. La SE a
ché. un capital minimal de 120 000 euros. Une SE peut
Ü Épistémologie économique, Marchés et prix déplacer son siège social dans toute l’Union euro-
Économie de marché, Interventionnisme, Socialisme péenne (UE) et étendre son activité à tout pays de
l’UE.
Ü Entreprises et système productif
Société Capitalisme actionnarial, Entreprise unipersonnelle
Une société est une entreprise qui appartient à plu- à responsabilité limitée (EURL)
sieurs propriétaires. Selon le Code civil, une société
se définit comme « un contrat par lequel deux ou
plusieurs personnes conviennent de mettre en com- Société à responsabilité limitée
mun des biens ou leur industrie, en vue de partager (SARL)
le bénéfice ou de profiter de l’économie qui pourra La société à responsabilité limitée est une société
en résulter ». On pourrait opposer les entreprises appartenant à un nombre d’associés compris entre
sociétaires aux entreprises individuelles, mais le 2 et 100. Il s’agit d’une forme juridique de société,
statut de l’entreprise unipersonnelle à respon intermédiaire entre la société de capitaux et la
sabilité limitée (EURL) est intermédiaire entre les société de personnes. Elle a été créée en France par
deux. la loi du 7 mars 1925, à partir du modèle allemand
Parmi les sociétés commerciales, on distingue (loi de 1852). Depuis 2003, le montant du capital
généralement, les sociétés de personnes et les social est librement fixé par les associés en fonction
sociétés de capitaux. de la taille, de l’activité, et des besoins en capitaux
Ü Entreprises et système productif
de la société. Les associés s’engagent personnelle-
Droits de propriété, Société anonyme (SA), Société
ment mais ne sont responsables qu’à concurrence
à responsabilité limitée (SARL)
de leur apport et ne peuvent pas céder librement
leur part.
Société anonyme (SA) À L’entreprise unipersonnelle à responsabilité
Une société anonyme est une société de capitaux limitée (EURL) est une forme particulière de SARL.
dont les propriétaires (au moins sept) sont des Ü Entreprises et système productif
actionnaires. Les actions sont librement cessibles Société anonyme
et représentent, avec les apports en nature, le capital
social qui ne doit pas être inférieur à 37 000 euros
en France. La responsabilité de chaque actionnaire Société d’économie mixte
est limitée à son apport. Une société d’économie mixte est une entreprise
Les assemblées générales des actionnaires per- dont la propriété est partagée entre l’État ou une
mettent de désigner par un vote les représentants collectivité publique et des personnes privées.
des actionnaires chargés de surveiller la gestion Ü Économie publique, Entreprises et système productif
(conseil d’administration ou conseil de sur- Entreprise publique, Nationalisation
565
Société d’investissement à capital variable (SICAV)
566
Solde budgétaire structurel
567
Solde commercial
Solde primaire
Le solde primaire désigne la situation budgétaire Solvabilité II (Solvency 2)
avant le paiement du service de la dette. Pour Solvabilité II est une directive européenne adop-
l’État, on parle de déficit primaire (ou d’excédent tée en avril 2009 qui fixe des règles prudentielles
primaire) si le solde est déficitaire avant le paiement concernant les entreprises d’assurance et de réas-
des intérêts de la dette et en ne tenant pas compte surance. La logique est comparable à celle des
des revenus d’actifs financiers. Un solde primaire Accords de Bâle pour le secteur bancaire.
excédentaire peut conduire à un déficit budgétaire Solvabilité II est construit sur trois piliers visant à
si le service de la dette est élevée. Le solde primaire garantir la solvabilité des entreprises d’assurance :
est utilisé en particulier pour connaître le solde bud ––le pilier 1 concerne des exigences de fonds
gétaire permettant de stabiliser ou de diminuer propres qui doivent être suffisants pour faire face
l’endettement. à l’ensemble des risques encourus (risque d’une
Ü Économie publique, Politique économique sinistralité exceptionnelle, risques opérationnels ;
Crise de la zone euro, Déficit budgétaire structurel, risque de marché, etc.) ;
Dette souveraine, Effet boule de neige, Pacte de stabi- ––le pilier 2 concerne la mise en place à
lité et de croissance, Traité sur la stabilité, la coordina- l’intérieur des entreprises d’assurance de dispositifs
tion et la gouvernance (TSCG) d’évaluation et de surveillance des risques et le
contrôle de ces procédures par l’institution chargée
de la supervision du secteur des assurances ;
Solution de coin ––le pilier 3 concerne la discipline de marché, il
On parle de solution de coin (ou solution en coin) repose notamment sur des obligations de publica-
lorsque, face à une alternative, le choix optimal est tions d’information sur les piliers 1 et 2 afin que les
une solution « extrême ». Par exemple, dans la théo- clients et les actionnaires prennent des décisions
rie du consommateur, la solution de coin consiste à en fonction de cette information.
choisir un panier de consommation ne comportant Ü Intégration économique, Monnaie
qu’un seul bien. C’est ce qui se produit lorsque l’hy- Organisme d’assurance d’importance systémique
pothèse de convexité des préférences n’est pas res- (OAIS), Risque systémique, Stabilité financière
pectée. De même en matière de régime de change,
on appelle solution en coin le fait de choisir soit Sommet de Copenhague
un système de change parfaitement rigide, soit au Le sommet de Copenhague s’est déroulé du 7 au
contraire un régime de change parfaitement flexible, 18 décembre 2009. Il s’agissait de la 15e session de
les régimes intermédiaires étant donc écartés. la Conférence des Parties (COP15) à la Conven-
Ü Épistémologie économique tion-Cadre des Nations unies sur les change-
Équilibre du consommateur ments climatiques (CCNUC). Cette session devait
mettre en place le cadre de la politique climatique
au niveau mondial après la fin de la période cou-
Solvabilité verte par le Protocole de Kyoto. Cette conférence
La solvabilité est la capacité d’un agent écono- est généralement considérée comme un échec, dans
mique à rembourser ses dettes et à faire face à ses la mesure où aucun cadre contraignant n’a été mis
engagements grâce à ses revenus et son patrimoine. en place et aucun objectif quantitatif de réduction
568
Soutenabilité de la dette
569
Soutenabilité du développement
570
Spirale prix/salaire
de titres satisfaisant aux exigences de qualité de la sur les effets de domination que provoque le déve-
BCE, elles ne pouvaient donc pas utiliser ces titres loppement du capitalisme à l’échelle mondiale.
comme collatéral pour obtenir des liquidités dans Ü Commerce international
le cadre des procédures normales. Avantage absolu, Avantage comparatif, Commerce
Ü Intégration économique, Monnaie intrabranche, Compétitivité, Courbe du sourire,
Accord de pension, Crise de liquidité, Politique Division internationale du travail (DIT), Firme
monétaire, Politique monétaire non conventionnelle, globale, Théorème HOS
Refinancement bancaire
571
Spillover effects
Spillover effects prix des actifs financiers et/ou par l’incapacité des
Effet de débordement institutions financières à tenir leurs engagements.
Ü Finances internationales, Monnaie, Politique écono-
mique
Spread de crédit Autorité bancaire européenne (ABE), Autorité euro-
péenne des assurances et des pensions professionnelles
Écart de crédit
(AEAPP), Autorité européenne des valeurs mobi-
lières, Bâle III, Comité européen du risque systémique
Stabilisateurs automatiques (CERS), Crise de l’euro, Forum de la stabilité finan-
cière, Mécanisme de surveillance unique (MSU),
Les stabilisateurs automatiques désignent les méca- Règles prudentielles, Risque de crédit, Risque systé-
nismes par lesquels la conjoncture se stabilise mique, Surveillance macroprudentielle, Surveillance
automatiquement grâce à la modification spon- microprudentielle, Système européen de surveillance
tanée du solde budgétaire. Si une récession se financière (SESF)
produit, les recettes diminuent plus rapidement
que les dépenses publiques, ce qui provoque un
déficit budgétaire. Ce dernier atténue la récession. Stabilité hégémonique (théorie de la)
Inversement, en cas de surchauffe économique, La théorie de la stabilité hégémonique énonce que
les recettes progressent plus rapidement que les la stabilité de l’économie mondiale (et plus large-
dépenses. L’excédent budgétaire qui en résulte ment la stabilité géopolitique) est conditionnée par
freine la demande globale et atténue les tensions l’existence d’une puissance mondiale en mesure
inflationnistes. d’imposer ses choix et investie (en fait mais non
À Pour les économistes libéraux, il faut s’en remettre en droit) de responsabilités particulières dans le
au jeu des stabilisateurs automatiques pour gérer fonctionnement de l’économie mondiale. Cette
l’instabilité de l’économie. Pour les keynésiens, approche a été développée dans le cadre de l’éco-
les stabilisateurs automatiques sont généralement nomie politique internationale à partir du début
insuffisants et ils sont favorables à la mise en œuvre des années 1970 en s’appuyant notamment sur les
de politiques discrétionnaires. travaux de Ch. Kindleberger (1910-2003) dans le
Ü Économie publique, Politique économique domaine monétaire et financier. Dans cette pers-
Inflation, Politique budgétaire, Politique d’austérité, pective, au xixe siècle, l’étalon-or était en fait un
Politique de règle, Politique de relance, Politique étalon sterling, c’est la Grande-Bretagne qui assu-
de stabilisation rait la stabilité hégémonique. À partir de 1945,
ce sont les États-Unis qui ont assuré ce rôle. Les
périodes de l’histoire où la stabilité hégémonique
Stabilisation Poincaré n’est pas assurée sont des périodes de crise (crise des
La stabilisation Poincaré est la dévaluation du années 1930, crise du dollar à partir de la fin des
années 1960).
franc conduite par R. Poincaré en juin 1928. Le
Ü Finances internationales, Fluctuations et crises écono-
nouveau franc appelé « franc Poincaré » est défini
miques, Mondialisation
par un poids en or équivalent au cinquième du
franc germinal (soit une dévaluation de 80 %). On
parle également parfois de la stabilisation Poincaré Stagflation
pour désigner l’arrêt de la spéculation contre le
Le terme stagflation désigne une situation macroé-
franc et la stabilisation de sa valeur dès l’arrivée au conomique qui combine un niveau élevé d’inflation
pouvoir de R. Poincaré en 1926. et une faible croissance économique, généralement
Ü Finances internationales associée à un chômage élevé. C’est la contraction
des notions de stagnation et d’inflation.
Ü Fluctuations et crises économiques
Stabilité financière Courbe de Phillips
La stabilité financière est la situation dans laquelle
le système financier est capable de résister aux
chocs et de résorber les déséquilibres financiers. La Stagnation
stabilité financière suppose que les relations entre La stagnation désigne une situation où le taux de
les diverses composantes du système financier se croissance de l’économie est nul.
déroulent sans à-coup et que les performances éco- À Ne pas confondre la stagnation avec la dépres-
nomiques ne soient pas altérées par l’instabilité du sion (baisse de la production) ou la récession
572
Start-up (jeunes pousses)
573
Stérilisation
574
Structure par termes des taux d’intérêt
Stratégie de Lisbonne
La stratégie de Lisbonne est une politique struc- Structure-Comportement-
turelle définie en mars 2000, au Conseil euro- Performance
péen de Lisbonne qui a pour objectif de faire de Modèle Structure-Comportement-Performance
l’Union européenne (UE) « l’économie de la
connaissance la plus compétitive et la plus dyna-
mique du monde à l’horizon 2010 ». Elle constitue Structures de marché
la réponse européenne à la mondialisation face à Les structures de marché désignent les différents types
la concurrence accrue des autres pays développés de marchés selon le nombre d’offreurs et de deman-
et des pays émergents. Cette stratégie repose sur deurs. En règle générale, lorsque le nombre d’agents
trois piliers : économiques est faible, leur pouvoir de marché
––un pilier économique qui met l’accent sur est élevé, sauf dans le cas des marchés contestables.
l’importance des nouvelles technologies ce qui Toutes les structures de marché conduisent à des
équilibres sous-optimaux, en référence à l’équilibre
implique un effort accru en matière de recherche-
concurrence pure et parfaite (l’optimum).
développement (les dépenses de recherche-
développement devraient atteindre 3 % du produit Offreurs
intérieur brut) ; Un seul Quelques Infinité
––un pilier social qui implique l’augmenta- Demandeurs
tion des taux de scolarisation (50 % d’une classe
Monopole Monopsone
d’âge au niveau bac + 3), ainsi que la lutte contre Un seul
bilatéral contrarié
Monopsone
la pauvreté et l’exclusion.
Monopole Oligopole
––un pilier environnemental ajouté en juin 2001, Quelques Oligopsone
contrarié bilatéral
lors du Conseil européen de Göteborg, qui vise
Concurrence
à une croissance économique plus économe
Infinité Monopole Oligopole pure
dans l’utilisation des ressources naturelles.
et parfaite
––Ces objectifs n’ont pas été atteints en 2010.
Le Conseil européen de mars 2008 a ouvert une Ü Marchés et prix
réflexion sur l’avenir de la stratégie de Lisbonne après Économie industrielle, Lois anti-trust, Politique de la
2010, et a débouché sur la politique Europe 2020. concurrence, Système productif
À Ne pas confondre la stratégie de Lisbonne avec le
Traité de Lisbonne.
Ü Intégration économique
Structure par termes
Économie de la connaissance, Eurosystème, Gouver- des taux d’intérêt
nance, Méthode ouverte de coordination, Mondi La structure par termes des taux d’intérêt désigne
alisation, Pacte de stabilité et de croissance le niveau relatif des taux d’intérêt à court terme et
à long terme. La configuration normale implique
que les taux d’intérêt à court terme sont inférieurs
Structure aux taux d’intérêt à long terme du fait d’une plus
Une structure est un ensemble d’éléments interdé- grande préférence pour le présent et/ou d’une prise
de risque plus élevée sur le long terme.
pendants tels que, si l’on modifie un élément ou
Une structure des taux inversée (les taux courts
une relation, l’ensemble est modifié.
sont plus élevés que les taux longs) témoigne d’une
On peut parler de la structure par âge d’une popu- forte tension sur le marché de l’argent à court terme.
lation, de la structure par secteurs d’activité d’une Un certain nombre de théories ont tenté d’ex-
économie, de la structure d’une entreprise, etc. pliquer les relations entre les taux courts et les
Un phénomène est dit structurel (opposé à taux longs : notamment, la théorie de la prime de
conjoncturel) si : risque et la théorie de l’habitat préféré.
––il est inhérent au mode d’organisation d’une Ü Capital et investissement, Consommation et épargne,
entreprise, d’un système, d’une société ; Monnaie, Finances internationales
––il est durable et non conjoncturel. Aversion pour le risque, Courbe des taux, Préférence
Ü Épistémologie économique pour la liquidité, Twist monétaire
575
Subsidiarité
Subsidiarité Subvention
Le principe de subsidiarité (originaire de la théolo- Une subvention est une somme versée par les auto-
gie médiévale) est une règle relative à l’intervention rités publiques afin de venir en aide à une unité
des pouvoirs publics qui stipule qu’une décision ne économique (entreprise, ménage, collectivité ter-
doit pas être traitée au niveau d’une instance supé- ritoriale, etc.) pour la réalisation d’un objectif jugé
rieure (État par exemple) si elle peut l’être par les économiquement et/ou socialement souhaitable
acteurs directement concernés à un rang inférieur (création d’emplois, maintien d’activités agricoles,
(région, commune, famille, etc.). création culturelle, etc.).
Depuis le Traité de Maastricht (1992), le prin- À Les subventions distribuées aux secteurs concur-
cipe de subsidiarité est reconnu par l’Union euro- rentiels sont accusées de fausser le jeu de la
péenne (UE), ce qui implique que : concurrence et font l’objet de contestations. La
––l’Union européenne n’a pas à trancher des commission européenne vérifie que les subventions
questions qui peuvent se régler au niveau des États versées par les États ne faussent pas la concurrence.
nations ou des régions ; Ü Politique économique
––l’Union ne doit pas empêcher les personnes Concurrence, Dépenses fiscales, Libre-échange, Poli-
physiques ou morales et les groupes sociaux de tique agricole commune (PAC), Politique com-
conduire les actions qu’elles souhaitent mener au merciale stratégique, Politique de la concurrence,
profit de l’intérêt général ; Politique industrielle, Préférence communautaire
––l’Union doit intervenir pour développer les
politiques économiques et sociales jugées néces-
saires mais qui ne peuvent pas être réalisées de façon Subvention à l’exportation
plus efficace à un niveau de compétence inférieur. Subvention
Ü Intégration économique
Méthode ouverte de coordination
Sudden stop
Un sudden stop est l’arrêt brutal de l’entrée de
Substituabilité des facteurs capitaux dans une économie. Par exemple, après le
Les facteurs de production sont substituables passage à l’euro, les pays du sud de la zone euro ont
lorsqu’un même niveau de production peut être bénéficié d’importantes entrées de capitaux à des
obtenu par des combinaisons productives dif- taux d’intérêt faibles, leur permettant de compen-
férentes : les unes intensives en capital, les autres ser le déficit de leur balance des transactions cou-
intensives en travail. rantes. Mais la révélation des difficultés de la Grèce a
Dans la théorie néoclassique, la substituabilité provoqué un sudden stop qui a aggravé les difficultés
des facteurs conduit à ce que le choix d’une com- de financement de plusieurs pays concernés (hausse
binaison productive dépende essentiellement des des écarts de crédit, hausse du prix des CDS).
prix relatifs des facteurs (le budget du producteur Le sudden stop est l’un des facteurs explicatifs de
est donné). Par exemple, si le prix relatif du travail la transmission des crises financières à l’écono-
augmente, il y a substitution du capital au travail, mie réelle. En effet, l’arrêt des entrées de capitaux
dans ce cas, l’utilisation du capital remplace celle conduit à une restriction du crédit à l’intérieur des
du travail dans la combinaison productive. pays concernés (éclatement de la crise immobilière
À Les facteurs de production peuvent ne pas être en Espagne). De plus, pour réduire leurs déficits
substituables, ils sont alors complémentaires et extérieurs, les pays concernés sont conduits à mettre
doivent être combinés dans des proportions fixes en place des politiques vigoureuses de compression
imposées par la technique. de la demande intérieure qui se traduit par une
Ü Croissance économique, Marchés et prix baisse de la croissance (voire par une dépression)
Fonction de production, Isoquant, Modèle Solow, et par une hausse du chômage.
Sentier de croissance équilibrée, Stratégie de croissance Ü Finances internationales, Fluctuations et crises écono-
équilibrée, Taux marginal de substitution technique miques, Monnaie, Politique économique
Initiative de Chiang Mai, Stabilité financière, Vol
vers la qualité
Substitution capital/travail
Substituabilité des facteurs
Supervision bancaire
La supervision bancaire (ou surveillance bancaire)
Substitution d’importations consiste pour les autorités de régulation à prévenir
Industrialisation par substitution d’importations les crises bancaires en s’assurant du respect par
576
Surplus du consommateur
577
Surplus du producteur
Surplus du
Survaleur
producteur Plus-value
O
P*
E Surveillance macroprudentielle
La surveillance macroprudentielle porte sur la sta-
P’
bilité d’ensemble du système financier. Elle vise à
mettre en place des procédures d’alerte en cas de
0
Q* Q risque accru d’instabilité (il s’agit notamment de
prévenir et de traiter le risque systémique). En
À Le concept de surplus peut s’appliquer aussi à l’en- zone euro, la mise en œuvre du Traité sur la sta-
semble à des producteurs. Le surplus des produc- bilité, la coordination et la gouvernance (TSCG)
teurs désigne alors le gain collectif des producteurs. relève de la surveillance macroprudentielle.
578
Système bancaire
Ü Finances internationales, Fluctuations et crises écono- opération financière internationale (octroi d’un
miques, Monnaie, Politique économique eurocrédit par exemple).
Autorité de contrôle prudentiel, Banque centrale, Ü Finances internationales
Écart de crédit, Liquidité, Risque de défaut, Solvabi- Globalisation financière
lité, Stabilité financière, Vol vers la qualité
Synthèse néoclassique
Surveillance microprudentielle L’expression synthèse néoclassique désigne un cou-
La surveillance microprudentielle s’exerce au rant d’analyse qui s’est efforcé d’intégrer les apports
niveau des établissements financiers. Elle porte J. M. Keynes (1883-1946) à la tradition néoclassique.
notamment sur le respect des règles prudentielles Ce courant a été très influent de la fin de la Seconde
par ces établissements et s’assure de la mise en place Guerre mondiale jusqu’au milieu des années 1970
de dispositifs internes de contrôle des risques par et s’est illustré par les travaux de P. A. Samuelson
les institutions financières. Dans la zone euro, la (prix Nobel 1970), de J. R. Hicks (prix Nobel 1972)
mise en place d’une Union bancaire relève de la et de R. Solow (prix Nobel 1987).
surveillance microprudentielle. À Ne pas confondre avec nouvelle synthèse néo
Ü Finances internationales, Fluctuations et crises écono- classique.
miques, Monnaie, Politique économique Ü Épistémologie économique
Autorité de contrôle prudentiel, Banque centrale, Néokeynésiens, Schéma IS/LM, Théorie économique,
Liquidité, Politique monétaire, Risque de défaut, Théorie keynésienne, Théorie néoclassique
Solvabilité, Stabilité financière
Système
Swap Un système est un ensemble d’éléments interdé-
Échange financier pendants tels que, si on modifie l’un des éléments
ou l’une des relations, on affecte le fonctionnement
du système lui-même. Un système est générale-
Syndicat ment doté d’une procédure ou d’un mécanisme
Le terme « syndicat » peut revêtir trois significations de régulation qui assure sa reproduction, c’est-
différentes. Ce terme peut désigner un ensemble de à-dire à la fois sa stabilité et son dynamisme. Un
personnes qui coopèrent pour atteindre un objec- système est aussi doté d’une capacité d’adaptation
tif commun (syndicats de locataires, syndicats de à son environnement.
gestion des eaux, etc.). Un syndicat peut aussi être Ü Épistémologie économique
une association professionnelle qui regroupe des Institution, Organisation, Structure, Système écono-
personnes exerçant la même profession (syndicats mique
d’architectes par exemple) ou des métiers similaires.
Mais le plus souvent, le terme syndicat désigne
les syndicats de salariés, bien qu’il existe également Système bancaire
des syndicats d’employeurs comme le Mouvement Un système bancaire est composé des banques de
des entreprises de France (MEDEF). second rang, d’une banque centrale, d’une régle-
La liberté syndicale des salariés a été reconnue en
mentation encadrant les activités bancaires avec
France par la loi dite Waldeck-Rousseau de 1884, des instances de contrôle du respect des règles. Il
la section syndicale d’entreprise a été reconnue ena un pouvoir de création de monnaie à travers le
1968 à l’occasion des Accords de Grenelle. Les syn-crédit et il joue un rôle essentiel dans le finance-
dicats contribuent à l’institutionnalisation du rap-
ment de l’économie.
port salarial et ils jouent un rôle fondamental dans Tout système bancaire évolue avec le niveau de
les conventions collectives et les conflits du travail.
développement de l’économie, l’accroissement
Ü Entreprises et système productif de la concurrence (interne et internationale), les
Capitalisme actionnarial, Cogestion, Coopération, nouvelles technologies (par exemple l’Internet crée
Économie de marché coordonnée, Régulation concur- de nouveaux canaux bancaires), les règles pruden-
rentielle, Régulation monopoliste tielles, la déréglementation, l’orientation de la
politique monétaire, etc.
Ü Finances internationales, Monnaie
Syndication Autorités monétaires, Commission bancaire, Con
La syndication est la constitution d’un syndicat fiance, Crédibilité, Diviseur de crédit, Eurosystème,
(regroupement) bancaire pour le montage d’une Marché monétaire, Monnaie scripturale, Multiplica
579
Système bancaire de l’ombre
teur de crédit, Prêteur en dernier ressort, Règle des dates futures et toutes les localisations. Cette infor-
3 D, Risque de système, Système européen de banques mation est disponible dans son intégralité à l’instant
centrales (SEBC), Système monétaire international, T0 et pour toutes les périodes futures. Il n’y a donc
Taux d’intermédiation, Titrisation aucune incertitude puisque les agents connaissent les
prix pour toutes les périodes dès le début de la pre-
mière période. Dans ces conditions les agents décident
Système bancaire de l’ombre en univers certain et sont en mesure de formuler leurs
Système bancaire fantôme offres et leurs demandes sur tous les marchés.
À L’existence d’un système complet de marché est
l’un des axiomes du modèle d’équilibre général
Système bancaire fantôme élaboré par K. Arrow et G. Debreu.
(shadow banking system) Ü Épistémologie économique, Marchés et prix
Apurement des marchés, Équilibre concurrentiel,
Le Conseil de stabilité financière définit le sys- Modèle Arrow-Debreu
tème bancaire fantôme comme étant le système
d’intermédiation de crédit auquel concourent des
entités qui ne font pas partie du système bancaire Système économique
classique et qui cherchent à contourner la régle-
Un système économique est constitué de l’en-
mentation bancaire existante. Il s’agit d’entités qui, semble des agents économiques et des institutions
bien que n’étant pas soumises à la réglementation qui contribuent à la production, à la répartition
des institutions bancaires, mènent notamment et à la consommation des richesses. On parle
les activités suivantes : accepter des dépôts ; réali- par exemple de système économique capitaliste,
ser des opérations de transformation d’échéance ; de système économique socialiste, etc.
permettre des transferts de risque de crédit ; avoir À Il existe diverses typologies des systèmes économiques.
recours au levier financier ; pratiquer la titrisation, Par exemple, B. Hildebrand (1812-1878) distingue
les prêts de titres et les opérations de pension. l’«
économie de troc », l’« économie monétaire »
On parle aussi de système bancaire parallèle ou et l’« économie de crédit ». K. Marx (1818-1883),
de système bancaire de l’ombre. Ces activités finan- pour sa part distingue des modes de production.
cières non réglementées font l’objet d’un débat : À R. Heilbroner (1919-2005) distingue trois grands
pour certains elles ont un impact négatif sur la sta- principes de fonctionnement des systèmes éco
bilité financière ; pour d’autres, elles contribuent nomiques : la tradition, l’autorité et le marché.
utilement au financement de l’économie, mais elles Ü Épistémologie économique, Marchés et prix
doivent être davantage régulées. Capitalisme, Communisme, Coordination, Économie de
À La volonté de renforcer la réglementation de troc, Économie monétaire, Économie sociale, Socialisme
ce système bancaire fantôme s’est renforcée depuis
la crise des subprimes. On lui reproche notamment
de favoriser l’évasion fiscale et le financement Système européen
d’activités illicites. de banques centrales (SEBC)
Ü Finances internationales, Monnaie Le SEBC regroupe la Banque centrale européenne
Arbitrage réglementaire, Groupe d’action financière, (BCE) et les banques centrales nationales des
Risque de système, Véhicule de titrisation États membres de l’Union européenne. Il com-
prend donc les membres de l’eurosystème et les
pays qui n’ont pas adopté l’euro mais qui parti-
Système bancaire parallèle cipent au mécanisme de change européen.
Système bancaire fantôme À Ne pas confondre avec eurosystème.
Ü Finances internationales, Intégration économique,
Monnaie
Système complet de marchés Traité de Maastricht
Un système complet de marchés est l’une des hypo-
thèses nécessaires à la démonstration de l’existence
de l’équilibre général exposée par K. Arrow et Système européen de surveillance
G. Debreu (1921-2004). Un système complet de financière (SESF)
marchés désigne l’ensemble de marchés de concur- Le Système européen de surveillance financière
rence pure et parfaite pour tous les biens et tous les (SESF) regroupe le Comité européen du risque
facteurs de production de l’économie, les marchés à systémique chargé de la surveillance macropru-
un moment donné mais aussi les marchés à toutes les dentielle et les trois organismes chargés de la
580
Système productif
581
Système technique
Ü
Capital et investissement, Croissance économique, est un ensemble de cohérences qui se tissent à une
Entreprises et système productif, Fluctuations et crises époque donnée entre les différentes technologies et
économiques, Marchés et prix, Mondialisation qui permettent à l’évolution technique de se stabi-
Concentration des entreprises, Concurrence, Division liser pour une durée plus ou moins longue. Ceci
du travail, Économie d’échelle, Économie de la connais- suppose des convergences entre les domaines scien-
sance, Économie géographique, Effet d’agglomération, tifiques et techniques d’une part et leur diffusion
Firme multinationale, Industrialisation, Innovation, dans le tissu industriel d’autre part.
Méso-économie, Monopole, Pôle de croissance, Tertia-
Un système technique façonne les structures éco-
risation
nomiques (production, consommation, organi-
sation du travail, intervention de l’État, etc.) mais
Système technique aussi les structures sociales (division du travail,
Un système technique désigne un ensemble d’in- emplois, système juridique, politique etc.).
terrelations entre les techniques au cours d’une Ü Fluctuations et crises économiques
période de l’histoire. Selon B. Gilles (Histoire des Crise du fordisme, Croissance endogène, Cycle Kondra-
techniques, 1978), une technique isolée n’acquiert tiev, Fordisme, Frontière technologique, Innovation,
son efficacité qu’en relation avec des techniques Grappe d’innovation, Nouvelle économie, Révolution
« affluentes ». Pour cet auteur, un système technique industrielle, Système national d’innovation
582
T
Tableau des opérations financières entre les trois classes de la société (propriétaires
(TOF) fonciers, agriculteurs et « classe stérile » composée
des artisans). Pour les physiocrates, seuls les agricul-
Dans la comptabilité nationale, le tableau des
teurs produisent de la richesse (produit net). Cette
opérations financières (TOF) retrace les flux et
richesse est ensuite en partie utilisée pour payer la
les stocks d’avoirs monétaires et financiers pour rente aux propriétaires fonciers et pour financer les
chaque secteur institutionnel. achats aux artisans. Ces derniers sont considérés
Ü Comptabilité nationale comme une classe stérile dans la mesure où ils ne
Financement de l’économie créent pas de richesse nette mais se contentent de
transformer la richesse déjà existante (par exemple
le blé en farine et en pain).
Tableau économique d’ensemble
L’analyse du tableau économique relève d’une
(TEE) approche en termes de circuit et constitue l’ancêtre
Dans la comptabilité nationale, le tableau écono- lointain de la comptabilité nationale.
mique d’ensemble (TEE) est le tableau de synthèse, Ü Épistémologie économique
retraçant les emplois et les ressources de chaque Circuit économique, École physiocratique, Théorie
secteur institutionnel, classés par nature d’opéra- économique
tion (opérations sur les produits, opérations de
répartition, opérations financières), en retraçant
les comptes de tous les secteurs institutionnels. Tableau entrées-sorties (TES)
Par exemple, grâce au TEE, on peut connaître : Dans la comptabilité nationale, le tableau d’en-
––l’apport de chaque secteur institutionnel au trées-sorties (TES) synthétise les opérations sur
produit intérieur brut (PIB) ; biens et services. Ce tableau découle directement
––les revenus qui en découlent pour chacun de du tableau input-output dressé par W. Leontief
ces secteurs (puisque l’apport productif de chacun (1906-1999, prix Nobel en 1973).
engendre des salaires, des impôts, des intérêts, Pour chaque produit, le TES établit l’équilibre
etc., versés à certains autres agents) ; emplois/ressources avec (en ligne) les achats de
––la façon dont ces revenus sont utilisés chaque branche à chacune des autres branches et
(consommation, épargne, investissements). (en colonne) la destination des productions de
Le TEE donne une vision synthétique du fonc- chaque branche (consommation finale totale,
tionnement d’une économie. exportations, investissements).
À Dans le système européen de comptabilité Le TES permet de :
(SEC 2010), ce tableau est appelé « comptes éco- ––calculer les coefficients techniques de pro-
nomiques intégrés ». Les comptables nationaux duction pour chaque branche ;
français ont préféré conserver l’ancienne dénomi- ––établir la valeur ajoutée (brute).
nation de tableau économique d’ensemble. À Le TES permet, d’estimer l’impact d’une politique
Ü Comptabilité nationale de relance ciblée de l’activité d’une branche (le
Tableau entrées-sorties (TES) bâtiment par exemple) sur l’ensemble de l’écono-
mie. Plus les liens sont forts, plus l’impact de la
modification de production de cette branche sera
Tableau économique des physiocrates important sur les autres branches auxquelles elle
Le tableau économique des physiocrates a été éla- est liée.
boré par F. Quesnay (1694-1774) afin de repré- Ü Comptabilité nationale
senter les relations économiques (flux de revenus) Tableau économique d’ensemble (TEE)
583
Taches solaires
Tâtonnement walrasien
Tarif optimal On appelle tâtonnement walrasien le processus
En économie internationale, le tarif optimal est un par lequel, sur un marché de concurrence pure et
protectionnisme tarifaire qui améliore la situation parfaite, la centralisation des offres et des demandes
d’un grand pays importateur. par un commissaire-priseur conduit à la définition
Dans le grand pays qui le met en place, le droit d’un prix d’équilibre. Le commissaire-priseur est un
de douane (tariff en anglais) provoque une dimi- « crieur de prix ». Si le prix qu’il annonce n’assure pas
nution de la demande qui conduit à une forte l’égalité des quantités offertes et demandées, il propose
baisse du prix mondial. Il en résulte une hausse du un prix plus élevé si la quantité demandée est supérieure
bien-être dans ce pays qui est la conséquence de la à la quantité offerte et un prix plus faible si la quantité
baisse des prix dont bénéficient les consommateurs offerte est supérieure à la quantité demandée. Le prix
et de la hausse des recettes fiscales. Cette approche converge ainsi vers l’équilibre par essais et erreurs.
stratégique du protectionnisme où les termes À Les demandes et les offres formulées par les agents
de l’échange d’un pays s’améliorent au détriment économiques pour chaque prix lancé ne sont que
des autres, néglige les mesures de représailles. des intentions d’achat et de vente. On parle d’offre
Ü Commerce international, Marchés et prix, Politique notionnelle ou de demande notionnelle.
économique Ü Épistémologie économique, Marchés et prix
Avantage comparatif, Dégradation des termes de Fonction paramétrique des prix, Théorie néoclassique,
l’échange, Élasticité, Libre-échange, Mercantilisme, Viscosité des prix
Organisation mondiale du commerce (OMC), Pro-
tection effective, Triangle de Harberger
Taux d’accumulation
Le taux d’accumulation est le taux de croissance
Tariff Hawley-Smoot du capital soit le rapport entre l’investissement
Loi Hawley Smoot net et le stock de capital (∆K/K).
584
Taux d’emploi
À Ne pas confondre avec taux d’investissement. Le taux d’actualisation est aussi utilisé pour
Ü Capital et investissement, Croissance économique, évaluer par exemple les effets des investisse-
Fluctuations et crises économiques ments publics ou encore les coûts économiques
Accumulation du capital, Accumulation primitive du changement climatique, de la dégradation
du capital, État stationnaire, Investissement brut, de l’environnement, etc. En France, le rapport
Obsolescence d’experts dirigé par D. Lebègue (Révision du
taux d’actualisation des investissements publics,
2005) montre que la valeur actualisée d’une
Taux d’activité somme d’un million d’euros dans 30 ans est de
Le taux d’activité mesure le rapport entre la popu- 552 000 euros avec un taux d’actualisation de
lation active et la population totale correspondante 2 % et de 99 000 euros avec un taux de 8 %. Ce
(généralement la population de plus de 15 ans). rapport préconise de faire baisser le taux d’actua-
On peut calculer un taux d’activité global (popu- lisation des investissements publics de 8 à 4 %. Le
lation active sur population totale), un taux d’acti- rapport Stern, qui cherche notamment à montrer
vité par sexe (pour les femmes : population active le coût de l’inaction en matière de politique envi-
féminine divisée par le nombre total de femmes) ronnementale, a été critiqué pour avoir choisi un
ou des taux d’activité pour chaque tranche d’âge taux d’actualisation proche de zéro, ce qui revient
(population active âgée de 25 à 29 ans divisée par à obtenir une valeur élevée des coûts environ
le nombre total de personnes âgées de 25 à 29 ans). nementaux futurs.
À Ne pas confondre avec taux d’emploi. À Le taux d’actualisation est un indicateur de la
Ü Marché du travail, emploi et chômage préférence pour le présent. Le rapport Lebègue
Part des chômeurs, Taux de chômage, Taux de partici- le définit ainsi comme « un taux de substitution
pation au marché du travail entre le futur et le présent ; il traduit la valeur
du temps pour une entreprise ou une collectivité :
c’est en quelque sorte le prix du temps. »
Taux d’actualisation
Ü Capital et investissement, Économie et écologie
Le taux d’actualisation est un paramètre qui permet Actualisation, Arbitrage intertemporel, Profitabilité,
de calculer la valeur actualisée (ou valeur actuelle) Q de Tobin, Rentabilité économique, Taux de renta-
d’un revenu ou d’un actif disponible plus tard (à bilité économique, Valeur actualisée nette (VAN)
l’année t). La valeur actualisée d’une somme future
à l’année t, Ct, est égale à Co, la valeur d’achat, divi-
sée par (1 + i)t où « i » désigne le taux d’actualisa- Taux d’autofinancement
tion : C0 = Cn/(1 + i)n = Cn(1 + i) – n
Le taux d’autofinancement mesure la part des
Ainsi, la valeur actualisée d’une somme dans un
investissements qu’un agent économique pour-
an, soit C1, est de C0/(1 + 0,3) = C0/(1,03) lorsque
le taux d’actualisation est de 0,03, soit 3 %. Un rait financer avec sa propre épargne.
euro disponible dans une année équivaut donc En comptabilité nationale, le taux d’autofinan
aujourd’hui à 1/1,03 euro, soit 0,97 euro. Avec un cement est le rapport entre l’épargne brute et
taux d’actualisation de 10 %, la valeur actuelle de la formation brute de capital fixe (FBCF).
C1 est de C1 = C0/(1,1) soit 0,91 euro. Un taux À Ne pas confondre le taux d’autofinancement et le
d’actualisation plus élevé réduit donc la valeur taux d’investissement.
actuelle d’une somme future. Ü Capital et investissement
Le taux d’actualisation est d’une grande impor- Autofinancement, Besoin de financement, Capacité
tance pour évaluer la viabilité et/ou la rentabilité de financement, Financement de l’économie
d’un investissement puisqu’il sert à mesurer la
valeur actuelle des recettes futures. Il faut que le
niveau du taux d’actualisation soit tel que la valeur Taux d’emploi
actuelle des recettes futures soit au moins égale au Le taux d’emploi d’une économie est calculé en
coût du projet (ce taux d’actualisation est alors le rapportant le nombre d’individus ayant un emploi
taux de rendement interne). Un niveau plus faible à la population totale. En général, on calcule le
du taux d’actualisation ne peut être accepté car taux d’emploi de la population en âge de travailler :
les recettes futures seraient inférieures au coût de nombre de personnes âgées de 15 à 64 ans ayant un
l’investissement. Par ailleurs, le taux d’actualisation emploi divisé par le nombre total de personnes âgées
ne peut pas être inférieur au taux d’intérêt, un de 15 à 64 ans. On peut calculer aussi le taux d’em-
investissement productif rapporterait alors moins ploi d’une sous-catégorie de la population en âge de
qu’un placement. travailler : par exemple, les hommes de 25 à 29 ans :
585
Taux d’endettement
586
Taux d’intérêt naturel
Le taux d’inflation sous-jacente reflète les ten- le taux d’intérêt se détermine sur le marché des
fonds prêtables par confrontation entre l’offre qui
dances structurelles des variations de l’indice des prix.
À Au niveau européen, il existe un indice des prix à émane des épargnants et la demande qui émane
la consommation harmonisé (IPCH) destiné aux des emprunteurs (investisseurs). Le taux d’intérêt
comparaisons internationales des taux d’inflation est donc le prix qui égalise l’épargne et l’investis-
au sein de l’Union européenne (UE). Ce taux ne sement.
se substitue pas aux taux d’inflation nationaux, ––Pour les économistes keynésiens, le taux d’in-
mais c’est un indicateur majeur dans le cadre de térêt est le prix de la liquidité. L’agent qui prête
l’objectif de stabilité des prix de la Banque centrale des fonds renonce à un avoir liquide (la monnaie)
européenne (BCE). en contrepartie de créances moins liquides. Plus la
Ü Marchés et prix, Politique économique préférence pour la liquidité de l’agent est forte,
Banque centrale, Courbe de Phillips, Déflation, plus il exigera un taux d’intérêt élevé. Le taux d’in-
Désinflation, Effet Boskin, Inflation, Inflation sous- térêt se détermine donc sur le marché de la mon-
jacente, Politique monétaire, Règle de Taylor, Stag- naie par confrontation de l’offre et de la demande
flation, Taux d’intérêt, Traité d’Amsterdam de liquidités.
Ü Monnaie
Effet de levier, Efficacité marginale du capital,
Taux d’intérêt EONIA, Marché interbancaire, Profitabilité, Structure
Le taux d’intérêt est le prix que doivent payer les par termes des taux d’intérêt, Taux de rentabilité finan-
agents économiques qui bénéficient d’un crédit cière, Taux directeur, Taux du marché au jour le jour
(taux d’intérêt débiteur), et c’est aussi le prix que
perçoivent les agents économiques qui ont octroyé
un crédit (taux d’intérêt créditeur). Le taux d’in- Taux d’intérêt monétaire
térêt s’exprime généralement en pourcentage. Un Selon K. Wicksell (1851-1926) le taux d’intérêt
agent qui se voit accorder un découvert ou un monétaire (ou taux d’intérêt courant) est le taux
crédit immobilier par son banquier doit payer un d’intérêt qui se fixe sur le marché de la monnaie
intérêt égal (pour chaque période de temps) au et qui égalise la quantité de monnaie offerte et la
produit du taux d’intérêt par la somme empruntée. quantité de monnaie demandée. Lorsque le taux
Il n’existe pas un seul taux d’intérêt mais plu- d’intérêt naturel est égal au taux d’intérêt moné-
sieurs. On distingue notamment divers taux d’in- taire, on est, selon K. Wicksell et G. Myrdal (1898-
térêt en fonction de la durée du crédit consenti. 1987) en situation d’équilibre monétaire. Dans le
Les taux d’intérêt à court terme sont généralement cas contraire un mécanisme cumulatif wicksellien
plus faibles que les taux d’intérêt à long terme. On se déclenche.
distingue aussi divers taux d’intérêt en fonction Ü Monnaie
des opérations concernées et de la solvabilité des Chômage wicksellien, Demande de monnaie, Effet
emprunteurs. Par exemple, les taux des crédits à la de levier, Offre de monnaie, Taux d’intérêt réel
consommation sont généralement plus élevés que
les taux des crédits immobiliers. Les taux appliqués
aux agents les plus solvables sont plus faibles que Taux d’intérêt naturel
ceux appliqués aux débiteurs qui présentent des Selon K. Wicksell (1851-1926), le taux d’intérêt
risques plus importants de défaillance. naturel est celui qui égalise la quantité offerte et
À Le taux d’intérêt nominal est celui qui repose sur la quantité demandée de fonds prêtables (donc
un raisonnement à prix courants. Le taux d’inté- l’épargne et l’investissement) dans une situation
rêt réel est égal au taux d’intérêt nominal moins le hypothétique où le marché des fonds prêtables ne
taux d’inflation. serait pas affecté par les variables monétaires (par
À Il ne faut pas confondre le taux d’intérêt qui est un exemple si le capital est prêté en nature ou si la
prix et l’intérêt qui est un revenu. création monétaire n’alimente pas le marché des
Il existe deux grandes conceptions du taux fonds prêtables). Le taux d’intérêt naturel corres-
d’intérêt et de l’intérêt : pond à la rentabilité du capital.
––Pour les économistes néoclassiques ou autri- Lorsque le taux d’intérêt naturel est égal au taux
chiens, le taux d’intérêt est le prix du temps. d’intérêt monétaire, on est, selon K. Wicksell et
L’agent qui prête une partie de son épargne G. Myrdal (1899-1992) en situation d’équilibre
renonce à consommer dans l’immédiat. Comme monétaire. Dans le cas contraire un mécanisme
les agents ont une préférence (plus ou moins forte) cumulatif wicksellien se déclenche.
pour le présent, l’intérêt compense le renoncement Ü Monnaie
à la satisfaction immédiate. Dans cette perspective, Chômage wicksellien, Effet de levier
587
Taux d’intérêt réel
588
Taux de chômage d’équilibre
589
Taux de chômage naturel
590
Taux de la facilité de prêt marginal
Taux de flexion
Taux de défaut Le taux de flexion désigne le rapport entre
Le taux de défaut est un ratio entre le nombre de la réduction du nombre de chômeurs et les créations
débiteurs qui font défaut à une échéance donnée et nettes d’emplois (créations-suppressions).
le nombre de prêts accordés sur cette période. Par Si le taux de flexion est inférieur à 1, cela signifie
exemple, si trois emprunts n’ont pas été remboursés qu’il faut une création de plus de n emplois pour
sur un total de 200 crédits, le taux de défaut est obtenir une réduction de n chômeurs. Un faible
de 1,5 %. taux de flexion indique ainsi que, parmi les inac-
À Lorsqu’une banque constate une hausse du taux de tifs, un certain nombre souhaite travailler.
défaut elle accorde moins de crédits ou affine son À On parle de « flexion conjoncturelle des taux d’ac-
étude des dossiers de crédits afin de réduire le taux tivité » pour désigner le fait que, en cas de reprise
de défaut. Le comportement des banques est donc conjoncturelle de la croissance économique, le
pro-cyclique : la contraction des crédits accordés poids des actifs dans la population (taux d’acti-
risque de déprimer l’activité économique et de vité) tend à se gonfler. En effet, certains inactifs
provoquer davantage de défauts. se portent demandeurs d’emploi (des chômeurs
Ü Entreprises et système productif, Finances internatio- découragés notamment).
nales, Monnaie Marché du travail, emploi et chômage
Accélérateur financier, Agence de notation, Credit
crunch, Crédits subprimes, Crise des subprimes,
Cycle du crédit, Défaut de paiement, Risque de crédit, Taux de la facilité de dépôt
Risque de défaut, Soutenabilité de la dette Dans le cadre de la politique monétaire conven-
tionnelle de la Banque centrale européenne
(BCE), le taux de la facilité de dépôt est le taux
Taux de dépendance d’intérêt versé aux banques de second rang qui
Le taux de dépendance ou taux de charge est le déposent des liquidités auprès de la banque cen-
rapport exprimé en pourcentage entre le nombre trale. Il s’agit de l’un des taux directeurs de la BCE.
d’inactifs et le nombre des actifs. Il permet donc C’est le taux plancher du marché interbancaire :
de mesurer le « poids » des inactifs (retraités et en effet, aucune banque de second rang n’accepte
jeunes, etc.) par rapport aux actifs. de recevoir sur le marché une rémunération infé-
À L’augmentation du taux de dépendance est souvent rieure à celle qui est versée par la banque centrale.
évoquée pour justifier les problèmes financiers des À Dans le cadre de la politique monétaire non
régimes de retraite par répartition et préconiser conventionnelle, la Banque centrale peut appli-
l’introduction (partielle ou totale) d’un système de quer un taux d’intérêt négatif sur les dépôts des
retraite par capitalisation. banques de second rang.
Il faut remarquer que l’évolution de la situation Monnaie
financière des régimes de retraite par répartition ne
dépend pas de la seule évolution démographique. Il
faut aussi tenir compte de la conjoncture économique Taux de la facilité de prêt marginal
qui influence le nombre d’actifs occupés et donc le Dans le cadre de la politique monétaire conven-
montant des ressources des organismes de protection tionnelle de la Banque centrale européenne
sociale. Il est alors plus judicieux de calculer le rapport (BCE), le taux de la facilité de prêt marginal est le
(inactifs + chômeurs) / nombre d’actifs. Ce dernier taux d’intérêt que doivent verser les banques de
rapport a l’avantage de montrer que les problèmes de second rang lorsqu’elles souhaitent obtenir direc-
financement des régimes de retraite par répartition tement des liquidités auprès de la banque centrale.
sont démographiques mais aussi économiques. Il s’agit de l’un des taux directeurs de la BCE.
Ü Protection sociale C’est le taux plafond du marché interbancaire : en
Retraite, Taux d’activité effet, aucune banque de second rang n’acceptera
591
Taux de marge
d’emprunter sur le marché à un taux supérieur à À La demande intérieure est donnée par la somme
celui qui est assuré par la banque centrale. algébrique suivante :
Monnaie PIB + Importation – Exportations
À Ne pas confondre avec le taux d’importation.
Ü Commerce international
Taux de marge Taux d’ouverture
Le taux de marge est le rapport entre l’excédent
brut d’exploitation et la valeur ajoutée (ou, au
niveau macroéconomique, le rapport entre l’excé- Taux de plus-value
dent brut d’exploitation et le produit intérieur Dans la théorie marxiste, le taux de plus-value est
brut). le rapport entre la plus-value et le capital variable.
À Le taux de marge est l’un des indicateurs de ren- Ce taux, appelé aussi taux d’exploitation, est le rap-
tabilité. port entre la survaleur créée par la force de travail
Ü Comptabilité nationale, Entreprises et système pro- et la valeur d’échange de cette force de travail.
ductif, Marchés et prix À On dit parfois, mais la formulation est contestable,
Profit, Taux de rentabilité économique, Taux de ren- que le taux de plus-value est le rapport entre le
tabilité financière, Taux de rentabilité interne (TRI) travail non payé et le travail payé.
Baisse tendancielle du taux de profit, Exploitation,
Loi de la valeur
Taux de participation au marché
du travail (ou taux de participation Taux de prélèvement obligatoire
à la population active) Le taux de prélèvements obligatoires se définit par
Le taux de participation au marché du travail le rapport :
mesure la proportion d’une population en âge de
travailler qui a effectivement un emploi ou est à la prélèvements obligatoires
× 100
recherche d’un emploi. PIB
Cette mesure est un complément utile de celle
du taux de chômage. En effet, il peut arriver que le Il est l’indicateur le plus utilisé dans les com-
taux de chômage diminue sans que la situation de paraisons internationales pour mesurer le degré
l’emploi ne s’améliore, ce qui est mis en évidence d’intervention de l’État. Il doit cependant être
par la baisse du taux de participation au marché interprété avec prudence car sa valeur est sensible
du travail (provoquée par une augmentation de au degré de socialisation de certaines consomma-
tions (par exemple la santé et l’éducation) et à l’im-
l’effectif des chômeurs découragés qui deviennent
portance du système de redistribution qui varie
inactifs).
d’un pays à l’autre.
Ü Marché du travail, emploi et chômage
Ü Économie publique, Politique économique
Chômage
Consommation socialisée, Taux d’imposition, Taux
de pression fiscale
Taux de pauvreté
Le taux de pauvreté est le rapport entre l’effectif Taux de pression fiscale
des personnes en situation de pauvreté et la popu- Le taux de pression fiscale se définit par le rapport
lation totale considérée. entre le total des impôts et des taxes et le produit
Ü Revenu intérieur brut. Il s’agit d’un indicateur utilisé en
Intensité de la pauvreté, Seuil de pauvreté général au niveau macroéconomique.
À Ne pas confondre avec le taux de prélèvements
obligatoires.
Taux de pénétration Ü Économie publique
Le taux de pénétration indique la part de la Budget, Taux d’imposition
demande intérieure qui est satisfaite par des importa-
tions. Le taux de pénétration se définit par le rapport :
Taux de profit
Valeur des importations Dans un sens général, le taux de profit désigne le
× 100
Valeur de la demande intérieure rapport entre les profits et les capitaux engagés.
592
Taux de rentabilité économique
Il est alors synonyme de taux de rentabilité Par contre, si un investisseur achète une obliga-
économique. tion sur le marché financier secondaire, son cours
Dans la théorie marxiste, le taux de profit est sera différent de son prix d’émission. Dans ce cas,
le rapport entre la plus-value et la somme du le TRAB est alors le taux de rentabilité ou le taux
capital constant et du capital variable. d’actualisation pour lequel le prix du titre est égal à
Ü Revenus la somme de la valeur actualisée des revenus futurs,
Baisse tendancielle du taux de profit, Taux de marge, revenus essentiellement composés du rembourse-
Taux de rentabilité économique, Taux de rentabilité
ment du capital de l’obligation et des intérêts com-
financière
posés. La valeur du TRAB est en général différente
de celle du taux d’intérêt nominal du titre.
Taux de réallocation d’emplois On calcule le TRAB de la façon suivante :
Le taux de réallocation d’emploi est égal à la somme TRAB = (VF/Cours de l’obligation)1/n – 1
du taux de création d’emplois et du taux de des- Ü Capital et investissement, Consommation et épargne
truction d’emploi. Les évolutions de l’emploi et Actualisation, Risque, Taux de rendement interne
du chômage sont fortement liées à la valeur de ce (TRI), Valeur actualisée nette
taux car dans une économie en croissance, il y a en
permanence des emplois détruits et des emplois créés
en liaison avec le processus de destruction créatrice. Taux de rendement interne (TRI)
L’emploi augmente si le taux de création est supérieur Le taux de rendement interne (TRI) est le taux
au taux de destruction et le taux de chômage sera d’actualisation qui égalise la valeur actuelle des
d’autant plus faible que la transition des actifs entre
flux attendus de recettes d’un investissement et
emplois détruits et emplois créés sera plus rapide.
Ü Marché du travail, emploi et chômage la dépense que celui-ci nécessite. Autrement dit, le
Taux de chômage TRI est le taux d’actualisation pour lequel la valeur
actualisée nette est égale à 0.
Par exemple, pour un investissement de
Taux de remplacement 14 009 euros qui génère un flux de recettes de
à la liquidation 5 000 euros pendant 3 ans, le TRI est la solution
Le taux de remplacement à la liquidation est le rap- de l’équation :
port entre la première pension de retraite versée et [5 000/(1 + i)] + [5 000/(1 + i)²] + [5 000/(1 + i) 3]
le dernier revenu d’activité. = 1 409 euros
Ü Protection sociale, Revenus Ici, le TRI solution de l’équation est égal à 3,5 %.
Retraite, Retraite par répartition, Sécurité sociale Un TRI positif ne conduit pas nécessairement
à réaliser l’investissement. En effet, il faut égale-
ment que le TRI soit supérieur au taux d’intérêt
Taux de rendement actuariel brut réel, c’est-à-dire à ce que rapporterait un placement
(TRAB) ou encore à ce que coûterait l’emprunt des fonds
Le taux de rendement actuariel brut ou TRAB nécessaires au financement de l’investissement.
(yield to maturity en anglais) désigne le taux d’in- À Le TRI est une méthode d’évaluation de la renta
térêt annuel qui est réellement perçu par celui qui bilité de l’investissement.
détient une obligation jusqu’à son terme. Le terme À L’évaluation des recettes futures pose le problème
« brut » signifie que le TRAB n’intègre pas l’inci- de leurs prévisions et donc des anticipations des
dence de la fiscalité. entrepreneurs. Dans la théorie keynésienne l’ef-
Lorsque l’acheteur d’une obligation la garde ficacité marginale du capital est en fait le TRI.
jusqu’à son échéance, le TRAB est alors le taux d’in-
Ü Capital et investissement, Entreprises et système pro-
térêt nominal. Par exemple, une obligation dont
ductif
le prix d’émission, la valeur actuelle (VA) est de
1 000 euros, dont le taux d’intérêt nominal (i) est Effet de levier, Profitabilité, Q de Tobin, Rentabilité,
de 0,03, soit 3 %, atteindra lors de l’échéance (10 Rentabilité économique, Rentabilité financière, Taux
ans) une valeur de 1 344 euros. En effet, puisque de rentabilité économique, Taux d’intérêt, Taux de
l’obligation est conservée par son détenteur, la rentabilité financière, Théorème Modigliani-Miller
valeur future de cette obligation (1 344 euros) est
égale à la valeur d’émission (1 000 euros) à laquelle
s’applique le jeu des intérêts composés pendant 10 Taux de rentabilité économique
ans (VF = VA x (1 + i)n). Rentabilité économique
593
Taux de rentabilité financière
594
Taxe sur la valeur ajoutée (TVA)
augmente et les variations sont de signe opposé. cette taxe doit s’appliquer à toutes les transactions
Le TMST est donc de signe négatif. économiques. Par ailleurs, appliquée aux importa-
TMST = – ∆K/∆L tions, la taxe sur le carbone ajouté fournit une solu-
Le TMST est donc le taux auquel le produc- tion simple à l’épineux problème des entreprises
teur substitue un facteur à l’autre tout en gardant qui délocalisent une partie de leur production vers
le même niveau de production. les espaces où la réglementation environnementale
À Le TMST est égal à la pente de l’isoquant en un est moins contraignante, voire absente (« fuites de
point. carbone »). Elle permettrait aussi d’éviter d’instau-
Ü Marchés et prix rer sur les importations une taxe carbone aux fron-
Substituabilité des facteurs, Théorie néoclassique tières comme certains le proposent.
La principale difficulté de la mise en œuvre de la
taxe sur le carbone ajouté est d’évaluer la quantité
Taux repo des émissions de carbone qui doit être imputée aux
Repo différents agents économiques à chaque étape de
la chaîne de production et de distribution. Il faut
en effet élaborer un système standardisé de comp-
Taux usuraire tabilisation du carbone.
Usure Ü Économie et écologie, Politique économique
Dumping environnemental, Effet externe, Incitation,
Politique climatique, Sommet de Copenhague, Taxe
Taxation optimale carbone
Fiscalité optimale
Taxe carbone
Taxe La taxe carbone est une taxe qui frappe les produits
Une taxe est une prestation pécuniaire perçue par (carburants notamment) dont l’utilisation conduit
voie d’autorité et à titre définitif par les pouvoirs à l’émission du principal gaz à effet de serre (le
publics. Ses caractéristiques sont identiques à celles CO2). La mise en place de cette taxe vise à don-
de l’impôt. Mais une taxe vise à couvrir les charges ner un « signal prix » aux consommateurs et à les
liées à un service public particulier (exemple : taxe inciter à utiliser moins de produits qui génèrent des
de ramassage des ordures ménagères). C’est donc gaz à effet de serre. Il s’agit donc de l’une des pro-
une recette « affectée », ce qui n’est pas le cas de cédures qui permet d’internaliser les externalités
l’impôt.
négatives liées à l’utilisation des énergies fossiles.
À En pratique, la distinction entre taxe et impôt n’est
Ü Économie et écologie, Politique économique
pas toujours claire. Ainsi, la taxe sur la valeur
Fiscalité écologique, Incitation, Sommet de Copen-
ajoutée (TVA) est en fait un impôt et non une taxe.
hague
Ü Économie publique, Politique économique
Budget, Fiscalité, Impôt, Pression fiscale, Taux d’im-
position
Taxe globale
Les taxes globales sont des prélèvements fiscaux
Taxe au carbone ajouté (TCA) dont la mise en place est périodiquement proposée
La taxe sur le carbone ajouté, proposée par certains afin de financer des biens collectifs ou des biens
économistes, serait une taxe sur tous les biens et communs mondiaux (environnement, santé,
services commercialisés. Elle s’inspire du modèle de stabilité financière, etc.). La mise en place de taxes
la taxe sur la valeur ajoutée, à la différence que la globales suppose un renforcement de la gouver-
base d’imposition est le contenu ajouté en carbone nance mondiale.
à chaque stade du processus de production (pro- Ü Mondialisation
duction elle-même, transport, vente). L’incorpora- Biens collectifs mondiaux, Fiscalité écologique, Gou-
tion d’une taxe sur le carbone ajouté dans le prix vernance, Taxe Tobin
conduit à révéler aux acheteurs la « vérité du coût
carbone » des produits qu’ils utilisent.
La taxe sur le carbone ajouté serait un nouvel ins- Taxe sur la valeur ajoutée (TVA)
trument de la fiscalité écologique destiné à lutter La taxe sur la valeur ajoutée (TVA), créée en France
contre le réchauffement climatique. Ses avantages en 1954, est un impôt sur la consommation finale
résident dans la simplicité de son principe puisque prélevé à l’occasion des achats de biens et services.
595
Taxe Tobin
596
Test de résistance (stress test)
Territoire économique
Selon la comptabilité nationale, le territoire éco- Test de résistance (stress test)
nomique de la France comprend : Les tests de résistance bancaires (stress tests ban-
––le territoire géographique métropolitain y caires) sont des tests qui mettent à l’épreuve
compris les départements d’outre-mer (DOM) ; une banque (ou un ensemble de banques) en la
––l’espace aérien national, les eaux territoriales, confrontant à un scénario économique extrême
la partie du plateau continental située dans les eaux (fort ralentissement de la croissance économique,
internationales sur laquelle la France dispose de hausse du taux de chômage, accélération de l’in-
droits exclusifs ; flation, défaillances d’entreprises), afin d’évaluer si
597
Théorème
la banque concernée a des fonds propres suffisants École des choix publics, Fonction d’utilité collective,
pour absorber ce choc. Optimum de Pareto
À Une opération de test de résistance a été appli-
quée à l’ensemble des banques de la zone euro en
novembre 2013 dans le cadre de la mise en place de Théorème d’équivalence
l’Union bancaire. Ricardo-Barro
Ü Monnaie Le théorème d’équivalence de D. Ricardo (1772-
Crise bancaire, Fonds propres prudentiels bancaires, 1823), amendé par R. Barro dans un article de
Mécanisme de supervision unique (MSU), Règles 1974, montre que le financement des dépenses
prudentielle, Risque de système, Solvabilité, Système publiques a les mêmes effets économiques qu’il
européen de surveillance financière (SESF) soit assuré par l’impôt ou par l’emprunt. Les effets
macroéconomiques des dépenses publiques sont
donc indifférents à leur mode de financement.
Théorème Le théorème d’équivalence s’est imposé comme
Un théorème est une proposition qui est logique- une référence dans la critique du keynésianisme :
ment déduite à partir des axiomes d’une théorie et/ l’endettement de l’État pour financer une hausse
ou des théorèmes précédemment démontrés. des dépenses publiques ne provoque pas d’effets
Ü Épistémologie économique positifs. En effet, selon R. Barro, les agents éco-
Déduction, Théorème d’Haavelmö, Théorème d’im- nomiques vont réduire leur consommation et
possibilité, Théorème de Coase accroître leur épargne pour plusieurs raisons :
––en prévision des impôts à payer dans le cas où
les dépenses publiques sont financées par l’impôt ;
Théorème d’Arrow ––pour léguer aux générations suivantes des
Selon le théorème de K. Arrow (prix Nobel 1972) sommes nécessaires au paiement des impôts sup-
ou encore théorème d’impossibilité, énoncé en plémentaires (hypothèse d’altruisme intergénéra-
1951, rien n’assure que l’agrégation des choix tionnel) dans le cas où les dépenses publiques sont
individuels rationnels conduise à un choix collec- financées par l’emprunt.
tif rationnel. C’est ce que montre le paradoxe de Les effets stimulants de la politique budgétaire
Condorcet. sont alors totalement neutralisés.
Il est donc impossible d’établir un choix démo- Ce théorème n’est pas corroboré par la majo-
cratique des préférences collectives compte tenu rité des tests empiriques réalisés. Néanmoins, ces
du grand nombre de votants, de la multiplicité des études soulignent l’existence d’effets « ricardiens »
options et du libre arbitre des électeurs. pour les pays dont le niveau de dette publique est
Selon K. Arrow, si l’on rejette la possibilité de jugé préoccupant et pour les ménages dépassant un
comparaisons interpersonnelles d’utilité, la seule certain seuil de revenu.
modalité de passage des préférences individuelles Ü Économie publique, Politique économique
aux préférences collectives est dictatoriale. Déficit budgétaire, Dette publique, Effet d’éviction,
À Sur la base de cette analyse, K. Arrow s’efforce Politique budgétaire, Politique discrétionnaire, Théo-
de définir des conditions de choix collectif qui ries économique
ne soient pas dictatoriales. Il montre que seule la
recherche du consensus permet de définir des choix
collectifs dans ces conditions. K. Arrow ajoute dans Théorème d’Haavelmö
Choix collectif et préférences individuelles : « Tout Le théorème d’Haavelmö du nom de l’économiste
point de vue qui dépend du consensus exclut le norvégien T. Haavelmö (1911-1999, prix Nobel
mécanisme du marché de l’ensemble des fonctions 1989) montre qu’un budget en équilibre mais en
de bien-être collectif, puisque ce mécanisme ne expansion (l’augmentation des dépenses est com-
peut tenir compte des motivations altruistes néces- pensée par une hausse des recettes) a un effet stimu-
saires à l’établissement du consensus. » lant sur la production. Ainsi, accroître les recettes
À Certains économistes libéraux actuels utilisent ce et les dépenses publiques simultanément et dans
théorème pour critiquer l’intervention de l’État les mêmes proportions ne conduit pas à une neu-
telle qu’elle est justifiée par l’économie du bien- tralisation de la politique budgétaire. Pour cela, il
être. En effet cette dernière préconise une interven- faudrait que le montant du budget soit inchangé en
tion publique respectant les choix individuels, mais valeur absolue par rapport à la période précédente.
le théorème démontre que cela est impossible. Ce résultat s’explique par le fait que l’effet posi-
Ü Économie publique, Marchés et prix tif du multiplicateur des dépenses publiques
598
Théorème des élasticités critiques
599
Théorème HOS
600
Théorie de l’agence
601
Théorie de l’habitat préféré
602
Théorie des équilibres à prix fixes
différents. Sur la terre la plus fertile les coûts de contrats est de définir des contrats optimaux, c’est-
production sont plus faibles, mais tous les produc- à-dire qui produisent les incitations nécessaires
teurs vendent au même prix, le prix d’équilibre : au bon fonctionnement de l’économie. La théorie
le propriétaire de la terre la plus rentable dégage des contrats conduit à considérer les organisations
ainsi une rente égale à la différence entre le prix comme des formes particulières de marché puisque
et ses coûts de production. Si la demande de pro- le marché est un lieu de négociation et de mise en
duits alimentaires augmente, cela nécessite la mise œuvre des contrats. Cette approche s’oppose donc
en culture de nouvelles terres moins fertiles, en aux approches institutionnalistes qui considèrent
conséquence le prix du blé augmente ainsi que la au contraire qu’il existe deux modes alternatifs de
rente des propriétaires des terres les plus fertiles. coordination, le marché et la hiérarchie.
Comme le taux de salaire s’accroît avec le prix des Ü Entreprises et système productif, Marchés et prix
subsistances, il en résulte, toutes choses égales par Néo-institutionnalisme, Théorie de l’agence, Théorie
ailleurs, une diminution de la part relative du profit des incitations, Théorie économique
dans le revenu national. Cette évolution conduit à
un état stationnaire qui peut temporairement être
repoussé par le libre-échange. Théorie des conventions
Ü Commerce international, Croissance économique Économie des conventions
Avantages comparatifs, Baisse tendancielle des taux
de profit, Répartition des revenus
Théorie des cycles réels
Cycle réel
Théorie des appariements sélectifs
Appariement
Théorie des droits de propriété
La théorie des droits de propriété est une théorie
Théorie des choix rationnels qui analyse les droits de propriété et la façon dont
La théorie des choix rationnels (TCR) considère ils affectent le fonctionnement de l’économie.
que l’on peut expliquer les phénomènes écono- Ü Entreprises et système productif
miques (mais aussi plus largement l’ensemble des Actif, Coût de transaction, Contrat, Économie de
comportements sociaux) à partir de l’agrégation l’environnement, Hiérarchie, Incitation, Marché des
de choix individuels rationnels. Par exemple, une permis d’émission, Théorème de Coase, Théorie de
bulle spéculative résulte de comportements ache- l’agence, Théorie des contrats
teurs sur un marché dont les cours montent : dès
lors que les opérateurs anticipent une poursuite de
la hausse des cours, il est rationnel d’acheter, ce qui Théorie des élasticités critiques
fait monter le cours. Les auteurs qui se réclament Théorème des élasticités critiques
de cette théorie font appel à une conception plus
ou moins large de la rationalité. Certains, par
exemple, prennent en compte la rationalité axio- Théorie des équilibres à prix fixes
logique et pas seulement la rationalité instrumen- La théorie des équilibres à prix fixes considère
tale. De ce fait, il est rationnel de faire un don aux que le postulat de parfaite flexibilité des prix du
pauvres (ou de voter en faveur d’une politique de modèle d’équilibre général est un cas particulier. Il
redistribution) dès lors que l’on adhère à des valeurs convient donc d’élaborer une approche plus glo-
de solidarité. bale qui prenne en compte aussi bien la flexibilité
Ü Épistémologie économique que la rigidité des prix. Pour les théoriciens des
Altruisme, Anticipations autoréalisatrices, Rationalité équilibres à prix fixes, les ajustements de marché
limitée, Théorie économique peuvent donc se faire par les prix ou par les quan-
tités, mais à court terme, les prix sont rigides et ces
derniers mettent du temps à s’ajuster (viscosité
Théorie des contrats des prix). Cette approche a notamment permis à
La théorie des contrats est un développement de la E. Malinvaud (Réexamen de la théorie du chômage,
théorie néoclassique qui étudie les organisations et 1980) de distinguer le chômage classique et le
les institutions comme des ensembles de contrats. chômage keynésien.
Par exemple, l’entreprise peut être analysée comme À La théorie des équilibres à prix fixes est souvent
un « nœud de contrats » avec les fournisseurs, les dénommée théorie du déséquilibre. Cette formu-
salariés, les clients, etc. L’objectif de la théorie des lation est discutable car, dans l’optique des auteurs
603
Théorie des incitations
qui défendent cette approche, un marché où l’ajus- poursuite de leurs intérêts par les joueurs dans un
tement se réalise par les quantités aboutit à un équi- cadre non coopératif conduit le plus souvent à une
libre, même si les quantités offertes et demandées ne situation sous-optimale. La théorie des jeux a aussi
sont pas égales (équilibre avec rationnement). Au montré que lorsque le jeu ne se joue qu’une seule
demeurant, dans un équilibre walrassien, lorsque le fois, les individus ont intérêt à se montrer oppor-
prix d’équilibre est atteint, une partie des offreurs tunistes, en revanche, en cas de jeux répétés, des
et une partie des demandeurs potentiels sont exclus comportements coopératifs vont émerger du fait
du marché ; dans le cas d’un équilibre non walras- même de la rationalité des agents.
sien, cette exclusion se traduit par des pénuries et/ À Après avoir récompensé la théorie des jeux en 1994
ou des stocks invendus. (J. Harsanyi, J. Nash, R. Selten), le prix Nobel
À La théorie des équilibres à prix fixes se fonde d’économie a été attribué en 2002 à D. Kahneman
sur les travaux de R. Clower et A. Leijonhufvud et V. Smith et en 2005 à deux autres théoriciens des
qui ont posé les jalons d’une réinterprétation jeux, R. Aumann et Th. Schelling.
microéconomique de la théorie keynésienne. Ü Épistémologie économique, Marchés et prix
Ü Marché du travail, emploi et chômage, Marchés et Concurrence imparfaite, Dilemme du prisonnier,
prix Équilibre de Nash, Jeux évolutionnaires, Opportu-
Demande effective, Demande notionnelle, Exclusion nisme, Optimum de Pareto, Rationalité économique,
par les prix, Offre effective, Offre notionnelle, Théorie Théorie des jeux, Théorie des jeux coopératifs
keynésienne, Théorie néoclassique
Théorie des jeux coopératifs
Théorie des incitations La théorie des jeux coopératifs concerne des jeux
La théorie des incitations est une composante de la dans lesquels les joueurs communiquent libre-
nouvelle microéconomie qui se consacre à l’étude ment entre eux et peuvent de ce fait négocier des
des dispositifs qui peuvent conduire les individus à contrats qui ont force de loi.
adopter tel ou tel comportement dans un contexte Ü Épistémologie économique
marqué par des conflits d’intérêts et une asymétrie Équilibre de Nash, Oligopole, Théorie des jeux, Théo-
d’information. La théorie des incitations englobe rie des jeux non coopératifs
notamment la théorie de l’agence et la théorie
des contrats. Elle est utilisée dans l’étude de nom-
breux domaines : marché du travail, politiques Théorie des jeux non coopératifs
publiques, firme, assurance, etc. La théorie des jeux non coopératifs considère que
Ü Épistémologie économique, Politique économique les contrats n’ont pas force de loi. Elle analyse les
Aléa moral, Fiscalité écologique, Incitation, Opportu- comportements stratégiques des joueurs et étudie
nisme, Sélection adverse les conditions dans lesquelles ils ont de bonnes
raisons de respecter les contrats.
Ü Épistémologie économique
Théorie des jeux Équilibre de Nash, Oligopole, Théorie des jeux, Théo-
La théorie des jeux vise à rendre compte de situa- rie des jeux coopératifs
tions dans lesquelles des individus rationnels (les
« joueurs ») prennent des décisions en interaction et
sont conscients de ces interactions. Elle a été mise Théorie des marchés contestables
au point par J. von Neumann et O. Morgenstern La théorie des marchés contestables (ou marchés
(Theory of Games and Economic Behaviour 1944). disputables), exposée par W. J. Baumol, J. Panzar
Un « jeu » est défini par un certain nombre de et B. Willig (Contestable Markets and the Theory
règles et par les stratégies adoptées par les joueurs. of Industry Structure, 1982), a pour ambition de
Les jeux peuvent être non coopératifs ou coopéra- montrer que les situations de marchés se caracté-
tifs. Un jeu peut être à information complète ou à risant par un petit nombre d’entreprises peuvent
information incomplète. conduire à un équilibre optimal, similaire à celui
Le recours à la théorie des jeux a permis d’in- de concurrence pure et parfaite, à condition que
tégrer dans un cadre plus général le modèle de la le marché soit contestable.
concurrence pure et parfaite et de développer des Dans le cas d’un marché contestable, la concur-
approches nouvelles en microéconomie (étude du rence potentielle des producteurs (qui ne sont pas
comportement en oligopole, étude des situations sur le marché mais qui peuvent y rentrer) produit
d’asymétrie d’information, etc.). L’un des grands les mêmes effets que la concurrence parfaite. En
intérêts de la théorie des jeux est de montrer que la effet, les producteurs en place craignent les entrées
604
Théorie du portefeuille
sur le marché et pratiquent des prix aussi bas Ü Consommation et épargne, Revenus
qu’en concurrence pure et parfaite. Néanmoins, ce Effet de cliquet, Effet d’imitation, Effet Veblen, Loi
résultat est obtenu indépendamment du nombre psychologique fondamentale, Revenu permanent,
de producteurs : un monopole ou un oligopole Théorème d’équivalence Ricardo-Barro
peuvent se justifier si le marché est contestable.
À Cette analyse a servi de fondement théorique au
mouvement de déréglementation dans le secteur Théorie du déséquilibre
privé (transport aérien par exemple) et dans le sec- Théorie des équilibres à prix fixes
teur public (télécommunications en France par
exemple). Dans ce dernier cas, l’État prend à sa
charge les infrastructures de réseau, ce qui donne Théorie du déversement
la possibilité à des entreprises d’entrer (avec paie- Déversement
ment d’un droit d’entrée) plus facilement car elles
n’ont pas à supporter les investissements coûteux
d’infrastructures et des coûts irrécouvrables en cas Théorie du filtre
de sortie. La théorie du filtre considère que le système
Ü Marchés et prix éducatif a pour fonction principale de sélectionner
Concurrence imparfaite, Concurrence praticable les individus en fonction de leurs performances
(intellectuelles, relationnelles, etc.). Les employeurs
utilisent les diplômes obtenus et la formation
Théorie du capital humain reçue comme un signal réduisant l’asymétrie
Capital humain d’information au moment du recrutement.
La théorie du filtre s’oppose à la théorie du capi-
tal humain dans la mesure où elle ne considère pas
Théorie du cycle de vie que le système éducatif a pour fonction essentielle
La théorie du cycle de vie décrit le comportement de transmettre des connaissances ou des compé-
de consommation et d’épargne d’un individu qui tences mais qu’il sélectionne les individus en fonc-
cherche à maintenir une consommation constante tion de qualités innées ou acquises pour l’essentiel
au cours de sa vie. Pour cela, il s’endette quand il à l’extérieur de l’école.
est jeune, épargne à l’âge adulte pour rembour- À La théorie du filtre est utilisée à la fois par des éco-
ser ses dettes et se constitue un patrimoine qu’il nomistes radicaux et des économistes libéraux. Ces
consomme quand il est âgé. derniers considèrent que l’État pourrait réduire
F. Modigliani (1918-2003, prix Nobel 1985) et ses dépenses d’éducation en centrant l’activité de
R. Brumberg ont formulé en 1954, une première l’école sur sa fonction de sélection.
approche de cette théorie en considérant que la Ü Marché du travail, emploi et chômage
proportion du revenu non consommé s’explique Économie de l’information, Économie de la connais-
par des choix effectués pour faire face aux situa- sance, Information
tions prévisibles (retraite) ou non, qui marquent les
différentes phases du cycle de vie. L’hypothèse du
cycle de vie formulée par A. Ando et F. Modigliani, Théorie du marché politique
dans leur article de 1963, a ouvert la voie à la École des choix publics
remise en cause de la fonction de consommation
keynésienne.
En effet, la théorie du cycle de vie conduit à faire Théorie du mark up
de la consommation courante une fonction du Mark up
revenu courant mais aussi des revenus anticipés sur
le cycle de vie et du taux de dépréciation du futur.
L’agent adopte un taux d’actualisation subjectif à Théorie du signal
l’aide duquel il escompte ses satisfactions à venir. Signal, Signal-prix, Théorie du filtre
Plus ce taux est élevé, plus le niveau de l’épargne
sera faible.
À La théorie du cycle de vie se distingue d’une Théorie du portefeuille
approche qui prend en compte l’altruisme intergé- La théorie du portefeuille est une théorie finan-
nérationnel. Le degré d’altruisme indique le poids cière développée en 1952 par H. Markowitz (prix
relatif accordé par l’individu au bien-être de ses Nobel 1990), pour déterminer une diversification
enfants (ou à celui des générations futures). efficiente des actifs réels et des actifs financiers.
605
Théorie du tournoi
La théorie du portefeuille part du principe que conduit J. M. Keynes à écrire la Théorie générale de
la meilleure rentabilité espérée pour un niveau de l’emploi de l’intérêt et de la monnaie (1936).
risque donné consiste à détenir (en plaçant ou en Les théories permettent de construire des
s’endettant), une fraction du portefeuille de mar- modèles qui sont des outils d’investigations empi-
ché sans risque (frontière d’efficience) puis à choisir riques. Ces dernières peuvent à leur tour conduire
le niveau de risque souhaité. Le portefeuille effi- à remettre en cause ou à modifier les théories.
cient est celui qui permet de jouer pleinement des À Par opposition aux doctrines économiques, les
avantages de la diversification. Compte tenu d’une théories économiques se veulent positives et non
aversion pour le risque donnée, il offre le meilleur pas normatives.
rendement. Réciproquement, pour un objectif de Ü Épistémologie économique
rendement donné cette théorie permet de déter- Hypothèses, Loi économique, Méthode expérimen-
miner le portefeuille correspondant au plus faible tale, Paradigme, Programme de recherche scienti-
risque. fique, Rationalisme critique, Réalisme des hypothèses,
Ü Consommation revenue et épargne, Finances Vérificationnisme
internationales
Efficience, Habitat préféré, Placement, Spéculation
Théorie économique standard
On appelle théorie économique standard, le pro-
Théorie du tournoi gramme de recherche dominant en science éco-
La théorie du tournoi vise à rendre compte des nomique. Ce programme de recherche repose
inégalités salariales (notamment dans le haut de pour l’essentiel sur la théorie néoclassique, mais
la hiérarchie salariale) à partir de la concurrence aussi sur la synthèse néoclassique. Depuis les
que se livrent les entreprises pour sélectionner années 1990, la théorie économique standard est
les meilleurs candidats afin d’occuper les emplois dominée par la nouvelle synthèse néo-classique.
offerts. Pour cela, les entreprises mettent en place Ü Marchés et prix
des incitations (niveau des salaires, primes, promo- Microéconomie, Théorie économique standard éten-
tions, etc.). Cette mise en compétition des candi- due
dats conduit ces derniers à fournir l’effort optimal.
Cette théorie a été développée par E. Lazear et
S. Rosen (Rank-Order Tournaments as Optimum Théorie économique
Labor Contracts, 1981), elle met l’accent sur l’inci- standard étendue
tation à l’effort produite par une forte dispersion À la différence de la théorie économique stan-
des salaires. dard, l’analyse économique standard étendue
Cette théorie s’oppose dans une large mesure à prend en compte l’imperfection des marchés, les
l’approche développée par G. Akerlof et J. Yellen asymétries d’information, l’incomplétude des
qui considèrent que l’existence de rémunérations contrats, l’existence de conventions etc. Ainsi,
qui s’éloignent trop d’un « juste salaire » peut l’analyse économique contemporaine ne se limite
conduire à la démotivation de certains salariés. plus au modèle de la concurrence pure et parfaite.
Ü Marché du travail, emploi et chômage, Revenus Ü Marché du travail, emploi et chômage, Marchés
Asymétrie d’information, Principal agent et prix
Aléa moral, Asymétrie d’information, Concurrence
imparfaite, Incertitude, Microéconomie, Nouvelle
Théorie économique microéconomie, Sélection adverse
En science économique, le terme théorie peut être
utilisé dans deux sens différents :
––dans certains cas, le mot théorie est syno- Théorie évolutionniste
nyme de paradigme (théorie classique, théorie Évolutionnisme
marxiste, etc.) ;
––dans d’autres cas, il concerne un domaine par-
ticulier (théorie du capital humain, théories du Théorie keynésienne
développement, etc.). La théorie keynésienne repose sur les travaux de
La pluralité des théories ou des paradigmes, et J. M. Keynes (1883-1946). C’est une approche
que l’on retrouve aussi dans les sciences de la nature, macroéconomique qui marque une rupture (révo-
est un facteur de dynamisme de la recherche. lution keynésienne) par rapport aux approches
Par exemple, ce sont les critiques adressées par classique et néoclassique. Keynes montre la pos-
F. Hayek au Traité de la monnaie (1930) qui ont sibilité d’existence d’un équilibre de sous-emploi
606
Théorie postkeynésienne
607
Théorie quantitative de la monnaie
Tiers-secteur
Thésaurisation Économie solidaire
La thésaurisation est un comportement écono-
mique qui consiste à conserver l’épargne sous
forme monétaire, ce qui revient à la stériliser éco- Titre
nomiquement puisqu’elle ne peut être ni placée Un titre est un actif financier qui correspond
ni investie. L’épargne thésaurisée ne rapporte donc soit à un droit de propriété (action par exemple),
pas d’intérêt. soit à une créance (obligation par exemple).
Ü Consommation et épargne, Monnaie et financement Ü Monnaie
Effet d’encaisses réelles, Placement, Préférence pour Actifs financiers, Titre de créance négociable, Titrisa-
la liquidité, Trappe à liquidité tion, Valeurs mobilières
608
Too big to fail
Titre adossé à des actifs assure aux prêteurs une plus grande liquidité de
(asset backed security) leurs actifs.
La titrisation permet notamment aux banques de
Les titres adossés à des actifs sont des produits
rendre négociables, grâce à des crédits structurés,
financiers qui résultent d’un processus de titri-
sation. Il s’agit de titres de dette qui ont comme des créances qui n’étaient pas négociables initiale-
contrepartie des portefeuilles d’actifs plus ou moins ment (découverts bancaires, encours de carte de
risqués. crédit, prêts personnels, etc.).
Par exemple, les CMBS (collateralized mortgage La titrisation est aussi utilisée par certaines
backed security) sont des titres adossés à des porte- grandes entreprises pour assurer la liquidité de
feuilles de crédits hypothécaires. leur bilan (titrisation de leurs actifs réels, de leurs
Ü Monnaie stocks, des créances qu’elles détiennent).
Crédits structurés, Innovation financière, Mutation À À l’occasion de la crise des subprimes, les effets
financière, Obligation adossée à des actifs, Véhicule de pervers d’un excès de la titrisation ont été mis en
titrisation cause.
Ü Monnaie
Crédits structurés, Originate and distribute, Risque,
Titre de créance Titre adossé à des actifs, Véhicule de titrisation
Un titre de créance est un actif financier qui résulte
d’une opération de crédit.
Le titre de créance est à la fois : Tontine
––une créance pour celui qui le possède ; La tontine est instrument d’épargne et de cré-
––une reconnaissance de dette pour le bénéfi- dit entre des personnes unies par des liens de
ciaire de l’opération de crédit ; confiance (solidarité familiale, professionnelle,
Par exemple une lettre de change ou une obli- religieuse, etc.), qui mettent en commun des actifs
gation sont des titres de créance. en vue de gérer des problèmes collectifs (solidarité
À Ne pas confondre avec les titres de propriété collective) ou des besoins individuels (crédit). Les
comme les actions. tontines sont une forme d’économie solidaire.
Ü Monnaie Dans certains cas, les tontines constituent une
Intérêt, Taux d’intérêt, Titre de créance négociable, pression communautaire qui fait obstacle à la
Titrisation, Valeurs mobilières liberté individuelle. Elles peuvent aussi servir de
cadre à des activités illégales.
Ü Consommation et épargne, Économie du développe-
Titre de créance négociable
ment
Un titre de créance négociable est un actif financier Commerce équitable, Économie alternative, Finance
à court ou moyen terme qui fait l’objet de transac-
éthique, Finance solidaire, Microcrédits, Secteur
tions sur le marché monétaire. Il s’agit principale-
informel
ment des bons du Trésor, des billets de trésorerie,
des certificats de dépôts et des bons à moyen
terme négociables. Too big to fail
À Les titres de créance négociables permettent aux
emprunteurs de se procurer des fonds sur le mar- Too big to fail est une expression utilisée pour dési-
ché monétaire plutôt que par l’intermédiaire du gner les institutions financières systémiques qui
crédit bancaire. sont « trop grosses pour faire faillite ». En effet, en
À Les obligations sont des titres de créance négo- raison de leur taille, la défaillance de telles institu-
ciables qui s’échangent sur le marché financier et tions financières provoquerait un effet de conta-
non sur le marché monétaire. gion et donc des faillites en chaîne au sein de
Ü Monnaie l’économie. La situation de too big to fail est donc
Désintermédiation, Marché des capitaux, Titrisation créatrice d’une situation d’aléa moral : certaines
d’être sauvées par les pouvoirs publics en cas d’in-
solvabilité ou d’illiquidité, les institutions concer-
Titrisation nées sont conduites à prendre des risques excessifs.
La titrisation est une technique qui transforme des Ü Monnaie
crédits bancaires en titres de créance négociables. Crise bancaire, Crise de liquidité, Crise de solvabilité,
La titrisation permet aux emprunteurs de bénéfi- Crise financière, Règles prudentielles, Risque de sys-
cier des conditions du marché des capitaux et elle tème, Solvabilité
609
Toutes choses égales par ailleurs
610
Traité de Maastricht
débouche nécessairement sur une dégradation, le processus de décision (55 % des membres du
voire une destruction de ces biens communs : Conseil, comprenant au moins 15 d’entre eux et
épuisement des ressources halieutiques par la sur- 65 % de la population de l’Union) ;
pêche, destruction des pâturages par la présence ––en élisant une présidence permanente au
d’un bétail trop nombreux, épuisement des nappes Conseil européen pour deux ans et demi, renou-
phréatiques par des prélèvements d’eau excessifs, velable une fois, et un haut représentant de la poli-
etc. Pour G. Hardin, la solution consiste à définir tique étrangère européenne présidant le Conseil des
des droits de propriété sur les biens communs afin affaires étrangères ;
que les détenteurs de ces droits aient intérêt à empê- ––en rendant plus lisible la répartition des com-
cher l’utilisation excessive (par exemple, la clôture pétences entre l’Union et les États membres (liste
des pâturages communaux et leur attribution à des des domaines de compétences exclusives et parta-
propriétaires privés). Dès lors, l’excluabilité ainsi gées) et en accordant à la Banque centrale euro-
mise en place permet la régulation marchande de péenne (BCE) un statut officiel au même titre que
l’usage des ressources. Ce point de vue est contesté la Commission européenne, le Conseil, le Parle-
par E. Ostrom (1944-2012, prix Nobel 2009) ment européen, la Cour de justice et la Cour des
qui montre que de nombreux groupes humains comptes européenne ;
ont coordonné l’usage des biens communs par la ––en instituant la possibilité d’une initiative
coopération plutôt que par le marché. citoyenne si elle provient d’un million de signa-
Ü Économie et écologie taires, d’au moins un tiers des États membres de
Coordination, Économie de l’environnement, Enclo- l’Union ;
sures, Tragédie des anticommuns ––en accordant une force juridique contrai-
gnante à la Charte des droits fondamentaux pour
Traité d’Amsterdam 25 États membres (le Royaume-Uni et la Pologne
bénéficiant d’une dérogation) ;
Le traité d’Amsterdam, signé en 1997, apporte des ––en donnant un statut prioritaire à lutte contre
modifications au Traité de Maastricht. Il institue le changement climatique.
le Pacte de stabilité et de croissance (PSC) et À Ce traité a fait l’objet d’un certain nombre de cri-
engage : tiques de la part de souverainistes qui dénoncent
––de nouvelles mesures favorables à l’achèvement
les abandons de souveraineté nationale, de la part
du marché unique européen (pilier communau-
de fédéralistes qui observent que l’intégration poli-
taire) avec la libéralisation de certains secteurs
tique est insuffisante, et de la part des altermondia-
(télécommunications, cabotage routier, marché de
listes qui considèrent que le Traité institutionnalise
l’électricité, etc.) ;
des conceptions économiques libérales.
––un effort de cohésion qui se traduit par le pacte
À Ne pas confondre le Traité de Lisbonne avec la
européen pour l’emploi (protocole pour élaborer
stratégie de Lisbonne.
une stratégie coordonnée sur l’emploi) ;
Ü Intégration économique
––un recours élargi à la procédure de décision
à la majorité qualifiée ; Altermondialisme, Subsidiarité, Traité d’Amsterdam,
––une institutionnalisation de la collaboration Traité de Maastricht, Traité de Nice, Traité de Rome,
policière (Europol). Traité sur la stabilité, la coordination, la gouvernance
Ü Intégration économique (TSCG)
Traité de Lisbonne, Traité de Rome, Traité sur la sta-
bilité, la coordination et la gouvernance (TSCG)
Traité de Maastricht
Le traité de Maastricht ou traité de l’Union euro-
Traité de Lisbonne péenne (UE), signé en 1992 et entré en vigueur au
Le Traité de Lisbonne, signé en décembre 2007, 1er novembre 1993, consacre les trois piliers de la
est entré en vigueur le 1er décembre 2009. Il modifie construction européenne :
les institutions de l’Union européenne (UE) élargie ––le renforcement du pilier communautaire
à 27 membres : (1er pilier) avec l’achèvement de l’Union écono-
––en la dotant de la personnalité juridique lui mique et monétaire (UEM) en 1999 (passage à la
permettant de conclure un accord international monnaie unique) ;
dans ses domaines de compétence ; ––le 2e pilier : politique étrangère et de sécurité
––en élargissant les prérogatives du Parlement commune (PESC) ;
européen en matière de budget ; ––le 3e pilier institutionnalisant la coopération
––en créant une majorité qualifiée au Conseil dans les domaines de la justice et des affaires inté-
à partir du 1er novembre 2014 pour simplifier rieures.
611
Traité de Nice
Le Traité de Maastricht contient également : vigueur au 1er janvier 2013, est un accord inter-
––des innovations institutionnelles (procédure de gouvernemental dont l’objectif est de renforcer la
codécision) ; coordination de la zone euro. Cet accord adapte le
––le principe de subsidiarité pour la répartition Pacte de stabilité et de croissance (PSC) pour ser-
des compétences entre la Communauté euro- vir une politique économique ayant pour objectif
péenne (CE) et les États membres ; « le renforcement de la compétitivité, la promotion
––l’instauration d’une citoyenneté de l’Union. de l’emploi, une meilleure contribution à la soute-
Ü Intégration économique nabilité des finances publiques et un renforcement
Communauté européenne, Traité d’Amsterdam, de la stabilité financière ».
Traité de Lisbonne, Traité de Rome Ce traité a été élaboré dans le contexte de la
crise de l’euro qui a révélé un défaut grave de gou-
vernance. Ce Traité offre la possibilité d’une aide
Traité de Nice
à un pays en difficulté à la condition que celui-
Le Traité de Nice, signé le 26 février 2001 par les ci ait intégré à son droit national une « règle d’or »
ministres des Affaires Étrangères des États membres de (de préférence de nature constitutionnelle) en vertu
l’Union européenne encadre l’élargissement de l’UE. de laquelle chaque État doit assurer le financement
Il s’inscrit donc essentiellement dans l’optique de ses dépenses par ses recettes et non par l’endet-
d’une réforme institutionnelle orientée autour de tement. Mais, compte tenu du fait qu’en 2013,
trois axes principaux : la plupart des États membres n’ont pas atteint un
––la composition et le fonctionnement des insti-
équilibre budgétaire, le Pacte budgétaire organise
tutions européennes ;
un « calendrier de convergence », vers l’équilibre
––la procédure décisionnelle au sein du Conseil ;
en retenant un « objectif à moyen terme ». Alors
––les coopérations renforcées.
que le Pacte de stabilité et de croissance imposait
Ces deux derniers axes touchent les trois piliers
un seuil de déficit budgétaire courant maximum
de l’UE.
de 3 %, la règle d’or dans ce traité est considérée
Après sa signature, les États l’ont ratifié, soit par le
comme respectée si le solde budgétaire structurel
vote des parlements nationaux, soit par référendum.
Le traité est entré en vigueur le 1er février 2003. ne dépasse pas 0,5 % du produit intérieur brut
Depuis le rejet du traité établissant une Consti- (PIB) aux prix du marché. Le déficit structurel
tution pour l’Europe par la France et les Pays-Bas peut même s’élever à 1 % du PIB si l’endettement
(mai-juin 2005), le Traité de Nice a été la base de l’État est inférieur à 60 % du PIB ou en période
du fonctionnement institutionnel de l’Union de « grave récession économique ». À l’inverse, un
européenne. Le Traité de Lisbonne adopté au mécanisme de correction est déclenché automati-
1er décembre 2009, conserve le Traité de Nice tout quement si des écarts importants sont constatés par
en faisant évoluer le fonctionnement institutionnel. rapport à la trajectoire d’ajustement et à l’objectif
Ü Intégration économique à moyen terme.
Traité d’Amsterdam, Traité de Maastricht, Traité de Rome En ce qui concerne le ratio d’endettement, s’il est
supérieur à 60 % du PIB, les États doivent réduire
l’écart entre leur taux d’endettement et la cible de
Traité de Rome 60 % au rythme moyen d’un vingtième de cet écart
Le Traité de Rome a institué la Communauté éco- par an.
nomique européenne (CEE) et l’Euratom pour les Le Conseil de l’Union européenne (ministres
États membres de la CECA (la Belgique, la France, représentant les États), sous l’autorité du Conseil
le Luxembourg, l’Italie, les Pays-Bas, la RFA). européen (chefs d’État et de gouvernement) veille
Signé en mars 1957, il est entré en vigueur le au respect du Pacte ce qui permet une adaptation
1er janvier 1958. Il est à la base de la dynamique de des règles aux situations particulières nationales.
l’intégration européenne. La Commission européenne est la gardienne des
Ü Intégration économique engagements pris : elle conduit une analyse des
Traité d’Amsterdam, Traité de Lisbonne, Traité de dépenses publiques et la Cour de justice de l’Union
Maastricht européenne peut sanctionner tout déficit excessif
hormis les situations exceptionnelles.
Pour certains, ce Pacte budgétaire paraît plus
Traité sur la stabilité, souple que les précédents. Il institue aussi de sen-
la coordination et la gouvernance sibles progrès dans la gouvernance européenne en
(TSCG) organisant des sommets de la zone euro au moins
Le Traité sur la stabilité, la coordination et la deux fois par an avec un président de ces sommets
gouvernance ou « Pacte budgétaire », entré en élu à la majorité simple par les chefs d’État et de
612
Transferts sociaux
gouvernement de la zone euro. Ce président assure d’un actif par l’une d’elle au moins avec pour
la « préparation et la continuité » des sommets, et conséquence une variation de son patrimoine.
collaboration avec le président de la Commission Le concept de transfert en capital est utilisé
européenne. Pour d’autres, la règle d’or imposée dans le compte de patrimoine de la comptabi-
par le traité est un carcan inutile qui entrave la lité nationale et dans le compte de capital de la
croissance et la compétitivité de l’Union euro- balance des paiements.
péenne (UE). Ü Comptabilité nationale, Consommation et épargne,
Ü Finances internationales, Intégration économique, Économie du développement, Économie et écologie,
Politique économique Entreprises et système productif, Revenus
Clause de non-renflouement, Mécanisme de stabilité, Compte courant, Compte des acquisitions d’actifs non
Mécanisme de supervision unique (MSU) financiers, Compte financier, Dette du tiers-monde,
Transferts de technologie
Traitement
En France, le traitement désigne la rémunération des Transferts courants
fonctionnaires, civils ou militaires, de l’État. Il s’agit en
Les transferts courants sont, dans la balance des
fait d’un salaire. Le traitement de chaque fonctionnaire paiements :
dépend de sa position dans l’échelle hiérarchique. ––les transferts des administrations publiques
Ü Revenus et internationales (aides non remboursables) ;
––les transferts privés sans contrepartie (envois
de fonds des travailleurs et des dons des organisa-
Transactions courantes tions non gouvernementales).
Balance des transactions courantes La balance des paiements différencie les transferts
courants, qui font partie du solde de la balance des
transactions courantes, des transferts en capital
Transfert de redistribution enregistrés dans le compte de capital.
Les transferts de redistribution sont de deux sortes : Ü Commerce international, Finances internationales
les prélèvements et les revenus sociaux. Balance commerciale
Les prélèvements sont des transferts obligatoires
(impôts et cotisations sociales) des ménages ou
des entreprises essentiellement, vers le « système Transferts de technologie
redistributif », c’est-à-dire les administrations Un transfert de technologie consiste pour un agent à
publiques (APU) au premier rang desquelles les mettre à la disposition d’un autre agent une technique
organismes de sécurité sociale. de production et/ou des savoir-faire. Cette opération
Les revenus sociaux, versés aux ménages, sont peut être réalisée à titre onéreux (vente d’un brevet,
destinés à couvrir un certain nombre de « risques » franchisage) ou à titre gratuit (dans le cadre de l’aide
quand ils se réalisent : vieillesse, maladie, chômage, publique au développement par exemple).
charges familiales, etc. Les revenus sociaux, qui se À Dans certains cas, les opérations de commerce
répartissent en prestations en espèces et en presta- international et d’investissement directs à
tions en nature proviennent surtout des organismes l’étranger (IDE) sont conditionnées à des trans-
de sécurité sociale. ferts de technologies.
Au cours des deux dernières décennies, les APU Ü Économie du développement, Politique économique,
centrales et locales ont pris une place croissante Productivité
dans le système de redistribution, réduisant ainsi Compétitivité, Convergence économique, Dépendance,
le poids des APU de sécurité sociale dans les trans- Droits de propriété, Économie de l’innovation, Écono-
ferts de redistribution. mie de la connaissance, Économie des réseaux, Pôle de
À Le solde (positif ou négatif ) des transferts de redis- développement, Propriété intellectuelle, Sous-traitance
tribution est ajouté aux revenus primaires pour
obtenir le revenu disponible brut des ménages.
Revenus Transferts sociaux
Les transferts sociaux sont des opérations de répar-
tition se traduisant par des versements en espèces
Transfert en capital ou en nature sans contrepartie apparente ou directe.
Un transfert en capital est une opération entre Ü Comptabilité nationale
deux parties qui implique l’acquisition ou la cession Revenus, Transferts de redistribution
613
Transformation bancaire
Prix
Trappe à liquidité
Dans la théorie keynésienne, on parle de trappe
à liquidité lorsque le taux d’intérêt tombe à un
niveau si bas, que la demande de monnaie devient
A infinie : « il se peut que, une fois le taux d’intérêt
Pm Em
tombé à un certain niveau, la préférence pour la
B
C Ec liquidité devienne virtuellement absolue, en ce sens
Pc Offre = Cm que presque tout le monde préfère l’argent liquide
à la détention d’une créance qui rapporte un taux
Demande = RM d’intérêt aussi faible » (J. M. Keynes).
Rm À Dans le schéma IS-LM, la trappe à liquidité
correspond à la partie horizontale de la courbe LM.
Qm Qc Quantités Ü Monnaie
614
Travail décent
Travail abstrait
Dans la théorie marxiste, le travail abstrait désigne Travail décent
ce que le travail a de commun au-delà de la diversité Le travail décent est un concept et un programme
concrète. En effet, la valeur des marchandises trouve promus par l’Organisation internationale du tra-
son origine dans le temps de travail socialement vail (OIT) depuis 1999. Il désigne la possibilité
nécessaire à leur production, mais le travail appa- pour chaque individu « d’accéder à un travail pro-
raît sous une grande diversité de formes concrètes ductif dans des conditions de liberté, d’équité, de
en fonction du type de marchandise produite, de la sécurité et de dignité humaine ». Il regroupe divers
qualification du travailleur, etc. (il s’agit là du tra- éléments :
vail concret). Selon K. Marx (1818-1883), le travail ––la possibilité d’exercer un travail productif et
abstrait rend possible la mesure et la comparaison convenablement rémunéré ;
des produits du travail et de leur valeur. ––la sécurité au travail et la protection sociale
Capitalisme, Loi de la valeur, Valeur travail pour les travailleurs et leur famille ;
615
Travail mort
616
Troika
Triangle de Harberger
Triangle des incompatibilités
Le triangle de Harberger est la représentation gra-
phique de la perte sèche (diminution du surplus L’expression triangle des incompatibilités, forgée
total) qui résulte de l’existence d’un monopole ou, par R. Mundell (prix Nobel 1999) au début des
plus généralement, d’une mesure (fiscalité, droit années 1960, désigne le fait qu’un espace écono-
mique ne peut pas bénéficier à la fois de la libre
de douane) qui conduit à la détermination d’un
circulation des capitaux, de taux de changes fixes
niveau de production non efficient.
et de politiques monétaires nationales auto-
Ü Commerce international, Marchés et prix, Politique
nomes.
économique
À Ce concept a été utilisé pour justifier la mise en
Protectionnisme, Rente de monopole, Tarif optimal, place de l’euro. Dans la mesure où l’Union euro-
Triangle de Dupuit péenne (UE) avait fait le choix de la libre circula-
tion des capitaux et des changes fixes, elle devait
avoir une politique monétaire unique, ce qui
Triangle de Rodrik a conduit à l’adoption d’une monnaie unique.
Le triangle de Rodrik, (« trilemme de Rodrik ») Ü Finances internationales, Intégration économique
est un schéma exposé par cet économiste au début Modèle Mundell-Fleming, Zone monétaire, Zone
des années 2000 qui met en avant l’impossibilité monétaire optimale
d’avoir simultanément les trois éléments suivants :
––l’intégration économique (libre-échange,
mobilité internationale des capitaux) ; Trilemme de Rodrik
––la souveraineté des États-nations ; Triangle de Rodrik
––la démocratie.
Lorsque deux éléments sont vérifiés, le troi-
sième ne peut pas l’être. Ainsi, après la Seconde Troc
Guerre mondiale, la souveraineté des États et Économie de troc
les progrès de la démocratie dans le monde se
sont accompagnés d’une limitation de la circu-
lation mondiale des capitaux et d’une régulation Troika
du commerce international dans le cadre de La troika désigne le groupe formé en 2010 par la
l’AGETAC (le GATT en anglais). Des secteurs Commission européenne, le Fonds monétaire
importants comme l’agriculture et les services international (FMI) et la Banque centrale euro-
échappaient ainsi à l’ouverture commerciale, un péenne (BCE) pour résoudre la crise des dettes
contrôle des changes existait et limitait la circula- européennes et plus particulièrement celle de la
tion internationale des capitaux. Grèce, de l’Irlande, du Portugal et de Chypre.
Depuis les années 1980, la libéralisation finan- La troika a fait l’objet de vives critiques portant
cière et l’accélération de la mondialisation ont sur sa composition (il s’agit de fonctionnaires non
accru les contraintes sur les politiques économiques élus, ce qui pose un problème de contrôle démocra-
des États qui ne peuvent plus adopter des politiques tique), son manque de transparence, mais aussi sur
conformes aux vœux de la population (comme le les mesures de rigueur budgétaire qui c onditionnent
617
Trust
l’octroi d’un prêt et qui ont amplifié la récession tion de la protection sociale. Il y a aussi une contro-
économique. verse à propos de l’impact d’une telle mesure sur
Ü Finances internationales, Intégration économique la compétitivité des entreprises : vont-elles baisser
Conditionnalité, Crise de l’euro leurs prix hors taxe pour améliorer leur compéti-
tivité-prix ou bien vont-elles utiliser la baisse des
cotisations pour accroître leur marge (comporte-
Trust ment de marge) ?
Un trust désigne aujourd’hui une grande entreprise Économie publique, Protection sociale
possédant un pouvoir de marché important qui
lui confère une position dominante sur un marché.
L’origine du mot trust vient d’une technique juri- Twist (monétaire)
dique anglo-saxonne par laquelle des actionnaires Le twist monétaire, appliqué la première fois
accordent leur confiance (trust en anglais) à un en 1961 aux États-Unis, et mis en œuvre à nou-
individu ou à une société, le trustee, pour la gestion veau par la banque centrale américaine en
de leurs intérêts. Elle a été appliquée à la concen- octobre 2012, désigne un mécanisme par lequel la
tration de l’industrie aux États-Unis en 1881 banque centrale vend des titres de la dette publique
lors de la création du Standard Oil Trust, créant à court terme pour acheter des titres de la dette
alors une administration unitaire de l’industrie du publique à long terme. Cette forme d’intervention
pétrole, tout en maintenant les entreprises formel-
de la banque centrale a pour objectif de relancer la
lement indépendantes. Les actions des entreprises
croissance et réduire le chômage en faisant baisser
adhérentes ont été confiées à un comité (Board of
les taux d’intérêt longs. Il s’agit aussi d’éviter une
Trustees), à la tête duquel se trouvait J. D. Rocke-
situation de trappe à liquidité.
feller (1839-1937).
Cette modalité de concentration a été aban- Quand les titres de dette sont émis à taux fixe,
donnée au profit de la fusion ou du holding mais leur rendement financier réel diminue lorsque le
l’usage du terme trust a été conservé. cours du titre de dette s’accroît (par exemple, une
Ü Entreprises et système productif obligation souveraine qui rapporte 50 euros d’in-
Loi anti-trust, Opportunisme, Pouvoir de marché, térêts chaque année et dont le cours sur le marché
Théorie de l’agence secondaire passe de 500 euros à 1 000 euros voit
son rendement financier passer de 10 à 5 %). En
augmentant la demande de titres de dette à long
TVA sociale terme, la banque centrale espère donc provoquer
La TVA sociale est un projet de réforme qui consis- une baisse des taux longs et favoriser l’investisse-
terait à augmenter les taux de taxe sur la valeur ment des entreprises et la hausse de la demande de
ajoutée et à affecter les rentrées fiscales correspon- logement des ménages. Elle adresse aussi un signal
dantes au financement de la protection sociale. aux marchés pour les convaincre de sa volonté
Cela permettrait de réduire les taux de cotisa- d’agir dans la durée en faveur de taux d’intérêt
tions sociales patronales. Il s’agit donc de réduire faibles.
la contribution des entreprises au financement de Ü Monnaie, Politique économique
la protection sociale et à la transférer à l’ensemble Canaux de transmission de la politique monétaire,
des ménages. Cette proposition fait l’objet de vifs Courbe de taux, Orientations prospectives, Politique
débats entre partisans et adversaires de la fiscalisa- monétaire, Politique monétaire non conventionnelle
618
U
Ubérisation Unilatéralisme
Le terme « ubérisation » vient du nom de la société En matière de commerce international, l’unilaté-
Uber, entreprise du secteur des services marchands ralisme consiste, pour un pays, à décider seul des
de transport automobile urbain. Dans un premier mesures relatives au protectionnisme et au libre-
sens, l’ubérisation désigne un modèle économique échange.
fondé sur de nouveaux modes de production et À L’unilatéralisme s’oppose donc au multilatéralisme,
de consommation. La production est externalisée au bilatéralisme et au régionalisme commercial.
auprès d’une multitude de producteurs indépen- À Le recours généralisé à l’unilatéralisme peut débou-
dants qui sont mis directement en contact avec les cher sur une guerre commerciale
consommateurs par l’intermédiaire d’une plate- Ü Intégration économique, Mondialisation
forme numérique utilisant des applications dédiées. Gouvernance mondiale, Guerre des monnaies, Orga-
L’ubérisation provoque ainsi un déplacement des nisation mondiale du commerce (OMC), Politique
frontières de la firme : au niveau mondial, Uber des égoïsmes sacrés
emploie moins de 1 000 salariés mais compte plus
d’un million de chauffeurs associés.
Dans un second sens, on se réfère plutôt à « l’ubé- Union des marchés de capitaux
risation de l’économie » pour désigner la croissance (UMC)
rapide de ce segment particulier de la nouvelle L’Union des marchés de capitaux (UMC) est une ini-
économie car les plateformes digitales de biens et tiative lancée en 2015 par la Commission européenne
services marchands tendent en effet à se multiplier (CE) qui vise à approfondir l’intégration des marchés
(Airbnb, Blablacar). des capitaux des pays membres. La Commission a éla-
Sous certains aspects, l’essor de l’ubérisation de boré une liste de 33 mesures dont la mise en œuvre
l’économie peut favoriser la croissance écono- devrait être achevée en 2019. Les objectifs visés sont :
mique par une amélioration du fonctionnement – l’émergence de nouvelles sources de finance-
des marchés, par une intensité plus élevée de la ment pour les entreprises ;
concurrence, par des prix plus bas que dans les sec- – la réduction du coût du capital ;
teurs traditionnels, par une meilleure information – la facilitation des investissements transfron-
des consommateurs et des producteurs. tières au sein de l’UE et une plus grande attractivité
Néanmoins, l’ubérisation a aussi ses limites. Les pour les investissements directs étrangers (IDE).
plateformes fonctionnent selon des rendements Il s’agit de rééquilibrer le système financier euro-
d’échelle croissants qui favorisent la tendance au péen vers un modèle de financement davantage
monopole. Par ailleurs, les économies de réseau fondé sur les marchés de capitaux (et donc moins
qui caractérisent les plateformes numériques ont fondé sur l’intermédiation bancaire).
tendance à accroître les barrières à l’entrée et le Certains économistes font observer qu’un modèle
pouvoir de marché. Les emplois créés sont pré- plus proche du système de financement anglo-saxon
caires et de qualité dégradée, les très nombreux peut être une source d’instabilité financière accrue.
travailleurs indépendants sont privés des droits Ü Finances internationales, Intégration économique,
protégeant habituellement les salariés (droits syndi Monnaie
caux, législation du temps de travail, conditions Stabilité financière
de travail, etc.).
Ü Marché du travail, emploi et chômage
Auto-entrepreneur, Externalisation, Flexibilité du Union bancaire
travail, Formes particulières d’emploi, Segmentation L’union bancaire désigne l’ensemble des mesures
du marché du travail destinées à renforcer la stabilité financière au
619
Union douanière
sein de l’Union européenne (UE). Elle comporte l’emporter sous l’effet de changements structu-
notamment : rels : baisse des coûts de transaction, économies
– un mécanisme de supervision unique (MSU), d’échelle, stimulation de la concurrence et des
dans le cadre duquel la Banque centrale euro- investissements, etc.
péenne (BCE), depuis le 4 novembre 2014, assure, À Une union douanière constitue un optimum de
en lien avec les autorités nationales, la supervision second rang par rapport au libre-échange.
des banques de la zone euro, de manière directe Ü Intégration économique
pour les groupes significatifs et indirecte pour les Communauté andine, Marché commun sud-américain,
autres ; Pacte andin, Union européenne (UE), Zollverein
– un mécanisme de résolution unique (MRU)
depuis le 1er janvier 2015 ;
– à plus long terme, l’institution d’une garantie Union économique
des dépôts commune. Dans la classification de B. Balassa (1928-1991),
Ü Intégration économique, Monnaie une union économique est un espace dans lequel
Comité européen du risque systémique (CERS), les pays membres constituent une union doua-
Risque systémique nière et harmonisent certaines de leurs politiques
économiques, sociales et démographiques : par
exemple, les politiques commerciales, les poli-
Union douanière tiques budgétaires, les politiques monétaires, les
Une union douanière désigne une intégration éco- politiques sociales ou les politiques migratoires.
nomique dans laquelle les biens et les services cir- Ü Intégration économique
culent librement entre les pays membres de l’union Intégration monétaire, Marché commun, Subsidiarité,
(zone de libre-échange) et dans laquelle les pays Union européenne (UE), Zollverein, Zone de libre-
appliquent des droits de douane identiques à l’égard échange
des pays tiers (instauration d’un tarif extérieur com-
mun). Une union douanière implique l’établisse-
ment de règles de partage des recettes douanières. Union économique et monétaire
La théorie des unions douanières appréhende les (UEM)
conséquences de cette union à travers deux effets L’Union économique et monétaire (UEM) est,
opposés sur le commerce international : dans la classification de B. Balassa (1928-1991),
– une création de trafic : augmentation des la cinquième et dernière étape du processus d’in-
échanges au sein de l’union douanière et avec le tégration économique, après la zone de libre-
reste du monde ; échange, l’union douanière, le marché commun,
– un détournement de trafic : développement l’union économique. Elle se caractérise par la créa-
d’une production à coût élevé dans la zone au tion d’une monnaie commune ou d’une monnaie
détriment d’une importation à coût plus faible en unique.
provenance de l’extérieur de la zone. La zone euro au sein de l’Union européenne
Soit par exemple une union douanière dont les (UE) a franchi cette étape en 1999. Pour certains,
droits de douane sont de 20 % face au reste du l’union économique et monétaire peut apparaître
monde et deux pays non-membres de cette union, comme l’étape précédant l’union politique.
le pays A qui vend un produit à 110 unités moné- Ü Finances internationales, Intégration économique
taires (soit 132, droit de douane inclus) et le pays B Banque centrale européenne (BCE), Intégration
qui le vend à 95 (soit 114, droit de douane inclus). monétaire, Pacte de stabilité et de croissance, Traité
Les pays de l’union douanière s’approvisionnent sur la stabilité, la coordination et la gouvernance
donc auprès du pays B. Si le pays A rentre dans (TSCG), Triangle des incompatibilités, Zone moné-
l’union mais pas le pays B, les prix à l’intérieur taire optimale
de l’union douanière vont se modifier. En effet, le
droit de douane s’applique encore sur le produit du
pays B (114) mais plus sur celui du pays A (qui ne Union européenne (UE)
coûte plus que 110). Il y a donc détournement de L’Union européenne est une union économique qui
trafic, puisque les consommateurs de l’union doua- a succédé à la Communauté européenne (CE) avec
nière vont alors s’approvisionner auprès du pays le l’adoption en février 1992 du Traité de Maastricht
moins efficient. et son entrée en vigueur le 1er novembre 1993.
La théorie des unions douanières peut aussi Beaucoup d’observateurs considèrent que les
être abordée de façon dynamique. Dans ce cas, les institutions conçues pour six pays dans le cadre
effets positifs (création de trafic) ont tendance à d’accords intergouvernementaux (Traité de Rome)
620
Unité de production
sont inadaptées pour fonctionner avec un nombre – un taux de change effectif unique par rapport
beaucoup plus élevé de pays : 12 pays membres aux monnaies extérieures à l’union monétaire ;
lors de la signature du Traité de Maastricht ; élar- – un abandon de toute politique monétaire
gissement à 15 membres, le 1er janvier 1995 ; nou- indépendante par les pays membres.
vel élargissement à 25 membres le 1er mai 2004, Les unions monétaires permettent de réduire les
27 membres en 2007 (Roumanie, Bulgarie), coûts de transaction dans les échanges entre pays.
28 membres en 2013. Mais historiquement leur survie est inégale face aux
Une possibilité de coopération renforcée entre divers chocs qu’elles subissent.
certains membres a été introduite dans le Traité Le système monétaire européen (SME), créé
d’Amsterdam (2 octobre 1997) et une évolution en 1979, puis la création de la zone euro peuvent
des institutions a été introduite depuis le Traité de être considérés comme des unions monétaires pro-
Nice (26 février 2001) et le Traité de Lisbonne fondes qui sont un aboutissement de l’intégration
(1er décembre 2009). Mais le débat autour des ins- économique au sens de B. Balassa (1928-1991),
titutions de l’UE tend à opposer les partisans d’une mais la crise de l’euro montre les fragilités de toute
simple intégration commerciale aux partisans d’une union monétaire.
intégration fédérale et politique des États membres. Ü Finances internationales, Intégration économique,
Ü Intégration économique Monnaie
Acte unique européen, Fédéralisme budgétaire, Fédé- Gouvernance, Intégration monétaire, Traité sur la
stabilité, la coordination et la gouvernance (TSCG),
ralisme politique, Gouvernance, Intégration moné-
Triangle des incompatibilités, Union économique et
taire, Pacte de stabilité et de croissance, Traité sur la
monétaire (UEM), Zone monétaire optimale
stabilité, la coordination et la gouvernance (TSCG),
Zollverein
Unité de compte européenne
Union latine (European Currency Unit, ECU)
L’Union latine (ou Union monétaire latine) est L’ECU (European Currency Unit) était l’unité de
une union monétaire instituée en 1865 pour compte du système monétaire européen. La valeur
défendre le bimétallisme or/argent entre les pays de l’ECU était la moyenne pondérée des valeurs des
monnaies des pays membres de la Communauté
signataires (France, Italie, Belgique, Grèce, Suisse).
économique européenne (CEE).
Les pays concernés défendent un rapport officiel
À L’ECU n’était pas une monnaie, mais une simple
entre le prix de l’or et le prix de l’argent après les
unité de compte. Le passage à la monnaie unique
perturbations liées aux découvertes de mines d’or
a conduit à la mise en place de l’euro.
de Californie en 1847 et d’Australie en 1851. Les Ü Finances internationales, Intégration économique
membres de l’Union latine frappent des pièces d’or Intégration monétaire, Monnaie commune, Union
et d’argent de poids identique, ce qui facilite les monétaire
échanges au sein de la zone monétaire.
À partir de 1870, le cours de l’argent connaît
une chute sensible par rapport à l’or. Le monomé- Unité de consommation
tallisme or s’impose et tend à isoler les pays signa- L’unité de consommation est une méthode de
taires de la convention de 1865. En 1874, l’Union mesure de la taille d’un ménage tenant compte
latine renonce à la frappe libre de l’argent, ce qui du nombre de ses membres et des économies
constitue (de fait) la fin de l’Union latine qui ne d’échelle liées à la taille du ménage. L’échelle
disparaîtra officiellement qu’en 1925. actuellement la plus utilisée est celle de l’OCDE
Ü Finances internationales qui compte une unité de consommation pour le
Étalon-or, Système monétaire international premier adulte du ménage, 0,5 unité par personne
de plus de 14 ans et 0,3 unité par enfant de moins
de 14 ans.
Union monétaire Ü Consommation et épargne
Une union monétaire est un accord monétaire Niveau de vie
entre deux ou plusieurs pays qui conviennent de
gérer conjointement leur politique monétaire (et
plus largement leur politique économique). En Unité de production
principe, une union monétaire durable implique : Le terme unité de production est utilisé pour
– une monnaie unique ou des taux de change désigner un centre de décision au sein duquel
fixes entre les monnaies des pays membres ; s’organise la production de biens et de services.
621
Unité institutionnelle
622
Utilité ordinale
bien consommée. C’est la dérivée de la fonction d’uti- sans pour autant attribuer à chacun d’eux une
lité (U) par rapport à la quantité consommée (Qx). « note » précise.
Um (Q x) = U’ (Q x) On peut donc dire qu’un panier de biens est pré-
féré à un autre, mais pas que son utilité est x fois
Ü Épistémologie économique, Marchés et prix supérieure.
Marginalisme, Ophélimité À C’est V. Pareto (1848-1923) qui a introduit le
concept d’utilité ordinale. Cette hypothèse est
à la fois plus réaliste et surtout suffisante pour
Utilité ordinale construire une analyse microéconomique du com-
Selon la conception ordinale de l’utilité, le portement du consommateur.
consommateur peut établir un ordre de préfé- Ü Marchés et prix
rence entre différents paniers de consommation Marginalisme, Ophélimité, Utilité, Utilité cardinale
623
V
Valeur d’achat d’une action augmentée des dividendes
La valeur d’un bien économique est ce qui déter- reçus au cours d’une période donnée.
mine le rapport d’échange de ce bien avec un autre À L’accent mis sur la maximisation de la valeur
bien. Pour les économistes de l’école classique, actionnariale (création de valeur pour l’action-
ainsi que pour K. Marx (1818-1883), il convient naire) s’inscrit dans une logique de contrôle du
de distinguer la valeur d’usage et la valeur comportement des manageurs de l’entreprise par
d’échange. Seule cette dernière détermine les rap- les actionnaires (capitalisme actionnarial). Cette
ports d’échange et elle trouve son origine dans le approche consacre la place centrale de l’actionnaire
travail (on parle de valeur travail). Les écono- dans les préoccupations stratégiques de l’entreprise.
mistes classiques et la théorie marxiste partagent Ü Entreprises et système productif, Monnaie
donc une théorie objective de la valeur. Pour l’École Bourse des valeurs, Capitalisation boursière, Capi-
autrichienne et pour la théorie néoclassique au talisme managérial, Incitation, Investisseurs institu-
contraire, la valeur des marchandises trouve son tionnels, Marché financier, Offre publique d’achat
origine dans l’utilité ou la satisfaction qu’elles pro- (OPA), Stock-options, Théorie de l’agence
curent au consommateur (valeur utilité). Il s’agit
donc d’une théorie subjective de la valeur.
À L’analyse économique contemporaine n’accorde Valeur actualisée nette (VAN)
pas une place importante au concept de valeur. Elle La valeur actualisée nette représente la différence
se concentre sur les prix relatifs observables (sans entre les flux annuels de revenu actualisés géné-
rechercher de fondements inobservables à ces rap- rés par un investissement (recettes futures après
ports de prix). S’agissant des choix du consomma- calcul d’actualisation) et le coût de cet investis-
teur, elle met l’accent sur les préférences révélées. sement (dépense courante). Soit un investissement
Ü Marchés et prix de 14 000 euros qui génère un flux de recettes
Rareté, Utilité marginale de 5 000 euros pendant 3 ans, le calcul de la VAN
est le suivant :
Valeur (évaluation en) 5000 5000 5000
L’évaluation d’une grandeur économique en (1 + i) + (1 + i)2 + (1 + i)3 euros − 14 000 euros
valeur s’exprime aux prix de l’année en cours. Par
exemple, la valeur du produit intérieur brut de L’entreprise (ou un autre agent économique)
l’année t, renvoie aux quantités produites et aux choisit un taux d’actualisation (en général le
prix de l’année t (valeur = quantité × prix). taux d’intérêt auquel elle peut emprunter) pour
On parle également d’évaluation à prix courantsramener les flux de revenus futurs à leur équiva-
ou en monnaie courante (en euro courant par lent présent. Dans l’exemple, l’investissement n’est
exemple). pas rentable si le taux d’actualisation est supérieur
Inflation, Prix courant, Salaire nominal, Volume (éva-
à 3,5 % puisque la VAN serait négative.
luation en) La VAN est donc un outil d’aide à la décision qui
permet de choisir entre deux projets d’investisse-
ment (ou entre un investissement et un placement).
Valeur actionnariale Ü Capital et investissement, Entreprises et système pro-
(shareholder value) ductif
La valeur actionnariale peut se définir par Efficacité marginale de l’investissement, Taux de ren-
la différence entre le prix de vente et le prix dement interne (TRI)
624
Valeur mobilière
Valeur brute
En comptabilité, la valeur brute est la valeur d’un Valeur mobilière
actif qui ne tient pas compte du montant des Une valeur mobilière est un titre financier négo-
amortissements et ou des provisions. ciable, qui peut être coté en bourse : actions,
Les comptables nationaux définissent des agré- obligations, titres de créances négociables, parts
gats en valeur brute comme le produit intérieur d’Organisme de placement collectif en valeurs
625
Valeur nette
626
Viscosité des prix
627
Vitesse de circulation de la monnaie
l’offre ou de la demande. C’est ainsi qu’une partie actifs moins risqués. Face à une crise de confiance,
du chômage peut s’expliquer par la viscosité du ce comportement est rationnel au niveau indivi-
taux de salaire. La lenteur dans l’ajustement des duel mais, par un effet d’agrégation, il amplifie les
prix s’explique notamment par le temps de produc- crises financières puisque la vente des actifs risqués
tion et de gestion de l’information, par le caractère précipite la chute des cours.
coûteux du changement des prix (il faut réimpri- Ü Finances internationales, Fluctuations et crises écono-
mer les catalogues ou les cartes des restaurants), par miques
l’existence de contrats qui fixent les prix pour une Anticipation, Aversion pour le risque, Bulle spécula-
certaine période, etc. tive, Contagion, Crise de change, Risque de crédit,
Ü Marchés et prix Risque de système
Coûts de catalogue, Équilibre avec rationnement, Nou-
velle microéconomie, Théorie des équilibres à prix fixes
Volatilité
La volatilité est la mesure de l’amplitude des varia-
Vitesse de circulation de la monnaie tions du prix d’un actif. Elle se mesure par l’écart
La vitesse de circulation de la monnaie exprime le type de la série statistique considérée (cours d’une
nombre de paiements qu’effectue en moyenne une action, rendement d’un actif, taux d’intérêt, etc.)
unité monétaire dans un temps donné. sur plusieurs jours. Par exemple, le flottement des
À partir d’une version simplifiée de l’équation de monnaies a conduit à une volatilité plus grande
Fisher, la vitesse de circulation de la monnaie (V) des cours du change.
est donnée par la formule suivante : V = PT/M. À La volatilité est une source de risque pour les opé-
P est le niveau général des prix, T le volume des rateurs : plus la volatilité est forte, plus le risque est
transactions et M la masse monétaire. élevé et plus l’agent économique qui effectue un
À La vitesse de circulation de la monnaie est au cœur placement dans cet actif volatil exigera un rende-
des controverses entre monétaristes et keynésiens. ment élevé. Certains opérateurs vont jouer avec ce
Pour les premiers, elle est stable et les autorités risque dans le cadre de stratégies de spéculation,
monétaires peuvent contrôler l’évolution des prix d’autres, au contraire, vont chercher à se protéger
en contrôlant la quantité de monnaie. Pour les par des stratégies de couverture.
seconds, la vitesse de circulation de la monnaie est Ü Finances internationales
instable et l’impact macroéconomique d’une varia- Changes flottants, Crise de change, Position de change
tion de la quantité de monnaie est donc indéter-
miné. De ce fait, la politique budgétaire doit être
préférée à la politique monétaire. Volume (évaluation en)
À Les innovations financières favorisent une meil- L’évaluation en volume d’une grandeur écono-
leure gestion des encaisses de la part des agents mique s’exprime à prix constants ou en monnaie
économiques, ce qui se traduit, le plus souvent, constante, c’est-à-dire en éliminant l’effet des varia-
par une accélération de la vitesse de circulation de tions de prix.
la monnaie. Indice des prix, Inflation, Pouvoir d’achat, Valeur
Ü Monnaie (évaluation en)
Agrégat monétaire, Inflation, Monétarisme, Théorie
keynésienne, Théorie quantitative de la monnaie,
Thésaurisation Vulnérabilité au chômage
La vulnérabilité au chômage désigne la probabilité
de perdre son emploi et de se retrouver au chômage
Vol d’oies sauvages (modèle) dans une période donnée. On peut la mesurer
Modèle d’Akamatsu par le taux de transition de l’emploi au chômage,
c’est-à-dire le pourcentage de personnes employées
à la date t qui sont au chômage en t + 1.
Vol vers la qualité (flight to quality) La vulnérabilité au chômage est importante
Le vol vers la qualité (ou fuite vers la qualité) est pour les salariés les moins qualifiés.
une situation dans laquelle les détenteurs d’actifs Ü Marché du travail, emploi et chômage
financiers risqués les vendent pour acquérir des Employabilité, Lois Hartz
628
W
Warrant ne peuvent se fonder que sur les utilités indivi-
Un warrant est un titre négociable qui donne le droit duelles, c’est-à-dire des évaluations subjectives du
et non l’obligation d’acheter un actif sous-jacent à bien-être.
un prix déterminé et avant une date donnée. À la Depuis J. Bentham (1748-1832), la position
différence des options, les warrants sont émis par les welfariste considère que l’état social le plus juste
banques. Sur la place de Paris, ils sont négociés sur est celui qui maximise la somme des utilités indi-
un compartiment spécifique d’Euronext. viduelles. Cette voie de recherche a été reprise au
Ü Finances internationales, Monnaie xxe siècle par J. Harsanyi (1920-2000, prix Nobel
Produits dérivés, Risque 1994) qui montre que, sous certaines hypothèses, il
est possible de construire une fonction de bien-être
social comme somme pondérée des utilités indivi-
Welfare benefits duelles.
Cette conception utilitariste est contestée par
Minima sociaux
des auteurs comme J. Rawls (1921-2002) et A. Sen
(prix Nobel 1998). Ces derniers soulignent notam-
Welfarisme ment le fait qu’une situation optimale au sens
de Pareto peut être fortement inégalitaire.
Le welfarisme est une posture théorique, héri-
Ü Économie publique, Protection sociale
tière de l’utilitarisme, qui étudie les questions de Économie du bien-être, Fonction d’utilité collective,
répartition des revenus et de justice sociale. Les Optimum de Pareto, Redistribution, Utilité, Utilité
auteurs de ce courant d’analyse considèrent que les cardinale, Utilité ordinale
choix relatifs aux différents états sociaux possibles
X
Xeno-devise
Eurodevise
629
Z
ZEN (zéro émissions nettes) cours du change. Il s’agirait pour les autorités
L’Accord de Paris sur le climat a fixé l’objectif monétaires de calculer le taux de change d’équi-
de zéro émissions nettes (ZEN) de gaz à effet de libre fondamental de leur monnaie et d’intervenir
serre responsables du réchauffement climatique. sur le marché des changes pour faire en sorte que
Les émissions nettes correspondent à la différence le taux de change du marché se situe à l’intérieur
entre le total des émissions d’origine anthropique de la zone cible.
et l’absorption du carbone par les puits de carbone À Deux techniques sont envisageables :
naturels (forêts, océans, etc.). ––les autorités monétaires peuvent annoncer
Ü Économie et écologie publiquement les zones cibles et leur intention
d’intervenir pour défendre des marges de fluctu
ations connues des cambistes ;
Zinzin ––les autorités monétaires peuvent faire savoir
par un signal aux marchés qu’elles se sont mises
Le terme « zinzin » est une formulation usuelle
d’accord sur des taux de change d’équilibre et des
désignant les investisseurs institutionnels.
marges de fluctuations sans en révéler les valeurs.
Ü Monnaie
Dans ce dernier cas, il existe pour les spéculateurs
une incertitude qui peut les conduire à adopter un
Zollverein comportement moins déstabilisateur.
À On considère généralement que, si les autorités
Le Zollverein est un traité d’union douanière signé monétaires des différents pays adoptent une poli-
en 1833 par la Prusse et 25 autres États germa- tique coopérative crédible, l’annonce de la mise en
niques et entré en vigueur le 1er janvier 1834. Les place de zones cibles aura pour effet de dissuader
pays contractants s’obligeaient aussi à mettre en dis- (au moins en partie) la spéculation.
cussion l’adoption d’une monnaie commune. En Ü Finances internationales
1867, la sortie de l’Autriche du Zollverein, conduit Accord du Louvre, Accord du Plaza, Bulle spéculative,
à intégration autour de la Prusse, dont la monnaie Changes flottants, Crédibilité
devient la monnaie unique du Zollverein.
À Dans cet exemple, la dynamique de l’intégration a
donc consisté à passer d’une union douanière à une Zone de libre-échange
union monétaire avec une monnaie commune, Une zone de libre-échange résulte d’un accord
puis à une monnaie unique, enfin à une union de réciprocité entre des Nations voisines ou non
politique par la constitution d’un empire allemand qui décident d’éliminer les droits de douane et
autour de la Prusse. les restrictions au commerce entre elles tout en
Ü Finances internationales, Intégration économique conservant les barrières nationales particulières
Intégration monétaire, Marché commun, Protection- dans les échanges avec le monde extérieur à la
nisme éducateur, Zone de libre-échange zone. L’Association européenne de libre-échange
(AELE) dans les années 1960, l’Association de
libre-échange de l’Atlantique Nord (ALENA)
Zone cible ou l’Association des nations d’Asie du Sud-Est
Une zone cible est une bande de fluctuations située (ANASE) en sont de bons exemples. La suppres-
de part et d’autre d’un taux de change d’équilibre. sion des tarifs douaniers à l’intérieur de la zone peut
La mise en place de zones cibles a été proposée par être progressive, elle peut exclure certains produits
J. Williamson en 1983 comme modalité d’une (agricoles, services, etc.) et ne concerne pas les
réforme du système monétaire international qui facteurs de production, ce qui permet souvent de
aurait pour objectif de réduire la volatilité des conserver les barrières non tarifaires.
630
Zone monétaire optimale
631
Lexique anglais/français
A sset backed securities (ABS) Crédits structurés adossés à des prêts hypothécaires
Association of South Eastasian Nations Association des nations d’Asie du Sud-Est
Asset management Gestion d’actifs
Agency costs Coûts d’agence
Autoeconomy Économie de marchés financiers
Aversion to dispossession Aversion à la dépossession
633
Dictionnaire de science économique
F airness Équité
Fair trade Commerce équitable
Fair value accounting Comptabilité à la juste valeur ou en prix du marché
(et non au coût historique)
Flight to quality Fuite vers la qualité
Flight to safety Fuite vers la sécurité
Financial futures markets Marchés à terme d’instruments financiers
Financial savings rate Taux d’épargne financière
Fixed-capital consumption Consommation de capital fixe
Fixing Fixage
Flat tax Impôt à taux unique
Flow of funds table Tableau d’opérations financières (TOF)
Foreign exchange risk Risque de change
Forward guidance Orientations prospectives
Forward market Marché à terme
Free Banking Banque libre
Free on board Franco à bord
Free rider Passager clandestin
French classification of activities Nomenclature d’activités française (NAF)
Fresh money Crédit additionnel
Full size Haut de gamme
Futures contract Contrat à terme
634
Lexique anglais-français
Labor Travail
Law of one price Loi du prix unique
Leads and lags Termaillage
Leaky bucket Seau perçé (métaphore du)
Leaning against the wind Naviguer contre le vent
Learning by doing Effet d’apprentissage
Lender of last resort Prêteur en dernier ressort
Leverage effect Effet de levier (en finance rapport dettes sur fonds propres)
Leverage buy-out Rachat d’entreprise par endettement
Liquidity coverage ratio Ratio de liquidité à court terme
Lobby Groupe de pression
London international financial future exchange Marché à terme des instruments financiers de Londres
Long term refinancing operation (LTRO) Opération de refinancement à long terme
Loss aversion Aversion à la perte
635
Dictionnaire de science économique
Non-profit institutions serving households Institutions sans but lucratif au service des ménages (ISBLSM)
Northatlantic Fair Trade Association Association de libre-échange de l’Atlantique Nord
636
Lexique anglais-français
T ake-off Démarrage
Tax cut Réduction d’impôt
Tax haven Paradis fiscal
Tax loophole Niche fiscale
Taxable income Revenu imposable
Target zone Zone cible
Trend Tendance à long terme
Trust Grande entreprise dominant un marché
Terms of trade Termes de l’échange
Too big to fail Trop important pour faire faillite
Trickle down effect Effet de ruissellement
Turn-over Rotation de la main-d’œuvre
637
Index
Acemoglu Daron 52, 60, Coase Ronald 171, 224, Geremek Bronislaw 506 Lazarsfeld Paul 112
161, 215, 346, 347 257, 304 Giddens Anthony 512 Lazear Edward 606
Aftalion Albert 1 Cobb Charles W. 76 Giraud Pierre-Noël 412, 414 Le Cacheux Jacques 223
Aghion Philippe 155, 159, Cobden Richard 370 Goblot Edmond 242 Lecat Rémy 493
323 Coeuré Benoît 304, 459 Godard Olivier 223 Le Héron Edwinn 200
Aglietta Michel 108, 417 Cohen Élie 323 Godley Wynne 408 Leibenstein Harvey 257
Akerlof George 206, 606 Cohen Gerald A. 363, 397 Goodhart Charles 366 Leijonhufvud Axel 130
Alchian Armen 259, 330 Coleman James 59 Gordon Robert J. 160, 493, Leontief Wassily 76, 260
Allais Maurice 131, 424 Coriat Benjamin 91 573 Lewis Arthur 212
Ando Alberto 114 Cournot Augustin 196 Gournay Vincent de 387 Lindbeck Assar 345
Aoki Masahiko 259, 261 Cyert Richard 257 Gramsci Antonio 320 Linder Stephen B. 86
Aparisi de Lannoy Léo 304 Grossman Gene M. 134 List Friedrich 350
Arrous Jean 152 Dales John H. 224, 376 Grossman Sanford 124 Lucas Robert 158, 159, 436
Arrow Kenneth 389, 405, Daly Herman 58 Guesnerie Robert 129
548, 580 Davies David 112 MacNamara Robert 218
Artus Patrick 192 Debreu Gérard 389, 405, Hansen Alvin 438 Maddison Angus 150, 275,
Aumann Robert 604 580 Hardin Garrett 37, 610 411
Axelrod Robert 358 de Gournay Vincent 234 Harrod Roy F. 154, 156, Malinvaud Edmond 153,
de Lannoy Léo Aparisi 475 276, 277 342, 493
Bain Joe 408 Demsetz Harold 259, 330 Harsanyi John 549, 604, 629 Malthus Thomas R. 119,
Bairoch Paul 150, 452 Denison Edward 153, 493 Hart Oliver 124 154, 506, 546, 547, 549
Balassa Béla 348, 620, 621 Destanne de Bernis Gérard Hayek Friedrich 2, 179, 234, March James G. 257
Baran Paul 214 342 236, 240, 392, 416, 417, Marshall Alfred 224, 437
Barrère Alain 577 Doeringer Peter 386 426, 446, 447, 549, 577, Marx Karl 49, 84, 154, 155,
Barro Robert J. 159 Domar Evsey 156 607, 608 160, 191, 224, 366, 388,
Baudelot Christian 114 Dooley Michael P. 44, 299 Hicks John R. 205, 438, 542 392, 393, 417, 457, 543,
Baudrillard Jean 566 Dormont Brigitte 509 Hirschmann Albert O. 138, 546, 608
Baumol William 256, 257, Douglas Paul H. 76 149, 212 Mason Edward S. 256, 408
411 Downs Anthony 207 Horioka Charles 120 Massé Pierre 460
Becker Gary 16, 115, 159, Dubois Paul 153, 493 Hotelling Harold 224 McKinnon Ronald 631
546 Duesenberry James S. 116, Howitt Peter W. 155, 159 McNamara Robert 218
Belassa Béla 349 241 Hume David 328 Meade James 350
Benassy-Quéré Agnès 304, Duflo Esther 215 Means Gardiner 257, 260
459 Jacquet Pierre 414, 415 Meckling William 259
Bentham Jeremy 629 Easterlin Richard 452 Jean Sébastien 416 Meiser N. 215
Bergeaud Antonin 493 Eber Nicolas 228 Jensen Michael 259 Méline Jules 584
Berger Suzanne 484 Edgeworth Francis Y. 42 Jensen Robert 413 Mendès France Pierre 44
Berle Adolph 257, 260 Elster Jon 397 Jevons William S. 224, 276 Menger Carl 517
Bernanke Ben 2, 288, 325 Engel Ernst 112 Juglar Clément 308 Mill John Stuart 418
Beveridge William 507 Esping-Andersen Gøsta 176, Minsky Hyman 2, 165,
Bismark Otto (von) 506 233, 505, 513 Kaldor Nicholas 156, 437, 296, 331
Bouba-Olga Olivier 258 Establet Roger 114 469 Mirrlees James 305
Boulding Kenneth 223 Eucken Walter 237, 446 Kalecki Michal 544 Mises Ludwig von 64, 416,
Bourdieu Pierre 113, 242 Katona George 112 417
Bourguignon François 410, Feldstein Martin 118, 120 Keynes John Maynard 55, Modigliani Franco 114, 329
412 Fisher Allan G. B. 260, 559 70, 115, 119, 238, 242, Mundell Robert 350, 407
Bowley Arthur L 196 Fisher Irving 2, 114, 173, 312, 381, 392, 393, 418, Musgrave Richard 235, 314,
Brand Thomas 303 424 437, 541, 543, 547, 608 315, 316, 528
Braudel Fernand 81 Fitoussi Jean-Paul 39, 468, Kindleberger Charles 87, Myrdal Gunnar 212, 280, 418
Brown Thomas 116 547 165, 572, 631
Brumberg Richard 114 Fleming Marcus 407 Kondratiev Nikolaï 309, 313 Nelson Richard 259, 554
Brundtland Gro Harlem 225 Fogel Robert 160, 214 Kremer Michael 215 North Douglass 52, 60,
Folkerts-Landau David 44, Krueger Alan B. 134 154, 160, 214, 346, 395,
Calvo Guillermo Antonio 299 Krugman Paul 86, 160, 544 428, 447
299 Foray Dominique 207 Kuhn Thomas 551 Nozick Robert 363
Cardoso Fernando Henrique Fourastié Jean 260, 324, Kydland Finn E. 337, 468,
214 495, 544 473 Okun Arthur 401
Carré Jean-Jacques 153, 493 Friedman Milton 115, 343, Ollivier Émile 283
Cassel Karl Gustav 297 416, 418, 426, 467, 550 Lahreche-Revil Amina 525 Orléan André 108, 126,
Castel Robert 503, 505, 508, Friedman Thomas 410 Laïdi Zaki 414 394, 417
510, 513 Lamy Pascal 80, 414 O’Rourke Kevin 452
Cette Gilbert 493 Gaffard Jean-Luc 130, 153, Lancaster Kelvin J. 115 Oster Elisabeth 413
Chamberlin Edward H. 256, 154, 161 Landais Camille 510 Ostrom Elinor 38, 200,
387 Galbraith John Kenneth 113, Laroque Pierre 508 224, 611
Chandler Alfred D. 257, 261 395, 566 Lassudrie-Duchêne Bernard Ostrom Vincent 200
Chenery Hollis 218 Garber Peter M. 44, 299 86
Clark Colin 260, 559 Georgescu-Roegen Nicholas Laurent Éloi 107, 223 Palier Bruno 511
Clark J. Maurice 1, 256, 408 223 Lavoie Marc 408 Pareto Vilfredo 234
638
Parguez Alain 417, 418 Rodrik Dani 60, 88, 160, Smith Adam 55, 111, 154, Treillet Stéphanie 222
Pasinetti Luigi 437 217, 347, 395 191, 205, 387, 491, 543, Tullock Gordon 522
Passet René 223 Rogoff Kenneth 160, 573 546 Turgot Anne Robert J. 130
Penrose Edith 258 Romer Paul 158, 159 Smith John Maynard 358
Perroux François 149, 254, Röpke Wilhelm 446 Snower Dennis 345 Van Parijs Philippe 363
263, 342 Rosanvallon Pierre 509 Solow Robert 135, 153, 157, Vauban Sébastien (Le Prestre
Petty William 83 Rosen Sherwin 606 453, 493 de) 112
Phillips Alban William 135 Rostow Walt Whitman 111, Sonnenschein Hugo F. 389 Veblen Thorstein 113, 122,
Pigou Arthur Cecil 224, 437 213 Spence Michael 206 395
Piketty Thomas 510, 544 Rueff Jacques 417 Sraffa Piero 158, 437 Vernon Raymond 85
Piore Michael 386 Rybczynski Tadeusz M. 85, Stackelberg Heinrich (Von) Vickers John 528
Pisani-Ferry Jean 414, 415 599 196 Viner Jacob 350
Polanyi Karl 395, 506, 546 Stern Nicholas (sir) 225 Volcker Paul 32, 528
Porter Michael 25 Sachs Ignacy 223 Stigler George 115 von Mises Ludwig 234,
Poulon Frédéric 417, 418 Saez Emmanuel 305, 510 Stiglitz Joseph E. 39, 160, 548, 608
Prebisch Raúl 173, 212 Samuelson Paul A. 85, 135 206, 236, 546 Von Neumann John 552
Prescott Edward C. 337, Sauvy Alfred 186, 216 Stolper Wolfgang 85 Vroey Michel de 372
468, 473 Schelling Thomas 604 Strange Susan 232
Schmitt Bernard 417, 418 Strout Alan 218 Wallis John 447
Rachline François 418 Schmoller Gustav (von) Subramanian Arvind 160, Walras Léon 372, 388, 405
Ragot Xavier 304, 475 517 347, 395 Weber Max 434
Rainelli Michel 80 Schultz Theodore 159, 218 Summers Lawrence 160 Weingast Barry 447
Ramsey Frank 305, 527 Schumpeter Joseph A. 154, Sunstein Cass 203, 439 Wicksell Knut 179, 280,
Rawls John 548, 629 155, 159, 179, 191, 327, Supiot Alain 68 398, 418, 608
Reinhart Carmen M. 160, 388, 390, 418 Sutch Richard 329 Williamson Oliver 258, 304
299, 535, 573 Scitovsky Tibor 350 Willinger Marc 228
Ricardo David 84, 154, 297, Sen Amartya 39, 52, 547, Thaler Richard 203, 439 Winter Sidney 259, 554
368, 543, 549 622, 629 Tinbergen Jan 39, 350 Wright Erik Olin 397
Robinson James A. 161, 215, Senior Nassau 549 Tirole Jean 262, 462
346, 347 Simon Herbert 257, 258 Titmuss Richard 505 Yellen Janet 606
Robinson Joan 52, 60, 156, Sismondi Sismonde (de) Tobin James 329 Young Allyn 154, 155, 159,
158, 256, 387, 437 119 Torrens Robert 84 191, 491
639
79381 (I) OSB 80° – LUM – JOE