Vous êtes sur la page 1sur 25

CNAM

SYSTEMES D’INFORMATION ET ORGANISATION


UE DSY 222 - ANNEE 2005/2006
PROFESSEUR Yvon PESQUEUX

Auditeur Abdelkrim NEMMAOUI

PRESENTATION DU LIVRE DE IGNACIO RAMONET :


GEOPOLITIQUE DU CHAOS, GALLIMARD, PARIS
1999, COLLECTION FOLIO, 267 PAGES  

1
SOMMAIRE :

1. L’auteur 
2. Postulats et hypothèses de l’auteur
3. Démonstration
4. Résumé de l’ouvrage 
 Introduction
 Mutation du futur
 Néohégémonie américaine
 Le système PPII 
 Retour de l’irrationnel 
 Le matin des tribus 
 Les rébellions à venir
 L’agonie de la culture
 Du Kosovo au nouvel ordre mondial
5. Principales conclusions
6. Discussion et critique
7. Actualité de la question
8. Bibliographie complémentaire

2
L’AUTEUR 

Ancien élève de Roland Barthes, il est depuis 1991, directeur du mensuel Le Monde
diplomatique.
Son éditorial du Monde diplomatique de décembre 1997 a été à l'origine de la création de
l'association ATTAC. Il a été parmi les promoteurs du Forum Social Mondial de Porto
Alegre dont il a proposé le slogan : « Un autre monde est possible ». Il est le fondateur de
l'ONG internationale Media Watch Global (Observatoire international des médias) et de sa
version française : l'Observatoire français des médias. Il est membre du comité de parrainage
de la Coordination française pour la Décennie de la culture de paix et de non-violence.

Autres ouvrages  de l’auteur :


 1999 : Nouveaux pouvoirs, nouveaux maîtres de communication, Ed Galilée

 2001 : Marcos, la dignité rebelle. Entretiens avec le sous commandant Marcos

 2001 : La tyrannie de la communication, Editions Gallimard

 2002 : Propagandes silencieuses, Editions Gallimard

 2002 : Guerres du XXIe siècle - Peurs et menaces nouvelles, Editions Galilée

 2004 : Abécédaire partiel et partial de la globalisation, avec Ramon Chao et


Wozniak, Editions Plon

 2004 : Irak : Histoire d'un désastre, Editions Galilée

POSTULATS ET HYPOTHESES DE L’AUTEUR 

 Le rythme accéléré et la profondeur des transformations de tous ordres, en cette fin de


siècle, stupéfient les observateurs par son ampleur. Stimulée par les nouvelles
technologies de l’information, la globalisation de l’économie bouleverse tout. Le marché
et la communication s’érigent en divinité moderne exigeant soumission, foi, culte et
nouvelles liturgies.

 Toutes les activités humaines doivent s’y accommoder et si une activité veut se
développer elle doit être à la fois planétaire, permanente, immédiate et immatérielle
(PPII).

3
 Les Etats nations, les gouvernements, les partis politiques, les syndicats et même les
intellectuels sont dépassés par les événements et perdent leurs repères traditionnels. Les
responsables politiques sont affaiblis devant la puissance des marchés financiers et
donnent l’impression de ne rien comprendre au changement radical en cours.

 Les Etats-Unis, superpuissance hégémonique et seule maître du monde, doit désormais


tenir compte de deux autres pôles: l’Europe et l’Asie pacifique. Mais cette triade
triomphante est à son tour défié par des pays émergents et par l’explosion des conflits et
des crises ethniques nationalistes et religieuses qui se répandent partout. Elle est aussi
laminée par les crises sociales (chômage, inégalités, descriminations,….). Il doit aussi
affronter l’effondrement du sud où vit 80% de la population mondiale.

 Sans développement social, il ne peut y avoir de développement économique satisfaisant.


On ne peut bâtir une économie solide sur une société en ruine.

 Le pouvoir politique occupe la troisième place après le pouvoir économique et le pouvoir


médiatique.

 Un autre monde est possible.

DÉMONSTRATION :

1. Problématique de l’auteur :

Dans un monde de chaos interdépendant où tout dépend de tout : écologie, démographie,


économie, technoscience, culture, politique, urbanisme… ; et où l’incertitude est le maître
mot :
Quels sont les réponses à apporter aux questions cruciales de l’humanité en ce fin de
millénaire : chômage, inégalités, descriminations, intégrismes, montée en puissance de
l’irrationnel, conflits ethniques et nationalistes, pollution, effet de serre, sous
développement….
A quoi ressemble le nouveau visage du monde ? Quels Etats, quels acteurs, quels enjeux,
quels paradigmes émergent dans ce contexte ? Quel est le système de pensée dominant ?
Quels sont les outils conceptuels nécessaires pour comprendre le monde ?
Comment revaloriser le politique ? Comment organiser les luttes sociales ?

2. Marchandisation génarilisée  :

Pour l’auteur, la dynamique dominante est la mondialisation de l’économie. C’est la


marchandisation généralisée des mots et des choses, des corps et des esprits, de la nature et de
la culture. Son outil par excellence est la pensée unique.
La violence est au cœur de ce dispositif idéologique, renforcé par les nouvelles technologies
d’information et de communication (NTIC).

3. Le processus de la pensée unique :

4
Les citoyens libres à la recherche de sens, de valeurs, de projets collectifs se sentent englués
poissés par une sorte de visqueuse doctrine qui insensiblement enveloppe tout raisonnement
rebelle, l’inhibe, le trouble, le paralyse et finit par l’étouffer. Cette doctrine c’est « la pensée
unique », la seule autorisée par une invisible et omniprésente police de l’opinion. C’est la
traduction en termes idéologiques des intérêts d’un ensemble de forces économiques, celles en
particulier du capital international.
La pensée unique a été formulée et définie dès 1944, à l’occasion des accords de Betton
Wood. Ses sources principales sont les grandes institutions économiques et monétaires :
Banque mondiale, FMI, OCI…..
Par leur financement, celles-ci enrôlent au service de leurs idées de nombreux centres de
recherche qui affinent et répandent la bonne parole.
Cette bonne parole est reprise et reproduite par les principaux organes d’information
économique.
Un peu partout dans le monde des universitaires, des journalistes, des essayistes, des hommes
politiques, reprennent les principaux commandements de ces tables de loi, par le relais des
grands mass média -qui les répètent à satiété. Sachant que dans les sociétés modernes
médiatiques, répitition vaut démonstration.

4. Cette situation chaotique possède trois composantes   : technologique, économique


et sociologique  :

 Technologique : Une partie des fonctions du cerveau est remplacée par


l’ordinateur, comme la machine a remplacée le muscle jadis.
 Economique : Fonctionnant suivant des règles qu’ils sont les seuls à fixer, les
marchés financiers imposent leurs lois aux Etats et aux responsables politiques.
Autrement dit, l’économie domine la politique.
 Sociologique : La crise aigue du pouvoir politique peut mener vers sa mort. Ce
qui signifie que les citoyens n’auront aucun effet sur l’économique, qui de
surcroît refuse d’endosser les méfaits de la globalisation (chômage, précarité..).
De là, certains prédisent la fin du travail ou au moins celle du plein emploi.

5. Une nouvelle manière de penser accompagne s’est imposée avec l’adoption des
deux nouveaux paradigmes  (la communication et le marché) :

Hier la communication a libéré les citoyens des superstitions.


Aujourd’hui, en s’imposant partout comme obligation, la communication devient une tyrannie
et une superstition moderne.
Le marché, tel un liquide ou un gaz, envahit toutes les activités (même la culture, l’amour, la
religion….) et les soumis aux lois de l’offre et de la demande.

6. Dans le référentiel (communication, marché), seules les activités PPII sont


acceptées :

Exemple : les marchés financiers et les contenus multimédias.

Ces transformations fantastiques bouleversent les dirigeants et les met hors jeu. Ils ne
semblent même pas capables d’appréhender la profondeur de la crise.

7. Deux dynamiques géopolitiques contradictoire à l’œuvre  : la Fission et la Fusion :

5
 Fission  : pousse les communautés ethniques à bénéficier de la souveraineté, quitte
à briser l’état-nation (Yougoslavie, Irak….). Ce qui peut provoquer des conflits
graves (Caucase, Bosnie…) et fragiliser des puissances (Espagne, France,
Canada..).
 Fusion : engendre des espaces commerciaux et politiques intégrés : UE, Amérique
du Nord, L’accord de libre échange (ALENA) … ;

8. Le modèle Archipel :

Qui l’emportera : la fission ou la fusion ?


A cause d’une autre fission sociale «une fracture », le monde se structure suivant le modèle
archipel .Dans ce modèle il y aura dans le Nord des îles, de plus en plus nombreuses, de
pauvres et d’exclus. Et il y aura au sud des îlots, de plus en plus concentrés, de riches et de
nantis.

RÉSUMÉ DE L’OUVRAGE 

L’ouvrage comprend une introduction, une postface et neuf chapitres :

Introduction :

L’auteur constate :
 Une métamorphose du pouvoir : Partout et à tous les niveaux (école, entreprise, état,
international…) une mutation du pouvoir se produit. Nous sommes passés de formes
de pouvoirs autoritaires, hiérarchiques, verticales à des formes négociés, réticulaires,
horizontales plus civilisés mais plus complexes.
 Des conflits et des menaces d’un autre type : D’un côté il y a une multiplication des
entités économiques régionales .De l’autre, on remarque une montée en puissance des
mouvements séparatistes, des nationalismes et des intégrismes. La majorité des
conflits opposent un pouvoir central à une partie de sa population.
Les réseaux mafieux internationaux et les crimes organisés constituent nouvelles
menaces car ils sont les supports des circuits clandestins.
A cela, il faut ajouter les problèmes de l’immigration du sud vers le nord.
 Une montée des inégalités et des descriminations : La machine économique fabrique
de plus en plus des marginaux notamment parmi les femmes, les jeunes et les
immigrés. Le discours xénophobe de l’extrême droite est de plus en plus reçu parmi
les populations vulnérables.
 Une économie mondialisée : Les économies sont devenues dépendantes les unes des
autres. Les marchés financiers ont tissé une toile invisible qui relie les états mais aussi
ligote et emprisonne les gouvernements. Pratiquement, aucun état ne peut plus
s’isoler du reste de la planète.

6
 L’apparition de nouveaux maîtres du monde : Ce sont des entreprises
multinationales peu nombreuses, très puissantes et qui ont amassé un butin énorme.
 La planète qui est mise à sac : L’étendue du désastre écologique devient
préoccupant.
 Il évoque aussi les triomphes et les dangers des sciences et des techniques : Une
poignée de firmes dominent la recherche scientifique mondiale pour leur profit. La
cellule, le gène, deviennent une matière première rentable, au même titre que pétrole
ou le coton !
 Enfin il se demande est ce que l’humanité se dirige vers une civilisation du chaos  ?
Les intellectuels vont–ils surpasser la world culture, se prendre en main et éviter le
naufrage de l’humanité.

Chapitre1 : Mutation du futur

Au cours de la dernière décennie, des mutations de grande ampleur ont bouleversé les modes
d’organisation du travail et les modes de production. La seule certitude est l’incertitude. Un
nouvel ordre mondial apparaît et englobe tous les aspects de la vie : politique, économique,
social, culturel et écologique et où tout s’entremêle.
Le temps des rébellions semble bien être terminé. L’Europe occidentale (qui appartient au
triade mondial le plus puissant) est prise en tenaille entre l’est dévasté et le sud menacé
d’explosion sociale.
Mais le malaise est plutôt intérieur.
Le monde subit de plein fouet deux forces contradictoires : la fusion et la fission.
La souveraineté nationale est grignotée de toutes parts.
Les conflits ne sont plus des conflits de classes sociales. Le socialisme n’a plus d’avenir, mais
le capitalisme a aussi échoué.

Chapitre2 : La néohégémonie américaine

Le 20ème siècle est américain : les innovations technologiques majeures, la culture de masse et
la consommation de masse sont américains..
Le « modèle américain » est né après la première guerre mondiale et au début de la guerre
froide.
L’apothéose d’un certain style de vie à l’américaine pendant les années cinquante.
Puis déclin du modèle Américain dans les années 70-80, même si l’état américain domine
économiquement et militairement.
Après l’implosion de l’union soviétique (décembre 1991) les Etats Unis domine sans partage
le monde. L’empire américain tend à devenir le gendarme du monde. Aucune puissance ne
peut rivaliser avec l’Amérique ou s’opposer à ses offensives économiques. Partout le modèle
américain constitué : d’Etat réduit, de précarité sociale et de dynamisme communicationnel ;
apparaît pour de nombreux dirigeants comme la panacée.

Chapitre3 : Régimes globalitaires 

1. Triomphe de la world culture :

7
Partout dans le monde triomphe la world culture, la culture globale.
La démocratie parlementaire et l’économie de marché sont devenues partout dans le monde
comme des attitudes « rationnelles » et « naturelles » ; ce qui a about à une occidentalisation
accrue de la planète.

En réaction à ce mouvement se multiplient les mouvements identitaires et les crispations


traditionalistes. Mais ils ne peuvent rien devant la puissance et la rapidité des flux
commerciaux et financiers qui sont devenus de plus en plus immatériels grâce aux nouvelles
technologies de communication et d’information.

2. L’entreprise est devenue globale  :

Dans les années 70, le modèle de l’entreprise était celui des pieuvres : une entreprise
géographiquement localisée avec des extensions.
Dans les années 90, l’entreprise devient globale. L’entreprise ne possède ni centre, ni corps,
ni cœur. Elle n’a ni personnalité ni nationalité : c’est un réseau constitué de différents
éléments complémentaires éparpillés partout dans le monde et s’articulant autour de deux
maîtres mots : rentabilité et productivité.
Cette entreprise produit là où les coûts salariaux sont les plus faibles et commercialise ses
produits là ou les niveaux de vie sont les plus élevés.
Le fait que la plupart des entreprises appartiennent au tétraèdre (Amérique du nord, Europe,
Asie du pacifique) produit une facture entre ces pays et le reste du monde -surtout avec
l’Afrique.

3. Passage du régime politique totalitaire au régime politique globalitaire  :

Au régime totalitaire de fin de siècle succède un régime globalitaire :


Caractéristiques des régimes totalitaires :
 Régime du parti unique,
 Aucune opposition organisée,
 Négligence des droits de l’homme au nom de la raison d’état,
 Un pouvoir politique dirige souverainement la totalité des activités de la société.

Caractéristiques des régimes globalitaires :


 Ils reposent sur des dogmes de la globalisation et de la pensée unique,
 N’admettent aucune autre politique économique,
 Négligent les droits sociaux des citoyens au nom de la compétitivité économique,
 Les marchés financiers dirigent totalement les activités de la société dominée.

4. Les marchés financiers sont devenus plus puissants que l’état et les citoyens  :

Les gouvernements ne comprennent plus la logique des marchés La volonté de certains


dirigeants se limite à un effort d’adaptabilité aux marchés et donc à montrer leur impuissance
vis-à-vis de ceux-ci. Ce sont les organisations internationales (FMI, BM, OMC) qui dictent à
la plupart des gouvernements leurs politiques économiques. Cela a entraîné le transfert des
décisions capitales (investissement, emploi, santé, éducation, …) de la sphère publique à la
sphère privée et de la sphère nationale vers la sphère l’internationale.

5. Développement spectaculaire des multinationales et affaiblissement des états :

8
Le chiffre d’affaires(CA) des 200 principales entreprises représente plus du quart de l’activité
économique mondiale (emploient seulement 0.75 de la main d’œuvre planétaire) ; et plusieurs
pays développés ont des PNB inférieurs à certaines CA d’entreprises (exemple:General
Motors/Danemark, Ford/Afrique du Sud). Et dans le sud les multinationales infléchissent les
décisions politiques des gouvernements.

Chapitre4 : Le système PPII 

1. Crise d’intelligibilité  :

Nous affrontons une crise d’intelligibilité .En effet, un écart se creuse entre ce qu’il faut
comprendre et les outils conceptuels nécessaires à la compréhension.

2. Désenchantement du monde  :

 Les causes :
Formidables mutations technologiques,
Persistance des désordres économiques,
Montée des périls écologiques,
 Les effets :
Désarroi social,
Explosion des inégalités,
Apparition de nouvelles formes d’inégalités et d’exclusions,
Crise de la valeur travail,
Le profond malaise du pouvoir,
Le chômage de masse,
La progression de l’irrationnel,
La prolifération des nationalismes, des intégrismes et de la xénophobie,
Très forte demande de morale et un essor des préoccupations éthiques.

3. Les nouveaux paradigmes:

Deux paradigmes structurent la manière de penser : la communication et le marché.

 Le paradigme de la communication remplace celui du progrès :


Dans tous les domaines et pour toutes les institutions un seul mot d’ordre : il faut
communiquer.
Au nom du progrès (scientifique, culturel, social, économique) les pays développés ont
cherché, au début du siècle, par divers moyens (éducation, promotion du social…) à réduire
les inégalités et de là diminuer la violence - qui doit être exclue d’une société civilisée.
Le remplacement de l’idéologie du progrès par celle de la communication entraîne des
bouleversements de tous ordres et brouille le rôle des pouvoirs publics et des medias.

 Le paradigme du marché remplace celui de la machine :


Dans le paradigme de la machine ou de l’horloge ou de l’organisation, la société est
considérée comme une «  horloge sociale » où chaque individu accomplit une fonction et tous
les individus sont solidaires entre eux.

9
Les lois du marché succèdent à ceux de la mécanique pour expliquer le mouvement des
sociétés. Le marché n’offre de salut qu’aux individus solvables (aptes à intégrer le marché),
les autres sont rejetés et laissés pour compte.

4. Le système divin PPII (planétaire, permanent, immédiat et immatériel) :

Les paradigmes de la communication et du marché sont les piliers du monde contemporain.


Aucune activité ne peut s’y développer intensément que s’elle possède quatre attributs : être
planétaire, permanente, immédiate et immatérielle (PPII).
Ce système s’érige en moderne divinité exigeant soumission, foi, culte et nouvelles liturgies ;
et toutes les activités tendent à s’y accommoder (globalisation). Le modèle central en est les
marchés financiers. La science de référence est le calcul des probabilités .Le cœur du système
est l’argent. Hasard, incertitude et désordre deviennent des paramètres pour mesurer la
progression de la pauvreté, de l’analphabétisme, de la violence et des maladies.
Seule une dizaine d’experts dans le monde entier, maîtrisent cette nouvelle « rationalité
économique » très complexe et volatile. Ils agissent sur le cours des valeurs ou des monnaies
pour leur plus grand bénéfice.

5. Les nouveaux maîtres du monde :

Les nouveaux pouvoirs sont les mastodontes de la finance (les fonds de pension ;
principalement les Big Three : Fidelity Investmets, Vanguard Group et Capital Researsh and
Management…) et les mass media (CNN, MTV…)

 les mastodontes de la finance :


Ce sont des empires multinationaux qui ne reconnaissent ni frontières, ni Etats, ni cultures. Ils
se moquent des souverainetés nationales, sont indifférents aux conséquences sociales,
spéculent contre les monnaies, provoquent des récessions et surnomment les gouvernements.
Face à ces à ces mastodontes les états ne peuvent plus grand-chose. Leur territoire est le
cyberspace de la finance. Tout déplacement brutal de ces mammouths de la finance peut
déstabiliser économiquement n’importe quel pays. Ils ne sont soumis ni aux contrats sociales,
ni aux sanctions, ni aux lois – à par celles fixés par eux-mêmes.

 Les mass media :


Ils sont devenus de plus en plus puissants et redoutables : ils peuvent bouleverser les mœurs,
les cultures, les idées et brouiller l’action des gouvernements.

 Classification des pouvoirs :


L’argent, les produits et les idées de ces maîtres du monde traversent les frontières du marché
mondial sans obstacles (démocratie, contrat social…)
A leurs yeux, il y a d’abord le pouvoir économique ensuite vient le pouvoir médiatique et
enfin arrive le pouvoir politique
.

Chapitre5 : Retour de l’irrationnel 

1. Retour vers les religions et les pensées pré rationalistes :

La brutalité de la crise économique pousserait des citoyens –en principe élevés dans la
rationalité – à se tourner vers Dieu. Plus encore, des citoyens ont adoptés des formes de

10
pensée pré rationalistes comme la superstition, l’ésotérisme et commencent à croire aux
baguettes magiques capables de transformer le plomb en or et les crapauds en prince.
Beaucoup d’autres citoyens se sont tournés vers les para sciences et les pratiques occultistes.
D’autres citoyens se tournent vers les paradis artificiels de la drogue, de l’alcool ou vers les
paras sciences et les pratiques occultistes, ou vers le devinatoire.

2. Suspicion et méfiance à l’égard de la technoscience :


.
De nombreux citoyens ne font plus confiance à la technoscience (alliance entre le capital, la
science et l’industrie) et pensent que cette alliance constitue une trahison à l’étique de la
science.

3. Les précédentes crises et le retour de l’irrationnel :

Lors des précédentes crises économiques, dans des pays fortement industrialisés, on a pu
assister à des mouvements massifs de retour à l’irrationnel :
 L’Europe a ainsi connu, lors de la plus grande crise des années trente, un mouvement
massif et émotionnel de retour aux mythes.
La faillite du modernisme, la crise sociale et l’aspiration identitaire provoquèrent une
sorte de désenchantement du monde. Ce qui favorisa, en particulier en Allemagne, une
fascination pour l’irrationnel que Hitler avait capitalisé.
 Aux Etats-Unis d’Amérique, la panique et la dépression crées par le crash boursier de
1929 suscitèrent une montée de l’irrationnel. En témoignent les extraordinaires succès
populaires qui ont été rapportés par les films fantastiques de terreur.

4. L’effet de la fin des trente années glorieuses :

La fin des trente années glorieuses a suscité la dégradation de la situation économique,


l’augmentation du nombre des laissés pour compte et la multiplication des sectes ainsi que des
superstitions.
L’angoisse sociale a suscité partout en Europe l’extraordinaire renaissance des pèlerinages et
la croyance dans l’apparition de la Vierge Marie. De même on croit fortement aux vieux
mythes païens du destin, de la fortune ; et on fait appel au pouvoir des arbres.

5. Le hasard prend la place du sacré :


.
Le hasard prend la place du sacré. Il est à la fois fascinant et terrifiant. Dans des sociétés ayant
érigé en emblème « que le meilleur gagne », chacun cherche à être vainqueur par les jeux de
hasard. Ce qui explique l’explosion délirante des loteries, des jeux de concours, des roues de
la fortune des TV….
6. Le sport devient l’opium des peuples :

Le spectacle du sport devient « opium du peuple ». Il est la métaphore de la guerre, de


l’affrontement et de la violence.
L’équipe nationale de football est en quelque sorte l’incarnation des principales valeurs de la
communauté. Dans les périodes troubles, comme celle où nous vivons, cela peut déboucher
sur la xénophobie et sur le rejet des « faibles » - ceux qui n’appartiennent pas aux groupes
possédant la force par la victoire.

7. La montée en puissance du devinatoire :

11
L’incertitude du futur et la frénésie des jeux ont conduit les hordes de prétendants à la fortune
vers les nouvelles générations de magiciens, de voyants, astrologues et d’extralucides (20
millions en France).
Le boom de l’industrie devinatoire (tarots, cartes, talismans, chiromancie, guérisseurs,
radiesthésie) correspond à une régression profonde de l’individu.
Cela revient à admettre que « le ciel de naissance » peut déterminer de manière absolue la
biographie de la personne.

Chapitre6 : Le matin des tribus 

1. Le choc des civilisations :

Samuel Huntington annonça : « le choc des civilisations dominera la politique mondiale. Les
lignes de fracture entre civilisations seront les lignes de front de l’avenir ».

2. Dans l’ensemble, les réfutations l’emportaient :

Ces thèses allaient soulever une formidable polémique mondiale.


De nombreux auteurs reprochèrent à Samuel Huntington ses simplifications politiques, son
découpage grossier, des frontières civilisationnelles et surtout, son appel au sursaut de
l’occident pour résister à une prétendue offensive de l’Islam et du Confucianisme.
Ces thèses ont encouragé la xénophobie et ont accrédité l’idée selon laquelle l’Islam était le
nouvel « ennemi total de l’occident ».

 La notion de frontière sanglante : attribuée par Samuel Huntington à l’Islam se


retrouve dans les autres cultures.
 Les contours des civilisations : Existe-t-il aussi des contours bien identifiables des
grandes civilisations ? c'est-à-dire soutenir l’hypothèse de « sujets purs ».
Il n’y pas d’étanchéité entre hommes. Mais au contraire, il n’y a des interactions de
toutes sortes. Ces imbrications s’intensifient à cause de l’extension planétaire du
modèle occidental et la diffusion par les mass media de world culture.

3. Une civilisation universelle :

Face aux thèses de Samuel Huntington, certains soutiennent qu’il n’y a plus qu’une
civilisation unique, celle du capitalisme et du néolibéralisme. Et que les conflits futurs
éclateront à l’intérieur d’une même civilisation entre nantis et privilégiés » entre les laissés
pour compte  et les nouveaux maîtres du monde.

4. la richesse du métissage culturel :

Nul ne peut plus se sentir en sécurité au sein d’une identité cohérente. À l’abri d’autres formes
culturelles différentes. Cette coexistence peut parfois se révéler pénible. Elle demeure
nécessaire et enrichissante. Ne serait-ce que pour éloigner la néfaste tentation de la pureté
ethnique, culturelle ou religieuse- qui fut à l’origine du drame yougoslave.

5. Le nationalisme utopie de progrès ou de régression ?

12
 En Europe occidentale
Le nationalisme avait cimenté les pays, les nationalismes les disloquèrent.
Contre la perspective d’un monde uniforme et régi par les idées abstraites du rationalisme,
les nationalistes opposèrent des particularismes sacralisés ; la terre, la langue, la religion,
le sang.
Chaque fois que l’utopie d’une société universelle et parfaite se renforce (comme le
modèle du marché), le nationalisme resurgit avec ferveur.
Mais contre de telles utopies, le nationalisme n’est-il pas une utopie régressive ?

 C’est la coexistence entre les diverses cultures qui peut éloigner le spectre des
purifications ethniques et des dérives du nationalisme.

 Dans les nouvelles démocraties (anciennement socialistes), où les gens avaient quitté
un système de tyrannie ; le malaise s’aggrave et alimente le nationalisme galopant.

6. L’Occident est incapable d’aider les autres nations :

L’occident ne peut plus aider les sociétés du tiers monde à résoudre leurs problèmes.
Et lorsqu’une crise économique et sociale coïncide avec le déchaînement des passions
nationalistes, les pires malheurs sont à craindre (ex Caucase, Géorgie, Tchétchénie,
Abkhazie…)

Chapitre7 : Les rébellions à venir

1. La fin de la guerre froide n’a pas stabilisé le monde :

La fin de la guerre froide n’a pas mis fin aux différents conflits.
L’humanité a retrouvée son état initial : la grande fluidité des frontières.
Le monde est devenu de plus en plus complexe et dangereux -même si la démocratie s’est
propagée partout (sauf dans le monde Arabe à cause du conflit Israélien).

2. La première guerre du golfe n’a résolue aucune grande question :

Six ans après la première guerre du golfe aucune grande question du proche orient n’a trouvé
un début de réponse.
Israël est le pays le plus gagnant des deux crises de 1991. Il s’est débarrassé d’un plus grand
adversaire (L’Irak). Il a reçu davantage d’immigrés de L’URSS. Par conséquent, il est devenu
de plus en plus intransigeant.

3. Le conflit Israélo-palestinien :

La guerre ethnique israélo- palestinienne est la plus ancienne de toutes les guerres.
Après cinquante ans de conflits, les deux parties on dû vérifier que les solutions unilatérales
imposées par la force conduisent à l’impasse. Le proche orient reste une poudrière.

13
4. La fracture technologique Nord-Sud :

Grâce à sa supériorité technologique, l’Amérique et ses alliés ont obtenu une victoire
écrasante sur l’Irak. Le rapport de un pour mille des victimes est unique dans l’histoire
militaire.
Ceci a monté que l’écart technologique Nord-Sud est une donnée majeure de notre époque.
C’est une mutation de grande envergure qui pénalise brusquement le Sud.

5. Tous les modèles sont devenus obsolètes :

L’accélération de la dynamique capitaliste, dopée par la révolution dans le domaine des


nouvelles technologies d’information et de communication ont rendu tous les modèles
(libéralisme, socialisme, tiers mondisme…) obsolètes au nord, au sud et à l’est.
Partout, cette accélération aggrave la perversion majeure du néolibéralisme : sa formidable
aptitude à produire et à aggraver les inégalités sociales.

6. L’Afrique est laissée seule dans un gouffre :

Dans le nouvel ordre économique qui se caractérise par une intensification des échanges entre
trois pôles dominants : Union Européenne, Amérique du Nord, Japan-Asie-Pacifique,
l’Afrique est pratiquement exclue.
Les investissements directs se sont taris. Rares sont les industries qui viennent en Afrique. Les
prix des matières premières se sont effondrés.
A cause de la récession, la demande des produits Africains a chuté. En plus la tendance dans
le Nord, est à la consommation de substituts.
La production alimentaire de l’Afrique noire est inférieure de 20 % par rapport à celle de
1970.
L’Afrique est dans un gouffre, mais peut rattraper le monde.

En Amérique Latine la majorité des guerres ont pris fin.

Chapitre8 : L’agonie de la culture

Au moment où l’ensemble des aspects intellectuels de la civilisation occidentale parait


agoniser et où les sociétés occidentales arrivent à un point de bifurcation, on peut se demander
pour quelles luttes et pour quels combats la culture sera engagée?

1. On ne sait pas où l’on va :

L’Europe sort d’un univers de déterminismes simples et entre dans un monde de complexité
et d’incertitudes où l’on ne sait plus où l’on va. Les grandes bifurcations historiques ne sont
pas encore prises. Comprendre les nouveaux paramètres des temps présents est un enjeu
capital.

2. L’Aveuglement :

14
Beaucoup de décisions sont prises à l’aveuglette et les décideurs politiques gèrent à tâtons.
La crise c’est aussi cela. Cette incapacité mentale, intellectuelle, conceptuelle à en mesurer
même la dimension. La société s’est retrouvée non seulement sans croissance, mais ainsi sans
projet.

3. La période des bouleversements (1945-1975) :

C’est la période de l’abandon des valeurs anciennes et le triomphe du modèle américain


imposé par les mass média (homogénéisation de l’Europe).
Dépouillés des indispensables repères culturels, désidentifiés, les citoyens affrontent la crise
actuelle dans la pire des conditions mentales.

4. La problématique :

Les principaux blocages sont indiscutablement culturels.


Le vrai problème est d’opérer, dans une société traumatisée par le rythme de l’innovation, le
déblocage de l’intelligence socio-économique, c'est-à-dire résoudre des problèmes culturels
au sens large.

5. La solution :

Pour amorcer ce déblocage, il faut sans doute reprendre, avec un regard critique, le fil de la
construction des principaux paramètres culturels et reconsidérer l’édification de la modernité
en Europe.

6. Le progrès devient une religion (années 50-60):

Si les citoyens ont supporté et même encouragé l’effondrement des valeurs traditionnelles,
c’est parce que ces valeurs ont été remplacées par quelques croyances essentielles : le progrès
et la science.
Fondés sur la puissance de la raison, le progrès et la science deviennent une nouvelle religion
Un système de pensée conséquent s’édifie : le rationalisme.
La raison collective régit la cité et les individus : ce sera la démocratie.
Le rationalisme atteint son accomplissement politique par la formulation de la déclaration des
droits de l’homme, et en déclanchant dans la seconde moitié du 18è siècle les deux
révolutions Américaines et Françaises.

7. Les colonisations pour les pays du sud :

Paradoxalement, le triomphe du rationalisme Européen va signifier pour les autres peuples de


la terre une catastrophe culturelle : la colonisation.
Les autres peuples ne perçoivent du génie rationaliste que son arrogance, sa suffisance, sa
brutalité, avant de périr souvent par le feu et le sang.

8. Guerres abominables au sein même de l’Europe :

Au non de la raison politique et de la science, deux guerres abominables ont ravagé l’Europe,
auxquelles il faut ajouter la barbarie des camps de concentration et des goulags.

15
9. Les trente glorieuses (47-65) :

La décolonisation (47-65) recentre l’Europe sur elle-même et aboutit à la naissance du CEE.


C’est aussi celle d’un extraordinaire essor économique. Mais de nouveaux problèmes
apparaissent : stress, solitude, problèmes d’affectivité…
L’Europe est aujourd’hui confrontée à trois crises graves : crise économique, crise
démographique et crise culturelle.

10. La crise la plus grave est le discrédit des intellectuels :

La crise la plus grave est la crise culturelle. Au delà des difficultés liées à la complexité du
réel, les intellectuels doivent affronter leur énorme discrédit (dû principalement à un lourd
passif d’erreurs).
Le rôle de l’intellectuel demeure indispensable dans un monde où la science, pour la première
fois de l’histoire, détient seule la légitimité de la vérité.
Tout le monde lui donne raison. Mais la science pose aussi de graves problèmes.
Seuls les intellectuels peuvent remédier aux carences graves de la science.
Si la culture parait donc indispensable, mais de quelle culture s’agit-il ?

11. Les cultures en Europe

Quatre cultures cœxistent dans les pays européens. Elles n’ont entres elles que de faibles
connexions.
a) La culture anthropologique: celle des traditions et des campagnes. Elle détermine
encore fortement les mentalités et cause de graves incompréhensions.
b) La culture humaniste : Issue du 18è siècle, elle s’intéresse à l’homme, à la nature, au
monde et à la société autour de problèmes fondamentaux : le bien, le mal, la vie, la
mort, Dieu, l’au-delà…
c) La culture scientifique : C’est une culture de spécialisation qui s’interroge pas sur
elle-même.
d) La culture de masse : c’est en quelque sorte la culture de masse diffusée par les
masses média.

Que peut faire la culture dans une période où la civilisation occidentale agonise et atteint un
point de bifurcation ?

Au-delà des difficultés liées à la complexité du réel, les intellectuels doivent affronter leur
énorme discrédit, exprimer les souffrances de l’époque bien mieux que ne sauraient le faire
les politiques et les experts.

Chapitre9 : L’ère Internet

1. Un outil à double tranchant :

L’Internet et en général Les NTIC (Nouvelles technologies d’information et de


communication) offrent des possibilités immenses à l’utilisateur. Mais il est à craindre que

16
la domination absolue des Etats-Unis sur les NTIC mène vers une dépendance et une
vassalisation culturelle.

2. La menace sur Internet :

La menace sur internent provient des mastodontes qui veulent s’emparer de lui.
En effet, les citoyens se souviennent des mises en gardes lancées par Aldous Huxley
contre le faux progrès d’un monde administré par une police de pensée, qui le fait aboutir
à un conditionnement mental planétaire.
Pour Les patrons de ces entreprises, l’information est avant tout considérée comme une
simple marchandise. On est loin de la mission fondamentale des medias : éclairer et le
débat démocratique.

3. L’internent facilite la mondialisation :

L’un des plus grands services des NTIC à l’économie est l’accélération des
mouvements de capitaux (compression du temps et de l’espace). A cet égard, les NTIC
aident les nouveaux maîtres du monde à faire avaler aux gens les recettes de la
mondialisation.

Chapitre10 : Du Kosovo au nouvel ordre mondial

1. Esquisse d’une nouvelle politique internationale :

Le conflit du Kosovo a fourni aux décideurs, l’occasion de dessiner les grands traits d’un
projet stratégique global en matière de sécurité –complément de la mondialisation
économique.
En effet, les causes, la conduite et la finalité de cette guerre ne ressemblent pas du tout à
celles connues auparavant.

2. Les causes de la guerre :

Au nom de l’urgence humaine, considérée désormais comme moralement supérieure à tout,


l’OTAN a transgressé deux interdits majeurs de la politique internationale : la souveraineté
des états et les statuts de l’ONU.

3. Où réside désormais la souveraineté d’un pays ?

Le principe de souveraineté autorise le gouvernement d’un pays à régler ses conflits internes
en fonction de ses lois sans intervention extérieure.
 Où réside désormais la souveraineté d’un pays ?
 Va-t-on vers l’instauration de « souverainetés limitées » sous l’égide de l’occident ?
Ce qui rappelle la vieille figure du colonialisme : le protectorat.

17
 Va-t-on vers l’apparition de l’état-individu après l’apparition de l’état-nation où
chaque individu se voyant connaître les attributs et les prérogatives qu’avaient jusqu’à
présent les états ?

PRINCIPALES CONCLUSIONS 

1. Comment arrêter l’hémorragie et redonner du sens à la démocratie :

Pour arrêter cette course au désastre, il faut organiser une dissidence impliquant une
masse critique de citoyens décidés à faire prévaloir leurs droits et à favoriser l’avènement
d’une vraie société politique.

Le temps presse car une question troublante se pose de plus en plus : la démocratie est-
elle confisquée par les lobbies qui l’utilisent pour leur bénéfice quasi exclusif ?

Si la démocratie est devenue le régime politique dominant à la veille de la seconde guerre


mondiale. Nombreux sont ceux qui la dénoncent comme une imposture.

En effet, l’hémorragie sociale a atteint des proportions saleuses. Partout, chômage et sous
emploi s’étendent. Les salaires sont bloqués et les budgets sociaux sont drastiquement
grignotés au nom de la sainte sacro-sainte compétitivité.

La démocratie suppose la domination de l’économie par la politique –pour le bénéfice des


citoyens. Or aujourd’hui, les politiques consentent à se soumettre à la domination de
l’économique et à la dictature des marchés. C’est pourquoi, la démocratie s’étend sans
entrave dans le monde.

Si l’on ajoute à cela le cynisme des dirigeants qui à peine élus s’empressent de renier leurs
promesses électorales, le poids démesuré des groupes de pression et la montée de la
corruption dans la classe politique.
On comprend pourquoi, la démocratie est en panne, l’extrême droite monte en puissance
et pourquoi les citoyens sont en colère contre les injustices.

«Le bon sens l’emportera-t-il  ? En viendra-t-on enfin à admettre que sans développement
social, il ne peut y avoir de développement économique satisfaisant ? Et qu’on ne peut
bâtir une économie solide sur une société en ruine  ? »

2. Un consensus asphyxiant :

Il est choquant de constater à quel point, paradoxalement, q’une période de bouillonnements,


de crises et périls de tous genres comme la nôtre ; coïncide avec un consensus idéologique
écrasant, imposé par les medias –par la manipulation d’information, de signes, de symboles et
par la manipulation des esprits.

18
3. La résistance s’organise :

Si le pouvoir apparaît de plus en plus, comme un exécutant des marchés financiers, des esprits
libres(au nord comme au sud) s’organisent pour combattre le modèle de société fondé sur
l’ultralibéralisme sauvage. Ils rappellent à leurs dirigeants que les citoyens préfèrent le
désordre à l’injustice.

4. le cas de l’Europe :

En Europe le nombre des exclus s’élève à 50 millions de personnes. Les sociaux démocrates
ont abandonné tout espoir de réforme et proposent aux citoyens de s’adapter (c'est-à-dire
renoncer, se soumettre, abdiquer) aux lois du marché.
Les citoyens s’interrogent sur l’intérêt de bâtir l’Europe sur les ruines de l’état providence, sur
la régression sociale, l’emploi rare, l’argent cher et la baisse des salaires.
Ils se demandent où est le progrès dans tout cela ?

5. la science a perdu sa place dans la société moderne :

De nombreux citoyens sont convaincus que la science ne peut plus rien faire ni pour eux, ni
pour la planète. De même, quand le progrès est piloté par le seul intérêt marchand, il est la
source de toutes les crises : catastrophes écologiques, sang contaminé, vache folle…

6. Les mêmes causes peuvent produire les mêmes effets :

La déraison se nourrit d’ignorance et de crédulité, de mythes et de passions, de foi et de


frayeurs. C’est le mélange explosif auquel l’Europe est de nouveau aujourd’hui confrontée.
Le traumatisme économique que subissent actuellement les sociétés Européennes risque de
transformer ces mélanges en élixirs d’une nouvelle barbarie.

Le nazisme a trouvé dans une Allemagne en désarroi un terrain fertile. Ainsi, il a su profiter
de l’impact de la dépression économique, de la mutation convulsive du capitalisme et du
traumatisme national pour s’emparer du pouvoir.
Les citoyens sauront-ils se mobiliser pour éviter que se reproduise le néfaste précédent.

7. le sport opium des foules :

L’association (télévision, sport, nationalisme) conjugue les trois principaux phénomènes de


masse contemporains. C’est l’un des faits politiques majeurs de notre temps. Il constitue une
composante irrationnelle de la dureté sociale de notre époque.

8. Le choc des civilisations n’aura pas lieu :

Dans l’ensemble les réfutations l’emportent contre la théorie des chocs des civilisations.
Par exemple il n’existe pas des contours identifiables des civilisations au point que des
auteurs avancent que seule une civilisation universelle existe : c’est celle du capitalisme et du
néo libéralisme.

9. Comment éviter la quête dangereuse et illusoire du pays «  ethniquement pur  » :

19
« En ce matin des tribus, comment faire comprendre à ceux qui, en Europe ou ailleurs rêvent
de « nations-états ethniquement purs » qu’un drapeau et un siège aux Nations Unis ne leur
permettront pas de résoudre automatiquement, leurs contradictions sociales et économiques –
à l’heure de la mondialisation. Et ils ne vont pas dissiper, magiquement, leurs instinctives
peurs de fin de millénaire. »

10. Les intellectuels déboussolés  :

A l’instar des sociétés occidentales, la plupart des intellectuels ne se voient plus clairement
ans le miroir du futur. Ils semblent être gagnés par le désarroi, intimidés par les nouvelles
technologiques, troublés par la mondialisation de l’économie, préoccupés par la dégradation
de l’environnement, méfiants à l’égard des grandes institutions étatiques (Parlement, justice,
police, école, médecine, médias), fortement démoralisés par une corruption proliférante qui
gangrène tout désormais.
Mais peuvent encore relever le défi d’avoir su par leur genre, exprimer les souffrances de
l’époque bien mieux que les politiques ou les experts.

DISCUSSION ET CRITIQUE 

1. Points forts de l’ouvrage :

 Une bonne description, précise et complète des faits, des acteurs, des
changements et des bouleversements en cours en tenant compte des différentes
variables (politique, sociale, économique, écologique, technologique,
démographique, urbanisme…) et des inter relations entre ces variables
(approche systémique).

 Une explication logique, qui cherche à identifier les causes et les


conséquences des faits, et en rendre compte en dévoilant les mécanismes de
production.
Une théorie est avancée pour expliquer les mécanismes internes
(communication, marché, PPII).

 Une interprétation qui prolonge l’explication, riche et féconde des faits et


phénomènes en puisant dans le social, l’économique, le politique, l’historique,
l’écologique, le technologique et dans le culturel.

 Une argumentation acceptable et défendable.

 Une évaluation qui débouche sur des actions à entreprendre :

1. La résistance morale :

20
« Après des années d’euphorie financière, de désinvolture et des supercheries, les
citoyens ressentent un fort désir de retour des activités vertueuses : l’éthique, le
travail bien fait, le sentiment de la valeur temps, la compétence, l’excellence,
l’honnêteté…Confusément chacun perçoit que c’est la seule voie permettant de
préserver la planète, d’épargner la nature, et de sauver l’homme. » p 50

2. Le développement humain :

« Et viendra-t-on enfin à admettre que sans développement social il ne peut y


avoir de développement économique satisfaisant ?  »

3. Construire une Europe sociale :

« Construire l’Europe est un objectif essentiel à l’heure où rôde à ses


frontières et en son propre sein, l’ultranationalisme. Mais on ne répond pas à
un si noble défi par des taux d’intérêt ou des critères de convergence. Le
terrain qui s’impose est celui du social, le seul pouvant redonner crédit à
l’espérance européenne et la dégager de la gangue monétaire qui risque de la
condamner. » p 120.

4. L’intellectuel doit relever le défi de nouveau :

« Les créateurs relèvent le défi d’avoir, par leur génie, à exprimer les
souffrances de l’époque bien mieux que ne sauraient le faire les politiques ou
les experts » p214

5. Construire des Nations Unies authentiques :

« Devant tant d’incertitudes et de périls, n’est-il pas temps de reconstruire la


société planétaire et de repenser enfin le rôle d’une organisation des Nations
Unies moins dépendantes des Etats Unis et plus attentive à la souffrance
humaine ? » p267

2. Points faibles de l’ouvrage :

 Le style journalistique,
 La redondance,
 Le manque de ponts logiques entre les chapitres.

i.

ACTUALITE DE LA QUESTION 

L’ouvrage de Ramonet est au coeur de l’actualité, en témoignent les faits et les analyses
d’autres penseurs :
 

21
1. L’aspect épistémologique  : la formulation d'un paradigme en réaction à une crise
grave  :

«  Lorsqu'il se produit un bouleversement général, c'est comme si la création [ … ] entière


avait changé, comme si le monde entier était transformé; on dirait une création nouvelle, un
monde nouveau » ( Ibn Khaldun, cité par Rajaee (2001 ).
C'est ainsi, en 1377, que Ibn Khaldun (1332-1406), savant philosophe de l'histoire, ouvre son
œuvre maîtresse écrivit Discours sur l'histoire universelle (al-Muqaddima) sur l'essor et la
chute de la civilisation.

 Ibn Khaldun était plus désireux de comprendre cette « nouvelle création » et la cause
du déclin de l'ancienne civilisation,

 L'incapacité de son milieu civilisationnel à faire face aux défis du jour indiquait la
venue d'une ère nouvelle,

 En fin observateur des événements, Ibn Khaldun voulait comprendre et expliquer les
raisons de ce changement historique, car il croyait que les paradigmes existants ne
pouvaient pas expliquer cet événement,

 Il s'était donné le double objectif de comprendre les conditions du passé qui avaient
conduit à la situation contemporaine et de formuler des lignes directrices pour des
actions futures (processus récursif). Il a écrit :
« Aussi faut-il qu'aujourd'hui un historien dresse un tableau d'ensemble des pays et
des peuples, des usages et des croyances religieuses nouvelles » (Ibn Khaldun, cité
par Rajaee).
« Le changement fait partie intégrante de la vie et la réaction d'une personne face au
changement devrait être de formuler un nouveau paradigme pour lui donner un sens.
C'est exactement ce qu'a fait Ibn Khaldun» (Rajaee, page 3)
La même remarque vaut pour l’œuvre de Ramonet.

2. La pertinence des questions, des concepts et des analyses de l’auteur :

1. Une situation de crise chaotique d’un monde sans boussole :

Des faits majeurs sont venus valider les analyses et les prédictions de l’auteur.
A cet égard il suffit de rappeler les événements du 11 septembre, la guerre en
Afghanistan, Les attentats de Madrid, de Casablanca et de Londres. L’enlisement des
Etats-Unis en Irak, la destruction du Liban, le terrorisme planétaire, La guerre de Mr
Bush contre le « mal  », La mondialisation de la pauvreté de la précarité, Le rejet de la
constitution Européenne par les Français, la révolte des banlieues, L’arrivée au pouvoir
des adversaires des Etats-Unis en Amérique latine, la victoire du Hamas, la flambée des
prix de pétrole....

2. La chute du néo-libéralisme :

La chute de l’Argentine devrait être au néo-libéralisme ce que la chute du Mur de Berlin


fut pour le socialisme étatique (Ramonet, guerres du 21° siècle).

22
En effet, l’Argentine, élève exemplaire qui a suivi au pied de la lettre toutes les
recommandations du FMI, privatisant ainsi l’ensemble du patrimoine de l’État, dont le
commerce extérieur a été entièrement libéralisé, qui a licencié des dizaines de milliers de
fonctionnaires, qui a même « dollarisé » son économie, se retrouve à présent ruinée. La
dette qui était de 8 milliards de dollars avant les privatisations, atteint un montant de 132
milliards après les ventes des biens de l’État. Où sont donc passés les fruits de la
privatisation ?
On constate donc qu’il y a un problème quand le FMI veut faire de l’Argentine un
exemple à suivre.

3. Fin de la mondialisation  :

«  La mondialisation de la fin du XXe siècle, comprise comme l’unification de l’économie


mondiale selon un paradigme libéral, semble aujourd’hui toucher à sa fin. Les symptômes
en sont multiples : guerres impérialistes, montée des nationalismes, conflits commerciaux
de plus en plus graves au sein et à l’extérieur du noyau capitaliste, turbulences sociales
qui éclatent dans le monde entier. Cela dans un contexte de déséquilibres structurels de
l’économie mondiale et d’accentuation des inégalités sociales tant à l’intérieur des pays
qu’entre eux ».

4. La nécessité de la justice sociale :

«  L'économie de marché n'est pas le tout de la liberté. Elle pourrait s'en rapprocher
cependant en incluant dans la compréhension des besoins humains celui de l'aspiration
des hommes à l'égalité, à la non exclusion. Cette jonction fera l'avenir de l'économie de
marché. Sans elle, les sociétés seront vraisemblablement secouées par des crises sociales
récurrentes et dévastatrices » (Roy, 1999)

Et l’auteur de continuer :
«  L'économie de marché n'est pas en cause. Comme le dit Octavio Paz, sa nécessité est
manifeste. Elle est selon le même auteur, le coeur de l'activité économique, l'un des
moteurs de l'histoire. Mais sa revendication d'autonomie absolue, sa prétention à animer
seule le développement, son souhait affirmé et réaffirmé de trouver devant elle des Etats
minimalistes, sont irrecevables. [...]
L'idée absurde d'un modèle mondial uniforme s'est elle aussi dissoute dans la crise
récente de l'économie mondiale, et avec elle, la fameuse théorie du Quick Fix, cette
irresponsable et coûteuse demande d'un ajustement universel et subit. Le philosophe
Charles Taylor a arrêté une formule définitive: «Ce qui aurait dû mourir avec le
communisme, c'est la croyance que les sociétés modernes peuvent être gouvernées
selon un seul principe, qu'il s'agisse de planification collective ou de libres jeux du
marché.»
5. La crise la plus grave :
L'économiste Michel Chossudovsky (cité par Trudel, 1998) assène des coups à un ordre
financier et économique entraînant «la mondialisation de la pauvreté» comme
conséquence des réformes proposées par le FMI et la Banque mondiale. C'est ce qui
ressort d’une étude de cas comprenant la Somalie –faite en 1989. La Banque mondiale y
proposait de relever de 3 $ à 4,50 $ le salaire mensuel d'un fonctionnaire, pourvu qu'on
licencie 25% des fonctionnaires, ce qui éviterait l'inflation.

23
Pour Noam Chomsky (cité par Trudel, 1998) :«Les nombreuses études de cas qu'il
[Chossudovsky] nous offre démontrent avec perspicacité comment ces "réformes" [de la
BM et du FMI, ajustements structurels ou autres] rétablissent les modèles coloniaux, font
obstacle à toute planification nationale et à toute véritable démocratie.»

Michel Chossudovsky conclut qu’il existe bel et bien une «programmation de la misère» et
la crise que nous vivons présentement est «la plus grave de l'histoire».
Il en appelle à l'esprit critique et conseille de se méfier de la manipulation des données
statistiques (sur l'emploi notamment) et autres exposés rassurants qui ne font que conforter
les tenants du néolibéralisme et les spéculateurs.

6. La mondialisation est un nouveau féodalisme :


Dans la mesure où les entreprises transnationales, sont à la fois juges et parties, ne
répondent qu'à elles-mêmes, la mondialisation n'est en fait qu'un nouveau féodalisme
profondément antidémocratique.
C'est la mise en garde qu'a faite par le président sortant de l'Association internationale de
science politique (AISP), Ted Lowi, politologue américain de l'université Cornell, lors du
discours d'ouverture du 18e congrès mondial de l'association (Québec, 2000), rapporté par
(Dutrisac, 2000).
La science économique ne couvre qu'une faible partie de la réalité des grandes
«corporations» régnant sur le monde, estime M. Lowi, qui en appelle à la fondation
d'une nouvelle science politique internationale, s'appuyant sur l'économie politique.
Ce «tout-économique» non seulement «rapetisse le champ de la science politique mais
rapetisse aussi le champ de la politique», a livré M. Lowi au cours d'une entrevue au
Devoir. «C'est ce qui me dérange. C'est profondément antidémocratique. La démocratie
ne signifie rien d'autre que le choix des gens de faire collectivement des erreurs. Nous
savons que la démocratie est irrationnelle.»
7. L’affrontement majeur de notre temps (fusion/fission) ou (fédéralisme  /barbarie) :
Selon Edgar Morin (cité par Ramonet, page 30) :
« Le problème clé des années qui viennent est celui de la lutte multiforme entre, d’une
part les forces d’association, de fédération, de confédération, non seulement en Europe,
mais dans le monde, et les forces de disjonction, d’éclatement, de rupture, de conflit »
8. Conclusion  :
Le tableau dressé par Ramonet dans « Géopolitique du chaos » est sombre.
Est-ce dû à un pessimisme de l’auteur ? Ou au fait qu’il parle plus des trains qui
déraillent que de ceux qui arrivent à l’heure ?
Ou - et c’est malheureusement le cas - qu’il n’y a eu, malgré les annonces triomphales, ni
émergence d’un nouvel ordre mondial ni fin de l’histoire ? Comme le prouve les faits et
les événements en cascade de tous les jours.

24
L’engagement de l’auteur n’affecte en rien le sérieux, les arguments et la solidité de
son travail. Nul doute que cette « géopolitique du chaos » aidera ceux, comme moi, qui
cherchent à comprendre un monde de plus incertain et complexe.

BIBLIOGRAPHIE COMPLEMENTAIRE

Baby, Alan, Christopher ; Naissance du monde moderne (1780-1914), Editions de l’atelier-le


Monde diplomatique, Paris, 2006. .
Bernard, Élie ; Le fléau financier, Le Devoir, 28 mars 1996.

Golub S. Philip ; Mondialisation acte2  : le grand tournant de Washington, Le Monde


diplomatique, Juillet 2005, pages 1, 20 et 21.

Durtisac, R. ; La mondialisation  : un nouveau féodalisme, Le Devoir, 2 Août 00.

Hoffmann, S. ; Le triste état du monde, Le Monde, 24 janvier 02.

Mina, De Giani ; Un monde meilleur est possible, Editions Alternatives, 2004


Normand, Baillargeon ; Le Devoir, 18 novembre 1997.
Rajaee, Farlang ; La mondialisation au banc des accusés : la condition humaine et la
civilisation de l’information, CRDI, Ottawa, 2001.
Roy, J., L. ; Le monde en 2020, Le devoir, 7 Mai 1999.

Trudel, Clément ; Vers la mondialisation de la pauvreté, Le Devoir 5 février 1998.

25

Vous aimerez peut-être aussi