Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Un soir, Bagheera surprit Shere Khan en train de comploter avec de jeunes loups. Cela l’inquiéta.
Elle s’approcha d’eux en douce pour les écouter, et ce qu’elle entendit l’épouvanta.
Mowgli était en danger. Elle passa la nuit à chercher une solution pour le sauver…
Elle n’en trouva malheureusement qu’une. Une seule.
Dès le lendemain matin, elle en parla au jeune garçon :
– Écoute, Petite Grenouille, je…
– Ohhh ! Ne m’appelle plus Petite Grenouille, je suis grand maintenant.
– C’est vrai ! Et justement, mon grand, j’ai quelque chose d’important à te dire, mais arrête
de tripoter cette liane s’il te plaît et écoute-moi. Nous avons un problème, un sérieux problème…
Je suis navrée de te dire ça, mais… nous devons prendre une décision.
Voilà… Tu… tu ne peux plus rester ici, c’est trop risqué. Tu dois quitter la Jungle,
retourner chez les hommes, ta vraie famille !
– Mais ma vraie famille, ce sont les loups, c’est toi et Baloo ! Tout le monde m’aime ici.
– Non, ne crois pas ça, Petite Gren… mon grand... Ne crois pas ça !
Ceux qui veulent que tu t’en ailles sont de plus en plus nombreux...
– Mais pourquoi ? Je n’ai rien fait de mal !
– Sais-tu ce que Shere Khan raconte aux jeunes loups pour qu’aujourd’hui tous se méfient
de toi ? Il leur dit que tu feras comme les autres hommes qui viennent dans la Jungle…
que tu nous captureras et nous tueras ! Et tous le croient…
Mowgli, consterné par ce qu’il venait d’apprendre, restait silencieux. Bagheera, alors, ajouta :
– Il y a bien un moyen d’effrayer tes ennemis. C’est le feu. Nous autres, les animaux,
nous avons très peur du feu.
– Le feu ? Mais où je peux en trouver ?
– Devant chaque maison des hommes, il y a un pot où une flamme brûle jour et nuit.
Va prendre un de ces pots, si tu n’en as pas peur, et rapporte-le. Ce soir, les loups vont
se rassembler, Shere Khan sera sûrement là.
Le jeune garçon courut de toute la vitesse de ses jambes jusqu’au village le plus proche.
Plus tard, Mowgli, revenu à temps pour assister à la réunion des loups,
cachait près de lui un pot où brûlait une flamme.
Les jeunes loups, rassemblés autour de Shere Khan, étaient déchaînés.
Tous hurlaient que le petit d’homme n’avait rien à faire dans la Jungle
et qu’il fallait s’en débarrasser.
– GRRR, je sais, moi, comment vous en débarrasser.
Ça fait si longtemps que je rêve de m’en régaler ! rugit le tigre en bavant d’envie.
Mowgli se dressa alors d’un bond avec une branche enflammée à la main.
Les jeunes loups effrayés rampèrent ; Shere Khan, surpris, ne bougea pas.
Mais quand il sentit la flamme du garçon s’approcher tout près de ses moustaches,
il recula. Il recula lentement en grognant de rage, les yeux pleins de fureur.
Et, dans l’obscurité de la forêt, il disparut.
Mowgli se tourna ensuite vers les jeunes loups.
– Et vous autres… Je vous aimais comme des frères, pourquoi m’avez-vous trahi, hein ?
Pourquoi ? Puisque vous ne voulez plus de moi, et qu’avec Shere Kan je serai toujours
en danger, je vais partir… Mais avant... avant, je veux vous prévenir que si vous faites
confiance à ce tigre fourbe et cruel… vous le regretterez. Voilà ! Adieu.
Allez-vous-en, maintenant.
Les jeunes loups s’en allèrent, le museau baissé, la queue entre les pattes.
C’est dire à quel point ils se sentaient honteux.
Mowgli sentit soudain quelque chose lui chatouiller les joues.
Quelque chose de tiède et d’humide, comme de l’eau.
Il ne pleuvait pas, pourtant. C’était quoi alors ?
Bagheera, tout en lui léchant affectueusement le visage, lui expliqua :
– Ce sont des larmes. Des larmes d’hommes. Ces larmes, vois-tu,
débordent de vos yeux chaque fois que votre cœur est très triste.
C’est étrange, mais c’est comme ça. Hmm, tu vas me manquer, Petite Gren…
Tu me permets une dernière fois encore de t’appeler Petite Grenouille ?
Allez, va, maintenant ! Va rejoindre les hommes.
Mowgli prit dans ses bras la Mère Louve et Akela. Tous les trois restèrent
ainsi un moment, à se chercher de jolis mots d’adieu. Mais leurs cœurs pleins
de chagrin ne les trouvaient pas. Puis, le petit d’homme courut
se jeter dans l’épaisse fourrure de son gros Baloo adoré.
Et, là, ces curieuses petites rivières d’eau salée que les hommes appellent
« des larmes » recommencèrent à couler, couler, couler, sans qu’il puisse
les retenir. Les poils du gros ours en étaient tout mouillés.
– Allons, allons, fit Baloo, très ému aussi. N’es-tu pas le plus courageux
de tous les Minus sans poils ? Si ? Alors, prouve-le-nous encore une fois, hein ?
Mowgli prit une grande respiration et… s’en alla.
Quand il arriva près du village des hommes, le soleil se levait.
Il entendit d’abord un chant… un chant aussi joli que celui du plus doué
des rossignols de la forêt.
Et, bientôt, il aperçut… une fillette.
Elle puisait de l’eau à la rivière. C’était elle qui chantait. Il l’observait, caché
derrière un tronc d’arbre, n’osant pas se montrer. Elle finit par le découvrir
et lui fit signe de s’approcher. Quand il fut tout près, elle le prit tout simplement
par la main et l’entraîna vers son village…
Le Monstre de Pabocoulo
Sur le CD, les deux talentueuses comédiennes nous offrent donc une interprétation
captivante de l’histoire extraordinaire de ce petit bébé d’homme abandonné
dans la Jungle et élevé par des animaux sauvages.
La mise en scène sonore et musicale de JEAN-FRANÇOIS LEROUX contribue
à l’enchantement que produira ce conte sur les petits dès 5 ans
ans.
ISBN 978-2-344-03811-6