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2 0 1 6
N ° 1 4 8
SOMMAIRE / N° 148

P. 2 Belfort
CONSERVATOIRE DE MUSIQUE,
DE DANSE ET DE THÉÂTRE
Architectes : Dominique Coulon & associés
ÉDITO
P. 6 Anglet
85 LOGEMENTS SOCIAUX
DU COLLECTIF À L’INDIVIDUEL
L’enveloppe, par son dessin, par l’aspect de sa surface, de son
apparence..., est le support d’expressions multiples qui carac-
Architectes : Leibar & Seigneurin architectes térisent une architecture. Le dripping réalisé sur les façades du
nouveau conservatoire de Belfort donne une texture inhabi-
P. 10 Saint-lys
MODERNISATION
DE LA PISCINE D’ÉTÉ
tuelle et tout un jeu de vibrations au béton de cet édifice conçu
comme un monolithe.
Architecte : Atelier ATP
Au palais de justice de Caen, le rythme des poteaux en béton

P. 12 caen
nouveau palais de justice
solennité et ouverture
blanc évoque le temple grec et affirme la dimension publique
de l’institution tout en faisant écho à la pierre de Caen.
Architectes : baumschlager eberle, architecte mandataire ;
Atelier d’architecture Pierre Champenois, Les cannelures verticales des façades blanches du pôle cultu-
architecte associé
rel de Baud accompagnent l’articulation des volumes, créent

P. 16 Auterive
RECONSTRUCTION DU COLLÈGE
ANTONIN PERBOSC
un effet d’apesanteur et rappellent les tranches des livres de
la bibliothèque.
Architectes : Agence Morel et Munvez, architectes Sur la côte varoise, le béton brut texturé à la planche inscrit
avec harmonie et discrétion une maison au bord de la Médi-
P. 20 Rueil-malmaison
EXTENSION ET RESTRUCTURATION
DU LYCÉE RICHELIEU
terranée dans la végétation provençale.
Architectes : André Chantalat & Gérard Liucci/Aequo judith hardy
architectes, Vanessa Bourdeau
directrice de la rédaction

P. 22 baud
LE QUATRO, PÔLE CULTUREL
ET LIEU DE VIE
Architectes : Studio 02, architecte mandataire ;
Anthracite, architecte cotraitant

P. 26 gentilly
60 LOGEMENTS SOCIAUX
ZAC LÉNINE
Architectes : Daquin et Ferrière Architecture
Créée en 1885, la revue Construction Moderne est éditée par l’association CIMbéton,
centre d’information sur le ciment et ses applications – 7, place de la Défense 92974

P. 30 côte varoise
MAISON LE CAP,
entre LA NATURE ET LA MER
Paris-la-Défense Cedex – Télécharger Construction Moderne sur www.infociments.fr
Président : Raoul de Parisot • Directeur de la publication : François Redron • Directrice
de la rédaction : Judith Hardy • Rédacteur en chef : Norbert Laurent • Rédacteur en chef
Architecte : Pascal Grasso Architectures adjoint : Clothilde Laute • Conseillers techniques : Laurent Truchon, Claire Barbou, Bétocib •
Rédaction et réalisation : Two & Two • Conception graphique : Zed Agency • Directrice

Maison individuelle sur la côte varoise


Architecte : Pascal Grasso
Photographe : Cyrille Weiner
P. 34 lille
53 LOGEMENTS SOCIAUX
ET ESPACES PARTAGÉS
artistique : Sylvie Conchon • Pour tout renseignement concernant la rédaction,
tél. : 01.55.23.01.00 • Abonnements : par fax au 01.55.23.01.10 ou par e-mail à
centrinfo@cimbeton.net
Architecte : Sophie Delhay Couverture : Conservatoire de musique à Belfort – Architectes : Dominique Coulon
et associés – Photographe : Eugéni Pons.

Construction moderne / juin 2016 Construction moderne / juin 2016 1


Belfort

Conservatoire de musique,
DE DANSE ET DE THÉÂTRE
Conçu par l’architecte Dominique Coulon, le nouveau bâtiment du conservatoire de Belfort se présente
comme un monolithe de béton énigmatique dont le parement brut est animé par un dripping1.
Texte : Norbert Laurent – Reportage photos : eugéni Pons

L
e conservatoire Henri Dutilleux est pré- ment végétal aux franges d’un tissu de fau- Je souhaitais donner un ton un peu bleuté
sent sur huit sites et étend son activité bourg, le bâtiment conçu par l’architecte au béton et que sa peau soit en écho avec
sur le territoire de la communauté de Dominique Coulon prend position sur une la végétation du bois d’Essert. Pour répondre
l’agglomération belfortaine. Il dispense un des hauteurs de la ville qui fait face à la cita- à ces objectifs, l’idée de réaliser un drip-
enseignement musical, chorégraphique et delle et au célèbre Lion de Belfort. Il se pré- ping sur les façades avec deux teintes de
théâtral à environ 1 400 élèves. Au-delà de sente sous la forme d’un bloc sur plan rec- bleu s’est imposée. Cela permet de laisser
sa mission liée à l’enseignement artistique, le tangulaire, presque opaque, façonné par le béton vivre tout en lui donnant une tex-
conservatoire accueille de nombreuses forma- un ensemble de volumes en béton, mis en ture bleutée inhabituelle. Les jets de peinture
tions instrumentales et vocales. Il développe tension, en porte-à-faux, décalés ou creu- donnent de la profondeur et une épaisseur A
aussi une importante activité de diffusion. sés, dont la subtile composition et l’équi- à la peau du bâtiment. Les surfaces vibrent
À la rentrée 2015, le site d’enseignement libre sculptent l’unité et l’identité de l’édi- sous la lumière, elles semblent en mouve-
de Belfort, installé jusqu’alors faubourg de fice. Seul le volume de la salle de danse se ment, la matière n’est plus statique. Il est
Montbéliard en centre-ville, a déménagé projette en porte-à-faux vers l’est sur le pay- aussi très intéressant de constater que cer-
dans ses nouveaux locaux du fort Hatry. Le sage du centre-ville et de la colline de la cita- taines personnes pensent à des marbrures, A __
nouvel équipement offre un lieu d’enseigne- delle. « Ce bâtiment propose une morpholo- tandis que d’autres y voient un motif plutôt Un monolithe
ment contemporain et fonctionnel aux pro- gie et une échelle qui expriment une certaine végétal. Chacun peut avoir sa lecture et son de béton qui
affiche une
fesseurs et aux 900 élèves qui le fréquentent. force dans l’esprit du lieu et de son histoire. interprétation de cette texture », commente présence
L’amphithéâtre et l’auditorium permettent la C’est un monolithe de béton qui affiche une Dominique Coulon. énigmatique.
Le volume
diffusion de ces disciplines artistiques sous présence énigmatique. La matière du béton de la salle
de multiples formes, conférences, auditions, brut manifeste parfaitement ici le volume et Un hall généreux et lumineux de danse se
représentations, concerts... Au bord du bois la masse recherchés. Cependant, je ne voulais L’entrée principale se situe à l’angle des projette en
porte-à-faux
d’Essert, dans un environnement essentielle- pas que le parement reste totalement brut. façades sud et ouest. Elle est signifiée par vers la citadelle
un volume en porte-à-faux de 17 m dont la de Belfort.

mise en lévitation crée un appel qui invite à B __


avancer et conduit à la porte d’entrée. Le sas L’entrée est
Maître d’ouvrage : communauté d’agglomération belfortaine – Maître d’œuvre : Dominique d’entrée s’ouvre sur le hall très lumineux et signifiée par
un volume en
Coulon & associés ; architectes : Dominique Coulon, Steve Letho Duclos – Suivi de chantier : d’une ampleur inattendue. Il semble creusé au porte-à-faux
Steve Letho Duclos, Lukas Unbekandt – BET structure : Batiserf Ingénierie – Artistes (dripping cœur de l’édifice et se développe sur toute de 17 m dont
la mise en
façades) : Max Coulon, Gabriel Khokha – Acousticien : Euro Sound Project – Entreprise gros sa hauteur. L’articulation des parois verticales
lévitation crée
œuvre : Albizzati Père & Fils – Surface : 6 290 m2 SHOB ; 3 895 m2 SHON ; 2 589 m2 SU (hors et horizontales en béton brut, les volumes un appel.
locaux techniques) – Coût : 6,3 M€ HT – Programme : 32 salles de cours, 6 salles de cours semblant suspendus, les arrivées de lumière
collectifs, 4 salles de pratique collective, 4 studios, salle de percussions ; auditorium : 140 places ; naturelle directes ou indirectes, la présence B
amphithéâtre : 70 places, salle de danse, salle d’arts dramatiques, bibliothèque. d’un généreux escalier, le jeu des vues et des
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belfort

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perspectives scandent l’espace et donnent lité de s’asseoir sur les marches, sans gêner la en place dans des coffrages métalliques. La
au lieu son identité unique. « Le bâtiment est circulation. De plain-pied avec le patio central, résistance du béton armé, sa capacité de fran-
conçu comme une masse dans laquelle des le palier du premier étage donne accès aux chissement et la continuité de sa matière par-
vides sont creusés. Ces vides, tels que le hall deux couloirs de distribution des salles d’en- ticipent à la structure de l’édifice. D’une façon
ou les patios, mettent en relation les diffé- seignement musical et à l’escalier qui conduit générale, les porteurs sont toujours paral-
rents niveaux. L’édifice ne se donne pas à lire au second étage. On y retrouve le même prin- lèles aux façades. Isolé par l’intérieur, le bâti-
entièrement au premier regard. Tout un pro- cipe de desserte des salles. En plus de l’ensei- ment est conforme à la RT 2012. Une attention C __
cessus de dévoilement est mis en place », sou- gnement musical, ce niveau accueille la biblio- particulière a été apportée à la suppression Vue de la
ligne l’architecte. thèque, la salle de cours d’art dramatique et des ponts thermiques entre les façades et les façade ouest.
C Le rez-de-
La majorité des salles de classe et de forma- la salle de danse. En dehors du fait qu’elle dalles de plancher. Le traitement acoustique chaussée
tion s’aligne côtés est et ouest sur la longueur est partiellement en porte-à-faux, cette der- des locaux participe à l’isolation thermique. vitré renforce
de l’édifice. Elles sont desservies par des cou- nière se caractérise par la présence d’une baie Dans toutes les salles, une chape flottante de la sensation
de mise en
loirs, dont les parois en béton brut assurent vitrée qui mesure la hauteur et la largeur de 6 cm posée sur 4 cm de laine de roche sup- lévitation
l’isolation acoustique entre les salles et la cir- la salle. La vue s’ouvre sur la ville et se pro- prime le pont thermique au sol. De la même du volume.

culation. Le centre du bâtiment est occupé longe sur le lointain. L’espace semble aérien, façon, la laine minérale posée contre la façade
D, E __
par le hall, l’amphithéâtre, la bibliothèque et comme suspendu dans l’air, ce que renforce la se retourne sur 2 m au niveau du plafond et Le hall est
le patio central situé au R+1. Le volume de démultiplication du panorama dans la glace de vient ainsi couper le pont thermique en sous- le cœur du
l’auditorium prend place, en tête de projet, la salle de danse. Enchaînement de contrac- face de dalle. Seules les façades qui entourent conservatoire.
Le volume de
côté sud, calé entre le porte-à-faux de l’en- tions et de dilatations de l’espace, ponctua- le patio central sont isolées par l’extérieur la bibliothèque,
trée et le volume de la salle de danse qui le tions de lumière naturelle, vues sur l’extérieur, avec du polystyrène recouvert d’un enduit disposé en
pont sur le hall,
surplombe. Le hall est le cœur du conser- sur des patios, sur les intérieurs, plongées, peint en noir animé par un dripping de cou- vient ponctuer
vatoire, son espace généreux et continu se contreplongées, tout un ensemble de disposi- leur blanche.  la dilatation
verticale
dilate dans le bâtiment. Depuis ce lieu, les dif- tifs spatiaux anime et agrémente les parcours
de l’espace.
férentes circulations, directions et les niveaux dans le conservatoire.
se laissent percevoir ou deviner. Le volume en F, G __
béton de la bibliothèque, disposé en pont sur Performances acoustiques et thermiques
1
Dripping L’espace
généreux et
le hall, vient ponctuer la dilatation verticale Les salles d’enseignement présentent des Le dripping sur les façades a été réalisé par lumineux
de l’espace. Au rez-de-chaussée, le hall des- dimensions, des hauteurs et des volumétries deux artistes, Max Coulon et Gabriel Khokha. du hall se
sert l’auditorium, les bureaux de l’administra- très diverses. Chaque salle destinée à l’ensei- Ils ont fabriqué des pinceaux spéciaux et mis dilate dans
le bâtiment.
tion situés à l’ouest et les salles de cours col- gnement musical dispose d’une acoustique au point la technique de projection spécifique.
lectifs regroupées à ce niveau, côté est. Le hall adaptée à la pratique d’un instrument spéci- Ce sont deux nuances de bleu d’une peinture
se prolonge par un grand escalier qui invite à fique. De façon générale, dans chacune, deux extérieure pour bâtiment qui ont été projetées D 1 - Pour aller
rejoindre le premier étage, d’autant plus que contre-cloisons assurent l’absorption et les à partir d’une nacelle, sur les façades en béton plus loin,
voir le clip de
la vue offre une perspective sur le patio cen- deux autres la réflexion. Le plafond fait l’ob- brut préalablement recouvertes d’une protec- la conférence
tral. Dans l’esprit de l’architecte, cet escalier jet d’un dessin adapté à chaque pièce. Le bâti- tion hydrofuge. L’ensemble de cette interven- « Dialogue
aux proportions généreuses offre la possibi- ment est entièrement réalisé en béton coulé tion s’est déroulé sur environ un mois et demi. architectes-
artistes »
sur le site
trophee-beton.
com
Plan de
9 rez-de-chaussée
7 8 7 7 7 7 7 9 9
1. Amphithéâtre
2. Atrium
3 3. Auditorium
4. Accueil
5. Salles de cours
1 2
6. Salle d’étude
7. Bureaux
8. Salle de réunion
9. Salles de cours
percussions
10. Parvis
5 5 5 5 5 6 5 10
0 5m E F G

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0 5 10 25m
anglet

85 logements sociaux
DU COLLECTIF À L’INDIVIDUEL
Les architectes Leibar & Seigneurin conçoivent ici un projet urbain à vocation sociale où les bâtiments
blancs sculptés dans le béton s’entremêlent harmonieusement avec les espaces publics paysagers.
Texte : christine desmoulins – Reportage photos : patrick miara

E
ntre Bayonne et Biarritz, l’incessant Transcrire dans une écriture contemporaine la logements R+2 et non R+3 ou 4 dans un pro-
mouvement de la voie routière du BAB volumétrie de monolithe blanc propre à l’ar- gramme social tient certes de l’exploit mais
(Bayonne-Anglet-Biarritz) et son cha- chitecture basque est un exercice où Leibar cela nous permet de nous couler, avec une
pelet d’emprises commerciales ont joué leur & Seigneurin excellent depuis leurs débuts. échelle juste, entre la ligne de faîtage d’un
rôle dans l’urbanisation d’Anglet, caractéri- Dans cet ensemble, le béton sert leur dessein immeuble collectif existant et le tissu des
A
sée par une densité relativement faible sur un en introduisant ici une géométrie élégante maisons individuelles. Cette option ayant
territoire très étendu. Lotissements, habitat et fragmentée, où les masses, les décroche- pour corollaire une forme urbaine fragmen-
collectif et maisons individuelles se côtoient ments, les biais et la légèreté d’un jeu d’esca- tée peu économique, l’écriture architectu-
au fil de quartiers morcelés, pas toujours liers jouent dans la lumière et la végétation. rale n’en était que plus importante. Pour y
bien identifiés. L’opération Jouanicot Truil- L’ancienne municipalité étant attachée à la apporter la qualité que nous souhaitions et
let portée par Habitat Sud Atlantic, qui réu- qualité paysagère des lieux, le choix du pro- soigner les détails en respectant le budget
nit 72 logements locatifs et 13 logements en jet, son intégration, sa composition et la den- du logement social, une logique construc-
accession sociale, vient conforter un quartier sité du programme rejoignaient une démarche tive très simple et économique s’imposait.
proche du BAB. « habitat, environnement et développement Hormis le soin apporté à la mise en œuvre, A __
durable ». Bien que le plan local d’urbanisme c’est donc un projet sans réelle complexité Le cœur d’îlot
et les maisons
Une géométrie fragmentée alors en vigueur ait autorisé des construc- constructive. » de l’îlot Truillet
Le site étant marqué par une hétérogénéité tions en R+3, les architectes ont délibérément Implanter un parking de 120 places était une avec leur
entre la densité d’un habitat collectif sur limité la hauteur à R+2 et ils ont su créer une autre question fondamentale car un parking jardin minéral
protégé.
l’îlot Jouanicot et le tissu pavillonnaire plus trame verte qui remodèle le dessin des voiries aérien aurait mis à mal les ambitions paysa-
distendu de l’îlot Truillet, la notion de couture pour insérer harmonieusement les construc- gères. « Faisant du sous-sol l’ouvrage le plus B __
s’imposait pour recréer un petit centre urbain tions dans l’existant. complexe de cette opération, le parking est Dans
l’alignement
en équilibrant le respect des droits de vues et « Ici, les choix urbains, architecturaux, struc- donc sous le jardin », poursuit l’architecte. des immeubles
d’ensoleillement des résidents d’origine et la turels et paysagers découlent de la même « Sa trame différant de celle des logements, de l’îlot
qualité de vie des nouveaux habitants. logique », dit Xavier Leibar. « Construire des il est coiffé par un plancher de reprise, inté- Jouanicot,
le traitement
grant des poutres en béton très surdimen- des loggias
sionnées, qui offre un sol aux logements et évite les vues
en vis-à-vis.
supporte la terre du jardin. »
Maître d’ouvrage : Habitat Sud Atlantic – Maître d’œuvre : Leibar & Seigneurin architectes –
BET structure : Eccta – Entreprise générale et préfabrication : Eiffage – Surface : 6 269 m2 Le quartier, l’îlot, l’intime et le partagé
SHON – Coût : 8,54 M€ HT – Programme : 85 logements des îlots Jouanicot et Truillet ; 
 En s’appuyant à la fois sur l’échelle du quartier
îlot Jouanicot : 60 logements collectifs en location (10 T1, 32 T2, 12 T3, 6 T4) ; îlot Truillet : et celle de l’îlot, les architectes parviennent
12 logements collectifs en location ; 4 logements collectifs en accession (4 T2, 6 T3, 6 T4) plus à préserver les vues et l’ensoleillement pour B
9 maisons individuelles en accession (7 T4, 2 T5). tous. La très grande attention portée aux
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anglet

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transitions entre l’espace public et l’espace dins clos, le matériau a été coulé en place,
privé facilite le potentiel de rencontre au ragréé et peint, les loggias saillantes et les
niveau de l’espace public. À l’échelle du quar- escaliers étant préfabriqués en usine.
tier, c’est en s’appuyant sur les voiries exis- « Pour travailler la masse en phase avec cette
tantes pour gérer les accès aux maisons que idée de monolithe blanc empruntée aux mai-
les architectes optimisent les surfaces paysa- sons basques néo-régionalistes, le béton est
gères en modelant l’espace public. Libéré pour un matériau idéal. Il permet de sculpter l’ar-
une approche entièrement paysagère, l’espace chitecture en s’inspirant, dans une certaine
vide entre les constructions apporte aux rive- mesure, du travail du sculpteur Chillida »,
rains l’agrément de vivre au cœur d’un parc précise Xavier Leibar. Travailler sur un mono-
scandé de « coulées vertes ». Comme autant lithe découpé apporte, en façade, une tension
C D C __
Variation sur
d’espaces poreux et perméables, visibles de conjuguent avec l’ambition de réaliser une entre la masse du béton et des épaisseurs qui le monolithe
la rue Jouanicot, elles donnent à l’ensemble opération exemplaire en termes de « qua- se traduisent par des ensembles saillants et blanc ancré
une relation fluide avec l’environnement. Res- lité de l’offre de vie » et de favoriser le vivre un jeu de superpositions sur les angles. Résul- dans
la végétation.
pect des percées visuelles, îlots traversants ensemble. Dans l’habitat collectif, où tous les tant de coffrages soignés, des biais en par-
et sentes, jardins collectifs agrémentés d’un accès sont individualisés, les logements sont tie haute et sur les pignons donnent, en plan D __
mobilier en béton où se délasser ou partager traversants et disposent de doubles loggias comme en coupe, ce sentiment d’épaisseur. Le graphisme
des escaliers
un repas…, tout, jusqu’à l’émergence soignée sur les pièces à vivre, et le dispositif des loggias Les découpes des fenêtres et des avancées,
en béton
de l’ascenseur du parking, concourt à dessi- arrière qui échappent aux regards ménage l’in- les loggias saillantes en béton préfabriqué, les préfabriqué.
ner un cadre de vie plaisant et convivial où timité des appartements. Grâce à leur rela- murets et la légèreté graphique des escaliers,
l’articulation des espaces publics et privés et tion aux pièces de vie, la dimension assez tout s’anime ici sous les ciels changeants du E __
Le relief des
l’attractivité des logements se conjuguent. restreinte des espaces privés extérieurs Pays basque. Dans l’îlot Truillet, où les creux biais et des
qui communiquent avec le vaste jardin de des biais formés par les portiques en béton saillies anime
L’art de la masse et des découpes cœur d’îlot n’exclut en rien une grande qua- préfabriqués donne du relief aux façades, les les pignons des
immeubles de
L’îlot Jouanicot, voué aux logements collectifs, lité d’usage. La notion traditionnelle de jar- maisons tournées vers la terrasse en béton l’îlot Jouanicot.
était le plus sensible en raison de sa position din privatif, très consommatrice de foncier, préfabriqué du jardin clos prennent la lumière.
en premier plan avec une vue dégagée sur fait ainsi place à celle de jardin clos plus en Sur le plan structurel, voiles de refend et plan- F __
Conjuguant
les contreforts pyrénéens. Au contact avec accord avec les modes de vie contemporains. chers sont en béton coulé en place. la quiétude
la rue, des immeubles de faible hauteur (R+2) Dans les maisons en bande en retrait par rap- Une attention particulière a été apportée et la recherche
introduisent une échelle intermédiaire, entre port à la rue, on trouve ainsi, à l’arrière des à la suppression des ponts thermiques. Le des vues,
les maisons
l’habitat collectif de la résidence et les mai- espaces de vie, un jardin minéral et une ter- principe général consiste à créer une rupture se déhanchent.
sons individuelles. Dans l’îlot destiné à l’habi- rasse qu’une paroi en béton intimise. Ce lieu entre les éléments structurels en béton et
tat groupé, le fractionnement des emprises que les habitants peuvent s’approprier à leur les façades en créant un vide qui est rem- E G __
bâties, sur les rues Truillet et Jouanicot, ins- gré pour divers usages (pièce en plus, lieu de pli avec un isolant thermique. Les bâtiments Découpe
des fenêtres et
taure des relations entre pleins et vides com- détente, etc.) s’ouvre sur le jardin partagé aux sont isolés par l’intérieur. Ceci préserve, à l’ex- des avancées.
patibles avec celles du tissu existant. dimensions généreuses et les sentes végétali- térieur, l’aspect du matériau, choix plastique
À l’échelle des îlots, la finesse du travail sur la sées. Très simples mais dessinées, les maisons qui donne une unité et une belle uniformité
typologie des logements est complétée par individuelles de l’îlot Truillet se déhanchent. aux façades peintes en blanc. Cet ensemble
l’attrait des espaces partagés. La quiétude des Pour construire en béton gris la quasi- est labellisé Bâtiment Basse Consommation
riverains et les vues qui leur sont offertes se totalité des logements et les murets des jar- (RT 2005). 

Plan étage courant

0 5m F G

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saint-lys

MODERNISATION A __

DE LA PISCINE D’ÉTÉ A B
Le claustra en
béton règle les
relations entre
intérieur
Le nouveau bâtiment linéaire, conçu par l’atelier ATP, est rythmé par l’enchaînement des parois verticales et extérieur.

et horizontales en béton, par des cours/patios en creux et la présence d’un grand claustra. B __
La piscine
Reportage photos : Atelier ATP d’été dans
le paysage
naturel.

L
a piscine communautaire d’été de Saint- à la lumière naturelle, la simplicité des maté- de l’équipement sportif sur l’espace public.
Lys a toujours été fortement appré- riaux et la couleur bleue sont restées dans la Implanté au plus près de la route de Saint- C __
Le bâtiment
ciée par ses utilisateurs pour son cadre conception de notre projet. À cela s’ajoute Thomas, il constitue une nouvelle entrée de est rythmé par
champêtre et la qualité de ses bassins. Cepen- notre volonté de remettre la piscine d’été en ville avant la traversée du vallon. l’enchaînement
dant, au fil du temps, les bâtiments de cet relation avec les qualités du site, notamment Ce bâtiment linéaire fonctionne comme un des parois
verticales
équipement sportif de plein air présentaient le vallon de l’Aiguebelle qui contient la bas- mur épais le long duquel s’organise le pro- et horizontales
une certaine vétusté. De plus, les adaptations tide de Saint-Lys sur son autre rive », sou- gramme. Il est rythmé par l’enchaînement des en béton,
par des
successives aux évolutions des différents ligne Benjamin Van Den Bulcke de l’atelier ATP. parois verticales et horizontales en béton, cours/patios
règlements (hygiène, sécurité, accessibilité...) par des cours/patios en creux et la présence en creux
et la présence
s’étaient caractérisées par une superposition Une ligne dans le paysage d’un grand claustra. Avec le jeu de contre-jour
d’un grand
d’interventions formant des espaces encom- En frange de ville, dans un paysage de prés et la transparence qu’il autorise, le claustra claustra.
brés, ainsi que des parcours contraints et sans et de champs, l’emprise de la piscine est bor- règle les relations entre intérieur et extérieur.
cohérence. En 2011, la communauté d’agglo- dée par des haies, la ripisylve du ruisseau de Depuis l’accueil déjà, on distingue l’ambiance D, E, F __
Le parcours
mération du Muretain organise donc une la Galage, et le chemin Laurent Pontala. L’am- de la piscine. La transition entre l’entrée et la allant de
consultation pour la modernisation et la mise biance du lieu est bocagère. Les concepteurs baignade est organisée dans une marche en l’entrée à
aux normes de la piscine d’été de Saint-Lys, du projet font le choix de rassembler tous les avant à travers une galerie pleine de lumière la baignade est
organisé dans
tout en conservant les bassins existants. éléments du programme dans un bâtiment éclairée naturellement par le claustra. Pédi- C
une marche
« Les bâtiments d’accueil, de vestiaires et le unique qui se développe le long du chemin luve, vestiaires et douches prennent place en avant à
travers une
snack présents sur le site avaient le charme Laurent Pontala. Sur une largeur de 6,14 m et dans ce sas avant la baignade. galerie pleine
des « bons bâtiments » des années 60 mais ne une hauteur de 2,96 m, il étire son volume En référence aux volets des anciens bâti- de lumière
éclairée
pouvaient pas être adaptés correctement et orthogonal sur presque 80 m de long. Ainsi ments, les profondeurs des cours/patios
naturellement
conservés. Leur échelle mesurée, leur relation tendu dans le paysage, il affiche la présence de l’accès et du snack sont accentuées par par le claustra.
des aplats de peinture bleue. L’ensemble est
construit en béton armé coulé en place. La
réalisation du grand claustra de 38 m de long
Maître d’ouvrage : communauté de communes du Muretain (installations piscine – extérieurs) a fait l’objet d’une attention particulière au
et commune de Saint-Lys (snack – salle communale) – Maître d’œuvre : Benjamin Van niveau de sa préparation, de sa mise en œuvre
Den Bulcke, architecte, et Jérôme Classe, paysagiste – Atelier ATP – BET structure : BCET – et de son décoffrage.
Entreprise gros œuvre : L2C (La Lisloise de Construction) – Surface : 370 m2 SHON – 5 400 m2 Avec sa faible hauteur, le bâtiment trouve
(espaces extérieurs) – Coût : 650 000 € HT (installations piscine – extérieurs) + 110 000 € HT aisément sa place dans le site. Les arbres
(snack – salle communale) – Programme : démolition-reconstruction des installations à l’exclu- le dominent. Son architecture affirmée et
sion des bassins, accueil/vestiaires/snack-restauration ; salle communale/piscine-plages/ contemporaine semble avoir été toujours D E F
espaces extérieurs et plantations. présente dans le paysage. 

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caen

nouveau palais de justice


SOLENNITÉ ET OUVERTURE
Évocation du temple grec, la colonnade de béton blanc de ce palais de justice réalisé par les architectes
des agences baumschlager eberle et Pierre Champenois résonne avec la pierre de Caen.
Texte : èVE JOUANNAIS – Reportage photos : archphoto, inc. © baumschlager eberle, Kamel KHALFI et Vincent Fillon

D
epuis une quinzaine d’années, la ville de la presqu’île comprise entre le canal, le bas- s’effectuent à travers un guichet unique de
de Caen a entamé une métamor- sin Saint-Pierre et le chenal Victor Hugo, est greffe (Gug) par des personnes qualifiées à
phose urbaine. Le déclin de ses acti- bordé au nord par le chemin de halage qui, même de renseigner et d’orienter. Un renfor-
vités industrialo-portuaires lui a donné l’occa- 15 km plus loin, rejoint la mer ; la zone est inon- cement conséquent de la sécurité se traduit
sion de récupérer la presqu’île de Caen, une dable. Il fait face à la bibliothèque multimé- par des circulations dédiées et un contrôle
A
immense friche située en son centre. Dès le dia à vocation régionale (BMVR), conçue par systématique à l’entrée. Enfin, la prise en
début des années 2000, un projet de renou- OMA/Rem Koolhaas architectes, dont il est compte du confort et des conditions de tra-
vellement urbain est confié à l’agence d’ar- séparé par une vaste pelouse de 2 hectares. vail du personnel est désormais acquise. » Elle
chitecture et urbanisme Panerai & associés ajoute : « Si, au départ, l’idée de changer de
et au bureau d’études en urbanisme Avant- Pour plus de sérénité lieu de travail fut un peu difficile à accepter A __
Projet. Son périmètre s’étend sur une centaine Réalisé dans le cadre d’un partenariat public- pour certains, le fait d’avoir suivi le déroule- Façade sud
d’entrée
d’hectares autour de la pointe de la presqu’île, privé (PPP), ce nouveau palais de justice ras- ment du projet leur a permis de se l’appro- destinée
à mi-chemin entre la gare et le centre-ville, où semble le tribunal de grande instance pénal et prier et de l’adopter. Les personnels ont pu au public. Elle
est précédée
doit se développer un quartier de vie. Alors civil (TGI), le tribunal d’instance (TI) et le tribu- suggérer des améliorations en cours de réa- d’un parvis
que sa réalisation est en cours, il est absorbé nal pour enfants jusque-là éparpillés sur plu- lisation dont l’Agence publique pour l’im- qui contribue
dans un schéma de développement plus vaste sieurs sites, dans des bâtiments de moins en mobilier de la justice (Apij) a tenu compte. » au caractère
solennel
de Caen Normandie Métropole, confié en moins adaptés. Cent soixante-dix personnes du palais
2013 à l’agence néerlandaise MVRDV : Caen- y travaillent et en moyenne trois cents per- D’inspiration grecque de justice.

Presqu’île concerne désormais 600 hectares sonnes par jour y sont accueillies. Comme le Sur une emprise carrée de 45,7 m de côté, le B __
et sa réalisation doit se dérouler sur plusieurs souligne Marie-Christine Leprince-Nicolay, la palais de justice s’élève à 18 m de hauteur sur Angle
décennies. La presqu’île en demeure la pièce présidente du TGI : « La justice a beaucoup 4 étages dans un tissu urbain très lâche. Il n’oc- sud-ouest.
Expression
maîtresse et sa pointe un centre d’attractivité. évolué de même que les normes. Aujourd’hui, cupe qu’une partie du terrain dont la clôture d’une justice
Le palais de justice prend place sur la pointe l’accueil et la prise en charge du justiciable dessine le contour. La forme géométrique et égalitaire, les
quatre façades
compacte du bâtiment répond aussi aux exi- sont quasi
gences de performances énergétiques de la identiques.
RT 2012. Il présente 4 faces identiques ryth- La colonnade
en béton claire
Maître d’ouvrage : partenaire public : ministère de la Justice ; Apij (assistance à maîtrise mées par le pas des poteaux en béton blanc joue comme
d’ouvrage) ; partenaire privé : Cicobail, Caisse d’Épargne Normandie ; promoteur : Adim qui forment une colonnade verticale. « Nous des ventelles
plus ou moins
Normandie Centre – Maître d’œuvre : baumschlager eberle, architecte mandataire ; atelier avons puisé dans l’histoire par une évocation ouvertes
d’architecture Pierre Champenois, architecte associé – BET structure : Sogea Nord-Ouest – du temple grec, un archétype ancré dans suivant le point
de vue adopté.
BET façade : Bauraum – Entreprise générale : Sogea Nord-Ouest – Surfaces : 8 840 m2 SP, l’imaginaire collectif, avec une réinterpréta-
5 800 m2 SU – Coût : 19,8 M€ HT – Programme : tribunal de grande instance pénal et civil, tion du péristyle », explique l’architecte Pierre B
tribunal d’instance, tribunal pour enfants. Champenois. « Le plan carré et les quatre
•••
12 Construction moderne / juin 2016 Construction moderne / juin 2016 13
caen

••• C __
façades identiques correspondent à l’idée de mière séquence, resserrée autour d’une rue la circulation à l’intérieur du bâtiment : Façade nord
sur le canal.
stabilité et d’impartialité de la justice. » Et l’ar- intérieure, débouche sur un atrium couvert le public, les magistrats, les enfants, les déte- Le choix de
chitecte Anne Speicher, directrice de l’agence d’une verrière : un volume circulaire toute nus. Les espaces réservés à ces derniers sont matériaux
parisienne baumschlager eberle, de complé- hauteur placé au centre de l’édifice. Véri- totalement étanches aux autres. pérennes et
le soin de leur
ter : « Il s’agissait de retrouver la symbolique table puits de lumière, sa paroi est consti- mise en œuvre
d’un palais de justice et d’affirmer l’impor- tuée d’une série d’anneaux horizontaux à Efficacité de la structure participent
de l’image
tance de la dimension publique de l’institu- raison de 3 par niveau qui brouille la percep- Les choix constructifs correspondent à l’or- du palais.
tion. » La colonnade est interrompue au deu- tion des étages et agit comme une enceinte ganisation du programme et à la construc- Entre les fines
colonnes
xième niveau par l’encorbellement de la salle acoustique. Il contient un arbre et l’escalier tion qui s’est déroulée sur deux ans.
de béton, la
des pas perdus, entièrement vitrée, qui met à double révolution qui mène au premier Les poteaux en béton blanc du rez-de- double peau
en scène l’activité publique du palais de jus- étage où se trouvent les salles d’audience : chaussée, comme ceux des étages, ont été vitrée assure
un tampon
tice. Ainsi, l’architecture exprime la solennité 7 petites au sud et 6 grandes en double hau- préfabriqués sur place dans des moules spéci- thermique.
de l’institution, mais aussi la volonté d’ouver- teur entourées par la salle des pas perdus qui fiques et implantés avec un entraxe de 70 cm, C D
ture et de transparence correspondant aux permet de faire la ronde de l’étage en pro- laissant un espace de 50 cm pour le vitrage. D __
valeurs démocratiques. Depuis l’extérieur, on fitant de la vue en belvédère sur le site ; cet Sur cette colonnade, repose la poutre de rive L’atrium amène
la lumière
aperçoit le mouvement des robes noires et du espace d’attente et de circulation est sus- qui sert d’appui à un réseau de poutres dont au cœur
public devant les salles d’audience. Depuis l’in- pendu au sens propre et figuré. Afin de pré- le deuxième appui est le noyau central consti- du bâtiment
et, par ses
térieur, on embrasse le site d’un regard, ce qui server la confidentialité des salles d’audience tué à partir des 4 circulations verticales ; il ouvertures
permet de se repérer de manière immédiate tout en assurant un éclairage naturel, les murs crée le porte-à-faux de 5 m de la salle des pas en partie haute,
participe à
en s’appuyant sur le paysage environnant. de séparation avec la salle des pas perdus sont perdus. La poutre de rive supporte également sa ventilation
en verre translucide. les poteaux qui correspondent à la hauteur du naturelle.
Une organisation complexe et rationnelle De surface réduite par la double hauteur des premier étage et sur lesquels repose la poutre
Avant d’accéder à la salle des pas perdus que grandes salles d’audience, le deuxième étage de rive du plancher haut du 1er étage. Dans E __
Salle
l’on aperçoit de loin, il faut traverser le parvis est occupé par le tribunal pour enfants au sud. cette poutre, sont ménagés des inserts de cla- d’audience
qui borde la façade sud, franchir la colonnade Au troisième étage, se trouvent les bureaux vetage pour accueillir les poteaux de 10 m des dans laquelle
les espaces
et passer par le hall d’accueil où se trouve du TGI et au quatrième ceux du TI. Les deux façades des 3 étages supérieurs. Ils sont clave-
sont clairement
le guichet unique de greffe. Chaque visiteur derniers étages s’organisent de manière simi- tés au moyen de banches équipées de guides identifiés par
est orienté vers les étages exception faite de laire avec deux couloirs en boucle séparés pour assurer la verticalité des éléments. Des l’estrade en
bois du jury,
quelques services – bureau d’exécution des par des sas : une circulation réservée au per- corbeaux insérés au coulage et liaisonnés au le box des
peines (Bex), aide juridictionnelle, nationali- sonnel dessert les bureaux répartis pour une ferraillage servent d’appui aux poutres de rive détenus,
le pupitre et
tés, pacte civil de solidarité (Pacs) – répartis grande part en façade ; une circulation inté- métalliques sur lesquelles prennent appui les les assises
de part et d’autre de l’entrée. Le caractère rieure accessible aux visiteurs reçus dans les dalles alvéolaires des planchers. Ces dalles de des parties
monumental et abstrait des façades dispa- salles d’audience spécifiques situées autour de 11 m de portée reposent, côté intérieur, sur le E en présence,
et les bancs
raît au profit d’une ambiance chaleureuse l’atrium. Entre les deux, se trouvent les locaux noyau en béton. Entre les poteaux de façade en aluminium
apportée par l’habillage en bois des murs qui d’archives, de service, techniques ainsi que des et les poutres de rive métalliques, des écar- pour le public.

s’ouvrent à l’endroit des guichets. Cette pre- patios. Au total, quatre flux séparés assurent teurs maintiennent un vide comblé par de la
F __
laine minérale. Le noyau central, le réseau de Originalité
poutres de rive des planchers hauts du rez- de ce palais
de-chaussée et du premier étage, ainsi que de justice, la
salle des pas
les poteaux du premier étage sont en béton perdus. Placée
coulé en place. au 1er étage,
en périphérie
Grâce à l’ensemble de ce système, mis au point des salles
avec l’entreprise, très vite, toute la struc- d’audience,
elle s’ouvre
ture périphérique a été mise en place, dessi-
sur l’extérieur
nant la forme définitive du palais de justice. par des baies
Les colonnades de béton blanc se sont ainsi vitrées.

imposées dans le paysage de la presqu’île, fai-


sant écho à la pierre de Caen utilisée depuis F
Coupe transversale le xie siècle. 

14 Construction moderne / juin 2016 Construction moderne / juin 2016 15


auterive

RECONSTRUCTION du collège
antonin perbosc
L’agence Munvez-Morel Architectes dessine avec justesse et simplicité un volume de béton blanc ciselé
et tendu qui affiche la présence de l’équipement scolaire.
Texte : solveig orth – Reportage photos : Vincent Boutin

S
ituée à une trentaine de kilomètres de fort qualifiait par lui-même le site. Le futur se développer d’un seul tenant, offrant un
Toulouse, Auterive a vu sa population collège devait être facilement repérable pour espace facile à surveiller et bien orienté.
exploser ces dernières années, méta- porter le rôle de signal urbain qu’on attend Enfin, c’est une réponse pertinente à la
morphosant le village d’origine en agréable d’un établissement public. » contrainte de phasage dans la réalisation.
banlieue pavillonnaire bordée de terres agri- Schématiquement, l’intervention de recons-
coles. C’est dans cet environnement « rur- Repérable depuis les grands axes truction proposée par les maîtres d’œuvre se A
bain » que le collège de la ville, devenu trop de circulation résumait en deux phases : d’abord, construire
petit pour accueillir tous ces nouveaux habi- Le nouveau collège se développe tout en lon- le nouveau collège sur les terrains de sport
tants, a été reconstruit. gueur, comme un long ruban qui aurait été existants et en prendre possession ; ensuite,
déroulé pour aller chercher l’extrémité est du démolir le collège initial et réaliser les espaces
Prise de site terrain et être perçu depuis la route. Réglant extérieurs de la cour et du complexe d’entrée.
Pierre-Luc Morel explique : « Avec sa topo- les différentes géométries induites par les
graphie globalement plate, n’offrant ni point bâtiments préexistants, ce « ruban » s’inflé- Fonctionnellement efficace A __
de vue particulier, ni masses végétales remar- chit pour marquer un biais parfaitement nord- Si, architecturalement, la lisibilité de la forme La volumétrie
quables, le site ne possédait pas d’accroche sud qui, d’une part, fait la place au gymnase avec son volume simple et contenu renforce fuselée
et ciselée des
particulière. existant à l’ouest, et, d’autre part, marque la l’image institutionnelle du collège, fonction- masses
En outre, de forme rectangulaire, le terrain direction de l’entrée principale. nellement, le plan « en manivelle » est parti- de béton
se développait en longueur principalement Cette implantation tout en longueur offre culièrement efficace. Il marque naturellement blanc rythme
l’édifice.
orienté nord-sud. Son extrémité est bordait plusieurs avantages non négligeables. D’abord, l’axe de l’entrée principale et conduit intuiti-
la route principale, mais sur sa largeur uni- une orientation principale nord-sud qui assure vement vers le hall. B __
quement. C’était là l’unique façade percep- des classes bien orientées. Ceci est particu- Vaste et très lumineux, l’espace du hall fonc- La modénature
de la façade,
tible depuis les axes structurants. lièrement favorable au confort d’été, au bon tionne en rotule, avec à main gauche, les constituée
De fait, nous avons très vite été conscients éclairage des locaux et donc aux économies locaux de l’administration, facilement acces- d’éléments
préfabriqués
de l’importance de la « visibilité » du futur d’énergie. sibles mais volontairement à l’écart de la cour. en béton blanc,
équipement et avons donc cherché une Ensuite, avec cet unique corps de bâti qui L’autre côté donne accès aux locaux com- assure des
protections
expression dont l’impact architectural très borde la limite nord du terrain, la cour peut muns destinés aux élèves, avec la vie scolaire,
solaires
les salles d’études, le foyer et enfin le réfec- passives
toire à l’extrémité. aux baies.

Les deux étages supérieurs sont réservés


Maître d’ouvrage : conseil départemental de Haute-Garonne – Maître d’œuvre : Agence Morel aux enseignements. Les salles d’enseigne-
et Munvez, architectes – Bet structure : Terrel – Entreprise gros œuvre : Spie Batignolles – ment banalisées sont rassemblées au premier
Préfabricant : Préfabay – Surface : 7 500 m2 SHON – Coût : 13,9 M€ HT – Programme : collège niveau, organisées de part et d’autre d’une cir- B
d’une capacité de 800 élèves et Segpa. culation centrale.
•••
16 Construction moderne / juin 2016 Construction moderne / juin 2016 17
auterive

•••
Le dernier niveau est atypique, il rassemble les aux économies d’énergie. Le poste dévolu à rente, de matériaux bruts et d’équipements
salles d’enseignement spécialisées comme l’in- l’éclairage artificiel étant généralement un des techniques non dissimulés s’inscrit dans une
formatique, le dessin ou la musique. Regrou- plus élevés dans les établissements scolaires. démarche que nous voulons vertueuse. Son
pées sur le toit du bâtiment, distribuées par Dans un souci de qualité, le bâtiment met en but est de susciter l’expertise des entrepre-
une coursive latérale au sud, elles s’ouvrent œuvre du béton coulé en place pour tous neurs présents sur le chantier.
largement au nord, pour capter un éclaire- les éléments structurels. En revanche, pour Nous faisons un grand travail d’anticipation
ment optimal sans surchauffe et sans éblouis- garantir un parfait aspect de surface finale, avec eux lors de la phase de préparation de
sement à l’image des ateliers traditionnels. les parements extérieurs ont été réalisés chantier. Ils sont prévenus que chacun de
en panneaux préfabriqués de ciment blanc. leurs ouvrages restera visible. C’est une prise C __
Le collège
Confort lumineux optimal Fabriqués en usine, leur teinte a été contrôlée de conscience pour susciter leur attention est perçu par
C D
L’orientation nord-sud de l’établissement par spectrométrie pour assurer une parfaite et qu’ils offrent au final la mise en œuvre la le pignon le
offre une implantation privilégiée aux dif- homogénéité. Ils ont ensuite été clavetés à plus soignée possible. Le résultat ici est tout long de l’axe
de circulation
férents éléments du programme, aux classes la structure porteuse et liaisonnés entre eux. à fait concluant ! principal.
en particulier. Ici, le confort intérieur lumi- L’isolation intérieure posée entre panneaux et Ce parti pris est désormais devenu pour Les architectes
lui ont donné
neux, et notamment le facteur de lumière de structure limite les ponts thermiques. notre agence un des éléments fondamen- une dimension
jour a fait l’objet d’une étude particulière et Pour renforcer l’inertie thermique de l’équipe- taux pour garantir la bonne cohésion de la sculpturale.
très en amont. Très rapidement, le travail en ment, les cloisonnements intérieurs ont été chaîne de responsabilité des acteurs de l’acte
coupe sur les salles de classe et l’ensemble des réalisés en blocs de béton à bancher. Ceux-ci de construire. »
D __
Débords
simulations ont montré que plus la fenêtre ont été laissés apparents et caractérisent l’am- de dalles et
était haute, meilleur était l’éclairement inté- biance intérieure du collège. Matériaux bruts toitures sont
dessinés
rieur. Ainsi, les architectes ont rapidement Ils participent à la mise en place d’une phi- Au-delà de l’intérêt que les concepteurs pour faire une
proposé une façade composée d’une suc- losophie que développent les concepteurs, portent aux matériaux bruts, le choix du large place
à l’éclairage
cession de fenêtres toute hauteur et relati- véritable démarche quant à l’utilisation de béton en structure, en panneaux préfabri-
naturel.
vement étroites. Le grand débord de dalle du matériaux « bruts », naturellement beaux et qués extérieurs et en cloisons séparatives
niveau supérieur constitue une protection d’aspect fini. Pour preuve, pas de plinthes dans intérieures s’est révélé précieux dans le cadre E, F __
passive. Elle est profilée pour porter ombre les classes, un sol en caoutchouc coulé, des de l’architecture respectueuse de l’environne- Les cloison-
nements
en laissant pénétrer un maximum de lumière. cloisonnement en blocs de béton, des portes ment qu’ils développent. intérieurs sont
Des meneaux latéraux sont également pré- en bois et des ouvrages techniques apparents Du point de vue du confort acoustique, une réalisés en
vus pour éviter tout rayonnement latéral et mais parfaitement calepinés. Chacun de ces cloison séparative en bloc béton à bancher blocs de béton
à bancher.
ainsi toute surchauffe sur le vitrage. Ce très matériaux a été choisi pour ses qualités intrin- a une performance d’isolement aux bruits
bon niveau d’éclairage naturel à l’intérieur sèques. Pierre-Luc Morel poursuit : « La mise aériens, ce qui est particulièrement intéres- G __
des locaux est particulièrement favorable en œuvre d’une structure en béton appa- sant dans le cadre de locaux d’enseignement. Séparatifs
et porteurs
Son utilisation généralisée a permis de ren-
en béton
forcer l’inertie thermique. L’été, séparatifs participent
E au confort
et porteurs se rafraîchissent pendant la nuit
thermique
et restituent, de jour, cette fraîcheur dans d’été.
8
les locaux.
Enfin, la robustesse du matériau et sa tenue
3 3
4 5
dans le temps ont également été des para-
mètres importants pour favoriser l’entre-
2 1
Plan de tien et la maintenance d’un équipement fré-
rez-de-chaussée quenté par des adolescents en pleine forme.
6 7 1. Hall
2. Administration
Ils demeurent en parfait état après une année
3. Vie scolaire d’utilisation.
4. Préau Parfaite illustration d’une éthique architectu-
5. Réfectoire
et cuisine rale que ce collège d’Auterive, où le respect
6. Local vélos de l’environnement, mais aussi l’affirmation
7. Vestiaires
8. Logements
d’un parti ont été les conditions indispen- F G
de fonction sables à la réussite de ce beau projet. 

18 Construction moderne / juin 2016 Construction moderne / juin 2016 19


rueil-malmaison
A __
Extension et restructuration Vue vers
l’entrée

du lycée richelieu
principale
et le parvis.
A B C
B __
Baignée
Après 6 ans de travaux, le projet réalisé par André Chantalat, Gérard Liucci et Vanessa Bourdeau offre de lumière
naturelle
aux 2 100 lycéens un lieu d’enseignement entièrement renouvelé et ancré dans la nature. et large de
12 m, la Galerie
Reportage photos : Hervé Abbadie relie l’entrée
et l’Atrium.

L
e lycée d’enseignement général et Bâtiment D Bâtiments D/B/C Bâtiment A C __
technique Richelieu à Rueil-Malmaison L’Atrium assure
la connexion
se développe en crête du coteau de entre
Seine exposé à l’est. Les bâtiments d’ori- les bâtiments
d’ensei-
gine, construits en 1965, s’inscrivaient fron-
gnement.
talement dans la pente. Leur implantation
générait d’importants dénivelés traités tant Coupe longitudinale
D __
en escaliers qu’en fortes pentes réparties La Galerie
distribue
sur les aménagements extérieurs et produi- ment général existants dominent le site et ins- de soutènement en béton clair accueillent la salle
sant parfois des espaces sans grande valeur crivent l’établissement dans sa topographie. les usagers au niveau de la rue George Sand polyvalente,
d’usage ou de confort. L’établissement souf- Ils ont été entièrement rénovés et restructu- et les conduisent vers le Parvis. Celui-ci inau- la restau-
ration, le CDI
frait d’une certaine vétusté, ainsi que de l’ina- rés et sont reliés l’un à l’autre par un nouveau gure la séquence d’entrée où l’accueil précède et l’adminis-
daptation ou de l’absence de certains espaces bâtiment. Sur les 3 niveaux, les circulations de la Galerie qui traverse l’Avant-corps et abou- tration. Ici, vue
sur l’accès
pédagogiques devant répondre aux exigences liaison sont lisibles depuis un généreux Atrium. tit à l’Atrium. La Galerie est éclairée naturel- au restaurant.
contemporaines de l’enseignement et de la Entre les bâtiments d’enseignement général et lement par de généreuses arrivées de lumière
vie scolaire. À partir de 2009, il a fait durant la rue George Sand, où se trouve l’entrée du zénithale. Elle est parcourue par un large esca- E __
6 ans l’objet de travaux de restructuration lycée, le volume de l’Avant-corps rassemble lier, qui permet d’absorber la déclivité de 8 m Vue sur
les jardins
et de rénovation en site occupé qui se sont dans une même entité la salle polyvalente, le existante entre l’accueil et l’Atrium. Véritable D et sur la Douve
déroulés en 4 phases et se sont achevés à la CDI, la restauration scolaire, les salles d’arts foyer spatial et lieu d’échanges du lycée, elle des ateliers.
rentrée de septembre 2015. Le projet conçu et plastiques et les locaux de l’administration. distribue tous les espaces majeurs et orga-
F __
conduit par André Chantalat et Gérard Liucci L’Avant-corps affiche sur l’espace public la nise les flux. À l’opposé de l’entrée, la trans-
Les ateliers
renouvelle l’image du lycée Richelieu tout en façade institutionnelle du lycée soulignée par parence du rez-de-chaussée de l’Atrium pro- s’ouvrent
conservant et en valorisant les qualités et l’es- une équerre en béton dessinée par le pignon longe la vue vers la cour et les jardins sous sur les patios
plantés de
prit du lieu. Les deux bâtiments d’enseigne- sud et la ligne de l’attique. Escaliers et murs lesquels sont installés les ateliers de l’ensei- la Douve.
gnement technologique. Une grande Douve
creusée entre cour et jardin révèle leur pré-
sence. Elle accueille des patios plantés, sur les-
Maître d’ouvrage : conseil régional d’île-de-France – Mandataire maître d’ouvrage : Icade – quels s’ouvrent les ateliers par de vastes baies
Maître d’œuvre : André Chantalat & Gérard Liucci/Aequo architectes, Vanessa Bourdeau – BET vitrées. Aujourd’hui, les 2 100 élèves du lycée
TCE/économiste : Berim – BET acoustique : Acoustique et Conseil – Paysagiste : AxP disposent d’un bâtiment confortable, lumi-
Urbicus – Entreprise gros œuvre : Cari – Préfabricant : SNPPN – Surface : 24 000 m2 SHON neux, dont les espaces généreux sont pro-
(restructuration : 14 000 m2/neuf : 10 000 m2) – Coût : 45 M€ HT (valeur 2009) – Programme : pices à l’étude, tout en profitant d’un envi- E F
extension et restructuration d’un lycée en quatre phases. Capacité d’accueil : 2 100 élèves. ronnement naturel agréable.

20 Construction moderne / juin 2016 Construction moderne / juin 2016 21


baud

LE QUATRO, PÔLE CULTUREL


ET LIEU DE VIE
Le pôle culturel offre sa silhouette contemporaine, prise dans l’entrelacs des maisons bretonnes
et de l’église. Il devient rapidement un vrai lieu de vie pour tous les habitants de la ville.
Texte : clotilde foussard – Reportage photos : luc boegly

L
e souhait de la municipalité de Baud, tous les dimanches d’hiver, ou encore à la « Toute notre conception part de l’idée d’un
petite commune du Morbihan d’envi- possibilité pour les associations d’occuper jeu de cartes déployé en éventail. Cela nous
ron 6 000 habitants, était d’une part gratuitement l’auditorium. » permettait de développer l’édifice autour de
d’agrandir sa médiathèque et son musée, et À la suite d’un concours, est donc sorti de terre la pente, et rappelait aussi une de ses fonc-
d’autre part que le nouveau bâtiment soit un vaste bâtiment abritant la médiathèque, tions, le musée de la Carte postale ! », explique
A
implanté en centre-ville – typiquement bre- le musée (existant depuis plusieurs décen- Romain Grégoire, l’un des architectes.
ton –, composé de maisons de granit et d’ha- nies, mais pas mis en valeur) ainsi qu’un audi- Du coup, nous ne nous trouvons pas devant
bitations peintes en blanc et recouvertes d’un torium de 80 places. un bâtiment frontal, mais devant une série de
toit d’ardoise. constructions superposées et décalées de 20°
Il s’agissait également d’intégrer l’édifice dans De la cohabitation les unes par rapport aux autres, présentant de
un secteur classé, car situé à quelques pas La difficulté pour les architectes de l’agence multiples façades toutes orientées différem-
en contrebas de l’église du bourg. Les archi- lauréate « Studio 02 » fut d’envisager la coha- ment. De ce fait, les points de vue sont nom-
tectes ont en effet su établir entre le bâti- bitation des trois structures sous un même breux, tant de l’extérieur que de l’intérieur.
A __
ment contemporain et le bâti ancien un véri- toit, en tenant compte des heures d’ouver- La contrainte de la pente se transforma rapi- Les architectes
table dialogue, tant dans les gabarits que dans ture différentes, générant un système d’accès dement en un atout majeur : pourquoi ne pas ont établi
les orientations ou les points de vue. et de circulations où chacun garde son auto- jouer la carte des niveaux, pour en dédier un un dialogue
nécessaire
La seconde préoccupation de la ville était nomie en mutualisant les espaces. à chaque structure ? entre
de créer un équipement phare qui attire Là encore, pari réussi, et ce grâce à une concep- Le volume supérieur abrite le musée. Celui-ci le bâtiment
neuf et
du public, extérieur, mais aussi les habitants tion architecturale ingénieuse : l’imbrication est traité comme un cube de béton crénelé l’habitat
tout au long de l’année. « Nous avons réussi et l’empilement de cinq volumes contenant assez fermé du côté de la ville (nord-ouest), traditionnel.
notre pari, le lieu ne désemplit pas ! », s’ex- chacun au moins un des trois équipements. il est le reflet immédiatement perceptible de B __
clame Pascale Guyarder, 1re adjointe au maire La deuxième contrainte à laquelle durent la démarche architecturale contemporaine. Jeu de
de Baud. Et elle ajoute : « C’est bien sûr grâce répondre les architectes fut l’intégration du Seul un bow-window en avancée de la façade, contraste entre
la masse
au bâtiment, et aux aménagements inté- bâtiment à la topographie du site, caractérisée au sud, forme un appel depuis l’extérieur, un assez fermée
rieurs très agréables et attractifs, mais aussi par une forte dénivellation du terrain. L’édifice contact visuel direct entre la ville et l’inté- du musée
à une politique d’ouverture de l’équipement construit en cascade s’y insère parfaitement. rieur du bâtiment. à l’étage et
l’espace vitré
Côté ouest, une large baie vitrée laisse entrer de l’accueil.
la lumière à flots dans les deux salles d’expo-
sition, permanentes et temporaires, conçues
Maître d’ouvrage : commune de Baud – Maître d’œuvre : Studio 02, architecte mandataire ; dans le prolongement l’une de l’autre. Au
Anthracite, architecte cotraitant – BET HQE® : Area Canopée – BET structure et pré-études : centre, se trouve un petit espace de projec-
EGIS – BET structure d’exécution : Arest – Entreprise gros œuvre : Eiffage – Surface : 1 500 m2 SU tion et au nord, les sanitaires et les locaux B
– Coût : 3,4 M€ HT – Programme : pôle culturel composé de musée, auditorium, médiathèque. administratifs. Un plafond à caissons pro-
•••
22 Construction moderne / juin 2016 Construction moderne / juin 2016 23
baud

•••
fonds en bois et des éléments en décaissé construits en porte-à-faux : les locaux particulière et originale. Il s’agit de cannelures
contenant les gaines techniques donnent du personnel, une cuisine ouverte sur la verticales, réalisées à l’aide de matrices dessi-
à l’ensemble une impression de chaleur et médiathèque, les archives, une salle polyva- nées par les architectes : des cadres en bois
d’intimité. Le volume intermédiaire abrite le lente qui accueille les élèves pour travailler. supportaient une planche lisse sur laquelle
hall d’accès et l’accueil. Il est en lien direct Il s’agit d’un système de petites boîtes dans la étaient fixés des tasseaux de bois, de largeurs
avec la ville haute, et distribue le musée et la boîte, habillées de bois. Entre chaque boîte, et d’épaisseurs variées et aléatoires. Ces cré-
médiathèque. C’est en quelque sorte la rotule sont aménagés des petits salons conviviaux nelages produisent un rythme vertical, un
autour de laquelle s’organise l’ensemble du donnant sur la salle, où peuvent se retrouver effet d’apesanteur, ils jouent avec l’ombre et
bâtiment. Presque entièrement vitré, il forme par exemple les membres d’une association la lumière, et rappellent les tranches des livres C D C __
un soubassement transparent, contrastant ou les parents venus attendre leurs enfants... placés dans une bibliothèque. Les volumes
se développent
avec la masse de béton aveugle du volume Là encore, un garde-corps en verre permet Le béton est peint en blanc afin de créer sur le site
du musée. Un porte-à-faux important, qui un lien visuel continu. une « masse lumineuse » prise dans l’écrin en s’inter-
pénétrant sur
prend appui sur deux piliers de béton situés de verdure et de granit du jardin. Le béton
3 niveaux.
en retrait des baies vitrées, accentue cette Un béton cannelé ainsi travaillé est également l’affirmation d’une
vision aérienne, et forme un auvent protec- Un deuxième volume, orienté à l’est, écriture architecturale résolument contempo- D __
teur du soleil, mais aussi de la pluie. occupé par la salle de lecture, est plus bas raine. En effet, la structure poteaux-poutres Les masses de
béton sont en
Devant, un grand belvédère apparaît comme d’un demi-niveau. Partout, les baies vitrées permet la superposition audacieuse des lévitation grâce
la continuité du hall d’accueil. Doté d’un répondent au béton en un dialogue continu volumes, la réalisation de porte-à-faux puis- aux jeux de
garde-corps vitré – pour conserver l’effet entre l’opacité du bâti massif et la transparence sants, l’orthogonalité rigoureuse mais variée transparence.

de transparence de l’ensemble –, et recou- du verre. « Nous avons souhaité limiter le de l’ensemble. E __


vert d’un sol en dalles de béton très clair, il nombre des matériaux, ainsi que la déclinai- Le béton, par son inertie thermique pour le L’espace de la
ménage une vue panoramique sur toute la son des teintes pour garder au bâtiment une confort d’été et d’hiver, était aussi un choix médiathèque
garde un lien
ville et constitue la couverture d’une partie plus grande sobriété. Pour cela, nous avons des architectes pour répondre à la RT 2012. visuel direct
de la médiathèque, située juste en dessous. choisi le béton, et deux matériaux qui lui D’ailleurs, leur démarche dans ce sens ne avec le jardin.
C’est à ce niveau que le plan se complexifie sont complémentaires – le verre et le bois –,  s’arrête pas là, avec la végétalisation des toi-
car trois volumes sont organisés sur 2 niveaux ainsi qu’une déclinaison de blancs et de gris tures, l’installation d’une chaudière à bois F __
Un vaste
en s’imbriquant les uns dans les autres. très clairs sur les murs et les sols. Le mobi- permettant de recycler les déchets verts de belvédère
Le rez-de-jardin abrite la scène de l’audito- lier de la médiathèque, choisi par la mairie, la commune, l’orientation des volumes et de est créé dans
rium ainsi que l’espace de la médiathèque ajoute une petite note colorée à l’ensemble. leurs ouvertures, ainsi qu’une isolation inté- la continuité du
E hall d’accueil.
à proprement parler. Les architectes sou- L’auditorium, par contraste, et pour mar- rieure et une ventilation double flux. Le bâti-
haitaient que le public garde le lien visuel quer sa fonction, est entièrement noir, murs, ment présente donc d’incontestables qua- G __
direct avec le jardin ; il existe d’ailleurs un rideaux, mobilier », explique Romain Grégoire. lités énergétiques, alliées à une conception Des cannelures
verticales ont
accès donnant sur ce jardin. La grande salle Le béton coulé en place est ici en effet le résolument contemporaine, assez inatten- été réalisées
de lecture s’élève sur une double hau- matériau de prédilection que les architectes due dans une petite commune du cœur de à partir
teur, dans laquelle sont pris des éléments ont travaillé à l’extérieur d’une façon assez la Bretagne.  de matrices
soigneusement
dessinées par
les architectes.

Plan de
3 rez-de-chaussée bas
1. Parc 1 3
2 2
2. Espace scénique
3. Gradins
4
1 4. Entrée
5 5. Espace
4
6 multimédia Plan R+1
7 6. Atelier 1. Locaux techniques
8 10
7. Banque d’accueil 5 2. Espace scénique
6
8. Réserve 3. Gradins fixes
9
9. Bureaux 4. Salle de repos
9 10. Espace de 6 5. Archives
consultation 6. Salle d’activités

0 7m 0 7m F G

24 Construction moderne / juin 2016 Construction moderne / juin 2016 25


gentilly

60 logements sociaux
ZAC LÉNINE
À quelques centaines de mètre de Paris, l’agence Daquin & Ferrière signe une opération de logements
à la fois plastique et fonctionnelle, inscrite dans un nouveau quartier résidentiel.
Texte : béatrice houzelle – Reportage photos : Hervé Abbadie

L
a Zac Lénine, créée sur la commune de litatif et d’offrir au quartier une image archi- situation privilégiée, les architectes ont soigné
Gentilly, participe au réaménagement tecturale à la fois forte et en harmonie avec tout autant le design que la fonctionnalité de
global de sa partie ouest. Située à la le nouveau paysage urbain progressivement leur création, en dessinant un bel objet. La
croisée de différents territoires urbains, en mis en place. façade ouest, côté coulée verte, en est l’em-
limite de Montrouge et à deux pas du bou- blème. Elle affiche une géométrie en déca-
A
levard périphérique parisien, elle est égale- L’intelligence de l’échelle lage avec les codes classiques de l’habitat,
ment à la croisée des chemins. Sise d’une part La volumétrie globale définie dans le plan légèrement pliée et constituée de matériaux
le long de la promenade publique aménagée directeur de la Zac prévoyait, pour ce lot, contrastés et de qualité. Cette volumétrie
sur l’aqueduc enterré de la Vanne, elle est tra- quatre bâtiments disposés autour d’un jar- particulière n’est pas un jeu. Elle sert la fonc-
versée, d’autre part, par un nouvel axe fort din central – une implantation permettant de tion. Les pliures et décalages des différents
est-ouest, le mail Lénine, créé pour désencla- conserver une échelle juste et une transpa- volumes et niveaux facilitent la multiplication A __
ver cette partie de la commune et la relier rence vers la coulée verte. Lors du concours des orientations par logement, améliorent les La décom-
position de
au centre-ville. La parcelle allouée aux loge- lancé par la société Opaly, maître d’ouvrage vues proposées ou diminuent les vis-à-vis. l’ensemble
ments sociaux conçus par l’agence Daquin de l’opération, l’agence Daquin & Ferrière s’est de logements
en deux plots
& Ferrière Architecture occupe un emplace- associée à l’agence A+, proposant que chacune Des espaces en plus permet d’en
ment stratégique dans cette Zac. Implantée assure la conception de deux bâtiments sur Outre ce confort en termes de vues, tous les maîtriser
à l’articulation entre le mail Lénine et la pro- les quatre. Cette initiative a séduit le maître logements disposent d’au moins deux orien- l’échelle et de
conserver une
menade de l’aqueduc, un axe « vert » nord- d’ouvrage, l’argument étant d’offrir une plus tations, afin de profiter au mieux de l’apport transparence
sud représentant un des éléments majeurs grande diversité architecturale et de respec- solaire et d’une belle qualité de lumière. Ils sur l’intérieur
de l’îlot.
du projet de l’ORU (opération de renouvel- ter ainsi au mieux l’échelle et les objectifs de bénéficient également de beaux espaces
lement urbain), elle tient lieu, en quelque la Zac. Ainsi, même si elle en a assuré la coor- extérieurs, loggias ou grands balcons, offrant B __
sorte, de vitrine. Faisant office de signal, elle dination générale, sur les 121 logements de ce aux locataires de généreuses surfaces supplé- Sur l’un des
plots, balcons
annonce aux passants les caractéristiques de lot, l’agence Daquin & Ferrière n’en a conçu mentaires à exploiter. Un dispositif intéressant et cabanes en
cette Zac misant sur la diversité des habitats, et réalisé que la moitié, soit 60, répartis dans mais classique. Ce qui l’est moins, ce sont les polycarbonate
une échelle humaine et des espaces verts de les deux volumes qui longent la promenade. boîtes en polycarbonate semi-transparent créent une
surépaisseur
qualité. Le projet se devait donc d’être qua- Pour exploiter et profiter pleinement de cette qui caractérisent la façade ouest et signent au design très
son originalité – façade qui se retourne côté graphique qui
rompt avec
sud pour inviter à emprunter le mail Lénine. les codes
Chacun de ces espaces intégrés aux balcons classiques
de l’habitat.
Maître d’ouvrage : Opaly (Office public de l’habitat Arcueil-Gentilly) – Maître d’œuvre : Daquin est mis à disposition de presque tous les
et Ferrière Architecture ; Frédéric Herlaut, chef de projet – BET : EPDC – Entreprise générale : locataires. Cet espace appropriable et mul-
Eiffage Construction – Préfabricant murs à coffrage intégré : FEHR Technologies – Surface : tifonction reproduit le principe de la cabane B
4 100 m2 SHAB – Coût : 8 M€ HT – Programme : 60 logements locatifs sociaux. au fond du jardin. Un vrai plus. Non chauf-
•••
26 Construction moderne / juin 2016 Construction moderne / juin 2016 27
gentilly

C __
••• Les profils
à géométrie
fés mais clos, ces petits volumes sont venti- les balcons devaient être habillées de bois, Son aspect satiné met particulièrement en dépliée des
lés naturellement par le biais d’une lame en au même titre que le sol et la sous-face des valeur le béton matricé du socle, en accen- balcons filants
impriment
métal orientable. Leurs parois en polycarbo- balcons afin de créer un espace chaleureux tuant son relief. à la façade
nate ont l’avantage d’être isolantes, mais aussi et harmonieux. Au final, cette solution est un caractère
vibratoire et
de créer un filtre visuel sans diminuer l’apport abandonnée sur le plus grand des bâtiments Prise en compte environnementale dynamisant.
de lumière. La création de ces boîtes/cabanes au profit d’un béton matricé aspect bois pour La ZAC Lénine s’inscrivant dans une démarche
s’inscrit dans une réflexion plus large menée des raisons de sécurité incendie. Le résultat de développement durable, les bâtiments D __
par l’agence Daquin & Ferrière sur les usages est probant, voire à s’y méprendre. Le béton devaient obtenir le certificat « Habitat & Envi- Façade sud, le
soubassement,
en matière de logement et l’intégration de texturé fonctionne parfaitement avec le sol ronnement, profil A, BBC Effinergie », lequel fait de béton
surfaces supplémentaires qui enrichissent les et les sous-faces des balcons, recouverts res- n’implique pas, d’un point de vue thermique, matricé et
C D E lasuré, assoit
fonctions premières et essentielles d’un loge- pectivement de pin du Nord et de lames de un dispositif isolant plus performant que celui avec élégance
ment – ici, le prolongement du dedans vers mélèze non jointives dont les joints creux cor- imposé par la RT 2012 indice B. Cela dit, l’opé- le bâtiment.
un dehors généreux associé à un entre-deux, respondent à ceux du béton matricé. ration présente quelques points spécifiques à
la cabane. mettre en avant, notamment au niveau de la E __
Les balcons
Le souci du détail conception. Les volumes des bâtiments sont offrent de
Jeu de matières Plus globalement, on peut souligner le soin rigoureusement compacts, sans décroché – généreuses
surfaces
La nuit venue, lorsque balcons et boîtes s’il- apporté aux détails d’exécution et le niveau leur relief étant apporté par les légers pliages extérieures.
luminent, le bâtiment prend des allures de de finition du bâtiment. Car si la qualité plas- des balcons et les volumes des cabanes en
lanterne géante à l’échelle de la ville. Et si le tique de la volumétrie s’avère indéniable, celle polycarbonate. F __
polycarbonate de ces boîtes prend une place des éléments de finition l’est tout autant : Cette configuration et la prise en compte La façade
ouest longe
importante visuellement, le béton pose et luminaires extérieurs encastrés en sous-face judicieuse des orientations ont permis de ne la promenade
s’impose. Structure et façades sont entière- de balcon, portes intérieures pleines en bois, miser que sur une isolation intérieure et la de l’aqueduc.
ment réalisées en béton. Classique dans sa calepinage au millimètre, etc. Et cela vaut éga- mise en place de rupteurs de pont thermique,
composition, c’est sur sa texture que les archi- lement pour les ouvrages en béton. Si la struc- implantés à chaque niveau sur la périphérie
G __
Les façades est
tectes ont joué pour souligner l’ordonnance- ture entièrement coulée en place, de type des deux bâtiments, excepté façade ouest donnant sur
ment et enrichir la modénature. Pour Olivier voiles porteurs et dalles, ne présentait pas de au droit des balcons et ce pour des raisons l’intérieur de
l’îlot, au design
Ferrière, « l’intérêt du béton réside bien sûr difficulté particulière, les façades, également structurelles, certains porte-à-faux pouvant tout aussi
dans ses vertus structurelles, sa très bonne porteuses, ont, par contre, nécessité deux atteindre 2,5 m. En termes de manteau iso- graphique mais
tenue au feu, mais également dans les effets procédés de mise en œuvre. Simplement cou- lant, s’y ajoutent les toitures-terrasses végé- plus sobre,
accueillent
de matières remarquables et innovants qu’il lées en place lorsque leur aspect de surface talisées permettant également de retenir par- principalement
permet ». Même si, pour ce projet, les moules devait être lisse, les façades sont constituées tiellement les eaux pluviales. Enfin, en matière les fenêtres
des chambres.
et motifs déclinés ne sont pas sur mesure, la de murs à coffrage intégré classiques, pour les de gestion de l’énergie, les bâtiments sont
plasticité du matériau a été exploitées. Le parties dessinées en béton matricé, afin que raccordés au réseau de chauffage urbain ali- H __
règlement de la Zac imposait un socle aux ce dernier soit parfaitement réalisé. Hormis menté par une centrale géothermique. Jeu de lignes
bâtiments. Il est ici sur deux niveaux (RDC les panneaux aspect bois, les autres surfaces Cette opération de logements est remar- F et joli contraste
des matières
et R+1), symbolisé par un béton matricé. À en béton sont recouvertes d’une lasure tein- quable en matière d’insertion urbaine, de qua- avec ces volets
l’origine, les portions de façade donnant sur tée « onyx » à 75 % sur régulateur de fond. lités architecturale et d’usage.  en métal
associés au
béton
lasuré de
la façade.

T4 I __
T3
T3 Bois des sols
et sous-faces
PARKING

des balcons
VH

forment un
T4 tout homogène
T5
avec le béton
T2
T2 T4 matricé
Plan étage courant
en façade.

0 5m 10 m G H I

1 2 5 10

28 Construction moderne / juin 2016 Construction moderne / juin 2016 29


côte varoise

maison le cap,
entre LA NATURE ET LA MER
Construite sur un site privilégié de la Riviera, c’est une luxueuse maison de vacances, à la fois rustique
et sophistiquée, qui regarde vers la mer en offrant au paysage des parements de béton brut.
Texte : hervé cividino – Reportage photos : cyrille weiner

T
out d’abord, on voit la mer. Transpa- aux arrière-petits-enfants – ainsi que les minimaliste propre aux courants artistiques
rente et énigmatique, avec des pro- proches amis. Les pièces doivent donc être qu’affectionne l’architecte. Inspirée par les
fondeurs bleues et vertes et, à l’hori- nombreuses. Une dizaine, de taille raison- œuvres du land art, son intention confronte la
zon, ces îles qu’on surnomme d’Or tant leurs nable, toutes équipées d’une salle de bains minéralité du béton brut et du verre au subs-
parois de micaschistes scintillent sous le soleil. et complétées par de généreux espaces com- trat et à la végétation de la côte. Et, comme
A
Ensuite, il y a la côte. Un trait volcanique qui muns : une cuisine ouverte sur la salle à man- les volumes s’incrustent jusqu’à disparaître,
dissimule des criques sablonneuses au creux ger, un séjour, un vaste salon d’été doté d’une l’animation du paysage reviendra aux occu-
des rochers. Et puis, on découvre cette pente grande table placée à l’abri des pluies, du vent pants de la maison : leurs mouvements se
dévalant jusqu’à la Grande Bleue, ce morceau et du soleil brûlant du Midi. Le tout, bien sûr, réfléchiront dans les parois vitrées durant la
de maquis, couvert d’une végétation luxu- ouvert sur la Méditerranée. journée avant que, la nuit venue, la lumière
riante où se mêlent pins d’Alep, myrtes, roma- électrique projette l’activité intérieure dans
rins, pistachiers, et tant d’autres espèces odo- Ouverte sur la mer le jardin. Acteurs, ils seront aussi specta-
rantes. Enfin, on découvre quelques murets Face à tant d’évidences, Pascal Grasso ima- teurs de l’extraordinaire panorama qui s’of-
de pierres sèches traçant, parallèlement à la gine un concept intemporel se référant à frira devant eux par des cadrages quasi ciné-
A __
plage, les indices d’une ancienne présence l’abri, à la caverne première. Pour atteindre matographiques. Tour à tour, ils profiteront La maison est
humaine. Et rien de plus, si ce n’est le bruis- une rusticité luxueuse que la modernité ren- d’ouvertures principales vastes comme des fractionnée
sement des cigales sous le soleil. dra confortable, il recherche les fonctionna- écrans géants, de fenêtres secondaires pré- en plusieurs
volumes
lités essentielles, celle du confort du corps cises comme des plans fixes ou encore, dans incrustés dans
Accueillir et de la plénitude de l’esprit. Fractionnant le les circulations, de baies aussi longiformes la pente.
La commande est simple, aussi simple que le programme, il dispose plusieurs volumes dans que des travellings. B __
site est merveilleux : une maison de vacances la courbe du terrain, en fonction des orienta- D’emblée, le commanditaire est séduit. C’est Le béton brut,
pour vivre au grand air, en lien avec la nature. tions et des points de vue. Et s’appuyant sur un amateur d’art, parfaitement au fait des le verre et
la pierre sèche
Il faut envisager le maximum de chambres les murs de pierres existants, il dresse une mai- courants architecturaux que développe l’ar- dialoguent
par rapport à la constructibilité autorisée son ouverte sur la mer. chitecte dans son activité de constructeur et avec la
de manière à accueillir en toute intimité les Un premier collage esquisse le positionne- de scénographe. végétation
luxuriante
quatre générations de la famille – de l’aïeule ment territorial des édifices et l’esthétique de la Riviera.
Un site escarpé
Issu d’un lotissement des années 70, le ter-
rain est une pépite de la Riviera, réservée à
Maître d’ouvrage : privé – Maître d’œuvre : Pascal Grasso architectures – BET structure et sa descendance par l’acquéreur de l’époque.
façades : Arcora – Entreprise générale : Léon Grosse – Surface : 440 m2 SHON – Coût : non Il comprend deux accès. Un premier depuis
communiqué – Programme : maison individuelle, 10 chambres avec salle de bains, buanderies, la route supérieure, un second au bout d’une B
réserves, rangements, cuisine ouverte, salle à manger, séjour, salon d’été, piscine, garages. petite voie descendant vers la côte. C’est par
•••
30 Construction moderne / juin 2016 Construction moderne / juin 2016 31
côte varoise

•••
ce chemin bas que l’on accède aujourd’hui à préalable. Ces ouvrages, qui marquent les cir- cialement pour le bord de mer. Les possibilités
la propriété, comme si l’on arrivait de la mer. culations, se prolongent à l’extérieur en éta- du matériau ont été exploitées sans osten-
Là, entre la plage et les premiers contreforts blissant un lien continuel avec le jardin grâce tation, pour mettre en forme des volumes
rocheux, se développe le pavillon d’entrée : à la déclinaison de ce motif pour les rocailles, autoportants, structurés par des voiles et des
un long parallélépipède revêtu de bois sous les emmarchements, les gradins et ouvrages planchers coulés en place. Mais aussi pour
lequel sont aménagés les garages. Sa toiture- de soutènement. exécuter des formes audacieuses, à l’image de
terrasse accueille un deck que prolonge une l’important porte-à-faux sous lequel est amé-
piscine à débordement, rectangulaire et lon- Parement en béton de planche nagé le salon d’été. L’ingéniosité développée
C D E F
giligne. Ainsi disposé, le bassin en inox trace Les parois extérieures de la maison, tout pour intégrer les poutres inversées de 60 à 70 C, D,
une ligne d’eau turquoise dans le paysage ver- comme les plafonds et les refends intérieurs, cm de hauteur dans l’épaisseur de la toiture- E, F__
doyant. Implantée au-dessus, la maison princi- présentent des parements en béton brut de terrasse répond à celle qui a permis de réali- Les parois
pale est desservie par les circulations douces décoffrage. Forte de son savoir-faire, l’entre- ser des percements de façade aussi nets que extérieures,
les plafonds
qui gravissent les terrasses du jardin et par un prise a construit ses coffrages en pin, à l’an- s’ils avaient été découpés au diamant dans et les refends
ascenseur qui perfore la roche pour rejoindre cienne. Les planches présentent un profil le béton. Pour ce faire, des réservations en intérieurs
sont réalisés
les hauteurs. identique de 14,2 cm de hauteur et 2,7 cm creux et l’absence d’appuis ont rendu les pro- en béton
d’épaisseur et quatre longueurs différentes fils des châssis vitrés parfaitement invisibles. brut dans des
Encastré dans la pente (1,30 m, 1,70 m, 1,90 m et 2,30 m). Un soin par- De même, les menuiseries métalliques des coffrages
en pin.
La résidence se compose de quatre cubes de ticulier a été porté au calepinage de manière à grandes baies vitrées ont été dissimulées dans
béton brut encastrés dans la pente. agencer les bois selon une apparence aléatoire des gorges dimensionnées pour encaisser la G __
Quatre volumes, de tailles différentes, qui tout en assurant la présence d’une planche flèche des structures de béton de plus de Les espaces
communs
tirent parti des plis du terrain pour proposer entière pour l’arase supérieure des volumes. 8 m de portée. Ainsi disposés, les volumes ouvrent sur
une composition sensible et nuancée, sans Avant le coulage, les peaux coffrantes ont été intérieurs se prolongent à l’extérieur par de un vaste salon
systématisme aucun. L’un est posé, l’autre en soigneusement sablées pour faire ressortir les grands cadres en biseau formant brise-soleil. d’été protégé
des pluies,
porte-à-faux, le troisième surélevé/décollé, veines du bois selon une intensité mesurée Une géométrie étudiée qui intègre les dou- du vent et du
le quatrième décalé. Implantées sur un même sur des prototypes. blages intérieurs des murs et l’isolation par soleil brûlant
du Midi par
plan de référence, les boîtes de béton ne La prouesse de mise en œuvre réside dans l’extérieur des terrasses végétalisées tout en un généreux
s’alignent pas en toiture, mais développent la continuité de la qualité d’exécution qui se ménageant la rupture des ponts thermiques porte-à-faux.
de légers décalages propices à parfaire leur retrouve tant sur les surfaces courantes que au droit des vitrages.
inscription dans le site escarpé. Une osmose dans le traitement des détails, comme l’illustre Le projet profite également d’un chauffage H, I, J __
Depuis
dont la réalisation ne fut pas une mince affaire le soin déployé en intérieur pour l’intégration au sol et d’une ventilation double flux mais l’intérieur,
tant le sous-sol était friable et hétérogène au des équipements électriques, à l’image des c’est bien grâce à l’inertie du béton et à une le panorama
s’offre par des
point d’imposer la création d’une paroi ber- interrupteurs intégrés dans des engravures conception bioclimatique en parfaite concor- ouvertures tour
linoise fondée sur un réseau de micropieux. spécialement réservées à cet effet. Pour faire dance avec le site qu’est assuré le confort de à tour vastes
Installés de plain-pied sur un dallage de face à l’agressivité des embruns, l’ouvrage a cette résidence exposée au souffle brûlant de comme des
écrans géants,
pierres de Tripoli, les espaces de réception été réalisé dans un béton courant, traité spé- l’été comme aux pluies de l’hiver.  ou cadrées
et de convivialité se prolongent à l’extérieur comme des
G plans fixes.
sous le volume principal. La majorité des
chambres composent l’étage. Desservies par
un hall double hauteur, elles sont pour cer-
Coupe transversale
taines agrémentées de terrasses accessibles.
0 5m
La plupart ouvrent directement sur la mer,
tandis que l’arrière du bâtiment est dédié aux
réserves, buanderies et accès de service.
Les intérieurs sont traversés par des murs de
pierres sèches inspirés des ouvrages tradition-
nels présents sur le site. Extraits des carrières
voisines de Bormes-les-Mimosas, les moel-
lons de différentes tailles ont été scellés au H I J
mortier sur les structures en béton coulées au

32 Construction moderne / juin 2016 Construction moderne / juin 2016 33


lille

53 logements sociaux
ET ESPACES PARTAGÉS A B
A, B __
L’immeuble
haut est
desservi par
L’ensemble « Machu Picchu », réalisé par l’architecte Sophie Delhay, se compose de deux immeubles des coursives
donnant sur
parallèles qui enserrent un jardin offert aux habitants et ouvert sur la ville. le jardin aux
étages impairs,
Reportage photos : julien lanoo et sur
la future voie
prévue par

L
’ensemble de 53 logements sociaux pace public très minéral du quartier. Chacun Différents et décalés d’étage en étage, des la ville pour
les étages
« Machu Picchu » se situe dans le quar- des deux immeubles s’inscrit dans le gabarit espaces partagés traversent toute l’épaisseur pairs.
tier de Fives, ancien faubourg populaire de ses voisins, sans chercher à aplanir les dif- de cet immeuble en prolongeant les cour-
et industriel de Lille. Héritier de son passé férences existantes. L’un est bas et découpé, sives. Ces « salons d’étage » en balcon sur la C __
Chacun
industriel, le paysage urbain est ici marqué dans la continuité des maisons ouvrières, tan- ville sont autant d’espaces à partager offerts
des deux
par de longues rues minérales constituées dis que l’autre, qui fait face à la salle des fêtes, à l’appropriation des habitants. immeubles
de rangées de maisons ouvrières dissimulant s’élève à 21 m de hauteur. Cette similitude L’ensemble du projet (structure et façades) est s’inscrit dans
le gabarit
leurs jardins en cœur d’îlot. d’échelle instaure un dialogue entre les deux réalisé en béton coulé en place et répond au de ses voisins.
Des architectures de grandes dimensions bâtiments, de part et d’autre de la future voie, niveau de performance BBC. Les façades don-
jouent ponctuellement un rôle de repères qui sera créée entre eux. nant sur le jardin sont revêtues d’une pein- D __
dans la ville. Ces vastes volumes contrastent ture minérale blanche, qui met en lumière Différents
espaces
avec le tissu serré et l’échelle des maisons. Espaces à partager et en valeur l’espace végétal. Celles qui sont à partager,
Ce sont souvent des usines et parfois des Les habitants passent par le jardin pour tournées vers l’espace public sont peintes peints en jaune,
traversent
équipements publics. La rue de Lannoy dans atteindre le hall d’entrée de chaque immeuble. en gris. Le parement du béton est animé de le grand
laquelle se situe l’opération en est un parfait Une coursive unique, conçue comme un façon aléatoire par les empreintes des mains immeuble et
sont offerts à
témoignage. L’alignement régulier des maisons grand balcon donnant sur le jardin, court le des ouvriers, réalisées à partir de pochoirs
l’appropriation
ouvrières est ponctué par le volume monu- long du 1er étage de l’immeuble bas. Elle des- fabriqués selon les formes de leurs mains.  C des habitants.
mental de la salle des fêtes, un édifice Art sert les logements en simplex et duplex situés
déco classé monument historique. à ce niveau. L’accès aux appartements situés E __
Le jardin
Le projet conçu par l’architecte Sophie Del- au rez-de-chaussée, R+2 et R+3 se fait par l’ar- s’ouvre sur
hay propose d’enrichir la rue de Lannoy par rière. L’immeuble haut est desservi de façon la ville.
une nouvelle séquence végétale. Il se com- plus systématique par des coursives alternant
pose de deux immeubles parallèles, dispo- à chaque niveau. Elles donnent sur le jardin
sés perpendiculairement à la rue Lannoy. Ils aux étages impairs, et sur la future voie pré-
enserrent un jardin ouvert sur la rue et l’es- vue par la ville pour les étages pairs.

Maître d’ouvrage : SIA Habitat – Maître d’œuvre : Sophie Delhay, architecte ; Marlène Galland,
chef de projet – environnement : RFR éléments – Paysagiste : Taktyk paysage – Entreprise
générale : Orpac – Surface : 5 085 m2 SHON, admin. 3 980 m2 SHAB – Coût : 6,1 M€ HT compris
parking souterrain et VRD – Programme : 53 logements locatifs sociaux et espaces partagés D E
0 5 m 10 m
(8 T2, 28 T3, 11 T4, 6 T5). Plan R+2

34 Construction moderne / juin 2016 Construction moderne / juin 2016 35


AGENDA bibliographie

Trophée béton, 5e édition 2016-2017


Les inscriptions à la 5e édition du Trophée béton sont CERIB
31 mai 2016, 20 h, à l’Auditorium
ouvertes depuis février 2016.
de Rezé, près de Nantes
Organisé par les associations Bétocib, Cimbéton et Le CERIB organise une conférence présentée
la fondation École française du béton, sous le haut par l’architecte Rudy Ricciotti, sur le thème
patronage du ministère de la Culture, ce concours « L’économie du béton : des compagnons, des
invite les jeunes diplômés des écoles d’architecture, ingénieurs, des entreprises ».
ayant obtenu leur projet de fin d’études (PFE) aux Sa venue dans la région nantaise se situe aussi
sessions de 2015 et 2016, à s’interroger sur les qua- dans l’actualité du projet de réaménagement
lités esthétiques, techniques et environnementales et d’agrandissement de la gare de Nantes, qui LES UNIVERSALISTES LA SAUVEGARDE DES COMMENT (SE) SAUVER (DE)
doit être livré en 2019. 50 ans d’architecture GRANDES ŒUVRES DE L’OPEN-SPACE ?
du matériau béton.
Inscription : http://www.cerib.com/evenements/ portugaise L’INGéNIERIE DU xxE SIèCLE Décrypter nos espaces
soiree-rudy-ricciotti-betons-hommes/
Conseil scientifique : Cahiers du TSAM n° 1 de travail
prix Sous la direction de Franz Graf Élisabeth Pélegrin-Genel
Eduardo Souto de Moura
1er prix : 5 000 euros 3e prix : 3 000 euros Deuxième Journée et Yvan Delemontey, Coordination Open-space, bureau paysager, espace partagé,
Publié dans le cadre de l’exposition « Les univer-
2e prix : 4 000 euros Mention spéciale : 2 000 euros expertise & construction scientifique Yvan Delemontey pourquoi ce modèle d’organisation s’est-il imposé
salistes, 50 ans d’architecture portugaise », cet
Règlement, modalités, actualité du concours et programme des conférences sur www.trophee-beton.com 5 juillet à épernon Depuis sa création en 2007, le Laboratoire des si largement ? Nourrie d’observations in situ, la
ouvrage présente les travaux d’architectes de
Fort du succès de la première édition de techniques et de la sauvegarde de l’architec- réflexion d’Élisabeth Pélegrin-Genel s’appuie sur
premier plan comme Fernando Távora, Alberto
sa Journée expertise & construction, ture moderne (TSAM) produit et développe la sa longue expérience de l’open-space en tant
Pessoa, Manuel Taínha, Pancho Guedes, Nuno
Colloque le Cerib invite les acteurs de la construction
et des TP à se retrouver pour une nouvelle Teotónio Pereira, Nuno Portas, Álvaro Siza, Alcino
connaissance des techniques et de la sauve- que consultante en entreprise. Histoire, manage-
Toit-terrasse et architecture béton rencontre dédiée aux échanges techniques Soutinho, Eduardo Souto de Moura, João Luis
garde du bâti du xxe siècle et s’est profilé comme
un observatoire actif de ce patrimoine. Ce pre-
ment, foncier, bien-être sont invoqués ici pour
montrer que le modèle de l’open‑space, long-
mardi 7 juin, FFB Rhône-Alpes et scientifiques, en toute convivialité.
Renseignements et inscriptions :
Carrilho da Graça, Manuel Graça Dias, et de
mier numéro des Cahiers du TSAM) explore le temps considéré comme une évidence, vacille
quelques-uns des jeunes architectes les plus
à Villeurbanne https://expertiseetconstruction.com/
prometteurs. Ils sont réunis ici dans un ouvrage
devenir de certaines des plus remarquables et aujourd’hui face à la vague d’innovations qui
emblématiques structures en béton du siècle déferle sur le monde du travail. Mais peut-être
Ce colloque propose une vue à de référence très richement illustré qui donne
passé. À travers les figures d’héroïques construc-
360° sur la toiture-terrasse avec une Réhabilitation à voir et à penser cet universalisme.
teurs, il interroge l’héritage construit des ingé-
reste-t-il quelque chose à en sauver ?

approche des données chiffrées, le de la maison Coignet Éditions Parenthèses


nieurs, convoquant les plus audacieux d’entre
Éditions Parenthèses

Fondation Calouste Gulbenkian


cadre réglementaire, technique et Cité de l’architecture & du patrimoine eux : Freyssinet, Isler, Maillart, Nervi, Vierendeel...
administratif, des solutions construc- Presses polytechniques et universitaires romandes (PPUR)
tives adaptées aux différentes desti-
nations de la toiture-terrasse et des

© CAPA, 2016 – © Graphisme : Change is Good


recommandations pour réussir la mise
en œuvre sur chantier. exposition
Contact : Isabella Chiattelli – i.chiattelli@cimbeton.net / – Tél. : 01 55 23 01 14 – Fax : 01 55 23 01 10 Les universalistes
5o ans d’architecture
publication portugaise
L’exposition propose un regard sur un demi-siècle de pensée et de DIALECTES ARCHITECTURAUX
Architectures de Béton, C’est au milieu du xixe siècle que François Bruno Zevi
production architecturale portugaise. Elle affirme l’existence d’un
46 réalisations contemporaines Coignet, industriel utopiste aux idées sociales, Traduit de l’italien par Michel Guéneau
« universalisme » particulier et latent dans la façon dont les meil-
Préface de Joseph Abram précurseur du béton, se met en quête de ce Avec ce livre publié pour la première fois en
qu’il nomme la « pierre sans fin », pierre artifi- leurs architectes portugais, de plusieurs générations, ont créé leurs
Cet ouvrage est consacré à l’usage du béton en architecture et recueille 1996, Bruno Zevi concluait les huit volumes de
cielle, modulable et économique. Il construira œuvres. Dans un équilibre assumé entre l’héritage universel de l’his-
46 réalisations exemplaires conçues par de grands architectes d’au- sa Contre histoire de l’architecture en Italie.
la première maison en béton de mâchefer, à toire de l’architecture et les contraintes géographiques et culturelles
jourd’hui. Richement illustré de photographies, plans et détails d’ar- Ce livre « peut être considéré comme la somme
Saint-Denis, en 1853. Cet émouvant vestige des lieux où ils proposaient de construire, ces architectes ont exercé une fusion cohérente et
chitecture, chaque projet retrace les différents aspects de la concep- de la recherche est aujourd’hui très dégradé. de sa pensée pour ce qui est des rapports entre
critique entre ce que nous appelons aujourd’hui le « global » et le « local ».
tion et de la construction. L’association « La maison Coignet » a pour but l’architecture vernaculaire et l’architecture
Du 13 avril au 29 août 2016 – Cité de l’architecture & du patrimoine – Entrée 1, place du Trocadéro
Il témoigne des remarquables possibilités qu’offre le béton aujourd’hui, d’en obtenir la réhabilitation. Pour soutenir ce ou 7, avenue Albert de Mun, Paris 16e.
savante », souligne Michel Guéneau dans son
de sa qualité structurelle, innovante et performante à la richesse du traitement de son enveloppe. projet, contactez : lamaisoncoignet@gmail.com Tous les jours de 11 h à 19 h (nocturne le jeudi jusqu’à 21 h), sauf le mardi. introduction à l’édition française.
Publié par Bétocib aux Éditions Dunod – En vente en librairie : 29 euros TTC Éditions du Linteau

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Photographe : Luc Boegly
Pôle culturel à Baud - Architecte : Studio 02

Prix conseillé : 18 euros - ISSN 0010-6852 - Notre engagement environnemental : la revue est imprimée sur du Satimat Green (60 % de fibres recyclées, 40 % de fibres FSC) par l’imprimerie Frazier à Paris, qui est certifiée Imprim’vert, PEFC, FSC, ISO 14001, URGA n° 041.

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