CHAPITRE III

PRODUITS SIDERURGIQUES
DE CONSTRUCTION
I - GENERALITES

Un grand nombre de produits courants utilisent l’acier car généralement les

sidérurgistes peuvent fabriquer un acier pour une application déterminée. L’acier est en général
fabriqué à partir de la fonte obtenue dans les hauts-fourneaux ou recyclé à partir de ferrailles.
La fonte est affinée dans des fours à oxygène ou dans des fours électriques. L’acier liquide est
ensuite coulé dans des lingotières à coulée classique ou continue. Les lingots doivent être
réchauffés pour pouvoir passer dans des laminoirs dégrossisseurs qui fournissent des barres
carrées (les blooms) ou rectangulaires (les brames) suivant leur destination. Les blooms passent
ensuite dans des trains de laminage pour être transformées en profilés tandis que les brames
sont transformées en produits plats dans des trains de laminage continu à large bandes (voir
Fig. n°1).
Les produits sidérurgiques finis qui se présentent sous des formes très variées : profilés,
tubes, tôles, câbles, barres... sont utilisés dans la réalisation des charpentes d’acier car l’acier
présente la plus grande résistance pour une section donnée pour tous les types d’efforts.
Un produit sidérurgique est caractérisé par sa forme, ses dimensions et la nuance d’acier
selon laquelle il est fabriqué.

II – FORMES, DIMENSIONS ET CARACTERISTIQUES DES PRODUITS

SIDERURGIQUES

2.1 Présentation :
Les produits sidérurgiques utilisés pour la réalisation des ossatures métalliques sont
constitués par les poutrelles classiques qui sont des sections en I ou H (IPE, HE), les laminés
marchands comprenant principalement les cornières et les Tés, les tubes creux rond,
rectangulaire ou carré ainsi que les produits plats tels que les tôles, plats sans oublier les
sections formées à froid.
Le tableau n°1 donne les formes des produits sidérurgiques qui seront décrits avec leur
positionnement probable dans l’ossature. Tous ces produits figurent dans des catalogues fournis
par les fabricants et sont disponibles normalement sur le marché. Toutes les catégories de
produits sont normalisées ainsi que leurs dimensions.

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 Tableau n°1 - Produits fournis par l’industrie sidérurgique.

2.2 Poutrelles classiques:

La section de ces poutrelles aussi appelées profilé en double Té est constituée de deux
ailes ou semelles dont les faces extérieures qui sont parallèles se raccordent au milieu à une
âme perpendiculaire par l’intermédiaire de deux congés (de raccordement). Ces profilés sont de
plusieurs types: IPN, IP et HE. La hauteur des profilés commerciaux est en général comprise
entre 80mm et 600mm. Ces profilés se désignent par leur appellation suivi d’un chiffre entier
égal ou proche de leur hauteur en mm, ex. IPE 300 (h= 300mm) ; HEA 300 (h=290mm) ;
Les longueurs de livraison pour les profils de moins de 300mm sont de 8m à 18m. Pour
les profils de 300mm et plus, elles varient de 8m à 22m.

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 2.2.1 Profilés IPN:
La face intérieure des semelles est inclinée de 14% par rapport à la face extérieure.
Leurs hauteurs varient de 160 à 600 mm. Ces profilés ne sont plus fabriqués.
2.2.2 Profilés IP (poutrelle européennes):
Les faces intérieures des semelles de ces profilés sont parallèles aux faces extérieures.
On distingue les profilés IPE les plus couramment utilisés, les profilés IPE-A (allégés) et les
profilés IPE-O (renforcés).
2.2.3 Profilés HE (poutrelles européennes à larges ailes):
Ces profilés ont de très larges ailes parallèles par rapport aux IP. Ils comportent
plusieurs catégories suivant l’épaisseur croissante des ailes: HEA, HEB et HEM. On fabrique
maintenant des profilés HHD qui ont des épaisseurs d’âme et de semelles très grandes.

2.2.4 Utilisation :
- Les profilés IPN et IPE sont utilisés principalement comme éléments fléchis (poutres
de plancher, pannes de toitures) dans le plan zGz car leur moment d’inertie Iy est grand par
rapport au moment d’inertie Iz.
- Les profilés en H sont surtout utilisés comme éléments comprimés et fléchis à la fois
(poteaux) car le rapport entre les moments d’inertie est moins défavorable qu’avec les IP. Ils
peuvent être aussi utilisés comme éléments fléchis.
2.3 Les profilés en U :
Ils sont composés d’une âme et de deux ailes raccordées à l’âme à une extrémité. Ils
sont de deux types : les UPN qui ne sont plus fabriqués et les UAP. Leur hauteur est comprise
entre 80mm et 300 mm. Ils se désignent par leur appellation suivie d’un chiffre entier donnant
la hauteur de leur section : UAP300, UPN 100.
Les faces intérieures des ailes des UPN sont inclinées de 8% par rapport aux faces
extérieures tandis que les ailes des UAP ont des faces parallèles.
Les profilés UAP sont utilisés comme pannes de toiture, lisses de bardage, barres de
contreventement, éléments de poutres et poteaux à treillis.

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 UPN UAP

2.4. Les laminés marchands

2.4.1 Les cornières:
Ce sont des laminés à deux branches perpendiculaires. Elles se désignent par la largeur
des deux ailes et leur épaisseur. Les cornières sont de deux types :
- à branches ou à ailes égales: a x a x e (50x50x5)

- à branches ou à ailes inégales: a x b x e (100x75x10)

Les cornières sont utilisées généralement comme :

- barres de poutres ou fermes à treillis, poteaux à treillis
- éléments constructifs comme les supports d’assemblage
- éléments de liaison dans les anciennes constructions rivées

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 2.4.2 Autres produits:
2.4.2.1 Demi-poutrelles : Ce sont des profils IP ou HE coupés dans l’âme au milieu de
celle-ci(h/2).Ces demi-profils sont parfois utilisés comme membrures de poutres à treillis ou
éléments de poteaux composés.
2.4.2.2 Profilés spéciaux : Ils comportent un très grand nombre de formes et de
dimensions et sont utilisés dans des domaines très divers. Ils sont le plus souvent de faible
section et comprennent :
- Les équerres à ailes égales ou à ailes inégales.
- Les Tés à angles vifs à ailes égales ou à ailes inégales.
3.2.3 Les ronds : Ils ont une section circulaire et se désignent par le diamètre de cette
section . Ils peuvent être utilisés comme barres de treillis, de contreventement, tirants.
3 Tubes :
Ceux-ci comprennent les profils creux ronds dont les diamètres D varient de 21,3 mm à
406,4 mm, les profils creux carrés dont la dimension C extérieure varie de 22 mm à 300 mm et
les profils creux rectangulaires dont les dimensions varient de 50x25 à 400x250 mm.

4. Dimensions et propriétés géométriques des sections:

Les dimensions et les propriétés géométriques des sections décrites dans les paragraphes
précédents sont présentées en tableaux dans des catalogues édités soit par les sidérurgistes soit
par des organismes nationaux. Ces tableaux donnent les dimensions de chaque section en mm,
les propriétés géométriques, le poids propre par ml. Ces propriétés sont calculées par rapport
aux axes y-z (qui correspondent aux axes x-y dans les anciens règlements) dont l’origine est
située au centre de gravité de la section. Pour les cornières, sections sans symétrie, le moment
d’inertie par rapport à l’axe d’inertie minimum v-v et le rayon de giration rv sont donnés. Les
notations et les unités de mesure sont résumées dans le tableau suivant :

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 Tableau n°2 – Notation des produits sidérurgiques

III - Les Tôles et les plats:

3.1 Les tôles : les tôles sont des plaques rectangulaires qui ont été soumises à un double
laminage dans les deux directions orthogonales. Leurs qualités mécaniques restent voisines
dans les deux directions. Leur classification se fait suivant l’épaisseur e en mm :
- Tôles minces : e  3 mm
- Tôles moyennes : 3 mm  e  4,78 mm
- Tôles fortes : e  4.78 mm

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 Les tôles fortes sont employées en charpente métallique car elles résistent mieux à la
corrosion. Les largeurs des tôles varient de 600 à 3000 mm tandis que les longueurs sont
inférieures à 20000 mm. Les épaisseurs usuelles sont les suivantes : 5, 6, 7, 8, 9, 10, 12, 14, 15,
20, 25, 30, 35, 40, 45, 50, 60, 70, 80, 90 et 100 mm.

Le formage à froid des tôles minces permet d'élaborer divers éléments de structure tels
que les tôles de bardage ou de couverture, profils tubulaires à section circulaire, carrée ou
rectangulaire ainsi que toute une gamme de profils formés à froid tels que les U, les C, les
Zeds, les Zêtas (voir figure ci-dessous).
3.2 Les plats : Les plats sont laminés dans un seul sens, celui de la longueur. Leur
résistance sera plus faible transversalement. On distingue deux catégories de plats : les larges
plats et les plats ordinaires.
- Les plats ordinaires pour usages généraux sont disponibles dans les dimensions
suivantes : 14mm < largeur < 150mm
3mm < e < 40mm
- Les larges plats : 150mm < largeur < 850mm
5mm < e < 65mm
2m < L < 18m
Il existe aussi des plats qui laminés à chaud en longue bande de largeur inférieure à 600mm
sont enroulés en bobine immédiatement après le laminage.
Les figures suivantes montrent les types de sections obtenues à froid ainsi que les
différentes tôles profilées disponibles.

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 On peut voir dans les schémas qui suivent comment une forme simple de profilé formé
à froid (le ZED) qui est utilisé en général comme panne de toiture de bâtiment industriel peut
évoluer pour améliorer sa résistance.

IV IMPERFECTION DES PRODUITS LAMINES

Plusieurs types d'imperfection existent dans les produits laminés livrés par l'industrie
sidérurgique. Ces imperfections sont d'ordre géométrique ou physique. Ces imperfections ou
défauts peuvent avoir une influence non négligeable sur le comportement des éléments en acier
dans une structure. Leur connaissance permet dans certains cas de mieux concevoir les
structures en acier.
4.1 Défauts géométriques : Les produits sidérurgiques utilisés par la construction
métallique sont obtenus après un processus complexe qui nécessite des laminages successifs.
Les machines qui sont utilisées de façon intensive et continue ne permettent pas d'obtenir des
produits parfaits c.à.d. sans défauts. Par conséquent les dimensions réelles des produits livrés
seront en général différentes des dimensions théoriques. Les produits laminés à chaud
présentent cinq types principaux de défauts qui sont les suivants :
- Défauts de dimensions : les dimensions géométriques des sections sont peu précises.
Les tolérances varient de 1% sur la hauteur à plus de 15%
sur l'épaisseur des ailes des poutrelles IP ou HE.
- Défauts d'équerrage : Les ailes ne sont pas rigoureusement orthogonales à l'âme.
- Défauts de centrage: Pour un profilé l’âme peut ne pas être située au milieu des
semelles.
- Défauts de planéité : L'âme d'un profilé peut être incurvée (la flèche latérale
pouvant atteindre 1 à 2mm)
- Défauts de dressage : La fibre moyenne longitudinale des poutrelles peut être
incurvée, la flèche latérale pouvant atteindre 2 à 3 %  de la
portée.
Les tolérances de laminage qui sont les différences maximales et minimales entre les
valeurs réelles des dimensions géométriques mesurées et celles théoriques des profilés sont
données dans les catalogues.
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 Ces défauts ont des conséquences pratiques sur la conception des détails constructifs
d'une ossature. Il faudra tenir compte de ces tolérances pour éviter les difficultés d'accostage
entre deux pièces. Ils auront aussi des conséquences sur les calculs car l'erreur maximum qui
peut être faite sur la valeur d'un moment d'inertie d'un profilé de type IPE 200 peut atteindre
22,5%, ce qui entraînera une sous-évaluation des contraintes de 21%. Les règlements de calcul
tiennent compte de ces défauts par l'intermédiaire des coefficients de pondération.
4.2 Défauts physiques :
4.2.1 Variation de la limite élastique : La limite élastique e de l'acier d'un profilé
laminé à chaud est fonction de l'épaisseur des parois de la section. Cette valeur diminue quand
l'épaisseur des parois augmente. Les valeurs moyennes mesurées dans le cas de trois profilés
sont les suivantes :
IPE 200 (e = 8,5 mm) e = 309 N/mm2
HEA 200 (e = 10 mm) e = 263 N/mm2
HEM 200 (e= 25 mm) e = 220 N/mm2

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Les pièces minces qui auront subi un plus grand nombre de cycles de laminage que les pièces
épaisses ont des limites élastiques supérieures à ces dernières. Des variations de la limite
élastique le long des ailes et des âmes des profilés ont aussi été mesurées.
4.4.2 Contraintes résiduelles : elles résultent principalement des opérations de laminage,
de soudage ou de redressement des pièces. Ces contraintes sont parallèles à l'axe longitudinal
de la membrure (contraintes normales) et sont intimement liées à la forme de la section et de
son mode de fabrication. Les contraintes résiduelles sont en équilibre interne, c.à.d. que
l'intégrale des contraintes dans les zones tendues est égale à l'intégrale des contraintes dans les
zones comprimées.
Pour une section en I laminée à chaud, le bout des ailes se refroidit plus rapidement que
les zones près de la jonction âme-semelle. En se refroidissant, le bout des ailes se contracte et
devient plus rigide. Lorsque les zones intérieures de la section veulent se raccourcir en
refroidissant, le bout des ailes qui s'est solidifié empêche les zones intérieures de se contracter
librement. Les zones qui se solidifient en dernier se trouvent finalement tendues, les zones
s'étant solidifiées en premier étant au contraire comprimées. Ce processus est schématisé dans
les figures qui suivent.

Les schémas suivants donnent l'allure de la répartition des contraintes pour une section
ainsi que leur influence sur la distribution des contraintes dans une section comprimée.

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 Nous pouvons voir dans les schémas suivants l’allure des diagrammes des contraintes
résiduelles pour diverses sections de type HE100, HE200 et HE300
.

La photo qui suit montre l’effet du relâchement des contraintes résiduelles sur un
tube creux dont on a coupé un morceau. On voit clairement la différence entre la forme initiale
et la forme finale de la section.

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