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Myélopathies cervicales
J. Brunon, C. Nuti, R. Duthel, M.-J. Fotso, B. Dumas

La myélopathie cervicale est un syndrome clinique en relation avec la diminution des dimensions du canal
rachidien ; c’est la plus fréquente des myélopathies après 50 ans. La cervicarthrose est l’étiologie
principale, mais de nombreuses autres pathologies peuvent entraîner une réduction significative du
diamètre du canal rachidien et une souffrance médullaire. Les sténoses congénitales peuvent donner une
myélopathie, mais le plus souvent elles ne constituent qu’un facteur favorisant. Sa physiopathologie est
controversée et associe la compression mécanique, les microtraumatismes et des perturbations de la
microcirculation ainsi que plus rarement une instabilité vertébrale. Les signes cliniques associent un
syndrome métamérique avec des signes radiculaires et/ou une atteinte du motoneurone et un syndrome
sous-lésionnel avec des signes pyramidaux, spinothalamiques et cordonaux postérieurs. Son évolution est
responsable d’un handicap progressif. Les radiographies simples et l’imagerie par résonance magnétique
suffisent habituellement au diagnostic, mais parfois le scanner et le myéloscanner sont nécessaires. La
neurophysiologie est utile pour faire le diagnostic différentiel et peut-être aussi le pronostic. Si dans
quelques cas les formes bénignes et peu évolutives peuvent être traitées médicalement, le traitement
chirurgical est nécessaire dans la majorité des cas. Le choix de la voie d’abord, antérieure ou postérieure,
est guidé par les signes cliniques et les données de la radiologie. En Europe, la majorité des patients sont
traités par voie antérieure. Le pronostic postopératoire est meilleur quand le traitement chirurgical est
réalisé précocement ; les complications postopératoires sont très rares.
© 2005 Elsevier SAS. Tous droits réservés.

Mots clés : Myélopathie cervicale ; Arthrose cervicale ; Rachis cervical ; Moelle cervicale ; Abord antérieur ;
Laminectomie ; Laminoplastie

Plan ¶ Indications 11
Indications des abords antérieurs 12
¶ Introduction 1 Indications des abords postérieurs 12
Indications des abords mixtes 12
¶ Étiologies 1
Sténoses constitutionnelles 2 ¶ Résultats - Complications du traitement chirurgical 12
Cervicarthrose 2 Résultats du traitement médical 12
Résultats du traitement chirurgical 12
Ossification du ligament longitudinal postérieur 2
Complications du traitement chirurgical 13
Formes post-traumatiques tardives 2
Autres étiologies 2
¶ Physiopathologie 2
Compression mécanique 2 ■ Introduction
Microtraumatismes 2
Le terme de myélopathie rassemble toutes les souffrances
Phénomènes vasculaires 3
chroniques de la moelle épinière quelles qu’en soient les
¶ Étude clinique 3 étiologies : vasculaires, inflammatoires, carentielles, postradiques
Modes de début 3 etc. mais le terme de myélopathie cervicale est plus restrictif et
Données de l’examen neurologique 3 doit être réservé aux souffrances chroniques de la moelle en
Formes cliniques 4 relation avec la diminution des dimensions du canal rachidien
¶ Évolution 4 cervical dont l’étiologie principale est la cervicarthrose, qui
représente à elle seule 55 % des myélopathies chez l’adulte de
¶ Examens complémentaires 4
plus de 50 ans. [1]
Imagerie 4
Neurophysiologie 8
¶ Traitement médical 9 ■ Étiologies
¶ Traitement chirurgical 9 L’affection s’observe après 50 ans, plus souvent chez l’homme
Décompression médullaire par voie antérieure 9 que chez la femme ; sa fréquence augmente avec l’âge ; elle est
Décompression médullaire par voie postérieure 10 une des premières causes de handicap fonctionnel chez le sujet
Interventions combinées 11 âgé.

Neurologie 1
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Sténoses constitutionnelles Sur le plan clinique, les obèses et les patients présentant une
intolérance au glucose seraient plus fréquemment atteints. Il
Isolées, elles ne donnent qu’exceptionnellement des myélo- n’existe pas de perturbations biologiques significatives de cette
pathies cervicales, en dehors de cas extrêmes représentés par des maladie : les antigènes leucocytaires human leukocyte antigen
sténoses sévères comme au cours de l’achondroplasie. Le plus HLA-BW40 et HLA-SA5 seraient plus souvent rencontrés que
souvent elles ne constituent qu’un élément favorisant. dans la population générale.
L’évolution clinique est imprévisible, 80 % des patients suivis
sur une période de plus de 10 ans restent asymptomatiques
Cervicarthrose malgré la présence de lésions anatomiques importantes, 20 %
vont présenter des signes neurologiques et devoir bénéficier
Les lésions dégénératives du rachis qui débutent de façon d’un traitement chirurgical. [3]
relativement précoce, dès l’âge de 20 ans, représentent l’étiolo- La pathogénie de cette affection demeure incertaine : il se
gie principale des myélopathies cervicales. Elles paraissent produirait une ostéogenèse à partir du ligament hypertrophié et
favorisées par le nombre de sollicitations du rachis dans
hypervascularisé lorsqu’il est « décollé » de la face postérieure de
certaines professions, les traumatismes antérieurs (joueurs de
la vertèbre par les protrusions discales.
rugby) et sont plus précoces et plus fréquentes chez les patients
présentant des mouvements anormaux (torticolis spasmodique,
maladie de Gilles de La Tourette, choréoathétose{). On peut en
rapprocher les décompensations des blocs cervicaux congéni- Formes post-traumatiques tardives
taux qui entraînent une dégénérescence précoce des articula-
tions adjacentes « surmenées ». Elles sont à différencier des formes révélées par un trauma-
tisme, et en relation avec des lésions méconnues ou mal
La lésion initiale intéresse le disque et correspond à une
diminution de l’hydratation du nucleus pulposus, une augmen- traitées : pseudarthroses responsables d’instabilité chronique,
tation du collagène, une diminution de la teneur en mucopo- cals vicieux réduisant le diamètre du canal rachidien cervical,
lysaccharides et sulfate de chondroïtine. Sur le plan anato- discopathies post-traumatiques en général localisées au seul
mique, il se produit des fissures au niveau de l’annulus dans étage lésé.
lesquelles s’engagent des fragments du nucleus. Ces modifica-
tions anatomiques altèrent les propriétés mécaniques du disque
qui sont à l’origine de la dégénérescence, dans des proportions Autres étiologies
variables, de l’ensemble des éléments constitutifs des articula-
tions intervertébrales. Les localisations cervicales de la polyarthrite rhumatoïde qui
Les lésions intéressent successivement le disque (hernies intéressent surtout le rachis cervical supérieur (luxation atloï-
discales « molles », discopathies dégénératives, hernies calcifiées doaxoïdienne) et à un moindre degré le rachis cervical inférieur
« dures »), les articulations uncovertébrales (uncarthrose), les peuvent se révéler par un tableau clinique de myélopathie
articulations postérieures (arthrose interapophysaire), l’appareil cervicale. On peut en rapprocher les rares complications
ligamentaire qui s’hypertrophie, perd ses propriétés mécaniques, neurologiques de la spondylarthrite ankylosante, de la goutte
s’épaissit et se calcifie. Toutes ces lésions, aggravées par une par formation de tophus à partir des articulations postérieures,
ostéophytose réactionnelle, réduisent les dimensions du canal de l’hyperostose vertébrale ankylosante (maladie de Forestier) ou
rachidien cervical et sont d’autant plus pathogènes que ce canal de la maladie de Paget qui peuvent entraîner un rétrécissement
est constitutionnellement étroit. du diamètre du canal cervical.
Les lésions peuvent parfois être limitées à un ou deux étages Des myélopathies ont été observées chez des patients dialysés
adjacents, au niveau des segments les plus mobiles du rachis au long cours en relation avec des calcifications épidurales.
cervical inférieur (C5/C6 et C6/C7), mais sont parfois étendues
à la totalité du rachis cervical inférieur (C3 à C7).
Les lésions dégénératives peuvent aussi être à l’origine de
troubles de la statique vertébrale (perte de la lordose physiolo- ■ Physiopathologie
gique, parfois cyphose ou plus rarement scoliose dégénérative),
d’instabilités chroniques, voire de spondylolisthésis dégénératifs
par modification de l’orientation des surfaces articulaires. Lors Compression mécanique
des mouvements de flexion-extension, les ligaments qui ont
perdu leur élasticité peuvent venir saillir dans la lumière du La myélopathie cervicale n’est pas à proprement parler une
canal rachidien et participer à la souffrance médullaire. compression médullaire, mais la réduction des dimensions du
canal cervical est retrouvée dans tous les cas. Il a été possible de
réaliser, chez le chien [4] et chez le rat, [5] des myélopathies
retardées par compression chronique de la moelle cervicale. On
Ossification du ligament longitudinal observe une diminution de la densité neuronale de 20 % à
postérieur partir de la 9 e semaine et de plus de 35 % au-delà de la
C’est une pathologie surtout observée en Extrême-Orient et 25e semaine, alors qu’aucune lésion significative n’est observée
pourrait correspondre à une forme anatomique spécifique des avant la 3e semaine. En dessous du siège de la compression, on
lésions dégénératives du rachis cervical dans les populations constate une perte axonale. Des phénomènes de cavitation de
asiatiques, ce qui suggère une hypothétique prédisposition la substance grise apparaissent dès que la perte neuronale est
génétique, confirmée par l’augmentation de la prévalence dans significative ; la substance blanche est longtemps épargnée.
certaines familles et chez les vrais jumeaux. [2]
Des lésions significatives du ligament longitudinal postérieur
sont observées chez 11 % des patients dans la 6e décennie en Microtraumatismes
Extrême-Orient, l’affection a une incidence de 1,4 %. Quelques
cas ont été reconnus dans les populations d’origine caucasienne, Chaque heure, l’extrémité céphalique effectue plusieurs
en Europe et aux États-Unis, la fréquence de cette affection centaines de mouvements associant dans des proportions
paraît sous-estimée. L’ossification débute en général en arrière variables une rotation et une flexion-extension. Il a été montré
du corps de C5 et s’étend progressivement à tout le rachis que lors de la flexion maximale du cou, la paroi postérieure du
cervical ; on oppose des formes localisées, discontinues ou canal rachidien s’allongeait de 5 cm et la paroi antérieure de
continues. 1,5 cm, il se produit donc un étirement de l’étui dural et de la

2 Neurologie
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moelle elle-même. Lors des flexions-extensions se produit une • L’atteinte des membres supérieurs peut être un autre mode
diminution des diamètres du canal rachidien aggravée lors de d’entrée dans la maladie. Il s’agit alors le plus souvent de
l’extension par un bombement en avant du ligament jaune. douleurs ou de paresthésies plus ou moins systématisées dans
Lors de chaque mouvement se produisent des microtraumatis- un territoire radiculaire accompagnées d’une sensation
mes au contact des éléments compressifs. L’évolution de la subjective de maladresse ou d’impotence fonctionnelle
myélopathie est corrélée au nombre de ces mouvements : elle rendant de plus en plus difficile la réalisation des gestes fins.
peut être ralentie par une immobilisation cervicale. Une amyotrophie peut être le symptôme révélateur.
Les lésions dégénératives de l’appareil discoligamentaire sont • La décompensation aiguë d’une forme latente à l’occasion
à l’origine d’une instabilité chronique, objectivée par les clichés d’un traumatisme cervical relativement mineur est un
dynamiques, qui imposent, en plus, à la moelle des mouve- mode de révélation fréquent : le tableau clinique est alors
ments de cisaillement. celui d’une « contusion centromédullaire » (syndrome de
Schneider) réalisant une tétraplégie incomplète prédomi-
nant aux membres supérieurs, au maximum une diplégie
Phénomènes vasculaires brachiale.

La stase veineuse en relation avec la sténose canalaire paraît


avoir un rôle physiopathologique important, entraînant une
ischémie chronique et un œdème médullaire. Il y a quelques
Données de l’examen neurologique
années, sous l’impulsion d’Aboulker, [6] il était proposé de Les signes neurologiques intéressent, dans des proportions
rechercher systématiquement une pathologie du système azygos variables d’un patient à l’autre, les membres supérieurs, les
supérieur dans lequel se jettent les veines épidurales cervicales. membres inférieurs et à un moindre degré la sphère vésico-
C’est par ce mécanisme que sont expliqués les signes neurolo- sphinctérienne. [8]
giques des fistules artérioveineuses durales.
Le rôle des artères paraît plus modeste en raison de la richesse
Atteinte des membres supérieurs
du système anastomotique au niveau cervical, mais il n’est pas
impossible d’envisager une compression des artères radiculomé- Du fait de leur mécanisme physiopathologique, il n’y a pas
dullaires, de la spinale antérieure, voire des artères vertébrales toujours de bonne corrélation entre la topographie des signes
elles-mêmes, en se souvenant que l’âge de l’arthrose est aussi neurologiques segmentaires et le siège des lésions anatomiques.
celui de l’athérome. Les lésions anatomiques constatées lors des • Des signes sensitifs subjectifs sont presque toujours présents
autopsies de patients ayant présenté une myélopathie cervicale sous forme de paresthésies ou de douleurs de type mécanique
suggèrent un mécanisme ischémique. [7] déclenchées par les efforts ou les mouvements du cou, ou
neuropathique surtout nocturnes, uni- ou bilatérales et le plus
souvent asymétriques sans topographie radiculaire très
■ Étude clinique précise. Plus rarement est réalisé un tableau typique de
névralgie cervicobrachiale que l’on peut souvent mettre en
évidence par l’interrogatoire a posteriori.
• Des troubles sensitifs objectifs sont mis en évidence à
Modes de début l’examen dans les territoires douloureux, sans respecter
L’affection est deux fois plus fréquente chez l’homme que une topographie radiculaire précise, le plus souvent sous
chez la femme et débute entre 50 et 60 ans. forme d’une hypoesthésie à tous les modes. Les troubles
L’atteinte neurologique est souvent précédée pendant plu- peuvent prédominer sur la sensibilité lemniscale et expli-
sieurs mois ou plusieurs années de douleurs cervicales mécani- quer la maladresse pour la réalisation des gestes fins :
ques, mal systématisées, d’épisodes de torticolis, voire de tenue de crayon, couture, manipulation d’objets de petite
véritables névralgies cervicobrachiales. taille{
On retrouve souvent la notion de microtraumatismes répétés, • L’atteinte motrice segmentaire est la conséquence, soit de
de « surmenage » rachidien professionnel ou sportif, plus l’atteinte radiculaire, soit de la souffrance de la corne
rarement d’un traumatisme cervical sans lésion radiologique antérieure, ce qui peut dans certains cas simuler une
évidente, étiqueté « entorse cervicale », dont on ne peut pas sclérose latérale amyotrophique débutante. Elle est le plus
apporter la preuve s’il n’a pas été pratiqué de clichés dynami- souvent distale, au niveau des muscles de la main, et
ques. Il est toutefois possible qu’un tel traumatisme ait entraîné s’accompagne d’amyotrophie, plus rarement de fibrillations
des lésions discales et/ou ligamentaires à l’origine des lésions musculaires qui restent toujours localisées aux membres
dégénératives. supérieurs.
Le plus souvent on est dans le contexte banal de douleurs • L’abolition d’un ou plusieurs réflexes est fréquemment
mécaniques rapportées à l’arthrose cervicale. observée mais leur exagération peut être retrouvée dans les
• Les troubles de la marche sont habituellement le symptôme souffrances médullaires hautes.
inaugural sous la forme d’une fatigabilité, de tendance à la • L’impotence fonctionnelle ressentie par le patient est sous la
chute, de réduction du périmètre de marche pouvant corres- dépendance à la fois de l’atteinte sensitive et de la diminu-
pondre à une véritable claudication intermittente neurologi- tion de la force musculaire.
que, parfois d’épisodes de dérobement des membres
inférieurs. Les difficultés de la marche peuvent aussi être en Atteinte des membres inférieurs
relation avec des difficultés de coordination (ataxie senso-
rielle), des troubles de l’équilibre, une mauvaise perception du Elle est responsable des troubles de la marche, des troubles de
sol, voire des douleurs ou des paresthésies apparaissant pour l’équilibre, de l’impotence fonctionnelle et des tendances à la
des distances de plus en plus courtes. En pratique, ces chute.
troubles sont assez faciles à distinguer de l’apraxie de la • L’atteinte pyramidale est rarement responsable d’un déficit
marche (astasie-abasie) observée dans l’hydrocéphalie chroni- moteur important ; le plus souvent, elle réalise une paraparé-
que de l’adulte et de la claudication intermittente des sie spastique avec hypertonie portant sur les extenseurs,
sténoses du canal lombaire tout en sachant que ces patholo- exagération des réflexes et signe de Babinski bilatéral. Elle
gies, fréquentes dans cette tranche d’âge, peuvent être peut être discrète au début et mise en évidence seulement
associées. après la fatigue et les épreuves de facilitation classiques. Elle

Neurologie 3
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Tableau 1. Tableau 2.
Classification de Nurick (1972). [9] Classification de l’association des orthopédistes japonais (JOA).
Grade Définition Motricité
Membre supérieur
0 Atteinte radiculaire exclusive sans signe médullaire
0 Inutilisable
1 Signes médullaires sans retentissement sur la marche
1 Ne peut utiliser correctement tous les couverts, utilise
2 Difficultés de la marche sans retentissement professionnel ou
seulement une cuillère
domestique
2 Utilise les couverts avec beaucoup de difficultés
3 Difficultés de la marche avec retentissement partiel sur
3 Utilise les couverts avec quelques difficultés
l’activité professionnelle
4 Utilise les couverts sans difficulté
4 Marche avec assistance ou aide
5 Marche impossible, chaise roulante ou grabataire Membre inférieur
0 Grabataire
1 Marche avec une canne ou un déambulateur
2 Marche en terrain plat mais ne peut gravir les escaliers
peut être masquée en cas d’association avec une sténose du 3 Difficultés modérées de la marche
canal lombaire ou une neuropathie périphérique. 4 Marche normale
• L’atteinte cordonale postérieure, responsable de troubles Sensibilité
subjectifs à type de paresthésies, d’engourdissement, parfois Membre supérieur
de douleurs spontanées ou provoquées par la flexion du cou 0 Anesthésie
(signe de Lhermitte), est mise en évidence par la diminution 1 Hypoesthésie
2 Pas de trouble sensitif
de la sensibilité vibratoire, une atteinte de l’arthrokinesthésie
et parfois un signe de Romberg. Membre inférieur
• L’atteinte spinothalamique est plus rare et plus tardive et 0 Anesthésie
1 Hypoesthésie
se traduit par une hypoesthésie tactile, thermique et dou-
2 Pas de trouble sensitif
loureuse.
Les troubles de la marche présentés par le patient sont sous la Tronc
dépendance plus de l’hypertonie et de l’ataxie sensorielle que 0 Anesthésie
1 Hypoesthésie
du déficit moteur.
2 Pas de trouble sensitif
Troubles urinaires
Troubles sphinctériens
0 Rétention complète et/ou incontinence
Présents dans 30 à 40 % des cas, ils sont souvent sous- 1 Rétention incomplète
estimés ; ils sont représentés par une dysurie, une pollakiurie et 2 Dysurie et pollakiurie
parfois une incontinence d’effort. Ils ne sont pas toujours 3 Pas de trouble sphinctérien
rattachés à leur cause (on évoque un prostatisme ou une 17 Score maximal
incontinence liée à l’âge chez la femme) ; ils doivent faire
l’objet d’une recherche systématique par mesure du résidu
postmictionnel par échographie vésicale.
■ Évolution
Il n’y a pas d’amélioration spontanée, mais l’évolution est
Formes cliniques imprévisible : dans près de 75 % des cas, l’évolution se fait sur
un mode discontinu par poussées successives sur plusieurs
L’affection est en fait très polymorphe selon la topographie années ; dans 20 % des cas l’évolution est plus ou moins
des symptômes, leur gravité et leur évolution ; il est ainsi rapidement progressive et dans 5 % des cas on assiste à une
possible d’individualiser plusieurs formes cliniques : décompensation brutale souvent provoquée par un traumatisme
• la forme ataxospasmodique, la plus fréquente, où dominent les cervical peu violent.
troubles de la marche et de l’équilibre, l’atteinte des membres Le stade ultime est représenté par une incapacité totale de la
supérieurs étant le plus souvent infraclinique ; tous les déambulation et/ou une impotence fonctionnelle sévère des
diagnostics d’atteinte médullaire peuvent être évoqués, en membres supérieurs réalisant un handicap majeur.
particulier une compression médullaire lente (il n’y a pas de
limite supérieure aux troubles sensitifs qui sont plus discrets),
ou une sclérose en plaques, (mais il n’y a pas de signe de ■ Examens complémentaires
diffusion) ;
• les formes amyotrophiantes prédominant aux membres supé- Imagerie
rieurs pouvant simuler au moins au début une sclérose
latérale amyotrophique mais dont l’évolution est plus rapide Radiologie simple
et plus invalidante ;
Les radiographies standards restent d’actualité malgré le
• les formes à type de paraparésie spastique, avec peu ou pas de
développement de l’imagerie moderne mais pourraient être
troubles sensitifs ;
prochainement remplacées par la tomodensitométrie avec
• les formes à type de syndrome de Brown-Séquard en cas d’atteinte reconstruction sagittale (Fig. 1 à 3).
médullaire unilatérale prédominante ; Celles-ci doivent comporter des incidences de face, de profil,
• les formes évoluant par poussées successives faisant suspecter une de trois quarts et surtout des clichés dynamiques de profil qui
sclérose en plaques à révélation tardive. ne peuvent être facilement obtenus avec le scanner et/ou
La classification de Nurick établie en 1972 [9] permet d’évaluer l’imagerie par résonance magnétique (IRM).
de façon simple et reproductible le handicap fonctionnel des Elles permettent une appréciation globale des dimensions du
patients, de suivre leur évolution et d’apprécier les résultats des canal rachidien et de dépister l’existence d’un canal étroit
traitements, mais est relativement imprécise (Tableau 1). constitutionnel, facteur prédisposant aux myélopathies cervi-
La classification de l’association des orthopédistes japonais cales : [10]
(JOA), qui s’est imposée à la plupart des auteurs de langue • le diamètre antéropostérieur du canal rachidien mesuré entre
anglaise est la somme de scores fonctionnels ; le score maximal le milieu du mur postérieur et le point le plus rapproché de
est 17 pour les patients indemnes de toute pathologie neurolo- l’apophyse épineuse est égal ou inférieur au diamètre antéro-
gique (Tableau 2). postérieur du corps vertébral (indice de Pavlov) ; [11]

4 Neurologie
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Figure 1. Lésions dégénératives majeures du rachis cervical : dysharmo- Figure 3. Lésions dégénératives majeures, avec sténose extrêmement
nie de courbure (cyphose centrée sur C5/C6), discopathies étagées, serrée en C5/C6, C6/C7 et C7/DI.
arthrose interapophysaire postérieure, brièveté des pédicules ; le diamètre
antéropostérieur du canal rachidien est inférieur à celui des corps verté-
braux. Tableau 3.
Dimensions du canal rachidien.
Niveau Diamètre antéropostérieur Diamètre transverse
(mm) (mm)
C1 18,1 +/- 0,3 28,1 +/- 0,3
C2 15,9 +/- 0,3 22,4 +/- 0,3
C3 13,3 +/- 0,2 22,3 +/- 0,2
C4 13,1 +/- 0,2 23,2 +/- 0,2
C5 13,1 +/- 0,2 24,2 +/- 0,2
C6 13,4 +/- 0,2 24,4 +/- 0,2
C7 13,6 +/- 0,2 23,5 +/- 0,2

• pincement du disque intervertébral ;


• ossifications ligamentaires.
Elles objectivent les troubles de la statique vertébrale : perte de
la lordose physiologique, inversion de courbure, spondylolis-
thésis dégénératifs, luxations pathologiques dans les rhumatis-
mes inflammatoires et sur les clichés dynamiques une instabilité
le plus souvent en flexion. Elles peuvent mettrent en évidence
une pathologie associée, par exemple la séquelle d’un trauma-
tisme cervical ou des facteurs favorisants comme un bloc
cervical congénital.
Il était classique, autrefois, d’effectuer sur ces clichés les
mensurations du canal rachidien en corrigeant l’agrandissement
radiologique ; ceci a perdu son intérêt aujourd’hui, ces mensu-
rations étant effectuées sur le scanner.

Tomodensitométrie
Figure 2. Discopathie sévère et sténose du canal cervical au-dessus d’un
C’est l’examen de référence pour l’étude du canal rachidien.
bloc congénital C4/C5.
L’acquisition est faite en coupes fines jointives ou en spirale
continue après injection intraveineuse de produit de contraste.
On étudiera les coupes horizontales et les reconstructions
• présence d’une platyspondylie avec élargissement du diamètre sagittales et coronales en fenêtre osseuse et « parties molles ».
antéropostérieur du corps vertébral ; C’est sur cet examen que seront mesurées les dimensions du
• les massifs articulaires se projettent sur la partie postérieure canal rachidien dont les valeurs moyennes ont été établies
des corps vertébraux. depuis de nombreuses années et qui sont résumées dans le
Elles mettent en évidence les lésions caractéristiques de la Tableau 3.
cervicarthrose prédominant au niveau des disques C5/C6, On parle de canal étroit ou rétréci lorsque le diamètre
C6/C7 et C4/C5, et précisent le nombre d’étages impliqués : antéropostérieur au niveau des lésions maximales (C5/C6 ou
• hypertrophie des massifs articulaires ; C6/C7) est inférieur à 12 mm.
• ostéophytose des articulations postérieures, des plateaux Tous les signes radiologiques observés sur les radiographies
vertébraux et des articulations uncovertébrales ; standards sont ici retrouvés avec plus de précision (Fig. 4 à 7) :

Neurologie 5
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Figure 7. Discopathie calcifiée exubérante comprimant la face anté-


rieure de la moelle mais aussi l’espace rétropharyngien.
Figure 4. Tomodensitométrie en coupe horizontale objectivant une
discopathie calcifiée réduisant le diamètre antéropostérieur du canal
rachidien cervical. • canal étroit constitutionnel ;
• lésions en relation avec la cervicarthrose ;
• hernies « molles » ;
• kystes articulaires, et pathologie associée{
L’ossification du ligament longitudinal postérieur est facilement
mise en évidence en arrière des corps vertébraux dont elle est
le plus souvent séparée.
Les clichés dynamiques sont de réalisation difficile, mais des
coupes peuvent être réalisées en extension ou en flexion en
interposant des coussins sous les épaules ou sous la tête.
Il permet d’opposer les sténoses centrales associées à une
sémiologie médullaire (sous-lésionnelle) prédominante et les
sténoses latérales associées à une sémiologie radiculaire (lésion-
nelle) prédominante aux membres supérieurs.

Imagerie par résonance magnétique


Figure 5. Scanner cervical : ossification exubérante du ligament longi- C’est l’examen de seconde intention après les radiographies
tudinal postérieur réduisant de plus de 50 % le diamètre du canal simples (le scanner n’est en effet pas toujours indispensable),
rachidien cervical. qui permet d’étudier les parties molles et le retentissement de
la sténose sur la moelle elle-même. Elle peut sous-estimer les
lésions ossifiées. Elle doit comporter des acquisitions en
séquences T1 et T2, en coupes sagittale, coronale et horizontale.
Il n’est pas habituellement nécessaire d’injecter d’agent parama-
gnétique (gadolinium) (Fig. 8 à 12).
Comme sur le scanner, il est possible d’effectuer les mensu-
rations du canal rachidien. L’IRM précise l’étendue de la sténose
permettant d’opposer les sténoses segmentaires limitées à un ou
deux étages et les sténoses étendues ainsi que le siège des
contraintes mécaniques maximales antérieures ou postérieures,
ce qui a une incidence sur le choix de la technique chirurgicale.
Si une instabilité a été observée sur les clichés simples, il est
possible de réaliser des séquences dans les positions où se
produit l’instabilité.
La fréquence des atteintes dégénératives varie selon le
niveau : C2/C3 : 25 %, C3/C4 : 14 %, C4/C5 : 25 %, C5/C6 :
56 %, C6/C7 : 44 %.
Les séquences T1 apprécient la morphologie de la moelle qui
apparaît le plus souvent déformée et atrophique en regard des
saillies disco-ostéophytiques ou de l’hypertrophie du ligament
jaune. Les espaces sous-arachnoïdiens en hyposignal sont
difficiles à analyser car confondus avec les structures ligamen-
Figure 6. Tomodensitométrie avec reconstruction sagittale mettant en taires elles aussi en hyposignal ; les calcifications discales et
évidence la sténose serrée en regard d’une double discopathie C5 et C6. ligamentaires ainsi que les ostéophytes peuvent être à l’origine
d’artefacts exagérant les hyposignaux. L’ossification du ligament
• sur les coupes horizontales : les discopathies (« molles » ou longitudinal postérieur apparaît comme un hyposignal plus ou
calcifiées), l’hypertrophie des massifs articulaires, l’arthrose moins épais et étendu à la face postérieure des corps vertébraux
interapophysaire postérieure et les calcifications ligamen- en avant de la moelle.
taires ; Les séquences T2 sont les plus utiles en permettant l’étude du
• sur les reconstructions : les troubles de la statique rachidienne liquide cérébrospinal qui apparaît en hypersignal. Il est habituel
et les spondylolisthésis dégénératifs. d’observer un amincissement, voire une disparition des espaces
Mieux que la radiologie conventionnelle, le scanner apprécie les sous-arachnoïdiens antérieurs ou postérieurs. Il est fréquent
éléments constitutifs de la sténose canalaire : d’observer un hypersignal centromédullaire au niveau du siège

6 Neurologie
Myélopathies cervicales ¶ 17-660-A-10

Figure 10. Myélopathie cervicale par sténose monosegmentaire en


regard d’une hernie discale.

Figure 8. Imagerie par résonance magnétique en séquence pondérée


en T2 avec mensurations du canal cervical. En regard de C3/C4 : sténose
importante du canal rachidien, disparition de l’hypersignal du liquide
céphalorachidien en avant et en arrière de la moelle, hypersignal spontané
de la moelle.

Figure 11. Sténose du canal cervical et myélopathie en regard par


spondylolisthésis dégénératif C5/C6.

cicatrice gliale hypo-intense en T1, ou une cavité syringomyéli-


que. Les informations apportées par les séquences T2 sont
suffisantes pour faire le diagnostic et permettent d’omettre en
toute sécurité les séquences T1. [13]

Myélographie et myéloscanner
La myélographie et le myéloscanner ne sont indiqués que
Figure 9. Même patient que sur la Figure 2 ; sténose majeure du canal lorsque l’IRM est impossible ; ils objectivent le diamètre du
cervical par discopathie sévère au-dessus d’un bloc congénital ; hypersi- canal rachidien, les éléments compressifs antérieurs et posté-
gnal centromédullaire. rieurs de topographie médiane ou paramédiane (Fig. 13 à 15).
La compression peut être suffisante pour entraîner une inter-
maximal et de la compression et au niveau des métamères sus- ruption de la colonne opaque au siège maximal de la sténose.
jacents. La signification de cet hypersignal est mal connue, il Les coupes horizontales permettent d’évaluer les dimensions
s’agit probablement d’un œdème médullaire en relation avec les de la moelle qui peut apparaître atrophique ainsi que les
microtraumatismes répétés ; il n’est pas corrélé avec la gravité de modifications de sa forme : face antérieure concave, déforma-
l’atteinte neurologique, il n’a pas de signification pronostique. tion en V ouvert en avant, refoulement en arrière par les
Il disparaît le plus souvent après le traitement chirurgical [12] à proliférations ostéophytiques qui peuvent sembler s’encastrer
l’inverse de ce que l’on observe dans les traumatismes médul- dans le cordon médullaire. Les clichés tardifs peuvent opacifier
laires aigus et sévères où cet hypersignal évolue, soit vers une une cavitation intramédullaire pseudosyringomyélique.

Neurologie 7
17-660-A-10 ¶ Myélopathies cervicales

Figure 12. Imagerie par résonance magnétique séquence pondérée en


T1 : sténose du canal cervical, modifications des surfaces de la moelle en
relation avec une hyperlordose. Figure 14. Myélographie iodée, canal cervical congénitalement étroit
(indice de Pavlov < 0,50) et discopathie C4/C5.

Figure 13. Myéloscanner en coupe horizontale mettant en évidence


l’amincissement des espaces sous-arachnoïdiens et la compression de la
face antérieure de la moelle par une discopathie calcifiée.

La myélographie permet de réaliser des clichés dynamiques.


La saillie des discopathies est majorée en flexion, celle du
ligament jaune en extension ; en cas d’instabilité, elle permet
d’objectiver l’aggravation d’un spondylolisthésis en flexion et
son retentissement sur le diamètre du canal rachidien. Figure 15. Myélographie iodée : lésions dégénératives avec discopa-
thies sévères de C3 à C6 ; compression mixte de la moelle, en avant par les
discopathies et en arrière par l’hypertrophie du ligament jaune.
Neurophysiologie
Électromyogramme
permet pas le plus souvent de préciser les sièges de l’atteinte
Il met en évidence des signes de souffrance neurogène médullaire. Ils sont très utiles pour le diagnostic différentiel avec
périphérique au niveau des membres supérieurs, non spécifiques une sclérose latérale amyotrophique débutante.
de l’étiologie, plus de type atteinte radiculaire que de type L’étude des voies pyramidales par l’enregistrement des
« corne antérieure » de topographie relativement diffuse, potentiels évoqués moteurs (PEM) peut mettre en évidence une
atteignant plusieurs racines et/ou métamères et souvent plus atteinte infraclinique et permet de préciser le niveau lésionnel
étendus que ne le suggère l’examen clinique. Il peut parfois selon le site d’enregistrement de la réponse (C2/C3 pour le
mettre en évidence des fibrillations le plus souvent sans trapèze, C5 pour le deltoïde, C6 pour le biceps, C7 pour le
traduction clinique. Il est utile au diagnostic différentiel avec la radial, C8/D1 pour l’adducteur du 5e doigt).
sclérose latérale amyotrophique.
L’enregistrement des potentiels évoqués est utile à la fois au
diagnostic et au pronostic [14] et devrait être plus systématique-
Potentiels évoqués
ment réalisé. Les PEM du membre supérieur sont les plus
Les potentiels évoqués somesthésiques (PES) des membres sensibles pour faire le diagnostic ; la perturbation des PES du
inférieurs sont perturbés chez la totalité des patients atteints de nerf médian et du nerf tibial postérieur est proportionnelle à la
myélopathie cervicale, ceux du membre supérieur de façon plus sévérité de la maladie ; la normalité des PES du nerf médian est
inconstante. Mais cette perturbation n’est pas spécifique et ne corrélée à un bon pronostic postopératoire.

8 Neurologie
Myélopathies cervicales ¶ 17-660-A-10

■ Traitement médical
Il ne peut être que symptomatique et peut apporter une
amélioration transitoire dans les formes peu évoluées ou
lorsqu’il existe une contre-indication à la chirurgie et associe :
• des médicaments antalgiques de classe I ou II et des décon-
tracturants musculaires pour soulager les cervicalgies et les
douleurs radiculaires ;
• des anti-inflammatoires non stéroïdiens pouvant agir en
diminuant l’œdème des lésions articulaires et éventuellement
des gaines radiculaires ; il y a peu de place pour les corticoï-
des qui peuvent toutefois être prescrits lors de poussées
évolutives ;
• les vasodilatateurs qui n’ont pas fait la preuve de leur
efficacité ;
• de la kinésithérapie centrée sur les muscles paravertébraux, les
déficits moteurs des membres supérieurs et les troubles de la
marche, associée à de la physiothérapie ;
• les cures thermales qui ne paraissent utiles que pour la prise
en charge « globale » du patient au cours de son séjour ;
• une immobilisation cervicale pouvant être proposée lorsqu’il
existe des signes cliniques ou radiologiques en relation avec
une instabilité, tout en sachant que toute immobilisation
prolongée va favoriser les enraidissements articulaires, et
l’atrophie des muscles paravertébraux aggravant cette instabi-
lité ; elle ne peut être que temporaire et associée à une
rééducation des muscles de la nuque ;
• enfin, il est déconseillé d’effectuer des occupations à risque Figure 16. Contrôle postopératoire tardif (2 ans) d’une double discec-
soumettant le rachis à des microtraumatismes répétés et/ou à tomie avec arthrodèse intersomatique par substitut osseux en hydroxya-
des traumatismes violents. patite.

■ Traitement chirurgical opératoire. Après mise en place d’un écarteur intersomatique,


on pratique l’ablation complète du disque en laissant les
Le choix de la technique sera guidé par l’analyse des signes plaques cartilagineuses en place. S’il existe un séquestre expulsé
cliniques et de l’imagerie médicale préopératoire, en fonction de dans l’espace extradural à travers une brèche du ligament
laquelle sera pratiquée soit une voie antérieure réalisée dans près longitudinal postérieur, celui-ci peut être partiellement réséqué
de 85 % des cas par les neurochirurgiens européens francopho- pour accéder à la totalité du fragment expulsé.
nes, soit une voie postérieure réalisée dans 15 % des cas, soit La résection des ostéophytes est réalisée à la demande avec
une voie combinée réalisée de façon exceptionnelle. [15] des rongeurs de taille adaptée en s’aidant éventuellement d’une
fraise rotative à mèche diamantée sous contrôle de l’amplifica-
Décompression médullaire par voie teur de brillance. On peut effectuer dans le même temps et par
antérieure la même voie une uncusectomie par ablation des 5 mm posté-
rieurs de l’uncus. La résection est menée de dedans en dehors
Décrite à partir des années 1950 aux États-Unis par Smith et avec une fraise rotative de 5 mm et en s’aidant de microcuret-
Robinson [16] et en Europe par Dereymaker et Mulier, [17] cette tes. Le respect des deux tiers antérieurs de l’uncus met à l’abri
technique s’est généralisée à partir des années 1970 grâce aux d’une lésion de l’artère vertébrale et d’une instabilité
travaux de Cloward [18] et Verbiest, [19] au point de devenir postopératoire.
l’intervention de routine dans la grande majorité des cas. Aux Cette discectomie « élargie » peut être pratiquée sur plusieurs
discectomies élargies proposées par les premiers auteurs sont étages, habituellement un à trois.
venues s’ajouter les techniques de somatotomie médiane ou Une greffe intersomatique complémentaire peut être réalisée ;
antérolatérale. celle-ci a pour objectifs d’éviter un pincement discal à l’origine
Le rachis cervical est abordé par voie antérolatérale. L’incision de la fermeture des trous de conjugaison et de prévenir une
cutanée est horizontale dans un pli du cou pour une décom- éventuelle cyphose postopératoire, toutefois l’analyse des
pression limitée à un ou deux étages, oblique le long du bord résultats cliniques ne montre pas de différence significative
antérieur du muscle sterno-cléido-mastoïdien pour une décom- entre les séries avec ou sans greffe. La meilleure greffe est
pression plus étendue. Après section des plans sous-cutanés et l’autogreffe iliaque tricorticale, mais la morbidité liée à la prise
du muscle peaucier, l’aponévrose cervicale moyenne est incisée de greffe conduit à l’utilisation d’allogreffes, de xénogreffes ou
le long du bord antérieur du sterno-cléido-mastoïdien, le rachis de substituts osseux (Fig. 16).
est abordé dans l’espace compris entre la gaine vasculaire qui est En cas d’instabilité, qui peut s’observer pour des lésions
refoulée en dehors et la gaine viscérale qui est refoulée en dégénératives très avancées, une ostéosynthèse antérieure
dedans. Habituellement aucun sacrifice musculaire ou vasculaire complémentaire peut être associée à la greffe intersomatique.
n’est réalisé, il peut être parfois nécessaire de lier l’artère La pratique des neurochirurgiens européens francophones est
thyroïdienne supérieure et/ou le muscle omohyoïdien. Dans les extrêmement variable et repose plus sur l’habitude, les convic-
abords du rachis cervical inférieur du côté droit, l’écartement tions personnelles, l’école et la tradition, que sur une différence
doit être modéré pour ne pas entraîner de lésion par étirement significative des résultats : [20] près de 35 % n’effectuent pas de
du nerf récurrent ; pour cette raison, certains auteurs utilisent greffe, 26 % une greffe sans ostéosynthèse, 17 % placent la
une voie gauche où le récurrent, plus interne, est moins exposé. greffe dans une cage pour en améliorer les propriétés mécani-
ques et 15 % réalisent une greffe et une ostéosynthèse ; d’autres
Discectomie avec ou sans greffe techniques sont parfois utilisées.
Après contrôle radiologique de l’étage visé, le ligament
longitudinal antérieur est incisé en utilisant un bistouri puis le Intervention de Cloward
disque partiellement excisé en utilisant des curettes et des Une fois la discectomie et l’abrasion des ostéophytes réalisées,
rongeurs fins. À ce stade, on peut recourir au microscope la largeur du plateau vertébral est mesurée à l’aide d’une jauge

Neurologie 9
17-660-A-10 ¶ Myélopathies cervicales

de profondeur. Une mèche de 12 à 18 mm de diamètre, choisie


en fonction de la morphologie du patient (le plus souvent
14 ou 16 mm), munie d’une butée réglée à la largeur du plateau
vertébral, permet de forer un trou circulaire d’un diamètre
correspondant, à cheval sur l’espace intervertébral, entamant les
plateaux vertébraux adjacents. Le forage de ce trou permet
d’enlever en totalité et sans risque les bords postérieurs des
plateaux vertébraux, siège de la prolifération ostéophytique.
Une tréphine d’un diamètre légèrement supérieur permet de
tailler le greffon iliaque dont le diamètre extérieur est égal au
diamètre intérieur du trou intervertébral ; ainsi le greffon
s’encastre de façon parfaite dans le logement réalisé. Toutefois,
et c’est la principale limite de cette technique, l’épaisseur de la
crête iliaque, où est prélevé le greffon, est souvent inférieure à
la largeur de l’espace intervertébral, le greffon se trouvant ainsi
souvent trop « court ».

Somatotomie médiane
La voie d’abord est classique jusqu’à la face antérieure des
corps vertébraux dont il faut réaliser la somatotomie. [21]
Deux techniques sont alors possibles :
• si les disques sont encore présents, il faut pratiquer un abord
intersomatique classique avec résection des disques aux
extrémités de la zone à décomprimer ;
• si la dégénérescence arthrosique déforme la face antérieure de
la colonne, avec des ostéophytes antérieurs, parfois asymétri-
ques, le repérage des limites de la tranchée cervicale est plus
difficile. Généralement les disques intervertébraux sont
complètement affaissés, rendant l’abord transdiscal impossi- Figure 17. Radiographie de contrôle après somatotomie médiane,
ble. On pratique alors un abord transcorporéal médian à la greffe intersomatique et ostéosynthèse antérieure étendue (technique
fraise coupante au début, puis à la fraise diamantée jusqu’à que nous ne recommandons plus !).
proximité du ligament vertébral commun postérieur.
La somatotomie est commencée à la pince-gouge, puis à la
fraise mécanique sur une largeur de 10 mm jusqu’à la corticale
postérieure qui est enlevée au rongeur de 1 à 2 mm d’épaisseur.
Au contact de la dure-mère, la somatotomie est élargie jusqu’à
12 ou 14 mm. Pour obtenir une décompression médullaire
satisfaisante, l’ensemble des barres disco-ostéophytiques prémé-
dullaires traumatisantes doit être réséqué, la résection osseuse
doit intéresser aussi les plateaux des vertèbres adjacentes à la
tranchée osseuse. De même le ligament longitudinal postérieur
est réséqué si possible, mais son adhérence à la dure-mère peut
rendre ce geste difficile.
En fin d’intervention, la réexpansion du fourreau dural et de
la moelle épinière apparaît nettement comme après une lami-
nectomie cervicale, la tranchée a une forme de queue d’aronde,
plus large en arrière au contact de la moelle épinière qu’en
Figure 18. Scanner postopératoire après somatotomie médiane longi-
avant. De part et d’autre, la portion latérale des corps verté-
tudinale sans greffe ; noter l’étendue de la décompression myéloradicu-
braux, au niveau des uncus, est respectée pour maintenir la
laire.
stabilité rachidienne. L’étendue en hauteur de la somatotomie
est choisie en fonction des explorations radiologiques préopéra-
toires, essentiellement l’IRM. Laminectomie
Pour la majorité des auteurs, la tranchée osseuse est comblée
par une autogreffe iliaque ou péronière (éventuellement associée C’est la plus ancienne technique réalisée. Dans un premier
à une ostéosynthèse) qui prévient le risque de cyphose posto- temps, les apophyses épineuses des vertèbres dont on doit
pératoire (Fig. 17). Comme pour les discectomies, les pratiques effectuer la laminectomie sont sectionnées à leur base, au ras de
sont variables : 18 % des neurochirurgiens européens n’utilisent leur insertion sur les lames. La résection osseuse emporte « en
pas de greffe, 16 % utilisent une greffe encastrée sans ostéosyn- bloc » toutes les épineuses sectionnées et le ligament interépi-
thèse et 66 % une greffe encastrée associée à une ostéosynthèse. neux. La laminectomie proprement dite est réalisée de proche
La greffe ne semble pas nécessaire si l’on a pris la précaution de en proche par morcellement des lames à l’aide de rongeurs fins,
respecter les uncus et si l’on réalise une rééducation active des voire à la fraise mécanique. Elle est conduite aussi loin que
muscles de la nuque (Fig. 18,19). possible latéralement, intéressant parfois la partie interne des
massifs articulaires, dont les deux tiers externes doivent être
impérativement respectés pour ne pas créer d’instabilité. Le
Décompression médullaire ligament jaune est habituellement fragmenté en même temps
par voie postérieure que la résection osseuse. Ce temps doit être conduit avec la plus
grande prudence compte tenu de l’étroitesse du canal rachidien
Ce sont les interventions les plus anciennement pratiquées. et de la disparition de l’espace épidural postérieur provoquée
Le patient est installé en décubitus ventral, tête légèrement par la maladie et aggravée par la position opératoire.
fléchie, plus rarement en décubitus latéral ou en position assise ; Une laminectomie peut entraîner à long terme une cyphose ;
le décubitus latéral permet un double abord antérieur et elle apparaît plus la conséquence de l’insuffisance des muscles
postérieur simultané. L’incision cutanée est tracée sur la ligne de la nuque que de l’instabilité osseuse et ligamentaire induite
médiane et l’abord du rachis est effectué sur la ligne blanche par la chirurgie ; elle peut être prévenue par une rééducation
séparant les muscles de la nuque qui sont refoulés latéralement. précoce adaptée. Des reprises évolutives de la maladie sont

10 Neurologie
Myélopathies cervicales ¶ 17-660-A-10

comme on ouvre un portail à doubles vantaux. Il est conseillé


d’interposer des cales de substitut osseux entre les deux moitiés
des épineuses pour les maintenir écartées.
Laminectomie avec conservation des épineuses
Décrite par Gros au niveau du rachis lombaire, elle consiste à
n’aborder qu’une seule gouttière paravertébrale et par cette voie
à sectionner les apophyses épineuses au ras de leur insertion sur
les lames. L’ensemble constitué par les épineuses et le ligament
interépineux est refoulé au-delà de la ligne médiane, ce qui
expose les lames. La laminectomie est alors conduite de façon
conventionnelle. Lors de la fermeture des masses musculaires, le
ligament interépineux et les épineuses retrouvent naturellement
leur place sur la ligne médiane.
Laminectomie « alterne » (« skip laminectomy ») [25]
Elle n’intéresse qu’une lame sur deux : pour réaliser par
exemple une décompression de C3 à C7, seules les lames de
C4 et C6 sont réséquées et la décompression est assurée par
résection de la face ventrale des lames adjacentes laissées en
place. De plus, le ligament interépineux est respecté : les lames
que l’on veut réséquer sont abordées par section de l’épineuse
Figure 19. Imagerie par résonance magnétique pondérée en T1, coupe sur la ligne médiane à l’aide d’une microfraise rapide ; chaque
sagittale : aspect postopératoire après somatotomie médiane longitudi- portion de l’épineuse est refoulée latéralement en conservant
nale de C5 sans greffe élargie aux disques adjacents, la cicatrice apparaît l’insertion des muscles supraépineux.
en hypersignal comme le tissu graisseux.
Ostéosynthèses postérieures
parfois observées après une laminectomie et ont été rapportées En raison du risque de cyphose, certains auteurs ont proposé
à la constitution d’une fibrose épidurale compressive (mem- la réalisation systématique d’une ostéosynthèse postérieure
brane postlaminectomie) dont le rôle pathogène est très complémentaire. Celle-ci nous paraît devoir être réservée aux
discutable. [22] rares cas où la décompression chirurgicale impose une résection
des massifs articulaires et où il existe une instabilité
Interventions conservant l’arc postérieur préopératoire.
La meilleure technique est l’ostéosynthèse par plaques
Pour prévenir la cyphose postopératoire et la constitution de métalliques vissées dans les massifs articulaires associée à une
la membrane postlaminectomie, des variantes techniques sont greffe postérolatérale.
possibles.
Laminoplasties [23] Interventions combinées
Proposées dès 1970 par les neurochirurgiens japonais, elles En cas de sténose sévère, un abord double dans le même
sont de réalisation plus difficile mais pas plus dangereuses. temps opératoire ou dans deux temps successifs peut être
Plusieurs variantes techniques ont été décrites. réalisé : dans ce cas, le risque d’instabilité postopératoire est
La technique « open door » est la plus souvent réalisée. Elle relativement élevé ; la chirurgie décompressive doit être accom-
consiste, après abord des deux gouttières paravertébrales et pagnée d’une greffe et d’une ostéosynthèse antérieure par
respect des épineuses et du ligament interépineux, à sectionner plaques vissées dans les corps vertébraux.
les lames au ras de l’insertion des massifs articulaires à l’aide
d’une fraise ou d’un rongeur fin du côté des lésions les plus
importantes sur toute la hauteur du rachis cervical inférieur, de ■ Indications
C3 à C7 au moins pour dépasser la totalité des lésions, incluant
si nécessaire C2 et les deux premières vertèbres thoraciques. En Les formes frustes et débutantes chez le sujet âgé peuvent
principe le ligament jaune est respecté, l’instrument ne pénètre justifier un traitement médical d’épreuve, sous surveillance
pas dans le canal rachidien ce qui évite les traumatismes clinique régulière.
médullaires ou radiculaires. De l’autre côté, seule la corticale Le traitement chirurgical ne doit pas être retardé chez les
externe est fraisée de façon à en permettre la fracture. L’ensem- sujets jeunes et devant toute forme évolutive : il a été montré
ble, constitué par les épineuses, le ligament interépineux et les que, plus que l’âge, la sévérité de la maladie, le nombre de
lames est déplacé en arrière en effectuant une rotation (comme niveaux opérés et le score préopératoire, c’est la longueur
si l’on ouvrait une porte : open door laminoplasty). Il est conseillé d’évolution des symptômes qui influence le plus les résultats.
d’ouvrir la porte sur une distance au moins égale au diamètre L’imagerie permet de faire le bilan des lésions :
du canal rachidien, c’est-à-dire au moins 12 mm. Le bloc osseux • diamètres antéropostérieur et transversal du canal rachidien ;
ainsi déplacé en arrière est fixé à distance de l’étui dural par • aspect global ou segmentaire de la sténose ;
amarrage aux muscles paravertébraux ou mieux par interposi- • nombre d’étages atteints ;
tion d’une cale (spacer) le plus souvent constituée d’un substitut • siège antérieur ou postérieur prédominant de la compression ;
osseux d’hydroxyapatite, d’autogreffe prélevée au niveau des • compression médiane ou latérale ;
épineuses, de supports biorésorbables en polymère d’acide • instabilité éventuelle associée à la sténose appréciée sur des
lactique remplis d’os spongieux, voire d’allogreffes. Si le clichés dynamiques prudents ;
ligament jaune n’adhère pas aux lames et reste en place, il doit • état de la moelle épinière : aspect atrophique, hypersignal
être secondairement réséqué. [24] centromédullaire{
La technique de la « double porte » consiste à ouvrir le canal Les potentiels évoqués (somesthésiques et moteurs) peuvent
cervical sur la ligne médiane. À l’aide d’une fraise mécanique à aider au choix de la voie d’abord en cas de difficulté d’identifi-
très haute vitesse, il est pratiqué une section de l’épineuse et de cation des éléments compressifs responsables : antérieurs ou
la lame sur la ligne médiane jusqu’au contact du ligament postérieurs.
jaune, et un amincissement de l’insertion des lames sur les La voie d’abord, antérieure, postérieure ou mixte, l’étendue de
articulaires. L’ouverture du canal rachidien est conduite en la décompression et l’indication d’une ostéosynthèse complé-
introduisant un écarteur entre chaque moitié de l’épineuse, mentaire seront choisies en fonction des résultats de ces

Neurologie 11
17-660-A-10 ¶ Myélopathies cervicales

examens, tout en sachant que la voie d’abord antérieure sera antérieure ou postérieure ou de récidive des signes cliniques
privilégiée en fonction de sa simplicité et de son efficacité. après une phase d’amélioration.
L’abord double peut déstabiliser le rachis cervical ; le second
Indications des abords antérieurs temps opératoire doit être accompagné d’une ostéosynthèse
complémentaire. Si un abord double est pratiqué de façon
Les meilleures indications de l’abord antérieur en cas de systématique, l’ostéosynthèse avec greffe intersomatique doit
myélopathie ou de myéloradiculopathie sont représentées par : être réalisée par voie antérieure, c’est là qu’elle possède les
• l’existence de signes cliniques prédominant aux membres meilleures qualités biomécaniques.
supérieurs par souffrance radiculaire (myéloradiculopathie) ou
syndrome central (diparésie brachiale) ;
• la prédominance des facteurs compressifs antérieurs (disques, ■ Résultats - Complications
ostéophytes) sur les facteurs postérieurs (lames, ligaments,
massifs articulaires). du traitement chirurgical
Indications de la discectomie Dans la littérature en langue anglaise, surtout d’origine
japonaise, où cette pathologie est un véritable problème de
Une discectomie simple à un, deux ou trois étages peut être santé publique, l’efficacité du traitement est appréciée par
utilisée, si les lésions sont limitées à l’étage discal, responsables modification, exprimée en pourcentage, du score de la JOA plus
d’une sténose canalaire segmentaire, avec éléments compressifs précis que la classification de Nurick, selon la formule :
à proximité de la ligne médiane. De même l’abord antérieur (score postopératoire – score préopératoire) / (17 – score
peut être utilisé en complément d’une voie postérieure s’il préopératoire) × 100
persiste des facteurs compressifs antérieurs ou pour combattre
une évolution cyphosante postlaminectomie. L’utilisation d’une
greffe intersomatique complémentaire est plus affaire d’écoles Résultats du traitement médical
que de qualité des résultats radiocliniques à long terme ; en Le traitement médical rigoureusement suivi peut stabiliser
règle générale, la greffe diminue l’importance des rachialgies pendant plusieurs années l’affection dans sa forme bénigne et
postopératoires et la fréquence des cyphoses tardives, sans peu évolutive. [26] Le suivi clinique de patients porteurs de
pouvoir les faire disparaître complètement. Une ostéosynthèse formes bénignes (score JOA moyen : 14) de myélopathies par
complémentaire n’est qu’exceptionnellement indiquée en cas « discopathies molles » montre que 60 % peuvent être stabilisés,
d’instabilité préopératoire ; une discectomie isolée correctement voire améliorés par un traitement médical comportant une
réalisée ne déstabilise pas le rachis. immobilisation du rachis et une réduction des activités physi-
ques, mais près de 40 % vont voir leur pathologie s’aggraver et
Indications de la somatotomie médiane vont devoir être opérés. Les lésions responsables peuvent
Dans les atteintes supérieures à trois étages et/ou en cas de régresser sur les IRM de contrôle dans près de 50 % des cas. [27]
sténose canalaire globale associée, une somatotomie peut se L’amélioration du score JOA peut atteindre 80 %, mais il s’agit
discuter en lieu et place de la laminectomie préférée par de formes relativement bénignes au départ.
certains, car dans 75 % des cas, les facteurs de compression sont
antérieurs. Résultats du traitement chirurgical
Une greffe complémentaire n’est pas nécessaire si la tranchée
osseuse a respecté les uncus ; une reconstruction avec greffe et L’amélioration clinique dépend plus de la qualité de la
éventuellement ostéosynthèse est nécessaire lorsque l’instabilité décompression que du choix de la voie d’abord quand celle-ci
est certaine (résection de l’une des colonnes latérales) ou lorsque est adaptée à la nature des lésions et à leur topographie.
cette instabilité est potentielle, cas en particulier d’une laminec- Il y a un peu plus de complications liées au geste chirurgical
tomie associée. Il s’agit généralement de greffons autologues chez les patients de plus de 70 ans en raison des pathologies
d’origine iliaque, parfois d’origine tibiale, d’allogreffes de associées. [28]
banque, plus rarement de xénogreffes ou de substituts osseux. Selon la classification JOA, l’amélioration clinique est en
De rares cas d’instabilité avec constitution de cyphose ont été moyenne de 55 % (extrêmes de 20 à 80 %) toutes techniques
observés après somatectomie simple sans greffe ; il faut donc confondues. La qualité du résultat fonctionnel se détériore avec
respecter une technique rigoureuse et ne pas hésiter à réaliser le temps et n’est plus que de 45 % après 6 ans d’évolution.
une greffe complémentaire au moindre doute sur la stabilité Cette aggravation est en relation avec la poursuite de l’évolution
ultérieure. des lésions dégénératives et des déformations rachidiennes, ainsi
que l’apparition de pathologies associées chez des patients
relativement âgés : arthrose de hanche, sténose du canal
Indications des abords postérieurs lombaire etc.
Ces abords sont préférés aux abords antérieurs quand : Il est possible d’individualiser plusieurs facteurs pronosti-
• sur le plan clinique, les patients présentent des signes ques : [29]
cordonaux isolés ou nettement prédominants, avec prépon- • l’âge n’apparaît pas déterminant, tout en tenant compte de
dérance des signes cordonaux postérieurs sur les signes l’état général, du degré de handicap et des pathologies
pyramidaux ; associées : le même taux d’amélioration est observé avant et
• sur le plan anatomique, les patients sont porteurs de sténoses après 65 ans, mais seuls les sujets les plus jeunes peuvent
étendues constitutionnelles (rares) et/ou de lésions postérieu- observer une guérison complète. L’objectif n’est d’ailleurs pas
res : hypertrophie des lames, hypertrophie du ligament jaune, le même, les sujets jeunes veulent reprendre la totalité de
hypertrophie des massifs articulaires. leurs activités, les plus âgés garder simplement une autono-
La laminectomie « standard » est l’intervention la plus simple à mie suffisante ;
réaliser, la laminoplastie est préférée par les auteurs japonais et • la durée des symptômes est l’un des facteurs pronostiques les
nord-américains, de réalisation plus longue et plus difficile. Une plus importants : le résultat est meilleur si la durée d’évolu-
ostéosynthèse n’est associée qu’en cas d’instabilité préopératoire tion est courte, surtout chez les sujets de plus de 65 ans, ce
patente. qui pourrait correspondre à une symptomatologie due à une
souffrance fonctionnelle de la moelle avant installation de
lésions anatomiques irréversibles ;
Indications des abords mixtes • la sévérité du handicap préopératoire paraît paradoxalement
Dans notre expérience, les indications des abords mixtes sont un facteur moins important ;
plus rares et sont limitées aux sténoses majeures avec lésions • le diamètre antéropostérieur du canal rachidien cervical et sa
antérieures et postérieures équivalentes. Elles sont parfois surface au niveau de sa portion la plus rétrécie apparaissent
indiquées en cas de résultat incomplet d’une décompression déterminants quel que soit l’âge ;

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Myélopathies cervicales ¶ 17-660-A-10

• l’hypersignal centromédullaire en T2 sur l’IRM comme configuration des autogreffes ou d’un choix inapproprié des
indiqué plus haut n’a pas de signification pronostique ; substituts osseux. Certains chirurgiens conseillent le port d’un
• l’instabilité préopératoire, qui s’observe surtout chez les sujets collier cervical pendant plusieurs semaines ; il n’est pas
les plus âgés, ne paraît pas influencer le pronostic. [30] démontré que ceci diminue la fréquence de cet incident.
• Les déplacements du matériel d’ostéosynthèse utilisé en
Complications du traitement chirurgical complément d’un abord antérieur s’observent dans 3 à 6 %
La chirurgie du rachis cervical dégénératif est actuellement des cas, ce qui peut entraîner une déstabilisation rachidienne
bien maîtrisée par les chirurgiens spécialisés, tous les neurochi- et/ou une plaie de la paroi postérieure de l’œsophage. Ce
rurgiens et les orthopédistes familiarisés avec ces techniques. [31, chiffre diminue avec l’expérience du chirurgien et l’emploi
32] généralisé de systèmes incluant un verrouillage des vis. Ces
nouveaux matériels ont annulé le débat qui opposait les
Complications générales partisans d’un vissage unicortical à ceux du vissage monocor-
Communes à tous les gestes chirurgicaux, elles sont rares, de tical. De plus, le profil des vis a été beaucoup amélioré, au
l’ordre de 1 %. Cette chirurgie ne doit pas être redoutée quel point que tout « débricolage » est devenu exceptionnel ou la
que soit l’âge du patient dès que le handicap fonctionnel la conséquence d’une faute technique.
justifie. Il y a peu de contre-indications. • Des douleurs séquellaires au niveau du site de prélèvement
des greffons sont observées dans plus de 20 % des cas ; ce
Complications spécifiques en relation avec la voie chiffre relativement élevé incite beaucoup de chirurgiens à ne
antérieure pas utiliser des autogreffes dans le cadre de la pathologie
Elles peuvent être parfois observées, elles sont directement dégénérative, même s’il s’agit, et de loin, du meilleur gref-
liées à l’expérience du chirurgien : fon. [34]
• la plus classique et la plus fréquente est la paralysie récurren- • Une cyphose postopératoire est fréquemment observée, tant
tielle qui s’observe dans 1 à 6 % des cas, surtout lors des après abord antérieur que postérieur. La réalisation d’une
abords du rachis cervical bas (C6/C7 et C7/D1) par voie greffe et/ou d’une ostéosynthèse diminue ce risque mais ne le
droite. Elle est prévenue en limitant au maximum l’écarte- supprime pas, tout en alourdissant les gestes opératoires.
ment de l’axe trachéo-œsophagien, ou en utilisant systémati- Cette cyphose paraît plus en relation avec l’insuffisance des
quement la voie gauche qui est toutefois moins aisée pour un muscles de la nuque (qui pour nous doivent bénéficier d’une
chirurgien droitier. Elle est habituellement réversible ; kinésithérapie postopératoire) qu’avec l’étendue de la décom-
• des traumatismes pharyngés ou œsophagiens peuvent se voir pression. Le port prolongé d’un collier pourrait favoriser
dans 0,25 % des cas ; l’atrophie des muscles paravertébraux et augmenter le risque
• des traumatismes des gros vaisseaux sont eux aussi très de cyphose. Enfin, le respect des uncus lors des voies anté-
rarement observés.
rieures et de la moitié des articulaires lors des voies postérieu-
Aggravations neurologiques res diminue la fréquence de ces complications. C’est ainsi
qu’il a été montré qu’une greffe intersomatique n’était pas
On les observe quelle que soit la voie d’abord : indispensable après une somatotomie médiane, [35] ce qui
• une complication fréquente des décompressions étendues diminue le risque de complication et le coût de l’interven-
(mais peu souvent signalée dans les publications et les tion. Les laminoplasties, pour beaucoup d’auteurs, diminue-
compte rendus d’hospitalisation) est la paralysie de la 5e raient le risque de cyphose par rapport aux laminectomies, ce
et/ou de la 6e racine cervicale qui s’observerait dans 5 à 15 %
qui n’est pas démontré dans la méta-analyse effectuée par
des cas. Son mécanisme physiologique n’est pas clair ; il est
Ratliff et Cooper en 2003. [23]
possible qu’intervienne l’installation du malade sur la table
d’opération, une lésion de l’artère radiculaire, mais aussi une • Après une laminectomie se constitue une cicatrice scléreuse
fragilité particulière de cette racine qui serait étirée lorsque la (membrane postlaminectomie) qui pourrait être, selon un
moelle se déplace après la décompression. [33] Elle est habi- grand nombre d’auteurs, à l’origine de la dégradation tardive
tuellement régressive ; du résultat postopératoire. C’est l’une des autres raisons qui
• les aggravations de la sémiologie clinique s’observent dans 0,5 ont amené le développement des laminoplasties. En fait, il
à 2,5 % des cas selon les séries. Elles sont le fait d’un semblerait que cette cicatrice fibreuse n’ait aucun rôle
traumatisme médullaire qui peut se produire lors de l’instal- pathogène.
lation du patient (tête trop fléchie pour les abords postérieurs • La fusion d’un ou plusieurs segments cervicaux entraîne une
par exemple) ou lors de la réalisation de la résection osseuse dégénérescence précoce des étages adjacents, ce qui pourrait
qui impose d’introduire des instruments fins (curettes, être à l’origine d’une pathologie nouvelle chez 3 % des
rongeurs ou fraises mécaniques{) dans un canal rachidien très patients chaque année, et au terme de 10 ans, 15 à 20 % des
rétréci. Des phénomènes vasculaires peuvent être parfois à patients devraient subir une nouvelle intervention. [36] Dans
l’origine de ce type de complication. Le geste probablement notre expérience, ce chiffre est nettement moins élevé et il a
le plus dangereux est la résection des calcifications ostéodis- été montré que si ces lésions sont fréquentes, elles sont le
cales, incluses dans la face antérieure de la dure-mère qu’il
plus souvent asymptomatiques. [37] Il n’est pas démontré à ce
vaut mieux ne pas chercher à enlever à tout prix, limitant
jour (faute de recul clinique suffisant) que l’usage de prothè-
alors le geste à la décompression. Pour cette raison, les
interventions par voies postérieures paraissent devoir être ses discales cervicales diminue ce risque de façon significative.
privilégiées en cas d’ossification exubérante du ligament • Toute intervention sur le rachis cervical (avec ou sans fusion)
longitudinal postérieur. entraîne une limitation de l’amplitude des mouvements
L’évolution de ce type de complication est imprévisible, elle cervicaux ; celle-ci reste en général peu invalidante, bien
dépend de la sévérité du syndrome neurologique constaté au compensée par les étages adjacents, ceci d’autant plus qu’il
réveil ; certaines tétraplégies peuvent être définitives. s’agit le plus souvent de patients âgés, dont l’activité est
diminuée et qui présentent des lésions dégénératives diffuses
Complications mécaniques liées au geste de l’ensemble du rachis.
chirurgical Malgré la longue liste de ces complications potentielles qui
Elles sont les plus importantes à connaître car elles doivent chacune prise isolément (en dehors des douleurs séquellaires du
faire adapter la technique à la sémiologie et aux lésions site donneur) sont relativement exceptionnelles, il ne faut pas
rachidiennes. retarder le moment du traitement chirurgical chez un patient
• Les greffons intersomatiques peuvent se déplacer dans 2 à présentant des signes neurologiques, en relation avec une
5 % des cas, c’est souvent la conséquence d’une mauvaise myélopathie cervicale.

Neurologie 13
17-660-A-10 ¶ Myélopathies cervicales

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J. Brunon, Professeur des Universités, praticien hospitalier (jacques.brunon@chu-st-etienne.fr).


C. Nuti, Praticien hospitalier.
R. Duthel, Praticien hospitalier.
M.-J. Fotso, Praticien hospitalier.
B. Dumas, Assistant-chef de clinique.
Service de neurochirurgie, Hôpital de Bellevue, centre hospitalier universitaire de Saint-Étienne, 17, boulevard Pasteur, 42055 Saint-Étienne cedex 2, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Brunon J, Nuti C, Duthel R, Fotso M-J, Dumas B. Myélopathies cervicales. EMC (Elsevier SAS, Paris),
Neurologie, 17-660-A-10, 2005.

Disponibles sur www.emc-consulte.com


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