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LA MARSEILLAISE

De Claude-Joseph ROUGET DE LISLE

Explication des paroles


Armand DELCLOS
Sources
La Révolution française dans une petite ville MEULAN 1789-1794 par Raoul Rosière 1888
Histoire de France d’Albert Mallet 1922
La Révolution française Albert SOBOUL 1965
Les très riches heures de l’humanité de Stefan Zweig 1927 édition 1989
LA MARSEILLAISE de Frédéric DUFOURG 2008
L'Histoire de France interdite de Dimitri Casali 2012

Considérer le contexte historique à l’apparition de La Marseillaise pour en comprendre les paroles est indispensable.
La Marseillaise n'est pas n'importe quelle chanson, dont le hasard en aurait fait l'hymne de la France. Les paroles de
La Marseillaise, le sens qui a été le leur lors de la création du chant et de la musique, sont liés pour toujours.

Il faut retenir aussi que lorsque nos ancêtres ont fondé la République, ils ont cimenté notre unité nationale sur
l’acceptation des valeurs de la République Française. Elles sont principalement : les droits de l'Homme et du Citoyen,
La Marseillaise, Marianne, le drapeau tricolore, la langue Française et le principe Liberté-Égalité-Fraternité. La
Marseillaise défend l’égalité de tous, sans distinction d’origine. Elle nous unit, elle est notre hymne national. Avant
d’engager l’explication, du premier couplet et du refrain qui sont utilisés lors des grands rassemblements populaires
autour de la République et par la République elle-même, il est important de rappeler ce qu’était l’organisation de la
société française en 1789.

1- Situation sociale et économique de la France en 1789

En fait en 1789 à l’aube de la révolution notre société était la même que cinq cents ans plus tôt au treizième siècle
sous Philippe le BEL. Elle avait toujours pour principe l’inégalité. Elle comprenait officiellement trois classes ou
ordres, strictement hiérarchisés en fonction de la naissance : Le Clergé, la Noblesse, le Tiers État.

Les deux premiers ordres étaient privilégiés. Leurs privilèges étaient honorifiques, comme celui d’être admis à la
Cour, ou réels, comme l’exemption de la taille, le droit pour le Clergé de percevoir la dîme et pour la Noblesse de
toucher des redevances féodales. Il faut aussi retenir que 100% des évêques étaient des nobles.

On admet en général qu’il y avait en France 25 millions d’habitants. On sait que l’ordre du Clergé et de la Noblesse
comptaient chacun 140 000 à 150 000 personnes, soit environ 300 000 privilégiés, auxquels il faut rajouter un
nombre à peu près égal de bourgeois pourvus d’offices et jouissant d’importantes exemptions de taxes. Au total la
population française comprenait 600 000 privilégiés et plus de 24 millions de non privilégiés, soit 97% de la
population, dont 1 million étaient encore en servage.

Il faut noter que le Clergé était le premier des ordres de l’Etat, en raison de ses fonctions sacrées. De plus, il
disposait d’une énorme fortune, constituée de propriétés (1/5ème du territoire), des rentes de la dîme et des droits
féodaux prélevés sur les habitants des terres de l’Église.

Il faut retenir aussi pour comprendre le sens des paroles de La Marseillaise écrite le 25 avril 1792 que les 9/10eme
de la population française étaient des paysans qui ne vivaient que du travail de la terre comme métayers ou
journaliers. De plus un bon tiers du monde paysan ne parlait que l’occitan et le reste des patois locaux.

Même avec l‘importante ordonnance de François 1er du 15 août 1539 (Villers Cotterêts) imposant la rédaction de tous
les actes légaux et notariés en français y compris par le clergé pour les naissances (baptême), seuls les franciliens
parlaient le français ainsi que les nobles et les aristocrates.

La Marseillaise, écrite en français a été le premier texte de portée nationale, qui a initié notre unité nationale avec
la langue français ; C’est pour cela que la langue française est devenue un des symboles de notre république.
Au plan économique La détresse financière du tiers état a joué un rôle essentiel dans le déclenchement de la
Révolution ; mauvaise perception des impôts et inégalité, auxquels on peut rajouter le gaspillage de la Cour et les
guerres. La comptabilité n’était pas tenue avec rigueur. Cependant on peut voir dans les comptes les millions donnés
aux nobles en pensions, gratifications, échanges de domaines onéreux pour le royaume ; achats de châteaux pour la
royauté (Rambouillet pour le Roi, Saint Cloud pour la Reine). L’ensemble était devenu explosif.

2 - Les grands événements qui ont précédé La Marseillaise

1789
-14 juillet, prise de la Bastille, symbole de l’absolutisme. Départ des grandes familles royales du royaume.
-26 août, déclaration des droits de l’homme et du citoyen.
1790
-Création de 83 départements
- Le 14 juillet fête de la fédération. Fête de l’unité nationale autour du Roi de France qui accepte publiquement
les lois constitutionnelles.
1791
- Le 20 juin le Roi en fuite est arrêté à Varennes. C’’est certainement le fait le plus considérable de la Révolution
Française qui indigna le peuple.
- Le 3 septembre promulgation de la première constitution, nous sommes en monarchie constitutionnelle.
- Le 25 septembre promulgation du code pénal.
1792
- Le 20 avril, Louis XVI déclare la guerre contre l’Autriche- Hongrie et l’Angleterre.
- Le 25/26 avril, Rouget de Lisle écrit La Marseillaise.
- Le 10 août, fin du régime monarchique, les sans-culottes s’emparent des Tuilerie. Le roi et sa famille sont
emprisonnés.
- Le 20 septembre victoire de Valmy avec La Marseillaise.
- Le 21 septembre la monarchie est abolie, la 1ière République est proclamée.

3 - Qu’est-ce que la MARSEILLAISE ? Son histoire.

La Marseillaise est le chant patriotique de la Révolution française, adopté par la France

La Marseillaise a été à l'origine le "Chant de guerre pour l'armée du Rhin". Faisant suite à la déclaration de guerre
de la France à l’Autriche, c'était un chant de guerre révolutionnaire et un hymne à la liberté. Ses paroles consistent
en une exhortation au combat pour la victoire, le salut de la révolution et la libération du peuple de France.

Ce chant fut rapidement imprimé et se répandit dans tout le pays. Très rapidement La Marseillaise frappa les
imaginations dans toute l’Europe, et fut synonyme de rébellion, de révolution.

La République libérant les peuples courait en Europe de victoire en victoire, avec au cœur une volonté de
« fraternité et de secours à tous les peuples voulant recouvrer leur liberté », (déclaration de l’Assemblée
Constituante du 9 novembre 1792). Cette déclaration montre le redoutable esprit de ce texte.

Le mythe de La Marseillaise forgé au siècle des lumières se poursuit avec la période des constructions nationales en
Europe. Ce chant, interdit dans les cours d’Europe, est un véritable hymne à la république. On rêve de républiques qui
verront le jour bien plus tard en Italie, Pologne, Hongrie, Allemagne, pour ne parler que de l’Europe.

Une circulaire de septembre 1944 du ministère de l'Éducation nationale préconise d'en pratiquer le chant dans
toutes les écoles, pratique qui est dorénavant obligatoire à l'école primaire (proposition de loi du 19 février 2005,
adoptée le 23 avril 2005, modifiant l'article L321-3 du Code de l'éducation).
Les Constitutions de 1946 (IVe République) et de 1958 (Ve République) conservent La Marseillaise comme hymne
national (article 2 de la Constitution de la Cinquième République française).
Il faut aussi retenir les paroles de Jules Michelet :
« Rouget de Lisle a donné à la grandeur de la France en son moment désintéressé et sacré un chant. Un chant qui
répété de proche en proche, a gagné toute la terre. Il fut trouvé à Strasbourg à deux pas de l’ennemi. Il ne lui fallut
pas deux mois pour pénétrer toute la France. Il alla frapper au fond du midi comme un violent écho et Marseille
répondit au Rhin. Sublime destinée de chant ! Il est chanté par des Marseillais aux Tuileries, il brise le trône (le 10
août 1792). 0n l’appelle La Marseillaise ».
Et Victor Hugo qui écrira dans les Misérables en 1862 : « La Révolution française est le plus puissant pas du genre
humain depuis l’avènement du Christ. »

4-EXPLICATION DES PAROLES

Rappelons que ce texte est vieux de plus de deux siècles. Il a été écrit dans l’urgence, dans une période d’exaltation
collective en faveur de la liberté et de l’égalité de chacun. Un bien généreux idéal menacé alors par des monarchies
étrangères coalisées. Strasbourg est assiégée, on a faim et on ne veut pas perdre des droits de liberté et d’égalité
récemment acquis.
26 août 1789, déclaration des droits de l’homme et du citoyen.
Article 1 : Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être
fondées que sur l'utilité commune.
Notre modèle politique est la République Romaine de l’antiquité, et les références de Rouget de Lisle sont les
auteurs latins.
Allons enfants de la Patrie,
Le jour de gloire est arrivé !
Contre nous de la tyrannie
L'étendard sanglant est levé, (bis)
Entendez-vous dans les campagnes
Mugir ces féroces soldats ?
Ils viennent jusque dans vos bras
Égorger vos fils, vos compagnes !

Dans ce 1er couplet le premier vers est à l’impératif « allons » alerte les citoyens, il amorce un ton épique. L’emploi
du mot « enfants », nous plonge dans un contexte de camaraderie et de fratrie. Cet enfant est un citoyen soldat. Le
mot « patrie » fait appel à une conception latine du pays, mais il est ici employé au sens d’une famille d’idées, à
laquelle l’individu a le sentiment d’appartenir. Comme le souligne l’étymologie du mot patrie, du latin patria « la terre
du père de famille ». Ce sens est conservé par l’idée française du droit de la nationalité, qui tient au droit du sol plus
que du sang.

Dans cette première strophe, l’ennemi est désigné, il s’agit de la « tyrannie ». Ensuite le texte reprend une
dimension épique avec le vers : « L’étendard sanglant est levé, », métaphore de la révolte du peuple souffrant.
L’étendard est ici probablement une chemise tachée de sang, hissée sur une pique. La métaphore du sang est
engagée, et elle réapparaît avec le verbe « égorger » et surtout au refrain.

Cette strophe désigne un ennemi au nouveau pouvoir dont la volonté est de soumettre le peuple de France à sa loi
inique. Il se caractérise par le verbe « mugir », l’adjectif « féroce » et le verbe « égorger ». Le verbe mugir
synonyme de beugler suggère que nous avons comme ennemis des bœufs. Cette image rustique a une signification, et
il faut en suivre le sens commun. Le terme bœuf désigne des individus aussi forts que bêtes, qui foncent dans le tas
sans réfléchir au fait qu’ils détruisent leurs propres sauveurs. Cette composition expressionniste brosse le tableau
d’insupportables attaques contre la jeune République et ses enfants. Le mot féroce est employé en antéposition à
mugir pour rendre insoutenable cette situation.

Aux armes, citoyens,


Formez vos bataillons,
Marchons, marchons !
Laisseriez-vous massacrer votre famille sous vos yeux sans réagir ?
Dans ce refrain les verbes sont conjugués au mode impératif ; La patrie est en danger, toutes les actions sont
urgentes.
On alerte, « Aux armes », on rassemble, « formez », on agit, « marchons ». L’union fraternelle se fait dans l’action.
Il ne faut pas oublier que le poète Rouget de Lisle est capitaine du génie militaire dans l’armée du Rhin.
Qu'un sang impur
Abreuve nos sillons !

L’image de ces paroles est volontairement forte, et c’est une provocation faite à la noblesse.
IL faut savoir que la loi du 1er janvier 1791, remplace les milices provinciales par une Garde Nationale, et que le 21
juin 1791, le lendemain de la fuite de Varenne, l'Assemblée constituante lança un appel aux départements pour
former des bataillons de gardes nationales volontaires, soit 100 000 hommes destinés à couvrir nos frontières du
Nord. Ce sont les volontaires de 1791, les citoyens soldats.
Comme dans la garde nationale sédentaire, les volontaires avaient le droit d'élire leurs propres officiers.
Une loi du 4 aout 1791 intervient pour combler les vides qui sont causés par l’émigration des officiers. L’Assemblée
constituante leur reconnaît le droit d’élire leurs officiers.
Cette décision tout à fait nouvelle en Europe, produisit un fait inédit, des roturiers du tiers état, de basse
condition pouvaient devenir des officiers. Ainsi, l’abolition des privilèges (Constitution du 3 septembre 1791 : « Il
n'y a plus ni noblesse, ni pairie, ni distinctions héréditaires, ni distinctions d'ordres, ni régime féodal, ni justice
patrimoniale, ni aucun des titres, dénominations et prérogatives qui en dérivaient, ni aucun ordre de chevalerie, ni
aucune des corporations ou décorations, pour lesquelles on exigeait des preuves de noblesse, ou qui supposaient des
distinctions de naissance, ni aucune autre supériorité, que celle des fonctionnaires publics dans l'exercice de leurs
fonctions) », oblige, qu’au lieu du « sang pur » des aristocrates, des nobles, que du « sang impur » coulerait à flot,
« abreuve » pour féconder la terre fertile de la nation.
Le sang impur de la Marseillaise désigne bien le sang du peuple français, que les révolutionnaires revendiquent comme
tel, par opposition au « sang bleu » de la famille royale et au « sang noble », « sang pur » de l'aristocratie. Cette
interprétation est confirmée par le 4ème couplet de la Marseillaise (1)

Tremblez, tyrans et vous perfides


L'opprobre de tous les partis,
Tremblez ! vos projets parricides
Vont enfin recevoir leurs prix ! (bis)
Tout est soldat pour vous combattre,
S'ils tombent, nos jeunes héros,
(1) La terre en produit de nouveaux,
Contre vous tout prêts à se battre !

Les "jeunes héros" révolutionnaires sont ainsi prêts à mourir il « tombent » et « La terre » va alors "en produire de
nouveaux" : c'est exactement l'illustration du sang du peuple, le « sang impur » qui « abreuve les sillons », qui les
fertilise et qui produira de nouveaux héros. C’est aussi un rappel du droit du sol ancré dans notre culture latine.
Rouget de Lisle s’adresse aux hommes de son bataillon, qui pour l’essentiel est composé de paysans et la notion de
terre est plus évidente, plus parlante, plus proche pour exprimer et faire comprendre cette notion de renaissance
de nouveaux combattants, de nouveaux héros. Rouget De Lisle a sublimé la notion de sang impur en réconciliant le
droit du sol et le droit du sang. Un sang impur qui abreuve les sillons de la terre de France. Ne l’oublions pas, on se
bat à Valmy.

En se glorifiant ainsi d'avoir le "sang impur", les révolutionnaires ont transformé en signe distinctif positif
l'appréciation méprisante que l'aristocratie éprouvait pour le Tiers Etat. Ce type de retournement est typique de
l'esprit provocateur ou bravache du peuple français et on le retrouve fréquemment dans notre histoire.

Nous pouvons faire la même analyse d’opposition avec une autre apparition de l’époque révolutionnaire, celle du
« sans culotte ».
Le sans-culotte est d'abord reconnaissable à sa tenue, il porte un pantalon long, généralement en bure rayée, ce qui
le différencie de l'aristocrate arborant une culotte courte et des bas. Il est chaussé de sabots, parfois remplis de
paille. Coiffé du bonnet phrygien rouge (rappelant l'affranchissement des esclaves) avec cocarde tricolore, il tient
en main, dans les occasions importantes, la fameuse pique, emblème du militant.

Les révolutionnaires de 1789 se baptisèrent crânement de « sans culotte », non pas parce qu'ils étaient nus, mais
parce que le port de la "culotte" était justement l'un des signes distinctifs des nobles et des aristocrates.
Nous pourrions aujourd’hui appliquer le même raisonnement avec les sans papier en opposition à ceux qui ont des
papiers.

Le 3ème vers de ce 4ème couplet mérite une explication sur le mot « parricide ». Dans l’atmosphère épique de ce
texte, on n’assassine pas le père de famille mais la patrie. En effet nos ennemis égorgent : « vos fils, vos
compagnes ! ». Le mot parricide doit se comprendre dans son sens antique « assassiner la patrie ».

Le 5ème vers « Tout est soldat pour vous combattre, » mérite aussi une information. Il confirme, déjà en 1792 la
conscription de tout français. La loi Delbrel du 5 septembre 1798, reprend le vers de Rouget de Lisle et énonce dans
son 1er article : « Tout Français est soldat et se doit à la défense de la patrie ».

Ce vers confirme aussi le principe républicain d’égalité qui inclut au lieu d’exclure. C’est aussi la force de ce texte,
qui porte les valeurs fondamentales de notre république.

La Marseillaise n’aurait pas eu l’adhésion des révolutionnaires, des Français si elle n’avait pas été un chant populaire
parfaitement compris. Son acceptabilité sociale qui en perturbe certains aujourd’hui, en a fait toute sa puissance.
Il faut expliquer que Le capitaine Rouget de Lisle, était affecté dans un bataillon qui s’appelait “Les enfants de la
Patrie ». Quand de Dietrich (ex baron), maire de Strasbourg demande à Rouget de Lisle d’écrire un beau chant pour
le peuple soldat, ce dernier sait qu’il va s’adresser aux hommes de son bataillon et son premier vers est déjà écrit.
Pour le reste, les affiches des bureaux de conscription, lui serviront de point de départ pour les paroles.

Si le quatrième couplet nous permet de comprendre le sens profond du premier couplet et du refrain seuls chantés
aujourd’hui, le 5 ème nous renseigne sur le caractère non raciste de La Marseillaise et du peuple de France qui l’a
chantée.

Français, en guerriers magnanimes,


Portez ou retenez vos coups !
Épargnez ces tristes victimes,
À regret s'armant contre nous. (bis)
Mais ces despotes sanguinaires,
Mais ces complices de Bouillé,
Tous ces tigres qui, sans pitié,
Déchirent le sein de leur mère

L’auteur imagine les soldats du peuple, généreux, prenant garde à ne pas tuer leurs pauvres adversaires, qui souvent
sous la contrainte font la guerre aux révolutionnaires. Ces vers prouvent que La Marseillaise n’est pas un chant
raciste.
Si avant la Déclaration des droits de l’homme, l’idée de sang pur de la noblesse et impur du peuple, avait cours,
désormais, les seules races qui existent aux yeux du révolutionnaire sont : celle de l’homme libre, qui choisit son
destin et celle de l’individu asservi par un despote.
Les théories racistes ne se sont développées que dans le courant du XIXe siècle, et tout spécialement après
l'ouvrage du Comte de Gobineau : son "Essai sur l'inégalité des races humaines" date de 1853 soit 61 ans après La
Marseillaise.
Les théories racistes portent d'abord et principalement sur les différences de "races", et donc sur l'opposition
supposée entre les Aryens blancs, les Africains noirs, les Asiatiques jaunes.
Il n'y est pas question du "sang bleu", ni de "sang impur", mais de la race.
Les 3 derniers vers méritent aussi une explication.

Mais ces complices de Bouillé,


Tous ces tigres qui, sans pitié,
Déchirent le sein de leur mère

François-Claude-Amour de Bouillé, défenseur puis adversaire de la révolution, s’était fait remarqué le 31 aout 1790
dans le massacre des régiments du Roi et Suisse de Châteauvieux qui s’étaient mutinés et ensuite dans l’organisation
de la fuite de Varenne.
Ces vers font référence aux aristocrates qui avaient quitté la France et qui se sont engagés dans les armées
coalisées contre la révolution française.
La Marseillaise ne développe pas d’idée raciste ou xénophobe. Elle défend l’idée de liberté sans distinction d’origine.
Ceux qui croient ou laissent croire que le sang impur est celui de nos ennemis, portent la responsabilité d’un contre-
sens inadmissible par rapport aux valeurs de notre République. Ils injurient ceux qui ont reconnu comme hymne
national La Marseillaise dans les constitutions de la IVème et Vème République de 1958.
Ceux qui condamnent La Marseillaise ne l’ont pas lue, ils n’ont pas compris que c’est le cri de salut à la Patrie, c’est un
cri d’honneur à la France.
Comprendre La Marseillaise, c’est intégrer une partie de notre histoire et de notre culture, c’est aussi combattre
l’ignorance qui est le pire des maux de toute société. Pour éclairer tout débat sur La Marseillaise il faut en expliquer
les paroles. La Marseillaise a influencé le monde entier, du Pérou qui a fait de sa musique son hymne national, à la
Chine en 1989 où des milliers de manifestants sur la place Tienanmen, ont entonné La Marseillaise pour protester
contre un gouvernement jugé trop conservateur. La même année à Prague notre hymne national a accompagné « la
révolution de velours ».
Non, La Marseillaise n’est certainement pas un frein à l’entente des peuples. Notre devoir de mémoire est d’en
expliquer les paroles à notre jeunesse pour éviter les contre-sens et les confusions.
La Marseillaise a été écrite pour le peuple de France, pour l’encourager à se battre pour un idéal de vie, pour les
valeurs de la République naissante, pour la déclaration universelle des droits de l’homme et du citoyen. On se bat
contre ceux qui veulent remettre un système féodal en France et pas parce qu’ils auraient du sang impur !!!

5-L’AUTEUR
Claude-Joseph Rouget De Lisle est né en 1760 à Lons-le-Saunier dans le Jura. Il est issu d’une famille protestante,
appartenant à la noblesse de robe. En effet son père possède une charge d’avocat du roi et son grand père fut
durant trente ans, premier échevin (maire) de Lons le Saunier. On lui reconnait très jeune des dispositions pour la
poésie, mais aîné d’une famille de huit enfants, c’est officier qu’il deviendra. Il sera à l’âge de trente et un ans
capitaine du génie en garnison à Strasbourg. Politiquement il est proche des aristocrates cultivés et sensible aux
idées de Lafayette. Il ne sera pas Jacobin. Il a des relations sociales avec Philippe de Dietrich (ex baron de) maire
de Strasbourg, qui partage ses sentiments patriotiques.

CONCLUSION

Comment penser que les conditions du « vivre ensemble » seront réunies, s’il n’est pas imposé à notre jeunesse
d’acquérir, puis de respecter les principes et les valeurs de la République. N’oublions pas que ce chant appartient au
peuple de France et qu’il ne peut pas être trahi par le peuple pour lequel il a été écrit. Ce chant exalte la liberté
dans un cadre républicain. Ce chant défend l’égalité de tous les citoyens, sans distinction d’origine. Ce chant
développe des sentiments de fraternité. La Marseillaise a une âme, Elle est au-dessus des interprétations. Elle
incarne des principes qui nous sont supérieurs et qui sont les idéaux de la déclaration des droits de l’Homme et du
Citoyen.
Rouget De Lisle a écrit un chant typique, patriotique et national au suprême degré.

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