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ESDEP

GROUPE DE TRAVAIL 9

CONSTRUCTION EN ELEMENTS MINCES

Leçon 9.1

Éléments et panneaux à parois minces

Fichier : L9-1
OBJECTIF

Introduction des éléments formés à froid et discussion au sujet de leur fabrication, de


leurs applications et de leur dimensionnement.

PREREQUIS
Leçon 6.2 : Critères généraux de la stabilité élastique
Leçons 6.6.1 & 6.6.2 : Flambement des éléments réels de structure
Leçon 8.1 : Introduction au comportement et au dimensionnement des plaques

LEÇONS CONNEXES
Leçon 2.4 : Nuances et qualités des aciers
Leçon 4A.3 : Pratique de la protection anticorrosion des bâtiments
Leçon 14.1.1 : Bâtiments à niveau unique : introduction et structure principale

RESUME

La leçon introduit les sections et les éléments à parois minces ; elle discute les méthodes
de fabrication et les applications de ces éléments et montre en quoi ces éléments offrent
des avantages par rapport à la construction métallique plus conventionnelle. Les
méthodes de dimensionnement généralement utilisées sont expliquées et des avis sont
donnés, basés sur des considérations pratiques.

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1. INTRODUCTION AU DIMENSIONNEMENT DES
ELEMENTS FORMES A FROID

Antérieurement, l'utilisation des éléments minces formés à froid était surtout restreinte
aux produits pour lesquels le gain de coût était de première importance, par exemple
dans les industries aéronautique, ferroviaire et mécanique. Les éléments de section
simple formés à froid (de section semblable aux profilés laminés à chaud), de même que
des panneaux profilés, ont aussi été utilisés dans la construction comme éléments non
structuraux depuis environ 100 ans.

Un travail de recherche systématique, mené sur les quatre dernières dizaines d'années,
de même qu'une technologie de fabrication améliorée, la protection contre la corrosion,
l'augmentation de la résistance des aciers et la mise à disposition de codes pour le
dimensionnement, ont conduit à un usage plus large des sections formées à froid dans la
construction. Dans beaucoup de pays, les éléments formés à froid représentent le secteur
qui se développe le plus dans le domaine de la construction métallique.

1.1 Produits types et utilisations


Les éléments formés à froid sont des éléments prismatiques constitués d'une succession
de parois planes d'épaisseur constante et de plis, prévus pour remplir une fonction
structurale d'élément d'ossature ou aussi parfois une fonction de couverture (voir les
figures 1, 2 et 3).

Une caractéristique des sections formées à froid est la présence, dans les parois
soumises à compression, de plis faisant fonction de raidisseurs (raidisseurs de bord ou
en pleine paroi plane) ; ceux-ci ont pour but de retarder ou d'éviter un voilement
prématuré des parois concernées. Ce phénomène est discuté au § 2.

1.2 Applications
Les types de produits disponibles pour une utilisation dans la construction des structures
sont :
 les éléments de type barre, utilisés comme poutres, principalement dans des
épaisseurs relativement importantes, pour des charges relativement faibles et
des petites portées ou comme poteaux et supports verticaux ou encore dans
des treillis ;
 les éléments plans, d'épaisseur relativement réduite, comme éléments
porteurs, utilisés en couverture d'un espace - par exemple comme planchers,
toitures ou murs - lorsque les charges à supporter restent raisonnables.

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Les éléments minces formés à froid sont donc principalement utilisés dans la
construction de bâtiments de faible hauteur, de portée modeste, lorsque la combinaison
de tels profils et panneaux présente le plus grand avantage. La résistance par effet
diaphragme des panneaux profilés peut aussi avoir des applications dans le champ des
structures spatiales telles que les coques en paraboloïde hyperbolique.

1.3 Avantages
L'utilisation des éléments formés à froid offre de nombreux avantages par rapport à la
construction plus traditionnelle :
 la forme de la section peut être optimisée pour utiliser au mieux le
matériau ;
 le champ d'innovation est plus large (cela a été largement démontré dans la
pratique) ;
 Les éléments d'ossature, formés à froid, combinés avec les panneaux formés
de même, offrent des solutions économiques et fiables qui assurent en même
temps une fonction de couverture et une fonction de stabilité vis-à-vis des
éléments sous-jacents. Les bâtiments construits à partir d'éléments formés à
froid et de bardage - appelés de ce fait bâtiments en construction métallique
légère - sont un exemple de la combinaison de ces deux effets (figure 4).

En conséquence, ces avantages peuvent être considérés comme conduisant à des


réduction de poids, par optimisation des produits eu égard à la fonction de résistance,
aux exigences de la construction et à la performance en termes de capacité à couvrir un
espace.

1.4 Fabrication
Les éléments formés à froid peuvent être fabriqués soit par pliage simple (figure 5), par
pliage à la presse (figure 6) ou par profilage en continu (figure 7).

Pour de petites quantités d'éléments avec des longueurs inférieures à 6 mètres


(12 mètres dans des cas exceptionnels), il est en principe avantageux d'utiliser le pliage
à la plieuse ou à la presse. L'effort requis pour assurer le pliage dépend de l'épaisseur du
matériau mis en œuvre, de la ductilité du métal et de la forme de la section, cette
dernière étant limitée par la largeur de la bande d'acier utilisée.

Ces procédés de fabrication permettent d'optimiser la forme des sections en fonction des
charges qu'elles devront supporter et selon leur utilisation.

1.5 Matériaux
Le type d'acier utilisé doit être adéquat pour le formage à froid, et, si nécessaire, pour la
galvanisation. Pour les sections formées à froid et les panneaux, il est préférable

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d'utiliser de l'acier laminé à froid et galvanisé en continu, avec une limite d’élasticité
comprise entre 280 et 350 MPa, un allongement à la rupture de 10 % au moins, mesuré
sur éprouvette de 12,5 mm de large et une base de mesure de 80 mm et un rapport
contrainte de rupture à limite d’élasticité de 1,1 au moins.

Pour des conditions habituelles d'utilisation, une protection de zinc Z 275,


correspondant à 275 gr/m², est suffisante. Pour des environnements plus agressifs une
protection améliorée, par un revêtement adéquat, peut s'avérer nécessaire. La
galvanisation au zinc appliquée en continu est généralement limitée aux bandes d'acier
d'épaisseur inférieure à 3,5 mm. Pour des épaisseurs supérieures, on peut recourir à la
galvanisation à chaud par bain et à l'application sur site de protections adéquates
(peintures, etc.).

1.6 Effets de formage à froid


Les techniques de formage à froid permettent une variété quasi infinie de la forme des
sections des éléments. Il est dès lors possible d'influencer la capacité d'un élément, en
termes de résistance, de rigidité et de mode de ruine, par exemple en introduisant - à la
fabrication - des raidisseurs intermédiaires dans la section ou par l'utilisation de rapports
adéquats largeur-épaisseur des parois de la section.

Le formage à froid de l'acier produisant inévitablement un écrouissage, la limite


d’élasticité, la résistance et la ductilité seront modifiées localement, dans une mesure
qui dépend des rayons de pliage, de l'épaisseur de la bande d'acier, du type d'acier et du
processus de formage. La limite d’élasticité moyenne de l'acier sur l'ensemble de la
section, dépend donc du nombre de plis réalisés, vis-à-vis de la largeur des parties
planes de cette section. L'effet du formage à froid est illustré à la figure 8.

La limite d’élasticité moyenne après formage peut être estimée par des formulations
mathématiques données dans les codes appropriés. Dans l'exemple de la figure 8, la
limite d’élasticité moyenne est augmentée de 5 % après formage et la limite d’élasticité
des coins est augmentée - localement donc - de 40 %.

Lors de l'opération de formage, les forces internes naissant de ce formage peuvent être
responsables de l'apparition de contraintes résiduelles qui peuvent modifier de manière
sensible la résistance de l'élément. Des effets favorables peuvent même être observés si,
par exemple, des contraintes résiduelles de traction ont été produites dans des parois
planes soumises à compression et donc sujettes au risque de voilement local.

1.7 Assemblages
Le développement de la construction métallique légère requiert la disponibilité de
techniques d'assemblage adéquates ; les éléments d'assemblage sont les boulons à écrou,
les rivets aveugles, les vis autotaraudeuses ou autoforantes et les clous posés au pistolet
(figure 9) ; le soudage par point et le collage sont aussi des techniques possibles. Pour
utiliser ces éléments d'assemblage il est nécessaire de se familiariser avec le
comportement des assemblages et d'en connaître les critères de fonctionnement, de

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résistance et de stabilité. Des investigations expérimentales et théoriques intelligentes
sont la base de l'évaluation analytique de la résistance des éléments d'assemblage sous
chargement statique ou dynamique. La figure 10 montre des champs d'application et les
modes de ruine correspondants.

De manière générale, les modes de rupture brutaux devraient être évités. Les surcharges
locales se révèlent par des déformations importantes et elles devraient être réduites par
un report vers des éléments d'assemblage voisins.

1.8 Codes
Des recherches intensives et le développement des produits, ont conduit, dans de
nombreux pays, à la parution de spécifications pour le dimensionnement des éléments
formés à froid et des structures composées de ces éléments. Les Recommandations
Européennes pour les éléments formés à froid ont été développées par la Convention
Européenne de la Construction Métallique [1,2] et forment la base de la partie 1.3 de
l'Eurocode 3, intitulée « Cold-formed thin-gauge members and sheeting » [3].

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2. CARACTERISTIQUES DE COMPORTEMENT

2.1 Généralités
Vis-à-vis des éléments traditionnels en acier, les éléments structuraux à parois minces
sont caractérisés par :
 des rapports largeur à épaisseur relativement élevés,
 des parties de leur section, non raidies ou partiellement supportées,
 des sections monosymétriques ou non symétriques,
 des imperfections géométriques du même ordre de grandeur que l'épaisseur,
voire supérieures.

En conséquence, un certain nombre de facteurs doivent être pris en compte lors du


dimensionnement de ces éléments :
 leur instabilité accompagnée de grandes déformations,
 les effets du voilement local des parois en interaction avec la stabilité
d'ensemble,
 l'instabilité latérale par flexion et torsion,
 le traînage de cisaillement et le phénomène d'enroulement,
 l'effet des contraintes résiduelles.

Sous l'application d'une charge croissante, les éléments à parois minces présentent
généralement des distributions de contraintes et d'élongation, non linéaires et variables,
souvent d'ailleurs en conjonction avec l'apparition de déformations substantielles. Il y a
aussi la possibilité de modes de ruine différents, notamment pour les sections qui
présentent des parois non raidies, c'est-à-dire appuyées le long d'un bord seulement.

L'influence de raidisseurs sur la capacité portante est illustrée à la figure 11 ; la capacité


portante d'un profilé HEB 240 y est comparée à celle de diverses formes d'éléments à
parois minces. Cet exemple montre aussi l'avantage de la fonction d'élément de
couverture, que peuvent jouer les éléments à parois minces. Un autre exemple est donné
à la figure 12 où l'on montre l'accroissement du moment résistant d'un élément par
l'ajout de raidisseurs des âmes et des semelles.

De la discussion précédente, on peut retirer que l'analyse précise du comportement des


éléments en cause est extrêmement complexe, particulièrement si des imperfections et
la plastification doivent être prises en compte. Dans la pratique, il y a un besoin
indéniable de modèles simplifiés, permettant des estimations approchées, mais
sécuritaires, des capacités portantes et du comportement de ces éléments ou des
structures réalisées au moyen de ceux-ci.

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3. VOILEMENT LOCAL ET CONCEPT DE LARGEUR
EFFICACE

Ainsi qu'il a été illustré précédemment, le voilement local prématuré des parois
comprimées des sections minces, détermine souvent le comportement et la capacité
portante des éléments. La solution théorique de ce problème, prenant en compte la
résistance post-critique, n'est pas envisageable en pratique. Le concept des largeurs
efficaces a été mis au point pour servir de solution.

Si l'on considère une plaque simplement supportée sur ses bords et soumise à
compression dans une direction (figure 13), il est clair que dans le stade post-critique,
les contraintes se concentrent le long des bords. On peut alors déterminer la capacité de
cette plaque sur base d'une distribution uniforme de contraintes, mais limitée à une
largeur réduite, appelée efficace, bef qui dépend de la contrainte critique élastique de
voilement de la plaque,  cr et de la limite d’élasticité du matériau, f y. L'expression
mathématique de cette largeur efficace, donnée par Von Karman, a été modifiée
ultérieurement par Winter pour tenir compte des imperfections (voir figure 13b).

La formule de Winter :

b ef  cr   cr 
  1  0,22
bp fy  fy 
 

implique que bef = 0,78 bp lorsque  cr  f y .

Si l'on exprime  cr et sachant que l'élancement réduit est donné par :

1,052 b p fy
p 
k t E

on aura :

1  
 1  0,22 
p   p 

qui implique   1,0 si  p  0,673 .

Si le facteur k  est connu, la largeur efficace peut être calculée ; par exemple, bef = bp
pour une plaque supportée sur ses bords soumise à compression uniforme (dans ce cas
k   4 ), si b p /t  1,33 E/f y . De même, pour une plaque appuyée sur un bord, donc
avec k   0,43 , si b p /t  0,42 E/f y . Si l'on prend fy = 320 MPa, ces éléments seront
pleinement efficaces si b p /t  34 et b p /t  11 respectivement.

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Là où c'est nécessaire, il faudra utiliser ces largeurs efficaces des parois de la section
pour calculer des valeurs efficaces des propriétés de la section, soit l'aire de la section
Aef, le module de flexion Wef, l'inertie Ief, etc. Des valeurs du coefficient k sont
données en [1].

3.1 Parois supportées sur un ou deux bords


Les parois d'une section sont en général supportées, soit le long de leurs deux bords
(âme et semelles des panneaux trapézoïdaux par exemple), soit le long d'un bord
(semelle des profils en U, en I ou en L). Les parois supportées le long des deux bords
sont beaucoup plus résistantes, particulièrement lorsqu'elles ont en même temps un
faible rapport b/t. Ceci peut aussi être obtenu par des raidisseurs de bord (lèvre, bord
plié), et/ou par des raidisseurs intermédiaires en V ou U ou encore par des raidisseurs de
bord trapézoïdaux (voir figures 1 et 2). Ces raidisseurs, situés dans des zones
comprimées, sont donc soumis à des efforts de compression et agissent comme des
poutres sur fondation élastique. Ils sont donc sujets au phénomène de flambement. Ce
comportement est à la base d'un modèle simplifié de calcul, dans lequel le raidisseur et
ses parties adjacentes sont traités comme une poutre sur fondation élastique, la rigidité
de cette fondation dépendant des conditions de bord du raidisseur.

Le mode d'instabilité et la résistance dépendent de la section efficace et de la rigidité du


raidisseur. Si le raidisseur a une rigidité adéquate il pourra être traité comme un support
rigide pour les parties planes adjacentes ; les codes donnent des critères permettant de
juger de cela. En fonction de la capacité du raidisseur, une interaction entre voilement
local et flambement peut intervenir, comme illustré à la figure 14.

3.2 Sections efficaces


Le premier travail à effectuer lorsque l'on souhaite analyser le comportement d'un
élément formé à froid et estimer sa capacité portante, c'est d'évaluer les largeurs
efficaces des parois comprimées de la section de l'élément. Ceci doit par ailleurs se faire
sur base d'une distribution adéquate des contraintes dans la section en question. Puis il
faut calculer les propriétés géométriques de la section efficace, en prenant en compte le
déplacement de l'axe neutre lié à la redéfinition de la section en parties efficaces.
Ensuite les principes sont les mêmes que dans le cas des sections à parois épaisses. En
général la résistance d'une section mince efficace est régie par l'atteinte de la limite
d’élasticité en un point de cette section, ceci basé sur une analyse élastique. Les entorses
à ce principe ne sont autorisées que dans des cas particuliers.

Dans ce qui suit, seuls des principes de base sont utilisés pour expliquer la procédure de
dimensionnement ; l'interaction entre différents effets, conduisant à un état biaxial de
contraintes, suit les mêmes principes que dans le cas des profilés laminés à chaud.

En termes généraux la résistance de calcul est basée sur la valeur f y / M , dans laquelle
 M est un facteur partiel de sécurité (usuellement égal à 1,1).

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Si l'élément n'est pas sujet à instabilité, le moment résistant de calcul sera :

R M  Wef f y /  M

dans laquelle Wef est le module de flexion de la section efficace. Dans le but d'éviter un
processus de calcul itératif, la partie efficace de l'âme de la section peut être calculée sur
base d'un rapport des contraintes  2 /1 obtenu en supposant les semelles comprimées
réduites à leur partie efficace, mais en prenant l'âme comme totalement efficace (voir
figure 15).

Si l'atteinte de la limite d’élasticité se produit en premier lieu du côté tendu de la


section, la réserve plastique de la zone tendue peut être utilisée jusqu'à ce que la zone
comprimée atteigne la limite d’élasticité. Ceci conduira le plus souvent à un calcul
itératif.

Si la même section est sollicitée par un effort axial agissant au centre de gravité, la
section efficace devra être déterminée en considérant les contraintes de compression
dans chacune des parois. Comme il est indiqué en figure 16 il est possible que le centre
de gravité de la section se déplace, provoquant l'apparition d'un moment de flexion
additionnel. Ceci implique que la section dans laquelle le centre de gravité a été
déplacé, doive être vérifiée pour la combinaison flexion et compression.

3.3 Voilement et poinçonnement de l'âme


Le voilement de l'âme peut être provoqué par des contraintes de compression ou par des
contraintes de cisaillement supérieures à la contrainte critique de voilement. Dans les
deux cas la contrainte réelle de voilement dépend de l'élancement de l'âme (sw/t). Pour
une limite d’élasticité de 320 MPa une âme est susceptible de voiler si s w /t  80 dans le
cas de la flexion pure et 60 dans le cas du cisaillement pur. Cependant, le voilement ne
signifie pas nécessairement la ruine de l'élément si un équilibre post-critique peut être
obtenu (figure 17).

Le poinçonnement de l'âme est un phénomène provoqué par l'application, dans le plan


de celle-ci, d'une charge ponctuelle importante. Il apparaît évidemment aux endroits où
des charges ponctuelles sont appliquées (figure 17) ou au niveau des appuis
intermédiaires des poutres continues. Ce phénomène est souvent plus critique que le
voilement simple, car le poinçonnement réduit la hauteur efficace d'une section et il n'y
a pas de réserve de résistance post-critique. La résistance de l'âme à ce phénomène de
poinçonnement est fonction notamment de l'excentricité de l'âme vis-à-vis de la
direction de la charge et aussi du type de charge (voir ci-dessous et figure 18).

Une première catégorie de charges concerne les supports d'extrémité des poutres, les
charges appliquées près de l'extrémité des tronçons en porte-à-faux et les charges
appliquées si près d'un support que la distance entre le support et le bord le plus proche
de la charge, mesuré parallèlement à l'axe de la poutre, est inférieure à 1,5 s w .

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Une deuxième catégorie de charges concerne les supports intermédiaires et les charges
appliquées à une distance supérieure à 1,5 s w d'un support ou de l'extrémité d'un porte-
à-faux.

Il faut encore noter que les expressions données dans les codes sont semi-empiriques.

3.4 Déversement
Les éléments fléchis qui ne sont pas soutenus latéralement présentent un risque de
déversement ; ce type de ruine est plus probable encore si la section est soumise à
torsion, notamment si les charges appliquées ne le sont pas au droit du centre de torsion
de la section.

Pour minimiser ces risques, des sections particulières en Z et en C ont été mises au point
(figures 19 et 20).

La susceptibilité des sections minces ouvertes à la torsion et à l'instabilité par


déversement, peut efficacement être annihilée par le soutien latéral apporté, par
exemple, par d'autres éléments de la construction, notamment par le bardage ou la
couverture, lorsque ceux-ci sont fixés à l'élément considéré par des vis autoforantes ou
autotaraudeuses.

Dans le cas particulier des sections en Z utilisées comme pannes de toiture, leur semelle
inférieure est normalement libre de tourner, alors que la semelle supérieure est solidaire
de la couverture. La rigidité de la couverture dans son plan empêche tout déplacement
latéral de la semelle supérieure du profil en Z. Par ailleurs, la distance entre les éléments
d'assemblage (les vis de toiture) et les bords de la paroi plane du Z en contact avec la
couverture, procure le bras de levier assurant un maintien contre la rotation de la section
du Z. Ce maintien, ce support, a une rigidité C exprimée en Nm/rad ; cette rigidité
dépend de la rigidité en flexion du panneau de toiture C m , de la rigidité propre de la
section C p et de la rigidité de l'assemblage panne-panneau C A . La dernière
composante ne peut évidemment être estimée que par des essais en laboratoire. Ensuite
la rigidité totale s'obtient au moyen de la formule :

1 1 1 1
  
C C m C p C A

La solution analytique complète du problème de la stabilité latérale d'une poutre ainsi


appuyée est trop complexe pour les applications pratiques. Le modèle de la poutre sur
fondation élastique servira cependant à apporter une solution.

3.5 Interaction entre voilement et stabilité globale


Il est évident que le voilement local des parois d'une section mince influence la
résistance à la compression d'un élément présentant ce type de section. Par l'utilisation

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du concept des largeurs efficaces, la section réduite (efficace) Aef doit être prise en
  
compte lorsque l'on calcule l'élancement du poteau,    A ef / Ag et lorsque l'on
 i ef 
détermine la résistance de calcul N d  k A ef f y /  M . Le coefficient de flambement k
est obtenu par la courbe européenne de flambement appropriée (a, b, c ou d) en fonction
de l'élancement. La classification des types de sections montre que les éléments sans
raidisseurs d'extrémité devraient être évités parce que leur résistance est relativement
faible (voir aussi leçon 9.2).

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4. CONSIDERATIONS PRATIQUES

4.1 Règles de l'art


Les éléments formés à froid étant caractérisés par des épaisseurs relativement faibles et
des rapports largeur des parois à épaisseur relativement élevés, il faudra tenir compte :
 du voilement local qui peut survenir sous charge de service,
 de considérations particulières relatives à la protection contre la corrosion,
 des risques de déformations ou dégradations lors du transport et du
montage.

Les éléments et les structures devront être dimensionnés de telle sorte que :
 les déformations sous charge de service restent dans des limites acceptables
au vu des impératifs d'utilisation,
 la préférence soit donnée aux éléments à section symétrique (symétrie
double, simple ou ponctuelle,
 l'aire efficace de la section soit aussi proche que possible de l'aire nette (on y
arrivera par l'addition de raidisseurs intermédiaires dans les parois planes
comprimées de la section),
 les assemblages soient suffisamment rigides et présentent des capacités de
rotation suffisantes,
 les phénomènes d'instabilité locale soient évités par l'adjonction de
raidisseurs adéquats,
 les phénomènes d'instabilité globale, comme le déversement ou
l'augmentation des contraintes par des effets de torsion de la section, soient
évités par l'adjonction de supports externes adéquats (par exemple par la
liaison des éléments à la couverture, au bardage ou à des contrefiches),
 les éléments « vitaux » de l'ossature soient protégés contre les impacts et les
chocs,
 la corrosion due à des mauvais détails de réalisation (par exemple ceux qui
provoqueraient l'accumulation d'eau), soit évitée.

4.2 Influence de la flexibilité des assemblages


Si des éléments à parois minces sont assemblés par des éléments d'assemblage
mécaniques (boulons, rivets, vis, etc.), la rigidité de ces assemblages est influencée par
les glissements possibles des pièces assemblées et par des phénomènes locaux de
voilement à l'avant des éléments d'assemblage. Ces derniers peuvent survenir lorsque

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des boulons sont utilisés pour transmettre des efforts très importants ; un autre problème
possible existe là où la rigidité est fortement réduite suite à des réductions importantes
de l'aire efficace de la section. La flexibilité de l'assemblage peut influencer la
distribution des efforts internes à la structure et aussi le calcul de la résistance. Ces
effets doivent être analysés avec attention, éventuellement par des essais.

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5. CONCLUSION

 Les produits formés à froid sont utilisés dans la construction, comme éléments
légers, en poteaux ou poutres ou encore comme bardage ou couverture.

 Leur forme peut être optimisée en vue de réduire leur poids et de faciliter leur
performance fonctionnelle.

 Ils sont produits par pliage, à la plieuse ou à la presse ou par profilage en continu.
Tous ces procédés peuvent conduire à des augmentations de la limite d’élasticité
du matériau.

 Le calcul des éléments formés à froid se base sur le concept des largeurs efficaces,
ceci conduisant à la définition de sections efficaces.

 Pour la vérification des poutres, les phénomènes les plus cruciaux sont le
déversement et le voilement des âmes, ce dernier pouvant survenir sous l'effet des
efforts internes ou sous l'effet de charges extérieures concentrées.

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6. BIBLIOGRAPHIE

1 European Convention for Constructional Steelwork : "European


Recommendations for the Design of Light Gauge Steel Members", Publication
49, ECCS, 1987.

2 European Convention for Constructional Steelwork : "European


Recommendations for the Design of Profiled Sheeting", Publication 40, ECCS,
1983.

3 Eurocode 3, Part 1.3 : "Cold-formed Thin-gauge Members and Sheeting" (in


preparation).

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TRADUCTION DES FIGURES

Éléments de base Éléments de type barre Éléments porteurs pour couverture

Figure 1 - Éléments formés à froid

Figure 2 - Panneaux profilés

Éléments de structure pour efforts de compression ou traction

Éléments de structure pour flexion Éléments de couverture pour actions combinées

Figure 3 - Éléments de construction formés à froid

Section A – A Vue du dessus

Figure 4 - Bâtiment industriel léger à ossature et couverture faites d'éléments formés à froid

Figure 5 - Fabrication par pliage à la plieuse

Figure 6 - Fabrication par pliage à la presse

Figure 7 - Fabrication par profilage en continu

Limite d’élasticité moyenne Limite d’élasticité du coin

Limite d’élasticité de la bande mère d'acier

Figure 8 - Effet du formage à froid sur la limite d’élasticité

Vis autotaraudeuses (Panneau sur structure acier)

Vis autotaraudeuses (Panneau sur structure bois)

Vis autoforantes (panneau sur structure acier)

Vis autoforantes (panneau sur panneau)

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Clous posés au pistolet (panneau sur structure acier)

Rivet aveugle (panneau sur panneau)

Figure 9 - Éléments d'assemblage pour éléments minces

Type de chargement Type de liaison Type d’assembleur Mode de rupture

Mince sur mince Mince sur épais Acceptable Non acceptable

Cisaillement

Rivet aveugle Vis autoforante Vis auto-taraudeuse Soudage

Clous posés au pistolet Boulon Boulon hr Colle

Traction

Rivet aveugle Vis autoforante Vis auto-taraudeuse Soudage

Clous posés au pistolet Boulon Boulon hr

Figure 10 - Éléments d'assemblage et assemblages

Modes de rupture

Figure 11 - Influence des raidisseurs sur la capacité portante des éléments formés à froid

Figure 12 - Influence des raidisseurs intermédiaires sur la résistance en flexion d'un élément
mince

Figure 13 - Distribution des contraintes

(a) dans un plaque appuyée sur ses bords

(b) approche des largeurs efficaces

Figure 14 - Interaction entre les instabilités locale et globale en fonction de la rigidité du


raidisseur

Position initiale Position finale de l'axe neutre de l'axe neutre

Figure 15 - Section efficace en flexion

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Section nette Section efficace

Figure 16 - Section efficace en compression

Enfoncement de l'âme Raidisseur d'extrémité Voilement par cisaillement

Figure 17 - Effets du cisaillement et des charges concentrées

(a) Âmes excentrées vis-à-vis de la direction du chargement

(b) Âmes centrées vis-à-vis de la direction du chargement

Figure 18 - Âmes soumises à charges concentrées - Risque de voilement local par


enfoncement

Figure 19 - Différents types de sections en C - Recherche d'une section moins sujette au


voilement local et tentatives pour rapprocher le centre de torsion

Figure 20 - Différents types de sections en Z - Recherche d'une section moins sujette au


voilement local et tentatives pour réduire l'inclinaison des axes principaux

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