Vous êtes sur la page 1sur 12

j

MASTER NOUVELLES TENDANCES DU DROIT INTERNATIONAL

MODULE : Droit des Organisations Internationales

EXPOSE SUR LE THEME

LES PRIVILEGES ET IMMUNITES DES


ORGANISATIONS INTERNATIONALES

PRÉPARÉ PAR : ENCADRE PAR LE :


PR.
BOUFOUSS
Semlali Sara

Sossi El Alaoui Soukaina

BIBLIOGRAPHIE
Ouvrages généraux
o Dominique Carreau, Droit international, Edition A. Pédons,Paris, 1997
o Jean Combacau, Serge Sur, Droit international public, Edition Montchrestien, Paris,
1993.
o Jean DUFFAR, contribution à l’étude des privilèges et immunités des organisations
internationales, LGDJ, Paris, 1982.
o Joe Verhoeven, le droit international des immunités, contestation ou consolidation,
édition Larcier, Paris, 2004
o Leila Massaoudi, Hubert Joly, Dictionnaire de la Diplomatie (français-arabe),
éditions OKAD, Rabat, novembre 2001
o Marie-Claude Smouts, Dario Battistella, Pascal Vennesson, Dictionnaire des
Relations Internationales, Approches concepts doctrines, éditions DALLOZ, Paris,
2003,page 132-144
o Mwayila TSHIYEMBE, organisations internationales, théorie générale et étude de
cas, L’Harmattan, Paris, 2012
o Ngugen Quoc DinH, Patrick Daillier, Alain Pellet, Droit international public,
Librairie générale de droit et de jurisprudence, Paris 1975
o Pierre Marie, Dupuy, Droit international public, Edition Dalloz, Paris, 1998.
o Sally El Sawah, Les immunités des Etats et des organisations internationales,
Immunités et procès équitable, éditions Larcier, Paris, 2012, chapitre 3

Documents et travaux :

o Charte des Nations Unies du 26 Juin 1945

o Convention de Vienne sur la représentation des Etats dans leurs relations avec les
organisations internationales de caractère universel du 14 mars 1975

o Convention sur les privilèges et immunités des Nations Unies, approuvée par
l’Assemblée Générale des Nations Unies du 13 février 1946

o Convention de New York du 21 novembre 1947 sur les privilèges et immunités des
institutions spécialisées.

o Accord entre le Gouvernement de la République française et l’Organisation des


Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture relatif au Siège de l’UNESCO
et à ses privilèges et immunités sur le territoire français Signé à Paris le 2 juillet 1954.

o CIJ, Affaire Bernadotte, Avis, ONU/c Etat d’Israël, 11 Avril 1949

SOMMAIRE

2
INTRODUCTION

I) CONSIDÉRATIONSGÉNÉRALES SUR LES PRIVILÈGES ET IMMUNITÉS DES


ORGANISATIONS INTERNATIONALES

A- Les privilèges et immunités liés à l’organisation elle-même

B- Les privilèges et immunités se rapportant au personnel de


l’organisation

II) LES LIMITES AU PRINCIPE DES PRIVILEGES ET IMMUNITES DES ORGANISATIONS


INTERNATIONALES

A- Les exceptions à l’usage des privilèges et immunités de l’organisation


internationale

B- La levée des privilèges et immunités de l’organisation internationale

CONCLUSION

3
Selon la Commission du Droit International, (1956), une organisation internationale
peut être définie comme une « association d’Etats, constituée par traité, dotée d’une
constitution, d’organes communs et possédant une personnalité juridique distincte de celle des
Etats membres. » Il ressort de cette définition, les caractéristiques fondamentales d’une
organisation intergouvernementale, au sens de l’article premier de la Convention de Vienne
sur la représentation des Etats dans leurs relations avec les organisations internationales de
caractère universel de 1975. Par ailleurs, une organisation internationale est considérée
comme étant un sujet de droit international et est soumise aux règles du droit international
public. Elle se distingue d’une organisation non gouvernementale (ONG) qui, comme son
nom l’indique, …. Est soumise au droit privé. Le rôle des organisations internationales s’est
accru depuis la fin de la seconde guerre mondiale avec la multiplication des échanges liés à la
mondialisation. Elles apportent, par exemple, un cadre juridique à certaines activités au plan
mondial ou sur certaines zones géographiques. Elles constituent un cadre institutionnel par
excellence au sein duquel les Etats mènent des réflexions sur divers domaines, sujets, défis ou
problèmes mondiaux et ce, en favorisant la coopération et les relations amicales entre eux. La
section première de la convention de New York sur les privilèges et immunités des Nations
Unies de 1946 dispose que l’ONU comme toute autre organisation internationale d’ailleurs
possède une personnalité juridique, ce qui engage sa responsabilité vis-à-vis de ses
fonctionnaires et de l’Etat de siège. Cette personnalité juridique lui est reconnu dans un
célèbre avis de la Cour internationale de Justice du 11 avril 1949, sur la réparation des
dommages subis au service des Nations Unies dans l’affaire Bernadotte. De plus, en tant que
sujet de droit international, une organisation internationale jouit de droits mais aussi
d’obligations.

De ce fait, il est à noter que bien avant 1945, il n’existait pas de règlementation
multilatérale relative aux privilèges et immunités des organisations internationales. Les rares
textes existants concernaient uniquement le personnel des certaines organisations
internationales. Même le Pacte de la SDN (Société des Nations), dans son article 7, ne visait
que les agents de la SDN. Quant à la situation de celle-ci, en tant qu’entité, elle ne fut réglée
que par un arrangement spécial, conclu entre la SDN et un seul Etat membre qui était en
même temps le pays de siège, la Suisse. Par conséquent, rompant avec ce silence, la Charte de
l’ONU, a expressément décidé que « l’Organisation jouit, sur le territoire de chacun de ses
membres, des privilèges et immunités qui lui sont nécessaires pour atteindre ses buts (article
105, alinéa 1 Charte ONU) sans faire aucune distinction entre l’Etat de siège et les autres ».
Depuis, des principes semblables ont été introduits dans les statuts de toutes les organisations
internationales créées postérieurement, qu’elles soient régionales ou sous-régionales. On
regroupe sous l'appellation de privilèges et immunités un ensemble de dispositions concernant
les organisations internationales elles-mêmes, leurs personnels et les représentations des Etats
auprès de ces organisations. Aussi, les agents des organisations internationales sont des
fonctionnaires internationaux. Ils exercent une fonction publique non pas au service d’un Etat,
mais de l’ensemble des Etats membres de l’organisation.

Le régime des privilèges et immunités des organisations internationales a pour but de


permettre à l’action de l’organisation et de ses fonctionnaires de s’exercer en toute
indépendancevis-à-vis des Etats membres, comme l’Etat du siège. Ce régime est bien
4
singulier car il constitue une limitation de la compétence territoriale des Etats dans
lesquelsagit une organisation. En plus de la convention de Vienne de 1975, ce sont
pratiquement les mêmes bases juridiques que celles concernant les privilèges et immunités
des fonctionnaires internationaux, c’est-à-dire les accords annexes à la convention de base,
conventions distinctes, accords de siège. Par définition, un accord de siège est un type de
traité qu’une organisation internationale conclut avec un Etat qui l’accueille sur son territoire.
Il a notamment pour but de garantir l’indépendance de l’organisation et de ses agents, ce qui
conduit l’Etat hôte concéder des privilèges, tels que des immunités pour les agents de
l’organisation, ou un statut d’extraterritorialité pour ses locaux. A titre d’exemple, l’accord
entre le gouvernement de la République française et l’organisation des Nations Unies pour
l’éducation, la science et la culture, relatif au siège de l’organisation et à ses privilèges et
immunités sur le territoire français du 2 Juillet 1954 vise dans son préambule, à construire à
Paris le siège permanent de l’organisation. Les organisations internationales jouissent des
privilèges et immunités motu propio, parce qu'ils leur sont accordéséventuellement par la
coutume, en leur qualité de personnes juridiques internationales, comme sujets de droit
international. Cependant, le fondement de l’indépendance n’est pas de nature à justifier le
caractère absolu des immunités organisationnelles, car plusieurs auteurs s’accordent pour
restreindre le champ d’application des immunités organisationnelles et à rejeter la théorie de
l’immunité absolue des organisations internationales.
Dans quelle mesure l’étendue des privilèges et immunités des organisations
internationales peuvent les préserver des abus de la part des Etats membres ? Quels sont les
remparts aux dépassements des privilèges et immunités des organisations internationales ?

Pour répondre à ces questions, il convient de traiter des considérations générales sur
lesprivilèges et immunités des organisations internationales (I) ensuite, il s’agira de montrer
les limites au principe des privilèges et immunités des organisations internationales (II).

I) CONSIDÉRATIONSGÉNÉRALESSUR LES PRIVILÈGES ET IMMUNITÉS DES


ORGANISATIONS INTERNATIONALES

5
La notion de privilèges et immunités est pratiquement inhérente aux organisations
internationales, dans la mesure où elle vise à sauvegarder l'indépendance et le bon
fonctionnement de ces dernières. Pour cela, il convient avant tout de présenter les privilèges et
immunités de l’organisation elle-même en tant qu’entité et ensuite de présenter ceux relatifs
aux agents de l’organisation (ceci s’entend par les fonctionnaires de l’organisation et les
représentants des Etats membres auprès de l’organisation).

A. Les privilèges et immunités liés àl’organisation elle-même :

Les organisations internationales bénéficient de certains privilèges et immunités, qui se


trouvent déterminés par voie conventionnelle. C’est dans cet ordre d’idées que les chartes
constitutives des organisations internationales posent le principe de leur existence.

A titre d’exemple on peut citer l’article 105 alinéa.1 de la charte de l’ONU qui dispose
que : « l’organisation jouit sur le territoire de chacun de ses membres des privilèges et
immunités qui lui sont nécessaires pour atteindre ses buts ». Cette disposition trouve son
équivalent dans les conventions et traités constitutifs des institutions spécialisées, notamment
la Convention de New York du 21 novembre 1947sur les privilèges et immunités des
institutions spécialisées.

Les principaux privilèges dont bénéficient les organisations internationales sont :

- L’inviolabilité des locaux et archives de l’organisation :

Tous les locaux affectés à l’organisation sont présumés affectés à sa vie privée et
bénéficient en conséquence d’une protection uniforme. (Terrain nus, immeubles bâtis,
garages). Ces locaux et bâtiments protègent une vie privée localisée et implantée. Quant aux
archives en quelque lieu qu’ils se trouvent sont également protégés aux termes se la section 4
de la Convention sur les privilèges et immunités des Nations Unies : «  Les archives de
l’organisation et d’une manière générale tous les documents lui appartenant ou détenus
par elle est inviolables ou qu’ils se trouvent ».

- L’immunité de juridiction :

Cette immunité permet aux organisations d’échapper aux poursuites judiciaires devant les
tribunaux nationaux de l’État du siège. Il ya là une garantie fondamentale de l’indépendance
de ces institutions.

- L’immunité d’exécution : concerne les biens et avoirs des organisations qui ne


peuvent être saisis par des créanciers privés même à la suite de litige nés a propos de
leurs activités commerciales.

- L’immunité financière et fiscale :

Les organisations internationales se voient également reconnaître des privilèges


financiers et fiscaux. Il leurs est généralement accordé la liberté de détention de fonds et de

6
transfert de toutes devises étrangers et les États hôtes renoncent à percevoir sur elle tous les
impôts directs voire indirects lorsque cela est possible.

- Exemption douanière : l’organisation est exonérée de tous droits de douanes et


prohibitions et restrictions d’importation ou d’exportation à l’égard d’objets importés ou
exportés par l’organisation pour son usage officiel.
- L’organisation bénéficie des facilités de communications :

L’organisation bénéficie sur le territoire de chaque membre d’un traitement favorable pour
ses communications officielles. Toutes ses communications officielles ne pourront être
censurées.

B- Les privilèges et immunités se rapportant au personnel de l’organisation.

Les agents de l’organisation sont les agents exerçant, de façon exclusive et continue, une
fonction publique au service d’une organisation internationale. Ils sont soumis que un régime
juridique d’origine internationale. Leurs statut et immunités sont directement inspirés de ceux
dont jouissent les agents diplomatiques et consulaires. Il ya lieu de distinguer ici les
représentants des Etats membres des organisations internationales et les fonctionnaires de
l’organisation.

a) Les Représentants des Etats membres de l’organisation internationale

Par représentant des Etats membres auprès de l’organisation, on entend selon la


section 16 de la convention sur les privilèges et immunités des Nations Unies, les délégués
adjoints, les conseillers, les experts techniques et secrétaires de délégation. Leur statut est
encadré par la Convention de Vienne sur la représentation des Etats dans leurs relations avec
les organisations internationales de caractère universel du 14 mars 1975. Ils jouissent durant
l’exercice de leurs fonctions et au cours des voyages à destination ou en provenance du lieu
de la réunion, des privilèges et immunités suivants :

L’inviolabilité de leur personne : les autorités locales se doivent de protéger leur personne et
d’assurer le respect de leur intégrité.
L’immunité de juridiction et d’exécution : les tribunaux locaux du moins à raison des actes
accomplis dans l’exercice de leurs fonctions par les représentants des membres de
l’organisation ne sauraient les saisir.L’article 30 de la Convention consacre l’immunité de
juridiction pénale, civile et administrative dont jouissent ces membres.

L’immunité d’arrestation personnelleou de détention et de saisie de leurs bagages


personnels et, en ce qui concerne les actes accomplis par eux en leur qualité de représentants
(y compris leurs paroles et écrits). Cette immunité continue à leur être accordée même après
qu’ils aient cessé d’être les représentants des Membres.

7
L’immunité fiscale les dispensant de payer l’impôt sur leur salaire, dont ils n’ont pas à
déclarer le montant à l’administration locale.

Facilites en matière financière par rapport à la détention de devises étrangères

L’inviolabilité de tous papiers et documents et du droit de faire usage de codes et de


recevoir des documents ou de correspondance par courrier ou par valises scellées.

Exemption pour eux-mêmes et pour leurs conjoints à l’égard de toutes mesures restrictives
relatives à l’immigration, de toutes formalités d’enregistrement des étrangers.

b) Les fonctionnaires de l’organisation internationale

Ceux-ci sont des agents locaux, travaillant au sein de l’organisation comme son personnel.
Ils bénéficient de :

L’immunité de juridiction pour les actes accomplis dans le cadre de leurs fonctions, y
compris leurs paroles et écrits.

L’exonération d’impôts sur les traitements et émoluments versés par l’organisation. Aussi,
ils sont exemptés de toute obligation relative au service national ;

Ils ne sont pas soumis, de même que leurs conjoints et les membres de leurs familles vivant à
leurs charges, aux dispositions limitant l'immigration et aux formalités d'enregistrement des
étrangers ;

Ils jouissent également du droit d'importer en franchise leurs mobiliers et leurs effets à
l'occasion de leur prise de fonction dans le pays intéressé.

II) LES LIMITES AU PRINCIPE DES PRIVILÈGES ET IMMUNITÉS DES ORGANISATIONS


INTERNATIONALES

Par limites, on entend les exceptions qui son liées à la jouissance par l’organisation
internationale, ou par ses agents (fonctionnaires et représentants des Etats), de droits,
privilèges, facilités ou immunités qui leur sont reconnus par les divers textes régissant les
privilèges et immunités des organisations internationales, étant entendu que ceux-ci ne leur
sont pas accordés de façon absolue. Aussi, ces exceptions concernent généralement
l’immunité de juridiction. Il est nécessaire d’analyser les exceptions à l’usage des privilèges et

8
immunités de l’organisation internationale (A) et ensuite, d’examiner les cas de levée des
immunités de l’organisation (B).

A- Les exceptions à l’usage des privilèges et immunités de l’organisation


internationale

Elles sont prévues statutairement dans les textes de base :


 Les agents locaux (les agents ressortissants de l’Etat de siège) des organisations
internationales sont soumis au droit national et les litiges auxquels leurs contrats peuvent
donner lieu relèvent de la compétence de la juridiction nationale. Ainsi, ils ne peuvent
opposer leurs privilèges et immunités aux tribunaux locaux et ne peuvent s’en prévaloir
lorsqu’ils commettent des actes qui n’entrent pas dans le cadre de l’exercice de leurs
fonctions.
 Les organisations à caractère financière, en vue d’inspirer la confiance de leurs prêteurs,
puisqu’elles mêmes se livrent à des actions d’emprunts, leurs contrats sont soumis au juge du
pays dans lequel l’emprunt a été placé. Il s’agit des décisions prises par la BIRD, la SFI,
l’AID : « la banque ne peut être poursuivie que devant un tribunal ayant juridiction sur les
territoires d’un Etat membre où la Banque possède une succursale, où elle a nommé un agent
en vue d’accepter des sommations ou avis de somations, ou bien où elle a émis ou garanti des
valeurs mobilières. Aucune poursuite ne pourra être intentée par des Etats membres ou par des
personnes représentants ces dits Etats membres ou tenant d’eux des droits de réclamation »
 La troisième exception est plus franchement favorable aux tiers que les deux précédentes,
dont les finalités sont plus ambigües. Elle œuvre en faveur de la protection des victimes
d’accidents de la circulation. Cette exception au principe de l’immunité met fin à une situation
assez choquante qui, théoriquement plaçait les organisations internationales à l’abri de toute
indemnisation. L’ONU, qui, en principe ne renonce pas à son immunité de juridictiona
admisen 1949 cette possibilité pour les dommages causés par les véhicules de
l’Organisation.Exception à l’immunité des organisations internationales en matière de
responsabilité extracontractuelle : tels en cas d’accidents de circulation ou de dommages subis
par les tiersdu fait des activités de l’organisation, certains traités envisagent la compétence des
tribunaux locaux, faisant ainsi exception à l’immunité de juridiction de l’organisation. A titre
d’exemple, l’article 5 de l’Agence spatiale européenne dispose que, « dans le cadre de ses
activités, l’organisation bénéficie de l’immunité de juridiction et d’exécution sauf en cas
d’action civile intentée par un tiers pour les dommages résultant d’un accident causé par un
véhicule automobile appartenant à l’organisation ou circulant pour son compte ou en cas
d’infraction à la réglementation de la circulation automobile intéressant le véhicule précité »

L’exception à l’immunité de juridiction prévue en matière de responsabilité


extracontractuelle vise à permettre à la victime d’agir contre l’assureur sans que celui-ci
puisse invoquer l’immunité de juridiction de l’organisation internationale. Elle permet
également d’éviter les hostilités à l’encontre des organisations internationales dont l’immunité
les mettrait à l’abri de toute obligation effective d’indemnisation. Ainsi, maintenir
l’incompétence du juge national condamnerait les victimes à des recours aléatoires devant

9
l’organisation. Au surplus, cette situation parfois exploitée, exposait l’organisation à
l’impopularité.

B- La levée des privilèges et immunités de l’organisation internationale

La levée dépend en fonction des cas de la décision de l’organisation ou de l’Etat


membre représenté. Elle est une exception qui peut également être aussi fonction des
circonstances, des opportunités et de l’intérêt de l’Organisation internationale. Elle se
manifeste soit par une renonciation par les organisations internationales de leurs immunités,
soit par la levée de l’immunité de juridiction de leur fonctionnaire ou alors par la levée de
l’immunité du représentant de l’Etat par l’Etat membre.
- Renonciation à l’immunité par l’organisation internationale :
L'organisation n'a pas seulement le droit mais elle a aussi le devoir de lever l'immunité de
juridiction dès lors que la levée n'affecte pas ses intérêts et que les besoins de la justice
requièrent cette levée.
On peut penser que puisque l’immunité lui est accordée en vue de mener à bien sa
mission, l’organisation par sa manifestation de renoncer à l’immunité peut sembler vouloir se
dérober à sa mission. En droit administratif, le service public est un organe qui est sensé
exercer permanemment et continuellement ses fonctions, et toute interruption dans cette voie
constitue un acte contraire à l’ordre public. Par contre, les fonctions des organisations
internationales ne sont pas très rigoureusement définies. Ainsi, la renonciation à l’immunité
de juridiction est organisée par des textes mais elle est soumise à un formalisme strict.
Par ailleurs, les organisations internationales acceptent de renoncer à leurs propres
immunités en matière de responsabilité civile à l’égard des tiers dans les domaines où elles
souscrivent des polices d’assurance. Dans son avis en réponse au questionnaire de l’Institut du
droit international sur le droit applicable et la procédure de règlement des différends pour les
contrats conclus par l’ONU, ou ses institutions spécialisées avec des personnes privées, le
service juridique du Secrétariat général de l’ONU avant expliqué la renonciation par le fait
que l’Organisation conclut des polices d’assurance et qu’il n’est pas réellement possible de
contracter une assurance sans reconnaître à l’assureur le droit de contester toute action qui
pourrait être intentée contre l’Organisation ». Les organisations internationales renoncent à
leur immunité de juridiction dans des cas très particuliers, aux fins de procédures ou de
contrats. Mais dans la pratique, on constate la rareté et le caractère exceptionnel du recours
des organisations internationales à ce privilège.

Même s’il est rare que les OI renoncent à leurs privilèges et immunités, il n’en est pas de
même pour la levée de l’immunité de juridiction de leurs agents.

- Levée de l’immunité de juridiction des fonctionnaires de l’organisation :


Il s’agit ici d’analyser deux idées principales à savoir : l’infraction pénale et la
responsabilité civile des agents. La section 20 de la Convention sur les privilèges et
immunités des nations unies, dispose que « les privilèges et immunités sont accordés aux
fonctionnaires uniquement dans l'intérêt des Nations Unies et non à leur avantage personnel.
Le Secrétaire général pourra et devra lever l'immunité accordée à un fonctionnaire dans tous
10
les cas où, à son avis, cette immunité empêcherait que justice soit faite et pourra être levée
sans porter préjudice aux intérêts de l'Organisation. A l'égard du Secrétaire général, le Conseil
de sécurité a qualité pour prononcer la levée des immunités. »
L’organisation s’empresse à lever l’immunité de juridiction lorsqu’il s’agit d’une question
relative à la mise en cause de la responsabilité civile de son agent. Mais en matière pénale,
elle se montre très prudente ou réservée.
Lorsqu’un agent commet une infraction dans le cadre de l’exercice de ses fonctions,
nombreuses sont ces organisations internationales qui ne lèvent pas l’immunité de celui-ci.
Par contre, lorsque l’infraction commise sort du cadre de l’exercice de ses fonctions au sein
de l’organisation, la levée de l’immunité est évidente. Car, une infraction commise hors de
l’exercice des fonctions ne peut être couverte par une immunité qui est octroyée dans le seul
dessein de l’accomplissement des taches de l’organisation. Lorsqu’une infraction est commise
au sein de l’organisation même, sauf infraction majeure, l’organisation se montre réticente à
lever l’immunité de juridiction car cela risquerait d’entraver son fonctionnement interne. A
titre d’exemple, dans l’affaire Ranollo en 1969, les tribunaux américains ont jugé que l’excès
de vitesse par le chauffeur du Secrétaire général de l’ONU pendant qu’il le conduisait à New
York n’était pas accompli dans l’exercice de ses fonctions, même si le Secrétaire de l’ONU et
le Département d’Etat étaient favorables à l’octroi de l’immunité de juridiction. Finalement,
l’ONU leva l’immunité même si elle semble toujours ne pas accepter la décision Ranollo.

- La levée de l’immunité de juridiction des représentants par l’Etat membre :

Enfin les Etats membres d’une organisation internationale se voient accordés la possibilité
de lever l’immunité de leurs représentants comme le dispose la section 14 de la convention
sur les privilèges et immunités des nations unies dispose que les privilèges et immunités sont
accordés aux représentants des Membres non à leur avantage personnel, mais dans le but
d'assurer en toute indépendance l'exercice de leurs fonctions en rapport avec l'Organisation.
Par conséquent, un Membre a non seulement le droit, mais le devoir de lever l'immunité de
son représentant dans tous les cas où, à son avis, l'immunité empêcherait que justice soit faite
et où elle peut être levée sans nuire au but pour lequel l'immunité est accordée. Autrement dit,
les actes commis par le fonctionnaire international en dehors de l’exercice de ses fonctions ne
sont pas couverts par l’immunité. Par ailleurs, un fonctionnaire international pourra toujours
répondre des actes commis en sa qualité officielle si son immunité était levée. On le voit : les
fonctionnaires internationaux bénéficient d’une immunité réduite, relative et limitée.

Appliqué à l’affaire DSK (Dominique Strauss Kahn), on se rend vite compte que les
différents chefs qui lui sont reprochés  ne peuvent se rattacher à la fonction d’un Directeur
Général du FMI : Acte sexuel criminel au premier degré, tentative de viol au premier degré,
agression sexuelle au premier degré, attouchements sexuels non consentis, agression sexuelle
au troisième degré. Le traitement qui lui a été réservé par la justice de l’Etat de New York est
donc compatible avec le droit international.

11
A tout ce ci pourrait s’ajouter l’abus des agents internationaux des fonctions qui leur sont
dévolues par l’organisation. Lorsqu’ils outrepassent leurs fonctions à travers la manifestation
d’un excès de pouvoir, ils peuvent cependant être relevés de leurs immunités.

Somme toute, il convient de rappeler que les privilèges et immunités dont jouissent les
organisations internationales et leurs agents sont donc la condition sine qua non qui leur
permet de rester indépendants et de mener à bien leurs fonctions. Ces privilèges doivent leur
être garantis et respectés par tous les Etats membres de l’organisation ou même par les Etats
observateurs, dans la mesure où un motif politique, ou économique ne doit être invoqué pour
astreindre ou les limiter. Ainsi, les agents de l’organisation, malgré les privilèges et
immunités dont ils bénéficient, sont dans l’obligation de respecter les lois et règlements des
Etats hôtes (ou Etats de siège). Ils ne doivent pas s’immiscer dans leurs affaires internes. Tout
compte fait, ces privilèges et immunités, ne leur étant pas accordés de façon absolu, ils
prennent fin en cas de cessation de fonction d’un membre du personnel de l’organisation
internationale. Mais la fin des privilèges et immunités est relative, et dépend du grade ou de la
position du membre. Pour les experts en mission au sein de l’organisation internationale par
exemple, ils ne jouissent de leurs privilèges et immunités que pendant la durée de leur
mission, y compris le temps du voyage. Il en est de même pour les représentants des Etats
membres, car il faudrait éviter que les immunités et privilèges couvrent même leurs séjours
non autorisés, ou n’entrant pas dans le cadre de leur exercice de fonction.

12

Vous aimerez peut-être aussi