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I. CSU/AMU/CMU
A. DEFINITIONS ET PRESENTATION DES TERMES
1. CSU
2. CMU
3. AMU
B. TABLEAU COMPARATIF
1. CSU
Cette définition contient trois objectifs de la couverture universelle, liés entre eux:
2. CMU
3. AMU
B. TABLEAU COMPARATIF
Le but de la couverture universelle en matière de santé est de faire en sorte que tous les
individus aient accès aux services de santé dont ils ont besoin sans que cela n’entraîne pour
les usagers de difficultés financières. Pour qu’une communauté ou un pays y parvienne,
plusieurs facteurs doivent être réunis, à savoir:
Un système de santé solide, efficace et bien géré qui réponde aux besoins de santé
prioritaires au moyen de soins intégrés centrés sur les personnes :
o en informant les gens et en les encourageant à rester en bonne santé et à
prévenir les maladies;
o en dépistant tôt les problèmes de santé;
o en ayant les moyens de traiter les maladies;
o en aidant les patients ayant besoin d’une réadaptation.
Des soins à un coût abordable – un système de financement des services de santé qui
évite aux usagers de rencontrer des difficultés financières lorsqu’ils y font appel.
L’accès aux médicaments et aux technologies essentiels pour diagnostiquer et traiter
les problèmes médicaux.
Des effectifs suffisants de personnels de santé bien formés et motivés pour dispenser
les services et répondre aux besoins des patients en se fondant sur les meilleures
données factuelles disponibles.
La mutualisation des risques répartit les coûts de santé entre les ménages ayant des
profils de santé différents pour prévenir les dépenses catastrophiques liées à des événements
imprévus ou à des maladies chroniques et permet des subventions croisées des populations
riches aux pauvres. Les principales approches de la mutualisation des risques utilisées par les
pays qui procèdent à des réformes de l'assurance-maladie sont l'approche progressive, qui
commence avec différents bassins pour différentes populations cibles et les développe ou les
combine au fil du temps ; et l'approche du pool unique, dans laquelle un pool de risques est
conçu pour couvrir toutes les populations – riches et pauvres, formelles et informelles.
A. ENJEUX DE LA CSU
1. ENJEUX EN SANTE
Des progrès dans le domaine de la santé ont été constatés dans certains pays d’Afrique
subsaharienne qui ont mis en œuvre des réformes favorables à la couverture sanitaire
universelle. Bien que divers facteurs puissent expliquer ces progrès, la coïncidence entre ces
résultats et les réformes sanitaires offre des raisons d’être optimistes. Par exemple, au Niger,
la mortalité du nourrisson a été réduite de 5,1 %, passant de 226 à 128 décès pour 1 000
naissances vivantes entre 2000 et 2009 (soit une réduction moyenne annuelle de 5,1 %)
pendant les années au cours desquelles le Gouvernement a introduit des politiques favorisant
l’accès universel et la fourniture de soins de santé gratuits aux femmes enceintes et aux
enfants ainsi que des programmes de nutrition décentralisés.
2. ENJEUX ECONOMIQUES
Les modalités de paiement des services de santé constituent un aspect essentiel de
l’efficacité des systèmes de santé, mais elles ont également de profondes implications pour
l’économie au sens large. L’une des formes de paiement les plus fréquentes en matière de
santé est le paiement direct des médicaments et des services au moment où l’on en a besoin,
et les pays les plus pauvres sont ceux qui ont le plus recours à ce type de financement. Selon
les estimations, 150 millions de personnes, chaque année, sont dans une situation financière
catastrophique du fait des dépenses médicales, tandis que 100 millions de personnes
basculent sous le seuil de pauvreté simplement parce qu’elles doivent utiliser les services de
santé et payer directement pour ceux-ci. Une étude récente a montré que dans l’État indien du
Gujurat, 88 % des foyers ayant basculé sous le seuil de pauvreté attribuaient cette situation
catastrophique aux coûts des soins de santé. Toutefois, le problème n’est aucunement limité
aux pays en développement, comme l’atteste la situation aux États-Unis d’Amérique où, selon
les estimations, plus de la moitié des faillites personnelles sont dues aux dépenses médicales,
une situation qui devrait heureusement changer avec la mise en œuvre de la loi sur les soins
accessibles à tous (Affordable Care Act).
Au niveau individuel ou des ménages, les personnes peuvent être protégées des dépenses de
santé directes trop élevées grâce à l’extension de la mise en commun de fonds prépayés qui
permettent de réduire ou d’éliminer le risque financier associé à des dépenses de santé
soudaines et imprévues. Les familles qui bénéficient de ce type de protection sont non
seulement en meilleure santé d’un point de vue financier, mais elles ont aussi moins besoin
d’économiser en prévision d’éventuels problèmes de santé, ce qui leur permet généralement
de consacrer plus d’argent à d’autres dépenses et a pour effet de dynamiser, moyennant
l’apport de liquidités, l’économie au sens large. Dans certains pays, les préoccupations liées
aux factures médicales sont la principale cause du taux d’épargne excessif, notamment en
Chine où elles ont eu un impact négatif sur la consommation intérieure, voire sur l’économie
mondiale.
Exemple de la THAILANDE :
Un rapport d’examen indépendant mené sur les 10 premières années d’existence du Régime
de Couverture Universelle (RCU) de la Thaïlande montre que la proportion des dépenses de
santé directes a considérablement diminué et, parallèlement, le nombre des foyers souffrant
d’une situation financière catastrophique ou d’un appauvrissement du fait des dépenses de
santé a chuté. Entre 1996 et 2008, l’incidence des dépenses de santé catastrophiques parmi le
quintile des ménages les plus pauvres bénéficiant du RCU est passée de 6,8 % à 2,8 %.
L’incidence des ménages non défavorisés basculant sous le seuil de pauvreté du fait des coûts
médicaux est passé de 2,71 % en 2000 à 0,49 %. Selon les calculs effectués lors de l’examen,
l’ensemble des avantages fournis par le RCU et le niveau réduit des dépenses directes ont
permis de protéger un total cumulé de 292 000 ménages d’un appauvrissement lié aux
dépenses de santé entre 2004 et 2009 (Thailand’s Universal Coverage Scheme:
Achievements and Challenges. An independent assessment of the first 10 years (2001-
2010). Op. Cit.)
Un certain nombre de pays ont constaté les avantages économiques tangibles résultant pour
les ménages de l’introduction de systèmes de couverture sanitaire et de la réduction des
dépenses directes qui leur incombaient. La Thaïlande est un exemple de choix puisqu’elle a
financé son système en combinant les ressources issues des recettes fiscales générales, des
contributions à l’assurance-maladie et des primes d’assurance privée, et un niveau
relativement faible de paiements directs, estimé à environ 18 % des dépenses totales de santé.
Un autre pays qui a enregistré des niveaux plus élevés de protection contre le risque financier
dû aux dépenses de santé suite aux réformes nationales orientées vers la couverture sanitaire
universelle est le Mexique.
3. ENJEUX POLITIQUES
Il est de plus en plus largement reconnu que les réformes visant à promouvoir les progrès vers
la couverture sanitaire universelle peuvent aussi entraîner des bénéfices politiques. Si elles
sont financées de manière durable et mises en œuvre correctement, de telles réformes peuvent
devenir un argument électoral. En conséquence, il est sans doute peu surprenant que de
nombreuses initiatives majeures en matière de couverture sanitaire universelle aient été
lancées par des responsables politiques lors de campagnes électorales ou immédiatement
après une transition politique. Le tableau ci-après donne un certain nombre d’exemples de
réformes en faveur de la couverture sanitaire qui ont été dans une large mesure motivées par
le calendrier politique (tableau 1).
Tableau I (plaidoyer pour la couverture sanitaire universelle, 2013)
Il convient de noter que bon nombre des responsables politiques qui ont lancé ces initiatives
en ont tiré des avantages politiques substantiels lors des élections qui ont suivi. De ce fait,
certains pionniers politiques de la couverture sanitaire universelle sont devenus des héros au
niveau national. Ainsi, en 2004, le public canadien a voté, lors d’un suffrage national, pour
élire “le plus grand des Canadiens” (http://www.cbc.ca/archives/categories/arts-
entertainment/media/media-general/and-the-greatest-canadian-of-alltime-is.html). Il a
choisi l’architecte des réformes de la couverture sanitaire universelle, tommy douglas, qui
s’est battu pour la mise en place de la couverture sanitaire universelle dans la province du
Saskatchewan où elle a été un réel succès, avant d’être adoptée en tant que politique nationale.
toutefois, il est aussi important de noter qu’engager des réformes pour parvenir à la
couverture sanitaire universelle doit faire l’objet d’une planification préalable très
approfondie, notamment au regard de la viabilité finale du processus compte tenu de
l’augmentation inévitable de la demande de soins. Faire des promesses qui ne pourront être
tenues est pire que de ne faire aucune promesse.
B. DEFIS DE LA CSU
1. Adopter la CSU
Entre 1995 et 2014, les dépenses totales de santé (DTS) par habitant ont augmenté,
passant en moyenne de 113 USD à 306 USD. Le total des dépenses de santé en Afrique est
comparable aujourd'hui à celui des pays à faible revenu à travers le monde. Cependant, les
moyennes régionales cachent une importante hétérogénéité à travers le continent et le degré
d'inégalité dans le total des dépenses de santé entre les pays a augmenté au fil du temps. En
moyenne, les DTS ont augmenté plus rapidement que le PIB, de 5 % par an au cours des deux
dernières décennies, à comparer à une croissance de 2 % du PIB. En conséquence, la part des
DTS dans le PIB est passée de 5 % en 1995 à 6 % en 2014.
Les cercles vides (pleins) représentent la part moyenne des DTS par habitant en 1995
(2014) du pays
La ligne bleue pointillée représente la moyenne de l'échantillon des DTS par habitant
en 1995 (113,5 USD)
La ligne bleue continue représente la moyenne de l'échantillon des DTS par habitant
en 2014 (306,1 USD)
2. Concerver le niveau
Les dépenses publiques pour la santé ont progressé lentement et se situent loin des
objectifs ambitieux de la Déclaration d'Abuja.
En 2014, les recettes publiques en pourcentage du PIB variaient en Afrique de 0,9 % pour le
Nigeria à 8,1 % pour le Lesotho. Le niveau relativement faible des recettes publiques dans de
nombreux pays se traduit par un faible niveau des dépenses publiques de santé. Dans la
Déclaration d'Abuja de 2001, la plupart des pays de la région s'étaient engagés à augmenter
les dépenses publiques de santé jusqu'à au moins 15 % du budget du pays. Malgré cela, la part
des dépenses publiques consacrée à la santé a diminué dans la moitié des pays africains entre
2002 et 2014. Seuls quatre pays ont dépassé en 2014 les objectifs d'Abuja, même si certaines
aides au développement de la santé (ADS) étaient comptabilisées dans l'estimation des
dépenses publiques. Aucun des cinq pays ayant atteint en 2002 l'objectif de 15 % n'a été en
mesure de maintenir le niveau ciblé des dépenses nationales de santé.
La densité du personnel de santé est un bon indicateur de la capacité d'un pays à procurer à sa
population des services de santé. La pénurie en personnel de santé qualifié a été un important
frein à l'atteinte de la CSU à travers le continent et celle-ci est particulièrement grave en
Afrique subsaharienne. L’Afrique subsaharienne enregistre 24 % de la charge des maladies à
travers le monde mais seulement 3 % de l'effectif mondial des personnels de santé (OMS,
2006). La pénurie en médecins, infirmières et sages-femmes dans les pays AFRO de l'OMS
est estimée à environ 2,7 millions de travailleurs en 2013, bien en dessous du seuil de l'indice
ODD (4,45 médecins, infirmières et sages-femmes pour 1 000 habitants). Le déficit est estimé
à 4,2 millions de travailleurs si toutes les catégories de personnel de santé sont incluses et il
est prévu que ce déficit total atteigne 6,1 millions en 2030. Une étude a estimé que le
financement des rémunérations aurait dû augmenter en 2015 d'environ 20 milliards USD si le
nombre requis d'agents de santé avaient été employés. La pénurie en personnel de santé au
niveau des pays est exacerbée par de graves déséquilibres dans la répartition géographique des
professionnels qualifiés : une estimation fixe à plus de 90 % le nombre de pharmaciens et
dentistes pratiquant dans les zones urbaines, d'autres professionnels de la santé enregistrant
une distribution similaire (OMS, 2016). De plus, une information exacte, à jour et cohérente à
l'échelle nationale et portant sur les effectifs de santé n'est pas toujours disponible, soulignant
ainsi la nécessité de renforcer les systèmes d'information nationaux essentiels.
Malgré les progrès réalisés en Afrique dans différents domaines, l'accès aux médicaments
reste faible. Dans certains pays africains, la disponibilité de différents médicaments
sélectionnés ne s'élève qu'à 21 % dans le secteur public et 22 % dans le secteur privé. Les
défis communs incluent des prix élevés, un financement inadapté, une faible réglementation
pharmaceutique, des systèmes d'approvisionnement et de distribution inadéquats, un accès
limité à l'information et une utilisation inappropriée. De plus, la région est le théâtre de la
circulation de plus en plus importante de produits médicaux contrefaits ou inférieurs aux
normes en raison de la faible performance des autorités nationales de réglementation. Lorsque
les médicaments ne sont pas remboursés par l'assurance maladie ou délivrés dans les
établissements publics, les paiements directs peuvent être importants et les populations les
plus vulnérables sont exposées à des difficultés financières et à l'appauvrissement.