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Louisa 21802058

Métivier 17.02.2021
Fonction de l’Art et création symptomatiques
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Né en 1971, Gregory Paul McLaren dit Lucky Diamond Rich est un artiste performeur néo-
zélandais. Il est notamment reconnu car il détient le record du monde de l’homme le plus tatoué
dans le classement du Guiness World Records. Ses tatouages recouvrent l’intégralité de son corps,
en passant de l’intérieur de la bouche, des oreilles jusqu’aux parties intimes. En plus de ses
nombreuses couches d’encre, il a fait étirer ses lobes d’oreille, remplacé ses dents par des facettes
d’argent et possède aussi divers piercings. Au total, il est dit qu’il aurait consacré plus de mille
heures à ces différentes modifications corporelles.

Cette passion pour le tatouage est arrivée après une enfance douloureuse. Adolescent,
Gregory ressent une souffrance psychologique violente : «Je me sentais à cette époque, comme une
menace », il est mal dans sa peau et manque cruellement de confiance en lui jusqu’à précisément se
sentir « inférieur » et « étranger » à l’Autre. Son premier tatouage lui provoque une certaine
tranquillité et lui permet de se sentir mieux. Ainsi, son obsession pour le tatouage est vite devenu un
moyen pour lui de canaliser ses maux, de s’épanouir face à cette agitation psychique. Malgré le fait
que ces modifications corporelles lui permettent au fil du temps de s’accepter physiquement, son
acceptation sur le plan psychologique fut plus éprouvante et tardive.
En effet, c’est en cultivant à tout prix cette quête de l’exception - « je sais que je suis
différent » dit-il - qu’il va atteindre ce qu’il considère comme étant la normalité, ceci peut être
considéré comme une dichotomie, mais c’est sa réalité. Il ne se sent plus étranger mais unique, et
enfin lui-même. C’est donc grâce au sentiment de puissance et de singularité dans le champ du
visible - que le tatouage provoque chez le sujet - qu’il parvient à s’identifier et à assumer cette
fonction de sans égal dans la société. Comme Erik Sprague, il fait le choix d’incarner une image
idéale de l’exception. Cette peur du regard de l’autre laisse place au pousse-à-être-vu, l’artiste va se
se faire un corps à l’image du regard de l’Autre.

Ce sentiment d’unicité appelle à être commenté. On pourrait le considérer comme artificiel


puisque ce sont ces modifications corporelles – qui permettent un réaménagement subjectif profond
- qui le rendent unique sur la sphère scopique, ce n’est que son enveloppe, ses artifices. En effet,
n’ayant pas subit la loi de la castration, cette nécessité de légitimation et de quête de soi est
accomplie grâce à cette esthétisation du corps et cette mutation, et moins, semble-t-il, par son
authenticité.
Ce besoin de reconnaissance il l’éprouve depuis tout petit : «Quand j'étais enfant, je
regardais dans le livre et je pensais à quel point ce serait incroyable d'être cette personne dans le
livre Guinness World Records». Ce trait unaire important, dans le cas de Lucky Diamond Rich, ne
peut se détacher du narcissisme obsessionnel provoqué par cette nécessité de multiplication du geste
– comme une drogue -. L’artiste considère son corps comme une œuvre d’art très réaliste, un terrain
d’expression de sa fibre artistique : « qui est en perpétuelle évolution et ne sera terminée qu’au soir
de sa mort ». Cet écrit indélébile devient une représentation symbolique de la façon dont l’individu
perçoit son genre et la façon dont il construit son identité singulière lui permettant de traiter une
certaine jouissance.

Pour conclure, notons un paradoxe qui traite de l’ambiguïté du sujet entre exception et
narcissisme traduisant chez lui une faille. En effet, il témoigne : «Tout ce qui compte c'est l'opinion
que j'ai de moi-même» c’est donc au moyen de cette pulsion scopique qu’il est parvenu à s’accepter,
c’est grâce à l’Autre qu’il est devenu l’Un. Ainsi, nous pouvons concevoir que certains jugent cet
art et ces pratiques comme montrant chez le sujet une défaillance que ça soit une carence de
l’élaboration psychique ou une fragilité des assises narcissiques.

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