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Une lutte de pouvoir entre les groupes ethniques sont au centre de la question bosnienne ;

cependant, le management de crise de la communauté internationale n'a pas tranché sur ces
antagonismes, et soutient jusqu'à aujourd'hui une paix instable et artificielle

Rappel historique

1990, les victoires électorales pour des partis nationalistes dans la plupart des républiques de la
Yougoslavie mettent la Fédération en état de crise permanent. Sécession de la Slovénie et Croatie en
Juin 1991, leur reconnaissance par la communauté internationale. Bosnie se pose également la question
d'indépendance, referendum au printemps 1992. 99,4% des Bosniaques et Croates s'expriment pour
l'indépendance, qui a eux deux font 64% de la population. Les Serbes (32% population et voulant rester
dans la Yougoslavie) s'abstiennent de voter.
L'indépendance est déclarée le 3 Mars 1992, les Serbes prennent cette décision comme une déclaration
de guerre; début avril les opérations militaires de l'armée yougoslave et des milices serbes
commencent.

La lutte des pouvoirs entre groupes ethniques et la question de l'État

Conflit ethnique: lutte entre des groupes identitaires mobilisés pour des fins de pouvoir. Cette lutte
politique cherche de définir les principes et les institutions de prise de décision.
-Les communautés ethniques existent-elles par la présence de leurs membres sur le territoires, ou ont
elles une vraie identité collective pouvant revendiquer des droits?
-Laquelle de ces communautés peuvent obtenir un statut de majorité ethnique, et faisant des autres
groupes des minorités?
En Bosnie, multiethnicite est telle que aucun des trois groupes ne pouvaient réclamer ce statut sur base
de population, tous ont voulu obtenir le statut qui constituerai en lui même une nation.
Cependant, c'est sur ces questions se base la définition de la nature même de l'État Bosnien. Comment
partager le pouvoir? Définir un état?
La lutte les Bosniaques, les Serbes et les Croates s'intensifie vers un conflit autour de la définition
constitutionnelle de l'État même, pour finir par le recours a la force, ou c'est l'existence même d'un État
qui se pose.
La présence d'États voisins plus que moins impliques dans ce conflit ajoute une dimension
internationale a la guerre.

Deux principes de l'État sont en contradiction: la souveraineté de l'État, de ses normes internationales,
et l'intégrité nationale, d'une part, et les appels d'ethnicité comme base de la formation d'un État.

Les accords Dayton : conciliation a court terme

L'objectif principal des accords a été de promouvoir la paix et la stabilité en Bosnie ainsi que d'établir
une balance de pouvoirs régionaux. Le texte est souvent ambigu, caractéristique qui fut essentielle
pour mettre a fin la guerre, mais qui depuis est devenu un sérieux handicap.
La question centrale du statut politique de la Bosnie ne fut pas adressé dans les accords.
C'est par ce qu'on appelle en droit international la « reconnaissance anticipative » que la communauté
internationale a voulu valider l'existence de la Bosnie : en affirmant l'existence d'une situation d'État
créée par les Accords, elle a voulu affirmer son existence concrète d'État.
Les accords déclarent leur compromis avec la “souveraineté, l'intégrité territoriale et l'indépendance
politique de BiH, en accord avec les lois internationales”. Mais afin de répondre egalement aux
demandes et des Serbes, qui insistent sur la division ethnique, et aux Bosniaques et Croates demandant
un état unitaire, Richard Holbrook (négociateur US) inclut les trois concepts dans l'accord. Au sein de
l'État de Bosnie-Herzégovine (de type confédération) existent parallèlement une république serbe
autonome politique et militairement (Republika Srpska), et un état unitaire bosniaque-croate (la
Fédération de Bosnie-Herzégovine). En plus, le district de Brcko, dans le nord est du pays, est un cas a
part additionnel car ayant été attribué une autorité transitionnelle, c'est une unité administrative neutre
et auto-gouvernée. Cette complexité d'intérêts et de conciliation se reflète dans l'ensemble des accords,
et est possiblement une des plus grandes entraves a leur imposition efficace.

La Constitution, par exemple, contenue dans l'annexe IV des Accords, est structurellement très
complexe, ainsi que toute la structure d'État(slide). L'État est hautement décentralisé sous statut légal
international, et l'autorité suprême est en mains du Haut Représentant, (Valentin Inzko) un
fonctionnaire international désigné par l'ONU. Le gouvernement central recentre toutes les fonctions
gouvernementales d'intérêt commun (dont la justice et la sécurité). Cependant une prédominance dans
la gestion des affaires est donnée aux deux entités, et particulièrement, l'usage légitime de la force,
élément clé de la souveraineté, leur est accordé. Trois armées ethniques différentes coexistaient de par
Dayton jusqu'en 2005.
Ces provisions peuvent donner l'illusion que c'est une structure de partage de pouvoir, mais le
comportement de partage de pouvoir n'a pas été encouragé par la communauté internationale ni adopté
par les groupes ethniques bosniens.
Finalement, il ne faut pas oublier que la communauté internationale s'est donnée pour mission de créer
un État a partir de très peu. Voulant créer une société civile, des institutions, de manière purement
technique, a savoir, allocation de ressources et distribuer des services, elle est passée a coté de la
question de la fragmentation ethnique inhérente (BELLONI) et s'est fracassée contre des écueils de
patronage politique, de corruption, de peur et d'insécurité.
civic
groups and organizations function. By
viewing civil society building as a technical
task, as a matter of allocating resourcesand
delivering services, the international com-
the
munity misunderstands struggleto over-
come nationalist fragmentation

Une paix instable

Les grands accomplissements de la communauté internationale comprennent certes plusieurs élections


libres aux niveaux national et local, des institutions nationales établies (mais fonctionnelles?), 650,000
personnes déplacées de retour au pays, voir dans leur village, une partie importante des infrastructures
nationales réparées, et un cessez-le feu intact depuis 1995. (Cousens)
Cependant, dans le cas des élections, l'empressement d'en organiser très rapidement après Dayton afin
de légitimer des gouvernements locaux a permis aux partis ethniques préexistants de remporter
aisément un pouvoir légitime, créant une paix instable, ou les trois partis poursuivent systématiquement
leurs objectifs incompatibles par des moyens autres que le recours a la force.

En conséquence, c'est la coercition internationale qui a été a la base de presque toutes les reformes
institutionnelles que la Bosnie a adopté législativement, dont une grande majorité des lois mandatées
par l'UE. (2004). La coercition est facilitée par les pouvoirs du Haut Représentant, qui peut imposer des
reformes unilatéralement, de manière parfois dramatique. Les récentes revendications de la Republika
Srpska contre les décisions du HR sont telles que la situation politique est intenable.
Le succès limité de Dayton se doit au fait qu'une vision long terme n'a pas été prise en compte parce
qu'elle ne s'estimait pas nécessaire (exemple : le retrait des gardiens de la paix est prévu tous les ans,
contrats de travail renouvelés tous les ans). Cette lacune a été exploitée par les partis ethniques a leurs
avantages.

Cette situation est intenable, car 15 après la volonté internationale de continuer a soutenir les couts
extrêmement élevés pour garder la BiH en tant que protectorat international se dégrade. L'objectif est
maintenant de mener la Bosnie vers l'intégration a l'UE et l'OTAN semble être une nouvelle excuse
pour ne pas adresser les problèmes sous-jacents de volontés ethniques de statut et de pouvoir.

Conclusion

Bibliographie
Steven C. BURG and Paul S. SHOUP, The War in Bosnia-Herzegovina: Ethnic Conflict and
International Intervention, Armonk, N.Y, M.E. Sharpe, 1999
S.J. STEDMAN, D. ROTHCHILD, Elizabeth M. COUSENS, (eds) Ending Civil Wars: the
Implementation of Peace Agreements, Boulder, Lynne Reiner, 2002

International Crisis Group, Bosnia’s Dual Crisis Europe Briefing No 57, 11/2009.

Roberto BELLONI « Civil Society and Peacebuilding in Bosnia and Herzegovina ». Journal of Peace
Research, Vol. 38, No. 2 (Mar., 2001), pp. 163-180

The General Framework Agreement for Peace in Bosnia-Herzegovina, November 1995.

Michael A. INNES (ed) « Bosnian Security after Dayton : New Perspectives ». Contemporary Security
Studies. Routledge; 1 edition (October 17, 2006)

BOSNIA AND HERZEGOVINA 2010 PROGRESS REPORT, accompanying the


COMMUNICATION FROM THE COMMISSION TO THE EUROPEAN PARLIAMENT AND THE
COUNCIL . Enlargement Strategy and Main Challenges 2010-2011 . COMMISSION STAFF
WORKING DOCUMENT. Brussels, 09 November 2010

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