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La pierre de lune est « [la] seule qui ait une lueur dont l’intéressante blancheur
azurée et l’excessif brillant ne peuvent se comparer qu’à l’effet éclatant de la lune
pleine. » écrit, vers 1825, Antoine Caire-Morand, célèbre lapidaire, dans son ouvrage
consacré aux pierres précieuses.
Les beaux et grands spécimens sont très rares. Les adulaires les plus appréciées
sont incolores ou blanches avec des reflets bleus ou gris-bleu. Celles à reflets
jaunâtres sont moins recherchées. L’adulaire présente un clivage parfait, elle est
transparente à translucide avec un éclat vitreux ou soyeux. Assez dure, 6/6,5
sur une échelle de 10, elle se montre cassante et fragile.
L’adularescence
On nomme ainsi le phénomène d’iridescence propre à l’adulaire mais aussi à
d’autres pierres semblables. L’adularescence provient de la réflexion de la lumière
entre les myriades de fines lamelles développées pendant la phase de cristallisation.
Confusions et tromperies
Des confusions sont possibles avec :
le quartz girasol
la calcédoine blanche
l’opale
la sélénite.
Des minéraux de même famille y sont présents en grand nombre : les feldspaths
plagioclases (sodi-calciques) notamment, les feldspaths potassiques existent plus
rarement. Les astronautes ont ramené plus de 300 kg de minéraux lunaires. Au
Space Center du Cap Canaveral en Floride, les visiteurs peuvent toucher une
véritable pierre de lune. En France, on peut en voir une à la Cité de l’Espace à
Toulouse pesant 2 kg. L’apparence de ces spécimens n’est pas très séduisante et
n’évoque en rien l’astre resplendissant de leur provenance, contrairement aux
pierres de lune terrestres.
Étymologie et signification
En 1801, René-Just Hauÿ propose le nom d’orthose pour désigner le minéral
dont la pierre de lune est une variété. Du grec orthos signifiant « droit », ce terme
évoque le clivage à angles droits de ce minéral. Le terme international retenu
est orthoclase.
A la même époque, le minéralogiste français,
Jean-Claude Delamétherie donne le nom d’hécatolite au feeldspath nacré
s’inspirant de la déesse grecque de la lune Hécate.
« Heureuse Chaldée ! Je peux vous dire que les mêmes cérémonies lunaires d’Égypte ont
beaucoup moins de solennité. J’observais que les participants tenaient à la main un fragment de
sélénite en répétant l’hymne à la lune : Ô lune, tu es la reine des étoiles et la mère de
l’astronomie … »
Cette pierre blanche et brillante est donnée aux épileptiques sous formes de raclures dans une
boisson. Les femmes s’en servent comme amulettes à la place des phylactères. Placée au pieds
des arbres, elle leur fait porter des fruits. Déposez de la racine de persil dans une capsule d’or
que vous attacherez sous la pierre et portez ensuite cette courroie autour du cou. Cela donne
l’inspiration divine, d’ailleurs beaucoup de rois en place sous leurs vêtements !
De manière générale, dans l’antiquité, la lune et tout ce qui s’y rattache est associée
à la femme et à la fécondité, probablement en raison de la similitude des cycles
lunaires et des cycles menstruels. En Égypte, un autre aspect est nettement
associé à la pierre de lune : la protection des voyages nocturnes. Thot et
Khonsou sont les dieux lunaires, navigateurs de la nuit.
Les pierres de lune du Sri Lanka désignent aussi de très anciennes frises
ornementales de grès ou de granit décorant les entrées des temples
bouddhistes et des palais en signe de bienvenue. Composées le plus souvent
d’animaux (éléphants, chevaux…) ces sculptures sont en forme symbolique de demi-
lune, d’où leur nom. Elles n’ont aucun rapport avec la pierre de lune extraite des
gisements. A Ambalangoda, éclairés par des bougies, les mineurs progressent dans
d’étroites galeries saturées d’humidité, étayées avec du bois de palmier. Les
conditions d’extraction des pierres de lune sont les mêmes aujourd’hui.
La pierre de lune au Moyen-Âge
Marbode, évêque du XIIème siècle revient sur les pouvoirs de la sélénite (qui, dit-on
au XIXème siècle serait l’adulaire) : “Elle marque les phases de la lune, croit avec sa
naissance, décroît avec son déclin“. Au XIVème siècle, Jean de Mandeville rappelle
aussi ses autres pouvoirs en lithothérapie : « La pierre de lune fait légèrement
cheminer ceulx qui vont par mer et garde des tempestes et de perilz de larrons. Elle
garde les femmes grosses et les fait deliverez en temps du. »
A la Renaissance
Le seigneur romain Marc-Antoine Colonne est un cardinal archevêque, bibliothécaire
du Vatican au XVIème siècle. Il assure, dans ses souvenirs, que le Pape Léon X,
fils de Laurent de Médicis le Magnifique, avait une sélénite sur laquelle une
tache blanche croissait et décroissait en même temps que la lune. Un de ses
successeurs, son cousin Médicis le Pape Clément VII, possédait lui une héliolite
avec une tache d’or qui marquait le lever et le coucher du soleil.
Plus tard, en 1734, « Le Journal des Sçavants », première revue périodique
française, juge ces allégations complètement farfelues et ce sera la fin de la
pierre qui change d’aspect en même temps que la lune !
Le géologue Dolomieu, qui a donné son nom aux Alpes italiennes les
“Dolomites”, possédait une pierre de lune grosse comme une petite pomme. Il
l’aurait ramassée dans de très anciennes ruines romaines. Les scientifiques de la fin
du XVIIIème siècle se demandent d’où provenait cet antique et véritable feldspath au
clivage remarquable.