Vous êtes sur la page 1sur 5

Séance n° 5 Etude générale 

: Le personnage de Médée

Objectifs :
• Initier les élèves à la lecture analytique à partir de questions.
• Analyser l’une des facettes de la personnalité de Médée : une femme amoureuse et trahie.
Travailler les registres tragique et élégiaque.

Texte support : Acte I, scène 4

situer le texte :
La scène 4 de l’acte I correspond à l’arrivée sur scène de Médée. Cette arrivée est annoncée à la fin
de la scène précédente par Cléone (« On ouvre chez Médée, ôtez-vous de sa vue », v. 197), après un
moment de tendresse (« des plaisirs si doux », v. 200) entre Jason et Créuse. La douleur exprimée
par Médée dans son impressionnant monologue n’en est donc que plus forte, et forme un contraste
avec l’attitude de Jason à la scène 3. Elle exprime ici, seule en scène, sa colère et son désir de
vengeance après que Jason l’a trahie.

➔ Questions
1. À qui s’adresse Médée dans ce monologue ?
Elle s’adresse aux divinités.
2. Quels traits de caractère caractérisant Médée et Jason surgissent de ce monologue ?
Médée est jalouse, éprouve de la haine et de la souffrance à cause de Jason mais est amoureuse de
lui tandis que Jason est perfide trompeur et abusif3. Analysez les figures de style et le lexique qui
permettent de mettre en avant la douleur de Médée face à son amour perdu, et l’importance de la
mort et de la fatalité dans ce passage.
➔ Questions
1. À qui s’adresse Médée dans ce monologue ?

Le monologue de Médée est partagé en différents mouvements, correspondant aux différents


interlocuteurs imaginaires de la sorcière.
Des vers 201 à 208, elle s’adresse d’abord aux divinités
Puis des vers 209 à 228 aux Furies
v. 229 à 240 à elle meme
puis v. 241 à 248 .................……………...…………………………………………..
vers 249 à 256 à jason
v. 257-258 les démons
v. 259 à la fin .................……………...………………………………………….
=> Tous ces destinataires lui permettent de revenir sur différents moments de sa vie et sur ses
intentions, et d’informer le spectateur, par le biais de la double énonciation, de ce qu’il s’est passé et
de ce qu’il va se passer par la suite.

2. Quels traits de caractère caractérisant Médée et Jason surgissent de ce monologue ?


1) De nombreux termes évoquent la trahison de Jason :

« Jason me répudie ! et qui l’aurait pu croire ? » (v. 229).

=> Face à la trahison de son époux, Médée fait preuve de beaucoup d’orgueil, apparaissant dans
cette première prise de parole comme un personnage soumis à l’hybris tragique, cet orgueil
démesuré de l’homme face aux décisions des dieux.
Au vers 206 + « Sachant ce que je puis, ayant vu ce que j’ose / Croit-il que m’offenser ce soit si peu
de chose ? »

« La mort de ma rivale, et celle de son père », v. 218

son « chef-d’œuvre », son « dernier ouvrage » (v. 253).


Enfin, elle annonce l’embrasement de Corinthe et son départ sur le char du Soleil (v. 264).

=> Tout ce monologue, traversé par des modalités interrogatives et exclamatives ainsi que par le
lexique de la vengeance et de la colère, trahit le caractère emporté de Médée lors de son arrivée en
scène ; elle apparaît alors conforme au portrait qui en a été dressé dans les scènes précédentes.
Enfin, le rapport entre l’amour et la colère se tisse tout au long du monologue, les termes
appartenant au champ lexical de l’amour et ceux de la haine étant souvent accolés les uns aux
autres.

=> En fait, Médée rappelle les grands sentiments qui l’ont animée dès sa rencontre avec Jason, pour
prouver qu’elle est capable d’autant de grandeur dans le sentiment contraire. La première apparition
de Médée la montre donc comme une femme vengeresse, colérique, qui possède la capacité de
s’adresser directement à différents dieux, à qui elle demande de l’aide pour préparer sa vengeance.
Elle rappelle les crimes commis par amour, et en prévoit de plus violents encore, ce qui laisse
supposer que Pollux avait raison d’être inquiet.

3. Analysez les figures de style et le lexique qui permettent de mettre en avant la douleur de
Médée face à son amour perdu, et l’importance de la mort et de la fatalité dans ce passage.
« je veux pour le moins / Qu’un forfait nous sépare, ainsi qu’il nous a joints » (v. 243-244),
« Que mon sanglant divorce, en meurtres, en carnage, / S’égale aux premiers jours de notre mariage
» (v. 245-246).

« chef-d’œuvre »
« des crimes si légers » (v. 251)

=> Le registre tragique est lié au registre élégiaque, puisque c’est la douleur dans son amour blessé
qu’éprouve Médée qui va la forcer à se venger. Cette plainte de la sorcière abandonnée se laisse
entendre dans le déploiement du lexique lié au souvenir (« Qu’il ait regret à moi » v. 226 ; « que
mon souvenir jusque dans le tombeau » v. 227 ; « manque-t-il de mémoire ? » v. 230), et en
particulier de l’amour passé (« Tout ce qu’en ta faveur fi t mon amour extrême » v. 242 ; les «
premiers jours de notre mariage » v. 246 ; « son commencement » v. 248).

Travail d’écriture :
Lisez ce texte et montrez comment Phèdre, l’épouse de Thésée, exprime sa plainte amoureuse et le
désir de vengeance.

Phèdre
Hippolyte aime, et je n’en puis douter.
Ce farouche ennemi qu’on ne pouvait dompter,
Qu’offensait le respect, qu’importunait la plainte,
Ce tigre, que jamais je n’abordai sans crainte,
Soumis, apprivoisé, reconnaît un vainqueur ;
Aricie a trouvé le chemin de son cœur.
Œnone
Aricie ?
Phèdre
Ah ! douleur non encore éprouvée !
À quel nouveau tourment je me suis réservée !
Tout ce que j’ai souffert, mes craintes, mes transports,
La fureur de mes feux, l’horreur de mes remords,
Et d’un cruel refus l’insupportable injure,
N’était qu’un faible essai du tourment que j’endure.
Ils s’aiment ! Par quel charme ont-ils trompé mes yeux ?
Comment se sont-ils vus ? depuis quand ? dans quels lieux ? […]
Œnone
Quel fruit recevront-ils de leurs vaines amours ?
Ils ne se verront plus.
Phèdre
Ils s’aimeront toujours !
Au moment que je parle, ah ! mortelle pensée !
Ils bravent la fureur d’une amante insensée.
Malgré ce même exil qui va les écarter,
Ils font mille serments de ne se point quitter.
Non, je ne puis souffrir un bonheur qui m’outrage,
Oenone ; prends pitié de ma jalouse rage ;
Il faut perdre Aricie, il faut de mon époux
Contre un sang odieux réveiller le courroux.
Qu’il ne se borne pas à des peines légères :
Le crime de la sœur passe celui des frères.
Dans mes jaloux transports je le veux implorer.
Que fais-je ? Où ma raison se va-t-elle égarer ?
Moi jalouse ! Et Thésée est celui que j’implore !
Mon époux est vivant, et moi je brûle encore !
Pour qui ? Quel est le cœur où prétendent mes vœux ?
Chaque mot sur mon front fait dresser mes cheveux.
Mes crimes désormais ont comblé la mesure.
Je respire à la fois l’inceste et l’imposture ;
Mes homicides mains, promptes à me venger
Dans le sang innocent brûlent de se plonger.
Racine, Phèdre, 1677, acte IV, scène 6

Vous aimerez peut-être aussi