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Historia 2 La Peste Et Les Soudards.
Historia 2 La Peste Et Les Soudards.
La misère et le relèvement
Pendant la guerre, les grandes défaites firent au pays des blessures profondes, moins
étendues cependant que les ravages continus des bandes d'aventuriers armés. Quel
que fût le prince qu'elles servissent, ces bandes vivaient à discrétion sur le paysan,
volant l'argent, quand il y en avait, et le mobilier, brûlant souvent les maisons et
laissant après leur passage la ruine et la désolation. Lorsqu'une trêve suspendait les
hostilités, elles devenaient encore plus redoutables parce que, ne recevant plus de
solde, elles ne subsistaient que par le pillage.
Charles V parvint à purger quelque temps le pays des compagnies les plus
redoutables mais il s'en forma d'autres et tes excès recommencèrent après sa mort.
Lorsque, pendant la folie de Charles VI, la France, qui semblait ne pouvoir être affligée
de maux plus grands, fut déchirée par la guerre civile, la lutte des Bourguignons et des
Armagnacs fournit matière à des atrocités nouvelles el détruisit dans les provinces du
centre et du nord ce qui avait échappé aux ravages précédents. une partie des terres
restant sans culture, les famines furent fréquentes et causèrent de grandes mortalités.
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Les témoignages contemporains.
Déjà, après le règne du roi Jean, Pétrarque, traversant Paris en 1368, š'apitoyait; il
était d'ailleurs quelque peu pessimiste. < Je pouvais à peine reconnaître quelque
chose de ce que je voyais. Le royaume le plus opulent n'est plus qu'un monceau de
cendres; il n'y avait plus une seule maison debout, excepté celles qui étaient
protégées par les remparts des villes et des citadelles. Où donc est maintenant ce
Paris qui était une si grande ville?>*
Sous Charles V le pays fut moins foulé par les grandes compagnies, mais le poids des
impôts devint plus lourd.
t. Le roi atteste lui-même dans l'ordonnance monétaire du 5 décembre 1360 le changement qui s'est
produit pendant ces quatre années de sa captivité. < Les gens de nostre royaume estoient divisés et
destruisoient et dommagoient l'un l'aultre et se mettoient les uns après autres en rébellion et
désobéissance et commettoient plusieurs énormes et horribles crimes et tels dont il estoit tout
apparent, si les choses se feussent continuées, nostre dit royaume et peuple fussent venus á
destruction et perte de tout. >
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C' est en vue de repeupler Paris que le duc de Bedford fit vendre à la criée tes
maisons abandonnées; mais les acquéreurs trouvaient plus de profit à les abattre pour
utiliser les matériaux qu'à les réparer pour les louer à des locataires qui ne se
présentaient pas. C est aussi, <pour bien repeupler sa ville de Paris, fort dépeuplée
tant par les guerres, mortatitez ou autrement>. que Louis XI prescrivait que, < toutes
les gens de quelque nacion qu'ils feussent peussent de la en avant venir demeurer
dans la dicte ville>.
Quarante ans après la lin de la guerre de Cent ans les Etats généraux de 1484
assignaient comme cause principale du mal la guerre <qui affaiblit ce royaume si
piteusement qu'il cuida périr, laquelle guerre fut cause de la destruction de la
population et quasi de toute la ruine et désolation de ce povre royaume>.
<Les gens de guerre, disaient les députés de la Bourgogne, sont soudoyés pour le
deffendement et ce sont eux qui le plus oppressent. > El ceux du pays Chartrain < Ce
pays a été assommé de charges importables>
Diminution du commerce.
Nous sommes dans l'impossibilité de savoir quel a été le chiffre total du commerce de
la France avant, pendant et après cette guerre; mais il ressort avec évidence des faits
que nous venons de citer et que nous pourrions multiplier que la diminution de ce
commerce a dû être énorme, en rapport avec la diminution de la puissance de
production et de consommation de la population.
Le relevement.
- Nous avons dit dans le chapitre de ce livre, que le relèvement commença après le
traité d'Arras et la rentrée de Charles VII à Paris. La formation d'une armée
permanente et la dissolution des grandes compagnies furent les premiers grands faits
réparateurs. Charles VII et Louis XI s'appliquèrent à réformer les groupements de
gens de métier en sanctionnant leurs statuts, à ranimer les foires anciennes, à en
créer de nouvelles. Des traités de commerce furent conclus; le droit d'aubaine fut
supprimé dans le Languedoc; plusieurs nations étrangères en furent exemptées.