Vous êtes sur la page 1sur 22

JEAN BRUNON

LA LEGENDE NAPOLEONIENNE

ET LES POLONAIS

DESLÉGIONS DEDOMBROWSKI
-A L'ESCADRON
DESCHEVAU-LÉGERS
POLONAIS
A· L'ILED'ELBE
( 1796-1815)

COLLECTION RAOUL et JEAN BRUNON


174, Rue Consolot
MARSEILLE
Des Légions de Dombrowski
à !'Escadron des Chevau-légers Polonais
à l'lle d'Elbe
(1796-1815)

L-----"'-~
Le Jnince Jose/Jh Po11ialowski, neveu du roi de Pologne (1ï63-1813f Sumo111111é le « Bayard /Jo/011ais "
Maréc/w/ de France en 1813 sur le cham/J de bataille de Lei/nig
Miniature sur wOLre (Collection R.aoul et Jean Brunon)

3
La Légende Napoléonienne et les Polonais, 179&-1&15

Des Légions de Dombrowski


à l'Escadron des Chevau-Légers Polonais
à l'lle d'Elbe

La Légion polonaise au service de France, An Vil de la République française


(Gravure attribuée à Hoffmann. Uniforme bleu et cramoisi)

France et Pologne. grande portée pour la Pologne : cc Ecrivez à votre


« Puis-je consentirà vi- compatriote (Michel Oginski) que j'aime les Polo-
vre, en ai-je le droit, nais, que le partage de la Pologne est un geste
quand mon pays n'est d'iniquité qui ne peut se soutenir, qu'après avoir
pas libre ? » terminé la guerre en Italie, j'irai moi-même à la
Ainsi parlait Jose ph tête des Français pour forcer les Russes à restituer
Sulkowski, figure tout à la Pologne. » Cette promesse fut rappelée à !'Em-
fait exceptionnelle par- pereur par le prince Poniatowski dans son mé-
mi celles des chefs po- moire du 5 janvier 1807.
lonais qui prirent du service, sous la République, Vingt ans durant, les Polonais luttèrent pour
dans l'armée française. leur idéal aux côtés des Français ; le sang des
deux nations se mêla sur tous les champs de
Le mobile de leur collaboration, c'était le patrio- bataille de l'Europe, des rives du Tage à celles de
tisme polonais, et chacun d'eux faisait siennes ces la Moskowa, et l'on peut estimer à 250. 000 le nom-
paroles de l'aide de camp de Bonaparte, en Italie bre des soldats polonais qui, de 1796 à 1815, vécu-
et en Egypte, où fut tué celui dont son général rent et moururent dans l'espérance que la Pologne
avait dit : cc Du premier jour que je l'ai connu, il revivrait et serait défendue à son tour pour elle-
me parut digne d'être général en chef ». même.
Et c'est encore à Sulkowski que Bonaparte Sur 625 noms des plus éminents capitaines de
adressa, le 15 septembre 1796, ces mots d'une si la Grande Armée qui figurent sur notre Arc de
4
Triomphe de l'Etoile, se lisent, seuls étrangers, aucune troupe étrangère, le Directoire Exécutif
les noms de ceux qui furent à la fois des héros envoya donc le général Dombrowski à Bonaparte.
polonais et français : Dombrowski, Poniatowski, L'officier polonais exposa son plan au général en
Kniaziewicz, Sulkowski, Lazowski, Chlopicki, chef de l'armée d'Italie et, le 9 janvier 1797, une
Zayoncheck, Henry Wolodkowicz. De Dombrow- convention fut signée entre cet officier et l'admi-
ski, créateur des Légions au service de France, à nistration générale de la Lombardie.
Poniatowski, chef des troupes auxiliaires polonai- « Le peuple lombard, disait l'article 3 de cette
ses, tous témoignent également, pour l'éternité. convention, verra avec satisfaction les Polonais
de la constante fraternité d'armes à laquelle les porter les coulem-s nationales de la Lombardie
Polonais n'ont jamais failli. avec l'inscription : « Gli uomini liberi sono fra-
Et nous croyons que la flamme qui scintille telli » ; en outre, tant les officiers que les soldat5
auprès du Soldat Inconnu, donne aussi bien une des corps polonais porteront la cocarde française,
parcelle de sa lumière - par delà les héros fran- comme celle de la nation protectrice des hommes
çais qu'elle évoque - aux mânes de ces Polonais, libres 1>.
humbles ou grands, qui furent les compagnons de Dombrowski, dont la réputation était établie et
nos luttes. qui était l'homme le plus instruit parmi tous se~
camarades de l'ancienne armée polonaise, s'occu-
Les Légions de Dombrowski.
pa du recrutement des Légions et publia un .appel
- Le 19 novembre 1792, à en quatre langues, dans lequel on lisait : « Polo
l'affaire de Sospello contre 1zais, l'es/Jérance nous rallie, la France triom/Jhe ;
l'armée austro-piémontaise, elle combat pour la cause des nations, elle nous
les régiments autrichiens de accorde un asile, allendons de meilleures destinées
Strasoldo et de Caprara per- /Jow' notre /Ja)1s. l\angeons-1wus sous ses dra-
dirent des hommes qui tom- /JemLx, ils sont ceux de l'honneur et de la victoire !
bèrent entre les mains du 1"" Des Légions /Jolonaises se forment en Jta lie, sur
Bataillon des Volontaires de celte terre jadis le sanctuaire de la liberté ; déjà
la Haute-Garonne. Parmi les prisonniers se trou- des bataillons s'organisent. Venez, co111JJag11ons,
vaient un certain nombre de Poionais.
Le lieutenant-colonel Dupuy, le futur chef de
la célèbre 32m•Demi-Brigade, qui commandait ce
bataillon, demanda et obtint leur incorporation
pure et simple dans sa troupe. C'est ainsi que ces
Polonais suivirent la fortune du Bataillon de la
Haute-Garonne et furent ~,vec lui incorporés dans
la 2tm• Demi-Brigade.
Au commencement de 1795, sur la proposition
du même Dupuy, ces Polonais formèrent un corps
franc placé sous le commandement d'un ex-offi-
cier autrichien, Tauff en. Ce corps, renforcé de
déserteurs, constitua la première unité polonaise
au service français ; coiffé du bonnet à la polo-
naise, il était vêtu de l'habit-veste bleu, garni
d'amaranthe, de coupe polonaise.
Au lendemain de la dissolution de l'armée polo-
naise, lorsque l'existence politique de la Pologne
prit fin, l'émigration polonaise comprenant les élé-
ments les plus actifs et les plus valeureux, se diri-
gea vers la France et ce fut sous les auspices de la
République Française que s'organisèrent les Lé-
gions du général Dombrowski.
Ce général avait longtemps soutenu les héroï-
ques efforts de Kosciuszko.
A l'automne 1796, il vint à Paris et présenta un
mémoire au Directoire dans lequel il disait : (( Le;;
Légions polonaises serviront de noyau et de pépi- Le prmce Jose/Jh Poniatowski
nière d'une année à former pour la Pologne ; elles commandant en chef de /'Armée /Jolonaise, Maréchal de
appelleront à elles, par le seul fait de leur exis- France (1ï63-1813). D'a/Jrès une gravure à l'eau-forte /Hir
tence, les émigrés et les déserteurs polonais de Sauerweid, Dresde, 1813. (Bibliothèque /Jolonaise de Paris).
l'armée autrichienne. . . >> (( Le vrai roi de Pologne c'était Poniatowski; il
Mais, aux termes de la Constitution, le Gouver- en réunissait tous les titres et il en avait tous les
nement français ne pouvait prendre à sa solde talents. >> NAPOLÉON.
5

2
z1ew1cz et lui dit qu'il était altendu. Comme il
/Jarlait /Jolonais, nous devinâmes aussitôt que
c'était Jose/Jh Sullwwsl<i ... La /Jorle s'ouvrit taule
grande, et nous ct/JerçÎlmes le général Bona/JC1rte:
c'était l'officier qui venait de nous montrer la mai-
son du général en chef ! Après avoir salué les
officiers /Jrésents, il s'avança vers Kniaziewicz,
l'altira dans l'embrasure d'une fenêtre et se mit
à causer avec lui. ))
A la suite de cet entretien, la Légion polonaise
fut encore augmentée, elle put mettre en ligne
deux légions à pied, la première sous le comman-
dement du général Kniaziewicz, qui succédait à
Wielhorski, ce dernier ayant été mis à l.a tête de
la seconde en remplacement de Ryrnkiewicz. Cha-
cune d'elles comprenait trois bataillons à dix com-
pagnies de 125 hommes ; il y avait, en outre, trois
compagnies d'artillerie sous les ordres du chef de
bataillon Axamitû\-vski. Le général Dombrowski
exerçait le commandement en chef de tout le
corps.

Le comte Jose/Jh Sullwwski


aide de cam/J de Bona/Jarte en Italie el en Egy/Jle, membre de
l'Institut d'Egy/Jle, tué à la révolte du Caire, le 27 octo-
bre 1798. « Un vrai Polonais, disait de lui son camarade
Lavalette, /Jlcin d'instruction, d'une valeur chevaleresque ,,.
(Peinture de Brodowslâ, a/Jpartenant à la Société des A mis
des Sciences, à Poz11a11,Pologne).

jetez les armes qu'on vous a forcé de /Jorter ! Com-


battons /Jour la cause commune des nations, /Jour
la liberté, sous le vaillant Bona/Jarte, vainqueur
d'Italie ! ))
Dès lors, de 1797 à 1800, deux légions se formè-
rent en Lombardie. Dans les premières semaines
de leur OI-ganisation, elles comprenaient déjà plus
de mille hommes sous les armes, habillés à la
polonaise, et, quelques mois plus tard, l'effectif
total des légions atteignait environ 6. 000 hommes.
A là fin de la campagne de 1797, Dombrowski
vit arriver de Galicie le général Kniaziewicz. 11
venait rejoindre ses compatriotes et reçut le com-
mandement de la première Légion. Il alla ensuite
se présenter au général en chef Bonaparte, à son
quartier général à Passiniano. En arrivant dans
ce village, Kniaziewicz, accompagné de plusieurs
officiers de sa nation, rencontra un officier vêtu
d'un simple surtout ne compo1-tant .aucun signe
distinctif qui, sur sa demande, indiqua au général
polonais où se trouvait le logement du général en
chef de l'armée d'Italie. Laissons ici la parole au
mémorialiste Drzewicki : cc Nous entrâmes dans
une grande chambre au premier étage. Beaucou/J
de généraux y attendaient comme nous. Deux
aides de cam/J faisaient sécher devant la cheminée Un officier des Chevau-Légers Lanciers /Jolonais de la Garde
leurs vêtements mouillés. L'un d'eux, à la vue de hn/Jériale, 1807-1814. Gravure de Martinet. Uniforme bleu
nos uniformes, demanda son nom au général Knia- e! cramoisi, garni d'argent.
6
Après avoir pris part, en juillet 1797, à une opé-
ration contre Reggio, la Légion fut employée dans
les Etats du Pape et, lors de l'entrée à Rome, le
3 mai 1ï98, les consuls romains offrirent au géné-
ral Dombrowski l'étendard de Mahomet que jadis
Sobieski, après la délivrance de Vienne, en 1683,
avait déposé avec son sabre à Notre-Dame-de-
Lorette. Cet étendard suivit désormais le quartier
général des légions ; quant au sabre de Sobieski,
il fut envoyé à Paris au général Kosciuszko.
Plus tard, en janvier 1799, la Légion se com-
pléta d'un corps de cavalerie qui fut placé sous le
commandement du colonel Karwowski.
A cette époque, le général Championnet, qui
commandait en Italie, voulut honorer le corps
polonais pour le remercier des beaux services qu'il
avait rendus depuis sa formation. Le général
Kniaziewicz fut chargé d'aller présenter au Direc-
toire les drapeaux conquis sur l'ennemi pendant
la dernière campagne. C'était un honneur très
recherché dont les Polonais sentirent tout le prix.
La 1-emise des trophées se fit, à Paris, avec la plus
grande solennité ; une place d'honneur avait été

Le Général Jean Dombrowski, dit Dabrowsl<i (1755-1818),


créateur des Légions polonaises en 1797, il servit ensuite à la
Grande Armée et fit toutes les campagnes de l'Em/Jire. En
1814, il ramena en Pologne les restes des cor/Js /Jolonais.
Cette /1einture le représente en uniforme de général de la
Légion /Jo/onaise, en Italie, 1798. (Au Musée de /'Armée,
Varsovie).

réservée à Kosciuszko. Le général Kniaziewie7;


reçut du Directoire un sabre et une paire de pis-
tolets d'honneur et le grand patriote polonais lui
remit un sabre qu'il avait reçu du roi de Suède.
En 1800, Dombrowski réorganisa les deux lé-
gions dites lombardes, qui avaient subi de cruelles
pertes sous Vérone 1797, G.aëte 1798, Legnano et
Mantoue, La Trebbia et Novi 1799. Une seule
Légion, la Légion polonaise fut alors créée et
1 compta huit bataillons qui passèrent à la solde de
la France. Le commandant du 2m•Bataillon fut le
futur général Chlopicki qui deviendra, en 1831, le
chef suprême de la guerre russo-polonaise.
Nous n'étendrons pas plus avant cette chroni-
que sur les Légions de Dombrowski et nous nous
bornerons à mentionner qu'au début de 1801, il
existait finalement deux Légions qui, réunies à
Milan, le 21 mars de cette année, y furent passées
en revue par le général Dombrowski : la Légion
italique qui comptait 303 officiers et 6. 432 sous-
officiers et soldats, et la Légion du Danube, envi-
ron 6. 000 hommes, ce qui donnait un total d'à peu
près 13. 000 combattants.
Un Lancier de la Légion de la Vistule, 1808-1814 Peu de temps après, ces Légions disparurent;
Gravure de Martinet. Uniforme bleu et jaune mais l'idée qui avait présidé à leur formation fut
9
sauvegardée ; elle continua i1 vivre dans les reg1-
ments polonais qui, à partir de 1801 jusqu'à la fin
de l'Empire, prirent, sous différentes dénomina-
tions, leur succession. Et comme elles se compo-
saient des hommes les plus vaillants, les plus cou-
rageux de la nation polonaise, leur esprit a sub-
sisté bien au delà et s'est perpétué de génération
en génération. C'est ainsi que, lors de la guerre de
1914-1918,les formations polonaises portèrent éga-
lement le nom de Légions. Les épreuves nouvelle~
qui assaillent la Pologne les voient ressurgir pour
le même combat et la mazurka de Dombrowski
continuera à être le chant national du peuple
héroïque asservi dans son sol, mais invaincu dans
sa volonté de le reconquérir.

Somo-Sierra, 30 Novembre 1808. -


« On m'a raconté, rapporte dans
ses mémoires le colonel Niego-
lewski, que la veille de l'affaire de
Soma-Sierra, un de nos chevau-
légers essayait de se frayer un pas-
sage à travers la suite de l'Empe-
reur. Il voulait seulement prendre
un charbon au feu auprès duquel
Napoléon se chauffait, pour allumer sa pipe. Les
officiers l'arrêtèrent. L'Empereur, qui avait vu la
scène, leur dit: <<Laissez-le !. . . >> Le chevau-léger
prit un charbon ardent et voulut s'en aller. On
lui fit remarquer qu'il aurait dû remercier Sa Ma-
jesté. Mais le soldat montrant du doigt les posi-
Aigle du 1cr l?_égiment d'infanterie J1olo11aise (ou 3me Etran-
yer), 1815. En soie tricolore, de 108 centimètres de côté,
broderies et franyes en or. (Au Musée de /'Armée, à Var-
sovie).

tians ennemies, dit seulement : cc C'est là-bas que


je le remercierai ! >>
Le brillant Régiment des Chevau-Légers polo-
nais de la Garde Impériale avait déjà reçu le bap-
tême du feu, à l'armée d'Espagne, à Rio-Seco et
devant Burgos, ccjetant alors dans l'âme des Espa-
gnols les premières impressions d'une terreur qui
deviendra plus grande à mesure qu'on le connaî-
tra davantage )), mais ce fut surtout i1 Soma-Sierra
que le corps établit définitivement sa réputation.
L'armée Irancaise était en marche sur Madrid
et, le 30 novem.bré 1808, on se trouva en face du
défilé de Soma-Sierra, gardé par l'armée espa-
gnole qui considérait cette position comme inexpu-
gnable. Toutes ses forces couronnaient les som-
mets de la montagne : ses meilleures troupes ran-
gées en amphithéâtre, formaient comme un demi-
cercle comprenant les deux côtés de la route qu'el-
les plongeaient par un feu croisé, en même temps
qu'elle était balayée par celui de l'artillerie qui,
placée à la partie supérieure du demi-cercle, enfi-
lait cette route du haut en bas. Une semblable
Décorations du général Dombrowski. Médailles de zme classe réunion de feux rendait la chaussée inabordable.
des ordres• de « Virtuti Militari " el de ,, Virtuti Civili " au Tandis que notre infanterie faisait de. pénibles
chiffre du roi Stanislas-Auguste Poniatowski. (A M. André efforts pour gravir la montagne par la droite et
Ma11kows/â, à Winnogora; communication de M. Bourdier) par la gauche, l'empereur arriva dans le défilé.
10
Sans s'occuper des représentations qui lui étaient La gloire de cette charge revenait entièrement
faites par ses officiers pour le déterminer à éviter le au 3m•Escadron du Régiment commandé ce jour-
tir du canon dont la direction donnait exacte- là par le chef d'escadrons Kozietulski. Suivant le
ment sur le point où il se trouvait, il se mit à ob- témoignage du colonel Niegolewski, alors lieute-
server à la lorgnette les positions espagnoles. Puis, nant, aucun autre escadron ne vint porter secours
il donna l'ordre à l'escadron de son régiment de à ses camarades. Le 3m• Escadron laissa sur le
Chevau-légers polonais, de service <l'escorte au- terrain 35 tués et 22 blessés. Les lieutenants Krzy-
près de sa _personne, de charger à fond et d'enle- zanowski, Rowicki et Rudowski furent tués ; par-
ver la batterie ennemie qui enfilait la route. mi les blessés se trouvaient les capitaines Dziewa-
« Cet escadron s'élance aussitôt, en colonne /Jal'
nowski et Pierre Krasinski et le lieutenant Niego-
quatre ; l'éJJoiwantable feu de l'ennemi (]ILÎ ren- lewski ; ce dernier avait reçu deux coups de sabre
verse à l'instant /Jlusieur.s honzmes et /Jlusieurs et neuf coups de baïonnette ; il guérit pourtant,
chevaux le font hésiter ; il est en quelque sorte ainsi que Pierre Krasinski, tandis que Dziewa-
ramené. Mais la Jné.sence du colonel Krasinslà, nowski mourait quelques jours plus tard des suites
du colonel-major Dautancourt, à la tête de la tota- de ses blessures.
lité du régiment, celle surtout de Na/Joléon - Cette charge << brillante s'il en fut )), dit le 13m•
« l'Em/Jereur nous regarde, en avant ! >> crie-l-011 Bulletin de l' Armée, est à juste titre regardée
- suffit /HnLrl'arrêter, et l'escadron s'élance à 11011- comme un des faits d'armes le plus étonnant et
veau : gravir la montagne au galo/J malgré une le plus audacieux dont la cavalerie ait fourni
/Jluie de mitraille et un feu croisé de mousquete- l'exemple. Aussi, elle couvrit le régiment de gloire
rie des plus nourris ; renverser tout ce qw voulut et ce coup d'essai l'associa dès lors, et pour tou-
.s'o/JJ,oser au choc, et em!JOrler l'inaccessible /Josi- jours, à l'élite des soldats français (Manuscrit Kra-
tion de l'ennemi, fut l'affaire d'un instant • tout sinski). Le même jour, Napoléon fit passer le
artillerie et infanterie, fut enlevé, sabré, di;/Jersé'. régiment, de la Jeune Garde, dans laquelle il
cmt/Jé ou /His. >> (Manuscrit du général Krasinski). comptait, dans la Vieille Garde Impériale.

Somo-Sierra, 30 novembre 1808. Peinture /Jar Horace Vernet


11
Le lendemain de la bataille, le Régiment des son invincible vitalité : un tel peuple ne peut pas
Chevau-Légers polonais passait devant les bi- 1nounr.
vouacs du corps du maréchal Victor. Celui-ci prit Napoléon créa le Grand-Duché de Varsovie à la
spontanément les armes et cria : « Vivent les bra-- paix de Tilsit, en 1807, et, bientôt, une armée de
ves ! )) A cet instant, ]'Empereur arriva et ordonna 30. 000 hommes tut levée et placée sous les ordres
au colonel Krasinski de former le régiment en du prince Joseph Poniatowski. En 1812, cette
bataille, et, se plaçant devant le front, il souleva a1·mée atteignait un effectif de 60. 000 soldats.
son chapeau et dit : << Je vous reconnais pour la
plus brave cavalerie )), Puis il fit défiler devant Ces troupes, formant corps ou distribuées clans
lui le régiment. différents corps français, se battirent en Espagne,
en Allemagne, puis en Russie où elles servirent
Les avantages de cette action étaient décisifs ; surtout à éclai1·er les routes, participèrent 3 tous
l'armée ennemie fut dispersée et comme anéantie. les combats, couvrirent enfin la retraite de la
La route de Madrid était ouverte et !'Empereur y Grande Armée. De grands sacrifices attendaient
entra le 2 décembre 1808. encore l'armée polonaise pendant la Cam.pagne de
Saxe, en 1813, principalement à la bataille de
(( Vivat Cesarz ! )), - « Rèstés Leipzig où elle perdit son chef, le prince Ponia-
dans les limites du troisième towski.
démembrement, a écrit un po- A ce moment de son histoire, soit au 19 octobre
lonais, Bartoszewick, nous au- 1813, les restes du 3m, Corps et les débris de la
rions eu peut-être la tranquilli- Division Dombrowski réunissaient environ 9. 000
té, mais la tranquillité de la polonais. En retraite, ces troupes suivaient la
mort. En nous résignant à no- route de Lützen. Elles n'avaient plus de chef et
tre sort, nous perdions peu à elles avaient perdu tout espoir de reconquérir leur
peu notre nationalité. L'épo- patrie, cet espoir qui avait soutenu les Polonais
pée napoléonienne nous a secoués ; partout on aussi bien sous le soleil brûlant de l'Espagne qu'au
sacrifia son sang et sa fortune, sacrifices autrefois milieu des neiges de la Russie. Un vent de décou-
inconnus. Ceux qui dormaient si bien du temps de ragement souffla dès lors stu- le Corps polonais :
Kosciuszko se réveillèrent : ce fut la première fois les officiers se réunirent et discutèrent sur l'avenir.
qu'en Pologne l'unité nationale se montra d'une Deux courants d'opinion s'établirent, les uns pen-
manière si éclatante )). C'est pourquoi l'on peut saient que les Polonais devaient retourner dans
afiirmer que la période si courte du Grand-Duché leurs foyers, disant que l'armée polonaise avait
de Varsovie fut sans doute la plus brillante de sufiisamment affirmé son dévouement et sa fidé-
l'histoire de la Pologne. Ce réveil fut définitif, il se lité à !'Empereur, déclarant que l'honneur était
manifesta à plusieurs reprises tout au long du sauf. D'autres, disaient, au contraire, qu'il n'était
XIXm• siècle. Vingt ans après avoir recouvré sa pas digne d'abandonner Napoléon tant qu'il se
liberté, voici que la Pologne subit un nouveau trnuverait en p_ays ennemi, leur défection pouvant
démembrement et endure d'atroces souffrances. compromettre l'armée française et être cause d'un
Un regard sur son passé nous donne la mesure de désastre encore plus grand, que ce serait une

Trom/Jelle, avec banderole brodée d'or et d'argent sur fond cramoisi


du Réqimenl des Chevau-Légers polonais de la Garde lm/Jériale, J•r Empire
(Au Musée Krasinski, à Varsovie)
12
cercle des officiers, qui firent silence à sa uue. Il
leur re/Jrésenta à 110iweait la honte qui s'attache-
rait à eux s'ils abandonnaient Na]Joléon dans l'ad-
versité, au milieu des ennemis qui l'entoi~raient,
avant qu'il eût fnt s'écha/J/Jer de leurs mams.
« Ces /Jaroles firent im/Jression sur tous ; ce/Jen-
dant, ime minorité fit observer que les Polonais
ne devaient déJJendre que du roi de Saxe, leur
souverain d'autres allèrent jusqu'à /Jro/Joser de
traiter di;ectement avec l'em/Jereur de /Zussie.
« Pour calmer toul le monde, le /JYÎnce Sulkow-
slâ fit la /Jromesse solennelle, en engageant sa
/Jarole d'honneur, qu'il ne conduirait l'armée /Jolo-
naise que jusqu'au N hin, qu'ii ne /Jasserait /Jas le
fleuve, mais que jusque-là il /Jartagerait la bonne
et la mauvaise fortune de l'Em/Jereur. Il ajouta
avec force qu'avant de quitter Na/Joléon sur le
Nhin, l'honneur ordonnait aux Polonais de l1ti
demander leur congé, vu qu'il ne /Jo11vait/Jlus être
question de reconstituer la Pologne. Ces conclu-
sions furent acce/Jtées à l'u11a11imilé >> (Malibran).
« Sulf.wws/à, - rafJ/Jorte Grabowslâ, qui était
attaché à l'état-major im/Jérial -, vit l'Empereu-1·
le 21 octobre à W eissenfels, et lui /Jrésenta les dé-
sirs de l'armée /Jolonaise. tes Chevau-Légers de la
Garde 11' avaient /Jas JJYis/x1rl à cette réunion, mais
seulement les trou/Jes qui avaient été sous les or-
dres du prince Ponialowsl<i. L'Empereur reçut le
/Jrince Suli<owsh avec cordialité, fit l'éloge de la
bonne volonté et de la fidélité de l'armée /Jolo-
naise, et lui dit qu'à la /Jremière occasion, il ré/Jon-
Un Chevau-Léger polonais de la Garde Impériale. Peinture
par Edouard /Jetaille. (Musée de l'Armée, Paris) drait lui-même aux Polonais. De/ntis lors, la tran-
quillité revint dans les rangs, /Jersonne ne resta
/Jlus en arrière et ce /Jetit cor/Js de braves Polo--
trahison encore plus odieuse que celle des Saxons nais marcha tout entier en bon ordre avec ses
et des autres troupes allemandes. Aigles. >>
Le prince Antoine Sulkowski décida enfin, au Le 27 octobre, Napoléon parcourait à cheval la
nom de tous, que le moment était mal choisi de rue principale de Fulda, il était suivi d'un nom-
prendre une décision et qu'il convenait de connaî- breux état-ma.ior et un escadron des Grenadiers ;i
tre la pensée de l'Empereur et d'obtenir son con- cheval de la Garde l'escortait ce jour-là. L'Empe-
sentement avant de prendre congé de lui. Le cal- reur conversait avec l'un de ses généraux, lors-
me revint alors parmi les officiers ; ils retournè- qu'un officier polonais nommé Dembinski, enve-
rent à leur poste et le Corps polonais quitta Ploeg- loppé de son manteau, désireux d'obtenir du sou-
witz avant la nuit pour aller camper près de la verain, pour son frère, la Croix de la Légion d'hon
route de Pegau. neur, surgit d'un chemin de traverse. Un officier
On atteignit ainsi Erfurt, et « toujours incertains de la suite s'avança pour s'informer de ce qu'il
sur ce qu'ils devaient faire, les officiers tinrent dans désirait. Dembinski montra de la main l'Empe-
cette ville une grande réunion ; ils étaient plus de reur, disant : << Parler monsieur ! ii A cet instant,
500 de tous grades. La question qui les agitait et Napoléon ape1·çut l'arrièi-e-garde de l'armée polo-
qui tenait au cœur de tous, officiers et soldats, naise, en marche en avant de lui, il se tourna alors
question qui passait avant toute question de disci- vers le nouvel an-ivant et lui jeta : « Monsieur l'of-
pline et de devoir militaire, était la suivante : ficier polonais, allez dire aux officiers supérieurs
L'armée polonaise n'était pas une armée de merce- de votre armée qu'ils viennent me rejoindre >>.
naires ; son souverain, le roi de Saxe, duc de L'ordre fut exécuté aussitôt, et les officiers polo-
Varsovie, était prisonnier. Personne ne s'était nais se réuni1-ent sur une hauteur, près de la route
engagé à servir les intérêts de Napoléon : tous de Schlüchtern.
avaient combattu avec héroïsme pour soutenir la L'Empereur se plaça sur un tertre et leur dit :
cause de la patrie, mais Napoléon n'avait pas cc On m'a rendu com/Jte de vos intentions : vous
reconstitué la Pologne quand il pouvait le faire, << voulez me quitter. Comme empereur, comme
maintenant il ne pouvait plus rien, pas 1nême con- << général, je 11' ai rien à vous re/Jrocher. Vous avez
server ce duché de Varsovie qu'il avait créé ... i< loyalement agi envers moi. Vous 11' avez /Jas
« La sagesse de Sullwwski, le nouveau chef de « voulu m'abandonner sans m'en /Jrévenir, et vous
l'armée, vint calmer la tempête. Il entra dans le cc voulez 111'accompagner jusqu'au R.hin.
13
Napoléon regarda de tous côtés afin de juger de
l'effet produit par son discours, répétant qu'il ac-
corderait la permission de retourner chez eux à
tous ceux qui, individuellement, le désireraient.
Emus, les officiers commencèrent à hésiter ;
l'un d'eux demanda à !'Empereur comment il
considérerait le Corps polonais : « Je vous regar-
derai, répondit Napoléon, comme les troupes du
Duché de Varsovie, comme des troupes alliées,
comme les représentants de votre nation ; vous
aurez vos relations avec mon ministre des affaires
étrangères )). A ces mots, le général Tolinski, le
premier, puis tous les officiers, s'écrièrent :
« Niech zyje Cesarz ! Umierajmy za niego ! ))
(Vive l'Em/Jereur ! Mourons /Jour lui!)
Les soldats polonais, entendant ces acclama-
tions, répétèrent trois fois avec enthousiasme :
« Vive !'Empereur ! J>
Napoléon alors, salua les Polonais et poursuivit
sa route.
Mais le prince Sulkowski voulut tenir sa parole,
il ne traversa pas le Rhin et les troupes polonaises
passèrent sous le commandement du meilleur des
généraux polonais : Jean-Henri Dombrov, 1 ski. Le
3 novembre, les Polonais entrèrent sur le sol de
France, sans but, sans espoi,-, uniquement pour
défendre l'Emperem- qui avait su exalter leurs
sentiments de devoir et de fidélité.

-,,, -~ Le Bayard Polonais. - Parmi


.. •{;
'"''.i/::41:. les grandes figures de l'his-
Un Chevau-Léger Lancier polonais de la Garde Impériale. toire de Pologne, celle du
(Gravé /Jar Charlet et terminé /Jar Raffet) JI;
~f· ~
< -~ •. prince Joseph Poniatowski
mérite une place toute spé-
<, Aujourd'hui, je veux vous donner de bons con- ciale, car elle reflète le tragi-
« seils. Où voulez-vous aller? Chez votre roi, qui que destin de sa patrie.
« est /Jriso111zier de vos ennemis? .le vous l'ai .. ~ Notre but n'est pas de tra-
« donné /JDW' souverain /Jarce que d'autres /ntis- cer ici sa biographie complè-
r< sances n'ont /HIS voulu voir à la tête de votre te, ni même de développer les raisons qui nous
« nation un chef /;lus énergique. Pour ne /HIS font formuler ce jugement. Nous voulons sim-
« exciter la jalousie de vos ennemis, il le fallait. plement, dans cette Revue qui a voulu consacrer
(< .le vous ai donné un honnête homme et 11101! son premier numéro de guerre à la Pologne,
« ami /Jarticulier. évoquer à grands traits le souvenir du Bayard
« Quant à vous, je 11' ai /;lus besoin cle vos ser- Polonais, de celui dont Napoléon a dit, à Sainte-
<< vices, mais vous avez besoin de moi. Quelques Hélène : « Le vrai roi de Pologne, c'était Ponia-
<< mille hommes de /Jlus ou de moins, tout braves towski ; il en réunissait tous les titres, il en avait
,, que vous êtes, ne changeront rien à mes desti- tous les talents. Et il s'est tu i).
:< nées. Mais craignez que vos com/Jatriotes n'aient « Cette royauté, a écrit M. Bronislaw P.awlow-
<( ù vous faire des re/;roches si, dans les traités qui ski, ce n'est pas par des paroles qu'il !'.avait prou-
<( auront lieu, il ne sera /J1us question de la Polo- vée, mais par des actes. Son dévouement, sa géné-
(( gne. Si vous m'abandonnez, je n'aurai /Jlus le rosité, son indulgence pour les compagnons d'ar-
(( droit de {Jarler de vous et, malgré les désastres mes, son intrépide b,-avoure et, enfin, ~a mort
c< qui ont eu lieu, je suis encore le /Jlus /ntissant' héroïque lui valurent, à lui q:.1i n'était p.as roi,
,, monarque de l'Euro/Je. Comme vous n'existez l'honneur de reposer parmi les sépulcres royaux.
" que {Jar les traités, jusqu'à ce qu'il y en ait d'au-- Pourtant, ce qu'il visa toute s.a vie, ce ne furent
c< tres, votre existence /Jolilique n'est /Jas anéan- guère les honneurs et les dignités, mais unique-
;, lie . .le vous donne ma /Jarole que je ne signerai ment le salut de sa patrie. C'est pour elle qu'im-
« aucun traité sans que votre rentrée honorable molant son bonheur personnel, il prodigua ses
« dans votre /Jatrie ne soit garantie. Vous retour- efforts et versa son sang ; c'est aussi pour elle que.
« nerez alors dans vos foyers avec tranquillité et luttant jusqu'au bout, il périt avec gloire )).
« avec honneu~ » Après avoir pris une part brillante, aux côtés de
14
Na/Joléon passe en revue les trou/Jes /Jolonaises et italiennes, à Montechiaro, le 10 juin 1805

Infanterie /Jolonaise marchant au combat. (Lithographie de Raffet)


15
-- -,- 71,/417 étaient trois fois supeneures aux siennes, il lui
------?- -
tint tête avec un courage admirable à la bataille
v{±)JrG~~wtk ôe, Ca(}uét~. de Raszyn. Et, peu après, la manœuvre qu'il sut
mener contre les Autrichiens obligea ceux-ci I1
évacuer le Duché de Varsovie. Ainsi, le cours
•&tia,t deJ miHuleJde la efectétaitei:ie
;J'etaL. triomphal de cette campagne et son résultat haute-
ment favorable pour la Pologne, étaient dus entiè-
le,t.2f.7.VJ/./,.fij' rement, pour ce qui concernait ce théâtre d'opéra-
tions, à Poniatowski.
cJY;;po!eoio,
pav /â y<iicc de 0,èu CL /cf y,111fiiu(ioHJ Il se couvrit de gloire pendant la Campagne de
Moscou, mais c'est alors que commença pour lui
iJct'é'mpire,C11tpetefJ1J ~ b',;,--bt,,
de! ,!/ï,;a11çat.1, l.a péi-iode la plus difficile de sa vie, la plus riche
rn ..., , , . • , , . . . .
/ <. ,,u,/ 'M.Vv,u<.., t/.'~./:dl'..,, Jr/ .tJ,U~H:/4,,:o/u~ ./<..o./f aussi en émotions douloureuses. A la funeste cam-
e,/l. ,; ·4 ~ pagne conduite par Napoléon, allié avec l'Europe
( 0 ,;, , , , . /".J# ;:> , ,'" o
.,A,,-/(,.7,t,,µ,c,,,.r'T(/e.1<.,., {,/U,P<.U✓ --?7q./.., ~ ,;,o-JN'.N,-fl._">V<,,~;✓d/'tJ:': entière contre la Russie isolée, succédait la coali-
,:, • ' / , , ,,, • , .,, /. , ·<
(
;;,r,;.d~, J';--e,,v,_;,,/-:,vt,C,u~j C-J<.:,,41~/Hl'b "'/a.n,,,:f~.,r.,,J.,."',,.""~•u.~: tion de l'Europe et de la Russie contre Napoléon
~- PrvUU., :J.-:u/ tld !' ,h r,,.,,./;t,-l v,~V · abandonné à son tour. Tandis que, de toutes parts,
.v"'<,r•~.2. on faisait entrevoir au prince des perspectives ma-
1~,;,;U,,.,,,L-r /;,-,a..,,Jzu.w. Jc7«A--1:,..,,,,71/.?P.:f<' ',..,,,✓,,~;,ur✓#,t,,/ <l-• gnifiques à la seule condition d'abandonner la
,/:;,{,,,..;,,,.,_.JI,.,,,,_~
/''Z),:;f"'-'"'' d,J.., mm~"""/:?,,,,,,,',(,, cause de Napoléon pour prendre le parti des coali-
• t:✓
~,,,-' '?7.Q/>u, yoA:-dv; ~",: J.r, .z,..,..,,-,,.,,L,,~ ..,,,_,..,,nu /,.:/;,,,~.
sés, et qu'il voyait presque tous ceux de son entou-
1
JU<'-'✓t,Fr;;;__ tfu. J,:_,z,v,,~~,!,H.. !!f)'l.a-#·1('..t_ • rage conclure un pacte .avec le tzar Alexandre I"",
":,/"Î,i/: ...·~- Poniatowski fut le seul à ne pas fléchir. « Jusqu'au
,,'!(.5h.«lf:ux. /J/,~ .fét<PCuH4J>ft1t,XJ~/-,r,_,. ~ t7)t1,,u_/ bout, il resta fidèle à la France, comme le lui dic-
::;1';,,·,.,,_.,,,,/(,_;
vX/~,,.,J,u,.,.,,(=(;.v,J,.;,,,J.fZ,~· taient son honneur et son devoir de soldat, et,
r~(,,. l?~-81!4P7~- du~~:.:cd~;hw ....d.,._,r,W--uk rnssi, parce que c'est seulement dans une alliance
""' _{;;,,,/,..,"-'" p,;;,.,J Ct:.w✓ .,,. -'2:f..;~,--:od., avec cette nation qu'il voyait un avenir meilleur
C/uvâu_~ /f~A. /'"~,.,N~AA, V'e.À:/i'.,d.t:,·y.vu1i.._, .:/1 Ju<11C> pom- la Pologne JJ. Au commencement de mai
~: ~ru.,!#<l.t;,,/#•u:, ('V.UU-U•' /c,-.,,,1:.1.,&/o~-L;Ûl4M.#~ 1813, il s'éloigna de son pays à la tête de son corps,
r- {..C':.,,w,J,) ·a.,7_:,,,:,,r,~iv ,;., "o/,;,,._;-; '!
c:~-•.r:À'.

Minute du décret incor/Jorant l'escadron Na/Jo/éon de Che-


vau-Légers /Jolonais 11e11antde l'île d'Elbe avec l'Em/Jereur,
dans le R_égiment de Chevau-Légers Lanciers de la Garde
lm/Jériale, en date du 22 avril 1815. (Collection Raoul et
Jean Brunon).

Kosciuszko, aux luttes qui précédèrent le troisième


et dernier partage de la Pologne, le prince Ponia-
towski s'était retiré de toute activité. Mais, en
1805, il s'éveill.a comme d'un long sommeil aux
échos formidables de l'épopée napoléonienne.
Le 6 décembre 1806, d'ordre de l'empereur Napo-
léon, il rentrait en possession de son ancien grade
de lieutenant-général des armées de l'ancienne
République de Pologne et, quelques mois après, il
se consacrait à l'organisation de l'armée de ce
Grand-Duché de Varsovie, nouvellement créé et
dont il fut le symbole vivant.
Sans entrer dans les mille détails du rôle que
joua, pendant six ans, le prince Joseph comme
ministre et commandant en chef, et, à .iuger l'en-
semble de son œuvre, il convient de le placer très
haut. Les documents de l'époque en font foi, ainsi
que sa correspondance militaire, pleine de ses
aptitudes organisatrices, de science, c,.le sagacité.
C'est pendant la campagne de 1809 que le génie Lettre portant la signature autogra/Jhe de Na/Jo/éo11, Paris,
militaire de Poniatowski brilla de tout son éclat. 3 décembre 1813. C'est un ordre de l'Em/Jereur concernant
Le 15 avril 1809, les troupes autrichiennes péné- l'organisation des trou/Jes /Jo/onaises à Sedan, a/Jrès la cam-
traient en territoire polonais. Le prince ne s'émut pagne de 1813, e11 Allemagne, et en vue de celle de 1814, en
pas de la puissance de l'ennemi dont les forces France. (Col/ectio11 Raoul et Jean Brunon),
16
Le débarqueme1Lt de Na/1oléon au Golfe-Juan, le /cr mars 1815
(SéJJia a/1/JC1rtenant à la collection Raoul et Jean Bn111on)

CHEVAUlfuï~

NAPOLÉ

Etendard de l'escadron Na/Joléon de Cltevau-Léyers /Jolonais de la Garde lmJ,ériale ù l'île d'Elbe, 1S1-1-1S15. Fond de
taffetas blanc, de 5S centirnètres de côté, bande de taffetas cramoisi de 20 centimètres, abeilles et N couronnée brodées
de soie iattne, inscri/1tions brodées de soie cramoisie. (Au Musée de /'Armée. Collection du J1rince de la /\loskowa).

17
cc Poniatowski /Htrlit à /Yied /Jar les boulevards.
C'était affreux de contem/Jler les débris en retraite
de la Grande Année, cette /Joignée d'hommes qui
entourait notre /Jmwre chef. R.e/Joussm1t toutes les
attaques, ils marchaient vers le /Jont sans savoir
qu'il 11'existait /Jlits. L'infanterie ennemie les sui-
vait, tirant sur eux.
cc Le /Jrince, voulant mettre un instant ses hom-
mes à l'abri, entra dans le jardin de R.eichel, déjà
jonché de cadavres. Les arbres du fxirc ne furent
/Jas suffisants /Joiir protéger notre chef, il fut con-
tusionné au côté /Jar un /Jrojectile qui le fit tomber
sans connaissance dans les bras d'un de ses aides
de cam/J. Enfin, il revint à lui, on le /Jansa et
on le hissa sur le meilleur des chevaux qui le sui-
vaient, mais à /Jeine /JOLtvait-il se tenir en selle.
cc Tous ses aides de cam/J le su/J/Jliaient de rester
et de se faire soigner sérieusement - c'est-à-dire
de se laisser faire /Jrisonnier et de céder son com-
mandement - cc Non, ré/Jondit-il d'une voix faible,
Dieu m'a confié l'honneur des Polonais, je ne le
Etendard du z,ne 1\égiment de J-lulans J;olonais au service rendrai qu'à Dieu ! )J
du JJrince Murat, grand-duc de Berg et de Clèves, 180ï. <c A ce moment, survint un officier du Génie
(Collection l\aoul el Jean Brunon). qui annonça cm /Jrince que le pont de l'Elsler avait
sauté /Jrémalurément /Jar suite d'un malentendu,
lentement, comme s'il eût pressenti qu'il ne le mais qu'il connaissait im endroit où l'on /Jourrail
reverrait jamais plus. facilement /Jasser la rivière à gué. Tout le monde
le suivit jusqu'au bord de l'Elster. Le /Jrince entra
Aux champs de Leipzig, exact~ment le 15 octo- dans l'eau, mais, affaibli /Jar ses blessures, par la
bre au matin, Napoléon annonça devant la ligne de dernière surtout, il laissa f lotier les rènes ; le che-
bataille qu'il venait d'élever Poniatowski à la di- val atteignit l'autre rive sous une pluie de balles,
gnité de maréchal de France. Le Bulletin du jour mais la berge était /Jresque à /Jic, très glissante ;
mentionnait que le prince cc s'était, dans toutes les le cheval n'y fnLt /Jrendre /Jied, le /Jrince tomba à
batailles, couvert de gloi1-e ii. Il avait été l.a veille, l'eau et fut emf;orté /Jar le courant. Il est /Jroba-
blessé à la main, en chargeant à la tête d'un régi- ble qu'il avait /Jerdu connaissance, car il venait
ment de Lanciers; il le fut une seconde fois le len- de recevoir encore une blessure, la troisième de la
demain. journée, la cinquième depuis le commencement
Et voici la fin du héros, le 19 octobre, telle
qu'elle est relatée dans les mémoires d'Ostrow-
ski : cc V ers une heure de l'a/Jrès-midi, Lei/JZiy
était déjà occu/Jée /Jar les trou/Jes alliées. Le /Jrin-
ce Poniatowski voyait bien que sa /Jetite /Jhalange,
com/Josée de ses aides de cam/J, de quelques offi-
ciers su/Jérieurs, de laal<us et de cuirassiers, ne
/Jouvait fx1.s tenir /Jlus longlem/Js ; c'est seulement
alors qu'il se décida à la retraite. Le général Bro-
nilwws!à s' a/J/Jroc/w de lui et le su/J'fJliade /Jasser
la Pleisse à la nage sans retard ; tout n'était /Jas
/Jerdu, l'année française se relirait seulement faute
de munitions. Ni l'un, ni l'autre ne savaient en-
core que le /Joni sur /'Elster était détruit et que
la retraite était COLL/Jée /Jarlout. Le /Jrince Jose/Jh
céda aux instances de son ami et se jeta dans la
Pleisse, suivi de son état-major, des laal<us et des
cuirassiers. La Pleisse, comme l'Elster, était gon-
flée /Jar une crue et le courant était violent. Le
/Jrince, blessé au bras, ne /Joiwait maintenir son
cheval que le courant entraîna. Le ca/Jitaine Blé-
cham/J•s, un de ses aides de cam/J, qui était excel-
lent nageur, s'élança vers le /Jrince qu'il réussit ù
ramener sur la rive o/J/Josée, mais le cheval fui En taffetas de soie J;eint aux couleurs du Grand-Duché, blanc
noyé. et rouge; ornements et inscriptions J;ein.ts en or et couleurs.
19
de la bataille de LeiJJZig, et il avait /Jerdu beau-
cou/J de sang. Le ca/Jitaine Blécham/Js se jeta à
l'eau /Jour essayèr de le sauver encore une fois ;
il arriva à lui, et l'on vit le chevaleresque officier
français re/Jaraître /Jlus d'une fois à la surf ace avec
le /Jn·nce qu'il tenait par la taille,. /nLÏs tous deux
s'enfoncèrent et on ne les revit /Jlus.
« Trois jours a/Jrès cette scène dramatique, des
/Jécheurs retirèrent avec leurs crocs, JHès du bar-
rage de l'Elster, les cor/Js des deux victimes.
« Le /Jrince Schwarzenberg, ancien camarade
du /JrÎnce, le fit enterrer avec les honneurs mili-
taires, dans le jardin de R_eichel. C'est là que, neuf
mois plus tard, les trou/Jes /Jolonaises, en rentrant
dans leur /Jatrie, reprirent le cur/Js de leur chef
/Jour le ramener à Varsovie. ii
Le 4 novembre 1813, Napoléon écrivit, de
Mayence, la lettre suivante à la sœur de Ponia-
towski : « Madame la Comtesse Tyskiewicz, la
/Jerte que nous avons faite est bien grande. Le
/Jrince Poniatowski est mort glorieusement a/nès
m'avoir rendu les plus grands services /Jour les-
quels je l'avais nommé maréchal de France. Vous
trouverez toujours /Jrès de moi, /Jrotection et le
/Jlus vif intérêt. Jl
Si le prince Joseph appartient ù l.a Pologne, le Cza/Jska de trou/Je de Lancier de la Légion de la Vistule,
111aréchal Poniatowski appartient i1 la France. Son 1808-1811, ou des 7me et 3me Régiments de Chevau-Légers,
nom, inscrit au côté Est de !'Arc de Triomphe de 1811-1814. On remarquera la croix polonaise, argentée,
sur la cocarde aux couleurs françaises. C'est le seul s/>é-
!'Etoile, reste cher aux cœurs français. c1111en connu. (Collection Raoul et Jean Brunon).

Fidélité. - Peu de jours avant mage de cette fidélité que nous avons conservée
son abdication, à Fontaine- dans les circonstances les plus critiques et jus-
bleau (6 avril 1814), l'empe- qu'au dernier moment à un prince malheureux ll.
reur Napoléon appela auprès La réponse de l'empereur de Russie fut des plus
de lui le général Krasinski, flatteuses ; il avait depuis longtemps de la sympa-
colonel des Chevau-Légers thie pour les Polonais et nourrissait pour eux des
Lanciers polonais de la Gar- projets qui aboutirent ù la création d'un Royaume
de, l'un de ses chambellans, de Pologne sous un statut' particulier : ainsi les
et lui demanda ce qu'il dési- efforts persévérants des Polonais, les sacrifices
rait qu'il fit pour les troupes polonaises. Le général consentis depuis vingt ans ù la cause de la patrie,
lui répondit que l'armée polonaise priait !'Empe- au souffle puissant de l'épopée française, n'avaient
reur de vouloir bien lui accorder son congé et de donc pas été perdus ; ils eurent certainement une
lui donner un témoignage officiel de sa satisfaction. inHuence sur les décisions cl'Alexandre.
!}Empereur écrivit alors la lettre qui suit : « Mon- Le 11 avril, le général Krasinski quitta Fontaine-
sieur le général comte Krasinski, vous recevrez bleau ù la tête des deux régiments polonais de la
un déci-et par lequel je réunis sous votre comman- Garde et, dès le lendemain, il prit les ordres clù
dement tous vos compatriotes qui se trouvent dans grand duc Constantin de Russie.
l'armée ; je désire que vous témoigniez de ma part Le 7 juin 1814, les débris de l'armée du Duché de
;, ces braves Polonais la satisfaction que j'ai de Varsovie, réunis aux Chevau-Légers de la Garde
leurs bons et fidèles services. Su.r ce, je prie Dieu Impériale, se mirent en route de Saint-Denis, sous
qu'il vous ait en sa sainte garde. Fontainebleau, la conduite du général Sokolniczki, pour retourner
le 4 av1-il 1814. Signé : Napoléon ll. en Pologne ; ils emportaient avec eux l'estime et
Le général en chef de l'année polonaise, après les regrets de toute l'armée française.
avoir reçu de Napoléon la liberté de tout engage- En traversant Nancy, les officiers polonais se
ment pour tous ses compatriotes, résolut, d'ac- rendirent clans la basilique de Notre-Dame de
cord avec eux, d'utiliser la bienveillance de l'em- Bon-Secours pour s'incliner devant le tombeau du
pereur Alexandre. li lui adressa une lettre dans roi Stanislas Leczinski ; ils voulurent marquer
laquelle on lisait : « Polonais, nous avons servi leur passage par un ex-voto qui existe toujours.
l'homme le plus étonnant du siècle, et nous ne C'est une dalle de marbre noir, scellée dans la
l'avons quitté que quand il nous a quittés lui-mê- muraille et que surmonte l'aigle polonaise ; une
me. Sire, décidez de notre sort, et agréez l'horn- inscription latine, noble et émouvant hommage de
20
ces errants, peut se traduire ainsi : « Après avoir fidélité qu'il dédia au Grand Homme dont il suivit
« cherché par le monde, avec l'aide de la France, le destin et partagea la gloire ; le lecteur y trou-
« une patrie qu'ils ont méritée par leur courage et vera le touchant souvenir de Marie Walewska :
« leur persévérance, les débris de l'armée polo-
« naise, rassemblés par la bienveillance d' Alexan- Vers l'Elbe, l'Empereur voguait;
Devais-je revenir, où et pourquoi ?
« dre le pacificateur, et regagnant leurs pénates
Je sais comment, me payeront les Allemands,
« sous la conduite de Michel Sokolnicki, aux cen- Je sais que les chemins de mon destin
cc dres d'un père et d'un bienfaiteur, de Stanislas Sont éclairés par une étoile
cc Leszcinski, bisaïeul du roi très chrétien, disent Et que, quand elle pâlira,
cc en pleurant un éternel adieu. 11 juin 1814. >> Pâliront avssi nos destinées.
En passant par Leipzig, l'année polonaise Donc, triste et endolori,
reprit .avec elle, comme nous l'avons déjà relaté, Je voguais vers un rocher,
le corps du prince Poniatowski ; il fut inhumé à Après Elle, après Lui ; peut-être encore
Dieu aidera Napoléon.
Varsovie, puis, en 1817, transporté à Cracovie dans Souvent, étant de garde,
la sépulture des rois de Pologne. Je le voyais sur ces rochers,
Mais, pour terminer, revenons auprès de ce Ré- Regardant des heures entières
giment des Chevau-Légers polonais de la Garde Si quelque navire passait.
Impériale qui, après la chute de l'Empire, s'assura Les flots de la mer frappaient les roches,
pour toujours dans le souvenir des Français une Les nuages obscurcissaient le ciel,
place d'honneur. Et Lui, sur cette montagne
Me semblait une étoile dans la· nue.
cc Venus des bords lointains de la Vistule, ces Une fois, il passa avec une jeune dame;
cavaliers aussi brillants qu'intré/Jides, restés sans Je l'examinai de côté;
/Jalrie a/Jrès tant d' ex/Jloits et jugés dignes par Il lui dit : « Regardez-le,
/'Empereur de fournir sa dernière escorte à l'île << Avance à l'ordre, grognard ! »
d'Elbe, fra/J/Jèrent les imaginations françaises ; « C'est votre compatriote >>. Mes yeux se mouillèrent;
on se /Jlut à voir en eux la /Jersonnification cheva- « Où êtes-vous né ? » - << Au bord de la Vist11le... »
leresque de la fidélité au héros vaincu. Aussi, le « - Si tous m'aimaient ainsi,
c< Nous vaincrions encore ».
Lancier /Jolonais apparaît-il alors, en des grou/Jes Ayant mis l'arme à l'épaule,
symboliques que vulgarisa la lithogra/Jhie, aux Je dis : - « Sire !
côtés du Grenadier à /Jied de la Vieille Garde. Le << Dieu voit que je ne mens pas,
souvenir de la téméraire vaillance du cavalier, de « Cent mille hommes se lèveront encore,
la froide bravoure du fantassin, se dé/Jensant li « Faites seulement un appel aux armes
l'envie, l'une et l'autre, dans un absolu dévoue- <t Et il ne manquera pas d'hommes en Pologne ! »
ment au grand ca/Jitaine, semble avoir fait de ce (« Wiarus Na/Jo/eonslâ », Le Grognard Napoléonien »).
cou/Jle fraternel, l'image favorite de l'armée dis-
/Jarne » (Général Vanson). JEAN BRUNON.
Le traité de Fontainebleau avait accordé à Napo-
léon d'emmener avec lui, à l'île d'Elbe, six compa-
gnies de Grenadiers et de Chasseurs de la Vieille
Garde, une compagnie de Marins et un escadron
de Chevau-Légers polonais.
Cet escadron prit le nom d'Escadron Napoléon ;
il était commandé par le chef d'escadrons Jerma-
nowski, ayant sous ses ordres les capitaines Ba-
linski et Szulti, les lieutenants Finkowski, Sko-
wrowski, Koch et Piotrowski. Son effectiI au dé-
part était de 109 hommes. Sa composition fut
arrêtée le 10 avril 1814, à Fontainebleau, et un
grand nombre de Chevau-Légers, désireux de se
consacrer au service de l'Empereur, ne purent
être admis. Par ailleurs, quelques Chasseurs et
Mamelucks de la Garde réussirent à se faire incor-
porer dans la petite troupe.
L'Escadron Napoléon rentra à Paris le 20 mars
1815, après avoir accompli avec !'Empereur ce
retour triomphal et accompagné le vol de l'Aigle
de l'île d'Elbe jusque dans la capitale. Il fut alors
incorporé dans le Régiment des Chevau-Légers
Lanciers de la Garde, dont il forma le premier
escadron. Czapska du /Jrince Jose/Jh Poniatowski comme général de di-
L'instant est venu de laisser la parole au Chevau- vision du Duché de Varsovie (1807~1814). En feutre nôir,
Léger polonais et de chanter avec lui l'hymne de garni en argent. (Au Musée Zamoyski, à Varsovie).
21
Etendard du ter escadron de la Cavalerie de la Légion J;olonaise, dite du Danube, sous le Consulat. En soie darnassée,
tricolore, broderies d'argent el de soie de cou.leur. Les inscriJ;lions du revers sont en langue J;olonaise. (Musée
de /'Armée, collection du /Jrince de la Mosi<owa).

Marche du Régiment de la Garde Polonaise

Nic placzmy nad naszym losem, Ne pleurons pas sur notre sort,
Do chwaly na111 trzeba spiesszc, Courons vers la gloire ;
I raczej slawy odglosem Et que plutôt l'écho de la gloire
Stesknione serca pocieszyc. Console les cœu,·s attristés !

Nie bedziecie nas plakaly. Ne nous pleurez pas,


M.atki, siostry i kochanki ! Mères, sœurs et amantes,
Bo sarna srnierc, w polu chwaly, Car la mort elle-même, au champ de gloire
Szczescie111 jest prawei Stowianki. Est !e bonhelll· de la vraie slave.

Biegniemy : - W ojczysta strone Courons : - du côté de la Pat,·ie


Zwracajac trosldi,~,; oczy : Toun,ant nos yeux inquiets :
Serca, ni.i,ejsce;n pci"èl~ielone, Les cœurs, divisés par les lieux
B, ate,:s"l~à-\nilosc jednoczy. Seront unifiés par l'amour fraternel.

Przydzie czas, gdy mi tej zicrni, Le jour viendra oi,, sur cette terre,
"'srod swietnych zwycieztwa znakow, Au milieu des marques brillantes de la victoi,·e,
Polacy ... wposrod Polakow. Nous nous verrons tous heureux :
Ujrzyrny sie szczesliwemi : Polonais. . . au milieu des Polonais.

Extraits de la Marche du Régiment de la Garde polonaise de Napoléon, en 1808, par Louis Osinski.

22
r

É~
,i
- ?--
::::,

~:~~~~'<»~, .
(__ v-...__-:y,..__ - --

On remarquera, en tête de chaque paragra-


,. phe, des empreintes originales de cachets <l~
Conseils d'administration de Corps de troupes
polonais sous la République et sous l'Empire :
Page 5 ; Cachet de la 1re Légion polonaise, ou
Légion italique, 1800-1802.
Page 10 ; Cachet du 1er Régiment des Chevau-
Légers Lanciers polonais <le la Garde Impé-
riale, 1812-1814.
Page 12 : Cachet de la Légion de la Vistule,
1808-1814.
Page 14 : Cachet de la 3me Demi-Brigade
polonaise, ancienne Légion du Danube,
1802-1809.
Page 20 : Cachet de !'Escadron Napoléon de
Chevau-Légers polonais à l'île cl'Elbe, 1814-
1815.
Extrait de la revue « La Légion Etrangère », Décembre 1939.
23
1

-- MARSEILLE --
Imp. du PETIT MARSEILLAIS
15, COUI1Sdu Vieux-Port, 15
1940

Vous aimerez peut-être aussi