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Faculté de Technologie

Département de Génie Civil & Travaux Publics


Master 1 VOA

Chapitre 4
Calcul de poutres avec entretoises
supposées infiniment rigides
Méthode de Courbon
 Introduction
 Aperçu général de la méthode de Courbon
 Répartition des charges entre les poutres
 Flexion des poutres
 Effort tranchant dans les poutres
 Calcul des entretoises

Chargé du module
Mr. Z. LOUHIBI
CHAPITRE 4 : Méthode de Courbon R
C

CHAPITRE 4

METHODE DE COURBON

1 INTRODUCTION
Le moment fléchissant et l’effort tranchant d’un tablier peuvent être déterminés par les lignes
d’influence en n’importe quelle abscisse x le long du tablier. Mais le problème qui se pose est
comment répartir ce moment et cet effort tranchant entre les poutres ? càd connaître les valeurs de
sollicitations de chaque poutre. Plusieurs méthodes ont essayé de répondre à cette question, les plus
connues d’entre elles sont :
- La méthode de Courbon qui est appliquée lorsque l’entretoise est infiniment rigide. Elle fait l’objet
de ce chapitre.
- La méthode de Guyon-Massonet qu’on applique pour une entretoise de rigidité finie. Elle fait
l’objet du chapitre 3.
Les méthodes de Courbon et de Guyon-Massonet sont les méthodes les plus utilisées pour le calcul
du tablier, cela est dû à la facilité de leurs manipulations par les bureaux d’études. Cependant,
plusieurs autres méthodes peuvent être appliquées, telle que :
- La méthode des appuis élastiques des entretoises sur les poutres (méthode des 5 moments).
- La méthode de la matrice de transfert.
- L’analyse à partir de la torsion non uniforme.
- La méthode des éléments finis et des bandes finies.
Par ailleurs, le cas des caissons uni et multi cellulaire suscite une étude particulière qui exploite la
théorie des parois minces.

2 APERÇU GENERAL DE LA METHODE DE COURBON


Cette méthode dite des entretoises rigides est due à J. Courbon (calcul des ponts à poutres
multiples solidarisées par des entretoises, Annales des Ponts et Chaussées, novembre-décembre
1940). Dans les calculs on suppose que les déformations des entretoises sont négligeables vis-à-vis
des déformations des poutres, c'est-à-dire que les entretoises présentent une rigidité infinie.
En pratique, l’hypothèse de l’entretoisement rigide est vérifiée si les trois conditions suivantes
sont remplies :
- La largeur du pont est nettement inférieure à sa longueur (leur rapport inférieur à 1/2).
- Les entretoises sont espacées d’une distance maximale égale à la largeur du pont.
- Pour réaliser des entretoises rigides, on doit avoir :
 Dans les ponts en béton ; des entretoises dont la hauteur est du même ordre que
celles des poutres.
 Dans les ponts métalliques ou mixtes ; des entretoises en treillis, ces dernières
présentent une grande rigidité par rapport aux sections à âme pleine.

1
CHAPITRE 4 : Méthode de Courbon R
C

Fig. 1 Répartition des charges entre les poutres par une entretoise rigide

3 REPARTITION DES CHARGES ENTRE LES POUTRES


3-1 Cas général
Supposons que le tablier reçoit dans le plan de l’entretoise une charge concentrée P
d’excentricité e (fig. 2). Ecrivons les équations d’équilibre de l’entretoise
 n



 z
F  0  
j 1
Rj  P (51)
 n (1)
 M t / o  0   R j  y j  P  e (52)

 j 1

Fig. 2 Bilan des forces sur une entretoise

Sous la charge P d’excentricité e l’entretoise supposée infiniment rigide subit une déformée
linéaire (fig. 3). Sa flèche peut s’écrire sous la forme
f i   yi   (2)
Où  et  sont des constantes réelles.

Fig. 3 Déformation rigide du tablier transversalement

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CHAPITRE 4 : Méthode de Courbon R
C

La flèche fi est proportionnelle à la charge Ri reprise par la poutre (i), et inversement proportionnelle
à son inertie Ii. On peut écrire
R
fi  k i (3)
Ii
Où k est une constante réelle
R
En remplaçant l’équation (3) dans (2), il vient : k i   yi  
Ii
Ou bien
 
Ri  I i  yi   (4)
k k
En posant les constantes
 
a  k
 
(5)
b 
 k
On aura
Ri  I i a yi  b (6)
En remplaçant l’équation (6) dans les équations d’équilibre (1), il en résulte

  
n n

R j  I j a yj b  P 
j 1 j 1

et  (7)

 
n n

R j yj  I j a yj  b  yj  Pe 
j 1 j 1 
En développant la relation 7, on aura
n n

a  I j y j  b I j  P 
j 1 j 1

et  (8)
n n

a  I j y 2j  b I j y j  P  e 
j 1 j 1 
En choisissant une position de l’origine O des axes qui coïncide avec le centre d’inertie, il vient
n

I
j 1
j yj  0 (9)

La relation (7) devient


n

b I j  P 
j 1

et  (10)
n

a  I j y 2j  P  e 
j 1 
Ainsi on obtient les constantes a et b

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CHAPITRE 4 : Méthode de Courbon R
C

Pe 
a n 
I
j 1
j y 2j 

et  (11)
P 
b n 
I
j 1
j



En remplaçant les expressions de a et b dans l’équation (6), on obtient


 
 
Pe P 
Ri  I i  n yi  (12)
 n

 I j y j 
2
Ij 
 j 1 j 1 
Soit
 n

 eI j 
PI
Ri  n i 1  n  yi 
j 1
(13)
 
 I j   I j y 2j 
j 1  j 1 
En posant
n
eI j
j 1
i  1  n
 yi (14)
I
j 1
j y 2
j

On obtient
P  Ii
Ri  n
 i (15)
I
j 1
j

Remarques
- Si l’axe d’une poutre passe par le centre d’inertie, on aura
PI
yi  0   i  1  Ri  n i
I j j 1

- Si les charges sont disposées symétriquement par rapport au centre d’inertie, on aura
PI
e  0   i  1  Ri  n i i
I j
j 1

3-2 Cas de poutres identiques également espacées


Les (n) poutres espacées de la distance (d) ont un moment d’inertie (I) et sont numérotées de
droite à gauche (fig. 4).

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CHAPITRE 4 : Méthode de Courbon R
C

Fig. 4 Tablier à poutres identiques également espacées

Calculons l’expression
Ii I 1 (16)
n
 
I
nI n
j
j 1

En remplaçant l’équation (16) dans (15), on aura


P
Ri   i (17)
n
n

I j
nI n
On a aussi : j 1
 
n n n

I
j 1
j y 2j I 
j 1
y 2j 
j 1
y 2j

Soit
n

I j 1
j
n (18)
n
 n

I
j 1
j y 2j 
j 1
y 2j

D’après la figure 5, on a
yi  n  1  i  1 d
d
(19)
2
Ou bien
yi  n  1  2 i 
d
(20)
2
n n
d2
 y 2j   n  1  2 j 
2
Il en résulte :
j 1 j 1 4
Soit
n
d2  n n n 
 y   n  1  4 n  1  j  4  j 
2 2 2
j (21)
j 1 4  j 1 j 1 j 1 
Les formules usuelles des séries s’écrivent

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CHAPITRE 4 : Méthode de Courbon R
C

 n  1  n n  1
2 2
(22)
j 1
n
n  1
2
j n
j 1
(23)
n
n  1 2n  1

j 1
j2  n
6
(24)

En remplaçant les équations (22), (23) et (24) dans l’équation (21), il vient
n
d2  n  1 2n  1
 y 2j  n n  1  2n n  1  2n
2 2

j 1 4  3 
Soit après simplification
n
d2
 y 2j  n n  1n  1 (25)
j 1 12
Ou bien
d2
 
n


j 1
y 2
j
12
n n2 1 (26)

Et par la suite
n

I j 1
j
n 12
 
n n
d n2 1
2
  (27)
I
j 1
j y 2
j y
j 1
2
j

En remplaçant les équations (20) et (27) dans (14), il résulte


12 e
i  1  2 2 n  1  2 i  d
d n 1   2
Soit
i  1  6
n  1  2 i   e
n 2
1  d
(28)

Et finalement, la charge revenant à chaque poutre s’écrit


P 
Ri  i 
n
avec
i  1  6
n  1  2 i   e 

(29)
n2 1 d   
Remarques
- La réaction maximale se produit dans la poutre de rive ( i=1) située du même côté que la
charge P par rapport à l’axe du pont, et pour laquelle on a le terme Δi maximal.
- Si le pont comporte un nombre impair de poutres, sur la poutre centrale :
P
yi  0   i  1  Ri 
n
- Si les charges sont disposées symétriquement par rapport au centre d’inertie, on aura
P
e  0   i  1  Ri  i
n

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CHAPITRE 4 : Méthode de Courbon R
C

Résultats
D’après l’exercice 2, en utilisant la ligne d’influence de la réaction Ri (fig. 5), on peut déduire les
relations suivantes :
Cas de charges concentrées (fig. 5-a) :
m

Ii P k  yk
 i  k 1
(30)
n
 m 
I j   Pk 
j 1  k 1 
Cas de charges réparties (fig. 5-b) :
Ii 
n
 i  (31)
I
Lc
j
j 1

P1 = RE1 P1 = RE1. . . . . Pk = REk. . . . . Pm = REm q = RE

L.I Ri L.I Ri
+ +
- -

a- Charges concentrées b- Charges réparties

Fig. 5 Chargement de la ligne d’influence de Ri

4 FLEXION DES POUTRES


Les moments fléchissants sont proportionnels aux réactions Ri. Par conséquent, on peut écrire

Ii
M i x   M x    i 
n

 j 1
Ij 

n 


avec (32)
I
j 1
j

i  1  n  e  yi 

j 1
I j y 2j


Où M(x) est le moment fléchissant total du tablier.


Mi (x) est le moment fléchissant dans la poutre (i).
En utilisant les lignes d’influence transversales des réactions Ri, et en substituant les équations (30) et
(31) dans l’équation (32), il vient

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CHAPITRE 4 : Méthode de Courbon R
C

m

P
 yk  k
Ch arg es concentrée s : M i x   M x   k 1 m 
  
  Pk   (33)
 k 1  
 
Ch arg es réparties : M i x   M x   
Lc 

5 EFFORT TRANCHANT DANS LES POUTRES


5-1 Cas d’une charge répartie
L’effort tranchant dans la poutre (i) est directement lié à sa réaction Ri sur l’entretoise.
Ii 
Ti  x   T  x   n
 i 
j 1
Ij 

n 


avec (34)
I
j 1
j

i  1  n  e  yi 

j 1
I j y 2j

En utilisant l’équation (31), on peut écrire

Ti x   T x   (35)
Lc
5-2 Cas de charges concentrées
- En travée l’effort tranchant dans la poutre (i) est directement lié à sa réaction Ri sur l’entretoise.
- En voisinage de l’appui les flèches et les courbures des poutres tendent vers 0. Dans ces conditions
on ne pourra plus négliger les déformations des entretoises devant celles des poutres. Le rôle
répartiteur des entretoises va diminuer pour s’annuler complètement sur l’appui.
On découpera le tablier en deux zones (fig. 31).
Zone 1 : (Entre l’appui et la première entretoise)
Le rôle répartiteur des entretoises est partiel.
Zone 2 : (Entre la première entretoise et l’autre appui)
Le rôle répartiteur des entretoises est total.

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CHAPITRE 4 : Méthode de Courbon R
C

Zone I Zone II

A B
L1 Première entretoise
Appui L
a- Coupe Longitudinale
E

Zone I Zone II
Ligne d'appui

Poutre (i+1)
(i+1)
Poutre (i)
(i)
ba

ba
P Poutre (i-1) P
(i-1)
x
Première entretoise
L1 c- Coupe E-E
o x
E

b- Vue en Plan

Fig. 6 Découpage du tablier en 2 zônes ; selon le rôle répartiteur


des entretoises vis-à-vis l’effort tranchant

5-2-1 Effort tranchant dans la zone 1


Le rôle répartiteur de l’entretoise est :
- Nul au niveau de l’appui A (x = 0).
- Total au niveau de la 1ère entretoise (x = L1).
- Intermédiaire dans l’intervalle 0 < x < L1.

H1- Hypothèse de répartition nulle


Dans l’intervalle 0 < x < L1 , en appliquant l’hypothèse de répartition nulle, on peut admettre que
l’hourdis est simplement appuyé sur les poutres. En utilisant la figure 31-c, la réaction de la poutre (i)
se calcule par
P b
Ri  (36)
a  b 
En utilisant la figure 7, on peut écrire
R   L  x 
RA  i (37)
L
L’effort tranchant dans la poutre (i) sous l’effet de la réaction Ri se calcule par

Ri  L  x 
Tix   R A  (38)
L
P  b L  x 
En remplaçant l’équation (36) dans (38), il résulte : Tix   
a  b L
Ou bien

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CHAPITRE 4 : Méthode de Courbon R
C

P b  x
Tix    1   (39)
a  b  L 
x R"i
Poutre ( i )
A B
L1
RA L

Fig. 7 Charges revenants à la poutre (i)

H2- Hypothèse de répartition totale


Sous la charge concentrée P appliquée dans l’intervalle 0 < x < L1 (fig. 8), on a

 I 
Ti  x   T  x   n i   i 
j 1
Ij 

n 


avec (40)
I
j 1
j

i  1  n  e  yi 


j 1
I j y 2j

et
 x
T  x   P  1   (41)
 L
x P
Tablier
A B
L1
RA L

Fig. 8 Charges revenants au tablier

H3- Hypothèse de répartition intermédiaire (cas réel)


L’effort tranchant revenant à la poutre (i) s’écrit sous la forme

Ti x   a x   x  b x  (42)
Où a(x) et b(x) sont 2 fonctions de l’abscisse x.


x  0  Répartitio n nulle  Ti x   Ti x   b x 
d’où

b x   Ti x  (43)

x  L1  Répartitio n totale  Ti x   Ti x   a x   L1  b x 


Soit en remplaçant l’équation (43)

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CHAPITRE 4 : Méthode de Courbon R
C

Ti x   a x   L1  Ti  x 
d’où
Ti x   Ti  x 
a x   (44)
L1
En remplaçant les équations (43) et (44) dans (42), il en résulte

Ti x  
T  x  Ti x   x  Ti x
i
(45)
L1
Ou bien
 x
Ti x    Ti x   1    Ti  x 
x
(46)
L1  L1 
En récapitulant, on peut écrire
 x 
Ti  x    Ti  x   1    Ti   x 
x
L1  L1  

Ii 
avec : Ti  x   T  x   n  i 
 (47)
 Ij 
j 1


P b  x 
et : Ti  x    1  
(a  b)  L  
Remarques
1- Pour x = 0 ; Ti x   Ti  x 
2- Pour x = L1 ; Ti x   Ti x 
3- L’effet de Ti  x  ne s’applique que si la charge P se trouve dans les deux panneaux d’hourdis qui
encadrent la poutre (i), sinon Ti  x   0 .

5-2-2 Effort tranchant dans la zone 2


La répartition transversale des charges est reprise totalement par les entretoises. On peut écrire
Ii 
Ti  x   T  x   n
 i 
j 1
Ij 


avec  (48)
 x 
T  x   P  1   
 L 


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CHAPITRE 4 : Méthode de Courbon R
C

6 CALCUL DES ENTRETOISES


On opère pour une entretoise donnée de la façon suivante :
1- Rechercher la position longitudinale du convoi qui donne la réaction RE maximale de
l’entretoise.
2- Rechercher la position transversale du convoi la plus défavorable qui donne l’effet maximal
recherché dans une section donnée de l’entretoise.
Dans une section S de l’entretoise d’abscisse ys (fig. 9), l’effort tranchant Ts et le moment fléchissant
Ms se calculent à partir des forces situées à gauche de la section S.

TS   Ri   Pk 
g g 
 (49)
M S   Ri  y S  yi    Pk  y S  ek  
g g 
z
Pk
ek

i S

yi ys

Ri y
o

Fig. 9 Bilan des forces dans une entretoise

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