ETUDE DE L’EFFET DU POTEAU COURT SUR LA PERFORMANCE SISMIQUE

D’UN BATIMENT EN BETON ARME

J. EL BOUCHAIBI*, M. ABDOUN*,
A. KHAMLICHI*, M. BEZZAZI**
* EquipeMS2M, FS Tétouan, Maroc
**Equipe MMS, FST Tanger, Maroc

Introduction
Les récents tremblements de terre ont révélé que les
bâtiments en béton armé peuvent être le siège de dégâts
sévères si un déséquilibre de rigidité existe suivant
l’élévation de la structure (Priestly et al., 1996) et
(Yoshimura, 2003). Un exemple courant où cette situation
se manifeste est celui où très peu de murs sont construits au
rez-de-chaussée alors que plusieurs murs remplissent les
étages supérieurs. Ces bâtiments courent le risque de Figure 1: Bâtiment en plan
développer un mécanisme de ruine qui s’initie au premier
étage. Un autre exemple correspond au cas où le bâtiment
admet des poteaux faibles au rez-de-chaussée. La
vulnérabilité sismique se trouve dans ces deux cas
augmentée par rapport à celle associé à des bâtiments
réguliers pour lesquelles une répartition uniforme de
rigidité est satisfaite sur toute la hauteur de la construction.
Mais que se passe-t-il si quelques poteaux du premier étage
sont raccourcis à la moitié de leur longueur initiale sans
modifier leur résistance ?
Dans ce travail, les courbes pushover pour les différents
bâtiments ayant des poteaux raccourcis au premier étage
sont obtenues par la méthode des éléments finis au moyen
du SAP2000. La variation du nombre des poteaux du
premier étage, raccourcis à la moitié de leur longueur
initiale, modification structurelle, est effectuée dans le but
d’évaluer la modification de la vulnérabilité sismique qui en
résulte.

Description du bâtiment étudié Figure 2: Ferraillage des poutres

Le bâtiment contient un RDC plus quatre étages, la

structure est en béton armé de résistance 20 MPa, armé par
un acier de limite d’élastcité 400 MPa. Le bâtiment est
régulier, figure 1, il admet une emprise rectangulaire de
16m×18m. L’ossature verticale se compose de 5 fils
contenant chacune 5 poteaux. Le bâtiment est régulier. Il
peut être modélisé par un seul portique. La descente des
charges a donné pour le portique équivalent une charge
permanente totale de 2650 N et une fraction de charge
d’exploitation de 1500N. La période fondamentale du
bâtiment est T═0.425s.La figure 3 présente le schéma du
portique avec la désignation des poteaux. La figure 4
montre les armatures des poteaux. La figure 2 présente les
armatures longitudinales disposées dans les poutres.

Figure 3 : Désignation des poteaux

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9ième Congrès de Mécanique, FS Semlalia, Marrakech 220
 Figure 4: Armatures des poteaux Figure 6: Courbe pushover; cas 2

Analyse Pushover
On considère six cas dans l’analyse pushover, chaque cas
correspond à un certain nombre de poteaux courts disposés
au premier étage du bâtiment :
- cas1: pas de poteaux courts ;
- cas2: le premier poteau au milieu de l’étage est raccourci à
la moitié de sa longueur ;
- cas3: le 3ème et 4ème poteau sont raccourcis à la moitié de
leur longueur ;
- cas4: le 2ème, 3ème et 4ème de la gauche sont raccourcis à la
moitié de leur longueur ;
- cas5: tous les poteaux sauf le premier en partant de la
gauche, sont raccourcis à la moitié de leur longueur ;
- cas6: tous les poteaux sont réduits à la moitié de leur
longueur.
L’analyse Pushover consiste en l’application de charges
gravitaires et de la charge sismique latérale. Un calcul non Figure 7: Courbe pushover; cas 2
linéaire intégrant l’effet des déformations élastoplastiques
est effectué au moyen du logiciel SAP2000. La plasticité est
modélisée par l’introduction de rotules plastiques. Les Dans le cas 1, la courbe de capacité de la structure de 4
propriétés de rotules par défaut telles qu’elles sont offertes étages est illustrée dans la figure 5. Les figures 6 et 7
par ce logiciel ont été retenues. Ces rotules sont de type présentent cette courbe pour les cas 2 et 3.
flexion et ne permettent pas de modéliser la rupture par Le tableau 1 donne l’effort tranchant à la base et le
excès de cisaillement qui se produit dans les poteaux. déplacement du toit pour tous les cas considérés.

Résultats et discussions Table 1: Effort tranchant et déplacement du toit selon

le cas étudié

Cas Effort tranchant limite Déplacement limite

(N) (m)
1 110000 0.22
2 123500 0.20
3 127400 0.20
4 128700 0.19
5 130000 0.19
6 124800 0.19

Le tableau 1 montre que l’effet principal de la vulnérabilité

diminue lorsque le nombre des poteaux courts dans le
premier étage augmente. Ce qui est en contradiction avec ce
qui est bien connu dans le domaine du génie parasismique
Figure 5: Courbe pushover; cas 1 sous le nom « effet de poteau court » qui désigne la chute de

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résistance qui accompagne d’habitude le raccourcissement
des poteaux. Ceci semble provenir du fait que les poutres du
bâtiment analysé ont beaucoup moins de ductilité par
comparaison avec les poteaux et donc le mécanisme de ruine
est essentiellement dominé par la rupture des poutres, vu que
les poteaux sont très rigides. Une autre explication peut être
liée à l’absence de rotules actives en cisaillement dans la
modélisation qui a été faite.
Par ailleurs, les valeurs du déplacement du toit qui sont
obtenues sont à peu prés les mêmes pour tous les cas
quelques soit le nombre des poteaux raccourcis pris en
considération.
Conclusion
Cette étude nous a permis de modéliser l’effet d’un
raccourcissement qui s’opère au niveau des poteaux du
premier étage d’un immeuble. Le modèle développé sous
SAP2000 utilise la méthode statique non linéaire connue
sous le nom d’analyse pushover.
Avec les rotules par défaut que le logiciel SAP2000 offre à
l’utilisateur, il n’a pas été possible de mettre en évidence la
chute de résistance lorsque les poteaux sont raccourcis. Le
contraire a été observé dans notre cas. Il semblerait que le
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mécanisme de ruine par défaut tel qu’il est disponible sur ce
logiciel ne suffit pas pour modéliser correctement le
comportement du bâtiment en phase de déformations
élastoplastique suite à l’occurrence d’un séisme. Des rotules
de type cisaillement ou bien qui couplent le cisaillement
avec le moment fléchissant seraient nécessaire pour lever ce
paradoxe qui est dû au modèle de calcul sous SAP2000.
Un développement de modèle de rotules et de calcul
pushover mieux adapté serait utile dans le futur de nos
travaux.
Références
Mehmet Inel, Hayri Baytan Ozmen. Effects of plastic hinge
properties in nonlinear analysis of reinforced concrete
buildings. Engineering Structures 28, 1494–1502, 2006.
Priestley MJN, Seible F, Calvi GMS. Seismic design and
retrofit of bridges. New York: John Wiley & Sons; 1996.
Yoshimura N. Control of Seismic Drift Demand for
Reinforced Concrete Buildings with Weak First Stories.
Earthquake Engineering and Engineering Seismology, Vol.
4, No. 1, 2003.
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