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1. Introduction
Le renforcement de sol par inclusions rigides sous dallage est l’association d’un
réseau d’éléments rigides de petits diamètres à un matelas de répartition. Ce
matelas joue un rôle capital pour le bon fonctionnement du système, puisqu'il
permettra de se rattacher intégralement au DTU 13.3 pour les dallages dans le cas
de matelas épais ou de réduire l’effet « point dur » lorsque l’épaisseur de ce dernier
sera faible.
Si le DTU 13.3 NFP 11-213-1 Partie 1 des dallages à usages industriels ou
assimilés, précise bien dans l’annexe A § A.4 que « le projet de dallage doit tenir
compte de l’hétérogénéité apportée par la technique d’amélioration », la méthode de
dimensionnement des dallages en annexe (C) ne concerne que les sols homogènes
horizontalement et donc elle ne peut pas être appliquée pour les inclusions rigides
associées à de faibles épaisseurs de matelas.
L’article propose une méthode de dimensionnement d’un dallage sur un sol
renforcé par inclusions rigides dans le cas où ces dernières font apparaître des
hétérogénéités en sous-face de dallage. Elle tiendra compte d’un cas de charge
uniformément répartie puis d’un des cas de charges les plus difficiles à modéliser en
présence d’inclusions rigides, à savoir le cas des charges ponctuelles de pieds de
racks à proximité de joints.
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Le dallage est une structure complexe de grandes dimensions par rapport à son
épaisseur. Il est souvent fortement sollicité avec des contraintes spécifiques très
différentes selon sa destination, que ce soit une surcharge répartie (stockage en
vrac), des pieds de racks ou des charges dynamiques provenant de chariots
élévateurs ou de tire-palettes par exemple. À cela se rajoutent des contraintes
internes issues du retrait du béton et qui nécessitent la mise en place des joints pour
limiter la fissuration anarchique dans le dallage. L’emplacement de ces derniers doit
être judicieusement choisi par rapport aux charges et aux allées de circulation, pour
qu’ils remplissent correctement leur rôle.
Le dallage est également un ouvrage singulier sur le plan géotechnique puisqu’il y
a une forte interaction entre le dallage et son support. Lorsqu’un réseau d’inclusions
rigides est mis en œuvre avec un matelas de faible épaisseur sous le dallage, des
contraintes supplémentaires se rajoutent, amplifiées notamment par la présence des
joints (figure 1). Dans la pratique, il n’est pas possible de disposer les joints par
rapport aux inclusions et de ce fait, il y a obligation de considérer la disposition la
plus défavorable.
Le dimensionnement des dallages non armés consiste à vérifier que la contrainte
admissible de traction du béton n’est pas dépassée en tenant compte de la flexion
du dallage, de l’effet point dur des inclusions rigides et du phénomène de retrait.
Deux cas de charge les plus courants sont étudiés : la surcharge uniformément
répartie et les pieds de rack.
L’hétérogénéité dans le sol provoquée par les inclusions rigides peut être estimée
par une modélisation aux éléments finis en 2D d’une maille élémentaire représentant
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une inclusion rigide au sein d’un réseau infini. L’application d’une charge
uniformément répartie sur le dallage « sans joint » provoque une réaction du sol
différente selon que l’on se situe dans l’axe de l’inclusion ou en intermaille. Elle est
fonction des caractéristiques du complexe sol/I.R./matelas/dallage.
Une modélisation d’une maille élémentaire en zone courante peut permettre
d’estimer les contraintes en sous-face de dallage et donc des modules de réaction
différents entre l’axe des inclusions et en intermaille. Les résultats d’une application
numérique (charge répartie q=22,4kPa) sont résumés dans les figures 2 et 3
correspondant à un exemple courant de renforcement de sol par inclusions rigides
(maillage 2,5 x 2,5 m², DIR = 42 cm, Einclusion = 20 000 MPa). La loi de comportement
des sols est de type Mohr Coulomb. Une interface entre l’inclusion et le sol a été
définie avec Rinter=1.
13 KPa
165 KPa
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Au centre, le moment qui était nul, augmente de 9,5 kN.m/ml en fibre supérieure
et en périphérie, il augmente de 3,9 à 12 kN.m/ml en fibre inférieure. Le moment
maximum à considérer pour le dimensionnement d’un dallage soumis à une
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surcharge uniformément répartie sur un sol renforcé par inclusions rigides se situe
donc toujours sur la périphérie et non pas dans sa partie centrale, qui est par ailleurs
très souvent modélisée par la maille élémentaire. Cependant ce calcul n’a pas
modélisé les joints dans le dallage qui existent en fait toujours et que l’on ne peut
pas exclure du dimensionnement tout comme les phénomènes complexes lors du
chargement puis du déchargement de l’emprise. En considérant maintenant des
joints sciés tous les 6 m environ modélisés par une rotule dans Plaxis 3D, nous
constatons que les moments sont majorés de 30 à 40 % par rapport à un dallage
sans joint. Au centre, le moment qui était nul, augmente de 13,1 kN.m/ml en fibre
supérieure et en périphérie, il augmente de 3,9 à 15,8 kN.m/ml en fibre inférieure.
Ainsi, étant donné que des joints sont toujours réalisés pour les dallages, la
modélisation d’une maille élémentaire sous-estime a priori le moment
complémentaire.
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M Tass.
Modèle
Fibre tendue (kN.m/ml)
Charge Racks
M11 M22 Mmax (mm)
Sup. +15,8 +16,7 28,6
Avec IR sans joints 7,2
Inf. -28,6 -20,8 Inf.
Avec IR avec joints Sup. +24,5 +21,7 24,9
11,8
rotules Cas A Inf. -24,9 -23,1 24,5
Avec IR avec joints Sup. +16,4 +17,6 33,3
7,7
rotules Cas B Inf. -33,3 -23,4 Inf.
Pour ce cas de figure, les valeurs des moments maximaux avec des joints sont de
l’ordre de 10 % à 20 % supérieures par rapport à un dallage où les joints ont été
négligés. En plaçant les joints en intermaille (cas A), on constate que le moment de
la fibre supérieure est maximum alors qu’en plaçant les joints dans l’axe des
inclusions (cas B), c’est le moment de la fibre inférieure qui est maximum. À noter
que les joints en intermaille ont fortement augmenté le tassement maximal du
dallage.
Le moment maximum pour ce dallage chargé par des pieds de racks de
33 kN.m/ml correspond à une sollicitation de la fibre inférieure au droit des 2 pieds
de racks l’un à côté de l’autre, provenant de la charge des pieds de racks mais
amplifiée par la présence des inclusions. Le modèle considéré (symétrie sur les 4
côtés) ne permet pas de prendre en compte la flexion liée à la déformation du
dallage en forme de « cuvette » et donc un moment supplémentaire doit être rajouté,
de l’ordre de 3,9 kN.m/ml (voir § 4) pour connaître le moment maximum total lié à la
flexion du dallage uniquement, sans considérer les phénomènes de retrait.
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Ce moment total de 36,8 kN.m/ml pour des pieds de rack peut maintenant être
comparé au moment de 15,8 kN.m/ml avec une surcharge répartie de 22,4 kPa. La
différence de moment est importante, alors que pourtant, la surcharge uniformément
répartie de 22,4 kPa appliquée sur le dallage correspond à la charge des pieds de
rack uniformisée (charge des pieds de rack divisée par la surface du dallage, y
compris allée de circulation).
La contrainte de traction correspondant au moment total de 36.8 kN.m/ml s’élève
à 7,64 MPa à laquelle il faut ajouter 0,4 MPa (contrainte due au retrait linéaire). Les
contraintes limites d’un dallage non armé (1,8 à 2,5 MPa) ou additionné de fibres
métalliques (2,5 à 5 MPa) sont très largement dépassées, la seule solution est la
réalisation d’un dallage armé.
Les logiciels de calcul utilisés par les concepteurs de dallage sont des codes de
calcul basés sur l’élastique linéaire et qui modélisent le sol et ses hétérogénéités
souvent par des raideurs en sous-face de dallage. Nous proposons donc de
reprendre les calculs effectués précédemment à partir cette fois-ci d’un programme
de type dalle sur appuis élastique (Tasplaq) et des raideurs définies à la figure 5
pour les comparer aux résultats de Plaxis 3D. Au préalable, les raideurs utilisées ont
été validées en comparant les moments et les tassements de la maille élémentaire
obtenus par Tasplaq et Plaxis (Tableau II).
Tableau II. Validation des raideurs par comparatif des résultats Plaxis/Tasplaq
Les mêmes calculs avec les pieds de racks ont été à nouveau effectués avec
Tasplaq pour le cas le plus défavorable de joints situés dans l’axe des inclusions
(cas B). Les résultats sont récapitulés dans le tableau III
Moment Tass
Modèle (kN.m/ml) .
Charge Racks Fibre tendu
Joints B Minfer max /Msuper max
M11 M22 (mm)
(kN.m/ml)
Sup. 16,4 17,6
PLAXIS 3D 33,3/17.6 7,7
Inf. 33,3 23,4
Module de réaction Sup. 14,7 21,6
(Tasplaq) 9,8
Inf. 37,8 33,1 37,8/21.6
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méthode des modules de réaction du côté de la sécurité, ce qui est cohérent avec
une méthode considérée comme moins rigoureuse que Plaxis 3D.
7. Conclusion
6. Références
Cuira F., Simon B. RFG n° 124, 3ème trimestre (2008) Modélisation 3 D simplifiée d’une plaque sur un
multicouche élastique
Patrick BERTHELOT, Frédéric DURAND, Serge LAMBERT, Hassan ALSALEH, JNGG (2008)
Dimensionnement d’un dallage sur un sol renforcé par inclusions rigides
DTU 13.3 parties 1 et 2 : "Dallages à usage industriel", Norme NFP 11-213-1-2.
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