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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur JNGG’10 - Grenoble, 7 et 8 juillet 2010

DIMENSIONNEMENT D'UN DALLAGE NON ARMÉ SUR UN SOL


RENFORCÉ PAR INCLUSIONS RIGIDES

DESIGN OF A SLAB ON A GROUND REINFORCED BY RIGID INCLUSIONS

Jérôme CREPET(1), Serge LAMBERT(2), Albert PICKAERT(3)


(1)
Soredal St Etienne France
(2)
Keller Fondations Spéciales Duttlenheim France
(3)
Pickaert Consultant Sucy En Brie France

RÉSUMÉ – La mise en place dans le sol d’inclusions rigides réduit la compressibilité


du sol support de dallage, mais nécessite la prise en compte de ces éléments dans
le dimensionnement du dallage. L'annexe A4 du DTU 13.3 Dallage indique qu’il faut
tenir compte de l’hétérogénéité du sol générée par le renforcement, sans pour autant
en préciser la méthode. Nous présentons quelques résultats comparatifs de calcul
entre une méthode tenant compte de cette hétérogénéité et la méthode du DTU
13.3.

ABSTRACT – The installation of rigid inclusions in the ground reduces the


compressibility of the slab supporting soil; however several issues have to be
addressed to take into account these elements in the slab design, in particular when
the load transfer layer is not thick. Appendix A4 of the DTU 13.3 indicates that soil
heterogeneity generated by the reinforcement has to be taken into account, this
without mentioning the method to be used. Some results between methods which
integrate the heterogeneity and the DTU 13.3 will be presented.

1. Introduction

Le renforcement de sol par inclusions rigides sous dallage est l’association d’un
réseau d’éléments rigides de petits diamètres à un matelas de répartition. Ce
matelas joue un rôle capital pour le bon fonctionnement du système, puisqu'il
permettra de se rattacher intégralement au DTU 13.3 pour les dallages dans le cas
de matelas épais ou de réduire l’effet « point dur » lorsque l’épaisseur de ce dernier
sera faible.
Si le DTU 13.3 NFP 11-213-1 Partie 1 des dallages à usages industriels ou
assimilés, précise bien dans l’annexe A § A.4 que « le projet de dallage doit tenir
compte de l’hétérogénéité apportée par la technique d’amélioration », la méthode de
dimensionnement des dallages en annexe (C) ne concerne que les sols homogènes
horizontalement et donc elle ne peut pas être appliquée pour les inclusions rigides
associées à de faibles épaisseurs de matelas.
L’article propose une méthode de dimensionnement d’un dallage sur un sol
renforcé par inclusions rigides dans le cas où ces dernières font apparaître des
hétérogénéités en sous-face de dallage. Elle tiendra compte d’un cas de charge
uniformément répartie puis d’un des cas de charges les plus difficiles à modéliser en
présence d’inclusions rigides, à savoir le cas des charges ponctuelles de pieds de
racks à proximité de joints.

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Après un rappel des principes de quelques principes de dimensionnement d’un


dallage sur sol homogène, il sera mis en évidence les particularités d’un sol renforcé
par inclusions rigides en comparant la cartographie des moments avec et sans
inclusions dans une modélisation en trois dimensions. Cette étude mettra en
évidence l’impossibilité de considérer des simplifications en deux dimensions et elle
proposera de définir les positions des pieds de rack par rapport aux inclusions et aux
joints qui semblent être les plus critiques pour un calcul du moment enveloppe de
ces phénomènes.

2. Complexité d’un dallage

Le dallage est une structure complexe de grandes dimensions par rapport à son
épaisseur. Il est souvent fortement sollicité avec des contraintes spécifiques très
différentes selon sa destination, que ce soit une surcharge répartie (stockage en
vrac), des pieds de racks ou des charges dynamiques provenant de chariots
élévateurs ou de tire-palettes par exemple. À cela se rajoutent des contraintes
internes issues du retrait du béton et qui nécessitent la mise en place des joints pour
limiter la fissuration anarchique dans le dallage. L’emplacement de ces derniers doit
être judicieusement choisi par rapport aux charges et aux allées de circulation, pour
qu’ils remplissent correctement leur rôle.
Le dallage est également un ouvrage singulier sur le plan géotechnique puisqu’il y
a une forte interaction entre le dallage et son support. Lorsqu’un réseau d’inclusions
rigides est mis en œuvre avec un matelas de faible épaisseur sous le dallage, des
contraintes supplémentaires se rajoutent, amplifiées notamment par la présence des
joints (figure 1). Dans la pratique, il n’est pas possible de disposer les joints par
rapport aux inclusions et de ce fait, il y a obligation de considérer la disposition la
plus défavorable.
Le dimensionnement des dallages non armés consiste à vérifier que la contrainte
admissible de traction du béton n’est pas dépassée en tenant compte de la flexion
du dallage, de l’effet point dur des inclusions rigides et du phénomène de retrait.
Deux cas de charge les plus courants sont étudiés : la surcharge uniformément
répartie et les pieds de rack.

Figure 1 : Dispositions défavorables des joints par rapport aux inclusions

3. Estimation de l’effet « point dur » des inclusions rigides

L’hétérogénéité dans le sol provoquée par les inclusions rigides peut être estimée
par une modélisation aux éléments finis en 2D d’une maille élémentaire représentant

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une inclusion rigide au sein d’un réseau infini. L’application d’une charge
uniformément répartie sur le dallage « sans joint » provoque une réaction du sol
différente selon que l’on se situe dans l’axe de l’inclusion ou en intermaille. Elle est
fonction des caractéristiques du complexe sol/I.R./matelas/dallage.
Une modélisation d’une maille élémentaire en zone courante peut permettre
d’estimer les contraintes en sous-face de dallage et donc des modules de réaction
différents entre l’axe des inclusions et en intermaille. Les résultats d’une application
numérique (charge répartie q=22,4kPa) sont résumés dans les figures 2 et 3
correspondant à un exemple courant de renforcement de sol par inclusions rigides
(maillage 2,5 x 2,5 m², DIR = 42 cm, Einclusion = 20 000 MPa). La loi de comportement
des sols est de type Mohr Coulomb. Une interface entre l’inclusion et le sol a été
définie avec Rinter=1.

E=20 000 MPa ν=0,2

Figure 2 : Caractéristiques géométriques et mécaniques du modèle

À partir de ce calcul, il est possible de déterminer le moment complémentaire en


zone courante lié à la présence de l’inclusion rigide, les raideurs en sous-face de
dallage au droit de l’inclusion rigide et du sol en intermaille, et le module de sol (ES)
équivalent correspondant au sol traité :
- Mt complémentaire = 8.23 kN.m/ml (fibre supérieure dans l’axe de l’IR)
- Tassement absolu du dallage = 9.5 mm sous 22,4 kPa
- Ksol = 13 kPa/0.0095 = 1 360 kPa/m KIR =165 kPa/0.0095 = 17 280 kPa/m
- Es équivalent= 21 MPa de la couche renforcée par IR (module de Young)

13 KPa
165 KPa

Figure 3 résultats Plaxis 2D contrainte appliquée en sous-face de dallage sans joint

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4. Surcharge uniformément répartie

Pour mettre en évidence l’incidence des inclusions rigides sur le dimensionnement


du dallage « sans joint » soumis à une surcharge uniformément répartie de
22,4 kPa, nous avons modélisé à partir d’un logiciel aux éléments finis Plaxis 3D, un
dallage de 26 x 26 m de dimensions suffisamment grandes pour permettre d’étudier
l’effet des inclusions au centre et en périphérie du dallage. Ce cas de figure est
éloigné de la logistique et de son fonctionnement : pour avoir un effet réparti il
faudrait un stockage uniquement de palettes. Nous n’avons pas considéré non plus
dans nos modélisations l’onde de déformée provoquée par le stockage et
déstockage progressif du bâtiment : on a une onde tassement au chargement puis
une onde « relâchement » à l’évacuation. L’étude est donc strictement valable pour
un stockage de liquide et devra être accentuée dans ses efforts et ses contraintes
pour un stockage pondéral.
Le calcul avec Plaxis 3D a été mené selon les mêmes hypothèses qu’au paragraphe
précédent mais avec des inclusions modélisées par des éléments de type massif
sans interface.
Pour le dimensionnement du dallage soumis à une surcharge uniformément
répartie sans inclusion, le moment est nul dans sa partie courante mais par contre
maximum vers sa périphérie, en raison de la forme de sa déformée en forme de
« cuvette ». Par contre, lorsque que des inclusions sont mises en place, même si la
déformée du dallage reste la même, le profil du moment est complètement modifié
(voir figure 4).

Figure 4 : Cartographie des moments avec et sans inclusions sans joints

Au centre, le moment qui était nul, augmente de 9,5 kN.m/ml en fibre supérieure
et en périphérie, il augmente de 3,9 à 12 kN.m/ml en fibre inférieure. Le moment
maximum à considérer pour le dimensionnement d’un dallage soumis à une

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surcharge uniformément répartie sur un sol renforcé par inclusions rigides se situe
donc toujours sur la périphérie et non pas dans sa partie centrale, qui est par ailleurs
très souvent modélisée par la maille élémentaire. Cependant ce calcul n’a pas
modélisé les joints dans le dallage qui existent en fait toujours et que l’on ne peut
pas exclure du dimensionnement tout comme les phénomènes complexes lors du
chargement puis du déchargement de l’emprise. En considérant maintenant des
joints sciés tous les 6 m environ modélisés par une rotule dans Plaxis 3D, nous
constatons que les moments sont majorés de 30 à 40 % par rapport à un dallage
sans joint. Au centre, le moment qui était nul, augmente de 13,1 kN.m/ml en fibre
supérieure et en périphérie, il augmente de 3,9 à 15,8 kN.m/ml en fibre inférieure.
Ainsi, étant donné que des joints sont toujours réalisés pour les dallages, la
modélisation d’une maille élémentaire sous-estime a priori le moment
complémentaire.

5. Surcharge ponctuelle de rayonnage (racks)

La difficulté dans la modélisation de ce type de chargement provient du fait que


les positions des pieds de rack sont souvent aléatoires par rapport aux inclusions,
alors qu’elles sont déterminantes pour le calcul des contraintes ou des moments
dans le dallage. À cela se rajoute la présence de joints qui aggravent encore la
situation en augmentant ces moments supplémentaires liés à l’effet des points durs
des inclusions rigides. Comme nous l’avons constaté précédemment, les moments
fléchissants ne sont pas les mêmes en partie courante du dallage qu'en extrémité
(centre par rapport aux angles ou encore aux bords du dallage). Par contre et par
souci de simplification de cette étude, seuls les moments liés à des pieds de racks
en zone courante seront étudiés, en négligeant les surcharges de circulation et la
surcharge uniformément répartie que l’on a habituellement en plus à coté de celles
des racks et qui correspond souvent à des palettes posées directement sur le
dallage (1 à 2 niveaux de palettes empilées). Le cas de charges retenu correspond à
un chargement classique de zones de réserve ou de plateformes logistiques avec
des pieds de racks chargés à 7 t/pied sur des platines de 10 x 10 cm et disposés
selon une trame de 1,10 x 2,50 m avec des allées de circulation de 2,50 m. Ces
dimensions ne sont pas très différentes des dimensions habituelles et elles ont été
choisies pour permettre d’établir des symétries. Un dallage de 5 x 5 m a été
modélisé avec 4 symétries en limite de modèle.
Pour estimer la position de pieds de racks la plus défavorable par rapport aux
inclusions, nous avons déplacé les pieds de racks en étudiant notamment les
positions de la charge maximum de 14 t (2 pieds de rack voisins). Pour limiter le
nombre de calculs, nous avons ensuite retenu la position des 2 pieds de rack situées
au milieu de 2 inclusions telle que représentée sur la figure 6. Enfin des joints sciés
ou conjugués ont été modélisés par une rotule sous Plaxis 3D situés dans deux
positions très défavorables soit en intermaille (cas A) soit au droit des inclusions (cas
B) – voir figures 1 et 5.

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Figure 5 : modèles de calculs avec deux dispositions des joints.

Tableau I : résultats des calculs de Plaxis 3D

M Tass.
Modèle
Fibre tendue (kN.m/ml)
Charge Racks
M11 M22 Mmax (mm)
Sup. +15,8 +16,7 28,6
Avec IR sans joints 7,2
Inf. -28,6 -20,8 Inf.
Avec IR avec joints Sup. +24,5 +21,7 24,9
11,8
rotules Cas A Inf. -24,9 -23,1 24,5
Avec IR avec joints Sup. +16,4 +17,6 33,3
7,7
rotules Cas B Inf. -33,3 -23,4 Inf.

Pour ce cas de figure, les valeurs des moments maximaux avec des joints sont de
l’ordre de 10 % à 20 % supérieures par rapport à un dallage où les joints ont été
négligés. En plaçant les joints en intermaille (cas A), on constate que le moment de
la fibre supérieure est maximum alors qu’en plaçant les joints dans l’axe des
inclusions (cas B), c’est le moment de la fibre inférieure qui est maximum. À noter
que les joints en intermaille ont fortement augmenté le tassement maximal du
dallage.
Le moment maximum pour ce dallage chargé par des pieds de racks de
33 kN.m/ml correspond à une sollicitation de la fibre inférieure au droit des 2 pieds
de racks l’un à côté de l’autre, provenant de la charge des pieds de racks mais
amplifiée par la présence des inclusions. Le modèle considéré (symétrie sur les 4
côtés) ne permet pas de prendre en compte la flexion liée à la déformation du
dallage en forme de « cuvette » et donc un moment supplémentaire doit être rajouté,
de l’ordre de 3,9 kN.m/ml (voir § 4) pour connaître le moment maximum total lié à la
flexion du dallage uniquement, sans considérer les phénomènes de retrait.

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Ce moment total de 36,8 kN.m/ml pour des pieds de rack peut maintenant être
comparé au moment de 15,8 kN.m/ml avec une surcharge répartie de 22,4 kPa. La
différence de moment est importante, alors que pourtant, la surcharge uniformément
répartie de 22,4 kPa appliquée sur le dallage correspond à la charge des pieds de
rack uniformisée (charge des pieds de rack divisée par la surface du dallage, y
compris allée de circulation).
La contrainte de traction correspondant au moment total de 36.8 kN.m/ml s’élève
à 7,64 MPa à laquelle il faut ajouter 0,4 MPa (contrainte due au retrait linéaire). Les
contraintes limites d’un dallage non armé (1,8 à 2,5 MPa) ou additionné de fibres
métalliques (2,5 à 5 MPa) sont très largement dépassées, la seule solution est la
réalisation d’un dallage armé.

6. Autre modélisation possible : dalle sur appuis élastiques

Les logiciels de calcul utilisés par les concepteurs de dallage sont des codes de
calcul basés sur l’élastique linéaire et qui modélisent le sol et ses hétérogénéités
souvent par des raideurs en sous-face de dallage. Nous proposons donc de
reprendre les calculs effectués précédemment à partir cette fois-ci d’un programme
de type dalle sur appuis élastique (Tasplaq) et des raideurs définies à la figure 5
pour les comparer aux résultats de Plaxis 3D. Au préalable, les raideurs utilisées ont
été validées en comparant les moments et les tassements de la maille élémentaire
obtenus par Tasplaq et Plaxis (Tableau II).

Tableau II. Validation des raideurs par comparatif des résultats Plaxis/Tasplaq

Modèle S = 22,4 kPa Tassements (mm) Minfer /Msuper (kN.m/ml)


Module de réaction (Tasplaq) 8 3.9/8.5
Plaxis 2D 9 3.2/8.1

Les mêmes calculs avec les pieds de racks ont été à nouveau effectués avec
Tasplaq pour le cas le plus défavorable de joints situés dans l’axe des inclusions
(cas B). Les résultats sont récapitulés dans le tableau III

Tableau III : Comparaisons des résultats Plaxis 3D et Tasplaq des modèles

Moment Tass
Modèle (kN.m/ml) .
Charge Racks Fibre tendu
Joints B Minfer max /Msuper max
M11 M22 (mm)
(kN.m/ml)
Sup. 16,4 17,6
PLAXIS 3D 33,3/17.6 7,7
Inf. 33,3 23,4
Module de réaction Sup. 14,7 21,6
(Tasplaq) 9,8
Inf. 37,8 33,1 37,8/21.6

La modélisation de type plaque sur appuis élastiques (modules de réaction)


donne pour chaque direction des moments supérieurs et inférieurs de même ordre
de grandeur que Plaxis 3D. Ces écarts faibles de l’ordre de 10 à 20 % placent la

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méthode des modules de réaction du côté de la sécurité, ce qui est cohérent avec
une méthode considérée comme moins rigoureuse que Plaxis 3D.

7. Conclusion

Le dallage est un ouvrage très complexe essentiellement par ses grandes


dimensions, par son épaisseur faible et par les sollicitations très variées qu’on lui
applique. Il est également un ouvrage singulier sur le plan géotechnique, puisqu’il a
une forte interaction avec son support. Ainsi, lorsqu’un réseau d’inclusions rigides est
mis en œuvre avec un matelas de faible épaisseur sous le dallage, le
dimensionnement du dallage ne peut pas seulement se conformer aux prescriptions
du DTU Dallage, mais il doit comporter des vérifications complémentaires intégrant
l’hétérogénéité provoquée par les inclusions rigides. D’un côté, les inclusions rigides
permettent de réduire les tassements absolus des dallages et donc de réduire la
flexion générale du dallage, mais d’un autre coté elles augmentent localement les
contraintes de traction dans le dallage et notamment à proximité des joints de
construction ou de retrait qui existent toujours dans un dallage. Le diagramme des
moments avec inclusions rigides par rapport à un sol homogène est complètement
modifié. Dans le cas d’un sol homogène, les fibres inférieures du dallage sont très
fortement sollicitées en traction par rapport aux fibres supérieures (celles qui sont
visibles), alors qu’en présence d’inclusions rigides, le dallage est autant sollicité sur
la fibre supérieure que sur la fibre inférieure, voire même plus sur la fibre supérieure
dans certain cas, lorsque la maille est lâche, de l'ordre de 9 m² par exemple. Ainsi,
pour éviter des erreurs dans le dimensionnement du dallage, il faut dans tous les cas
de surcharge uniformément répartie ou ponctuelle, tenir compte de la présence des
joints. Il a été montré que le dimensionnement habituel à partir de la maille
élémentaire sans considérer les joints sous-estime jusqu’à 40 % ces derniers. En
présence de charges ponctuelles, un dimensionnement ne considérant qu’une
surcharge uniformément répartie sans tenir compte spécifiquement de la position de
celles-ci par rapport aux joints et aux inclusions peut amener à des erreurs de
dimensionnement importantes. Ce dimensionnement peut être effectué à partir de
logiciels aux éléments finis ou différences finies intégrant l’ensemble du complexe
sol-inclusions-matelas-dallage ou à partir de logiciels de type dalle sur appuis
élastiques caractérisés par des raideurs en sous-face de dallage au droit des
inclusions et en intermaille.
Enfin, ces études se sont attachées aux cas de charge assez précis, mais n’ont
pas encore atteint la prise en compte de l’interaction de l’onde de chargement puis
de déchargement tel que l’étudie le DTU 13.3 en son article C4.1.6. Tout cela
conduit donc à maintenir une certaine prudence sur les calculs simplistes ne tenant
pas compte des hétérogénéités du sol, notamment avec des inclusions rigides et,
éventuellement même, dans un moindre degré, des colonnes ballastées.

6. Références

Cuira F., Simon B. RFG n° 124, 3ème trimestre (2008) Modélisation 3 D simplifiée d’une plaque sur un
multicouche élastique
Patrick BERTHELOT, Frédéric DURAND, Serge LAMBERT, Hassan ALSALEH, JNGG (2008)
Dimensionnement d’un dallage sur un sol renforcé par inclusions rigides
DTU 13.3 parties 1 et 2 : "Dallages à usage industriel", Norme NFP 11-213-1-2.

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