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Nicole VINCILEONI
Professeur agrégé
Comprendre
L'œuvre
de
Bernard B. Dadié
L e s c l a s s i q u e s africains
184, avenue de Verdun
92130 Issy les Moulineaux
N° 860
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Avant-propos
N.V.
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La genèse de l'œuvre
L ' E N F A N C E I V O I R I E N N E (1916-1934)
L e fils de l ' A s s i n i e
Chemin d'Europe
Gabriel Dadié n'a pas renoncé à partir pour le front, mais,
malgré son insistante demande, il n'est incorporé qu'en mars 1921.
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Le militant de la dignité
A son retour en Côte-d'Ivoire, « Africain français, mais Afri-
cain avant tout », comme l'écrit son fils Bernard, Gabriel Dadié
emploie sa qualité de citoyen français à tenter de « changer le
contenu colonial », selon son expression favorite que rapporte
Joseph A n o m a lequel fut quelque peu son disciple, son compa-
gnon et son parent. Très ouvert, sans complexe et sans racisme de
retour à opposer au racisme blanc, on le voit sur le bateau qui le
ramène au pays faire connaissance avec un Lagarosse — futur
sénateur et adversaire acharné — qui vient pour la première fois en
Côte-d'Ivoire, et lui donner des conseils afin de l'aider à s'ins-
taller.
Commis de première classe du cadre secondaire de l'Afrique
occidentale à la solde de 6 000 francs, il reprend son poste de rece-
veur des Postes en 1923 à Bassam, à Bouaké, puis à Dimbokro.
Là, il retrouve Georges Kassi et aussi Joseph Anoma alors institu-
teur, lequel rapporte que le soir, chez Dadié, se tenaient des réu-
nions politiques.
Mais en 1924, il démissionne de l'administration quand, ayant
prétendu aux mêmes avantages que les postiers citoyens français
blancs, ces droits lui sont refusés. Combattre avec acharnement les
injustices, lutter pour la reconnaissance de la dignité de l'homme
noir et de l'égalité des droits avec le Blanc sont des principes sur
lesquels il ne transige pas. Ses démêlés avec les colons et l'adminis-
tration coloniale en font foi. « Lui qui était citoyen français depuis
toujours, pratiquement, j'allais dire, il bâtira toute sa réussite sur
le seul critère de son identification nègre », a souligné fort juste-
ment Doudou G u e y e
Le planteur et le notable
De 1924 à 1925, on le retrouve donc, en pleine période du
« boom » forestier (1920-1930), surveillant de chantier avec Laga-
rosse, puis exploitant forestier à Rubino, d'abord au service, puis
aux côtés de Français anciens collègues des Postes, les frères Clâa.
En 1925-1926, il est à Agboville où il met sur pied, parallèlement à
l'exploitation forestière, une entreprise de petit transport. En 1925,
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L'animateur et l'organisateur
Surtout, après la crise du cacao et du café de 1942, il inspire et
anime de façon déterminante la formation, le 10 juillet 1944, à
« l'Étoile du Sud » à Treichville, du Syndicat agricole africain qui
porte à sa tête le médecin et planteur Félix Houphouet. C'est la
première organisation qui, avant la Conférence de Brazzaville,
avant la Constituante de 1945, préconise la liberté du travail et le
métayage librement consenti. Et c'est ce syndicat qui, avec la
Société coopérative des planteurs africains (P.A.C.), annoncée au
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L'appel au fils
L a m è r e a b s e n t e
« C l i m b i é é t a i t s e u l . E n v o y a n t l e s m a m a n s d e s e s c a m a r a d e s , il p e n -
sait à la sienne q u ' i l connaissait à peine, d o n t a u c u n trait accusé ne
lui p e r m e t t a i t d e d i r e : " M a mère est d e telle taille, d e telle c o r p u -
lence. Elle est b o r g n e . Mais de quel œil ? " Il n e l e s a v a i t p a s . E t le
plus terrible, c'est q u ' e l l e ne v o u l a i t p a s q u e C l i m b i é vînt la voir, de
p e u r q u e lui aussi n e m e u r e d u m a l m y s t é r i e u x q u i a v a i t e m p o r t é b r u -
t a l e m e n t t r o i s d e ses e n f a n t s à l ' â g e d e q u a t r e a n s . Ils se c o u c h a i e n t le
s o i r e t le m a t i n n e se r é v e i l l a i e n t p l u s . D a n s l a f a m i l l e , o n a c c u s a i t l a
g r a n d - m è r e d e les d o n n e r a u x festins n o c t u r n e s d e s sorciers. C l i m b i é
a v a i t p o u r t a n t f r a n c h i le c a p t r a g i q u e s a n s d i f f i c u l t é . M a i s la m a m a n
n'était p a s r a s s u r é e et c'est p o u r q u o i , a p r è s a v o i r é l o i g n é s o n fils d u
v i l l a g e , elle n e v o u l a i t à a u c u n p r i x q u ' i l y r e m î t les p i e d s »
Il est c e r t a i n e m e n t p a s s é b e a u c o u p d u c a r a c t è r e d u p è r e d a n s
le fils. C a r a c t è r e o m b r a g e u x , à l a fois o u v e r t et r é s e r v é , p u d i q u e ,
clos s u r t o u t ce q u i t o u c h e à l ' i n t i m i t é des s e n t i m e n t s , i n t r a i t a b l e
s u r les a t t e i n t e s à la d i g n i t é d e l ' h o m m e , g é n é r e u x a v e c t o u s . C e r -
t a i n s de ces t r a i t s , d ' a i l l e u r s h é r i t é s d u p è r e , c o m m e l ' i s o l e m e n t
a f f e c t i f d û à l ' a b s e n c e d e la m è r e , p e u v e n t e x p l i q u e r d a n s u n e cer-
taine mesure l'itinéraire scolaire c a h o t e u x de la première partie des
études du jeune Koffi Bernard.
Le « g r o u p é e n » de Bingerville
Le théâtre
C'est à Bingerville, au cours de l'année 1931, que se produisit,
semble-t-il, la mutation décisive qui marquera la naissance du théâ-
tre africain francophone ou, selon une heureuse expression qui fait
justement référence au théâtre africain traditionnel, du théâtre
« néo-africain ».
Outre les témoignages d'Amon d'Aby et Charles Béart, nous
avons à ce sujet le récit de Bernard Dadié lui-même dans Climbié :
« Un jour, le tailleur qui livrait les uniformes remplaça les boutons
de corozo par des boutons de métal doré. Cela faisait garde-cercle.
L'occasion parut bonne pour s'amuser. Aka Bilé, un élève de pre-
mière année, prit un bâton, mit sa ceinture par-dessus la veste, passa
le bâton dans la ceinture et devint brigadier de garde suivi de deux
acolytes. Ils accompagnaient le Blanc dans les recensements. Le direc-
teur, que les rires avaient attiré, intéressé par le jeu des acteurs, fit
débrousser derrière le réfectoire une grande place carrée entourée de
massifs de fleurs. Et là, les élèves pouvaient à loisir discuter, bavar-
der. Pour encourager les manifestations folkloriques, chaque samedi
soir fut consacré au t h é â t r e . . . »
Le théâtre d'ailleurs ne se limita pas à l'école, comme le rap-
porte Béart lui-même : « Quand vint le gouverneur Reste dont
l'activité était extrême, il vit l'intérêt que pouvait présenter le théâ-
tre franco-africain pour les grandes manifestations spectaculaires
qu'il aimait organiser. Le théâtre sortit de l'école. Il y eut des
représentations publiques avec des centaines de s p e c t a t e u r s » En
fait, c'est pratiquement en concomitance avec l'école William-
Ponty, qui fait jouer alors l'Entrevue de Behanzin et de Bayol (le
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Le choix de la carrière
Lors de la Fête de l'enfance, Bernard Dadié fut encore une
fois le témoin indigné des effets de la situation coloniale : les
gardes-cercles arrêtèrent et giflèrent le maître africain qui les
accompagnait parce qu'il n'était pas en uniforme. Sur-le-champ, il
décida, lui qui avait désiré être instituteur, de choisir la filière
administrative à l'école William-Ponty et de ne jamais servir
comme fonctionnaire dans cette colonie de Côte-d'Ivoire où l'on
pouvait impunément gifler un instituteur.
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L a v i e f a m i l i a l e e t l e s l i e n s a v e c le t e r r o i r
Les oncles
L ' a p p a r t e n a n c e culturelle
L'influence du père
Comment ne pas reconnaître l'image et l'influence du père sur
l'écrivain en herbe dans l'oncle Assouan Koffi qui, appelant Clim-
bié auprès de lui, découvre à l'enfant les injustices de ce m o n d e et
les hommes qui les combattent :
« Tu comprendras plus tard, mon enfant. Pour le moment, tu n'as
qu'un seul devoir : étudier. Tes études t'apprendront à secourir tout
homme qui souffre, parce qu'il est ton frère. Ne regarde jamais sa
couleur, elle ne compte pas. Mais, en revanche, ne laisse jamais piéti-
ner tes droits d'homme, car, même dans le plus dur esclavage, ces
droits-là sont attachés à ta nature m ê m e »
des désaxés, qui perdent leur qualité native et n'acquièrent que les
vices des éducateurs. C'est par ce système qu'on crée de toutes pièces
des René Maran et qu'un beau jour apparaît un roman comme
Batouala, très médiocre au point de vue littéraire, enfantin comme
conception, injuste et méchant comme t e n d a n c e »
C'est ainsi q u ' à William-Ponty, l'enseignement général, qui ne
doit pas viser à u n enseignement de type secondaire, est réduit au
minimum, malgré une formation assez solide en français et en
mathématiques.
Cette école apparaîtra de même à Dadié, de la troisième pro-
motion de commis, comme une « voie de g a r a g e ». L'exaltation
du premier départ avait vite cédé devant les contraintes de l'école,
le snobisme de certains élèves et l'esprit de compétition, heureuse-
ment le plus souvent amical, entre les différentes régions dont ils
étaient i s s u s De chaudes amitiés se nouaient cependant, qui
dureront : Hubert Maga, Modibo Keita, Hamani Diori, autant de
promotionnaires de Bernard Dadié qui sauront rester des anciens
de P o n t y pour leurs camarades d'autrefois, quelle qu'ait été
ensuite leur élévation sociale. L'atmosphère était propice au travail
studieux. Mais les mathématiques continuaient à ne point vouloir
sourire à Bernard Dadié. Aussi décida-t-il de les ignorer pour se
consacrer essentiellement au français et à la lecture nocturne des
j o u r n a u x politiques. Cela faillit, bien sûr, lui jouer un mauvais
tour à l'examen de sortie, qu'il réussit pourtant dans un rang
e x c e l l e n t A Ponty, Dadié s'affirme comme un « inassimilable »
déjà, un « d i s s i d e n t », comme en font foi certaines anecdotes.
Le théâtre de William-Ponty
Aliénation ou libération ?
Les reproches que les critiques, en général, font au théâtre de
Ponty, qu'ils perçoivent, essentiellement depuis 1960, comme un
théâtre aliéné, nous obligent à poser la question suivante : en parti-
cipant au théâtre africain francophone de Ponty, Dadié participait-
il à une entreprise de négation de sa propre culture ? Devenait-il
l'acolyte de l'action assimilatrice, et partant négatrice, de la politi-
que culturelle coloniale, quand bien même celle-ci prenait le mas-
que plus trompeur d'une politique culturelle dite d'« associa-
tion » ? Contribuait-il à abolir ou nier le théâtre autochtone ?
Notre réponse, nous la donnerons en interrogeant sa pièce. Mais il
est déjà éclairant de consulter l'article qu'il écrivit en 1937 pour en
accompagner l'édition dans le numéro spécial de l'Éducation afri-
caine déjà signalé, sous le titre « Mon pays et son théâtre ». C'est
le premier écrit théorique et critique d'un Africain sur le théâtre.
Dadié y affirme l'existence d'un théâtre ivoirien autochtone, y
explique en quoi consiste son originalité et mesure le degré de sin-
cérité de sa propre pièce en la rapportant aux canons du théâtre
traditionnel. Après avoir, d'entrée de jeu, marqué les différences
matérielles qui opposent le théâtre occidental au théâtre africain —
l'appareil matériel de la production du spectacle —, mais posé
implicitement que la représentation est le référent et le but de tout
projet théâtral, il affirme que la représentation du conte et de la
légende, toujours médiatisés par un ou plusieurs acteurs et
consommés de façon dynamique par des spectateurs-participants,
est la forme autochtone du théâtre en basse Côte-d'Ivoire.
C'est sur un ton convaincu et discrètement passionné, pour ne
pas rompre la rigoureuse construction logique de la période, que
Dadié insiste sur les différences matérielles de la production théâ-
trale en France et en Afrique :
« Si par théâtre on entend un spectacle dans un lieu approprié, avec
des spectateurs payants et des acteurs payés, avec des décors, des
accoutrements, des maquillages, avec des répétitions, des réclames
tapageuses, évidemment rien de tel en pays agni, encore qu'il y ait
des lieux préférés à d'autres et qu'il y ait des masques et que les bons
conteurs et les musiciens, s'ils ne reçoivent pas d'argent, ne soient pas
insensibles aux cadeaux en nature ou même à la bouteille de gin,
encore qu'ils sachent soigner leur popularité, se faire attendre et dési-
rer. (...) Le décor, c'est la nuit (...) ; c'est l'heure (...) où les hommes
assemblés content autour du feu. »
Une telle insistance sur les différences est moins signe d'aliéna-
tion que de libération.
En fait, comme dans tout rapport de domination, ou l'on se
soumet et l'on imite, ou l'on se pose en s'opposant. C'est la pre-
mière étape de tout processus de libération. La référence à la
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Résumé de la pièce
Donnons d'abord un résumé d'Assémien Déhylé, roi du
Sanwi, l'une des rares pièces africaines à être publiée dans un
périodique français spécialisé : L'Avant-Scène, n° 343.
L a fidélité à l'histoire ?
Conclusion
ATLAS ET A N A N Z È
Ananzè ou l'ironie
Le café s e r a récolté
en COTE D'IVOIRE
Le café sera récolté en Côte clos, commettre des erreurs, mê-
d'Ivoire ! me mortelles, mais le tout en
Comme c'est curieux ! Chaque vase clos. Quand Batonala parut,
fois que des hommes font de la il fut accueilli par un tonnerre de
bonne besogne aux colonies, les protestations qui tourna à la bour-
prêtres de la civilisation leur jet- rasque, à la publication de Terre
tent l'anathène; toutes les fois d 'Ebène. Les journaux coloniaux
qu'un chef essaie de tenir sa ba- de la Métropole, outrés et non
lance en équilibre, on crie à l'a- étonnés, crièrent et écrirent en
postasie; s'il penche du côté de rouge cardinal : « Ce livre est
l'indigène en homme soucieux des une mauvaise action ». Toute vé-
véritables intérêts de la France, rité dite est une «mauvaise action»
on crie à la félonie, mais on le toute mesure humaine sollicité.
prône dès qu'il se met dans le est une « mauvaise action », par
rang des pontifes du progrès à pas contre on oublie toujours les cau-
de caméléon. Le café sera récolté ses qui provoquent les mauvaises
en Côte d'Ivoire et la main d'œu- actions. Et on nie sans apporter
vre forcée restera supprimée. Cela dans le débat des arguments de
honorera la France, plus que tou- poids. On répète le vieux caté-
tes les adresses de reconnaissance chisme qui servit sûrement à des
de tous ses sujets réunis. Romains pour perpétuer l'escla-
vage : le travail à une valeur
La tactique d'obstruction à éducative quand il est forcé, il
tout prix date. On veut travailler enrichit le maître, vient à bout de
en vase clos, exploiter en vase la paresse congénitale des indi-
gènes, etc.. La vieille rengaine
connue. Et on extorque à l'indi-
gène ses terres pour faire de lui,
un serf moderne. Dès lors il suffit
qu'un homme blanc ou noir, mette
le doigt sur la gangrène pour que
les pontifes du coffre crient au
scandale. Le travail forcé ayant
été aboli, des Etats Généraux,
sur la sellette à Paris, tentent de
le ressuciter, car leurs intérêts
se confondent avec ceux de la
Sur cette p a g e et p a g e sui- France, car le travail à vil prix
vante, article de B.B. Dadié, augmente les bénéfices.
signé Boua D. Coffi, p a r u
dans Réveil, n ° 139, d u 5 sep- Le café sera récolté en Côte
tembre 1946. d'Ivoire ! Ceux qui n'ont jamais
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eu des travailleurs forcés ont tou- autorités, mais quant aux autres
jours récolté café, cola et cacao. arguments présentés pour discré-
Il ne faut donc pas accuser le diter une mesure qui est même en
Gouvernement local d e s méfaits retard sur son heure, les gens en
d e son propre égoïsme comme ont compris la spéciosité, car il
cela arrive toutes les fois q u ' u n e ne faut par hésiter à le dire :
mesure impartiale est prise. Il dans notre empire africain, il
faut cesser d ' a l e r t e r l'opinion pu- reste comme une sorte de résidu
blique, comme cela arrive trop de l'esclavage. L'esclavage sup-
souvent q u a n d un c h e f e s s a i e de primé se perpétue dans le travail
libérer des hommes aux noms d e forcé. Gerville Reache dixit. Le
la civilisation et d e la charité travail forcé était une plaie qui
chrétienne dont les sièges sont en honorait peu la civilisation huma-
Europe. L e travail forcé, 20 siè- nitaire, niais emplissait sûrement
cles après, aprés le d o g m e d e les coffres et créait des million-
la fraternité humaine, sous l ' é - naires en deux ans. Nous savons
gide de la R é p u b l i q u e liber- quelles difficultés ont toujours ren-
taire, égalitaire et fraternitaire ! contré les planteurs africains dans
A l l o n s donc ! L e café sera récol- le recrutement des travailleurs.
té et le travailleur agricole doit Nous savons quels efforts il a fallu
pouvoir vivre tout comme son ca- déployer pour instaurer le volon-
marade d e la ville. N o u s déplo- tariat. Nous savons encore que
ronsaussi la fuite constante et sans Daloa, Agboville, Man, Gagnoa,
motif souvent d e certains travail- le Sanioi, l'Indénié, etc., produi-
leurs. Sur ce point on pourrait sent du café dont Sassandra ne
d e m a n d e r quelques mesures aux peut se décerner le monopole.
Nous savions tout cela. Mais le
plus curieux de l'histoire a été,
pour nous, de voir le nom d'un
noir, M. Yacouba Sylla, dans la
longue liste des partisans du re-
tour d'un système périmé. Nous
voulons croire que sa bonne foi
a été surprise, par contre si c'est
délibérément qu'il a signé une
telle pièce, qu'il se souvienne de
son origine africaine, que ce sont
des africains qui souffrent d'une
gangrène que des blancs et des
noirs esasient de juguler, qu'un
hasard de fortune aurait pu renver-
ser les situations.
Oui, messieurs, le café sera ré-
colté en Côte d'Ivoire ! N'en dé-
plaise aux pontifes du colonialis-
me et à tous leurs acolytes, même
Nègres.
Boua D. Coffi.
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FINI, L'ÉPOUVANTAIL
COMMUNISTE ?
Comme ils ont dû tressaillir vous donnez ainsi aux ennemis sont la sauvegarde d e l'existen-
toux les vieux luteurs expulsés de la France, lui dit-on. ce des blancs dans les colonies
de ce continent ou morts à la — J'ai flétri des hommes qui (on l'entretient par les salaires,
tâche avec pour cause majeure. se sont montrés indignes du les misères sociales, les spolia-
rien qu'une étiquette : commu- nom français. Châtiez-les si je tions, les discriminations). Ce
nistes. C'est-à-dire des hommes dis vrai ; châtiez-moi si les faits régime est absurde. mais Il est
qui s'étaient fait une mission que j'avance ne sont pas exacts ! établi et on ne peut y toucher
de combattre les abus et de
S'il y a des africains, des peu- brusquement sans entraîner le
dénoncer les méfaits de l'impé- ples soumis au joug impérialis- plus grand désordre : ce régime
rialisme et du colonialisme, des est oppressif. mais il fait exis-
te qui en toute bonne foi pen-
hommes qui s'étaient fait un sent que leurs oppresseurs ne ter en France plusieurs millions
apostolat d'éclairer et de défen- savent pas ce qu'ils font. qu'ils d'hommes ; ce régime est bar-
dre les autres. Il leur suffisait
se détrompent. Si nous avons. bare. mais il y aurait plus gran-
de dire à la masse, « tu as ceci au R.D.A., battu le rappel des de barbarie à y vouloir porter
comme droits et cela comme énergies. c'est que nous savons les mains... ».
devoirs », pour immédiatement qu'ils appliquent délibérément Voilà le verdict, le verdict
être surnommés communistes, un plan établi, un plan transmis qui doit atterrer ceux qui
agitateurs, agents de Moscou. de génération en génération. chantent à longueur de colon-
Les colonialistes gavés n'aiment Si aujourd'hui, nous subissons nes les douceurs de leurs chaî-
pas qu'on les dérange dans leur les assauts du colonialisme dé- nes parce qu'ils sont pour le
pénible digestion ! C'est Kodjo chaîné, c'est que notre position moment l'ennui de tel ministre,
Tovalou qu'on poursuit et qui est juste. Si dans tous les con- de tel gouverneur, de tel ad-
tombe, sur le retour au pays. seils qu'on tient, o nne parle ministrateur. Ils oublient seu-
dans un traquenard, c'est tel que du R.D.A., c'est que l'on lement une chose, une chose
européen qu'on rapatrie « pour sait quelle force nous représen- capitale : les hommes passent,
folie » parce qu'il fraie avec les tons, quels privilèges nous vou- changent d'humeur, mais le ré-
indigènes, c'est tel journaliste lons abattre. Et si nous aussi gime lui, reste. Et c'est au régi-
qu'on Incarcère parce qu'il fus- avons adopté telle attitude c'est me, que nous au R.D.A., nous
tige des « huiles » . Dans ce que nous avons percé le projet avons déclaré la guerre. Nous
pays, il suffit d'avoir des idées satanique du colonialisme op- n'attaquons ses zélés serviteurs
saines sur la relation des hom presseur et de son allié le capi-
que lorsqu'ils oublient que sans
mes entre eux pour être déclaré talisme : faire de nous, de la une certaine révolution ils n'au-
communiste ! Il suffit d'envisa- masse, des bêtes de somme. des raient certainement pas été ce
ger des mesures radicales con- hommes dépréciés, de simples qu'ils sont aujourd'hui, admi-
tre les misères sociales qu'on outils à remplir les coffres et nistrateurs, gouverneurs, mi-
semble cultiver parce que fort à les défendre quand d'autres nistres ! Et cette révolution a
« pittoresques », pour être taxé brigands les lorgnent de trop été faite par le peuple, le peu-
de communiste ! et de sans près. Voilà ! Et ils veulent. nos
ple qu'ils trahissent, le peuple
Dieu, comme si Dieu avait or- proconsuls, s'amuser à barrer qui toujours sur la brèche mène
donné dans le décalogue de la route au R.D A., comme si
le saint combat. le peuple qui,
piller les uns et d'exploiter les l'on pouvait barrer la route à
autres. Comme le temps est une idée ! Qu'ils se rappellent parce que producteur, ne veut
loin ! (1928) où la simple vue ce 27 mai 1871, la phrase de plus tendre la main comme u n
mendiant...
du journal « l'Humanité » con- Thiers, après l'odieux massacre
duisait à la « boite ». Comme le « Nous voici débarrassés des... C'était à tout cela que nous
temps est loin où l'on prenait socialistes » ! Hélas ! Qu'ils se pensions le 12 octobre au Pala-
plaisir à diriger nos lectures ! rappellent aussi, ces africains. ce. lors de la conférence du
Comme le temps est encore encore de bonne foi, que déjà conseillé Barbé. Cette réunion
loin o ùl'on veillait sur les bra- en 1791, Barnave, porte-parole fut une véritable gageure dans
ves gars de tirailleurs pour des ancêtres de nos requins un pays où tout le monde agite
qu'ils n'eussent point, en Fran- modernes disait à la tribune à l'épouvantail communiste pour
ce, de relation avec les extré- l'Assemblée, ces phrases tron obliger le troupeau à rejoindre
mistes ! Comme le temps est actuelles : « C'est dans cette le bercail, le porteur à repren-
loin ! Mais tout çela est-il réel- opinion - opinion qui met une dre son fardeau. Viendront,
lement mort ? distance Immense entre l'hom viendront pas ! Et ils vinrent
m e noir et l'homme blanc - nombreux. africains et euro-
Vigné d'Octon fut c e r t a i n e qu'est le maintien dn régime péens. Et les applaudissements
d e s colonies e t l a base de leur comme des v a g n e s coulantd'un
Il protesta en 1900 contre le nègre pourra croire qu'il est bord à l'autre, pour re-
massacre de 5.000 malgaches à tranquillité. Du moment que le prendre haleine, éclataient plus
Ambiké et dénonçait le gouver- l'égal du blanc ou que celui qui forts laissant à neine la parole
nement du général Galliéni est dans l'intermédiaire (le mu- à l'orateur E t l'on croyait en-
« basé sur la spoliation et la lâtre) est l'égal dn blanc. Il tendre : Fini l'épouvantail com-
torture ». devient impossible de calculer muniste ! Fini l'épouvantail
l'effet de ce changement d'opi- communiste ! Fini l'épouvantail
— Ce sont des armes que nion. Ce sont les préjugés qui communiste ;
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NOTES
15 P u i s q u e c ' e s t le n o m d e p l u m e q u ' i l se d o n n e r a p o u r p u b l i e r , d a n s G e n è s e ,
B u l l e t i n d e l ' A s s o c i a t i o n W i l l i a m - P o n t y , n ° 1, le 1 a v r i l 1 9 4 5 , le c o n t e « L a s a u n e r i e
d e l a vieille d ' A m a f i » .
16 B . B. D a d i é , C l i m b i é , n o u v e l l e é d i t i o n , d a n s L é g e n d e s a f r i c a i n e s , P a r i s ,
S e g h e r s , 1982, p . 152.
17 I b i d . , p . 150. N o u s s o u l i g n o n s .
18 R e v u e d e l ' I . A . R . H . P , , n ° 3, o p . c i t . , t é m o i g n a g e d e B . B . D a d i é i n t i t u l é
« G a b r i e l D a d i é , m o n p è r e » , pp. 29-33.
19 C l i m b i é , o p . c i t . , p . 1 0 5 .
20 L e t é m o i g n a g e d e M . S e r i M a r o , c u i s i n i e r d e G a b r i e l D a d i é e n 1 9 2 4 - 1 9 2 5 , s u r
le c h a n t i e r d e la S é g u é , t é m o i g n a g e r e c u e i l l i p a r n o u s les 5 e t 6 j u i l l e t 1 9 8 6 , c o n f i r m e
l a p r é c o c i t é r e m a r q u a b l e d e « K o f f i - k i » : « p e t i t K o f f i » o u « K o f f i le p l u s p e t i t », a u q u e l
les a d u l t e s n ' h é s i t a i e n t p a s à c o n f i e r d e s t â c h e s q u i e x c è d e n t g é n é r a l e m e n t les c a p a c i -
tés d ' u n e n f a n t d e h u i t à n e u f a n s .
21 B . B . D a d i é , d i s c o u r s d e r é c e p t i o n à l ' A c a d é m i e d e s s c i e n c e s d ' o u t r e - m e r ,
7 m a i 1970, C o m p t e - r e n d u t r i m e s t r i e l d e s s é a n c e s d e l ' A c a d é m i e d e s sciences d ' o u t r e -
m e r , X X X V I , 2, 1976,
22 I b i d . N o u s s o u l i g n o n s .
23 C l i m b i é , o p . c i t . , p . 162.
24 R o b e r t C o r n e v i n , le T h é â t r e e n A f r i q u e n o i r e e t à M a d a g a s c a r , le L i v r e a f r i -
c a i n , 1970.
25 C l i m b i é , o p . c i t . , p p . 1 6 2 - 1 6 3 .
26 C h a r l e s B é a r t , J e u x e t j o u e t s d e l ' O u e s t a f r i c a i n , m é m o i r e I . F . A . N . , n ° 4 2 ,
D a k a r , 1955, p. 790.
27 E n t r e t i e n d u 25 j u i l l e t 1 9 7 8 .
28 B. B . D a d i é , d i s c o u r s d e r é c e p t i o n à l ' A c a d é m i e d e s s c i e n c e s d ' o u t r e - m e r , o p .
cit.
29 C l i m b i é , o p . c i t . , p p . 1 0 9 - 1 1 0 .
30 I b i d . , p . 110.
31 B . B. D a d i é , « L e c o n t e , é l é m e n t d e s o l i d a r i t é et d ' u n i v e r s a l i t é » , P r é s e n c e a f r i -
c a i n e , X X V I I , 1959,
32 B . B. D a d i é , « C o n f e s s i o n » , l a R o n d e d e s j o u r s , d a n s L é g e n d e s a f r i c a i n e s , o p .
cit., p. 266.
33 C l i m b i é , o p . c i t . , p . 1 6 4 .
34 I b i d . , p . 147.
35 B . B . D a d i é , l e s J a m b e s d u f i l s d e D i e u , A b i d j a n , C . E . D . A . , 1 9 8 0 , p . 18.
36 I b i d . , p . 11.
37 C l i m b i é , o p . c i t . , p . 1 3 7 .
38 « C h r o n i q u e a o f i e n n e » , l a V o i x d u D a h o m e y , 15 m a r s 1 9 2 8 , n ° 15.
39 Il v e n d d e s b o u t e i l l e s p o u r a c h e t e r d e s j o u r n a u x : le C o u r r i e r d e l ' O u e s t a f r i -
c a i n , l ' I n d é p e n d a n t c o l o n i a l , D e c i - d e l à , le T r a i t d ' u n i o n , q u i p a r l a i e n t , se s o u v i e n t - i l ,
d u s c a n d a l e des colas, des colis p o s t a u x , des chefferies, des c o u p e u r s de bois, d u recru-
t e m e n t d e la m a i n - d ' œ u v r e .
40 E n t r e t i e n s p e r s o n n e l s .
41 C o m m a n d a n t T a u r e a u l t e t s e s n è g r e s , o p . c i t . , p . 15. C f . a u s s i les J a m b e s d u
f i l s d e D i e u , o p . c i t . , p . 9 : « E t ce c o u p d e t o n n e r r e q u i , a u m a t i n , r é v e i l l a G r a n d -
B a s s a m ! N ' z o g a , le v i l l a g e d e N ' z o g a , i n c e n d i é p a r u n e x p l o i t a n t f o r e s t i e r . »
42 G e o r g e s H a r d y , U n e c o n q u ê t e m o r a l e : l ' e n s e i g n e m e n t e n A . O . F . , A r m a n d
C o l i n , 1 9 1 7 , p . 13. G e o r g e s H a r d y f u t le p r e m i e r i n s p e c t e u r d e l ' e n s e i g n e m e n t d e
l'A.O.F.
43 C a m i l l e G u y , l ' A f r i q u e f r a n ç a i s e , 1 9 2 2 , n ° 1, p . 4 3 . C ' e s t e n c o r e ce q u ' e s t i -
m e n t c e r t a i n s j o u r n a u x i v o i r i e n s e n 1 9 3 5 , p o u r l e s q u e l s le b u t d e l ' e n s e i g n e m e n t d o i t
être d e f o u r n i r à la c o l o n i e d e b o n s travailleurs m a n u e l s : « N o u s a v o n s assez d e clercs,
d e c o m m i s , d ' e m p l o y é s d e b u r e a u et n o u s m a n q u o n s d ' o u v r i e r s d ' a r t . Il n o u s f a u t d e s
f o r g e r o n s h a b i l e s , d e s m a ç o n s a d r o i t s , d e s m e n u i s i e r s m i n u t i e u x . Il n o u s f a u t d e s a r t i -
sans p o u r c h a q u e village n o i r et n o n des f a u x s a v a n t s , des ratés, des a i g r i s » ( L é o n
R o u i l l o n , F r a n c e - A f r i q u e , 9 avril 1935).
44 B . B . D a d i é , « M i s è r e d e l ' e n s e i g n e m e n t e n A . O . F . » , P r é s e n c e a f r i c a i n e , X I ,
1 9 5 7 , p . 6 8 : « T o u s d e s a u x i l i a i r e s , p a r le f a i t m ê m e q u ' a u c u n d i p l ô m e d e v a l e u r n e
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nous était délivré. Tous ceux que nous détenions étaient des diplômes locaux. Nous
pouvions avoir toutes les compétences, le diplôme local était là pour barrer l'accès à
certains postes, à certains rôles. »
45 Climbié, op. cit., p. 176.
46 Nous renvoyons à ce que nous disons plus loin de Dadié journaliste.
47 Termes repris de B. B. Dadié, Climbié, op. cit., pp. 233-234.
48 Ibid., p. 176.
49 Ibid., p. 176.
50 Ibid., p. 179.
51 Charles Béart, «Le théâtre indigène et la culture franco-africaine », numéro
spécial de l'Education africaine, Dakar, 1937, pp. 3 et 4.
52 Ainsi, le sculpteur Charles Combes, qui passera sa vie en Côte-d'Ivoire et qui
ne manquait vraisemblablement pas de sympathie pour l'Afrique et les Africains, con-
damnait toute possibilité d'évolution de l'art africain en lui-même. Tout au plus, l'Afri-
que, sinon l'art nègre, pouvait-elle inspirer l'art européen: «L'art exotique ne consiste
plus désormais qu'en balbutiements puérils, en grossières statues de bois, en ornements
mystérieux mais maladroits. Combien plus intéressante est l'image des peuples sauva-
ges exécutée par nos sculpteurs, nos peintres, avec toute leur intelligence: le Noir tra-
duit par le Blanc» (le Courrier de l'Ouest africain, 22 août 1931),
53 Nous soulignons.
54 Pour ce qui est de la trame historique événementielle globale, Assémien Déhylé
(1776-1823) apparaît bien comme le successeur d'Amon N'douffou Kpagnyi (1751-1776),
son oncle. Soucieux de laver l'injure lancée par le roi des Abouré, Kissi, à Amon N'douf-
fou, il aurait juré de ne s'asseoir sur le trône que la tête de Kissi entre les mains. Il
se fit introniser, en fait, seulement après avoir vaincu de façon décisive les Abouré
qui disputaient aux Agni-Sanwi le pouvoir sur l'Assinie.
55 C.E.D.A., 1982.
56 Ibid., p. 234.
57 Aujourd'hui, un chanteur ivoirien se permet de plagier quasi textuellement
Dadié sans que personne ne songe à s'en offusquer, tellement son adaptation de la
légende est tombée dans le domaine commun.
58 Maurice Delafosse, Essai de manuel de langue agni, Librairie africaine et colo-
niale J. André, Paris, 1901, p. 165. Il y donnait, en effet, des fragments de la chroni-
que de la reine Pokou. Nous ne craignons pas d'insister en ajoutant que beaucoup
d'intellectuels sénégalais disent avoir dû l'éveil de leur conscience politique africaine
à la légende baoulé rapportée par Dadié dans Assémien Déhylé et plus tard aux arti-
cles du même Dadié (témoignage d'A. Mbodj, professeur à l'I.F.A.N., Dakar).
59 Entretien du 14 mars 1983.
60 Les voici :
1. Le chant d'ouverture «Bon'so, Bon'so» est un chant fanti très ancien d'une
danse enlevée ; il traduit une atmosphère de joie. Le chœur dansé « Eti mo koum min »,
agni-ashanti, est aussi ancien.
2. Les chants de la légende baoulé appartiennent aussi au registre agni-fanti-ashanti.
Le chant d'entrée «Toffé, Akouman gué» appartient au conte «L'enfant avalé par
un boa»; il est très ancien, en vieux langage éhotilé (ethnie lagunaire autochtone qui
disparut, quasiment colonisée par les Agni, mais laissa des traces de sa langue dans
les légendes, contes, chants anciens). Les «chants d'exil» et «chants d'espoir», chants
de la Bassam moderne, s'adaptaient parfaitement, par leurs rythmes et leurs paroles,
au récit lagunaire.
3. Le chant de clôture « Anou» est un chant de danse agni-abodan pour prendre
congé, «demander la route», selon l'expression ivoirienne. C'est en effet un chant de
« ndolo », de veillée.
4. Le dit du héraut «N'dja anouôo u ôô» est authentique. Il précède l'annonce
de toute nouvelle.
5. Le chant de funérailles «Edja, Emo, min nouan» et le chant « O tchin tchin
ba bo tchin» sont des chants modernes connus d'Abengourou à Bassam. Nous ne revien-
drons pas sur la première fois où le chœur «Pour le mort» fut chanté à Bingerville
par le groupe agni d'Aboisso-Dimbokro et sur l'effet puissant qu'il produisit sur les
assistants, Béart en particulier. Dadié avait dû y être sensible puisqu'il le réintroduisit
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dans sa pièce. F.-J. Amon d'Aby pense qu'il s'agit d'un chant relativement moderne
mis à l'honneur par la danse «djelko» de Bassam dans les années 1930 et dont le rythme
plus vif avait été ralenti pour en faire un chant funèbre. Nous assisterions donc à l'effet
inverse de celui qui se produit le plus souvent : le théâtre, au lieu de consacrer une tra-
dition, la crée en donnant ses lettres de noblesse à un chant qui, désormais, scande
les funérailles des pionniers du R.D.A.
6. Parmi les chants de guerre, «La marche », si elle n'est pas tout à fait tradition-
nelle, car les vrais étaient ashanti, doit certainement à ceux-ci; elle fut introduite par
Animan, comme les «Appels du sorcier» dont l'origine est Abengourou. Les chants
«Yenan mo» ou «Kuesn'», chants de retour de la guerre, n'ont rien à voir avec les
chants de guerre authentiques ou «fokwe». Outre que les élèves ne les connaissaient
pas, ils n'auraient pu songer à porter sur le théâtre le tambour qui les eût accompa-
gnés, et vraisemblablement il n'eût pas été pensable de le faire, tant par respect de
leur culture que parce que le régime colonial ne l'eût point accepté. Aussi s'agit-il de
chants de danses modernes exécutées à Grand-Bassam, telles que «Groslot», «Sida»
(de l'anglais «See thar»), «Concomba», surtout venues du Ghana. «Yenan mo» était
un chant de fanfare, et «Kuesn'» (de l'anglais «kin», parenté) un chant de société,
d'amicale de football.
7. Quant aux chants du couronnement, «Oman wolouan wotché» est un chant
du Ghana, « Dja yo » un chant fanti, le chœur final un authentique chant de louanges.
61 La mort des captifs voués aux mânes des ancêtres est expliquée par le fait qu'ils
ont entendu un récit sacré d'intronisation royale, réservé au seul initié à la fonction
suprême.
62 Charles Béart, «Le théâtre indigène et la culture africaine», op. cit., p. 28.
63 Erreur vénielle: ce serait en fait la lame qui échut aux Agni-Sanwi. Informa-
tion donnée par F.-J. Amon d'Aby après consultation des traditionnalistes, le 9 octo-
bre 1984.
64 B. B. Dadié, « Le rôle de la légende dans la culture populaire des Noirs d'Afri-
que», contribution au premier Congrès des écrivains et artistes noirs, Paris, 1956, Pré-
sence africaine, numéro spécial, XIV-XV, 1957.
65 Barthélemy Kotchy, «Les sources du théâtre négro-agricain» et Bernard Zadi,
« Traits distinctifs du conte africain : thèses », Revue de littérature et d'esthétique négro-
africaine, n° 2, Abidjan, N.É.A., 1979.
66 Le lieu et le moment choisis: le pont sur l'Agbo (la rivière qui l'avait vu gui-
der ses radeaux de billes de bois) à une heure du matin, disent l'importance que le père
voulait donner à ses paroles.
67 Gabriel Dadié n'a pas laissé ses amis, Marius Gautry, avocat à Bassam, ou
encore l'avocat dahoméen Jean-Ignace Pinto (par la suite sénateur, puis ambassadeur
du Dahomey indépendant et que Lamine Gueye signale dans son Itinéraire africain
comme l'un des jeunes universitaires africains connus au-delà des frontières du Séné-
gal), sur lesquels se portaient, dans l'intervalle des deux conflits mondiaux, les espoirs
de l'Afrique, se charger des études de Bernard, qui eût tant aimé être avocat.
68 Climbié, op. cit., pp. 181-182.
69 Toujours très médiocrement logé pour ne pas dire pis: au 33, rue Grammont,
au 37, rue Carnot (rappelé dans Climbié, op. cit., p. 182), à la rue Raffenel et pour
finir au 67, rue Félix-Faure. Pour s'installer, il achètera son premier lit aux enchères.
Il ne pourra acquérir son premier vélo qu'en avril 1947. Il écrit à ce sujet dans son
diaire intitulé «Lettres à Somian» ou «Retour» en date du 5 avril 1947: «Ai fait le
tour de la corniche en (sic) vélo, mon premier vélo, acheté avec l' argent envoyé par
mon père, bien que j'aie onze ans de service effectif.»
70 Nous soulignons.
71 Etait-il possible à cette époque d'agir autrement que discrètement pour un sujet
français et même pour un Français africain? Les précautions dont Dadié s 'entoure
lorsqu'il écrit sa lettre à Kablan qui porte la mention «A ne montrer à personne»,
le terme de «conspirateurs», dont il sourit d'ailleurs, sont assez révélateurs du climat
de suspicion qui r é g n a i t . .
72 Jean Suret-Canale, Afrique noire: l'ère coloniale, 1900-1945, Paris, Editions
sociales, 1964, p. 558. Cf. Climbié, op. cit., p. 184.
73 Lui qui restera sujet français malgré les droits que lui donnait sa filiation.
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140 I b i d . , p . 2 1 . V o i r a u s s i p . 9 5 .
141 M a l h e u r e u s e m e n t , les f e u i l l e t s d u C a r n e t c o n c e r n a n t ces j o u r n é e s s o n t p e r d u s .
Voir aussi pp. 93-99.
142 I b i d . , p p . 6 1 , 122.
I b i d . , p . 101.
I b i d . , p p . 54, 55, 59, 62, 77, 88, 99, 1 2 0 . . .
145 H u m o u r p a r f o i s g r i n ç a n t , c o m m e d a n s ces l i g n e s à p r o p o s d u c h i e n d u r é g i s -
s e u r q u i s o u l i g n e d e ses a b o i e m e n t s e t d e ses h u r l e m e n t s les c r i s d u g e ô l i e r . E l l e s t r a -
d u i s e n t d e f a ç o n m é t a p h o r i q u e p o u r le p r i s o n n i e r ce à q u o i a é t é r é d u i t e t se r é d u i t
t r o p s o u v e n t l ' « é v o l u é » a f r i c a i n : « S o n c h i e n a b o i e , et c e c h i e n m e f a i t p e n s e r à t o u s
les c h i e n s q u i v i v e n t d e m i e t t e s : q u i , c o u c h é s a u b a s d e la t a b l e , r e g a r d e n t la n a v e t t e
d e la f o u r c h e t t e d e l ' a s s i e t t e à l a b o u c h e d u m a î t r e e t v i c e v e r s a , ces c h i e n s q u i l a p p e n t
d e s m o u c h e s ( . . . ) et s u i v e n t d e s y e u x l a b o u c h é e d e s m a î t r e s , p r ê t s à s a u t e r s u r l a p r e -
m i è r e m i e t t e t o m b é e » ( p . 8 1 ) . L a v i v a c i t é d u c r o q u i s le d i s p u t e à l ' é p a i s s e u r d u s e n s .
I b i d . , p . 133. A c ô t é d u m e s s a g e d e M a u r i c e T h o r e z f i g u r e a u s s i le m e s s a g e
de l'ancien gouverneur Latrille.
I b i d . : A r a g o n , p . 7 8 ; B o n t é , p . 8 1 ; G o r k i , p . 150.
I b i d . , p p . 7 5 , 8 5 , 9 4 , 9 5 , 1 0 1 , 125, 162.
I b i d . V o i r e n t r e a u t r e s les p a g e s 3 2 , 5 4 , 1 1 0 , 1 3 2 , 134, 1 3 5 , 162.
I b i d . , p . 94.
151 L ' i r o n i e s u r soi - « J e n e s a v a i s p a s q u e n o u s é t i o n s si p u i s s a n t s , n o u s , les
H u i t . A p r è s t o u t cela, ne devrais-je p a s m e d o n n e r d e l ' i m p o r t a n c e ? Je fais t r e m b l e r
les p u i s s a n t s d e c h e z n o u s » ( p . 71) - m o n t r e q u ' e n t o u t e s c i r c o n s t a n c e s D a d i é g a r d e
le s e n s d e l a m e s u r e . V o i r a u s s i , p . 1 5 1 , l a l e t t r e à F r é d é r i c N d a : « D a n s c e t t e l u t t e ,
il n e f a u t p a s d e m e n e u r s , c a r il n ' y e n a p a s . »
I b i d . , p . 9 4 . V o i r a u s s i p p . 55 et 6 3 .
I b i d . , p p . 119, 1 2 3 , 1 2 4 .
I b i d . , p p . 152, 166.
I b i d . , p . 185.
156 I b i d . , p . 186. M D o u z o n , e n n o u s c o n f i a n t la p l a i d o i r i e d e M W i l l a r d et e n
r e c o n s t i t u a n t , à n o t r e d e m a n d e , sa p r o p r e plaidoirie de B a s s a m p o u r qu'elles figurent
d a n s le C a r n e t d e p r i s o n , n e le f a i s a i t , n o u s p r é c i s a - t - i l l o r s d e s e n t r e t i e n s q u e n o u s
e û m e s en s e p t e m b r e 1981, q u e p a r c e q u ' i l a v a i t t o u j o u r s eu u n e g r a n d e e s t i m e p o u r
B e r n a r d D a d i é , « l ' u n des rares à n ' a v o i r j a m a i s fait p r o f e s s i o n d e foi c o m m u n i s t e ,
n o u s d i s a i t - i l , e t l ' u n d e s r a r e s à n e p a s n o u s a v o i r t o u r n é le d o s » . A t o u t a u t r e m e s s a -
g e r et p o u r t o u t a u t r e q u e D a d i é , il e û t r e f u s é le d o c u m e n t . C f . l ' h u m o u r n o n e x e m p t
de s y m p a t h i e avec lequel l ' a u t e u r parle des c o m m u n i s t e s d a n s U n n è g r e à Paris, P r é -
s e n c e a f r i c a i n e , 1959, p . 198.
157 U n e l e t t r e a d r e s s é e p a r B e r n a r d D a d i é , le 15 m a i 1 9 5 0 , a u s e c r é t a i r e g é n é r a l
d u P . D . C . I . p o u r d é c l i n e r le r ô l e d e p r é s i d e n t d e c o m m i s s i o n ( d a n s l e q u e l , « à m a s o r -
t i e d e p r i s o n , le P a r t i a c r u d e s o n d e v o i r d e m e c o n f i r m e r » ) , d i t c e d é s i r .
158 D i s c o u r s d u d é p u t é H o u p h o u e t - B o i g n y , p r é s i d e n t d u R . D . A . , le 6 o c t o b r e
1951.
159 Il s ' a g i t là d u t i t r e d e l ' é d i t o r i a l d u D é m o c r a t e d e s 2 et 3 n o v e m b r e 1 9 5 0 r é d i g é
par Dadié.
160 L e t t r e a d r e s s é e p a r B e r n a r d D a d i é , le 2 9 j a n v i e r 1 9 5 2 , a u s e c r é t a i r e g é n é r a l
d u P . D . C . I . Il s ' a g i t d e la « R é s o l u t i o n d u R . D . A . » , p u b l i é e p a r la C ô t e - d ' I v o i r e , n ° 4 3 6 ,
d u s a m e d i 26 j a n v i e r 1952,
161 B. B. D a d i é , R e v u e d e l ' I , A . R . H . P . , F o n d a t i o n F é l i x H o u p h o u e t - B o i g n y , o p .
c i t . , n ° 3, s . d .
Afrique d e b o u t ou A f r i q u e d e b o u t ! injonction o u constatation selon que l'on
choisit l ' u n e o u l ' a u t r e p o n c t u a t i o n d u titre ( d o n t l'histoire de l ' é v o l u t i o n serait inté-
ressante à faire). P . Seghers, d a n s s o n c o u r r i e r d ' é d i t e u r , écrit en g é n é r a l A f r i q u e d e b o u t !
163 P o u r u t i l e q u ' i l s o i t , l ' o u v r a g e d e C . Q u i l l a t e a u , B e r n a r d B i n l i n D a d i é ,
l ' h o m m e et l ' œ u v r e , o p . cit., ne p e u t p a s s e r p o u r u n e é t u d e d e la p o é s i e d e D a d i é .
164 C o m m e le P a n o r a m a d e l a l i t t é r a t u r e n o i r e d ' e x p r e s s i o n f r a n ç a i s e d e J a c q u e s
N a n t e t ( é d i t i o n s F a y a r d , 1 9 7 2 ) . S i g n a l o n s a u s s i , p o u r le s é r i e u x d e l ' a n a l y s e , m a l g r é
l e u r n é c e s s a i r e b r i è v e t é , les p a g e s c o n s a c r é e s à la p o é s i e d e D a d i é p a r D o r o t h y S. B l a i r
d a n s s o n e x c e l l e n t A f r i c a n L i t e r a t u r e in F r e n c h ( C a m b r i d g e , U n i v e r s i t y P r e s s , 1 9 7 6 ) .
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165 Ainsi, dans l'ouvrage de J. Nantet, le docteur Issa Diop qui, en publiant dans
D a k a r - J e u n e s le poème intitulé « Coups de pilon », aurait fourni à Dadié la forme poé-
tique dont il cherchait le « c o n t e n u préexistant en lui», est-il confondu avec David Diop,
et le p o è m e déclencheur avec le recueil bien connu du jeune poète p r é m a t u r é m e n t dis-
paru intitulé C o u p s de pilon. D o r o t h y S. Blair fait la même erreur et en prend prétexte
p o u r un développement discutable sur la forme des poèmes de Dadié.
166 Lancé par une lettre de René Depestre au poète Charles Dobzynski, où il fai-
sait part de ses premières réflexions sur les nouvelles théories esthétiques d ' A r a g o n ,
publiées par les Lettres françaises, n° 573, du 16 au 23 juin 1955, le débat allait se
développer dans les numéros de la revue Présence africaine d'avril-juillet 1955 ( n 4,
5, 6) à décembre 1956-janvier 1957 (n° 11).
167 B. B. Dadié, Présence africaine, février-mars 1956, n° 6.
168 C. Quillateau, B e r n a r d Binlin Dadié, l ' h o m m e et l'œuvre, op. cit., p. 140.
Ibid., p. 139.
Ibid., pp. 135-153.
Ibid., p. 137.
172 Ibid., p. 138.
Ibid., p. 139.
Ibid., p. 140.
Ibid., p. 139.
176 « N o i r sur Blanc», p o è m e liminaire d ' A f r i q u e d e b o u t ! , dans Légendes afri-
caines, op. cit., p. 9.
177 C. Quillateau, B e r n a r d Binlin Dadié, l ' h o m m e et l'œuvre, op. cit., p. 137.
178 P o u r une compréhension plus exacte du poème, il est important de faire appel
à la première version, publiée dans la C o m m u n a u t é , le 16 octobre 1946. Nous nous
contenterons d ' e n rappeler ici les premiers vers: « A f r i q u e , continent des dieux, Afri-
que, m a Patrie, / Afrique de la reconquête des libertés blanches ! / Il n'y a personne
en Afrique. » S'il est heureux que le poète ait trouvé une formulation plus concise,
nous p o u v o n s regretter l'obscurité que l'absence de l'adjectif « b l a n c h e s » risque de
faire peser sur l'interprétation du poème.
Op. cit., p. 122.
180 Cf. « O u i , je le sais ! », Afrique d e b o u t ! , op. cit., p. 13 : « Q u e jamais plus une
202 ou une Mercury Height / N ' a i t le pas sur l ' h o m m e . » O n songe à l'identification
de la Mercédès à l ' h o m m e d ' a f f a i r e s et vice versa dans l'Afrique d ' a u j o u r d ' h u i et au
parti q u ' e n tire O u s m a n e Sembène dans Xala.
181 «Feuille au vent », la R o n d e des j o u r s , dans Légendes africaines, op. cit.,
p. 257. Cf. « Prière de Nouvel A n », H o m m e s de tous les continents, Abidjan, C.E.D.A.-
Présence africaine, 1987, p. 70: « M o n langage n'est pas toujours un langage humain. »
(Nous soulignons.)
182 C f . , par exemple, « T u d o r s » , H o m m e s de tous les continents, op. cit., p. 23.
183 B. B. Dadié, Iles de tempête, Présence africaine, 1973, p. 61.
184 « J e vous remercie, m o n D i e u » , la R o n d e des j o u r s , op. cit., p. 260.
185 « L e noir de m o n t e i n t » , la R o n d e des j o u r s , op. cit., p. 268.
186 « C o n f e s s i o n » , la R o n d e des j o u r s , op. cit., p. 266.
187 « N o u s sommes de c e u x . . . » , la R o n d e des j o u r s , op. cit., p. 271.
188 L a R o n d e des j o u r s , op. cit., p. 266.
Climbié, op. cit., p. 202.
190 « L e m o n d e , c'est toi, m o n a m o u r » , la R o n d e des j o u r s , op. cit., p. 258.
191 Il ne faudrait pas oublier les pieds, mais leur présence dans la poésie de Dadié
est beaucoup plus discrète.
192 « O u i , je le s a i s ! » , A f r i q u e d e b o u t ! , op. cit., p. 12.
193 « P r i è r e à M a r i e » , H o m m e s de tous les continents, op. cit., p. 15.
194 Genèse, 37. « P r i è r e de Nouvel A n » , H o m m e s de tous les continents, op. cit.,
p. 71.
195 « P r i è r e de Nouvel A n » , H o m m e s de tous les Continents, op. cit., p. 71.
196 N o u s employons ce terme au sens que le prophète Jérémie lui donne (23, 3;
31, 7-8): les Juifs déportés à Babylone, reste du peuple de Dieu dépositaire des pro-
messes messianiques.
197 « P r i è r e de Nouvel A n » , H o m m e s de tous les continents, op. cit., p. 70.
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281 Le thème du chasseur obtus serait d'ailleurs intéressant à suivre dans ces con-
tes. Il se prolonge éloquemment dans le dernier recueil, les Contes de Koutou-as-Samala
(Paris, Présence africaine, 1982), par le conte «Les premiers aveugles».
282 M. Colardelle-Diarrassouba, le Lièvre et l'Araignée dans les contes de l'Ouest
africain, Paris, Union générale d'éditions, 1975,
283 B. B. Dadié, «Mon pays et son théâtre», Assémien Déhylé, op. cit., p. 26.
284 «La bosse de l'Araignée», le Pagne noir, op. cit., p. 37. Nous soulignons.
285 «Le rôle de la légende dans la culture populaire des Noirs d'Afrique», Pré-
sence africaine, op. cit., p. 166. Ce conte est développé dans les Contes de Koutou-as-
Samala, op. cit., sous le titre «Ananzè et la sagesse», pp. 21-36.
286 «Le conte, élément de solidarité et d'universalité », Présence africaine, op. cit.,
p. 72.
Ibid., p. 72.
288 C. Brémond, «Les bons récompensés et les méchants punis. Morphologie du
conte merveilleux français », Sémiotique narrative et textuelle, ouvrage collectif,
Larousse, 1973.
289 «Les lèvres se ferment de peur que la bouche ne dise tout», selon la belle
expression que le narrateur attribue à Diaw, le matelot conteur, dans Climbié, op. cit.,
p. 227.
290 Nous renvoyons, pour aider à saisir cette dimension de sous-jacence, de vie
secrète du créé dans l'œuvre de Dadié, au très beau poème quasi ignoré « Silence dans
la nuit » d'Hommes de tous les continents, op. cit., p. 74, et au poème « Prière de Nouvel
An», ibid., p. 70, où les termes «Je soulève pour vous / un coin du voile» sont tex-
tuellement exprimés.
291 «La légende de la fumée», Légendes africaines, op. cit., p. 61.
292 «La lueur du soleil couchant», Légendes africaines, op. cit., pp. 91-92.
Légendes africaines, op. cit., p. 87.
294 «La route», Légendes africaines, op. cit., p. 96.
295 «La bataille des oiseaux et des animaux», Légendes africaines, op. cit., p. 38.
296 « Attoua, reine des étoiles», Légendes africaines, op. cit., p. 68. Nous soulignons.
297 «La saunerie de la vieille d'Amafi», Légendes africaines, op. cit., p. 43.
298 «Araignée, mauvais père», Légendes africaines, op. cit., p. 77.
299 «Le Chien de Coffi», Légendes africaines, op. cit., pp. 71, 74. Le fromager
est l'arbre du culte par excellence dans les régions akan-agni. Nous ne pensons pas
que la précision de l'auteur soit anodine. C'est encore dans et autour d'un arbre -
dans «L'homme qui voulait être roi» - que se noue la question cruciale du dernier
conte du Pagne noir qui pose le problème de la justice et du pouvoir.
300 «Le miroir de la disette», le Pagne noir, op. cit., p. 14.
301 «Le pagne noir», le Pagne noir, op. cit., p. 20.
302 «Le Bœuf de l'Araignée», le Pagne noir, op. cit., p. 57. Le thème de l'arbre
maléfique est filé au long du conte «La jeune fille difficile» du recueil les Contes de
Koutou-as-Samala. L'«époux-crâne» de la jeune fille exigeante se présente à Cocoh
tandis qu'elle est placée sous son « arbre habituel » et ne révèle sa vraie nature de « crâne »
sur le long chemin qui conduit les nouveaux époux au village du mari qu'après s'être
dépouillé, à chaque arbre rencontré (acajou, ezobé, palétuviers, dabema), de son dégui-
sement d'homme «au-dessus des autres ».
303 Cf. le conte « Les premiers aveugles » des Contes de Koutou-as-Samala, où les
«chasseurs-qui-n'avaient-peur-de-rien» ne savent pas reconnaître le Boa primordial,
«triple symbole de la transformation temporelle, de la fécondité et enfin de la péren-
nité ancestrale». Comme dit Gilbert Durand (les Structures anthropologiques de l'ima-
ginaire, Paris, Bordas, 1969, p. 364): «Etre " n o u r r i " n'est pas une raison suffisante
à l'acquisition de la sagesse; il faut encore savoir "se situer".»
Op. cit., p. 29.
Climbié, op. cit., p. 180.
Ibid., pp. 196-197. Le 10 janvier 1946, Dadié note dans son diaire n° 2 la grève
des employés de commerce et des auxiliaires du gouvernement : « Les dockers suivent,
on mobilise les travailleurs de force. » La grève générale dura du 14 au 24 janvier. La
visite du ministre dont il est question dans Climbié est celle de J. Soustelle, ministre
des colonies. Voir Réveil, n° 256.
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Ibid., p p . 204-208.
308 V o i l à ce q u ' e n d i t M o c k e y d a n s s o n a r t i c l e d e R é v e i l , n ° 3 5 5 , 14 m a r s 1 9 4 9 ,
« L a b a t a i l l e d u c a c a o » : « 1 9 4 7 - 1 9 4 8 . . . C o u r s d é r i s o i r e d e s p r o d u i t s ; le s y n d i c a t f a i t
a p p e l à ses a d h é r e n t s p o u r n e p a s v e n d r e , e n p r é v i s i o n d ' u n e a u g m e n t a t i o n s e n s i b l e .
Mais des m e m b r e s , abusés p a r u n e p r o p a g a n d e insidieuse, par des menaces de baisse
p r o p a g é e s p a r d e s a g e n t s d e c o m m e r c e et d e s t r a i t a n t s q u i e u r e n t d e s m i l l i o n s d e b é n é -
fice d a n s c e t t e s p é c u l a t i o n , v e n d i r e n t leur c a c a o à q u i n z e f r a n c s . Q u i n z e j o u r s a p r è s ,
le p r i x p a s s a i t à t r e n t e - c i n q f r a n c s . L e s A f r i c a i n s e n o n t r e t e n u l a l e ç o n . » N o u s n e
r a p p e l l e r o n s p a s ici les e x a c t i o n s c o m m i s e s e n f é v r i e r 1 9 4 9 p a r les t r o u p e s a u x o r d r e s
d u c o l o n e l L a c h e r o y s u r les v i l l a g e s e t c a m p e m e n t s d e s p l a n t e u r s r e f u s a n t l a t r a i t e .
Climbié, op. cit., p p . 233-234.
I b i d . , p . 199.
I b i d . , p. 243.
Ibid., pp. 237, 242.
I b i d . , p. 202.
I b i d . , p. 204.
315 I b i d . , p . 2 4 3 .
L e s j a m b e s d u f i l s d e D i e u , o p . cit., p. 44.
Ibid., p. 99.
C l i m b i é , op. cit., p p . 240-242.
319 N o n s a n s s o u l i g n e r a v e c h u m o u r ce q u ' i l y a d e t r o p p é r e m p t o i r e d a n s c e r -
t a i n s j u g e m e n t s c r i t i q u e s : « Il f a u t s o u l i g n e r , à p r o p o s d e C l i m b i é , l ' i m p o r t a n c e d u
j u g e m e n t d e s c r i t i q u e s s u r l ' o p i n i o n . O n v o u s b a p t i s e c a r p e et v o u s r e s t e z c a r p e , m ê m e
si v o u s ê t e s b r o c h e t » , n o u s d i s a i t - i l le I l j u i l l e t 1 9 7 8 .
320 B. B . D a d i é , e n t r e t i e n d u 1 1 . 0 7 . 1 9 7 8 , à p e u p r è s r e p r i s d a n s « E n t r e t i e n
C . L . E . F . », B e r n a r d D a d i é , A r c h i v e s s o n o r e s d e la l i t t é r a t u r e n o i r e , vol. X I I , R . F . I . -
C . L . E . F . , A b i d j a n - P a r i s , 1982.
C l i m b i é , o p . c i t . , p . 146.
I b i d . , p . 103.
I b i d . , p . 105.
I b i d . , p . 143.
I b i d . , p . 133. N o u s s o u l i g n o n s .
326 I b i d . , p . 1 1 4 - 1 1 7 .
Ibid., p p . 120-121.
Ibid., p p . 125-131.
329 I b i d . , p p . 1 3 2 - 1 3 5 .
I b i d . , p. 133.
I b i d . , p . 134.
332 Il n ' a p p a r a î t q u e d a n s q u a t r e n o u v e l l e s s u r q u i n z e : « L e p r e m i e r l i v r e c o m -
m a n d é » , « L e s j a m b e s d u f i l s d e D i e u » , « L a m o n t r e » , « L e b i l l e t d e la c h a m b r e à
coucher».
333 « L e p r e m i e r l i v r e c o m m a n d é » , p . 6 : « C ' é t a i t e n 1 9 2 8 , à B a s s a m . »
334 C o n f i d e n c e d e l ' é c r i v a i n .
335 I d e m .
336 P e n d a n t t o u t e u n e a n n é e ( 1 9 4 7 - 1 9 4 8 ) , D a d i é j o u a u n r ô l e e s s e n t i e l d a n s l ' a n i -
m a t i o n de la section d u R . D . A . d ' A g b o v i l l e . Les r e n s e i g n e m e n t s qui suivent sont tirés
d ' u n a r t i c l e d e B. D a d i é d a n s Réveil, n ° 306, d u 26 avril 1948. E g a l e m e n t d a n s Réveil,
les 2 7 s e p t e m b r e e t 15 n o v e m b r e 1 9 4 8 , d e u x a r t i c l e s s i g n é s « R . D . A . , s e c t i o n A g b o -
ville» (donc de Dadié) d é n o n c e n t l'administrateur C o r r o t .
337 T r è s p r é s e n t d a n s C a r n e t d e p r i s o n .
C o m m a n d a n t T a u r e a u l t e t s e s n è g r e s , o p . c i t . , p p . 78 à 8 1 .
339 C l i m b i é , o p . c i t . , p . 108.
I b i d . , p . 107.
L a Ville o ù n u l n e m e u r t , o p . c i t . , p . 2 4 .
C l i m b i é , o p . c i t . , p . 1 0 6 . V o i r a u s s i p . 125.
L e s J a m b e s d u f i l s d e D i e u , op. cit., p. 52.
344 « L a m o n t r e » , les J a m b e s d u f i l s d e D i e u , o p . c i t . , p . 7 7 .
345 « A r c d e t r i o m p h e d e l ' E t o i l e » , les J a m b e s d u f i l s d e D i e u , o p . c i t . , p . 33.
I b i d . , p. 35.
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