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La Terre a perdu la moitié de ses populations d'espèces


sauvages en 40 ans
Le Monde | 30.09.2014 à 00h00 • Mis à jour le 30.09.2014 à 07h32 | Par Audrey Garric

La planète est malade, et sa guérison semble de plus en plus incertaine. La pression


exercée par l'humanité sur les écosystèmes est telle qu'il nous faut chaque année
l'équivalent d'une Terre et demie pour satisfaire nos besoins en ressources
naturelles, tandis que le déclin de la biodiversité est sans précédent. Ce sont les
conclusions alarmantes du Fonds pour la nature (WWF), dans la dixième édition
de son rapport Planète Vivante, le bilan de santé le plus complet de la Terre.
Ce rapport bisannuel, réalisé avec la société savante Zoological Society of London et les ONG Global Footprint Network et Water
Footprint Network, et présenté à l'Unesco mardi 30 septembre, se fonde sur trois indicateurs. Le premier, l'indice planète vivante
(IPV), mesure l'évolution de la biodiversité à partir du suivi de 10 380 populations (groupes d'animaux sur un territoire) appartenant à
3 038 espèces vertébrées de mammifères, oiseaux, reptiles, amphibiens et poissons.

DÉCLIN MASSIF DES ESPÈCES SAUVAGES

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Résultat : les effectifs de ces espèces sauvages ont décliné de 52 % entre 1970 et 2010. Autrement dit, la taille de ces populations a
fondu de moitié en moins de deux générations, ce qui représente un recul beaucoup plus marqué que celui précédemment estimé
(– 28 %). Dans le détail, les espèces d'eau douce sont les plus durement touchées avec une chute de 76 % entre 1970 et 2010, contre
un déclin de 39 % pour les espèces marines et les espèces terrestres.

« Nous avons enrichi notre base de données d'un millier de populations, mais surtout, nous avons changé de méthodologie, explique
Christophe Roturier, directeur scientifique du WWF France. Nous avions auparavant surreprésenté dans notre indice les espèces de
mammifères et d'oiseaux par rapport aux reptiles, amphibiens et poissons. Nous avons donc pondéré chaque espèce par rapport à sa
réelle importance dans les écosystèmes. »

Si ce déclin touche l'ensemble du globe, les pertes les plus lourdes sont observées sous les tropiques (– 56 % contre – 36 % dans les
zones tempérées). L'Amérique latine est la région la plus affectée (– 83 %), suivie par l'Asie-Pacifique. Au contraire, dans les aires
terrestres protégées, l'IPV a diminué de « seulement » 18 %.

Les principales menaces pesant sur les espèces sauvages sont la disparition et de la dégradation de leurs habitats (du fait de la
déforestation, de l'urbanisation ou encore de l'agriculture), la chasse et la pêche (intentionnelle, à des fins alimentaires ou sportives,
ou accidentelle comme les prises accessoires), la pollution et le changement climatique, dont les effets devraient être de plus en plus
forts.

Lire : Avec le réchauffement, les espèces marines migrent vers les pôles

L'HUMANITÉ CONSOMME 1,5 TERRE

Second indice du rapport, l'empreinte écologique mesure la pression qu'exerce l'homme sur la nature. Elle calcule précisément les
surfaces terrestres et maritimes nécessaires pour produire chaque année les biens et services que nous consommons (nourriture,
combustibles, espace pour les constructions, etc) et absorber les déchets que nous générons.

Selon le WWF, l'empreinte écologique de l'humanité atteignait 18,1 milliards d'hectares globaux (hag, hectares de productivité
moyenne) en 2010, soit 2,6 hag par personne. Le problème, c'est que cette empreinte mondiale, qui a doublé depuis les années 1960,
excède de 50 % la biocapacité de la planète, c'est-à-dire sa faculté à régénérer les ressources naturelles et absorber le CO2, qui elle,
s'élevait à 12 milliards de hag (1,7 hag par personne). Au final, en 2010, l'humanité a utilisé l'équivalent d'une planète et demie pour
vivre, et a donc entamé son « capital naturel ». La moitié de cette surconsommation est imputable aux émissions de CO2 (53 %), en
grande partie dus aux combustibles fossiles (charbon, pétrole et gaz naturel).

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Ce « dépassement », où ce jour à partir duquel l'humanité vit à crédit – qui intervient de plus en plus tôt dans l'année – est possible
car nous coupons des arbres à un rythme supérieur à celui de leur croissance, nous prélevons plus de poissons dans les océans qu'il
n'en naît chaque année, et nous rejetons davantage de carbone dans l'atmosphère que les forêts et les océans ne peuvent en absorber.
Conséquence : les stocks de ressources s'appauvrissent et les déchets s'accumulent plus vite qu'ils ne peuvent être absorbés ou
recyclés, comme en témoigne l'élévation de la concentration de CO2 dans l'atmosphère.

Lire : Concentration record des gaz à effet de serre en 2013

« Si l'innovation technologique, telle que l'amélioration de l'efficacité de la consommation des ressources et de l'énergie peut
permettre de réduire le dépassement, elle nous expose aussi à de nouveaux dilemmes : ainsi, la progression de la biocapacité
agricole grâce à l'emploi d'engrais et à la mécanisation s'est-elle effectuée en consommant davantage de combustibles fossiles, donc
en augmentant l'empreinte carbone », prévient le rapport.

LE KOWEÏT, PLUS FORTE EMPREINTE ÉCOLOGIQUE PAR HABITANT

Quels pays exercent la plus grande pression sur les écosystèmes ? Ce sont ceux qui émettent le plus de CO2 : la Chine, les
Etats-Unis, l'Inde, le Brésil et la Russie. A eux cinq, ils pèsent près de la moitié de l'empreinte écologique mondiale.

Ramené par habitant, cet indice donne un classement très différent. Cette fois, ce sont les pays aux revenus les plus élevés qui sont
les plus fautifs. Ainsi, l'empreinte écologique record par tête est détenue par le Koweït (10,5 hag par habitant, soit 6 fois ce que la
Terre peut produire), suivi du Qatar, des Emirats arabes unis, du Danemark et de la Belgique, qui se situent autour de 8 hag par
habitant. La France se classe à la 23e position, avec 4,5 hag, soit bien plus que la moyenne mondiale (2,6) ou que la biocapacité de la
Terre (1,7). L'Afghanistan, Haïti, l'Erythrée, la Palestine et le Timor oriental possèdent quant à eux l'empreinte la plus faible, avec
environ 0,4 hag par habitant.

TROP D'EAU CONSOMMÉE

Enfin, le troisième indice du rapport Planète vivante, l'empreinte eau permet de saisir l'ampleur des volumes d'eau douce (prélevée
dans les lacs, rivières, réservoirs et aquifères) et d'eau de pluie nécessaires à nos modes de vie. La production agricole engloutit 92 %
de l'empreinte eau globale, devant la production industrielle (4,4 %) et les usages domestiques (3,6 %).

Si l'Inde et la Chine sont en tête (avec les Etats-Unis) des pays ayant la plus forte empreinte eau, c'est qu'elles exportent massivement
des biens intensifs en eau, qu'ils soient agricoles ou industriels, à destination des pays développés. Ce qui augmente les pressions sur
des zones fragiles souvent dépourvues de politiques de conservation de cette ressource rare. Aujourd'hui, plus d'un tiers de la
population mondiale, soit environ 2,7 milliards de personnes, vit dans des bassins fluviaux connaissant une grave pénurie d'eau
pendant au moins un mois par an.

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Cette tendance devrait aller en s'aggravant avec l'augmentation de la population, qui a déjà doublé depuis 1950, pour atteindre
7 milliards en 2011, et devrait encore croître à 9,3 milliards en 2050. « L'humanité peut réussir à décorréler son développement de
son empreinte écologique, assure Philippe Germa, directeur général du WWF France. Il faut pour cela préserver le capital naturel,
notamment en arrêtant de surexploiter les stocks halieutiques, produire mieux, avec moins d'intrants et de déchets et plus d'énergies
renouvelables, et réorienter les flux financiers, en prenant en compte les coûts environnementaux et sociaux. »

Audrey Garric
Journaliste au service Planète du Monde Suivre Aller sur la page de ce journaliste Suivre ce journaliste sur twitter

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