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développement durable
II. Introduction 3
IV. Le développement durable : le renouveau des analyses, des indicateurs et des logiques économiques 8
A. Le renouveau de l'analyse économique : l'analyse des différents types de capitaux ...............................................8
B. La soutenabilité faible ou forte détermine le modèle de croissance.........................................................................9
C. Les indicateurs du développement soutenable .......................................................................................................11
1. La difficulté de la mesure de la soutenabilité de la croissance..................................................................................................11
2. L'épargne nette ajustée................................................................................................................................................................12
3. L'indicateur de progrès véritable (IPV) ........................................................................................................................................13
D. Les nouveaux modèles économiques : économie circulaire et économie de la fonctionnalité .............................15
1. L'économie circulaire ...................................................................................................................................................................16
E. L'économie de fonctionnalité ....................................................................................................................................18
VI. Synthèse 26
VII. Exercez-vous ! 28
II. Introduction
Depuis la fin de la seconde guerre mondiale se sont enchaînées de formidables périodes de croissance dans les pays
développés, en Europe notamment. Les économies européennes, après la période de reconstruction, sont entrées
dans le cycle production-consommation de masse générant les 30 glorieuses caractérisées par une forte croissance
de la production, de l'emploi, des revenus et des niveaux de vie. Les économies de marché, mais aussi les
économies administrées et planifiées étaient lancées dans la course à la croissance, finalité ultime des systèmes
économiques et des politiques économiques censées les réguler.
Puis, dans les années 1970 vint le temps des chocs pétroliers qui fit prendre conscience au monde que les énergies
et matières premières constituaient un stock épuisable et que tôt ou tard le monde devrait gérer leur pénurie. Dans
le même temps, le développement des pollutions industrielles touchant l'eau, l'air, les mers, les forêts et les milieux
naturels donne naissance aux premières réflexions écologistes étudiant les interactions entre la nature et l'activité
économique.
Les années 1980-1990 sont celles d'un libéralisme débridé où lʻextrême richesse se montre, alors même que le
chômage de masse gagne les pays développés et où la situation des 2/3 monde non développé stagne, voire
s'aggrave. Tous les ingrédients sont là pour penser un développement économique différent qui permette la
satisfaction des besoins de l'humanité dans sa totalité et qui soit respectueux de notre planète. Voici venue l'heure
du développement durable.
Les ressources minérales comme les métaux et composants rares indispensables aux industries
électroniques s'épuisent. La prospective en la matière prévoit par exemple la disparition du cuivre en 2039, du
nickel en 2048, au rythme de croissance de l'exploitation de ces minerais. Il y a nécessité de limiter ces
prélèvements, d'utiliser des matériaux de substitution, de prévoir le recyclage des produits composés de ces
matières premières épuisables.
Les terres cultivables s'épuisent, par une surexploitation de l'agriculture intensive qui entraîne la dégradation
des sols, alors que l'extension de leur surface nécessitée par la croissance démographique est de plus en plus
limitée.
Les ressources en eau douce, sont de plus en plus absorbées par l'activité agricole polluées par le
développement économique, surutilisées par une population de plus en plus nombreuse. Ces phénomènes
sont aggravés par le changement climatique qui modifie le cycle planétaire de l'eau et contribue à la
désertification de certaines zones. L'accès à l'eau sera un défi du XXIe siècle et nécessite dès maintenant une
transformation du modèle agricole et de notre modèle de consommation ainsi que des investissements très
importants pour augmenter la ressource (stations d'épuration usines de désalinisation par exemple).
La surface des forêts recule au niveau de la planète, aggravant le phénomène de réchauffement climatique.
En cause, l'élevage et la culture intensive, l'urbanisation galopante et la surexploitation du bois.
La diminution de la biodiversité (disparition d'espèces animales et végétales) comme la disparition
progressive des ressources en poissons pour cause de surpêche où celle des abeilles pour cause de pollution
chimique. Or la biodiversité est un capital qui permet de produire des services économiques et du bien-être
comme la fertilisation des sols, la pollinisation ou la dépollution de l'eau.
Les températures mondiales ont en moyenne augmenté de 0,75 °C par rapport au début du XXe siècle, et le rythme
de leur augmentation s'accélère. La cause principale en serait l'activité humaine et l'activité économique, en
particulier l'utilisation de combustibles fossiles, la déforestation ou bien certaines activités comme la fabrication de
ciment. Ces activités accroissent les émissions de dioxyde de carbone (CO2), principal gaz à effet de serre qui
provoque le réchauffement climatique.
Le dernier rapport du GIEC prévoit une hausse des températures de 1,5 degré dès 2030. Ce rapport révèle également
que le réchauffement observé n'a pas d'équivalent depuis au moins 2 000 ans. Dans leur scénario le plus pessimiste,
le GIEC projette un doublement des émissions de CO2 à l'horizon 2050, provoquant un réchauffement qui devrait
être supérieur à 4 degrés à la fin du siècle (4,4 °C, avec une fourchette d'incertitude de 3,3 à 5,7 °C). Ceci impliquerait
un bouleversement climatique sans précédent (intensification du cycle hydrologique, une fonte des glaces, une
montée du niveau des mers et un dérèglement climatique général).
Attention Avertissement
Cette question a déjà été évoquée dans un précédent thème, dans la présentation des indicateurs économiques
et sociaux alternatifs au PIB par habitant.
Le très fort développement de l'activité économique depuis 1950 a incontestablement permis d'accroître le niveau
de vie de la population mondiale prise dans sa globalité.
Pour autant, nous avons montré que la croissance économique ne s'accompagne pas toujours d'une progression du
développement humain mesuré par exemple par l'Indice de Développement Humain, même si en règle générale,
l'IDH suit la progression du PIB. Pour autant, on constate aussi que plus le PIB augmente et moins l'IDH progresse.
La croissance de l'activité économique, telle que nous la connaissons dans nos économies de marché de type
capitalistes, peut au contraire s'accompagner :
D'une augmentation des inégalités sociales liées à une répartition inégalitaire des revenus de la croissance,
des phénomènes de paupérisation d'une partie des populations, d'exclusion sociale et de déclassement et
d'un chômage de masse provoqué par un bouleversement trop rapide de l'activité économique.
De l'absence de progression des niveaux de vie d'une partie de la population et d'une régression du bien-être
ou du sentiment de bien-être.
Par ailleurs, plus le niveau de développement humain est élevé et plus la pression écologique exercée par les
nations, mesurée par l'empreinte écologique par exemple, est forte. L'IDH étant lié au niveau de l'activité
économique, cette dernière a des effets négatifs sur les équilibres écologiques. Ainsi, les pays à IDH élevé sont
responsables depuis 1850 des 2/3 des émissions de CO2, et les pays en développement (qui voient l'IDH de leur
population progresser le plus rapidement) sont responsables des ¾ de la croissance des émissions depuis 1970 !
Enfin, il est utile de préciser que le progrès du développement humain ne nécessite pas toujours une activité
économique et une croissance forte. Il suffit d'améliorer l'IDH par des progrès sanitaires et de l'éducation ou bien
encore lutter efficacement contre les inégalités. Ceci ne nécessite pas une production matérielle très élevée et
contribue peu à augmenter l'empreinte écologique. Cʻest par exemple le cas de la Nouvelle-Zélande qui se situe
dans le peloton de tête en matière d'IDH, malgré un revenu moyen inférieur à 30 000 dollars et avec une empreinte
écologique très acceptable.
C'est en réaction à tous ces problèmes écologiques et sociaux engendrés par la croissance économique que le
concept de développement durable est apparu dans les années 1970 et s'est depuis popularisé.
Le concept de développement durable est l'aboutissement d'une lente prise de conscience qui commence dans les
années 1970 à partir des évènements suivants :
Le rapport du Club de Rome en 1972 qui préconise la « croissance 0 » pour éviter l'épuisement des ressources.
Les chocs pétroliers des années 1970-1980 qui révèlent la fragilité de cette ressource naturelle.
Les craintes sur la diminution de la biodiversité, l'extinction de certaines espèces animales ou la déforestation.
Les accidents industriels majeurs comme celui de l'usine de Bhopal en Inde en 1984, de Tchernobyl en 1986, de
Fukushima en 2015, auxquels il faut rajouter les multiples marées noires.
Les premières mesures et études du réchauffement climatique avec les premiers rapports du GIEC (Groupe
d'Experts Intergouvernemental sur l'Évolution du Climat).
La représentation du développement
durable
https://rse-pro.com/piliers-du-developpement-durable-1066
Remarque Commentaire
Ce schéma illustre parfaitement le concept de développement durable qui se situe à l'intersection de l'économie,
du social et de l'environnemental. L'économique et le social sont en équilibre par l'équité qui doit être à la fois
intra-générationnelle et inter-générationnelle. L'économie et l'environnement sont compatibles par la viabilité (le
développement économique est viable s'il respecte les contraintes environnementales). Le social et
l'environnement sont en équilibre par le caractère vivable de notre environnement pour la société.
Le capital physique est l'ensemble des moyens de production (bâtiments, machines, matériels, etc.). Il s'accumule
(par l'investissement), se détériore et doit être remplacé.
Le capital humain regroupe les capacités physiques, intellectuelles, les compétences, l'état de santé d'un individu
ou d'un groupe d'individus. Il peut être accumulé par la qualité du système de santé, l'éducation, la formation
initiale ou professionnelle.
Le capital social est constitué du réseau de relations d'un individu ou d'un groupe, qui peut être considéré aussi
comme une ressource mobilisable (pour trouver un emploi, par exemple). Lui aussi s'accumule.
Le capital institutionnel regroupe les institutions, c'est-à-dire l'ensemble des contraintes humaines qui structurent
les interactions politiques, économiques et sociales (appareil législatif, normes, formelles ou informelles, valeurs)
qui peuvent à la fois contribuer au bien-être humain et à la croissance économique. Lui aussi peut s'accumuler.
Ces différents types de capitaux, combinés, contribuent à la production de richesses et au bien-être des
populations. Ces capitaux sont donc complémentaires.
Mais ces capitaux sont aussi partiellement substituables (l'un peut remplacer l'autre) en fonction de leur prix et
du développement de la science et de la technologie.
Exemple
Pour obtenir des colorants pour le textile, on peut utiliser des colorants naturels (capital naturel prédominant) ou
utiliser des produits chimiques (produits avec du capital physique et humain).
Pour obtenir un bien, on peut utiliser le savoir-faire de l'artisan (capital humain) ou utiliser une imprimante 3D
(capital physique).
Or, c'est de la plus ou moins grande substituabilité entre ces différents types de capitaux que dépend le caractère
soutenable de notre développement.
La soutenabilité faible
Les partisans de la « soutenabilité faible » qui pensent que les différents types de capitaux sont fortement
substituables, estiment que la nature est avant tout un capital productif.
Ce capital est substituable. S'il se raréfie, son prix augmentera et les agents économiques s'efforceront de trouver
les technologies productives qui utilisent davantage des autres facteurs de production devenus relativement moins
coûteux.
Le progrès technique peut alors repousser les limites posées à la croissance économique par la raréfaction des
ressources naturelles.
La liberté des agents, qui les pousse à rechercher la technologie optimale pour produire, peut donc suffire à assurer
la soutenabilité environnementale de la croissance de la production et à notre développement. Il faut donc faire
confiance aux forces du marché et au progrès technique.
Pour que le développement soit durable, il suffit de maintenir une capacité à produire du bien-être économique au
moins égale à celle des générations présentes. Pour l'assurer, le niveau de capital total (naturel et construit) doit être
maintenu constant dans l'hypothèse d'une stagnation démographique.
Comme le précise l'économiste Robert Solow, pour que son développement soit soutenable, une société doit
maintenir indéfiniment sa capacité productive globale, pour cela il suffit que le taux d'épargne soit au moins égal
au taux de dépréciation du capital physique et naturel.
La « courbe environnementale de Kuznets » est une représentation de cet espoir : comme les inégalités sociales (la
courbe de Kuznets initiale met en rapport inégalités et croissance dans le temps), les émissions polluantes
augmentent dans un premier temps à mesure que le niveau de développement et celui du revenu moyen
s'accroissent. Dans un second temps, les nouvelles technologies plus « propres » inverseraient la tendance. Au bout
du compte, augmentation des niveaux de vie et baisse de la pollution sont compatibles. Il est à noter que la
croissance n'est alors pas contradictoire avec la préservation de l'environnement, correctement orientée (équilibre
des capitaux et maintien du volume global de capital), elle est une condition de cette préservation.
La soutenabilité forte
Les partisans de la « soutenabilité forte » ne partagent pas cet optimisme. Ils considèrent en effet que les atteintes au
capital naturel sont, dans une certaine mesure, irréversibles : les dommages causés à l'environnement restent en
partie irréparables et certaines ressources naturelles épuisables sont irremplaçables. Cela signifie que le capital
naturel est très faiblement substituable.
Dans cette hypothèse, il ne peut suffire de maintenir le capital global constant. Le capital naturel doit faire l'objet
d'une conservation spécifique, puisqu'il n'y a pas de substituabilité forte entre capital construit et capital naturel (la
technique ne peut remplacer la nature). Les innovations technologiques seules ne peuvent repousser les limites
environnementales de la croissance économique. Il est donc nécessaire de transformer le système économique et
nos modes de vie pour accéder au développement durable.
L'insoutenabilité de la croissance
Les partisans de l'insoutenabilité de la croissance, (les « extrémistes » de la soutenabilité forte) militent pour la
décroissance, qui consiste donc à produire moins, à limiter les besoins, donc la consommation, et les atteintes au
capital naturel. C'est une remise en cause des modes de vie et du capitalisme dans son essence même.
Le capital humain présente, par exemple, de nombreuses difficultés d'évaluation : si l'on peut estimer le coût d'une
formation, il est délicat de valoriser (quantifier et trouver une unité de valorisation) des compétences, du savoir-être
ou du savoir-faire. Cette mesure est encore plus difficile pour le capital social.
La mesure du capital naturel pose d'autres problèmes. Peut-on, de façon fiable, estimer les ressources disponibles
en poissons, en pétrole, en charbon, en bois, en air pur ? Il est de plus impossible de mesurer les autres apports, en
termes de bien-être, de ces ressources naturelles : est-il possible de chiffrer le plaisir associé à la contemplation de
la nature ou ce qu'apporte réellement la biodiversité ?
Il est donc complexe d'établir des indicateurs de soutenabilité. Il s'agit en fait d'associer différents indicateurs à
l'intérieur d'un tableau de bord.
Complément Les sept indicateurs pour mesurer la croissance soutenable, proposés par France Stratégie
L'évolution des stocks d'actifs, incorporels et physiques, du secteur productif.
La proportion de titulaires d'un diplôme supérieur au brevet des collèges parmi les 25 à 64 ans.
La proportion artificialisée du territoire national.
L'empreinte carbone française annuelle, importations incluses.
Le rapport entre les revenus détenus par le cinquième le plus riche de la population et ceux détenus par le
cinquième le plus pauvre.
La dette publique nette rapportée au PIB.
La dette extérieure nette rapportée au PIB.
Source : https://www.strategie.gouv.fr/espace-presse/france-strategie
Exemple
L'IPV a augmenté de 50 % aux USA entre 1950 et 2005, alors que le PIB/habitant a été multiplié par 3 sur la même
période. L'IPV stagne depuis 25 ans dans ce pays. Ce qui prouve que la croissance n'entraîne pas nécessairement
une amélioration des conditions de vie.
1 https://donnees.banquemondiale.org/indicateur
2 http://harribey.u-bordeaux.fr/travaux/valeur/stiglitz.pdf
L'empreinte écologique
L'empreinte écologique mesure la surface terrestre bio-productive (la surface terrestre bio-productive est estimée à
21 % de la surface totale de la Terre) nécessaire pour produire les biens et services que nous consommons et
absorber les déchets que nous produisons.
Si l'on divise la surface bio-productive par le nombre d'habitants de la planète, cela donne 1,8 hectares en moyenne
par terrien.
1 https://www.alternatives-economiques.fr/indicateur-de-progres-veritable-pib-de-2000-habitant-aux-etats-unis-011020075738
4.html
Complément Commentaire
Seuls les pays en couleur jaune pâle et intermédiaire ont une empreinte écologique permettant de sauvegarder la
planète, c'est-à-dire générant des modes de vie nécessitant moins de deux hectares par personne (les pays
d'Afrique centrale, l'Inde le Pakistan et l'Asie du sud-est). Tous les autres ont une empreinte écologique très
supérieure aux capacités de la planète. Le mode de vie nord-américain et australien est particulièrement
catastrophique du point de vue écologique, nécessitant une surface bio-productive 3 à 5 fois supérieure à la
moyenne tolérable. Autrement dit, si tous les terriens partageaient ce mode de vie, il faudrait pour respecter les
limites écologiques de notre planète avoir à disposition entre 3 et 5 planètes Terre ! Ces données qui bien sûr
peuvent être contestées datent de 2011, mais la situation a eu tendance à stagner (surtout à ne pas s'aggraver)
entre 2011 et 2018.
À partir des données de l'empreinte écologique des pays, il a été proposé une présentation très frappante des
résultats, appelée « le jour du dépassement mondial », qui consiste à transformer les empreintes écologiques en
nombre de jours de l'année. Ainsi, comme l'empreinte écologique mondiale est de 1,75 (il faudrait 1,75 planète pour
que notre empreinte écologique puisse être supportée par notre environnement), et que nous avons à disposition
qu'une seule planète, et bien le 29 juillet 2019, nous avons atteint ses limites. Par conséquent, l'activité humaine
réalisée entre le 30 juillet et le 31 décembre a dégradé notre environnement. On observe sur le graphique que
depuis 1971 le dépassement mondial a progressé de 9 mois. Notons que la pandémie en 2020, avec le
ralentissement considérable de l'activité économique, a eu pour effet de rendre plus tardif le jour du dépassement
mondial. En 2020, ce jour est le 22 août.
1. L'économie circulaire
L'économie circulaire est un modèle d'activité économique que l'on peut rattacher à la soutenabilité faible, puisqu'il
ne remet pas en cause la croissance économique, à partir du moment où celle-ci est obtenue par le développement
d'activités reposant sur le principe d'économie des ressources conformément aux principes du développement
durable.
Dans le cadre de l'épuisement des ressources (matières premières agricoles et minières, eau, énergie) l'économie
circulaire vise à en limiter le prélèvement, pour ensuite limiter la consommation puis la production de déchets. Elle
permet donc de créer des richesses et de nouveaux emplois tout en respectant les contraintes écologiques et si
possible les principes de l'économie sociale et solidaire.
L'économie circulaire suppose aussi une modification du comportement du consommateur, un changement de la
norme de consommation et par conséquent une adhésion et une participation active des citoyens.
L'économie circulaire concerne 3 domaines : la production , la consommation et la gestion des déchets et repose sur
7 principes :
L'éco-conception, l'écologie industrielle et territoriale,
L'économie de la fonctionnalité,
La consommation responsable,
La durabilité de l'utilisation,
La réparation,
La réutilisation,
Le recyclage.
Les produits doivent être conçus sobrement, pour une utilisation durable, pour être facilement réparables et en fin
de vie facilement déconstruits, les composants pouvant être réutilisés ou recyclés.
Le système repose sur la participation active et la coopération de toutes les parties prenantes, collectivités,
entreprises, fournisseurs. Le cadre local doit être privilégié pour éviter au maximum le transport, le commerce
équitable privilégié dans les approvisionnements et la consommation raisonnée en privilégiant le cadre de
l'économie de la fonctionnalité.
E. L'économie de fonctionnalité
L'économie de la fonctionnalité peut être intégrée à l'économie circulaire. Elle remet en cause les fondements de la
consommation, il est donc important d'en présenter les principes fondamentaux.
Elle peut se définir comme un système privilégiant l'usage plutôt que l'achat et la propriété d'un produit, dans une
perspective de développement durable.
Le modèle économique ne repose plus sur la vente des biens, qui restent la propriété du producteur tout au long de
leur cycle de vie, mais sur l'usage des produits. L'économie de la fonctionnalité consiste donc en la substitution de la
vente d'un produit par la vente de son usage.
La valeur d'un produit pour le consommateur est contenue dans sa ou ses fonctions, donc des bénéfices qu'il retire
de son utilisation en fonction de ses besoins et non plus de la propriété du produit lui-même. Le fait que l'industriel
conserve la propriété du bien, constitue une incitation économique à la qualité et à la durabilité du produit.
L'allongement de la durée de vie des produits qui s'en suit contribue à la diminution de la consommation de
matières premières non renouvelables, ce qui favorise le développement durable.
Notons que l'économie de la fonctionnalité peut être connectée à l'économie collaborative dans laquelle les
consommateurs partagent l'usage et les coûts d'un produit ou d'un service. L'exemple le plus concret de ces
nouvelles pratiques est le co-voiturage tel qu'il est proposé par la société Blablacar, ou bien encore le partage de
places de parking dans les grandes agglomérations.
1 https://paca.ademe.fr/collectivites-et-secteur-public
La possession ou
l'usage ?
Les écolohumanistes1
Rappel
Il y a rivalité pour tous les biens marchands, mais pas pour les biens libres (comme l'air) ni pour les services
publics (non marchands) comme la justice par exemple.
Et les biens communs sont difficilement excluables (on ne peut en limiter l'usage aux autres). Il est donc impossible
de faire payer l'utilisateur. Ils sont souvent épuisables ou très faiblement renouvelables. Les ressources
halieutiques, les nappes d'eau souterraines, le climat, la biodiversité, la qualité de l'air sont des biens communs.
Exemple
Pour les émissions de dioxyde de carbone (lié à la combustion du pétrole) à l'origine du réchauffement
climatique, chaque pays a intérêt à ce que les autres pays diminuent leurs émissions et à ne rien faire lui-même,
et plus les autres pays diminuent leurs émissions, moins les combustibles fossiles sont chers et plus il a intérêt à
en consommer !
En matière environnementale, il vaut mieux éviter la tragédie des communs et mettre en place des dispositifs de
gestion adaptés. On peut voir clairement à travers cette histoire de la tragédie des communs que les mécanismes de
marchés et la seule recherche de l'intérêt individuel ne peuvent à eux seuls permettre d'apporter une réponse
satisfaisante pour la gestion des bien communs et en particulier pour celle relative au climat.
1 https://lesecolohumanistes.fr/economie-fonctionnalite-exemple-velo/
En fait, 2 types de méthodes peuvent être utilisés pour tenter de résoudre le problème du réchauffement
climatique : la contrainte et les incitations. Ces deux méthodes peuvent utiliser deux types d'instruments :
réglementaires et économiques.
Exemple
Les taxes environnementales et les normes sont des contraintes réglementaires, les marchés de droits d'émission
de CO2 sont une incitation économique
On cherche :
À faire internaliser les coûts environnementaux par les agents qui en sont à l'origine (entreprises,
consommateurs) par les taxes ou les droits à polluer, par exemple.
Et/ou à faire directement diminuer les coûts environnementaux par des normes ou des interdictions.
La réglementation environnementale est toujours une contrainte, mais qui peut s'accompagner d'incitations.
La réglementation est utile pour les pollutions jugées particulièrement dangereuses pour la santé ou dans le cas
d'irréversibilité des dommages (interdiction de l'amiante, par exemple). Pour qu'elle soir efficace, il faut également
qu'elle soit contrôlée et le cas échéant la non-conformité sanctionnée. D'autre part, son caractère uniforme pose
problème, puisqu'il ne permet pas de tenir compte de la plus ou moins grande difficulté à réduire les émissions. Elle
défavorise aussi les nouveaux entrants et les producteurs de petite taille et peut être parfois interprétée comme une
forme de protectionnisme. Enfin, dans certains cas, la réglementation n'est pas adaptée.
Exemple
Les communes françaises ont bénéficié de subventions pour la dépollution ou d'une subvention pour la
rénovation de l'éclairage public.
Contrairement aux taxes, les subventions sont très populaires, au point d'être parfois très difficile à supprimer. Par
ailleurs, leur niveau doit être suffisant pour inciter le changement de comportement. Enfin, la subvention provoque
des effets d'aubaine, c'est-à-dire qu'elle bénéficie à des agents qui n'en ont pas besoin.
Exemple
On peut aussi citer le rachat aux particuliers à un tarif supérieur au prix de vente d'EDF, des excédents d'électricité
produits à l'aide d'énergies renouvelables.
Objectif
Il s'agit de réguler les émissions de carbone, gaz à effet de serre, en agissant sur les quantités et non directement
sur les prix comme dans le cas de la taxe carbone.
Les droits à polluer sont complémentaires de la taxe carbone dans la mesure où le marché des droits à polluer ne
peut s'appliquer qu'à un nombre limité de secteurs et d'entreprises (car les coûts de transaction sont très élevés).
Complément
En 2018, tirant les leçons de ses erreurs, l'Europe entreprend une profonde réforme du système ETS : baisse du
plafond, généralisation du système des enchères, élargissement des secteurs concernés, etc. Mais rien n'y fait : les
mesures n'ont toujours pas d'impact sur le prix du carbone.
L'Europe adopte alors la mise en place d'une réserve de stabilité. Ce mécanisme permet de moduler
automatiquement la quantité de quotas mise aux enchères en fonction de la quantité de quotas en circulation, et
de retirer un nombre significatif de quotas. La réserve de stabilité va avoir pour effet d'absorber 2,3 milliards de
quotas à l'horizon 2023.
Les résultats ne se sont pas fait attendre : depuis 2018, le prix de la tonne de CO2 grimpe, comme l'illustre le
graphique ci-dessus.
VI. Synthèse
La croissance économique a des limites liées à l'épuisement des ressources naturelles, à la remise en cause des
équilibres écologiques et climatiques et à la mauvaise qualité du développement humain.
La croissance économique que le monde a connu depuis la première révolution industrielle n'est plus soutenable.
Le développement durable doit permettre la satisfaction des besoins humains actuels sans compromettre celle des
générations futures.
Dans le développement durable les dimensions économiques, sociales et environnementales sont en interaction et
indissociables.
Notre développement doit être viable, vivable et équitable pour être durable.
Le développement durable repose sur des analyses en termes de complémentarité de quatre types de capitaux :
naturel, physique humain et social.
Le capital naturel, contrairement aux 3 autres, est faiblement reproductible et accumulable.
Le capital naturel remplit trois fonctions : de ressource pour produire, d'absorption de nos pollutions et de cadre de
vie.
Ces 4 types de capitaux sont partiellement substituables.
1 https://ember-climate.org/data/carbon-price-viewer/
La thèse de la soutenabilité faible développe l'idée que la substitution entre les différents types de capitaux est
forte. Donc si le capital naturel diminue ou se dégrade, son prix va augmenter ce qui constituera une incitation pour
lui trouver des substituts générés par le capital humain et le capital physique.
Cette thèse est très optimiste, elle croît dans les possibilités sans limite de la science et de la technique.
La règle est simple : pour pallier la dégradation du capital naturel et pour maintenir un développement durable, il
suffit de maintenir au minimum le niveau d'investissement global des différents types de capitaux.
Pour Solow, il suffit que le taux d'épargne soit au moins égal au taux de dépréciation du capital physique et naturel.
Pour Kuznets, le niveau de développement humain conduit à la baisse des dégradations de l'environnement.
La thèse de la soutenabilité forte repose sur l'idée que le capital naturel est très faiblement substituable et donc que
toutes les atteintes apportées à l'environnement sont irrémédiables.
Les partisans de la décroissance vont encore plus loin ; il faut absolument produire moins et changer radicalement
nos modes de vie.
Le développement durable est difficile à mesurer par des indicateurs précis relatifs aux différents stocks de capitaux.
Néanmoins, plusieurs indicateurs ont été élaborés, comme l'épargne nette ajustée (aussi dénommée PIB vert),
l'Indicateur de Progrès Véritable (IPV) ou l'Empreinte Écologique.
La réflexion sur le développement durable a donné naissance à de nouveaux modèles économiques ; l'économie
circulaire et l'économie de la fonctionnalité.
L'économie circulaire vise à découpler l'activité économique de l'épuisement des ressources, par une éco
conception des produits, une production raisonnée, une consommation responsable et le recyclage des produits en
fin de vie.
L'économie de la fonctionnalité est un système économique qui repose sur la vente de l'usage d'un produit plutôt
que sur la vente du produit.
L'économie collaborative ou l'économie du partage sont aussi au service du développement durable.
L'analyse de l'environnement, des équilibres écologiques et climatiques repose sur l'analyse des biens communs.
Les biens communs environnementaux sont le plus souvent rivaux et non excluables.
Les biens communs environnementaux sont porteurs d'externalités positives fortes et génèrent des comportements
de passager clandestin.
Pour cette raison, il faut mettre en place des modes de gestion adaptés, le marché n'étant pas une bonne solution
en la matière.
Les interventions des pouvoirs publics sont indispensables pour la gestion des biens communs environnementaux.
Pour résoudre le problème du réchauffement, climatique la puissance publique peut utiliser 2 méthodes
(l'incitation et la contrainte) et 2 types d'outils (réglementaires et économiques).
L'objectif de la puissance publique en matière de politique environnementale est de faire internaliser les coûts
environnementaux par ceux qui en sont responsables et/ou de faire baisser les coûts environnementaux.
L'État ou une organisation supra-nationale comme la Commission de Bruxelles peuvent fixer des normes et des
réglementations, interdire la production de certains produits ou l'utilisation de certains procédés.
L'État peut favoriser l'éclosion de normes positives que sont les éco-labels par exemple.
Les pouvoirs publics peuvent aussi taxer les activités jugées les plus nuisibles (taxe carbone par exemple), en
appliquant le principe du pollueur/payeur.
Les pouvoirs publics peuvent aussi organiser des marchés comme celui du carbone pour inciter les pollueurs à des
comportements plus vertueux.
À l'inverse, l'État peut subventionner des substituts aux produits polluants (comme la voiture électrique par
exemple).
Aucun de ces outils n'est entièrement satisfaisant, ils comportent des avantages et des inconvénients. Il s'agit pour
chaque problème à résoudre, choisir l'outil le plus performant pour atteindre l'objectif fixé, voire d'associer
plusieurs outils pour traiter un problème (pour lutter contre le réchauffement climatique, nous avons adopté des
normes imposées aux constructeurs automobiles, des taxes sur les émissions de carbone liées aux carburants et
institué un marché carbone).
VII. Exercez-vous !
Exercice 1 : Quiz [solution n°1 p.31]
Question 1
Le développement durable a comme seul objectif de rendre compatibles activité économique et équilibres
écologiques et climatiques ?
Vrai
Faux
Question 2
En France, pour limiter les émissions de C02, on utilise (1 seule réponse juste) :
La norme
La taxe
Question 3
La soutenabilité faible signifie que les différents types de capitaux sont substituables et la soutenabilité forte que
le capital naturel est faiblement substituable ?
Vrai
Faux
Question 4
On peut rattacher l'économie circulaire et de la fonctionnalité au paradigme de la soutenabilité forte ?
Vrai
Faux
Question 5
L'économiste Kuznets est à l'origine de la théorie de la décroissance ?
Vrai
Faux
Question 6
La théorie de la soutenabilité repose sur l'analyse du stock des 3 catégories de capitaux : capital naturel, capital
humain et capital social ?
Vrai
Faux
Question 7
Les biens communs sont plutôt :
Rivaux et excluables
Question 8
Au niveau mondial, on échange davantage de produits agricoles, de combustibles et de produits miniers, que de
produits manufacturés ?
Vrai
Faux
Question 9
Hormis le capital naturel, les 3 autres types de capitaux sont construits ?
Vrai
Faux
Question 10
L'objectif d'une politique gouvernementale est :
Question 11
Pour R. Solow, le niveau de développement humain conduit à la baisse des dégradations de l'environnement ?
Vrai
Faux
Question 12
Pour être durable, notre développement doit être viable, vivable et stable ?
Vrai
Faux
Question 13
Du point de vue du développement durable, les limites de la croissance sont uniquement liées à l'épuisement des
ressources naturelles et à la remise en cause des équilibres écologiques et climatiques.
Vrai
Faux
Question 1
Le développement durable a comme seul objectif de rendre compatibles activité économique et équilibres
écologiques et climatiques ?
Vrai
Non, le DD doit rendre compatibles activité économique, équilibres écologiques et climatiques et développement
humain.
Faux
Vous avez raison, le DD doit rendre compatibles activité économique, équilibres écologiques et climatiques et
développement humain.
Question 2
En France, pour limiter les émissions de C02, on utilise (1 seule réponse juste) :
La norme
Réponse incomplète, en France nous utilisons les 4 outils mentionnés.
La taxe
Réponse incomplète, en France nous utilisons les 4 outils mentionnés.
Question 3
La soutenabilité faible signifie que les différents types de capitaux sont substituables et la soutenabilité forte que
le capital naturel est faiblement substituable ?
Vrai
Non, c'est l'inverse !
Faux
Bravo, bonne réponse.
Question 4
Vrai
Non, l'économie circulaire et de la fonctionnalité se rattachent au paradigme de la soutenabilité faible.
Faux
Effectivement, l'économie circulaire et de la fonctionnalité se rattachent au paradigme de la soutenabilité faible.
Question 5
Faux
Effectivement en France, c'est S. Latouche qui a développé la théorie de la décroissance.
Question 6
La théorie de la soutenabilité repose sur l'analyse du stock des 3 catégories de capitaux : capital naturel, capital
humain et capital social ?
Vrai
Réponse fausse, il manque le capital physique.
Faux
Vous avez raison, il manque le capital physique.
Question 7
Question 8
Au niveau mondial, on échange davantage de produits agricoles, de combustibles et de produits miniers, que de
produits manufacturés ?
Vrai
Non, les produits agricoles, miniers et énergétiques représentent moins de 30 % des échanges de marchandises
contre plus de 70 % pour les produits manufacturés.
Faux
Oui, les produits agricoles, miniers et énergétiques représentent moins de 30 % des échanges de marchandises
contre plus de 70 % pour les produits manufacturés.
Question 9
Vrai
Oui, le capital physique, humain et social sont construits, leur stock peut donc s'accroître.
Faux
Réponse inexacte : les 3 autres types de capitaux ne sont pas naturels, ils sont construits par l'action humaine.
Question 10
Question 11
Pour R. Solow, le niveau de développement humain conduit à la baisse des dégradations de l'environnement ?
Vrai
Non, c'est la thèse de Kuznets.
Faux
Effectivement, il s'agit de la thèse de Kuznets.
Question 12
Pour être durable, notre développement doit être viable, vivable et stable ?
Vrai
Non, notre développement doit être viable, vivable et équitable.
Faux
Bonne réponse ! Pour être durable, notre développement doit bien être viable, vivable et équitable.
Question 13
Du point de vue du développement durable, les limites de la croissance sont uniquement liées à l'épuisement des
ressources naturelles et à la remise en cause des équilibres écologiques et climatiques.
Vrai
Non du point de vue du DD, il y a une troisième limite à la croissance : la mauvaise qualité du développement
humain.
Faux
Vous avez raison, il y a également la limite de la mauvaise qualité du développement humain.