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Introduction
L’énergie est le moteur de la production de biens et services dans tous les secteurs
économiques : agriculture, industrie (minière, manufacturière), transport, commerce,
administration publique, etc. il est indispensable à la réalisation de tout processus de
production et donc au développement socio-économique. Le rôle que joue l’énergie dans
l’évolution de l’activité économique est très important. Pour preuve, aujourd'hui, nous ne
pouvons transformer les inputs en biens et services sans consommer de l’énergie (Mehdi
BEHNAME, 2010). Son utilisation contribue donc à améliorer les conditions de vie et la
qualité de travail ; elle est au même titre que les technologies de l’information, un bien vital
de la société d’aujourd’hui (Ph. Busquin, Commissaire européen)1.
Le rôle de l’énergie dans l’activité économique est un sujet qui intéresse depuis
longtemps les économistes. En effet, il y a environ deux siècles, d’éminents auteurs ont tenté
d’apporter une explication aux gains de productivité engendrée par la mise en œuvre de
machine utilisant des énergies, lors de la révolution industrielle. Adam Smith(1776)2 pour qui,
l’origine essentielle du prix des marchandises se trouve dans le travail, mais auquel il convient
d’ajouter le profit (revenu du capital) et la rente (revenu de la terre). Selon lui, les gains de
productivité issus de l’utilisation des machines se mêlent aux rémunérations des facteurs de
production classiques, c’est-à-dire dans les salaires et profits. Jean Batiste Say (1803) a
également essayé d’apporter une explication à l’augmentation de la productivité dus à
l’utilisation des machines en tentant d’en connaitre la nature. Ses explications conduisant à
réintégrer l’énergie dans les facteurs de production ne sont guère satisfaisantes. Quant à D.
Ricardo, il a introduit un nouveau chapitre dans la troisième édition de son ouvrage « les
principes d’économie politique et de l’impôt3 » sur l’existence des machines. Son explication
sur la question de l’énergie, est que l’existence des machines relativise l’assertion d’Adam
Smith qui suit « la valeur échangeable des marchandises serait proportionnelle à la quantité de
travail employé. »
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théories classiques dont l’analyse de la croissance fait état de l’existence de deux types de
facteurs de production. Un premier facteur qualifié de primaire et fondamentale dans la
production à savoir : le capital, le travail, et la terre. Et d’un second qui lui n’est
qu’intermédiaire et donc agit indirectement dans la production. Par conséquent, les intrants
énergétiques appartiennent au second groupe de facteur de production.
Cependant, le rôle de l’énergie est resté longtemps ignoré dans les modèles
économiques. En effet, la majorité des études explique l’activité économique et la croissance
en termes de fonction de production. Les théoriciens néoclassiques considèrent d’habitude le
capital, le travail et la terre comme les principaux facteurs de production, tandis que l’énergie
est considérée comme un apport intermédiaire finalement produit par les facteurs primaires.
Aussi, ils supposent que l’énergie et le capital sont parfaitement substituables (Solow 1974) 5.
Une baisse de la consommation d’énergie dans les conditions d’efficacités économique,
n’entraine pas une réduction de la croissance économique (A. Wijeweera et al.2013).
Des travaux plus récents s’inscrivants dans le cadre de l’économie écologique, vont
mettre en exergue le rôle majeur que joue l’énergie dans la production. Ces travaux basés sur
le principe de la thermodynamique impliquent qu’une quantité minimale d’énergie est
nécessaire pour transformer la matière. Et puisque toutes productions nécessitent la
transformation ou mouvement de la matière d’une certaine façon, l’énergie est donc
nécessaire pour la production économique, et partant pour la croissance économique (A.
Wijeweera et al.2013). Ces modèles se basent essentiellement sur l’énergie et la considèrent
comme l’unique facteur de production, tout tant stipulant que le stock d’énergie existant se
dégrade au cours du processus de production. Cette théorie biophysique a conduit bon nombre
d’économiste a revisité le modèle de croissance classique et néoclassique basé sur les deux
facteurs de production traditionnels (capital et travail) et à y intégrer l’énergie comme un
facteur essentiel. Ainsi, Stern (1993,2000) en se basant sur l’idée que toute production
nécessite la transformation d’une certaine quantité de matière, suggère d’évaluer la production
à partir de l’énergie productive, du stock de capital et de la main-d’œuvre. Et ce processus de
transformation ne peut se réaliser qu’en présence d’une certaine quantité d’énergie
déterminée. De même, Pokrovsk (2003) argue que l’énergie est au même titre que la main-
d’œuvre un facteur essentiel dans le processus de production, de ce fait, requière toutes les
propriétés d’un facteur de production.
Ces différents modèles n’ont fait qu’intégrer l’énergie dans la fonction de production,
sans tenir compte des points de vue écologique et économique (c.-à-d. une synthèse des
approches dans la théorie de la croissance). Quels sont les effets de l’intégration de l’énergie
5
B.Hamaide et al. « Croissance et environnement : la pensée et les faits, édition JEL
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dans la fonction de production décrivant une synthèse des points de vue économique et
écologique ? Comment évaluer empiriquement les déterminants du lien entre la croissance
économique et la consommation d’énergie ?
Biens que ces analyses discutent du rôle que pourrait jouer l’énergie dans l’activité
économique, l’utilisation continue et démesurée de ce dernier a des conséquences néfastes sur
l’environnement et aussi en termes de disponibilité. L’excès d’une exploitation irraisonné des
ressources naturelles notamment de l’énergie ont conduit à une tardive prise de conscience
mondiale des séquelles que les sociétés industrielles font peser sur l’avenir de la planète. Les
combustibles fossiles sont actuellement consommés un million de fois plus rapidement que
leur accumulation dans le sous-sol (H. Jeanmart et L. Possoz, 2013). Le réchauffement
climatique, due à l’accumulation des gaz à effet de Serre(GES) dont le principal est le
dioxyde de carbone (CO2), et les autres dérèglements de la biosphère constituent une menace
pour l’humanité. Selon la banque mondiale, les changements climatiques risquent d’inverser
les progrès économiques durement réalisés (Banque Mondiale, 2010). Outre, les enjeux
climatiques et autres dérèglements de la biosphère, l’énergie qu’elle soit renouvelable, fossile
ou nucléaire est de plus en plus rare et difficile à extraire de la nature.
La question centrale de recherche est de savoir dans quelle mesure l’énergie stimule- t-il
la croissance et le développement économique, tout en conservant l’environnement ?
Objectifs de recherche
L’objectif de cette recherche est de contribuer d’un point de vue théorique qu’empirique
à l’investigation sur le lien Energie-croissance économique, tout en associant l’environnement
comme une contrainte majeure, qui conditionne ce lien. A cet objectif général, sont rattachés
les objectifs spécifiques suivant :
Hypothèse
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-La consommation d’énergie est fonction du niveau d’industrialisation ou de développement
économique d’un pays ;
-L’utilisation excessive de l’énergie à un impact sur les émissions de gaz à effet de serre, donc
sur l’environnement.
-L’utilisation d’une quantité d’énergie donnée entraine une croissance maximum du PIB
Méthodologie
Les modèles
Notre étude s’inscrivant dans cette catégorie d’études empiriques, utilisera les
techniques récentes de l’économétrie des données de panels afin de déterminer une
modélisation économique qui rendra compte au mieux de la relation entre consommation
d’énergie et croissance économique tout en tenant compte de l’environnement. Il s’agira de
l’utilisation d’une fonction de production globale combinant à la fois la sphère économique et
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écologique. Pour y parvenir nous utiliserons un échantillon constitué de pays situé en Afrique
de l’ouest. Ce choix se justifie par le fait que ces pays sont des pays en développement,
aspirant au développement et les plus vulnérables aux dérèglements de la biosphère.
Cadre conceptuel
Notre étude se basant dans le cadre des déterminants de la croissance, effectuera trois
régressions. Le premier modèle traitera de l’impact qu’à l’énergie sur la croissance
économique. Il s’agit d’introduire l’énergie en tant que facteur primaire dans une fonction de
production qui représente une synthèse des points de vue économique et écologique. Et les
deux derniers modèles analyseront le lien entre la consommation d’énergie, les émissions des
gaz à effet de serre et la croissance économique. Il discutera du problème d’économie,
d’efficacité énergétique et de la substitution entre différents types d’énergie dans un contexte
de réduction de gaz à effet de serre.
Pour le premier modèle, l’analyse théorique nous conduit à une modélisation dans
laquelle nous régressons le capital(K), le travail(L), le capital humain(H) et l’énergie(E) sur le
produit intérieur brut, dans le cadre de données de panel. Ce modèle fait une synthèse entre
les modèles néoclassiques de croissance traditionnelle, de croissance endogène et auquel sont
ajoutés les points de vue de l’économie écologique. Il nous permettra de capter la relation
existante entre la croissance et la consommation d’énergie à court et long terme tout en
spécifiant le rôle qu’à l’énergie dans le processus de production. Ainsi, le modèle à estimer se
présente comme suit :
Y= ƒ (K, L, H, E)
L’estimation simultanée des paramètres de cette équation permettra d’expliquer les variations
du produit intérieur brut.
Quant aux modèles retenus pour analyser empiriquement le lien entre l’énergie, la dégradation
de l’environnement et la croissance économique d’une part et d’autre part analyser l’efficacité
énergétique est donné par les formes fonctionnelles suivantes :
CO = f (Y, E)
E = f (Y, CO)
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Avec CO représentant le dioxyde carbone, Y le produit intérieur brut, et E l’énergie
Variables et méthodes
Pour la première modélisation, nous utilisons le produit intérieur brut (PIB), comme
variable dépendante représenté dans l’équation par la lettre Y. Comme expliqué ci-dessus, il y
a quatre variables explicatives : le capital, le travail, la consommation d’énergie, et le capital
humain. L'entrée du capital (K) dans le modèle est mesurée par la formation brute de capital,
qui se compose de dépenses pour des ajouts aux immobilisations corporelles de l'économie
plus les variations nettes du niveau des stocks. Le facteur travail (L) est mesuré par la
population active totale, comprenant les personnes âgées de 15 ans et plus qui fournissent du
travail pour la production de biens et services. L'apport d'énergie (E) se réfère à l’utilisation
de l'énergie primaire avant transformation en d'autres carburants d'utilisation finale, ce qui
équivaut à la production indigène plus les importations et les variations de stocks, moins les
exportations. Les données de consommation d'énergie sont regroupées et mesurées par
kilotonnes d'équivalent pétrole. Le capital humain se réfère à une expertise ou un savoir-faire
incarné dans les gens grâce à des processus de l'éducation et de la formation. La mesure la
plus couramment utilisée de capital humain est le niveau de réussite scolaire dans un pays. Ici,
le capital humain (H) sera mesuré par le nombre total d'inscriptions dans l'enseignement
supérieur indépendamment de l’âge.
Dans le deuxième modèle, la variable dépendante est mesurée par les émissions de
dioxyde de carbone CO (en millions de tonnes). Utilisée comme proxy de la pollution
atmosphérique, pour indiquer la dégradation de la qualité de l’environnement. Les variables
explicatives sont respectivement le PIB et la consommation d’énergie cités dans le premier
modèle.
La méthode utilisée dans les deux modèles repose sur une modélisation en données de
panels.
Les données seront pour la plupart des variables issues des structures spécialisées. Nous
utiliserons pour ce fait, des données secondaires annuelles recueillies respectivement de la
base de données de la Banque mondiale et du Fonds monétaire internationale. Et d’autres
structures spécialisées comme l’Institut National de la statistique (INS). Il s’agira de séries
chronologiques qui couvriront une longue période pour l’ensemble des pays concernés.
Conclusion
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Ce travail fera une large revue des questions énergétiques et surtout le lien entre
énergie-croissance. Aussi, ce lien est très vital du fait de l’impact qu’à l’utilisation excessive
de l’énergie sur l’environnement, pour accélérer le développement. L’estimation
économétrique par les différentes méthodes à l’aide des modèles, nous permettrons d’infirmer
ou de confirmer les résultats attendus. A savoir, l’énergie considéré comme un bien primaire
dans la production et de ce fait indispensable dans le processus de production. Et que son
utilisation excessive conduit à la dégradation de l’environnement. L’utilisation d’autres
sources énergétiques (énergie renouvelable) améliorera l’efficacité énergétique. De ce fait,
l’étude sur la question énergétique est d’actualité et mérite une attention particulière.
De ces résultats, nous serons en mesure de comprendre le rôle que joue l’énergie dans la
croissance économique, et d’apporter une contribution d’un point de vue empirique sur le
choix en matière énergétique des pays de l’échantillon considéré. En effet, ces pays aspirant
au développement devront réaliser des performances économiques régulières et soutenues tout
en tenant compte de l’aspect environnement.
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