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Chapitre 1

Croissance et environnement

1
Bibliographie indicative

G. Turner (2008), “A comparison of The Limits to Growth with 30 years of


reality”, Global Environmental Change n°18, pp 397– 411

Commissariat Général au développement Durable (2013) : Les indicateurs


de la stratégie nationale de développement durable 2010-2013
http://www.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/Rep-IDDN.pdf

Rapport Stiglitz-Sen-Fitoussi (2009), Rapport de la Commission sur la


mesure des performances économiques et du progrès social
http://www.stiglitz-sen-fitoussi.fr/documents/rapport_francais.pdf

2
Plan

1. La croissance est-elle soutenable ?


1. Les visions pessimistes
2. Les visions optimistes
3. Les définitions du développement soutenable

2. Mondialisation et environnement
1. Mondialisation : définition
2. Ouverture commerciale et environnement
3. Règles commerciales et protection de l’environnement

3
Introduction
 Malthus
 Jevons (1865), The Coal Question

 Rapport Meadows (1972), Halte à la croissance ?

Vision pessimiste : la croissance ne peut être infinie

Nombreux débats sur le caractère fini de la croissance et du


développement

Interrogations sur ce que signifie une croissance durable

4
Les visions pessimistes : le rapport Meadows

Objectif : explorer les interdépendances


entre 5 tendances majeures de la
croissance au 20ème siècle :

 Explosion démographique
 Production alimentaire
 Industrialisation Déterminent plusieurs scénarios
 Épuisement des ressources naturelles en fonction d’hypothèses
 Taux de croissance de la
 Pollution population
 Stock de ressources
 Techniques de dépollution etc…

5
Le rapport Meadows

Meadows et alii (2004), Les limites à la croissance,


l’écopoche

6
Le rapport Meadows
Hypothèse : les ressources sont
illimitées

Effondrement en raison de la
hausse de la pollution

Meadows et alii (2004), Les limites à la croissance,


l’écopoche

7
Le rapport Meadows
Equilibre stable si
 Stabilisation de la population (4
milliards)
 Arrêt de l’accroissement du
capital productif
 Mais activités non
consommatrices
d’environnement peuvent se
développer (éducation, culture,
recherche…)

 Réorientation de la croissance
Turner (2008), A comparison of The Limits to Growth with 30 years of
reality, Global, Environmental Change 18

8
Critiques
Rapport très critiqué en raison de
 Son caractère « malthusien »
 De la faiblesse des possibilités de substitution entre les inputs
 Du lien important entre croissance et consommation de ressources
 Ressources naturelles sont considérées comme des stocks physiques et non
économiques

Les réponses vont s’attacher à montrer que le développement économique


peut non seulement repousser le mur de la rareté des ressources
physiques mais aussi favoriser la protection de l’environnement

9
La vision optimiste
Exemple : disponibilité et utilisation des ressources physiques

 Hausse de la productivité des procédés d’extraction ( de 1 point du


taux de récupération du pétrole correspond à une année de
consommation)
 Baisse des coûts d’exploration
 augmentation des dépenses d'exploration et la rentabilité de gisements
alternatifs.
 Gains d'efficacité dans l’utilisation des ressources

10
La vision optimiste
Définition des réserves
 les réserves prouvées dites « 1P » qui désignent l’ensemble des
quantités de pétrole dont l'existence est établie et dont les chances de
récupération et de rentabilisation sont d'au moins 90 %. C’est à ces
réserves que l’on se réfère en général, notamment dans les publications
statistiques. Les compagnies pétrolières utilisent cette valeur
lorsqu’elles veulent être certaines de rentabiliser leurs investissements;
 les réserves dites « 2P » (prouvées + probables) qui comptabilisent,
pour un gisement identifié, les quantités de pétrole ayant une
probabilité égale ou supérieure à 50 % d'être économiquement
exploitables ;
 les réserves dites « 3 P » (prouvées + probables + possibles) qui
désignent le volume maximum du pétrole qui pourrait être extrait d’un
gisement. Cette limite supérieure inclut toutes les ressources qui ont
une probabilité supérieure à 10 % d'être économiquement exploitables.

11
La vision optimiste

Charbon  114
années

Source : https://www.connaissancedesenergies.org/bp-statistical-review-world-energy-2018-les-chiffres-cles-de-lenergie-dans-le-monde-180614

12
La vision optimiste
La croissance est-elle obligatoirement synonyme de dégradation de
l’environnement ?
La courbe de Kuznets
Grossman et Kruger (1994) estiment une relation en U inversé entre le
niveau de revenu et la pollution (ou les dégradations de l’environnement)

13
La vision optimiste
Les explications théoriques sont de 2 ordres :

 un effet lié à la production qui se distingue en :


 L’effet d’échelle : accroît les pressions sur l’environnement (à structure de
production donnée)
 L’effet de composition : modification de la structure du PIB, tendance à
réduire ces pressions ;
 L’effet technologique : lien positif entre niveau de richesse et innovations

 un effet lié à la demande


 l'environnement est un bien supérieur. Intérêt croissant pour les biens
respectueux de l’environnement de la part des consommateurs auxquels les
entreprises seront incitées à répondre.

14
La vision optimiste
Exemple : l’équation de Kaya 𝐶𝑂2 𝐸𝑁𝐸𝑅 𝑃𝐼𝐵
𝐶𝑂2 = × × × 𝑃𝑂𝑃
𝐸𝑁𝐸𝑅 𝑃𝐼𝐵 𝑃𝑂𝑃

Les émissions de CO2 dépendent

Du contenu en CO2 de l’énergie Effet de composition et/ou


De l’intensité énergétique du PIB technologique
Du PIB par tête
Effet d’échelle
Du niveau de la population

𝐶𝑂2 𝐸𝑁𝐸𝑅 𝑃𝐼𝐵


𝐶𝑂2 = + + + 𝑃𝑂𝑃
𝐸𝑁𝐸𝑅 𝑃𝐼𝐵 𝑃𝑂𝑃

15
La vision optimiste
Intensité énergétique

Intensité énergétique mondiale


110

100

90

80

70

60

50 Grubler et al . ( 2012 ) ‘Energy primer’ , in GEA , Global Energy Assessment – Toward


1990
1991
1992
1993
1994
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011
2012
2013
2014
2015
2016
2017
2018

a Sustainable Future . Cambridge and New York : Cambridge University Press and
Laxenburg , Austria : IIASA , Chapter 1 .
Banque Mondiale
https://trackingsdg7.esmap.org/results?p=Energy_Efficiency&i=Primary
Les optimistes
Sixième étape du cycle de croissance ? Orientation spontanée du développement vers un
verdissement de la croissance ?

La courbe de Kuznets
Les optimistes
Le contenu en CO2 du mix énergétique

Consommation mondiale Consommation mondiale


d’énergie primaire d’énergie finale

Source : AIE (2017) KEY WORLD ENERGY STATISTICS

Energies fossiles = 80%


Les optimistes
Le contenu en CO2 du mix énergétique

Production d’électricité par source Charbon =


40%
Les optimistes
L’intensité CO2 du PIB

La quantité de CO2 émise par unité de PIB dans le monde décroît de 1,6 % entre 2017 et 2018, un rythme proche de celui
observé en moyenne sur les dix dernières années (- 1,5 %). Cela traduit une croissance des émissions moins rapide que celle du
PIB mondial (+ 3,6 % en 2018). Depuis 1990, la quantité de CO2 émise par unité de PIB a diminué d’un tiers dans le monde,
tandis que le PIB lui-même a été multiplié par 2,5.

La quantité de CO2 émise par unité de PIB a reculé de plus 32 % dans le monde depuis 1990, , soit à peu près 1,3% par an, dont
les 2/3 proviennent d’une amélioration de l’efficacité énergétique du PIB
Découplage ?
Découplage ?
Et pour la France ?

La réduction du contenu en carbone


de l’énergie s’explique par
- Le développement du nucléaire
dans les années 1990
- Le déploiement des
renouvelables en fin de période
- Modification du mix énergétique
dans le résidentiel et le secteur
électrique ( + gaz)

la baisse de 18 % des émissions entre 1990 et 2016 peut ainsi s’expliquer par celles de
l’intensité énergétique de l’économie (- 26 %) et de l’intensité carbone de la consommation
d’énergie primaire (- 25 %), qui ont largement compensé la croissance démographique (+ 14
%) et la hausse du PIB par habitant (+ 29 %)
CGDD (2018) Les facteurs d’évolution des émissions de CO2 liées à l’énergie en France entre 1990 et 2016
Découplage ?

Mais au niveau mondial, croissance du PIB supérieure à la baisse d’intensité en GES donc émissions
s’accroissent. ⇒ Effet d’échelle l’emporte

E. Laurent (2012), FAUT-IL DÉCOURAGER LE DÉCOUPLAGE ? Revue de


l'OFCE
La vision optimiste

La courbe de Kuznets existe-t-elle ?

 Impact des décisions publiques


 Impact de la localisation
internationale
La vision optimiste
Quelles perspectives ?

Pour réduire les émissions de 75 % d’ici 2050 tout en maintenant une croissance
du PIB de 3% par an, il faut que l’intensité carbone baisse de 6,5% par an

25
Définitions de la croissance soutenable
La croissance verte

Crifo et alii (2009) concluent leur rapport de la manière suivante :


« Observons avec attention que la pression anthropique sur les ressources «
stratégiques » est telle aujourd’hui qu’il est irréaliste et dangereux de compter sur
des ressources nouvelles non encore découvertes ou franchement sous-utilisées qui
nous permettraient de nous affranchir de toute contrainte. La « fuite en avant »
consistant à parier qu’on trouvera bien des solutions techniques permettant de
pallier les destructions massives en cours, nous semble de l’ordre du déni et de
l’inconscience ou de la folie. Qu'on s’intéresse au dérèglement climatique, à
l’érosion de la biodiversité ou à la pression sur les ressources naturelles, il est clair
que notre modèle économique n’est pas soutenable au plan écologique, alors
même qu’il est en cours de généralisation. Une généralisation vivement espérée
par les citoyens des pays en développement ou émergents et vivement attendue
aussi par les entreprises exportatrices des pays développés. »

26
Définitions de la croissance soutenable
La croissance verte

Le « marché » ne permettra pas spontanément de sortir de l’impasse.

 Sur le plan climatique : pas de prix au carbone ;

 Usage gratuit de services environnementaux (pollinisation, capacité d’absorption


des océans)

 Décalage temporel entre les causes et les impacts des choix, ainsi que le caractère
irréversible de certains dégâts ;

 Même les ressources faisant l’objet d’un prix (énergie, ressources halieutiques) font
l’objet d’une surexploitation car les prix doivent refléter non seulement la rareté
mais l’impact déstabilisant de leur prélèvement.

Il est nécessaire de renforcer les incitations à la prise en compte des


conséquences environnementales des choix.

27
Retour sur le rapport Meadows
Turner (2008) a réalisé une comparaison des données historiques avec certains
scénarios du rapport Meadows ,

« This paper focuses on a comparison of recently collated historical data for 1970–
2000 with scenarios presented in the Limits to Growth. The analysis shows that 30
years of historical data compare favorably with key features of a business-as-
usual scenario called the ‘‘standard run’’ scenario, which results in collapse of the
global system midway through the 21st century. The data do not compare well
with other scenarios involving comprehensive use of technology or stabilizing
behaviour and policies. The results indicate the particular importance of
understanding and controlling global pollution. »

28
Retour sur le rapport Meadows

Source : Médiapart (2012)

29
Mondialisation et environnement

A. Mondialisation : définition

B. Ouverture commerciale et environnement

C. Règles commerciales et protection de l’environnement

30
Mondialisation : définition
Désigne l’extension planétaire des échanges culturels, politiques et
économiques. Elle se manifeste par le développement de liens
d'interdépendance entre les hommes, les activités humaines et les
systèmes politiques à l'échelle du monde.

3 conséquences :
 intensification des flux financiers : les investissements peuvent être
décidés en fonction d'avantages environnementaux
 intensification des relations commerciales
 homogénéisation des modes de vie.

31
Mondialisation : définition
2 Questions
1. Impact de l’intensification des échanges sur l'environnement. Le CI
contribue-t-il aux dégradations environnementales ou modifie-t-il
simplement la répartition des pollutions ?

Source ; I4CE (2017) , Chiffres clés du climat


France et Monde

2. Règles commerciales et protection de l'environnement. Les règles du CI


(OMC), ainsi que la poursuite de l'intérêt individuel permettent-elles des
politiques environnementales ambitieuses ?
32
Commerce et environnement
Décomposition en effet d’échelle, effet technique et effet de composition

Effet d’échelle
 Lié à la croissance :
 Si lien positif entre ouverture commerciale et croissance alors effet positif sur les pollutions.
 Homogénéisation des modes de consommation
 Lié au développement des transport :
 Effet des transports terrestres transfrontalier
 Effets du transport aérien en forte augmentation (2,8% des émissions)
 Risques de modification des écosystèmes par l'importation d'espèces non endémiques

Effet technique
 si le lien entre ouverture commerciale et croissance est avéré, alors le développement peut
favoriser les progrès technique (courbe de Kuznets)
 transferts de technologies moins polluantes. L'ouverture des marchés permet un accès aux
technologies les moins polluantes pour les pays en développement. Par ailleurs, l'effet
d'échelle (et éventuellement d'apprentissage) favorise la réduction des coûts de ces
technologies.

33
Commerce et environnement
Effet de composition
 Havre de pollution : si la localisation des activités est liée aux législations sur
l'environnement. Les pays les plus riches adoptent des mesures les plus contraignantes et
les pays pauvres reçoivent les activités polluantes.
 Risque : fuites de carbone et détérioration de l'environnement local
 Mais études semblent montrer que l’impact des législations environnementales sur la
localisation est minime
 Enfin, les modifications de la composition de la production au niveau mondial, ont des effets
ambigus sur les pollutions globales. Mais dans ce cas, une politique de régulation (locale)
d’une pollution globale risque d’être inefficace

34
Pertes de compétitivité
Poids des dépenses énergétiques dans les
coûts de production
y.c. consommations d’énergie indirectes

une augmentation de 10%


 Du prix de l’électricité réduit les
exportations de 1,9%
 Du prix du gaz réduit les exportations
de 1,1%

Comment limiter cet effet ?

35
Commerce et environnement
Taxe aux frontières ?

 Difficultés pour déterminer le


contenu en CO2 des importations
 Risques de rétorsions
commerciales
 Est-ce « OMC compatible » ?

Source : D. Bureau et alii (2017), « Commerce et climat : pour une


réconciliation », note du CAE

36
Règles commerciales et environnement
 Article XX du GATT (reconduit par l'OMC) peuvent être adoptées ou
appliquées toutes mesures

«nécessaires à la protection de la santé et de la vie des personnes et des


animaux ou de la préservation des végétaux »
«se rapportant à la conservation des ressources naturelles épuisables »

Ces mesures sont tolérées « sous réserve que ces mesures ne soient pas
appliquées de façon à constituer soit un moyen de discrimination arbitraire
ou injustifiable entre les pays où les mêmes conditions existent , soit une
restriction déguisée au commercial international »

Par ailleurs, l’OMC ne reconnait pas le principe de précaution : charge de la


preuve incombe aux pays qui invoquent le recours à l’article XX

37
Règles commerciales et environnement
 Principe de non discrimination : un pays peut imposer une
règlementation sur ses importations uniquement si ses propres
produits y sont également soumis. Possibilité d’imposer des normes de
produits ou de qualité, mais pas de normes de procédés ou d'émissions

 On peut ajouter les clauses de protection des investissements


présentent dans l’ALENA et le CETA

38
Règles commerciales et environnement
Etats-Unis – Mexique (1991)

Les Etats-Unis ont décidé d’interdire les importations de thon dont les
techniques (filets à senne coulissante) de pêche entraînaient trop de
prise de mammifères marins (dauphins).

Le Mexique a déposé une plainte auprès du GATT qui s’est prononcé en


faveur du Mexique, car la loi américaine faisait une distinction entre des
biens identiques (thons importés ou thons domestiques). Les Etats-
Unis ont répondu en mettant en place un programme d’éco-label. Le
thon pêché avec des méthodes dangereuse pouvait être importé mais il
ne pouvait être distribué avec le label « sans risque pour les dauphins ».

39
Règles commerciales et environnement
Canada – Communauté Européenne (2001)
Afin de limiter les risques sanitaires associés à l'amiante, le gouvernement
français, qui auparavant importait de l'amiante chrysotile en grandes
quantités du Canada, a imposé une interdiction à l'importation de cette
substance, ainsi que des produits en contenant.
Les Communautés européennes (CE) ont justifié cette prohibition par la
nécessité de protéger la santé des personnes, Le Canada, a contesté
cette prohibition devant l'OMC. Sans remettre en question les dangers
liés à l'amiante, il a fait valoir qu'une distinction devait être établie
entre les fibres de chrysotile et le chrysotile enfermé dans une matrice
de ciment. Ce dernier procédé, affirmait-il, empêchait le rejet de fibres
et ne constituait pas un danger pour la santé. Le Canada a également
fait valoir que les substances utilisées par la France pour remplacer
l'amiante n'avaient pas été suffisamment étudiées et pouvaient elles-
mêmes avoir des effets nocifs sur la santé.

40
Règles commerciales et environnement
Canada – Communauté Européenne (suite)

L’OMC a tranché en faveur des Communautés européennes. L'interdiction


des CE constituait bien une violation de l'article III (qui dispose que les
pays doivent accorder un traitement équivalent aux produits similaires)
étant donné que l'amiante et les produits de substitution devaient être
considérés comme des produits similaires au sens de cet article.
Toutefois, il a constaté que l'interdiction appliquée par la France
pouvait être justifiée au titre de l'article XX (b). En d'autres termes, la
mesure pouvait être considérée comme étant "nécessaire à la
protection de la santé et de la vie des personnes et des animaux ou à la
préservation des végétaux". Elle remplissait également les conditions
énoncées dans le paragraphe introductif de l'article XX. Le Groupe
spécial a donc tranché en faveur des Communautés européennes.

41
Chapitre 2

Les instruments de la politique environnementale

1
Plan
1. Introduction

2. Présentation des instruments


1. La règlementation
2. Les taxes
3. Les subventions
4. Les permis d’émissions négociables

3. Comparaison des instruments économiques

2
Introduction
Externalités : Il existe un effet externe lorsque le bien-être d'un agent ou le profit
(ou les possibilités de production d'une entreprise) sont affectés directement par
les actions d'autres agents.

L’effet externe environnemental (Godard 2015, p. 120)

 Bontemps et Rotillon (2013) - approche économique de l'environnement

3
Introduction
Dans le cas des pollutions, le coût social d’une action ou de la consommation d’un bien est
supérieur à son coût privé : ce dernier ne représente donc pas l’ensemble des coûts supportés
par la société
 Le coût d’achat de l’essence représente-t-il l’ensemble des coûts de sa consommation (effet
sur la santé, sur le climat etc…)

Conséquences : les coûts sociaux de la pollution ne sont pas ou pas suffisamment pris en compte
dans les décisions économiques
 L’émetteur d’un polluant n’est pas incité à y remédier

Les externalités peuvent être


 positives ou négatives
 Rivales/non rivales
 multilatérale/bilatérale
 Diffuses ou localisables

 Externalités positives : production spontanée d’externalités est insuffisante


 Externalités négatives : production spontanée d’externalités est trop importante

4
Introduction
Question 1 : Comment intégrer les conséquences des pollutions dans les
décisions économiques et donc orienter les décisions dans un sens plus
favorable à l’environnement ?

 Par la contrainte ?

 Par morale ou l’éducation ?

 Par l’incitation économique : arbitrage coût/bénéfice ?

5
Introduction
Question 2 : Quel objectif de réduction des pollutions ?

La pollution a un coût (économique ou non) mais la pollution évitée aussi

Comment comparer les 2 ?


En proposant une unité de mesure commune (valeur monétaire)
 C’est le seul moyen de comparer les différents biens
 Permet de guider les choix

Conséquences

 L’analyse coût-avantage ou le calcul économique détermine les choix


 Principe de l’efficacité économique
6
Introduction
Quel objectif de pollution ? Méthode 1

Bm Bénéfices Coûts
marginaux de marginaux de
Cm
la pollution la pollution

Pollution

7
Introduction
Quel objectif de pollution ? Méthode 1

Bm Bénéfices Coûts
marginaux de marginaux de
Cm
la pollution la pollution

Pollution
Q1

8
Introduction
Quel objectif de pollution ? Méthode 1

Bm Bénéfices Coûts
marginaux de marginaux de
Cm
la pollution la pollution

Pollution
Q2

9
Introduction
Quel objectif de pollution ? Méthode 1

Bm Bénéfices Coûts
marginaux de marginaux de
Cm
la pollution la pollution

Pollution
Q*
 nécessité d'évaluer monétairement les coûts de la pollutions supportée par la société ( évaluation
monétaire des actifs environnementaux).
 Nécessité de connaitre les bénéfices de la pollution (ou coûts de la dépollution) pour les pollueurs,
donc de connaître les technique de production des entreprises.

⇒ le niveau optimal de pollution est difficilement quantifiable


10
Introduction
Quel objectif de pollution ? Méthode 2

Bénéfices
Bm marginaux de
la pollution

Pollution
𝑄
 Fixation d’un objectif de pollution maximal
 On cherche à l’atteindre au coût le plus faible possible pour la société, via des instruments
de politiques environnementales

11
Exercice
Soient 2 entreprises situées le long d’une rivière. L’entreprise A située en
amont pollue la rivière. Cette pollution engendre des coûts
supplémentaire pour l’entreprise B située en aval. Ces coûts dépendent de
la production de A. On suppose que ce coût est une fonction croissante de
A. Plus A produit, plus le coût supporté par B augmente. On peut penser à
des coûts de nettoyage par exemple

Π𝐴 𝑄𝐴 = 𝑃𝐴 𝑄𝐴 − 𝐶𝐴 (𝑄𝐴 )

Π𝐵 𝑄𝐵 = 𝑃𝐵 𝑄𝐵 − 𝐶𝐵 𝑄𝐵 − 𝐶𝐸 𝑄𝐴

12
Exercice
Hypothèse : pour simplifier, la pollution de A est parfaitement corrélée à
sa production. Pour chaque tonne de biens produite, elle produit une
tonne de pollution. Donc pour simplifier, 𝑄𝐴 est la production de A mais
aussi sa pollution

Les prix de vente sont fixes PA = PB = 100

La fonction de coût de A est : 𝐶𝐴 𝑄𝐴 = 2𝑄𝐴2

La fonction de coût de B est : 𝐶𝐵 𝑄𝐵 = 2𝑄𝐵2

Le dommage subit par B lorsque A produit est : 𝐶𝐸 𝑄𝐵 = 0,5𝑄𝐴2

13
Exercice
 Représentez graphiquement les courbes de bénéfices
marginaux et de coûts marginaux

 Calculez les bénéfices et les coûts totaux dans la situation


« laissez-faire »

 Calculez le niveau de pollution optimale

 Calculez les coûts et bénéfices supportés par les acteurs au


niveau de pollution optimale

14
Présentation des instruments

15
Typologie des instruments
Quels sont les instruments qui permettent d’atteindre le niveau de pollution désiré de
manière décentralisée ?

 Les instruments règlementaires : mesures institutionnelles qui visent à


contraindre le comportement des pollueurs
 Normes d’émissions, Normes techniques, Autorisation de mise sur le marché, Autorisation
administrative d’exploitation
 Les instruments économiques : modification des signaux "prix" pour l'inciter à
l'adoption volontaire de comportements moins polluants.
 Taxes, Subventions, Système de consignation, Droits à polluer, Règles de responsabilité
 Les instruments informationnels : modification de l'environnement
informationnel du pollueur pour l'inciter à l'adoption volontaire de comportements
moins polluants.
 L’information peut porter sur les techniques de dépollution ou sur les dommages
environnementaux.
 Les approches volontaires : dispositifs contractuels liant une autorité publique
avec un (ou des) pollueur(s). Ces derniers s’engagent à respecter des objectifs
d’amélioration de l’environnement.
 Les instruments de financement : faciliter l’accès au crédit des acteurs publics et
privés pour financer les investissements de la transition écologique.
 Classification des instruments de la politique environnementale
16
Les mesures réglementaires
Normes et standards technologiques très utilisés

 Ne permettent pas d’atteindre l’objectif de dépollution au moindre coût:


tous les agents doivent dépolluer jusqu’au même niveau  coûts de
mise en conformité peuvent être très élevés

 Pas de caractère incitatif continu : les efforts de dépollution s’arrêtent


dès que la réglementation est respectée

 gastaldo(2013), instruments pol environnement

17
La taxe : principe
principe du polleur-payeur (OCDE 1972) .
Objectif : faire supporter au générateur d’externalité le coût social de ses actions

Moyen
 Imposer un prix à l’émission de polluants (exemple taxe sur les carburants)

 Ce prix est identique pour tous les agents émettant un même polluant
Idéalement, c’est le polluant qui devrait être taxé (par exemple le CO2 émis),
mais les coûts de vérification seraient trop élevés donc la taxe porte en
général, non pas sur les émissions de polluants, mais sur le contenu en
polluants des produits utilisés (par exemple taxation des carburants)

 La taxe est payée dès la première unité de pollution émise.

18 18
Fiscalité écologique : taxe

 Si la taxe est inférieure au coût de la


pollution évitée, alors l’agent
préfèrera payer la taxe et donc Valeur
monétaire Courbe de coût marginal de la dépollution pour A
« polluer »

 Si la taxe est supérieure au coût de


la pollution alors l’agent préfèrera taxe = 20€
ne pas « polluer »

 Le pollueur réduit son niveau de


pollution tant que O
Q* = 20 QdA= 25 Pollution
taxe  au coût de la dernière unité de
pollution évitée

19
La taxe : Avantages
Objectif de dépollution obtenu au moindre coût

Plus un agent est efficace dans la dépollution (plus son coût de dépollution est
faible) plus il diminue sa pollution

 Tous les agents ne pollueront pas le même montant


Mais globalement le niveau de pollution sera le niveau désiré (compte tenu de
l’information sur les coûts de dépollution)

Le coût global de respect de la contrainte de pollution est alors plus faible que
dans le cas d’une règlementation

20 20
Fiscalité écologique : taxe
Avantages
Efficace la consommation d’énergie
et donc les émissions
Une hausse du prix du carburant de 10% réduirait la
consommation de carburant de 7 à 8% à long terme
Insee (2011) Consommation de carburant :effets des prix à court et à long terme par
type de population

Facile à mettre en œuvre


(techniquement)

Incitation continue à l’amélioration


de l’efficacité énergétique

Procure un revenu fiscal


Source : CAE (2013), Énergie et compétitivité
Revenu de la taxe carbone en 2018 : 
9 milliards d’€
21
La taxe : Difficultés
 Le niveau de pollution désiré est incertain, car les courbe coûts marginaux
de dépollution ne sont pas connus par le législateur

Valeur
monétaire

taxe

Pollution

22 22
La taxe difficultés: Problèmes redistributifs 1
 Les problèmes redistributifs
 Compétitivité des entreprises : taxer la pollution conduit à un accroissement des coûts de
production

une augmentation de 10%


 Du prix de l’électricité réduit les
exportations de 1,9%
 Du prix du gaz réduit les exportations de
1,1%

 CAE : énergie et compétitivité

23 23
La taxe difficultés: Problèmes redistributifs 2
Difficultés
Elle est peu équitable : elle réduit
plus fortement le pouvoir d’achat des
ménages les moins aisés. 10% les moins
riches

 Acceptabilité politique

 CAE : Pour le climat, une


taxe juste pas juste une taxe

10% plus riches

IC4E (2019) Climat et fiscalité :trois scénarios pour sortir de


l’impasse
24
Fiscalité écologique en France

Fiscalité favorable au climat

I4CE (2019) : Une évaluation climat à 360° du budget de l’État

25
Fiscalité écologique en France

Source : CGDD (2017), Fiscalité environnementale


Un état des lieux

26
Fiscalité écologique en France

Dépenses défavorables :
Estimées entre 550 et
650 Mds € au niveau
mondial

I4CE (2019) : Une évaluation climat à 360° du budget de l’État

27
Fiscalité écologique en France
La taxe carbone fonctionne sur le principe du « pollueur-payeur ».

Taxe sur l’énergie i = taxes existantes (TVA…) + prix du carbone x contenu en CO2 de l’énergie i
Taxe carbone

Hausse des taxes sur l’énergie liées à l’introduction de la composante carbone

2014 2015 2016 2017 2018 2019

Montant de la composante
7€ 14.50 € 22 € 30.50 € 44.60 € 44.60 €
carbone €/TCO2

Gaz naturel ménages


1.27 1.37 1.7 1.54 2.57 0
(€/MWh)
Charbon (€/MWh) 1.1 2.46 2.46 2.78 4.63 0
Essence E5 (c€/l) 0 1.72 1.71 0.95 3.22 0

https://www.ecologie.gouv.fr/fiscalite-des-energies#e5

Niveau de taxe détermine la rentabilité des investissements et/ou des modifications


de comportement
28 L. Lemiale : approche économique
Système français
Système français peu incitatif : correspond plus à un moyen de
financement qu’à un système incitatif

 Mode de prélèvement peu lisible pour certains polluants


 Déchets : Taxe OM forfaitaire
 Charbon peu taxé alors qu’il représente 13% des émissions de CO2
 Distortions entre utilisateurs : nombreuses exemptions
 Agriculteurs
 Taxi (pour TIPP)
 Poids lourds

 Une grande partie de ce prélèvement est affectée à des aides à


l’investissement (ADEME, Agence de l’eau)

29
Les subventions
Subventions pour réduction de la pollution théoriquement équivalente à une taxe
en statique

Mais en dynamique, effets incertains sur la pollution car incitations à entrer dans
la branche

Exemples de subventions
 Bonus/malus automobile
 Subventions pour investissement (isolation, tarif de rachat…)

30
Les subventions
Exemple : le bonus/malus automobile dont l’objectif est de réduire le coût
d’acquisition des véhicules peu polluants, par des subventions

Les études montrent que ce type de politique favorise l’achat de véhicules « propres » et
donc réduit les émissions par véhicule
Mais augmente la demande de voiture et donc la taille du parc automobile, voire les
nombre de kilomètres parcourus en raison de la moindre consommation de ces voiture
par km
Au total, les émissions semblent augmenter dans la majorité des scénarios !
 Le bonus/malus écologique
31
Les permis d’émissions négociables (PEN)
= quotas échangeables

Le législateur fixe un niveau global de pollution maximal. Il répartit ces


quotas d’émissions entre les pollueurs. Pour pouvoir polluer les agents
doivent posséder les quotas nécessaires. S’ils n’utilisent pas la totalité
de leurs droits, ils peuvent les vendre à des agents qui ont un niveau de
pollution supérieur à leurs droits initiaux.

 L’offre et la demande de droits fixera le prix de la pollution.

 Création d’un marché ex nihilo pour un bien particulier : la pollution

 Présentation des PEN : https://www.youtube.com/watch?v=vnaJ71jp4UI

32
Marché de PEN : principe
Marché des PEN fonctionne selon le mécanisme de l’offre et
de la demande

Les pollueurs s’échangent les permis sur le marché

 Offreurs : agents qui ont des coûts de dépollution faibles vendent leur
surplus de DAP

 Demandeurs : agents qui ont des coûts de dépollution élevés achètent


des droits en conséquence

Remarque : la quantité disponible est conditionnée par le volume total


alloué par le législateur

33
Marché de PEN : principe

Emissions
observés
= 120 T
Emissions
observés
= 110 T

B
A

34
Marché de PEN : principe

Emissions à
réduire

Emissions
observés
= 120 T Quotas
alloués
Emissions
observés
= 110 T
Emissions autorisées
= 100 T par entreprise
 200 T au total

A B

35
Marché de PEN : principe

Achats = 10 T Marché
des Ventes = 10 T Prix des quotas dépend
de l’offre et de la
quotas demande quotas

Emissions
observés
= 110 T
Quotas
alloués

Emissions
observés
= 90 T

A B

36
Marché de PEN : Avantages
 Permet de fixer l’objectif de pollution

 Théoriquement identique à l’instauration d’une taxe


 Objectif atteint à moindre coût

 Acceptabilité politique plus simple (si allocation gratuite)

37
Marché de PEN : Difficultés
 Contrôle du respect des quotas
 Les coûts de contrôle peuvent être élevés
 Les pénalités et sanctions doivent être incitatives et crédibles

 Les coûts de transactions peuvent être élevés


 Il faut un grand nombre de participants pour pouvoir trouver des
contreparties à l’échange de quotas

 Complexe à mettre en œuvre


 Nécessité d’organiser un marché
 Création d’un bourse de valeur…

38
Marché de PEN : Difficultés
 L’allocation initiale des droits : des enjeux redistributifs
importants
Les quotas peuvent distribués gratuitement aux pollueurs ou vendus aux
enchères (les agents achètent au législateur tous les quotas dont ils ont
besoin)

 Vente aux enchères


 Problèmes de compétitivité
 Acceptabilité politique

 Allocation gratuite
 Crée une rente de situation pour les entreprises existantes
 Possibilités de distorsions de concurrence en fonction du nombre de permis
alloué initialement
 Existe plusieurs critères (équité) mais le plus consensuel est le grandfathering
(distribution au prorata des émissions passées)

39
L’expérience américaine
Introduit dès le milieu des années 70 aux Etats-Unis

Mais les premières tentatives ont échoué


 Trop de lourdeurs administratives dans l’organisation des
échanges
 Coûts de transaction très élevés
 Peu d’échanges

40
L’expérience américaine
Introduction du Clean Air Act en 1990

Objectif : réduire de 50% les émissions SO2 en 2010 par rapport à 1980

Participants : centrales électriques (>100 Mw 1990 – 2005)


Toutes les centrales depuis

L’allocation est annuelle et les DAP peuvent être utilisées pendant l’année,
vendus ou mis en réserve (banking)

Sanctions
Amende de 2500$ (en 2000) par tonne dépassée
L’année suivante : obligation de détenir un montant supplémentaire de
permis correspondant au dépassement

41
L’expérience américaine
Résultat : Globalement positif

 Entre 1994 et 1999, 73 millions de droits ont été échangé, dont 60% de
mouvements internes et 40% de mouvements externes

 Les mouvements externes n’ont cessé d’augmenter par l’intermédiaire


de courtiers (11% en 1995 et 70% en 1998)

 En 2004, les émissions des pollueurs concernés étaient 40% en dessous


de leur niveau de 1980. L’objectif de -50% a été atteint en 2007 et en
2010 , la réduction était de -70%
 Le coût de la tonne économisée aurait été réduit de 42% avec
l’introduction de ce marché

42
Comparaison des instruments incitatifs

43
Comparaison des instruments incitatifs
 Equivalence entre les DAP et les taxes
 Obtention de l’objectif à moindre coût
 Incitation continue à la dépollution

 Supériorité des DAP sur les taxes


 Pouvoir incitatif de la taxe est érodé par l’inflation
 Taxe doit être réévaluée en permanence pour maintenir l’objectif de
dépollution en période de croissance
 Pour un même objectif de dépollution, l’information nécessaire est
inférieure pour les DAP
 Acceptabilité politique plus simple (si allocation gratuite)
 Objectif d’émissions atteint avec certitude (si respect des quotas)

44
Comparaison des instruments incitatifs
 Supériorité des taxes sur les DAP
 Plus facile à mettre en œuvre (pas de marché à organiser)

 Plus simple aussi si taxe sur produit polluant et non sur émissions
 Pas de coûts de contrôle

 Equité pour les nouveaux entrants sur le marché

 DAP ne génèrent pas de revenu fiscal s’ils sont distribués


gratuitement

45
Conclusion

46
Conclusion

Les économistes retiennent le critère d’efficacité économique


 Solutions proposées ne sont pas toujours équitables
 Privilégient les instruments incitatifs qui permettent de réduire les coûts
d’atténuation

 Beaucoup de réticences à l’égard de ces instruments


 Les taxes sont plus facilement acceptées par les « défenseurs de
l’environnement » (le pollueur est « puni » dès la première unité de pollution)

 Concernant les DAP, le débat est beaucoup plus vif. Cela est envisagé comme
une privatisation de l’environnement

Or « l’institution de quotas d’émissions ne revient pas à donner un droit à polluer


là où il n’y en avait pas, mais à restreindre ce droit là où il était illimité », O.
Godard (1997)

47
Conclusion
Mais ces instruments ne sont pas suffisants à eux seuls.
D’autre instruments sont indispensables pour promouvoir une meilleure
gestion de l’environnement dans tous les domaines

 Pour les DAP : difficulté de mise en œuvre


 Plutôt réservés aux grosses structures
 Difficulté de les adapter à tous les problèmes environnementaux (coûts de
contrôle)

 Pour les taxes : problème de l’acceptabilité politique au niveau


national et international

 Insuffisants sur le plan du changement climatique


 Promotion de l’innovation dans les éco-technologies

48
Conclusion
Ainsi, d’autres instruments cohabitent avec les instruments incitatifs

 Normes et interdictions
 Plus simples à appliquer
 Mieux acceptés
 Applicables pour des problèmes spécifiques (santé)

 Règles de responsabilité
 Règles de responsabilité stricte
 Règles de négligence
 Domaine d’application : pollution maritime, accidents industriels

 Procédure de diffusion d’information


 éco-labellisation
 éducation…

49
Annexes

50
Les Certificats d’Economie d’Energie
Fixation d’un plancher d’économie d’énergie à réaliser. Objectif réparti entre les
fournisseurs d’énergie (au prorata de leurs ventes d’énergie aux consommateurs
finaux.)
Objectifs
 Toucher en priorité les secteurs du résidentiel et du tertiaire diffus
 Mobiliser les fournisseurs d’énergies qui ont une relation régulière, voire de
proximité, avec les consommateurs
CEE (kwh Cumac) =
 Inciter tous les acteurs à faire de la MDE
𝑇
𝐸𝑖
1,04𝑖
𝑖=1

T = durée de vie de
l’équipeement

Consommation
d’énergie finale en
France  1700
Twh/an

51
Les CEE
 Les acteurs (obligés) remplissent leurs obligations en menant,
directement ou indirectement, des programmes de MDE
 soit sur leurs propres installations
 soit chez un consommateur d’énergie

 Si à l’issue de la période d’obligation, un acteur contraint n’atteint pas son


objectif,
 il peut acheter des certificats sur le marché de gré à gré (si des certificats sont disponibles)
 ou payer une pénalité maximale de 20 €/MWh cumac non fourni

Source : https://www.courtage-energies.com/prix-certificats-economie-energie-cee/

52
Les CEE
Exemples d’opérations

53
Les CEE
CEE : exemples

Une entreprise industrielle s’équipe d’un Une entreprise du secteur tertiaire doit rénover
système de production d’air comprimé avec la toiture-terrasse de ses bureaux, suite à des
variation électronique de vitesse intégrée problèmes d’étanchéité. L’entreprise profite
(200 kW électrique pour un débit 2 000 de cette occasion pour renforcer l’isolation
Nm3 / h) : thermique de sa terrasse (600 m²) :
L’investissement, pose comprise, s’élève à  Les travaux s’élèvent à 70 000 € avec une
60 000 €. isolation simple et à 75 000 € avec une
isolation renforcée qui donne droit à CEE.
Le choix de la VEV permet d’économiser,  Le renforcement de l’isolation permet
chaque année, 200 MWh électrique par d’économiser chaque année 30 MWh de gaz,
rapport à un système non équipé de ce soit environ 1 200 € / an sur la facture.
dispositif.  L’action donne droit à 1,15 GWh cumac,
représentant une valeur de 11 500 € si les CEE
sont valorisés à 1 c €. La valorisation des CEE
En terme de CEE, l’action équivaut à 1,9
couvre dans ce cas le surcoût lié au choix d’une
GWh cumac, soit une valeur monétaire
variant de 0 à 38 000 €, selon que les CEE performance optimale pour l’isolation de la
sont valorisés à 0 ou 2 c € / kWh cumac. toiture.

54
Les CEE
Bilan des volumes déposés et délivrés

Source : Ministère de la transition écologique : COPIL CEE –12 février 2021

55
Chapitre 3

Economie du changement climatique

1
Plan

 Introduction

 Le changement climatique

 Les politiques climatiques

 Les conséquences économiques des politiques


climatiques

2
Introduction
Human activities, principally through emissions of greenhouse gases, have
unequivocally caused global warming, with global surface temperature reaching
1.1°C above 1850–1900 in 2011–2020.
IPCC (2023) SYNTHESIS REPORT 2 OF THE IPCC SIXTH ASSESSMENT REPORT (AR6

3
Introduction
Human-caused climate change is already affecting many weather and climate
extremes in every region across the globe. This has led to widespread adverse
impacts and related losses and damages to nature and people
IPCC (2023) SYNTHESIS REPORT 2 OF THE IPCC SIXTH ASSESSMENT REPORT (AR6

Innondations

Sécheresse, et intenses Vagues de chaleur


feux de forêt en Europe en 2019
4
Introduction
Policies and laws addressing mitigation have consistently expanded since AR5. Global GHG
emissions in 2030 implied by nationally determined contributions (NDCs) announced by
October 2021 make it likely that warming will exceed 1.5°C during the 21st century and make
it harder to limit warming below 2°C. There are gaps between projected emissions from
implemented policies and those from NDCs and finance flows fall short of the levels needed to
meet climate goals across all sectors and regions.

IPCC (2023) SYNTHESIS REPORT 2 OF THE IPCC SIXTH ASSESSMENT REPORT (AR6
5
Section 1

Le changement climatique

6
L’effet de serre

 Voir la vidéo : le changement climatique


https://25images.msh-lse.fr/imu_carbone-fev15/video/rechauffement-climatique-constat-a-action/fr

 Voir vidéo de Valérie Masson-Delmotte


https://www.youtube.com/watch?v=73qkhnhbyGI&list=PLleLO21NXvot6JUraAKaM1Ec0rsrvNmlc

7
Accumulation
Accumulation dans l’atmosphere -période 2012–2021 (GtCO2/yr)

MTE (2022) Hausse des température de 1,5°C en 2100


:Chiffres clés du climat
Source : Global carbon project

8
Les gaz à effet de serre
Parts dans émissions annuelles (en %)

CH4 : Méthane
HFC : Hydrofluorocarbone
PFC : Hydrocarbures perfluorés
75 % 18% 4%  3%

SF6 : Hexfluorure de souffre


N2O : Protoxyde d’azote

9
D’où viennent les émissions de CO2 ?

Les émissions cumulées de GES ont doublé depuis 1970 (en 40 ans) par rapport à la période
1750 -1970.
Les émissions de GES

IPCC (2022) : Mitigation of Climate Change


https://www.ipcc.ch/report/sixth-assessment-report-working-group-3/

11
Un peu de géopolitique

Chine est
devenue le
premier pollueur
devant les USA
depuis 2000

France : 0,9% des émissions mondiales


12
Evolutions par pays
Mais… elle reste très loin derrière les USA si on s’intéresse aux émissions
par habitant

Le Quéré et alii (2018) Carbon emissions will reach 37 billion tonnes in 2018, a record high, the Conversation

13
Un peu de géopolitique
…et une partie des émissions chinoises ( 2Gt) résulte de ses exportations
vers le reste du monde

I4CE (2022): Chiffres clés du climat


France, Europe et Monde

Empreinte carbone = inventaire territorial – Emissions liées aux


exportations + émissions liées aux importations

14
Un peu de géopolitique
Emissions cumulées depuis 1850

15
Quels secteurs ?
Quelle répartition sectorielle ?

I4CE (2022): Chiffres clés du climat


France, Europe et Monde

Les émissions proviennent surtout du secteur de production de l’électricité. Viennent


ensuite, selon les pays, le transport (y compris déplacement individuel), l’industrie et
le résidentiel-tertiaire

16
Quels secteurs ?

Pour la France

17
Perspectives

JRC (2018) Global Energy and Climate Outlook 2018: Sectoral mitigation options towards a low-emissions economy

18
Conséquences du réchauffement climatique

IPCC (2014)
19
Conséquences du réchauffement climatique
Plus concrètement…

OCDE (2009) Competitive Cities and Climate Change

20
Conséquences du réchauffement climatique
Plus concrètement…

OCDE (2009) Competitive Cities and Climate Change

21
Conséquences du réchauffement climatique
Les conséquences « élargies » du réchauffement
climatique

22
Section 2

Les politiques climatiques en pratique

23
Quelles réponses ?

 Adaptation : Modification des systèmes sociaux et


naturels en réponse au conséquences actuelles ou
anticipées sur changement climatique (IPCC 2007)

 Atténuation: consiste à réduire les émissions ou à


absorber les GES atmosphériques en début de chaîne
pour éviter l’augmentation de l’effet de serre

24
Politiques d’adaptation
A Biscarrosse, la difficile relocalisation face à la
montée des eaux : "Ce n'est pas le maire qui doit nous
Adaptation faire partir, c'est la mer"
Face à la montée des eaux et à l'érosion du littoral, le
sable ne suffit plus. Dans la station balnéaire landaise, les
autorités locales veulent relocaliser trois bâtiments
 Digues construits sur la dune. Mais, en l'absence d'outils
juridiques et financiers et face à l'opposition des
 Reculer le trait de côte propriétaires, le projet patine.
 Modifier les cultures France Info 27-10-2021
https://www.francetvinfo.fr/monde/environnement/mo
 Climatisation ? ntee-des-eaux/reportage-a-biscarrosse-la-difficile-
relocalisation-face-a-la-monteedeseaux-ce-n-est-pas-le-
maire-qui-doit-nous-faire-partir-cest-la-
mer_4262621.html#xtor=CS2-765-[autres]-

Il y a des cactus, des plantes grasses, mais


nous sommes loin des déserts mexicains
ou texans. La zone géographique autour de
Fitou, dans l'Aude, où la vigne est reine,
bascule d'un climat méditerranéen à un
climat semi-aride et les viticulteurs tentent
d'inventer les productions de demain.
https://www.franceinter.fr/emissions/le-
zoom-de-la-redaction/le-zoom-de-la-
redaction-du-jeudi-14-octobre-2021

25
Politiques d’atténuation

 Réduire les émissions jusqu’au niveau d’absorption naturel

 Accroître le potentiel d’absorption naturel du carbone des


émissions actuelles (séquestration) ou passées (pompage
du carbone atmosphérique)

 C’est le stock de
carbone qui importe donc effet de serre
dépend des émissions passées

 Infinité de trajectoires

26
Quelles trajectoires ?

Le budget carbone se définit comme


la quantité totale de carbone qui peut
En Gt eq CO2 être émise afin de rester en deçà
d’une hausse des températures de 1,5
°C, 2 ou 3°C, avec une probabilité
donnée

Lecture : si on souhaite limiter la


hausse des températures à 1,5°C
en 2100, avec une probabilité de
33% d’y arriver, on ne peut
émettre que 500Gt eq CO2
supplémentaire
Cela correspond à 5 ans
d’émissions actuelles.

 Il existe une multitude


de trajectoires
France stratégie (2019) : La valeur de l’action pour le climat
d’émissions possibles et
donc de politiques
27
Quelles trajectoires ?
Trajectoires d’émissions compatibles avec l’objectif + 1,5° en 2100 C

Pour ne pas dépasser le budget sur


l’ensemble de la période, on peut
1. Réduire tendanciellement dès
2020 – 2022, les émissions
pour qu’elles deviennent nulles
en 2050
2. Continuer à émettre fortement
jusqu’en 2040 mais ensuite
2 réduire fortement les émissions
. et absorber le CO2 dans
1 l’atmosphère à partir de 2050
. (captation du CO2 par les forêts
par exemple)

GIEC (2018) Mitigation Pathways Compatible with 1.5°C in the Context of Sustainable Development
28
Les négociations internationales

En 2022 où ?

29
Les négociations internationales
Pourquoi est-ce si difficile de trouver un accord?

débats :
- sur les trajectoires d’émissions
- Progrès technique (apparition et diffusion)

- Sur les conséquences du réchauffement climatique (non linéarité, coûts…)


- Sur les responsabilités historiques
- sur le coût des politiques d’atténuation

Difficultés
 Coûts inégalement répartis
 Phénomène global (⇒ risque de passager clandestin)
 Conséquences à très long terme mais coûts d’atténuation immédiats
⇒ politiques « sans regret »

30
Les négociations internationales
Quels sont les coûts du changement climatique ?

Pourrait représenter entre 1% et


15% du PIB mondial d’ici 2100

⇒ Très forte incertitude sur les chiffrages


et ne prend pas en compte les non
linéarités, les irréversibilités et les effets
cumulatifs.

IMF (2016), After Paris: Fiscal, Macroeconomic, and Financial Implications of Climate Change

31
Les négociations internationales

Coûts très inégalement répartis

⇒ Faible
incitation à
l’action

IMF (2016), After Paris: Fiscal, Macroeconomic, and Financial Implications of Climate
Change

32
Panorama mondial des prix du carbone
en 2019

Les juridictions couvertes par un ou


plusieurs prix explicites du carbone
représentent environ 60 % du PIB
mondial.

33
Politique européenne

Paquet énergie-climat 2009 - Objectifs pour 2020:


• porter à 20 % la part des renouvelables dans les énergies consommées ;
• améliorer de 20 % l’efficacité énergétique ;
• réduire de 20 % les émissions de GES par rapport à 1990.

Objectifs réévalués en 2014 pour la COP 21 (-30% en 2020 par rapport à 1990)

Pacte vert (2020)

• Neutralité carbone en 2050 -38% en


10 ans
• Baisse de 55% des émissions
d’ici 2030

34
Politique européenne
Organisation
 Certains secteurs d’activité doivent participer à un marché de
DAP européen (production d’électricité, grandes industries…)

 Les autres secteurs (services, transport, ménages..) sont soumis


des politiques nationales.

 Voir le texte : prix du carbone (Perthuis (2010)


 Remarque : cibles de l’accord de 2009
MEDDE (2016) Chiffres clés du climat France et Monde
35
Le marché ETS
Principe :
 Concerne 12 000 sites de production,
soit 46% des émissions de CO2
européenne, soit 2Gt d’émissions
 Allocation des quotas d’abord
gratuitement puis graduellement mis
aux enchères
 Réduction annuelle des quotas
distribués (autour de -2% par an) 1,74%
entre 2008 et 2020 et de soit une
réduction annuelle d’un volume

36
Le marché ETS
Les déterminants des prix des quotas
Le prix des quotas dépend :
 des conditions climatiques : si les
températures diminuent la demande
d’énergie augmente et donc la
demande de quotas
 Des prix des énergies : si le prix du
pétrole augmente, la demande de
pétrole diminue donc les émissions et
donc la demande de quotas
 De l’activité économique : en période
de crise, la pollution diminue et donc
la demande de quotas
 Du niveau de la contrainte
d’émissions : si la politique est plus
contraignante, le nombre de quotas
disponibles diminue et donc le prix
augmente toutes choses égales par
ailleurs
37
Le marché ETS
Historique du prix des quotas sur le marché européen

Modification
des règles Spontanément, le
européennes prix est peu
Crise des subprimes incitatif avant
2018
Fukushima Cause : allocation
de quotas trop
favorable compte
tenu de l’activité
Crise européenne économique

IC4E (2020) hiffres clés du climat France, Europe et Monde

 Vidéo : quel prix pour le carbone


https://25images.msh-lse.fr/imu_carbone-fev15/video/quel-prix-co2-experience-de-union-europeenne/fr

38
Le marché ETS
Surplus de quotas Surplus : 2 Gt en 2012
Plus 3 Gt en 2028 Risque non respect des
objectifs en 2030

Solutions ?

Retraits
permanents de
quotas
Amplifications
des réductions
Prix plancher
Interdictions de
crédits Kyoto

Percbois (2015), Energie

39
Le marché ETS
Market Stability Reserve (MSR)
Lorsque la quantité de quotas en circulation est supérieure à 833 Mt, 12% sont
retirés du volume mis aux enchères et placés dans le MSR
Lorsqu’elle est inférieure à 400 Mt, 100 Mt sont retirées de la réserve et
ajouté aux volumes de ventes au enchères

Percbois (2015), Energie

40
Section 3

Quelles conséquences économiques des politiques climatiques ?

41
Méthodologie

On cherche à évaluer les conséquences économiques des politiques de lutte contre


le changement climatique. Est-il possible de trouver des politiques qui réduisent
les émissions de GES sans réduire l’activité économique, ou à défaut, qui réduisent
le moins possible l’activité économique ?

 Utilisation de modèles représentant le fonctionnement de l’économie (modèles


macroéconométrique ou d’équilibre général calculable)

 Construction d’un scénario de référence ou contrefactuel (scénario business as


usual), c’est-à-dire sans politique climatique.

 Comparaison du scénario avec politique et sans politique à une date donnée,


par exemple 2030.

42
Le choix du scenario de référence
Quel scenario contrefactuel ?
Prise en compte des coûts du CC
Prise en compte des mesures
d’adaptations ?

+ Forte incertitude sur le coûts et leur


répartition

⇒ évaluations hors bénéfices


environnementaux :

Recherche de politiques
sans regret

Shalizi et Lecoq (2007) : To Mitigate or to Adapt: Is that the Question? Observations on an


Appropriate Response to the Climate Change Challenge to Development Strategies p 7

43
Fiscalité carbone
Les résultats de la politique de prix du carbone (taxe ou système de
permis d’émissions) vont dépendre

 Des possibilités de substitution en faveur des produits moins polluants. Peut-on


facilement substituer de l’énergie carbonée par de l’énergie renouvelable

 De la hausse des coûts de production induites. En particulier du niveau de la


taxe ou du mode d’allocation des permis (gratuite ou aux enchères)

 De la zone géographique couverte par la politique : une politique nationale aura


des effets négatifs importants en terme de compétitivité. Ce n’est plus le cas si
la politique est menée au niveau continental

 Du mode de recyclage des revenus de la fiscalité carbone


 Voir le texte une évaluation macroéconomique et sectorielle de la fiscalité carbone en France

44
Quelles utilisations des recettes ?

Taxes carbone génèrent, au niveau mondial 21 milliards


de dollars et les systèmes de quotas d’émission 11
milliards de dollars.

À l’échelle mondiale, 46 % des revenus sont utilisés


pour des projets dédiés à la transition bas-carbone ; 44
% sont alloués dans le budget public général ; 6 %
financent les exemptions de taxes fiscales ; et 4 % sont
directement transférés aux entreprises et aux foyers.

Pour le secteur ETS, les revenus des enchères sont


redistribués aux Etats-membres au prorata des émissions
passées.

45
Quelles utilisations des recettes ?

Au Québec, revenus des quotas alloués à un


instrument spécifique, le Fonds vert, et sont dédiés à
des projets d’atténuation et d’adaptation face au
changement climatique. Taxe carbone suédoise redistribuée sous forme d’une baisse des
impôts sur le revenu et les cotisations sociales des employeurs et
exemptions d’impôts pour les plus précaires.

Deux tiers des revenus de la taxe Suisse sont redistribués


annuellement aux entreprises et aux ménages. Pour les entreprises, la
redistribution des revenus s’effectue via des baisses de cotisations
sociales sur les assurances santé. Pour les citoyens, un montant est
déduit de la prime d’assurance santé, qui est obligatoire en Suisse. Ce
montant est le même pour chaque citoyen, quel que soit son revenu
ou son niveau de consommation. En 2018, chaque citoyen suisse a
reçu 90 dollars grâce à ce transfert direct.

46
Mécanismes
 Effet substitution
Renchérissement du prix d’un facteur de production rend les autres plus attractifs, en particulier le
travail
 Substitutions en faveur de facteurs moins polluants

 Effet revenu : Hausse des coûts de production


 Prix de production et prix à la consommation augmentent (effet direct si les ménages sont
taxés)
 Baisse de la consommation, de la compétitivité, de la production et de l’emploi

 Dynamique macroéconomique
La transmission de l’inflation dans les salaires et les coûts de production
 aggrave les conséquences précédentes
 Risques de pertes de compétitivité

Bénéfices
 Réduction des importations de produits polluants
 Co-bénéfices de court terme éventuels (réduction congestion, des maladies respiratoires….)
 Coût réduit si recyclage des recettes mais risques de problèmes redistributifs

47
Quelles conséquences ?
L’importance des procédures de redistribution (double dividende ?)
 Contrainte :
 -4,4% d’émissions en 2010 par rapport au BAU
 -10% en 2020 par rapport au BAU

Effets macroéconomiques du respect du Protocole de Kyoto selon l'instrument utilisé


(Variation en pourcent par scénario business as usual)
Taxe avec recyclage
Taxe sans recyclage DAP
Baisse des CSE
2010 2020 2010 2020 2010 2020
PIB -0,25 -0,83 0,01 -0,09 0,02 -0,03
Emploi -0,19 -0,66 0,04 -0,02 0,01 -0,02
Prix à la consomation 1,14 2,92 0,37 1,05 0,04 0,4
Taxe par tonne de carbone 17,15 43,27 17,77 46,49
Recettes fiscales (en % du PIB)* 0,47 0,98 0,49 1,04
Prix des permis* 20,65 55,67
Europe des 15 + Norvège
* euros par tonne de CO2
Source : OCDE (2003)

48
Exemple : Les scénarios du GIEC
Quelles trajectoires d’atténuation ? Baseline

5°

4°

3°

2°

Trajectoire accords
de Paris si respect 2050 : -25% à -75% par rapport à 2010
des engagements
49
Exemple : Les scénarios du GIEC
Quelles trajectoires d’atténuation ?

50
Exemple : Les scénarios du GIEC

51
Annexes

52
Quelques ordres de grandeurs

53
Exemple de lecture
PIB ou
TCO2 eq
En niveau BAU

150
Ecart en %
140

100
Scénario avec politique

Année
Année de 2030
départ (2000)

Ecart sénario/BAU en 2030 -7,14%


Taux de croissance BAU 1,36
Taux de croissance Scénario 1,12
Ecart 0,24 points

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3/23/2023

Economie
du développement durable
Rodica LOISEL
Maitre de conférences en économie, IAE Nantes
Rodica.loisel@univ-nantes.fr

Plan
1. Economie circulaire
2. Décroissance et développement durable
3. Indicateurs du développement : l’empreinte écologique 1

L’économie circulaire
Plan

1. Introduction : le constat, définitions, domaines d’actions


2. Les courants de l’EC
3. L’EC en pratique : la décarbonation
Source: G. Mannaerts

Références
Aurez V. et L. Georgeault (2016), Economie circulaire, système économique et finitude des ressources, de Boeck Supérieur.
Douai A. et G. Plumecoq (2017), L’économie écologique, La Découverte.
Georgescu-Roegen N., (1971) The Entropy Law and the Economic Process. Harvard University Press, Cambridge, MA
Sites web
https://www.economiecirculaire.org/initiative/#page1:local
https://www.ellenmacarthurfoundation.org/fr/economie-circulaire/concept
https://institut-economie-circulaire.fr/

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3/23/2023

1. Introduction : le constat
Dépassement des seuils régénératifs de la planète: revoir le modèle organisationnel, passer d’une économie
de flux (linéaire = extraire/ produire/ consommer/ jeter) à une économie de stocks restants (circulaire).

Croissance démographique
• En 2050, hausse de la population de 2,5 milliards d’habitants: 11 Mld habitants.
• A taux inchangé, la consommation mondiale de matières premières passera de 85 milliards à 180 Mld de tonnes.
• Hausse de la production agricole mondiale de 50 % par rapport à 2012 pour nourrir humains et animaux, et produire des biocarburants.
Rareté des ressources. Surexploitation. Partage inégal.
• Menace de pénurie de nombreux métaux en 2030 (cuivre, argent, zinc, nickel).
• Risque de volatilité et hausse des prix des matières premières, d’instabilité, de tensions et conflits géopolitiques.
• Les stocks de poissons marins sont exploités pour près de 60 % à leur niveau maximal viable et 30 % sont surexploités.
• Le sable = consommé dans le secteur du bâtiment pour fabriquer du béton. Ressource non renouvelable, carrières épuisées,
développement de l’extraction du sable des rivières et des océans, perturbant tout l’équilibre naturel.
Le principe d’entropie:
Le recyclage des déchets ne suffira pas l’évolution des systèmes vers le désordre
• Recycler consomme de l’énergie (transport, process industriels).
• Limites: on ne peut recycler ni à l’infini ni toutes les matières :
▶ la fibre de papier est recyclable 5 fois ;
▶ l’acier est parfois contaminé par le cuivre ;
▶ 80 % du titane est utilisé sous forme de peinture ;
▶ certains métaux rares mélangés à d'autres matières pour former
des alliages ne peuvent plus être séparés pour être recyclés.
https://www.ademe.fr/leconomie-circulaire-10-questions 3

Définitions EC
L’économie circulaire est une approche globale dont l’objectif principal est de moins puiser dans le capital naturel pour
organiser l’économie; vivre mieux en consommant moins d’énergie et de matière.
« L‘EC est un terme générique pour une économie qui est réparatrice par nature. Les flux de matières sont de deux types,
des matières biologiques, qui ont vocation à retourner à la biosphère, et des matières techniques, qui ont vocation à
circuler avec une perte de qualité aussi faible que possible, tour à tour entraînant le changement vers une économie
alimentée finalement par de l’énergie renouvelable » (Sana et Stokkink 2014).
L’EC se définit comme un système économique d’échange et de production qui vise à augmenter l’efficacité de
l’utilisation des ressources et à diminuer notre impact sur l’environnement. Il s’agit de découpler la consommation des
ressources de la croissance du PIB, tout en assurant la réduction des impacts environnementaux et l’augmentation du
bien-être (ADEME).
« L’économie circulaire est un principe d’organisation économique qui vise à réduire systématiquement la quantité de
matière premières et d’énergie sur l’ensemble du cycles de vie d’un produit ou d’un service, et à tous les niveaux
d’organisation d’une société, en vue d’assurer la protection de la biodiversité et d’un développement propice au bien-être
des individus » (Aurez et Georgeault, 2016).
L’économie circulaire cherche à boucler les activités humaines sur elles-mêmes, afin d’épargner au maximum la
biosphère. L’objectif de l’économie circulaire est la réduction des flux d’énergie et de matière qui mettent à mal les grands
mécanismes régulateurs du système Terre. L’économie circulaire vise à démarchandiser la nature, à soustraire du marché
le maximum de ressources naturelles non renouvelables.
4

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3/23/2023

EC = concept de développement durable


L’EC s’inscrit dans le cadre du développement durable et est proche, tout en demeurant différent par nature, des notions d’économie
verte, d’économie de l’environnement, ou encore de l’écologie industrielle. L’économie circulaire appelle à une rupture radicale du
paradigme actuel, et s’inscrit dans un projet de société, impliquant la mobilisation des collectivités et des individus.
• L’écologie industrielle et territoriale (EIT) est un mode d’organisation industrielle mis en place collectivement par plusieurs opérateurs
économiques qui vise à stimuler les échanges de ressources (énergie, matières, co-produits...) entre entreprises (…) à une échelle
géographique donnée (zone industrielle, agglomération, département…), en essayant d’optimiser et/ou de valoriser les flux (matières,
énergies, personnes...) qu’il emploie et qu’il génère. (ADEME 2020)
• L’éco-conception consiste à prendre en compte l’impact sur l’environnement lors de la conception du produit. L’éco conception fait
appel à 3 notions fondamentales : -L’approche cycle de vie qui considère que le producteur doit s’intéresser à l’ensemble des étapes
nécessaires pour la conception d’un produit/service, depuis son élaboration jusqu’à sa fin de vie, en passant par sa production, sa mise
sur le marché et son usage par les consommateurs (responsabilité élargie du producteur). - L’approche multicritère qui consiste à
considérer l’ensemble des impacts environnementaux engendrés par le produit sur l’écosystème, sur les ressources et sur la santé
humaine. -L’approche systémique, dans laquelle on ne considère pas le produit seul, mais le système dans sa globalité.
• L’économie de fonctionnalité: la question n’est pas de vendre un produit ou un service, mais plutôt une fonctionnalité. L’objectif est
d’optimiser la valeur d’usage d’un bien pendant le plus longtemps possible.
• Décroissance et croissance verte s’éloignent de l’idée d’économie circulaire, par la recherche du profit comme les entreprises
classiques ou d’une autre façon de consommer, mais pas forcément moins. L’exemple de l’économie collaborative : les commissions
prises par Blablacar (covoiturage) ou AirbnB (logements temporaires), soit des entreprises comme les autres. L’impact sur
l’environnement n’est pas toujours bénéfique. Si par hypothèse, tout le monde se met à louer des équipements à la place de les
acheter, la consommation va s’accroître et l’impact sur l’environnement sera plutôt négatif. La croissance verte peut transformer la
biosphère en un sous-système du système des échanges économiques. 5

L’Écologie industrielle et territoriale (EIT)

L’écologie industrielle et territoriale permet d’optimiser


l’utilisation des matières sur un territoire soit en mutualisant
des équipements soit par l’utilisation locale de sous produits.

L’écologie industrielle et territoriale a pour objectif


l’optimisation des ressources (matières, énergie, eau, mais
aussi locaux, équipements, expertise, etc.) à l’échelle d’un
territoire, que ce soit par des synergies de substitution (l’un de
mes coproduits devient une matière première pour l’entreprise Fig: projet Ademe + Région
voisine) ou de mutualisation (collecte mutualisée de déchets, Bourgogne-Franche-Comté.
emploi partagé, etc.).
https://www.bourgogne.ademe.fr/expertises/economie-circulaire/lecologie-industrielle-et-territoriale-eit

Symbiose industrielle : Diemer (2016)


https://www.cairn.info/load_pdf.php?ID_ARTICLE=INNO_050_0065&download=1
6

3
3/23/2023

Exemple: la cogénération des déchets ménagers


• Principe. L’incinération est donc le procédé qui va permettre de produire de l’énergie en brûlant les déchets à haute température
dans des fours adaptés aux caractéristiques des déchets comme leur composition ou encore leur taux d’humidité L’énergie
produite alimente en électricité et chauffage la centrale d’incinération, les foyers des villes, les entreprises.
• Ordre de grandeur co-gen en France (2016): 9 Mt déchets = 4 300 gigawattheure (GWh) d’électricité + 12 000 GWh de chaleur.
• Nantes (2019) 45% des déchets ménagers et assimilés collectés sont envoyés dans les usines d’incinération pour être valorisés en énergie; 10%
sont enfouies; 45% sont recyclées.
• Nantes (2030) 145 687 tonnes de déchets à incinérer = 283 MWh d’énergie = 94 MWh électricité + 189 MWh chaleur.
274 kt déchets = 1 231 938 MJ = 240 MWh d’énergie = 80 MWh d’électricité et 160 MWh de chaleur. Soit 20 Mt fioul évitées.

• Avantages. La vente de l’énergie produite par les centrales d’incinération peut diminuer d’au moins 20 % le prix de traitement des déchets
urbains.

• Problèmes.
• Sur-dimensionnement des centrales par rapport aux entrants horaires/ quotidiens.
• Pouvoir calorifique: Les déchets pouvant faire l’objet d’un traitement thermique sont
relativement hétérogène, leur pouvoir calorifique diffère d’un composant à l’autre et
cela dépend aussi des modes de consommation et des habitats des individus produisant des déchets.

Gabrielle Verroneau, M1 APEME, Mémoire de master LA VALORISATION


ÉNERGÉTIQUE DES DÉCHETS MÉNAGERS PAR INCINÉRATION. La cogénération dans une économie circulaire
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https://www.projetpangolin.com/comment-recycler-ses-dechets/

Exemple de schéma d’EC pour les pneumatiques

Dimensions de l’EC

Ecoconception (ACV)
Ecologie industrielle territoriale (EIT)
Economie de la fonctionnalité (usage < possession)
Economie collaborative

Réemploi (marchés de l’occasion)


Lutte contre
Réparation l’obsolescence
Programmée
Réutilisation (allongement
durée de vie
des produits)
Recyclage

Source : ADEME 8

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3/23/2023

Exemple d’économie de la fonctionnalité dans le secteur de la pneumatique

MICHELIN FLEET SOLUTIONS : louer des pneus au lieu de les vendre


On en produit moins de pneus: quel modèle économique? Fidélisation de la clientèle ++. Image. RSE.
Banque matériaux + approvisionnement interne.

• Depuis les années 2000, Michelin propose à ses gros clients, au lieu d’acheter des pneumatiques, de payer une redevance au
kilomètre effectué, de louer le pneumatique, le regonflage, l’entretien des sculptures, le rechapage dès que nécessaire, mais aussi
la formation des conducteurs à une conduite plus respectueuse des pneumatiques (services fournis par Michelin). Type de client:
les transporteurs routiers possédant plusieurs dizaines de véhicules qui font de l’ordre de 100 000 km par an.
• L’offre se traduit par une maîtrise des coûts dans un premier temps puis une réduction des coûts liés à une meilleure exploitation
des pneumatiques.
• Pour Michelin, cela veut dire remplacer partiellement un produit (le pneumatique) par un service (du personnel Michelin présent
très régulièrement chez le client). Dans cette configuration, l’intérêt économique de Michelin est que le pneumatique dure le plus
longtemps possible, ce qui est aussi intéressant du point de vu environnemental. Michelin peut alors déployer toute sa
compétence d’innovation pour fabriquer des pneumatiques les plus durables possibles.
• Michelin Fleet Solutions est aujourd’hui utilisée par 300 000 véhicules dans 24 pays. L’économie de matière première est de plus
de 50% sur les pneumatiques, économie partagée entre Michelin et le transporteur. Pour le transporteur, le coût de la fonction «
pneumatiques » a baissé de 36%. Et, conséquence indirecte, ses couts de carburants ont baissé de 11%.

https://www.apesa.fr/wp-content/uploads/2017/03/Dossier-thematique_economie_circulaire-1.pdf 9

Domaines d’actions

Il faut agir sur :


La production
La demande
La gestion des déchets

Exemple d’actions législatives:

- Réduire l’utilisation de matière vierge


Fiscalité incitative (sur les produits)
Diffusion d’information
Partage de bonnes pratiques (économies de matière)
- Réduction des pertes de matière
Fiscalité incitative sur la production de déchets
Réutilisation (compostage)
Responsabilité Elargie du Producteur
Source : ADEME 2016
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3/23/2023

Exercice 1. Solutions de décarbonation


Calcul des émissions de carbone. Application au niveau d’une centrale électrique
Soit une centrale à gaz de 100 MW avec une efficacité de 50% et un coefficient d’émission de CO2 de
0.2 t/MWh. Quelle quantité de CO2 émettra la centrale pendant une heure si elle fonctionne à plein
régime ? Quelles solutions pour la décarbonisation? Analysez les options CSC / Efficacité / Sobriété.

11

2. Courants de l’EC

• Economie régénérative /
Regenerative design
• Économie de la performance / de l’usage
• Cradle to Cradle / du berceau au berceau
/ Métabolisme technique C2C
• Ecologie industrielle
• Biomimétisme
• Economie Bleue

Source: Wautelet, 2018.


12

6
3/23/2023

• Economie régénérative / Regenerative design (USA, 1970’s, John T. Lyle) : vise à restaurer, renouveler ou revitaliser l’énergie et
les matières nécessaires à la production, en créant les conditions pour l’établissement de systèmes pérennes qui répondent aux
besoins de la société, dans le respect de l’intégrité de la nature.
Les secteurs doivent mettre la restauration d’écosystèmes endommagés au cœur de leur modèle. L’agriculture peut rendre de nombreux services pour
la résilience des territoires : stockage de carbone dans les sols, production locale d’électricité, production de denrées alimentaires en circuits courts et
pivot d’une économie circulaire généralisée. L’industrie, rôles: production et approvisionnement en énergie décarbonée, éco-conception de ses
bâtiments, valorisation et réutilisation des matériaux. Le tout à l’échelle des territoires : boucles locales énergétiques, mobilité décarbonée,
rénovations énergétiques, aménagement des villes... c’est l’échelle de tous les enjeux.

• Cradle to Cradle / du berceau au berceau / Métabolisme technique (Michael Braungart & Bill McDonough) : modèle basé sur la
séparation des matériaux entrant dans la fabrication des produits en deux catégories : les nutriments techniques et nutriments
biologiques. Principe: zéro pollution, 100 % réutilisé.
• Ecologie industrielle : l’étude des flux de matières et d’énergie au cœur des systèmes industriels. Opérant sur les échanges
entre les différents acteurs d’un écosystème industriel, cette approche favorise des fonctionnements en boucle fermée dans
lesquels les déchets des uns constituent les intrants des autres, éliminant ainsi la notion de sous-produit.
• Biomimétisme (Janine Benyus, « Biomimicry: Innovation Inspired by Nature ») : étudie les meilleures idées de la nature,
s’inspire de ses techniques et procédés pour résoudre des problèmes humains. Exemple: l’étude d’une feuille végétale pour
créer une cellule photovoltaïque.
• Economie Bleue (Gunter Pauli, PDG d’Ecover) : mouvement « open-source », réunissant des études de cas, dans un premier
temps compilées dans un rapport éponyme remis au Club de Rome, « en utilisant les ressources disponibles dans des systèmes
en cascade, (…) les déchets d’un produit deviennent des intrants pour créer une nouvelle source de profit ».

https://www.ellenmacarthurfoundation.org/fr/economie-circulaire/ecoles-de-pensee 13

Problématiques de l’EC
• Coût élevé du tri/séparation/recyclage (en travail) par rapport aux matières vierges + volatilité des cours + coûts
de transaction importants (ex. dans l’EIT).
• Inefficacité du recyclage dans une économie en croissance (Grosse 2014)
• Déstabilisation d’un marché secondaire par la production jointe (Vallée et al. 2019) + dimensionnement de la
pluri-activité (problème des économies d’échelle en multi-production).
• Eco de la fonctionnalité et marchandisation progressive des services qui allaient de soi (livraison, horaires
décalés, SAV, maintenance) + effet-rebond provoqué par la « sharing economy »
• Compatibilité de l’EIT dans une économie globalisée : gains environnementaux vs avantages comparatifs nés de
la spécialisation.
• Quelle répartition des coûts-bénéfices dans une boucle fermée ?
• Allongement de la durée de vie des produits = retard dans l’adoption de technologies + vertes (ex. moteurs
thermiques / électriques ou H2) + effet de Lock-in (P.A. David, Clio and the economics of QWERTY, AER 1985).
• Etc.

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3/23/2023

L’EC : macro ou micro ?

Un indicateur de circularité devrait être suffisamment systémique pour qu’aucun effet de déplacement /rebond majeur
ne soit négligé. Dans une économie en croissance, les bénéfices à long terme du recyclage et de l’allongement des
durées de vie peuvent être contrecarrés par l’accroissement des volumes totaux extraites et consommés.

La confusion micro-macro: L’EC = souvent confondue avec l’écologie industrielle lorsqu’elle est centrée sur la seule
production et ses techniques dont l’objectif est le gain de ressources à l’unité produite (efficacité), perdant de vue les
conditions plus globales de ce qui pourrait s’approcher d’une authentique circularité. (Arnsperger et Bourg, 2016)
https://www.cairn.info/revue-de-l-ofce-2016-1-page-91.htm
L'économie circulaire est un concept ‘macro' qui vise globalement la réduction de la consommation de ressources en
fermant les boucles.
Tendance de construire des indicateurs de circularité au niveau micro (entreprise ou secteur) (Fondation Ellen MacArthur).
Risques:
• une entreprise peut faire d’immenses progrès en termes de circularité (plus d’efficacité O/I) sans que l’économie dans son ensemble devienne
plus circulaire. L’effet rebond est souvent mis en avant dans la concurrence intersecteur à la recherche de rentabilité sur le modèle business de
l’économie circulaire.
• des performances accrues de circularité au niveau micro peuvent aller de pair avec une détérioration des performances macro en termes
d’énergie nette – si les technologies de circularisation sectorielles requièrent une plus forte consommation de ressources dans d’autres secteurs
pourvoyeurs de ces technologies ou de certaines de leurs composantes.
Contrôle Macro
Action Micro 15

3. Objectifs de décarbonation de la France : la SNBC


Objectifs SNBC d’évolution des émissions de GES
Cadre législatif
o Loi de Transition Énergétique pour la Croissance Verte (2015)
 - 40 % GES en 2030 par rapport à 1990;
o Stratégie Nationale Bas-Carbone (SNBC, 2015, 2020)
 code de l’environnement (décret N°TRER2008021D relatif aux
budgets carbone nationaux et à la stratégie nationale bas-carbone)
 Objectif F4: diviser les GES par un facteur 4 à 2050 par rapport à 1990.
 Révision 2020 F6 : neutralité carbone à 2050 (80 Mt CO2eq).
 Réduire l’empreinte carbone des Français (749 Mt CO2eq en 2017).
o Orientations stratégiques engageantes pour toutes les
entreprises et tous les citoyens, s’adressant en priorité aux
décideurs publics aux échelons national, régional et
intercommunal.
Bénéfices attendus https://ec.europa.eu/clima/sites/lts/lts_fr_fr.pdf

o Baisse de la dépendance du pays - énergie et matériaux • Fig montre le montant total et la composition des émissions en France.
o Création d’emplois non-délocalisables • Constat: annuler les GES nettes en l’espace de seulement trois
o Co-bénéfices santé-environnement décennies nécessite des changements de grande ampleur touchant
l’ensemble des secteurs de l’économie.
• Rythme de -6,0 % / an en moyenne de 2019 à 2050
16

8
3/23/2023

Objectifs SNBC sectoriels


• Décarbonation des transports et du bâtiment (= 80 % de la
consommation d’énergie finale en 2050; 50 % des GES)
• renouveler les infrastructures et équipements existants, déployer un
capital physique à faible contenu carbone.
• Efficacité énergétique de l’industrie (20 % de la consommation
d’énergie finale et des GES):
• l’industrie manufacturière et ses segments de première et de deuxième
transformations de matières brutes extraites en matériaux énergivores.
• Incertitudes en termes d’intensité matière du système productif
(matériaux de substitution, ciment « bas carbone », chimie biosourcée,
hydrogène, bois de construction, etc.); de technologies de rupture
(l’électrification des procédés); de nouveaux modèles économiques
(recyclage, écoconception, etc.).
• Agriculture: faible participation à la consommation d’énergie finale
(4%), mais 20 % des GES intérieurs. Objectifs: diminution des engrais
chimiques et de l’élevage bovin, évolution des pratiques agricoles et
de consommation
• GES d’origine non-énergétique = 45% méthane (élevage bovin), 40% Répartition des émissions de gaz à effet de serre par
protoxyde d'azote (fertilisation azotée). secteur (2019)
• Tensions entre les ressources agricoles et les usages des sols (le
développement de la biomasse énergétique et l’augmentation des
surfaces agricoles par effets de réduction des rendements et de
changements d’usages).
17

Mesures opérationnelles :
•investissements,
•subventions,
•normes,
•instruments de marchés,
•instruments fiscaux,
•information et sensibilisation.

18
https://www.hellocarbo.com/blog/compenser/strategie-nationale-bas-carbone/

9
3/23/2023

Solutions de décarbonation

CSC / Efficacité / Sobriété.


Analysez les options sectorielles de décarbonation dans la stratégie nationale bas carbone SNBC.

Mt CO2 2018 2050


Transport 137 4.1
Agriculture 86 46.4
Batiment 84 4.2
Industrie 79 15.0
Energie 46 2.3
Déchets 14 4.8
446 77

19

Exercice 2. Calibrer une taxe carbone


Soit une centrale à charbon dont le coût, hors combustible, est de 12 €/MWh. L’efficacité de la
centrale est de 40% et le coefficient d’émission de 0.8 tCO2/MWh input. Le prix du charbon est de
15 €/MWh_charbon.
• Calibrez une taxe carbone qui pourrait rendre rentable une technologie à base d’énergie
renouvelable dont le coût de production est de 100 €/MWh.

20

10
3/23/2023

Remarques finales

- Concept EC encore vague, en construction. Englobe différentes dimensions (éco-conception, économie de la


fonctionnalité, réemploi et recyclage, Ecologie industrielle territoriale, consommation responsable…)
- Nombreuses questions économiques en suspens : coûts de transaction élevés, incompatibilité avec la croissance
(découplage absolu), rendements d’échelle en multi-production, structure des marchés secondaires, effet-rebond,
« shift » technologique et allongement de la durée de vie, etc.
- Apports de la thermodynamique et de la bioéconomie (NGR) : les trois règles d’utilisation des ressources et le problème
de l’optimum néoclassique (Bm = Dm) en lien avec la capacité d’assimilation de l’environnement.
- Redécouverte des modèles physiocrates et classiques (théorie néo-ricardienne de la production étendue à
l’environnement).
- Modèles théoriques permettant de rendre stationnaire et durable l’économie par une utilisation exclusive d’énergie et
de ressources renouvelables.
Ombriwatt
Générateur photovoltaique pour
recharger sa voiture électrique
Source EDF,
https://www.izivia.com/project/ombriwatt

21

Annexe
Indice de réparabilité

À partir du 1er janvier 2020, un indice de réparabilité sera obligatoirement affiché sur 5 catégories
d’équipements : lave-linge, ordinateur portable, smartphone, télévision et tondeuse à gazon. https://www.groupe-sds.com/indice-
Il évaluera : de-reparabilite-ce-quil-faut-savoir/

▶ la documentation technique ;
▶ l’accessibilité et le démontage ;
▶ la disponibilité et le prix des pièces détachées ;
▶ certains critères spécifques au produit évalué (exemple : la réinstallation logicielle).
L’indice de réparabilité, noté sur 10, sera calculé à partir des réponses (oui/non) données à 10
critères.

https://www.apesa.fr/wp-content/uploads/2017/03/Dossier-thematique_economie_circulaire-1.pdf
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11
3/30/2023

Economie
du développement durable
Rodica LOISEL
Maitre de conférences en économie, IAE Nantes
Rodica.loisel@univ-nantes.fr

Plan
1. Economie circulaire
2. Décroissance et développement durable
3. Indicateurs du développement : l’empreinte écologique 1

Décroissance et développement durable


Objectifs de la séance
• Définir la décroissance dans le respect des objectifs économiques, environnementaux et de justice sociale.
• Argumenter les solutions de la macroéconomie écologique.
• Proposer un modèle alternatif basé sur les principes de la décroissance.
• Calculer le taux de (dé)croissance du PIB mondial à 2050 et le partage Nord-Sud.
Références
• Serge Latouche, 2019. La décroissance. Ed. Que-sais-je?
• Nicholas Georgescu-Roegen, 1995 (2è Ed / 1979) La décroissance Entropie-Ecologie-Economie.
http://classiques.uqac.ca/contemporains/georgescu_roegen_nicolas/decroissance/la_decroissance.pdf
• Tim Jackson, 2010. Prospérité sans croissance. Ed. de Boeck.
• Catherine Figuière, Boidin B., Diemer A., 2018. Economie politique du développement durable. Ed. de Boeck.
Lectures facultatives
• Ivan Illich, 1973. La Convivialité. Ed. Seuil.
• Cédric Biagini, D. Murray, P. Thiesset, 2017. Aux origines de la décroissance. Ed. L’Echapée.
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Plan

1. Le concept de décroissance économique


• Constat, origines
• Courants : l’économie politique, l’écologie, la thermodynamique
• Définitions

2. Les moyens à mettre en œuvre


2.1. Quelles bornes à la croissance ?
• Retour sur l’état stationnaire du rapport de Meadows.
2.2. Quel PIB pour 2050 ?
• PIB France 2017 = 25% services non marchands + 25% transferts sociaux
2.3. La macroéconomie écologique
• Pistes de transformation

1.1. Décroissance économique : le constat


• Limites du modèle de société fondé sur le dogme de la croissance économique infinie.
• La production de richesses matérielles, censée satisfaire toujours plus de besoins, entraîne la dégradation de la
biosphère, préoccupante pour les générations futures, sans pour autant garantir des conditions de vie décentes aux
générations actuelles.
• Croissance verte = impossible lorsqu’elle est basée sur une hausse de la consommation des ressources naturelles.
• Réalité incontestable : l’irresponsabilité humaine dans le réchauffement climatique.
• La décroissance économique s’impose par la raréfaction des ressources naturelles –E, matières p.
• L'humanité a tout intérêt à anticiper la crise plutôt que de la subir et trouver les solutions permettant de ne pas entraver
l'épanouissement humain.

L'augmentation de la consommation des ressources entraîne une


augmentation de l'empreinte écologique.
Pour que l'ensemble de la population mondiale s'approche du niveau de vie
occidental, il faudrait l'équivalent de 3 à 8 planètes Terre. Il n'y a donc pas
d'autres choix pour les 20% des populations les plus riches que de réduire
leur production et leur consommation.
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https://www.ademe.fr/leconomie-circulaire-10-questions

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1.1. Décroissance économique : origines

1970-80 : Le concept de décroissance est apparu avec la prise de conscience des


conséquences de la course à la productivité de la société industrielle, quel que soit le
système politique qui la sous-tend, libéral ou socialiste :
• Nicholas Georgescu-Roegen, 1979, The Entropy Law and the Economic Process.
• Les travaux du Club de Rome, David Meadows, 1972, Limits to Growth.
 une grande partie des ressources de l’écosystème humain (la planète) sont par nature limitées ;
 chaque prélèvement de ressources non renouvelables hypothèque l’avenir quant aux chances de survie
à long terme de l’humanité ;
 une croissance infinie (démographique, économique…) dans un monde fini est impossible.
 Epuisement prévisible dans quelques décennies des ressources énergétiques : pétrole, gaz, uranium,
charbon. Budget carbone.
 Années = Stock / Production
 Epuisement de certains minerais.
 Impact sur l'environnement : effet de serre, réduction de la biodiversité, pollutions.
 Impact sur la santé.
 Exploitation des ressources des pays du "Sud".
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1.1. Décroissance économique : courants

1. Economie politique
2. Economie écologique
3. Thermodinamique

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https://www.alternatives-economiques.fr/quest-leconomie-ecologique/00068988

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1° Economie politique
• Mises en cause de la croissance perpétuelle depuis toujours:
• Ricardo (1817): les capacités d’investissement se raréfiant avec la diminution des rendements agricoles, le capitalisme est condamné à
l’état stationnaire.
• Malthus (1798, 1820): la croissance économique à long-terme est condamnée par l’insuffisance de la demande de consommation et
d’investissement, à cause de la concentration de la richesse et du manque de débouchés.
• John Stuart Mill (1953) : « J’espère sincèrement pour la postérité qu’elle se contentera de l'état stationnaire longtemps avant d'y être
forcée par la nécessité.» « A l’industrie l’objectif de réduire le temps de travail »
• Keynes (1930) : la semaine de travail de 15 heures.
• Marx (Ed. 1968) : « La vraie richesse étant la pleine puissance productive de tous les individus, l’étalon de mesure en sera non pas le
temps de travail, mais le temps disponible ».
• Bertrand de Jouvenel (1968) : mise en cause de la pertinence de l’indicateur PIB.
• Meadows (1972) : limites matérielles de la planète et nécessité d’un état d’équilibre global et stable après que les pays riches auraient
arrêté leur croissance et que les pays pauvres auraient accompli la leur pour satisfaire leurs besoins essentiels.

• Critique de l’efficacité du marché dans la gestion des conflits environnementaux et mise en cause de l’équité des
mécanismes de marché.
• Taxation de l’essence = réduire d’autres taxes mais sur le produit même (pas les cotisations sociales salariales…)
• Insuffisante internalisation des externalités (taxes, marché de droits à polluer).

Réduction du temps de travail (~20h) : moins de revenu, moins de conso de biens; plus de loisirs (sport, famille, méditation, …)

2° Economie écologique
• Constat: divergences entre les coûts privés et les coûts sociaux, difficulté d’attribuer un prix aux ressources naturelles.
• Définition: étude des interactions entre économie et fonctionnement biophysique de la Terre dont l’économie dépend.
• Objectifs: la prospérité sous la contrainte des ressources limitées, conjuguée à un partage équitable des ressources. Prise
en compte des aspects sociaux et politiques ainsi que des questions de justice sociale.
• Problématiques: la valeur de la nature, la soutenabilité de la croissance, la résilience des systèmes socio-écologiques ou
encore l’articulation entre développement durable et participation éco-citoyenne.
• Interdisciplinarité: L’économie écologique repose sur la rencontre entre sciences sociales et sciences de la nature, avec
une démarche "en compréhension" (Godard, 1998) des spécificités de la question environnementale.
o la pensée systémique, qui étudie les systèmes complexes et leurs interrelations, permet d’appréhender les relations entre la
biosphère, la sphère des activités humaines et celle des activités économiques (René Passet [1979])
o la biologie, l’écologie systémique et la thermodynamique analysent les flux d’énergie et de matières qui traversent les écosystèmes
o les approches institutionnalistes (Veblen, Commons) comme une critique de l’économie standard: ouverture aux sciences de
l’homme et de la société.
• Méthodes: l’analyse multi-critères ; localement monétarisation: méthodes directes (CAP évaluation contingente),
indirectes (coûts réparation).
• En France: précurseurs René Passet, Ignacy Sachs [1981]. Instituts: Institut Veblen.

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https://laviedesidees.fr/Que-peut-on-apprendre-de-l.html

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3° Thermodynamique
Nicholas Georgescu-Roegen (1971): du point de vue thermodynamique, le processus économique est
entropique (désordre) : pour produire, il puise continuellement des sources matérielles et énergétiques de basse
entropie et les transforme en haute entropie, sous forme d’effluents et de déchets rejetés dans la biosphère. Les
usages et la transformation des matières et de l’énergie par le système économique viennent en réduire la quantité
disponible, d’où l’idée de finitude de la nature (la biosphère).
Le principe d’entropie: l’évolution des systèmes vers le désordre

La bioéconomie : Inscrit l’économie dans les sciences de la vie


et considère que le développement économique est la
poursuite de l’évolution biologique.
Il existe alors une possibilité d’insérer des activités humaines
qui n’aboutissent pas inéluctablement à la destruction de la
biosphère à condition de ne pas dépasser les flux de
reconstitution.
Le processus destructuration et de complexification se fait sur
une échelle de temps (centaines de millions d’années)
incommensurable avec celle à l’intérieur de laquelle l’homme
pense son activité (quelques décennies): la contrainte de
rareté de certaines ressources naturelles et l’impossibilité d’un
recyclage total s’imposent alors. 9

1.1. Décroissance économique : définitions


• Décroissance = situation économique durant laquelle la richesse économique produite n’augmente pas, voire diminue.
• Ce concept est à distinguer de la récession, de la croissance négative dans le cadre d’une économie productiviste.
• Besoin de ralentir la production des biens pour préserver le mieux que possible un environnement humainement viable.
• La décroissance repose sur un modèle économique de soutenabilité très forte: pas de substitution entre les actifs
naturels, et avec les actifs financiers, ou avec le progrès technique.
• La croissance actuelle doit non seulement cesser, mais être inversée (Georgescu-Roegen).
• Le concept de décroissance relève d’une démarche volontaire et non pas d’une réalité subie.
• Il repose sur le principe de la prise de conscience d’un monde fini, aux ressources limitées, et sur l’idée que seule une réduction
de la production et de la consommation globales pourra assurer l’avenir de l’humanité et la préservation de la planète.
Discours radicaux
• Refus du développement et du progrès; refus du capitalisme car source de pollution et inégalité.
• L’idée d’un capitalisme vert et juste sonne faux aux oreilles des décroissants. La théorie de la décroissance appelle un questionnement plus
profond du modèle économique moderne.
• Serge Latouche se revendique d’un «anti-développement», d’une «sortie de l’économie», d’une «entrée en décroissance». Il s’agit de slogans
provocateurs qui peuvent prêter à confusion: les décroissants sont-ils contre la croissance des plantes ou des enfants, contre le développement
des aspirations humaines profondes, contre l’économie conçue comme échange de biens et de services, contre le progrès d’une société vers plus
d’éthique et d’humanité? Bien sûr que non. Serge Latouche ne veut bien évidemment pas dire qu’il envisage une société où il n’y aurait plus
d’«économie» au sens large du terme, mais bien qu’il n’y aura plus d’économie au sens moderne du terme, c'est-à-dire une économie capitaliste
et marchande, telle qu’elle a été théorisée et encouragée de Adam Smith à nos jours.
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Développement sans croissance

• Décroissance = la diminution de la production par habitant des types de biens courants (Georgescu-Roegen):
• Il n’y a aucun lien nécessaire entre développement et croissance; on pourrait concevoir le développement sans la croissance.
• Le développement n’est pas l’augmentation de la production de biens; elle est l’introduction dans une société de trois types
d’innovation: innovations d’économie (augmentation de l’efficacité énergétique dans la production – par exemple, meilleur
rendement de combustion), innovations de substitution (remplacement de l’énergie humaine par de l’énergie physico-chimique) et
innovations de la gamme de produits (création de nouveaux biens de consommation – par exemple, les lunettes). Aucun de ces trois
types d’innovation n’implique nécessairement une augmentation de la production de l’ensemble des biens.
• La décroissance serait dès lors une diminution de la production par habitant des biens courant mais non nécessairement une
diminution ou même une cessation du développement.
• L’entropie montre que le seul stock d’énergie libre humainement accessible en continu – donc renouvelable –
est le flux de rayonnement solaire, dont la pérennité se compte en milliards d’années. Cette énergie est
utilisable à travers les produits de la photosynthèse végétale et des nouvelles technologies de captage d’énergie
solaire.
• Mais développer des technologies solaires performantes qui autoriseraient l’humanité à bénéficier de ’énergie libre continue du
rayonnement solaire. la production, l’entretien et le renouvellement des technologies efficientes pour user du flux solaire nécessitent
eux-mêmes des quantités d’énergie libre issue du stock minéral de notre planète. Difficulté: production de biens nécessitant des
matériaux issus du stock minéral.
• Utopie: homme viverait de la seule énergie organique, car retour à un mode de vie de chasseurs-cueilleurs.

https://www.unamur.be/asbl/pun/Carnets%20dvpt%20durable/cdd-1 11

1.2. Rupture de paradigme. L’ère post-croissance?


• Changement de paradigme et non pas de croissance négative!
• Soutenabilité signifie que l'activité humaine ne doit pas créer un niveau de pollution supérieur à la capacité
de régénération de l'environnement.
• La décroissance devrait être organisée non seulement pour préserver l'environnement mais aussi pour
restaurer le minimum de justice sociale sans lequel la planète est condamnée à l'explosion.
• Survie sociale et survie biologique paraissent étroitement liées: Les limites du «capital» nature ne posent pas seulement un
problème d'équité intergénérationnelle dans le partage des parts disponibles, mais un problème d'équité entre les membres
actuellement vivants de l'humanité.
• Par-delà les mesures économiques et écologiques, il y a une philosophie et une éthique basées sur le sens
des limites et de la mesure.
• La décroissance ne signifie pas nécessairement un immobilisme conservateur. L'évolution et la croissance lente des sociétés
anciennes s'intégraient dans une reproduction élargie bien tempérée, toujours adaptée aux contraintes naturelles. C’est
parce que la société industrielle s'est au contraire efforcée d'adapter son environnement à son mode de vie qu'elle ne peut
espérer survivre »).
• Aménager la décroissance signifie renoncer à l'imaginaire économique que plus égale mieux
• Moyens: la simplicité volontaire, la sobriété dans la joie de vivre. Exemple: combattre la publicité.

• Cependant, la mise en place d’un programme social est secondaire, ce dernier étant un moyen de répondre
au problème écologique, et non une fin en soi. Priorité aux pb environnementaux!
• Seul l’abandon de la croissance –une décroissance – permettra d’esquiver le mur et le crash. Rien ne sert de
freiner, il faut changer de cap:
• La théorie de la décroissance dépasse la réflexion strictement économique : ce qu’elle promeut, c’est un changement du
paradigme moderne.
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Décroissance : quelques slogans

Décroissance = «slogan politique» visant à secouer une société obsédée par


le productivisme et menacée par un désastre écologique.

• Travailler moins pour vivre mieux (Serge Latouche).


• Moins de biens plus de liens sociaux.
• Penser global, agir local.
• Le monde n'est pas une marchandise (José Bové)
• On arrête tout, on réfléchit, et c'est pas triste.

https://www.madmoizelle.com/decroissance-156744

http://www.toupie.org/Toupinautes/selection.php?id=4759
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2.1. Quelles bornes à la décroissance ?


Rappel du rapport de Meadows
http://www.donellameadows.org/wp-content/userfiles/Limits-to-Growth-digital-scan-version.pdf

• Modélisation de l’humanité et des variables qui la caractérisent :


• population globale, superficie cultivable par individu, ressources naturelles
restantes, quota alimentaire par personne, production industrielle par tête,
capital industriel global, niveau de pollution, etc.
• Boucle (rétroaction) : la croissance de la pollution influe de manière
négative sur l’espérance de vie, et sur la taille de la population, ce qui en
retour agit dans le sens d’une pollution moins importante ; la croissance
du produit industriel par tête contribue à la croissance du capital
industriel, qui lui-même engendre une augmentation de la production
agricole, mais aussi la croissance de la pollution, etc.
• Conclusion: Tant que le modèle comporte certaines boucles « positives »,
comme l’objectif de croissance annuelle (PIB), l’effondrement est
inévitable avant 2100.
• Solution: la décroissance anticipée.
• La seule possibilité pour éviter l’effondrement est de limiter de nous-mêmes
cette production industrielle (et un certain nombre d’autres grandeurs
physiques prises en compte dans le modèle) à un niveau compatible avec les
possibilités de notre planète : c’est la remise en cause de la « croissance
économique », puisque depuis la révolution industrielle la croissance
économique est allée de pair avec la croissance de la production industrielle.

https://jancovici.com/recension-de-lectures/societes/rapport-du-club-de-rome-the-limits-of-growth-1972/ 14

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Evolution des principales variables étudiées de 1900 à 2100.


Scénario ressources naturelles « illimitées », contrôle de la
Effondrement pollution, productivité agricole accrue, contrôle « parfait » des
naissances.
Par « effondrement » il ne faut pas entendre la fin de
l’humanité, mais la diminution brutale de la population
accompagnée d’une dégradation significative des
conditions de vie des survivants (baisse importante du
produit industriel par tête, du quota alimentaire par tête,
etc).

• L’hypothèse optimiste de contrôle « parfait » des


naissances stabilise la population pendant un temps.
• La population, plus importante car moins limitée par la
pollution, conduit à une production agricole plus
intensive, qui finit par dégrader les sols.
• Après une phase transitoire, l’explosion de la pollution,
gouvernée par une explosion du produit industriel, finit
par rendre les terres impropres à la culture, causant la
famine.
• Baisse du quota alimentaire par tête.
• Régulation de la population par la famine.
• Ces hypothèses très favorables ne diffèrent la « chute »
ultime que de quelques décennies.

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A partir du constat de Meadows que la croissance provoque l’effondrement,


faut-il limiter ou stopper la croissance?

Les auteurs ont « forcé » le modèle pour le conduire à la


Dans un monde fini, toute consommation de ressources non stabilisation de toutes les variables de sortie (population,
renouvelables tendra vers zéro avec le temps: produit industriel par tête, quota alimentaire par tête).
• les combustibles fossiles constituent le premier facteur limitant des
ressources non renouvelables
• les minerais métalliques ne créeront pas les premières situations de
pénurie globale, car substitutions possibles (entre métaux – par exemple
entre cuivre et aluminium) et stocks de minerai relativement abondants
(exemple le fer).
Deux choix:
• provoquer nous-mêmes la décroissance pour disposer à un
niveau réduit, de la ressource non renouvelable le plus longtemps
possible;
• ou attendre que la décroissance survienne toute seule, dans des
conditions que nous ne maîtriserons pas.

L’arrêt de la croissance devient un projet de société,


non pas des sciences.

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Comprendre l’état stationnaire


• Population stabilisée à partir de 1975. Dans la réalité, prévisions ~11 mld d’habitants en 2100.
• Capital industriel mondial stabilisé à partir de 1990, en équilibrant taux de dépréciation et taux
d’investissement. 5%
• Stabilisation du produit industriel par tête et du quota alimentaire par tête à 3 fois la valeur moyenne de 1970, tout en
évitant un emballement de la pollution.
• Capital industriel affecté en priorité à la production agricole, à la conservation des sols (contre l’érosion).
• La durée de vie du capital industriel augmente, sans obsolescence programmée, avec possibilités de
réparation et de rénovation.
• Consommation de ressources naturelles non renouvelables par unité de produit industriel divisée par 4
dès 1975.
• Structure économique: 75% sv + 20% Ind + 2-5% Agr (VA)
• : hausse de la proportion des services, pour diminuer la pression sur l’environnement.
• Nécessité d’un découplage entre croissance économique et consommations physiques.
• Pollution par unité de produit industriel ou agricole divisée par 4 dès 1975 par rapport à 1970.
• Nous en sommes très loin pour l’essentiel des polluants, dont les émissions de gaz à effet de serre, pour lesquelles la
baisse par unité de production n’a été que de 15% de 1970 à 2000 dans l’OCDE.

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2.2. Quel PIB, niveau et contenu ?


La croissance zéro ne suffit pas.
• Produire moins? Ou mieux /avec moins ? Croissance négative? Récession?
• « Toute croissance exponentielle, quel que soit le taux de l’exposant, est invivable à long terme,
et le long terme n’est jamais si long que cela » (Michel Freitag).
• Le PIB mesure le degré d’activité de l’économie; la croissance du PIB est basée sur
l’accumulation du capital.
• Limites du calcul du PIB:
- Pas de prise en compte du travail domestique, des soins aux personnes, du bénévolat, de la dépendance
économique aux variables écologiques (les ressources, les services écologiques), de la dépréciation du
capital (naturel ou industriel), des inégalités, du chômage, de la pauvreté.
- Dépenses défensives comptabilisées positivement dans le PIB: les coûts des embouteillages, les
déversements des hydrocarbures, le déblayage des routes après les accidents de la route,
• Quel qu’il soit le modèle économique (basé sur services ou industries), les activités
économiques doivent être sobres en carbone et donnent aux gens des emplois en contribuant à
l’épanouissement humain.

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1°. PIB: quel partage Nord-Sud?

• Absurde de suggérer la décroissance dans des pays du Sud qui n’ont pas encore
eu la réelle opportunité de se développer.
• Georgescu-Roegen jugeait trop optimiste la conclusion du rapport Meadows de
trouver l’état stationnaire. Il y oppose la nécessité d’envisager le "declining" de
certaines économies (traduit en français par décroissance):
• Le declining propose une perspective radicale à atteindre en agissant prioritairement sur la
demande, à travers une autolimitation des besoins des populations bénéficiant d’un certain
niveau de développement.

• L’idéologie de la décroissance implique un principe d’équilibre à tous les niveaux,


et notamment un réajustement des disparités Nord/Sud : baisse des
prélèvements de ressources naturelles par les pays riches, au profit d’un meilleur
accès des pays pauvres aux bénéfices d’un développement raisonné.

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PIB mondial : une simulation de décroissance dans les pays riches

Population mondiale = hausse pendant 50 ans entre 2000 et 2050 :


• Pop 2050 = 1.6 Pop2000_pauvres + 1.1 Pop2000_riches
PIB mondial (2000) = 60% PIB_riches + 40% PIB_pauvres

Hypothèses.
Le PIB par tête diminue de 1% par an pendant 50 ans dans les pays riches.
Le PIB par tête augmente de 1% par an pendant 50 ans dans les pays pauvres.
Calcul: quelle évolution du PIB?

Si l’intensité de la production en ressources naturelles et en énergie restait stable,


les besoins de celles-ci croîtraient proportionnellement au produit.
La décroissance des riches ne résout donc pas à elle seule le problème posé.

https://ise.unige.ch/isdd/IMG/pdf/decroissance.pdf
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2°. Le PIB en France


PIB 2023 = 3 013 Mld€ (+ 2.6% 2022)
PIB 2023/hab = 44 000 €
 Taux de chômage ~7.3% (2023)
 5,3 M personnes sous le seuil de
pauvreté de 50 % du niveau de vie
médian en 2018 (885 €/mois)
 Inégalités:
• Le coefficient de Gini des revenus
après impôts et prestations sociales en
espèces = 29,1 (Fr pas un pays
inégalitaire <Esp, R-U).
• Le coefficient avant redistribution =
51,6; parmi les plus élevés en Europe.

https://www.ac-orleans-
tours.fr/fileadmin/user_upload/ses/ressources_pedagogiques/02_terminale/03_ens_specifique/00_sources
_croissance/maj_donnees_stat/croissance_fluctuations_maj_graphiques.pdf
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Décroissance : Il n’y a pas le choix!


• Volume: Baisse tendancielle du taux de croissance subie, choisie.
• Contenu: Tendance d’évolution des économies avancées = économies fondées sur les services; réduction des activités manufacturières; mais
hausse des importations de biens; hausse des services financiers pour payer les importations.
• SV = 75% PIB.

Croissance soutenable:
- Dématérialisation de l’économie, même des services
(loisirs), car la dématérialisation consomme de
l’énergie (TIC = 20% Energie mondiale).
- Optimiser l’offre et la demande de l’énergie via des
systèmes intelligents.
- Economie de la fonctionnalité, ESS, Economie
circulaire, EIT etc

https://www.ac-orleans-
tours.fr/fileadmin/user_upload/ses/ressources_pedagogiques/02_terminale/03_ens_specifique/00_sources 22
_croissance/maj_donnees_stat/croissance_fluctuations_maj_graphiques.pdf

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2.3. La macroéconomie écologique

En cas de crise économique (chômage, faillites, baisse du PIB), politiques keynésiennes: on stimule la croissance via la
consommation : hausse des dépenses, stimulation de l’offre. Mais dynamique de hausse des flux non-durables de matières.
Solution: recherche de stabilité économique, non pas basée sur la croissance perpétuelle, mais à l’échelle écologique.
4 Pistes de sortie de la crise économique:
- 1. Rien faire: relance de l’économie dans le temps car suite à la hausse chômage, les salaires diminuent, déflation, baisse des
prix des biens, hausse de la demande des biens, hausse de la demande de travail. Inacceptable: pauvreté, long-terme, risque de
transition longue, pénible.
- 2. Expansion monétaire (injection d’argent): stimuler le crédit, plus de capitaux pour investir, baisse du coût de la dette des
consommateurs, hausse de la consommation = importations. Risque: dette publique/ privée, crise financière.
- 3. Baisse des taxes, hausse des prestations sociales pour booster les dépenses. Risque: peu de contrôle sur la nature des
dépenses, hausse des importations, épargne (paradoxe de l’épargne de Keynes); pas de relance de l’offre domestique.
- 4. Investissements dans l’avenir (contrôle des dépenses), à l’image du New Deal de Roosevelt, 30’s: travaux publics massifs 4%
PIB – routes, écoles, etc: peu d’impacts à court terme, pas de reprise économique totale immédiate, mais effets de long terme
considérables. Financement: bons d’Etat; reforme fiscale écologique; achat des parts dans les actifs (énergétiques, transports,
industrie).
Domaines d’actions:
• Réduction des coûts énergétiques et des matériaux (technologies propres, transformer chaque bâtiment en centrale électrique);
• Réduction de la dépendance énergétique en termes de coûts des importations et d’exposition géo-politique;
• Stimuler l’emploi dans les industries de l’environnement (l’armée du carbone);
• Protéger les actifs écologiques (agriculture durable, les villes durables). Retour: réduction des coûts des soins de santé; des embouteillages; de la
pollution.

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1° Transformation du PIB
Quel modèle de comportement des agrégats macroéconomiques (production, consommation, investissement,
échanges commerciaux, stock de capital, dépenses publiques, travail, masse monétaire) sans accumulation du capital?
• PIB = C + G + I + X
• Y (~PIB) = PL x L.
• Modèle classique: basé sur la hausse de la productivité du travail PL : baisse de la productivité du travail (par salarié)
• Nouveau modèle: partage du travail (20h), réduction du temps de travail, partage des revenus
• Dépenses publiques (=INV) pour une dynamique économique et sociale durable (à l’inverse des aides directes aux secteurs
financier, de l’automobile, etc):
- Relance économique des secteurs intensifs en main d’œuvre (bâtiments efficaces en énergie, réseaux électriques
intelligents, énergies renouvelables, transports collectifs urbains/fret ferroviaire), nouvelle G° d’agrocarburants (algues).
- L’emploi dans le secteur public: baisse du chômage, création d’un salaire social = salaires + soins de santé + dépenses
d’éducation, de services sociaux.
• PK? Quelle rentabilité financière de ces investissements? Certains projets sont déjà concurrentiels avec les projets
classiques (ENR), d’autres auront des retours plus longs, d’autres pas à la hauteur des marchés financiers traditionnels. Ex:
aucune contribution à l’offre globale du renouvellement des zones humides.
• Besoin de l’Etat pour changer les termes des investissements ou la propriété des actifs.
• Nouvel équilibre consommation – investissement, secteur public – secteur privé, renégociation des
indicateurs de productivité, rentabilité. 24

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2°. Le Green Deal de l’Union Européenne

Le pacte vert pour l’Europe = 1000 Mld € d’investissements sur


la période 2021-2027 pour une transition juste et inclusive.

Plan d’action :
• promouvoir l’utilisation efficace des ressources en passant à
une économie propre et circulaire;
• restaurer la biodiversité et réduire la pollution;
• la neutralité climatique en 2050.

Actions sectorielles :
•investir dans des technologies respectueuses de l’environnement;
•soutenir l’innovation dans l’industrie;
•déployer des moyens de transport privé et public plus propres, plus abordables et plus sains;
•décarboner le secteur de l’énergie;
•améliorer l’efficacité énergétique des bâtiments;
•travailler avec des partenaires internationaux pour améliorer les normes environnementales mondiales.
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https://ec.europa.eu/info/strategy/priorities-2019-2024/european-green-deal_fr

3°. Le Plan de Relance français = 1/3 Transition Ecologique


Plan de 100 Mld € sur 2021-2023 (=4.16% PIB 2019), sans Quel montant dans l’idéal?
hausse d’impôts. 4% PIB (Krugman), dont 20-50% relance verte
(Commission Dév Dur, UK).
Objectifs:
- retrouver dès 2022 un niveau de richesse nationale
équivalent au niveau d'avant la crise;
- créer 160.000 postes d'ici 2022;
- réindustrialiser la France
- des "contreparties environnementales" seront demandées
aux entreprises en échange de l'aide de l'État.

Moyens sectoriels:
- 7 Mld € à la rénovation énergétique des bâtiments publics
(écoles, université, etc.) et pour les ménages (via la prime
Maprimerénov‘).
- 15 Mld € à l'innovation et aux relocalisations.
- Contrepartie: les entreprises du bâtiment et de la
construction doivent faire travailler le moins possible
les travailleurs détachés, privilégier l'embauche de
26
jeunes.

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Solutions de la décroissance

La décroissance c’est une réflexion sur notre responsabilité face à la dégradation des stocks d’énergie libre et face
aux générations futures: dans quelle proportion devons-nous réduire et freiner l’épuisement des stocks d’énergie
qui disparaitront quoique l’on fasse?
• Il ne s’agit ni de l’état stationnaire des vieux classiques, ni d’une forme de régression, de sécession ou
de croissance négative, ni même de croissance zéro, mais de promouvoir un modèle de société qui ne
consomme pas plus de ressources que celles disponibles sur une seule planète = diminuer
l’empreinte écologique. Stratégies:
• Développement durable: améliorer l’éco-efficience des outils technologiques, en les rendant moins
polluants et moins énergivores (attention aux effets rebond).
• Diminuer la production et la consommation de biens.
• Décroître jusqu’où?
• jusqu’à ce que la consommation globale, équitablement répartie, ne dépasse pas la surface terrestre et
l’énergie dont nous disposons: celle qui correspond à une seule planète.

Exercice. Calculez le taux annuel de croissance du PIB mondial pour atteindre une baisse de 10% en 2050 par
rapport à 2015. Quelle répartition entre pays riches - pays pauvres ?
27

Piliers

• Sobriété / démanteler la culture du consumérisme des biens matériels


o Le bien et le bonheur peuvent s'accomplir à moindres frais. La plupart des sagesses
considèrent que le bonheur se réalise dans la satisfaction d'un nombre judicieusement
limité de besoins. Redécouvrir la vraie richesse dans l'épanouissement de relations
sociales conviviales dans un monde sain peut se réaliser avec sérénité dans la
frugalité, la sobriété voire une certaine austérité dans la consommation matérielle.
o Réviser les comptes nationaux
• Transition écologique/ énergétique
o Efficacité énergétique
o Energies renouvelables en substitution aux fossiles
o Investir dans l’emploi, les actifs et l’infrastructure
• Renforcer le capital social
o Revoir la politique du temps de travail
o Lutter contre les inégalités systémiques

http://www.decroissance.org/textes/latouche.htm 28

14
3/30/2023

Chapitre 2. Remarques finales


• 1. La question pertinente n’est pas « croissance ou décroissance » mais quel contenu
pour la croissance ?
• Dans la pensée de la décroissance, il y a l’idée 1) qu’il faut cesser de vouloir sans cesse produire
plus au détriment de la nature; et 2) qu’il faut, à la place de tenter de produire plus, produire
autrement (mieux et avec moins).
• La métaphore du changement de direction est au cœur de la philosophie de la décroissance.
• 2. Il n’existe pas de développement économique et de progrès social sans ressources
naturelles.
• Besoin de redéfinir la frontière des activités économiques à l’échelle écologique.
• 3. Il n’y a pas de gestion possible des ressources naturelles sans rationalité
économique et solidarité.
• Nécessité d’amener la croissance sur des trajectoires de soutenabilité forte: basée sur les
interrelations entre les systèmes socio-économiques et la biosphère, dans un souci d’équité.

29

Annexe

https://www.ac-orleans-
tours.fr/fileadmin/user_upload/ses/ressources_pedagogiques/02_terminale/03_ens_specifique/00_sources 30
_croissance/maj_donnees_stat/croissance_fluctuations_maj_graphiques.pdf

15
3/30/2023

Les moyens à mettre en œuvre


Stratégies de décroissance: les 10 R

• 1. Retrouver une empreinte écologique soutenable ;


• 2. Réduire les transports en internalisant les coûts par des écotaxes appropriées ;
• 3. Relocaliser les activités ;
• 4. Restaurer l’agriculture paysanne ;
• 5. Réaffecter les gains de productivité en réduction du temps de travail et en création d’emploi ;
• 6. Relancer la « production » de biens relationnels ;
• 7. Réduire le gaspillage d’énergie d’un facteur 4 ;
• 8. Restreindre fortement l’espace publicitaire ;
• 9. Réorienter la recherche technoscientifique ;
• 10. Se Réapproprier l’argent.

31

Green Deal: domaines d'action

• Biodiversité. Mesures visant à protéger notre fragile écosystème


• De la ferme à la table. Les moyens de garantir une chaîne alimentaire plus durable
• Agriculture durable. La durabilité dans l’agriculture et les zones rurales de l’UE grâce à la
politique agricole commune (PAC)
• Une énergie propre. Développement des énergies renouvelables
• Industrie durable. Moyens de garantir des cycles de production plus durables et plus
respectueux de l’environnement
• Construction et rénovation. Nécessité d’un secteur de la construction plus propre
• Mobilité durable. Promouvoir des moyens de transport plus durables (train, vélo, etc)
• Élimination de la pollution. Mesures visant à réduire la pollution de manière rapide et
efficace
• Action pour le climat. Rendre l'UE climatiquement neutre d'ici à 2050

32

16
4/3/2023

Economie du développement durable

Plan
1. Economie circulaire
2. Décroissance et développement durable
3. Indicateurs du développement durable

Références
• https://www.cairn.info/load_pdf.php?download=1&ID_ARTICLE=GES_122_0181
• INSEE. La France et les objectifs de développement durable, 2019. https://www.insee.fr/fr/statistiques/fichier/4181438/ECOFRA19c_D1_ODD.pdf
• Service de l'observation et des statistiques (SOeS, ex-Institut français de l'environnement – IFEN), https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/
• https://www.footprintcalculator.org/

Rodica.loisel@univ-nantes.fr 1

PLAN

1. Les indicateurs du développement durable


1.1. Caractéristiques générales. Fonctions. Les dimensions du DD
1.2. Indicateurs du développement durable
- Les 17 ODD des Nations Unis ;
- Analyse des IDD : quelle représentation ?
2. Méthodes de calcul et représentation des IDD
2.1. Calcul de l’IDH
2.2. Analyse comparative des ODD. Analyse par score

1
4/3/2023

1. Caractéristiques générales des indicateurs


• Etre représentatif du système choisi
• Refléter le cadre conceptuel défini, les structures et les dynamiques
du système considéré.
• Avoir une base scientifique: données
• Etre fait à partir d’un modèle défini, possédant une validité
analytique, rigueur scientifique lors de l’élaboration, de la collecte des
données, de l’interprétation et de l’utilisation de l’indicateur.
• Etre quantifiable
• Les données doivent être disponibles, facilement utilisables,
cohérentes pour permettre les comparaisons et l’agrégation.
• Etre sensible et fiable dans le temps: fonction (temps)
• Permettre d’appréhender l’évolution, dans le long terme, des
phénomènes étudiés.
• Etre adapté au groupe cible
• La présentation des indicateurs doit être fonction du public auquel ils
s’adressent, informatif, facilement compréhensible, constituer une
information attractive. Loi E : 50% nuc, 30% enr

Exemple d’IDD dans l’entreprise: salariés (déplacement, alimentation); énergie (éclairage, chauffage), transports versus
3
visioconférences. Activité indirecte: les fournisseurs. Toute la chaine de valeur.

Les fonctions des indicateurs


• Simplification : réduire le nombre de données et la complexité du phénomène, faciliter sa compréhension.
• Quantifier des phénomènes complexes.
• Les indicateurs sont utilisés en situation d’incertitude par rapport à un phénomène ne pouvant être explicité par des mécanismes classiques.

• Communiquer, envoyer un signal d’alarme, sensibiliser l’opinion, mobiliser, légitimer les mesures publiques.

• Aider à interpréter le monde. Aider à la planification


L’indicateur peut permettre d’identifier les problèmes d’allocation des ressources
socio-économiques, d’évaluer les politiques a posteriori. Il offre des données
chiffrées, des concepts appropriés pour guider l’action. Les indicateurs ne sont ni
neutres, ni objectifs, dans la mesure où ils correspondent à une lecture particulière
du réel, issue d’un modèle théorique et d’une approche scientifique. Dans le cas du
développement durable, où il n’existe pas de consensus: il est indispensable
d’argumenter le choix des indicateurs en livrant sa vision propre du développement
durable (éco, soc, env).

• Peuvent apporter une vision partielle du réel


Les indicateurs ne peuvent pas prendre en compte la totalité des
dimensions du domaine étudié ; d’où l’importance d’analyser les besoins
de l’acteur auquel on s’adresse.
Sont marqués d’un fort pragmatisme, compte tenu des lacunes de
l’information et des données disponibles face aux besoins des divers
utilisateurs potentiels. Un indicateur est un outil complexe qui va au-delà
d’une simple représentation chiffrée d’une situation particulière. Sa qualité
dépendra de son lecteur autant que de sa construction. 4

2
4/3/2023

Les particularités des indicateurs de développement durable

• Transversalité disciplinaire et institutionnelle ;


• Contenu normatif : indiquer, par exemple, sur quel niveau de substitution entre capital et capital
naturel est construit l’indicateur ;
• Avoir une valeur explicative, permettre de comprendre un processus de développement,
particulièrement en dynamique (long terme) ;
• Etre appropriables: « parler » aux acteurs (encore plus que pour d’autres domaines de réflexion,
le concept de développement durable étant multi-facettes) ;
• Permettre aux acteurs de dialoguer, d’être de bons vecteurs de communication ;
• En l’absence d’objectifs de développement durable partagés : permettre de progresser dans la
définition de ces objectifs, donner des clés pour arbitrer entre des objectifs contradictoires.
L’empreinte écologique apparaît comme un indicateur, moins de durabilité, plus de pression
environnementale, un outil de communication sur le développement durable.

Les dimensions du développement durable


1. Effets de l’activité économique sur l’environnement (par
exemple, utilisation des ressources, rejets de polluants,
déchets).
2. Services apportés à l’économie par l’environnement (par
exemple, ressources naturelles, fonctions de « puits »,
contributions à l’efficience économique et à l’emploi).
3. Services apportés à la société par l’environnement (par
exemple, accès aux ressources et aux aménités, contributions
à la santé et aux conditions de vie et de travail).
4. Effets des variables sociales sur l’environnement (par exemple,
changements démographiques, modes de consommation,
éducation et information en matière d’environnement, cadres
institutionnels et juridiques).
5. Effets des variables sociales sur l’économie (par exemple,
structure de la main-d’œuvre, de la population et des
ménages, éducation et formation, niveaux de consommation,
cadres institutionnels et juridiques).
6. Effets de l’activité économique sur la société (par exemple, Source: OCDE (2006)
niveaux de revenu, équité, emploi) https://www.oecd.org/fr/sdd/36328924.pdf 6

3
4/3/2023

Exemple d’indicateurs par dimension du DD

Source: OCDE (2006)


https://www.oecd.org/fr/sdd/36328924.pdf
7

Les 17 ODD des Nations Unies


Historiquement, Objectifs du Développement Durable
comparaison des pays
grâce au PIB (seul
indicateur commun à tous
les pays), dont la limite
bien connue est qu’il ne
mesure pas le bien-être
des populations.
En 2015, 193 pays
membres des Nations
Unies ont défini des
objectifs planétaires
ambitieux visant trois
grands piliers :
– éradiquer la pauvreté ;
– lutter contre les
inégalités et l’injustice ;
– résoudre le problème du
changement climatique. 8

4
4/3/2023

Comment les statisticiens mesurent l’atteinte des ODD ?

La multitude des objectifs et des


sous-classes d’objectifs et leur
interdépendance rendent complexe
leur lecture.
La majorité des indicateurs sont non
statistiques et comportent des
données non mesurables par
définition.

Besoin de grouper les indicateurs par


dimension (environnement,
économie, société)
(fig à droite) : l’état de la biosphère et
la bonne santé de la société sont les
conditions nécessaires à une société
viable, à une économie durable. https://www.fromtheinsight.com/gouvernance/mesure-des-
objectifs-de-developpement-durable-defi-statistique/ 9

Représention des ODD

Etapes clés :
- Graphiquement :
Identifier les classes
par code couleur ;
- Statistiquement :
définir un référentiel
commun, fixer des
cibles par objectifs ;
- Mesurer la distance
à la cible.

https://www.oecd-ilibrary.org/sites/b9facf1e-
fr/index.html?itemId=/content/component/b9facf1e-fr
10

5
4/3/2023

Représention des ODD

• La France comme la
grande majorité des
pays est très loin
d’atteindre les Objectifs
de Développement
Durable.

https://www.fromtheinsight.com/gouvernance/mesure-des-
objectifs-de-developpement-durable-defi-statistique/ 11

2. Méthodes d’analyse des IDD

Méthodes d’analyse des IDD:


• Indices simples
• Tableaux de bord
• Hiérarchisation
• Pondération
• Agrégation
• Recherche de transversalité
• Utilisation des indices globaux ou sectoriels
• Indices composites
Très peu de systèmes utilisent les indices globaux : Environmental Sustainability
Index, le Genuine Progress Indicator, l’indice de bien-être économique et social,
l’indice de développement humain ou le Globalization Index.
• Indice souvent utilisé : l’empreinte écologique (voir Annexe).
https://www.environnement.gouv.qc.ca/developpement/indicateurs/analyscomp.pdf 12

6
4/3/2023

Calcul de l’IDH
• L'indice de développement humain est un indicateur statistique créé par le PNUD en 1990
(Amartya Sen et Mahbub ul Haq) visant à évaluer le taux de développement humain des pays;
• IDH = indice statistique composite (sans dimension) compris entre 0 (mauvais) et 1 (excellent), la
moyenne de trois indices :
• la santé / longévité (l'espérance de vie à la naissance), qui permet de mesurer indirectement la satisfaction des
besoins matériels essentiels tels que l'accès à une alimentation saine, à l'eau potable, à un logement décent, aux
soins médicaux.
• le savoir ou niveau d'éducation, mesuré par la durée moyenne de scolarisation pour les adultes de plus de 25 ans et
la durée attendue de scolarisation pour les enfants d'âge scolaire. Il traduit la satisfaction des besoins immatériels
tels que la capacité à participer aux prises de décision sur le lieu de travail ou dans la société ;
• le niveau de vie (logarithme du revenu brut par habitant en parité de pouvoir d'achat), afin d'englober les éléments
de la qualité de vie qui ne sont pas décrits par les deux premiers indices tels que la mobilité ou l'accès à la culture.

13

La performance de chaque sous-indice (ou indice


dimensionnel) est exprimée sous la forme d’une
valeur entre 0 et 1:

é
Sous-indicateur =

14

7
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15

Méthode de distance parcourue jusqu’à la cible.


Score par moyenne pondérée
• Outil analytique qui permet de quantifier la
performance en termes de réalisation et la
visualisation des écarts entre l’état actuel et les
objectifs (Target). La mesure de ces écarts repose
sur le calcul d’un indicateur dont la valeur est
comprise entre 0 et 100.
• L’approche adoptée pour le calcul de la distance est
le rapport entre la valeur réelle et la valeur souhaitée
(lorsque la direction de l’indicateur est souhaitée à la
hausse); ou le rapport entre le Target et la réalisation
(lorsque la direction souhaitée est à la baisse):
Le résultat de l’indicateur est interprété comme la
Indicateur+ = Valeur réelle / Target distance qui reste pour atteindre l’objectif ciblé
Indicateur - = Target / Valeur réelle défini comme la valeur de l’indicateur cible.

16
https://www.insee.fr/fr/statistiques/fichier/1373261/ECOFRA08c.PDF

8
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Comparaison des indicateurs de développement durable entre la France et l’Espagne


(fichier ODD.xls sous madoc)

Indicateur de développement durable sous-indicateur (u.m.) France Espagne Target OCDE


1. Éradication de la pauvreté population sous le seuil de pauvreté international (%) 1% 1% 0
2. Lutte contre la faim /malnutrition taux d'obésité dans la population (%) 17% 16.70% 0%
3. Accès à la santé taux de suicide/ 100 000 hab (%) 12.20% 6.90% 0%
4. Accès à une éducation de qualité part des enfants ayant terminé l'école primaire (%) 96% 96% 100%
5. Égalité entre les sexes minutes de travail des femmes non payé/hommes 1330 143 0
6. Accès à l'eau salubre et à l'assainissement
accès à l'eau potable + travaux de réduction pertes etc 95% 98% 100%
7. Recours aux énergies renouvelables accès à l'électr 100%; ici taux d'ENR (%) 20% 32% 58%
8. Accès à des emplois décents taux de chômage, % 7.5% 17% 4.50%
9. Bâtir une infrastructure résiliente, promouvoir
part duune
PIBindustrialisation
consacrée à la R&D
durable
(%) qui profite à tous et encourager
2.35%
l'innovation
1.20% 3.20%
10. Réduction des inégalités % de la population pauvre 7.00% 15.5% 5.40%
11. Villes et communautés durables % de recyclage et compostage des déchets municipaux 30% 33% 57%
12. Consommation et production responsables conso matière première domestique par PIB, t/€ 0.19 0.21 0.17
13. Lutte contre le changement climatiqueintensité PIB/CO2 4.00 6.38 8.40
14. Vie aquatique % des zones marines protegées 7.00% 8% 10%
15. Vie terrestre couverture du pays par les forêts 31% 31% 17%
16. Justice et paix % de prisonniers en attente de jugement dans la population carcérale 26% 13% 9.70%
17. Partenariats pour la réalisation des objectifs.
revenus Etat /PIB (%) 58% 37.92% 44%
17

Annexe

18

9
4/3/2023

Annexe

19

Annexe L’EE : le jour du dépassement


• Le jour du dépassement (overshoot day) = date à
partir de laquelle l’EE dépasse la biocapacité de la
planète.
• concept développé par l’ONG Global Footprint Network
pour sensibiliser les citoyens au modèle non durable du
développement.

• En 2019 : la date du jour de dépassement


écologique, où l’humanité commence à vivre à
crédit = le 31 juillet.
• En 1990: le 11 octobre.
• En 2030: au rythme constant, il faudra deux planètes pour
couvrir les besoins de l'humanité

• Le jour du dépassement calculé par pays est le jour


où le dépassement mondial se produirait si toute la
population mondiale consommait comme la
population du pays en question.
• Ex France: La date du Jour du dépassement rapporte
l’empreinte des Français à la biocapacité au niveau mondial.
France, 2018: crédit écologique à partir du 5 mai.
Source: Rapport WWF “L’autre déficit de la France” 20

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Annexe L’empreinte écologique : Principe


• Définition. L’empreinte écologique d’un territoire mesure la surface nécessaire pour produire les ressources consommées
par la population et pour absorber les déchets qu’elle produit (William Rees & Mathis Wackernagel, 1995).
• Usage: aide à la prise de décision des industriels, acteurs publics lors des choix d’investissement.
• Hypothèse de base: durabilité forte - pas ou peu de substituabilité entre ressources naturelles et technologies.

Etapes:
- Calcul de la superficie du sol nécessaire pour la
production d’articles de consommation.
- Calcul de la consommation annuelle, pour un
individu moyen, d’articles de consommation.
- Somme de toutes les superficies de sol
calculées pour tous les articles de biens et de
services de consommation achetés au cours de
l’année.
- Calcul du Point pivot : le jour du dépassement
21

L’Offre: Déterminer la biocapacité d’un territoire Annexe


• La superficie productive (ou capacité biologique ou biocapacité) est la capacité des écosystèmes terrestres et
marins à produire des ressources dans la limite de leur taux de régénération et à absorber les déchets produits
par l’activité humaine. La biocapacité est l’offre disponible de l’EE.
• Environ un quart de la superficie de la terre est considéré comme biologiquement productif.
• La capacité biologique de la terre est divisée en six catégories de surface : les sols construits, les forêts, les
pâturages permanents, les terres cultivées, les zones de pêches et les sols carbone.
• Les sols carbone représentent la surface de forêts qui serait nécessaire pour absorber les émissions de CO2 du territoire
diminuée de la quantité absorbée par les océans (soit 30 %).
• Biocapacité (gha) = superficie productive (ha) x facteur d’équivalence (gha/ha) x facteur de rendement
• La bioproductivité (production par an et
par hectare) est exprimée en termes de
production de biomasse et d’activité
photosynthétique.
• gha (global hectare) = hectare global = un
hectare d’espace biologiquement
productif.

Les sols construits (infr, logement) =


plus productif que les sols agricoles.
22

11
4/3/2023

Annexe La Demande: Déterminer l’empreinte

Objectif: Evaluer la consommation de la population concernée, la convertir en hectares globaux et faire le rapport avec sa
capacité biologique. La consommation (C) est égale à la somme de la production (P) du territoire et des importations (I)
réalisées durant l’année considérée, diminuée des importations (X).
C = P + I –X

Etapes:
1. Calcul de la consommation moyenne d’un bien n (Cn,
kg/an) pour chaque article (n) consommé par la population
du territoire.
2. Calcul de la surface (Sn, ha) nécessaire à la production de
l’article (n), soit le rapport entre la consommation moyenne
annuelle et sa productivité annuelle moyenne (pn, t/ha/an ou
GJ/ha/an):

3. Calcul de l’empreinte écologique du territoire, somme des


surfaces Sn:

23

Annexe
L’Empreinte écologique au niveau mondial
L’empreinte environnementale par personne est de
2,7 hag au niveau mondial, avec de très fortes
disparités. Certains pays sont des débiteurs
écologiques: ils consomment plus de ressources
qu’ils n’ont à disposition dans leur pays. D’autres
pays sont des créditeurs écologiques: ils disposent
d’une surface bioproductive plus que suffisante pour
répondre à leurs besoins.
La pression environnementale exercée par les pays
industrialisés = largement supérieure au niveau
soutenable: leur empreinte écologique = 20 fois
supérieure à celle des pays les moins développés.
• Les États-Unis, le Qatar et les Émirats arabes ont
une empreinte écologique par personne
supérieure à 8 hag, environ trois fois plus élevée Source: Rapport WWF “L’autre déficit de la France”
que la moyenne mondiale.
• Comment l’énergie joue sur l’EE?
24

12
4/3/2023

Annexe L’Empreinte écologique au niveau national

- Deux tiers de l’empreinte écologique d’un Français


provient de l’alimentation, des dépenses d’énergie
du logement (chauffage) et des déplacements.
- Solutions de réduction de l’empreinte =
disponibles :
• Alimentation d’origine biologique;
• Energies renouvelables: au prix des énergies fossiles;
• Transport: trottinettes, vélos, scooters, bus, trams,
voitures électriques;
• Logement: maisons à énergie positive.
- Depuis 1961, la France aurait accumulé
l’équivalent de plus de 33 années de dette
écologique sans avoir réussi à marquer de
progression majeure dans la transition.

https://www.comwatt.com/blog/energie/actu/developpement-
durable/comment-reduire-mon-empreinte-carbone/
25

Empreinte écologique en France Annexe

Solutions:
• Alimentation: Loi alimentation, révision de la
Politique Agricole Commune, Stratégie Nationale de
lutte contre la Déforestation Importée, Projet de Loi
de Finance, révision de la directive RED.
• Transport: Basculer vers des villes « à basses
émissions » grâce à la mise en place de zones à
circulation restreinte (ZCR), modification de la voirie
en faveur des transports en commun et modes
actifs, limitation du trafic routier, des nuisances,
généralisation du 30 km/h.
• Energie: développement des ENR; loi PPE; scénarios
100% renouvelables (negaWatt 2050; Ademe; RTE).

26

13
4/3/2023

Annexe L’EE au niveau territorial


• Méthode:
• Ajustement des moyennes nationales aux moyennes territoriales (C, P)
• Calcul de la matrice territoriale à partir de la matrice des consommations nationales ou des flux
monétaires entrée-sortie, basé sur des statistiques régionales
• Autres analyses territoriales : ACV de produits, AFM (analyses des flux de matières du territoire).
• Exemples:
• La communauté urbaine du Grand Lyon: EE dans le développement des projets urbains, analyse des
scénarios d’éco-quartier (réhabilitation des logements, du centre commercial, du groupe scolaire et
des services de transports en commun), éco-conception, comparer des technologies, anticiper
l’empreinte des bâtiments.
• La Ville de Marseille : calcul des empreintes sectorielles, des scénarios d’impact des technologies
(chauffe-eau solaire, la mise aux normes thermiques d’un logement moyen, le rôle des transports).
• Dans les 5,21 ha/hab, les transports = 0,66 ha/hab (13 %) dont une grande partie est due aux déplacements en
avion. Difficile de valoriser une politique sectorielle telle que celle des transports en commun car faible
contribution à l’EE: l’impact de la création des lignes de tramway et l’extension du métro marseillais n’est que de
0,005 ha/hab, soit une diminution de 0,09 % de l’EE.

Ex Marseille:
27

Annexe
L’Empreinte écologique au niveau des entreprises
Motivations:
- Légale: les sociétés privées de plus de 500 salariés sont soumises à des obligations vis à vis de leur politique RSE et leur bilan carbone.
- Financière: réduction de la facture énergétique.
- RSE: baisse d’impact sur la santé des gens, l’environnement, le changement climatique; engagement éthique.
- Communication: amélioration d’image; labélisation.

Mesures: Quelques chiffres


- Diminuer la consommation d’énergie dans les locaux: domotique, Enercoop • 120 kg de déchets / salarié / an sur le
- Développer le Green IT, le low tech lieu de travail, dont 3/4 = papier: le
papier peut se recycler jusqu’à 7 fois et
- Sensibiliser les salariés sur les bonnes pratiques
évite 390 000 tonnes CO2 / an.
- Encourager l’usage des transports en commun • 30% des émissions de GES émanent du
- Autoriser le télétravail, activer le crédit mobilitié: flotte électrique trafic routier (2018) et 58 % des actifs
- Diminuer les déplacements, favoriser les visioconférences qui ont leur lieu de travail à moins d’un
- Encourager les circuits alimentaires courts (réduction trsp) km prennent la voiture pour s’y rendre.
- Organiser la gestion du papier
- La gestion collaborative des questions environnementales
https://www.a2com.fr/blog/12-idees-concretes-pour-
- La compensation carbone reduire-lempreinte-ecologique-de-votre-entreprise/

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4/3/2023

Annexe L’EE au niveau sectoriel: le numérique


Défis:
- la 5G
- le renouvellement des téléphones L'empreinte écologique du
- la durée de vie des terminaux numérique = entre 2 % et 10 %
- la consommation des data centers des émissions de GES en France.
- la question des usages.

Solutions
- (?) Interdiction des forfaits mobiles illimités, du lancement automatique des vidéos
- (?) Taxe sur les plus grandes plateformes de streaming vidéo
- (?) Mise en place d’une convention citoyenne sur les usages du numérique
- (?) Limitation des dispositifs les plus polluants tels que les objets connectés
- Le réemploi et la réparabilité des terminaux: vers une TVA réduite pour les appareils reconditionnés
- L’optimisation énergétique des data centers : ENR + récupération de la chaleur (air conditionné)
- Les usages du numérique.
https://www.novethic.fr/actualite/environnement/climat/isr-rse/la-timide-feuille-de-route-du-
gouvernement-pour-reduire-l-empreinte-environnementale-du-numerique-149096.html
29

Annexe
L’Empreinte écologique au niveau individuel

• Test : https://www.footprintcalculator.org/

• Logement. Prévisions: 70% - 80% de la population mondiale sera urbaine d'ici 2050. Stratégies de
planification et de développement urbain: les écoquartiers, les maisons passives ou bâtis à
énergie positive.
• Alimentation. Stratégies: choix alimentaires en circuit court; réduction du gaspillage; test d’une
nouvelle recette végétarienne - fréquence : une fois par mois, voire par semaine.
• Transport. Renoncer à un trajet mensuel en voiture, emprunter les transports publics, se déplacer
à pied ou à bicyclette. Fréquence: une fois par semaine au moins.
• Energie. Privilégier l'énergie issue de sources renouvelables.
• Les citoyens s’investissent dans le développement local des renouvelables en France, en participant au
montage de projet en lien avec les collectivités locales ou à travers les outils de finance participative.

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