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Economie de l’énergie

Lionel Lemiale (Nantes Université)


Lionel.lemiale@univ-nantes.fr

Nicolas Thollière (IMT Atlantique)


nicolas.thiolliere@subatech.in2p3.fr

Code : ECOEN
Objectifs
Le cours vise à développer les aptitudes des élèves-ingénieurs à comprendre les problématiques énergétiques,
avec un focus particulier sur l’électricité, par le prisme de l’analyse des coûts associées à la production
d’énergie mais aussi des impacts sociaux-économiques des choix énergétiques.

 Comprendre le fonctionnement du marché de l’énergie en général et de l’électricité en particulier


 savoir calculer les coûts de production (LCOE),
 dimensionner des projets d’énergies conventionnelles ou renouvelables (ENR) selon l’optique d’un opérateur
privé mais aussi d’un point sociétal,
 pouvoir effectuer une analyse coûts-bénéfices et proposer des indicateurs d’évaluation sociale
 Comprendre les scénarios de prospective énergétique
Organisation
 Nombre d’heures à l’EDT
38 heures de cours (20 HCM + 18 HTD en demi groupes)

Modalité d’examen
2 heures d’examen sur table
Questions de cours, QCM, exercices
Plan
Vend. 22-09 - Chapitre 1 : Développement, énergie et environnement Vend. 6-10 - Travaux Dirigés
TD 2.1 : Rentes, épuisement et production optimale
- Historique du développement économique TD 3.1. : Équilibrage réseau
- Débats sur le lien environnement-croissance

Vend. 13-10 - Travaux Dirigés


Vend. 29-09 - Chapitre 2 : L’énergie primaire TD 3.1 : Actualisation et LCOE nucléaire
- Le concept d’énergie TD 3.2. : Dimensionnement de ferme éolienne
- Pétrole et gaz
- Uranium
- ENR
Vend. 20-10 - Chapitre 4 : Marché de l’électricité
- Monopoles, Pouvoir de marché et Rente
- Analyse du mix électrique français
Vend. 6-10 - Chapitre 3 : Le coût de l’électricité - Libéralisation des marchés
- Cout actualisé de l’électricité
- Couts système et évaluation de projets

Vend. 20-10 - Travaux Dirigés


TD 3.1 : Actualisation et LCOE nucléaire
TD 3.2. : Dimensionnement de ferme éolienne
Plan
Vend. 27-10 - Chapitre 5 : Economie du changement climatique Vend. 10-11 - Travaux Dirigés
- changement climatique TD 4.1 : Mix optimal
- Les instruments de la politique climatique TD 4.2 : impacts macroéconomiques
- La politique européenne
- Les conséquences économiques des politiques climatiques
Vend. 17-11 - Travaux Dirigés
TD 4.3 : Tarification
TD 4.4 : Nouveaux modèles : Autoconsomation

Vend. 10-11 - Chapitre 5 : Economie du changement climatique


- changement climatique
- Les instruments de la politique climatique
Vend. 24-11 - Travaux Dirigés
TD 5.1 : Fiscalité carbone
- La politique européenne
TD 5.2 : Scénarios
- Les conséquences économiques des politiques climatiques

Vend. 15-12 - Devoir sur table


Chapitre 1
Croissance énergie et environnement
Objectifs

 Comprendre le processus de développement millénaire et ses conséquences

 Comprendre les débats sur les liens croissance et environnement


Section 1
Développement : une perspective millénaire
Les sources de la croissance
Deux siècles de croissance de la production et de la population
Croissance de la population
Les sources de la croissance
Sur le long terme, c’est l’amélioration de la combinaison productive qui est source de croissance

PIB français depuis 1820


 Population française en 1800  27 millions d’habitants (Source Maddison)

 Population française en 2000  60 millions d’habitants

 Population × 2,2 mais PIB × 36

 Chaque travailleur produit 18 fois plus aujourd’hui


Les sources de la croissance
La croissance provient d’un accroissement de la main d’œuvre et /ou d’une amélioration
de l’efficacité de la main d’œuvre (productivité).
Institutions, organisation des marchés,
éducation, innovation, environnement

Population employée

Investissement

« Le XXème siècle aura été avant tout celui de la productivité. Chacune des heures travaillées dans l’économie
française est en moyenne 16 fois plus efficace aujourd’hui qu’en 1896. Certains indicateurs ne trompent
pas. Ainsi, dans l’agriculture le volume de production agricole a été multiplié par 2,7 entre 1896 et 1998
alors que la main d’œuvre chutait de 8,2 millions à 1 million de personnes et que le temps de travail
annuel moyen passait de 3 047 heures à 2 220 heures. Ces fantastiques gains de productivité dans
l’agriculture ont aussi été réalisés dans l’industrie et dans la plupart des branches du tertiaire. »
Source : Alternatives économiques
Les sources de la croissance
Déclenchement de la RI
Accroissement de la productivité agricole (Enclosures)
Hausse du surplus agricole
Maîtrise de nouvelles sources énergétiques et développement du machinisme
(charbon pour la 1ère RI et pétrole et électricité pour la 2ème RI)
Accroissement de la productivité du travail
Hausse de la disponibilité des terres
Développement des transports (Chemin de fer)
Favorise les échanges
Réduit les risques de famine
Mais aussi évolutions institutionnelles et organisationnelles
Les sources de la croissance

Les différentes phases


de progrès technique

D’où vient le progrès


technique ?
Les sources de la croissance
Facteurs institutionnels :
Le niveau de productivité dépend des facteurs de
production :
 Organisation des marchés : règles institutionnelles
de coordination des décisions (réduction des coûts
 Qualité de la main d’œuvre (capital humain) de transaction)

 Innovations organisationnelles (division du travail)  Politique de régulation (politique de la


concurrence)
 Stock de capital par tête (investissement)
 Droits de propriété, incitations, confiance ….
 Qualité du capital (innovations technologiques)

… facteurs environnementaux ?

Développement peut-il être perpétuel ?


Quelles conséquences ?
Des pressions accrues sur l’environnement

Avant RI : flux entre biosphère et activités économiques limitées

Après RI : modification quantitative et qualitative des flux de prélèvements et


donc des rejets

 Emissions de gaz à effets de serre

 Rejets de produits toxiques difficilement assimilables par les écosystèmes

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Quelles conséquences ?
Des pressions accrues sur l’environnement Monde (1966 – 2015)

J. Deleuze (2017) Énergie et croissance La Revue de l’Énergie n° 635


Quelles conséquences ?

Tessier (2021) Une économie de l’hydrogène est-elle réalisable en pays de la Loire ?


Réflexions épistémologiques, Journée scientifique « Hydrogène, de la production aux
usages », Le Mans, 20 septembre 2021
Quelles conséquences ?

Les émissions cumulées de GES ont doublé depuis 1970 (en 40 ans) par rapport à la
période 1750 -1970.
Quelles conséquences ?
Un effet COVID ?

IAE (2021) Global Energy Review 2021 : Assessing the effects of economic recoveries on global energy demand and CO2 emissions in 2021
Quelles conséquences ?
Facteur
d’augmentation au
cours du XXème
siècle

Population 4
PIB 14
Production 40
industrielle
Consommation 13
d’énergie

Emissions de CO2 17
Emissions de SO2 13
Consommation 9
d’eau
Prise de poissons 35
marins • Réchauffement climatique
Superficie des forêts 0,8
• Epuisement des ressources
Source Laurent et Le Cacheux (2012)
Quelles conséquences ?
Les risques de changement climatique

https://www.francetvinfo.fr/monde/environnement/crise-climatique/crise-climatique-2022-a-ete-la-deuxieme-annee-la-plus-chaude-en-
europe_5594259.html

21
Quelles conséquences ?
Les conséquences « élargies » du réchauffement climatique

22
un scénario dit « Stated Policies », qui correspond à une évolution tendancielle
du système énergétique sur la base des mesures politiques déjà mises en place
et des initiatives en cours de développement. la quasi-totalité de la hausse de la
demande d'énergie d’ici à 2050 pourrait certes être couverte par des sources bas
carbone selon ce scénario mais les émissions annuelles de CO2 resteraient à cet
Quelles évolutions?
horizon « proches des niveaux actuels ». Et la hausse globale de température
entre l’ère préindustrielle et 2100 serait alors proche de 2,6°C selon l'AIE.

un scénario dit « Announced Pledges », qui « parie » sur la mise en œuvre des
nouveaux engagements de réduction des émissions de gaz à effet de serre
annoncés par les pays en vue de la COP26. Si ceux-ci sont atteints, ils pourraient
permettre de faire chuter de 40% les émissions mondiales de CO2 liées à
l’énergie d’ici à 2050 selon l'AIE. Dans ce scénario, l'Agence estime entre autres
que la hausse rapide des véhicules électriques et les progrès d’efficacité
énergétique pourraient permettre d’atteindre un pic de la demande mondiale de
pétrole « aux alentours de 2025 ». Ce scénario pourrait conduire à une hausse
de la température mondiale moyenne de 2,1°C d'ici à 2100 par rapport aux
niveaux préindustriels selon l'AIE (cette température ne serait « toujours pas
stabilisée », précise l’Agence)

IEA (2021) World Energy Outlook 2021


un scénario dit « Net Zero » présentant les transformations jugées nécessaires
pour réduire à zéro les émissions nettes de CO2 dans le monde à l’horizon 2050
(afin de limiter à 1,5°C la hausse de la température mondiale moyenne par
rapport à l’ère préindustrielle) dans lequel elle envisage entre autres une chute
d'ici à 2050 des consommations mondiales de pétrole de 75% (près de 90 L’AIE veut peser sur la COP26 avec un « manuel » contenant différents scénarios
énergétiques, Connaissance des Energie , 13 octobre 2021
millions de barils par jour en 2020, 24 Mb/j en 2050), de gaz naturel de 55% et
de charbon de 90% ;
Une lente prise de conscience
Séries de catastrophes écologiques qui conduit à une prise de conscience dans l’opinion publique.

Jusque dans les années 1970 : pas de remise en cause de la croissance mais volonté de limiter les
risques écologiques

A partir de 1970-80 : émergence de problèmes globaux caractérisés par


 Une dimension planétaire
 Sentiment d’un dilemme croissance-environnement
 Forte incertitude sur les causes et les dommages
 remise en cause du concept de croissance et émergence de la notion de développement durable
Une lente prise de conscience
Mi 1950 Catastrophe Minamata
1967 (18 mars) - marée noire (Torrey Canyon), 119 000 tonnes de brut déversées au large des
Cornouailles
1976, un nuage toxique s’ échappe d’une usine chimique à Seveso
1978 (16 mars) - marée noire sur les côtes de Bretagne, 223 000 tonnes de pétrole brut déversées
(Amoco Cadiz)
1979 (28 mars) - accident nucléaire aux USA (Three Mile Island)
Années 1980 - médiatisation des effets des pluies acides (attribuées aux émissions de dioxyde de
soufre et d’azote)
1984 (3 décembre) - catastrophe à Bhopal en Inde (Union Carbide : fuite de 30 tonnes de méthyl
isocyanate), plus de 2 800 morts, graves lésions respiratoires et oculaires pour plus de 20 000
personnes
1986 (26 avril) - explosion de réacteur nucléaire en URSS (Tchernobyl) : bilans contradictoires,
Greenpeace a publié un rapport inédit qui conclut à 200 000 décès et estime le nombre futur de
cancers à 250 000
Une lente prise de conscience
1989 (24 mars) - marée noire sur les côtes de l’Alaska (Exxon Valdez), 37 000 tonnes de brut déversées
1995 - apparition de la maladie de Creutzfeld- Jakob. Environ 100 personnes ont succombé à la maladie dans
le monde
1999 (12 décembre) – marée noire (Erika) 12 000 tonnes de brut déversées au large des côtes bretonnes
1999 (Décembre) - une tempête de forte amplitude balaie l’Ouest de l’Europe, environ 90 morts, 1 million
d’hectares de forêts ravagés et 6 milliards d’euros d’indemnisation par les assurances
2001 – épidémie de fièvre aphteuse dans les Etats membres de l’Union européenne
2002 – marée noire (Prestige), 77 000 tonnes de brut déversées au large des côtes espagnoles
2003 (Août) – une vague de chaleur exceptionnelle fait en France de 14 000 à 15 000 victimes
2005 (Août) – les inondations en Europe font au moins 70 victimes
2010 : explosion d’une plateforme pétrolière de BP dans le golfe du Mexique
2010 : tempête Xynthia, 65 morts dont 53 en France
2011 raz de marée et accident nucléaire à Fukushima (20 000 morts et disparus)
Les débats
Les visions pessimistes
Malthus
Jevons (1865), The Coal Question

Rapport Meadows (1972), Halte à la croissance ?

Objectif : explorer les interdépendances entre 5 Déterminent plusieurs scénarios en


tendances majeures de la croissance au 20ème siècle :
fonction d’hypothèses
• Explosion démographique  Taux de croissance de la population
• Production alimentaire  Stock de ressources
• Industrialisation  Techniques de dépollution etc…
• Épuisement des ressources naturelles
• Pollution
Le rapport Meadows
« Cela nous permet d’affirmer
avec une quasi-certitude
que, au cas où aucun
changement n’interviendrait
dans notre système actuel,
l’expansion démographique
et l’expansion économique
s’arrêteraient au plus tard
au cours du siècle prochain
(avant l’an 2100) »

Cause : épuisement des


ressources qui limitent les
capacités d’investissement
nécessaires au maintien de
la production industrielle et
entraine in fine
l’effondrement de toutes les
activités (y. c. agricoles)
Le rapport Meadows
Hypothèse : les ressources sont illimitées

Effondrement en raison de la hausse de la


pollution
Le rapport Meadows
Equilibre stable si
• Stabilisation de la population (4 milliards)
• Arrêt de l’accroissement du capital productif
• Mais activités non consommatrices
d’environnement peuvent se développer
(éducation, culture, recherche…)

 Réorientation de la croissance
Critiques
Rapport très critiqué en raison de
• Son caractère « malthusien »
• De la faiblesse des possibilités de substitution entre les inputs
• Du lien important entre croissance et consommation de ressources (absence de découplage)

Les réponses vont s’attacher à montrer que le développement économique peut (spontanément ?)
non seulement repousser le mur de la rareté des ressources physiques mais aussi favoriser la
protection de l’environnement

Ressources = biens économiques (pas seulement physiques)


Les optimistes
Disponibilité des ressources physiques évolue en fonction de leur prix, du progrès technologique et
de la croissance

• Hausse de la productivité des procédés d’extraction ( de 1 point du taux de récupération du


pétrole correspond à une année de consommation)
• Baisse des coûts d’exploration
• augmentation des dépenses d'exploration et la rentabilité de gisements alternatifs.
• Gains d'efficacité

Limite : l'effet rebond


Les optimistes
Définition des réserves

• les réserves prouvées dites « 1P » qui désignent l’ensemble des quantités de pétrole dont
l'existence est établie et dont les chances de récupération et de rentabilisation sont d'au moins 90
%. C’est à ces réserves que l’on se réfère en général, notamment dans les publications
statistiques. Les compagnies pétrolières utilisent cette valeur lorsqu’elles veulent être certaines
de rentabiliser leurs investissements ;

• les réserves dites « 2P » (prouvées + probables) qui comptabilisent, pour un gisement identifié,
les quantités de pétrole ayant une probabilité égale ou supérieure à 50 % d'être économiquement
exploitables ;

• les réserves dites « 3 P » (prouvées + probables + possibles) qui désignent le volume maximum
du pétrole qui pourrait être extrait d’un gisement. Cette limite supérieure inclut toutes les
ressources qui ont une probabilité supérieure à 10 % d'être économiquement exploitables.
Les optimistes

Charbon  114 années

Source : https://www.connaissancedesenergies.org/bp-statistical-review-world-energy-2018-les-chiffres-cles-de-lenergie-dans-le-monde-180614
Les optimistes
La courbe de Kuznets
Grossman et Kruger (1994) estiment une relation en U inversé entre le niveau de revenu et la
pollution (ou les dégradations de l’environnement)
Les optimistes
La courbe de Kuznets

Les explications théoriques sont de 2 ordres :

• un effet lié à la production qui se distingue en :


• L’effet d’échelle : accroît les pressions sur l’environnement (à structure de production
donnée)
• L’effet de composition : modification de la structure du PIB, tendance à réduire ces
pressions ;
• L’effet technologique : lien positif entre niveau de richesse et innovations

• un effet lié à la demande


• l'environnement est un bien supérieur. Intérêt croissant pour les biens respectueux de
l’environnement de la part des consommateurs auxquels les entreprises seront incitées à
répondre.
La courbe de Kuznets : Exemple
Exemple : l’équation de Kaya 𝐶𝑂2 𝐸𝑁𝐸𝑅 𝑃𝐼𝐵
𝐶𝑂2 = × × × 𝑃𝑂𝑃
𝐸𝑁𝐸𝑅 𝑃𝐼𝐵 𝑃𝑂𝑃

Les émissions de CO2 dépendent

Du contenu en CO2 de l’énergie Effet de composition et/ou


De l’intensité énergétique du PIB technologique
Du PIB par tête
Effet d’échelle
Du niveau de la population

𝐶𝑂2 𝐸𝑁𝐸𝑅 𝑃𝐼𝐵


𝐶𝑂2 = + + + 𝑃𝑂𝑃
𝐸𝑁𝐸𝑅 𝑃𝐼𝐵 𝑃𝑂𝑃
Intensité énergétique

Intensité énergétique mondiale


110

100

90

80

70

60

50 Grubler et al . ( 2012 ) ‘Energy primer’ , in GEA , Global Energy Assessment – Toward a


1993

2006

2011

2016
1990
1991
1992

1994
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005

2007
2008
2009
2010

2012
2013
2014
2015

2017
2018

Sustainable Future . Cambridge and New York : Cambridge University Press and
Laxenburg , Austria : IIASA , Chapter 1 .
Banque Mondiale
https://trackingsdg7.esmap.org/results?p=Energy_Efficiency&i=Primary
Le mix énergétique mondial
Consommation mondiale Consommation mondiale
d’énergie primaire d’énergie finale

Source : AIE (2017) KEY WORLD ENERGY STATISTICS

Energies fossiles = 80%


Le mix énergétique mondial
Production d’électricité par source Charbon = 40%
L’intensité CO2 du PIB

La quantité de CO2 émise par unité de PIB dans le monde décroît de 1,6 % entre 2017 et 2018, un rythme proche de celui observé en
moyenne sur les dix dernières années (- 1,5 %). Cela traduit une croissance des émissions moins rapide que celle du PIB mondial (+ 3,6
% en 2018). Depuis 1990, la quantité de CO2 émise par unité de PIB a diminué d’un tiers dans le monde, tandis que le PIB lui-même a
été multiplié par 2,5.

La quantité de CO2 émise par unité de PIB a reculé de 30 % dans le monde depuis 1990, dont les 2/3 proviennent d’une amélioration de
l’efficacité énergétique du PIB
Découplage ?
Découplage ?
Et pour la France ?
La réduction du contenu en carbone
de l’énergie s’explique par
- Le développement du nucléaire
dans les années 1990
- Le déploiement des renouvelables
en fin de période
- Modification du mix énergétique
dans le résidentiel et le secteur
électrique ( + gaz)

la baisse de 18 % des émissions entre 1990 et 2016 peut ainsi s’expliquer par celles de l’intensité
énergétique de l’économie (- 26 %) et de l’intensité carbone de la consommation d’énergie primaire
(- 25 %), qui ont largement compensé la croissance démographique (+ 14 %) et la hausse du PIB par
habitant (+ 29 %)
CGDD (2018) Les facteurs d’évolution des émissions de CO2 liées à l’énergie en France entre 1990 et 2016
Découplage ?
Mais au niveau mondial, croissance du PIB supérieure à la baisse d’intensité en GES donc émissions s’accroissent.
⇒ Effet d’échelle l’emporte

E. Laurent (2012), FAUT-IL DÉCOURAGER LE DÉCOUPLAGE ? Revue de l'OFCE


Découplage ?

E. Laurent (2012), FAUT-IL DÉCOURAGER LE DÉCOUPLAGE ? Revue de l'OFCE


Les optimistes ?
La courbe de Kuznets existe-t-elle ?

• Impact des décisions publiques


• Impact de la localisation internationale
Quelles perspectives?
Pour réduire les émissions de 75 % d’ici 2050 tout en maintenant une croissance du PIB de 3% par an, il
faut que l’intensité carbone baisse de 6,5% par an
Retour sur le rapport Meadows
Turner (2008) a réalisé une comparaison des données historiques avec certains scénarios du rapport Meadows

« This paper focuses on a comparison of recently collated historical data for 1970–2000 with scenarios
presented in the Limits to Growth. The analysis shows that 30 years of historical data compare favorably with
key features of a business-as-usual scenario called the ‘‘standard run’’ scenario, which results in collapse of
the global system midway through the 21st century. The data do not compare well with other scenarios
involving comprehensive use of technology or stabilizing behaviour and policies. The results indicate the
particular importance of understanding and controlling global pollution. »
Retour sur le rapport Meadows

Source : Médiapart (2012)


Conclusion partielle
La croissance verte

Crifo et alii (2009) concluent leur rapport de la manière suivante :


« Observons avec attention que la pression anthropique sur les ressources « stratégiques » est telle
aujourd’hui qu’il est irréaliste et dangereux de compter sur des ressources nouvelles non encore
découvertes ou franchement sous-utilisées qui nous permettraient de nous affranchir de toute
contrainte. La « fuite en avant » consistant à parier qu’on trouvera bien des solutions techniques
permettant de pallier les destructions massives en cours, nous semble de l’ordre du déni et de
l’inconscience ou de la folie. Qu'on s’intéresse au dérèglement climatique, à l’érosion de la
biodiversité ou à la pression sur les ressources naturelles, il est clair que notre modèle
économique n’est pas soutenable au plan écologique, alors même qu’il est en cours de
généralisation. Une généralisation vivement espérée par les citoyens des pays en développement
ou émergents et vivement attendue aussi par les entreprises exportatrices des pays
développés. »
Conclusion partielle
La croissance verte

Le « marché » ne permettra pas spontanément de sortir de l’impasse.

• Sur le plan climatique : pas de prix au carbone ;

• Usage gratuit de services environnementaux (pollinisation, capacité d’absorption des océans)

• Décalage temporel entre les causes et les impacts des choix, ainsi que le caractère irréversible de certains dégâts ;

• Même les ressources faisant l’objet d’un prix (énergie, ressources halieutiques) font l’objet d’une surexploitation car
les prix doivent refléter non seulement la rareté mais l’impact déstabilisant de leur prélèvement.

Il est nécessaire de renforcer les incitations à la prise en compte des conséquences environnementales des choix.
Quelques références bibliographiques

 Court (2023) The Capitalocene in light of history


 De Bonneuil (2017) Capitalocène Réflexions sur l’échange écologique inégal et le crime climatique
 Meadows (2017) Conclusion. Il est trop tard pour le développement durable
 Turner (2008) A comparison of The Limits to Growth with 30 years of reality

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